Macroéconomie de Mrs Nougaoui [PDF]

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Zitiervorschau

UNIVERSITE HASSAN II-AIN CHOK FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES CASABLANCA PLAN DU COURS : LA MACRO ECONOMIE Professeur Nougaoui Abdelkader

ANNEE UNIVERSITAIRE 2011/2012

E5&6

SEMESTRE II

CHAPITRE I : Définition de la macro économie et rappel de ses concepts de base SECTION I : Définition et champ de la macro économie § 1. Définition de la macro économie § 2. Les concepts de micro économie et de mésoéconomie SECTION II : Rappel des concepts relatifs au revenu et à la dépense § 1. Les concepts de base relatifs au revenu § 2. Les concepts de base relatifs à la dépense CHAPITRE II. L’approche conceptuelle de l’équilibre macro économique SECTION1. La relation entre l’épargne(S) et l’investissement(I) §1. L’épargne des trois agents économiques §2. Calcul de l’épargne nationale SECTION 2. L’écart entre l’Investissement et l’Epargne §1. Calcul de l’écart entre l’Investissement et l’Epargne §2. Interprétation et signification de l’écart CHAPITRE III. L’approche classique et néoclassique de l’équilibre macro économique SECTION1. L’approche classique ou le plein emploi § 1 Les hypothèses de base sur le fonctionnement du système économique § 2. Le libéralisme ou le mode de régulation par le marché A. La main invisible d’Adam Smith B. La loi des débouchés de Jean Batiste Say C. La loi de l’offre et de la demande SECTION2. L’approche classique et néo classique, par opposition au Keynésianisme CHAPITRE IV. Le modèle Keynésien ou le sous emploi SECTION1. Les hypothèses de banse sur le fonctionnement du système économique A. Le principe de la demande effective et le chômage B. Les fonctions keynésiennes B. 1- La fonction de consommation B. 2- La fonction d’investissement B. 3- La fonction d’emploi C. L’Investissement et l’effet du multiplicateur d’investissement SECTION 2. L’échec de la coordination spontanée et la nécessaire intervention de l’Etat A. La flexibilité des salaires ou l’aggravation de la crise B. Les politiques de relance de l’activité économique

CHAPITRE I : Définition de la macro économie et rappel de ses concepts de base SECTION I : Définition et champ de la macro économie § 1. Définition de la macro économie La macroéconomie est l’approche théorique en économie dont L’objet est la compréhension de l’activité économique dans son ensemble. Autrement dit, la discipline en économie qui cherche à comprendre comment le circuit ou le système économique dans son ensemble se régule-t-il et quelles sont les interactions entre ses principales variables. Au regard de sa complexité et de son caractère dynamique, ce système économique est appréhendée à travers les relations existant entre les grands agrégats économiques, comme le revenu, l'investissement, la consommation, le taux de chômage, l'inflation…Mais les économistes en recourant ainsi à la modélisation, pour tenter de comprendre ces phénomènes, se donnent une représentation simplifiée de la réalité sachant que la représentation pertinente de celle-ci n’est pas une évidence car la même réalité peut être représentée de plusieurs manières selon l’objectif visé par l’étude et surtout selon les hypothèses émises sur le système économique et sur son fonctionnement. Le paradigme(1) ou hypothèses sont fondamentales parce qu’elles fixent le cadre général de l’analyse, et les fondements des comportements des variables, comme nous le verrons par la suite lors de la présentation des approches classiques et néoclassiques d’une part, comparativement à l’approche keynésienne d’autre part. La macroéconomie constitue en outre l'outil essentiel d'analyse des politiques économiques des États pour savoir ci celles-ci sont-elles pertinentes et efficaces ou non pour résoudre les problèmes du chômage, de l’inflation, du déficit budgétaire.... § 2. Les concepts de micro économie et de mésoéconomie A. La micro économie La micro économie a pour objet l’analyse du comportement des agents économiques (voir les théories du producteur et du consommateur). La micro économie tente de répondre à la question de savoir comment les agents économiques optimisent leur objectif tout en minimisant les contraintes auxquelles ils sont soumis. La micro économie est ainsi l’étude du comportement des agents économiques individuels, mais tout en visant à partir de là la compréhension du fonctionnement global de l’économie comme précisément la résultante, la simple sommation de ces comportements individuels d’agents qui cherchent à optimiser leur situation, c’est-à-dire à maximiser leurs gains ou satisfaction. Ce sont les néoclassiques qui adoptent le point de vue microéconomique, ce qui les distinguent bien des classiques, dont ils partagent par ailleurs les conclusions auxquelles aboutissent leur analyse. Cette distinction réside dans le fait que les néoclassiques adhèrent à une conception subjective de la valeur, la valeur utilité, et par conséquent et en tout logique l’acteur principal de l’économie est l’individu, l’agent qui s’informe, se décide en fonction d’une stratégie et agit en conséquence. Les agents vont être classés non pas en fonction de leur appartenance à une classe sociale déterminée comme c’est le cas chez Marx ou Ricardo (rappelons que c’est la recherche des lois de la répartition de la production entre les trois classes que sont les capitalistes, les salariés et les rentiers, qui constitue chez ce dernier l’objet même de l’économie politique), mais en fonction des actes économiques les plus élémentaires comme consommer, chercher du travail, produire, épargner, investir, prêter ou emprunter de l’argent…La simplification majeure de cette vision est qu’on considère les agents économiques comme identiques, appartenant à une société homogène, laquelle est par conséquent composée de particules semblables, sans domination ni

