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Table des matières Avertissement L’auteur Introduction L’origine de la médecine tibétaine Textes fondateurs et mantrathérapie Les cinq éléments et les trois humeurs L’origine de la mantrathérapie Médecine tibétaine et mantrathérapie Fonctions des mantras. OM AH HUNG, le « mantra - vajra » OM MANI PADME HUNG, le mantra d’Avalokiteshwara Pratique du A : AAA-AAA-AAA. Autre pratique du A Le pouvoir de la voix Mantras et éléments subtils Couleurs, sons et éléments Relation entre le corps et l’esprit Soigner la cause plutôt que les symptômes Utiliser les mains Utiliser les mantras en tibétain Travailler sur le corps Nous protéger Travailler à un niveau subtil ou grossier Travailler sur les parties du corps L’importance de la croix
Prévenir les maladies Utiliser le calendrier lunaire Utiliser des mantras spécifiques pour chaque partie du corps Mantras et organes des sens L’ouïe La vue Le toucher Le goût L’odorat Utiliser des pierres précieuses Utiliser différents malas Choisir la couleur du mala Comment utiliser le mala ? Autres objets rituels Le vajra Le phurba Les cristaux Mantras et comportements Avant la récitation de mantras Pendant la récitation de mantras. Après la récitation de mantras Transmission de pouvoir Le pouvoir des visualisations Images de protection Conclusion
Avertissement La mantrathérapie ainsi que les enseignements de la médecine tibétaine et sa tradition spirituelle sont transmis avec la plus grande authenticité. La mantrathérapie est bénéfique à titre préventif ou pour accompagner des traitements en cours. Bien qu’utilisée depuis des siècles, de nos jours cette technique de soins ne peut remplacer ni se substituer à un suivi ou à un traitement médical. Nous vous recommandons de consulter votre médecin traitant. Compte tenu des législations en cours, ni l’auteur, ni l’éditeur ne pourraient être tenus responsables de l’utilisation des informations contenues dans cet ouvrage.
« Je suis convaincu que la non-dualité constitue l’essence de notre esprit. » Nida Chenatsang
Sa Sainteté le Dalaï Lama et docteur Nida Chenatsang à Fribourg en 2013
L’auteur é en Amdo, au Tibet oriental, dans la région des ngakpas de Rebkong qui N sont reconnus pour leur pratique du yoga des mantras, le docteur Nida 1
Chenagtsang est détenteur d’une lignée de yogis qui maintiennent vivante la transmission sacrée des mantras de soin. Spécialiste mondial des thérapies externes tibétaines, ses enseignements sont aujourd’hui très appréciés en Asie, en Europe, y compris en Russie, en amérique centrale et en amérique du sud, ainsi qu’en Afrique, au Kénya, et en Australie. Depuis une dizaine d’années, il forme des étudiants à la médicine traditionnelle tibétaine, au massage Ku Nye, à la mantrathérapie, au yoga Nejang, à la diététique, ou encore à l’analyse des rêves et à la géomancie ou Sa Che. Le docteur Nida Chenagtsang est le cofondateur, avec Hungchen et Wuqi Chenagtsang, de l’Institut Ngak Mang2 pour la sauvegarde de la culture spirituelle laïque tibétaine, la culture Ngakpa. Il est le fondateur et le directeur de l’Académie Internationale de Médecine Tibétaine (en anglais International Academy for Traditionnal Tibetan Medecine ou IATTM), un réseau international d’organismes de formation en médecine tibétaine, récemment rebaptisé Sorig Khang International3. En 2011, l’IATTM a commencé les enseignements à distance via internet en parallèle aux enseignements en direct. En 2012 et 2013, cette structure internationale a organisé son premier congrès international sur la médecine traditionnelle tibétaine à Innsbruck, en Autriche. En 2016 le congrès international de médecine tibétaine a rassemblé plus de deux cents personnes à Tallinn (Estonie) avec pour thème principal les maladies mentales. En 2014 et 2017, ce congrès s’est rapproché du Tibet puisqu’il a été organisé à Khatmandou. L’occasion pour l’IATTM de venir en aide aux victimes du tremblement de terre, et de créer le premier cursus universitaire médical tibétain, avec un diplôme universitaire reconnu par l’état du Népal. Les cours ont commencé fin août 2016. Cela permet à de nombreux praticiens traditionnels de Sowa Rigpa (tibétains, népalais, et autres) de valider leurs acquis et leur expérience par un diplôme d’état.
L’IATTM publie annuellement le Journal de Sowa Rigpa (TTM Journal)4. 1. Ngakpas : pratiquant laïc, ngakma pratiquante laique. 2. Plus d’infos sur la tradition ngakpa et l’Institut Ngak Mang, www.ngakmang.fr. 3. Pour plus de détails, consultez www.sorig.net. 4. Plus de renseignements sur www.sorig.net
Introduction out d’abord, vous devez comprendre l’origine de l’utilisation des mantras T pour la guérison des maladies dans la médecine tibétaine. Je vais donc évoquer les origines de la médecine tibétaine elle-même. Ensuite, je parlerai de la relation entre médecine tibétaine et mantras de guérison. Puis nous verrons les effets thérapeutiques bénéfiques des mantras médicaux. Les mantras sont utilisés de différentes manières, par exemple en relation avec la respiration, dans d’autres cas, ils agissent en relation avec les éléments subtils. En utilisant les mantras, nous visons à équilibrer les constituants physiques de l’organisme, grâce notamment aux formes, aux couleurs, aux sons, aux odeurs, etc. Nous parlerons aussi de ce qui est requis pour cette forme de soin : certains objets rituels sont utiles et indispensables pour cette thérapie, par exemple le mala, le phurba (une sorte de poignard), les plumes de paon ou les cristaux. Dans ce type de thérapie, il faut respecter certains comportements, notamment alimentaire, etc. Les heures et les lieux doivent aussi être appropriés pour faire ce genre de soins. Nous allons donc voir en quoi consiste cette pratique et comment utiliser les visualisations lors du processus de soins. Nous parlerons également des mantras qui augmentent la capacité des sens, des mantras qui sont composés d’une seule lettre, des mantras utilisés de manière préventive contre certaines maladies, etc.
Mantras imrimés sur le corps.
L’origine de la médecine tibétaine ommençons donc par l’histoire de la médecine traditionnelle tibétaine. En C effet la mantrathérapie, dans le contexte culturel tibétain fait partie de la médecine traditionnelle et est en relation avec elle. Il est donc très important d’avoir une compréhension générale des origines de la médecine tibétaine et de quelques uns de ses principes. Les tibétologues cherchant les origines des divers aspects de la culture tibétaine ont récemment déclaré que la médecine tibétaine remonte à plus de huit milles ans. Grâce à ces dernières découvertes (surtout lors des recherches ethnologiques menées dans plusieurs régions du Tibet) on peut dire que la médecine tibétaine, dans sa forme originelle, remonte à l’âge de pierre. Nous devons donc comprendre que la médecine tibétaine possède une origine autochtone, c’est-à-dire qu’elle est originaire du Tibet et a été développée par les Tibétains. De ce fait, tout le savoir contenu dans la médecine tibétaine - pour la prévention et la guérison des maladies- constitue le fruit des recherches de docteurs tibétains, de leurs expériences et de leurs intuitions. De quelle manière la connaissance médicale s’est-elle développée au Tibet ? L’une des méthodes fondamentales de la médecine tibétaine a été d’observer la nature et les animaux. Nous pouvons déduire que les peuples anciens avaient des intuitions spéciales qui leur permettaient de comprendre les propriétés curatives des plantes et comment les utiliser pour équilibrer les fonctions de l’organisme. Par exemple, lorsqu’ils sont blessés, certains animaux trouvent des plantes qu’ils appliquent sur leur corps pour guérir. Dans la médecine tibétaine, il y a près de vingt-cinq plantes dont les propriétés curatives ont été reconnues grâce aux comportements des animaux. Les Tibétains ont remarqué que les animaux les utilisaient pour guérir certaines maladies, y compris des fractures et des blessures. Cela étant dit, la médecine tibétaine n’est pas uniquement basée sur l’observation des animaux. Elle vient aussi de l’observation et de l’étude de la nature et des propriétés des éléments de la nature. Par exemple, il est bien connu que les eaux chaudes naturelles ont des propriétés curatives, et c’est la
raison pour laquelle les gens ont commencé à les utiliser et à expérimenter leurs effets bénéfiques. Depuis des siècles, les Tibetains avaient remarqué que différentes eaux chaudes thermales possédaient des propriétés curatives pariculières, et que chacune d’elles convenait plus ou moins au traitement de certains types de maladies. En effet, chaque eau contient certains minéraux. À la suite de cela, les gens ont essayé de déterminer la provenance de la propriété curative de telle ou telle eau, de quelle pierre et de quel minéral provenaient ses bienfaits. Il y a aussi des cas où une personne qui possède une intuition spéciale (et peut-être lors d’une méditation) découvre les qualités de certaines plantes ou minéraux.
TEXTES FONDATEURS ET MANTRATHÉRAPIE Le premier traité médical tibétain, le plus ancien que nous connaissions, est appelé le Boum Shi. Il a été composé par Chebu Trishi il y a environ trois mille neuf cents ans. C’est un texte très ancien qui présente la médecine tibétaine dans sa forme complète. Dans ce livre, nous trouvons pour la première fois des preuves écrites de la thérapie utilisant les mantras. Il y a bien d’autres textes qui mentionnent la mantrathérapie et qui datent à peu près de la même époque, mais ce ne sont pas des textes médicaux. La mantrathérapie et la médecine tibétaine se sont donc développées en même temps. Certains pensent que la mantrathérapie était essentiellement une pratique rituelle, et que par conséquent elle ne faisait pas partie de la médecine tibétaine. Je ne partage pas cet avis, car tout au long de l’histoire du Tibet, tous les grands docteurs ont évoqué l’utilisation thérapeutique des mantras. Les soins utilisant des mantras sont également mentionnés dans les Quatre tantras de la médecine. On peut considérer cette pratique comme étant la cinquième méthode de traitement de la médecine tibétaine. La mantrathérapie constitue un vaste savoir. Au VIIIème siècle par exemple, le célèbre docteur Yuthok Yonten Gonpo décrivait cette méthode de soin en détail. À peu près au même moment, Yeshe Tsogyal5, une très grande yogini tibétaine, utilisait des mantras pour soigner.
Ecriture attribuée à Yéshé Tsogyal et considérée comme une relique.
Au IXème siècle, Dorbum Chodrag écrivit deux volumes sur la médecine tibétaine. Dans ces textes, soixante pour cent sont des explications consacrées à l’utilisation des mantras de guérison. Ce docteur était très célèbre, car il pouvait soigner des maladies contagieuses et infectieuses. Au XIIème siècle un autre docteur renommé apparut au Tibet. Yuthok Yonten Gonpo « le jeune » écrivit plusieurs livres de médecine tibétaine, dont en particulier le Yuthok Nyinthig ou « La quintessence de Yuthok ». Dans ce texte il explique que ceux qui pratiquent la médecine et l’art de la guérison doivent suivre les enseignement et devenir les praticiens d’un profond savoir, y compris l’utilisation de mantras et tout ce que cette connaissance peut offrir. Ce texte contient également des pratiques spirituelles destinées aux médecins tibétains. Au XIIIème siècle, d’autres personnages célèbres ont utilisé la mantrathérapie. Entre le XIVème et le XVème siècle, nous trouvons d’autres personnages importants dans la médecine tibétaine : Changpa Namgyal Dragsang et Zurkhar Namnyi Dorje qui ont créé deux traditions différentes. Au XVIIème siècle, Tarmo Lobsang Chograg, un autre médecin écrivit notamment « Les instructions orales scellées par le sceau du secret », un traité sur l’utilisation des mantras dans la guérison. Ce texte est le plus précieux manuel sur la mantrathérapie dans toute la littérature médicale tibétaine.
Yuthok le jeune.
Au XVIIème siècle, il y eut des gens très importants par leur savoir, leurs enseignements et leur pratique de la médecine comme Diemar Tenzin Phuntsog et Ju Mipam Namgyal Gyatso. En particulier, Mipam Namgyal et Jamyang Khyentse Wangpo ont consigné des instructions sur les méthodes de guérison qui utilisent des mantras qu’ils ont ensuite éditées dans des manuels spécialisés. Ces manuels sont extrêmement précieux et j’y ferai souvent référence. J’ai personnellement reçu l’enseignement et la transmission de ces deux textes. Je me référerai surtout à la collection compilée par Mipam Namgyal Gyatso.
LES CINQ ÉLÉMENTS ET LES TROIS HUMEURS La médecine tibétaine reconnaît l’existence de cinq éléments (terre, eau, vent, feu et espace) et les trois humeurs (vent, bile et phlegme) dans le corps. Il existe des planches qui illustrent la localisation des trois humeurs et des cinq éléments dans le corps. En général, lorsque nous sommes confrontés à
des problèmes causés par un déséquilibre dans l’élément eau et l’élément terre, nous travaillons sur la tête. Lorsqu’il s’agit de problèmes liés à l’élément feu, nous travaillons sur le tronc. Lorsqu’il y a des problèmes liés au vent, nous travaillons sur le pelvis. L’élément terre a la fonction générale de donner de la consistance au corps et la fonction spécifique de produire la chair, les os et les sensations tactiles et la peau, organe du sens du toucher. L’élément eau a la fonction générale de donner de la cohésion au corps et la fonction spécifique de produire le sang et les oreilles, organes base du sens de l’ouïe. L’élément feu a la fonction générale de créer les conditions essentielles pour la croissance, la fonction spécifique de produire la chaleur corporelle, les yeux, qui sont les organes de base du sens de la vue. L’élément vent a la fonction générale de provoquer la croissance du corps et la fonction spécifique de produire la respiration, et le nez, organe base du sens de l’odorat. L’élément espace a la fonction générale de fournir l’espace pour la croissance et la fonction spécifique de produire les cavités du corps et la langue, organe base du sens du goût. Ces cinq éléments qu’on appelle les « cinq éléments sources » (tib. ‘byung ba lnga), peuvent être compris comme étant cinq types divers de substances ou d’énergies. Au niveau matériel et énergétique ils sont responsables de la formation du corps, mais ils sont aussi les constituants fondamentaux du monde extérieur dans lequel nous vivons tous. Ainsi la médecine tibétaine considère que le corps, la maladie et le remède sont pénétrés par la même nature, celle de ces cinq éléments «sources». Ces cinq éléments représentent le niveau subtil des énergies organiques qui fonctionnent dans le corps. C’est un modèle compliqué à appliquer dans le traitement des maladies. C’est la raison pour laquelle, nous utilisons plutôt la théorie des trois humeurs (tib. nyespa), faisant référence au système de la médecine grecque ancienne des humeurs, mais qui a le sens littéral de « erreur », ou de « défaut » en tibétain. Les cinq éléments se retrouvent dans les trois humeurs à tous les niveaux: théorique, pratique clinique, et diagnostique. L’élément vent correspond à l’humeur vent, l’élément feu correspond à l’humeur bile (tib. mkhrispa, sens litt. « brûler »), les éléments eau et terre correspondent à la )hlegme (tib. bad kan, sens litt. « essence de l’eau et essence de la terre »). L’espace préexiste à tout et se retrouve automatiquement dans les quatre autres éléments ainsi que
dans les trois humeurs. Nous pouvons donc dire que le corps humain est composé des cinq éléments ou des trois humeurs. Des conditions et des circonstances diverses comme l’alimentation, le comportement ou l’activité physique, ainsi que les émotions qui perturbent l’esprit peuvent modifier l’état normal du corps et de l’esprit. Ces modifications causent un excès, un manque ou un déséquilibre des trois humeurs et s’accompagnent d’absence de bien-être physique et mental. C’est ce que nous appelons « la maladie ». La maladie correspond donc au déséquilibre initial des énergies subtiles du corps. Les symptômes se manifesteront plus tard sous forme de tumeurs, d’ulcères, etc. En médecine tibétaine, la maladie est soit un déséquilibre énergétique, soit un déséquilibre qui produit des modifications organiques. Les deux niveaux de la maladie peuvent présenter des phases aiguës et chroniques. La santé est l’état naturel du corps dans lequel les trois humeurs interagissent harmonieusement et qui n’est pas modifié par des conditions ou des circonstances qui provoquent excès, carence ou dérangement du niveau subtil ou grossier des trois humeurs. La santé inclut aussi l’état de bien-être mental, libre de souffrance et douleur. La santé est l’équilibre de l’esprit, du corps et des énergies qui gouvernent les fonctions physiques et mentales. La médecine tibétaine conçoit un circuit en forme de cercle qui va de l’état de bonne santé à l’état de maladie, puis qui retrouve à nouveau l’état de bonne santé. Le traitement doit donc rééquilibrer les énergies. Selon la médecine tibétaine, il est important de connaître les causes du déséquilibre qui se manifeste par une maladie corporelle. La cause principale est l’esprit, alors que les causes secondaires sont liées au régime alimentaire, au comportement, à l’activité physique, etc. Les quinze aspects des trois humeurs Les différents aspects du vent sont : 1. le vent qui soutient la vie ; 2. le vent ascendant ; 3. le vent qui s’infiltre partout ; 4. le vent qui accompagne la chaleur digestive ; 5. le vent descendant. Les cinq aspects de la bile sont :
1. 2. 3. 4. 5.
la bile digestive ; la bile colorante ; la bile du désir ; la bile de la vision ; la bile du teint.
Les cinq aspects de la phlegme sont : 1. la phlegme de soutien ; 2. la phlegme qui mélange ; 3. la phlegme qui permet l’expérimentation ; 4. la phlegme de satisfaction ; 5. la phlegme qui connecte. Les sept constituants sont dans l’ordre : 1. le chyle : l’essence des nutriments ; 2. le sang ; 3. les tissus musculaires ; 4. les tissus adipeux ; 5. les tissus osseux ; 6. la moelle ; 7. les fluides reproducteurs. 5. Yéshé (sagesse primordiale), Tso (lac), Gyal (victorieux) a été l’épouse, la disciple, et l’héritière spirituelle de Padmasambhava.
