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MICROBIOLOGIE DES PARODONTHOPATHIES Pr Hortense GONSU K. Département de Microbiologie et Maladies infectieuses FMSB / UY1
OBJECTIFS Etudier les aspects microbiologiques de la pathogenèse des maladies parodontales Déterminer les facteurs de virulence des bactéries parodontopathiques Identifier les flores bactériennes des maladies parodontales Etablir le diagnostic microbiologique
PLAN • Introduction • Rappels anatomiques • Aspects microbiologiques de la pathogenèse des maladies parodontales • Facteurs de virulence des bactéries parodontopathiques • Flores bactériennes des maladies parodontales • Diagnostic microbiologique • Conclusion
INTRODUCTION • Les maladies parodontales ou parodontopathies, sont des maladies infectieuses de type mixte, à prédominance anaérobie. • Résultat d’une réponse inflammatoire des tissus parodontaux à une agression bactérienne au niveau du sillon gingival. • Dans le monde, 5 à 15% de parodontite sévère.
RAPPELS ANATOMIQUES • Les tissus parodontaux sont les tissus de soutien de la dent, c'est-à-dire la gencive, l’attache épithélioconjonctive, l’os alvéolaire, le cément et le ligament parodontal. • Le sillon gingivodentaire (sulcus) sépare la gencive libre de la couronne dentaire.
Anatomie de l'organe dentaire
PATHOGENESE DES MALADIES PARODONTALES (1/8) • Principaux agents pathogènes: Porphymonas gingivalis, PrevoteHa intermedia, Actinobacillus actinomycetemcomitans et Fuseum nucleatum, • Susceptibles de stimuler in vitro les monocytes sanguins et gingivaux. • Cette activation conduit à la synthèse et à l'excrétion des principales cytokines inflammatoires (TNF-α, IL1 et IL6).
PATHOGENESE DES MALADIES PARODONTALES (2/8) • Ces mêmes bactéries sont également susceptibles de sécréter diverses protéines (toxines, enzymes...) capables d'agir directement sur les cellules environnantes. • Ainsi, ces produits de sécrétion bactérienne, grâce à leur activité toxique, enzymatique, immunomodulatrice ou anti-phagocytaire, contribuent à la destruction tissulaire environnante et à la pérennisation de la réaction inflammatoire
PATHOGENESE DES MALADIES PARODONTALES (3/8) • La maladie parodontale débute au niveau du sillon gingival. • La présence de trop nombreuses bactéries, ou de bactéries très virulentes, dans les sulci, va entrainer une réponse inflammatoire • Conséquence: élargissement des espaces intercellulaires au niveau de l’épithélium de jonction et de l’épithélium sulculaire.
PATHOGENESE DES MALADIES PARODONTALES (4/8) Cet élargissement va permettre dans un sens, - le passage d’une plus grande quantité de fluide et de polynucléaires neutrophiles, - mais également, en sens inverse, le passage de bactéries et de leurs composants toxiques, H2S, NH4+ , amines, endotoxines, enzymes et antigènes.
PATHOGENESE DES MALADIES PARODONTALES (5/8) • Il y’a alors désorganisation, voire destruction, des fibres de collagène et de l’os alvéolaire. • La réponse inflammatoire, quoique protectrice au début, parait responsable de la perte des tissus de soutien de la dent.
• Le sillon se transforme en poche parodontale, plus ou moins profonde, car la résorption osseuse a entrainé une migration apicale de l’attache épithélio-conjonctive, aboutissant à l’avulsion spontanée des dents.
PATHOGENESE DES MALADIES PARODONTALES (6/8) • Les polynucléaires neutrophiles sont très importants dans cette réponse inflammatoire et leur absence ou leur altération (neutropénie, chimiothérapie) aboutit souvent à des formes agressives de parodontites. • Les cellules T4 jouent également un rôle dans cette défense, comme dans les parodontites sévères rencontrées chez les patients VIH+. • Principales bactéries impliquées dans la maladie parodontale: Porphymonas gingivalis, PrevoteHa intermedia, Actinobacillus actinomycetemcomitans et Fuseum nucleatum
PATHOGENESE DES MALADIES PARODONTALES (7/8) De plus, certains constituants libérés après lyse bactérienne (lipopolysaccharide (LPS) de la membrane externe des bactéries à Gram-) provoquent la synthèse de cytokines
inflammatoires par les monocytes, les cellules endothéliales et les fibroblastes au niveau du tissu gingival.
