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French Pages 0 [193] Year 2016
EYROLLES PRATIQUE Histoire et récits
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EYROLLES PRATIQUE Histoire et récits
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LES MORTS MYSTERIEUSES DE L'HISTOIRE Zola a-t-il été assassiné ? Robespierre s'est-il suicidé ? Comment Agnès Sorel a-t-elle trouvé la mort? Complots, manigances, meurtres... Nombreuses dans !'Histoire sont les morts mystérieuses. Dans cet ouvrage, une quinzaine de cas exemplaires font l'objet d'une enquête inédite dont le récit alerte nous tient en haleine. L'auteur nous transmet ainsi avec pédagogie l'état de la recherche historique sur ces obscurs dossiers dont le mystère défie la raison.
• Des destins-clés • Des récits vivants • Des découvertes actuelles
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LES MORTS MYSTERIEUSES DE L'HISTOIRE
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Michel Benoit
LES ,MORTS MYSTERIEUSES DE L HISTOIRE 1
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EYROLLES ~o=--
Groupe Eyrolles 61, bd Saint-Germain 75240 Paris Cedex 05 www.editions-eyrolles.com
Mise en pages : Istria
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En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l'éditeur ou du Centre français d'exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
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© Groupe Eyrolles, 2016 ISBN: 978-2-212-56442- 6
SOMMAIRE Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Agnès Sorel • Quand beauté et pouvoir mènent à la mort ... ... 9 Henri IV • È ammazzato ! (C'est notre jour de chance!) . ..... .. 19 Maximilien de Robespierre • Assassinat ou suicide? .......... 29 L'affaire du courrier de Lyon • Six têtes pour cinq coupables .. 41 Louis XVII • Quand la raison d'État l'emporte.......... . ... . .. 53 Napoléon Bonaparte • Sainte-Hélène, l'ultime prison .. . ... . . . 63 Le duc de Bourbon • L'affaire de Saint-Leu ...... . ............ 73 Léon Gambetta • La mort éparpillée .......... . ............. 83 Émile Zola • Victime d'Alfred Dreyfus? ...................... 91 Adolf Hitler • Est-il mort dans son bunker? ... . ............. 101 Le général Leclerc • L'énigme du treizième homme ......... 111 Joseph Staline • Le petit père des peuples est mort! ......... 121 Marilyn Monroe • Même les étoiles meurent.................. 131 (/)
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Joachim Peiper •Quand le passé ressurgit................... 151
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John Lennon •« Le bonheur est un fusil tout chaud!» ....... 161
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Index des noms propres . .. .................. ... ........... 173 Sources bibliographiques ................... . ............. 179
À pro pos de la mort d 'Agnès Sorel .. . ....... . ......... . .. . ... 179 À propos de la mort d 'Henri IV . . ... . . . . . . . . .. .. ... . . . .. . . . . .. 180
À propos de la mort de Robespierre ... .. . . ....... . ...... . ... . À propos de l'affaire du courrier de Lyon . ...... . . ... . .. .. . . .. À propos de la mort de Louis XVII . .... .... . . ... . . . . ... . . . .... À propos de la mort Napoléon Bonaparte ... . .. . . .. .. . ... . . .. À propos de la mort du duc de Bourbon ... ..... . . . ... .. . . .... À propos de la mort de Léon Gambetta . . ... . . . . .. . .. . ..... .. À propos de la mort d'Émile Zola . .. .. ... ... . ... . . .. .. .. . . ... . À propos de la mort d'Adolf Hitler . . . .. .. . ... . .. . .. .. . . ... . . .. À propos de la mort du général Leclerc ... ..... . . . ... . . . . ... . À propos de la mort de Joseph Staline .. . ... . .. . .. . .. . . . . . . .. À propos de la mort de Marilyn Monroe . .. . . ... . . . . .. .. . . .... À propos de la mort de Stevan Markovic . ... . .. . .. .. . . ... . . .. À propos de l'affa ire Joachim Peiper .. .... ..... . . . ... . . . . ... . À propos de la mort de John Lennon . . .. . ... . .. . .. . .. . . . . . . ..
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Les mort s mystérieuses de !'H istoire
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AVANT-PROPOS Ce livre s'adresse aux amoureux de l'histoire, aux passionnés de mystères, à ceux qui doutent et qui refusent la pensée unique, car si la vie des personnages dont je vais vous parler se raconte très largement dans le grand livre de !'Histoire, leur mort n'y est bien souvent évoquée que très succinctement. De tout temps, la mort des hommes interpelle les vivants, ces derniers cherchant une raison, une cause, une lueur pouvant les rassurer sur les raisons de l'absence de 1' être disparu. Une mort sans véritable raison est angoissante, effrayante, terrorisante ... Tel est l'homme, face au mystère de la mort. La regarder, l'expliquer, la démasquer le rassure, le soulage, le réconforte même ...
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Accident, maladie subite, meurtre, ou encore disparition physique, la mort peut s'emparer de tous ces visages selon son humeur et les circonstances qui la mettent en scène. Henri IV, Louis de Bourbon, Joachim Peiper, Napoléon, Émile Zola, John Lennon ou Adolf Hitler : la mort de ces êtres, rendus immortels par leurs actions, semble demeurée mystérieuse à jamais, la mort ne devenant définitive que le jour où les vivants ne sont plus là pour les évoquer. L'éternité accompagne ces personnages ayant marqué leur temps et qui sont morts dans de mystérieuses circonstances. La sélection des quinze personnalités historiques reprises au sommaire de cet ouvrage est pour moi l'occasion de démontrer que de tout temps, le doute et le mystère de la mort de ces femmes et hommes adulés ou craints fut toujours la préoccupation de leurs contemporains. C'est pourquoi, en traversant notre histoire et en adoptant une forme chronologique, les lecteurs pourront se persuader que les mystères de ces morts n'ont pas d'âge, qu'ils sont d'une étrange jeunesse ...
Le docteur Cabanes affirmait que « le peuple est toujours porté, quand disparaît un homme qui a tenu en mains le pouvoir, ou dont la part d'influence a étéplus ou moins considérable, à attribuer sa mort à une puissance occulte.. . » Certes. Mais est-ce parce qu'il existe des maniaques du complot que les complots n'existent pas ? Complots, manigances, meurtres .. . Rien de bien original en fait, car 1'art de cultiver avec intelligence et assiduité le meurtre n'est-il pas la base de notre civilisation ? Après l'interrogation, le doute, l'incertitude et la recherche subsiste le mystère. Et si la création et la naissance restent et demeurent à elles seules un vrai mystère, la destinée de l'homme l'accompagnant dans sa mort l'est aussi.
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Les mort s mystérieuses de !'Histoire
AGNÈS SOREL
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QUAND BEAUTE ' ET POUVOIR MENENT ' A LA MORT L'hiver est froid en ce début d'année 1450. Les troupes armées du roi Charles VII, composées de trois corps d'armée, viennent de remporter une grande victoire après dix ans d'occupation anglaise : Harfleur, le port principal de la Normandie, est libéré ! Cette ville, clôturée par un rempart percé de trois portes, est enfin redevenue propriété du roi de France.
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Dès le début de l'année 1449, le roi Charles VII avait entrepris de libérer toutes les villes de Normandie : Avranches, Verneuil, Évreux, Louviers, Rouen ... En décembre, les armées du roi s'étaient postées devant Harfleur avec plus de dix mille hommes alors que vingt-cinq navires bloquaient le port. Les troupes anglaises commandées par Thomas Aurmagan, devant le déploiement des armées françaises dirigées par Jean etJaspard Bureau, trésorier de France et maître de l'artillerie du roi, avaient souhaité négocier avec Jean de Dunois, lieutenant général du roi de France. L'événement était important, car Harfleur, surnommée « souverain port de Normandie et clef du royaume de France », encadrait l'estuaire de la Seine sur la rive droite. La ville close et son arsenal situé au sud de la ville étaient donc un point stratégique important. Le lendemain de Noël, le capitaine Thomas Aurmagan et ses troupes se rendaient et remettaient les clefs de la ville et des tours au comte de Dunois.
Les trois corps d'armée qui viennent de vaincre les troupes anglaises étaient dirigés par des seigneurs aguerris au combat. Parmi eux, le comte de Saint-Pol, qui sera accusé plus tard par Louis XI de crime de lèse-majesté et décapité en place de Grève, Jean de Dunois, le compagnon de Jeanne d'Arc, et Pierre de Brézé, qui trouvera la mort quinze ans plus tard lors de la bataille de Montlhéry. Partout, les Anglais sont en fuite sur la rive droite de l'estuaire de la Seine et les cloches sonnent depuis plusieurs jours dans les villages pour annoncer que cette partie de la France a retrouvé « les clefs du royaume ». Malgré quelques tentatives pour récupérer la place forte ouvrant le pays sur l'océan, les Anglais ne parviendront jamais à franchir l'enceinte fortifiée donnant l'accès à l'activité portuaire. En grand vainqueur, le roi Charles VII savoure cette victoire comme il avait pu fêter, à peine trois mois auparavant, la libération de Rouen. Rusé et déterminé, il est en passe de bouter !'Anglais hors de France après une guerre ayant duré cent ans et s'installe pour quelque temps à l'abbaye de Montivilliers alors que la grande majorité des troupes d'ordonnance prend la route du nord de la région pour libérer les places fortes du Cotentin ... Une partie de la cour a suivi le roi, dont la favorite en titre, Agnès Sorel. Celle-ci est épuisée d'avoir sillonné les routes de France à l'arrière des troupes royales afin de suivre le roi dans sa guerre de reconquête du royaume. Elle est exténuée, d'autant plus qu'elle est une nouvelle fois enceinte du roi. Une grossesse de sept mois. C'est à soixante kilomètres du port d'Harfleur que le couple se retrouve. Pour cela, il a fallu traverser la forêt enneigée de Brotonne en empruntant une route boueuse qui ralentissait le convoi et enlisait les chariots. Cette forêt, couverte de hêtres, de charmes et de chênes, avait été la propriété des ducs de Normandie puis déclarée domaine royal destiné à la chasse. Agnès s'installe à l'abbaye de Jumièges, le plus important monastère bénédictin de Normandie. Elle s'alite immédiatement.
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Les morts mystérieuses de !'H istoire
Bien que son ventre ne puisse laisser aucun doute sur son état, c'est une femme fatiguée, aux traits marqués par la douleur, qui se présente devant le roi en ce début février. L'abbé de Jumièges, honoré de cette royale visite, met à disposition le manoir de la vigne au Mesnil qui dépend de l'abbaye. Ce dernier doit son nom au vin qui y est récolté. Une boisson connue sous le nom de Conihout qu'un dicton peu flatteur décrit ainsi : «
De Conihout de beuvez pas
Car il mène !'homme à trépas »
Le manoir de la vigne au Mesnil n'est autre qu'un grand bâtiment prolongé par une ancienne chapelle comportant de vastes caves voûtées. C'est au manoir que les moines se rassemblent pour échapper aux épidémies et c'est dans cette enceinte qu'ils offrent l'hospitalité aux seigneurs s'arrêtant dans la région ...
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Agnès Sorel a vingt-cinq ans. Elle a été longtemps la demoiselle d'honneur d'Isabelle Jre de Lorraine, épouse du duc René d'Anjou. Charles a quarante-sept ans. Il est déterminé à bouter !'Anglais hors de France. Agnès Sorel est la maîtresse du roi depuis sept ans et a donné naissance à trois filles que Charles a reconnues. Le roi, fou amoureux de cette jeune personne, l'avait fait entrer à la maison de la reine Marie d'Anjou. Puis, Agnès Sorel avait obtenu très rapidement le statut de favorite officielle du roi. Elle sera à ce titre la première maîtresse officielle d'un roi de l'histoire de France. Afin de conserver son titre et les faveurs du monarque, il lui faut se distinguer des autres jeunes femmes. Elle abandonne les robes fermées et les draps austères et impose le décolleté épaules nues. Ses cheveux blond cendré s'envolent en pyramides et elle y accroche diamants et bijoux de grande valeur. Elle n'hésite pas à allonger ses robes en d'immenses traînes. Son visage et les soins de sa peau ne sont pas en reste puisqu'elle se colore les lèvres et s'épile les sourcils et les cheveux, dégageant un front immense recouvert de fard, lui
Agnès Sorel. Quand beauté et pouvoir mènent à la mort
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donnant un teint d'albâtre. Certains accusent la belle favorite d'être responsable du réveil sensuel du roi et lui reprochent sa liberté de mœurs en débauchant tous ceux qui l'approchent. Jean Chartier, le chroniqueur officiel de la cour, dira d'elle : Oncques, en aucun pays reine tant belle ni divine ne fut. Et comme, entre les belles, elle était tenue pour la plus belle du monde, elle fut appelée damoyselle de Beauté. .. » «
La favorite se plaint depuis quelques jours de maux de ventre. Son état laisse penser à une fatigue excessive due à l'imprudence qu'elle a eue d 'accompagner son amant royal sur les routes de Normandie. Très rapidement, on constate que le mal enduré par Agnès Sorel n'est autre qu'une dysenterie ou un flux de ventre. Elle n'a pas le choix, l'enfant qu'elle porte va naître avant terme. L'accouchement se passe très mal et on ne cache pas à la jeune favorite qu'elle vit ses dernières heures. Augustin, docteur en théologie et son confesseur, recueille ses dernières volontés. Elle se repent de ses péchés commis et on lui administre les sacrements. Elle désigne Jacques Cœur comme exécuteur testamentaire, puis demande à lire les vers de Saint-Bernard, textes liturgiques composés de versets tirés des Psaumes que l'on lit au chevet des mourants. Puis, après avoir poussé un haut cri, appelant la Vierge Marie, elle rend l'âme. Nous sommes le lundi 9 février 1450. Jean Chartier dans ses chroniques historiques de Charles VII note le 11 février. Elle lègue son corps et ses biens à la collégiale de Loches pour que l'on y dise des messes à sa mémoire et à l'abbaye de Jumièges où l'on dépose son cœur et ses viscères. Enfin, elle lègue ses bijoux au roi. Il est six heures. Les cloches de l'église Saint-Philibert sonnent. La neige tombe sur le Mesnil et l'abbaye de Jumièges. Agnès Sorel vient de rendre l'âme.
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Le roi et la cour demeureront une dizaine de jours à Jumièges après la mort de la belle favorite . Charles VII y sera inspiré
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puisqu'il signera la révision du procès de Jeanne d'Arc. Puis, au fur et à mesure des jours qui passent, l'abbaye retrouve sa tranquillité. Très vite, on va s'interroger sur cette mort subite. En moins de deux jours, la maîtresse du roi a été emportée et cela paraît plus que suspect. On se pose aussi des questions essentielles : • Oye venait faire Agnès Sorel au-devant des troupes royales en cet hiver de 1450? • Pourquoi avoir voulu rejoindre le roi au nsque de sa vie, compte tenu de son état ? Des rumeurs circulent. On fait courir le bruit d'un empoisonnement. On prétend qu'elle voulait éloigner une rivale en passe de recueillir les faveurs royales. Oye cette rivale n'est autre qu'Antoinette de Maignelais, sa propre cousine germaine et dame de compagnie. Cette dernière n'est âgée que de seize ans en 1450 et ne se cache pas ses aspirations à succéder à sa cousine dans les draps du roi. En a-t-elle le cran au moins? Rien n'est moins sûr... A la mort d'Agnès Sorel, Antoinette de Maignelais verra ses rêves se réaliser et deviendra la maîtresse de Charles VII et la nourrice des trois filles que sa cousine avait eues avec le roi. Cinq ans plus tard, un enfant répondant au prénom de Jeanne naîtra des ébats de ce couple illégitime. Voilà pour le côté cœur. (/)
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On assure aussi qu'Agnès Sorel avait découvert les trames d'un complot contre le roi et qu'elle voulait le prévenir. Au mot complot, le nom du dauphin Louis vient immédiatement à l'esprit. Ce n'est un secret pour personne que celui qui régnera plus tard sous le nom de Louis XI passe le plus clair de son temps à comploter contre son père et qu'il ne supporte pas cette Agnès Sorel qui s'évertue à éclipser sa mère, la reine Marie d'Anjou. Ne l 'avait-elle pas fait chasser de la cour par son père alors que ce dernier la poussait dans ses retranchements les plus profonds en la poursuivant dans l'enceinte royale, l'épée à la main ? Le futur Louis XI n'était-il pas las d'entendre roucouler ce père
Agnès Sorel. Quand beauté et pouvoir mènent à la m ort
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qu'il méprisait? Le roi batifolait et avait sa maîtresse au château de Bois-Sire-Amé érigé à quelques lieues de Bourges, sur la commune de Vorly, près de Levet. C'est là, à l'abri des regards qu'ils passaient les mois d'été. Agnès aimait ces lieux que le roi lui offrit. C'est Jacques Cœur qui conduisit les travaux pour rénover la bâtisse. On sait aussi qu'Agnès Sorel marqua de son influence les décisions politiques prises par le souverain. Cela aurait-il pu pousser le dauphin Louis à mettre un terme à cette situation ? D'ailleurs, Louis ne cache pas ses rancœurs et s'associe aux seigneurs voulant renverser le trône en participant à la « praguerie ». Pour toutes ces raisons, le futur Louis XI pouvait très bien être le commanditaire d'un tel meurtre. On soupçonna également Jacques Cœur, grand argentier du roi et amant présumé de la belle, de s'être débarrassé de la jeune femme. Il est vrai que les grands du royaume - ses principaux débiteurs en tant que grand argentier du royaume - souhaitent se débarrasser de lui et annuler leurs dettes. Mais Agnès Sorel n'était-elle pas sa protectrice et n'était-il pas son exécuteur testamentaire ? Alors, quel intérêt à la faire disparaître ? Bien que lavé de tout soupçon sur cette affaire, il sera arrêté et banni deux ans plus tard, ses créanciers ayant eu raison de lui et de sa réussite personnelle. Alors, quel est le secret de la mort prématurée de la favorite du roi?
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HENRI IV
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E AMMAZZATO ! (C'EST NOTRE JOUR DE CHANCE!) En ce mois de mai 1610, le roi Henri de France est inquiet. Son ami Sully est malade. Depuis combien de temps se connaissentils ces deux-là? Plusieurs dizaines d'années au moins ... Comme le temps passe vite ! Celui qu'on va bientôt appeler « le bon roi H enri » a fêté ses cinquante-six ans ... Il a fait préparer son carrosse, une longue voiture attelée de plusieurs chevaux que l'on peut reconnaître entre toutes. Elle l'attend dans la cour du Louvre. Il va s'y installer confortablement en ce début d'aprèsmidi en compagnie d'amis dont le duc d'Épernon. «
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Nous sommes le quantième de mois ? demande le roi.
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L e treizième, Sire, lui répond l'un de ses amis.
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Non, le quatorzième, rectifie le duc d'Épernon.
- Il est vrai ... , lance le roi, songeur. Vous connaissez bien votre almanach ... L e quatorzième... L e quatorzième... »
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L e roi, rêveur, semble réfléchir, il hésite à monter dans le carrosse ... Puis, chassant les mauvaises pensées, il se met à rire, souhaitant par ce trait de gaieté tenter le mauvais sort, ou plutôt ce mauvais présage qu'un soir un vieil homme barbu lui avait annoncé. Pensa-t-il alors à cette soirée passée chez !'Italien Sébastien Zamet, chez qui Gabrielle d'Estrées avait fermé les yeux pour la dernière fois ? Elle était morte dit-on empoison-
née ... Henri l'avait tant aimée ! Durant cette soirée, un vieil homme barbu du nom de Thomassin, vêtu comme un médecin, avait répondu au roi qui 1'interrogeait sur son avenir : «Prenez garde, Sire, le quatorzième du mois de mai, car ce jour-là, vers quatre heures de l'après-midi, un grand prince qui fut prisonnier en sa jeunesse périra par le poignard d'un assassin. »
Henri IV avait rudement secoué le vieil homme avant de lui lancer une bourse contenant quelques espèces sonnantes puis avait poursuivi sa soirée dans la bonne humeur. On sait aujourd'hui qu'en ce 14 mai 1610, !'Histoire était déjà en marche et que la mort subite du souverain français allait modifier la destinée de notre pays. Le déclenchement d'une guerre européenne est alors sur toutes les lèvres. C'est la conséquence des tensions avec les Habsbourg et la reprise des hostilités avec l'Espagne. Catholiques, protestants, partisans de la reine s'opposent au roi devenu, en quelques années, le monarque le plus détesté de l'histoire de la royauté. C'est une erreur que de penser qu'Henri IV fut aimé du peuple de France. En effet, il faudra attendre qu'il devienne le roi martyr pour que la légende s'installe et qu'il devienne le« bon roi Henri» ou l'homme de la poule au pot. Le peuple aussi se révolte, car il ne voit rien de bon dans ces préparatifs qui doivent fatalement aboutir à la levée des armées. Ainsi, les ligues catholiques ne lui pardonnent pas l'Édit de Nantes et les protestants ne retiennent plus leur impatience d'accéder enfin à plus de pouvoir. Pour Henri, les promesses sont difficiles à tenir. La reine aussi est mécontente. Cette dernière s'est enfin débarrassée de l'épouse d'Henri, Marguerite de Valois, que l'on surnommera plus tard la reine Margot. Henri et cette dernière ont divorcé il y a peu, mais Marie de Médicis n'est toujours pas sacrée reine de France. Cette situation l'inquiète, d'autant plus que de nombreuses rumeurs, venant de tout le royaume, parviennent jusqu'à elle,
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Les morts mystérieuses de !'H istoire
indiquant que l'on veut tuer le roi . .. Qye fût-il advenu d'elle dans un pareil cas ? Sa position est d'autant plus difficile qu'elle voit d'un mauvais œil la nouvelle préoccupation du roi, invétéré coureur de jupons, qui est tombé follement amoureux, cette fois-ci, d'une jeune fille à la beauté étonnante et répondant au nom de Charlotte de Montmorency.
