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Réf. : M2245
Date de publication : 10 juin 1998
Métallurgie du chrome
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par Alain DEFRANCE
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Métallurgie du chrome par
Alain DEFRANCE
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Directeur recherches et développement DELACHAUX
tiwekacontentpdf_m2245
M 2 245 - 2
1.
Propriétés du chrome ..............................................................................
2. 2.1 2.2
Métallurgie extractive ............................................................................. État naturel.................................................................................................... Métallurgie ....................................................................................................
— — —
3 3 4
3. 3.1 3.2
Élaboration du chrome métal................................................................ Électrolyse..................................................................................................... Aluminothermie............................................................................................ 3.2.1 Généralités ........................................................................................... 3.2.2 Procédé.................................................................................................
— — — — —
4 4 5 5 5
4. 4.1 4.2 4.3 4.4
Applications ............................................................................................... Principaux dérivés du chrome..................................................................... Chrome métal ............................................................................................... Réfractaires à base de chrome .................................................................... Carbure de chrome.......................................................................................
— — — — —
7 7 7 7 9
5. 5.1 5.2
Environnement et sécurité..................................................................... Réglementation ............................................................................................ Sécurité ......................................................................................................... 5.2.1 Incendie et explosion .......................................................................... 5.2.2 Manipulation et stockage.................................................................... 5.2.3 Toxicité .................................................................................................
— — — — — —
9 9 9 9 10 10
6.
Économie.....................................................................................................
—
10
Pour en savoir plus ...........................................................................................
Doc. M 2 245
L
‘usage principal du chrome métal de haute pureté se trouve être l’élaboration des super-alliages base nickel et cobalt intervenant dans des pièces critiques de l’aéronautique, qui sont soumises à des conditions sévères de corrosion, à des températures d’utilisation de 1 200 oC et à des pressions supérieures à 4 MPa. Le chrome métal intervient dans ces alliages à environ 20 % pour leur apporter une bonne résistance à la corrosion à chaud. Le minerai de chrome le plus abondant est la chromite. Le traitement du minerai permet l’obtention des produits à partir desquels sera élaboré le chrome métal soit par électrolyse, soit par aluminothermie. Comme il est d’usage courant dans la profession, les compositions ou teneurs, citées dans cet article, sont massiques.
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M 2 245 - 1
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MÉTALLURGIE DU CHROME ______________________________________________________________________________________________________________
1. Propriétés du chrome
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Les propriétés physiques sont rassemblées dans le tableau suivant :
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Les incompatibilités du chrome métal sont les suivantes : Carbonates alcalins ...............
attaqués
Caustiques alcalins ................
attaqués
Nitrate d’ammonium (en fusion) ..............................
réaction violente/explosive
Bromine ..................................
réaction violente et ignition possible
Péroxyde d’hydrogène ..........
réaction violente de décomposition
Lithium (fondu) ......................
réactions importantes si températures hautes
67 W.m-1.K-1
Oxyde d’azote ........................
réaction incandescente
kJ.mol-1
Oxydation forte ......................
risques de feu et d’explosion
kJ.mol-1
Anhydride sulfureux..............
réaction incandescente
Numéro atomique ..............................
24
Température de fusion ......................
1 875 oC
Température d’ébullition ...................
2 482 oC
Masse volumique ...............................
7,19 g/cm3 à 20 oC
Conductivité thermique ..................... Enthalpie de fusion ............................
13,8
Enthalpie de vaporisation..................
320
Volume atomique...............................
7,23
Énergie de première ionisation.........
156 kcal/g.mole
Rayon de covalence ...........................
1,18 Å
Les numéros de classification européenne du chrome métal sont :
Dureté Mohs .......................................
9,0 (20 oC)
CAS
No 7440.47.3
Coefficient de dilatation linéique ......
6,2 x 10-6 (20 oC)
EINECS
No 231.157.5
Résistivité............................................
12,9 mW/cm
IUPAC
Chrome métal
Structure cristalline ............................
cubique centrée
Susceptibilité magnétique.................
3,6 x 10-6
Valences indiquées ............................
2, 3, 6
Masse atomique .................................
51,996
Isotopes naturels ................................
48, 49, 50, 51, 52, 53, 54
Rayon atomique .................................
0,128 nm
Structure électronique .......................
