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COLLECTION : GRAMMAIRE
mple à la phrase complexe est un ouvrage travaux des enseignants chercheurs des s. Il s'agit d'une collaboration riche et r objectif essentiel la vulgarisation des ticales concernant la phrase française e expérience enrichissante est dédiée aux ent de langue et de littérature françaises, e personne désireuse d'approfondir ses maire française, pour se ressourcer des s qui traitent de la phrase simple et cédés de formation, de leur structuration eur compétence linguistique. Aider à fondamentaux et les critères d'identifide phrase est l'objectif visé de tous les urs soucieux de leur engagement
dition & Impression: Post-Modernité 2019
ôt Légal : 2019MO4403
R. BARBARA
COLLECTION : GRAMMAIRE
LA PHRASE SIMPLE A LA PHRASE COMPLEXE
E
COLLECTION : GRAMMAIRE
COLLECTION : GRAMMAIRE
Université Sidi Mohamed Ben Abdellah - Fès
Rahma BARBARA Mohamed ELHIMER Ouafae IDRISSI AYDI Souad MOUDIAN Adil TAMIM Said TASRA Zahra ZAID
DE LA PHRASE SIMPLE A LA PHRASE COMPLEXE
Coordination Rahma BARBARA Publications Laboratoire de Recherche en Langues, Cultures, Dictionnairique et Corporas LaCuDiC
Université Sidi Mohamed Ben Abdellah – Fès
Rahma BARBARA Mohamed ELHIMER Ouafae IDRISSI AYDI Souad MOUDIAN Adil TAMIM Said TASRA Zahra ZAID
DE LA PHRASE SIMPLE A LA PHRASE COMPLEXE Publication Laboratoire de recherche en Langues, Culture, Dictionnairique et Corporas (LaCuDiC)
Coordination Rahma BARBARA
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LE SOMMAIRE
Présentation...................................................................................................7 LA PHRASE CANONIQUE MINIMALE..................................................9 P = GN-SUJET DE P + GV-PRÉDICAT DE P Saïd TASRA - Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès DE LA MODALITÉ DANS LA PHRASE SIMPLE...............................41 Ouafae IDRISSI AYDI - Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès LA PHRASE COMPLEXE : LA SUBORDONNEE COMPLETIVE...........................................................................................73 Rahma BARBARA - Laboratoire LACUDIC Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès LA SUBORDONNEE RELATIVE.........................................................105 Zahra ZAID - Laboratoire d’Etudes et de Recherches sur l’Interculturel. Université Chouaib Doukkali, El Jadida. LES SUBORDONNEES CIRCONSTANCIELLES..............................139 Souad MOUDIAN - Laboratoire d’Etudes et de Recherches sur l’Interculturel. Université Chouaib Doukkali, El Jadida. LES PARTICIPIALES. À LA RECHERCHE D’UN STATUT AUTONOME.............................................................................................179 Mohamed EL-HIMER - Université Cadi Ayyad LA COORDINATION ET LA JUXTAPOSITION...............................211 Adil TAMIM - Laboratoire de recherche Genre Éducation Littérature et Médias - Université Hassan II, Casablanca. BIBLIOGRAPHIES DES AUTEURS.....................................................239
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Editions Post-Modernité 1ère Edition 2019 Tous droits réservés aux auteurs DÉPÔT LÉGAL : 2019MO4403 ISBN : 978-9954-9599-3-0 18, LOT KARAM, ROUTE AÏN SMEN FES - MAROC
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LES SUBORDONNEES CIRCONSTANCIELLES Souad Moudian Laboratoire d’Etudes et de Recherches sur l’Interculturel. Université Chouaib Doukkali, FLSH, El Jadida. Objectifs du chapitre - Identifier les circonstancielles et les distinguer des autres types de subordonnées, notamment les relatives et les complétives. - Tracer les limites entre la proposition principale et la subordonnée circonstancielle. - Relevez les mots subordonnants et les classer en fonction de leur morphologie et du type de subordonnée qu’ils introduisent. - Analyser la fonction de la subordonnée en appliquant des critères formels comme l’effacement et le déplacement. - Analyser le mode du verbe de la subordonnée et le justifier. Plan du chapitre 1- Rappel 2- Essai de définition 3- Critères d’identification 4- Mots introducteurs 5- Les temporelles 6- Les causales 7- Les finales 8- Les consécutives 9- Les oppositives / concessives 10- Les hypothétiques 11- Les comparatives 12- Exercices d’application
1- Rappel La phrase, comme nous l’avons vu précédemment, est une structure hiérarchisée, grammaticale
c’est
un
ensemble
de
constituants
différente et assumant des
139
de
nature
fonctions diverses.
Cependant, elle peut fonctionner comme constituant d’une phrase plus étendue, appelée phrase complexe. Selon la grammaire traditionnelle, une phrase est dite complexe lorsqu’elle est constituée de deux propositions ou plus. Elle est définie à travers ce terme– proposition – lié à la logique et qui n’a aucun statut syntaxique. Les liens entre celles-ci (les propositions d’une phrase complexe) se ramènent à trois types à savoir la juxtaposition, la subordination et la coordination. Les propositions juxtaposées se caractérisent par l’absence de marqueurs morphologiques de relation, c’est-à-dire par l’absence d’articulateurs ou de liens formels explicites. Ainsi, elles sont simplement juxtaposées : (1) Travaille bien, tu réussiras. Sur le plan syntaxique, les deux propositions sont indépendantes en ce sens que l’effacement de l’une n’altère nullement la grammaticalité de l’autre : Travaille bien est une phrase correcte qui n’a nullement besoin de la deuxième proposition. La relation entre deux propositions indépendantes peut être marquée à l’aide d’une conjonction de coordination : (2) Jean travaille et Paul le surveille. Et est une conjonction de coordination qui relie les deux propositions Jean travaille et Paul le surveille. Cependant, aucune n’est dépendante de l’autre sur le plan syntaxique puisque l’effacement de l’une n’a aucune incidence sur la grammaticalité de l’autre : (3) Jean travaille. (4) Paul le regarde.
