Les Secrets de La Prestidigitation Robert-Houdin Jean-Eugène  [PDF]

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Les secrets de la prestidigitation et de la magie : comment on devient sorcier / Robert-Houdin

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Robert-Houdin, Jean-Eugène (1805-1871). Les secrets de la prestidigitation et de la magie : comment on devient sorcier / Robert-Houdin. 1868. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF. Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : - La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. - La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : - des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. - des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

LES SECRETS DE

LA PRESTIDIGITATION ET DE

LA MAGIE

loip. Leccsiif, liloi».

DIVERS ESCAMOTAGES pièces de monnaie, muscades, boules, cartes et boudions. (

Voir nu.r

articles traitant ers objets)

ROBERT-HOUDIN

LES SECRETS DE LA

PRESTIDIGITATION ET DE

IA MASI1 COMMENT ON DEVIENT SOF\CIER

Nombreuses gravures

PARIS MICHEL LÉVY Frères,

Editeurs

Rue Vivienne, 2 bis, et Boulevard des Italiens, A

1

LA LIBRAIRIE NOUVELLE

1868 Droits de reproduction et de traduction rëservcs

PSEUDO-PRÉFACE

courte est, dit-on la meilleure par cette raison, sans doute, que moins une préface est longue plus il est facile de sauter par dessus. La préface la plus

Il est bien

rare, en effet, qu'on ne tourne pas,

sans les lire, les quelques pages de considérations plus ou moins personnelles dont certains auteurs font précéder leur premier chapitre. Pour ma part, je le confesse à ma honte, en fait de préface, je crois n'avoir jamais lu que celles que

j'ai faites pour mes propres ouvrages. Désireux de bien faire, je m'étais promis de laisser cette première page blanche d'impression

comme preuve de ma haute adhésion Ù l'aphorisme qui précède mais par un retour sur moi-même et, aussi, pour ne pas déroger complètement à l'usage reçu en matière de préface, j'ai cherché un moyen de gagneur les bonnes grâces de mes lecteurs par

un procédé analogue sinon dans la forme au moins dans le but, et j'ai pensé à une dédicace.

l'enseigneprestidigitation, je le dédie de grand

Ce livre étant uniquement destiné à

ment de la

cœur à ceux de mes lecteurs auxquels il peut être utile, ainsi qu'il est dit à la page

suivante

A

MES FUTURS CONFRÈRES DANS L'ART

DE LA MAGIE SIMULÉE

Puissent les principes que contient cet ouvrage leur être aussi profitables qu'ils m'ont été

développer.

HOBERT-HOUDIN.

INTRODUCTION

DANS LA DEMEURE DE L'AUTEUR

Je possède et j'habite à Saint-Gervais, près Blois, une demeure dans laquelle j'ai organisé des agencements, je dirais, presque, des trucs qui, sans être aussi prestigieux que ceux de mes séances, ne m'en ont pas moins donné dans le pays, à certaine époque, la dangereuse réputation d'un homme possé-

dant des pouvoirs surnaturels. Ces organisations mystérieuses ne sont, à

vrai

dire, que d'utiles applications de la science aux usages domestiques. J'ai pensé qu'il serait peut-être agréable au public de connaître ces petits secrets dont on a beaucoup parlé, et j'ai cru ne pouvoir mieux faire pour leur publicité, que de les placer en tête d'un ouvrage plein de révélations et de confidences. Si le lecteur veut bien me suivre, je vais le conduire jusqu'à Saint-Gervais l'introduire dans mon habitation, lui servir de cicérone et pour lui éviter tout déplacement et toute fatigue, je ferai en sorte, en ma qualité d'ex-sorcier, que son voyage et sa visite s'exécutent sans changer de place.

LE PRIEURÉ

A deux

kilomètres de Blois, sur la rive gauche de

la Loire, est un petit village dont le nom rappelle

aux gourmets de savoureux souvenirs. C'est la que se fabrique la fameuse crème de Saint-Gervais. Ce n'est pas assurément le culte de cette blanche friandise qui m'a porte a choisir cet endroit pour y

fixer ma résidence. C'est à

Y

Amour sacré de la patrie,

seulement, que je dois d'avoir pour vis-à-vis cette bonne ville de Blois qui m'a fait l'honneur de me

donner le jour. Une promenade, droite comme un I majuscule, relie Saint-Gervais à ma vielle natale. Sur l'extrémité de cet 1 tombe à angle droit un chemin communal longeant notre village et conduisant au Prieuré,

Le Prieuré, c'est mon modeste domaine, que mon

ami Dantan jeune a nommé, par extension, l'abbaye de l'Attrape.

Lorsqu'on arrive au Prieuré, on a devant soi 1 ° Une grille pour l'entrée des voitures 2° Une

porte, sur la gauche, pour le passage des

visiteur sur la droite, avec ouverture à bascule, pour l'introduction des lettres et des journaux. La maison d'habitation est située à 400 mètres 3° Une boîte

une allée large et sinueuse y conduit travers un petit parc ombragé d'arbres séculaires. de cet endroit

Cette courte description topographique fera comprendre au lecteur la nécessité des procédés élec-

triques

que

j'ai organisés âmes portes pour remplir

automatiquement les fonctions d'un concierge La porte des visiteurs est peinte en blanc. Sur cette porte immaculée apparaît, à hauteur d'oeil, une plaque en cuivre et dorée, portant le nom de Robert-Houdin

cette indication est de la plus

grande utilité, nul voisin n'étant là pour renseigner le visiteur. Au-dessous de cette plaque est un petit marteau également doré dont la forme indique suffisamment mais, pour qu'il n'y ait aucun doute a cet égard, une petite tête fantastique et deux mains de même nature sortant de la porte, comme d'un les fonctions

pilori, semblent indiquer le mot placé au-dessous d'elles.

Frappez, qui est

Le visiteur soulève le marteau sciun sa fan taisie, mais, si faible que soit le coup, là-bas, à 400 mètres de distance, un carillon énergique se fait entendre dans toutes les parties de la maison, sans blesser pour cela, l'oreille la plus délicate. Si le carillon cessait avec la percussion, comme dans les sonneries ordinaires, rien ne viendrait

contrôler l'ouverture de la porte, et le visiteur risquerait de monter la garde devant le Prieuré. Il n'en est pas ainsi La cloche sonne incessamment et ne cesse son appel que lorsque la serrure a fonctionné régulièrement.

Pour ouvrir cette serrure, il a suffi de pousser un bouton placé dans le vestibule. C'est presque le cordon du concierge.

Par la cessation de la sonnerie, le domestique est donc averti du succès de son service. Mais cela ne suffit pas Il faut aussi que le visi-

teur sache qu'il peut entrer. Voici ce qui se passe à cet effet en même temps que fonctionne la serrure, le nom de RobertHoudin disparaît subitement et se trouve remplacé par une plaque en émail, sur laquelle est peint en gros caractères le mot ENTREZ A cette intelligible invitation, le visiteur tourne

un bouton d'ivoire, et il entre en poussant la porte, qu'il n'a pas même la peine de refermer, un ressort se chargeant de ce soin. La porte une fois fermée, on ne peut plus sortir

sans certaines formalités. Tout est rentré dans l'ordre primitif, et le nom propre a remplacé le mot d'invitation. Cette fermeture présente, en outre, une sûreté pour les maîtres du logis Si par erreur, par en-

fantillage ou par maladresse, un domestique tire le cordon, la porte ne s'ouvre pas il faut pour cela que le marteau ait été soulevé et que l'avertissement de la cloche se soit fait entendre.

Le visiteur, en entrant, ne s'est pas douté qu'il a envoyé des avertisements à ses futurs hôtes. La

porte, en s'ouvrant et en se fermant, a caécuté aux différents angles de son ouverture et de sa fermeture, une sonnerie d'un rhythme particulier. Cette musique bizarre et de courte durée peut

indiquer, par l'observation, si l'on reçoit une ou plusieurs personnes, si c'est un habitué de la maison ou un visiteur nouveau, si c'est enfin quelque intrus qui, ne connaissant pas la porte de service, s'est fourvoyé par cette ouverture. Ici j'ai besoin de donner des explications, car ces effets qui semblent sortir des lois ordinaires de la mécanique, pourraient peut-être trouver quel-

ques incrédules parmi mes lecteurs, si je ne prouvais ce que j'avance Mes procédés de reconnaissance à distance sont

de la plus grande simplicité et reposent uniquement

sur certaines observations d'acoustique qui ne m'ont jamais fait défaut. Nous venons de dire que la porte en s'ouvrant envoyait, à deux angles différents de son ouverture, deux sonneries bien distinctes, lesquelles sonne-

ries se répétaient aux mêmes angles par la fermeture. Ces quatre petits carillons, bien que produits par des mouvements différents arrivent au Prieuré espacés par des silences de durée égale. Avec une aussi simple disposition on peut, ainsi qu'on va le voir, recevoir, .6'1 l'insu des visiteurs, des avertissements bien différents*: Un seul visiteur se présente-t-il il sonne, on ouvre, il entre en poussant la porte qui se referme

aussitôt. C'est ce que j'appelle l'ouverture normales quatre coups se sont suivis à distances le égales

drin. drin. drin. drin. On

a jugé au Prieuré qu'il n'est entré qu'une seule personne. Supposons, maintenant, qu'il nous vienne plusieurs visiteurs La porte s'est ouverte d'après les formalités ci-dessus indiquées. Le premier visiteur

entre en poussant la porte, et selon les règles prescrites par la politesse la plus élémentaire, il la tient ouverte jusqu'à ce que chacun soit passé; puis la porte se referme lorsqu'elle est abandonnée. Or l'intervalle entre les deux premiers et les deux derniers

coups acte proportionnel à la quantité des personnes qui sont entrées; le carillon s'est fait entendre ainsi:

drin.

drin.

drin.

drin

et pour une oreille exercée l'appréciation du nombre est des plus faciles.

L'habitue de la maison, lui, se reconnaît aiséil frappe et sachant ce qui doit se proment duire devant lui, il ne s'arrête pas, comme l'on dit, aux bagatelles de la porte on ne lui a pas plus tôt ouvert que les quatre coups équi-distants se font

entendre et annoncent son introduction.

Il n'en est pas de même pour un visiteur noucelui-ci frappe, et lorsque paraît le mot veau

entrez, sa surprise l'arrête ce n'est qu'au bout de quelques instants qu'il se décide à pousser la porte. sa démarche est lente et les quatre coups sont comme sa démarche Dans cette action, il observe tout

drin. drin. drin. drin.

On se prépare au Prieuré pour recevoir ce nouveau

visiteur.

Le mendiant voyageur qui se présente à cette porte par ce qu'il ne connaît pas la porte de servi-

ce, soulève timidement le marteau, et au lieu de voir, selon l'usage, quelqu'un venir pour lui ouvrir, il est témoin d'un procédé d'ouverture auquel il est loin de s'attendre il craint une indiscrétion

entrer et s'il le fait, ce n'est qu'après quelques instants d'attente et d'incertitude. On doit croire qu'il n'ouvre pas brusquement la porte. En • .n. • entendant le carillon. d.. • il hesite à

.r.i..

semble aux gens de la maison qu'ils voient entrer ce pauvre diable. On va à sa rencontre avec certitude. On ne s'est jamais trompé. Supposons maintenant qu'on vienne en voiture pour me visiter Les grilles d'entrée sont ordinairement fermées, mais les cochers du pays savent tous

par expérience ou par ouï dire comment on les ouvre. L'automédon descend de son siège; il se fait, d'abord, ouvrir la petite porte il entre. Ah 1 par exemple, en voilà un dont le carillon est distinctif.

Drin. drin. drin. drin. On comprend au Prieuré que le cocher qui entre avec une telle précipitation veut faire preuve vis-à-vis de ses maîtres ou de ses bourgeois de son zèle et de son intelligence.

Notre homme trouve appendue à l'intérieur la clef de la grille qu'une inscription lui désigne il

n'a plus qu'à ouvrir les portes à deux battants. Ce double mouvement s'entend et se voit, même dans la maison. A cet effet, est plaeé dans le vestibule

un tableau sur lequel sont peints ces mots PORTES DES GRILLES

SONT

LES

A la suite de cette inscription incomplète viennent

se présenter successivement les mots FERMÉES selon que

de ces deux états

OUVERTES

les grilles sont dans l'un

ou

ou

l'autre

et cette transposition alternative

vient prouver matériellement la justesse de cet axiome Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. Avec un tel tableau, je puis, chaque soir, vérifier à distance la fermeture des portes de la maison. Passons maintenant au service de la boîte aux lettres. Rien n'est plus simple, encore: J'ai dit plus haut que la boîte aux lettres était fermée par

une petite porte à bascule. Cette porte est disposée de telle sorte que lorsqu'elle s'ouvre, elle met en mouvement au Prieuré une sonnerie électrique. Or le facteur a reçu l'ordre de mettre d'abord d'un seul coup dans la boîte tous les journaux et d'y joindre les circulaires pour ne pas produire de fausses émotions après quoi, il introduit les lettres, l'une après

l'autre. On est donc averti à la maison de la remise de chacun de ces objets, de sorte que si l'on n'est pas matinal, on peut, de son lit, compter les diverses parties de son courrier. Pour éviter d'envoyer porter les lettres à la poste du village, on fait la correspondance le soir; puis, en tournant un index nommé commutateur, on c'est-à-dire que le lendemain matin le facteur, en mettant son message dans la boîte, au lieu d'envoyer le carillon à la transpose les avertissements

maison, entend près de lui une sonnerie qui l'avertit d'y venir prendre des lettres; il se sonne ainsi lui-même. Ces organisations si agréablement utiles pré-

sentent, cependant, un inconvénient que je vais

signaler, ce qui m'amènera raconter incidemment au lecteur, une petite anecdote assez plaisante sur ce sujet Les habitants de Saint-Gervais ont une qualité que je me plais à leur reconnaître ils sont très discrets. Il n'est jamais venu à l'idée d'aucun d'entre eux de toucher au marteau de ma porte d'entrée autrement que par nécessité. Mais certains promeneurs de la ville y mettent moins de réserve et se permettent, quelquefois, de

s'escrimer sur les accessoires électriques, pour en voir les effets. Bien que très rares, ces indiscrétions ne laissent pas que d'être désagréables. Tel est l'inconvénient dont je viens de parler et voici l'anecdote à laquelle il a donné lieu. Un jour, Jean, le jardinier de la maison, travail-

lait près de la porte d'entrée il entend quelque bruit de ce côté et voit bientôt un flâneur de notre cité blésoise qui, après avoir fait manoeuvrer le marteau, s'amusait à ouvrir et à fermer la porte, sans s'inquiéter du trouble qu'il portait à la maison.

Sur une remontrance que lui fait l'homme de service, l'importun se contente de dire pour sa justification

Ah! oui, je sais; ça sonne là bas. Pardon je voulais voir comment ça fonctionnait. S'il en est ainsi, monsieur, c'est bien différent, reprend le jardinier d'un ton de bonhomie affectée, je comprends votre désir de vous instruire et je vous demande pardon, à mon tour, de vous avoir dérangé dans vos observations. Sur ce, sans paraître remarquer l'embarras de son interlocuteur, Jean retourne son ouvrage en continuant de jouer l'indifférence la plus complète. Mais Jean est un malin dans la double acception

du mot, il ne se trouve pas suffisamment satisfait, et s'il refoule au fond de son cœur son reste de mécontentement, c'est pour avoir une plus grande liberté d'esprit dans un projet de représailles qu'il vient de concevoir et qu'il se propose de mettre, le

jour même, à exécution. Vers minuit, il se rend à la demeure du personnage

il se pend à sa sonnette et carillonne de toute

la force de ses poignets.

Une fenêtre s'entr'ouvre au premier étage puis, par son entrebâillement, parait un tête coiffée de

nuit et empourprée par la colère. Jean s'est muni d'une lanterne

il en dirige les

rayons vers sa victime: Bonsoir, monsieur, lui dit-il d'un ton ironiquement poli, comment vous portez-vous ? Que diable avez-vous donc à sonner ainsi, à pareille heure? répond la tête d'une voix courroucée.

pardon, Monsieur, reprend Jean en paraphrasant certaine réponse de son interlocuteur oui, je sais, ça sonne la-haut mais je voulais voir Oh

si votre sonnette fonctionnait aussi bien que le

marteau du Prieuré. Bonsoir, monsieur Il était temps que Jean s'éloignât le monsieur était allé chercher, pour la lui jeter sur la une vengeance de nuit.

tête.

Pour conjurer cette petite misère, je plaçai sur ma porte un avis engageant chacun à ne pas toucher au marteau sans nécessité. Avis inutile! Il y avait toujours une nécessité pour frapper, c'était

celle de satisfaire une ou plusieurs curiosités. Ne pouvant échapper à ces persistantes indiscrétions je pris le parti de ne plus m'en taquiner et

de les regarder au contraire comme un succès que m'attiraient mes procédés électriques. Je n'eus qu'à me féliciter, plus tard, de ma concîliante détermination car, soit que la curiosité locale se fût émoussée, soit toute autre cause, les importunités cessèrent d'elles-mêmes et maintenant il est fort rare que le marteau soit soulevé dans

un autre but que celui de pénétrer dans ma de-

meure. Mon concierge électrique ne me laisse donc plus rien à désirer. Son service est des plus exacts sa sa discértion est sans égale quant à ses appointements je doute qu'il soit possible de moins donner pour un employé

fidélité est à toute épreuve

aussi parfait. Voici maintenant certains détails sur un procédé à l'aide duquel je parviens à assurer à mon cheval

l'exactitude de ses repas et l'intégrité

rations. Il est bon de dire que ce cheval est une jument, de ses

bonne et douce fille quasi majeure, qui répondrait au nom de Fanchette, si la parole ne lui faisait défaut.

Fanchette est affectueuse et même caressante nous la regardons presque comme une amie de la maison, et c'est à ce titre que nous lui prodiguons toutes les douceurs qu'il lui est donné de goûter dans sa condition chevaline. Ce petit préambule fera comprendre ma sollicitude l'endroit des repas de notre chère hête.

Fanchette a une personne affectée à son service de bouche c'est un garçon fort honnête qui, en raison même de sa probité, ne se formalise aucunement de mes procédés. électriques. Mais avant ce serviteur j'en avais un autre. C'était un homme actif, intelligent, et qui s'était passionné pour l'art cultivé, jadis, par son patron. ne connaissait qu'un seul tour, mais il l'exécutait avec une rare habileté. Ce tour consistait à changer Il

mon avoine en pièces de cinq francs. Fanchette goûtait peu ce genre de spectacle, et, faute de pouvoir se plaindre, elle se contentait de

protester par des défaillances accusatrices.

Cet escamotage étant bien constaté; je donnai le

compte à mon artiste, et me décidai à distribuer moi-même à Fanchette son picotin réconfortant.

c'est beaucoup avancer, car, je dois le confesser, si ma bête eût dû compter sur mon exactitude pour faire ses repas à heure Je dis moi-même

fixe, elle eût pu éprouver quelques déceptions à ce

sujet. Mais n'ai-je pas dans l'électricité et la mécanique

des auxiliaires intelligents,, et sur le service desquels je puis compter ?

L'écurie est distante d'une quarantaine de mètres de la maison. Malgré cet éloignement, c'est de mon cabinet de travail que se fait la distribution. Une pendule est chargée de ce soin, à l'aide d'ùne communication électrique. Ces fonctions ont lieu trois fois par jour et heure fixe. L'instrument distributeur est de la plus grande simplicité c'est une

haite carrée en forme d'entonnoir, versant le picotin dans des proportions réglées à l'avance.

me dira-t-on, ne peut-on pas enlever au cheval son avoine aussitôt qu'elle vient de tomMais

ber ?

n'a rien à craindre de ce côté, car la détente électrique qui fait verser l'avoine ne peut avoir son effet qu'autant que la porte de l'écurie est fermée à clef. Mais le voleur ne peut-il pas s'enfermer avec Cette circonstance est prévue

!e cheval

le cheval ? Cela n'est pas possible, attendu que Ïa serrure

ne se ferme que du dehors. Alors on attendra que l'avoine soit tombée

pour venir la soustraire. Oui, mais alors on est averti de ce manège par un carillon disposé de manière à se faire entendre au lois, si on ouvre la porte avant que l'avoine soit entièrement mangée par le cheval. La pendule dont je viens de parler est chargée,

en outre, de transmettre l'heure a deux grands cadrans placés l'un au fronton de la maison

l'autre au logement du jardinier. Pourquoi ce luxe de deux grands cadrans me direz-vous, lorsqu'un seul peut suffire pour l'extérieur? Je vous dois, lecteur,

ai

ce sujet une explication

justificative. Lorsque je plaçai mon premier cadran électrique dans le fronton du Prieuré, c'était dans le double but d'indiquer l'heure à toute la vallée,

et de donner aux gens de la maison une heure unique et régulatrice. Mais une fois mon œuvre terminée, je m'aperçus que mon cadran était plus utile aux passants

qu'a moi-mêmc. J'étais obligé de sortir pour voir l'heure. Je me creusai vainement la tête pendant quelque temps, pour parer à cet inconvénient. Je ne voyais d'autre solution ai ce problème que de bâtir une maison en face de la mienne pour regarder mon cadrans. Toutefois une idée beaucoup plus simple vint enfin me sortir d'embarras le pignon du lo-

gement du jardinier était en vue de toutes nos fenêtres, j'y plaçai un second cadran et je le fis marcher par le même fil électrique que le premier. Cette heure se communique par le même procédé à plusieurs cadrans placés dans différentes pièces de

l'habitation. Mais à tous ces cadrans il fallait une sonnerie unique, une sonnerie pouvant être entendue des

habitants du Prîeuré, ainsi tlue de tout le village. Voici ce que j'organisai pour cela.

Sur le faîte de la maison est une sorte de campanile abritant une cloche d'un certain volume dont on se sert pour l'appel aux heures des repas. Je plaçai au-dessous de cette cloche un rouage suffisamment énergique pour soulever le marteau en temps voulu. Mais comme il eût fallu remonter, chaque jour, le poids de cette machine, je me servis d'une force perdue, ou pour mieux dire non utilisée, pour remplir automatiquement cette fonction. A cet effet, j'établis entre la porte battante de la cuisine située au rez-de-chaussée et le remontoir

de la sonnerie placé au grenier, une communication disposée de telle sorte qu'en allant et venant pour leur service, et sans qu'ils s'en doutent, les domestiques remontentincessamment le poids de ce rouage.

C'est presque un mouvement perpétuel dont on n'a jamais à s'occuper. Un courant électrique distribué par mon régula-

teur soulève la détente de la sonnerie et fait compter le nombre de coups indiqués par les cadrans. Cette distribution d'heure me permet d'user, dans

certains cas, d'unepetite ruse qui m'est fort utile et que

je vaisvous confier, lecteur à la condition de n'en pas parler, car ma ruse une fois connue manquerait son effet. Lorsque, pour une cause ou pour une autre, je veux avancer ou retarder l'heure de mes repas, je

presse secrètement sur certaine touche électrique placée dans mon cabinet, et j'avance ou je retarde à mon gré les cadrans et la sonnerie de la maison. La cuisinière a trouvé que le temps passe souvent bien vîtc, et moi j'ai gagné en plus ou en moins un

quart d'heure que je n'eusse pas obtenu sans cela. C'est encore ce même régulateur qui, chaque matin, à l'aide de transmissions électriques, réveille trois personnes à des heures différentes, commencer par le jardinier. Cette disposition n'a rien de bien merveilleux et

je n'en parlerais pas si je n'avais'a signaler un procédé assez simple pour forcer mon monde à sc lever lorsqu'il est réveillé. Voici le procédé Le réveil sonne d'abord assez bruyamment pour que le dormeur le plus apathique soit réveillé et il con-

tinue de sonner jusqu'à ce qu'on aille déranger une petite touche placée a l'extrémité de la cham-

bre.

Il faut, pour cela. se lever; alors

le tour est

fait. Ce pauvre jardinier,

je le tourmente bien avec mon électricité. Croirait-on qu'il ne peut pas chauffer ma serre au-delà de dix degrés de chaleur ou laisser baisser la température au-dessous de trois

degrés de froid, sans que j'en sois averti. Le lendemain matin, je lui dis Jean, vous avez trop chauffé hier soir; vous grillez mes géraniums ou bien Jean, vous risquez de geler mes orangers le thermomètre est descendu, cette nuit, à trois degrés au-dessous de zéro.

Jean se gratte l'oreille, ne répond pas; mais je suis sûr qu'il me regarde un peu comme sorcier. Cette disposition thermo-électrique est également placée dans mon bûcher pour m'avertir du moindre commencement d'incendie. Le Prieuré n'est point une succursale cic la Banque de France toutefois, si modestes que soient mes objets précieux, je tiens à les conserver, et, dans ce but, j'ai cru devoir prendre mes pré-

cautions contre les voleurs

Ies portes et fenêtres

de ma demeure ont toutes une disposition électrique qui les relie avec le carillon et sont organisées de telle sorte que lorsque l'une d'entre elles fonc-

tionne, la cloche résonne tout le temps de son ouverture. Le lecteur voit déjà l'inconvénient que présenterait ce système si le carillon résonnait chaque fois qu'on se mettrait à la fenêtre ou qu'on voudrait sortir de chez soi. Il n'en est point ainsi la communication se trouve interrompue toute la journée et n'est rétablie qu'à minuit (l'heure du crime) et c'est encore la pendule au picotin qui est chargée de ce soin.

Lorsque nous nous absentons de la maison, la communication électrique est permanente et, le cas d'ouverture échéant, la grosse sonnerie de l'horloge dont la détente est soulevée par l'électricité sonne sans cesse et produit à s'y méprendre la son-

nerie du tocsin. Le jardinier et les voisins même étant avertis de ce fait, le voleur serait facilement

pris au trébuchet.