Ar 305 4 s1
Chlorure de potassium (en fusion) ..............................
violente réaction incandescente
Nota : CAS Chemical Abstract Service EINECS Inventaire Européen des Substances Commercialisées
IUPAC Chemical Name
État recuit Résistance à la traction ......................
103 MPa
État dur Dureté Vickers ....................................
130
Résistance à la traction ......................
689 MPa
État polycristallin Coefficient de Poisson .......................
0,21
Dureté Vickers ....................................
220
Module d’Young.................................
279 GPa
Module de compressibilité ................
160,2 GPa
Le chrome métal est obtenu sous forme de morceaux, briquettes ou en poudre (figure 1). Le chrome métal est stable au-dessous des températures et pressions normales. Sa décomposition thermique sous certaines conditions aux températures élevées peut aboutir à la formation de chrome hexavalent toxique.
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Figure 1 – Chrome métal
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______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU CHROME
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Historique
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Le chrome n’existe pas à l’état natif. La découverte près d’Ekaterinburg, versant Sibérie de l’Oural, d’un minerai de couleur rouge orangé, nommé Crocoïte date de 1765. En 1795, Vauquelin, chimiste français, décomposa la crocoïte pour obtenir le chrome métal. En 1805, Laugier précisait que, dans la chromite, le chrome se trouvait à l’état oxyde et Richter renouvelait la réduction de l’oxyde par le charbon à température élevée. Andreas Kurtz, disciple de Vauquelin, installa en 1816 à Londres et en 1822 à Manchester, les premières usines anglaises de colorants minéraux à base de chrome ; cependant, en 1818, Zuber avait monté en France la première fabrique de jaune de chrome et de vert de chrome pour les papiers peints. En 1820, Kochlin, en Allemagne, utilisa le bichromate de potassium comme oxydant pour préparer le rouge turc et développa son emploi comme mordant dans la teinture de la laine et du coton. En 1827, aux États-Unis, Isaac Tyson Jr découvrit d’importants gisements de chromite d’abord à Reed Farm, au nord-est de Baltimore, puis, en 1828, à Wood Farm en Pennsylvanie ; de 1827 à 1861, Tyson conserva le monopole des gisements du Maryland, de la Pennsylvanie et de la Virginie et développa l’industrie des bichromates et de leurs applications. En 1848, un géologue américain, Lawrence Smith, découvrit des gisements de chromite en Asie Mineure. Parmi les travaux effectués sur les sels de chrome à cette époque, on peut mentionner ceux de Péligot publiés en 1844. Par ailleurs, en 1843, Antoine César Becquerel, dans un traité d’électrochimie, suggéra la préparation du chrome par électrolyse d’une solution de chlorure ou de sulfate de ce métal. La même idée fut reprise et même breveté en 1849 par Junot en France. Mais c’est Bunsen qui, en 1854, réussit enfin à préparer du chrome par électrolyse du chlorure de chrome bivalent. Après la mort d’Isaac Tyson, en 1861, son fils, Jesse II, prospecta systématiquement la côte ouest des États-Unis où l’on venait de découvrir de la chromite en Californie. Dès 1858, Knapp avait découvert que les composés basiques du chrome convenaient au tannage des peaux. Le procédé ne se répandit qu’après le brevet pris en 1884 par Schultz pour le tannage en deux bains, la réduction du bichromate étant effectuée à l’intérieur même des peaux et le brevet de Dennis en 1893 qui permit de réaliser industriellement le tannage par la méthode de Knapp qui utilise un seul bain. Á la fin du XIXe siècle également, le développement des colorants issus du goudron de houille ouvrit aux bichromates alcalins de nouveaux débouchés, soit pour le mordançage des fibres, soit pour réaliser des oxydations telles que celle de l’anthracène en vue de la synthèse de l’alizarine. En malaxant de la chromite avec de l’argile plastique, on obtient un excellent réfractaire pour les fours métallurgiques à sole basique qui servent à fabriquer des aciers par le procédé Thomas et Gilchrist ; ces réfractaires, employés d’abord en France dès 1879, furent utilisés ensuite en Angleterre à partir de 1896, et aux États-Unis à partir de 1896. Depuis 1936, on préfère se servir de mélanges de chromite et de magnésite. En 1893, Moissan mit au point la réduction de l’oxyde de chrome trivalent par le charbon au four électrique, ce qui permettait d’entrevoir une fabrication industrielle du chrome lui-même qui restait alors une curiosité de laboratoire. Cette fabrication devint une réalité lorsqu’en 1898, Goldsmidt découvrit la réduction aluminothermique de cet oxyde de chrome, qui permettait de préparer des masses considérables de chrome pur. C’est surtout à partir de 1907-1908 que l’industrie des ferrochromes commença à se développer en même temps que celle des nichromes et à partir de 1914 des stellites (alliages de cobalt et de chrome). Les aciers au chrome ne prirent toute leur importance qu’à partir de 1915. On peut signaler qu’aux États-Unis, la Mutual Chemical Company, fondée en 1908, a acheté les trois grandes fabriques américaines de bichromate dirigées à Baltimore par la Henry Bower Chemical Manufacturing Company, à Philadelphie par l’Americain Chrome Company et à Jersey City par la Mutual Chemical Company of Jersey City. Depuis lors, cette société continue l’œuvre d’Isaac Tyson. Enfin, le chromage électrolytique ou le chromage vers 1 000 oC des métaux, en particulier des aciers en atmosphère d’halogénure de chrome a pris depuis 1925 une importance considérable et les objets « chromés » jouent un grand rôle dans notre vie quotidienne.