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Il y a subordination quand la subordonnée ou la phrase enchâssée est sous la dépendance d’une proposition appelée principale ou matrice. On parle d’un rapport hiérarchique entre les deux constituants de ce genre de phrase complexe. On distingue trois types de propositions subordonnées à
savoir
les
complétives,
les
relatives
et
les
circonstancielles. Voici un exemple pour chaque cas de figure : (5) Je comprends [que vous soyez inquiet].(Complétive) (6) Le livre [que tu as acheté] est intéressant.(Relative) (7) Il ment [comme il respire].(Circonstancielle) (5) est constituée de la principale Je comprends et de la proposition subordonnée complétive que vous soyez inquiet dont la fonction est C.O.D. du verbe de la principale ; elle est l’équivalent d’un SN : (5)’ Je comprends [votre inquiétude]. La phrase en (6) est une relative qui peut être segmentée comme suit : (6)’ Le livre est intéressant. (6)’’ J’ai acheté le livre. (6)’’ est enchâssée dans (6)’. Ainsi, le SN le livre est remplacé par le pronom relatif que assumant la même fonction que le SN qu’il remplace à savoir C.O.D. La deuxième transformation qui touche la subordonnée concerne le déplacement du pronom relatif qui se place directement après son antécédent pour des contraintes sémantiques liées à la référence du pronom. Quant à (7), elle illustre le cas des circonstancielles, en l’occurrence la subordonnée comparative. 2- Les circonstancielles : Essai de définition Une circonstancielle est une phrase complexe puisqu’elle est constituée de deux propositions : la principale dite également phrase 141
matrice et la subordonnée circonstancielle (phrase enchâssée).Parler d’une principale et d’une subordonnée met en relief le lien qui s’instaure
entre
les
deux
propositions,
en
l’occurrence
la
subordination, et écarte, de ce fait, la juxtaposition et la coordination. Les propositions subordonnées circonstancielles précisent le sens de la principale, elles jouent en principe le même rôle que les compléments circonstanciels, mais elles ne sont pas indispensables comme les ont les subordonnées complétives. En effet, «De même que le complément circonstanciel précise le sens de la proposition, de même la proposition circonstancielle précise le sens de la phrase. Elle complète la principale ou une autre subordonnée, mais, tout en apportant des précisions importantes, elle ne lui est pas nécessaire comme l’est la proposition complétive ». (Bechade, 1989 : 264).Ce sont des propositions, en ce sens qu’elles sont formées d’un sujet et d’un prédicat ; elles sont subordonnées étant donné qu’elles sont sous la dépendance de la principale, et elles sont nommées circonstancielles puisqu’elles indiquent les circonstances dans lesquelles se déroule l’action ou le procès exprimés par le verbe de la principale. L’appellation circonstancielle est la plus répandue, mais elle n’est nullement la seule. En fait, certains grammairiens parlent de propositions adverbiales assimilant ainsi le rôle de ce type de propositions à celui des adverbes. Il en va de même pour les types de phrases que chaque grammairien retient. Ceci est dû à l’absence de critères bien établis qui permettent de déceler la catégorie logicosémantique à laquelle une proposition appartient. Le classement des circonstancielles pose plusieurs difficultés ; il ne pourrait être un 142
classement absolu du moment qu’il existe des chevauchements entre les types de propositions. Voici deux exemples, empruntés à Riegel, Pellat et Rioul, (2015 : 846) qui illustrent ce propos : (8) Tandis que le père avait donné son accord, la mère persistait dans son opposition. (Temporelle ou concessive ?) (9) S’il venait en visite, on le recevait généralement bien. (Conditionnelle ou temporelle ?) Il faudrait signaler que c’est le contexte qui indique mieux que d’autres facteurs la nature de la relation logique qui existe entre la principale et la subordonnée. Or, malgré tout ceci, il serait « impropre d’établir des catégories particulières », car même« s’il est vrai que des nuances subtiles peuvent s’établir dans les rapports entre principale et subordonnée, il est inutile de créer des catégories nouvelles quand celles qui existent proposent sans difficulté une structure d’accueil »(Bechade, Ibid.). Ces subordonnées jouissent d’une certaine mobilité dans la phrase. Elles sont classées par la nuance de sens particulier qu’elles expriment. On distingue généralement sept types de subordonnées circonstancielles à savoir les temporelles, les causales, les finales, les consécutives, les concessives, les hypothétiques et les comparatives. Certains grammairiens ajoutent à cette liste les locatives. Certains grammairiens, dont Sandfeld (1965), parlent de propositions adverbiales qui englobent, en plus de celles citées ci-dessus, les propositions de proportion. Quant à Wagner et Pinchon (1962), ils ajoutent à cette liste les propositions d’addition et d’exception. 3- Critères d’identification a- Critère sémantique 143
Le classement des subordonnées circonstancielles se base sur les catégories logiques comme la cause, le but, la comparaison, etc. Toutefois, la correspondance entre compléments circonstanciels et subordonnées circonstancielles n’est pas totale. En fait, le lieu, par exemple, est exprimé par une relative ou par un syntagme prépositionnel : (10) Le restaurant [où nous avons mangé hier] est fermé. (11) P1 : le restaurant est fermé. (12) P2 : Nous avons mangé dans ce restaurant hier. Il en va de même pour la subordonnée causale qui peut se transformer facilement en un syntagme prépositionnel (SP), (13) Il ne travaille pas bien parce qu’il est paresseux. (14) Il ne travaille pas bien par paresse. En revanche, la condition ne peut être rendue que par une subordonnée circonstancielle, c’est ce que nous pouvons constater à partir de (13) : (13) : Si tu travailles bien, tu réussiras Ainsi, si les compléments circonstanciels sont très variés et diversifiés, le nombre des subordonnées circonstancielles ne dépasse pas sept. Il en résulte que le critère sémantique ne permet pas, à lui seul, d’établir un classement fiable et définitif, d’où l’importance du critère syntaxique et formel. b- Critère syntaxique -Les propositions subordonnées circonstancielles sont, généralement, des constituants facultatifs. Elles ne sont pas sélectionnées par le verbe et elles ne sont pas des expansions du sujet :
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(15) [Si tu aimes le miel], ne crains pas les abeilles. Les constituants de la principale, c’est-à-dire le sujet - qui n’est pas réalisé lexicalement du moment que le verbe est à l’impératif - et le SV [ne crains pas les abeilles], ne sont ni complétés ni explicités par ceux de la subordonnée [si tu aimes le miel]. Le test de l’effacement le montre bien : (16) Ne crains pas les abeilles. En
termes
de
représentation
arborescente,
la
subordonnée
circonstancielle correspond à un SP rattaché à P, c’est-à-dire provenant directement du nœud majeur P. -Elles assument la fonction complément circonstanciel selon la grammaire traditionnelle. Nous pouvons les appeler des subordonnées modifieurs de la phrase puisqu’elles ont une fonction secondaire et non primaire : (17) Il m’a contacté [lorsqu’il est arrivé]. (Proposition subordonnée : conjonction de subordination (lorsque) + sujet(il)+prédicat (est arrivé)). (18) Il m’a contacté lors de son arrivée. (SP : lors de son arrivée). Donc, la même fonction syntaxique est rendue par deux constituants de natures différentes : une proposition subordonnée et un syntagme prépositionnel. - Des propositions subordonnées : la subordonnée circonstancielle est une proposition, c’est-à-dire qu’elle est construite autour d’un verbe et qu’elle est, de ce fait, constituée d’un sujet et d’un prédicat. (19) [Quand il tonne en avril] prépare tes barils.
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En plus du subordonnant quand, la subordonnée est constituée du sujet il, du verbe tonne et du complément prépositionnel en avril. - La place de la subordonnée circonstancielle : d’une manière générale, une proposition subordonnée circonstancielle n’occupe pas une place fixe, elle est soit antéposée à la principale, comme c’est le cas dans (20), soit, elle lui est postposée, comme c’est le cas de (21). Elle peut être qualifiée de mobile : (20) [Situ crains la solitude], n’essaie pas d’être juste(Jules Renard, Journal). (21) Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions [si le monde voyait tous les motifs qui les produisent].(La Rochefoucauld). Mais, il existe des circonstancielles qui ne sont pas mobiles, elles sont toujours placées après la principale comme c’est le cas des comparatives : (22) L’entêtement représente le caractère, à peu près [comme le tempérament représente l’Amour]. (Chamfort, Maximes et pensées.) 4- Mots introducteurs a- Conjonctions simples: quand, si, comme. (23) [Quand on n’aime pas trop], on n’aime pas assez.(BussyRabuttin). (24) [Si cette parole d’un sage : [Quand tu doutes], abstiens-toi, est la plus belle maxime de la morale], elle est aussi la première en métaphysique. (Rivarol).