pouvoir d’influence des uns sur les autres ni sur le marché. En somme la vision de la représentation microéconomique est constituée en référence aux concepts de la concurrence pure et parfaite et de l'homo œconomicus (être rationnel et mû par son strict intérêt personnel). Le champ de la microéconomie gravite au tour des quatre domaines suivants : - La formation des prix relatifs ; - L’allocation optimale des facteurs de production qui nous fournit les types de produits et service produits ; - La répartition des revenus selon le principe du calcul à la marge ; - La détermination de l’équilibre partiel et général. B. La mésoéconomie Au même titre que la macro économie qui s'intéresse à la régulation du système économique dans son ensemble, la Mésoéconomie adopte la même méthodologie en limitant toutefois l’étude à l'analyse d'une branche, d'un secteur, d'une filière ou encore d'une région. SECTION II : Rappel des concepts relatifs au revenu et à la dépense § 1. Les concepts de base relatifs au revenu A Définition du revenu On règle générale c’est la participation à la production qui nous donne droit à la perception d’un revenu, lequel nous permet d’effectuer des dépenses. Dans ce cadre et abstraction faite de l’autoconsommation qui tend d’ailleurs à se réduire avec le développement du capitalisme, le revenu est assimilé à un flux régulier de ressources monétaires, qui permet d’assurer la consommation ainsi qu’éventuellement une épargne, correspondant de la sorte à la partie du revenu non consommé. Il convient toutefois de distinguer le revenu réel du revenu nominal d’une part, et le revenu disponible du revenu primaire d’autre part. La différence entre le revenu disponible et le revenu primaire est due à la différence entre les revenus produits et de transfert. Le revenu produit ou primaire correspond à une participation à la production de biens ou services. La rémunération des salariés, l’intérêt de la propriété et les profits des entreprises entrent dans la catégorie des revenus produits car ce sont des revenus générés par l'acte de production. Les revenus produits ou primaires font donc au niveau global l’objet d’une répartition tripartite entre : le salaire, l’intérêt et le profit

--------------------------1 : Selon Thomas Kun « un paradigme est un postulat qui sert de point de départ à une communauté de chercheurs ». « C’est la théorie qui décide de ce que nous sommes en mesure d’observer », disait Albert Einstein, afin de souligner que l’adhésion aux postulats d’une théorie nous impose des contraintes qui nous empêchent d’avoir du recul, de la distance, de la hauteur par rapport à un fait. Penser différemment, de façon non conventionnelle ou selon une perspective nouvelle est une compétence qui aide à la résolution des problèmes.

Le revenu de transfert Il est purement et simplement un transfert de pouvoir d’achat sans contre partie sous forme de participation quelconque à la production. L’exemple typique est l’aumône donnée au mendiant. Précisons toutefois que tous les revenus de transfert trouvent en définitive leur source dans les revenus produits. Quand les revenus de transfert viennent en déduction du revenu primaire, comme les impôts et les cotisations sociales, on parle alors de revenu de transfert négatif et quand ils s’ajoutent au revenu primaire, comme les prestations sociales, on parle par contre de revenu de transfert positif. Le revenu réel Il est l'expression monétaire du revenu rapportée au niveau général des prix. C'est donc une expression du pouvoir d'achat. Cette distinction entre le revenu réel et le revenu monétaire ou nominal est fort utile car le risque d’être victime de l’illusion monétaire est d’autant plus grand qu’ une telle prise de conscience à ce niveau est absente. B. L e revenu produit B 1- Le salaire Il revient à tous ceux qui louent leur capacité ou force de travail. Le salaire est à la fois un revenu et un prix qui se détermine sur le marché du travail grâce au libre jeu de la loi de l’offre et de la demande. Mais pour des considérations sociales, l’Etat peut intervenir pour fixer un minimum en dessous duquel le prix du salaire ne devrait descendre sous peine d’être en infraction vis-à-vis de la loi du travail. Au Maroc, il existe ainsi un SMIG (Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti) fixé à 2231DH par mois et 11,70 dirhams (hors charges sociales) pour l’heure dès juillet 2011 pour l’industrie, le commerce, les professions libérales, et un SMAG (Salaire Minimum Agricole Garanti) fixé pour l’agriculture à un niveau un peu inférieur au SMIG, soit 60,63 DH par jour. B 2- le profit Le profit ou le bénéfice est tout simplement la différence entre le prix de vente et le coût de production. Il revient aux propriétaires des entreprises, mais à la différence du salaire et de l’intérêt, ce revenu peut parfois être nul car il est différentiel ou résiduel en ce sens qu’il n’est possible que dans la mesure où le prix de vente dépasse le coût de production. B 3- L’intérêt Au sens strict c’est le revenu de prêt qui revient aux détenteurs de capitaux monétaires. Son prix est exprimé par un taux annuel en pourcentage de la valeur du capital. Il existe ainsi un taux à court (de trois mois à deux ou trois ans), moyen (inférieur à dix ans) et long terme (plus de dix ans). Au sens large, l’intérêt inclut également le loyer des capitaux physiques comme les immeubles d’habitation et de production. Par contre, la rente, c’est-à-dire le loyer de la terre, est exclue car elle constitue un intérêt spéciale en ce sens elle ne correspond pas au revenu d’un capital proprement dit. Il convient de distinguer aussi les intérêts produits des intérêts non produits. Les premiers correspondent à la participation d’un capital à la production, et les rémunérations ainsi reçues représentent l’équivalent de la participation à la production. Quand les ménages par exemple prêtent leur capital ou épargne, les intérêts reçus sont par conséquent un revenu produit. De même tous les intérêts payés par les entreprises ou reçus d’elles entrent dans la catégorie des revenus produits. Il en est également pour les intérêts versés par l’Etat qui rémunèrent des emprunts destinés à la construction des habitats destinées au service du logement.