2. Métallurgie extractive 2.1 État naturel Les principaux minerais de chrome sont donnés dans le tableau 1 par ordre d’importance. La chromite, ou minerai de chrome, appartient au groupe des spinelles. La chromite pure ou chromite de fer FeCr2O4 renferme 46,6 % de chrome et 67,90 % d’oxyde Cr2O3. Les roches de Rhodésie renferment en moyenne 48 % de cet oxyde. Exemple d’analyse de la chromite Cr2O3 46,5 à 50,2 % FeO 12 à 20,5 % Fe2O3 0,9 à 1,2 % Al2O3 10 à 15 % CaO 0,6 à 0,9 % MgO 12 à 14 % 3 à 5,2 % SiO2 MnO 0,4 à 0,9 %
Tableau 1 – Principaux minerais de chrome classés par ordre d’importance Nom du minerai
Cr2O3 %
Composition
Chromite
(Mg,Fe)(Cr,Al,Fe)2O4
15 à 65
Crocoïte
PbO, CrO3
21,9
Daubreelite
FeS, Cr2S3
53,0
Dietzeite
CaCrO4, Cal2O6
13,9
Kaemmererite
H4Mg2(Cr,Al)2SiO9
jusqu’à 12
Lopezite
K2Cr2O7
35,4
Merumite
4(Cr,Al)2O3, 3H2O
81,3
Phoenicochroïte
3 PbO, 2 Cr2O3
31,2
Stichtite ou Barbetonite 2MgCo3, 5Mg(OH)2, 2Cr(OH)3
22,3
Uvarovite
Ca3(Cr,Al)2(SiO4)3
27
Vauquelinite
5(Pb, Cu)O,2Cr2O3, P2O5
25,2
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M 2 245 - 3
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MÉTALLURGIE DU CHROME ______________________________________________________________________________________________________________
Chromite
Na2CO3
Chromite
Calcination
Chromite de sodium
Acidification (+ H2SO4) et évaporation + SO2 + H2SO4
Dichromate de sodium
Calcination
Sulfate de chrome
Acide chromique
Oxyde de chrome
Ferrochrome
Chrome métal électrolytique
Chrome métal aluminothermique
Chrome métal électrolytique
NH4 (SO4)2
Chrome métal raffiné
Acide chromique Cristallisation
Dichromate de potassium
Dichromate d'ammonium
Dichromate de sodium hydraté
Oxyde de chrome
Figure 3 – Élaboration du chrome métal
Dichromate de sodium anhydre
Produits chromés dérivés de la chromite
Chromite Haute température + Carbonate de sodium Na2CO3
Haut et bas carbone Ferrochrome FeCr
Figure 2 – Traitement de la chromite après extraction
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Chromate de sodium Na2 CrO4
tiwekacontentpdf_m2245
La situation minière mondiale de chromite est donnée dans le tableau A [Doc. M 2 245] de 1992 à 1996 ; l’évolution de la production de chromite en Afrique du Sud, producteur important, est donnée dans le tableau B [Doc. M 2 245].
2.2 Métallurgie
Traitement avec sulfate d'ammonium (NH4)2 SO4 et acide sulfurique H2SO4
Il existe actuellement et industriellement trois procédés de fabrication du chrome métal schématisés sur la figure 3 et détaillés sur la figure 4 : — par électrolyse de Cr3+ du ferrochrome FeCr ou de la chromite ; — par aluminothermie de l’oxyde de chrome Cr2O3 ; par électrolyse de Cr6+ de l’acide chromique CrO3.