Nous nous plaisons souvent à tirer au pistolet. Nous avons pour cela un emplacement fort bien organisé. Mais au lieu de la renommée traditionnelle, le tireur qui fait mouche, voit soudain paraî-

tre au-dessus de sa tête une couronne de feuillage. La balle et l'électricité luttent de vitesse dans ce double trajet; ainsi, bien qu'on soit vingt mètres du but, le couronnement est instantané. Permettez-moi, lecteur, de vous parler encore d'une invention à laquelle l'électricité est tout lait étrangère, mais que je crois devoir, toutefois, vous intéresser Dans mon parc se trouve un chemin creux que l'on se voit, quelquefois, dans la nécessité de traverser. Il n'y a, pour cela, ni pont ni passerelle. Mais sur le bord de ce ravin l'on voit un petit banc le promeneur y prend place, et il n'est pas plutôt assis qu'il se voit subitement transporté

l'autre rive. Le voyageur met pied à terre et le petit banc retourne de lui-même chercheur un autre passager. Cette locomotion est à double effet même voie aérienne pour le retour.

il y a une

Je termine ici mes descriptions en les continuant je craindrais de tomber dans ce ridicule du propriétaire campagnard qui dès qu'il tient un.

visiteur, ne lui fait pas plus grâce d'un bourgeon de ses arbres que d'un ccuf de son poulailler. D'ailleurs ne dois-je pas réserver quelque pctits détails imprévus pour le visiteur qui viendrait lever le marteau mystérieux au-dessous duclucl, on se le rappelle, est gravé le nom de ROBERT-HOUDIN.

AVANT-PROPOS-

Après avoir passe la plus grande partie de mon existence a perfectionner l'art de Ia prestidigitation, j'avais rêvé qu'un jour l'un de mes enfants prendrait la suite de mes travaux et me succéderait dans mon théâtre. J'espérais transmettre à ce successeur privilégié, avec les appareils qui m'avaient servi dans mes séances, les prestigieux secrets auxquels j'ai dû de conquérir cette sorte de clientelle que dans les arts, on appelle la faveur du public. Mais sachant que ce bien fugitif n'est transmissible qu'à la condition d'être mérité par le titulaire,

je nourrissais cette ambitieuse pensée de faïre un jour, de mon élève un prestidigitateur habile. Pour l'accomplissement de ce projet,j'avais réuni sous forme de cours de magie et sous le titre de Les

secrcts de la prestidigitation, tous les artifices,

l'accomplisseruses, trucs et subtilités servant ment de la magie simulée. A mon grand regret, mes deux fils, sur lesquels je comptais pour me succéder, montrèrent, de bonne heure, des aptitudes autres que celles que je leur désirais. L'aîné, cédant sans doute à une vocation héréditaire, se passionna pour la mécanique et après avoir fait de sérieuses études dans cet art, il se livra spécialement à l'horlogerie, profession qui, du reste, avait été suivie avec quelques succès, de père en fils, dans notre famille, depuis plus d'un siècle. Le caractère énergique et décidé du cadet, ses dispositions guerrières, lui firent embrasser la carrière des armes. Il préféra l'éducation de Saint-Cyr à l'étude de mon art, et, sous l'empire de cette vocation, il ne tarda pas prendre grade dans notre armée. Mes projets et mes rêves s'évanouirent alors, et il ne me resta de mes illusions que mon couns DE MAGIE.

C'est cet ouvrage que je viens offrir aujourd'hui

aux amateurs de prestidigitation en les assurant que je serai bien dédommagé de mes déceptions si

j'apprends, un jour, qu'un artiste a pu y puiser quelques éléments de succès. Que mes futurs confrères veuillent bien, en lisant les principes développés dans cet ouvrage, les accepter plutôt à titre de conseils amis, que comme des leçons d'un professeur car Dans ce modeste in-octavo Je ne me pose point en maître, Mais avec le dicton, peut-être, Je dirai souvent in petto Experto crerlo RoLcrto (1). ROBEUT-HOUDIN.

(1)

Vieux aicton Rapportez-vous en à l'expérience do Robori.

DE LA MAGIE SIMULÉE ET DE SES ADEPTES.

sous les divers noms de magie blunclte, escamotage, physique amusante, prestidigitation remonte à la plus haute antiquité. Les Egyptiens, les Chaldéens, les Ethiopiens et les Perses ont eu de nombreux adeptes dans cet art mystérieux. Jamnès et Mambrès, les magiciens de Pharaon qui luttèrent contre les miracles de Moïse; HermèsTrimégiste, l'inventeur de la science Hermétique; Zamalxis, le magicien scythe qui reçut les honneurs divins après sa mort Zoroastre, le réformateur du magisme plus tard le philosophe Agrippe, Merlin l'enchanteur, Paracelse le nécromancien, sont les plus célèbres magicien, j'allais dire escamoteurs, dont l'histoire nous ait transmis le nom. La

MAGIE SIMULÉE connue

Ù

Les prestigieux exercices de ces thaumaturges, en juger d'après la réputation qu'ils leur ont

acquise, devaient être assurément très étonnants pour l'époque où ils furent représentés. Toutefois il est permis de croire que ces prétendus miracles seraient maintenant d'un bien faihle effet devant des spectateurs éclairés par des siècles de civil isation. Pour en juger admettons qu'il fût possible d'évoquer aujourd'hui et de convoquer à la simple séance de l'un de nos savants, les plus habiles magiciens de l'antiquité. De quel étonnement ne seraient pas saisis ces vénérables enchanteurs, lorsqu'ils verraient se dérouler devant leurs yeux les mille merveilles que nous ont apportées, depuis eux, la pyrotechnie, la vapeur, l'aérostation, l'électricité, la photographie etc., tous principes dont ils n'avaient pas même rêvé l'existence. A coup sûr notre savant passerait, à leurs yeux, séance tenante, du grade de magicien à celui de demi Dieu, si ce n'est plus. Ce qui nous amène tout naturellement à conclure que si l'antiquité fut le berceau de la magie, c'est que cet art se trouvait alors dans l'enfance. Les Grecs et les Romains eurent des artistes très ingénieux et très habiles dans ce genre d'expériences. Moins prétentieux que leurs prédécesseurs,

ces magiciens montraient, alors, leur spectacle pour de l'argent et faisaient d'excellentes recettes résultat qui, de tout temps, fut reconnu par l'opérateur pour le meilleur de ses tours. En outre de ces faiseurs de prodiges, il y avait aussi des joueurs de gobelets qu'on appelait acetaImlaires, du mot latin acetabulum qui signifie gobelet. La muscade proprement dite n'avait pas encore été inventée on se servait pour ce jeu de petits Cet art se conserva en Italie malgré les révolutions et la barbarie du moyen-âge. Il est probable que, de temps à autre, des esca-

moteurs italiens coururent le monde avec leurs prestiges. Toutefois ce n'est que vers le milieu du siècle dernier que l'on constate leur apparition dans Paris. Jonas, Androletti, Antonio-Carlotti furent les premiers noms d'escamoteurs dont les annales parisiennes firent mention. Ces artistes se nommaient faiseurs et leurs tours s'appelaient des jeux. (4). Vers 1 783, un Italien, nommé Pinetti, vint donner à Paris des représentations qui produisirent une grande sensation les tours qu'il exécuta reposaient

(1) On

dit encore faiseur de tours et jeu de gobelets.

sur d'ingénieuses subtilités et servirent pendant longtemps de base aux programmes de tous les escamoteurs. (1). Plus tard, des artistes, sous les noms de Adrien, Bosco, Brazy, Châlons, Comte, Cornus, Conus, Courtois, Jules de Rovère, de Linsky, Olivier, Préjean, Torrini, Val, vinrent apporter successivement des modifications à l'ancien répertoire et, grâce l'habileté d'un ferblantier mécanicien aussi nommé Roujol, le programme de leurs étonnants tours d'adresse s'enrichit encore de quelques pres(1) Ces tours furent divulgués par

un amateur d'escamo-

tage, nommé Decremps, qui en fit un excellent ouvrage sous le titre de magie blanche dévoilée. Voici comment Pinetti se vengea de la publication de cet dans une de ses séances il se plaignit qu'un uuvrage ignorant, un imposteur prétendait, dans la seule intention de lui nuire, dévoiler des secrets au-dessus de son intelligence. A ces mots un homme mal couvert et de mauvaise mine se lève du milieu de l'assemblée et en termes grossiers apostrophe Pinetti et offre de prouver que les démonstrations qu'il a données sont exactes. Le public, mécontent de voir troubler une séance où il s'amusait beaucoup, hue le pauvre diable et allait peut-être lui faire un mauvais parti lorsque Pinetti s'interpose et met doucement l'homme à la porte en lui glissant dans la main quelques écus. Cet homme était un compère. Le lendemain Decremps voulut détromper le public, mais il ne put y réussir.

tiges à double fond. Cela soit dit sans aucune pensée de critique, car le plus grand nombre des artistes que je viens de citer ont en de légitimes succès. Les tours dans lesquels le double fond jouait le principal rôle étaient alors fort en vogue. C'étaient les pyramides pour la transposition du vin et de l'eau, le tombeau du serin mort et vivant; la botte ci escamoter le mouchoir; l'enlevage pour la naissance des fleurs; la boîte à escctcnoter un gros dé la boïte rrrc café changé en riz; les boîtes à changer- du café en yrcc.int en ecc fc prêt à ëtoe etc., etc., et une quarantaine encore de ce genre. Les prestidigitateurs tiraient un excellent parti de ces instruments en les mêlant à des tours d'adresse et parvenaient, le plus souvent, à faire des séances très intéressantes. Comte, dont le talent aimable avait su mériter le titre de Physicien du Roi, trôna longtemps sans partage à Paris, dans son théâtre du passage Choiseul où chaque soir il donnait une séance de physique amusante et de ventriloquie. Son programme se composait des diverses expériences que je viens de citer, et de scènes très amusantes d'engastrimysme, qu'il nommait imitations de voix lointaines.

bu

Vers 1 840, un physicien allemand nommé Dôbler composa une séance entièrement nouvelle et après

avoir, pendant quelque temps, excité l'admiration de Londres où ses expéses compatriotes, il vint riences produisirent les plus saisissants effets. Soit défaut d'ambition, soit que la fortune que son talent lui avait promptement acquise suffit à son bonheur, Dôbler abdiqua la vie d'artiste pour celle de rentier. Philippe, prestidigitateur français, était en Angleterre à l'époque des succès de son confrère d'outreHhin. Déjà possesseur d'une séance très intéressante, il prit la succession des tours de Dôbler et vint les présenter aux Parisiens. Pendant deux ans son succès fut immense puis, une fois la vogue parisienne épuisée, il quitta la capitale pour la province. Les principaux tours de Philippe étaient les 100 boiujies allumées d'un coup de pistolet, la cuisine des Gital?os, le chapeau de FoHunatus, les anneaux ecachantés, les pains de sucre, les bassiîis de Neptune ou les poissons d'or, etc, Au mois de juillet de l'année 1 845, s'ouvrit au Palais-Royal un théâtre sous le nom de soirées fantastiques. Le fondateur y présenta diverses expériences dont la forme et les principes lancèrent la prestidigitation dans une voie nouvelle. C'étaient: La seconde vue, la suspension élhéréennc, la bouteille

inépuisable, le carton fantastique, le coffre dc cristal, la pluie d'or, l'oranger merveilleux, le pâtissier du Palais-Royal, Auriol et Debureau, la pendule aérienne, etC. (1 ). Ici je m'arrête et ne puis en dire davantage sur mes propres ouvrages. Que ceux de mes lecteurs qui désireraient connaitrc les diverses modifications que j'ai apportées à l'art de la prestidigitation veuillent bien se reporter au chapitre d'un ouvrage intitulé confidences D'UN prestidigitateur, qui traite cette délicate question. Ce que je puis fort bien dire ici, c'est que le théâtre des soirées fantastiques que j'ai fondé, compte aujourd'hui plus de vingt années d'existence, et que, pendant cette longue période de temps, Hamilton mon beau-frère y a trouvé, après moi, la source d'une honorable retraite. Je puis ajouter que Cléverman, notre Iaabilc successeur, semble devoir encore, longtemps, prolonger cette heureuse suite de succès. La prestidigitation ne périra pas en France; elle a pour soutien de nombreux adeptes. Il ne m'appar-

tient pas de leur donner une classification par ordre d'habileté. Le lecteur, en voyant leurs noms, ne manquera pas de rendre à chacun la justice qui Tous ces tours, ainsi que ceux qui précèdent, trouvétont leur description dans le cours de cet ouvrage. (.1)

lui est due. Je me contenterai de les nommer par ordre alphabétique en exprimant le regret de ne pouvoir dire sur quelques-uns d'entre eux tout le bien que j'en pense. Les prestidigitateurs exerçant en ce moment n Paris sont Brunnet, Tuffereau, de Caston, Cléverman, Robin. En province ce sont Adrien fils, Alberti, Anguinais (i\l"e), Bosco fils, Conus fils, Girroodd, Lassaigne, Manicardi et plusieurs autres encore dont. le nom m'échappe.

l'étranger les représentants de la magie portent les noms de Anderson, Bamberg, Jacob ïlermann, Lynn, Maealister, Philip Debar, Rodolph, A

Stodare (le colonel), Yell. Bien que parmi tous ces artistes français et étrangers, il y en ait de beaucoup plus habiles les uns que les autres, le plus grand nombre d'entre eux ont cependant quelques tours favoris qu'ils exécutent avec une grande supériorité. Cela m'a donné, souvent, à penser qu'on composerait un spectacle des plus intéressants en faisant paraître dans une même séance, une douzaine de prestidigitateurs donnant, chacun, pendant un quart d'heure, un échantillon de son adresse. Ce serait, à coup sûr un spectacle princier.

LA PRESTIDIGITATION

Pour réussir en prestidigitation, il faut troi4 cl;oses, de l'adresse, puis ensuite de l'adresse, puis encore de l'adresse.

L'art de la prestidigitation tire ses artifices de l'adresse des mains, des subtilités de l'esprit et de tous les faits merveilleux que produisent les sciences exactes. La physique, la chimie, les mathématiques en général, la mécanique, l'électricité le magnétisme en particulier, lui fournissent de puissantes ressources. Pour être un habile prestidigitateur, s'il n'est pas nécessaire de connaître à fond toutes ces sciences, il faut au moins les avoir assez étudiées pour les

comprendre et pour en utiliser au besoin quelques principes. Ce qu'il importe surtout de posséder dans cet art de magie simulée, c'est une grande adresse dans les doigts et une extrême finesse dans l'esprit. On peut, toutefois, faire de la prestidigitation sans posséder ni adresse ni savoir. Il suffit pour cela de se pourvoir d'instruments dans lesquels le prestige est tout fait. C'est ce que l'on appelle de l'adresse à double fond. Ce genre de talent est de même nature que celui du musicien faisant de la musique en tournant la manivelle d'une vielle organisée. De tels exécutants ne passeront jarnais pour des artistes habiles et ne peuvent prétendre si aucun succès.

L'art de la prestidigitation se divise en plusicurs branches

ce sont

d'adresse exigeant des études suivies et de longs exercices. Les mains et la parole sont les seuls instruments pour l'accomplissement de ces prestiges. 1°. LES

TOUItS

artifices tirés des sciences et auxquels se joignent les lour.s d'adresse. Cet ensemble de prestiges porte le nom de Trucs d'escamotage. 2°. LES expériences

DE

magie simulée

3°.

La prestidigitation

DE

l'esphit (1). Influence

matérielle sur la volonté des spectateurs pensée prévue par d'ingénieux diagnostics, et souvent forcée par des subtilités fort habiles. 4.°.

La magnétisme SIMULÉ (2). Imitation des phé-

nomènes magnétiques seconde vue, lucidité, divination, extase et catalepsie. 5". LES médiums (3). Le spiritisme, évocation

simulée des esprits. Tables tournantes, frappantes, parlantes et écrivantes. Armoires et leurs mystères, etc. 6°. Il y enfin une infinité de tours auxquels on ne saurait donner de classement dans la prestidigilalion. Ce sont des récréations reposant sur des qui-

proquos, des subtilités ou des combinaisons pour lesquelles on a une clé, une manière de faire, mais qui ne réclament ni adresse ni talent. C'est ce qu'on appelle des tours de société. Titre que j'ai donné à un genre d'expériences exécutées par M. Alfred de Caston. (2) En 1847, M. Lassaigne, l'habile prestidigitateur, a exécuté ces exercices avec une rare perfection dans la salle Donne-Nouvelle, à Paris. (3) Ces expériences mystiques furent présentées en 1866. à la salle Hertz par les frères Davenport ainsi que par les frères Stacey, au théâtre Robert-Houdin. (1)

Ces prestiges sont généralement adoptés par les

personnes qui veulent jouir promptement du plaisir de produire la surprise et l'étonnement. On trouvera à la fin de cet ouvrage quelques-uns de ces tours dont nous ferons un chapitre spécial auquel nous donnerons ce titre L'art de devenir sorcier en quelques minutes.

PRINCIPES GÉNÉRAUX SUR LA PRESTIDIGITATION.

1".

La prestidigitation captive trop vivement

l'esprit des spectateurs pour qu'on puisse prolonger ne spectacle outre mesure. Il est un fait reconnu, c'est que l'attention trop longtemps surexcitée dégénère souvent en fatigue. COMTE, ce souverain expert en matière de spectacle, partageait cette opinion; l'invariable titre de ses affiches vient en donner la preuve DEU!i HEURES DE magie. Telle était la durée de sa séance. 2°. Le principe le plus élémentaire d'une séance de prestidigitation, c'est de disposer les expériences comme étaient, autrefois, dit-on, les tours de force

au théâtre de nicolet Ils allaient de plus fort en hL2cs fort. 3°. Rien n'est communicatif comme une gaîté de bon aloi aussi le prestidigitateur doit-il s'efforcer démontrer vis-à-vis du public un entrain et un enjouement pleins d'expansion, tout en se gardant, toutefois, de jamais sortir des bornes d'une grande réserve et d'une excellente tenue. il,. Certains artistes ont, dans leur séance, un défaut qu'on ne saurait trop éviter Ils font cesser l'animation et la gaîté de leur visage en même temps que le tour qu'ils exécutent. lls ressemblent, en cela, à des machines sourire marchant et s'arrêtant par l'action d'un ressort. 5°. Si adroit que l'on puisse être, si bien préparé que soit un tour, il n'est pas impossible qu'un accident imprévu ne vienne en faire manquer la réussite. On peut sortir de ce mauvais pas en donnant une autre tournure à la terminaison de l'expérience. Mais il faut pour cela que le prestidigitateur se soit conformé à cet important principe n'annoncez jamais la rauturc du prestige que vous vous proposez de produire. 6°. Quelle que soit, du reste, la position où vous ait mis un insuccès, gardez-vous toujours d'avouer votre défaite payez au contraire d'aplomb, d'enjouement et d'entrain improvisez, redoublez d'adresse, et le public, étourdi par votre assurance,

pensera peut-être que le tour devait se terminer ainsi. 7°. Pour quelque cause que ce soit, ne réclamez jamais l'indulgence du public. Celui-ci serait en droit de vous dire qu'il a payé sa place pour vous voir adroit, gai, dispos bien portant; qu'sil veut, dans ce sens, son poids et sa mesure, et qu'il ne vous est pas permis de le payer en doléances. 8°. Bien que tout ce que l'on dit dans une séance ne soit, tranchons le mot, qu'un tissu de mensonges, on doit se pénétrer assez de l'esprit de son rôle pour croire soi-même à la réalité des fables que ''un débite. Cette croyance doit porter, à coup sûr, la conviction parmi les assistants. 9°. On ne doit rien négliger de ce qui peut concourir à égarer l'esprit des spectateurs aussi lorsque vous présentez un tour, tâchez de faire attribuer son exécution tout autre principe qu'à celui qui le produit un tour d'adresse, dans ce sens, devra reposer sur des combinaisons mécaniques ou physiques, ou bien un artifice tiré des sciences sera donné comme un résultat de la dextérité des doigts. 4 0°. Il est d'usage, chez un grand nombre de prestidigitateurs, de divulguer, dans leurs séances, certains principes d'escamotage et d'ajouter qu'ils n'emploient pas ces moyens Vous voyez, disent-

ils, que je ne fais pas sauter la coupe, que je ne file jms la carte, etc. et notez bien qu'un instant après ils emploient dans leurs tours les principes qu'ils viennent de dévoiler. Il en résulte alors que le spectateur averti d'artifices dont il ignorait même l'existence, se tient sur ses gardes et perd ses illusions. 14°. On voit souvent des prestidigitateurs simuler une grossière maladresse qu'ils appellent une feint. Ces mystifications à l'adresse du public sont de mauvais goût. Que dirait-on, en effet, d'un acteur qui feindrait de perdre la mémoire, ou d'un chanteur qui ferait croire, pour un instant, a la fausseté de sa voix pour se faire mieux apprécier ensuite (1)? 1*2°. Certains prestidigitateurs font un abus immodéré de gesticulations afin de cacher leurs manœuvres. Ce principe est vicieux. La véritable prestidigitation exige une grande simplicité d'exécution. Plus les gestes sont simples et naturels, moins le spectateur s'aperçoit de l'artifice. Dans ce cas, il est vrai, il faut déployer beaucoup plus d'adresse que dans l'autre. Il ne s'agit pas ici de la feinte employée en escamotage pour simuler un fait qui doit égarer l'esprit et l'attention de l'assistance. La feinte, dans ce dernier cas, étant exécutée avec une adresse extrême, n'existe pas pour le spectateur et passe à ses yeux pour un fait réel. Cet artifice est un des auxiliaires les plus puissants des tours d'adresse. Nous en parlerons en temps et lieu. (1)

Je ne pense pas qu'il puisse venir à l'idée d'un prestidigitateur de se servir de compères parmi les spectateurs. Cette mystification en partie double est tombée en désuétude. Une expérience de ce genre n'est pas du domaine de la prestidigitation c'est, tout au plus, un de ces tours que les collégiens, entre eux, appelleraient une bonne farce. 4 4°. Il va sans dire qu'un prestidigitateur doit saarler correctement sa langue. Il doit éviter, en outre, les mauvaises plaisanteries, les personnalités blessantes, les mystifications. Il doit s'abtenir aussi de termes prétentieux et affétés, de citations latines et surtout de calembours. Le public n'accorde un prestidigitateur que l'esprit de son adresse. C'est ce qui a fait dire à un chroniqueur a propos d'un artiste très sobre de paroles, mais très adroit dans ses tours 3°.

Combien de gens voudraient parfois Avoir tout l'esprit de ses doigts.

n'est pas nécessaire, je crois, de s'étendre beaucoup sur le ridicule usage des costumes de magicien. Laissez aux baladins les oripeaux et les bonnets pointus le vêtement de l'homme du monde est le seul qui convienne à un prestigiditateur de bonne compagnie en revêtant l'habit de magicien, on risque de se couvrir de ridicule. 4

5°. 11

LA MAIN.

C'est îi la main,cet instrument des in-

struments, que l'homme doit tout*1 adresse.

La main

son

chez les Egyptiens, était le symbole de

la force

Les Romains, en faisaient le symbole de la foi et. de la justice Une main ouverte représentait chez les Grecs le symbole de l'éloquence, ou bien encore celui de la dialectique lorsqu'elle était fermée. Chez nous, la main, par ses diverses étreintes, exprime des sentiments de bonne foi, d'amitié, d'amour, de reconnaissance. Mais aucun peuple, jusqu'ici, je le pense, n'a donné à cette image le symbolisme le plus juste, c'est celui de l'adresse et de l'habileté. la prestidigitation de combler Il appartenait

cette lacune et de prouver que jamais symbolisme ne fut mieux appliqué. La main, que je place en tête de cet ouvrage., servira également à rappeler au lecteur le nom de chacun des doigts et indiquer certaines parties qui doivent concourir à l'exécution de divers escamotages.

Fig.

1".

Les parties principales de la main sont le carpe et le métacarpe. le métacarpe est le Le carpe c'est le poignet faisceau des cinq os sur lequel sont greffées les cinq doigts» Extérieurement) le métacarpe s'appelle le dos de la main intérieurement, c'est la paume.

Dans cette paume sont deux éminences A et b formées par des muscles et portant le nom de thénar et d'hypothénar. Ces deux éminences sont d'une grande utilité

dans la prestidigitation, ainsi qu'on le verra dans la suite de cet ouvrage. Les cinq doigts portent des noms différents ce sont, en les désignant successivement le pouce, l'index, le médius, l'annulaire et l'auriculaire. Les soit de leurs quatre derniers tirent leur nom fonctions, soit de la place qu'ils occupent dans la main. Le pouce est le premier, le plus gros et le plus fort des doigts. Il n'a que deux phalanges tandis que les autres doigts en ont trois ce qui ne l'empêche pas d'être le plus fort, le plus parfait, comme le plus utile de son espèce. En effet, le pouce est le seul des doigts dont l'absence rende la main complètement incapable. Le pouce n'a qu'un seul défaut, c'est d'être trop petit pour sa grosseur et de sembler, en quelque sorte, contrefait. Il paraît, du reste, qu'il n'est pas sorti tel des mains du créateur, et voici comment un poète explique l'origine de cette inlirmitë Quand on fait mal ce qu'on doit faire. On s'en mord les pouces, dit-on; C'est du péché du premier père Que dérive ce vieux dicton Adam, quand il mordit la pomme, Se mordit les pouces aussi, Et de père en fils voilà comme Nous avons ce doigt raccourci.

Dans la prestidigitation, tous les doigts de la main sont égaux, sinon par la forme et la force, au moins par la dextérité; chacun d'eux a son emploi à remplir et présente le même degré d'utilité. Diverses parties de la main ont également leurs fonctions. Les éminences désignées dans la figure 1 rc aux endroits A et B, sous le nom de thénar et d'hypothénar, peuvent former un toucher occulte qu'on nomme empalmage; et, le croirait-on, avec ces deux parties musculeuses, si simples en apparence, on parvient, après certains exercices, à posséder un nouveau tact d'une sensibilité extrême.

Quelques personnes trouveront peut-être que la main ici représentées manque d'élégance et de délicatesse dans les formes que les doigts, par exemple, pourraient être plus longs et plus déliés ainsi que les ont représentés, dans leurs tableaux, quelques peintres célèbres. Cette critique, que j'ai prévue, nécessite une explication. Dans les descriptions que j'avais à faire sur quelques pratiques de prestidigitation, il m'était difficile de faire comprendre à un dessinateur certains détails de pose auxquels j'attachais une grande importance pour l'intelligence de mes explications. Si habilement que fussent représentées ces mains, souvent elles n'exprimaient pas ma pensée. OBSERVATION.