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Amoureux fou? C'est peu dire . .. Charlotte de Montmorency était entrée au service de la reine alors qu'elle était fiancée au marquis de Bassompierre. Le roi avait fait casser les fiançailles et l'avait mariée à son cousin, le prince de Condé, espérant se rapprocher d'elle. Un mariage de convenance en quelque sorte ... Pensait-il véritablement à répudier Marie de Médicis pour épouser Charlotte? Rien n'est impossible ... Toutefois, les mois passant, la beauté de la jeune fille, âgée tout juste de quinze ans, et les railleries des nobles fréquentant la cour eurent raison de cette situation on ne peut plus ambiguë. Henri de Condé, excédé des perpétuelles avances du roi envers Charlotte, quitta Paris pour la province. C'était sans compter sur l'amour déraisonné du roi qui, furieux et aussi jaloux que Condé, avait décidé de suivre le couple, quel que soit son lieu de résidence ... N'était-il pas le roi après tout ? Le prince de sang, poussé par les assauts amoureux d 'un roi qui perdait la raison, avait alors été contraint de commettre l'irréparable. Ils' était réfugié à Bruxelles et placé sous la protection de l'ennemi juré d'Henri IV et de la France : l'Espagne. Charlotte de Montmorency, devenue princesse de Condé, retenue contre son gré à Bruxelles, implora le roi de France de la délivrer alors que son mari avait pris les armes à Milan contre la France, rejoignant le camp de l'empire espagnol. Les deux amants ne devaient plus se revoir... Henri IV décidé à enlever la« belle de ses songes» prit alors la décision d'envahir les Pays-Bas et par la même occasion Bruxelles, entraînant la France dans une guerre contre l'Espagne pour les beaux yeux d'une jeune fille de quinze ans. On peut alors comprendre l'inquiétude de la reine, M arie de Médicis. Sur
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son insistance, elle devait enfin être couronnée à la basilique de Saint-Denis le 13 mai 1610, la veille de l'assassinat d 'Henri IV. Coïncidence me direz-vous ? Pas vraiment, quand on connaît la situation de la France et le parti de la reine très catholique, à la veille d'une guerre, qu'on annonçait des plus effroyables, contre l'empire catholique espagnol. Ravaillac, l'assassin du roi, était quant à lui parti d'Angoulême le 11 avril pour Paris, décidé à tuer le roi. On peut s'interroger sur le fait qu'arrivé dans la capitale le 19 avril, il n'eut pas mis son projet à exécution plus tôt et qu'il attendit le 14 mai, lendemain du couronnement de la reine, pour agir et tuer le roi. .. Dans toute la France et même au-delà, la rumeur de la mort future du roi se répandait depuis des semaines. À Bruxelles, un homme annonçait que la guerre n'aurait pas lieu et que le roi de France était mort ou bien près de l'être ... À Aix-la-Chapelle, on parlait de la mort future d'Henri IV... On annonçait la mort du roi à Cambrai où un courrier apporta la nouvelle attestant que le roi avait été tué de deux coups de couteau. L'ambassadeur de Florence prévient la reine Marie de Médicis d'un attentat futur contre le roi et Charlotte de Montmorency écrivit à Henri qu'il fallait qu'il redouble de prudence ... Ces annonces vinrent-elles jusqu'aux oreilles du roi? On peut le penser. Ce dernier semblait très préoccupé d'après ses proches en ce début de journée du 14 mai 1610. Il se leva tout d'abord en affirmant n'avoir que très peu dormi. Agité durant une grande partie de la matinée, il s'était plaint d'être entouré de comploteurs. Il pensait également aux prédictions de Nostradamus et à celles du mage Thomassin et se morfondait de ne plus voir sa belle Charlotte, prisonnière de son cousin Condé. La peur se confondant avec l'impatience, il avait passé le matin à se frapper le front en martelant:
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« Mon Dieu, j'ai quelque chose là-dedans qui me trouble fort ... j e ne sais ce que c'est, j e ne puis sortir d'ici / »
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Puis, ayant pris la décision de rendre visite à son vieil ami Sully, il s'était préparé, mais avait plusieurs fois hésité, reculé, abandonnant l'idée de sortir dans Paris. Vitry, le capitaine des gardes, lui avait porté un billet remis par un inconnu et qui portait ces quelques mots : «Sire, ne sortez pas ce soir! »
Peu importait après tout, Henri était persuadé qu'il reverrait bientôt sa belle ... Dix jours plus tard peut-être .. . Qyand les armées se seraient mises en route pour les Flandres ... Il est un peu plus de quinze heures quand le roi monte dans son carrosse accompagné de sept gentilshommes de sa cour. Parmi eux, le duc d'Épernon qui est profondément catholique, l'un des responsables du retour des jésuites et colonel général de l'infanterie, c'est l'homme de Marie de Médicis, mais c'est aussi le gouverneur de la ville. .. d'Angoulême, la ville natale d'un certain Ravaillac. Antoine de Roquelaure est l'un des sept gentilshommes accompagnant le roi et l'un de ses fidèles. Il a pris une part importante dans la conversion d'Henri au catholicisme. Chevalier des ordres du roi et gouverneur du comté de Foix, il vient d'être élu maire de Bordeaux. Les autres sont Lavardin, Montbazon, La Force, Mirebeau et Liancourt. Le roi s'installe près d'eux. (/)
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Depuis le matin, un jeune homme de la taille d'un géant âgé de trente-deux ans, les cheveux et la barbe rousse et portant un manteau vert, rôde autour du palais du Louvre. Arrivé d'Angoulême il y a plusieurs semaines, il est descendu à l'hostellerie des Trois Pigeons, rue Saint-Honoré. On prétend que l'homme s'est fait remarquer pour être agité et déclarer vouloir tuer le roi. Il a également été hébergé par une amie de la marquise de Verneuil, l'ancienne maîtresse officielle d'Henri et du duc d'Épernon, lequel est gouverneur de sa ville natale. Il cache sous son manteau un énorme couteau.
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Henriette de Verneuil, marquise d'Antragues, se place dans toutes les intrigues depuis la fin de sa liaison avec le roi un an plus tôt, qui sonna ainsi 1'arrêt de tous ses espoirs pour accéder un jour au trône et rendit ainsi possible la position de dauphin pour l'enfant qu'elle avait eu avec le roi, Gaston de Verneuil. Le lendemain, la reine devrait faire son entrée officielle dans Paris. Mais aujourd'hui, Henri pense à son vieux complice, malade, le bon Sully, qui l'attend dans sa résidence de !'Arsenal à l'est de Paris. Ce n'est pas la reine que les Parisiens aperçoivent dans les rues de la capitale cet après-midi du 14 mai, mais bien le carrosse du roi et certains se mettent à le suivre. Ravaillac lui aussi se mêle à la foule et s'approche de la voiture. Passant devant la Croix-du-Trahoir, le roi demande à son capitaine des Gardes de passer par Saint-Innocent. Pour ceci il faut emprunter la rue de la Ferronnerie. Cette dernière devant amener le carrosse à la rue Saint-Denis. C'est une rue très étroite et encombrée au point que, pour gagner du temps, une grande partie des laquais abandonne la voiture pour prendre un raccourci en passant par le cimetière des Innocents. En effet deux charrettes de foin obstruent la rue et le carrosse doit s'arrêter. Il fait beau sur Paris. Le roi, placé entre M. de Montbazon et le duc d'Épernon, respire l'air de la capitale. Le duc d'Épernon lui lit une lettre. Ravaillac est maintenant à deux pas de la voiture royale. Il s'approche, met un pied sur l 'un des barreaux d'une roue, se hisse et, avançant le bras au-dessus du duc d'Épernon, frappe par trois fois le roi qui s'effondre. Hébété par la violence du geste et ses conséquences, Ravaillac demeure un instant sans bouger, le couteau sanguinolent dans la main. Alors que le roi se meurt et que la voiture repart vers le palais, on soustrait l'assassin à la foule et on l'emmène dans un hôtel voisin, l'hôtel de Retz. Fait surprenant, il y restera quarante-huit heures. Là, sous bonne garde tout de même, on va le laisser voir et parler à de nombreuses personnes. Étrange comportement envers celui qui
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vient d'assassiner son roi .. . Puis, Ravaillac est transféré à l'hôtel du duc d'Épernon. Pourquoi et quel intérêt de conserver cet homme dans un hôtel particulier au risque qu'ils' évade ou qu'il soit lynché par la foule ? Et bizarrement, d'Épernon est encore là! Ce n'est que le quatrième jour que Ravaillac est conduit à la Conciergerie où on l'interroge. Henri IV est le deuxième roi de France à périr sous le couteau d'un assassin.
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Le roi gît maintenant sur un catafalque au palais du Louvre. On vient de tendre d'immenses draperies funèbres. La reine pleure, les gardes du roi se lamentent. On ne perd pas de temps et déjà on a ôté son cœur qu'on a remis comme une relique au couvent de La Flèche où sont installés des pères jésuites. Pendant ce temps, on soumet l'assassin à la question. Mais l'homme ne bronche pas et persiste à déclarer qu'il était seul à perpétrer son crime. S'attend-il à une probable libération de la part de ses complices ? Peut-être . .. Le 27 mai 1610, le parlement de Paris présidé par Achille Jer de Harlay, lequel sera mis en retraite quelque temps plus tard, conclut à un acte isolé. Le dénommé François Ravaillac est condamné à la peine de mort et au supplice destiné aux régicides. Il sera conduit en place de Grève où il sera tenaillé aux mamelles, aux bras et aux cuisses et gras des jambes. On y jettera du plomb fondu, de l'huile bouillante, de la poix, de la résine brûlante, de la cire et du soufre fondus. On brûlera sa main, celle ayant tenu le couteau, avec du feu de soufre. Ensuite, son corps sera tiré et écartelé par quatre chevaux. On jettera les restes des membres détachés dans un feu que l'on réduira en cendres et qui sera jeté au vent . Voici le détail du supplice que François Ravaillac doit subir ce 27 mai 1610. Auparavant il va lui falloir résister à la question ordinaire et extraordinaire. Il est amené de sa cellule dans une salle où on le fait asseoir. On lui enfile des brodequins constitués de quatre planchettes attachées autour des jambes. Un premier coin est enfoncé entre les deux planches à l'aide d'un maillet. Puis, on enfonce un deuxième coin, et un troisième ... Le genou
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et la jambe éclatent alors comme un fruit trop mûr. L'homme s'évanouit, mais ne parle pas. Il est robuste Ravaillac ! Il ne parle pas . .. On l'attache à un poteau, car ses grandes jambes d'assassin qui lui avaient permis d'effectuer plusieurs fois le voyage d'Angoulême à Paris ne peuvent plus le porter. On lui passe une longue chemise blanche et on lui tend un cierge qu'il devra conserver jusqu'à ce que la charrette l'ait emmené devant la cathédrale Notre-Dame où, selon le jugement et la tradition, il devra demander pardon au roi martyr devant des milliers de Parisiens venus assister au spectacle dans l'espoir, peut-être, de pouvoir ramener chez eux un fragment de tissu, une mèche de cheveux, ayant appartenu au supplicié. Ravaillac ne parlera pas. Un mois plus tard, le 29 juin 1610, un immense cortège traverse la capitale, soldats, seigneurs, archers, l'arme au repos, précèdent le convoi. Puis suivent des hommes -
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de Paris et a donné le pouvoir à Marie de Médicis. Très vite, on chuchote aussi que l'assassinat d'Henri IV est l'aboutissement d'un complot et que la marquise d'Antragues et le duc d'Épernon en sont les instigateurs. Les révélations de Mademoiselle d'Escoman, qui avait été au service d'Henriette d'Antragues, affirmant que cette dernière lui avait envoyé Ravaillac pour qu'elle en prenne soin avant que le géant reparte sur Paris dans le but d'assassiner le roi, en disent long sur le complot qui était mis en place par d'Épernon et d'Antragues. Cette demoiselle d'Escoman, de son véritable nom Jacqueline Le Voyer, était une femme de vie légère qui avait compris l'objet du complot et le rôle que son hôte devait jouer. Elle tenta au risque de sa vie d'informer le roi, elle demanda à plusieurs reprises à le rencontrer, elle se confia à la reine qui la congédia, au père Cotton, le confesseur du roi, qui resta de glace et lui conseilla de ne plus parler de ceci et de se mêler de ses affaires ... Rien n'y fit!
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Le lendemain de cette entrevue, on vint 1'arrêter et on la mit en prison. 01ii donna l'ordre d'arrêter l'ancienne confidente de la marquise d'Antragues, sinon la reine, qui venait depuis quelques semaines de se rapprocher de 1'ancienne maîtresse du roi ? 01i'importe, du fond de sa prison, la d'Escoman criait encore ses peurs et elle dénoncera les comploteurs jusqu'à sa mort. Jugée une première fois au lendemain de la mort du roi, son deuxième procès la condamnera à la prison à perpétuité.
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Si d'Épernon et sa complice la marquise d'Antragues furent les instigateurs de l'assassinat d'Henri IV, ces derniers n'en profitèrent pas vraiment puisque ce fut un autre intriguant, Concino Concini, protégé de la reine et époux de l'une des confidentes de cette dernière, la Galigaï, qui devait entrer au Conseil de régence et gouverner le pays. Michelet rapporte néanmoins un fait troublant dans son Histoire de France : une solide rumeur veut qu'au moment où Ravaillac porta ses coups de couteau, Concini ait entrouvert la porte de la chambre où se tenait la reine et lui ait jeté ce mot par la porte:« È ammazz ato ! », expres-
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sion que l'on peut traduire par « c'est notre jour de chance... » Or, on prétendit qu'elle redit ce même mot alors qu'elle apprenait l'assassinat de Concini par la garde du jeune Louis XIII. Qye savait donc la reine sur la mort d'Henri IV?
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MAXIMILIEN DE ROBESPIERRE
ASSASSINAT OU SUICIDE? La soirée est chaude, étouffante. Le pavé de Paris brûle, tant l'atmosphère est torride. Une ambiance ardente règne aussi à la mairie de Paris. Robespierre vient d'arriver. Dans la cour, le conventionnel descend du fiacre. L'homme paraît sombre, inquiet, voire abattu. On l'aperçoit. Il est acclamé avec enthousiasme aux cris de:« Vive Robespierre!»,« Vive l1ncorruptible ! » Robespierre prend quelques mesures urgentes et l'on détache cinquante hommes pour assurer sa sécurité. Le maire de Paris, Fleuriot Lescot, et les membres du conseil réunis demandent à ce qu'on l'emmène à la Maison commune.
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Il est huit heures. Augustin Robespierre, son frère, harangue le Conseil général et le public des tribunes qui l'applaudit vivement. Il est question d'une «faction voulant asservir le peuple, égorger les patriotes et ouvrir la prison du Temple pour en tirer le jeune Capet... » Il les nomme : Collot d'Herbois, Bourdon de l'Oise, Amar, Barbeau du Barran, Rühl, etc. Puis, il fait l'éloge de la Convention et déclare qu'il faut la respecter et la ménager. ..
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Au même instant, le général Hanriot rassemble les gendarmes des sections postées devant la Convention et se rend à l'hôtel de ville. C'est à cet instant que se joue le sort de la Commune ! Au lieu de procéder à l'arrestation des députés siégeant à la Convention, Hanriot préfère répondre favorablement aux ordres des chefs de la Commune. Le manque d'initiative du général républicain permettra au parti de la Convention de triompher quelques heures après ...
Les membres du Comité de salut public font décréter une proclamation à la nation, la mise hors la loi de tous les conjurés, la nomination d'un nouveau général pour Paris en la personne de Barras et l'envoi de vingt-quatre représentants dans les sections parisiennes. Ils pensent pourtant que la partie est perdue. Billaud-Varenne lance à la convention: «
Ilfaut savoir mourir à son poste ! »
Durand de Maillane, député de la Plaine, avouera lui aussi plus tard: «je ne me suis jamais senti aussi près de la mort ! »
Barras n'est pas un inconnu. Bien que courageux (il le prouvera plus d'une fois), Paul François Barras hésite à accepter sa nouvelle nomination. Chef de la garde nationale ! Le grade est tentant, le risque l'est beaucoup moins. Car admettons que les conjurés remportent la partie ... Qy'adviendra-t-il de lui ? Son sort ne sera-t-il pas scellé avec ceux qui viennent de le nommer ? Il est dix heures du soir lorsqu'il accepte la tâche de commander la garde nationale. Il doit alors s'organiser, demander des adjoints. On désigne sept députés qui pourront le seconder. Déjà, les sections parisiennes viennent prêter serment à la Commune de Paris. Des délégations, armées de fusils, de canons, se rassemblent sur la place de la Maison commune.
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Michel Lasnier arrive à la tête d'une délégation ayant pour mission de ramener Maximilien de Robespierre à la Maison commune. C'est vers les onze heures du soir que Robespierre arrive sur la place de Grève. À cette heure, la place est couverte d'hommes venus lui prêter serment et fidélité. Partout ce ne sont que gendarmes à cheval, sectionnaires munis de baïonnettes, gendarmes fusil à 1'épaule, qui sillonnent la place et les rues adjacentes à la Maison commune. Ils rassurent l'avocat d'Arras
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par leur nombre et leur présence. Deux sectionnaires de !'Arsenal assurent avoir vu Robespierre franchir le seuil du Conseil général à dix heures et demie. Un témoin décrit l'arrivée de Robespierre dans la salle du Conseil général en ces termes : Lorsque Robespierre entra dans la salle du Conseil, Fleuriot Lescot, ivre d'allégresse, se précipita au-devant de lui et, l'appelant le sauveur de la liberté, le fit asseoir dans son fauteuil et fit prêter devant lui le serment de mourir pour sa défense. » «
Robespierre retrouve ses partisans dans la salle Égalité. Son frère Augustin, Saint-Just et Le Bas sont de ceux-là. C'est dans cette pièce que Maximilien de Robespierre demeurera jusqu'à deux heures et demie du matin et que se déroulera le drame de thermidor.
À dix heures trente, on annonce que les membres de la Commune vont être mis hors la loi pour avoir soutenu Robespierre et que des troupes sont en route pour encercler la Maison commune.
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Vers onze heures, alors qu'à la Maison commune Robespierre et ses partisans tergiversent sur les décisions à prendre, les députés siégeant à la Convention rédigent une procuration au peuple français pour l'informer que Robespierre et ses amis sont décrétés « hors la loi ». La mise « hors la loi » équivaut à n'être plus soumis à aucun jugement. Les individus désignés par cette mesure sont donc livrés au bourreau immédiatement. Sans perdre de temps, les douze députés adjoints à Barras partent parcourir les sections pour les informer des mesures prises par l'assemblée.
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L es membres des sections ayant décidé de suivre les directives du Conseil général pour soutenir Robespierre et ses amis, canonniers et gardes nationaux rassemblés sur la grande place, commencent à perdre patience. Pour certains, cela fait plus de cinq heures qu'ils attendent l'ordre de marcher contre l'assemblée. Certains n'ont pas dîné et commencent à se divertir
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dans les cabarets proches. Parmi eux, des espions du Comité de sûreté générale s'attellent à répandre de fausses informations sur les événements. Il advint ce qu'il devait arriver : les sectionnaires convaincus demeurent sur la place, les hésitants et les insatisfaits rentrent chez eux. Les députés et membres de la Commune présents dans la salle Égalité décident d'envoyer une lettre à chaque section annonçant la libération de Robespierre et de ses amis. On rédige l'appel à la section des Piques, lequel est signé par Louvet, Payan, Lerebours, Legrand et Ro (Robespierre ne signe pas entièrement cet acte). Couthon, le député du Puy-de-Dôme, refuse toujours de quitter la prison de la Force où il est incarcéré afin de rejoindre la Commune. Il finira pourtant par céder. Il est onze heures et quart quand l'agent national Payan lit le décret qui met la Commune de Paris hors la loi. Il ajoute que toutes les personnes présentes dans la Maison commune sont concernées par ce décret. À sa lecture, les sectionnaires et le public fuient les lieux. Les canonniers et les gendarmes encore hésitants se répandent alors dans les sombres ruelles jouxtant l'hôtel de ville et disparaissent. Ils manqueront dans la balance quelques minutes plus tard pour arrêter le flot d'hommes conduits par Barras. Dans toutes les rues de Paris, des représentants de la Convention lisent au public, inquiet, le décret condamnant les membres de la Commune et les députés robespierristes. L'effet est catastrophique pour ces derniers et les Parisiens se détachent des insurgés. On discute, on s'arrête mutuellement dans les sections. On s'écharpe à la sortie des théâtres et des cafés. La confusion règne parmi les Parisiens. Les alliances, évidentes tout d'abord, se défont au gré des décrets et des prises de parole diverses.
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Il est une heure du matin et l'orage gronde. Couthon, le député paralytique, arrive à l'hôtel de ville. Il est accompagné de deux gendarmes qui le portent. On éclaire la façade de la Maison commune afin de surveiller les troupes rassemblées sur la place
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de Grève et d'éviter que les sectionnaires encore présents ne partent. Cette nouvelle mesure n'empêche pas ces derniers de quitter les lieux vers deux heures du matin, malgré la colère d'Hanriot et de ses hommes qui cherchent à les retenir en vain.