+ Acide sulfurique H2SO4
Dichromate de sodium Na2Cr2O7
+ Sulfate d'amonium NH4(SO4)2
Acide chromique CrO3 Electrolyse
Autres composés
Oxyde de chrome Cr2O3
Chrome électrolytique
Chrome aluminothermique Purification sous vide
Chrome métal pur
Figure 4 – Procédés de fabrication du chrome
■ Électrolyse d’un bain d’alun de chrome trivalent. Pour obtenir le bain, on part de ferrochrome haut carbone 20 mesh 67 % Cr que l’on minéralise par de l’acide sulfurique et ajuste au pH de neutralisation par de l’ammoniaque. Les réactions aux électrodes sont les suivantes :
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Dichromate de potassium K2Cr2O7
Réduction (aluminothermie)
3.1 Électrolyse Par le procédé électrolytique courant, on obtient 30 % des besoins.
Chromates de calcium, zinc et strontium
Acidification H2SO4
Alun de chrome et d'ammonium NH4Cr(SO4)2, 12 H2O
La chromite est traitée après extraction par broyage (figure 2) afin d’être utilisable pour le large éventail de la chimie du chrome.
3. Élaboration du chrome métal
+
à la cathode Cr 3+ + 1 e ® Cr 2+ Cr 2+ + 2 e ® Cr 2 H + + 2 e ® H 23 à l ¢ anode 2 H 2 O ® 4 H + + O 2 + 4 e 2 Cr 3 + 7 H 2 O ® Cr 2 O 72- + 14 H + + 6 e
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______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU CHROME
■ Électrolyse d’un bain d’acide chromique. Les réactions aux électrodes sont :
Le tableau d’Ulich (tableau 2) permet de situer la réductibilité de l’oxyde de chrome par rapport à celle d’autres oxydes.
à la cathode Cr 6+ + 4 e ® Cr 2+ + Cr 2 H + + 2 e ® H 23
3.2.2 Procédé
à l ¢ anode 2 H 2 O ® 4 H + + O 2 + 4 e 2
Cr 6+
+ 7 H2 O ®
Cr 2 O 72-
+ 14
H+
Exemple : Bain d’acide chromique Composition : 300 g/l CrO3, 4 ions sulfate Température : 84 à 87 oC Densité de courant : 9 500 A/m2 Temps de dépôt : 80 à 90 h Bain d’alun de chrome Composition : NH4Cr(SO4)2, 12H2O Température : ambiante Densité de courant : 753 A/m2 Pour les densités de courant, nous pouvons observer l’aspect plus économique de l’électrolyse du chrome trivalent que celui du chrome hexavalent.
À ce jour, on obtient par ce procédé les 70 % de la production totale de chrome dans le monde. La flexibilité de cette réaction lui permet d’être très adaptée au marché. La réaction effectuée est la suivante : Cr2O3 + 2 Al ® 2Cr + Al2O3 DH = 543 400 J Il est avantageux d’incorporer du trioxyde CrO3 ou du bichromate de potassium pour rendre la combustion plus régulière. Dans un creuset réfractaire, on incorpore le mélange que l’on enflamme électriquement. La réaction est violente. Elle peut être explosive, d’où une grande sécurité est nécessaire. En fin d’opération, on obtient du chrome métal recouvert de corindon. Chaque opération fournit quelques tonnes de métal. Le corindon est principalement utilisé pour ses aspects réfractaires. Le corindon de chrome
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Le ferrochrome
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Nous donnons ici une rapide description d’ordre général des ferrochromes souvent appelés chrome par simplification qui amène confusion. Pour plus de renseignements le lecteur se reportera aux articles spécialisés des Techniques de l’Ingénieur. L’élaboration principale s’effectue par transformation de la chromite au four à arc. On peut abaisser le carbone par addition de ferrosilicium pour les ferrochromes bas carbone ou des oxydations gradués par raffinage. Il existe trois gammes de produits principaux : — le ferrochrome à haute teneur carbone 2 % à 10 % ; — le ferrochrome à moyenne teneur carbone 0,7 % à 2 % ; — le ferrochrome bas carbone 0,02 % à 0,5 %. Les tableaux C [Doc. M 2 245] et D [Doc. M 2 245] donnent l’évolution de la production des différents producteurs de ferrochrome.