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(25) L’absence diminue les médiocres passions, et augmente les grandes, [comme le vent éteint les bougies et allume le feu]. (La Rochefoucauld).
b- Conjonctions composées - Prép + que : avant que, pendant que, après que, depuis que, dès que, sans que, malgré que, pour que, etc. (26) Il arrive quelques fois qu’une femme cache à un homme toute la passion qu’elle sent pour lui, [pendant que, de son côté, il feint pour elle toute celle qu’il ne sent pas]. (La Bruyère). (27) [Dès que j’ai eu fait connaissance], j’ai passé, presque sans milieu, jusqu’au mépris. (Remy de Gourmont). (28) L’amitié rompue ne se renoue point [sans que le nœud paraisse]. - Prép + ce + que : jusqu’à ce que, parce que, etc. (29) L’honnêteté est la plus grande de toutes les malices, [parce que c’est la seule que les malins ne prévoient pas]. (Alexandre Dumas Fils). - Locution prépositionnelle + que : à moins que, à condition que, de peur que, de crainte que, sous prétexte que, dans l’idée que, etc. (30) J’irai vous voir demain, [à moins qu’il ne pleuve]. Le subordonnant attesté dans (30) est constitué de la locution prépositionnelle à moins suivie de la conjonction que. Certaines conjonctions composées ont une origine historique« plus ou moins perdue » et « sont difficilement analysables en synchronie : pourvu que, puisque (avec soudure graphique), sitôt que, si bien que,
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de (telle) sorte que, tandis que, cependant que, tant que, maintenant que. » (Riegel, Pellat et Rioul, (2009) : 843) : (31) Nous sommes tous des ratés, [puisque ça finit par la mort].(Georges Simenon). (32) Inutile de s’étonner si les nations n’ont de grands hommes que malgré elles, [puisque seuls connaissent la gloire ceux qui savent adapter leur esprit avec la sottise nationale]. (Charles Baudelaire). (33) Pierre chante tandis que sa petite sœur fait ses devoirs. - Locutions formées par un gérondif : en attendant que, en supposant que, en admettant que, etc. (34) [En admettant que tu réussisses], quels sont tes projets pour l’avenir ? - Locutions formées d’une Prép + Nom + où/que : du moment où, au cas où, (à) chaque fois que, le temps que, etc. (35) [Au cas où vous auriez changé d’avis], n’oubliez pas de me prévenir.
5- Les temporelles Définition La
subordonnée
temporelle
est
une
proposition
conjonctive
circonstancielle introduite par une conjonction ou une locution conjonctive de subordination exprimant le temps. Sa fonction est complément circonstanciel de temps. Elle établit un rapport d’antériorité, de postériorité ou de simultanéité avec le verbe principal. Les Bidois affirment que les temporelles « justifient sans doute le mieux le nom de « circonstancielles ». C’est, en effet, une 148
« circonstance », au sens propre, qu’elles énoncent, à savoir une indication qui, en ce qui concerne l’action (ou l’état), n’est relative ni à sa cause, ni à sa fin, ni à sa conséquence, ni à aucun autre rapport logique, mais simplement à sa manière d’être chronologique, c’est-àdire relative soit au temps astronomique, soit à la durée. » (Les Bidois,1967 :412.) Les mots subordonnants qui l’introduisent Les conjonctions introduisant une subordonnée temporelle sont les suivantes : quand, lorsque, comme, pendant que, tandis que, cependant que, tant que, aussi longtemps que, à mesure que, toutes les fois que, chaque fois que, alors que, à peine que, avant que, après que, jusqu’à ce que, d’ici à ce que, dès que, aussitôt que, sitôt que, de plus loin que, une fois que, depuis que, du plus loin que, depuis le temps que, maintenant que, à présent que, le temps que, du plus loin que, pas plutôt … que, il y a…que, voici … que, etc. Les temporelles sont introduites par une conjonction de temps indiquant que le fait exprimé par la principale est relativement un fait : - Soit antérieur : L’antériorité suppose deux faits (actions) dont l’un se produit, se produira ou s’est produit avant l’autre. Généralement, « Quand ce rapport [antériorité] est exprimé par une principale et une subordonnée (ou une infinitive), c’est le fait contenu dans la principale, qui, en réalité, est antérieur à l’autre. Ainsi, quand la Bruyère déclare : « Il faut rire avant d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. », il entend que le rire (action de la principale) doit précéder l’état de bonheur (subordonnée) : l’action antérieure n’est pas celle amenée par avant, mais la principale du début. La
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phrase peut donc s’analyser ainsi : il faut rire avant et être heureux après (si l’on peut) ». (Les Bidois, ibid. 442). L’antériorité est marquée par les conjonctions suivantes : avant que, ne…que, d’ici à ce que, le temps que, d’ici que, en attendant que, jusqu’à ce que, jusqu’au moment où, etc. (36) [J’irai le voir] [avant qu’il ne parte]. La phrase peut être interprétée de la manière suivante : la rencontre aura lieu à 10h ; quant au départ, il sera à 11h (J’irai le voir à 10h, il partira à 11h). - Soit simultané : Les évènements se produisent en même temps. Mais « la coïncidence dans le temps des deux faits quelconques se produit de plusieurs manières : deux actions ou deux états peuvent être complètement ou partiellement simultanés ou bien ils se suivent plus ou moins immédiatement » (Sadenfeld, 1965 : 260). Pour exprimer la simultanéité, on utilise généralement les subordonnants suivants : quand, lorsque, au moment où, comme, pendant que, tandis que, en même temps que, aussi longtemps que, à mesure que, à chaque fois que, toutes les fois que, tant que, etc. (37) Je l’ai vu [lorsque je suis passé à Paris]. (38) Amusons-nous [pendant que nous sommes jeunes](L. Daudet). Pendant que et tandis que marquent la durée indéterminée d’une action ou d’un état avec lesquels coïncident une autre action ou un autre état. -Soit postérieur : On dira qu’il y a postériorité quand la proposition principale marque une action postérieure à celle de la subordonnée. Ce rapport peut être rendu par les conjonctions quand et lorsque : 150
(39) [Lorsque Fabrice eut fait sa première communion], … elle obtint du Marquis la permission… » Stendhal. Pour exprimer la postériorité, le français utilise des conjonctions qui rendent de soi ce rapport, il s’agit des suivantes : après que, dès que, aussitôt que, si tôt que, du plus loin que, d’aussi loin que, depuis que, une fois que, à peine que, maintenant que, à présent que, depuis que, etc. (40) [Aussitôt que la séance fut levée], tout le monde est parti. Mode Les temporelles qui indiquent la simultanéité ou la postériorité se mettent à l’indicatif ou au conditionnel : (41) [Quand vous aurez fini], vous partirez. Celles qui indiquent l’antériorité du fait exprimé par la principale se mettent au subjonctif. Ce mode est employé après : avant que, jusqu’à ce que, d’ici que, d’ici à ce que, en attendant que, aussi loin que, d’aussi loin que, etc. (42) [D’ici à ce que tu aies l’âge de travailler], les conditions auront changé. Pour marquer un fait réel, on emploie : jusqu’au moment où, avant le moment où, en attendant le moment où suivies de l’indicatif. D’une manière générale, le mode verbal est l’indicatif (cf. simultanéité et postériorité), sauf lorsque le fait exprimé par la principale n’est qu’envisagé. Toutefois, il arrive que la conjonction après que soit suivie du subjonctif même si le fait est déjà accompli, ce qui devrait être incompatible, normalement, avec la valeur du subjonctif, mais il n’en est rien : (43) Il faut bonne mémoire [après qu’on a menti](Corneille). 151
Après que est suivi de l’indicatif, le verbe mentir étant au passé composé : a menti. Cependant, dans (44), par analogie avec avant que, après que devrait normalement être suivi d’un verbe à l’indicatif, mais il n’en est rien, le verbe céder étant au subjonctif : (44) Il s’est arrêté de pleurer [après que ses parents lui aient cédé]. 6- Les causales Les circonstancielles causales sont introduites par des conjonctions ou des locutions conjonctives indiquant la cause ou le motif qui est à l’origine de l’action exprimée dans la principale. Elles sont introduites par comme, parce que, puisque, du moment que, attendu que, vu que, d’autant que, dès lors que, à preuve que, étant donné que, disant que, etc. Non que et sous prétexte que sont employées pour repousser une cause. Quant à soit que…soit que, elle sert à présenter une alternative : (45) Il s’arrêta, non qu’il fût à bout d’arguments, mais parce qu’il était fatigué. La conjonction que peut introduire une proposition subordonnée causale : (46) Vous devez faire cela [parce que le devoir l’impose et que votre réputation l’exige]. (46) est constituée de la principale vous devez faire cela et de deux subordonnées coordonnées par la conjonction de coordination et : Subordonnée causale1 : parce que le devoir l’impose. Subordonnées causale2 : que votre réputation l’exige. Pour éviter la répétition de la locution conjonctive parce que, la deuxième occurrence a été remplacée par la conjonction que.