PATHOGENESE DES MALADIES PARODONTALES (8/8) • Ils peuvent aussi se comporter comme des chimioattractants des neutrophiles • et sont alors impliqués dans l'induction de la synthèse de molécules d'adhérence à la surface des neutrophiles, en particulier les intégrines, • favorisant ainsi l'afflux au niveau local de neutrophiles sanguins qui participent à la réaction inflammatoire par la libération de médiateurs (élastase, cathepsine G, protéase 3) et des radicaux libres.
FACTEURS DE VIRULENCE DES BACTÉRIES PARODONTOPATHIQUES (1/2) Trois catégories : 1. Facteurs assurant la colonisation de l’espace parodontal de l’hôte : les fimbrae, les capsules et les adhésines bactériennes.
1. Facteurs intervenant directement (enzymes lytiques, toxines, métabolites) ou indirectement (médiateurs de l’inflammation) dans la destruction du parodonte.
FACTEURS DE VIRULENCE DES BACTÉRIES PARODONTOPATHIQUES (2/2) 3. Facteurs participant à la neutralisation des défenses immunitaires de l’hôte : – certaines enzymes protéolytiques bactériennes qui détruisent les anticorps IgG, IgA et IgM du sérum, présents dans le fluide gingival – une capsule protège certaines bactéries vis-à-vis des cellules phagocytaires de l’espace gingivo-dentaire (95% de PN, 2% de monocytes et macrophages) – la production de catalase et de superoxyde dismutase rend inactifs le peroxyde peroxyde d’hydrogène et les anions superoxydes produits par les PN et toxiques pour les bactéries – une leucotoxine produite par certaines bactéries est particulièrement active sur les PN
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (1/11) • Environ 20 espèces de la microflore orale sont considérées comme ayant une signification pathogénique dans les maladies parodontales et, parmi elles, seuls quelques types clonaux à l’intérieur de chaque espèce sont capables de causer la maladie. • La plupart de ces espèces sont des bacilles à Gram-, anaérobies stricts (porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia, Fusobacterium nucleatum, Campylobacter rectus... ) ou capnophiles (Actinobacillus actinomycetemcomitans, Eikenella corrodens, Capnocytophaga ochracea...).
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (2/11) Sulcus sain : flore sous gingivale • La flore à Gram positif (streptocoques et Actinomyces essentiellement) et les bacilles à Gram négatif (Bacteroides, Fusobacterium, Leptotrichia) sont en plus grand nombre. • Quelques spirochètes et bactéries mobiles peuvent être présents, mais ils représentent moins de 5% du compte microscopique.
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (3/11)
Gingivites associées au biofilm dentaire Gingivite chronique marginale localisée ou généralisée • Elle apparait lorsqu’un certain seuil de bactéries, à Gram positif dans un premier temps, a été dépassé • Elle se caractérise par une gencive rouge, tuméfiée, saignant facilement et par une augmentation du débit du fluide gingival. L’œdème gingival va créer une pseudo-poche qui permettra la croissance de bactéries anaérobies. • Les micro-organismes à Gram positif ou anaérobies facultatifs (Actinomyces sp. et Streptococcus sp.) sont encore présents, mais leur proportion a diminué au profit des bactéries à Gram négatif et des anaérobies stricts (50%): Fusobacterium nucleatum et Prevotella intermedia.
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (4/11) Gingivites associées à des facteurs systémiques • Des modifications endocriniennes (grossesse, puberté, prise de contraceptifs) ou des troubles hématologiques (neutropénie, leucémies) peuvent affecter la réponse de l’hôte et exacerber les signes cliniques des gingivites préexistantes. • Pendant les périodes de vie telles que grossesse, puberté, prise de contraceptifs, des taux élevés d’hormones stéroïdes circulent (testostérone, œstrogènes, progestérone), conduisant à des gingivites œdémateuses et hémorragiques.