À deux heures quinze, deux colonnes de gendarmes et de sectionnaires, tous dévoués à la Convention, se dirigent vers l'hôtel de ville. La première, commandée par Léonard Bourdon, s'avance sur la rive droite de la Seine. L'autre, dirigée par Barras, emprunte la rue Saint-Honoré. Les deux colonnes marchent avec le même entrain, la même détermination et un seul mot d'ordre : prendre d'assaut la Maison commune et arrêter les insurgés. En quelques minutes, l'hôtel de ville est cerné. Les canonniers restés encore fidèles aux insurgés retournent leurs armes contre ceux qu'ils défendaient depuis le début de soirée. Ulrich, l'adjoint d'Hanriot, trahit ses compagnons en transmettant le mot de passe permettant de franchir les lieux à Dulac, espion à la solde de la Convention. Ce dernier s'empresse de le confier au député Léonard Bourdon, qui le communique à un jeune gendarme de dix-neuf ans: Charles-André Merda. En acceptant de s'infiltrer à l'intérieur de l'hôtel de ville, le gendarme Merda va entrer dans l'histoire!
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Grâce au mot de passe, il s'introduit dans l'enceinte, gravit l'escalier du centre et se poste près de la salle de l'Égalité dans l'attente de voir pénétrer dans la salle la colonne conduite par le député. Mais laissons-le raconter les faits :
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«J e monte rapidement et je suis déjà à la porte de la salle de l'assemblée de la Commune. Les conjurés sont assemblés dans le secrétariat (salle Égalité) et les approches bien fermées. j'entre dans la salle du conseil en me disant ordonnance secrète. J e p rends le couloir à gauche : dans ce couloir je suis assommé de coups sur la tête et sur le bras gauche avec lequel je cherche à me parer, par les partisans des conjurés, qui ne veulent pas me laisser passer [ . .}. j e parviens cependant jusqu'à la porte du secrétariat :jefrappe
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plusieurs fois pendant qu'on mefrappe toujours, enfin la porte s'ouvre. Je vois alors une cinquantaine d'hommes dans une assez grande agitation ; le bruit de mon artillerie les avait surpris. je reconnais au milieu d'eux Robespierre aîné: il était assis dans un fauteuil, ayant le coude gauche sur les genoux et la tête appuyée sur la main gauche. Je saute sur lui et lui présentant la pointe de mon sabre au cœur, je lui dis : "Rends-toi, traître /"
Il relève la tête et me dit: "C'est toi qui es un traître et je vais te faire fusiller." À ces mots, je prends de la main gauche un de mes pistolets etfaisant un pas à droite, je le tire. je croyais le frapper à la poitrine, mais la balle le prend au menton et lui casse la mâchoire gauche inférieure ; il tombe de son fauteuil. L'explosion de mon pistolet surprend son frère qui se jette par la fenêtre. En ce moment, il se fait un bruit terrible autour de moi, j e crie "Vive la république /"Mes grenadiers m'entendent et me répondent : alors que la confusion est au comble parmi les conjurés, ils se dispersent de tous les côtés et j e reste maître du champ de bataille. »
Un contemporain du nom de Desessarts, présent lors de cette scène, raconte : Tout à coup, on entend un coup de pistolet qui part des couloirs voisins. À ce bruit, Fleuriot Lescot descend avec précipitation, court vers l'endroit d'où le coup est parti et reparaît aussitôt pâle, tremblant en s'écriant: "Tout est perdu /" » «
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Les membres du secrétariat ont entendu ce coup de feu et assurent qu'il est parti du couloir. Certains vont affirmer que Robespierre a tenté de se tuer.
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Avant toute chose, il est important de connaître un peu mieux l'homme qui assure avoir tiré sur l'incorruptible. Pour ce fils de petit commerçant, la Révolution est l'occasion de gravir les
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échelons de la gendarmerie et de l'armée au fur et à mesure des années. Charles-André Merda entre dans la garde nationale en 1789, peu après la prise de la Bastille et devient gendarme après la prise des Tuileries en août 1792. Il a soif de gloire, certains d'ailleurs affirment qu'il se serait vanté d'avoir tiré sur Robespierre pour obtenir de l'avancement auprès de sa hiérarchie. Il est vrai que peu de temps après il sera nommé sous-lieutenant et un an et demi plus tard capitaine. En 1804, il recevra la Légion d'honneur de Napoléon Bonaparte. En 1808, ayant transformé son nom en « Méda » il est nommé baron w
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«Oh! Je leur abandonnerai sans regret, j'ai l'expérience du passé, je vois l'avenir. .. »
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Plus loin, c'est un cri déchirant, le cri de celui qui appelle la mort de tous ses vœux :
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Quel ami de la patrie peut vouloir survivre au moment où il n'est plus p ermis de la servir. .. Pourquoi demeurer dans un ordre de «
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choses où !'intrigue triomphe de la vérité ? Comment supporter le supplice de voir cette horrible succession de traîtres ? »
On sent, par ces mots prononcés, qu'il ne supporte plus cette vie, qu'il ne croit plus pouvoir transformer les esprits, que la bataille politique est perdue. C'est d'ailleurs ce qui expliquerait son indécision à prendre les mesures indispensables à la victoire de son camp. Alors, au fur et à mesure qu'il lit son discours, on comprend très vite qu'il s'adresse plus à la postérité qu'à ceux qui l'écoutent. Certains de ses amis pensent qu'il s'agit d'un effet de tribun. Les mêmes s'apercevront dans quelques jours, que c'était un testament, son testament de mort. . . La mort, il l'évoque, il en parle. C'est de la sienne qu'il parle lorsqu'il déclare: «
La mort est le commencement de !'immortalité ! »
Et il termine en s'adressant directement à ceux qui le menacent et qui seront bientôt les vainqueurs du jour : «Je leur lègue la vérité terrible et la mort ! »
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Il ne craint d'ailleurs plus personne et seul un homme certain de sa mort prochaine peut avoir ces sentiments. Il sombre alors dans une solitude maladive et s'auto-proclame martyr de la liberté. . . Il ne lui reste plus qu'à mourir. Comment douter de sa volonté d'en finir avec cette vie qui sera bientôt« gouvernée par des fripons » ? À l'exemple de son frère, Augustin, qui se jette par la fenêtre, à l'exemple de Le Bas qui se tire une balle de pistolet dans la tempe, il tire, s'affaisse, alors que la colonne conduite par Léonard Bourdon entre dans la salle Égalité. Mais il n'a réussi qu'à se fracasser la mâchoire. Il est inconscient, mais il est vivant ! Confirmant ainsi sa destinée vouée au martyr et au sacrifice pour la patrie, sa patrie, celle qu'il a tant défendue et tant aimée ...
Maximilien de Robespierre. A ssassinat ou suicide?
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On prétend avoir pris une empreinte de son visage sur sa tête décapitée peu après son exécution. Celle-ci est exposée au musée londonien de Madame Tussaud. Une étude récente du masque mortuaire fut effectuée, par les docteurs Froesch, spécialiste en reconstruction faciale en 3D du Laboratoire Visual Forensic (Barcelone), et Charlier, médecin légiste de l'équipe d'anthropologie médicale et médico-légale de l'UFR des Sciences et de la Santé à Montigny-le-Bretonneux (UVSQ/ AP-HP, Yvelines). On examina plus particulièrement la blessure causée à sa mâchoire. Il en ressortit que, « selon les études balistiques réalisées à Barcelone, Robespierre n'aurait pas tenté de se suicider. Le coup de feu aurait été tiré au moins à deux mètres. » Cette étude récente tendrait donc à prouver que Robespierre aurait bien été blessé par une balle provenant d'une arme ayant tiré à deux mètres ou plus, repoussant ainsi la thèse du suicide. Le témoignage du gendarme Merda serait donc plausible et le mystère résolu ! Or, l'authenticité des pièces pourrait être sujette à caution. C'est ce qu'affirme l'historien Hervé Leuwers, de l'Université de Lille-III. En effet, dans ses mémoires, Madame Tussaud désigne le cimetière de la Madeleine comme lieu d'inhumation de Robespierre. Nous savons cependant de source sûre que Robespierre et ses amis furent enterrés au cimetière des Errancis, près du parc Monceau. La tête ayant servi de modèle au moulage pour la reconstitution du visage de l'Incorruptible ne serait donc pas la sienne. Les conclusions concernant la soi-disant blessure à la mâchoire ne pourraient donc concerner Robespierre. De plus, l'ordre ayant été donné par les Comités d'ensevelir au plus vite les guillotinés afin qu'aucune trace ne subsiste, il apparaît peu probable que Madame Tussaud, Marie Grosholtz à l'époque, ait pu procéder au moulage de la tête de Robespierre.
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Alors, Robespierre victime du gendarme Merda ? Ou Robespierre maladroit, ayant raté son suicide ? Enfin, le gendarme Merda, héros des thermidoriens ou usurpateur? Le mystère demeure . ..
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L'AFFAIRE DU COURRIER DE LYON A
SIX TETES POUR CINQ COUPABLES Dans la nuit du 8 au 9 floréal de l'an II, le maître de poste de Melun, constatant que la malle-poste en provenance de Paris accuse un retard considérable, envoie le nommé Caron, l'un de ses postillons, au-devant de la voiture. Arrivé au pont de Pouilly, il aperçoit la voiture de la poste garée sur le côté de la route. Les chevaux sont attachés à un arbre. Un homme gît étendu sur sa droite. La malle-poste a été attaquée ! Affolé et terrorisé, il enfourche son cheval et rebrousse chemin vers le relais le plus proche qui est Lieusaint. Le maître de poste, effaré par les déclarations de Caron, lui conseille de retourner à Melun alors que lui se chargerait d'avertir la gendarmerie.
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Au matin, l'accusateur public, le contrôleur de la poste de Melun et le juge de paix Beau arrivent sur les lieux du drame. La malleposte est toujours là. Les deux chevaux attachés s'impatientent d'être libérés près du corps d'un homme gisant ventre à terre. C'est celui du postillon Étienne Audebert, qui a succombé à ses blessures. Près de la malle sont éparpillés des paquets, des caisses en bois blanc éventrées. Près d'elles, un deuxième corps. C 'est celui du courrier Excoffon. Sa gorge a été tranchée par un sabre. Les sept millions en valeur assignat destinés à l'armée de Bonaparte ont disparu !
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La malle-poste était partie la veille au soir, de la cour de la poste aux lettres à Paris. Elle était attelée de trois chevaux. Six caisses en bois contenant des assignats avaient été rangées auprès des sacs de courriers. Des témoins affirmèrent qu'un nommé Laborde avait pris place auprès du courrier. C'était un homme
de taille moyenne, portant une redingote rouge et un chapeau rond. Il faut préciser que l'admission des voyageurs munis d'un passeport était autorisée depuis le 1er nivôse 1793. La voiture est bien celle qui est partie de la porte Saint-Martin. C'est une longue voiture, bâchée de cuir, assez confortable. Les gendarmes listent les objets éparpillés autour de la malle-poste. Ils relèvent un sabre cassé et son fourreau, un ceinturon de maroquin rouge, un éperon argenté abîmé et réparé avec de la ficelle, une gaine de couteau, une paire de lunettes avec son étui et une redingote grise, bordée de bleu. Sur le courrier Excoffon, ils trouvent son portefeuille et sa valise contenant quelques vêtements. Le juge Beau prend l'enquête en main. On interroge les habitants alentour. On raconte que la veille au matin, des cavaliers ont traversé Lieusaint et Montgeron. L'un d'eux s'est présenté dans une auberge vers midi, a demandé à boire une soupe et une demi-bouteille de vin. C'est Madame Grossetête qui l'a servi. Il a commandé à dîner pour quatre personnes. Peu de temps après, trois autres cavaliers l'ont rejoint. La femme de l'aubergiste décrit ces hommes aux enquêteurs. L'un porte une redingote de draps gris bleu, l'autre un habit bleu clair, l'un a des cheveux noirs et le dernier un sabre monté en cuivre. Tous portent des bottes. Après dîner, ces derniers se sont rendus au cabaret de Montgeron, pour y consommer du café. La femme Santon les sert. Il est deux heures et demie de l'après-midi. Les quatre hommes vont jouer au billard. L'un d'eux, le visage très pâle, se propose de payer les consommations en assignats. Mais l'homme à la redingote brune va régler l'addition en espèces . Ils ne restent qu'une demi-heure et repartent en direction de Lieusaint. Un cabaretier va raconter qu'ils se sont arrêtés chez lui, ont mangé rapidement et ont mis leurs chevaux à l'écurie. Puis, les quatre hommes sont partis vers sept heures du soir. Plusieurs témoins vont les croiser. Ils se sont séparés en deux groupes. Mais ils sont cinq au total ! Un nouveau cavalier les a donc rejoints ... Entre temps, le cabaretier voit deux nouveaux
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cavaliers arnver. Ceux-ci seront remarqués aussi vers huit heures du soir. On recueille les témoignages. Ainsi, l'homme observé lors du départ de la malle-poste à Montgeron semble être celui qui revient récupérer son sabre, oublié dans l'écurie. Le juge Beau fait ses premières conclusions. Il est certain de la complicité du voyageur qui accompagnait le courrier de la malle-poste, lequel aurait assassiné le courrier de plusieurs coups de couteau, alors que ses complices tuaient le postillon. Tous se seraient emparés des sept millions en assignats et se seraient enfuis, le voyageur de la malle-poste empruntant le troisième cheval de la voiture. Un garde, posté à la barrière de Rambouillet, assure avoir vu au matin du 9 floréal un groupe de cinq cavaliers entrant dans Paris. Un dragon découvre un sabre ensanglanté, sans fourreau ni ceinturon. Il l'apporte aux enquêteurs qui le comparent au fourreau découvert sur la scène du crime. Les deux concordent. On en conclut que l'un appartient à l'autre et que son propriétaire a bien fui en direction de la capitale.
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Le juge Beau pense que les cavaliers sont revenus dans la capitale, d'autant plus que des riverains déclarent avoir trouvé un cheval abandonné en plein Paris. Les enquêteurs redoublent d'activité et interrogent les relais et pensions. Un certain citoyen Morin déclare avoir reçu en garde quatre chevaux remis par un nommé Étienne Couriol. Ce dernier habite rue du Petit Reposoir. La police s'y rend, l'homme est absent. Les enquêteurs découvrent que Couriol a déménagé chez l'un de ses amis, le 10 floréal, un nommé Richard, bijoutier, demeurant au 27 rue de la Bûcherie. La police se rend chez Richard et n'y trouve ni ce dernier ni Couriol, mais les enquêteurs apprennent que Couriol a pris la route de Château-Thierry en compagnie de sa maîtresse. Dix jours après la découverte du drame de Lieusaint, la police contrôle toutes les auberges et hôtels entre Paris et ChâteauThierry et arrête Couriol et sa maîtresse, la femme Brébant, chez
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un nommé Gohier. Richard lui aussi est arrêté. On fouille les bagages avec attention et l'on découvre chez Couriol un portefeuille comprenant un million cent soixante-dix mille livres en assignats soit un cinquième du butin dérobé. Étienne Couriol se déclare être représentant de commerce. Richard prétend être un apprenti bijoutier. Il est en fait connu des services de police pour recel. Les policiers fouillent tous les locataires de l'immeuble. Parmi eux, le citoyen Guénot, un préposé aux transports militaires de Cambrai et de Douai et ami de Richard. On lui confisque ses papiers. On emmène Couriol et Richard sur Paris pour les présenter au juge qui a été chargé de 1' instruction. Le lendemain, les employés de la trésorerie nationale sont catégoriques, il s'agit des assignats de la malle-poste, car ils avaient pris le soin de relever les numéros des billets. Couriol fait donc bien partie de ceux qui ont dévalisé le courrier de Lyon et tué le postillon et Excoffon. On inculpe pour complicité Richard qui a abrité Couriol. Et comme il a logé un certain citoyen Buer, on arrête ce dernier aussi. Deux jours plus tard, Guénot, l'homme qui avait pris pension à Château-Thierry et à qui on avait confisqué ses papiers, se rend au cabinet du juge Daubenton pour les récupérer. Il rencontre l'un de ses amis, natif de Douai également, Joseph Lesurques. Ce dernier lui propose de l'accompagner chez le juge. Les deux hommes s'installent dans l'antichambre du cabinet du juge où attendent déjà plusieurs personnes. Parmi elles, les femmes Grossetête et Santon, les servantes des auberges de Lieusaint et de Montgeron qui viennent témoigner une fois de plus auprès du juge.
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Joseph Lesurques mesure cinq pieds et trois pouces, a les cheveux et les sourcils blonds, le front haut, les yeux bleus, le visage pâle avec une cicatrice en haut du front et possède comme signe distinctif le fait que l'un des doigts de sa main
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droite est estropié. Les deux servantes dévisagent Lesurques au point qu'il en est gêné. Elles chuchotent, puis l'une d'elles se décide et s'approche de l'huissier et lui murmure quelques mots. L'huissier se lève et entre dans le bureau du juge Daubenton. Au grand étonnement de ce dernier, les deux servantes, introduites chez le juge, lui assurent qu'elles viennent de reconnaître l'un des cavaliers de Lieusaint en la personne de Lesurques. Avant d'entrer chez le juge, les deux servantes ont traversé une petite pièce où Couriol est gardé par deux gendarmes. Et là ! Surprise. .. Elles reconnaissent l'un des autres cavaliers en la personne de Couriol.
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Le juge ordonne qu'on fasse entrer dans son bureau Guénot puis Lesurques. Guénot avoue connaître Richard, car habitant Douai. Il demeure chez ce dernier lorsqu'il vient à Paris pour affaires. Il connaît également Couriol et assure l'avoir rencontré pour la première fois le 10 floréal, soit le lendemain de l'attaque du courrier de Lyon. Il ajoute qu'il a dîné avec lui les 10 et 11 floréal. Il conteste l'affirmation du juge prétendant qu'il était présent à Montgeron le 8 floréal en fin d 'après-midi. Lesurques connaît également le citoyen Richard pour avoir dîné chez lui, il y a un mois, en compagnie de Guénot. Il avoue qu'il a rencontré Couriol chez Richard, mais assure n'être jamais sorti de Paris. Daubenton récapitule et rassemble ses esprits : Couriol, Richard, Guénot et Lesurques se connaissent. Ils déjeunent et dînent ensemble. Couriol, Richard et Guénot étaient ensemble à Château-Thierry. Couriol et Lesurques ont été reconnus formellement par les deux servantes de Lieusaint et Montgeron ... Enfin, Couriol et Richard sont déjà inculpés. Il ne lui reste plus qu'à faire arrêter Guénot et Lesurques . Le juge Daubenton n'en reste pas là. Il réinterroge Madeleine Brébant et celle-ci avoue que Couriol a découché dans la nuit du 8 au 9 floréal et que le sabre cassé, retrouvé sur la scène du crime, appartient à son amant. Elle affirme ne pas connaître Joseph L esurques. L e juge D aubenton fait arrêter le citoyen
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Buer qui était présent chez Couriol. Les inspecteurs arrêtent un dénommé David Bernard, accusé d'avoir loué des chevaux à Couriol. Si pour la justice, les cavaliers au nombre de quatre sont retrouvés, le mystérieux voyageur prétendant s'appeler Laborde ne l'est toujours pas. Il n'empêche ... Le procès du courrier de Lyon peut avoir lieu ! On instruit le procès qui s'ouvre à Paris le 15 thermidor de l'an IV (2août1796). C'est le juge Gohier qui préside les séances. Couriol et Bernard n'ont plus l'allure superbe qu'ils voulaient se donner jusqu'à présent. Ce sont des hommes repentants qui se présentent devant le tribunal. Si Guénot semble absent des débats, Lesurques se distingue de tous, digne, répondant avec franchise à toutes les questions du président. Il fait bonne impression Lesurques ! Il nie avoir été à Montgeron comme l'affirme le garçon d'écurie de Lieusaint. La femme Santon renouvelle elle aussi ses accusations qu'il nie également. Couriol et Lesurques sont désignés par les témoins qui affirment les reconnaître. À la fin de la première journée d'audience, Lesurques est dépité. Le lendemain, Legrand, bijoutier, appelé par la défense, vient apporter un témoignage crucial. Il affirme avoir déjeuné avec Lesurques. Pour preuve, l'un de ses clients, le citoyen Aldenhoff, lui aurait acheté une fourniture pour boucle d'oreille et en contrepartie Legrand aurait acheté une cuillère en argent. Et pour prouver ses dires, il amène son livre de comptes qu'il remet au tribunal. Gohier constate alors qu'on a surchargé la date de l'achat par celle du 8 floréal. En réalité, si l'on en juge par 1' écriture du livre, la cuillère en argent aurait bien été achetée, mais le 9 floréal et non le 8. Coup de théâtre au tribunal ! Le document est un faux . .. Le président Gohier fait arrêter le bijoutier Legrand qu'il inculpe pour faux et usage de faux et faux témoignage.
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Le troisième jour, à l'instar de Lesurques, tout s'arrange pour Guénot, qu'un témoin innocente. D'autres témoins vont alors
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défiler à la barre pour attester avoir rencontré Joseph Lesurques à Paris dans la soirée du drame, mais le tribunal ne veut plus tenir compte de témoignages en faveur de l'accusé. Nous sommes le 5 août 1796, c'est le quatrième jour de l'audience et c'est aussi celui du jugement. Le jury, après avoir délibéré, déclare Couriol, Lesurques et Bernard coupables et les condamne à la peine de mort. Richard est condamné à vingt-quatre ans de travaux forcés. Guénot et Bruer sont tous deux acquittés. Lesurques va hurler son innocence. Couriol, se débattant, déclare à 1'adresse du tribunal que Lesurques et Bernard sont innocents, que Lesurques est étranger à l'affaire du courrier de Lyon et que Bernard n'a fait que prêter les chevaux, puis assister au partage du butin.