De guerre lasse, ,je me suis décidé faire ces dessins moi-même et, faute de mieux, j'ai pris mes

mains pour modèles. Mais si ces mains ont subi complaisamment et sans aucune prétention les ennuis de la pose, il n'est pas juste de les laisser ainsi sur la sellette sans dire, au moins, un mot en faveur de leur conformation. J'y suis d'autant plus disposé que, je dois le dire,, ces deux excellents serviteurs m'ont rendu de longs et importants services, et que, sur ce point, je leur dois bien un peu de reconnaissance. Ces mains sont courtes, j'en conviens avec vous, lecteur, mais permettez-moi de vous dire aussi que c'est précisément cette disposition qui fait leur mérite, sinon leur beauté. L'adresse des doigts D a dit un observateur célèbre, « est en raison inverse de leur longueur. » Remarquez, maintenant, cher lecteur, tous les doigts de votre connaissance; faites-leur l'application de l'aphorisme qui précède et vous en reconnaîtrez toute la justesse. Ceci posé et reconnu, je prie en grâce les personnes favorisées de doigts longs et effilés de ne point m'en vouloir de mes préférences, surtout lorsqu'elles auront réfléchi que tout le monde n'est pas tenu d'être adroit de ses mains, et que si la main longue perd du côté de l'adresse, elle gagne considérablement en élégance et en distinction.

ESCAMOTAGE, PRESTIDIGITATION.

Avant de nous servir des deux mots qui formentt ce titre, il est nécessaire, je le crois, d'en faire connaître la véritable acception, et pour cela nous aurons

recours leur étymologie. Escamotage vient du mot arabe escamote, qui signifie la petite balle de liège a laquelle on a donné plus tard le nom de muscade, à cause de sa ressemblance avec ce fruit. Dans le principe, le mot escamotage s'appliquait uniquement l'action de jouer des gobelets il a servi, ensuite, à généraliser l'exécution des tours d'adresse. Prestidigitation est d'une date plus récente cn 1815, Jules de Rovère, physicien, comme s'appelaient, alors, les escamoteurs de premier ordre, créa pour lui-même le mot prestidigitateur, formé

des deux mots latins presto digiti, doigts agiles. Ce mot a passé dans notre langue, et maintenant on croirait faire injure à un escamoteur de quelque talent, si on ne lui donnait pas ce titre pompeux. De ces deux dénominations consacrées par un long usage, ni l'une ni l'autre ne sont, à mon avis, suffisantes pour peindre l'art de la magie simulée. Escamotage reportera toujours la pensée au jeu des gobelets dont il dérive, et ce mot, en spécialisant un tour de main, donnera difficilement l'image des prestigieux exercices d'un magicien. Prestidigitation rappelera, par son étymologie, qu'il est nécessaire d'avoir des doigts agiles pour opérer les illusions de la magie ce qui est loin d'être exact. Un prestidigitateur n'est point un jongleur c'est un acteur jouant un rôle de magicien c'est un artiste dont les doigts doivent être plus habiles que prestes. J'ajouterai même que, dans les exercices de prestidigitation, plus les mouvements sont calmes plus doit être facile l'illusion des spectateurs. Le prestidigitateur annonce qu'il possède une puissance surnaturelle; il tient en main une baguette au pouvoir de laquelle rien ne saurait résister; qu'at-il donc besoin, pour la production de ses prestiges, d'exagérer la vitesse de ses manipulations? Une

telle manière de faire est illogique et contradictoire. Devant des gestes d'une vivacité inusitée, le public sera le plus souvent ébloui, dérouté, mais non convaincu tandis que le calme et la bonhomie entraîneront toujours chez lui la confiance et par suite l'illusion. Donc le mot prestidigitation exprime imparfaitement l'art qu'il représente. Au lieu de créer des mots nouveaux, n'eût-il pas été préférable de conserver aux adeptes de la magie blanche le nom si juste et si complet que l'on trouve dans Plaute et que l'on voit aussi dans le plus grand nombre de dictionnaires anciens et modernes Prestigiateur (presligiaior, faiseur de presti-

ges)? Quoi qu'il en soit, et pour ne rien changer aux habitudes de nos lecteurs, nous nous servirons indistinctement des deux mots adoptés pour l'appellation de la magie simulée Escamotage et Prestidigitation.

Presque tous les tours d'escamotage reposent sur ce principe fondamental faire disparaître un objet pour le faire retrouver dans un endroit différent de celui où on semble l'avoir mis. La forme varice, mais non le principe.

Plusieurs objets servant à la prestidigitation ont nécessité la création de règles et de procédés pour leur apparition, leur disparition ou leur transmutation. Tels sont, par exemple, les pièces de monnaie, les cartes, les boules, les muscades, les bouchons, les mouchoirs, etc. La description de ces procédés précédera les tours dans lesquels sont employés les objets que je viens de citer. Nous commencerons par les pièces de monnaie,

CHAPITRE PREMIER

RÈGLES ET PRINCIPES POUR L'EXÉCUTION DES DIVERS ESCAMOTAGES DE PIÈCES DE MONNAIE.

ARTICLE PREMIER.

Les principes les plus usités pour l'escamotage des pièces de monnaie sont

t" L'Empalmage 2° Le Tourniquet 3° La Pincettc 4" La Coulée



L'Escamotage à l'italienne.

Nous allons expliquer séparément chacun de ces artifices (1). RÈGLE GÉNÉRALE.

Pour comprendre plus facilement l'explication Nous croyons devoir prévenir le lecteur, dans un but d'encouragement au travail, que toutes les opérations décrites dans cet ouvrage ne sont point des procédés de fantaisie, et que nous ne les donnons qu'âpres en avoir fait iiousmême un long usage. (1)

des principes dont je vais donner la description, il est indispensable de prendre en main l'objet dont il s'agit, et de suivre, en les exécutant, les différentes phases de la manipulation.

L'EMPALMAGE.

Escamotage d'une pièce

ele

cinq francs.

Parmi les procédés employés pour escamoter une pièce de monnaie, nous placerons en première ligne l'empalmage, comme l'un des plus adroits et des plus utiles de son espèce. Cette opération consiste a retenir et à cacher adroitement dans le creux de la main droite une ou plusieurs pièces que l'on feint de mettre dans la main gauche. Voici comment il faut s'y prendre pour l'exécuter

° Placez une pièce de cinq francs en argent entre le médius, l'annulaire et le pouce de la main 1

droite, et vous Ia montrez ainsi aux spectateurs, voyez la figure 2c

Fig. 2.

Dirigez, ensuite, cette main vers la main gauche comme pour y déposer la pièce. les doigts se retournent 3n Dans ce trajet naturellement, et la pièce se trouve, aiors, cachée aux spectateurs par le dos de la main. Profilez de cette circonstance pour exécuter ce 2°

qui suit 4° Le pouce lâche la pièce et les deux autres doigts la portent et l'appliquent subtilement dans le creux de la main entre le bourrelet formé par la naissance du pouce et celui placé sous le petit doigt, éminences que nous avons désignées sous le nom de thénar et d'hypothénar (A et n figure 1re). Cette opération terminée, la main droite doit se trouver au-dessus de la main gauche que l'on a dû entrouvrir comme pour recevoir la pièce. 5° Appuyez le bout des doigts de la main droite dans la main gauche et fermez celle-ci à l'effet de l'aire croire que vous y retenez la pièce.

6° La main droite quitte alors la main gauche, et pour que l'illusion soit complète, il faut que Ia

main droite soit aussi ouverte que possible, bien qu'elle retienne à ï'empalmage la pièce escamotée, figure 3"

Fig. 3.

Au débit de cette opération, Observation 1. la distance qui sépare les deux mains est si courte qu'il serait difficile de trouver le temps d'opérer l'empalmage avant que la main droite fût arrivée audessus de la main gauche. Il est donc nécessaire d'augmenter cet espace et voici ce que l'on fait pour cela. En dirigeant la main droite vers la gauche, élevez-la d'une vingtaine de centimètres, environ ces deux mouvements combinés forment une ligne courbe qui sera nécessairement plus longue que n'eût été une simple. ligne droite, et grâce cette combinaison, l'exécution de l'empalmage sera considérablement facilitée. OBSERVATION

Il.

Tout, commençant se livrera,

peut-être, pour cette opération, à des gestes exagérés de forme et de vitesse. On doit, dans cet escamotage comme dans tout autre, adopter des mouvements naturels et les exécuter avec calme. Il tant, en un mot, je ne saurais trop le répéter, que l'action de la feinte soit l'imitation parfaite de la réalité. Le meilleur moyen de se jugeur c'est de s'exercer devant une glace. Avant d'exécuter l'empalObservation III. mage, déposez d'abord réellement la pièce dans la main gauche comme pour attirer l'attention et indiquer ce que vous allez fairc puis vons recommencerez ce mouvement, et cette fois vous garderez la pièce a l'empalmage. Si ces deux différentes actions sont semblables en apparence, l'illusion y gagnera considérablement. Observation IV. Les pièces les plus taciles a empalmer sont les pièces de cinq francs en argent moins les angles de ces pièces sont émoussés, plus l'opération est facile. Lorsque l'on commencera à s'exercer, on pourra remplacer la pièce cle cinq francs par un rond de fer blanc de la grandeur de cette pièce. On trouvera, alors, une grande facilité pour empalmer en raison de la légèreté de cette plaque et de l'adhérence que présentent ses angles.

Les escamoteurs qui ne sont pas assez habiles dans l'exercice de l'empalmage emploient une pièce

de cinq francs préparée pour en faciliter l'exécution ils relèvent sur les bords, à l'aide d'un instrument tranchant, quelques dents ou aspérités qui font adhérer plus facilement la pièce dans le creux de la main ou bien, encore, ils enduisent une des faces de la pièce de cire molle, dite cire scellés. On comprend qu'avec une telle disposition la pièce doive rester facilement collée dans la main. Celui qui emploie de tels moyens ne peut certes pas se flatter d'être maître en prestidigitation. Nota. Sans doute l'empalmaâe semblera difficile la première fois qu'on l'essayera mais il ne faut pas se décourager: après quelque temps d'étude, on sera tout étonné de trouver dans l'intérieur de la main un sens, un tact, dont on était loin de soupçonner l'existence on finira même par s'habituer tellement cet enserrement qu'on le fera avec la même facilité qu'avec les doigts. Ces détails sur l'empalmage sont peut-être un peu longs, mais il m'a semblé qu'on ne saurait trop dire pour faciliter une opération que chacun reconnaîtra difficile. D'un autre côté, j'ai cru devoir insister sur cet exercice parce qu'il est en quelque sorte le pivot de la prestidigitation. En effet, c'est l'aide de l'empalmage que l'on escamote aussi nombre

d'objets tels que bouchons, boules, morceaux de sucre, dominos, etc; l'empalmage des pièces de monnaie facilite celui des autres objets (4 )

On peut tenir jusqu'à quatre pièces et davantage encore à l'emEmpalmage

DE PLUSIEUPS PIÈCES.

palmage, mais plus on cache de pièces dans la main, plus celle-ci est gênée. Dans ce cas, on est obligé de prendre la baguette de cette main, ce qui en motive la contraction. Il existe un artifice qui permet de tenir un certain nombre de pièces à l'empalmage. Il faut pour cela prendre des pièces de différentes grandeurs, telles que cinq francs en argent, dix centimes en cuivre, deux francs, un franc et cinquante centimes. Ces cinq pièces sont posées l'une sur l'autre par rang de grandeur et c'est la pièce de cinq francs qui les retient toutes à l'empalmage.

J'ai longtemps et beaucoup travaillé l'exercice des empalmages, et j'y avais acquis une certaine habileté. Je pouvais tenir deux pièces de cinq

Si l'on veut voir un exemple de persévérance dans l'exercice de l'empalmage, que l'on se reporte à la page 56 du premier volume des Confidences d'un prestidigitateur. (1)

francs en conservant ma main aussi ouverte que si elle n'eût rien contenu j'ajouterai que dans cette position je jouais aux cartes et faisais même sauter la coupe; la sensibilité de mon empalmabe était telle que je pouvais lâcher les pièces l'une après

l'autre. Si je fais cette citation de mes facultés en empalmage, c'est moins pour satisfaire mon amour propre que pour éclairer et encourager le travail des commençants. Il m'arrivera peut-être dans le cours de cet ouvrage de faire, dans le même but, quelques citations de ce genre.

il. LE TOURNIQUET. Deuxième procédés pour escamoter une pièce de cinq francs. Cet escamotage se distingue par son élégance, son naturel et sa sîmplicité la sûreté de son exécution doit, dans certains cas, le faire préférer à tout autre. L'illusion ne laisse rien à désirer. Vous agirez ainsi pour le pratiquer 1 ° Tenez la pièce de cinq francs par les bords en-

tre le pouce, l'index et Je médius de la main gauche. L'intérieur de cette main est tourné vers vous, tandis que la main droite se met en position de saisir la pièce comme dans la figure 4

Fig. 4.

2° Tournez les doigts de la main droite

autour delà pièce comme pour l'enlever, en passant les quatre doigts de cette main entre le pouce et l'index de la main gauche et à l'instant où, dans ce mouvement, la pièce se trouve cachée par les quatre doigts, laissez-la tomber dans le creux de la main mouvement avec la main droite comme si vous aviez saisi la pièce, et éloignez ensuite les deux mains l'une de l'autre. La chute de la pièce et sa saisie apparente doivent être simultanées. 4o Élevez votre main droite fermée et gonflée, 3° Continuez le

bien que vide; portez-y les yeux (4), tandis que la main gauches'abaisse doucement avec la pièce dont vous vous débarrassez, soit dans la gibecière, soit dans l'une de vos pochettes (2).

On peut opérer avec plusieurs pièces comme avec une seule; seulement au lieu de les saisir par le bord, on les tient réunies au bout des doigts par le plat. Le bruit que font les pièces en tombant dans le creux de la main gauche complète l'illusion, et fait croire que la main droite les enlève réellement. Il est très important de tenir la main gauche de façon à pouvoir recevoir les pièces dans le creux de cette main sans faire le moindre mouvement pour les retenir. L'illusion du tourniquet n'existe

qu'à cette condition. Le tourniquet s'applique également à l'escamotage de tout objet pouvant être contenu et caché dans le creux de la main, tel que boule, noix, petit œuf, morceau de sucre, etc. Le procédé est le même que pour les pièces.

(1)

Voir à l'article qui traite de l'œil.

(2)

Voir à l'article Pochettes.

Fil. LA PINCETTE.

Troisième procédés pour escamoteur une pièce de monnaie. La pincette est une variante du tourniquet

elle

s'emploie pour escamoter de menus objets tels que petites pièces de monnaie, bagues, etc. Supposons qu'il s'agisse d'une pièce de vingt francs 1° On tient la pièce par son plat au bout des doigts de la main gauche 2° On approche la main droite comme pour la saisir entre l'index et le pouce, et, à l'instant où les deux grands doigts masquent la pièce, on la laisse tomber dans le creux de la main gauche, ainsi que le représente la figure 5

Fig. S.

Nota. La chute de la pièce est cachée par les doigts de la main droite.

IV.

LA COULÉE.

Quatrième procédé pour escamoter une pièce de cinq francs.

Je ne connais rien de plus simple, de plus facile et de plus naturel que cet escamotage l'œil le plus prévenu ne peut y voir autre chose que le dépôt d'une pièce fait de la main droite:} la main gauche, et pourtant ce dépôt est illusoire. Voici commen on opère. 10 Tenez une pièce de cinq francs entre le pouce et l'index de la main droite; 2° A l'instant où vous dirigiez cette main vers la main gauche comme pour y porter la pièce, faites glisser celle-ci sur l'extrémité des deux doigts médius et annulaire, et maintenez-la à cette place en la serrant un peu entre l'index et l'auriculaire, ainsi qu'on le voit dans la figure 6

Fig. 6.

s'est légèrement retournée dans le trajet, et lorsqu'elle se trouve au-dessus de la main 3° La main

gauche, on feint d'y déposer la pièce, tandis qu'en réalité on la garde dans la main droite serrée entre les deux doigts précités, comme le représente la figure 6 ci-contre li Les deux mains se séparent; la gauche se fermant, et la droite restant ouverte et renversée, sans qu'il soit possible de supposer qu'on tienne une pièce au bout des doigts. On peut escamoter par la coulée plusieurs pièces il la fois. Voici comment on s'y prend 1 Tenez les pièces, réunies par le plat à l'extrémité des doigts de la main droite entre le

pouce, le médius et l'annulaire %n Retournez la main en portant ces pièces vers la main gauche 8° Faites frapper vivement les pièces dans le creux de la main gauche comme pour les y déposer, mais en réalité gardez-les entre vos doigts 4° Fermez la main gauche, éloignez doucement la main droite, et sous l'impression du bruit produit par le choc des pièces, nul doute que le spectateur ne se persuade qu'elles sont restées dans la main gauche. Observation. Pour que les pièces puissent sonner p!us facilement, on les tient un peu libres entre les doigts, ce qui permet également à cet,

pièces, sous l'action du choc, de rentrer dans la main droite pour pouvoir s'y cacher.

V.

ESCAMOTAGE A L'ITALIENNE.

Cinquième procédé, pour l'escamotage d'une pièce de cinq francs. Tenez la pièce entre le pouce et l'index. 2° Faites glisser cette pièce entre la naissance du pouce et le gras intérieur de la main où vous la tenez serrée, en ayant soin de ne pas la laisser déborder du côté opposé, figure 7 10

Fig. 7.

Cette opération a lieu en se dirigeant vers la main gauche comme pour y mettre la pièce. Ce glissement si naturel et si simple est difficile à expliquer. Chacun doit chercher le moyen de l'exécuter ce moyen une fois trouvé, on finit, avec de l'exercice, par le faire habilement. Pour que la pièce revienne au bout des doigts,

rien de plus facile on ferme la main à moitié; on la renverse en laissant tomber le bras, et la pièce vient naturellement au bout des doigts où on la saisit pour la montrer de nouveau. Cet escamotage est d'une grande illusion; il s'emploie très utilement pour certains tours et notamment pour celui que nous décrirons sous le titre de la pluie d'or. Observation. Dans cet escamotage, ainsi que dans ceux qui précèdent, au lieu de garder la pièce dans la main gauche, ce qui serait parfois très gênant, on s'en débarrasse en la mettant dans la pochette dont nous avons parlé plus haut.

Il y a encore plusieurs escamotages que l'on peut

appeler des passes secondaires, parce qu'elles ne s'appliquent qu'à certains tours et qu'elles ne sont pas d'un usage général dans la prestidigitation. Je vais en citer deux des plus saillants

4° Tenez entre le Escamotage a LA manche. pouce et le médius de la main droite une pièce de un franc, par exemple. 2° En dirigeant la main droite vers la main gauche comme pour y déposer la pièce faites glisser de côté le médius en appuyant fortement

sur la pièce de manière à produire dans le creux de la main ce claquement de doigts que les écoliers pratiquent dans les pensions pour obtenir de leur maître une permission. Ce mouvement imprime à la pièce une impulsion et la lance dans l'intérieur de la manche qui doit être entrebaillée à cet effet. Observation. Cet escamotage dépend de la forme des habits. Que la mode exige des manches très étroites et le magicien se trouvera en défaut Je dois dire toutefois que j'ai vu exécuter cette passe par un de mes amis, M. Paul Chenu, grand amateur de prestidigitation, et il la faisait avec tant d'habileté que, si étroite clu'eût été sa manche, il fût parvenu, je crois, y faire entrer la pièce. Je donne ce fait comme une exception.

Tenant une pièce de Escamotage A LA cravate. cinq francs, par le plat et sur les bords, au bout des doigts de la main droite, levez cette main comme pour vous disposer à faire frapper la pièce dans la main gauche que vous tenez ouverte devant vous. La main droite, lorsqu'elle est ainsi levée, se trouve naturellement près du col de cravate. Frappant alors un premier coup avec la pièce dans la main gauche vous dites un. Vous relevez ensuite la main pour frapper un second coup

mais, au moment de la baisser, vous introduisez la pièce entre le cou et la cravate, et continuant de frapper comme si la pièce était encore au bout de vos doigts, vous dites deux. Enfin vous frappez vivement un troisième coup dans la main gauche que vous ouvrez subitement pour montrer la disparition de la pièce et en même temps vous dites et trois. Dans ces derniers mouvements, il n'est pas possible de voir que la pièce n'est plus au bout des doigts en raison de la vitesse de la main. OBSERVATION 1.

Il est bon de se tenir de profil du coté du spectateur pour qu'on ne voie pas l'introduction de la pièce. OBSERVATION II.

Nota: l'exemple présent indique que lorsqu'on compte trois coups pour faire un escamotage quelconque, il ne faut jamais que la passe s'exécute au troisième coup, parce que le spectateur sachant d'avance que c'est à cet instant que la disparition doit avoir lieu, porterait une plus grande attention et pourrait ainsi découvrir l'artifice

ARTICLE DEUXIÈME.

LE CHANGE.

Substitution d'uTae pièce de monnaie à une autre Pièce Dans presque tous les tours de pièce de monnaie, il est d'usage que le prestidigitateur emprunte ces pièces aux spectateurs et qu'il les leur fasse marquer, afin de bien convaincre chacun, du moins par l'illusion, de la réalité du prestige. Dans ce cas, l'expérience devient difficile. elle serait même le plus souvent impossible, si l'on n'usait d'une certaine supercherie pour sauver la situation on substitue donc subtilement une pièce à la pièce marquée, ce qui permet de laisser, en apparence, celle-ci sous les yeux des spectateurs tandis qu'en réalité on la dirige, ou on la fait diriger vers sa mystérieuse destination. Cette substitution s'appelle Change. Le change de pièces peut se pratiquer de plusieurs façons. Les trois meilleurs procédés sont 4° Le change par l'empalmage 2° Le change par la coulée 3° Le change au plateau.

1.

Change par l'empalmage, Le change par l'empalmage se pratique ainsi 1° Tenez secrètement dans la main droite une pièce de cinq francs à l'empalmage, page 60, figure 3e, ce qui n'empêche pas les doigts d'être parfaitement libres 2° Prenez au bout des doigts de cette même main la pièce qui a été marquée 3° La main étant ainsi garnie de deux pièces, (une visible et l'autre cachée) dirigez-la vers la main gauche, comme pour y déposer la pièce qui est visible 4° Mais, à l'instant où la main droite se trouve au-dessus de la main gauche, laissez tomber dans celle-ci la pièce cachée à l'empalmage, tandis que vous empalmez vivement à sa place la pièce que vous teniez au bout des doigts. Lorsque cette opération est bien faite, il doit sembler aux spectateurs que la pièce que l'on tenait au bout des doigts a été réellement mise dans la main gauche.

IL

Change par

la couléc.

Tenez dans la main droite, serrée par l'annulaire et l'auriculaire que l'on courbe légèrement a cet effet, la pièce que vous voulez secrètement substituer à la pièce marquée, 2° Après avoir pris, de cette même main, entre le pouce et l'index, la pièce à échanger, agissez comme à l'alinéa 2e du paragraphe IV de la coulée, pour faire passer cette pièce entre l'index et l'auriculaire où vous l'enserrez, tandis que vous laissez tomber dans la main gauche la pièce que vous teniez cachée. De cette façon, l'instant où l'une entre dans la main pour être enserrée, l'autre en sort pour tomber dans la main gauche et il semble ainsi aux spectateurs que c'est la pièce marquée qui a été déposée dans la main gauche. 1"

H!.

Change au plateau.

bon, quelquefois, en escamotage d'employer des procédés divers pour dérouter les spectateurs. Il est

être utilisé dans ce cas diffère complètement des deux procédés précé-

Le change au plateau peut il

dents. 1" Ayez un petit plateau en mctat, en cristal taillé ou en porcelaine, d'une vingtaine de centimètres environ de diamètre 2° Placez secrètement sous ce plateau la pièce qui doit être substituée et que l'on y tient cachée avec les quatre grands doigts de la main droit 3" Lorsque vous recevez sur ce plateau la pièce marquée par les spectateurs, mettez le pouce dessus de manière la maintenir fixe à cet endroit; 4° Retournez le plateau et faites le simulacre de verser dans la main gauche cette pièce marquée, mais retenez-la avec le pouce tandis que vous lachez, pour faire tomber à sa place la pièce cachée sous le plateau. Ce mouvement exécuté avec naturel produit une grande illusion. Il y a encore d'autres procédés que j'apprécie beaucoup moins on a par exemple un plateau en

fer blanc avec un double fond dans lequel est cachée la pièce à substituer. Lorsqu'on dépose la pièce marquée sur le plateau, elle rentre dans une creusure placée au centre de cet instrument puis en poussant une coulisse la substitution se fait. On trouve aussi chez les marchands de physique

amusante des boîtes de plusieurs sortes remplissant le même but. L'adresse n'est plus pour rien dans ce genre de prestidigitation. Avant que le lecteur essaye de faire l'application des principes qui précèdent, il est indispensable, je crois, que je lui donne encore quelques renseignements qui l'aideront beaucoup pour la parfaite exécution des tours que je vais décrire. J'ai à dire quelques mots sur la baguetce, la table, les poches, les manche, les gestes, 1'oeil et le boniment d'un prestidigitateur.

ARTICLE TROISIÈME

LA BAGUETTE.

La baguette d'un prestidigitateur est générale-

ment un petit bâton d'ébène, garni de deux bouts en ivoire, de forme ovoïde sa longueur totale est d'une quarantaine de centimètres environ. Un prestidigitateur est rarement en scène sans avoir sa baguette entre les mains. Cet élégant petit bâton est la représentation de son pouvoir magique un coup de baguette frappé sur un objet ou seulement dans sa direction en motive la transformation ou la disparition. La baguette sert encore à masquer un objet que l'on a cache dans la main qui la tient, et favorise, ainsi, particulièrement l'escamotage des pièces de monnaie, de grosses muscades, etc. La baguette, enfin, est pour un prestidigitateur ce qu'un éventail est pour une dame elle lui donne de la tenue. et le sauve de cette difficulté scénique que l'on appelle l'esprit des bras.