Les intérêts non produits Ils correspondent en revanche à tous les autres intérêts versés par l’Etat, en rémunération des ses emprunts, ainsi que ceux des ménages contractés dans le cadre du crédit à la consommation. § 2. Les concepts de base relatifs à la dépense La dépense comprend deux composantes, la consommation et l’investissement. La consommation est l’utilisation principale et directe du revenu, alors que l’investissement est une utilisation indirecte du revenu en ce sens qu’il résulte de l’épargne. A La consommation La consommation est l'utilisation d'un bien. Quand elle est productive de satisfactions, elle est dite "consommation finale". Quand elle est productive de biens, il s'agit de "consommation intermédiaire". A.1 La consommation des ménages Elle est dite aussi consommation privée. Elle repose sur la notion statistique de ménage en tant qu’agent économique, constitué par un groupe d’individus, liés par le mariage et/ou le sang et vivant sous le même toit en mettant leurs ressources en commun en vue de la consommation. A l’instar des entreprises qui sont réparties en secteurs ou branches, les ménages le sont en catégories socio-économiques, fondées sur la profession du chef de ménage (agriculteurs, commerçants, professions libérales, cadres, ouvriers…) Ce qui caractérise la consommation des ménages est qu’elle est « finale », par opposition à celle des entreprises qui est dite « intermédiaire ». Cette dernière est constituée par l’achat de biens intermédiaires (BI) auprès d’autres entreprises. Le mot consommation, sans adjectif, sous entend évidemment celle des ménages, celle qui en conséquence n’alimente nullement le processus de production. Cette véritable consommation est souvent effectuée par l’achat de biens marchands et accessoirement par l’autoconsommation, comme le cas des agriculteurs qui consomment directement une partie de leur propre récolte, des ménages propriétaires de leur habitation, qui consomment le service de logement qu’ils produisent ou la consommation de leurs propres services domestiques. Les biens durables (voitures, ameublements, appareils électroménagers…) sont inclus dans la consommation des ménages. Mais l’achat des biens destinés à la construction de logements en sont exclus. Au Maroc, cette part de la consommation privée dans le PIB peut varier de 65 à 75%. A.2 La consommation des administrations publiques Elle est dite consommation publique et correspond à la production non marchande publique. Consommation publique = production non marchande (pub) offerte ou production des services collectifs La consommation publique est toujours inférieure à la consommation privée. Elle varie d’un pays à un autre, et son rapport à la consommation privée peut se situer entre 0,10 et 0,40. En règle générale, ce rapport est en relation directe avec le niveau de développement. Ainsi dans des pays comme le Maroc, la Tunisie ou la Jordanie ce rapport est de 0,25 au lieu de 0, 13 en Mauritanie, au Ghana et en Ethiopie, et 0,4 environ en France, en Allemagne et en Grande Bretagne. B L’investissement Au sens strict, il correspond à la formation du capital fixe. Au sens large, il inclut également la variation des stocks et l’achat des terrains par les agents économiques. On distingue deux parts dans la formation du capital fixe : -- L’investissement d’amortissent dont la fonction est de compenser, non seulement l’usure du capital, mais aussi l’obsolescence, c’est-à-dire le fait que les équipements et les machines se démode en raison du progrès technique ;

-- L’investissement net se calcule comme suit : I.Net = I. Brut – Amortissement Le calcul de l’I. Net suppose donc une meilleure évaluation de l’amortissement, ce qui n’est pas toujours le cas. Au Maroc on se contente du calcul de l’Investissement brut. Ce qui mesure l’importance de l’I.B c’est son rapport au PIB, on parle alors du taux d’investissement : I.B/PIB. Ce rapport se situe au Maroc entre 18 et 22%. Il existe par ailleurs plusieurs sortes d’investissement qui n’ont pas tous les mêmes actions. On peut donc distinguer les types d’investissement selon les agents qui les réalisent, ce qui nous conduit à distinguer les investissements des entreprises, des ménages et des administrations publiques. B 1 Les investissements d’entreprise Ils concernent toutes les entreprises, quelles soient privées ou publiques, industrielles, agricoles ou tertiaires et portant sur les bâtiments nécessaires à la production, les machines et toutes sortes d’outils matériels et immatériels comme les programmes et logiciels informatiques. Ces investissements des entreprises sont enregistrés en comptabilité nationale sous l’appellation « Formation Brute du Capital Fixe » (FBCF). Dans le secteur agricole, ils peuvent porter sur le défrichement de la terre, les plantations, les travaux d’irrigation et l’accroissement du bétail et du cheptel. N’ayant pas les mêmes actions, ces investissements peuvent être aussi distingués en deux catégories, d’infrastructure et hors infrastructure d’une part, et de capacité et de productivité d’autre part. - Les investissements d’infrastructure Ils sont de grande dimension et de grande envergure car sans lesquels le développement d’une économie dans son ensemble serait exclu. Il s’agit de la production d’eau et d’électricité, les télécommunications, les chemins de fer, les transports aériens…qui constituent en quelque sorte une infrastructure marchande, car les produits qu’elle assure directement sont vendus, mais les productions qu’elle engendre indirectement qui sont importants. Cette infrastructure marchande est complétée par celle non marchande réalisée par les administrations publiques. - L’investissement de capacité et de productivité Ils contribuent directement à l’accroissement de la production. - Les investissements de capacité sont ceux qui augmentent la capacité nationale de production par la création ou l’agrandissement des entreprises et qui tendent à accroitre l’emploi. - les investissements de productivité sont ceux qui se traduisent par une modernisation des entreprises existantes et qui tendent par conséquent à substituer du capital au travail, ce qui, au moins dans l’immédiat, se traduit par une réduction de l’emploi. B 2 Les investissements des administrations publiques (investissements publiques) Au sens strict, les investissements publics sont ceux réalisés par les administrations publiques, c’est-à-dire l’Etat et les collectivités territoriales. Ils concernent la construction des bâtiments et immeubles, l’acquisition des équipements nécessaires au fonctionnement de l’Administration centrale et territoriale, des écoles et des universités, des hôpitaux, des complexes sportifs, ainsi que la construction des routes, des barrages, des canaux d’irrigation, et tous les travaux d’urbanisme. Si on ajoute à cet ensemble l’infrastructure marchande, on aura ainsi l’infrastructure générale de l’économie nationale. Il importe de ne pas confondre l’investissement public avec la dépense publique d’investissement et avec l’investissement du secteur public. Ainsi donc, la dépense d’investissement public est égale à la somme des investissements publics et des subventions (subventions d’équipement) versées aux entreprises privées et publiques ainsi qu’aux