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Les condamnés de retour en prison vont tenter l'ouverture d'un autre procès annulant le premier, Couriol ne cachant pas sa culpabilité, mais déclarant aux juges qu'il peut livrer ses complices. Il dénonce Dubosq, La:fleur, Roussi et Jean-Baptiste dit Laborde. Afin de valider ces déclarations, Couriol propose d'être confronté à sa maîtresse Madeleine Brébant. Cette dernière, interrogée, confirme les déclarations de Couriol. Il affirme que le partage s'est effectué chez Dubosq et qu'ensuite Roussi serait parti pour la Belgique. Laborde et lui-même auraient tous deux conçu l'attaque du courrier de Lyon. Enfin, le sabre et l'éperon abîmé, retrouvés sur le lieu du crime, appartiendraient à Dubosq, 1'autre sabre retrouvé sur la route étant celui de Roussy. Il poursuit en indiquant au juge que des trois condamnés à mort présents au procès, il n'y a que lui qui se soit trouvé à Montgeron. Bernard et Richard étaient bien restés à Paris, quant à Lesurques, l'existence de ce dernier lui était totalement inconnue. Une fois de plus, Lesurques était disculpé, mais une fois de plus, on ne pouvait tenir compte des déclarations de Couriol puisque c'était bien lui qui était retourné à l'auberge à Lieusaint pour y récupérer son sabre et non Dubosq. Alors, pourquoi avoir menti sur ce point ? Couriol voulait gagner du
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temps, le temps que le jugement en cassation soit examiné, le temps que son mémoire envoyé aux membres du Directoire soit étudié. Après lecture de ce mémoire, les directeurs rejetèrent le pourvoi. L'exécuteur avait dressé 1' échafaud sur la place de Grève. Les condamnés se dirigèrent vers le lieu de l'exécution accompagnés des cris de Couriol affirmant l'innocence de Lesurques et de Bernard, Lesurques hurlant qu'il était victime d'une erreur judiciaire. On prétendit que Couriol, Bernard et Lesurques moururent avec dignité. Pour le tribunal, l'affaire du courrier de Lyon venait d'être jugée. Pour l'opinion publique, l'affaire Lesurques commençait! Madeleine Brébant contacta le juge Daubenton et lui affirma que les témoins avaient été trompés par la couleur des cheveux blonds de Lesurques. Elle confia au juge que Dubosq portait une perruque blonde. Les mois passèrent. Le juge Daubenton, convaincu d'avoir participé à une erreur judiciaire, ne se pardonnait pas la condamnation de Lesurques. Il poursuivait sans relâche l'enquête pour débusquer les complices de Couriol. C 'est ainsi qu'il délogea un nommé Durochat. Ce dernier avoua se nommer Laborde. Ce même Laborde qui était monté à la porte Saint-Martin avec le courrier Excoffon. L'inspecteur des postes le reconnut. Il donna les noms de ses complices et, outre Couriol, il dénonça Vidal dit La:fleur, Roussi, Dubosq et assura que Bernard s'était contenté de prêter les chevaux. Confronté à Vidal et Dubosq, il avoua au juge Daubenton que Dubosq le subventionnait pour ses besoins. Si l'on pouvait obtenir de lui de fausses déclarations moyennant argent, ses déclarations en faveur de Lesurques pouvaient éventuellement avoir été achetées aussi. Le tribunal le condamna à la peine de mort et il fut guillotiné le 22 thermidor an V.
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Dans sa prison, Richard devait déclarer au juge Daubenton que Couriol avait massacré le postillon tandis que Roussi et L a:fleur
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s'occupaient » du courrier. Lafleur fut arrêté. L'aubergiste de Lieusaint le reconnut formellement. Pourtant, il s'obstina à crier son innocence jusqu'au bout. Il fut guillotiné le 12 frimaire an VI.
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Enfin, on retrouva la trace de Dubosq, lequel s'était évadé du bagne. On devait trouver chez lui des passeports, des cartes de sûreté, des perruques en grand nombre. On organisa une confrontation. Les témoins n'étaient pas restés insensibles aux déclarations d'erreur judiciaire depuis la mort de Lesurques. Ils hésitèrent à reconnaître en Dubosq celui qui avait sévi à Lieusaint et à Montgeron. Qyatre ans avaient passé depuis le premier procès et les témoins semblaient hésitants. On affubla Dubosq d'une perruque blonde, lui qui était brun. Cette fois-ci, il fut formellement reconnu par l'un des témoins. Le tribunal le condamna à la peine de mort. Pourtant, dans ses délibérations, les jurés ne le reconnurent pas responsable de l'homicide du postillon et du courrier de Lyon, ni du vol de la malle-poste, il fut accusé d'être complice de ce vol et d'avoir assisté au drame. L'arrêt prononcé évitait à la justice de remettre en cause le jugement porté contre Lesurques et rendait impossible la réhabilitation du procès. Jean-Guillaume Dubosq fut guillotiné en place de Grève le 3 ventôse de l'an IX.
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Il fallut attendre huit ans après que le vol de la malle-poste eut lieu pour arrêter le nommé Roussi. Ce dernier, dont le véritable nom était Béroldi, fut jugé et condamné lui aussi à la peine capitale, il avoua ses forfaits tout en précisant qu'il ne connaissait pas Lesurques. Il remit à l'abbé Grandpré, son confesseur, une lettre à n'ouvrir que six mois après sa mort dans laquelle il précisait que Lesurques était innocent. Roussi guillotiné le 11 messidor de l'an XII était le septième individu décapité pour cette affaire qui selon l'enquête et les témoins n'avait compté que six participants.
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L'un d'eux avait bien été guillotiné à tort ! Et l'innocence de Lesurques ressurgissait ... Nous avions bien, selon les témoignages, nos quatre cavaliers en la présence de Couriol, Dubosq, Vidal dit Lafleur et Roussi. Richard s'étant contenté de complicité et Bernard d'avoir vendu les chevaux. À ceux-ci s'ajoute Laborde qui était monté dans la voiture avec Excoffon et qui avait volé le troisième cheval de la malle-poste. Oyant à l'innocence de Lesurques ? Comment expliquer la falsification du livre de comptes du bijoutier Legrand, prouvant la présence de Lesurques sur Paris au moment du drame et l'innocentant totalement ? Comment expliquer que de nombreux témoins le reconnaissent comme l'un des cavaliers de Lieusaint et de Montgeron, lesquels même en présence de Dubosq, ne reviendront pas sur leurs déclarations initiales ? Comment expliquer le fait que Lesurques connaissait Guénot et Richard, et qu'il ait déjeuné avec les suspects chez Richard dès le lendemain de l'attaque de la malle-poste? Mais pourquoi avoir acquitté Guénot? Pourquoi sa présence à Château-Thierry en compagnie de Couriol ? Guénot ne devait-il pas partager le sort de son ami d'enfance? Si l'on reprend la déclaration de l'aubergiste, celui-ci affirme avoir vu quatre cavaliers l'après-midi, puis vers le soir, deux autres, lesquels se seraient restaurés chez lui. Il y aurait donc eu six cavaliers ! Un premier groupe composé de Dubosq, Couriol, Lafleur et Roussi. Un deuxième groupe composé de Lesurques et Guénot. Laborde accompagnant la malle-poste et les complices Bernard et Richard restant sur Paris .
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La demande en révision du procès concernant l'affaire du courrier de Lyon fut demandée à plusieurs reprises depuis le jugement de 1796. En vain. Joseph Lesurques ne fut jamais réhabilité par la justice bien que sa famille fût dédommagée par l'État et pût récupérer les biens confisqués. À l'affaire du
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courrier de Lyon fut associée l'affaire Lesurques qui représenta le symbole de l'erreur judiciaire, c'est du moins ce que mit en avant l'opinion publique sans pour autant que l'innocence du Douaisien ne soit réellement prouvée. On ne sut jamais de Laborde ou de Couriol, qui avait tué le courrier Excoffon . . . Les deux peut-être ...
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LOUIS XVII
QUAND LA RAISON , D'ETAT L'EMPORTE
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Nous sommes le 19 janvier 1794 et la tour du Temple est en effervescence depuis le matin. Le couple Simon, désigné il y a six mois par la Commune de Paris pour être précepteur du jeune dauphin, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, déménage. Antoine Simon vient d'être nommé pour siéger au conseil de la Commune de Paris. Le savetier et sa femme, bien qu'ayant un logement rue des Cordeliers, vont s'installer dans une dépendance du Temple, aidés par un ami auvergnat du nom de Genès Ojardias, qui n'est autre qu'un agent au service du marquis de Fenoyl. L'ami auvergnat trouvera la mort quelques années plus tard au cours d'un règlement de comptes et l'on découvrira son corps dans un étang près de Viverols ... Le couple Simon passe la journée entière à déménager. Des linges, des malles en osier, du mobilier et de la vaisselle vont circuler dans l'enceinte qui abrite l'unique descendant mâle des rois de France, le petit Louis qui n'a que huit ans.
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Louis-Charles de France, deuxième fils de Louis XVI, n'était pas destiné à régner lorsqu'il vit le jour le 27 mars 1785. Qyatre ans plus tard, il devient l'héritier du trône après la mort de son frère Louis-Joseph, ayant succombé à une tuberculose osseuse. Mesdames de Rambaud et de Tourzel sont attachées à sa personne et il vit successivement à Versailles, puis aux Tuileries et enfin au Temple, après la journée du 10 août, où il est emprisonné en compagnie de ses parents, de sa tante Madame Élisabeth et de sa sœur Madame Royale. Après l'exécution de son père, il lui succède et est reconnu par ses oncles, Provence et
d'Artois, et par toute la cour comme étant le roi légitime devant régner sous le nom de Louis XVII. Simon parti, il est décidé que le fils de Louis XVI devra rester seul et mis au secret. Six mois plus tôt, le 3 juillet 1793, on l'avait séparé de sa mère et mis sous la garde du cordonnier Simon et de sa femme. Simon est un proche du procureur syndic Pierre Gaspard Chaumette qui le charge d'enseigner les nouvelles coutumes républicaines au jeune Capet. À l'été 1793, MarieAntoinette est transférée à la Conciergerie pour être jugée au tribunal révolutionnaire. Lors du procès en octobre 1793, on fait déposer l'enfant à charge contre sa mère, il est alors question d'inceste. C'est Hébert et Chaumette qui se chargent le 6 octobre de l'interrogatoire honteux. Le lendemain, 7 octobre, l'enfant est confronté à sa tante et à sa sœur. C'est la dernière fois qu'il sera vu et reconnu par un témoin proche. Après cette date, aucun témoin crédible ne pourra garantir l'avoir vu.
À partir du 28 janvier, des travaux sont entrepris de façon à emmurer la pièce où il est enfermé. Et l'on peut se poser la question : quel est l'intérêt d'emmurer l'enfant royal ? Qyel intérêt, si ce n'est qu'il faut absolument le mettre au secret pour éviter qu'on ne l'aperçoive ... C'est l'hypothèse retenue par tous: pourquoi le cacher sinon pour éviter qu'on ne le reconnaisse ? Et si on avait fait évader le dauphin lors du déménagement des Simon le 19 janvier 1794 ?
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Le 11 mai 1794, Madame Royale écrit dans son journal avoir reconnu Robespierre, venu en visite secrète. On prétend que le tribun emmena l'enfant avec lui à Meudon pour un rendezvous et le ramena au Temple. Louis fut-il échangé ? Ou bien 1' échange n'a-t-il pu se faire que parce que l'enfant était déjà évadé et qu'il s'agissait d'un autre enfant qui demeurait emprisonné à sa place ? Le 3 prairial, un homme, auvergnat, répondant au nom d'Admirat, rôde rue Saint-Honoré, cherchant Robespierre dans l'espoir de le tuer. Il se renseigne auprès de Madame Duplay chez qui l'Incorruptible habite. Puis, il se dirige vers le restaurant de la terrasse des feuillants, dîne et part s'endormir sur les gradins des tribunes à l'Assemblée nationale. Plus tard, il se poste devant le Comité de salut public et va souper. L'homme mélange opium et boissons fortes et parle beaucoup, puis après avoir erré dans les rues de Paris, rentre chez lui. À l'étage au-dessus habite un autre membre influent du gouvernement de la République : Collot d'Herbois. Admirat a manqué Robespierre mais il ne manquera pas Collot ! L'auvergnat se jette sur lui et lui assène plusieurs coups de couteau. Le conventionnel est sauf pourtant et on emmène Admirat au Comité de sûreté générale où l'homme, interrogé, avoue ses amitiés avec le baron de Batz et ses hommes, ce dernier n'en étant pas à sa première tentative pour faire évader la reine et les enfants du Temple. Il affirme être venu à Paris pour tuer Robespierre. Ce qui ressort de cet épisode est qu'Admirat a cherché Robespierre toute la journée en vain. Où était-il bien passé ?
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On rapporte que dans la même nuit un détachement de garde1 présenta, sur ordre de Robespierre, une réquisition à Plessier, qui effectuait sa garde au Temple, ordonnant la sortie sous bonne garde de l'enfant détenu. Sa destination ? Nous la connaissons
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En s'assurant le 4 prairial par son fidèle ami Payan, agent national de la Commune de Paris, de la désignation nommée d'avance
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des commissaires pour être gardes du Temple, en nommant le général La Valette, général de brigade aux ordres d'Hanriot, en crédibilisant les soupçons des agents d'Antraigues et autres témoins qui se révéleront par la suite indiquant que Robespierre était bien absent de Paris mais présent à Meudon les 4 et 5 prairial de l'an II, en faisant revenir d'urgence Saint-Just de l'armée du Nord, on comprend mieux les notes trouvées dans les papiers de Robespierre après sa mort : «Cuisinier à nommer - Faire arrêter l'ancien - Villiers, ami de Saint-Just à employer - Charger le Maire et !!Agent national de l'exemption - Nicolas instruira Villiers - opium - un médecin - Nomination des membres du conseil - Placer les deux ou trois premiers jours des nouveaux - Procès-verbal, nous présents. »
Si Robespierre avait voulu s'assurer de la personne du dauphin dans le but d'un éventuel échange diplomatique, l'affaire tombait à l'eau et l'on peut avoir une idée de la panique qui s'installa au sein du gouvernement et des mesures drastiques qui s'ensuivirent avec les lois de Prairial. Robespierre, pensant détenir en la personne du jeune dauphin un otage qu'il pouvait négocier contre une paix avec les pays coalisés, sut à ce moment que le dauphin avait déjà été évadé ... (/)
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Les mois vont passer jusqu'au 27 juillet où l'enfant sera sorti de l'isolement. Le lendemain, c'est au Temple que Barras, le vainqueur de Robespierre, fait sa première visite, le bruit de 1' évasion de l'enfant s'étant répandu durant la nuit. Il y trouve un enfant extrêmement grand, malade, recroquevillé dans un lit à berceau, les genoux, les chevilles et les mains enflés par les tumeurs, le visage pâle. L'état de santé de cet enfant s'est gravement altéré ... Est-ce bien le même enfant que l'on détient ? On change ses gardiens. Certains d'entre eux seront d'ailleurs guillotinés avec Robespierre et la Commune de Paris. C'est le cas du savetier Simon. On désigne un médecin qui
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viendra l'ausculter et lui donner les premiers secours. C'est le docteur Pierre-Joseph Desault, le responsable de l'hôtel-Dieu, qui va s'occuper du jeune prisonnier. Son nouveau gardien, qui se nomme Laurent, obtiendra l'autorisation de faire monter l'enfant sur la tour afin qu'il se promène. Mais il respectera scrupuleusement les ordres du Comité et de la Convention : Ne pas laisser le frère et la sœur se rencontrer ou se promener ensemble!» «
Et pourquoi, demanderont certains, si ce n'est parce que l'enfant détenu au Temple n'est pas le fils de Louis XVI. .. Le docteur Desault fait ses visites, mais dès le premier jour il ne reconnaîtra pas l'enfant qu'il avait vu à plusieurs reprises quelques années plus tôt, c'est du moins ce que répétera sa veuve par la suite. Dans les mois qui suivent, l'enfant est visité, mais seulement par des députés ou représentants qui avoueront ne l'avoir jamais rencontré auparavant. En février 1795, son état de santé s'aggrave encore. En mai, il est signalé être dangereusement malade. Le 30 mai 1795, Desault visite une fois de plus l'enfant détenu puis va dîner avec quelques conventionnels. Le soir même, en rentrant chez lui, il sera pris de nombreux vomissements. Deux jours plus tard, il décédera mystérieusement. On décèlera une fièvre ataxique. Certains pensent à un empoisonnement. Son adjoint, le docteur Chopart, va mourir dans les mêmes circonstances quelques jours plus tard ... Desault s'est-il confié à lui? Le 9 juin, ce sera au tour du docteur Doublet de décéder dans des circonstances identiques. Le docteur Abeille, élève de Desault, n'aura la vie sauve que grâce à sa fuite vers les Amériques. Qy'avaient-ils tous appris, de quels événements avaient-ils été témoins et de quels secrets avaient-ils été les confidents pour mourir ainsi subitement ?
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Les morts mystérieuses de !'H istoire
Compte tenu du décès subit du docteur Desault, c'est le docteur Pelletan qui est désigné pour soigner l'enfant qui est alors au plus mal. Pelletan se rend au Temple les 6 et 7 juin pour examiner le malade. Il confiera plus tard au docteur Jal à ce propos : Il est des circonstances où il est sage de se taire. j'ai très bien reconnu que l'enfant qui nous a été présenté n'était pas le dauphin, mais je ne voulais pas être empoisonné comme Desault... » «
Le 8 juin, peu avant quinze heures, après avoir pris une cuillerée de potion, l'enfant meurt dans les bras de son gardien. Le docteur Pelletan va pratiquer 1'autopsie et prélever une partie du cœur du défunt, qu'il dérobe secrètement. Son diagnostic: l'enfant en présence aurait succombé à une scrofulo-tuberculose.
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Il est neuf heures trente du soir en ce 10 juin 1795 et on allume les torches. Voisin, le responsable des pompes funèbres se met en route avec quatre porteurs. La pluie crépite sur les pavés de la rue du faubourg Saint-Antoine. Peu de gens suivent la procession. Arrivé au cimetière Sainte-Marguerite, le citoyen Bureau, gardien du cimetière, et le fossoyeur Bétrancourt se joignent à la troupe. Il est onze heures lorsque les intervenants s'en retournent chez eux, laissant le silence s'installer dans ce petit cimetière qui vient d 'accueillir officiellement le corps du :fils de Louis Capet et de Marie-Antoinette d'Autriche, âgé de dix ans, le petit Louis XVII. Mais est-ce bien le dauphin qui repose dans ce cimetière ? Le mystère débute ! Le fossoyeur Bétrancourt sculpte grossièrement une fleur de lys sur le cercueil et le recouvre de t erre. Plus tard, sa veuve racontera que son mari, accompagné par Découflet, bedeau de la section des Qyinze-Vingts, retira le cadavre de la fosse commune et plaça le corps dans une tombe spéciale «pour moitié creusée dans !'épaisseur du mur et l'autre moitié dans le cimetière ». En ce 10 juin 1795, en envoyant des estafettes en direction de tout l'Hexagone, le Comité de sûreté générale fait répandre la
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nouvelle que le fils Capet s'est échappé. Pour créer le trouble dans les armées vendéennes ? Peut-être ... Pour retarder la succession du comte de Provence à la tête du royaume ? C'est possible ... Parce que la République admet enfin que l'enfant du Temple n'est pas celui de Louis XVI et de Marie-Antoinette ... Toute la France parle maintenant de l'évasion du dauphin. Plus tard, la femme Simon, hospitalisée à l'hospice des Incurables, certifiera qu'elle avait, avec son mari, participé et assisté à la substitution du dauphin. Mise au secret, elle sera maintes fois interrogée et avouera à Madame Royale, venue à son chevet, que son frère était vivant et qu'elle l'avait revu en 1802, accompagné d'un serviteur noir. De nombreux prétendants vont alors se faire connaître et tous voudront qu'on les reconnaisse comme étant le véritable dauphin. Les plus connus sont Mathurin Bruneau, le baron de Richemont et Karl-Wilhelm Naundorff, mais aucun d'entre eux ne pourra trouver une crédibilité nécessaire pour accréditer sa thèse. C'est en 1846 que le docteur Milcent ouvrira le cercueil marqué d'une fleur de lys et découvrira le squelette d'un enfant, dont le crâne porte la marque d'un trait de scie, prouvant qu'une autopsie a été pratiquée lors du décès. C'est le trait de scie laissé par le docteur Pelletan lors de l'autopsie pratiquée au Temple! Il ne fait aucun doute que les médecins sont en présence de 1'enfant mort au Temple. Cependant, la taille du squelette correspond à celle d'un jeune homme âgé de seize à dix-huit ans. La constatation est importante, d'autant plus que l'opération va se renouveler le 5 juin 1894 sous la présence d'éminents spécialistes : les docteurs de Baker, Bilhaut, Magitot et Manouvrier, qui confirmeront les conclusions du docteur Milcent. Le squelette en présence ne correspond pas à celui d'un enfant de dix ans ! L'enfant qui est mort au Temple, autopsié par Pelletan puis enterré au cimetière Sainte-Marguerite, n'était donc pas Louis XVII. . .