L’origine de la mantrathérapie a mantrathérapie n’est pas une technique exclusivement tibétaine. Nous L trouvons des systèmes similaires en Chine et en Inde. Quoi qu’il en soit, on s’accorde à dire que l’utilisation des mantras à des fins curatives vient du Mont Kailash. De plus, nous savons que la religion la plus ancienne du Tibet est le bön. La mantrathérapie fut donc également utilisée par la tradition bön comme nous le verrons plus tard. De quelle manière avons-nous commencé à utiliser les mantras pour guérir ? Dans la culture tibétaine, nous croyons qu’il y a très longtemps, des gens dotées de connaissances très particulières, les drangsong, sont apparus et seraient à l’origine à la mantrathérapie. Les drangsong étaient des sages qui avaient abandonné leur famille afin de vivre dans la solitude, dans des endroits sauvages et reculés, pour se consacrer à l’étude et au développement de la connaissance. Dans cet état d’isolement, ils ont développé leur savoir, leur intuition, et des sensations physiques spécifiques qui ne se manifestent que lorsque l’esprit est dans un état de totale relaxation. Grâce à cela, ils ont développé une technique de soin qui utilise les mantras et leurs sons. Il est évident que l’environnement extérieur et intérieur sont interdépendants en ce sens qu’un environnement extérieur très agité peut influencer de manière négative le monde intérieur de quelqu’un. D’autre part, une personne dont l’environnement intérieur est profondément calme peut avoir une influence positive sur l’environnement qui l’entoure. C’est pour cette raison que le silence est fondamental dans la pratique spirituelle et pour le développement du savoir ! Les gens qui ont découvert la fonction du son ont aussi découvert la fonction des couleurs. Ainsi, ils les utilisent ensemble à des fins thérapeutiques. Selon la culture tibétaine il y a fort longtemps, des êtres venus d’autres dimensions ont vécu au Tibet. Ils ont transmis des enseignements de pratiques de soin aux êtres humains. En tibétain, ces êtres portent le nom de masang et thiurang. Ils ressemblaient énormément aux humains, mais c’étaient des êtres d’énergie. Par conséquent, ils devaient résoudre tous leurs
problèmes de santé à un niveau énergétique. C’est pour cette raison que nous pensons que le pouvoir secret de la guérison par l’utilisation des mantras provient de l’énergie thérapeutique que ces êtres ont insufflée dans certains mantras, et qu’ils ont ensuite transmis aux êtres humainss. En réalité, comme nous l’avons déjà dit, la première trace de mantrathérapie écrite se trouve dans le Bum Shi. L’auteur de ce texte était le fils du fondateur de la religion bön originaire du Tibet, établie bien longtemps avant le bouddhisme. Nous pouvons donc dire que l’utilisation des mantras thérapeutiques s’est développée selon deux voies : l’une étant celle de la tradition spirituelle bön, et l’autre étant celle des études médicales proprement dites. En ces temps-là, la mantrathérapie était très courante et pratiquée par presque tout le monde. Le terme bön signifie « réciter », plus particulièrement « réciter des mantras ». Quand le bouddhisme s’est développé au Tibet au VIIIème siècle avant Jésus-Christ, remplaçant pratiquement le bön, cela n’a pas plu à tout le monde. Un petit groupe de praticiens du bön continuèrent à cultiver et développer leur ancienne religion.
Padmasambhava, Gourou Rinpoché.
Entre le VIIIème et le XVème siècle, de nombreux chercheurs ont traduit plusieurs textes spirituels du sanskrit en tibétain. Ces textes contenaient des enseignements du Bouddha Shakyamouni ainsi que les enseignements de plusieurs mahasiddas, de grands maîtres spirituels indiens. Ils ont notamment
traduit cent-trois volumes des enseignements du Bouddha Shakyamouni, dont l’un est consacré à la guérison par l’utilisation de mantras. Lorsqu’il arriva au Tibet au VIIIème siècle, le grand maître Padmasambhava a lui aussi transmis de nombreux mantras thérapeutiques. Au XIIème siècle, le docteur Yuthok a introduit de nouvelles coutumes parmi les médecins. Il pensait que ceux-ci devaient consacrer beaucoup de temps à leur pratique personnelle et à leur quête spirituelle. Pour lui, le véritable processus thérapeutique se déroule selon deux chemins parallèles : l’un sur le plan spirituel (les capacités du docteur augmentent avec son développement spirituel), et l’autre sur un plan plus matériel, avec l’apprentissage de l’utilisation des plantes, des pierres précieuses, etc. Plus tard, de nombreux médecins éveillés ont créés de nouveaux mantras de guérison ou découvert les endroits où ils étaient cachés. Cette façon de trouver des textes et des mantras provient de Padmasambhava et de ses disciples dans un contexte bouddhiste. Mais la même pratique se retrouve dans la tradition bön, en particulier avec Tranpa Namkha et les disciples qui lui ont succédé. Les gens qui découvrent ces textes sont appelés les tertons, et les textes cachés par les maîtres anciens sont appelés les termas. De nos jours, le Tibet risque de perdre ces traditions et ce savoir, car l’enseignement de la médecine au Tibet tend à reléguer au rang de superstitions toutes les pratiques spirituelles dont nous parlons ainsi que l’utilisation de mantras thérapeutiques. Il est nécessaire de comprendre le sens profond de l’utilisation des mantras, et si nous sommes capables de comprendre la signification et les aspects les plus cachés des mantras, nous pourrons réaliser que ce n’est pas une superstition. C’est pour cela qu’il est extrêmement important de sauver ce patrimoine spirituel en le faisant vivre à nouveau, c’est-à-dire en le pratiquant.
Médecine tibétaine et mantrathérapie ans la médecine tibétaine, nous considérons le corps selon ses D composants. Nous analysons d’une part le niveau physique grossier, et d’autre part le niveau subtil énergétique. Par l’utilisation de mantras, de sons, de formes et de couleurs, nous sommes capables de comprendre l’état énergétique du corps. Cela peut être très utile lors d’un diagnostic, et pour savoir quelle thérapie appliquer. En médecine tibétaine il y a quatre aspects thérapeutiques essentiels, qui sont par l’ordre d’importance: 1. le régime alimentaire ; 2. le comportement et l’activité physique ; 3. les médicaments faits à partir de plantes et d’autres substances ; 4. les thérapies externes. Les mantras utilisés pour le soin peuvent être combinés avec chacune de ces quatre thérapeutiques. Par exemple, certains mantras doivent être utilisés avant de manger certains types d’aliments, ou d’autres sont utilisés dans notre comportement quotidien, lorsque nous marchons ou restons assis. Si nous n’utilisons pas ces mantras, nous pouvons porter une pierre précieuse. De même, dans la préparation de médicaments, des mantras sont récités puis insufflés aux médicaments. Parfois, ceux-ci ont même la forme des syllabes d’un mantra. Quand nous appliquons les thérapies externes comme la moxibustion, le massage Ku Nye etc. traditionnellement, nous récitons aussi des mantras.
Cristal.
Fonctions des mantras a fonction du mantra systématiquement fait référence à l’interdépendance L entre les phénomènes, à la relation qui existe entre les gens et les différentes situations. Dans les divers textes sur la mantrathérapie, nous pouvons trouver plusieurs explications sur la fonction des mantras. En particulier il y a quelques explications claires et signifiantes écrites par Mipam. La mantrathérapie peut être appliquée pour soi-même et pour les autres. Qu’est-ce qu’un mantra ? Mantra n’est pas un mot tibétain, c’est un mot sanskrit. En tibétain le mot mantra est traduit par « Ngag ». Le sens véritable du mot mantra est « sauver l’esprit et la conscience de la souffrance et de la maladie ». Ainsi mantra signifie essayer de guérir, de mettre fin à la souffrance. Cependant un mantra possède différentes fonctions. Et il n’y a pas qu’un mantra, il y en existe beaucoup. Lorsque nous parlons de la fonction des mantras, nous considérons trois aspects. Le premier signifie « garder » ou encore « s’accrocher ». Mais comme selon les enseignements traditionnels il n’y a rien à quoi s’accrocher, alors cela signifie « disperser », « éparpiller ». Ainsi la première fonction du mantra est de disperser, de disperser la souffrance. Nous pouvons donc dire que le mantra est utilisé pour vaincre des problèmes de santé et pour éliminer la souffrance physique et à mentale. Le deuxième aspect est relié à la conscience. Cela signifie que par l’utilisation de ce type de mantra, nous pouvons développer la capacité de clarté de notre esprit. Le troisième aspect est le secret. Cela signifie que nous devons pratiquer en secret, de façon à ce que les autres n’entendent pas nos pratiques de récitation de mantra. Sinon nous n’obtiendrons pas de résultats efficaces. Cet aspect secret est lié à la médecine tantrique : ce genre de mantras est lié aux plus hauts enseignements tels que ceux qui demandent une visualisation de déité, etc. Le mantra est utilisé en chantant, en récitant. Lorsqu’il est utilisé, la respiration et le flot d’énergie développé à l’intérieur du corps ont un effet rééquilibrant sur les énergies perturbées ou les perturbations d’ordre énergétiques dans le corps. Concrètement, lorsque nous chantons ou récitons
un mantra, un certain type de respiration se met en place qui peut être considéré comme un flot d’énergie interne.
Om,
A
Hum
OM A HUNG, LE « MANTRA - VAJRA » On l’appelle le mantra des trois syllabes, OM, A et HUNG. Ce mantra est lié à la respiration. La syllabe OM est liée à l’inhalation ; la syllabe A est liée à l’échange d’énergie ou de respiration, ainsi qu’à l’expansion de l’énergie à l’intérieur du corps ; enfin la syllabe HUNG est liée à l’expiration.Par conséquent, avec ce mantra la respiration est aussi soulignée, appuyée par les différentes syllabes. Ce mantra représente la nature de la respiration et par conséquent, même s’il n’est pas récité à voix haute, son énergie est pareillement perçue si nous restons conscients et attentifs à la respiration ellemême. Lorsque nous inspirons, le flot du souffle est le son OM, c’est-à-dire que l’inspiration elle-même génère ce son OM. Ensuite, lorsque le souffle a atteint la partie basse du corps, qu’il y demeure un instant dans une sorte de retenue, cette étape a la même nature que le son A. Enfin, l’expiration génère le son HUNG6. Comme nous l’avons dit, lorsque nous récitons les mantras, le type de souffle produit n’est pas seulement composé d’air qui passe à travers nos narines, mais aussi d’énergie subtile qui circule dans le corps. Cette énergie est le véhicule de la fonction de guérison. Lorsque nous respirons normalement, au cours de l’expiration, notre souffle se répand jusqu’à environ seize doigts de notre bouche. Pendant l’inspiration, il revient. C’est notre énergie essentielle de base. Si nous allons au-delà de cette distance lors de l’expiration, notre souffle ne revient pas complètement, et donc une partie de notre énergie sera perdue. Pour chaque distance, il existe une couleur, un élément dont l’énergie ne doit pas être perdue. Si nous voulons utiliser les mantras thérapeutiques, il est important d’obtenir un certain savoir fondé sur l’expérimentation de la pratique des mantras de base. C’est pourquoi nous devons réciter le mantra OM A HUNG, le mantra des trois syllabes, de la manière indiquée. Au début, c’est un peu difficile, mais si nous récitons ce mantra en faisant la respiration et les visualisations appropriées, nous serons capables de percevoir quelque chose, nous acquerrons une certaine expérience. Une fois cette expérience acquise, nous comprendrons la capacité de guérison du mantra, son potentiel thérapeutique. Mais si nous récitons ce mantra sans percevoir la circulation
d’énergie dans le corps, nous pouvons le réciter un million de fois sans jamais ressentir sa fonction du point de vue énergétique. Ceci est un aspect très important de l’enseignement. Lors de la respiration associée à la récitation de ces trois syllabes, même lorsqu’on ne les prononce pas à voix haute, il faut quand même inspirer en premier lieu. Cette inhalation peut être divisée en deux temps : dans le premier, on inhale jusqu’à ce que le souffle entre dans le thorax ; dans le deuxième temps, on prolonge l’inhalation jusqu’à ce que le souffle atteigne à peu près le nombril. Ensuite, on expire. Au début on doit inspirer et expirer sans effort, de façon naturelle, détendue et douce, souple. Même si nous ne récitons pas le mantra, nous devons visualiser d’une manière ou d’une autre que l’inspiration est le OM, que lorsque le souffle atteint le nombril, c’est le A et que lorsqu’on expire, c’est la syllabe HUNG. En bref, il s’agit d’accompagner le souffle avec la notion et la sensation le son OM A HUNG qui est automatiquement produit par l’air lorsqu’il entre dans les narines (OM), lorsqu’il atteint le nombril (Ah), et lorsqu’il est expiré (HUNG). Lorsque grâce à ce souffle nous atteignons un stade où nous pouvons percevoir le son naturel de ces trois étapes comme étant le son OM A HUNG, nous expérimenterons une sensation de relaxation. Cela se manifestera autant au niveau de nos pensées, c’est-à-dire qu’elles ne nous dérangeront plus et que nous pourrons les contrôler facilement ; ainsi qu’à un niveau physique avec une sensation physique agréable. Il est habituel que les gens ne soient pas au courant de cette dernière considération, car ils ne perçoivent que deux étapes dans la respiration : l’inspiration et l’expiration. Ils ne sont pas conscients de l’étape intermédiaire qui rééquilibre, c’est-à-dire de l’étape d’harmonisation avec le A. Par conséquent la durée du souffle de ces gens est plus courte, leur souffle est plus rapide, et ils sont plus agités que ceux qui sont conscients de l’étape intermédiaire. La fonction intermédiaire du A est précisément ce qui permet l’apparition en nous de l’état de calme et de paix intérieure. Chez les gens qui sont très nerveux ou agités, dominés par les émotions négatives comme la colère, cette étape du A n’existe pas, et les étapes OM et HUNG sont très courtes. Pour résumer, dans le souffle complet, nous avons l’étape du OM qui est l’inspiration, l’étape du HUNG qui est l’expiration, et l’étape intermédiaire qui n’est ni une inspiration ni une expiration, mais une sorte de retenue
ouverte (comme on l’enseigne dans le Yantra Yoga7) durant laquelle l’air que nous venons d’inhaler pendant le OM est redistribué de façon équilibrée.
La lettre A.
Le HUNG est un son puissant. Lorsque nous le prononçons, nous pouvons sentir comme si on nous frappait. C’est le son qui débloque les énergies et l’esprit. Le pouvoir du HUNG peut être vu comme une énergie qui passe à travers les murs et fait bouger les objets, en tout cas, une énergie dont nous avons besoin lors de la pratique pour dépasser certains blocages mentaux et physiques. Il est utile de se rappeler que la lettre A est comme la racine de notre voix et que le son qu’elle produit est la racine mère de tous les mantras. Selon la culture traditionnelle tibétaine, les syllabes de l’alphabet, des mots et des mantras n’existeraient pas sans l’existence du son A. En fait, la lettre A
représente la fonction principale du chakra de la gorge, elle est le fondement de toutes les autres lettres. Le son de cette lettre A existe dans toutes les langues du monde. Par exemple, lorsqu’une personne parle trop vite, c’est comme si il y avait trop peu d’espace pour ce A. Par conséquent la personne est nerveuse et agitée. Par ailleurs, lorsqu’une personne parle très lentement, cela signifie qu’elle est plus réfléchie et détendue car le A a une place dans la respiration de cette personne. Enfin, on peut dire que le A exécute sa fonction lorsque nous parlons. C’est pourquoi il est si important de développer cette étape au sein de notre souffle. Dans le nord-est du Tibet, dans l’Amdo, qu’on appelle aussi « la région du A », la population est très calme car les gens parlent en prononçant les mots lentement. Si vous faites attention, vous pourrez percevoir que chaque mot qu’ils prononcent commence par un A. En réalité, cette région avait un nom différent. Elle s’appelait Do-Kham, mais les Tibétains ont commencé à l’appeler Amdo, « la région du A », à cause de la caractéristique de ses habitants qui gardent toujours présent à l’esprit le A lorsqu’ils parlent.
OM MANI PADME HUNG, LE MANTRA D’AVALOKITESHWARA C’est le mantra d’Avalokiteshwara (Tchenrezi en tibétain) ou mantra des six syllabes, car il est composé de six syllabes : OM, MA, NI, PAD, ME, HUNG. Lorsque nous récitons ce mantra de façon correcte, il se produit une sorte de transformation énergétique dans notre corps, une circulation de l’énergie interne. Si nous récitons ce mantra une fois seulement ou juste peu de fois, nous ne pouvons pas percevoir ce changement énergétique, il nous semble que nous récitons juste des mots ordinaires. Mais si nous récitons ce mantra comme il faut, et avec conscience, en y prêtant toute notre attention, nous pouvons percevoir sa fonction à l’intérieur de notre corps et l’énergie reliée à chacune de ses syllabes. Quelle est la différence entre la première syllabe OM et la dernière syllabe HUNG ? Une première différence est que la syllabe OM est liée à l’inhalation, alors que la syllabe HUNG est liée à l’expiration. La seconde différence est que la syllabe OM (dont la matrice est la lettre A et ensuite connectée à MA) est un son produit par la gorge. La lettre A est en relation avec le chakra de la gorge. Lorsqu’un son contient la lettre A, il prend son
origine dans le chakra de la gorge, est en relation avec la gorge. Dans ce cas précis, le son se manifeste et se développe dans la partie haute de la tête et ensuite retourne à la gorge.
Om mani pedme hung peint sur la montagne (Ladakh).l
Hung, calligraphie de Kyabjé Zopa Rinpoché.
La syllabe HUNG contient aussi la lettre HA, mais il y a une différence. Certaines lettres sont plus proches du A et d’autres en sont plus éloignées.
Dans la syllabe HUNG, tout d’abord nous trouvons la lettre A, puis la lettre HA (avec un H aspiré). Lorsque nous prononçons la lettre HA, le son vient de l’intérieur du tronc du corps. Avec cette lettre aspirée HA, le son emplit toute la partie centrale du corps. En conséquence, lors de la récitation, la syllabe HUNG pénètre la partie basse du corps et ensuite ses vibrations et son énergie se manifestent en direction du haut du corps, c’est pour cela qu’il est associé à l’expiration. Circulation de l’énergie lors de la récitation OM MANI PADME HUNG Lorsque nous récitons les six syllabes d’Avalokiteshwara, nous commençons par OM, donc par l’inhalation. La première énergie se manifeste dans la tête. Lorsqu’on récite la syllabe MA, l’énergie descend de la tête vers la partie haute du tronc, c’est-à-dire les poumons et le cœur. Lorsque nous récitons la troisième syllabe NI, le flux d’énergie qui a été amené dans les poumons et le cœur par la syllabe MA descend encore plus pour pénétrer dans la partie inférieure du corps et atteindre les reins. Avec la quatrième syllabe PAD, qui est la première partie du mot PADME, la circulation d’énergie s’inverse. Elle remonte de la partie inférieure du corps vers le haut du corps. Avec la syllabe ME, l’énergie se manifeste dans la partie haute du tronc. Pour finir, avec la syllabe HUNG, l’énergie ressort sur l’expiration. Ainsi dans ces six syllabes, il y a un cycle complet de l’énergie dans notre corps. En résumé, nous commençons par une inhalation avec la syllabe OM de façon à ce que l’énergie monte vers la tête.Avec la syllabe MA, elle descend dans la partie haute du tronc. Avec NI, l’énergie descend encore plus bas et atteint la région du pelvis et des reins. Avec PAD, l’énergie remonte à nouveau. Avec ME, elle monte encore plus haut. Et finalement avec HUNG, l’énergie sort sur l’expiration. Ici, la respiration est en relation avec le mouvement d’énergie à l’intérieur du corps. Cette circulation d’énergie dans le corps qui accomplit un cycle ascendant et descendant est très important dans le processus thérapeutique, car il permet un rééquilibrage énergétique général des éléments dans le corps.