ménages. Ces subventions d’équipement peuvent parfois être plus importantes que les investissements publics car elles bénéficient à l’ONE, l’ONCF, la radio télévision marocaine, les entreprises privées agricoles, par le biais du Fonds de Développement Agricole (FDA). Cette notion de dépense publique d’investissement est une grandeur intéressante en ce sens qu’elle donne une idée sur le montant de l’investissent finance grâce aux Fonds Publics. L’investissement du secteur public est la somme des investissements publics et des investissements des entreprises publiques. Le montant de cet investissement est supérieur à celui de la dépense publique d’investissement car les investissements des entreprises publiques sont financés, outre les subventions publiques, par des emprunts intérieurs et extérieurs. L’investissement du secteur public est donc la grandeur la plus importante, sauf au cas où les subventions aux entreprises privées excède les emprunts des entreprises publiques. B 3 Les investissements des ménages Il s’agit des constructions de logements réalisés par les ménages, destinés soit à la location ou à l’usage personnel. Mais de plus en plus ces logements sont construits par des sociétés immobilières pour les vendre aux ménages § 3. L’investissement et la croissance Afin de mesurer l’impact de l’investissement sur la croissance, on se réfère bien évidemment à l’Investissement Net (IN), qui correspond à l’accroissement de capital (IN = ∆K ), en l’estimant aux environs de 50% de l’IB car l’amortissement dans les pays en voie de développement est difficile à cerner. CHAPITRE II L’approche conceptuelle de l’équilibre macro économique L’équilibre économique, en macroéconomie, se définit comme un état de stabilité correspondant à une certaine valeur de produit national et de revenu national, noté Y = R, qui égalise la demande et l’offre globales à un prix donné. Le modèle macro écomique est une formulation synthétique par le recours aux mathématiques et statistiques ayant pour objet de montrer que l’équilibre est une tendance vers laquelle il est possible d’aller grâce à un processus d’ajustement entre l’offre globale et la demande globale. Même s’il est beaucoup plus un objectif qu’une réalité, l’équilibre macro économique est toutefois toujours atteint en comptabilité nationale parce que l’ensemble des Ressources est égal à l’ensemble des Emplois. SECTION 1. L a relation entre l’épargne et l’investissement La mise en évidence de la relation entre le financement de l’investissement (I) et l’épargne (S) peut être établie soit au niveau des Agents Economiques ou au niveau de la Nation, compte tenu de l’extérieur. Pour un agent économique donné, l’écart entre l’S et l’I donne lieu : - soit à une capacité de financement quand il est positif; - soit à un besoin de financement quand il est négatif. § 1 L’épargne des trois agents économiques L’épargne est l’excès ou la différence entre le revenu disponible et la consommation. Pour tout agent écomique, le revenu disponible c’est ce qui reste pour être affecté à la consommation et l’épargne, après avoir fait le solde des revenus de transferts. Les agents économiques concernés par l’épargne sont les ménages, les entreprises et les administrations publiques.

A. L’épargne des ménages L’épargne des ménages est donc ce qui reste du revenu disponible après avoir déduit la part réservée à la consommation. Le revenu disponible des ménages est la somme des revenus produits (salaires, profits et intérêts) plus le solde des différents transferts (cotisations et allocations sociales, impôts). Comparativement aux autres agents économiques, l’épargne des ménages est la plus importante car elle est celle la plus mise en évidence par la théorie pour au moins deux raisons : - Elle est la plus importante en volume aussi bien dans les pays développés que dans les pays en voie de développement ; - Elle est la variable ou l’agrégat macro économique qui soit lié de façon précise à d’autres variables. Ainsi on peut être tenté de citer le taux d’intérêt qui, à première vue, en tant que prix auquel l’argent est prêté, serait le déterminent du volume de l’épargne. Si tel est la position de la théorie classique, la théorie keynésienne affirme plutôt le contraire à savoir que l’épargne est un résidu de la consommation et que le taux d’intérêt n’agit que sur la partie de l’épargne qu’on est disposé à prêter. Par contre, l’épargne est en relation positive avec les variables suivantes : - Le PIB ou le PNB aux prix courants/habitant, c’est-à-dire le montant du revenu réel moyen par habitant. Dans le modèle keynésien, plus réaliste que le modèle classique ou néoclassique, la relation S/R est perçue comme un résidu de la relation C/R ; - Le taux d’accroissement du revenu. Ill est en effet admis que la consommation s’adapte avec un certain retard à l’augmentation du revenu, ce qui a pour conséquence une accentuation de l’écart R- C au fur et à mesure de l’élévation du revenu ; - Le degré d’inégalité de la répartition du revenu national car ce sont les riches qui disposent des taux d’épargne les plus élevés, et plus la part qui leur revient est grande dans la répartition, plus le taux moyen d’épargne des ménages est élevé ; - La part des adultes dans la structure démographique car ni les vieux ni les jeunes ne sont favorables à l’épargne. L’évolution de la structure démographique du Japon de 1960 à 1985 en est un exemple éloquent en ce sens que la baisse de la natalité s’est traduite par une tendance favorable à l’épargne à cause de la baisse des jeunes et de l’augmentation des adultes dans la structure démographique ; - L’inflation, en tant qu’augmentation du niveau général des prix, peut favoriser une stratégie consistant, pour maintenir au moins constant un certain pouvoir d’achat dans le futur, à constituer une réserve monétaire grâce à l’épargne pour compenser la part de pouvoir d’achat que l’inflation est sensée réduire. A l’inverse, le retour à la stabilité des prix tend à réduire l’épargne, ce que confirment les taux actuels nettement inférieurs à ceux de la période inflationniste de la décennie 70. B. L’épargne des entreprises Comme les entreprises n’ont pas de consommation au sens « finale », leur revenu disponible correspond alors à leur épargne. Le revenu disponible peut être calculé à partir de la différence entre l’excédent d’exploitation et la somme des intérêts versés+ impôts sur les bénéfices + les bénéfices ou profits distribués aux ménages sous formes de dividendes, ou versés à l’Etat dans le cas des entreprises publiques. C. L’épargne des administrations publiques C’est la différence entre le revenu disponible des administrations publiques et leur consommation publique ou l’excès des ressources publiques ordinaires sur les dépenses publiques ordinaires. Rappelons que les ressources ordinaires publiques sont pour l’essentiel les impôts, et les dépenses publiques ordinaires sont la somme des dépenses de fonctionnement (salaires+Bi) et de dépenses courantes de transfert : les intérêts publiques et subventions d’exploitation. On peut donc écrire : ressources ordinaires publiques- dépenses courantes de transfert= revenu disponible public- consommation publique= épargne publique.