3.2 Aluminothermie 3.2.1 Généralités Vers 1897, Goldschmidt pensa à supprimer les sources extérieures de chaleur et généralisa sa propre méthode sous le nom de thermoréaction qu’il définit de la façon suivante : « Dans une thermoréaction, un composé métallique est réduit par un ou plusieurs métaux ou alliages métalliques, de telle façon que lorsque la réaction est amorcée en un point avec incandescence, elle se poursuit spontanément avec oxydation complète de l’agent réducteur, tandis qu’une scorie fluide se forme et que le métal réduit est obtenu sous forme de culot compact ». L’aluminothermie proprement dite n’exige pas de préchauffage de la masse réagissante, sauf apport local de chaleur pour amorçage. L’oxyde du métal à obtenir doit présenter un degré d’oxydation d’autant plus grand que la quantité de chaleur indispensable à la fusion de ce métal et de la scorie est grande. L’oxyde, dans la majorité des cas, est d’autant plus réductible que son degré d’oxydation est plus élevé (exemple : la réduction de Cr2O3 par l’aluminium correspond à + 500 kJ alors que celle de CrO3 correspond à + 1 060 kJ), ce qui fait qu’il est possible d’augmenter la température d’une réaction en ajoutant suivant le cas, une proportion du corps le plus oxygéné.
Origine du corindon La division métaux élabore des métaux et alliages purs par procédé aluminothermique. Le principal produit est le chrome dont la pureté est à l’origine du développement actuel. Le corindon est un sous-produit de la fabrication du chrome. Lors du démoulage des creusets, on recueille d’une part du chrome et d’autre part du corindon à l’état solide sous forme de pains. Ordres de grandeurs Les pains de corindon pèsent en moyenne 2,3 t. Leurs dimensions moyennes sont : D 1 170 mm x H 700 mm. L’analyse chimique suivante donne les valeurs minimales et maximales des constituants du corindon. Éléments mini (en %) type (en %) maxi (en %) Al2O3 80,7 84,8 90 SiO2 < 0,05 < 0,05 < 0,06 Fe2O3 total < 0,01 0,05 0,10 < 0,02 < 0,02 0,02 P2O5 TiO2 < 0,01 < 0,01 0,01 CaO < 0,01 < 0,01 0,01 MgO 0,05 1,1 2,0 MnO < 0,01 < 0,01 0,01 K2O 0,9 3,3 4,5 NA2O 0,05 0,07 0,20 Cr2O3 7,0 10 16 Gain au feu + 0,08 + 0,34 + 1,1 Le corindon est utilisable en vrac ou avec différentes granulométries. Dureté du corindon selon l’échelle de Mohs : 7,5 à 8. Densité du corindon : 3,6 à 3,8. Classification du corindon : TUPAC corindon de chrome CAS n˚ 34144845 EINECS n˚ 2822167 Propriétés reconnues Le corindon présente une grande dureté, une bonne résistance aux hautes températures, ainsi que des caractéristiques abrasives. Commercialisation actuelle Le pain de corindon est cerclé et positionné sur une palette pour être expédié chez les réfractoristes. Une partie du corindon est disponible sous forme de sables et poudres avec des granulométries qu’il reste à définir (figure 3 bis). Applications réfractaires : lances d’injection, rigoles de coulée, voûtes de fours électriques, entourages d’électrodes.