PRATIQUE DU A : AAA-AAA-AAA Pour l’instant, nous avons travaillé sur trois mantras. Chacun est associé au corps, à la voix et à l’esprit. Ces mantras sont très importants, nous pouvons dire qu’ils résument et expliquent les significations et fonctions de tous les
mantras. Chacun possède le même schéma à partir duquel nous pouvons conclure que les trois étapes de la respiration doivent avoir la même durée. En ce qui concerne le stade intermédiaire du A, au début, il est lié aux deux autres syllabes. Mais plus tard, lorsque nous continuons à pratiquer, cette étape du A devient indépendante. Si vous voulez faire quelques pratiques de ce A, voici la méthode à suivre. Dans le premier stade de l’inspiration, vous pouvez remarquer tout d’abord comment le son A se manifeste, puis comment il se transforme immédiatement en OM, de telle manière qu’on a presque un A---O---M. Puis dans le premier stade de l’expiration, on remarque un HA qui ensuite devient un HUNG. Nous avons donc un HA---HUNG. Lorsque nous pratiquons la récitation du son A, nous n’avons pas besoin de penser à quelque chose de spécial, ni de faire une visualisation particulière. Il suffit de rester détendu et de garder le dos droit, verticalement. La pratique consiste à prononcer à haute voix trois A consécutifs et de le répéter à quelques secondes d’intervalle : AAA-AAA-AAA pendant quelques minutes. En général, lorsque nous faisons cette pratique, c’est comme si nous nous perdions nous-mêmes, comme si nous perdions notre « je » : tout ce qui demeure est état calme et silencieux de présence pure. Cette pratique est très utile pour la méditation et pour éloigner nos pensées. Lors de cette pratique, diverses sortes de communications peuvent se manifester entre les pratiquants. Lorsque je parle et que vous écoutez, cette forme de relation est une relation grossière. Elle s’établit à un niveau matériel parce que je parle, et que vous écoutez. Vous pouvez poser des questions, et je vous donne des réponses. Cette communication à un niveau matériel est le premier niveau de communication. Un second niveau de communication est atteint lorsque, par exemple, je vous montre les syllabes d’un mantra pour que vous puissiez concevoir la prononciation de ce mantra. Ensuite, un troisième niveau est lié au son naturel de chaque personne. Si nous sommes capables de percevoir ce son naturel, alors nous pouvons percevoir le son naturel des autres personnes. À travers notre propre son naturel, nous pouvons atteindre et entrer en contact avec le son naturel des autres. À ce niveau de communication, il n’est plus nécessaire pour moi de parler, ni de bouger ou me montrer. Je peux simplement me détendre, et grâce à cette relaxation, j’entre dans la dimension du son naturel, à tel point que je peux par mon esprit atteindre n’importe qui.
Nous pouvons réciter ce mantra des trois A, AAA-AAA-AAA, à haute voix, ou alors nous pouvons utiliser notre son naturel et le réciter mentalement. Nous pouvons expérimenter et réciter ce AAA-AAA-AAA pendant quelques minutes par la pensée. Ainsi le son du A créé par notre esprit se répand dans notre conscience. Il n’est pas nécessaire de prononcer le A Hdans le souffle, cette pratique n’a rien à voir avec le son ou la respiration, elle est seulement produite par l’esprit.
AUTRE PRATIQUE DU A Ce A représente la relation entre son et couleur. Tout phénomène qui se manifeste vient de manifestations de couleurs et de sons. Ainsi nous pouvons dire que tout émane du A. Lorsque nous observons la forme du A et que nous le prononçons, nous nous concentrons sur sa forme et sur les cinq couleurs du « tiglé ». Si vous n’arrivez pas à vous concentrer sur toute la lettre A vous pouvez vous concentrer sur une partie seulement. L’important est d’être simplement détendu dans la concentration et la sonorité du A. La pratique consiste à chanter pendant quelques minutes à haute voix le A par séries de trois, comme dans l’expérience décrite plus haut : AAA-AAAAAA, etc. Ensuite, ces groupes de trois A doivent être récités mentalement pendant quelques minutes, en gardant à l’esprit autant que possible la forme de la lettre tibétaine HA avec les cinq couleurs, et la sonorité du A. Il est important d’essayer d’équilibrer les trois étapes de la respiration de façon à ce qu’elles soient toutes de même durée.
A et Ha en tibétain.
Ces trois stades de la respiration ne sont pas séparés les uns des autres, c’est un flot régulier d’énergie continu. Nous respirons, et chaque étape se prolonge sans interruption dans la suivante. Le souffle doit être très fluide. [Comme pour la récitation du mantra vajra] où à un certain moment dans la première étape, le OM et le stade intermédiaire du A se fondent l’un dans
l’autre ou comme lors de la troisième étape, pendant l’expiration, où le A et le HUNG ne font plus qu’un. Cependant, lors de l’étape intermédiaire du A, nous devons avoir seulement le A. Alors que nous poursuivons la pratique, l’étape du A deviendra naturellement plus longue. Et à la fin, ce sera comme si la respiration s’était arrêtée pendant un moment de telle sorte qu’il ne reste qu’une étape intermédiaire qui n’est ni inspiration ni expiration. Il y a une histoire à propos d’un grand yogi qui après avoir pratiqué ce souffle longtemps, n’aurait respiré qu’une seule fois en six jours ! Chacun de nous est capable d’arriver à ce résultat mais nous ne devons pas nous forcer ou précipiter une telle pratique. En règle générale, les gens n’ont que deux étapes dans leur respiration : l’inspiration et l’expiration, le OM et le HUNG, mais nous devons pratiquer pour introduire le A dans notre souffle. Par conséquent lorsque le souffle entre, c’est le OM, lorsque le souffle descend et se répand c’est le A, lorsque nous expirons c’est le HUNG. Cette pratique doit être faite de manière détendue sans rien forcer, sinon nous nous sentirons nerveux et agités. Lorsque l’expiration est trop longue, il peut y avoir un intervalle, une sorte de pause, de vide qui dure plus ou moins longtemps entre cette expiration et l’inspiration suivante. Cela n’est pas bon. Dans le cas du souffle OM A HUNG, la seule pause, le seul intervalle doit être le stade intermédiaire du A.
LE POUVOIR DE LA VOIX OM A HUNG est un mantra très puissant qui représente le corps, la voix et l’esprit [voir p. →]. OM est le corps, A est la voix et HUNG est l’esprit. Par conséquent, à travers ces trois lettres nous devons avoir une meilleure compréhension de la relation qui existe entre le corps, la voix et l’esprit. À travers notre voix, dans notre vie de tous les jours, nous pouvons avoir un effet sur l’environnement extérieur, en créant des émotions négatives, et aussi sur le corps en l’amenant à des réactions négatives. Cela arrive par l’intermédiaire de notre voix. Si je dis quelque chose de mal, je peux blesser quelqu’un même sans aucune autre action physique. Selon la façon dont j’utilise ma voix, je peux énerver ou blesser quelqu’un sans même avoir besoin d’utiliser un bâton ou un couteau. Le pouvoir de la voix doit donc être utilisé avec une précaution extrême pour nous protéger et protéger les autres. Si j’utilise ma voix de façon appropriée ça va, sinon, je peux endommager mon esprit et mon corps. Si j’utilise trop ma voix, c’est-à-dire si je parle
pendant trop longtemps, alors mon énergie va se disperser plus vite et je me sentirai physiquement et mentalement plus fatigué. De plus, je me sentirai aussi troublé et distrait. En revanche, ma voix peut avoir un effet positif sur un esprit confus et un corps fatigué, en récitant des mantras par exemple. Si j’ai un problème nerveux ou des problèmes mentaux et que je suis incapable d’utiliser ma voix, je peux toujours agir sur mon corps pour l’aider à se détendre le plus possible. Cette relaxation qui permet au corps de se reposer et de récupérer aura le même effet positif sur l’esprit et la nervosité. Car il s’agit d’une harmonisation et d’un rééquilibrage qui intervient à un niveau général.
Hung, calligraphie de Jangbu.
Il est probable que chacun d’entre nous a déjà fait l’expérience de la relation profonde qui existe entre le corps, la voix et l’esprit sur un plan matériel et sur un plan subtil. Comme nous l’avons déjà mentionné plusieurs fois, la quintessence de cette relation entre le corps, la voix et l’esprit, est représentée par le mantra OM A HUNG. C’est pourquoi ces trois syllabes représentent le corps, la voix et l’esprit de tous les êtres éveillés, de tous les bouddhas, que ce soit dans la tradition bön ou dans la tradition boud-dhiste. Dans ce cas nous nous référons à l’aspect pur de notre dimension. Lorsque nous utilisons les mantras, nous utilisons notre voix. Et nous l’avons déjà dit : le pouvoir de la voix est très puissant. Nous savons qu’en utilisant des mots, les psychologues peuvent calmer et relaxer leurs patients. L’opposé est aussi vrai : par les mots et la parole nous pouvons créer beaucoup de problèmes. 6 : Avec HUM, l’expiration se fait par le nez, et avec HUNG l’expiration se fait par la bouche. La prononciation HUNG provient de Nagarjuna. 7. Yantra, mot sanskrit qui se réfère aux mouvement corporels. Yoga, mot sanskrit traduit généralement par « union », union avec notre nature primordiale. Le yantra yoga est donc une voie qui a pour but de réaliser notre état véritable par le mouvement.
Mantras et éléments subtils ous allons voir maintenant comment les mantras fonctionnent en relation N avec les éléments subtils. Pour expliquer cela, il est important de comprendre les relations entre les éléments, les humeurs dans le corps et le corps luimême. Si nous avons une compréhension élémentaire de base de ce que sont les trois humeurs et les cinq éléments, alors il sera plus facile de travailler avec les énergies du corps. En général, les cinq éléments peuvent être considérés comme les cinq « particules élémentaires » qui constituent la matière. Nous pouvons dire que chacun de ces cinq éléments est constitué d’une substance spécifique. Les cinq éléments sont la source du niveau matériel de toute chose. Selon une autre interprétation, nous considérons que les cinq éléments ne sont qu’une seule substance qui manifeste cinq fonctions différentes. L’explication la plus subtile des cinq éléments est d’attribuer cinq fonctions différentes aux particules. Comment les cinq éléments se développent-ils ? Les éléments, à l’origine, se développent à partir des couleurs. Par conséquent, on peut dire que les causes d’existence des cinq éléments sont les cinq couleurs. Ces couleurs constituent la nature réelle des éléments.
COULEURS, SONS ET ÉLÉMENTS En Occident, lorsqu’on parle de couleurs on dit qu’il y a trois couleurs primaires8, que le blanc n’a pas de pigment. En mélangeant les trois couleurs primaires, on obtient toutes les autres couleurs. Ici l’explication est un peu différente car les cinq couleurs dont nous parlons représentent l’énergie ellemême. Nous pouvons dire que les particules subtiles qui constituent le niveau matériel des choses possèdent cinq fonctions et cinq couleurs différentes. La première couleur est le bleu. C’est la couleur de l’espace, et l’espace est quelque chose qui s’infiltre partout. C’est pourquoi nous pouvons dire que cette couleur est présente dans toutes les autres couleurs, que d’une certaine
manière, elle imprègne les autres couleurs. Ainsi, dans ces conditions, la couleur mère, celle qui est à l’origine de toutes les autres couleurs est le bleu. Les cinq couleurs sont transformées en cinq éléments. La relation établie entre les couleurs et les éléments est la suivante : Le bleu se manifeste dans l’élément espace, le jaune dans l’élément terre, le blanc dans l’élément eau, le rouge dans l’élément feu, et le vert dans l’élément air (ou vent). Comme pour les couleurs où le bleu représente la couleur mère à l’origine de toutes les couleurs, parmi les éléments, l’espace est aussi l’élément essentiel, l’élément mère, la base de tous les autres éléments. L’espace permet la création de tous les autres éléments, ils ne peuvent pas exister sans lui. Parfois les gens parlent de quatre éléments sans mentionner l’espace. Mais cela revient au même car l’espace est présent dans tous les autres éléments, parfois il n’est pas listé comme élément séparé. Les émotions sont elles aussi liées aux éléments. L’émotion fondamentale est l’ignorance. Ensuite il y a les quatre émotions principales : l’orgueil, la colère, le désir et la jalousie. L’essence de l’énergie est représentée par les cinq couleurs des cinq éléments. Le mandala est toujours réalisé avec les cinq couleurs. Il représente l’univers entier, celui qui est à l’extérieur de nous comme celui qui est à l’intérieur de nous, dans le caractère unique absolu qui existe entre les aspects extérieurs et intérieurs. Par conséquent, le mandala est la manifestation ou la représentation des cinq éléments internes et externes. Nous pouvons donc dire que la relation entre les couleurs et les éléments est une relation d’interdépendance. Chaque partie du corps est aussi reliée à un élément et par conséquent à la couleur et au son correspondants. L’utilisation des couleurs à des fins thérapeutiques représente la plus haute des techniques de guérison pour le corps physique. De plus, puisque les couleurs sont toujours associées aux sons, les couleurs et les sons ont la même origine. En fait, dans la culture tibétaine, nous parlons de couleurs naturelles et de sons naturels qui sont toujours indissociables. Dans un mandala, nous pouvons voir différentes couleurs associées à différents mantras, différentes syllabes. Cela signifie que le son et la couleur fonctionnent et travaillent ensemble. Afin d’accéder à une certaine compréhension de l’utilisation des mantras, nous devons connaître les bases de la philosophie bouddhiste. À la
base de l’enseignement bouddhiste, il y a le concept de vide, de vacuité, à partir duquel tout apparaît et dans lequel tout peut se dissoudre. Il en va de même pour les couleurs et les sons. Ils peuvent se manifester à partir du vide ou bien s’y dissoudre. La nature réelle primordiale se manifeste à partir du vide sous la forme des sons et des couleurs. Quelle est la relation entre l’esprit, les couleurs et les sons ? Dans la philosophie bouddhiste, nous croyons que la véritable nature, l’essence de l’esprit, est représentée par les manifestations des cinq couleurs et leurs sons correspondants. La même croyance est présente dans la tradition bön. Dans l’essence, il n’y a donc pas de séparation entre son et couleur, même si un esprit ordinaire tombe dans la dualité, les sépare, fait une séparation entre le sujet et l’objet, entre ce qui est perçu et celui qui perçoit. En réalité, c’est un concept très compliqué car à travers notre énergie vent (tib. rLung) qui accompagne l’esprit depuis la naissance, notre esprit ne se reconnaît pas et tombe donc dans la dualité, dans la séparation entre sujet et objet. L’esprit pense qu’il y a un sujet qui perçoit et un objet qui est perçu, ce qui crée la dualité, et par conséquent le « je » qui se sépare des autres. Tout ceci mène à une vue et une manière de penser erronées, que nous Tibétains appelons l’ignorance. Celle qui empêche l’esprit de comprendre sa véritable essence dans laquelle il n’y a pas de séparation. Par exemple, là maintenant, nous sommes en train de rêver. Si nous sommes en train de rêver et que le maître apparaît et nous dit que c’est un rêve, nous ne le croyons pas car nous sommes convaincus que nous ne sommes pas en train de rêver. Parce que dans notre esprit, nous avons établi une séparation très claire entre le sujet et l’objet, et aussi parce que nous avons fortement développé une tendance à réifier les choses. Si nous sommes en train de rêver, et que le maître apparaît et nous dit que nous sommes en train de rêver, nous ne pouvons pas le croire parce que nous sommes en train de percevoir le maître comme nous voyons autour de nous les couleurs, les objets, etc. exactement comme si nous étions réveillés. Cependant, au réveil, si nous pouvons nous rappeler de ce rêve, nous comprenons que nous étions effectivement en train de rêver. Peut-être ne comprenons-nous pas que le rêve n’est qu’une image, qu’un reflet, et que rien n’existe vraiment, qu’il n’y a pas de séparation entre le sujet et l’objet.
Cette façon ordinaire de vivre correspond à ce que nous appelons la passion de l’ignorance, et elle entraîne un manque de compréhension de ce qu’est notre vraie nature. En conséquence, nous développons des idées, des façons de vivre, des obstacles qui font que nous persistons dans notre vision erronée. Voilà une raison pour laquelle nous considérons que l’ignorance est à l’origine de toutes nos émotions négatives comme la colère, l’orgueil, la jalousie, l’attachement, etc. Ces émotions négatives apparaissent car la dualité est installée dans notre esprit entre le sujet et l’objet. Un sujet qui veut saisir un objet empêche notre esprit de comprendre notre véritable nature. Dans ce contexte, l’ignorance nous empêche de comprendre le processus par lequel les éléments se manifestent à partir des couleurs, les émotions à partir des éléments, etc. C’est dans ce sens que nous comprenons ici le mot « ignorance ».
RELATION ENTRE LE CORPS ET L’ESPRIT Bien qu’en médecine tibétaine nous considèrons que l’ignorance, ou la non-reconnaissance de notre condition véritable, est la base d’où proviennent toutes les émotions, celles-ci sont aussi en relation avec les humeurs et les constituants physiques de notre organisme. - L’ignorance est associée à l’humeur phlegme ; - la colère est associée à l’humeur bile ; - le désir (attachement) est associé à l’humeur vent. On dit que les humeurs phlegme, bile et vent peuvent être rattachées aux systèmes de circulation du corps : la phlegme correspondrait au système lymphatique, la bile au sang et à la circulation sanguine, le vent au système nerveux. S’il existe de grandes similitudes entre ces systèmes et les humeurs, en réalité leur correspondance n’est pas totale, il existe des différences entre ce que décrivent les termes tibétains et les systèmes de circulations décrits par la médecine occidentale.Par exemple, l’élément vent a deux niveaux : le niveau grossier et le niveau subtil. Au niveau grossier, on peut bien-sûr le comparer au système nerveux, car dans le contexte tibétain lorsque nous parlons de l’élément vent nous incluons toutes les perceptions : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. L’élément subtil est quant à lui plutôt lié à l’esprit.