ARTICLE QUATRIÈME

II. LA TABLE.

Afin de ne pas compliquer les explications dès le

début, je ne parlerai pas en ce moment des table employées dans les représentations théâtrales je réserverai ces détails pour le moment où ils seront utiles, et je me contenterai d'indiquer les dispositions nécessaires aux tours exécutés dans un salon. La table sur laquelle on opère doit autant que possible être garnie d'une gibecière,. La gibecière, appelée plus généralement servante est une tablette placée derrière la table du côté opposé aux spectateurs, à hauteur de fond du tiroir dont elle prend la place elle sert à déposer des objets qui semblent s'évanouir et à recéler ceux qui doivent apparaître mystérieusement. Cette tablette est garnie d'un rebord pour que les objets qui y sont déposés ne tombent pas et d'un tapis pour éviter le bruit (1). Quelques prestidigitateurs rembourrent ce tapis avec de la sciure de bois pour éviter le rebondissement des objets qu'on y laisse tomber. (1)

Lorsqu'on fait une séance a l'imprcviste, il faut organiser une gibecière par des moyens prompts et facilcs. En supposant qu'on se serve d'une table à jeu on ôte le tiroir on le remplace par une tablette que l'on fixe sur les traverses intérieures, en ayant soin de la laisser dépasser d'une dizaine après quoi l'on pose dessus une de centimètres serviette pliée en huit. Il arrive quelquefois qu'il n'est pas possible d'organiser cette gibecière parce qu'on ne saurait sortir de la salle sans éveiller des- soupçons. Voici, dans ce cas, un pracédc très simple pour faire une gibecière sous les yeux mêmes des spectateurs et sans qu'ils s'en doutent. On se fait donner une grande serviette que l'on étend sur la table sous le prétexte que les objets se verront mieux sur un tapis blanc. En plaçant cette serviette, on a soin d'en laisser tomber, de son côté, une forte partie que l'on relève et que l'on attache ensuite avec deux épingles ce qui forme une gibecière béante dans toute la largeur de la table. Observation La table d'un prestidigitateur doit être à hauteur de hanches, de manière que le bras en tombant négligemment puisse prendre un objet sur la gibecière, sans être obligé de s'allonger ni de se raccourcir.

ARTICLE QUATRIÈME.

POCHES ET POCHETTES.

Souvent on peut suppléer au service de la gibecière de la mamèrc suivante On a pratiquées sous le pan de son habit deux poches dites profondes telles que les montre la figure ci-dessous.

Fig. 8

Ces poches ne servent qu'à déposer des objets

pour s'en débarrasser; mais on ne peut rien y prendre attendu que, comme l'indique leur nom, elles sont trop profondes pour que la main puisse en atteindre le fond.

Avec les poches dites pochettes représentées par la figure ci-après, on a le double avantage de pouvoir prendre et déposer des objets.

Fig. 9

Les pochettes rendent de grands services en prestidigitation. Pour la régularité de leur service, il est nécessaire quelles soient rigoureusement faites et placées ainsi que je vais le décrire. Ces pochettes, comme on le voit par la figure 9, sont d'une forme demi circulaire elles ont environ huit centimètres de largeur sur six de profondeur, et sont placées un peu obliquement pour faciliter la prise et le dépôt- des objets. Il va sans dire que ces poches sont de la même étoffe que le pantalon pour

être plus facilement dissimulées. La réussite des pochettes est aussi dans l'emplacement qu'elles doivent occuper. Si elles étaient

placées trop haut ou trop bas, leurs services pourraient être découverts, car, dans ces deux cas elles obligeraient l'opérateur à plier le bras ou à se pencher un peu de côté pour l'allonger. Pour placer ces poches convenablement, on les essaye sur soi et, pour cela, on les fait coudre provisoirement, c'est a-dire, bâtir selon l'expression consacrée dans Fart de la couture. Comme point de départ, il faut que les pochettes soient cachées par les pans de l'habit mais qu'elles

en soient cependant assez peu couvertes pour qu'on n'ait pas à aller loin les chercher. Voici la manière d'en déterminer la place II faut pouvoir y prendre une pièce de monnaie ou une petite boule, une muscade, par exemple, sans être obligé d'allonger ni de raccourcir le bras.

ARTICLE CINQUIÈME LES MANCHES D'HABIT.

Lorsqu'on fait un tour d'adresse, les manches d'habit nuisent considérablement à l'illusion leur ouverture est bien près de l'objet escamoté, et le public se figure toujours que, dans cette circonstance, cette partie du vêtement sert dc complaisante cachette (1). Le public se trompe en pensant ainsi, car, cela prcs d'un ou deux tours à peine, les manches n'ont rien à faire dans la disparition des objets. Pour peu qu'on réfléchisse, on comprendra qu'un escamotage ainsi exécuté présenterait bien des difficultés. En effet, qu'un prestidigitateur introduise, par exemple, une boule de cristal ou une douzaine de pièces de cinq francs dans la manche de son habit combien ne se trouvera-t-il pas embarrassé pour les retenir Il faudrait dans ce cas qu'il conservât constamment son bras dans .une position Autrefois Olivier et plus tard Bosco pour éviter sans doute cet inconvénient avaient les bras nus j usqu'à l'épaule. Si ce décolleté ajoutait au mérite des prestiges de ces artistes, à coup sur, il leur faisait perdre du côté de la bonne tenue. (1)

verticale et qu'il se gardât bien de tout geste pouvant le compromettre. Quoi qu'il en soit de cette supposition, comme on doit éviter en prestidigitation tout ce qui peut donner prise à des soupçons, fussent-ils mal fondés, je conseillerais, seulement lorsque la circonstance l'exigerait, de dégager l'avant bras en tirant un peu en arrière la manche de l'habit, de manière à laisser voir des manches de chemise presque collantes, telles, du reste, que les représentent les figures de cet ouvrage. Le tour une fois terminé, on n'aurait qu'à baisser le bras pour que les manches reprissent leur

ARTICLE SIXIÈME.

LES GESTES CÉRÉMONIES, FEINTES ET TEMPS.

Les gestes et les cérémonies qui constituent le jeu scéniquc de la magie simulée, quelque vains

qu'ils puissent paraître, exercent une grande influence sur l'esprit des spectateurs cette mimique, en frappant leurs yeux et leur imagination, les prépare aux illusions produites par l'adresse des mains et par les subtilités de la parole. Un prestidigitateur annonce généralement au public des œuvres de la magie or si l'artiste magicien veut être logique, il doit, pour l'exécution de ses merveilles, jouer le rôle d'un homme possédant un pouvoir surnaturel et ne pas présenter ses expériences comme le premier venu. Les évocations, les mots cabalistiques, l'intervention de la baguette, tout cela exécuté, dans les limites du bon goût, est d'un très bon effet. En dehors des gestes et cérémonies dont nous venons de parler, il est une autre sorte de geste que l'on appelle feinte, et dont la bonne exécution est assez difficile. La feinte consiste à donner le

plus de vraisemblance possible à une action que l'ont feint d'exécuter. Ainsi, par exemple, s'agit-il de feindre de déposer une pièce dans la main gauche, on doit, certaine adresse aidant, présenter dans cette exécution une apparence de réalité telle que le public ne puisse distinguer aucune différence entre le fait simulé et le fait réel. La feinte est très usitée en prestidigitation on feint de mettre un objet dans un endroit, on feint de le retirer, on feint de le déchirer, de le couper, de le brûler, de le régénérer. Que ne feint-on pas, puisqu'on va même jusqu'à feindre de feindre ? Ces différentes sortes de feintes seront indiquées, au fur et a mesure de leur emploi, dans les tours que nous expliquerons plus loin.

Certains gestes, certaines actions ont uniquement pour but de faciliter ce qu'en prestidigitation on appelle un temps. Un temps, c'est le moment opportun d'exécuter un escamotage à l'insu des spectateurs. Dans ce cas, le geste ou le fait qui constitue le temps a pour but d'attirer l'attention du public vers un point éloigné de l'endroit où s'opère le prestige. On déposera, par exemple avec une certaine affectation un objet sur un coin de la table sur laquelle on opère, tandis que la main gauche, se dirigeant derrière cette table, se saisira d'un objet caché pour le faire apparaître. On jettera

encore une boule en l'air et on la recevra de la main droite pour avoir l'occasion de prendre pendant ce temps avec la main gauche une autre boule dans la pochette. Il suffira enfin de frapper un coup de baguette sur un point quelconque en y portant un regard attentif, pour y entraîner et fixer les yeux de toute une assemblée. Ces influences sur le regard du public semblent bien simples et bien naïves, et pourtant elles ne manquent jamais leur but. Chaque tour a ses gestes et ses temps combinés avec le boniment qui les motivent. Nous aurons l'occasion dans le cours de cet ouvrage de signaler des temps fort ingénieux et dont l'influence est tclle que nulle volonté ne saurait s'y soustraire.

ARTICLE SEPTIÈME.

L'OEIL. (AVOIR DB L'OEIL).

En prestidigitation, avoir de l'œil, c'est posséder une qualité scénique avec laquelle on se concilie la sympathie des spectateurs, et dont on se sert aussi pour augmenter considérablement l'effet des expériences. Vous n'êtes pas, lecteur, sans vous être trouvé face fi face avec certains interlocuteurs dont vous ne pouviez soutenir le regard, et dont les yeux semblaient également fuir les vôtres. Cette position est très gênante, et il est bien rare que l'intérêt de la conversation n'en soit pas altéré. Cela vient de ce que votre interlocuteur a le regard timide, vague, incertain; qu'il ne peut supporter l'intimité de votre vue cela tient, en un mot, à ce qu'il n'a pas de 1'oeil. Cette timidité des yeux, ce sentiment de gêne et de malaise se communique par contagion, et il n'est pas rare qu'un artiste affecté d'une telle infirmité, ne la propage dans toute une assemblée. Dans ce cas, le public est peu communicatif et souvent, aussi, très peu bienveillant. Avoir de l'oeil, c'est donc posséder la qualité qui

est la contre-partie du défaut

que

,je viens de si-

gnaler. Voyez se présenter en scène cet artiste dont le regard fin, intelligent et assuré, va directement se fixer sur les yeux de l'assemblée. Une relation presque magnétique s'établit subitement entre les deux parties. Le public se trouve à l'aise avec le nouveau venu; il rive facilement son regard sur le il l'écoute avec bienveillance, et de ce double rapport naît bientôt la sympathie. Dans ces conditions le succès devient facile. Cette qualité de l'cr.il, le lecteur le reconnaîtra,

sien

il y a des se rencontre également dans le mande gens dont le regard facilite la conversation, donne

de l'entrain et même assez souvent de l'esprit. L'oeil, ainsi que je l'ai dit plus haut, concourt également à augmenter l'effet des tours d'escamotage. Un prestidigitateur habile se sert de son regard pour porter la conviction parmi les spectateurs. S'il annonce, par exemple, qu'il fait passer une pièce de monnaie ou tout autre objet dans un endroit qu'il désigne bien qu'il soit convaincu mieux que tout autre de l'inexactitude de ses assertions, ses yeux, cependant, suivent l'ob,jet dans son trajet simulé, comme ils le feraient si le fait était véritable il se montre ainsi dupe de ses paroles. Cette conviction apparente se communique aux spectateurs et l'illusion y gagne.

ARTICLE HUITIÈME.

LE BONIMENT.

« La parole a été donnée à l'homme pour dissimuler sa pensée » a dit un homme d'État. Ce principe d'une morale un peu risquée pour l'usage de la vie ordinaire, peut trouver une très juste application dans l'escamotage; car l'opérateur en magie simulée est un profond dissimulateur dans ses paroles et dans ses actions il dit ce qu'il ne fait pas, ne fait pas ce qu'il dit, et fait ce qu'il se garde bien de dire. En prestidigitation, la parole prend le nom de boniment (1). Le baniment, c'est la fable, le discours, lespeach, le débit de paroles, le boniment, enfin, dont on habille un tour d'escamotage pour lui donner une apparence de réalité. Lorsqu'on invente un tour nouveau, on crée, assez généralement, un boniment pour l'accompamot vient d'un langage que les escamoteurs d'autrefois avaient adopté afin de pouvoir causer entre eux de leur art sans crainte d'être compris des profanes ce langage, ce j'argue, comme ils l'appelaient, leur servait aussi reconnaître les véritables adeptes de la magie simulée. (1) Ce

ce

est rarement adopté par les imitateurs; chacun en compose un à sa façon, dans le langage qui lui est propre, et aussi selon les spectateurs auxquels il doit s'adresser. Pourtant il y a des règles à observer pour la composition du boniment: la fable qu'il représente doit être autant que possible, vraisemblable sans quoi le prestige qui l'accompagne perd de son illusion. Il faut qu'un boniment soit correctement et c onles fautes de langage, les venablement exposé expressions populacières, les applications blessantes, les mystifications, les mauvais jeux de mots, les excentricités de langage, doivent être évités dans une séance de bonne compagnie. On doit dans le boniment être sobre de paroles, parler doucement, distinctement, et surtout éviter la monotonie d'un récit. Je vais donner, comme exemple, une application de boniment qui prouvera tout l'intérêt que cette fable peut donner à un tour en lui prêtant un nouveau prestige. J'avais, dans mes représentations un petit coffret qui, posé à un certain endroit parmi les spectateurs, .subissait à ma volonté l'influence d'une attraction électro-magnétique. Cette disposition physique étant bien dissimulée, j'annonçais à mes spectateurs que mon coffret pouvait a mon commandement devenir lourd ou léger. bolzirraent

J'en donnais la preuve, car, selon mon bon vouloir, un enfant le soulevait sans peine, ou bien l'homme le plus robuste ne pouvait le bouger de place. Il s'agissait pour cela d'établir ou d'interrompre un courant électrique, l'insu des spectateurs. Lorsque je fus envoyé en Algérie pour y donner des séances devant les Arabes, ce coffret, que j'avais emporté, ne pouvait produire un grand effet sur ces natures primitives. L'Arabe n'y aurait vu, sans pouvoir l'expliquer, qu'une disposition intérieure pouvant empêcher le coffret de bouger de place. Je songerai à changer le boniment, et, Ù l'aide d'une nouvelle fable, je parvins à donner ce tour une apparence miraculeuse. Je m'avança^ mon coffret à la main, jusqu'au milieu d'un praticable (1 ) qui communiquait de la scène au parterre; la, m'adressant aux Arabes D'après ce que vous venez de me voir faire, « leur dis-je d'un air sérieux, vous devez m'attribuer un pouvoir surnaturel; vous avez raison 1 Je vais maintenant vous donner une nouvelle merveilleuse en vous » preuve de cette puissance montrant que je puis enlever toute sa force à l'homme le plus robuste et la lui rendre à ma une large planche, le plus souvent garnie d'un tapi?, allant de la rampe au milieu du parterre. (1) Le praticable est

volonté. Que celui qui se croit assez fort pour subir cette épreuve s'approche de moi 1) Ce boniment, on le voit, en retournant la question, changeait complètement la face du prestige et lui donnait une apparence tout autre. Ce n'était plus de la prestidigitation, c'était de la magie. Le résultat en fut immense. Les Arabes furent saisis d'un tel étonnement qu'ils me supposèrent un pouvoir diabolique (1).

p

j>

Une expérience dépouillée de son boniment passe à l'état de simple curiosité. Qu'eût été la divination artificielle de mon fils sans la mise en scène de la

Qu'eût-on trouvé également de bien extraordinaire à la sucpension sans l'application simulée de l'éther ? ctc.

seconde vue ?

Si le boniment est la fable dont on habille une

expérience, cette expression s'applique également tout ce qui se dit dans une séance, même en dehors des tours: l'exorde, les intermèdes, les plaisanteries de bon ton, les amphigouris sont des boniments. Moreau Sainti, l'acteur distingué de l'opéra comique, était un amateur très habile en prestidigitation il possédait, surtout, le talent de faire (1)

Voir les confidences d'un prestidigitateur, tom. 2,

page 226.

valoir les plus petites choses par le boniment. Nul mieux que lui ne savait se concilier les suffrages par des exordes pleins d'esprit et d'à-propos. En voici, pour exemple, quelques mots dits au commencement d'une séance donnée par lui dans une fête de bienfaisance. a Mesdames et Messieurs, dit-il, dans cette fête organisée pour le soulagement des pauvres, permettez-moi de prendre pour exorde de ma séance les trois vertus théologales, la foi, l'espérance et la

charité. LA Foi, c'est la confiance aveugle que je réclame de vous pour le succès de mes expériences L'ESPÉRANCE peut se traduire par l'espoir que j'ai de vous faire passer une agréable soirée LA Charité, chacun doit le comprendre, est dans le résultat que nous aurons obtenu si le produit de cette oeuvre bienfaisante parvient à soulager quelque misère. A la suite de cette séance, la quête organisée par les dames patronesses fut des plus productives. Quelquefois, pour égayer l'assemblée, il est à propos de parsemer le boniment de phrases incidentes, sous forme d'à-propos ou de plaisanteries de bon goût. Ces impromptus, dussent-ils être préparés à l'avance, leur application sera toujours d'un bon effet.

Ainsi, par exemple, admettons qu'ayant prié une dame de penser une carte et de la nommer, elle ait indiqué la dame de cœur. La darne de cœur? dites-vous, très bien, madame, je le savais; j'ai même écrit à minuit sur mes tablettes que vous penseriez cette carte (on n'a rien écrit, bien entendu). Je vous félicite, du reste, de cette pensée en voici la raison La dame de vient à l'esprit dans une nombreuse réunion, esf, d'après bllle Lenormand, la célèbre cartomancienne, l'rznnonee d'un événement favorable. Quelle que soit la carte qu'on ait pensée, on doit toujours s'arranger pour trouver quelque chose de favorable ou de plaisant à dire a son sujet.

lorsqu'elle

Si l'on emprunte des pièces de monnaie à des spectateurs, on peut, dans le même ordre d'idées, dire encore Soyez tranquilles, Messieurs, sur le

sort de vos pièces, je. les rezzds presque toujours. Et puis, vous ne perdrez rien à me les prêter, parce que lorsqu'elles vous seront rendues, elles se mzcltiplieront dans voire poche. Dans une assemblée intelligente, un prestidigita-

teur ne doit pas craindre de laisser entrevoir un peu de son érudition, à la condition d'être toujours amusant.

Voici quelques exemples qui pourront faire comprendre le sens dans lequel cela peut être

rait. arrive souvent que pour les besoins d'une expérience, on prie un spectateur de désigner un nombre. Supposons qu'il ait indiqué le nombre quatre. A merveille, monsieur, dites-vous, voici qui est « fort bien choisi quatre, c'est un fait reconnu, est le nombre par excellence. Le nombre quatre était en grande vénération parmi les pythagoriciens, comme étant le cube de la perfection. Dans presque toutes les langues, le nom de Il Dieu est écrit en quatre lettres Deus en latin, Théas (1) en grec (0eo$), liait (2) en arabe, Tewt en langue celte, Aydi en turc, Syré en Perse, Adcd en assyrien, Goit en allemand, Dios en espagnol, Dieu en français, etc. x> Quel succès ne doit-on pas espérer d'un tel nombre! » Il

Choisit-on un autre nombre, 1 par exemple ? On dit d'abord qu'il est favorable, c'est de rigueur, et l'on ajoute à l'appui de cette assertion Le nombre le principe d'individualité. Il « ne peut être divisé; c'est le point mathématique,

est

th en grec est une seule lettre. (2) Allah par contraction pour AI-Ilah, le Dieu. (1) Le

c'est le commencement de l'existence, c'est la sortie du néant. L'unité, principe génératif, est aux yeux des Il philosophes le caractère sublime de la divinité. Le chiffre 1 est le premier et le dernier de l'é» chelle numérique c'est aussi le premier des nombres impairs. C'est leseul nombre qui multiplié par lui-même » ne puisse varier on dit deux fois deux quatre, mais une fois un ne fait jamais qu'un. Sur tous les nombres on peut dire quelque chose, mais le nombre qui prête le plus aux interprétations magiques est le nombre neuf. Voici ce que l'on peut dire à son sujet l'homme ait « Neuf est le premier nombre que compté dans son existence, puisqu'il a été neuf mois i voir le jour. » Le nombre 9 est le plus grand et le dernier des nombres exprimés par un seul chiffre. Deux propriétés ont rendu célèbre le nombre 9 n et font encore l'admiration de ceux qui n'en pénètrent pas le mystère. ( On prend une ardoise et du blanc pour se faire mieux comprendre) Première propriété, 9 multiplié par un chiffre quelconque de 1 à 9 donne pour produit deux chiffres. Eh bien 1 ces deux chiffres étant additionnés ensemble donnent toujours le nombre 9.

Posons pour preuve, sur celte ardoise, quelques multiples du nombre 9. «

48, 27, 36, 45, 54, 63,

73. 81.

En inscrivant chacun de ces chiffres vous dites 2 fois 9 = 18, 3 fois 9 = 27, 4 fois 9 = 36, » (et ainsi de suite jusqu'au dernier). Maintenant si, ainsi que je viens de le dire, nous additionnons ensemble les deux chiffres de ces multiples nous trouverons partout lu nombre 9. Ainsi en 18, 1 et 8 = 9, en 27, 2 et 7, = 9, en 36, 3 et 6 = 9 etc. Avant de quitter ces chiffres, je vais, Messieurs, vous faire remarquer une curieuse particulurité dans leur disposition Les premiers chiffres de ces nombres suivent Il une progression ascendante de -1 à 8 tandis que les seconds suivent la progression inverse de 8 à 1 ou la même progression ascendante en commençai) t par la fin. enfin qu'après 45, si, revenant « On remarquera sur ses pas, on lit les quatre premiers nombres en rétrogradant, on aura les quatre derniers nombres de la série jusqu'à 8 1. Ainsi dans 45, en lisant ce nombre à l'envers on a 51, dans 36, 63, dans 27,72, dans 18. 81, .qui sont les quatre chiffres venant après 45. » Ces petits intermèdes demi-scientifiques sont très

favorables à l'artiste qui sait les placer et les dire avec esprit et sans abus. Cela n'empêche pas de

continuer l'expérience et d'en reprendre ainsi le cours « Pardon, Monsieur, revenons à notre expérience vous avez donc choisi le nombre 9. » Je veux, pour terminer ce chapitre, parler d'un genre de boniment très plaisant qu'on peut se permettre quelquefois avec des amis, mais dontje ne conseille pas l'emploi dans un théâtre. C'est l'amphigouri. L'amphigouri frise la mystification et la mystification envers le public a fait son temps. Comte excellait dans ce genre de plaisanterie sa figure pleine de bonhomie inspirait aux spectatours une telle confiance qu'après l'amphigouri le plus absurde et le moins intelligible, les spectateurs) loin de supposer une mystification,, accusaient plutôt leur propre intelligence ou leurs oreilles de n'avoir pas saisi le sens du discours de l'orateur. J'ai souvent vu ce physicien après une expérience dont le dénoûment avait besoin d'être réchauffé, s'approcher des spectateurs et leur débiter d'un ton doctoral un amphigouri dans le genre suivant Vous le voyez, Messieurs, les principes sur lesquels repose l'expérience que je viens de vous présenter, n'ont d'autre rapport avec les sciences occultes et hermétiques qu'autant que les sens se trouvent dépassés par l'expression d'un sentimem a

aussi caractéristique que spontané. L'impression qui préside à toute influence erronée est en quelque sorte modifiée par la résonnance des sons et par l'agitation des molécules dont les cratères de l'intelligence se trouvent subrepticement environnés et s'il m'était permis de faire une comparaison qui doit pécher par plus d'un sens, je dirais que la lumière directe émanée du soleil est pour nos yeux ce que le prisme de la réllexion est pour le plan biconvexe de la double réfraction des rapports sociaux. » Mais il fallait une fin à ce pathos amphigourique, et le prestidigitateur y comptait pour recevoir des applaudissements que son tour n'avait pu provoquel. Prenant alors un air gracieux, et mettant pour ainsi dire du miel dans sa voix « Cette digression scientifique, continuait-il, est peut-être d'un ordre trop élevée pour plusieurs d'entre vous, messieurs, mais elle était nécessaire pour l'intelligence de mon expérience. Je demande pardon à ces dames d'avoir, un instant, quitté mon rôle de prestidigitateur pour celui de physicien. Je puis, du reste assurer, chacun de mes spectateurs que tous mes voeux 'prolomi fatarone n'a sast palar vous plaire et que mes tours de mi caseman sur la sénémache à une sconiuo de me rendre toujours digne de vos suffrages. » Cette dernière série de mois n'appartenant

aucune langue, prononcés à voix couverte, faisait croire à un compliment dont on n'avait pu entendre que les derniers mots, mais auquel on devait la récompense d'un applaudissement. Je répète, en terminant, que je ne donne cet exemple d'amphigouri que comme une terie bonne seulement dans une soirée d'intimes. Maintenant que le lecteur est édifie sur la signification du mot boniment et de ses diverses acceptions, je vais donner un exemple de son application dans plusieurs tours où seront développés quelquesnns des principes qui précèdent.

ARTICLE NEUVIÈME.

TOURS DE PIÈCES DE MONNAIE I

LA PIÈCE FUSIBLE

Faire fondre une pièce de cinq frnncs, dans la rnuin, à la flamme d'une bougie, la fccire passer dans cette bougie, la retirer an fusion et la rendre à son état primitif (i).

Certains métaux, dites-vous, ne se fondent qu'à une température très élevée l'argent est de ce nombre il faut environ mille degrés centigrades de chaleur pour le liquéfier. Toutefois, lorsque ce métal est préalablement soumis à certaines frictions magnétique, la chaleur seule d'une flamme de bougie suffit pour le faire entrer en fusion. « Si vous voulez, Messieurs, me prêter une pièce de cinq francs nous allons la soumettre à cette expérience. « Ne craignez rien, du reste, pour la sûreté de votre argent je dois vous dire que lorsqu'on me «

Il est bien entendu que pour ce tour. comme pour tous ceux qui vont suivre, il ne s'agit pas de réalités, mais d'il(1)

l usions.

confie des pièces de monnaie, je les rends presque

toujours. On a dû se pourvoir d'un flambeau contenant une bougie allumée que l'on a mis près de soi sur un guéridon ou à défaut sur une chaise. Lorsqu'on a reçu d'un spectateur une pièce de cinq francs, on la dépose à côté du flambeau, puis on se frotte vivement les mains l'une contre l'autre et l'on dit frictions de mes deux mains ont pour but « Ces de développer le magnétisme nécessaire à l'opé(regardant ensuite votre main gauche), très bien Je vois l'électricité se développer avec abondance je crois que nous réussirons. nous sommes suffisamment en mesure pour expérimenter voyons ? » Prenez la pièce de la main droite portez-la vers la main gauche comme pour l'y déposer mais dans le trajet, empalmez cette pièce dans la main droite, selon le principe indiqué chap. 1, page 58. On a feint de mettre la pièce dans la main gauche et celle-ci s'est fermée, comme si elle recevait quelque chose. Dans cette situation, remuez les doigts de cette main sous prétexte de magnétiser la pièce de cinq francs. Prenez en même temps le flambeau de la main droite, ce qui ôte toute idée que vous y ayez conservé la pièce.

ration.