§2. Calcul de l’épargne nationale On peut la calculer à partir de la somme de l’épargne des trois agents précédemment étudiés, ou en déduisant du Revenu National Disponible Brut (RNDB) ou du PNB le montant de la consommation nationale (consommation des ménages + consommation des administrations publiques). Sachant que la PNB est obtenu en ajoutant au PIB le solde des transferts extérieurs, appelé également solde des revenus extérieurs nets. Au Maroc le PNB excède le PIB à cause du rapatriement des économies sur salaires des marocains travaillant à l’étranger. Les ménages disposent généralement d’une capacité de financement, alors que les entreprises et les administrations publiques (Etat) ont un besoin de financement. Au niveau de la Nation, on vérifie que le besoin (ou la capacité) de financement de celle-ci est toujours identique à l’écart entre l’S. et l ’I. SECTION 2. L’écart entre l’Investissement et l’Epargne § 1 Le calcul de l’écart (I- S) au niveau national A partir de l’égalité comptable Ressources = Emplois ou RNB (revenu national brut) = DNB (dépense nationale brute) RAPPEL DU CALCUL DU PNB Le PNB est obtenu en ajoutant au PIB la contribution des nationaux résidant à l’étranger, moins celle des étrangers installés sur le territoire national, d’où Le PNB= PIB+R.E.N. (revenus extérieurs nets) ILLUSTRATION A PARTIR DE GRANDEURS EXPRIMEES EN PIB(100) PIB+M+R.N.E. = CM+CP+I+X+R.N.E 100 + 32 + 2 = 65 +16+27+24 +2 M=Importations; X=Exportations ; CM = Consommation des ménages ; CP = Consommation publique L’EGALITE « EMPLOIS=RESSOURCES » PERMET L’OBTENTION DES AGREGATS SUIVANTS: 1) RNDB= PNB= 102 2) RNDB- CN = S.N 102 – 81= 21 3) C + I = D.N.B. 81+ 27 = 108 On peut par conséquent écrire: I(27)- SN(21) = 6 DNB(108)- PNB(102) = 6 Conclusion: L’excès de l’I sur l’S signifie que la Nation dépense plus qu’elle ne produit. §2. Interprétation et signification de l’écart(I- S) - Le pays achète plus à l’étranger qu’il en exporte, d’où un solde déficitaire de la balance commerciale(XM) de - 8 - Ce déficit commercial est partiellement compensé par le solde positif des R.N.E. de 2 - Le déficit de la balance des paiements est donc de - 6 -On remarque par ailleurs que l’écart(I- S) représente 22% de l’investissement et 6% du PIB, ce qui est considéré comme important car la Banque Mondiale estime que ce taux ne doit pas dépasser 3% lorsqu’il est couvert par un apport financier étranger, mais celui-ci comporte parfois une partie sous forme de dons ou d’aide consentie sans contre partie.

CHAPITRE III L’APPROCHE CLASSIQUE ET NEOCLASSIQUE DE L’EQUILIBRE MACRO ECONOMIQUE Il ne serait certainement pas inutile de mettre en évidence les rapports de rupture existants entre les courants classique et néo classique. Mais pour faire apparaitre leur opposition au modèle Keynésien, il est tout indiqué de faire ressortir plutôt leurs rapports de continuité. Pour l’approche classique et néoclassique, le libéralisme économique ou le fonctionnement du marché sans entrave aucune, est à leurs yeux le mode qui assure le plus de richesse possible à la collectivité nationale. De même au niveau mondial, l’application de ce même principe du libre échange est de nature à assurer le plus de bien être social et la meilleure allocation possible des facteurs de production (absence de gaspillage) à l’échelle internationale. SECTION I L’APPROCHE CLASSIQUE OU LE PLEIN EMPLOI Qui sont-ils les classiques? • Adam Smith (1723-1790) • Robert Malthus (1766-1834) • David Ricardo (1772-1823) • Jean Batiste Say (1767-1832) • Jean Stuart Mill (1806-1873) est considéré comme un auteur de transition entre les classiques et les néoclassiques • § 1 Les hypothèses de base sur le fonctionnement du système économique Quels sont les fondements théoriques des classiques ? : • L’origine de la valeur réside dans le travail (coût de production) • Le marché assure la coordination des intérêts privées et conduit à l’harmonie sociale • L’approche est macro économique en ce sens que les énoncés des lois sont définis en référence à l’économie dans sa globalité • L’horizon temporel est le long terme • § 2. Le libéralisme ou le mode de régulation par le marché C’est le fonctionnement du marché en tant que meilleur mode de régulation de l’économie qui assure l’équilibre au point d’intersection de l’offre et de la demande globale. C’est ce que la « main invisible » d’Adam Smith et la « loi des débouchés » de Jean Batiste Say énoncent comme principe fondamental dans une économie, l’économie capitaliste en l’occurrence, où les décisions des agents économiques sont entièrement décentralisées. A. La « main invisible » d’A. Smith : la « main invisible » est une métaphore qui énonce un principe qui assure la coordination des intérêts individuels et conduit á l’intérêt général. En pensant à son intérêt strictement personnel, l’individu, guidé par une « main invisible », contribue curieusement sans le savoir à la réalisation de l’intérêt général. A. Smith définit l’Etat dans un rôle minimum d’Etat- Gendarme qui doit juste veiller à faire respecter la justice et assurer les conditions les plus favorables à l’exercice de la liberté et au respect de la propriété privée. B. La « loi des débouchés » Jean Batiste Say (1767-1823) prolonge, au XIXème siècle, la réflexion d’A. Smith, en inventant la « loi des débouchés » selon laquelle toute production (offre) crée sa propre demande, les produits s’échangent contre les produits et la monnaie n’est qu’un voile. Cela appelle trois remarques:

- la loi de l’offre et de la demande ajuste toujours la production à la demande à travers la variation des prix; - la monnaie est neutre car elle agit sur les prix et non sur la production; - à long terme, toute possibilité de crise est exclue. Cette approche se situe dans le contexte historique fortement concurrentiel de la première révolution industrielle du XIXème siècle, marqué par la prédominance d’entreprises de petite dimension et par la recherche de l’avantage concurrentiel dans l’exploitation féroce d’une main d’œuvre abondante et sans protection sociale aucune. C. La loi de l’offre et de la demande • La loi de l’offre et de la demande stipule que, grâce au mécanisme d’ajustement de la production à la demande, l’équilibre sera toujours, à plus ou moins longue échéance, atteint au point d’intersection de l’offre et de la demande. C 1 La loi de la demande La loi de la demande postule que, dans l'esprit de chaque acheteur, le rapport est inverse entre le prix et la quantité de produits demandée. Elle est représentée graphiquement par une courbe descendante ou une fonction inverse du prix.

C 2 La loi de l’offre • La loi de l’offre postule que, dans l'esprit de chaque vendeur, le rapport est direct entre le prix et la quantité offerte. Elle est représentée graphiquement par une courbe ascendante ou une fonction directe du prix.

C 3 La loi de l’offre et de la demande (marché à l’état pur) et le point d’équilibre

Le fonctionnement théorique des marchés selon la loi de l'offre et de la demande sans entrave aucune ne peut déboucher que sur une situation réelle la plus proche possible de l’état de concurrence pure et parfaite. Rappelons que pour avoir une concurrence pure et parfaite, les cinq conditions suivantes doivent toutefois être réunies: 1 : l'atomicité 2 : L'accès libre au marché 3 : l'homogénéité ou le principe de l’unicité du prix 4 : La transparence des marchés 5 : La parfaite mobilité des facteurs de production Dans un marché de concurrence parfaite, puis que l'information est transparente, tout peut être calculé. Le risque existe certes, mais il est calculable. C’est une situation idéale où chez A Smith par exemple, le prix nominal ou de marché rejoint le prix naturel, et chez Pareto cela correspond à l’optimum économique, c’est-à-dire une situation qu’on ne peut modifier sans porter atteinte à l’intérêt d’au moins une personne. La loi de l'offre et de la demande en tant que telle est censée s'appliquer sur tous les types de marchés: – Sur le marché du travail – Sur le marché des capitaux – Sur les autres marchés des produits et services Si l’on prend à titre d’illustration le prix du marché du travail SECTION II L’APPROCHE NEOCLASSIQUE Les néoclassiques, qui sont-ils? • Stanley Jevons (1835-1882) • Carl Menger (1840-1921) • Léon Walras (1834-1910) • Alfred Marshall (1842-1924) Quels sont Leurs fondements théoriques ? - Le marché assure la coordination des intérêts privées et conduit à l’harmonie sociale - Abandon de la valeur-travail des classiques au profit de la valeur utilité - Approche micro économique fondée sur le comportement des agents économiques à travers le raisonnement « à la marge » : utilité marginale (demande de consommation) et coût marginal (offre de production) - Formalisation rigoureuse de la démarche par le recours aux mathématiques et statistiques Dans un système de marché ou d’économie réelle, fonctionne la loi de Say, dite loi des débouchés, selon laquelle l'offre crée sa propre demande : il n'y a pas de contrainte de débouché puisque tout produit qui entre dans l'échange a sa contrepartie sous forme de revenus, en conséquence il ne peut y avoir de crise. Le système est toujours à l'équilibre de plein-emploi car l’épargne (E) correspond toujours à l’investissement (I). Y= R Y= Bc + Bp R = C + S Pour que Y soit égal au R il faut que la demande des Bc soit égale à l’offre des Bc et que la demande des Bp soit égale à l’offre des Bp, ce qui implique que l’S soit totalement investie : S = I Cet équilibre est toujours réalisé sous l’hypothèse d’une économie d’échange pur et du statut de simple moyen d’échange attribué à la monnaie. CHAPITRE IV Le modèle Keynésien et le sous emploi L'approche macro économique a été inaugurée par Jean Maynard Keynes (1883-1944) dans son ouvrage principal : « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie » (1936). Le contexte historique est celui de la grande crise de 1929 : -retournement de tous les indicateurs d’activité (production, emploi, commerce extérieur, prix, etc.) d’abord aux USA, ensuite à l’Europe toute entière.