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (5/11) Gingivites associées à des facteurs systémiques • Dans la gingivite gravidique, la composition de la plaque bactérienne est influencée par une augmentation du taux d’hormones (oestradiol et progestérone) salivaires et du fluide gingival. • La proportion de bacilles à Gram négatif anaérobies, surtout Prevotella intermedia, peut atteindre 39% de la flore totale après 21 semaines de grossesse.
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (6/11) Parodontites Parodontite chronique • Toujours précédée de gingivite, • Caractérisée par une inflammation gingivale chronique, une perte d’attache, des mobilités et des migrations dentaires plus ou moins importantes.
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (7/11) Parodontites Parodontite chronique • La flore des poches parodontales varie beaucoup d’un site à l’autre et entre patients. • Une bactérie sur deux est mobile et 30% sont des spirochètes. Globalement, cette flore est trois fois plus dense que celle de la gingivite • Se caractérise par une forte proportion d’anaérobies (90%) et de bactéries à Gram négatif (75%).
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (8/11) Parodontites Parodontite chronique • L’évolution de la flore anaérobie depuis l’état sain à la gingivite puis à la parodontite a reçu le nom de dérive anaérobie. • Trois espèces en corrélation avec la parodontite initiale : Campylobacter rectus, Tannerella forsythia et Selenomonas noxia. (Tanner et al 1998)
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (9/11) Parodontite agressive • La plupart des sujets atteints de parodontites agressives présentent une maladie générale ou un défaut immunitaire acquis et/ou génétique (syndrome de Papillon-Lefèvre, neutropénie, leucémie, diabète juvénile, SIDA, etc.) • La parodontite agressive localisée est le résultat d’une infection à prédominance d’Actinobacillus actinomycetemcomitans chez un sujet prédisposé et qui produit une leucotoxine active sur des polynucléaires neutrophiles.
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (10/11) Parodontite agressive • Dans les parodontites agressives généralisées, la poche des flores parodontales profondes (> 7mm) est très polymorphe.
• Certaines espèces semblent indispensables : P. gingivalis surtout Tannerella forsythia, Eikenella corrodens, Selenomonas spp.) alors qu’Actinobacillus actinomycetemcomitans serait en faible nombre. • Une flore opportuniste (staphylocoques, bacilles entériques, Pseudomonas et est souvent présente. Candida albicans
FLORES BACTERIENNES DES MALADIES PARODONTALES (11/11) Parodontites nécrotiques Les spirochètes constituent 30 à 40% de la flore et Prevotella intermedia ¼ des espèces cultivables soit 10 fois plus que le genre Fusobacterium (2,6%).
DIAGNOSTIC MICROBIOLOGIQUE (1/2) • Le diagnostic microbiologique peut faire appel à 3 méthodes : bactériologique, immunologique et moléculaire. • Ces examens ne sont pas de réalisation systématique pour le diagnostic des maladies parodontales. Certains peuvent être proposés en cas de parodontite agressive ou en cas de maladie parodontale réfractaire au traitement. • La réalisation d'examens bactériologiques avec culture et antibiogramme est conditionnée à la possibilité de disposer d’un milieu de transport assurant la survie des espèces anaérobies et capnophiles.
DIAGNOSTIC MICROBIOLOGIQUE (2/2) • Les bactéries Parodontopathogènes mises en cause nécessitant une analyse microbiologique : – – – – – – – – –
Aggregatibacter actinomycetemcomitans Porphyromonas gingivalis Tannerella forsythensis Treponema denticola Prevotella intermedia Peptostreptococcus micros Fusobacterium nucleatum Campylobacter rectus Eikenella corrodens
CONCLUSION
• Le milieu buccal est un milieu complexe dans lequel cohabitent un très grand nombre de microorganismes. • L'état de santé parodontal est un équilibre fragile entre l'agressivité de cet écosystème et la réponse de l'hôte. • Toute perturbation de cet équilibre engendre l'apparition de manifestations cliniques infectieuses et inflammatoires de type parodontite ou gingivite. Une meilleure connaissance de cet écosystème et de ses perturbations permettra la mise en place de meilleures stratégies thérapeutiques et de tests diagnostiques, prédictifs ou pronostiques.