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M 2 245 - 5
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MÉTALLURGIE DU CHROME ______________________________________________________________________________________________________________
Tableau 2 – Enthalpie de formation par atome d’oxygène DH form des oxydes. Tableau d’Ulich et températures de fusion T fus Réduction incomplète
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T fus (oC)
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DH form (J)
Oxyde
Classification
3 050
ThO2
1 970
UO2
2 707
CaO
2 640
MgO
610,7
1 700
Li2O
593,6
2 430
SrO
585,2
2 500
BeO
576,8
très
2 040
Al2O3
547,6
réfractaires
2 715
ZrO2
539,4
1 900
BaO
527,1
B2O3
486,5
2 600
CeO2
461,9
1 825
TiO2
459,8
1 970
V2O3
446,4
1 800
SiO2
435,3
Na2O
415,7
634,1
MnO
403,4
1 900
Cr2O3
380,4
1 800
K2O
359,5
IV Oxydes
III
1 975
ZnO
348,2
Oxydes
650
P2O5
309,3
moyennement
SnO2
288
réfractaires
1 280
WO2, MO2
1 380
FeO
269,6
CdO
259,2
1 660
NiO
244,1
1 800
CoO
240,3
655
Sb2O3
228,6
Oxydes
890
PbO
219
faciles
313
As2O3
218,2
à réduire
317
Bi2O3
192,3
As2O5
183,9
Cu2O
171,4
RbO2
135,8
PdO, HgO
II
89,9
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29
IrO2
20,9
Au2O3
- 18
M 2 245 - 6
1 527 ˚C Fe3O4
®
1 280 ˚C FeO
305,1
1 473 ˚C WO3
®
1 280 ˚C WO2
269,6
658 ˚C V2O5
®
1 970 ˚C
V2O3
244,5
MnO
232
Fe3O4
219,9
Sb2O3
196,9
273,8
I
Ag2O
DH (J)
4 490,4
1 650
1 230
Oxydes et T fus (oC)
Mn3O4
®
1 567 ˚C Fe2O3
®
1 527 ˚C
Sb2O4
®
835 ˚C
CuO
®
1 230 ˚C
AS2O5
®
313 ˚C
Cu2O
142,1
As2O3
131,2
Co3O4
®
CoO
83,6
Sb2O5
®
Sb2O4
83,2
Pb3O4
®
PbO
57,7
Oxydes
MnO2
®
Mn2O3
54,3
dissociables
PbO2
®
Pb3O4
50,2
à la chaleur
Mn2O3
®
Mn3O4
37,6
CrO3
®
Cr2O3
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7,9
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______________________________________________________________________________________________________________ MÉTALLURGIE DU CHROME
— réfractaire, — pigment peinture ou plastique.
4.2 Chrome métal On retrouve le chrome métal comme élément des : — super-alliages base nickel et cobalt (tableau 4) pour la fabrication de pièces entrant dans l’aéronautique et les turbines terrestres, le domaine de la chimie et du nucléaire ; l’élaboration principale s’effectue au four de fusion par induction après différentes refusions des lingots obtenus ; les métallurgistes peuvent aller jusqu’à l’obtention de lingots monocristaux d’où sont issues des aubes de turbine par exemple pour des moteurs CF 6-50 avec des alliages (base cobalt) ou des « fans» pur des utilisations haute pression par exemple pour des moteurs CFM 56-5 avec des alliages (base nickel) ; — alliages résistants à la corrosion utilisés pour les résistances électriques (exclusivement des alliages base nickel et aluminium sauf pour les résistances Kantal ; — alliage d’aluminium, alliage mère dans l’aéronautique ; — alliage base titane ou stellite. Nota : Le tableau E [Doc. M 2 245] compare l’évolution de la production des superalliages à celle des alliages des résistances électriques.
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Figure 5 – Morceaux broyés de corindon de chrome
tiwekacontentpdf_m2245
Le tableau 3 donne les impuretés du chrome métal obtenu par aluminothermie.
4. Applications 4.1 Principaux dérivés du chrome
Le chrome à l’état pur peut être utilisé : — pour le soudage ; les super alliages ont besoin d’être assemblés et pour cela le chrome sous forme de poudre intervient dans la fabrication des électrodes de soudage : électrodes classiques ou fils fourrés ; — comme barrière thermique en cible de dépôt ; — dans l’industrie électrique pour la fabrication d’interrupteurs sous vide ; — dans l’industrie de l’électronique comme dépôt de protection (coating) pour la corrosion (sur LCD ou Liquid Cristal Display et sur disque dur) ; le meilleur procédé consiste à mélanger de la poudre de chrome et de l’alumine pour éviter le frittage et un halogénure d’ammonium et à température de 1 000 à 1 200 ˚C (procédé Galmiche). Les consommations de chrome métal pour les différentes applications sont les suivantes ([Doc. M 2 245, Figure E] ) :
Les applications des principaux dérivés du chrome sont les suivantes. ■ Dichromate de sodium Na2Cr2O7 : — constituant de protection du bois, — colorant des textiles, — fabrication de pigments minéraux. ■ Acide chromique CrO3 : — fabrication de catalyseur, — pile solaire, — pigments minéraux, — mordanceur dans les textiles, — chromage dur et décor. ■ Dichromate de potassium K2Cr2O7 : — constituants chimiques pour photographie, — pyrotechnie, — gravure de lithographie, — colorant de céramique. ■ Dichromate d’ammonium (NH4)2 Cr2O7 : — fabrication du CrO2 pour bande magnétique, vidéo et audio, — agent oxydant pour les synthèses organiques. ■ Sulfate de chrome Cr2SO4 : — tannage du cuir. ■ Oxyde de chrome Cr2O3 : — fabrication de chrome métal,
super-alliages ........................................................................