Maintenant, dites-vous, je crois la pièce sulïisammcnt imprégnée de magnétisme pour être facilement fondue. Voyons. D On pose la main gauche toujours fermée au-dessus de la flamme de la bougie et on remue un peu les doigts comme pour presser la pièce et la forcer de sortir. «

Fig. 10

Effectivement, la voila qui se fond, et le métal entre dans la bougie. ne la voyez vous pas «

couler ? On ouvre la main gauche et on montre que la pièce n'y est plus. mais je vous Tout cela est fort bien réussi avoue franchement, Messieurs, que je me trouverais très embarrassé pour rendre la pièce, si, après !'avoir fondue, je ne pouvais aussi la remettre

dans son état primitif. Voyez-vous ce petit point blanc et brillant « dans la mèche de la bougie (le public ne voit ricn, mais il croit de confiance). Eh bien! ce point lumineux est l'extrémité de la pièce en fusion

par où je vais la saisir pour la retirer dans l'état où elle se trouve. On pince la flamme de la bougie et l'on feint d'en

retirer quelque chose. Tenez, la vaïlâ 1 ne la voyez-vous pas ? ( on « montre le bout de ses doigts rapprochés l'un de vais la prendre de cette l'autre ). Non ? Eh bien main pour qu'on puisse mieux la voir. » On dépose le flambeau sur la table, et des doigts de la main droite dans laquelle, on se le rappelle, la pièce est cachée, on feint encore de prendre la prétendue matière en fusion clue l'on dit avoir au bout des doigts de la main gauche mais, comme dans ce mouvement la piècc empalmée se trouve au-dessus du creux de la main gauche on l'y laisse subtilement tomber lorsque l'on enlève le métal en fusion. Voyez pour cette opération la figure 1 page 110 au tour suivant. Seulement, au lieu d'cnlever une pièce, comme dans cette figure, on n'en relire que l'apparence. La main droite étant débarrassée,, on peut sans affectation en laisser voir l'intérieur en montrant an bout des doigts la prétendue pièce en fusion, ce qui ôte toute idée de pièce conservée. le monde, « De cette manière, dites-vous, tout je le crois, pourra apercevoir le métal qui me brûle les doigts aussi vais-je me dépêcher de rendre la pièce sa forme première. »

je

La main gauche, aussitôt après avoir reçu la pièce, ne s'est pas fermée, mais on l'a élevée assez pour que les spectateurs ne puissent voir ce qu'elle contient. On pose alors le bout des doigts de la main droite dans la main gauche en dîsant matière en fusion dans le creux tf Je mets cette de ma main, et, par un frottement particulier du bout de mon doigt, je vais raffermir le métal et lui

rendre sa forme première.» A cet instant on a le doigt sur la pièce qui est cachée dans la main et on la frotte pendant quelquesinstants; puis on retourne la main, et le médius que l'on a conservé sur la pièce I;c soutient en équilibre. C'est au bout de ce doigt qu'on la présente en disant Messieurs, elle est encore « La voici, tenez, chaude prenez garde de vous brûler. Ce tour d'adresse est d'un très joli effet et commence bien une série de tours avec des pièces de monnaie. La description en est peut-être un peu longue, mais dans ce genre d'explications, on ne saurait donner trop de détails.

IL

LES PIÈCES DE CINQ FRANCS VOYAGEUSES

Faire qu'une ou plusieurs pièces de cinq francs se transportent invisibleaatent d'une main dans l'uzttre, et qzt'clles passent ensuite à travers ttne table pour tomber dans un verre que l'on tient en dessous. vais, Messieurs, vous présenter un tour qui ,justifiera, je le pense, le nom de prestidigitation donné à l'art de l'escamotage. Ce nom, vous le savez, est formé de deux mots latins dont la réunion signifie agilité des doigts. Vous allez voir à quel degré de prestesse on peut arriver dans l'accomplissement d'un fait assez compliqué de sa nature. Veuillez, je vous prie, me prêter une pièce de u cinq francs (1 ). « Maintenant, Messieurs, que vous m'avez prêté cette pièce, voulez-vous me prêter encore. toute votre attention. « Je

On doit toujours emprunter les objets dont on se sert; on évite ainsi qu'on ne leur suppose une préparation et, d'un autre côté, les spectateuis dont vous recevez les objets prennent d'autant plus d'intérêt à l'expérience qu'ils pensent contribuer indirectement à son exécution. (1)

Vous n'ignorez pas, Mesdames et Messieurs, que lorsqu'un objet se transporte avec une vitesse extrême, il est impossible de l'apercevoir. Telle est, pour exemple, la balle lancée par une arme à feu, laquelle balle voyage avec une vitesse moyenne de 1 200 mètres à la seconde. » C'est avec une semblable promptitude que je vais faire passer cette pièce de ma main droite à ma main gauche. » On montre sans affectation l'intérieur de sa main gauche pour que l'on voie qu'il n'y a rien dedans (1), puis on prend la pièce au bout des doigts de cette main en disant « Voici la pièce je la prends de la main droite, j'éloigne mes deux mains l'une de je lance la pièce avec force vers la main gauche et je lui (on ouvre la main gau che et on montre la pièce). La voici passée. » Chacune de ces énonciations est accompagnée d'un fait d'escamotage que nous allons décrire en reprenant l'expérience par le commencement. 1 Tandis qu'on vous remet la pièce de cinq francs que vous avez demandée aux spectateurs, vous prenez secrètement une autre pièce dans votre

l'autre.

dis

passe

On ne doit jamais dire: vous voyez bien qu'il n'y a rien ici ou là, parce qu'on peut donner ainsi à supposer qu'on va y faire passer quelque chose il vaut mieux que le spectateur constate lui-même le fait. (1)

pochette (4) et vous la mettez à l'empalmage de votre main droite (page GO, fig. 3). 2° Lorsque vous avez pris au bout des doigts de la main gauche la pièce qui vous a été confiée, vous approchez la main droite de cette main pour en enlever cette pièce. 3" A ce moment, la pièce empalmée se trouvant un peu au-dessus de la paume de lu main gauche, vous l'y laissez secrètement tomber, tandis qu'avec les deux doigts de la main droite vous enlevez la

pièce qui est visible.

Fig.

t

i

De sorte que bien qu'on ait ôté la pièce de la main gauche, il yen reste une autre qui est invisible au spectateur, attendu que la main reste à demi

fermée. 4.' Dans ces conditions, la feinte du passage de la pièce d'une main à l'autre est des plus faciles. (1)

Voir à l'article pochette, page 83.

A l'instant où vous prononcez le mot passe vous ouvrez subitement la main gauche et vous montrez

la pièce que vous y aviez secrètement introduitc vous ouvrez en même temps la main droite, dans laquelle vous retenez cachée la pièce que vous venez d'y empalmer. Cette pièce, qui par ce fait disparaît aux yeux des spectateurs, semble avoir passé dans la main gauche. Cette passe bien exécutée est d'une complète illusion mais si l'on veut la rendre plus saisissante encore, on fait marquer la pièce prêtée on l'échange contre celle de l'empalmage par le procédé décrit page 75 on la fait passer dans la main gauche comme il est dit ci-dessus,. et, lorsqu'on la montre, on fait vérifier la marque.

pour chacun de vous, Messieurs, continuez-vous, il n'y ait aucun doute sur la réalité de l'expérience, je. vais rendre votre conviction plus grande encore Je recommencerai le tour en vous faisant. entendre le son de la pièce voyageuse afin que vous puissiez connaître, ainsi, le moment de son arrivée. Mais j'aurais besoin, pour cela, d'une seconde pièce de cinq francs. •> (Le public doit croire qu'on ne s'est servi que d'une pièce pour le tour précédent puisque la seconde a été remise dans la pochette. ) « Bien que

Lorsque l'emprunt est fait, on pose les deux pièces sur la table. « Ici, messieurs, l'expérience sera bien plus facile comprendre. Je vais mettre une pièce dans chaque main, et, à l'instant où la pièce lancée par la main gauche arrivera dans la main droite, elle frappera sur l'autre pièce et vous serez avertis, par ce bruit, du moment où elle aura passé. »

Ecoutez bien 1 Je mets cette pièce dans la main gauche puis cette-autre dans la droite et je dis, On passc 1 vous le voyez, la voici montre les deux pièces réunies.

arrivée.»

Explication 1° En feignant de mettre la pièce dans la main gauche, empalmez-la (page 58.) 2° Tout en tenant une pièce à l'empalmage de la main droite, prenez la seconde pièce du bout des doigts de cette même main. 3° Tenez les bras éloignés l'un de l'autre et, à l'instant où vous dites passe l vous faites frapper les deux pièces l'une sur l'autre en fermant vivement la main droite dans laquelle la première pièce était cachée. 4° Vous ouvrez ensuite les deux mains pour montrer le résultat de l'expérience.

Jusque-là le boniment persuade ou ne persuade pas, mais à coup sûr le tour doit intriguer. Nous

allons lui donner encore plus d'intérêt par une série de petites ruses dont on assaisonnera la répétition de ce tour Je vais, dites-vous, répéter l'expérience et aller plus doucement dans ma démonstration. On met réellement, cette fois, la pièce dans la main gauche, en imitant toutefois le mouvement qui a été employé pour ne pas la mettre, c'est-à-dire pour l'empalmer (4); vous prenez comme précédemment la deuxième pièce au bout des doigts de la main droite vous écartez les bras et vous semblez vous préparer Ù lancer vers l'autre main la pièce qui est dans la main gauche, ainsi que vous venez de le faire. Comme vous vous arrêtez un peu dans ce moment en regardant les spectateurs d'un air légèrement narquois, nul doute que s'il se trouve une ou plusieurs personnes qui pensent que vous avez gardé la pièce dans la main droite, nul doute qu'elles ne vous en fassent l'observation ou qu'elles ne vous le fassent comprendre par des gestes ou mêmc par un sourire d'incrédulité. Certains artistes affectent, dans cette feinte, une maladresse qui provoque les soupçons. C'est un tort pourquoi donner l'id6e à ceux qui ne l'ont pas de la possibilité d'un cmpalmage? On ne fait en réalité cette feinte que pour le cas où ceux qui connaissent un peu le tour ont pu concevoir quelques doutes. C'est à ceux-là seulement que s'adresse la fausse démonstration. (1)

serait une maladresse d'ouvrir la main pour montrer au public qu'il est dans l'erreur il verrait aisément dans ce fait une mystification organisée. Ayez l'air, au contraire, de ne pas comprendre l'interruption, et faites voir que l'on s'est trompé, en le constatant d'une manière indirecte, de la façon Ce

suivante

Mais, j'y pense 1 dites-vous, ordinairement je relève mes manches pour exécuter ce tour et j'ai oublié de le faire. » Cette observation vous donne le prétexte, en relevant vos manches, de remettre les pièces sur la table et de montrer qu'elles étaient bien là où vous les avez annoncées. Les spectateurs qui auront fait part à leurs voisins de leurs soupçons, ainsi que ceux qui ont fait des observations pour mettre le prestidigitateur en

défaut, doivent être désagréablement surpris de voir qu'ils se sont trompés aussi, devez-vous vous tenir en garde contre une seconde attaque. Vous recommencez la passe précédente en mettant encore réellement la pièce dans la main gauche, et vous écartez les bras comme pour faire passer la pièce dans la main droite. La pièce n'ayant pas été mise ostensiblement dans la main gauche, le spectateur peut douter encore qu'elle y soit. Dans ce cas, s'il vous fait quelque objection « Mon Dieu, Monsieur, dites-vous

d'un ton de bonhomie mêlée de bonne humeur, je vous en prie, si vous connaissez ce tour, soyez donc assez généreux pour laisser aux autres spectateurs le plaisir de l'illusion. Je suis fâché toutefois d'avoir à vous dire que vous vous êtes trompé dans votre appréciation, car la pièce est bien dans la main ou j'ai dit que je la mettais. (On la montre). Vous savez bien pourtant, Monsieur, que je suis incapable de vous tromper. » Si l'on ne vous dit rien, vous déposez les pièces sur la table, comme si vous vous ravisiez. Tenez, Messieurs, dites-vous, je vais terminer « fait. Je par une passe qui vous convaincra tout vous ai parlé de l'extrême vitesse avec laquelle les pièces passent d'une main dans l'autre eh bien1 cette vitesse est telle que lorsqu'on l'imprime une pièce, on peut lui faire traverser une table sans y faire, en quelque sorte, d'ouverture. Ce phénomène s'explique ainsi Le trou dans la table est fait par la pièce avec tant de promptitude, qu'aussitôt fait il se referme par la contraction moléculaire du bois. Voyons 1 Essayons cette expérience. Je prends une pièce dans chaque main; je « porte la main gauche sous la table, tandis que la main droite restera en dessus, puis, à mon commandement les pièces vont se réunir. Ecoutez Passe! La voilà arri vée. »

En disant le mot passe! on ouvre la main droite en retenant la pièce à l'empalmage, tandis qu'on fait frapper la pièce qui est dans la main gauche avec une autre pièce que l'on vient de prendre en passant la main sous la table. Cette pièce a été préalablement collée sous le champ du châssis de la table, du côté opposé aux spectateurs. On emploie pour coller cette pièce de la cire molle, dite cire à scellés. Outre que la pièce est très facile à coller cet endroit sous les yeux mêmes des spectateurs elle est également très aisée à prendre en raison de la saillie que présentent ses bords sur le champ du châssis, qui est moins large que la pièce. « Je puis, continuez-vous, faire ce tour avec deux pièces et même avec quatre, si l'état de l'atmosphère n'y vient pas mettre obstacle mais alors, vous devez comprendrc, Messieurs, que la passe est plus difficile, et que je ne puis surmonter cette difficulté qu'en imprimant aux pièces une plus grande vitesse encore. » On emprunte deux autres pièces. Voyons 1 avant de les faire passer à travers la « table, essayons leur voyage à l'air libre. » On prend deux pièces que l'on feint de mettre dans la main gauche, mais qu'on retient a l'empalmage dans la main droite, ainsi que dans la passe précédente.

Je mets, dites-vous, ces deux pièces dans la main gauche. » Prenant ensuite les deux autres pièces du bout des doigts de la main droite, écartant les bras, et faisant frapper les pièces les unes sur les autres en fermant la main, vous dites. passe Bravo 1 faites-vous, en jetant les quatre pièces « sur la table, la réussite est parfaite 1 » Je vais essayer, maintenant, de faire passer les quatre pièces Ù travers la table. » On a près de soi, sur la table, un verre cylindrique autant que possible. Vous prenez les quatre pièces de la main droite et vous les mettez réellement dans la main gauche en employant, toutefois, le même mouvement que vous avez pratiqué pour ne pas les y mettre, mais tout cela sans affectation (•!). « Ali 1 dites-vous, en déposant les pièces de la main gauche sur la table et en prenant le verre de cette main, j'oubliais de vous montrer ce verre dont je dois me servir. » La transparence du cristal permet de voir qu'il n'y a rien dedans vous remettez «

Evitez, je le répète, autant que possible de faire naître des soupçons sur les artifices que vous employez, dut-on même les déjouer comme dans le cas présent, car si le public auquel vous ouvrez une voie de supposition est mystifié par une feinte, il peut prendre sa revanche dans un cas opportun et imprévu. (1)

sur la table en ayant soin de le tenir couché, l'ouverture tournée vers la main gauche. Il est prudent, après avoir employé si souvent l'cmpalmagc, de changer le mode d'escamotage dont on s'est servi déjà, afin de ne pas éveiller de nouveaux soupçons. C'est avec le tourniquet, (page 64,) quc l'on termine l'expérience. Cet artifice présente l'avantage de pouvoir escamoter facilement quatre pièces la le verre

ibis (page GO). Voici les quatre pièces, dites-vous en les présentant commc dans la figure i, page 63. Je les prends de la main droite afin d'avoir plus de force (on fait lc mouvement indique pour le tourniquet), et je les tiens suspendues au-dessus de cette table. Maintenant, de l'autre main je passe ce verre sous la table, afin d'y recevoir les pièces que je vais lancer; mais je ne ferai cette passe merveilleuse que lorsque vous serez assez attentifs pour voir les pièces » On attend quelques secondes. Je crois, dites-vous, l'instant favorable. Chacun « écoute et regarde. Voyons passe D A cet instant, la main droite, yui semble tenir les pièces, s'ouvre sous une apparente contraction nerveuse. On entendu en même temps les pièces tomber dans le verre, ce qui produit un effet très saisissant.

passer..

Explication La passe du tourniquet ayant été faite, les quatre pièces sont tombées dans le creux de la main gau-

che, ainsi qu'il est expliqué au paragraphe qui traite de cet artifice. Les deux mains s'éloignent alors l'une de l'autre. La main gauche, contenant les pièces, descend lentement Ù moitié ouverte et tournée de manière ce que les spectateurs ne puissent voir ce qu'elle contient, tandis que l'autre main s'élève toute bonfléc de son contenu fictif. J'ai conseillé plus haut de tenir le verre coucllé, parce que, sans cette précaution, les quatre pièces que l'on a dû faire glisser un peu vers l'extrémité des doigts de la main gauche, seraient exposées par un contact trop brusque à heurter le cristal et dévoileraient ainsi leur cachette^ tandis que les doigts étant un peu allongés, peuvent prendre le verre et permettre que les pièces se placent doucement contre sa paroi intérieure. Dans cette disposition, on porte le verre sous la table, et au mot passe soulevant un peu le médius et l'annulaire de la main gauche, on laisse tomber les pièces au fend du verre.

111.

LA PLUIE D'OR.

Faire sortir des pièces de monnaie de différents objets sous les yeux mêmes des spectateur.

quoi bon, Messieurs, dites-vous, risquer sa vie pour aller sur des rivages lointains :1 la rccherehc de métaux précieux, quand il faut si peu de pleine pour s'en procurer tout près de soi ? Il aller cn juger lorsque vous m'aurez vu « Vous et entendu suivez bien d'abord l'exposition que je vais vous faire. Dans les atomes azurés dont se compose l'air « que nous respirons, se trouvent des parcelles métalliqucs de tout l'argent monnoyé dont on se sert sur la surface du globe. « Ce phénomène s'explique ainsi Le frottement quotidien des doigts sur les in« nombrables pièces qui sont en circulation, produit une usure incessante dont les parties sont si fines et si tenues que, plus légères que l'air, elles s'y tiennent en suspension. }) de ces « L'affinité chimique, pardon, Mesdames, mots scientifiques indispensables pour mon explil'affinité chimique de ces molécules les cation porte à se réunir pour leur recomposition mais la A

forme première de ces précieux atomes ne peut se reconstruire qu'à l'aide d'un procédé dont je possède seul le secret et dont je vais, si vous le voulez bien, faire devant vous une productive application.» En entrant en scène, vous tenez une pièce de cinq francs à l'empaltnagc entre le pouce et la naissance de l'index par le procédé d'escamotage l'italienne, (page 70, fig\ 7. ) D'autre part, vous avez mis préalablement dans la pochette de gauche sept pièces de cinq francs. Voulez-vous, Messieurs, dites-vous, me cona fier un chapeau » Quand on vous remet le chapeau, acceptez-le de

Fifî.

t 2.

la main droite, et, lorsqu'on vous retournant, votre corps masque la main gauche, prenez dans la pochette les sept pièces de cinq francs que vous avez dû disposer de manière à être subtilement saisies. Vous prenez ensuite le chapeau de cette même main, de façon à appliquer les pièces le long de la coiffe intérieure fig. 1 2. L'expérience, vous le comprendrez, Messieurs,

est très difficile, car il y a dans l'air trois métaux différents émanant des pièces d'or, d'argent et de cuivre; il faut, pour que je puisse prendre séparément chacun de ces trois métaux, écarter les autres assez pour ne pas faire un alliage d'un titre illégal. Cette difficulté ne m'arrêtera pas, et je vais commencer à battre monnaie. de son peu de valeur, ne « Le cuivre, en raison mérite pas qu'on s'en occupe; quant aux deux autres métaux, bien que l'or soit le plus précieux, je vais ne m'attacher qu'a l'argent, qui a l'avantage de présenter des pièces beaucoup plus grandes et par conséquent plus visibles de loin. « Tenez, Messieurs, pour commencer, n'apercevez-vous pas cette pièce de cinq francs qui est sur le point de se brûler à la flamme de cette bougie ? saisissons-la » En disant ces mots, on a approché la main de la bougie et dans ce moment on a fait venir la pièce au bout des doigts. chaude « La voici, dites-vous, oh 1 elle est toute je la mets dans ce chapeau, A l'instant où vous mettez la main droite dans le chapeau, comme pour y déposer la pièce, vous retenez celle-ci par l'empalmage à l'italienne (page 70), mais en même temps vous laissez échapper de la main gauche une des sept pièces que vous y reteniez le long du chapeau.

Si ces deux mouvements sont laits à propos,

l'illusion est complète et chacun doit croire que c'est bien la pièce de la main droite qui vient de tomber dans le chapeau. Vous approchant ensuite d'une dame Pardon, Madame, dites-vous, voulez-vous me permettre de prendre cette pièce que j'aperçois dans votre mouchoir. On feint de retirer une pièce de cinq francs d'un des lilis du mouchoir, tandis qu'en réalité on fait apparaître celle qui est cachée dans la main, ainsi qu'on vient de le faire pour la bougie. En feignant encore de remettre cette pièce dans le chapeau, vous la placez comme précédemment à l'cmpalmagc, et vous laissez échapper une des pièces de la main gauche. On recommence ce petit manège pour les cinq autres pièces que l'on semble trouver sous le collet, d'un habit, dans la chevelure d'un enfant, sous un éventail, sous un châle, dans l'air à la volëe, etc. Lorsque les sept pièces de la main gauche sont toutes tombées dans le chapeau, on feint d'en trouver une dernière dans un endroit quelconque, mais, cette fois, c'est la pièce de la main droite que vous mettez réellement dans le chapeau. Afin d'augmenter encore l'illusion produite par la chute des précédentes pièces, on laisse tomber

celle-ci ostensiblement eu se plaçant un peu audessus du chapeau. On secoue le chapeau pour faire sonner les huit pièces, après quoi on les prend pour les compter dans la main gauche. Vous voyez, Mesdames, dites-vous, que ce sont de véritables pièces (on en donne à v isiter quelqueunes). Ces pièces sont bien solides, n'est-ce pas, Madame? eh bicn I vous allez être fort surprise lorsque je vous dirai que cette solidité n'est qu'apparente. Si vous le voulez bien, vous allez réduire vous même ces pièces en poudre impalpable ainsi qu'elles étaient précédemment. Voulez-vous les recevoir et tendre vos deux mains réunies afin de ne rien perdre ? On tient les huit pièces entre les doigts de la main gauche et on feint de les prendre dans la main droite selon le procédé du tourniquet. Lorsqu'on se penche vers la dame, et tout en faisant le geste comme pour lui remettre les pièces de la main droite, la main gauche se trouvant à portée de la pochette, les y dépose, et vous dites Veuillez, Madame, fermer vite les deux mains, « pressez les pièces et frottez les comme cela (vous indiquez le geste). » Lorsque la dame ouvre ensuite les mains, on comprend qu'elles doivent être vides.

Vous le voyez, Madame, le prestige s'accomplit aussi bien dans vos mains que dans les miennes, ce qui prouve que vous possédez une forte •

dose de ce que nous appelons en science hermétique le principe de la transmutation. » Ce joli tour, qui se trouve complet ainsi, sert de préambule à un truc de théâtre que j'ai intitulé la pluie d'or. Voici comment ce tour se continue Un vase de cristal couvert d'un foulard se remplit instantanément de pièces d'or. Puis le chapeau qui a servi pour les pièces de cinq francs se trouve comblé d'une énorme quantité de billets de banque. Ces billets on doit le croire, sont ce que l'on appelle des trompe-tœil. Au lieu des mots cinq CENTS FRANCS, on lit dans le même caractère cinq CENTS fois, etc. De loin c'est à s'y méprendre. Cette partie du tour nécessitant les auxiliaires de la scène, ne peut trouver place ici; elle sera décrite dans le 2me volume, qui traitera des tours de théâtre. Toutefois, je puis dire que, grâce à une disposition mécanique organisée dans un guéridon, les pièces montent sous le foulard pour tomber dans le vase. Les billets de banque rassemblés et serrés sous forme de boule sont placés derrière la table et c'est de là qu'on les tire subtilement pour les introduire dans le chapeau.

IV.