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Remarque : si (hypothèse) et pour que (but) peuvent exprimer la cause, comme l’illustrent (47) et (48) : (47) Comment l’aurais-je su si je n’étais pas né ? (48) Pour qu’on l’ait puni avec tant de rigueur, il doit avoir commis une bien grande faute. Le verbe de la proposition subordonnée causale est toujours à l’indicatif, car le fait qu’elle exprime est un fait réel. Cependant, elle peut être au conditionnel : (49) N’agissez pas de cette façon [parce que vous le regretteriez après]. Le verbe se met au subjonctif après les locutions causales négatives qui servent à rejeter une fausse cause: non que, non pas que, non point que, ce n’est pas que. (50) Il s’arrêta, non qu’il fût à bout d’arguments, mais parce qu’il était fatigué. L’emploi de l’infinitif est possible quand les deux propositions ont un sujet identique. On emploie alors: faute de, sous prétexte de, pour, etc. (51) Il a été puni [pour avoir mal agi]. (52) Il a été puni [parce qu’il avait mal agi].
7- Les finales Elles sont introduites par des conjonctions qui marquent le but, ou l’intention qui oriente l’action exprimée par la principale, elles envisagent ainsi un résultat. Les mots subordonnants sont les suivants : afin que, à cette fin que, à seule fin que, pour que, de
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crainte que, par crainte que, dans la crainte que, de peur que, par peur que, de manière que, de manière à ce que, etc. (53) Il retient ses larmes [pour que sa mère ait moins de peine]. (54) Il se cache derrière un mur [de peur que son camarade le remarque]. Une proposition finale exprime un fait envisagé non comme une réalité mais comme une conception de l’esprit, une éventualité. C’est pourquoi elle se met au subjonctif, mode dont la valeur modale est la volonté : (55) Il s’est enfermé dans sa chambre [afin qu’on ne le dérange pas]. Quand les deux propositions ont un sujet identique, le verbe de la proposition subordonnée se met à l’infinitif: (56) Il s’est enfermé dans sa chambre afin de ne pas être dérangé. On emploie l’infinitif devant: en vue de, dans l’intention de, dans le but de, affaire de, faute de, crainte de, de peur de, etc. Le sujet du verbe de la principale est identique à celui du verbe de la subordonnée. Ces expressions marquent l’intention avec une nuance de causalité : (57) Je lui ai dit, [façon de plaisanter], que je ne voulais plus le voir. (58) Je lui ai dit, [pour plaisanter], que je ne voulais plus le voir. (59) Je lui ai dit, [car je voulais juste plaisanter], que je ne voulais plus le voir. 8- Les consécutives Les propositions subordonnées de conséquence ou les consécutives sont introduites par des locutions conjonctives indiquant un fait qui est 154
la conséquence réelle ou possible de l’action exprimée dans la principale. Cette notion est étroitement liée à la cause, car les deux comportent la cause et l’effet. (60) Il dort [parce qu’il est très fatigué]. (61) Il est très fatigué [de telle sorte qu’il dort]. Alors que dans une causale, l’accent est mis sur la cause, en ce sens que la principale dans (60) exprime une idée (dormir) dont la cause est citée dans la subordonnée (être fatigué), dans une subordonnée consécutive, le cas de (61), on met en dépendance l’effet. Mots subordonnants - De manière : de sorte que, de telle sorte que, en sorte que, de telle façon que, de manière que, de telle manière que, si bien que, etc. (62) Ces problèmes empoisonnent sa vie [de telle sorte qu’elle néglige sa famille]. - D’intensité : au point que, tant…que, tellement…que, trop… pour que, assez…pour que, si…que, tant de…que, etc. (63) Il a bu au point qu’il est tombé par terre. (64) Elle était triste, si triste qu’à la voir sur le seuil de sa maison, elle vous faisait l’effet d’un drap d’enterrement tendu devant la porte. (G. Flaubert, Mme Bovary). Sans que exprime la négation et sert à écarter un fait qui en est, normalement, la conséquence naturelle : (65) Les dents lui poussèrent sans qu’il pleure une seule fois. (66) La taille de ce monstre est telle que tout le monde eut peur.