Si par exemple, je pense maintenant à ma ville au Tibet, la partie subtile de mon énergie qui travaille avec l’esprit est au Tibet, mais la partie grossière reliée au système nerveux est restée ici. La métaphore la plus courante pour décrire l’esprit est la suivante : « Une personne cul-de-jatte ne peut pas marcher, mais elle peut voir. Un cheval aveugle ne peut pas voir, mais il peut marcher. À eux deux, ils peuvent aller quelque part. » De la même façon, l’élément subtil vent (c’est-à-dire notre rLung subtil) et notre esprit (tib. sems) travaillent en synergie. Le niveau subtil et le niveau grossier sont tous les deux présents. Quand on se souvient de cela on peut comprendre l’origine des problèmes psychosomatiques. Par exemple, si mes pensées à un niveau subtil sont négatives, cela va influencer le niveau grossier et entraîner des problèmes qui vont se transformer en maladies. Ce sont ces deux niveaux, grossier et subtil, de l’humeur vent qui sont utilisés dans le processus de guérison par mantras. Dans la médecine tibétaine, l’humeur bile est également associée à la couleur rouge, à la chaleur et à la circulation sanguine. Dans notre contexte, je me référerai seulement à la chaleur du corps et à la chaleur qui est transmise par les mains, et que l’on peut ressentir lorsqu’on approche sa main du corps. Enfin, l’humeur phlegme correspond aussi à divers constituants du corps. Selon la médecine tibétaine, la phlegme est le mélange de l’élément eau et l’élément terre. Il a donc les qualités de ces deux éléments, liquide et solide. Sur un niveau grossier, la phlegme correspond au système lymphatique. Il est important de clarifier ces points, car si nous n’avons pas ces connaissances de base en médecine tibétaine, il nous sera difficile de relier les humeurs avec des fonctions du corps. C’est pour cela que j’insiste particulièrement sur ces points. Jusqu’à présent nous avons étudié l’origine des éléments, des émotions, des constituants du corps physique, et les relations entre eux, en allant de la cause à la manifestation. Cependant, nous devons aussi comprendre le processus inverse qui va de la manifestation à la cause. Par exemple, les problèmes nerveux sont liés à l’élément vent, ou à un déséquilibre énergétique dans le corps, ou à la jalousie, et à la couleur verte. Ce qui nous indique aussi que le vert est une couleur qui soigne les désordres nerveux.On notera également que dans le cas d’une maladie chronique ou dégénérative, il n’y a pas de symptôme ou de douleur au début. Mais il y a un
déséquilibre entre les cinq éléments du corps, ce qui permet aux cinq émotions correspondantes de se développer. Par conséquent, il y a une modification des trois humeurs, bile, vent, et phlegme, qui aboutira au final au développement d’une maladie au niveau de l’organisme avec symptômes et douleurs.
SOIGNER LA CAUSE PLUTÔT QUE LES SYMPTÔMES Lorsque nous sommes confrontés à un désordre particulier, à une maladie, il est important pour la soigner de comprendre la cause initiale plutôt que de tenter de soigner les symptômes. Si nous opérons ou soignons en utilisant des médicaments des maladies dégénératives comme le cancer, sans comprendre la cause, le même problème reviendra peut être plus tard. Dans la médecine tibétaine, il y a des principes directeurs pour nous aider à établir des connections entre les éléments et les émotions. Même lorsqu’on prépare les médicaments à base de plantes, nous prenons en considération leur couleur pour renforcer le pouvoir thérapeutique. La couleur donne une indication qui peut nous aider à établir la relation avec un certain élément. La substance d’une couleur peut agir à un niveau énergétique sur l’élément en déséquilibre qui est la cause de la maladie. La médecine tibétaine établit un lien entre le plan grossier et le plan énergétique subtil. Dans la mantrathérapie, il y a une façon d’expliquer les relations entre couleurs, éléments, émotions et humeurs qui est différente de celle que l’on trouve dans les tantras de la médecine tibétaine. Tout comme la couleur bleue est celle qui donne naissance à toutes les autres couleurs, l’ignorance, la nonreconnaissance de notre véritable condition, est la base de création de toutes les émotions qui ensuite se déversent dans les trois humeurs. Nous avons vu qu’il y a cinq émotions [l’ignorance, l’orgueil, la colère, le désir et la jalousie]et trois humeurs correspondantes. Mais il y a aussi une autre vision des choses : nous pouvons considérer qu’il y a trois émotions au lieu de cinq. Comme nous l’avons vu, la colère est reliée à la bile, le désir au vent, et la limitation intellectuelle à la phlegme. Mais en fait, la colère est toujours liée au désir, sans désir, il n’y a pas de colère ! En tibétain désir est synonyme d’attachement. Notre corps est composé de cinq éléments présents à l’intérieur du corps mais aussi à l’extérieur. Cela signifie que ces éléments peuvent être trouvés sur la tête, le torse, les paumes des mains et des pieds, etc.
Schéma des mains droite et gauche. 8. Les trois couleurs primaires soustractives utilisées pour la peinture sont le jaune, le cyan et le magenta. Elles ne peuvent être obtenue par un mélange d’autres couleurs, c’est pourquoi elles sont dites « primaires ».
Utiliser les mains orsque nous parlons de paumes des mains, tout le monde pense qu’elles L ont un pouvoir spécial. Selon la médecine tibétaine, les doigts représentent les organes du corps, et la paume de la main représente le mandala des éléments. De même qu’en Occident, sont évoqués les stigmates lorsque des gens, qui ont une foi immense, portent les cicatrices du Christ sur les paumes de mains et la plante des pieds, [en Asie] de nombreux bouddhas et de dakinis sont représentés avec les paumes ouvertes et un œil dessiné à l’intérieur, comme par exemple Tara Blanche. Une autre divinité tibétaine, Tchenrezi, est représenté avec des milliers de bras, des milliers de jambes et des milliers d’yeux dans des milliers de mains. Depuis toujours des symboles très puissants ont été associés aux yeux. Ils ne servent pas seulement à voir les objets, les formes et les couleurs, ils permettent aussi d’obtenir clarté et sagesse. Le pouvoir se manifeste grâce à la sagesse. Sans sagesse, nous ne sommes pas capables de grand-chose. Aussi, le fait qu’il y ait des yeux sur les mains de nombreux bouddhas signifie que chacun de nous possède ce pouvoir, cette capacité. C’est aussi la raison pour laquelle nous pouvons utiliser ce mandala de couleurs au centre de la paume de la main. Au centre du mandala, il y a cinq cercles de couleurs, celui du milieu est le centre, et les quatre autres représentent les quatre points cardinaux. Cela signifie que le centre, l’essence du mandala, est représenté par les cinq éléments qui symbolisent aussi notre capacité énergétique. Le fait que les cinq cercles soient représentés sur la paume des mains signifie que l’énergie des cinq éléments a la possibilité de se manifester à travers la paume des mains. Certaines personnes peuvent produire des lumières de couleur bleue ou rouge avec leurs mains. Cela signifie que ces gens travaillent avec les énergies des éléments qui correspondent à ces couleurs. Dans le qi-qong chinois ou le reiki japonais, les gens utilisent les paumes des mains pour soigner.
Nous savons que l’énergie est associée aux cinq éléments, et que différentes formes d’énergies se répandent à travers les doigts à partir de la paume de la main. Chaque doigt est relié à l’énergie d’un élément, une couleur et un mantra spécifiques. Chaque doigt est aussi relié à un organe. Toutes les énergies qui nous constituent se concentrent dans les paumes des mains. Ensuite, on trouve les cinq cercles, chacun représentant un élément, et l’énergie de chaque élément se positionne sur un doigt. Chaque doigt correspond à une énergie et un élément particuliers : - Le petit doigt représente l’élément terre (sa); - l’annulaire représente l’élément eau (chu); - le majeur, l’élément feu (mé); - l’index, l’élément vent (lung); - le pouce, l’élément espace (namkha). Nous pouvons donc utiliser le type d’énergie le plus approprié pour traiter un problème de santé particulier. Revenons au mandala des cinq couleurs présent sur la paume de la main : - le cercle central, de couleur bleu, représente l’espace ; - le suivant, de couleur jaune, représente la terre : - le suivant, de couleur blanche, proche du pouce représente l’eau ; - le suivant, de couleur verte, représente le vent ; - le suivant, de couleur rouge, proche du petit doigt représente le feu. Considérons chaque doigt : - la première phalange de chacun des doigts représente les cinq éléments, chacun étant associé à un son ; - la seconde phalange symbolise les organes internes ; - la dernière phalange symbolise les différentes facultés sensorielles. Sur chaque première phalange de chaque doigt [la plus proche de la paume] est représenté un des cinq éléments. Chaque élément est symbolisé par une forme et une lettre qui correspond au son associé à cet élément. Les cinq éléments.
Sa, la terre
Chu, l’eau.
Me, le feu.
Lung, le vent.
Namkha, l’espace
E
Pour le pouce : - À sa base, nous avons l’élément espace, symbolisé par un disque ovale et la lettre E ; - sur la seconde phalange, nous trouvons l’organe du cœur (et aussi l’intestin grêle car ils sont connectés) ; - au bout du pouce, il y a la langue, l’organe du goût.
Yam
Pour l’index : - Sur la première phalange nous trouvons un triangle relié au son YAM qui représentent l’élément vent ; - sur la seconde phalange, le poumon (aussi relié au gros intestin) ; - sur la troisième, le nez et l’odorat.
Ram
Pour le majeur : - Sur la première phalange, nous avons un demi-cercle de couleur rouge, représentant l’élément feu associé au son RAM ; - sur la seconde phalange, les organes internes que sont le foie et la vésicule biliaire ;
- sur la troisième phalange, le sens représenté est la vision, avec les yeux.
Bam
Pour l’annulaire : - Sur la première phalange, nous avons un disque de couleur blanche, représentant l’élément eau, associée au son BAM (ou UAM) ; - sur la seconde, les organes sont les reins et la vessie ; - sur la dernière phalange, nous avons l’oreille avec le sens de l’audition. Sur la main gauche, nous avons le rein gauche et les ovaires pour la femme, et les testicules pour les hommes. Pour le petit doigt : - Sur la première phalange, il y a un carré jaune relié à l’élément terre et au son LAM ; - sur la seconde phalange, les organes présents sont la rate et l’estomac ; - sur la dernière phalange, nous avons les lèvres avec le sens du toucher.
Lam
Schéma des éléments dans la main.
C’est ainsi que les mains sont connectées aux différents organes et aux éléments. Nous pouvons utiliser les syllabes des mantras et les couleurs associées aux éléments et aux organes des sens pour soigner et guérir les problèmes liés aux organes internes. Par exemple, si nous décelons un problème lié au cœur ou à l’intestin grêle, nous pouvons utiliser le pouce et le son E. Pour des problèmes liés aux poumons, nous pouvons utiliser le son YAM et appliquer un traitement pour réchauffer le nez et envoyer l’énergie du nez vers les poumons (il en va de même pour les problèmes de gros intestins). Avec le mantra RAM, de l’élément feu, nous pouvons soigner les problèmes de foie et de vésicule biliaire et traiter les yeux. Nous pouvons réciter le mantra BAM (ou UAM) et travailler sur l’énergie des reins et de la vessie, et dans ce cas nous travaillons sur les oreilles. Enfin le son LAM, relié
à l’élément terre, active les fonctions et l’énergie de la rate, et nous pouvons utiliser les lèvres pour cela. En général, si nous voulons agir en prévention d’une maladie et procurer un sentiment de relaxation, ou activer l’énergie pour donner de la force au corps, nous devons apprendre à visualiser sur les mains les cinq disques de couleurs des cinq éléments. Il existe quelques différences entre la main droite, que je viens de décrire, et la main gauche. Nous devons aussi nousrappeler que les cercles doivent être visualisés dans leur position naturelle. S’il y a des problèmes particuliers à traiter, alors nous visualisons le cercle correspondant à l’élément qui pose problème au centre de la main, car le cercle du centre est toujours le plus important. Par exemple, si nous avons un problème de fièvre, nous plaçons le cercle blanc de l’élément eau au centre de la main, car le problème est de nature ‘chaude’. Il peut donc être soigné par le froid de l’élément eau. À ce moment là, le cercle de l’espace (bleu) sera placé à la place naturelle du cercle de l’eau (blanc). La puissance de l’énergie connectée au cercle de couleur augmente si nous mettons le cercle au centre de la main.
Utiliser les mantras en tibétain l est utile de pouvoir lire les mantras écrits en tibétain et d’apprendre à les Iécrire. Parfois il n’est pas suffisant de répéter le son du mantra, il faut aussi écrire le mantra plusieurs fois sur un morceau de papier. En effet, cela ajoute un effet thérapeutique à celui du son. Comme nous l’avons déjà vu, toutes les lettres contiennent le son A, toutes proviennent du A. Si nous voulons écrire les autres lettres, nous rajoutons certains symboles à la lettre A pour la transformer en une autre lettre. Tous les sons sont associés à la lettre A qui est comme la conscience de toutes les lettres. Si nous écrivons sur la lettre LA un cercle, cela rajoute un MA. Ainsi nous obtenons le son LAM. Le mantra de l’élément feu est RAM. Nous utilisons le RA et ajoutons un cercle au dessus pour obtenir un RAM. Normalement le symbole du RAM est un triangle qui pointe vers le haut et non pas un demi-cercle comme on l’a dit plus haut. Mais en mantrathérapie, nous utilisons un demi-cercle. Nous avons vu que l’annulaire représente l’élément eau, qui est couleur blanche et associé au son BAM (prononcé UAM). Mais il est aussi possible d’utiliser KAM (à l’oral). Le symbole BA avec le cercle au dessus devient BAM. Le symbole KA avec le cercle au dessus devient KAM. En général, lorsque nous faisons des pratiques avec ces trois éléments actifs : l’eau, le feu, le vent, il est préférable d’utiliser BAM (UAM). Le YAM est composé du YA et du cercle au dessus M. le E est formé par la lettre tibétaine A avec une ligne oblique au dessus. Lorsque nous voulons utiliser les cinq éléments ensemble, le son global est le OM.
Lam
Ram
Bam
Yam
E
Comme il été dit, l’espace est la base de la manifestation de tous les éléments. Ainsi, si nous parlons de l’élément feu, il ne peut pas exister sans l’espace. Cela est valable pour l’élément eau et tous les autres éléments. De la même façon, lorsqu’nous voulons travailler avec tous les éléments, nous prononçons OM, car c’est le son qui les englobe tous. Les organes internes sont classés en organes vitaux et en organes creux. À chaque organe plein correspond un organe creux. Si nous examinons le petit doigt par exemple, les organes vitaux sont la rate et le pancréas, et l’organe
creux est l’estomac. Pour l’annulaire, les organes vitaux sont les reins, l’organe creux, la vessie. Pour l’index, les organes vitaux sont les poumons, et l’organe creux le gros intestin. Pour le pouce, l’organe plein est le cœur, et l’organe creux l’intestin grêle. En cas de problème avec un organe, si son énergie est faible, elle doit être renforcée par la récitation mentale ou à haute voix du mantra correspondant. Le mantra peut aussi être prononcé par le patient, pour renforcer sa fonction de guérison. Si l’organe que nous voulons traiter est congestionné ou enflammé à cause d’un excès d’énergie, nous ajoutons SHUDDHE SHUDDHE au lieu de RAM RAM RAM seulement. Dans le cas du mantra RAM, cela devient RAM SHUDDHE SHUDDE, RAM SHUDDHE SHUDDE. Pour les problèmes hépatiques, vous devez utiliser le mantra RAM SHUDDHE SHUDDHE. SHUDDHE SHUDDHE peut évidemment être aussi associé aux mantras des autres éléments. Le but est toujours de purifier l’excès d’énergie. En général, il est toujours plus efficace de réciter le mantra de purification après les mantras des éléments pour recharger les énergies. Nous prononçons d’abord le mantra de l’élément pendant un certain temps, LAM LAM LAM, et ensuite nous prononçons LAM SHUDDHE SHUDDHE, LAM SHUDDHE SHUDDHE. Si nous le pouvons, nous visualisons la couleur correspondante, c’est encore mieux. Le mantra doit être répété sept fois, vingt-et-une fois, ou cent-huit fois. La visualisation est plus puissante que le son, donc si nous visualisons la couleur, le son relatif au mantra aura un effet rééquilibrant. Il n’y a pas de risque d’effets secondaires. Le mantra de purification totale des énergies négatives et des maladies qui est en relation avec les cinq éléments est le suivant : OM E HO SHUDDHE SHUDDHE YAM HO SHUDDHE SHUDDHE BAM HO SHUDDHE SHUDDHE LAM HO SHUDDHE SHUDDHE RAM HO SHUDDHE SHUDDHE A HE RAM BHI HE RAM BI NA RAM SHUDDHE SHUDDHE A A A SO HA
Pour les problèmes de prostate, nous pouvons utiliser l’élément eau et la couleur blanche, ou l’élément vent et la couleur verte, associatiés aux mantras correspondants. Si certaines personnes ont le même problème par exemple un problème de poumon, il peuvent former une chaîne en se tenant par la main et réciter ensemble YAM YAM YAM pendant un moment, puis YAM SHUDDHE SHUDDHE, YAM SHUDDHE SHUDDHE. La dernière personne de la chaîne garde sa main libre posée sur le sol pour laisser sortir l’énergie, et la première personne de la chaîne tient un mala de cristal ou de quartz blanc ou de la couleur qui appropriée à la maladie traitée dans sa main libre. Le traitement doit commencer sur le son d’une cloche tibétaine pour détendre l’esprit. On peut réciter le mantra à haute voix ou mentalement. Lorsque nous récitons le mantra des éléments, le son ne doit pas être trop fort, la récitation ne doit pas être trop rapide. Par exemple si nous récitons BAM, le mantra de l’élément eau, nous devons le prononcer doucement, lentement et nous identifier avec l’eau d’une rivière ou de douces vagues afin de mieux reproduire le son de l’eau et son mouvement. Pour l’élément feu, RAM doit être prononcé plus fort, de manière sèche et courte, car il représente le feu et son énergie doit être plus pénétrante. Le son YAM de l’élément vent doit être récité légèrement comme une brise légère. Lorsque nous le prononçons, c’est comme si nous nous sentions
soulevés dans les airs. Le son du mantra de l’élément espace doit être prononcé avec une impression d’espace. De cette façon, il est possible d’avoir une expérience directe des éléments. Nous pouvons réciter EEEEEEE lorsque nous somes tout seul dans un grand espace ouvert. Si nous sommes près d’un feu, nous pouvons réciter RAM. Quand il y a du vent, nous pouvons réciter YAM. Le son des éléments eux-mêmes peuvent nous aider à comprendre comment les mantras doivent être prononcés. Il est évident que nous pouvons utiliser les mantras pour nous-même comme pour les autres. Si les patients ont des difficultés à prononcer les mantras ou qu’ils ignorent complètement ce genre d’approche thérapeutique, nous pouvons toujours intervenir en visualisant les lettres des mantras correspondants aux organes malades et réciter les sons mentalement.