MULTIPLICATION DES PIÈCES D'on. Faire augmenter att gré d'un spectateur ztrz nombre, de pièces d'or qu'il tient serrées entre ses mains, Plaisant clénozîmcnt. Curieux irccident. En entrant en scène pour faire ce tour, on tient a la main un petit plateau en argent ou en cristal, sur lequel est un lot de jetons dorés imitant des pièces de vingt francs (1). On agite ces pièces en les faisant sauter un peu, afin d'indiquer par le son ce que l'on tient sur le plateau et vous dites a Le tour que je vais vous présenter, Messieurs, vous donnera une idée de tout mon respect pour le bien d'autrui, autrement dit de toute ma probité; car d'après la facilité avec laquelle je vais faire voyager ces pièces, vous pourrez juger qu'il me serait très facile de faire sortir, a votre insu, de vos poches tout l'argent que vous y avez mis. présenté pourrait ne « J'ai pensé que le tour ainsi pas être du goût de tout lc monde, et je crois mieux crainte de voir s'égarer entre les mains de certains spectateurs des pièces d'or véritables. (1) Mesure de précaution dans la

faire en l'exécutant de manière à satisfaire chacun de vous. Voici des pièces de vingt francs sur ce plateau. a Quelle est la personne qui veut bien consentir à ce que je les fasse passer dans sa poche ? Dans ce cas, que cette personne veuille bien me témoigner ce désir en levant la main. » Cette proposition, qui n'est ici que sous forme de plaisanterie, est toujours suivie d'une adhésion générale. Il n'est pas rare de voir se lever presqu'autant de mains qu'il y a de spectateurs. oh Oh dites-vous, on voit bien que ma proposition est séduisante, car j'aperçois bien des adhérents. Allons décidément le poète s'est trompé l'or n'est pas une chimère (1). "Mais, Messieurs, permettez-moi de vous dire que, si sourcier que je sois, ou que je paraisse être, il m'est impossible de faire passer, à la fois, ces pièces dans la poche de toutes les personnes qui le

demandent. Comme ici je n'ai aucune préférence, ou pour mieux dire comme j'ai des préférences pour chacun «

(1) Je suppose que par extraordinaire personne ne levât la main cela ne vous empêcherait pas d'adresser cette

même phrase au public en parlant à la cantonade. Parlera la cantonade en terme d'escamotage, c'est parler dans la salle en s'adressant à un ou à plusieurs spectateurs imagi-

naires.

je vais être obligé, pour me sortir d'embarras, de changer la disposition du tour. le rendrai, du reste, plus attrayant encore, a Je de mes spectateurs,

car le prestige aura lieu ostensiblement Tout le monde pourra voir un certain nombre de pièces passer de ma main dans la main même de l'un de mes spectateurs. » Vous adressant alors à une personne dont la figure indique un caractère complaisant et facile Voulez-vous, Monsieur, lui dites-vous, prendre dans ce plateau une poignée de ces pièces?. » Ceci terminé, vous videz le reste des pièces sur votre table. vois, ajoutez-vous, d'après ce qui me reste, « Je cela soit dit, Monsieur, sans aucun reproche, je vois que ce que vous avez enlevé peut passer pour une Voyons, du reste, combien en bonne avez-vous ? Voulez-vous avoir la bonté de compter ces pièces une à une sur ce plateau et à haute voix pour que chacun puisse prendre part à l'expérience. » En disant cela, vous vous rapprochez du spectateur et vous lui présentez le plateau que vous tenez entre le pouce et l'index de la main droite. Il est bon de dire que sous ce plateau sont cachées neuf pièces que vous avez dans votre main. Ces pièces sont d'autant plus facilement dissimulées que les trois derniers doigts qui les

prise.

retiennent sont recouverts par le plateau (1). Tandis que votre partenaire compte les pièces une à une, vous répétez après lui les nombres qu'il annonce afin qu'il n'y ait pas d'erreur, et lorsqu'il a terminé en arrivant, je suppose, au nombre vingt « Bien, dites-vous, veuillez recevoir ces vingt pièces dans l'une de vos mains. » En disant ces mots, vous videz dans votre main droite les vingt pièces qui se réunissent aux neuf autres que vous y teniez cachées, et vous mettez le tout dans la main du spectateur. Neuf pièces de plus sur vingt sont inappréciables, il n'y a donc rien à craindre de ce côté. Du reste, afin d'ôter au spectateur toute facilité de compter à nouveau, on le prie de vouloir bien tenir de sa main libre le plateau que vous lui abandonnez. Vous lui recommandez également de tenir cette main élevée pour que chacun soit témoin de l'expérience. Vous éloignant alors, vous prenez sur votre table une poignée de jetons et vous comptez à haute voix dix pièces dans votre main gauche, puis vous remettez le reste sur la table. dites-vous, dix pièces d'or voulez« Voici vous me permettre de les faire passer d'ici dans l'on se sert d'un plateau en cristal, il doit être taillé et orné de dessins compliqués de manière à ne pas laisser voir les détails de la main qui Je tient. (1) Si

votre main avec celles que vous y avez mises ?

spectateur ne manque jamais d'y consentir. Pardon, monsieur, je l'ai oublié, combien avez « vous de pièces dans la main ? Vingt, répond le spectateur. Vingt, dites-vous, et dix que je vais vous envoyer, combien cela fera-t-il? Le

Trente. Barème ne compterait pas mieux. Veuillez, Monsieur, excuser tous ces détails qui sont nécessaires pour la constatation du fait merveilleux dont vous allez être témoin. Dirigez, je vous prie, vers moi la main dans laquelle sont vos vingt pièces. bien Vous n'avez pas peur, n'est-ce pas, Monc'est que je croyais apercevoir un petit sieur tremblement dans votre main. Je me suis alors trompé. Je dois toutefois vous avertir que vous allez ressentir une légère commotion électrique ne vous en effrayez pas cela n'est pas douloureux. u Vous prenez les dix pièces entre le pouce et l'index de la main gauche que vous tenez levée, puis vous feignez de les prendre de la main droite par le procédé du tourniquet, (figure 4, page 65 ) tandis qu'elles tombent dans le creux de la main gauche. Cette main se baisse doucement, à demi fermée, le long de la cuisse, tandis que la main droite s'élève et se tient gonflée comme si elle contenait les pièces.

?.

Voulez-vous, Monsieur, avancer encore un peu la main vers moi pour abroger la distance? » En disant cela vous avancez la main droite comme pour indiquer comment le Spectateur doit le faire lui-même. Cc temps (I) attirant l'attention des spectateurs, permet la main gauche, qui s'est un peu reculée, de déposer les pièces dans la pochette. Ce dépôt a été protégé hnr la basque de l'habit. La main gauche une fois libre vient se présenter tout ouverte sans affectation. comme cela, dites-vous au speca Très bicn tateur voyons » Vous vous mettez en position de lancer et vous dites Passe Vous avez senti la secousse, n'est-ce pas, Monsieur ? p Quelle que soit la réponse du spectateur vous ajoutez « J'en étais bien sûr cela ne pouvait être autrement. Les pièces, alors, sont arrivées; veuillez vous en assurer en les comptant vous-même sur le plateau. Pendant que l'on compte, vous prenez secrètement sur votre table une pièce que vous tenez cachée dans votre main droite, et vous vous approchez du spectateur, lorsqu'il est près de finir de compter. Bien entendu on n'a trouvé que vingt-neuf pièces «

temps est un fait qui doit motiver l'exécution d'une passe d'escamotage. (1) Un

puisque vous n'en avez ajouté que neuf; vous semblez désappointé. C'est bien étonnant, dites-vous Etcs-vous a sûr, Monsieur, de ne pas vous être trompé ?

Probablement, Sur la réponse affirmative « ajoutez-vous, que la pièce est tombée dans le trajet. 9 Pardon Madame, dites-vous alors une voisine du spectateur en lui prenant son mouchoir ou son éventail que vous secouez au-dessus du platcnu; la pièce ne se serait elle pas égarée de Lc côté ? Vous lâchez alors la pièce qui semble sort.ir du mouchoir et qui tombe sur les autres pièces. Ce qui produit toujours un effet très plaisant. CI) D

arrive assez souvent que la personne chargée de compter les pièces, au lieu de trouver une pièce de moins ainsi que cela doit être par suite de la disposition du tour, il arrive que cette personne, soit par erreur, soit par crainte de vous mettre dans l'embarras, vous dit que le nombre que vous avez annoncé est exact. Loin de nuire à l'effet de l'expérience, cette erreur peut la rehausser considérablement. Il

· Vous avez, dites-vous, Monsieur, trouvé exactement le nombre trente. Il ne pouvait en être autre-

défaut de mouchoir ou d'éventail on prend le chapeau d'un spectateur pour en fairc sortir la pièce,. (1) A

ment. Eh bien I je vais faire mieux encore. serrez bien, je vous prie vos trente pièces dans votre Maintenant, sans approcher de vous, je retire de votre main une de vos pièces et d'ici je la fais passer dans le mouchoir de madame. Permettez, Madame, que je la prenne. la « voici. » Cet escamotage coule de saurce on a caché dans la main droite la pièce que l'on n'a pu utiliser cause de la fausse exactitude du nombre. On feint de retirer de loin cette pièce que l'on semble attirer dans la main gauche puis on la lance, toujours au figure, vers le mouchoir en question et c'est en prenant ce mouchoir de la main droite qu'on l'y introduit pour la faire tomber sur le plateau. On vérifie une seconde fois le nombre, et at coup sur on trouve une pièce de moins. R

V.

FII.TRATION MAGInUE DE PIÈCES DE CINQ FRANCS. Deux pièces de cinq francs enfermées chacune dans un mouclzoir sont confiées ci deux spectateurs éloignés l'un de l'autre. L'opérateur retirant l'une (les pièces à travers le tissu de ces anozcclzoïrs lcc fait, passer avec l'aztlrc pièce sans approcher dit oznuchoir qui la contient.

tour est très joli son exécution n'est pas d'une grande difficulté et son effet est saisissant. Il n'a qu'un seul défaut, c'est d'être difficile a eN-pliquer à l'endroit d'un tour-de-main qui est en quelque sorte la clef de ce prestige. Tâchons de rendre notre explication aussi claire que possible. L'intelligence du lecteur fera le reste 1 ° Empruntez deux mouchoirs un peu grands (1 ) et deux pièces de cinq francs, que vous déposez devant vous sur un guéridon. 2° Prenez une de ces pièces, tenez-la verticalement au bout des doigts de la main gauche, et couCe

Deux foulards conviennentmieux. Si l'on ne trouve pas a emprunter ces objets, il n'y a aucun inconvénient à en prendre qui vous appartiennent. (1)

vrez-la d'un mouchoir de façon à ce que les quatre coins pendent également. a Je place, dites-vous alors, cette pièce au milieu de ce mouchoir, et, pour bien vous assurer qu'elle y est, je vais vous la montrer. » Attention lecteur ici est le tour de main en question, je commence mon explication ,10 Pour montrer cette pièce, renversez la main droite la paume en l'air, et à travers le mouchoir, pincez la pièce entre l'index et le médius, figure

il

Fiji. 13.

2° Les doigts de la main gauche abandonnent la

pièce et descendent sous le mouchoîr de quelques centimètres. 3e La main droite tenant toujours la pièce, tourne de droite gauche, enroule le mouchoir autour du médius et vient ainsi présenter la pièce il la main gauche, celle-ci s'en saisit à travers le mouchoir à l'endroit où dans la figure, on aperçoit h marque de son pouce.

pièce une lois saisie, retirez le médius de la main droite du pli dans lequel il se trouve ennagé. et avec cette main relevant un des coins dudit mouchoir, montrez que la pièce est bien dedans. 4° La

Fig. 14.

Pour cette démonstration il faut une certaine adresse, car la pièce est en dehors du mouchoir comme dans la figure 1 4. 5 Tandis que la main gauche tient toujours la pièce, renversez-la de manière à laisser retomber tous les coins du mouchoir. Si vous avez bien opéré, la pièce au lieu d'être au milieu du mouchoir, n'est qu'à côté, cachée par un pli, ainsi que nous venons de le dire. G° Ce pli est tourné vers vous et ne peut être vu des spectateurs. Toutefois, pour le mieux dissimuler, tortillez-le un peu et priez quelqu'un de tenir au bout de ses doigts le mouchoir ainsi disposé. Avant de vous occuper du seconde mouchoir, prenez secrètement dans votre pochette, une pièce

de cinq francs que vous tenez dans la main droite à l'empalmage. 4° Prenez de cette même main la deuxième pièce de cinq francs restée sur la table et introduisez-la sous l'autre mouchoir. 2° Protégé par le mouchoir, joignez la pièce de l'empalmage à l'autre pièce. 3° Prenez de la main gauche, à travers le mouchoir, les deux pièces réunies et laissez pendre ledit mouchoir. 4° Saisissant ensuite, de la main droite, le mouchoir par le bas, vous lâchez une des deux pièces tenues par la main gauche. Cette pièce est arrêtée dans le mouchoir par la main droite. 5° Priez quelqu'un de vouloir bien tenir horizontalement le mouchoir et de le saisir aux deux endroits où vous le tenez vous-même. Cette personne sent bien, à travers le mouchoir, la pièce qu'elle tient dans la main gauche, mais elle ne soupçonne pas la présence de celle qui est en liberté près de la main droite. Vous rapprochant de la première personne qu'il me soit « Croyez-vous maintenant, Monsieur, possible de faire sortir la pièce que vous avez si bien enfermée dans ce foulard et de l'envoyer, d'ici, rejoindre l'autre pièce que Madame tient entre ses mains. Eh bien, c'est ce que je vais essayer de faire.

Saisissez la pièce à travers le mouchoir que vous faites tenir un peu plus bas, et pour la montrer, vous n'avez qu'a la sortir du pli qui la renfermait. Voici la pièce, dites-vous, en la présentant je vais maintenant tenir ma promesse en la faisant passer d'ici dans le mouchoir que Madame ticnt entre ses mains. Pour cela je vous prierai, Madame, de vouloir bien vous conformer à une petite recommandation l'instant où je lancerai cette pièce vers vous, « A veuillez abandonner la pièce que vous tenez de la main gauche, tandis que vous serrerez fortement le mouchoir de la main droite, à l'endroit même où vous le tenez. Essayons C'est bien compris « On feint de mettre la pièce dans la main gauche, on la garde à l'empalmage, puis, en ouvrant cette main gauche dans la direction du mouchoir on dit

?.

Passe La dame se conformant à l'avis que vous iui avez cionnc, lâche la pièce de la main gauche et, par ce

fait, le mouchoir en se renversant permet aux deux pièces de se réunir et d'annoncer par leur choc que la pièce que l'on a feint de lancer est arrivée. Ce truc, je le répète, est d'un effet très étonnant.

VI. LA PIÈCE SAVANTE.

Voici un tour qui, depuis la fin du siècle dernier, a fait les délices du public. Il est fort peu de prestidigitateurs qui ne l'aient exécuté dans leurs séances.

J'ai cru ne pouvoir me dispenser d'en parler je le ferai, toutefois, aussi brièvement que possible, parce que ce tour doit être connu du plus grand nombre de mes lecteurs. On fait examiner par le public un verre à pied en cristal dont on doit se servir pour l'expérience. Cet examen terminé, on pose le verre sur un livre placé lui-même sur une table. Cette interposition du verre est, dites-vous, pour éviter toute supposition de communication du verre à la table. On emprunte une pièce de cinq francs, on la fait marquer et on la met dans le verre. Au commandement du physicien la pièce se met à danser en mesure avec la musique et répond par oui et par non, à toutes les questions qui lui sont faites Oui, la pièce saute une fois dans le verre, non, elle reste immobile.

Explication du tour. La pièce est fixée à l'extrémité d'un fil de soie noire à l'aide d'un peu de cire vierge. Un compère placé derrière un paravent, dans une pièce voisine ou dans la coulisse d'un théâtre, tire le fil, fait danser la pièce et la fait parler selon le besoin du tour. Pour éviter que le compère ne renverse le verre en tirant le fil, celui-ci est passé dans une petite boucle formée avec une épingle et enfoncée sur la tranche du carton de la couverture du livre. On arrive en scène tenant à la main le livre après lequel est fixé la soie dont l'extrémité est restée dans la coulisse. La cire doit être placée sur le livre de manière à être facilement saisie. Avant de mettre la pièce dans le verre, on y applique la cire à laquelle est lixée l'extrémité de la soie, après quoi le succès du tour est entre les mains du compère (1). Le tour terminé on ôtc la cire avec l'ongle et on rend la pièce. Je dis compère pour, être mieux compris de quelques lecteurs, mais en terme de prestidigitationc'est servant qu'il faut dire. Le compère est un spectateur officieux prêtant au prestidigitateur un objet que cclui-ci lui a remis avant la séance. Le servant est un aide invisible facilitant l'exécution des tours présentés par le prestidigitateur. Plus tard nous reparlerons de ce servant. (1.)

On fait aussi danser la pièce en se servant d'un verre dont le pied est percé. Une petite tige d'acier sortant de la table à l'aide d'un fil tiré par le com-

père, passe à travers le pied du verre et soulève la pièce. On comprendra toutés les ressources que l'on peut tirer de cette organisation la pièce pouvant, en quelque sorte, parler, devient un agent mystérieux, produisant des prestiges et des divinations dont le prestidigitateur semble n'être que l'interprète (1). On fait dire, par exemple, a la pièce la carte qu'une personne a secrètement choisie, le nombre de pièces contenues dans un porte-monnaie, l'heure qu'il est à une montre, L'escamoteur, à l'aide de la carte forcée ou de la seconde vue dont il sera parlé plus tard, indique à son servant le nombre de coups qu'il doit frapper(2).

etc.

Les tables frappantes n'offrent- elJe». pas une grande analogie avec ce truc ? (2) Autrefois les prestidigitateurs ne manquaient jamais de faire avec cette pièce une plaisanterie d'un goût trèsdouteux ils lui faisaient trouver la personne la plus amoureuse de la société, et ils avaient soin de faire désigner un spect.ateur plus ou moins disgracié de la nature ils allaient même jusqu'à faire indiquer par la pièce le nombre de passions que ce monsieur avait su inspirer. De nos jours, on ne se permet plus de semblables privautés avec le public. (1)

VII. LES DEUX CHAPEAUX. Deux jriïces de cinq francs ayant été mises dans zcza chapeau, tes fuire passer invisiblement dans un autre chapeau,.

° Empruntez deux chapeaux et deux pièces de

10

cinq francs 2° Posez les chapeaux sur une table, 10 centimètres environ l'un de l'autre, et faites marquer les deux pièces 3° Les pièces une fois marquées, prenez-les de votre main droite et, feignant de les mettre dans la la main gauche, vous les gardez à l'euzpalrrzage (page 6, figure 3). 4° De cette même main droite où sont cachées les pièces, prenez le chapeau de droite en le tenant de manière à ce que les pièces soient appuyées:1 la garniture intérieure du chapeau (figure 12), et, en le renversant, montrez qu'il n'y a rien dedans. 5° La main gauche est restée fermée comme si elle contenait les deux pièces; posez-la au-dessus du chapeau de gauche en l'entrant un peu dans l'intérieur. Puis, d'après votre boniment, lorsque vous

Je mets ces deux pièces dans ce chapeau (celui de gauche), ouvrez la main gauche que vous relevez aussitôt pour montrer qu'elle est vide. En même temps que s'est faite l'ouverture de cette main, vous avez laissé tomber dans le chapeau de droite les deux pièces retenues par la main droite sur la paroi intérieure du chapeau. Ces deux mouvements simultanés corroborent l'illusion d'acoustique, et il est impossible, eu égard à la distance, que le spectateur ne se figure pas que les pièces sont tombées dans le chapeau de gauche. La suite du tour coule de source; on annonce que l'on va faire sortir les deux pièces du chapeau de gauche pour passer dans celui de droite. On éloigne les deux chapeaux l'un de l'autre, on simule une influence de la baguette, on prononce quelque parole cabalistique et le tour est fait. dites

«

VIII.

LA

PIÈCE D'OR DANS UN PETIT PAIN.

Trouver une pièce, d'or dans le premier petit pain venu sortait de la boutiquedit boulanger. Je suppose qu'on assiste à un repas d'amis auxquels on veut faire une agréable plaisanterie Lorsque l'on s'est mis à table et qu'on a cléplié sa serviette, alors que tout le monde peut vous prêter attention, vous prenez votre petit pain, et le soupesant « C'est étonnant, dites-vous, ce petit pain me semble plus lourd qu'il ne doit être d'ordinaire. Vous le retournez en tous sens, ce qui sert faire

remarquer indirectement qu'il n'y a aucune ouverture au pain. Voyons donc contiendrait-il quelque chose à mon adresse ? On le casse et on trouve au milieu une pièce de vingt francs. Permettez-moi, Monsieur, dites-vous au maître « de la maison, de vous féliciter sur votre ingénieux procédé pour m'adresser ce jeton de présence votre dîner. Je vous en remercie,

etc.

Voici comment ce tour s'exécute Tandis qu'on retourne le pain pour le faire voir, on tient une pièce d'or dans la main droite et lorsqu'on se prépare il le casser, on laisse glisser jusqu'au bout des doigts cette pièce qui se trouve alors sous le petit pain. Ce pain étant tenu par les extrémités, on le plie d'abord en relevant un peu les extrémités en l'air. Ce pli détermine au milieu du pain et en dessous

une cassure béante dans laquelle on introduit subtilement la pièce d'or en la poussant avec les doigts. On comprend aisément qu'en retournant le petit pain du côté opposé et en le cassant tout-à-fait on puisse voir la pièce de vingt francs qui y est introduite. On peut, au lieu d'une pièce de vingt francs, introduire dans le petit pain une pièce de cinq francs; mais c'est un peu plus difficile. Autrefois les escamoteurs avaient l'habitude, avant de donner leur séance dans une ville, de faire quelques tours plaisants chez les marchands pour stimuler la curiosité des habitants. Le tour que je viens de décrire était très souvent employé par eux chez les boulangers ou les pâtissiers. Après avoir trouvé cette pièce dans un pain ou dans un gâteau, ils feignaient de la mettre dans leur poche, mais ils la gardaient dans leur main et ils pouvaient ainsi

avec la même pièce faire trouver dans des gâteaux autant de louis qu'ils le désiraient.

m'est impossible de donner ici tous les tours qui ont été faits avec des pièces de monnaie. J'ai choisi parmi les meilleurs, et ceux-là serviront d'exemple aux amateurs pour en composer selon leur fantaisie, tout en ayant recours aux principes qui se trouvent en tête de ce chapitre Il

Pour terminer la question des pièces de monnaie, voici sur ce sujet quelques clétails qui ne méritent pas plus qu'une exposition sommaire

J'ai vu des pièces en cire argentée qu'on mettait dans un verre chaud; ces pièces qui avaient l'apparence de pièces véritables se fondaient et disparaissaient en passant par un trou pratiqué dans le pied du verre. On a fait des pièces en chocolat argenté que l'opérateur substituait à une autre pièce et qu'il mangeait bel et bien.

J'ai vu des pièces de cuivre et d'argent telles que celles de cinq centimes et deux francs limées à moitié de leur épaisseur et soudées l'une sur l'autre.

La valeur de la pièce changeait selon le côté ou elle

était tournée. J'ai disposé moi-même une pièce de cinq francs pour contenir une pièce de vingt francs. Cette pièce d'or sortait par une ouverture pratiquée dans l'exergue de la pièce de cinq francs. roule sur la lame d'un sabre ou sur une règle amincie derrière la pièce est collée avec de la cire une petite poulie dont la gorge est de même forme que le coupant du sabre. Le truc s'explique de lui-même. Il y a aussi la pièce qui

Nous n'abandonnons pourtant pas complètement les tours exécutées avec les pièces de monnaie nous y reviendrons dans la description des trucs de théâtre et ils y formeront encore un chapitre très

intéressant.

CHAPITRE DEUXIÈME

LES TOURS DE CARTES

De tous les prestiges produits

par. adresse des

mains, les tours de carte sont, sans contredit, les plus amusants et les plus généralement goûtés. Ils ont l'avantage de n'exiger, pour la plupart, aucuns préparatifs et de pouvoir s'exécuter, ainsi, à l'improviste,, Un jeu de cartes se trouve partout, et l'on peut avcc ce seul instrument et une certaine dose d'adresse, faire passer d'agréables instants. Ces prestigieux exercices seront l'objet de ce chapitre.

Les tours de cartes peuvent se diviser en deux catégories bien distinctes savoir les tours de combinaison et les tours d'adresse.

Les tours de cartes basés sur des combimisons,

si surprenants qu'ils puissent être, ont l'inconvénient d'être connus d'un grand nombre de personnes, par cette double raison qu'on les trouve décrits dans beaucoup de livres et que l'exécution en est des plus faciles. Un prestidigitateur doit éviter d'en faire usage s'il veut s'épargner l'ennui de voir ses expériences expliquées et même exécutées par les personnes les moins exercées aux prestiges de la

magie. Les tours d'adresse, au contraire, offrent à l'opérateur de grands avantages parmi lesquels on peut citer les suivants ne sont connus que d'un petit nombre d'a-

Ils

deptes 2° On peut les varier à l'infini 3° Les ressources qu'ils présentent permettent de sortir avec avantage d'un embarras occasionné par suite d'une faute d'exécution ou de la mauvaise vo-

lonté d'un spectateur. C'est de ces derniers tours seulement que je traiterai dans ce chapitre et je renverrai pour les autres aux livres dont c'est la spécialité. Tous les tours de cartes peuvent convenir dans un salon, mais beaucoup d'entre eux, ne sauraient être présentés avec succès au théâtre dans une salle de spectacle, grand nombre de spectateurs sont placés trop loin pour distinguer la nature des cartes

qui leur sont présentées, et ne peuvent en consé-

quence jouir de l'illusion. C'est au prestidigitateur tï choisir parmi ces tours ceux dont les effets son proportionnés à l'ctencluc de la salle de ses séances.

AVIS IMPORTANT est indispensable, pour bien comprendre les explications qui vont être données tant sur lcs. principes de prestidigitation que sur les tours de cartes auxquels ils sont appliqués, de les suivre un jeu de cartes à la main. Sans cette précaution, les personnes qui n'ont pas une grande habitude de ces manipulations, pourraient courir le risque de se perdre dans les nombreux détails d'exécution et de se décourager avant même de se mcttrc il l'oeuvre. Il

Principes dive rs

SERVANT

A

L'EXÉCUTION

DES TOURS DE CARTES

Ces principes sont de trois sortcs, savoir 1

Les principes généraux.

2" Les

principes particuliers.

3° Les principes brillants.

Les principes généraux s'appliquent tous les tours de cartes pour lesquels il faut employer de

l'adresse. Les principes particulicrs, on le comprend, ne

servent qu'à certains tours. Les principes brillants, qu'on pourrait appeler fioritures, n'ont d'autre but que de faire ressortir la dextérité des doigts de l'opérateur.

PRINCIPES GÉNÉRAUX POUR L'EXÉCUTION DES TOURS DE

CAR't'S

Le faux mélange, de coupe. Uenlevage. Le filage. forcée.. l'œil.

Le .saut

La carte La carte

ARTICLE PREMIER

L.K

SAUT DE GOUPK

Le saut de coupe est le plus important des artilices employés dans l'exécution des tours de cartes;

on doit donc s'occuper de cet exercice avant tout

autre. Les commencements pourront sembler difficiles mais avec quelques efforts persévérants les progrès se feront promptement sentir. Une heure pendant

une quinzaine de jours est un temps suffisant pour arriver a une certaine habileté sur ce tour de main. D'ailleurs il n'y a pas a reculer devant ce travail en dehors du saut de coupe il n'y a pas de prestidigitation possible.

Voici comment se pratique le saut de coupe PRÉPARATION. 1° Tenez le jeu de cartes de la main gauche et divisez-le, avec le petit doigt, en deux parties à peu près égales, comme dans la fig. 15.

Ki{f.

la.

2° Couvrez le jeu de la main droite et serrez les extrémités du paquet inférieur entre le pouce et le

médius de cette main, fifr 16.

Fit;. 16.

coupe. 3° A l'aide du petit doigt et du médius de la main gauche, entraînez le paquet supérieur pour le faire passer lestement et sans bruit sous le paquet inférieur. Voici comment doit être scindé ce mouvement A l'instant où les doigts de la main gauche entraînent le paquet supérieur, ceux de la main droite SAUT DE

poussant le paquet inférieur vers la naissance du pouce, lui font faire, t'a cet endroit, un mouvement (le charnière qui donne de la facilité au paquet supérieur pour passer dessous. En ôtant la main droite qui sert à masquer l'opération, on voit la position que doivent occuper les cartes au moment où les paquets changent de position, et Ion comprend comment le paquet yui était en dessous, passe sur l'autre, fig. 17. Lorsque le paquet supérieur est parvenu à se hlacer à plat dans le creux de la main, le paquet inférieur doit retomber sur celui-ci de manière a ne plus former qu'un paquet.