Mode
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L’indicatif est employé quand la conséquence est présentée comme un fait réel : (67) Les enfants font un tel bruit que je ne peux pas travailler. Le conditionnel est employé quand la conséquence est présentée comme une éventualité : (68) La soirée s’est passée de telle manière que les femmes les plus tristes seraient contentes. Le subjonctif est employé quand la consécutive est considérée comme une intention, un but à atteindre, généralement après : assez pour que, de façon à ce que, de manière à ce que, trop…pour que, suffisamment…pour que. (69) Faites les choses de manière que chacun soit content. Le verbe de la subordonnée se met au subjonctif après :Au point que, si que, tant que, tellement que, tel que. Dans ce cas, la principale est soit négative, soit interrogative : (70) Il n’est pas malade au point qu’il garde le lit. (71) Est-il malade au point qu’il garde le lit ? Le verbe se met à l’infinitif quand le sujet de la subordonnée est identique à celui de la principale : (72) Il est trop poli pour qu’il soit honnête. (73) Il est trop poli pour être honnête. 9- Concessives et oppositives La subordonnée d’opposition est une proposition circonstancielle dite également concessive. La terminologie varie d’une grammaire à l’autre. Toutefois, « si différentes que soient, théoriquement, la concession et l’opposition, dans la pratique, et aussi dans la langue, elles sont parfois si voisines qu’il est difficile alors de les bien 156
distinguer. Rarement la concession apparait pure de toute opposition. De son côté, l’opposition se décèle souvent comme impliquant, au fond, quelque concession, ou comme toute prête à y glisser. » (Les Bidois, ibid. 500). L’opposition qui se manifeste entre deux faits varie suivant la nature que ceux-ci entretiennent : - Opposition simple : on parle d’opposition simple quand il y a coexistence de deux faits indépendants qui s’opposent. En d’autres termes, les deux faits existent simultanément, d’où le recours aux conjonctions exprimant le temps : (74) Marie est intelligente tandis que Jean est un peu stupide. - Opposition concessive : on parle d’opposition concessive quand il y a coexistence de deux faits dont l’un devrait empêcher la réalisation de l’autre : (75) Bien qu’il ait plu ces derniers jours, la récolte n’est pas bonne. Ainsi, quand il pleut, la récolte devrait être bonne. Autrement dit, la pluie empêche normalement la mauvaise récolte. La réalisation des deux (pluie et mauvaise récolte) crée ce rapport de concession. La subordonnée oppositive ou concessive est rendue par les subordonnants suivants :
- Locutions conjonctives : alors que, encore que, loin que, au lieu que, bien que, quoique, malgré que, même si, quand, quand même, quand bien même, tandis que, pendant que, sans que, malgré que, tout…que, si…que, pour… que, quelque… que, au lieu que, loin que, cependant que, etc. 157
(76) Quelque élevés qu’ils soient, ils sont ce que nous sommes. (JB. Rousseau). (77) Le Directoire a beau lui tracer sa voie, il marche dans la sienne. (Alexandre Dumas). (78) Il était généreux, quoiqu’il fût économe. (Victor Hugo). (79) Ils tentent un nouveau traitement encore qu’il y ait très peu de chance de le sauver. (80) Quand bien même seraient doublées, elles resteraient insuffisantes. - Les locutions intensives : o Tout + adj + que o Si + adj ou adv +que o Quelque…que o Pour…que. Elles permettent de mettre en valeur le caractère d’opposition d’un élément de la phrase, celui-ci se place en tête de la phrase : (81) Tout riche qu’il soit, il vit modestement. (82) Si moins qu’il soit, un cheveu fait de l’ombre. (83) Quelque désir que j’eusse de faire la paix, les conflits continuent. - Les relatifs indéfinis : Quel que soit (84) Quelle que soit la marque, une voiture reste chère. - La conjonction que : (85) Que des gens soient tués, notre combat continuera. L’emploi du subjonctif est le plus fréquent même quand il s’agit d’un fait réel. Ceci trouve son explication dans le fait que « si, d’une part, la concession implique toujours quelque effort de l’esprit ou une 158
intervention de la sensibilité, - et si, d’autre part, l’opposition déclenche naturellement ce ressort de la volonté qui met en jeu le subjonctif – l’emploi de ce mode dans la phrase d’oppositionconcession semble parfaitement justifié » (Les Bidois, ibid. 508) : (86) Quoique nous soyons en plein été, la température est douce. Le conditionnel est employé lorsque la subordonnée exprime une éventualité mais également après : quand, alors que, lorsque, pendant que, cependant que, tandis que : (87) Vous reculez alors qu’il faudrait avancer. L’indicatif est employé après : même si, excepté si, sauf si, etc. (88) Même si tu me tues, je ne reculerai pas. L’infinitif est employé après : pour, au lieu de, loin de, les deux sujets sont identiques. (89) Pour avoir passé deux nuits sans sommeil, vous n’avez pas l’air fatigué. 10- Les hypothétiques Une phrase est dite hypothétique lorsqu’un de ses éléments exprime une supposition qui est également la condition d’un fait qui suit. Sur le plan sémantique, la condition signifie selon le Petit Robert « Etat, situation, fait dont l’existence est indispensable pour qu’un autre état, un autre fait existe. ». Une subordonnée hypothétique exprime donc une hypothèse, une supposition ou une condition dont dépend la réalisation de l’action/procès exprimés par le verbe de la principale. Ainsi, la subordonnée énonce la supposition ; quant à la principale, elle exprime le résultat d’une telle supposition. En d’autres termes, les deux propositions sont liées par un lien sémantique à savoir la 159
condition, lien qui est explicité par une conjonction de subordination mettant en relief cette relation. Toutefois, la principale et la subordonnée peuvent entretenir deux rapports distincts. Le premier est un rapport de cause à effet. La subordonnée pose une condition et la principale en est la conséquence, le cas de (90). Alors que le deuxième n’énonce aucune condition, et par conséquent, les deux faits (celui de la principale et celui de la subordonnée) sont simplement rapprochés, le cas de (91). (90) Si vous lui rendez visite, il sera content. (91) Si tu le rencontres, ne lui raconte rien. En somme, on parlera d’hypothèse lorsque la subordonnée énonce la condition de la réalisation de la principale : (92) S’il fait beau aujourd’hui, nous partirons en voyage. Partir en voyage dépend du temps qu’il fera. La négation s’applique aux deux propositions : (93) S’il ne fait pas beau aujourd’hui, nous ne partirons pas en voyage. Mots introducteurs
Les hypothétiques sont introduites par des locutions ou des conjonctions impliquant une hypothèse ou une condition dont dépend la réalisation de l’action exprimée par la principale : - Si, pourvu que, pour peu que, à supposer que, en supposant que, pour peu que, soit que…soit que, que ou que, selon que, suivant que…ou que, en admettant que, à condition que, à moins que, en cas que, au cas où, dans le cas où, pour le cas où, dans l’hypothèse où, etc. 160
(94) Qu’il fasse beau ou qu’il pleuve, je partirais en voyage. (95) Au cas où tu aurais changé d’avis, préviens-moi. - Que: (96) Qu’on le chasse par la porte, il reviendra par la fenêtre. (97) Que tu aies raison ou que tu aies tort, je ne changerai pas d’avis. - Supposition nuancée de regret ou de désir : si seulement, encore si, si encore : (98) Si seulement je pouvais vous venir en aide. (99) Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. Temps et modes Le verbe de la subordonnée n’est jamais au futur : (100) *Si tu travailleras bien, … Il en va de même pour le conditionnel : (101) *Si tu travaillerais bien, … Quand si est suivi du présent de l’indicatif, le verbe de la subordonnée se met au présent, au futur ou à l’impératif : (102) Si tu parles, tu es mort. (103) Si tu es sage, tu auras une récompense. (104) Si tu viens, ne viens pas seul. Cette conjonction peut être suivie du passé composé, dans ce cas, son corrélatif est le présent : (105) Si tu ne l’as pas rencontré, il l’espère toujours. La conditionnelle, dans les différents cas passés en revue, envisage les faits dans leur réalité, il s’agit d’une hypothèse simple et envisageable. Par ailleurs, si est suivi de l’imparfait de l’indicatif, le verbe de la principale se met au conditionnel présent : 161
(106) Si la télé tombait en panne, je la réparerais. (107) Si j’étais à la place de jean, j’agirais autrement. Ces deux temps (imparfait et conditionnel) présentent les faits comme étant incertains. Seul le contexte déterminera s’il s’agit d’une éventualité qui se réalisera (potentiel de la grammaire traditionnelle) ou, au contraire, d’un fait qui ne se réalisera pas (l’irréel du présent selon la grammaire traditionnelle). Quand si est suivi du plus-que-parfait, la principale présente un conditionnel passé : (108) Si j’avais été à ta place, j’aurais agi autrement. (109) S’il avait plu, la récolte aurait été bonne. Les deux faits sont écartés (il n’a pas plu et la récolte n’a pas été bonne). Selon la grammaire traditionnelle, on parlera de l’irréel du passé. En dehors de si, le verbe de la subordonnée est généralement au subjonctif quand la conjonction se termine par que : (110) Petit poisson deviendra grand, pourvu que Dieu lui prête vie (La Fontaine). Toutefois, même si certaines locutions conjonctives se terminent par que, elles sont suivies de l’indicatif ; c’est le cas de selon que, suivant que, etc. (111) La pluie, la neige, la gelée, le soleil devinrent ses ennemis ou ses complices, selon qu’ils nuisaient ou qu’ils aidaient à sa fortune. (Mauriac). Le conditionnel exprimant une éventualité accompagne au cas où et ses variantes : dans le cas où, pour le cas où, dans l’hypothèse où : (112) Au cas où une complication se produirait, fais-moi venir. 162
11- Les comparatives Elles
indiquent
un
rapport
de
conformité
(ressemblance/
dissemblance), d’équivalence et de variation proportionnelle (quantité et qualité) entre les faits exprimés dans la principale et dans la subordonnée. Elles établissent des rapports de comparaison entre deux faits indépendants en utilisant des adverbes et des conjonctions. Toutefois, sur le plan syntaxique, elles se distinguent des autres subordonnées par les propriétés suivantes : - La comparaison s’établit entre des éléments verbaux mais également entre des éléments nominaux. - Les propositions subordonnées de comparaison ne sont pas des subordonnées pour autant. En effet, « la phrase comparative peut être tenue pour un point avancé du système de la coordination. Ou plutôt elle relève de l’un et de l’autre système, selon le mode de la comparaison et le rapport qu’il s’agit d’établir entre les choses comparées. » (Les Bidois, ibid. 250). Les mots sont : Comme, d’autant plus… que, moins que, tels que, ainsi que, autant que, plus que, moins que, pire que, à mesure que, aussi que, autre que, d’autant que, davantage que, de même que, le même que, etc. (113) J’agirai comme j’ai toujours fait en pareil cas. (114) Son accident est moins grave qu’on ne le croit. Le verbe peut ne pas être répété dans le second terme de la comparaison. La grammaire traditionnelle considère les propositions comme des subordonnées elliptiques de comparaison : (115) Ils jouaient comme des enfants.