La lettre A est la source de toutes les lettres.
Mantras appliqué sur le genoux.
Travailler sur le corps e corps humain peut être divisé en cinq parties, chaque partie étant reliée à L un élément. Généralement, lorsque nous parlons des cinq parties du corps, il s’agit des deux jambes, des deux bras et de la tête. Chacune de ces parties correspond à un organe interne. Le cœur est relié à l’élément espace, dont le mouvement vers le haut remonte jusqu’à la tête (qui est déjà associée avec l’élément espace). Cela signifie aussi qu’il y a une relation spéciale entre le cœur et la tête. Les poumons sont associés avec l’élément vent. L’énergie des poumons descend vers le bas du corps jusqu’à s’étendre vers la jambe droite. La jambe droite peut donc être utilisée pour traiter les problèmes de poumons et réactiver leur énergie. Le foie est associé à l’élément feu. Son énergie s’étend jusqu’au bras droit. Les reins sont associés à l’élément eau et leur énergie se répand jusqu’à la jambe gauche. La rate est associée à l’élément terre. Son énergie bouge jusqu’au bras gauche. Nous trouvons les cinq éléments dans la paume de la main droite, l’élément le plus présent étant le feu. Nous associons donc la main droite avec le foie. Dans la main gauche, où tous les éléments sont aussi représentés, l’élément le plus fort est la terre. La main gauche est donc associée à la rate. Toutes ces connections entre les organes et les parties du corps sont établies à un niveau énergétique et à un niveau organique. Pour les problèmes de cœur, nous pouvons réciter le mantra EEEEEE tout en tenant le pouce avec l’autre main. nous pouvons reproduire cette méthode pour tous les organes et tous les doigts, sur nous-même ou sur les autres. Nous utiliserons le petit doigt pour traiter les problèmes d’estomac ou de vésicule biliaire, en récitant le mantra LAM LAM LAM. Le patient peut également le réciter. Nous pouvons aussi travailler sur les organes des sens pour soigner les organes internes. Nous travaillons sur les yeux pour les problèmes de foie.
Dans ce cas, des arcs-en-ciel d’énergie pénètrent par les yeux dans le corps pour descendre jusqu’au foie. Le foie est représenté comme une tige, et les yeux sont sa fleur. Nous pouvons travaillons sur une des cinq parties du corps pour soigner un organe interne, sur le bras droit pour des problèmes de foie, sur la jambe gauche pour des problèmes de reins. Lorsqu’on applique les mains sur les jambes, on doit toujours remonter de la pointe des pieds vers le haut de la jambe.
NOUS PROTÉGER Lorsque nous tenons le doigt de quelqu’un d’autre, nous percevons des sensations particulières dues à l’échange d’énergie entre les deux personnes. Dans ce cas il est très important de nous protéger des énergies polluantes, car de toute façon, nous sommes en train de traiter l’énergie d’une personne malade. Nous pouvons nous protéger en utilisant diverses méthodes pour nous décharger de ces énergies : - Garder les pieds nus en contact avec le sol ; - porter des chaussures avec des semelles en cuir ; - porter des pierres précieuses spéciales (dont nous parlerons plus tard) ; - réciter des mantras de purification ; - brûler de l’encens, etc.
TRAVAILLER À UN NIVEAU SUBTIL OU GROSSIER En général, nous utilisons les paumes des mains pour transmettre de la chaleur. Lorsque nous faisons cela, il est très important de visualiser les disques des cinq couleurs des éléments sur la paume de la main. Nous pouvons aussi visualiser les cinq lettres tibétaines A dans la même position que les disques des cinq éléments. Chaque A sera de la couleur d’un élément. Au début, quand nous utilisons les mains, nous devons les placer en contact avec le corps du patient et sur la partie à traiter. Mais une fois que nous aurons acquis une certaine capacité d’énergie, nous pourrons garder nos mains à distance. Au début, quand vous placez vos mains sur le corps vous travaillez en utilisant une énergie grossière liée au niveau physique. Ensuite, quand vous êtes capable de garder vos mains à une certaine distance du corps, cela signifie que vous utilisez une énergie plus subtile.
TRAVAILLER SUR LES PARTIES DU CORPS Nous travaillons sur la région de la tête pour soigner les maladies du cœur. Sur la poitrine pour soigner tout type de problème. Sur la région du nombril pour soigner tous les problèmes liés à des refroidissements. Sur la partie basse du corps (région pelvienne, etc.) pour soigner tous les problèmes liés à l’élément vent. Sur la tête, nous travaillons en plaçant une main sur le front et une main sur l’arrière du cou. Ensuite, nous plaçons une main sur chaque oreille. Nous visualisons tout le temps les cinq cercles de couleurs. Quand nous utilisons les deux mains, nous visualisons la lumière projetée dans la tête par les cinq cercles de chaque main. Ainsi, les lumières projetées de chaque côté se rejoignent dans la tête du patient. Le patient peut sentir une douleur dans la tête qui peut avoir diverses causes (par exemple le foie). Dans ce cas là, vous devez réciter la syllabe RAM. Si dès que vous placez vos mains, vous sentez des tremblements chez le patient, vous devez retirer vos mains lentement. Dans la région de la poitrine, nous travaillons pour soigner toutes sortes de problèmes. Vous placez une main directement au centre du thorax, et l’autre main au centre du dos, à la même hauteur l’une que l’autre. En faisant cela, vous déchargez des rayons d’énergie à partir de vos mains qui vont se rencontrer au centre du thorax. Ces deux rayons d’énergie formant une croix sont particulièrement importants car ils symbolisent les cinq éléments. Ce sont des rayons énergétiques qui proviennent des mains et qui possèdent des propriétés curatives. Leur énergie est grandement renforcée par le fait qu’ils se croisent. Le même phénomène apparaît lorsque ces rayons sont formés par les cinq A que vous pouvez visualiser à la place des cercles.
L’IMPORTANCE DE LA CROIX Les couleurs et les directions d’énergie ont des propriétés particulières qui sont améliorées quand la direction prend la forme d’une intersection perpendiculaire de rayons. Les deux rayons qui se croisent sont très utilisés dans la mantrathérapie. Dans la tradition bön au Tibet, la croix était utilisée en relation avec les cinq éléments. Il est donc très important de former cette croix lorsque vous travaillez avec les éléments afin d’équilibrer leurs énergies.
Nous devons procéder ainsi. Au début, nous plaçons les mains devant et derrière le corps. Puis, nous plaçons les mains sur les côtés pour former la croix. Par la suite, vous pourrez juste faire le signe de croix symbolique et cela sera suffisant.
Emplacement des différentes lettres sur le corps.
Prévenir les maladies our identifier la cause d’un problème il faut faire un diagnostic précis. Par P exemple, des maux de tête peuvent avoir des causes variées, une pression sanguine élevée, des désordres du foie ou des nerfs, un problème lié à la bile, etc. Si vous en êtes capables, vous pouvez adapter le mandala au diagnostic établi, et le transformer en plaçant au centre de la paume de la main la couleur la plus utile pour le traitement. Mais pour arriver à un tel diagnostic, il faut plusieurs années d’études et d’expérience dans la médecine tibétaine. En attendant, vous pouvez toujours utiliser la méthode générale en visualisant le mandala ordinaire ou les lettres A. Il y a deux façons de procéder. Soit vous visualisez les énergies et les couleurs qui entrent dans le corps (car cela a un effet d’harmonisation des déséquilibres des éléments dans le corps), soit vous absorbez les déséquilibres avec une main (mais dans ce cas, il y a un risque d’être ‘influencé’ par l’énergie négative). Si vous voulez appliquer cette méthode, vous pouvez porter des pierres précieuses appropriées. Normalement, lors d’un traitement, vous devez enlever tous vos bijoux, sauf certains bijoux spéciaux qui servent de protection. Le déséquilibre des éléments peut se manifester de trois façons différentes : - L’élément est en excès ; - l’élément est en déficit ; - l’élément est perturbé (l’énergie de l’organe ne réside pas dans l’organe lui-même, elle est instable et elle se déplace vers d’autres organes). Par exemple, s’il y a un excès de l’élément vent dans les poumons (qui sont associés à l’élément vent), vous devez utiliser l’élément terre pour le rééquilibrer. La couleur de l’élément vent est vert, et celle de l’élément terre
est jaune. Vous visualisez la couleur jaune au centre du mandala dans la paume des mains. S’il y a un excès de l’élément feu dans le foie, vous visualisez alors le cercle de couleur blanche de l’élément eau au centre de la paume de la main. S’il y a un excès d’élément eau dans les reins, vous placez le cercle de couleur rouge de l’élément feu au centre du mandala. S’il y a un excès d’énergie dans la rate (liée à l’élément terre, de couleurjaune), vous visualisez le cercle vert de l’élément vent au centre de la paume. S’il s’agit de problèmes liés au cœur, vous ne modifiez pas l’ordre naturel des cercles du mandala dans la paume de la main, puisque le cœur est associé à l’élément espace, de couleur bleue. Dans le cas de perturbation ou de déficit de l’énergie de l’élément d’un organe, (ce qui est différent du cas d’excès) vous devez visualiser le cercle de la couleur de l’élément qui est naturellement associé à l’organe traité.
UTILISER LE CALENDRIER LUNAIRE Si nous voulons nous protéger de l’apparition d’éventuelles maladies et maintenir notre corps en bonne santé, nous pouvons utiliser des mantras à des dates précises. Ces dates sont calculées selon le calendrier lunaire tibétain, elles sont valables chaque mois. Lors du deuxième jour du mois lunaire, vous pouvez travailler sur la partie basse de l’abdomen. Le quatrième jour du mois lunaire est lié à la région ombilicale. Le huitième jour est lié au cœur. Le dixième jour est lié à la gorge. Le quinzième jour, jour de la pleine lune, est lié à la tête et plus spécialement au sommet de la tête. Nous pouvons donc travailler sur ces cinq parties du corps reliées aux cinq chakras à ces dates comprises entre le premier jour du mois lunaire et le quinzième, c’est le moment où la lune est en phase croissante. Pendant la quinzaine de la phase décroissante : Le dix-neuvième jour est indiqué pour soigner les problèmes de tête. Le vingtième jour pour les problèmes de gorge.
Le vingt-deuxième jour on peut travailler sur la région du cœur. Le vingt-cinquième jour sur la région ombilicale. Le jour de la nouvelle lune est lié aux problèmes génitaux.
UTILISER DES MANTRAS SPÉCIFIQUES POUR CHAQUE PARTIE 1.
2.
3. 4. 5.
DU CORPS HARA : premier mantra, pour la région de la tête. Il doit être récité au jour correspondant en visualisant une sphère blanche au centre de la main. La récitation peut se faire mentalement ou à voix basse. Des instructions complémentaires seront données en ce qui concerne la position des mains et les visualisations. RIZA : pour la région de la gorge. Les mains se placent comme pour le premier mantra, et nous visualisons la couleur rouge, l’élément feu. Puis la procédure est la même que pour le premier mantra. MASHRI : pour la région du cœur, couleur bleue. Même procédé que les précédents mantras. NISHPI : pour la région du nombril, couleur jaune. Idem. SAYA : pour la région des parties génitales, couleur verte. Idem.
Si vous n’arrivez pas à faire un diagnostic exact pour le problème du patient, vous pouvez travailler tous ces points. Mais vous devez respecter la procédure de récitation et les dates qui leur correspondent. Si vous vous soignez vous-même, il n’est pas nécessaire d’appliquer les mains. La visualisation et le son suffisent. En général, il est nécessaire de se préparer avant ce genre de soin. Il faut développer ses capacités et dispositions, il ne suffit pas de se dire que ça va marcher pour que ça marche ! Il y a des mantras spécifiques qui aident à développer les capacités de guérison et qu’on peut faire avant la pratique de la mantrathérapie. Les canaux d’énergie dans le corps circulent différemment selon les cycles de la lune, d’où l’importance de réciter les mantras aux jours indiqués. Certaines parties du corps sont plus actives selon la lune. Par conséquent, travailler sur ces parties [les bons jours] permet d’obtenir un meilleur résultat. Il existe aussi un cycle journalier qui est divisé en huit parties. Vous pouvez appliquer les thérapies selon le cycle de la journée en plus du cycle
lunaire, mais cela devient un peu compliqué. De toute façon ces thérapies peuvent être appliquées à n’importe quelle heure de la journée.
Le mantra des dakas.
Mantras et organes de sens ous avons vu comment les mantras travaillent en relation avec la N respiration. Maintenant nous allons voir comment ils travaillent en relation avec le son. En général on peut dire que le son a un effet puissant sur la matière et sur l’esprit. Cela se remarque facilement dans la vie courante, lorsqu’on écoute de la musique agréable on se détend. Si on écoute de la musique qui nous déplaît, ça nous rend nerveux. Par conséquent, le son a un grand effet sur l’esprit.
L’OUÏE Dans la médecine tibétaine, nous utilisons le son comme méthode thérapeutique. D’ailleurs, cela n’est pas seulement lié à la mantrathérapie, dautres techniques de guérison utilisent aussi le son. Par exemple, lorsque certaines personnes écoutent un son particulier, elles s’endorment plus facilement. D’autres sons agissent sur des problèmes physiques comme la constipation. Selon la médecine tibétaine, une personne constipée peut être guérie en écoutant le bruit de l’eau de la rivière qui s’écoule en bas d’une vallée. Ce son d’eau qui coule est aussi utile en cas de grossesse ou lorsque le travail d’accouchement s’annonce long et difficile. Ce son nous aide à être plus calmes, et cette relaxation permet de rééquilibrer les éléments. De la même façon, certains chants d’animaux comme par exemple celui d’oiseaux peuvent guérir d’autres maladies. Le son provient des cinq éléments, il émane d’eux. La médecine tibétaine affirme que l’esprit est toujours accompagné de son, un son naturel qui est l’origine de tous les sons. Si nous partons en retraite dans un endroit isolé, seul, une fois détendu, nous pourrons entendre un son subtil dans nos oreilles. C’est le son naturel qui accompagne l’esprit. Nous pourrons alors développer la perception de ce son et des autres sons qui seront utiles à des fins thérapeutiques. Évidemment le mantra est toujours accompagné de sons et de couleurs. Nous pouvons le réciter à haute voix ou mentalement. Par exemple, si nous
récitons le mantra HUNG mentalement, cela procure une certaine sensation dans le corps. Lorsque nous parlons, notre voix est surtout composée de sons, et les sons sont toujours associés à des couleurs. Lorsque nous parlons, nous pouvons entendre les sons mais nous ne voyons pas les couleurs. Pourtant selon certains les sons possèdent leur couleur. Le pouvoir de la voix provient du son et des couleurs qui lui sont associées. Par exemple, en modulant sa voix d’une certaine manière il est possible de casser le verre. Si nous comprenons les qualités du langage, nous pouvons casser du verre, simplement en parlant. Et s’il est possible de casser du verre avec des mots, il est également possible de guérir avec des mots, si nous les utilisons correctement. Nous pouvons parfois choquer quelqu’un avec notre voix ou avec des sons. Nous pouvons également harmoniser les éléments de cette personne. Il est possible d’harmoniser les éléments d’une personne en lui causant un choc. Cela peut arriver lorsque quelqu’un est dépressif ou a l’esprit plein de soucis et de difficultés, quand il est pris dans le filet de ses propres pensées. Pour sortir de ces situations, il est utile de chanter à haute voix ou de crier des syllabes comme PHAT et HUNG. Nous pouvons le faire pour nous-même. Quelqu’un peut aussi le faire pour nous lorsque nous sommes trop enfoncé dans une situation, et que nous ne pensons pas que quelqu’un puisse crier ces sons. Cela peut nous procurer un choc qui nous libère de la dépression en coupant ce filet de pensées dans lequel nous étions prisonnier. D’une certaine manière, cela rééquilibre les éléments. PHA représente l’essence des enseignements du Sutra et T représente l’essence des enseignements tantriques. Ce son a un grand pouvoir pour trancher. Il ne doit pas être utilisé dans des endroits publics où il pourrait blesser beaucoup d’êtres sensibles. Avant de pratiquer le PHAT, il est bon de pratiquer OM A HUNG qui va libérer les énergies positives. Cela permet aux êtres les plus faibles de se protéger. Nous avons trois sortes de sons : le son avec conscience (ou volontaire), le son sans conscience (ou involontaire), et le son neutre (le son dans lequel sont présents conscience et absence de conscience). Le son volontaire : c’est le son que nous prononçons consciemment quand nous disons un mot ou un discours, quand nous sommes présents et
conscients de ce que nous sommes en train de faire. C’est le son utilisé par tous les êtres dotés de conscience. Le son involontaire : tous les autres sons, comme le son de l’eau, du vent, du crépitement du bois dans le feu, etc. ne sont pas produits volontairement. L’eau et le bois n’ont pas de conscience. Le son neutre : Le son d’un marteau qui tape sur un clou est un son neutre. Il a été en partie produit volontairement par la conscience, par l’intention d’enfoncer ce clou avec ce marteau, mais il a été aussi créé par l’impact du marteau sur le clou, donc sans conscience. Percevoir le son naturel de l’esprit À ce stade nous devons comprendre l’origine du son. Comme nous l’avons dit, l’origine du son est liée à l’origine de la couleur, à l’origine de l’essence pure des éléments et de l’esprit. Sur le plan physique, nous disposons de nos organes sensoriels, ici les oreilles. Nous pensons que nous entendons les sons grâce à nos oreilles. Cependant, un sourd n’entend pas physiquement les sons. Il entend néanmoins des sons dans ses rêves. Le son existe donc bien dans l’esprit, dans la conscience, au-delà du plan matériel. Pour trouver l’origine des sons, nous devons apprendre à diriger notre attention vers l’intérieur, sur le plan de l’esprit, sur le plan de notre conscience, et donc de notre plus intime essence intérieure. Je ne parle pas d’écouter le souffle ou le battement de notre cœur. Je parle du son originel, celui que nous n’entendons pas avec les oreilles, mais que nous percevons avec l’esprit. Afin de pratiquer la perception de ce son naturel, vous devez détendre votre corps physique et votre esprit et essayer de percevoir le son intérieur. Il est très subtil, très profond et peut résonner dans la tête ou dans les oreilles. Il peut être accompagné de différentes sensations et sentiments. Pour expérimenter ce son, le corps doit être détendu et le dos droit, verticalement, pour que les chakras soient alignés et les canaux d’énergie droits. Dans cette position, il est plus facile d’atteindre le calme mental. Il est aussi très important d’être seul avec nous-même dans le silence. Normalement, nous gardons les yeux ouverts. Mais au début, nous pouvons fermer les yeux pour ne pas être distrait par des visions extérieures qui pourraient faire naître des pensées perturbatrices. Il faut ensuite essayer de s’écouter sans prêter attention aux sons extérieurs. Essayer de ne pas s’attacher aux pensées et diriger l’attention vers l’intérieur. Le souffle doit être lent, sans forcer, pas
trop profond. Nous ne devons pas nous concentrer sur la tête ni sur les oreilles, nous devons juste nous détendre. Peut être que certains entendront un son, comme un sifflement Il est dit que le caractère de ce son naturel intérieur est le même pour tout le monde. Il ressemble au son d’une cloche tibétaine, comme un sifflement très subtil, clair et limpide.Mon expérience personnelle lorsque j’ai entendu ce son est que j’ai perdu la notion du temps. C’est une sensation très particulière dans laquelle j’ai l’impression que tout est bloqué : mes mouvements et mes pensées ; comme si l’esprit est immobile et que l’énergie de ce son peut geler le temps. On dit que le temps existe. Mais en réalité, le temps n’existe pas. L’impression du temps qui passe est liée au concept de référence, de comparaison entre les différents objets. Lorsque nous pratiquons ce son, c’est comme si le temps s’arrête. Nous nous trouvons audelà du temps. J’ai eu cette sensation lorsque j’étais enfant vers dix ou douze ans. J’ai fait un rêve dans lequel j’ai vu un mandala de couleurs, et j’ai eu la sensation d’entendre ces couleurs comme si tout appartenait aux sons et aux couleurs. À travers ce son, j’ai ressenti que tout était arrêté, bloqué, que tout était immobile et que toutes les choses étaient au-delà de tout. Ensuite, lorsque je me suis réveillé, j’ai eu la sensation d’avoir été mort, d’être entré dans une autre dimension. J’ai eu ce rêve plusieurs fois avec la vision de ces couleurs qui transmettaient des sons et qui faisaient que tout était immobile et bloqué. En ce temps là, je ne connaissais rien aux mantras, ni au bouddhisme ni à la médecine tibétaine. Quand plus tard j’ai commencé à étudier et à suivre des pratiques pour écouter ce son, j’ai eu la même sensation que celle de mon rêve, mais en beaucoup plus fort. Maintenant, je suis convaincu que la nondualité constitue l’essence de notre esprit. Il faut faire très attention. Certaines personnes entendent des sons similaires accompagnés de bourdonnements. Ces acouphènes sont liés à des problèmes énergétiques et mentaux. Ils ne doivent pas être confondus avec le son naturel intérieur de l’esprit. Lorsque vous faites cette pratique, surtout dans la partie finale, vous percevrez une étrange vibration décroissante. Vous devez essayer de percevoir ce type de son dans votre esprit. Le son naturel de l’esprit est très similaire à cette vibration décroissante. Lorsqu’on frappe une cloche tibétaine, il y a au début un son initial très fort, puis il devient de plus en plus
subtil. Le son naturel de l’esprit est similaire à cette fin de vibration de la cloche tibétaine. Vous devez vous concentrer sur la deuxième partie de cette vibration sonore.