Fig. «7.

Ces différents mouvements scindés pour l'expli-

cation doivent être exécutés avec tant de promptitude qu'ils n'en forment plus qu'un. Un exercice fréquent les fera faire en moins d'une seconde de temps. Pour donner un seul exemple de l'utilité du saut de coupe, je suppose qu'après avoir fait tirer une

carte du jeu et l'y avoir fait remettre, vous désiriez la retrouver facilement, voici ce que vous ferez Une fois la carte sortie du jeu, séparez les cartes

Fig. 18.

en deux paquets que vous tenez très peu éloignés l'un de l'autre, fige 18. Faites mettre la carte sur le paquet de la main gauche et couvrez-le aussitôt du paquet de la main droite. Mais en même temps, vous avez eu soin d'introduire furtivement le petit doigt sous le paquet supérieur, ce qui, divisant invisiblement le jeu en deux, lui donne l'aspect de la figure 15. Si maintenant vous faites sauter la coupe en vous

conformant il l'instruction précédente, la carte choisie se trouvera sur le dessus du jeu. Nous verrons plus loin comment, à l'aide d'un faux mélange, on semble mêler cette carte avec les autres, tandis qu'on ne la perd pas de vue.

observation. Il ne faut jamais faire sauter la coupe immédiatement après avoir fait mettre la carte dans le jeu; on doit attendre pour cela que les soupçons qui ne peuvent manquer de s'élever cet instant soient dissipes, à moins, toutefois, que vous ne soyiez parvenu pouvoir faire cette opération d'une manière invisible. L'usage et l'observation apprendront les subtilités à employer pour que le saut de coupe se dissimule autant que possible; toute explication faite maintenant sur ce sujet pourrait compliquer la démonstration qui précède il suffira de dire que ce mouvement de coupe, si habilement exécuté qu'il soit, doit être masqué par le dos de la main droite et se confondre dans une gesticulation motivée par la conversation. On trouvera plus loin la manière de faire sauter la

coupe d'une seule main.

ARTICLE DEUXIÈME.

LES FAUX MÉLANGES.

tendant a détourner les soupçons que les spectateurs peuvent concevoir sur les dispositions prises pour l'exécution d'un tour de cartes. Il y a cinq principaux mélanges ayant tous lcur utilité particulière; ce sont française; •1° Le mélange 2° Le mélange à l'italienne 3 Le mélange partiel 4° Le mélange classificateur; 5u L'éventail. Le faux mélange est un artifice

la

I.

Le mélange a lit. française

Lorsque, dans un tour, on a fait passer une carte sur le jeu et que l'on désire ne pas la perdre de française. Voici vue, on emploie le mélange comment il s'exécute 1° Ayant le jeu dans la main gauche, prenez

la

d'abord de la main droite la carte que vous désirez conserver. 2" Faites passer successivement sur cette carte, quatre ou cinq cartes, puis quatre ou cinq autres et ainsi de suite jusqu'à ce que tout le jeu se trouve cians Ia main droite mais a chaque fois qu'on fait cette superposition de petits paquets sur la carte réservée, on feint d'introduire également un paquet dessous, ce qui se simule par le frottement d'un paquet sur l'autre. 3° Reprenez le jeu de la main gauche, et faites passer, une seconde fois, les cartes dans la main droite par le même mélange, que l'on fait alors véritablement en mettant sur la première carte, quatre ou cinq cartes dessus et autant dessous, jusqu'à la fin du jeu. Lorsque ce mélange est terminé, la carte de réserve se trouve être revenue la première. On comprendra qu'on peut employer ce faux mélange pour conserver plusieurs cartes on n'a pour cela qu'à réunir ces cartes en un paquet et agir avec celui-ci comme s'il s'agissait d'une seule carte.

il. Le mélange il l'italienne.

Ce mélange est des plus simples et des plus facites à exécuter.

On divise !e jeu en deux parties que l'on tient dans chaque main étalées en forme d'éventail puis on insère les cartes les unes dans les autres et on les mêle véritablement toutefois on a soin que la première carte du jeu reste toujours à sa place. Il s'agit pour cela d'insérer toujours en dessous de cette carte et jamais en dessus.

La figure 19 montre cette manœuvre; la carte du dessus est la carte réservée. Ce qui vient d'être expliqué pour la conservation d'une carte peut, ainsi que dans l'exemple précédent, servir pour conserver plusieurs cartes; on fait

en sorte que ces cartes ne soient pas séparées dans le mélange,.

Le mélange

partiel.

Lorsqu'on a un certain nombre de cartes à conserver, une douzaine, par exemple, il serait dangereux pour le succès d'un tour de s'exposer à employer l'un des mélanges précédents on se sert alors du mélange partiel dont l'exécution offre autant de naturel que de sécurité. Voici comment il se pratique On fait passer par la coupe, sous le jeu, les douze cartes a conserver, en ayant soin de tenir le petit doigt entre ce paquet et celui de dessus. On mêle alors les vingt cartes supérieures, et, lorsqu'on arrive au paquet réservé, on le replace sur le dessus du jeu, ce qui semble la continuation du mélange,,

IV. Le mélange, classificateur.

Cette manœuvre consiste à simuler un mélange tout en classant les cartes dans un ordre nécessaire à l'expérience. Supposons, par exemple, que dans le but de prouver le danger de ,jouer avec des personnes dont

la probité n'est pas entièrement reconnue, on veuille montrer avec quelle facilité on peut tricher

l'écarté; il est alors nécessaire d'avoir recours au mélange classificateur pour arranger les cartes sous les yeux mêmes des spectateurs; voici comment on s'y prend En feuilletant les cartes avec une indifférence apparente, on fait passer sous le jeu une sixième majeure dont le roi occupe le dessus. Ceci fait, rien n'est plus facile que de placer les cartes de manière à ce qu'elles tombent en partage

l'opérateur. Pour cela, tout en simulant un mélange, on fait successivement passer sur le jeu 4° Quatre cartes de dessous (bonnes); 2° Trois cartes du milieu (mauvaises) 3° Deux cartes de dessous (bonnes)

Deux cartes du milieu (mauvaises). Cette manipulation terminée, on donne couper et l'on fausse la coupe par un des moyens indiqués ci-dessus on distribue et l'on se trouve avoir cinq atouts majeurs dans la main et le roi pour retourne. le-

Le mélange classificateur peut encore s'exécuter d'une autre façon Veut-on, par exemple, faire

passer une carte un nombre quelconque partir de la première on divise le jeu en deux parties comme dans le mélange l'italienne, et en insérant

les cartes les unes dans les autres, on lait passer successivement snr la carte réservée le nombre de

cartes que l'on désire.

L'éventail est un mélange fort utile pour conserver toutes les cartes dans le même ordre ou elles ont été organisées. il faut pour cela 1° Etaler lc jcu en éventail et en faire deux parts que l'on tient dans chaque main. A l'aide des doigts de la main droite que l'on fait jouer, faire passer les cartes de cette main sous le paquet de la main gauche, ce qui produit l'effet d'insérer les cartes les unes dans les autres. Les cartes ne se trouvent point ainsi mêlées, mais elles sont dans la position qu'elles occuperaient si le jeu avait été coupé; il importe donc de recommencer cette opération pour que les deux paquets reprennent la place qu'ils occupaient primitivement. Pour produire une illusion complète, il est nécessaire, en faisant ce mélange, de tenir les cartes verticalement. La supercherie est ainsi mieux masquée.

On peut, comme exemple, se reporter a la lig. 19, avec cette différence que le paquet de la main droite, au lieu de s'insérer dans l'autre, passe

dessous. Si je me suis autant étendu sur les faux mélanges, c'est que chacun de ceux que je viens de décrire a son utilité particulière, et qu'ils sont tous indispensables en prestidigitation. Les faux mélanges sont, du reste, très nombreux en escamotage. Chaque prestidigitateur possède au moins un procédé qui lui est particulier. Ces modifications étant toutes tirées des principes que je viens de décrire, il devient superflu d'entrer dans de plus longs détails

sur ce sujet.

ARTICLE TROISIÈME

LA CARTE FORCÉE Un prestidigitateur, en présentant un jeu, doit pouvoir faire prendre la carte qu'il lui plaît, et cela sans que le spectateur puisse s'en défendre

c'est ce que l'on appelle lit carte forcée. Sans doute l'opération présente quelque difficulté et exige surtout une grande subtilité dans l'esprit et dans les doigts mais lorsqu'on s'est suffisamment exercé à cette manœuvre, on peut être sûr d'une complète réussite. S'il en était autrement, le prestidigitateur se trouverait très souvent embarrassé ne faut-il pas que, dans un grand nombre de tours, il fasse prendre forcément une certaine quantité de cartes ? Si l'une des personnes auxquelles il s'adresse pouvait, a son gré, déjouer les influences qu'il met en jeu, son tour serait manqué. Pour l'honneur delà prestidigiration, cela ne doit pas être. Le magicien ne peul s'exposer ainsi à perdre son prestige. Je vais essayer de faire la description de cet important exercice.

J'ai dit que l'exécution de la carte forcée exigeait une grande subtilité des mains et de l'esprit; cela se comprendra en disant qu'il ne suffit pas de venir présenter avec assurance une carte à un spectateur pour qu'il la prenne; il faut que celui-ci soit influencé de telle sorte qu'il choisisse lui-même la carte entre toutes et qu'il reste convaincu qu'il u agi d'après sa libre volonté. L'habileté que l'on déploie dans ccttc circcnstance peut être comparée a celle usitée dans les passes de l'escrime on lit dans les yeux de son adversaire, on devine son incertitude, sa détermination, toutes ses pensées enfin, et, d'un tour de main, l'on se rend maître de sa volonté d'action. la démonstration pratique de cette Passons théorie.

Préparation de LA carte forcée. 1Après avoir mis sur le dessus du jeu la carte que l'on désire faire prendre, on la fait passer par la coupe au milieu, en ayant soin de conserver le petit doigt entre les deux paquets, comme dans la fig. 15 (1). Dans cette disposition, et avant même de développer les cartes, approchez-vous d'un des spectateurs est bien entendu que cette préparation doit se l'aire hors la vue des spectateurs, à moins que l'ou ne soit assez habile pour l'exécuter sans être aperçu. (1) 11

Monsieur, lui dites-vous avec autant de bonhomie que possible voulez-vous me faire le plaisir de prendre (4 ) une carte dans ce jeu ? Le spectateur S'apprête tt vous satisfaire il fixe les yeux sur le jeu, et le voyant peine ouvert, il avance une main incertaine et s'arrête comme pour vous prier de lui en faciliter les moyens. Cette détermination une fois connue, ouvrez le jeu légèrement en éventail, en laissant un peu plus de vide sur la carte forcer que sur les autres, ii; 20.

l-'ig. 20.

coup sùr un tirc-l'œil pouric spectateur, et nul doute que sa pensée n'ait suivi ses yeux. Ce serait, toutefois, une maladresse de présenter immédiatement cette carte, et l'on risquerait ainsi Ce vide doit être

et

choisir, comme on le dit souvent. Ce dernier mot implique une liberté d'action qu'il Fallt éviter de provoquer. (1) Prendre, et non

d'éveiller des soupçons aussi, lorsque le spectateur approche la main vers le jeu, devez-vous d'abord faire passer rapidement devant ses doigts une douzaine de cartes comme pour les lui offrir, et à l'instant où son pouce et son index, après s'être ouverts, s'apprêtent à prendre une carte quelconque, vous laites en sorte que la carte forcée se trouve précisément en position d'être saisie puis, pour éviter toute détermination contraire, aussitôt la carte pincée, vous retirez doucement le jeu vers vous. Les habiles font quelquefois tirer une carte d'une seule main pour cela, ils présentent le jeu étalé sous forme d'éventail a feuillets égaux et rapprochés en laissant un peu plus d'espace sur la carte que l'on désire faire prendre. Il est rare que le spectateur ne soit pas influence par cet espacement. Dans ce cas, comme dans l'exemple précédent, on doit serrer fortement les cartes du jeu, excepté la carte forcer. Le spectateur, sans se rendre compte de l'intention du prestidigitateur, sentant une résistance, se laisse aller à prendre la carte forcée qu'il tire plus facilement. CARTE FORCÉE D'UNE

main.

L'iniluencc de l'esforcée A jeu libre. pacement pour le choix d'une carte est telle, que si vous étendez le jeu sur une table d'une manière CARTE

égale, en laissant toutefois un peu plus d'écartement sur la carte à forcer que sur les au tres, et que vous engagiez un spectateur à prendre une carte, à coup sûr il choisira celle qui aura plus particulièrement frappé ses yeux. Ne vous adressez jamais Ù des personnes timides ou à celles dont l'âge rend les déterminations incertaines si vous présentez le jeu Ù une jeune fille, par exemple, en l'engageant à OBSERVATION.

prendre une carte, votre spectatrice rougit, hésite, se trouble, avance une main incertaine, cherche i\ prendre la carte du dessus, souvent celle de dessous, et lorsque dans l'éparpillement des cartes vous faites arriver devant ses doigts la carte forcée, elle n'ose la prendre dans la crainte de vous embarrasser, et le plus souvent elle s'arrête sans avoir fixé son choix. Mieux vaut dans ce cas de la mauvaise volonté que du bon vouloir. Un tour serait-il manqué, du reste, parce que l'on n'aurait pas réussi à faire prendre la carte for-

Le prestidigitateur lutte

avec avantage contre cet insuccès. Une personne, par exemple, -1-elle pris une autre carte que celle que vous lui destiniez, vous faites mettre cette carte au milieu du jeu, vous employez la coupe pour la faire passer cée ?

Non

sur le dessus et vous la regardez à l'aide du principe de la carte ci 1'oeil, page 1 83. € Voyez, Madame, dites-vous alors, d'un ton demi-plaisant, combien je suis consciencieux. J'ai à vous prévenir que lorsque vous avez remis votre carte dans le jeu, vous ne l'avez pas assez cachée et je l'ai vue (on la nomme) j'aurais pu ne pas vous le dire, mais ma conscience m'en fait un devoir je ne veux pas profiter d'une surprise, » On recommence, alors, la carte forcée près de la même personne ou près d'une autre. Ce petit incident, loin de nuire au tour, lui donne, au contraire, le plus souvent, un attrait qu'il n'eûl. pas eu sans cela. Il est bien entendu, que dans cette circonstance, on s'est conformé au principe n°5 de la page 44, qui recommande de ne jamais avertir le spectateur du tour que l'on va faire.

ARTICLE QUATRIÈME

FILEB

LA. GAriTK.

Procédé moderne, Je ne connais rien d'aussi surprenant que l'effet d'une carte bien filée Le prestidigitateur tient entre ses doigts une carte qu'il fait voir; tout aussitôt cette carte se trouve changée en une autre. Voici comment s'exécute cette habile opération ,1 Prenez entre le pouce et l'index de la main

droite une carte que vous montrez aux spectateurs soit deux points. et que nous appcllcrons n° 2° Tenez, pendant ce temps, le reste du jeu dans la main gauche, en ayant soin de laisser déborder la carte qui doit être échangée contre celle qui est dans la main droite,, cette carte sera le n° '1 soit. un point. 3a Tout en discourant, approchez doucement In

main droite de la gauche et posez la carte n° le nw 1 comme dans la ligure 21

Fig.

sur

ai.

i" Saisissez vivement les deux cartes à la fois entre Je ponce et l'index de la main droite et imprimez-leur un mouvement inverse de glissement, c'est-à-dire qu'on fait avancer sur le jeu le n° 2 tandis qu'un relire le n° 1 comme dans la figure 2%

îmjî. 22

La main droite laissant alors

sur le jeu la carte n"2, entraîne celle n° 1 ets'éloigne du jeu avec elle. Cemouvement, que j'ai été oblige de scinder pour le Taire comprendre, doit être exécuté en une seule fois et avec la promptitude de l'éclair.

l'instant où la carte vient d'éloigner la main droite d'être substituée, du jeu reculent la main gauche en l'écartant de la droite ce qui dissimule complètement l'opération. Ce filage, bien exécuté, devient imperceptible, même dcvant les yeux les plus attentifs. En un mot, il se fait invisiblement. Les prestidigitateurs, à

lieu

Deuxième manière de filer la carte, ancien procède. Ce procédé est beaucoup moins subtil que le précédent, mais, en revanche, il est beaucoup plus facile à exécuter; c'est peut-être pour cette raison

qu'il est adopté par bien des prestidigitateurs. La manipulation de ce filage est compliquée et nécessite une certaine gesticulation pour la masquer. Il est bon, toutefois, de s'exercer à ce principe qui peut être utile dans certaines circonstances comme, par exemple, lorsqu'on a besoin d'échanger plusieurs cartes contre une seule substitution qui ne peut s'exécuter par la méthode précédente.

Voici comment on opère 10 Prenez dans la main droite, entre l'index et. le médius, la carte que vous voulez filer et que nous

appellerons n° 1 2° Ayant le ,jeu dans la main gauche entre le pouce et l'index, et conservant les trois autres doigts de cette main allongés, laissez entre le médius et l'index un intervalle sous forme d'une pince toute prête a saisir comme dans la figure ci-dessous. Fig. 23.

On voit dans cette image que la carte a substituer, qui est sur le jeu et que nous appellerons n° 2, se trouve un peu avancée vers la main droite. 3° Dans un geste motivé autant que possible par la conversation, saisissez prestement avec le pouce et l'index de la main droite la carte numéro 2 et dans le même temps placez le numéro 1 entrc l'index et le médius de la main gauche sous le paquet

de caries.

Cette transposition terminée, les cartes doivent se trouver comme dans la fin. 24. Fig. 24.

Mais tout aussitôt, la carte numéro 4 afin de ne pas être aperçue, doit se placer sous les autres cartes et ne plus former qu'un avec le jeu comme dans la fige 23.

J'ai dit que par ce filage on pouvait échanger plusieurs cartes contre une; rien n'est plus facile Les cartes changer étant dans les doigts de la main droite se substituent comme dans le principe précédent. NOTA.

ARTICLE CINQUIÈME

L'ENLEVAGE.

Premier procédé. Pour exécuter l'enlcvage, on tient, d'abord, dans sa main gauche la carte enlever posée lement sur les autres et un peu avancée vers la droite, comme dans la fig. 25.

Fig, 25.

La main droite se posant sur cette carte s'en empare en la serrant entre les dernières phalanges des

quatre doigts supérieurs et la naissance du pouce appelé thénar. On facilite l'application de la carte à cet endroit en la poussant avec le médius de la main gauche.

Dans cette circonstance, la carte est un peu courbée comme dans la fig. 26.

Fig. -26.

La main renfermant ainsi une carte ne saurait

être ni gracieuse ni naturelle aussi, lorsque Foc casion le permet, cache-t-on cette raideur en saisissant la baguette ou tout autre objet qui oblige à fermer la main. On peut, après avoir empalmé la carte, présenter le jeu de cette même main à une personne avec prière de mêler le jeu. Ce mouvement est hardi, mais il peut détourner les soupçons. On comprend aisément que par le même principe on puisse enlever plusieurs cartes. Le lecteur trouvera peut-être étonnant qu'on puisse tenir cachées dans la main un certain nombre de cartes sans qu'elles soient aperçues; ce qui devra le surprendre davantage, c'est qu'un prestidigitateur adroit puisse, de cette même main où sont cachées les cartes, couper le jeu, prendre

un flambeau, présenter le jeu à couper et, tout en coupant, gesticuler sans aucune gêne.

IL

Deuxième procédé.

a sur le précédent cet avantage que la main qui enlève n'a pas besoin d'être courbée^ et que la raideur de cette main peut se dissimuler bien plus facilement, soit en gesticulant, soit même en laissant tomber naturellement le bras droit le long du corps. En voici la description. 1° Les cartes étant dans la position indiquée par la fig. 25 de l'article précédent, on enlève la carte Ce procédé

Fig. H.

en la serrant entre le pouce et le petit doigt de la main droite comme dans Ia fig. 27.

III.

Troisième procédé.

Pour cet enlevage, la carte à enlever doit être sous le jeu, séparée des autres cartes par le petit doigt de la main gauche, comme dans la position indiquée pour faire sauter la coupe, fig.15. Prenant le jeu par les extrémités entre ic médius et le pouce delà main droite, on le sépare de la carte de dessous en l'avançant vers le dehors de la main, comme dans la fig. 28.

Fig.

ïS

La carte qu'il s'agit de garder est, ainsi qu'on le voit dans l'image ci-dessus, assez en arrière des

autres cartes pour être cachée dans

la

main gauche;

aussi, lorsqu'on prend le jeu par la partie supérieure pour le présenter mêler, on n'a plus qu'à serrer légèrement le pouce sur l'extrémité de la carte pour la dérober complètement aux regards et à laisser tomber le bras près du corps. Si cet cnlevage est bien exécuté, il est d'un naturel parfait.

Parmi les principes d'enlevage qui viennent d'êtrc décrits, aucun ne peut être indiqué comme étant supérieur aux autres ils ont tous leur mérite particulier. C'est au prestidigitateur choisir parmi ces artifices celui qui peut le mieux favoriser son opération. Cette variété de principes offre, en outre, l'avantage de dérouter la perspicacité des spectateurs en changeant le mode d'opération.

ARTICLE SIXIÈME.

LE PO:5AGE. Une fois en possession des cartes qu'il a enlevées, le prestidigitateur doit, dans un moment donné, les déposer sur les autres cartes. Cette opération est la plus simple de toutes celles que j'ai à décrire Si, je suppose, vous avez enlevé des cartes au moment où vous donniez à mêler, vous recevez le jeu dans la main gauche et vous déposez dessus les cartes enlevées, en portant la main droite comme pour le reprendre. Si le jeu est resté sur la table, le posage n'en est que plus facile, puisque cette opération se fait d'ellemême en ramassant le jeu, ou seulement en le poussant de la main même où vous tenez les cartes enlevées. Dans ce cas, tout en attirant le jeu vers soi, on pose sur ce paquet les cartes qu'on tient en réserve, en ayant soin de cacher cette opération de toute la largeur de la main.

Dans le posage fait à la suite de la troisième méthode d'enlevage décrite au paragraphe dernier, c'est le jeu qui tout naturellement vient se joindre la carte enlevée lorsqu'on le reprend de la main droite pour le mettre dans la main gauche. Au principe de posage on peut ajouter le principe d'introduction. il arrive souvent que, dans une séance, pour une cause ou pour une autre, il est nécessaire d'introduire une carte dans la poche d'une personne ou dans tout autre partie de son vêtement. Il faut dans cette action beaucoup de naturel, et avoir l'air plutôt d'aller prendre que d'aller mettre. On trouvera plus loin, au tour des quatre as, une plaisante application de ce principe.

Les Grecs pratiquent très habilement les posages au Tmxsquenct, au Baccarat et au Vingt-et-im, pour introduire dans les jeux des portées de cartes disposées pour les faire gagner. (1)

ARTICLE SEPTIÈME.

LA CARTE A L'OEIL.

prendre connaissance d'une carte à l'insu et sous les yeux même des spectateurs. Vcut-on; par exemple, connaître une carte pour Il est souvent nécessaire de

la

forcer

S'agit-il encore de voir furtivement une carte que l'on a fait prendre au hasard et remettre dans le jeu, on emploie le procédé de la carte à l'œil. Voici comment il se pratique On met le petit doigt sous la carte que l'on désire connaître, puis, avec une prestesse extrême, on ouvre le jeu à l'endroit où se trouve cette carte, et d'un coup-d'oeil rapide on en prend connaissance. Ce mouvement, prompt comme l'éclair, ne peut être aperçu du public, parce qu'il se fait en gesticulant et que le dos des cartes est tourné du côté des spectateurs.

PRINCIPES PARTICULIERS POUR

l'exécution

DE CERTAINS TOURS DE CAMES

La coupe renversée. La carie La carte pensée. Le point. Les cartes marlongue ou large. Le chapelet. quées.

ARTICLE PREMIER.

LA CARTE PENSÉE.

L'exécution de la carte pensée exige non seulement une grande adresse, mais encoie beaucoup de finese et surtout un grand esprit d'observation on en jugera par la démonstration suivante Cherchez subtilement dans le jeu une carte pouvant être facilement remarquée, la dame de pique (1 ) par exemple, et mettez-la sur le dessus

t

du jcu Certains prestidigitateurs choisissent pour cette opération je roi de pique c'est un tort cette carte de premier ordre peut éveiller quelques idées d'influence. (1)

Faites passer cette carte par la coupe au milieu du jeu, en ayant soin de conserver le petit doigt dessus comme dans la fig. 45, à propos de la coupe; 3° Approchez-vous d'un spectateur et, lui présentant le jeu à peine ouvert, priez-le de fixer secrètement son choix (1 ) sur une carte. 4° Sous prétexte de lui montrer les cartes, faitesles passer toutes les unes après les autres devant ses yeux, en les glissant de la main gauche dans la droite. Cette opération doit se faire avec assez de 2°

Fig.29.

rapidité pour que le spectateur en voie confusément la couleur sans en distinguer la forme, et de Cette expression de fixcr secrètement son choix sur une carte est synonyme de celle penser une carte, mais elle est préférable dans ce cas, parce qu'elle semble engager le spee tateur à consulter plutôt le jeu que son esprit pour fixer son choix. (1)

manière à ce que celle que vous montrez soit immédiatement couverte par celle qui la suit 5° Une fois arrivé à la dame de pique dont vous connaissez la place grâce à votre petit doigt, faites sur cette carte un temps d'arrêt imperceptible, puis continuez de faire passer le reste des cartes dans la main droite en agissant le plus vivement possible. Voyez pour la position des cartes fig. 29. Le regard de l'opérateur plongeant par dessus les cartes qu'il présente, suit le mouvement des yeux du spectateur il lui est donc possible de se rendre compte de l'effet qu'il produit dans ses tentatives d'influence. REMARQUES A FAIRE.