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En 1998, des analyses ADN vont être pratiquées par deux laboratoires spécialisés. La piste Naundorff est écartée. Ce dernier ne peut être le descendant de Louis XVI et de MarieAntoinette. À la fin de 1999, on va comparer l'ADN du cœur reposant dans la crypte à la basilique de Saint-Denis et celui des cheveux de Marie-Antoinette et l'on conclura qu'il s'agit bien du cœur d'un Habsbourg apparenté à la reine. Mais est-ce pour autant celui de Louis XVII ? Ne s'agirait-il pas en fait de celui de son frère, Louis-Joseph, décédé en 1789 et non celui que le docteur Pelletan avait dérobé lors de l'autopsie de l'enfant mort au Temple ? La piste est sérieuse et une fois de plus le mystère demeure entier à ce jour. D'autant plus que, si la taille du corps retrouvé au cimetière Sainte-Marguerite est bien trop grande pour être celle du fils de Louis XVI, le fragment de cœur dérobé par Pelletan le jour de l'autopsie n'appartient pas non plus au prisonnier du Temple.
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La fille de Gosselin Lenôtre, dans un livre édité en 1940 où elle recueille les notes et souvenirs de son père, nous dit que le 24 décembre 1904, ce dernier se rendit en compagnie de son ami M. de Vaufrelan chez le duc de La Trémoïlle au 4, avenue Gabriel à Paris. Le père du duc de La Trémoïlle s'était marié avec la princesse de Tarente à l'âge de seize ans en 1790. Le duc lui parla de la mission confidentielle qui lui fut confiée par le comte de Chambord, à l'époque héritier du trône de France, concernant les recherches sur la question Louis XVII. Le comte de Chambord s'était confié à La Trémoïlle, mais était mort avant de pouvoir autoriser La Trémoïlle à divulguer le contenu de cette conversation. L'historien Lenôtre précisa qu'il était question de substitution, de la région de Dijon, d'un certain Cormier, agent secret royaliste, et d'un certain Monsieur de Rougé. Alors, qu'est devenu cet enfant orphelin s'il a vraiment survécu à ces années sombres, et où l'a-t-on caché, ce petit être, représentant à lui seul une menace d'État pour la République, mais aussi
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pour la succession au trône de France ? Sa descendance est-elle en Vendée, en Auvergne, près des monts Forez, à 1' étranger... ?
À quel secret avait fait allusion Robespierre dans son discours testament, peu avant sa mort : « Si vous saviez tout, citoyens ! » ? O!iel était donc ce secret embarrassant dont Napoléon faisait part à Sainte-Hélène en confiant à ses proches : Si je voulais dérouter toutes les ambitions, jeferais paraître un homme dont l'existence étonnerait l'univers ! » «
Pourquoi le comte de Chambord avait-il fait la confidence suivante à son secrétaire, alors qu'il était en exil : «Maintenant, j'ai la certitude que mon cousin Louis XVII existe. j e ne monterai donc pas sur le trône de France, mais Dieu veut que nous gardions le secret! C'est lui qui se réserve le droit de rétablir la royauté!»
Et pourquoi enfin ce même comte de Chambord, qui aurait dû régner sous le nom d 'Henri V, aurait confié à Mme d 'Osmond, comtesse de Boigne et compagne de jeu du premier dauphin avant la Révolution : «j'ai beaucoup aimé votre grand-père, le marquis de Maleyssie. Je ne reviendrai jamais en France. Louis XVII n'est pas mort au Temple. Il est marié et il a des enfants. J e ne suis qu'un cadet! »
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Il paraît bien improbable aujourd'hui de découvrir la vérité, mais sait-on jamais, avec le temps, !'Histoire pourrait bien dévoiler ses secrets un jour ou l'autre ...
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NAPOLÉON BONAPARTE
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SAINTE-HELENE, L'ULTIME PRISON C'est par le vrombissement des canons qui résonnent à trois reprises que les habitants et les soldats en poste sur l'île de Sainte-Hélène apprennent la fin de l'aventure pour le prisonnier le plus célèbre de ce début de x1xe siècle. Napoléon est mort ! Alors que, près de la fosse dont les abords ont été recouverts d'un drap noir en signe de deuil, le cercueil, juché sur deux tréteaux, semble entrer dans la postérité, les soupçons d'assassinat vont déjà bon train sur l'île. Cette théorie franchira les océans, escaladera les falaises et fera l'objet, jusqu'à aujourd'hui encore, de discussions âpres, réunissant ou opposant historiens, témoins et experts. Très rapidement on se pose la question: à quel mal a succombé Napoléon ? Cancer de l'estomac, néphrite, ulcère gastrique, affection du foie ... ? Comme tout personnage célèbre, ce dernier n'apparaissait-il pas comme invincible? (/)
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Tout a été envisagé depuis que dans cet abîme blotti entre les montagnes, dans cette vallée du Géranium, le cercueil de celui qui avait fait trembler l'Europe et le monde a touché le fond du caveau.
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Très vite on murmure qu'il a été empoisonné. La rumeur est tenace, pensez-vous : comment un prisonnier de ce rang peut-il succomber ainsi, brutalement, six ans après avoir posé le pied sur ce roc fatal, ce rocher au milieu des mers, qui devait devenir sa dernière escale et son ultime prison ? Alors, dès la disparition du célèbre prisonnier, les regards se tournent vers son geôlier, sir
Hudson Lowe, lequel s'était acquitté de sa mission, selon tous les témoins, avec une grande fermeté, détériorant les conditions de détention de Napoléon, appliquant avec zèle les consignes de surveillance reçues de Londres pour empêcher toute nouvelle fuite du détenu. Sir Hudson Lowe que !'Empereur déchu avait décrit par ces mots : «
Il a le crime gravé sur le visage.
»
De là à penser que ... Mais ce fameux empoisonnement pouvait aussi bien se revêtir du sens propre - faire mourir par le poison - , que du sens familier - nuire à l'autre ... Si la première assertion reste encore à prouver, il n'y a aucun doute que la seconde n'ait été utilisée par le geôlier anglais contre son prisonnier qu'il soupçonnait de vouloir s'évader. Sir Hudson Lowe sombrant dans une paranoïa démesurée, multipliait l'espionnage, renforçait les surveillances, autorisait les railleries qu'on ne dissimulait plus contre l'empereur déchu, lequel hésitait même à sortir pour se promener. M. de Montholon, qui avait accompagné !'Empereur dans son exil jusqu'à sa mort, s'était confié plus tard au général Lamarque et avait soutenu que Napoléon« n'avait pas été empoisonné, mais bien assassiné {sic} par les mauvais traitements des Anglais, par!' influence du climat de Sainte-Hélène et par les aliments qu'on lui fournissait... Aujourd'hui, il paraît certain que !'Empereur a succombé sous le poids des chagrins, des dégoûts, des vexations sans nombre et des privations de tout genre qu'on lui a fait supporter. »
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Pourtant, bien qu'acceptant cette deuxième formule, l'hypothèse d'un véritable assassinat circulait dès le lendemain de la disparition de !'Empereur. Et puis, l'un n'empêchait-il pas l'autre ? Le gouvernement anglais avait sa part de responsabilité dans ces rumeurs puisqu'il avait toujours laissé entendre, durant ces six années passées sur cette petite masse rocheuse située au cœur de l'Atlantique, que Napoléon était en parfaite santé. Comment
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expliquer que subitement une maladie ait pu survenir dans ces conditions sans éveiller des soupçons de meurtre ? D'autant plus qu'à plusieurs reprises des attentats avaient été déjoués. Le général Gourgaud n'avait-il pas découvert de la litharge (oxyde de plomb) en grande quantité dans le vin destiné à l'Empereur, ce fameux vin de Constance qui était réservé à la consommation personnelle de Napoléon ... ? Nous savons que la haine entretenue depuis de nombreux siècles entre la France et l'Angleterre pouvait permettre que la théorie de l'assassinat s'installe à son aise à la suite du décès de l'Empereur. Pour les Français, la tentation de rendre responsable le gouvernement anglais de la mort du célèbre prisonnier était grande. Tout d'abord parce que Napoléon n'avait que quarante-six ans en posant le pied sur l'île de Sainte-Hélène et qu'il était en parfaite santé.
À en croire les différents témoignages relevant de la vie quotidienne de l'exilé où apparaissent les maux dont l'empereur souffrit, et après lecture du rapport d'autopsie, nous sommes obligés de conclure que Napoléon ne fut pas victime d'une maladie, mais bien de différentes maladies qui l'affaiblirent durant ces cinq années passées en captivité. (/)
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Il n'est pas rare que la santé d'un prisonnier se dégrade dans les toutes premières années de sa détention. Napoléon n'échappa pas à cette règle et l'on put constater qu'il fut atteint d'une série de malaises dans les premiers mois. Le climat de Longwood et la mauvaise alimentation doublée de conditions d'hygiène minimes contribuèrent à provoquer des désordres de toutes sortes dans l'organisme du prisonnier et de ceux qui l'accompagnaient. Le journal de bord du général Gourgaud nous indique que la mortalité des habitants et des soldats de l'île était très importante. L'Empereur fut atteint dès les premiers mois, nous confie-t-il, d'insomnie, de maux de t ête et sombra dans
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un état dépressif. Pour ce dernier point, comment imaginer le contraire . .. Il écrit qu'à partir de septembre 1817, les symptômes d'un mal à l'abdomen se firent plus prononcés, alors qu'il était atteint de rétention d'eau, lui faisant gonfler les chevilles et affaiblissant sa marche. Des rapports médicaux furent alors envoyés par O'Meara à Hudson Lowe qui refusa de réagir aux différentes alertes médicales du médecin et refusa d'envisager un rapatriement sanitaire du prisonnier qui ne supportait pas, à l'évidence, les conditions climatiques de l'île. Le médecin, insistant et n'omettant pas de faire valoir les droits du prisonnier, fut rappelé à la mi-juillet 1818 sur la demande d'Hudson Lowe qui pensa, plus que jamais, que son célèbre captif simulait la maladie pour déjouer l'attention de ses geôliers et s'enfuir une fois de plus. Six mois plus tard, l'Empereur étant au plus mal, les généraux Bertrand et Montholon sollicitèrent la venue d'un nouveau médecin, le docteur Stokoe. Ce dernier, après avoir examiné le patient, conclut à une hépatite et une fois de plus Hudson Lowe refusa le diagnostic. Celui- ci fut confirmé quelques mois plus tard par un autre médecin, le docteur Antommarchi, qui proposa au prisonnier de faire plus d'exercice physique. De bonne volonté, l'Empereur effectua quelques promenades et tenta plusieurs sorties à cheval, mais dut très vite arrêter ses efforts devant le nombre de malaises accompagnant ses sorties.
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Qyand le comte de Montholon avait rencontré Albine de Vassal en 1812, cette dernière avait déjà été mariée auparavant par deux fois. Tombés amoureux immédiatement l'un de l'autre, ils avaient pris la décision de se marier. Ce mariage, interdit par !'Empereur, avait été célébré secrètement le 2 juillet 1812. Ayant appris la nouvelle quelque temps plus tard, Napoléon était entré dans une vive colère et avait destitué le comte. Rétabli par la suite, Montholon avait suivi !'Empereur. Lors de l'embarquement sur le Bellérophon, le couple était présent aux côtés de Napoléon. On prétend pourtant qu'Albine de Montholon eut une aventure avec l'illustre prisonnier et qu'il naquit de celle- ci en 1818 une petite fille que l'on prénomma Napoléone. Des témoins certifieront que la fillette présentait des traits assez évocateurs et que la ressemblance avec Napoléon était surprenante. On sait que, compte tenu du rude climat de l'île, Albine de Montholon fut autorisée à quitter Sainte-Hélène en 1819 et s'installa à Bruxelles. C'est là que la petite Napoléone devait mourir à l'âge d'un an. Ainsi, si la rumeur était fondée, Charles
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de Montholon avait donc un mobile supplémentaire pour commettre l'irréparable : la vengeance ! Charles de Montholon apparaissait ainsi comme le suspect idéal, ce dernier ayant ainsi trois mobiles : la vengeance (sa destitution de 1812), la réparation de son honneur bafoué (la liaison de !'Empereur avec sa femme et la naissance de la petite N apoléone) et la cupidité (le testament de Napoléon lui offrant la quasi-totalité de sa fortune). Et si la mort de !'Empereur était due à la conjonction de deux facteurs: les conditions de vie infligées au prisonnier et l'empoisonnement à petite dose d'arsenic administré chaque jour par Montholon ... ? Nous aurions là la véritable cause du décès de !'Empereur, d'autant plus que le traumatisme de l'exil se faisant grandissant, ce dernier, nous le savons par les témoignages recueillis, succombait petit à petit au désespoir d'un échec militaire et personnel en adoptant des règles de vie incompatibles avec un état de santé que l'on sait défaillant. Qyoi qu'il en soit, le crime ne devait pas profiter longtemps aux éventuels protagonistes de cette affaire mystérieuse : séparés de corps depuis le retour de son mari de l'île de Sainte-Hélène, peu après la mort de Napoléon, le divorce ayant été aboli en 1816 après le retour des Bourbons sur le trône, ils furent séparés de biens par jugement en 1828. Un an plus tard, englué dans de louches affaires financières qui avaient dévoré sa fortune mais aussi l'héritage donné par !'Empereur, Charles de Montholon fit banqueroute et fut condamné à la prison par jugement du tribunal de la Seine. Il dut s'enfuir à Londres pour échapper à ses créanciers. Montholon, âgé de cinq ans de moins qu~lbine, mourut au début du Second Empire après avoir retrouvé ses titres et grades.
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En conclusion, le rapport d'autopsie concluant à une mort par maladie héréditaire de !'Empereur arrangeait bien les différents acteurs de ce drame historique : Hudson Lowe, tout d'abord,
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pour mieux se détacher de toute responsabilité auprès de son gouvernement, et Montholon ne souhaitant pas que l'on cherche une autre cause de la mort du célèbre prisonnier que celle diagnostiquée par les médecins légistes. Les causes de la mort du prisonnier de Sainte-Hélène restent encore aujourd'hui très mystérieuses et font partie des grandes énigmes irrésolues.
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LE DUC DE BOURBON
L'AFFAIRE DE SAINT-LEU C'est en 1816 que le domaine de Saint-Leu fut acquis par Louis VI de Bourbon-Condé, duc de Bourbon après la Restauration. Cette magnifique propriété lui avait été cédée par la reine Hortense de Beauharnais. Après la mort de son père, le duc de Bourbon était devenu le neuvième prince de la maison de Condé disposant d'une fortune considérable, de l'étiquette de Grand Maître de la maison du roi et d'habitats tels que le château de Chantilly ou le Palais Bourbon. Ainsi, la maison de Condé était une véritable entreprise, à la solde d'un homme employant plus de six cents personnes dans tous les domaines : écuyers, femmes de chambre, secrétaires, domestiques, officiers, aides de camp.
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C 'est avec sa maîtresse, la baronne de Feuchères, que le duc de Bourbon, prince de Condé s'installa au domaine de SaintLeu. Cette dernière, Sophie Dawes de son vrai nom, avait tout juste quarante ans. Elle avait connu le duc, de trente-cinq ans son aîné, dans une maison close londonienne. Le prince en était tombé follement amoureux et s'était décidé à s'occuper de l'éducation de cette délicieuse jeune femme dont il était tombé « sous la coupe ». Elle apprit ainsi un français parfait, s'adonna à la musique, subit les cours particuliers de bonnes manières . .. Le temps passait et vint la défaite de Napoléon. Condé se décida à rentrer en France pour y récupérer ses biens et jouer un rôle prépondérant à la cour auprès du roi. Comme il n'était pas question pour lui d'abandonner à d'autres la belle Sophie et qu'il souhaitait éviter un scandale qui n'aurait pas manqué
d'éclater si leur liaison était découverte, il arrangea un mariage blanc avec son aide de camp, Adrien Victor Feuchères. Devant l'insistance de Condé, Louis XVIII fit de ce dernier un baron et la jeune femme put devenir en 1819 la maîtresse officielle du prince. Qyelques années plus tard, Feuchères, devenu jaloux, se sépara de Sophie et la renia jusqu'à la faire interdire à la cour du roi. Elle n'en demeura pas moins l'intime compagne et maîtresse du prince de Condé. Un couple, par intérêt, s'associa à sa miséricorde et fit de son mieux pour que ladite baronne rentrât en grâce : Louis Philippe d'Orléans et son épouse, la princesse Marie-Amélie. Dès le mois de janvier 1830, Louis Philippe écrivait à la baronne: «Je m'empresse, madame, de vous annoncer que le Roi vient de me dire que l'ordre du Jeu Roi {Louis XVIII} à votre égard allait être entièrement révoqué et effacé[. . .}. »
On le voit bien, il était question d'héritages et de manœuvres, afin que la famille d'Orléans soit la principale bénéficiaire de la fortune du duc de Bourbon à son décès, ce dernier n'ayant aucun héritier. La baronne de Feuchères prenait officiellement le parti du jeune duc d'Aumale. En échange, elle retrouvait le droit et l'honneur de réapparaître à la cour. Le duc de Bourbon finit bientôt par signer, désespéré et abattu par l'attitude de la baronne qui ne se cachait plus à présent et menaçait de quitter les lieux si ses désirs n'étaient pas assouvis. Le jeune duc d'Aumale serait son légataire universel et la baronne ne serait pas oubliée puisqu'un legs de deux millions lui serait alloué .
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Cependant, l'agitation parlementaire demeurait et atteignait à présent les ministères. Le frère de Louis XVI était impopulaire. En juillet 1830, Charles X, conscient que la partie était perdue, dut s'enfuir de Paris et les députés libéraux proclamèrent une monarchie constitutionnelle au détriment de la branche aînée
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des Bourbons. À la fin juillet, la France assista à un changement de dynastie, seul rempart monarchiste possible pour éviter l'avènement d'un gouvernement républicain. Ainsi, la branche cadette des Bourbons succéda à celle qui régnait depuis Henri IV et Louis Philippe fut proclamé « roi des Français ».
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Le duc de Bourbon, très attaché aux valeurs monarchistes et pur partisan de la branche aînée des Bourbons à laquelle il appartenait, envisagea de quitter la France. Les Trois Glorieuses et la fuite de Charles X, hors de France, l'avaient péniblement affecté. En constatant la révolte parisienne contre son cousin, le roi, frère de Louis XVI, le vieillard avait dû revivre, non sans mal, les grandes heures de la Révolution française qui l'avaient contraint quelque quarante années plus tôt, à partir pour l'exil. N'avait-il pas confié à des proches qu'il hésitait à rejoindre le comte d'Artois dans sa déportation ? Le prince de Condé avait d'ailleurs refusé de siéger à la Chambre des pairs comme le lui demandait le nouveau roi des Français, Louis Philippe d'Orléans. Pour le prince de Condé, ce nouveau roi n'était que le fils du renégat, son cousin, qui avait voté la mort du roi en 1793. Refuser ! Pour le roi, il n'était pas envisageable que le représentant illustre de la famille des Bourbon soit absent de la Chambre des pairs ... Le roi insista mais le prince demeurait sur ses positions, considérant que le seul roi légitime était Charles X.