Le vajra.
Le message transmis par ce son est que l’univers entier et toutes les manifestations exprimées dans l’univers sont vides. C’est le message principal : le vide de toute manifestation. La cloche tibétaine représente l’énergie féminine et le vajra représente l’énergie masculine. Le son produit par la cloche est donc aussi féminin. Ce son représente aussi l’espace, la couleur bleue et la sagesse. En général, la cloche doit être tenue dans la main gauche, et le vajra dans la main droite. Lorsque nous pratiquons avec la cloche, nous tenons le vajra près du cœur, avec le majeur et l’annulaire autour de sa partie centrale, l’index et le petit doigt doivent être tournés vers l’extérieur. La cloche doit être tenue un peu plus bas. Dans la partie supérieure de la cloche, il y a une fleur de lotus avec huit pétales. Chaque pétale est une syllabe. Les huit syllabes sont reliées aux huit déités féminines ou dakinis. Selon le bouddhisme, le chiffre huit
représente la pureté et la clarté. Par conséquent, ces symboles en haut de la cloche représentent la pureté du son. En substance, nous pouvons dire qu’à travers le son, nous pouvons avoir une compréhension de ce concept du vide de tout phénomène. Les maîtres bouddhistes tiennent toujours dans leurs mains la cloche et le vajra. Mais vous n’avez pas à être bouddhistes pour comprendre tout ceci. Lorsque vous regardez ces rituels, vous devez comprendre que le son de la cloche est relié au vide et à l’énergie féminine, et que le vide se manifeste dans l’espace et dans la couleur bleue. Même les animaux qui entendent ce son peuvent avoir cette perception du vide. Beaucoup de pratiquants utilisent la cloche et le vajra pour faire l’expérience du vide. Je les ai également utilisés. Mais maintenant, j’ai une compréhension très différente et plus complète. Désormais, le son de la cloche seule me permet de comprendre le vide sans avoir besoin de faire le rituel entier. Parfois, juste en regardant la cloche je peux entendre sa sonorité. Le vajra représente ce qui est immobile. Il est relié à l’énergie masculine et représente la compassion et la méthode. La cloche représente la sagesse. La cloche et le vajra symbolisent donc respectivement la sagesse et la compassion. Lorsque nous faisons cette pratique du son naturel, l’énergie devient très sensible. À chaque fois que nous entendons la cloche sonner, nous comprenons que ce son représente le vide et le plus haut niveau de l’essence. Nous nous sentons en paix, et nous percevons des sensations comme des tremblements, une sensation de pureté et de clarté. Ce sont des signes positifs qui indiquent que la pratique est réussie. Pendant cette pratique, nous pouvons aussi ressentir des vagues de chaleur ou des frissons qui parcourent le corps, ou encore d’autres sensations. Cette pratique consiste à faire sonner la cloche à l’aide du vajra pendant quelques minutes. Tout d’abord, nous faisons des pauses régulières de quelques secondes, puis de plus en plus rapidement en écoutant le son et en essayant de percevoir la dernière partie de ce son à l’intérieur de nous-même. Tous les sons que nous entendons sont reliés au son originel. Lorsque vous aurez acquis cette capacité à percevoir le son naturel, vous aurez aussi acquis le pouvoir d’aller au-delà du niveau matériel. Une fois que ce pouvoir est acquis, vous pouvez produire un son qui sera entendu et reconnu à des
distances très lointaines. Et vous serez également capables d’entendre des sons qui viennent des très loin. Les cymbales ne sont pas indiquées pour cette pratique; seule la cloche est utilisée. Les cymbales sont utilisées pour des rituels spécifiques pendant lesquels sont faites des offrandes aux êtres des huit niveaux, spécialement aux anges gardiens, etc. Si nous faisons sonner les cymbales sans avoir préparé les offrandes, nous pouvons irriter ces êtres.
LA VUE Le mantra fonctionne aussi avec sa forme qui peut être perçue avec les yeux et avec notre conscience visuelle. Lorsque nous parlons de la forme d’un mantra, nous faisons référence à la forme des lettres tibétaines ou en sanskrites qui composent le mantra. Comme il a déjà été dit, la racine de toutes les lettres est le A tibétain, mère de toutes les lettres. Il y a différentes explications concernant l’origine des langues et en particulier pour le tibétain et le sanskrit. Les idéogrammes chinois représentent parfois des objets. Cela signifie que les gens ont observés les objets puis les ont dessinés, ce qui a ensuite donné naissance à un idéogramme qui symbolise l’objet représenté. Par exemple, à l’origine, une montagne était représentée par trois sommets. Ensuite l’idéogramme de la montagne est devenu trois traits verticaux. Ainsi, en chinois, les idéogrammes ont une origine externe. En revanche, les lettres tibétaines et sanskrites ont une origine intérieure. Les anciens sages, pendant leurs séances de méditation ont perçu l’énergie. Ils ont vu que l’énergie prenait des formes et des couleurs différentes à l’intérieur du corps, et ils ont reproduit ces formes dans un langage graphique. C’est ainsi que les lettres tibétaines et sanskrites ont été créées, en reproduisant plus ou moins ces formes de l’énergie. Par exemple, les sages anciens ont découvert que lorsque l’ovule et le spermatozoïde se rencontrent, cela produit la forme de la lettre tibétaine A. À ce moment là, le son de la lettre A est également produit. Afin que le foetus se développe, la lettre initiale A se déplace vers le chakra de la gorge, et c’est là qu’elle est restée. Toute la structure de l’alphabet a ensuite été construite en ajoutant des symboles spécifiques et des signes à la lettre initiale A, pour pouvoir distinguer les lettres les unes des autres. C’est donc la vision de la forme et de la couleur du chakra de la gorge (du A) et le son de cette lettre
qui, lorsqu’elle a été reproduite a donné naissance à la première lettre de l’alphabet.
Relation entre les cinq éléments, les cinq organes et les cinq membres.
Par le chemin des méridiens, l’énergie de la lettre A se répand dans les diverses parties du corps donnant ainsi naissance à tous les autres sons et lettres qui caractérisent les différentes parties du corps. De toute façon, nous
avons déjà dit que le A est la source, la conscience et la mère de toutes les lettres de l’alphabet. Elle est située dans le chakra de la gorge car c’est le chakra qui comporte la fonction du langage. Dans les traditions ésotériques tibétaines, nous considèrons que les trente lettres de l’alphabet sont présentes dans tout le corps. Par exemple, RA se trouve dans l’articulation de l’épaule entre l’épaule et le bras. Par conséquent, lorsque nous récitons cette syllabe RA, nous sentons une vibration dans cette partie du corps. Ceux qui sont intéressés par ces pratiques seront capables de voir à l’intérieur du corps la forme des lettres de l’alphabet. Mon maître, un grand yogi âgé de soixante-dix neuf ans a développé ce don extraordinaire. Il est capable de voir les lettres, les méridiens et les chakras à l’intérieur du corps. Ces formes à l’intérieur du corps font partie du langage car elles représentent l’alphabet. Une fois associées les unes aux autres, elles forment la langue tibétaine et les mantras. Lorsque nous les récitons, les sons de ces mantras résonnent dans les endroits du corps où les lettres des mantras sont situées. Par conséquent, la forme des mantras est très importante.
Les autres formes sont très importantes aussi. Par exemple, prenons la forme du poisson. Dans la culture tibétaine, le poisson est considéré comme le premier animal qui est apparu sur Terre. La forme du poisson est utilisée pour représenter l’état embryonnaire9 de la septième semaine de grossesse. Dans le processus d’évolution des animaux, après le stade du poisson, d’autres créatures ont commencé à évoluer sur notre planète. C’étaient des créatures qui vivaient à moitié sur la terre et à moitié dans la mer. Ensuite, se sont développées des créatures qui vivaient principalement sur le sol. Selon la médecine tibétaine, le même processus de développement s’applique aux stades embryonnaire et fœtal. Le stade embryonnaire désigne le moment où
l’embryon ressemble à un poisson. Ensuite, quand le fœtus ressemble à une tortue, puis ensuite à un cochon, on parle de stade fœtal. La forme du poisson est aussi symbolique d’un certain pouvoir. Elle est connectée à la naissance, ou à la renaissance des humains. Dans les rêves, le poisson est associé à la grossesse et il est considéré comme une protection pour les femmes enceintes et les futurs bébés. Pour conclure sur l’utilisation des mantras par la vision, non seulement les lettres ont des formes spécifiques mais aussi les éléments sont associés à des formes. L’élément terre est associé au carré, l’élément espace est associé à la forme ovale, etc. À partir de ces formes élémentaires des cinq éléments d’autres formes plus complexes ont été développées. Nous devons prendre en compte le fait que les formes que nous voyons avec les yeux sont reliées aux éléments.
LE TOUCHER Les mantras fonctionnent aussi en relation avec le toucher.Selon la tradition tibétaine, nous accrochons des drapeaux aux couleurs des cinq éléments avec des mantras écrits dessus. Nous les plaçons en haut des montagnes, sur les passages ou les endroits sacrés, ou encore près des maisons en guise de protection. Nous pensons que le vent qui passe sur ces drapeaux apporte l’énergie des mantras aux habitants de ces endroits. Dans ce cas aussi, la fonction des mantras est liée à l’action des cinq éléments. D’une façon générale, nous pouvons dire que toutes nos actions corporelles et verbales possèdent un potentiel de guérison. Si par exemple je bouge mon doigt d’une certaine façon, cela va avoir une certaine fonction qui va se répandre dans toute la zone de mouvement de mon doigt : c’est la fonction des éléments. Cependant, nous ne percevons pas cette fonction, car elle est faite d’une énergie très subtile. Lorsque nous claquons des doigts, il se produit un son particulier. Il est utilisé pour rythmer certains exercices de respiration, et pour augmenter la compréhension des fonctions des sons et des couleurs. Nous savons que nos sens sont limités, et il préférable de nous référer à quelque chose de concret. En ce qui concerne les mantras, en plus d’utiliser leur son et leur couleur, certains mantras peuvent être portés sur le corps. Nous les écrivons sur du papier, les plions d’une certaine façon, et les portons en pendentifs ou en contact avec le corps. Parfois le sens des mots du mantra peuvent avoir des fonctions spécifiques.
Il y a parois un sens littéral lié aux syllabes, et alors le sens devient un élément actif du processus de guérison. Il y a un mantra qui est utilisé pour arrêter les hémorragies dont le sens est « couper » ou « interrompre ». Par ce mantra, nous parlons au sang, nous lui disons d’arrêter de couler. Ce mantra provient de la célèbre tradition Terton (la découverte de textes sacrés cachés). Pour que ce mantra fonctionne, il faut que le praticien ait de grandes capacités (la “capacité du praticien” se réfère à la capacité du chakra de la gorge). Nous pouvons développer le chakra de la gorge en chantant des mantras ou en pratiquant la méditation. Une fois les douze pétales du chakra de la gorge ouvertes, nous sommes capable de développer le pouvoir de la parole. Tout ce que nous disons devient réalité, et nous avons aussi le pouvoir de créer des nouveaux mantras.
LE GOÛT Les goûts différents et leurs fonctions respectives découlent aussi des cinq éléments. Les sons sont créés par l’association de divers éléments. Nous devons considérer la relation qui existe entre les sons et les goûts. Certains mantras écrits sur des papiers spéciaux avec des encres faites à base de plantes sont avalés. En général, ce sont des mantras longs de dix syllabes, écrits en caractères très petits sur des morceaux de papiers que l’on roule. En avalant ces mantras, il est possible de guérir certaines maladies. Nous avalons parfois ces mantras avec d’autres aliments. D’autres fois, nous les avalons avant de réciter d’autres mantras, avant de faire certaines pratiques spirituelles, afin d’augmenter l’intensité de leur action. Il y a deux sortes de mantras à avaler : ceux qui guérissent les maladies, et ceux qui sont utilisés pour d’autres choses (comme la protection contre les énergies négatives ou l’augmentation de la fortune, etc.). Évidemment, les mantras qui se mangent sont uniquement liés au sens du goût. En tibétain, cette pratique s’appelle Sa Yig, « manger des lettres ».
L’ODORAT Nous avons déjà dit qu’au niveau des éléments tous nos sens sont interdépendants. Lorsque nous travaillons avec les mantras, tous nos sens sont impliqués même si on ne s’en rend pas compte tout de suite. Prenons l’exemple du goût. Si nous mangeons un mantra écrit sur du papier avec une
encre faite à base d’herbes, notre sens de l’odorat sera aussi stimulé par l’odeur de ces herbes. Lorsque nous utilisons des herbes en médecine tibétaine, leur fonction réside aussi dans l’action qu’elles ont sur l’odorat. La préparation de poudre à base d’herbes est très répandue. Nous brûlons ces poudres et ces pratiques se font en conjonction avec l’utilisation des mantras. Parmi ces poudres, les plus célèbres sont Agar 15 et Gugul. D’autres herbes sont bouillies dans de l’eau et nous inhalons la vapeur qu’elles dégagent. Nous pouvons aussi réciter des mantras et les souffler sur de l’eau qui sera ensuite portée à ébullition pour inhaler la vapeur. Il est aussi très courant d’utiliser des encens faits à base d’herbes et préparés avec la récitation de mantras appropriés. Le monastère de Mindroling au Tibet est spécialisé dans la fabrication de ce type d’encens thérapeutiques. Une pratique tibétaine appelée Sang, pendant laquelle est brûlée une grande quantité d’herbes dont le rhododendron et le genièvre (cade), a pour fonction de purifier l’environnement et éliminer les virus. Ceci s’effectue par l’odeur que nous percevons grâce à notre conscience olfactive. 9. Chez l’être humain, le stade embryonnaire dure huit semaines. Au-delà et jusqu’au terme de la grossesse, on parle de fœtus.