-crise d’une ampleur et d’une durée sans précédent: de 1929 à 1933, le PIB américain chute de 30%; en 1936, la population active américaine est frappée de plein fouet par un chômage de masse sans précédent, qui remet en cause le postulat libéral de l’équilibre spontané et du plein emploi sur lequel repose la théorie classique et néoclassique. SECTION1. Les hypothèses de banse sur le fonctionnement du système économique Alors que l'approche libérale étudie la formation de l'équilibre du marché du travail en fonction du taux de salaire réel (w/p) et conclut à l'équilibre de plein emploi: le chômage est tout au plus frictionnel et/ou volontaire, tandis que l'approche macroéconomique Keynésienne étudie la détermination du niveau de l'emploi en fonction du volume de l'activité dans l'ensemble de l'économie et conclut en la possibilité d'un chômage involontaire. Keynes considère que le système capitaliste n'est pas correctement appréhendé par la théorie des marchés et l'économie n'est pas un système d'échange pur. C’est plutôt une économie monétaire de production. Il se démarque ainsi de l’analyse libérale pour qui le chômage est volontaire et lié à des taux de salaire trop élevés. La théorie néoclassique (microéconomique) analyse l'économie comme un système d'échange pur: le problème de la production, de sa mise en œuvre et de la formation du capital, n'est pas abordé car la monnaie n'est pas prise en compte. Pour Keynes notre économie est une économie capitaliste, caractérisée par la monnaie, condition de possibilité du lancement de la production: les calculs se font en monnaie et les prix sont des prix absolus (et non pas relatifs). L’illusion monétaire est un phénomène concret irréel. Dans un système de marché vaut la loi de Say, l'équilibre de plein-emploi est toujours assuré à long terme. Dans un système capitaliste vaut la loi de la demande effective, selon laquelle les entreprises font face à une contrainte de débouchés et produisent en fonction de leurs anticipations de la demande: principe de la demande effective. A. Le principe de la demande effective et le chômage. Le principe général est que ce sont les entrepreneurs qui par leurs décisions déterminent le volume de l'emploi dans l'économie. Leurs décisions consistent essentiellement à choisir le niveau de leur investissement. En décidant de leur investissement, les entrepreneurs déterminent en même temps leur demande de travail: les offreurs de travail n'ont pas la capacité d'augmenter le volume de l'emploi offert en acceptant des baisses de salaires. Donc le chômage n'est pas un problème de taux de salaire, c'est un problème d'investissement ou de débouchés. L'entrepreneur est la figure centrale du système capitaliste. Sa décision essentielle concerne l’investissement: le niveau d'investissement détermine le niveau de l'emploi. Il est donc essentiel de comprendre la fonction d'investissement, c.-à-d. comment les entrepreneurs prennent leur décision d'investir. La relation fondamentale est celle qui se noue entre l'entrepreneur et sa banque: le financement de l'investissement. L'investissement est un pari sur des profits anticipés, c.-à-d. incertains. B. Les fonctions économiques keynésiennes : On se contentera ici simplement de l’énoncé des hypothèses et des conclusions, pour plus de détails concernant ces fonctions, voir les séances de travaux dirigées B. 1- La fonction de consommation B. 2- La fonction d’investissement B. 3- La fonction d’emploi B. 1- La fonction de consommation Pour les classiques et néoclassiques, la consommation est un résidu de l’épargne: C= Y-S. Et l’épargne dépend du taux d’intérêt i: si i est élevé, l’épargne est forte et la consommation faible. Inversement si i est faible, la consommation sera forte.

Pour Keynes, la consommation dépend directement du revenu global distribué: C= f(Y). C’est l’épargne qui est un résidu de la consommation. Pour Keynes, la consommation dépend donc directement du revenu global mais compte tenu de la loi psychologique fondamentale suivante: quand le revenu s’accroît, la consommation aussi mais moins vite. D’où les notions de propension à consommer (C/ R) et de propension marginale à consommer (ΔC/ ΔR): 1. La propension à consommer (C/R), dite consommation moyenne des ménages, appelée aussi propension moyenne à consommer. C’est une fonction décroissante du revenu (plus les individus consomment, plus la part de leur revenu qu’ils consomment est faible). 2. la propension marginale à consommer se rapporte au rapport des variations DC/DR. L’épargne se déduit du comportement de consommation : c’est la partie du revenu non consommée (c’est donc un résidu selon Keynes) et le taux d’intérêt ne concerne que la partie de l’épargne prêtée. On voit ainsi que les comportements de consommation et d’épargne ne dépendent pas (ou très peu) du taux d’intérêt, comme c’est le cas dans la théorie néoclassique. La fonction de consommation et l’intervention de l’Etat. Pour stimuler la demande effective, l’Etat doit opter pour une politique économique en faveur des couches sociales démunies, c’est-à-dire les ménages qui ont la plus forte propension à consommer. On peut formuler la fonction de consommation de la façon suivante pour tenir compte de l’existence d’un niveau de consommation incompressible. La fonction de consommation est : C = cYd + Co. Il s'agit d'une équation de comportement qui définit la consommation des ménages (C). Le petit c est la propension marginale à consommer, il s'agit de la proportion dans laquelle varie la consommation lorsque le revenu varie d'une unité. Yd représente le revenu disponible, c'est à dire le revenu net d'impôts. Co désigne la consommation incompressible des ménages, c'est à dire ce qu'ils consomment même lorsque leur revenu est nul (pour répondre aux besoins physiologiques...) La fonction d'épargne est : S = sYd + So C'est une équation de comportement qui définit l'épargne des ménages. Le petit s est la propension marginale à épargner, c'est la proportion dans laquelle varie la consommation lorsque le revenu augmente d'une unité. Yd est le revenu disponible. So est l'épargne exogène qui dépend de tous les autres facteurs que le revenu. B. 2- La fonction d’investissement - Pour les classiques et néoclassiques l’investissement résulte directement de l’épargne disponible: I=S. Ainsi, la loi des débouchés fonctionne même si tout le revenu n’est pas dépensé par les consommateurs; il sera investi. -Pour Keynes, la décision d’investissement dépend de la représentation que se font les entrepreneurs de l’anticipation de la situation ou conjoncture économique : toutes choses égales par ailleurs, l’investissement sera plus important si les entrepreneurs sont «optimistes», moins important s’ils sont pessimistes. L’investissement dépend également de la décision des entrepreneurs qui comparent l’ « efficacité marginale du capital », r et le taux d’intérêt des emprunts i. Si ir, l’investissement n’est pas rentable La fonction d’investissement et l’intervention de l’Etat. Pour favoriser l’investissement, Il faut alors que l’Etat envisage une politique économique monétaire expansionniste (faible taux d’intérêt).