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Louis Philippe demanda alors à la maîtresse du prince de Condé, la baronne Feuchères, d'empêcher le départ pour l'exil du dernier descendant de l'illustre famille princière. Pensait-il qu'une fois après avoir quitté la France et rejoint les princes exilés, le prince pourrait annuler son testament et en rédiger un autre, en faveur de Charles X? Pourtant, rien n'indiquait qu'il veuille fuir. N'avait-il pas soixante-quatorze ans et ne s'était-il pas résolu à demeurer dans sa propriété de Saint-Leu ? Le 26 août, le prince avait montré une bonne humeur surprenante en rapport aux jours passés, et avait passé la soirée à jouer Le duc de Bourbon . L'affaire de Saint-Leu
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au whist avant de gagner sa chambre. Il avait demandé à ce qu'on le réveille le lendemain à huit heures et avait également réglé sa montre de chasse et préparé son futur réveil. Le 27 août, comme il l'avait ordonné à Lecomte, son valet de chambre, ce dernier frappa à la porte de la chambre pour le réveiller. Le domestique attendit quelques instants et devant l'absence de réponse remarqua que le verrou intérieur avait été enclenché. Cette manœuvre lui semblant inhabituelle, l'inquiétude le gagna. Après une vingtaine de minutes, Lecomte revint devant la porte et constata que le prince ne répondait toujours pas. À ce moment, le docteur Bonnie, venu comme chaque matin prodiguer ses soins au duc, constata lui aussi que la porte était close et que personne ne répondait aux invectives du domestique. Ils étaient maintenant plusieurs devant cette porte close, médecin, domestiques, tous décidèrent de donner l'alerte ... Le silence régnait toujours dans la chambre. Une seule solution s'offrait à eux pour percer le mystère de ce silence : enfoncer la porte ! L'un d'eux, à l'aide d'une masse donna plusieurs coups sur la serrure. Celle-ci céda et les hommes se retrouvèrent dans la chambre du prince. À cet instant, la baronne apparut, alertée par le bruit occasionné par l'ouverture de la porte. Elle se précipita vers l'entrée de la chambre mais le docteur Bonnie l'en empêcha. Le dernier duc de Bourbon, prince de Condé, était visiblement mort et gisait, pendu à l'espagnolette de la fenêtre de sa chambre. Lecomte, le valet particulier du prince, constata que le lit était vide. Les volets donnant sur la cour étaient clos, les fenêtres fermées. Un bougeoir disposé sur un guéridon laissait apparaître une bougie consumée mais encore fumante. Celle-ci exhalait une odeur âcre dans la pièce. La flamme éclairant la chambre, timide et prête à s'éteindre, relevait les contours d'un corps appuyé contre l'une des fenêtres, légèrement tourné vers le volet intérieur. Les pieds de la victime touchaient à peine le sol. Un double mouchoir lié entourait le col du malheureux et la
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poignée de l'espagnolette à chaque extrémité. Le duc aurait pu sembler dormir si son visage n'avait laissé apparaître une blancheur livide. Ses yeux étaient clos et son visage retombait légèrement sur sa poitrine. Ses bras, loin d'être agités, longeaient son tronc, immobiles. Après un rapide examen, le médecin constata que son patient était décédé. La baronne, ayant entendu le diagnostic du médecin, se manifesta alors bruyamment, hurlant, pleurant, criant sa peine ... Connaissant la baronne, les témoins de cette scène furent surpris par cette réaction qu'ils jugèrent déplacée. Aux yeux de tous, tout cela relevait de la pure comédie et la baronne en faisait beaucoup trop ... À moitié tordue, repliée sur ellemême, les yeux remplis de larmes, gémissant, elle prononça enfin la phrase fatidique : «A-t-il laissé des papiers ? »
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Certes, elle aurait pu aisément demander si le duc respirait encore un peu, s'il avait souffert ... Elle aurait pu très bien crier à l'assassin, ou se demander quelle drôle d'idée lui était passée par la tête pour terminer sa vie ainsi, pendu à une fenêtre comme un simple domestique, une vulgaire baudruche, en plein été, à soixante-quatorze ans ... Lui, le père du duc d'Enghien . .. Mais non ! Comme le proverbe l'assure : chassez le naturel et il revient au galop. Elle se contenta de demander s'il avait laissé des papiers. avant d'ajouter en regardant le pauvre corps de Louis-Henri-Joseph duc de Bourbon, dernier prince de Condé, en se lamentant :
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« Qu'a-t-on fait de la cassette de diamants de Monseigneur? »
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Hormis les domestiques présents, à l'heure où le corps fut découvert, chacun assura que l'homme le plus riche de France s'était suicidé. M anoury, l'un des valets du duc, présent dans
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la chambre, douta devant tous du suicide de son maître. La baronne de Feuchères, reprenant soudain ses esprits, lui déclara : Prenez garde, de pareils discours pourraient vous compromettre auprès du roi ! » «
D'ailleurs, le duc n'avait-il pas pris ses précautions ? N'avait-il pas fermé le verrou de la porte de sa chambre et fermé ses volets de l'intérieur, ce qui excluait toute possibilité d'assassinat ? Un suicide, soit, mais pour quelle raison ? Qye s'était-il donc bien passé lors de cette nuit tragique ? Le désespoir, la peur de la vieillesse, de la maladie ... C'était, sans nul doute, la thèse retenue par la baronne de Feuchères, mais aussi celle de l'abbé Briant, du maire de la commune s'étant rendu sur les lieux et du domestique du duc, Lecomte. Pourtant, la police arrivant sur les lieux devait écarter cette thèse car c'était un suicide très curieux qui se présentait à eux. Certes les portes et fenêtres étaient fermées de l'intérieur mais, les pieds de la victime ne touchaient-ils pas, ou presque, le sol? Les mouchoirs reliés entre eux laissaient apparaître un nœud peu commun : un nœud de tisserand . .. C'est du moins ce qu'avait constaté le médecin qui, lui aussi, commençait à douter de la thèse suicidaire. Un nœud de tisserand, proche du nœud de chaise, était quant à sa fonction assez surprenante. En effet, ce nœud sert à réunir deux cordages dont les diamètres peuvent être très différents (ce qui n'était pas le cas des mouchoirs). Un atout majeur de ce nœud est qu'il est facile à défaire. Or, pourquoi prendre cette précaution dans le cas d'un suicide?
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Et puis, le duc de Bourbon n'était-il pas handicapé de son bras gauche, suite à une fracture de la clavicule quelques années plus tôt causée par une chute de cheval, ce handicap l'empêchant de réaliser le nœud et se pendre dans ces conditions ? Qyant à sa main droite, elle était aussi infirme, avec trois doigts sectionnés
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trente-cinq ans plus tôt. Le dentiste du duc ne rapportait-il pas que douze jours avant sa mort, le duc lui avait déclaré : «Il ny a qu'un lâche qui puisse se donner la mort. ..
»
?
Dans l'après-midi, le baron Pasquier, président de la Chambre des pairs, se présenta au château de Saint-Leu, accompagné de Rumigny, maréchal de camp du duc d'Orléans. L'acte de décès officiel ayant fait ressortir beaucoup trop d'indices pouvant laisser croire qu'il pouvait s'agir également d'un homicide, le procureur de Paris envoya les médecins du roi devant l'importance des faits et de la personnalité de la victime. La mort du duc était bel et bien entendue. Les raisons véritables de la visite du baron Pasquier au château de Saint-Leu reposaient uniquement sur l'assurance que le testament du dernier prince de Condé n'avait pas été modifié et que le duc d'Aumale était bien l'unique héritier de l'immense fortune qu'il laissait à sa mort.
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Toutefois, le baron Pasquier s'interrogeait. Il était bien question d'une mort par pendaison. Pourtant, il remarquait que « les pieds du duc de Bourbon touchaient le sol et que ses genoux étaient à demi fléchis ... » Cette position lui sembla si bizarre qu'il s'empressa d'en informer le roi en personne. Il fallait de toute urgence faire taire l'opinion publique qui ne se privait pas à présent de commenter les faits et d'imaginer les raisons pour lesquelles le duc avait perdu la vie. Les journaux et les gazettes se faisaient l'écho des interrogations et des invraisemblances relevées lors de la découverte du corps. Le général de Rumigny, ne voulant pas être en reste du baron Pasquier, avait écrit une lettre au roi en évoquant le suicide de la victime :
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Les soupçons ne se portent sur personne encore, mais Dieu sait ce qu'on apprendra, car je dois dire que la mort n'a pas l'air d'avoir été un suicide... » «
Le duc de Bourbon . L'affaire de Saint- Leu
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La police eut beau évoquer une mort par strangulation et le crime d'un rôdeur, il fallut se résoudre à abandonner cette thèse, compte tenu des circonstances et du fait que la chambre était fermée à clef Le baron Pasquier et le général de Rumigny n'étaient pas les seuls à douter d'un suicide par pendaison. Le marquis de Sémouville commentait publiquement la thèse de l'assassinat. N'osant pas affronter le roi, l'opinion publique se tourna vers la baronne de Feuchères et l'on apprit d'elle que le duc était devenu mélancolique dans les derniers temps de son existence et qu'il n'acceptait pas les événements ayant porté Louis Philippe d'Orléans sur le trône au point de ne pas vouloir y survivre. Elle parla d'une lettre d'adieu que le duc aurait écrite et mise à l'abri peu avant sa mort et l'on découvrit des morceaux de papier déchirés dans la cheminée de la chambre : la preuve ultime du suicide ! Ils furent remis au procureur Bernard qui, après avoir reconstitué la feuille initiale, déclara que ce texte évoquait bien un suicide. Il se terminait par ces mots : «Je n'ai qu'à mourir en souhaitant bonheur et prospérité au peuple français et à ma patrie. Adieu pour toujours. »
Or, aucun signalement concernant ces feuilles de papier, en excellent état, n'avait été indiqué par les personnes qui avaient découvert le corps et effectué les premières constatations des éléments existant dans la chambre. D'ailleurs, que faisaient ces papiers déchirés dans la cheminée ? Est-ce bien le duc qui les y avait mis ? Et si ce texte était le testament du duc, pourquoi était-il déchiré et jeté dans la cheminée sans avoir été brûlé ? Et si cette preuve ultime avait été fabriquée de toutes pièces par ceux qui l'avaient assassiné pour s'accaparer une fortune estimée à plus de soixante-six millions à laquelle devaient s'ajouter les nombreux châteaux, maisons et domaines du duc ?
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Le 7 septembre, la chambre du conseil du tribunal de Pontoise se positionnait en faveur du suicide et deux jours plus tard, la dépouille du duc de Bourbon fut déposée à l'église paroissiale de Chantilly. Le prêtre qui fit l'allocution devait prononcer ces paroles qui firent grand bruit : «
Le prince est innocent de sa mort devant Dieu ! »
Ces quelques mots indiquaient que le clergé, lui, ne croyait pas au suicide. Le procureur classa l'affaire. On ouvrit le testament. Le duc d'Aumale était bien l'héritier du duc de Bourbon. La baronne de Feuchères obtenait deux millions de francs ainsi que plusieurs châteaux dont celui de Saint-Leu. Tout semblait rentrer dans l'ordre jusqu'à ce qu'un coup de théâtre se produise : l'un des anciens employés du duc de Bourbon affirma que l'on pouvait actionner le verrou de la porte de la chambre de son maître de l'extérieur. On reparla alors d'un possible assassinat, idée qui d'ailleurs n'avait jamais quitté l'opinion publique. Le prince de Rohan, cousin du duc de Bourbon, déposa une plainte au parquet de Pontoise. Un supplément d'instruction fut déclaré. On enquêta durant quatre mois et l'on apprit que la baronne battait parfois le duc et qu'il n'était pas rare que ce dernier présentât des traces de blessures. (/)
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Qyelques jours avant le renvoi du dossier se produisit un nouveau coup de théâtre: M . de la Huproye demanda sa retraite d'office sur l'insistance du procureur général Persil et fut remplacé par M. Brière-Valigny, président de la chambre d'accusation. Une dernière fois, la chose était jugée. Il n'y aurait pas de renvoi en cour d'assise : le duc de Bourbon s'était officiellement suicidé ! La thèse de l'assassinat demeurait en revanche très plausible, le valet de chambre ayant démontré que le verrou pouvait être fermé de l'extérieur de la pièce, les mouchoirs servant de corde étant peu serrés sur le col de la victime, sa position équivoque
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près de la fenêtre, les jambes presque repliées, la lettre déchirée en morceaux et retrouvée, bien après, dans la cheminée et le tout accompagné par un mobile imparable qui n'était autre que l'héritage en faveur du duc d Aumale. La baronne de Feuchères aurait pu, sur ordre du roi Louis Philippe, mettre fin aux projets du duc afin de préserver le testament initial. Elle aurait pu être aidée de Lecomte, le valet du duc, qui n'était autre que l'ancien coiffeur de la baronne, avant d'entrer au service du duc de Bourbon, un valet qu'elle avait imposé au duc quelques années plus tôt. Pourtant, une autre hypothèse fut envisagée, celle de l'accident. Un certain nombre d'historiens s'étant penchés sur cette affaire ont avancé l'idée d'une stimulation sexuelle qui aurait pu mal tourner. Cette hypothèse fut confirmée par une lettre du comte de Villegontier, un proche du duc de Bourbon. En effet, les médecins qui ont autopsié le corps du malheureux révélèrent que le sexe du duc« était dans un état de semi-érection». Après s'être pliée aux exigences du duc, la baronne aurait sans doute serré un peu trop fort le cou de son amant et ce dernier en serait mort. La baronne de Feuchères, prise de panique et dans la crainte que l'on découvre les causes de la mort du duc, aurait simulé un suicide avec la complicité de son valet. Le duc d'Aumale est donc le bénéficiaire principal de l'héritage du dernier des princes de Condé. Le château de Chantilly lui revient tandis que celui de Saint-Leu est attribué à la baronne anglaise, la belle Sophie Dawes, qui ne tardera pas à le revendre. Ce dernier sera détruit en 1837. Le parc sera toutefois conservé et en juin 1844 il y sera érigé un monument créé à la mémoire du duc de Bourbon, prince de Condé, dont la mort fut et restera un mystère à jamais irrésolu.
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Le froid s'est installé sur la France en ce 27 novembre 1882. Une fois de plus, le thermomètre ne dépassera pas les six degrés. À Sèvres, dans la villa centenaire occupée par Léon Gambetta, située au numéro 14 de la rue du Chemin Vert, on se réveille et se prépare. Cette villa avait abrité Honoré de Balzac durant deux ans, jusqu'en 1840, date à laquelle, une fois de plus poursuivi par ses créanciers, il avait dû s'en séparer. C'est là qu'il avait écrit Le Curé du village et Béatrix, deux œuvres traduisant l'expression du romantisme balzacien. Et puis la demeure était retombée dans l'anonymat le plus complet et dans un silence où seules les ombres des personnages venus de l'imagination du grand romancier évoluaient parfois, dans l'ombre de ceux qui l'approchaient. Elle avait attendu, sagement, trente-huit ans, avant qu'un autre personnage, célèbre lui aussi, pose ses yeux sur elle et vienne l'habiter, avec sa maîtresse, pour échapper au quotidien parisien. Un homme doté d'un don certain et reconnu par tous pour haranguer les foules; d'une force de persuasion si habile, notamment auprès des femmes, qu'il ne dépareillait pas avec les personnages que Balzac avait inventés et mis en scène tout au long de sa vie.
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Il est onze heures du matin. Un coup de feu claque dans la maison. Les domestiques s'inquiètent que la détonation ait eu lieu dans la chambre du tribun. Il est vrai que l'homme politique s'entraînait depuis quelque temps à tirer sur des cibles dans le jardin, mais tirer dans sa chambre .. . Ils se précipitent et entrevoient leur maître, éberlué, regardant sa main droite, blessée et ensanglantée. Le revolver gît à terre à ses côtés. Une femme est
près de lui, en pleurs. C'est Léonie Léon, la maîtresse du tribun depuis quelques années. Ils s'étaient rencontrés pour la première fois en 1868, alors qu'elle avait à peine trente ans et était mère d'un garçon qu'elle avait conçu avec un inspecteur général de police en résidence impériale. Et puis, ils s'étaient revus tous deux quatre années plus tard. Les temps avaient changé. Son ancien amant, bonapartiste, n'était plus en odeur de sainteté. La défaite de Sedan était passée par là. Léon Gambetta, lui, pérorait sur toutes les tribunes. La République avait été proclamée et le tribun jouait un rôle important et prometteur dans cette nouvelle France. Elle, habitait à Auteuil, avenue Perrichont. Lui, évoluait plus modestement. On l'apercevait dans les salons politico-littéraires comme celui de Juliette Adam. Les domestiques s'affairent autour du« taureau de Cahors» qui se tient la main et le bras. Ce dernier envoie Léonie chercher un médecin en bredouillant : «Je ne sais comment cela est arrivé, j'ai pris ce revolver où il restait une balle que j'avais oubliée et le coup m'est parti dans la main. »
La balle, après avoir traversé la main, avait été se loger dans le mur d'en face. Rapidement, Léon Gambetta reçoit les premiers soins et le docteur Lannelongue, qui est également son ami personnel, arrive de Paris pour l'ausculter. Il considère que l'incident est sans gravité mais demande un repos complet à son patient.
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On apprend que le tribun avait reçu en cadeau un revolver nouveau modèle de Ferdinand Claudin, fabriquant d'armes. Depuis sa découverte, tel un enfant avec un jouet, Gambetta ne l'avait pas quitté des yeux et avait pris son petit déjeuner, l'arme posée sur la table à ses côtés. Le docteur Fieuzal avait d'ailleurs déjeuné avec Gambetta et s'était étonné que l'arme fût
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là, trônant entre deux tartines. Tous deux en avaient ri, puis le médecin s'en était allé pour une journée de visites domiciliaires. Gambetta, alité, la main et le bras pansés, déclare au docteur Lannelongue qu'il devait se marier dans trois jours, mais le docteur est formel : du repos !
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Soit, le couple attendra que Léon soit rétabli et il s'en remet aux ordres du médecin sans se douter un instant que le mariage n'aura jamais lieu. La nouvelle va se répandre dans la France entière et, bien entendu, personne ne veut croire à la thèse officielle. Le grand homme ne peut s'être blessé par accident . .. Pensez-vous donc ! Et l'on se remémore ses frasques passées en citant les noms de ses nombreuses maîtresses et ceux, beaucoup moins glorifiants, de ceux qu'il a cocufiés. Serait-ce l'un des nombreux maris de ses conquêtes qui se serait vengé ? On s'offusque, on ricane ... Et puis, cette Léonie Léon aurait très bien pu lui tirer dessus et le manquer, par jalousie, par vengeance ... Tous deux se connaissaient depuis dix ans et si parfois le temps fait bien les choses, il peut aussi les défaire ... Fille d'un officier supérieur qui avait dû être interné à Charenton, pourquoi n'aurait- elle pas hérité de la maladie de son père ... Avait-il sombré dans la folie ? Et son état, relevait-il d'une maladie transmissible ? Elle avait été charmée par les discours de Gambetta et s'en était confiée à lui et, très vite, le couple avait vécu maritalement. Non, Léonie avait accepté sa condition et tenait son rang dans ce semblant de famille. Ne s'était-elle pas donné pour mission de s'occuper de l'éducation de Léon, en lui apprenant à s'habiller, à bien se tenir en réception et à marquer son rang ? Gambetta avait 1' âme d'un bourgeois de son époque et rêvait de mariage. Et puis, le mariage, se disait-il, n'empêche pas les vies décousues et le tribun pensait que l'acte de se marier était nécessaire à sa condition. Le mariage : Léonie ne voulait pas en entendre parler. On la suspecta d'être un agent de Bismarck, cherchant à pousser Gambetta dans les salons que les hommes
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du chancelier fréquentaient pour signer quelque accord. Une sorte de Mata Hari avant l'heure. Et l'on reparla de la vie amoureuse et tumultueuse de Gambetta, de ses maîtresses, de la jalousie de Léonie ... On prétendit que cette dernière aurait trouvé son futur époux en galante compagnie avec Mme de Beaumont, la belle-sœur du maréchal Mac Mahon... Léonie devait être informée de cette liaison épisodique connue de tous et qui se propageait partout. On en riait, et Clemenceau le premier ! À moins, qu'une fois de plus, ses visites soient revenues aux oreilles de Léonie, qui cette fois n'avait pu se contenir. On avança aussi que cette dernière, ayant cédé le 18 novembre à Gambetta en acceptant le mariage, n'ait trouvé que ce moyen pour se rétracter. Ne lui avait-elle pas écrit d'ailleurs : «je suis prête à t'épouser à n'importe quelprix !
»
Léon Daudet et Henri Rochefort 1'accusèrent ouvertement d'avoir tiré sur son amant. On peut encore supposer que, Léonie ayant voulu en finir avec la vie, Gambetta se serrait blessé en tentant d'empêcher cette dernière de se suicider. On le voit bien, rien de très sérieux. Il n'empêche que le docteur Odilon Lannelongue prescrivit une dizaine de jours de repos et obligea le blessé à s'aliter. Cette prescription devait lui être fatale. Dès le lendemain, il se mit à souffrir d'une inflammation des intestins. Le 16 novembre, une pérityphlite se déclarait suivie de complications. La syphilis, qu'il avait contractée certainement quelques années plus tôt dans le quartier Latin en fréquentant « la grande Thérèse », une femme galante de petite vertu qui avait été auparavant la maîtresse de Mistral, l'assiégeait de nouveau . Fatigué, exténué, Gambetta ne devait plus se relever. On saura plus tard qu'il avait succombé à une perforation de l'appendice et que ce mal n'était pas encore connu à cette époque.
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Gambetta rendit 1' âme non sans avoir une dernière fois déclaré son amour à sa belle maîtresse :
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«À toi, lumière de mon âme, mon étoile, ma vie. .. Léonie Léon, pour toujours, pour toujours ... »
Ainsi, une infection intestinale aurait eu raison du grand homme ? La France entière fut abasourdie par une telle nouvelle qui vint endeuiller les fêtes du nouvel an. Le 2 janvier, le gouvernement envoya à Sèvres, où reposait le corps du tribun, pas moins de treize médecins qui vinrent procéder à l'autopsie. La dispersion des restes « du père de la République » devait alors commencer ! Le docteur Fieuzal devait écrire à l'un des parents du tribun: Nous l'avons laissé mourir à force de vouloir le guérir. Nous avons été un homme qui, ayant entre les mains un vase fragile, d'un prix inestimable, le laisserait tomber et se briser à force d'avoir peur de le perdre. S'il eût été un manœuvre, il ne serait pas mort. Sais-tu ce que nous avons oubliépendant des jours ? Tout simplement de le faire aller à la selle ! Nous ne nous sommes jamais enquis, entends-tu bien, jamais de ce détail! Et pendant onze jours, il n'a rien évacué! De là l'inflammation mortelle : un simple laxatif l'aurait sauvé. » «
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Mais qui étaient-ils ces célèbres médecins venus pour découper le grand homme ? Parmi eux, il y avait le professeur de pathologie chirurgicale Trelat, le professeur d'anatomie pathologique Brouardel, le docteur Lannelongue, le professeur d'anatomie chirurgicale Charcot. Tous de grandes sommités de la médecine. Le témoignage de l'embaumeur Baudiau nous décrit la scène épouvantable relative à l'intervention des médecins :
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«Quelle boucherie! V. .. désossait le bras, L ... coupait l'appendice, Gibier s'emparait d'un longfragment d'intestin, Bert empaquetait le cœur dans un vieux journal, Fieuzal s'en allait avec le crâne ... »
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Le corps de Gambetta avait été allongé sur une table disposée devant les fenêtres et tous s'affairaient dessus : l'un pour scier la boîte crânienne, l'autre pour ouvrir l'estomac .. . On apporta le cerveau chez le pharmacien le plus proche pour le peser : 1,160 kilogramme ... Le docteur Lannelongue enveloppa l'avantbras et la main blessée par la balle de revolver dans un drap. Enfin, peu après midi, les médecins ayant repris le chemin de Paris, il restait à l'embaumeur à rafistoler le corps avant de déposer ces restes dans le cercueil. Le communiqué officiel concernant la cause du décès de Gambetta fut alors rédigé par le professeur Charcot. Le docteur Lannelongue délivra le permis d'inhumer. La raison exacte du décès ne fut pas établie et alimenta la rumeur publique qui assurait que la mort de Gambetta était peut-être due à un assassinat ou à un duel qui aurait mal tourné. Et pour cause ! Léon Gambetta n'avait que quarante-quatre ans et l'on ne meurt pas aussi subitement à cet âge. L'enterrement eut lieu en présence de sa famille et des docteurs Fieuzal et Liouville, mais aucun des membres présents ne rendit un dernier hommage à l'homme de la République avant la fermeture du cercueil et pour cause ... Le cadavre était sans tête et ils n'avaient aucune envie d 'assister à une scène digne des plus grands récits d'horreur. Ainsi, loin d'avoir souhaité donner volontairement son corps à la science, les restes du corps du « taureau de Cahors » furent dispersés aux quatre coins du pays et ne ressurgirent, pour certains, que très longtemps après.