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D’une manière générale, le système de la comparaison est soit en que, soit en comme : (116) Tu es devenu plus élégant que tu ne l’as jamais été. (117) Il est aussi vif que tu es lent. (118) Comme on fait son lit, on se couche. (119) Il a agi comme je le lui avais dit. (120) Il agit comme s’il était le seul concerné par cette affaire. 12- Exercices d’application Exercice 1 Classez et analysez les différentes circonstancielles dans les phrases suivantes : 1- L’admiration est un sentiment qu’on éprouve quand on se regarde devant un miroir. (Pierre Véron). 2- Si vous voulez vous faire des ennemis, surpassez vos amis ; mais si vous voulez vous faire des alliés, laissez vos amis vous surpasser. 3- L’amandier était le symbole de l’imprudence, parce que sa floraison trop hâtive l’expose aux gelées du printemps ; et le mûrier celui de la prudence parce qu’il fleurit sans risque à une époque plus tardive. 4- L’argent est toujours bien venu, quoiqu’il arrive dans un torchon sale. 5- Pour arriver, il faut mettre de l’eau dans son vin jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de vin. 6- Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir. (Pascal, Pensées). 7- Les vertus se perdent dans l’intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer. (La Rochefoucauld, Maxime).
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8- La culture, c’est ce qui demeure dans l’homme lorsqu’il a tout oublié. (Emile Henriot) 9- Je hais si fort le despotisme que je ne puis souffrir le mot ordonnance du médecin. 10- Sitôt que les hommes sont en société, ils perdent le sentiment de leur faiblesse. (Montesquieu) Eléments de réponse L’analyse des circonstancielles prend en considération les points suivants : -
Les limites des propositions principale et subordonnée. Le mot subordonnant et sa nature. La fonction de la subordonnée. Le mode du verbe de la subordonnée.
A- Les subordonnées temporelles - Occurrences : 1- L’admiration est un sentiment qu’on éprouve [quand on se regarde devant un miroir]. 6- Nous courons sans souci dans le précipice, [après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir]. 10- [Sitôt que les hommes sont en société], ils perdent le sentiment de leur faiblesse. 8- La culture, c’est ce qui demeure dans l’homme [lorsqu’il a tout oublié]. 5- Pour arriver, il faut mettre de l’eau dans son vin [jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de vin]. Sur le plan syntaxique, les subordonnées temporelles assument la fonction complément circonstanciel de temps, elles méritent ainsi d’être appelées des circonstancielles puisque, d’un point de vue sémantique, elles véhiculent une information relative aux circonstances dans lesquelles le fait exprimé par la principale a lieu. Donc, toutes ces subordonnées sont effaçables comme le montre l’application de ce test :
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1- L’admiration est un sentiment qu’on éprouve. 6- Nous courons sans souci dans le précipice. 10- Ils perdent le sentiment de leur faiblesse. 8- La culture, c’est ce qui demeure dans l’homme. 5- Pour arriver, il faut mettre de l’eau dans son vin. Le mot introducteur est une conjonction dans (1) : quand. C’est une locution conjonctive dans (5), (6), (8) et (10) : jusqu’à ce que, après que, lorsque et sitôt que. Le classement des temporelles se fait en fonction du rapport entre les deux propositions, c’est-à-dire, selon que le fait décrit dans la subordonnée est antérieur, simultané ou postérieur par rapport à celui de la principale. - Simultanéité : 1- L’admiration est un sentiment qu’on éprouve [quand on se regarde devant un miroir]. Les deux faits éprouver le sentiment de l’admiration et se regarder dans le miroir ont lieu en même temps, ils sont donc simultanés. Si on peut admettre que les deux sont séparés par quelques secondes, on ne pourrait, en revanche, parler de postériorité puisque les deux évènements coïncident. En plus, les verbes des deux propositions sont au présent de l’indicatif (on éprouve, on se regarde)et le subordonnant quand peut être remplacé par à chaque fois que : L’admiration est un sentiment qu’on éprouve à chaque fois qu’on se regarde dans le miroir. - Antériorité : 5- Pour arriver, il faut mettre de l’eau dans son vin [jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de vin]. Parler d’antériorité signifie que, comme nous l’avons vu plus haut, le fait exprimé par la principale a ou aura lieu avant le fait exprimé par la subordonnée : l’ajout de l’eau dans son vin a lieu avant l’absence du vin. Dans ce cas, plusieurs conjonctions/locutions de conjonction peuvent être employées dont la locution jusqu’à ce que. Le verbe de la subordonnée est au subjonctif, car l’action qu’il exprime n’a pas 166
encore lieu, elle est juste envisagée. Il en résulte que l’emploi de l’indicatif est impossible dans ce cas, d’où le recours au subjonctif. - Postériorité : 6- Nous courons sans souci dans le précipice, [après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir]. 10- [Sitôt que les hommes sont en société], ils perdent le sentiment de leur faiblesse. 8- La culture, c’est ce qui demeure dans l’homme [lorsqu’il a tout oublié]. Les faits exprimés dans les trois propositions principales sont postérieurs à ceux des subordonnées : - Mettre quelque chose devant nous et ensuite courir dans le précipice. Donc, courir dans le précipice passe après avoir mis quelque chose devant nous. - Être en société et ensuite perdre le sentiment de la faiblesse : les hommes perdent le sentiment de leur faiblesse après qu’ils sont en société. - La culture demeure après avoir tout oublié. Les verbes des trois subordonnées sont à l’indicatif étant donné qu’il s’agit d’un lien de postériorité et que les actions/procès qu’ils expriment ont lieu avant ceux des principales : nous avons mis, les hommes sont et il a oublié. B- Les subordonnées hypothétiques - Occurrences 2- [Si vous voulez vous faire des ennemis], surpassez vos amis ; mais [si vous voulez vous faire des alliés], laissez vos amis vous surpasser. La condition est une relation d’implication logique entre deux faits, chacun étant exprimé dans une proposition : la subordonnée et la principale. Ainsi, la réalisation du fait exprimé par cette dernière est conditionnée par la réalisation du fait exprimé par la subordonnée : [Si tu ne fais pas tes devoirs], tu seras puni. 167