Utiliser des pierres précieuses orsque nous utilisons les mantras pour soigner, nous nous servons aussi L d’objets particuliers, comme les pierres précieuses. Celles-ci sont reconnues dans la médecine tibétaine traditionnelle et dans la mantrathérapie. En général, les médicaments tibétains sont fabriqués à partir de substances de bases telles que les herbes, les minéraux, les métaux et les substances animales. En mantrathérapie, nous utilisons les herbes et les pierres précieuses. Ce qui veut dire que la récitation des mantras, les visualisations, et l’effet des sons sont améliorés par l’utilisation de pierres précieuses et d’herbes. Lapis Lazuli : La première pierre est le lapis lazuli (tib. Byedurya). Elle est très importante. Le bouddha de la médecine est représenté d’un bleu lapis lazuli, et son nom est le nom tibétain de cette pierre. On considère donc que le lapis lazuli a une fonction de guérison. Turquoise : La turquoise permet de lutter contre la fièvre et les problèmes de foie ou de sang. Citrine (quartz) : La citrine est utilisée en cas d’intoxication, et comme protection contre les provocations ou attaques d’esprits ou d’êtres invisibles. Émeraude : L’émeraude est utilisée contre tous les désordres. Il est bon de la porter lorsque nous pratiquons les thérapies externes (massage, acupuncture, moxibustion, etc.) pour se protéger des les influences négatives. Le patient devrait aussi porter de l’émeraude pour rééquilibrer les éléments affectés. Quartz rose : Cette variété de quartz est utilisée pour se protéger de certaines maladies de peaux, de problèmes d’articulations et de désordres entraînés par conjonctions planétaires particulières. Morganite : Elle est indiquée pour les problèmes de foie et de sang, et toutes sortes d’intoxications, non seulement alimentaires, mais aussi celles qui sont dues à la prise de drogues (y compris les drogues
pharmaceutiques comme les antibiotiques). Les gens qui utilisent ces drogues devraient porter cette pierre. Œil de tigre : Cette pierre semi-précieuse protège des provocations ou des attaques d’esprits ou d’êtres invisibles. Elle est aussi utilisée en cas de morsure de serpent venimeux. Cette pierre a une fonction préventive et curative. Corail : Le corail est indiqué pour les problèmes de foie, de sang et les problèmes nerveux. Me-mun (nom tibétain) : Est utilisé pour les problèmes lymphatiques et les désordres dans le sang. Perle : C’est la pierre de prédilection pour les désordres du système nerveux. Rubis : Cette gemme a beaucoup de propriétés et peut être utilisée en toutes situations, et en particulier les problèmes liés aux influences planétaires. Hapatex : en cas d’épilepsies et de convulsions causés non par une maladie, mais par des provocations ou attaques d’esprits ou êtres invisibles. Jade : Cette pierre précieuse est utile en cas d’intoxications alimentaires ou médicamenteuses, et contre les allergies aux métaux, et toutes autres allergies. Pyrite : Contre les maladies de peaux et les problèmes d’articulations. Bronituns : Contre les problèmes de poumons. Hématite : Utilisée spécialement pour les problèmes lymphatiques et des os. Limonite : Spécialement indiquée pour les problèmes cérébraux. Cristal : Apporte la clarté à l’esprit et lutte contre la confusion mentale, la fièvre et les inflammations. Ambre : Efficace pour les yeux. Jaspe : Utile contre les allergies aux métaux. Agate : Efficace pour le foie. Azurite : Aide les reins et les tendons. Grenat : Protège de la foudre et des influences négatives des planètes.
Coquillages : Les coquillages ce ne sont pas des pierres mais ils sont utilisées de la même manière. Au Tibet, on les trouve souvent dans la fabrication des bijoux à cause de leur fonctions thérapeutiques qui sont similaires à celles des pierres. Les coquillages aident à prévenir et combattre les douleurs névralgiques, les sciatiques, et douleurs osseuses. Métaux : Certains métaux ont aussi des propriétés particulières. Or : On utilise l’or pour prévenir les rides et pour prolonger la vie. Argent : Contre les problèmes lymphatiques et les problèmes de peaux. Fer : Pour les yeux et le foie.
Le protecteur Haya Griva, une forme courroucée du Bouddha de la compassion.
Utiliser différents malas orsque nous récitons un mantra un certain nombre de fois, nous utilisons L un chapelet, un mala. Mala est un mot sanskrit. Le nom tibétain est phrengwa, qui signifie rangée, colonne. Cette colonne représente la continuité entre nous, le maître, l’univers, les sons, le début et la fin. Il n’y a pas de séparation, tout est comme une ligne continue, une colonne continue sans interruption. En général, le matériau composant le mala est différent selon le but que nous cherchons à atteindre par la récitation de mantras. Puisque les couleurs sont aussi associées aux différentes fonctions des mantras, vous pouvez choisir parmi les différents matériaux et les couleurs de malas.
CHOISIR LA COULEUR DU MALA Blanc : Un mala blanc en cristal ou en verre blanc, en santal blanc ou en ivoire est le plus approprié pour la mantrathérapie car la couleur blanche adoucit et apaise. En effet le blanc est la couleur de la guérison. Elle est associée à l’Est, qui est la direction de la paix. De plus, le cristal est pur et clair et représente l’action purificatrice de l’eau. Jaune : Un mala fait de graines de prunier (prunus) ou un mala en or. La couleur jaune est utilisée pour augmenter l’énergie, développer ou augmenter l’énergie du corps ou la richesse ou la chance, ou encore la connaissance. Un mala en ambre est très utile pour soigner les yeux. Rouge : Un mala fait de corail rouge ou de santal rouge. La couleur rouge est indiquée pour les activités de domination et de contrôle sur les autres. Gris métallique : Un mala en fer. Vert : Un mala en turquoise. Noir : Un mala en graines noires10. Noir ou autres couleurs très foncées : Ces malas sont faits avec des graines noires ou foncées. Ils sont appelés Ruragcha et sont très
répandus parmi les Sâdhus. Ces malas sont considérés comme dangereux, car ils sont très puissants. On les compare à un magnifique cheval sauvage qui est inutile si on ne sait pas comment le monter. Le maître donne à ses disciples une graine noire pour qu’ils se rappellent qu’il faut rester vigilants lorsqu’ils utilisent ce mala. Au Tibet et en Inde beaucoup de yogis aiment les qualités de ces malas. Bleu : On peut utiliser aussi un mala de couleur bleue. Œil de Bouddha : Il existe des malas faits de graine qu’on appelle l’œil de Bouddha. Ce mala est très utile pour la récitation de mantras de soin. Sa couleur change avec le temps et la pratique. Au début, il est gris. Ensuite, il devient lentement jaune, puis rouge, puis rouge foncé, puis pour finir, marron. Ces changements de couleur montrent que le praticien a augmenté ses capacités de guérison. Les meilleurs malas sont faits de pierres précieuses. Il y a aussi des malas particuliers qui exercent un certain type de guérison et qui doivent être portés autour du cou.
COMMENT UTILISER LE MALA ? Le mala doit être tenu d’une certaine manière. Dans la main gauche, et en faisant face à la direction qui vous intéresse. Mala blanc : Lorsque nous utilisons un mala pour guérir, nous choisissons un mala blanc et nous faisons face à l’est. Le mala doit être tenu avec l’index, et nous égrenons en faisant tourner les perles vers nous. La main qui tient le mala doit être placée au niveau du cœur. Nous égrenons une perle pour chaque mantra récité, et ainsi de suite. Mala jaune : Pour augmenter la richesse. Il faut faire face au sud et tenir le mala avec le troisième doigt, le majeur. Nous égrenons toujours avec le pouce vers nous, mais la main qui tient le mala est placée au niveau du nombril. Mala rouge : Il doit être tenu avec l’annulaire et faisant face à l’ouest. Nous égrenons aussi avec le pouce vers nous, mais la main qui tient le mala doit être au niveau des organes génitaux. Mala noir ou foncé : Ce mala utilisé pour détruire. Il doit être tenu avec le petit doigt. Nous égrenons avec le pouce vers nous, et faisons face au
nord. Nous pouvons tenir le mala avec la main droite, avec le poignet qui repose sur le genou. Dans un mala tibétain il y a cent-huit graines plus deux qui ferment le mala. L’une de ces deux graines est plus grosse, elle est la « tête du mala ». Au-dessus de cette graine, il y en a une autre, un peu plus petite, qui ferme le mala. La tête du mala est considérée comme la source du son. Les deux graines qui ferment le mala sont comme les deux énergies féminine et masculine représentées en union, comme dans la représentation « yab-yum », où les deux énergies, féminine et masculine, sont représentées en union. Ces deux graines sont très importantes, si elles manquent au mala, vous devez les rajouter. Sinon le mala ne sera pas efficace. Si nous considérons le mala comme un mandala, la partie de la tête du mala est le centre du mandala et toutes les autres graines sont les représentations de cette tête. Habituellement, la déité principale réside au centre du mandala, alors que dans les quatre directions résident les quatre autres déités qui correspondent à quatre types d’actions. Dans le mala nous avons une partie centrale, représentée par la tête, et une partie secondaire représentée par les graines en enfilade. Lorsque nous récitons le mantra, le son part de la tête et ensuite, il tourne lentement dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, traversant toutes les autres graines, en développant les quatre types d’actions jusqu’à arriver à la cent-huitième graine. Quand le son passe à travers toutes les graines, c’est comme si tous les sons de l’univers se concentraient à l’intérieur du mala, donnant ainsi du pouvoir au mantra. Chaque graine représente une famille de sons similaires, et toutes les graines ensemble représentent tous les sons de toutes les manifestations de l’univers. De la même façon que la tête du mala représente la déité principale, et que les cent-huit graines sont les autres déités, nous pouvons dire que la tête du mala est le son principal et que les cent-huit graines sont les manifestations de ces sons. C’est pourquoi il faut réciter le mantra cent-huit fois, pour pouvoir couvrir toutes les familles de sons de tout l’univers. Il existe des malas de différentes longueurs, des malas avec sept graines, vingt-et-une, cinquante-quatre ou encore soixante-huit graines. Le nombre des graines varie selon les pratiques et les actions visées. Par exemple, un
mala de vingt-et-une graines est lié aux vingt-et-une actions de Tara. Mais nous pouvons utiliser un mala de cent-huit graines pour les pratiques de Tara. Nous tenons le mala près du cœur car à chaque graine qui passe entre nos doigts, il y a aussi le son qu’elle représente qui passe, en résonance avec le battement du cœur, qui s’en trouve amplifié et investi de pouvoir. Il y a d’autres façons de tenir le mala, par exemple nous pouvons égrener les perles vers l’extérieur, plutôt que de les ramener vers nous-même. Lorsque nous récitons un mantra, chaque graine doit être égrenée vers nous afin que toutes les énergies soient attirées vers la région du cœur. Mais lorsque nous voulons empêcher des énergies externes négatives d’entrer en nous, nous faisons tourner les graines dans le sens opposé, du corps vers l’extérieur. Nous agissons également ainsi lorsque nous faisons des pratiques de destruction. Nous commençons la récitation du mantra en partant de la tête du mala jusqu’à la cent-huitième graine. Puis, lorsque nous poursuivons la récitation au delà, nous retournons le mala de la main gauche et continuons la récitation, en recommençant depuis la tête et dans la même direction. Nous ne passons pas au-dessus de la tête. Lorsque la récitation est finie, nous prenons le mala dans nos mains et soufflons dessus. Le souffle doit atteindre le mala. Ensuite, nous mettons les mains sur le front, et sur la tête. Grâce à ce processus, le pouvoir du mantra est transmis au mala, et ainsi, lorsque nous réciterons à nouveau ce mantra ou d’autres mantras, nous recevrons une bénédiction supplémentaire de ce mala investi de pouvoir. Lorsque nous débutons dans la récitation de mantras, il est préférable d’utiliser un mala neuf. Un mala déjà utilisé pourrait être pollué par une mauvaise utilisation ou en tout cas par une utilisation différente. De même, si vous êtes débutant, il est préférable que personne ne touche votre mala car il pourrait perdre le pouvoir que vous lui avez transmis. Lorsque vous pratiquez régulièrement les mantras de soin, il est préférable que le mala soit toujours avec vous, même porté autour du cou. En règle générale, le mantra devrait toujours être récité avec un mala. Le son de la récitation se reflète sur le mala et lui donne du pouvoir, et les qualités du mala se reflètent aussi dans le mantra, augmentant ainsi son pouvoir. C’est une relation à double sens entre le mala et le mantra. Par conséquent, plus ils sont utilisés ensemble, plus ils deviennent puissants.
Pour les pratiques de soins, le mala est un objet précieux, tout comme les outils du chirurgien, c’est un objet indispensable. Beaucoup de gens pensent que le mala sert seulement à compter les mantras récités. Mais au contraire, le mala a beaucoup d’importance et beaucoup de significations symboliques. Cela est comparable au rosaire chez les catholiques ou les musulmans. Son véritable sens est relié à la notion d’interdépendance. Le fait de simplement tenir le mala dans sa main devrait nous permettre de garder à l’esprit sa signification profonde. 10. Ces trois dernières couleurs sont utilisées dans des activités destructives. Il y a aussi des malas en os, mais ils sont peu utilisés car très puissants et ne peuvent être utilisés que par des praticiens de haut niveau.
Autres objets rituels LE VAJRA e vajra est un autre objet que nous utilisons. Nous en parlons en relation L avec la cloche et le son naturel. Le vajra peut être composé de trois, cinq ou neuf branches. Il y a aussi le double vajra que nous utilisons spécialement en mantrathérapie. Nous avons déjà parlé de l’importance des rayons énergétiques qui forment une intersection perpendiculaire en forme de croix. Le vajra en croix est encore plus puissant. Mais si nous n’avons pas de vajra en double croix, nous pouvons utiliser un vajra simple, en le pointant d’abord dans une direction puis dans l’autre pour former une croix.
Double vajra.
Si le vajra possède trois ou cinq points, cela signifie que c’est un vajra paisible. S’il a neuf points, il s’agit d’un vajra courroucé et destructeur. En général dans le vajra à cinq points, les points sont incurvés vers l’intérieur et sont accrochés à un axe central. Dans le vajra de destruction, les neuf points ne touchent pas l’axe central. Ce vajra doit être tenu avec le mudra courroucé, le geste rituel de menace, c’est-à-dire en le tenant dans la paume de la main avec le pouce, le majeur et l’annulaire, alors que l’index et le petit doigt sont tournés vers l’extérieur. Un vajra de cristal a une double fonction : l’une est liée au matériau dont il est fait et l’autre à son aspect rituel.
LE PHURBA Nous utilisons également le phurba. C’est une dague à trois face. Comme le mala, le phurba existe en différents matériaux. Dans les mantras de soin, on utilise un phurba long de huit doigts (quatre doigts de longueur pour la lame, et quatre doigts de longueur pour le manche). Mais il est aussi possible d’utiliser un phurba de quatre ou deux doigts de longueur. Pour les pratiques de soin, il est préférable d’utiliser un phurba blanc en cristal ou en coquillage. Mais nous pouvons aussi utiliser un phurba de métal ou de bois de santal. Nous le tenons de la même façon que le vajra, ou avec les deux mains.
Pour le traitement des maladies, nous utilisons le phurba de la manière suivante. Par exemple, si le patient a une douleur à l’épaule, nous pointons le phurba vers la douleur en visualisant la lettre tibétaine A de lumière vive. Nous imaginons que cette lumière entre dans la région de la douleur, et en
même temps nous visualisons que l’énergie en déséquilibre est absorbée par le phurba sous forme de fumée noire. Il y a deux façons de tenir le phurba pour le traitement des maladies. Pour la première, nous tenons le phurba et le plaçons en contact avec la zone concernée, en visualisant le A tibétain à la pointe du phurba. Nous imaginons que le A absorbe le problème sous forme de fumée noire. Ensuite, nous pointons le phurba vers un point d’eau, ou vers la terre, et nous imaginons que l’énergie négative qui a été absorbée par le phurba est rejetée et se dissout dans l’eau ou dans la terre. Dans la seconde façon de tenir le phurba, nous imaginons aussi que l’énergie négative est attirée à l’extérieur du corps par le phurba, mais au lieu de le pénétrer sous forme de fumée noire ou d’eau sale, elle se transforme d’abord complètement en lumière jaune. Et alors seulement de la lumière pénètre le A et le phurba. Le phurba est aussi utilisé pour des cérémonies bouddhistes dont nous ne parlerons pas ici.
LES CRISTAUX Les cristaux peuvent aussi être utilisés avec la mantrathérapie. Vous récitez le mantra, puis vous soufflez sur le cristal avant de le placer sur une partie du corps du patient. Par exemple, si vous avez un problème lié aux reins, ou un problème de refroidissement, un problème d’aspect froid, sur la partie inférieure du corps, vous pouvez réchauffer le cristal dans vos mains (ou le placer sur une source de chaleur naturelle, comme du feu) avant de l’appliquer sur la partie concernée du corps. Rappelez-vous que le cristal doit être posé deux fois sur le corps, de façon à former une croix de rayons d’énergie perpendiculaires.
Yuthok et cristal.
Le cristal peut être utilisé comme purificateur simplement en le regardant avec les yeux, en fixant son point le plus lumineux et le plus transparent. Nous imaginons alors que la lumière blanche et pure du cristal pénètre notre corps et le remplit complètement. Lorsque nous visualisons de la lumière blanche, nous soignons le foie et tous les problèmes de l’humeur bile. Nous pouvons aussi imaginer que nous entrons dans le cristal et devenons de la nature même de ce cristal.Ceci est particulièrement utile lorsque notre esprit manque de clarté ou est confus. Les plumes de Paon sont utilisées en cas d’intoxication. Il est important de mettre des plumes de paon dans la salle de soin (massage, mantrathérapie, etc.) car elles ont le pouvoir de détruire les énergies négatives. Les bijoux doivent être portés aux endroits importants du corps qui correspondent aux organes internes comme les oreilles qui sont reliées aux reins.
Mantras et comportements orsque nous pratiquons la mantrathérapie, nous devons observer certaines L règles de comportements et développer le plus possible le chakra de la gorge. Pour cela, il nous faut éliminer les obstacles à l’amélioration du chakra de la gorge, les plus importants étant le mensonge, les mots blessants et diffamants, les discussions inutiles. Si nous parlons trop, nous dispersons inutilement notre énergie vocale, et donc affaiblissons notre chakra de la gorge. Il nous faut également suivre un certain régime alimentaire. Nous devons éviter l’ail, l’oignon, les radis, la viande fumée. Nous ne devons pas non plus boire d’alcool, ni fumer. Cela dit, de nos jours dans cette vie moderne, il est parfois difficile de respecter toutes ces règles. Nous pouvons donc généralement les suivre autant que faire se peut, et le jour de la pratique les suivre totalement.
AVANT LA RÉCITATION DE MANTRAS Avant de commencer une telle pratique il faut aussi nous laver la bouche, arrêter de parler, et réciter des mantras préparatoires pour purifier la voix, c’est-à-dire réciter trois fois les voyelles et les consonnes sanskrites ainsi que le mantra de l’interdépendance. Puis, nous pouvons commencer la récitation de mantra. Mantras de purification du chakra de la gorge Voyelles sanskrites
OM A AH II IIH UUH RI RIH LI LIH E EH O OH AM A Consonnes sanskrites
KA KHA GA G’HA NGA, TSA TS’HA DZA DH’ZA NYA, TrA T’HrA D’rA D’HrA NA. TA T’HA DA DHA NA PA p’HA BA B’HA MA YA RA LA WA SHA KA SA HA CHA SO HA Mantra de l’interdépendance
OM YE DHARMA HETU TRA BHA WA HETUN TEKEN TAT’HA GATO HAYA WADE TEKEN TSA YO NIRODHA EWAM WANDI MAHA SHARMA NA SOHA Tous les phénomènes naissent de causes. Le Bouddha (Tathagata) a enseigné ces causes Et leur cessation a également été révélée par le grand Shramana (Bouddha). Avant de pratiquer une session de mantrathérapie, il faut les réciter sept ou vingt-et-une fois pour purifier le chakra de la gorge. Il est aussi conseillé de réciter ces mantras le matin avant la méditation. Ces trois mantras purifient notre parole ainsi que les conséquences produites par l’absorption de certains aliments. Cependant, ils ne purifient pas les effets négatifs d’avoir mangé de la langue d’animal (ce qu’il faut donc absolument éviter de faire quand nous récitons des mantras). Lorsque les pétales du chakra de la gorge se sont ouverts, cela signifie qu’un certain pouvoir a été acquis et que les mots prononcés par cette personne deviennent comme des mantras. Lorsque nous réalisons cette
ouverture du chakra de la gorge, nous n’éprouvons plus le besoin de parler pour ne rien dire ou de gaspiller le langage.