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Si la tombe de Gambetta demeura à Nice et son cœur fut transféré au Panthéon, sa dépouille fut mystérieusement éparpillée dans toute la France. En effet, les restes du grand homme furent dispersés ici et là sans qu'aucune autorité ne s'interposât. Son œil fut retrouvé dans la bibliothèque de Cahors, mais on ne retrouva pas sa tête; l'un de ses bras et l'une de ses mains pourraient se situer dans le Gers alors que l'intestin et l'appendice se
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trouveraient dans quelque laboratoire parisien, on aurait enfin localisé son cerveau à Paris. Léonie Léon regagnera Paris, après avoir subi une campagne publique l'accusant d'avoir été à l'origine du décès de l'homme fort de la IIIe République. Âgée de quarante-trois ans, elle y vivra recluse, cachée, durant vingt-quatre ans. De son vrai nom, Marie-Léonie Constance Berlier Saint-Ange, la jeune femme avait aimé profondément Léon Gambetta au point que les deux amants s'étaient écrit plus de trois mille lettres d'amour et de confessions politiques en dix ans. Confessions que Léonie aurait bien pu soutirer à son « mangeur d'ail et d'huile d'olives » pour les transmettre à Henckel, industriel allemand et préfet de la Lorraine annexée, ou au cousin de ce dernier, Bismarck, comme le soupçonnera Juliette Adam, amie fidèle de l'homme politique.
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Cette idée de transmettre des informations à Henckel n'était d'ailleurs pas si farfelue que cela puisque ce dernier, de son véritable nom comte Henckel von Donnersmarck, avait pour maîtresse une amie proche de Léonie, une cocotte demi-mondaine, épouse d'un aristocrate portugais répondant au nom d'Aranjo de Païva. À en croire la dédicace que Léonie Léon avait écrit sur un portrait offert à son amie, la Païva (« À Madame la comtesse H enckel, si puissante et si bienfaisante, sa petite esclave qui lui doit tout, Léonie Léon »), les deux femmes devaient être très proches. On prétend que Léonie aurait convaincu Gambetta de rencontrer le chancelier Bismarck pour négocier la question des provinces d'Alsace et de Lorraine. La France étant dans une période revancharde depuis la fin de la guerre de 1870, on comprend que cette entrevue, si elle avait eu lieu, aurait fait scandale. Léonie avait-elle juré de prouver la soumission de son amant à son amie la Païva ? Convertie au catholicisme, Léonie Léon aurait alors exigé un mariage à 1' église à « son grand homme »,
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ce que Gambetta ne pouvait accepter sans se ridiculiser tout en levant les obstacles à ce qu'il accède au poste suprême à l'Élysée. Gambetta aurait été espionné. Il est vrai que le contexte général était à l'espionnage entre les deux pays séparés par le Rhin. Gambetta était un homme en vue, plein d'avenir, qui, bien que président du Conseil de novembre 1881 à janvier 1882, s'était réservé le domaine des Affaires étrangères. Il savait lui-même qu'il était surveillé par toutes les polices secrètes. Mais était-il assez prudent pour ne pas se laisser aller à quelques confidences sur l'oreiller soyeux de la belle Léonie ... ? Vingt-six ans passèrent. En avril 1909, le cercueil du grand tribun fut transféré dans un monument élevé par la ville de Nice. On ouvrit alors le cercueil et on constata immédiatement la présence du corps sans tête et l'absence d'un bras et d'une main. Les personnalités en présence restèrent muettes devant un tel spectacle. On referma discrètement le cercueil et l'on procéda à la cérémonie prévue pour cet événement. En 1920, sur proposition du président de la République Paul Deschanel et afin de fêter le cinquantenaire de la Ille République, on transféra le cœur de Gambetta au Panthéon. Celui-ci avait été emmené par Paul Bert lors de l'autopsie réalisée à Sèvres. Il faudra attendre soixante-sept ans pour retrouver le cerveau du célèbre républicain au palais de Chaillot à Paris, au sein même du musée de l'Homme. Il reposait dans un bocal auprès d'autres cerveaux célèbres dont celui de l'anarchiste Émile Henri, guillotiné à la fin du siècle. Celui qui avait sauvé la République et celui qui avait voulu la détruire cohabitaient ainsi depuis soixante-dix ans ... Mais le dernier mot revient à Georges Clemenceau qui, très bien informé des frasques amoureuses de son adversaire politique, aurait eu ce singulier et véritable éloge funèbre, en cette formule assassine :
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« En tous les cas, c'est le cul qui l'a tué!»
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VICTIME D'ALFRED DREYFUS?
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En ce début d'automne 1902, la chlorophylle des feuilles se prépare à laisser sa place à l'anthocyane, le rouge orangé remplaçant le vert de l'été et symbolisant les traditionnelles couleurs chatoyantes chères aux peintres paysagistes. Si l'automne donne encore quelques journées ensoleillées et douces, les nuits restent fraîches et contrastent avec les timides rayons du soleil. Les récoltes d'été se terminent, et maïs et tournesol rejoignent la paille et les foins dans les greniers. En ce début de siècle, si la France est toujours divisée entre dreyfusards et antidreyfusards, les élections ont vu la victoire des gauches. L'on reprend espoir qu'un nouveau procès pourrait acquitter définitivement le célèbre capitaine pour lequel l' écrivain le plus renommé de ces années a pris parti en publiant, un peu plus de quatre ans auparavant, avec la complicité du journal I.:A.urore, un article intitulé « j'accuse ». Ce dernier dénonçait, sous la forme d'une lettre ouverte au président de la République, le verdict scandaleux frappant le militaire accusé d'espionnage. Le 26 septembre 1902, sous l'impulsion des partisans d'Auguste Blanqui et de Jules Guesde, un nouveau parti politique vient de voir le jour : le parti socialiste.
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Tout est calme en cette matinée du 29 septembre, jour de la Saint-Michel. Eugénie Lavaud, comme tous les jours, s'apprête à réveiller ses employeurs. Ils habitent au 21 bis rue de Bruxelles et se nomment Émile et Alexandrine Zola. Ses employeurs célèbres viennent y passer leurs quartiers d'hiver et arrivent de la maison de M edan, où ils aiment à réunir des amis artistes
dans le cadre de soirées organisées autour du naturalisme. Le dernier été fut calme, serein même. C'est à Medan que Zola retrouve la nature et s'abandonne à vivre à son rythme. Il tient à cette maison qu'il a achetée grâce aux gains réalisés après avoir écrit I.:Assommoir, le septième volume de la série des RougonMacquart. Cette maison est aussi un peu son œuvre. Il l'a transformée au fil des ans, supprimant un mur et des parois, aménageant le jardin, construisant une tour qu'il surnommera Germinal, puis une autre qu'il baptisera Nana ... Petit à petit, elle est devenue sa résidence principale, alors que sa maison de Paris lui permet de se rapprocher des contacts inférant à sa vie professionnelle et de passer l'hiver dans les meilleures conditions. C'est donc en plein cœur de Paris que le couple Zola demeure en cette fin septembre 1902. Il est neuf heures trente quand Eugénie Lavaud monte à l'étage où sont les chambres, et frappe à la porte du couple. Jules Delahalle, le valet de chambre, l'accompagne. Ils sont persuadés que cette situation est anormale : ce ne sont pas les habitudes de la maison que de rester alité jusqu'à cette heure ... Et puis, Madame Zola n'a pas tiré sur sa sonnette! Eugénie tente bien de tourner la poignée et constate immédiatement que le loquet est tiré de l'intérieur. Il lui est donc impossible d'ouvrir la porte. Les deux domestiques redescendent rapidement. Qye faire? Un ouvrier plombier se trouve là, appelé la veille pour réparer une fuite d'eau. Tous montent à 1'étage. On cogne, on appelle, on tambourine. Rien n'y fait ! On entend de très discrets aboiements de l'autre côté de la porte. Ce sont les deux petits chiens, Zizi et Pinpin, qui geignent. L'ouvrier, d'un grand coup d'épaule, défonce la porte qui s'ouvre sur une chambre sans lumière. Tous pénètrent dans la pièce. Immédiatement, une odeur les saisit à la gorge. Une odeur âcre, étouffante ... Le valet de chambre se précipite vers la fenêtre et écarte les rideaux. Très vite c'est la consternation et la tristesse qui s'installent.
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On s'approche de l' écrivain. Il gît sur le tapis en chemise de nuit. L'homme ne respire plus. Son corps est encore tiède. Son épouse semble ne plus respirer. On approche son corps de la fenêtre et on distingue un léger souffle s'échapper de sa bouche entrouverte. On appelle les médecins en urgence. Les docteurs Lenormand et Main, arrivés sur les lieux du drame, tentent de ranimer à plusieurs reprises l'auteur de Germinal, mais sans résultat. Il est onze heures trente. Alors qu'on emmène d'urgence Alexandrine Zola dans une clinique pour lui prodiguer les soins nécessaires à sa survie, on constate le décès de l'illustre écrivain. On conclut à la hâte qu'il aurait succombé à une forte dose de gaz et d'acide carbonique. On transporte le corps sans vie de Zola dans son ancien cabinet de travail. Placé sur un divan, on étend sur lui un drap blanc. Seul son visage est découvert. L'homme paraît calme. C'est paisiblement qu'il a rejoint 1'éternité. Le docteur Gaube, le médecin de famille, se charge de prélever du sang sur lui et sur l'un des deux chiens. Le docteur Vibert, quant à lui, effectue les mêmes prélèvements quelques instants plus tard auprès de Madame Zola.
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L'activité déployée devant la maison de Zola inquiète les riverains. Très vite, la nouvelle se propage dans toutes les rues avoisinantes jusqu'à la butte Montmartre. Ce quartier est resté un village peuplé d'artisans et d'artistes et tous se connaissent pour s'être fréquentés ou déjà rencontrés. Le gouvernement est prévenu et ordonne une enquête qui sera menée par le juge Bourrouillou. En attendant, la maison ne désemplit pas. La maîtresse de Zola est arrivée sur les lieux. Elle est toute vêtue de noir et est accompagnée de ses deux enfants. Jeanne Rozerot est l'ancienne lingère de la maison de Medan avec laquelle l' écrivain a eu deux enfants, Jacques et Denise. Le premier a treize ans, la petite fille en a onze. L'entente est parfaite entre Jeanne et Alexandrine qui, n'ayant pas pu avoir d'enfants, se chargera de les faire reconnaître. Jeanne est effondrée. Elle pense un instant à un assassinat. D'autres intimes du romancier arrivent
Émile Zola. Victime d'Alfred Dreyfus?
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sur les lieux : M. et Mme Laborde, M. et Mme Charpentier, M. Fasquelle, M. Dumoulin ... La nuit arrive avec ses cortèges d'ombres et avec eux la rumeur terrible qu'un tel homme n'a pas pu sombrer d'une telle façon ... Trop facile disent les uns, trop bête assurent les autres ... C'est M. Dumoulin et le couple Charpentier qui vont veiller le mort toute la nuit. Au matin, alors qu'on emmène le corps de Zola pour être autopsié, le juge Bourrouillou nomme un groupe d'experts. Parmi eux le docteur Charles Vibert, qui pratiquera l'autopsie. Compte tenu de la personnalité de la victime, les rumeurs commencent à courir tout Paris. L'assassinat de Zola est sur toutes les lèvres. Il est vrai que l'affaire Dreyfus est encore d'actualité et que les menaces de mort envers l'écrivain n'ont pas disparu. On parle de suicide, mais l'on ne peut conforter cette thèse. On avance même que Madame Zola aurait pu tuer son mari ... Ridicule! Le commissaire Cornette, dès le départ de l'enquête, parle d'un malheureux accident avant même que le rapport d'autopsie ne soit révélé officiellement. Ce dernier confiera : Oui, Zola est mort dans des conditions très suspectes. .. Je crois que si on avait cherché davantage, on aurait découvert qu'il ne s'agissait peut-être pas tellement d'un accident; mais à ce moment, la France sortait à peine de l'affaire Dreyfus. L'autorité supérieure ne tenait pas à avoir un autre sujet d'agitation. » «
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On le voit bien dès le départ, personne ne souhaite que l'enquête fasse l'objet de nouvelles polémiques. C'est dans cet état d'esprit que la famille et les autorités orientent les recherches afin de clôturer le dossier au plus vite. Le commissaire Cornette et ses hommes pensent à un empoisonnement, mais cette piste est très rapidement écartée. En effet, ni Madame Zola ni les domestiques ayant partagé le repas des Zola ne semblent affectés et il en est de même pour les chiens. On se rabat alors sur la cheminée de la chambre qui trône en plein milieu de la pièce.
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Cornette l'inspecte et découvre que les cendres qui reposent en bas de celle-ci sont encore brûlantes. Les enquêteurs vont alors interroger les domestiques et les amis du couple. Le valet de chambre Jules Delahalle se souvient que le matin précédant le décès de son maître, Zola avait tenté de faire du feu, mais ce dernier n'avait pas pris à cause du mauvais tirage du conduit de la cheminée. Le valet se remémore avoir ouvert les fenêtres pour évacuer la fumée et fermé le tablier de la cheminée. C'est le lendemain que sera examiné et disséqué le corps. Les médecins unanimes concluent à une asphyxie par le gaz d'oxyde de carbone. L'analyse sanguine apporte les preuves du diagnostic. Ces analyses viennent confirmer le témoignage d'Alexandrine Zola qui déclare aux enquêteurs : «Nous étions rentrés dans l'après-midi. Nous nous proposions de nous lever de grand matin afin de donner des indications indispensables aux ouvriers qui devaient venir exécuter des réparations dans notre appartement { . .] Nous nous étions couchés lui à gauche, moi à droite. Au beau milieu de la nuit, je me réveille. Je me sentais indisposée. J e descends du lit pour me rendre aux water-closets, proches de la salle de bains. j e n'ai plus de force. j e me traîne jusqu'à mon cabinet de toilette. Au bout d 'un instant, je me sens soulagée etje regagne le lit... Il me sembla tout à coup que mon mari se plaignait. je lui dis:
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des nombreux hippomobiles. Le dossier est clôs. On décide d'embaumer le corps de l'illustre écrivain. Contre toute attente, un homme se présente au domicile de Zola. Cet homme est peut-être celui par qui le scandale et le malheur sont arrivés, tant l'esprit de revanche est fort chez ses contradicteurs et accusateurs. Cet homme c'est Alfred Dreyfus ! Dès l'annonce de la mort de son célèbre défenseur, Alfred Dreyfus se précipite au domicile de l' écrivain. Il se rend à la clinique de Neuilly où se repose Alexandrine Zola. Cette dernière le supplie de ne pas assister aux obsèques de son mari, pensant que sa présence pourrait passer pour une provocation envers ceux qui poursuivent leurs invectives contre l'officier juif et ceux qui défendent sa cause. Puis, pensant qu'Émile Zola aurait aimé dire adieu à cet homme pour lequel il avait combattu durant ses dernières années de vie, elle revient sur sa décision. On prépare alors les obsèques. Alfred Dreyfus se rend chez Anatole France et le convainc de lire l'oraison funèbre. Le 5 octobre, une foule immense va suivre le cercueil jusqu'au cimetière de Montmartre : des amis, des représentants du monde des arts, des politiques, des anonymes, une délégation des mineurs de Denain venue pour dire adieu à celui qui les avait immortalisés dans Germinal. Anatole France, dans son oraison funèbre, fustige les antisémites et les nationalistes de tous poils qui ont œuvré pour faire accuser un innocent et ont menacé Zola dans ses dernières années :
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taire leurs mensonges ? [..]Puis-je taire leurs crimes ? [..] Puis-je taire les outrages et les calomnies dont ils l'ont poursuivi ? [..}Puis-je taire leur honte ? [..}Envions-le : il a honoré sa patrie et le monde par une œuvre immense et un grand acte. [. ..}Ilfut un moment de la conscience humaine. » « Puis-je
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«À Sarcelles, il avait un peu le rôle d'un agent électoralpour le
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compte de l'Union républicaine. Certains amis disaient de lui : "C'est un roussin", autrement dit un indicateur au service de la police. J e savais qu'il avait à Paris des activités militantes dans les milieux d'extrême-droite. je crois qu'il avait aussi des relations
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Les mort s mystérieuses de !'H ist oire
étroites avec les militaires nationalistes. Il m'a toujours étonné en me racontant que dans le dépôt de la rue Mornay il gardait comme une relique le poteau d'exécution de la prétendue espionne Mata Hari ... En tout cas, ma conviction estfaite: la mort de Zola est bien un assassinat politique dont Buronfosse a été l'exécutant. »
Un exécutant ? Certes, l'homme n'avait pas la carrure pour organiser une telle opération. Une ligue nationaliste aurait très bien pu s'en charger. Les ligues antisémites incitaient la population à se venger de Zola en lançant le mot d'ordre: «
Mort à Zola / Zola à la potence / »
La Croix, un quotidien catholique, lui consacrait son éditorial et lançait: «
Étripez-le / »
Mais, il aurait fallu renseigner les exécutants, et là . . . Il aurait fallu qu'ils connaissent la date de retour de Medan des époux Zola et qu'ils se coordonnent pour boucher et déboucher ladite cheminée. Avoir une complicité dans la place ... Un domestique ... Le valet Jules Delahalle ? C'est peu probable ... Alors qui? (/)
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Il est difficile, presque cent quinze ans après, de revenir sur un dossier dont les pièces de 1' instruction ont elles-mêmes disparu. La mort subite d'Émile Zola avait ouvert la voie à des thèses surréalistes, les nationalistes défendant celle du suicide par esprit de vengeance politique, d'autres, convaincues d'un assassinat, accusant les ligues antisémites et nationalistes. Il devenait évident que le gouvernement voulait choisir un juste milieu : la thèse accidentelle. Il n'empêche que le témoignage de Buronfosse existe bien et est très crédible . .. Alors que penser ?
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Le 4 juin 1908, alors qu'on transférait les cendres d'Émile Zola au Panthéon, un journaliste écrivant dans Le Figaro et répondant au nom de Louis Grégori ouvrit le feu avec son revolver sur Alfred Dreyfus. Ce dernier ne fut que légèrement blessé au bras et à l'avant-bras. L'homme fut arrêté. Jugé en septembre 1908, il fut acquitté grâce au réquisitoire très indulgent de l'avocat général, qui voulait éviter d'ériger l'acte de Grégori en acte de martyr. Ainsi, se rejoignant dans un improbable jugement, Zola et Grégori avaient sans doute été sacrifiés sur l'autel de l'apaisement des âmes. Cela n'empêcha pas la montée des extrémismes en France et en Europe et les massacres en découlant quelques années plus tard.
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ADOLF HITLER
EST-IL MORT DANS SON BUNKER? S'il est des hommes pour lesquels on cherche encore la cause et les circonstances de leur mort, tant est à prouver qu'ils soient bien morts au jour, heure et lieu auxquels on le prétend, il en est d'autres pour qui la mort elle-même reste un vrai mystère, vu l'absence de corps et de tout élément charnel l'authentifiant. Comment alors s'étonner que la survivance soit encore tenace ? C'est le cas d'Adolf Hitler. Il est vrai que sa disparition, dont le scénario semble avoir été orchestré par lui-même ou par les forces occidentales ou soviétiques, ou encore par ceux qui vécurent, selon leurs dires, ses derniers instants, a posé tant de questions, qu'aujourd'hui même nous ne savons toujours pas ce qu'il advint de lui après le 30 avril 1945.