L’implication est réciproque dans ce cas. Donc, [Si tu fais tes devoirs], tu ne seras pas puni. Une conditionnelle est une proposition circonstancielle, elle n’est donc pas attachée au SV et elle occupe une place mobile : [Si vous voulez vous faire des ennemis], surpassez vos amis. Surpassez vos amis [si vous voulez vous faire des ennemis]. [Si vous voulez vous faire des alliés], laissez vos amis vous surpasser. Laissez vos amis vous surpasser [si vous voulez vous faire des alliés]. Si est suivi du présent de l’indicatif : si vous voulez, dans les deux propositions. Quant au verbe de la proposition principale, il est à l’impératif : surpassez et laissez. C- Les subordonnées concessives - Occurrences 4- L’argent est toujours bien venu, [quoiqu’il arrive dans un torchon sale]. La subordonnée de concession est un complément prépositionnel non intégré au SV, sa fonction est modifieur de P ; elle est, de ce fait, déplaçable : [Quoiqu’il arrive dans un torchon sale], l’argent est toujours bien venu. L’analyse d’une concessive laisse voir le rapport entre la concession et la cause. En fait, « la concession se définit comme un rapport d’implication nié. Traditionnellement, on parlait de cause inopérante : la cause attendue ne se produit pas » (Leca-Mercier, 2015 : 227). Ce qui est nié dans ce type de phrase complexe, ce n’est pas le contenu de la proposition subordonnée mais plutôt celui de la principale. En fait, (4) peut être paraphrasée comme suit : quand l’argent arrive dans un torchon sale, il ne doit pas être le bienvenu, mais il n’en est rien puisque l’argent est bien venu même quand il arrive dans un torchon sale. Le subjonctif est le mode qui est employé dans la plupart des concessives, ceci est dû au fait que la relation d’implication entre la 168
principale et la subordonnée est niée. En d’autres termes, cette relation étant rejetée, elle ne peut être rendue par l’indicatif, mode des faits qui sont vrais, mais par le subjonctif. D- Les subordonnées consécutives - Occurrences 9- Je hais si fort le despotisme que je ne puis souffrir le mot ordonnance du médecin. Une consécutive se rattache généralement à un constituant de la principale : un adjectif, un adverbe, un verbe ou un nom. Dans le cas que nous analysons, elle se rattache à un adverbe (fort). Par conséquent, elle n’est pas mobile, elle occupe une place fixe, en l’occurrence après la principale. Elle est introduite par la conjonction que qui est en corrélation avec un élément de la principale, à savoir si (…si…que…). La conséquence est rendue à travers le haut degré de l’intensité atteint par un élément de la principale. Ainsi, la réalisation de la conséquence « ne pas souffrir le mot ordonnance du médecin » dépend du haut degré de l’adverbe fort. Il en résulte que l’adverbe si « crée une attente qui se trouve résorbée dans la subordonnée » (ibid. 231). La conséquence dans le cas que nous analysons est donnée comme réalisée. En fait, ne pas pouvoir souffrir l’ordonnance du médecin est présenté comme un fait vrai, le mode du verbe est l’indicatif. E- Les subordonnées causales - Occurrences 1- L’amandier était le symbole de l’imprudence, [parce que sa floraison trop hâtive l’expose aux gelées du printemps] ; et le mûrier celui de la prudence [parce qu’il fleurit sans risque à une époque plus tardive]. Ce sont des propositions compléments circonstanciels non intégrés au SV. Donc, elles sont déplaçables. Les marques de la subordination dans ce cas sont la locution conjonctive parce que. Les deux faits, principal et subordonné, sont posés comme vrais ; on peut parler de relation de cause à effet :
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L’amandier est le symbole de l’imprudence, la cause en est sa floraison trop hâtive qui l’expose aux gelées du printemps. Sa floraison trop hâtive exposant aux gelées du printemps : cause. L’amandier était le symbole de l’imprudence : effet. Le mûrier est le symbole de la prudence, la cause en est sa floraison sans risque à une époque tardive. Sa floraison sans risque à une étape tardive : cause. Le mûrier était le symbole de la prudence : effet. En plus, une causale en parce que admet l’encadrement par c’est … que : C’est parce que sa floraison trop hâtive l’expose aux gelées du printemps que l’amandier était le symbole de l’imprudence. C’est parce qu’il fleurit sans risque à une époque plus tardive que le mûrier était le symbole de la prudence. Le mode d’une subordonnée causale relevant du domaine de ce qui est vrai est l’indicatif ; le subjonctif n’est employé que quand le fait est nié ou ne relevant pas du domaine de ce qui est vrai. Dans le cas que nous traitons, les faits exprimés par les deux subordonnées causales ne sont pas niés et ils sont présentés comme étant vrais, il en résulte que les deux verbes, exposer et fleurir, sont à l’indicatif : F- Les subordonnées comparatives - Occurrences 7- Les vertus se perdent dans l’intérêt, [comme les fleuves se perdent dans la mer]. La proposition de comparaison est introduite dans ce cas par la conjonction comme. Elle est constituée d’un verbe (se perdent), ce qui n’est pas toujours le cas puisqu’il existe des subordonnées comparatives elliptiques où le verbe est élidé pour éviter la répétition : Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer. On analyse ce type de phrase de deux manières différentes : - La phrase est elliptique : le verbe est sous-entendu dans ce cas (comme les fleuves se perdent dans la mer). Donc, il s’agit d’une 170
proposition subordonnée de comparaison dont la fonction est complément circonstanciel de comparaison. - La phrase n’est pas elliptique : le verbe n’est pas sous-entendu (comme les fleuves dans la mer). Donc, c’est un SP dont la fonction est complément circonstanciel. Exercice 2 Relevez et classez les circonstancielles du texte ci-dessous. Segmentez-les en principale et subordonnée, et soulignez le subordonnant. … à peine étions-nous en présence l’un de l’autre qu’il y avait en lui quelque chose de contraint que je ne pouvais m’expliquer, et qui réagissait sur moi d’une manière pénible. (…) Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort. Il est assez singulier que cette impression ne soit affaiblie précisément à mesure que les années se sont accumulées sur moi. Serait-ce parce qu’il y a dans l’espérance quelque chose de douteux, et que, lorsqu’elle se retire de la carrière de l’homme, cette carrière prend un caractère plus sévère, mais plus positif ? Serait-ce que la vie semble d’autant plus réelle que toutes les illusions disparaissent, comme la cime des rochers se dessine mieux dans l’horizon lorsque les nuages se dissipent ? (…) Je ne sais quel instinct m’avertissait, d’ailleurs, de me défier de ces axiomes généraux si exempts de toute restriction, si purs de toute nuance. Les sots font de leur morale une masse compacte et indivisible, pour qu’elle se mêle le moins possible avec leurs actions et les laisse libres dans tous les détails. Cette société d’ailleurs n’a rien à en craindre. Elle pèse tellement sur nous, son influence sourde est tellement puissante qu’elle ne tarde à nous façonner d’après le moule universel. Si quelques-uns échappent à cette destinée générale, ils renferment en eux-mêmes leur dissentiment secret ; ils aperçoivent dans la plupart des ridicules le germe des vices. (Benjamin Constant, Adolphe).