PENDANT LA RÉCITATION DE MANTRAS Durant la récitation des mantras, nous devons garder le dos droit, dans une position verticale, et être tourné vers l’est. Nous ne devons pas interrompre notre récitation (ni par un bâillement, ni par un hoquet, ni un éternuement). Si cela arrive, nous devons tout recommencer depuis le début. Nous ne devons pas non plus laisser sortir les vents (tib.Lung) descendants, les flatulences. Nous perdrions alors le pouvoir du mantra. C’est une question d’énergie. Si nous perdons de l’air par le bas du corps, cela signifie que l’énergie descendante est perturbée, et cela déséquilibre aussi l’énergie du haut du corps.
APRÈS LA RÉCITATION DE MANTRAS Pour conserver l’énergie du mantra spécifique pratiqué, il faut réciter le mantra de l’interdépendance trois fois. Cela conserve l’énergie du mantra. Nous récitons ce mantra d’interdépendance à chaque fois que nous arrêtons la récitation (après un mala, ou après une journée de pratique, ou à chaque fois que nous faisons une pause pendant la journée de pratique). Si c’est une pratique qui dure trois jours, nous récitons ce mantra à la fin de chaque journée, cela conserve l’énergie du mantra. L’endroit dans lequel nous pratiquons la mantrathérapie doit être calme, sans animaux (ni chat, ni chien) ni autre cause de perturbation. Les mantras peuvent être récités à trois niveaux : - au niveau corporel, en utilisant un mala ; - au niveau vocal, en le récitant à haute voix ; - au niveau spirituel, en se concentrant sur le mantra et en faisant parfois des visualisations.
Transmission de pouvoir e mot mala signifie « ligne », c’est le symbole de la lignée. Il est important L de comprendre la signification de la lignée. Lorsque nous parlons de lignée, nous faisons référence au pouvoir du mantra qui est obtenu par une transmission issue de la lignée. Le mala représente donc cette lignée, ce pouvoir de transmission du mantra qui vient de la source. Dans ce cas du mantra du Bouddha de la Médecine, la source remonte au Bouddha de la Médecine lui-même. Il a transmis ce pouvoir à une lignée de maîtres qui, eux aussi, au cours des siècles, l’ont transmis jusqu’à nous aujourd’hui. La personne qui reçoit la transmission effective de mantras doit écouter attentivement le son. Lorsque vous écoutez le son du mantra, le fait d’entendre le son et la résonance du son en vous constituent la première partie de la transmission. Lorsque le maître lit les mantras, il les transmet. À part écouter le maître réciter le mantra, il n’y a pas d’autre transmission. En théorie, il est possible de recevoir une transmission à travers un enregistrement audio, etc. Mais certains mantras nécessitent cependant une transmission directe. Mantra du Bouddha de la médecine
TAYATA OM BAI KAZEYA BAI KAZEYA MAHA BAI KAZEYA [BAI KAZEYA] RAZA SAMUNG GATE SOHA Ce mantra est très important. Il est dit qu’il y a huit bouddhas de la médecine mais ce mantra est celui du bouddha principal. Voici le sens de ce mantra : TAYATA signifie « tel que c’est » OM est le pouvoir de l’univers
BAI KAZEYA est la « médecine naturelle » MAHA signifie « grand » Ainsi donc, MAHA BAI KAZEYA veut dire « la grande médecine naturelle ». RAZA est le « Roi ». SAMUNG GATE SOHA signifie « je vous en prie, transmettez moi tous ces grands pouvoirs». Ce mantra peut donc être traduit ainsi : « Oh Roi de la médecine naturelle, s’il te plaît, transmets moi tous les pouvoirs de la grande médecine naturelle. » Les trois syllabes TA YA TA possèdent chacune une signification. Il y a aussi une signification différente pour le mot constitué par ces trois syllabes. Quoi qu’il en soit, le sens général est que nous souhaitons être guéris de toutes les souffrances qui viennent des problèmes et des maladies. Voici maintenant quelques mantras. Les trois premiers sont reliés à des divinités alors que les autres sont des mantras spécifiques à des problèmes de santé. Mantra du père de la médecine tibétaine OM A HUNG BAZAR GURU GUNA SIDDHI HUNG
Ce mantra vient de Yuthok, le célèbre docteur du XIIème siècle [voir p. →. Il a dit que ce mantra sera utile et efficace pour guérir des maladies encore inconnues de son époque. Ce mantra est utilisé par les docteurs tibétains en tant que pratique de Guru Yoga. Au Tibet tous les docteurs doivent réciter ce mantra. En effet, nous pensons que ce mantra a le pouvoir de permettre au praticien de comprendre la médecine naturelle qu’il pratiquera par la suite, grâce à leur connaissances thérapeutiques. De plus, beaucoup de docteurs ont eu la vision du Bouddha de la Médecine qui leur conseillait de pratiquer ce mantra car il possède un pouvoir supérieur à celui du Bouddha de la
Médecine lui-même. Certaines visions indiquent aussi que ce mantra devra être utilisé dans le futur contre des maladies infectieuses et contagieuses. Lorsque vous voulez utiliser ce mantra à des fins thérapeutiques sur les autres, il est nécessaire de faire au moins une semaine de retraite. Pendant celle-ci, vous devez faire quatre sessions d’une heure et demie de récitation de ce mantra par jour, soit une session très tôt le matin, une autre après le petit déjeuner, ensuite la même chose l’après-midi, et pour finir, une dernière session le soir. Lors de cette retraite vous ne devez manger ni ail, ni oignon, ni viande, ni boire de vin, ni fumer. Vous devez également observer le silence le plus possible. Si vous voulez utiliser ce mantra comme protection personnelle, il vous suffit d’en réciter un mala tous les matins. J’ai fait cette retraite d’une semaine pour ma pratique personnelle, et à la fin j’ai vraiment senti le pouvoir de ce mantra. Après le deuxième jour, j’ai commencé à percevoir le silence intérieur et extérieur ; le troisième, je ne ressentais plus le besoin de manger ; le quatrième, je ne ressentais plus le besoin de dormir, je me demandais si j’arriverais de nouveau à dormir après cette retraite ! Mais je n’étais pas fatigué, mon esprit était très clair et je ne ressentais plus ma respiration non plus. Comme si elle avait été bloquée. J’ai aussi ressenti un sentiment d’unité entre l’intérieur et l’extérieur, une sensation de non-dualité, comme si tout faisait un. C’était une expérience positive, car je ne ressentais plus ni la faim, ni la fatigue, et surtout, je ne faisais qu’un avec l’univers entier, j’étais comme lui. C’était comme si ce mantra apparaissait dans ma tête, dans ma voix, dans mon corps automatiquement à l’intérieur. À la fin de cette retraite, j’ai réussi à dormir. Et j’ai dormi pendant très longtemps. En temps normal, il y a des mantras que je récite tous les jours pendant une demi-heure. Lorsque je faisais cette retraite, c’était comme si le temps de récitation augmentait. Je pouvais réciter ce mantra pendant deux heures et demie sans voir le temps passer. Lorsque nous connaissons un tel état de silence mental intérieur, une sensation apparaît spontanément, il n’est plus besoin de contrôler ou de définir l’écoulement du temps. J’ai aussi compris que pour comprendre la fonction d’un mantra l’explication intellectuelle n’est pas suffisante, il faut le pratiquer. Lorsque nous parlons, nous ne faisons pas attention au souffle, il se place naturellement et normalement. Il en va de même lorsque nous récitons un mantra.
Mantra de Vajrasattva OM BAZAR SATO HUNG Ce second mantra est celui de Vajrasattva (tib. Dorje Sempa), le bouddha de la purification. J’ai reçu la transmission de ce mantra par mon maître en utilisant le nom tibétain.Avec vous, je vais faire de même, je parlerai de Dorje Sempa et non de Vajrasattva11. Il y a deux versions de ce mantra, une longue (de cent syllabes) et une courte (OM BAZAR SATO HUNG). Mais la fonction de purification est la même. Ce mantra contient différents mots. Dans la tradition indienne, le mantra est Om Vajra Sattva Hung. Cependant, puisqu’un mantra doit être transmis comme il a été reçu, nous utiliserons la version tibétaine. Ce mantra est particulièrement efficace quand vous voulez aider des animaux comme les chats et les chiens. Vous devez le réciter lorsque vous êtes près d’eux de façon à ce qu’ils entendent le son. Vous pouvez aussi utiliser ce mantra pour les gens qui sont dans le coma ou sur le point de mourir. Mantra des cinq dakinis
BAM HA RI NI SA Ici, chaque syllabe représente une dakini particulière. C’est un mantra très important pour les pratiques thérapeutiques. Au Tibet, il y a un texte qui parle de pratiques de guérison basées presque exclusivement sur ce mantra. C’est un mantra qui représente l’énergie féminine, et quand nous récitons, il active la force et le pouvoir de l’énergie féminine. Il y a des signes qui nous annoncent que la pratique de ce mantra
commence à être efficace, par exemple : l’apparition dans nos rêves de fleurs aux couleurs pastels, de jeunes filles, ou encore rêver qu’on se lave. Ce mantra a les mêmes pouvoirs que le mantra des cinq dakas ou mantra des cinq syllabes [voir illustration p. →]. Ces premiers mantras proviennent d’êtres éveillés. Par conséquent pour nous préparer à la pratique de soin, il est important de réciter l’un de ces mantras pendant au moins cent mille fois. Pas seulement pour développer la capacité de récitation du mantra, mais aussi et surtout pour acquérir son pouvoir. Nous devrons choisir l’un de ces quatre mantras, celui du bouddha de la médecine, celui du père de la médecine tibétaine, celui de Dorje Sempa, ou celui des cinq dakinis comme pratique journalière principale. Nous devrons en réciter au moins un mala pour jour, à n’importe quel moment de la journée. Pour les hommes, il est plus efficace de choisir le mantra des cinq dakinis, car ils pourront ainsi acquérir l’énergie féminine de ce mantra. Les femmes peuvent choisir l’un des trois autres mantras. Si vous voulez réciter un mantra de guérison spécifique pour traiter un problème particulier, vous devez d’abord réciter un mala du mantra préparatoire que vous avez choisi. Puis, tout de suite après, vous devez réciter l’autre mantra thérapeutique. Quand on ne précise pas le nombre de récitation, cela veut dire qu’on doit en réciter un mala. Lorsque nous récitons le mantra en présence du patient, nous pouvons réciter le mantra spécifique pour son problème à haute voix. Néanmoins, le mantra préparatoire doit être récité mentalement. Si le patient ne croit pas en ce genre de technique de guérison, il est préférable de réciter les deux mantras mentalement. Si nécessaire, le mantra spécifique de guérison peut être transmis au patient. Si le patient, après avoir entendu le mantra, veut l’utiliser pour lui-même, cela n’est pas un problème. En ce qui concerne les visualisations, seuls les quatre premiers mantras que nous venons de voir sont accompagnés de visualisations. Mais les mantras de guérison ne sont pas accompagnés de visualisation. 11. Vajra Sattva ou Dorjé Sèmpa, l’Être indestructible (Vajra en sanskrit, Dorjé en tibétain, parfois traduit par diamant ou indestructible en français. Sattva en sanskrit, Sèmpa en tibétain, être en français).
Le pouvoir des visualisations a visualisation est particulièrement importante dans la mantrathérapie car L notre esprit travaille sur l’énergie subtile. Nous travaillons spécialement sur l’énergie vent (tib. Lung), qui elle-même contrôle le mouvement des autres énergies. La visualisation induit l’utilisation de lumières et de formes colorées. Elle est utilisée dans beaucoup de pratiques dans le bouddhisme tibétain. Pendant l’étape de génération de la déité, la visualisation a pour but de reconnaître grâce à l’utilisation des lumières de couleurs, la pureté de l’esprit et des éléments, tout en transformant les impuretés qui empêchent la manifestation de cette pureté. Grâce à ce processus de transformation de la vision impure en vision pure, et grâce au processus de purification, nous serons en mesure de pratiquer la thérapie de la meilleure façon possible. Habituellement, dans le cas d’une maladie chronique, les énergies subtiles sont les premières à être déséquilibrées. Ainsi, en travaillant avec la visualisation, il est possible de rééquilibrer ces énergies et de prévenir d’autres déséquilibres. Enfin, la visualisation renforce l’esprit, ce qui est très important dans le processus de guérison et de prévention. Si nous développons le pouvoir de l’esprit, nous pouvons rééquilibrer notre corps physique. Grâce à la concentration, la visualisation peut nous aider et aider les autres. Par exemple, si quelqu’un a des maux d’estomac, nous pouvons visualiser l’estomac comme un trou d’où s’échappe du sang sale qui s’absorbe dans le sol. Dans la plupart des cas, nous utilisons la lettre tibétaine HUNG. Lorsque nous avons un problème dans un partie du corps, nous visualisons le HUNG tibétain en lettre de feu sur la partie du corps concernée. Cette technique est utilisée pour de nombreuses maladies. Pour un problème aux yeux, nous imaginons des petits trous dans les yeux d’où s’échappe du sang noir ou de la fumée noir qui est absorbée par la terre. Le résultat de ces pratiques dépend de notre corps physique et de la persévérance et de la détermination dans la pratique de la visualisation.
Lorsqu’il y a une grande détermination, ces pratiques peuvent être très efficaces. Dans la mantrathérapie, nous pouvons aussi utiliser la lettre tibétaine A entourée des cinq lumières colorées. Cette visualisation représente la relation entre les éléments, les couleurs et les sons. Si nous nous concentrons sur la lettre A entourée d’arcs-en-ciel aux cinq couleurs et que nous détendons, nous pouvons progressivement ressentir le son de la lettre A. Nous pouvons aussi visualiser différents mantras dans différentes parties du corps car, comme nous l’avons vu, presque toutes les lettres tibétaines sont reliées à différents points du corps. Dans cette pratique, nous visualisons les lettres et leurs couleurs respectives tout en récitant le mantra pour que la pratique unisse la forme, la couleur et le son. Dans la mantrathérapie, beaucoup de mantras ne nécessitent pas de visualisation. Cependant, lorsque vous débutez, il est préférable d’utiliser des visualisations. Cela vous permettra de vous concentrer plus facilement. Selon le bouddhisme tibétain, la combinaison de l’utilisation des substances (plantes, minéraux, etc.) avec les mantras et la méditation ou la visualisation est tellement puissante qu’elle peut tout obtenir, au delà de toute explication rationnelle.
Images de protections ans les manuels de mantrathérapie, nous trouvons des images qui sont D capables de soulager certains désordres. Si elle est appliquée directement sur la partie affectée, l’image de certains mantras peut aider à guérir des problèmes de nerf sciatique. Une fois appliquée sur la mâchoire, la représentation d’une forme semblable à la swastika sur laquelle des lettres tibétaines sont écrites peut soulager des maux de dents. L’image doit toujours être tournée vers le corps.
Protection.
L’image d’un poisson avec des mantras écrits dessus protège les femmes contre les maladies liées aux organes génitaux et à la partie basse du corps. Si
la femme est enceinte, cela fonctionne aussi sur le fœtus. Le poisson protecteur facilite la fertilité de la femme et la protège des fausse-couches et d’autres difficultés liées à la grossesse. Si vous voulez porter ces images protectrices de poisson, vous devez les placer sur la partie inférieure de l’abdomen avec l’image et le mantra en contact avec le corps. L’image d’une sorte de vase avec des mantras écrits dessus protège contre beaucoup de maladies. Vous pouvez l’afficher au mur chez vous. Ne serait-ce que la regarder vous protège déjà. Vous pouvez aussi la porter sur vous, le côté de l’image en contact avec le corps.
Protection.
Conclusion u Tibet, il y existe beaucoup d’histoires qui prouvent que la prononciation A des mantras n’est pas fondamentale. Certains mantras doivent être récités à haute voix, comme OM HA HUNG. D’autres, comme les mantras de guérison, ne doivent pas être entendus par autrui. Mais certains mantras de soin qui fonctionnent sur le son, comme PHAT, doivent être récités à haute voix. Si nous récitons PHAT, cela aide à calmer la confusion mentale [voir p. →]. La signification profonde des mantras est qu’ils développent et ouvrent le chakra de la gorge. Lorsque vous avez achevé une session de récitation de mantra, vous devez observer tout le pouvoir du mantra que vous avez pu accumuler. Le pouvoir thérapeutique du mantra doit être offert à tous les gens malades qui souffrent, c’est ainsi que vous entretiendrez le pouvoir du mantra comme celui du mala que vous avez utilisé. Si vous récitez un mantra avant de dormir, les rêves seront spéciaux et vous révéleront peut être le pouvoir du mantra. Il est bon de les écrire au réveil. Enfin, il n’est pas bon de parler de ces choses avec des personnes qui sont étrangères à votre lignée, sinon le pouvoir du mantra sera perdu. Pour conclure, je dirai que les informations [contenues dans ce livre] constituent une base fondamentale pour utiliser la mantrathérapie, mais que le fondement de toutes ces techniques est la capacité du praticien qui doit toujours être développée afin qu’il puisse se soigner lui-même et soigner les autres.
Achevé d’imprimer en février 2017
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ISBN : 9782322225248 Books on Demand GmbH Photo de couverture : Michel Henry Illustrations intérieures : Sorig Khang International, ndres Adamson pour le centre Drikung Dorje Tchö Dzong Calligraphies pages →, →, →, → : Jangbu Calligraphie p. → : Kyabjé Lama Zopa Rinpoché Calligraphie p. → : Geshe Thupten Yignyen Photos et illustrations p. →, →, →, et → : Élise Mandine Photos p. → et → : Michel Henry Mise en page : Omorfia 81500 Marzens (France) [email protected] Toute reproduction, même partielle de cet ouvrage pour un usage autre que strictement privé, par tous les moyens y compris la photocopie, doit être soumise à l’autorisation préalable et écrite de l’éditeur.