52 %
alliages d’aluminium ..............................................................
12 %
soudage et revêtement ..........................................................
12 %
alliages et revêtement ............................................................
10 %
résistance électrique ..............................................................
6%
Autres ......................................................................................
8%
4.3 Réfractaires à base de chrome C’est à partir de 1879 et tout d’abord en France qu’on a fabriqué des briques réfractaires à base de chromite naturelle pour garnir l’intérieur des fours métallurgiques d’un revêtement basique. Autrefois, on l’agglomérait après addition d’argile plastique (15 % kaolin). Actuellement, on utilise la chromite pure qui fond aux environs de 1 900 à 2 000 ˚C ou en mélange avec de la magnésite ou de l’alumine. Les propriétés mécaniques, physiques et chimiques de ces réfractaires à froid et lorsqu’on les porte à des températures élevées ont fait l’objet de nombreux travaux. Un mélange de 80 % d’alumine avec 20 % de chromite est fondu au four électrique et versé dans des moules. Ce réfractaire qui a une grande inertie chimique aux températures élevées, est utilisé en particulier dans les fours où l’on prépare des verres colorés ou des verres au fluor.
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M 2 245 - 7
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MÉTALLURGIE DU CHROME ______________________________________________________________________________________________________________
Tableau 3 – Impuretés (en ppm) dans le chrome métal aluminothermique Procédé
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Élément
tiwekacontentpdf_m2245
Fusion à l’air
ATVG standard
ATVG bas N
DDB standard
DDB bas C
DDB bas O2
DDB ULS
HPG poudre
Ag
0,13
0,06
0,05
0,18
0,08
0,19
0,4
0,19
0,2
Al
1082
345
319
40
38
36
35
32
970
As
0,33
0,2
0,25
1,2
0,1
1,4
2,6
35
1,13
B
0,1
0,17
21
0,04
0,03
0,05
0,06
0,15
1,53
Ba
0,04
0,05
0,01
0,05
0,05
0,05
0,07
0,05
0,02
Bi
0,01
0,05
0,01
0,05
0,05
0,05
0,08
0,03
0,01
Br
0,05
0,06
0,05
0,07
0,07
0,07
0,08
0,06
0,06
Poudre standard
C
89
85
88
109
51
69
93
51
212
Ca
0,3
1,2
0,5
4
4,5
4,5
1,9
1,5
1,1
Cd
0,1
0,15
0,1
0,2
0,14
0,02
0,2
0,1
0,1
Cl
0,2
1,4
1,4
1,2
1,3
1,6
3,9
1,7
1,2
Co
2,7
1,5
1,7
2
1,3
1,9
1,8
2
1,7
Cu
5,7
6,3
7,5
4,4
4,7
4,1
4,6
5,1
15,6
F
0,01
0,01
0,01
0,01
0,01
0,01
0,01
0,01
0,01
Fe
2505
983
981
947
951
963
755
362
3690
Ga
49
61
66,3
27,4
28,3
29
25
19,2
71
Ge
0,1
0,1
0,1
0,09
0,08
0,08
0,08
0,2
0,1
H
0,6
0,8
0,1
2,5
2,2
3
2,9
0,8
0,5
Hg
0,1
0,15
0,1
0,2
0,2
0,2
0,2
0,1
0,1
K
0,3
0,4
0,4
2,3
2,7
2,7
4,9
1,9
27
Li
0,03
0,03
0,03
0,03
0,02
0,02
0,03
0,02
0,03
Mg
0,8
0,4
0,5
1,6
1,7
1,6
2,5
0,5
0,7
Mn
7,9
13,8
17
6,9
4,1
7,1
3,9
4,3
25,5
Mo
1,9
1,4
1,8
1,9
1,5
1,9
1,9
1,9
2
N
222
140
64
27,8
25,8
13,9
16,8
26,5
339 0,8
Na
0,1
0,1
0,1
1,7
0,2
2,1
0,1
0,7
Nb
1
0,6
0,7
0,5
0,8
0,4
0,7