B. 3- La fonction d’emploi - Pour les classiques et néoclassiques, le chômage ne peut être que frictionnel ou volontaire; il provient d’un déséquilibre sur le seul marché du travail. - Pour Keynes, il est toujours involontaire; il résulte d’une insuffisance de la demande effective et trouve donc son origine dans l’ensemble de l’économie. L’équilibre est réalisé mais il s’agit d’un équilibre de se sous-emploi. La flexibilité du salaire (baisse des salaires) ne ferait alors qu’aggraver le chômage car elle accentue l’insuffisance de la demande effective. C. L’Investissement et l’effet du multiplicateur d’investissement L’effet multiplicateur de l’investissement On peut expliquer cette évolution plus que proportionnelle par le mécanisme suivant : Y = C + I .Dans une première étape, la hausse de l’investissement (poste de demande) augmente la production Y dans les mêmes proportions. • Dans un second temps, la hausse de la production Y et donc du revenu des ménages va accroître la consommation de ces ménages (puisque leur consommation dépend de leur revenu) et donc de nouveau la production Y. • •De la même manière, dans une troisième étape, cette nouvelle hausse de la production et du revenu va de nouveau augmenter la consommation des ménages, et donc Y, etc. L’investissement est la seule opération économique majeure à avoir une influence tant du côté de l’offre que du côté de la demande. Il fait partie des composantes de la demande, comme les exportations ou la consommation. En effet, la dépense d’investissement correspond à une demande exprimée auprès des producteurs de biens d’équipement. Mais l’effet de demande est plus large car il se diffuse à l’ensemble de l’économie. Lorsque les entreprises investissent, le flux de dépenses qu’elles réalisent donne lieu à une distribution des revenus. Par exemple les salariés des entreprises fabriquant les biens de production reçoivent des revenus qu’ils vont ensuite consommer ou épargner. On voit ainsi qu’une dépense initiale d’investissement se traduit par une succession de flux de revenus et de dépenses. C’est ce mécanisme que l’on appelle, à la suite de Keynes, le multiplicateur d’investissement. Il montre qu’en définitive, une dépense d’investissement supplémentaire se traduit par une augmentation plus que proportionnelle du niveau de la demande. L’effet multiplicateur est d’autant plus grand que la propension marginale à consommer est forte, c’est-à-dire que les ménages consacrent à la consommation une fraction importante de leur supplément de revenu. Ceci à condition également que la propension marginale à importer soit faible. Source : P.A.Corpron, L’investissement, Cahiers Français n° 279, février 1997.

SECTION 2. L’échec de la coordination spontanée et la nécessaire intervention de l’Etat Le sous-emploi des facteurs de production, en particulier du travail, découle de difficultés de coordination des agents dans un univers décentralisé. Le comportement de chaque individu est guidé par celui des autres agents (risque de logiques circulaires). Théorie néoclassique: individus «atomisés», qui maximisent leur intérêt, sans jamais regarder ni tenir compte du comportement des autres individus. Théorie keynésienne: la maximisation de l’intérêt de chaque agent dépend directement du comportement des autres agents. Pour adopter le comportement qui maximise son utilité, chaque agent fait de l’anticipation, c’est-à-dire essaye de savoir ce que vont ou comptent faire les autres agents. Toute la difficulté est justement d’évaluer ou de prévoir, dans un cadre décentralisé, ce que vont faire les autres agents. Cette difficulté débouche sur des échecs de coordination qui peuvent conduire à la sousutilisation des facteurs, notamment du facteur travail (avec apparition de chômage involontaire). •Un exemple: Un entrepreneur souhaite investir. La rentabilité de son investissement dépend du niveau

d’activité dans le reste de l’économie : -si la conjoncture est défavorable, il aura des difficultés à écouler sa production et son investissement sera peu rentable (machine sous-utilisée). -si la conjoncture est favorable, l’investissement sera rentable. Or la conjoncture est favorable si beaucoup d’entrepreneurs dans l’économie investissent (car dans ce cas, il y aura un effet positif sur l’emploi, les revenus et finalement la consommation). Donc l’entrepreneur a intérêt à investir uniquement si les autres entrepreneurs investissent également. Comment savoir si les autres vont investir ou pas ? Et que faire si on ne sait pas ce que les autres entrepreneurs vont faire ? ⇒Le plus prudent (et aussi le plus rationnel) est d’adopter une posture attentiste: attendre de voir ce que font les autres (en espérant qu’ils vont investir) avant de se décider à investir soi-même. Comme tous les entrepreneurs sont dans la même situation que l’entrepreneur i (qui est représentatif du comportement des autres entrepreneurs), tous adoptent une posture attentiste et personne n’investit. ⇒Par conséquent, la conjoncture est mauvaise, ce qui dissuade tout le monde d’investir ex post Dès lors, la nation n’utilise plus toute la main d’œuvre disponible, quand bien même les prix sont flexibles. ⇒Ceci peut justifier l’intervention de l’État, afin de permettre aux agents de se coordonner sur un équilibre plus optimiste: l’État peut notamment «investir» (sous forme de dépenses publiques) pour relancer l’économie et envoyer un signal positif aux agents privés. La nécessité de l’intervention de l’Etat - De nouvelles missions pour l’Etat qui complètent ses actions régaliennes (sécurité, justice, infrastructures): réguler l’économie, concevoir et conduire la politique économique du pays. • - Accomplir cette mission en se dotant d’instruments de prévision: la comptabilité nationale, la planification, la statistique, la macroéconomie. • - La conduite de la politique économique: politique budgétaire, politique monétaire, politique de grands travaux… Les modèles théoriques dépendent beaucoup de leurs circonstances historiques C’est ainsi que le modèle classique considère que la monnaie est neutre parce que le système de l’étalonor avait assuré une bonne croissance des échanges internationaux et une stabilité de la monnaie dans le cadre du XIX et début du XX ème siècle. C’est également ainsi que le modèle keynésien considère le chômage comme involontaire parce que le sous-emploi des années 30 ne pouvait raisonnablement être considéré comme la conséquence de choix individuels rationnels et que les phénomènes de concentration rendent très imparfait le fonctionnement des marchés. Le keynésianisme en vogue après la grande crise de 1929 Les recommandations de politique économique tournent au tour: - au niveau intérieur: la politique de relance de la consommation et de l’investissement au moyen de la baisse du taux d’intérêt et des investissements publics - au niveau externe: un nouveau Système Monétaire International (les accords de breton Wood) et abandon de l’étalon or. Conclusion L'emploi, la croissance et le revenu sont donc déterminés par le volume de l'investissement que les entreprises estiment rentables de mettre en oeuvre compte tenu de leurs anticipations de l’avenir et de l’écart entre le profit et l’intérêt, et par la propension à épargner de l'ensemble de l'économie. L’équilibre de sous emploi nécessite l’intervention de l’Etat pour agir sur le taux d’intérêt et la demande effective.