Si le spectateur conserve un

regard incertain jusqu'à l'arrivée de la dame de pique, et que, à cet instant, ses yeux, après s'être fixés sur cette carte, abandonnent le reste du jeu, a coup sûr il a pensé la dame de pique. Mais si son attention, son incertitude ou son indifférence se conservent jusqu'à la dernière carte, c'est qu'il n'a fait aucun choix; alors il est probable qu'il cherchera dans sa tête une carte qui pourra n'être pas celle que vous lui avez présentée, à moins, toutefois, que le souvenir de cette image, la seule qu'il ait aperçue distinctement, ne vienne se présenter à sa pensée. NOTA. Il faut avoir soin de cacher avec la main

gauche la dernière carte du jeu qui pourrait attirer l'œil du spectateur et porter préjudice à la dame de pique. Cette opération, faite avec adresse et intelligence, réussit presque toujours, et l'on peut en tirer de merveilleux effets. Dire qu'une opération réussit presque toujours, c'est dire aussi qu'elle peut manquer quelquefois mais comme en prestidigitation un tour doit toujours réussir, ou tout au moins sembler réussir, il y a pour cet artifice des faux-fuyants qui, en cas d'insuccès, rendent le tour aussi surprenant que si la carte pensée eût eu un plein succès. Cette explication ne pouvant se taire que dans l'exposition d'un tour, sera reportée dans le chapitre des tours de cartes, à l'article de la carte pensée. Il y a encore d'autres procédés pour forcer la pensée, mais comme ils ne sont pas particulièrement applicables aux tours de cartes, et que d'un autres côté ils servent à composer des tours d'une autre nature, je me propose d'en faire l'objet d'un chapitre spécial.

ARTICLE DEUXIÈME

LA COUPE RENVERSÉE. On a quelquefois besoin, pour certains tours, d'organiser le jeu de manière à ce que, divisées en deux parties à peu près égales, les figures soient tournées les unes vers les autres. L'envers des cartes se présente ainsi des deux côtés du jeu. Cette disposition s'obtient en faisant sauter la

coupe, c'est-à-dire qu'au moment où, dans cette opération, le paquet supérieur passe sous l'autre, on le retourne de manière à ce que les figures des deux paquets se regardent et soient superposées. Cette préparation est généralement faite pour remplacer le saut de coupe et opérer une substitution. Supposons qu'on ait placé sur le paquet du dessous des cartes que l'on veuille faire apparaître à un moment donné on place le jeu dans la main gauche sur l'extrémité des grands doigts et, tout en gesticulant, on ferme la main ce qui faisant retourner le jeu, place en dessus les cartes de dessous, et réciproquement.

ARTICLE TROISIÈME.

LA CARTE GLISSÉE.

Glisser la carte, c'est faire croire qu'on prend la dernière carte du jeu tandis qu'on tire l'avant-derBière. Voici comment s'exécute cette substitution. 10° Tenez le jeu dans la main gauche par les côtés, et faites voir aux spectateurs la carte de dessous que

nous supposons être l'as de carreau. 2° Renversez le jeu, les figures en bas et passez le doigt médius de la main droite sous le jeu comme pour attirer à vous la carte que vous venez de montrer, fig. 30.

Fig. 30.

3° Avec ce doigt légèrement mouillé, poussez

cette dernière carte un peu en arrière et tirez la carte suivante; la fig. 30 représente la position

des mains et des cartes telles qu'on les verrait l'on se baissait pendant l'opération pour la voir.

si

Quelques prestidigitateurs, au lieu de se servir du médius de la main droite pour pousser en arrière la dernière carte, emploient les grands doigts de la main gauche qui se trouvent précisément sous la carte en ce moment. Cette substitution, qui a été Observation. imaginée pour remplacer celle de la carte filée, lui est bien inférieure sous le rapport du naturel et de l'élégance. Elle a cependant sur celle-ci l'avantage de n'offrir aucune difficulté d'exécution. La carte glissée n'est ici donnée que par acquit de conscience et pour ne rien omettre de ce qui a été employé en prestidigitation. D'ailleurs, toutle monde n'est pas tenu d'être adroit, et certains amateurs pourront être heureux de s'en servir en attendant une plus grande habileté.

ARTICLE QUATRIÈME

LA CARTE LARGE.

titre de cet article indique presque suffisamment la nature de l'artifice cluc je vais décrire C'est une carte plus large que celles en usage introduite dans un jeu elle indique par ses parties saillantes l'endroit où le prestidigitateur doit couper. Autrement dit c'est un repère servant diviser le jeu Ù un endroit disposé pour l'exécution d'un tour. Au lieu d'une carte large, on peut aussi mettre une carte longue. Il y a même des cas où l'on emploie l'un et l'autre de ces deux procédés. La carte large est aussi employée dans certains cas pour forcer le spectateur a couper selon la volonté du prestidigitateur. On peut mettre les cartes biseautées au rang des cartes larges, puisqu'elles remplissent le même but Supposons que toutes les cartes soient plus étroites de deux millimètres à l'une de leur extrémité qu'a l'autre, on comprendra que si on retourne une ou plusieurs de ces cartes, elles feront saillie sur les autres et pourront servir de repère pour être retirécs du jeu. Le

ARTICLE CINQUIEME.

LF PONT. Le pont se fait dans le but de suppléer il la carte large. L'effet en est exactement le môme les doigts au lieu d'être influencés, dans la coupe, par les parties saillantes d'une carte plus large que les autres, le sont par un intervalle pratiqué à dessein au milieu du jeu. Voici comment le pont se prépare. 4 ° Tenant le jeu de la main gauche, par le milieu, imprimez-lui une forme cambrée en le ployant avec la main droite sur l'index de la main gauche. 2° Saisissez ensuite la moitié supérieure du jeu seulement, et, en la pliant sur le pouce de la main gauche qui se trouve dessus en ce moment, donnezlui une forme courbe dans le sens inverse du paquet

inférieur. 3° Ceci préparé, faites passer par le faux mélange

(l'éventail, page 463) le paquet supérieur sous l'autre, comme pour mêler le jeu. Les parties courbes se rencontrent alors et c'est, ainsi que je viens de le dire., le vide produit par ces deux arcs qui force la coupe plutôt cet cndroit qu'à tout autre.

ARTICLE SIXIEME.

LES CARTES MARQUÉES.

Pourrait-on croire qu'un seul petit point placé sur chacune des cartes d'un jeu de piquet puisse les rien n'est plus vrai cefaire reconnaître toutes pendant. Supposons un tarot formé de points ou de toutes autres figures comme le sont, d'ordinaire, ces genres de dessin. Ce sont ces dessins que l'on utilise pour dissimuler la marque dont il s'agit Le premier gros point ou tarot de la corne à gauche, par exemple, représentera du cœur, le second en descendant du carreau, le troisième du trèfle, le quatrième du pique. Si, maintenant, à l'un de ces points qui sont naturellement placés sur la carte par le dessin du tarot, on ajoute un autre petit point, il marquera d'un même coup, selon l'endroit où il aura été placé, la nature et la couleur de la carte. Ce point étant placé au point culminant du tarot, représentera un as en tournant :i droite, un roi

le quatrième un valet et ainsi de suite en suivant jusqu'au sept. On peut également avec un seul point peine perceptible indiquer sur des cartes blanches toutes les cartes, à la condition de placer ce point diverle troisième point sera une dame

Fig 30 bis.

ses places dont l'œil peut bien faire apprécier la ditférence.

Voici le procédé: Il faut supposer, par estimation, la carte divisée en huit parties dans le sens de sa plus petite dimension et en quatre de ces mêmes parties sur le côté le plus long à partir du coin supérieur, à gauche. Les premières de ces divisions indiqueront la valeur des cartes, les autres leur couleur; la marque de la

carte se met au point d'intersection nécessaire pour la désigner, ainsi qu'on le voit dans la fig. 30 bïs ci-contre. Au premier abord, il semblera peut-être assez difficile de pouvoir se rendre compte de la division a laquelle appartient un point isolé sur le dos d'une carte. Cependant, pour peu qu'on veuille y prêter attention, on pourra bien juger que le point que j'ai mis pour exemple sur la carte représentée par la figure 30 bis, ne peut appartenir, ni la seconde, ni il la quatrième division verticale, mais bien la troisième, et par une appréciation analogue on verra que ce même point se trouve en regard de la deuxième division horizontale. Il représentera donc; une dame de carreau. Il est bien entendu qu'il faut que cette marque soit également reproduite au même endroit du côté opposé de la carte afin qu'on puisse voir cette marque quand bien même la carte serait retournée. Je ne puis parler de ce genre de cartes marquée sans penser au prestidigitateur qui me l'a révélé.

Cet homme, nommé Lacaze, (4) savait, de son oeil pénétrant, découvrir à un mètre de distance, sur des cartes à tarots compliqués, un point que l'œil pouvait à peine distinguer de près lorsqu'on en connaissait la place. Entre ses mains, ce principe, dont il faisait une habile application, devenait un

prestige merveilleux. Le prestidigitateur Lacaze fit construire, en 1847, dans les Champs-Elysées, en face du cirque, une charmante petite salle de spectacle pour y donner ses séances. C'est dans cette salle que les bouffes parisiens ont pris iiaissance. (1)

ARTICLE SEPTIÈME.

LE CHAPELET.

ordre de cartes rangées selon certains mots d'une phrase que l'on retient par cœur. Autrement dit, c'est un procédé de mnémonique pour se rappeler certaine disposition de Le Chapelet est un

cartes. Les Chapelets les plus faciles à retenir sont ceux qui présentent à l'esprit une phrase ou une pensée Voici le Chapelet que j'avais composé pour mon usage.

dix-huit ne valait pas ses dames. Ce qui signifie le Roi, dix, huit, neuf, valait, as, sept, dame. Ces huit cartes sont classées dans un ordre de couleur tel que Pique, coeur, trèfle, carreau. Mais à la fin du chapelet, après la dame, au lieu de mettre la couleur qui suit pour le roi venant après, on fait en sorte que le roi et la dame soient de même couleur et cela se comprend On a commencé par le roi de pique et l'on a fini par la dame de carreau Le Roi

il faudrait un second roi de pique pour pouvoir faire suivre l'ordre des couleurs, or comme il n'y

en a qu'un dans le jeu, on emploie le procédé que je viens d'indiquer. L'exemple suivant fera mieux comprendre cet arrangement. Disposition d'un chapelet de trente-deux cartes 1° Le Roi de pique 2° Dix do cœur 3° Huit de trèûe 4° Neuf de carreàu 5° Valet de pique 6° As de coeur 7° Sept de tréfle 8° Dame de carreau 9° Roi de carreau 100 Dix de pique Il° Huit de coeur 12° Neuf de trèfle 13° Valet de carreau 11° As de pïdue 15S Sept de coeur 16° Dame de trèfle

Roi de trèfle Dix de carreau Huit de pique Neuf de cœur -21° Valet de trèfle 22° As de carreau 23° Sept de pique 24° Daine de coeur; 25° Roi de cœur 26" Dix de trèfle 27° Huit de carreau 2S° Neuf de pique 29° Valet de coeur 30° As de trèfle; 31° Sept de carreau 32° Dame de pique

17° 18° 19° 20°

Il est à remarquer que pour ces sortes de dispositions, la coupe, quelque répétée qu'elle NOTA.

soit, ne change aucunement Tordre des cartes.

PRINCIPES BRILLANTS

Le filage d'une Le saut de coupe d'une seule main. seule main. Le craquement des caries. Les Le rayonnement. cartes lancées à distance. Les cartes retournées. Les cartes ramassées.

ARTICLE PREMIER.

LE SAUT DE COUPE D'UNE SEULE MAIN La coupe d'une seule main

sert rarement dans l'exécution des tours de cartes, et n'a généralement d'autre but que de montrer la dextérité des doigts. C'est pour cette raison que je l'ai placée dans le chapitre des principes brillants. Il y a un grand nombre de méthodes pour exécuter la coupe d'une main j'ai choisi trois des plus usitées et des meilleures, et j'ai négligé les autres par cette raison que la description de cet exercice étant très longue, je craindrais de trop m'étendre sur un sujet dont le résultat n'est que d'une utilité secondaire

1.

La coupe d'une main. Ancien procédé. 4°Tenant le jeu dans la main

gauche, divisez-le en deux parties à l'aide du pouce et des deux doigts du milieu. Voyez figure 34

F.g. ;>i.

2° Faites passer sous le paquet inférieur l'index et le petit doigt afin de pouvoir serrer ce paquet entre ces deux doigts et les deux autre, la main

droite restant toujours dessus; 3° Dans cette position, te paquet supérieur étant

Fig. 32.

maintenu par le pouce, enlevez le paquet inférieur

avec les quatre autres doigts clui se développent comme dans la figure 32. 4° Laissez tomber le paquet supérieur dans le creux de la main et couvrez-le par le paquet infé-

rieur en ayant soin de retirer le pouce en arrière, pour faciliter cette substitution. 5° Faites revenir sur le jeu l'index et le petit doigt et serrez les cartes dans votre main de manière à les égaliser. Cette coupe, bien que décrite dans tous les traités de prestidigitation et pratiquée par un grand nombre de prestidigitateurs, n'en est pas moins très imparfaite elle offre surtout les inconvénients suivants: elle est impraticable pour les personnes qui ont les doigts courts; elle déforme les cartes en les pliant et présente une manipulation bruyante. NOTA.

I La coupe d'une main. Nouveau procédé.

Cette coupe a sur la précédente de grands avantages elle est élégante, s'exécute sans bruit et presque invisiblement, et permet en outre de voir la carte de dessous sans que le public puisse s'en

douter.

Cet exercice n'est autre que la coupe des deux mains pratiquée avec une seule main. -Voici comment il s'exécute: 4° Ainsi que dans la coupe des deux mains, tenez le jeu de la main gauche et séparez-le en deux parties avec le petit doigt comme dans la fig. 4 5, page 154; mais au lieu de tenir les trois grands doigts sur les cartes, comme dans cette image, placez l'index vers l'extrémité supérieure du jeu comme dans la fig. 33.

Fig. 33.

2° A l'aide du petit doigt, renversez subtilement

le paquet supérieur sur le médius et l'annulaire,

Fig.

3i.

tandis que dans le même instant vous prenez la corne du paquet inférieur entre le pouce et la nais-

sance de l'index pour le faire relever et le séparer ainsi de la partie opposée. 3° Dans cette position, vous n'avez plus qu'à fermer le médius et l'annulaire pour faire passer le paquet supérieur sous le paquet inférieur. Il va sans dire qu'une fois le paquet supérieur introduit sous l'autre, on égalise les cartes de manière présenter le jeu comme dans la fig. 33.

Observation. Cette opération est très difficile sans doute, mais si impraticable qu'elle paraisse en commençant, les mains finissent par se faire à cette manipulation délicate, et après un certain temps d'étude on parvient à s'en rendre maître. Ainsi que je le disais plus haut, cette coupe est exactement la même que la coupe des deux mains; elle présente alors l'avantage de rendre cette dernière beaucoup plus facile à exécuter, lorsque, au lieu d'une main, l'on en emploie deux.

Ili. La coupe d'une seule main au bout des doigts.

Prenez le jeu de la main droite entre le pouce et l'index, vers la partie supérieure des cartes, comme dans la fig. 35.

Fig. 35.

sont, ainsi qu'on le voit dans cette image, courbés derrière le jeu, tandis que l'iznnulaire est resté tendu prêt à entrer en fonction. C'est sur lui que repose en grande partie l'opération. En effet, aussitôt les cartes présentées au public comme dans la figure ci-dessus, on commence la manipulation suivante 1° Introduisez subtilement l'annulaire au milieu des cartes pour les séparer en deux parties à peu près égales; 2° Attirez subitement le paquet inférieur sur les deux doigts médius et auriculaire qui sont par Le médius et le petit doigt

derrière 3° Une fois ce paquet serré entre ces trois der~

nicrs doigts comme dans une pince, relevez un peu le paquet de devant pour que l'index qui le tient ne gêne pas le développement des cartes de derrière et, au mêmc instant, opérez avec les deux paquets deux mouvements en sens inverse l'un à droite, l'autre à gauche. Pour mieux faire comprendre ce mouvement, nous allons le représenter dans la fig. 36.

Fig. 36.

Le paquet de devant est, on le voit, tenu par le

pouce et l'index, celui de derrière est serré entre l'annulaire et les deux autres doigts, le médius et l'auriculaire. 4° Réunissez vivement les deux paquets en un seul en introduisant le paquet de devant entre les deux doigts de dessous et l'autre paquet, fig. 37.

Fig. 37.

5° Ceci fait, dégagez l'index et le pouce et remet-

tez-les dans la position première, fig. 35.

Observation. Croira-t-on que ces mouvements, si divers et si compliqués en apparence, doivent n'en former qu'un seul et peuvent se faire invisiblement ? Mais il faut dire aussi que cette coupe, si bien exécutée qu'elle soit, serait toujours visible si elle n'était masquée par un mouvement des plus naturels. Après avoir montré la carte de devant comme dans la Iig. 35, on pose le jeu soit dans la main gauche, soit sur la table, et c'est dans le trajet que la coupe s'opère; ce transport du jeu rend la manipulation invisible.

ARTICLE DEUXIÈME.

FILER LA CARTE D'UNE SEULE MAIN Ce principe est d'une grande élégance de présentation on doit le considérer plutôt comme une

fioriture que comme un objet d'utilité. Si habilement qu'on le pratique,, il est impossible d'en dissimuler la manipulation. C'est pour ces raisons que les prestidigitateurs, loin d'en faire un mystère, affectent au contraire d'en faire remarquer la gracieuse exécution. 1 ° Tenez le jeu dans la main gauche, le pouce en travers du jeu et les autres doigts à demi ouverts comme dans la fige 38.

Fig. 38.

2° Poussez avec le pouce, en dehors d u jeu, la carte

de dessus jusqu'à ce qu'elle se trouve supportée par le médius;

3° Dans son mouvement de retour le pouce appuie sur la deuxième carte pour la faire reculer et la dégager de la première 4° Cette seconde carte en reculant bascule un

Fig. 30.

peu, se soulève et présente une ouverture sous laquelle on introduit la première carte à t'aide du médius, comme dans la fig. 39. Observation. Bien qu'il soit de mauvais goût de mouiller ses doigts à sa bouche, il est cependant nécessaire de recourir à cette extrémité pour l'exécution de ce principe, à moins qu'on n'ait les doigts naturellement humides. En tous cas, il faut le faire sans être aperçu des spectateurs. Lorsqu'il s'agit d'un tour, au lieu de cet élégant filage, il est préférable d'employer le filage à deux mains, si naturel et si facile, que nous avons décrit la page

1 71

ARTICLE

TROISIÈME.

LE CRAQUEMENT DES CARTES. Cette opération a pour but de produire avec les cartes un petit bruit de craquement qui doit accompagner certains tours de cartes, et de donner aux illusions une apparence de réalité. S'agit -il par exemple de simuler le passage d'une carte d'un endroit un autre, on opère le craquement en même temps qu'on prononce le mot sacramentel passe. Voici comment on parvient à produire ce craquement

Tenez les cartes de la main gauche, le pouce en travers du jeu. 2° Placez l'index recourbé sous le jeu et, de l'extrémité du médius appuyant sur les cartes, faites les successivement courber vers l'intérieur de la main. Les cartes en se relevant par leur élasticité 1°

produiront une sorte de craquement prolongé. Voyez la fig. 40. S'agit-il de produire ce petit bruit sur une seule

carte. On tient cette carte de la main droite entre le pouce et l'index, puis appuyant sur ce doigt les trois autres doigts de cette même main, vous les détachez successivement pour tomber sur la carte et produire par un triple coup le craquement en

question.

ARTICLE QUATRIÈME.

LES CARTES LANGÉES A DISTANCE. Rien ne donne une plus haute idée de l'adresse d'un prestidigitateur que ces cartes, si légères pourtant envoyées dans une salle à toute distance et lancées avec la rapidité d'une flèche. Cette opération tient à un tour de main assez ditficile à expliquer; on le cherche quelquefois longtemps et, lorsqu'on le tient, on est étonnc; que si peu de chose présente autant de difficulté. Essayons toutefois d'en expliquer la manipulation

Fi«. 4».

Prenez la carte que vous voulez lancer, en la saisissant vers le milieu de sa largeur et au quart de sa longueur environ, entre l'index et le médius de la main droite, fig. 41 2° Courbant ensuite le poignet en le rapprochant I

du sein gauche, détendez vigoureusement le bras en tachant la carte dans la direction où vous voulez l'envoyer. Mais avant de lâcher cette carte, vous lui imprimez, en reculant un peu la main en arrière, un mouvement de rotation qui lui est nécessaire pour voyager et sans lequel elle tomberait à vos pieds. A l'aide de cet exercice, on fait encore un petit tour d'un charmant effet on annonce que les cartes du jeu ainsi lancées dans l'espace sont assez obéissantes pour revenir lorsqu'on les rappelle, et vous en donnez un exemple. Pour obtenir ce résultat, il faut s'y prendre comme précédemment; mais au lieu d'envoyer la carte à une grande distance, on la lance seulement à un mètre ou deux de soi en lui imprimant avec la main un mouvement de retour que l'on pourrait comparer il celui que l'on donne à un cerceau pour le fainc revenir lorsqu'il est arrivé au terme de son impulsion. Pour faciliter ce retour, on lance la carte diagonalcmcnt et dans un angle environ de quarante-cinq degrés. Dans ce cas, lorsque la carte arrive à la fin de sa course, son plan incliné en tournant sur luimême glisse sur l'air et contribue, ainsi, à la faire revenir vers son point de départ. Pour compléter ce tour d'adresse, on saisit au retour la carte entre ses doigts.

J'ai vu ce tour très habilement exécuté par un prestidigitateurhongrois nommé Well. Il est d'autant plus important d'être dressé à l'envoi dos cartes à distance, que dans les séances de prestidigitation on trouve souvent l'emploi de cet exercice pour faire passer adroitement aux spectaleurs divers présents dont on les gratifie sous forme de journaux, albums, brochures, etc. CI).

Je me rappelle qu'étant en représentation au théâtre de Strasbourg, j'envoyai par dessus le lustre, aux spectateurs des galeries du cintre, un des petits albums que j'avais retiré de ma Corne d'abondance. Je fus chaudement applaudi pour ce hardi coup de main. (1)

ARTICLE CINQUIÈME.

LE RAYONNEMENT. Cet exercice est, sans contredit, la plus brillante de toutes les fioritures que l'on exécute avec un jeu de cartes. Il s'agit de faire passer toutes les cartes d'une main dans l'autre en leur faisant franchir une une la distance qui sépare les deux mains. Plus cette distance est grande, plus est grande la difficulté. Voici comment on opère:

Fin. 42.

1° Tenez le jeu par ses deux extrémités entre le pouce et les deux grands doigts de la main droite, et courbez-le en le bombant vers l'intérieur de la main. Ainsi tenu, le jeu tend à s'échapper des doigts. 2° Placez la main gauche a une certaine distance

de la main droite et, continuant de presser le jeu, les cartes s'échappent et vont successivement se placer dans la main gauche. La figure 42 ci-dessus complétera suffisamment l'explication que je viens de donner.

Observation. Plus les cartes sont épaisses, plus leur résistance leur donne de force d'impulsion et par conséquent plus est grande la distance qu'on leur fait franchir. Les prestidigitateurs auxquels cet exercice est familier parviennent à faire franchir ainsi aux cartes quarante cinquante centimètres. Mais une petite ruse peut augmenter de beaucoup 1 'apparence de cette projection c'est de faire décrire aux deux bras, pendant l'action, un cercle se terminant avec l'épuisement des cartes dans la main droite. On peut faire, d'une manière charmante, l'imitation de ce tour d'adresse; seulement il faut un jeu préparé, ce qui, à mes yeux, est un inconvénient. Quoi qu'il en soit, voici comment ce tour se préparc et s'exécute

préparation UU JEU. On réunit les cinquantedeux cartes d'un jeu complet en les collant par leurs extrémités, de telle façon que la première soit soudée avec la seconde par le haut, la seconde avec la

troisième par le bas, lu troisième avec la quatrième par le haut, et ainsi de suite jusqu'à la dernière. ,jeu étant place dans la main gauche, si vous retenez la carte de dessous tandis que la main droite enlevé perpendiculairement celle de dessus, cette dernière carte entraînera toutes les autres sous forme d'une chaîne en zig-zag de près d'un mètre de longueur. Tout aussitôt, et sans rien lâcher, vous repoussez les cartes les unes sur les autres et elles se réuniront, comme précédemment EXÉCUTION

du TOUR.

Le

en paquet. Ces deux mouvements,, exécutés avec une extrême vivacité, ne permettent pas au spectateur d'apprécier la nature de l'artifice qui, dans ce cas, est mis sur le compte de l'adresse, attendu qu'il représente exactement le rayonnement dont il vient, d'être question.

Observation. La jonction des cartes à leurs extrémités doit être solidement faite. La bande collée à chaque bout peut avoir un centimètre de largeur environ. Des cartes épaisses conviennent mieux que des cartes minces.

ARTICLE SIXIÈME.

LES CARTES RETOURNÉES. On place un jeu de cartes sur la table; on l'élale sur une certaine longueur on passe un doigt sous la dernière carte; on la retourne, et tout le jeu se retourne aussitôt. Voici comment s'exécute cet exercice 1° Ayant posé lejeu sur la table, a votre droite,

étalez-le aussi vivement que possible en pressant dessus et en poussant vers la gauche 2° Passez l'index de la main droite sous la dernière carte et retournez-la en suivant avec le doigt la direction du jeu. Ce mouvement fait, retourner les autres cartes. Il est important pour la réussite Observation. de cet exercice 1° Que la table sur laquelle on opère soit couverte d'un tapis, afin de présenter aux cartes plus de stabilité par l'adhérence les cartes soient étalées sur leur longueur de telle sorte que la première carte soit, peu

Que

près, couverte aux deux tiers par la deuxième et ainsi de suite pour toutes les autres. Plus les cartes sont couvertes, plus l'effet est sûr mais aussi moins il est étonnant. Si l'ordre des cartes ne se dérange pas cette évolution peut se recommencer du côté opposé. On emploie cet exercice avec succès dans la circonstance suivante Lorsqu'on étale le jeu sur In table pour montrer au public qu'il n'a aucune préparation, on le dispose dans l'ordre indiqué ci-dessus et en le retournant deux fois on dit Vous voyez ni de que ce jeu n'est préparé ni de ce l'autre. Celle fioriture adroitement exécutée est d'un charmant effet.

côté

ARTICLE SEPTIÈME.

LES CARTES RAMASSÉES. Ainsi que dans l'exercice précédent, on pose Ic jeu sur la table et vers la droite, en appuyant dessus, on l'étalé en cercle d'un coup de main en dirigeant le mouvement vers la gauche, tel qu'on le fait, du reste, pour choisir des cartes au jeu de whist. Passant ensuite la main droite sous la première carte, on glisse vivement sous toutes les autres en suivant le cercle tracé par le jeu. Les cartes, par rassemblent toutes dans la main et sont