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Eléments de réponse - Subordonnées temporelles A peine étions-nous en présence l’un de l’autre qu’il y avait en lui quelque chose de contraint. Il est assez singulier que cette impression ne soit affaiblie précisément [à mesure que les années se sont accumulées sur moi]. [Lorsqu’elle se retire de la carrière de l’homme], cette carrière prend un caractère plus sévère. La cime des rochers se dessine mieux dans l’horizon [lorsque les nuages se dissipent]. - Subordonnées causales Serait-ce [parce qu’il y a dans l’espérance quelque chose de douteux]et [que, lorsqu’elle se retire de la carrière de l’homme, cette carrière prend un caractère plus sévère, mais plus positif] - Consécutives La vie semble d’autant plus réelle [que toutes les illusions disparaissent] Son influence sourde est tellement puissante [qu’elle ne tarde à nous façonner d’après le moule universel]. - Comparaison Toutes les illusions disparaissent, [comme la cime des rochers se dessine mieux dans l’horizon]. - Finales Les sots font de leur morale une masse compacte et indivisible, [pourqu’elle se mêle le moins possible avec leurs actions et les laisse libres dans tous les détails]. - Condition [Si quelques-uns échappent à cette destinée générale], ils renferment en eux-mêmes leur dissentiment secret Exercice 3 a- Relevez et classez les circonstancielles du texte. 172
b- Justifiez le mode du verbe de la subordonnée. Je me demande si je suis fou. En me promenant, tantôt au grand soleil, le long de la rivière, des doutes me sont venus sur ma raison, non point des doutes comme j’en avais jusqu’ici, mais des doutes précis, absolus (…) Certes, je me croirais fou, absolument fou, si je n’étais conscient, si je ne connaissais parfaitement mon état, si je ne le sondais en l’analysant avec une complète lucidité. (…) Hier, donc, le serrurier ayant posé ma persienne et ma porte de fer, j’ai laissé tout ouvert, jusqu’à minuit, bien qu’il commençât à faire froid. Tout à coup, j’ai senti qu’il était là, et une joie folle m’a saisi. Je me suis levé lentement, et j’ai marché à droite, à gauche, longtemps pour qu’il ne devinât rien ; puis j’ai ôté mes bottines et mis mes savates avec négligence ; puis j’ai fermé ma persienne de fer (…) Tout à coup, je compris qu’il s’agitait autour de moi, qu’il m’ordonnait de lui ouvrir. Je faillis céder ; je ne cédai pas, mais m’adossant à la porte, je l’entrebâillai tout juste assez pour passer, moi, à reculons ; et comme je suis très grand, ma tête touchait au linteau. (…) Je croyais déjà que le feu s’était éteint tout seul, ou qu’il l’avait éteint, lui, quand une des fenêtres d’en bas creva sous la poussée de l’incendie, et une flamme, une grande flamme rouge et jaune, longue, molle, caressante, monta le long du mur blanc et le baisa jusqu’au toit. Une lueur courut dans les arbres, dans les branches, dans les feuilles, et un frisson de peur aussi. (Guy de Maupassant, Le Horla). Eléments de réponse - Les temporelles Je croyais déjà que le feu s’était éteint tout seul, ou qu’il l’avait éteint, lui, [quand une des fenêtres d’en bas creva sous la poussée de l’incendie]. La proposition subordonnée décrit un fait réel, qui a effectivement lieu, c’est ce qui justifie l’emploi de l’indicatif. En fait, le verbe creva est conjugué au passé simple. 173
- Les causales [Comme je suis très grand], ma tête touchait au linteau. Comme il a été signalé supra, le verbe de la proposition subordonnée causale est toujours à l’indicatif, car le fait qu’elle exprime est un fait réel. En effet, la subordonnée relate un fait vrai (être de grande taille). - Les finales J’ai marché à droite, à gauche, longtemps pour qu’il ne devinât rien. Une subordonnée circonstancielle de but, comme son l’indique, exprime une intention, un objectif à atteindre. Il en résulte que le verbe de ce type de phrase est généralement au subjonctif. C’est le cas du verbe deviner qui est employé à l’imparfait du subjonctif devinât dans la phrase que nous analysons. - Les comparatives Des doutes me sont venus sur ma raison, non point des doutes [comme j’en avais jusqu’ici]. Dans ce cas, le mot subordonnant est la conjonction comme qui introduit une proposition située dans le domaine du réel ; par conséquent, le verbe de la subordonnée est l’indicatif : avais. - Les conditionnelles Je me croirais fou, absolument fou, [si je n’étais conscient], [si je ne connaissais parfaitement mon état], [si je ne le sondais en l’analysant avec une complète lucidité]. La proposition principale est suivie de trois subordonnées conditionnelles dont la conjonction est si et dont les verbes sont à l’imparfait : étais, connaissais, sondais. La condition peut ou peut ne pas se réaliser, il s’agit donc de ce que la grammaire traditionnelle appelle potentiel (Si + imparfait de l’indicatif + conditionnel présent). - Les concessives J’ai laissé tout ouvert, jusqu’à minuit, [bien qu’il commençât à faire froid]. Il s’agit d’une sorte de contradiction entre deux faits dont l’un dépend de l’autre. C’est le cas ici des deux faits exprimés dans les deux propositions : commencer à faire froid et laisser tout ouvert :
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Tout était laissé ouvert malgré le froid qui devrait conduire à tout fermer. Ainsi, cette contradiction entraine l’emploi du subjonctif dans la subordonnée qui devrait entrainer la non réalisation du fait de la principale. Exercice 4 (non corrigé) Classez et analysez les différentes circonstancielles dans les phrases suivantes : 1- On a l’ordre de lancer la fronde si l’ennemi s’avance en masse. 2- Oserai-je y repasser si je ne me défends pas en héros ? 3- Je fouille à l’aventure comme on fuit avec le canon. 4- Si j’avais un drapeau tricolore, je le planterais. 5- Si par hasard ce n’était rien, que deviendrais-je ? 6- Qu’on aille vite dire à ma mère que c’est grave pour qu’elle ne pense pas à me gronder. 7- Tout sera apaisé quand je serai guéri. 8- Je les trouve tous gais, les gens que je vois et que ma mère méprise parce qu’ils sont paysans, savetiers ou peseurs de sucre. 9- Si mon père m’avait promis cela, et, en plus de m’emmener loin de ma mère ! s’il m’avait pris avec lui, sans la redingote à olives et le chapeau tuyau de poêle, quel soupir de joie j’aurais poussé ! - à la porte seulement de peur que ma mère ne m’entendît et ne voulût me reprendre ! 10- Madame Vincent était contente quand son fils tirait un des sous de sa petite bourse pour le mettre dans la main d’un malheureux. 11- Elles n’osaient pas battre leur enfant, parce qu’elles auraient souffert de le voir pleurer ! Elles lui laissaient faire l’aumône, parce que cela faisait plaisir à leur petit cœur. 12- Je sentais si bien l’excellence des raisons et l’héroïsme des sentiments qui guidaient ma mère, que je m’accusais devant Dieu de ma désobéissance, 13- Dès qu’elle l’entendait, il fallait descendre
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14- J’entendais la conversation, non pas que je l’écoutasse, mais j’étais derrière la porte 15- Chaque fois que je le voyais préparer une farce, je tremblais 16- Elle sait bien qu’il me manque derrière l’oreille une mèche de cheveux, puisque c’est elle qui me l’a arrachée un jour. (Jules Vallès, L’enfant)
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une
définition
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contemporain :
les
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