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Oye savons-nous réellement de ce dernier jour ? Hitler, Eva Braun et quelques fidèles, que nous détaillerons par la suite, sont réunis dans le Führerbunker à Berlin. Du jardin de la chancellerie, il faut descendre trente-sept marches pour se retrouver au cœur du bunker. À quelques dizaines de mètres de cette entrée, les combats font rage entre une poignée de derniers soldats fidèles à la cause et l'armée russe qui encercle le centre-ville historique de la capitale allemande. Ces forces gigantesques ne sont qu'à quelques centaines de mètres de la chancellerie. Onze jours plus tôt, le 19 avril, Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, avait déclaré sur les ondes radiophoniques :
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LYJ.llemagne est et demeure le pays de la loyauté. [...}Jamais !'Histoire ne pourra dire qu'en ce moment crucial un p euple «
abandonna son chef, ni qu'un chefabandonna son peuple. C'est cela la victoire / »
Le 29 avril 1945, Hitler épouse sa maîtresse, Eva Braun, un mariage civil, organisé par un fonctionnaire nazi du ministère de la Propagande aux ordres de Joseph Goebbels. Ce dernier est témoin, ainsi qu'un autre grand dignitaire du parti national socialiste du IIIe Reich, Martin Bormann. Les deux époux déclarent être tous deux d'ascendance arienne. La brève cérémonie achevée, la famille Goebbels rejoint les mariés, accompagnés des deux secrétaires personnelles d'Hitler, Gerda Christian et Traudl Junge, et chacun lève son verre en l'honneur de l'événement. Puis, Hitler va dicter à Frau Traudl Junge son testament personnel et politique. Cette dernière le quitte à deux heures du matin. Entrent alors les médecins Ernst-Günther Schenck et Werner Haase. Ils sont suivis de deux infirmières. Hitler les remercie vivement du dévouement qu'ils apportent en soignant les blessés tombés près de l'entrée de la chancellerie. À quatre heures du matin, alors que Traudl Junge termine de taper à la machine à écrire le testament du Führer, elle est le témoin d'orgies et de beuveries auxquelles s'adonnent, par désespoir, ceux qui demeurent encore dans le bunker. D'après Linge, le majordome d'Hitler, ce dernier aurait passé la nuit, assis sur son lit, éveillé et tout habillé. (/)
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Il est près de six heures du matin, ce 30 avril, lorsqu'Hitler se lève. Après s'être assuré une fois de plus que la défaite totale du IJJe Reich est inévitable, il prend l'avis du maréchal Keitel, qui lui aussi confirme l'imminence de la défaite. Puis, cédant aux nombreuses demandes de Helmuth Weidling, jusqu'ici restée infructueuses, il autorise le général à quitter le Führerbunker à partir de la nuit. Vers treize heures, Hitler aurait déjeuné avec ses secrétaires et sa diététicienne autrichienne, Mme Manziarly. Hitler leur demande de partir, annonçant qu'il se souciait de leur sécurité. Le Führer fait ensuite ses adieux à son entourage rapproché: les Goebbels, Martin Bormann, le général Burgdrof et le général Krebs. Magda Goebbels supplie Hitler de quitter Berlin, mais ce dernier se retire dans son bureau, suivi d'Eva Braun. Selon
Adolf Hit ler. Est- il mort dans son bunker?
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Otto Günsche, aide de camp d'Hitler, ce dernier le charge personnellement vers quinze heures de veiller à la disparition physique de son corps après son suicide et lui demande d' interdire l'entrée du bureau où il s'enferme avec sa femme. Günsche téléphone au chauffeur d'Hitler, Erich Kempka, afin d'obtenir toute l'essence disponible pour la crémation des corps. Derrière la porte du salon, Heinz Linge et Martin Bormann veillent également à ce que personne ne puisse rentrer. C'est ainsi qu'ils refusent l'accès à Magda Goebbels. Cette dernière s'adresse à Hitler, éplorée : «Mon Führer, ne nous abandonnez pas, nous allons tous mourir pitoyablement sans vous ! »
À ce moment, Kempka avouera plus tard avoir perdu son sangfroid et s'être précipité en dehors du bunker. Il ne devait revenir que bien après que les corps ont été transportés dans le jardin de la chancellerie. Bormann ayant disparu, nous ne possédons donc que le témoignage de Linge. Et là, il faut bien l'avouer, cet instant était certainement le plus propice à une substitution. Les corps enveloppés dans des couvertures auraient très bien pu être ceux de deux sosies. Le coup de feu retentit alors que la secrétaire d'Hitler, Traudl Junge, donne à manger aux enfants Goebbels. Heinz Linge, majordome d'Hitler, déclarera plus tard que ce dernier lui aurait demandé deux jours plus tôt d'envelopper son corps ainsi que celui d'Eva Braun dans des couvertures afin de les incinérer dans le jardin de la chancellerie. Au bout d'une dizaine de minutes, Linge raconte qu'il ouvre la porte du bureau d'Hitler et voit celui-ci, à côté de sa femme. Tous deux sont installés, morts, côte à côte, sur un petit canapé. Une forte odeur d 'amande amère trahissant celle de l'acide prussique, se dégage du corps d'Eva Braun. La tête d'Hitler est affaissée, sans vie, le sang goutte de sa tempe droite. Son Walther 7.65 mm gît à ses pieds.
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Linge et Bormann, aidés de gardes SS, déplacèrent les corps à l'extérieur du bunker. Ils furent posés, côte à côte, entourés d'un petit groupe de témoins comprenant Joseph Goebbels, Hans Krebs, dernier chef d'État-major d'Hitler, Martin Bormann, le ministre du Parti, et Wilhelm Burgdorf, son aide de camp de la Wehrmacht. Günsche ordonna à Kempka, qui avait amené deux cents litres d'essence, de brûler les corps. Il les aspergea d'essence et y mit le feu. Otto Günsche alla ensuite prévenir les occupants du Führerbunker puis revint avec Joseph Goebbels accompagné de Peter Hogl, Ewald Lindloff, Hans Reisser, et tous saluèrent les dépouilles pour un ultime hommage.
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Les bombardements redoublant, tous vont ensuite se réfugier dans le bunker. Seul Martin Karnau, l'un des gardes, reste sur les lieux de la crémation. Revenu sur place, Otto Günsche constate que les corps ont été réduits en cendres et ordonne à Lindloff et Reisser de les inhumer. Günsche confie le revolver Walther 7.65 mm à l'aide de camp Joachim Hamann. Plus tard, quand Weidling revient au Führerbunker, il rencontre Goebbels, Bormann et Krebs. Ceux-ci le conduisent dans la pièce où le couple s'est suicidé et l'informent que les corps ont été brûlés dans un cratère d'obus, dans le jardin de la chancellerie ... Ils le font jurer qu'il ne répétera l'information à personne. On prétend que seul Staline dans un premier temps a été informé de la mort d'Hitler.
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On dispose d'un autre témoignage, celui du général Baur, qui comme beaucoup de ceux à qui Hitler devait dire au revoir en ce 30 avril 1945, sera étonné de la déclaration de Goebbels qui lui assura que « tout étaitfini et que !'incinération avait commencé. .. »
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Goebbels devenu chancelier du Reich, selon le testament d'Hitler, envoie le général Krebs auprès des autorités russes pour tenter de demander l'armistice. Parlant le russe parfaitement, il informe le général russe Vassili Tchouïkov du suicide d'Hitler. Les Russes refusent alors catégoriquement les propositions de
Adolf Hit ler. Est- il mort dans son bunker?
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Goebbels formulées par Krebs. Suite à cet échec, ce dernier se suicide en compagnie du général Burgdorf dans le bunker en ruines le 1er mai 1945 : après avoir bu une grande quantité de cognac, les deux hommes se tirèrent une balle dans la tête. Le 1er mai vers vingt-deux heures, Otto Günsche et quelques hommes s'échappent du bunker en passant par le métro, en direction de la gare Friedrichstrasse. C'est dans leur fuite qu'ils apprennent la capitulation de 1~llemagne et se rendent aux Soviétiques. Ce même jour, les secrétaires et la diététicienne fuient le bunker en compagnie de Wihelm Mohnke. Ils seront découverts et emprisonnés le lendemain. Le 2 mai, Peter Hogl, blessé à la tête en tentant de traverser le pont Weidendammer, meurt de ses blessures. Il en est de même pour Ewald Lindloff. Des témoins qui vécurent « les derniers instants d'Hitler », seul Linge, le majordome d'Hitler, pourra témoigner de la mort du Führer sans en apporter de preuves formelles.
À vingt-deux heures vingt-six, la population allemande est avertie par un communiqué radiophonique de la mort d'Adolf Hitler dans lequel on affirmait que le Führer était mort au combat. Dans l'après-midi du 1er mai, Magda Goebbels, certainement assistée du docteur Stumpfegger, assassine ses six enfants. Le couple Goebbels demande ensuite à un garde nazi de les exécuter dans les jardins de la chancellerie avant de brûler leurs corps. Il est à noter que le couple Goebbels aurait eu accès au jardin de la chancellerie en empruntant une porte secrète du bunker...
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Et si cette porte avait également servi à la fuite d'Hitler et Eva Braun?
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Ce même 1er mai, le docteur Stumfegger aurait tenté de s' échapper du bunker en compagnie de Bormann et d'Arthur Axmann, chef des jeunesses hitlériennes. Axmann s'échappera de Berlin et ne sera capturé qu'en décembre 1945. Dans ses mémoires il certifiera s'être séparé de Stumfegger, lequel sera tué le 1er mai,
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et de Bormann dont il sera le témoin de la mort, ce dernier aurait absorbé une capsule de cyanure. Et là aussi, les témoignages divergent puisque le chauffeur d'Hitler, Erich Kempka, dira lors du procès de Nuremberg l'avoir vu se faire tuer par des missiles anti-char soviétiques.
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On le voit bien, dans cette tragédie, tout semble orchestré comme s'il fallait absolument qu'Hitler soit vu par le plus grand nombre de témoins avant le 30 avril. Après le 30 avril à quinze heures, seul le témoignage de Linge nous est rapporté, les autres témoins directs étant morts dans les jours qui suivirent. Les déclarations se bousculent pourtant après l'annonce de la mort d'Hitler par Radio Hambourg le 1er mai: celui du docteur Fritzsche qui assure qu'Hitler s'est suicidé; celui de Shellenberg à Lubeck qui dira qu'« Hitler a eu une hémorragie cérébrale». Celui de Léon Degrelle qui assure qu'« un jour avant l'entrée des Russes à Berlin, Hitler préparait un plan de fuite ! » ; celui de Radio Allemagne libre qui annonçait sur ses ondes qu'Hitler « était dans un lieu où il serait impossible de le découvrir. .. » ; celui encore de Winston Churchill déclarant aux Communes : «je crois à la mort d'Hitler!» ; ou celui de Joseph Staline qui affirme : «Je suis persuadé qu'Hitler est vivant! ». Ou encore le témoignage du général Berzarin, premier commandant des forces d'occupation soviétiques à Berlin, qui devait mourir mystérieusement dans un accident de la circulation à Berlin, selon la thèse officielle : « Hitler est probablement chez Franco ! » Le général Eisenhower est plus réservé, voire prudent, en avançant : «La mort d'Hitler est plausible. » Tout comme le maréchal Joukov qui déclare le 9 juin 1945 : « Nous n'avons pas identifié le corps d'Hitler. » Le Daily Express est plus affirmatif et titre : « Hitler aurait atterri à Barcelone le p r mai 1945 ! »et combien d'autres encore ... Plus tard, le rapport Joukov indiquera catégoriquement :
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«Nous avons pu établir de façon irréfutable qu'un petit avion a quitté le Tiergarten le 30 avril à l'aube avec trois hommes et une femme à bord. »
Joukov précisera encore dans ce même rapport qu'« il est établi d'une façon indiscutable qu'un sous-marin du type longue croisière a quitté Hambourg avant l'arrivée des troupes britanniques en emmenant plusieurs passagers, dont unefemme. . . » La Pravda affirmera que l'annonce de la mort d'Hitler n'est qu'un objet de propagande fasciste orchestrée par l'Occident. À ce titre et dans ce contexte, les hommes du SMERSH entreprendront une fouille systématique du bunker et en interrogeront les derniers occupants qu'ils ont faits prisonniers, en refusant de croire à leurs témoignages concordants sur le suicide d'Hitler. Une photo, celle d'un homme ressemblant à Adolf Hitler, prise par les troupes soviétiques sèmera le doute dans le monde entier lors de sa publication. Il s'avérera que cet homme, retrouvé mort dans un bassin du bunker, n'est autre qu'un sosie d'Hitler, répondant au nom de Gustav Weler... Deux questions restent sans réponse encore à ce jour : ce sosie fut-il tué et laissé sur place par Hitler lui-même pour faire croire à sa mort ou cette opération fut-elle lancée par les Soviétiques pour semer le doute dans les esprits ?
Le 15février1965, le gouvernement de Bonn, trouvant qu'après tout il manquait tout de même la preuve éclatante de la mort d'Hitler - son corps ! - lança un ordre de recherche pour « meurtres » contre Hitler.
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Le 10 juillet 1945, le ministère de la Marine du gouvernement argentin annoncera dans un communiqué officiel :
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«Ce matin, à 7 h 30, s'est rendu aux autorités de la base de sousmarins de Mar-del-Plata un submersible allemand de 700 tonnes aux ordres du commandant Otto Wermoutt. »
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Il s'agissait d'un sous-marin allemand de type U.530 avec cinquante-quatre hommes d'équipage. Un deuxième sous-marin devait se rendre dans les mêmes conditions le 17 août suivant après être resté plus de quatre mois en haute mer. Les hommes et leurs commandants furent emmenés sous bonne escorte aux États-Unis. On n'eut plus aucune nouvelle de cette affaire depuis cette date. La mort d'Hitler deviendra un sujet à sensation et lucratif et fera l'objet de nombreuses publications où l'on dévoilera çà et là l'absolue vérité de cette affaire. En 1970, sur décision du président du KGB, Iouri Andropov, les Soviétiques avouèrent s'être débarrassé des fragments de corps calcinés, trouvés dans le trou d'obus dans le jardin de la chancellerie. Seuls le crâne et les mâchoires furent conservés selon les sources du KGB et furent présentés au public en 2000 lors d'une exposition à Moscou. Pourtant, l'étalage de ces restes ne fit pas l'unanimité et les Britanniques, entre autres, devaient en contester sérieusement les origines. Une analyse ADN fut même effectuée et eut pour résultat que ce crâne appartenait à une femme âgée d'une quarantaine d'années ...
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Qyoi qu'il en soit, il nous manque la preuve finale et incontestable de la mort d'Hitler - son cadavre -, comme l'insinua le Procureur de Berlin sur avis du ministère de la Justice de Bonn, vingt ans après les événements qui avaient mis à feu et à sang l'Europe. Alors, que pouvons-nous affirmer aujourd'hui ? Nous avons la certitude qu'Hitler prit ses quartiers au Führerbunker dès le 16 janvier 1945, qu'il oscilla entre espoir d'une revanche militaire et désespoir d'une défaite mettant à genoux l'Allemagne devant les forces soviétiques. Nous savons qu'il fut vu dans le bunker jusqu'au 30 avril 1945 à quinze heures et qu'au-delà de cette date, nous ne pouvons plus rien affirmer, et que des restes furent retrouvés, calcinés, mais qu'ils ne peuvent apporter une preuve tangible qu'ils appartiennent
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effectivement à Hitler et Eva Braun. Et puis, nous savons que des sous-marins partirent de Hambourg et de Flensburg peu après le 30 avril pour une destination inconnue et que si certains demeurèrent plusieurs mois en immersion avant de se rendre, d'autres auraient bien pu ne pas être découverts. Ces sousmarins auraient pu transporter des personnalités en Amérique latine comme Eichmann ou d'autres encore et pourquoi pas Martin Bormann, Eva Braun et Adolf Hitler ? Alors, sauronsnous un jour ce qu'il se passa réellement ce 30 avril 1945 dans le bunker qui abritait l'homme le plus recherché du monde ... ?
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LE GÉNÉRAL LECLERC
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L'ENIGME DU ' TREIZIEME HOMME Les hommes du colonel Qyénard sont en alerte en ce 28 novembre 1947. Dans une heure au plus, ils auront la visite en personne du libérateur de Paris et de Strasbourg, le héros de la France Libre, le général Leclerc de Hautecloque. La population de Béchar attend aussi l'avion avec impatience, malgré un froid tenace, une brume latente et un vent de sable qui souffle à près de 100 km/h. La foule s'est réunie sur la place des Chameaux dès le début de la matinée pour apercevoir le héros de la Libération. Cette visite n'est pourtant pas une promenade de santé, bien que les troupes se réjouissent de la visite de l'ancien «patron de la 2e DB ». C'est au titre d'inspecteur général des forces terrestres, maritimes et aériennes d'Afrique du Nord que ce dernier s'est mis en marche pour parcourir la revue de plusieurs régiments de Colomb-Béchar à Biskra, où il doit superviser les manœuvres interarmées à Oran. (/)
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Philippe Leclerc s'est embarqué à l'aéroport de Villacoublay avec plusieurs officiers. Parmi eux, les colonels du Garreau de la M échenie, Fouchet, Clémentin et Fieschi, le capitaine Frichement et le commandant Meyrand, le pilote lieutenant Delluc, le lieutenant Pilleboue et le sous-lieutenant Miron de l'Espinay, le sergent-chef Lamotte et l'adjudant-chef Guillou. Philippe Leclerc assiste à une prise d'armes avant de rejoindre l'aéroport d'Oran-la-Sénia. La situation est grave en cette fin d'année 1947. La grève générale menace l'économie française et la guerre froide s'installe entre l'Occident et l'URSS. On prétend qu'en France la révolution est proche et peut être déclenchée par
les communistes, que seul un coup d'État militaire peut enrayer cette marche vers un changement de régime, impulsé par les Soviétiques. Les manœuvres interarmées d'Afrique du Nord doivent simuler d'éventuelles attaques durant cette fin d 'année et répondre à une menace latente.
À bord de l'avion, un bombardier bimoteur B-25 Mitchell, le pilote, le lieutenant François Delluc, semble confiant, comme à son habitude. Certes, la météo est mauvaise, mais elle est stable ! D'ailleurs, de nombreux témoins ont assisté au départ du général et aucun d'entre eux n'a pu remarquer une volonté de ce dernier de décoller absolument. Et puis le général Leclerc n'a-t-il pas baptisé le bombardier Tailly II en hommage à sa propriété dans la métropole ? La décision de décoller est prise tout naturellement par le pilote, en concertation avec son équipage. Delluc n'est-il pas un pilote chevronné, s'étant sorti de nombreuses situations périlleuses durant la guerre alors qu'il survolait l'Allemagne nazie pour des missions de bombardements ? Nous l'avons dit, la météo est mauvaise ce matin du28 novembre, 1'arrivée est prévue pour onze heures quarante- cinq, mais est repoussée à plusieurs reprises par le lieutenant Delluc pilotant le bombardier. Ce dernier, pour faire face aux intempéries, a dû réduire sensiblement sa vitesse. Il n'a pas pu suivre le plan de vol qui prévoyait un vol à l'altitude de deux mille cinq cents mètres. Il évolue à présent à très basse altitude, survolant la voie ferrée qui mène à Colomb-Béchar et pense faire une percée de la couche nuageuse. Il est midi cinq quand il envoie son dernier message:
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Il est maintenant midi trente et à Béchar on est sans nouvelles de l'équipage militaire en provenance d'Oran-la-Sénia. Inquiet, le colonel Qgénard, commandant la région et présidant le comité d'accueil, envoie un peloton de légionnaires au-devant de l'avion
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en direction du nord de la région. Les militaires vont alors suivre les rails de la voie ferrée. Après avoir parcouru quelques kilomètres, ces derniers aperçoivent une masse informe sur le sol. Aucun doute, l'avion qui devait évoluer à basse vitesse a dû percuter le remblai du chemin de fer. L'épave calcinée de 1'avion est totalement disloquée et encore fumante. Les agents de Ménabha, station fortifiée et frontalière entre l'Algérie et le Maroc, ont assisté à la scène. Ils ont vu 1'appareil voler à très basse altitude. Peut-être a-t-il heurté de son aile droite le monticule se dressant sur le côté de la voie ... Il a dû frapper de plein fouet à gauche le ballast du chemin de fer, haut de trois mètres du sol, et s'enfoncer dans le sol, arrachant les rails du chemin de fer et exploser. C'est et ce sera la version officielle qui . ''a ce JOUr. . sera retenue jusqu
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Pourtant, un autre témoignage vient contredire cette version : un employé du chemin de fer, témoin de l'accident, déclara aux enquêteurs que l'avion n'avait pas explosé, comme on avait pu le dire, en touchant le sol après le choc frontal. Il prétendit qu'il avait vu « une grande lueur blanche qui ressemblait à un soleil » et que l'avion avait explosé alors qu'il était encore en l'air... Évidemment, ce témoignage, s'il avait été considéré par les hommes menant l'enquête, aurait remis en cause le premier et on aurait pu en déduire que le bombardier avait été la victime d'un attentat.
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Arrivés sur les lieux, les militaires se précipitent entre les dunes, mais déjà ils ont compris que la catastrophe n'a laissé aucun survivant. Ils se recueillent alors pour respecter une minute de silence avant de se rendre près des débris et des fragments de corps qui sont éparpillés sur le sable. Le médecin capitaine Ardeber, lui aussi présent sur les lieux, racontera avoir aperçu « plusieurs masses représentant des corps broyés et en partie calcinés, des fragments d'os et de chair disséminés un peu partout sur le terrain... » La majorité des passagers a été projetée hors de l'avion lors du choc. Certains des passagers de l'avion, demeu-
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rés à l'arrière du bombardier, ont été littéralement broyés. Tous sont décapités. Parmi les légionnaires s'étant rendus sur la scène du drame, certains ont servi dans les Forces françaises libres et ont bien connu le général Leclerc. Aussi la peine est grande. On prévient immédiatement les autorités militaires qui informent Paris de la catastrophe. Le président Auriol souligne la « haute conscience seulement animée par l'amour passionné de notre patrie » qu'incarnait Leclerc. Robert Schuman s'exclame en apprenant la nouvelle : «
Il ne manquait plus que cela ! »
Il est vrai que depuis quelques mois, la France et le gouvernement Ramadier sont confrontés à de vastes mouvements de grèves qui agitent le pays. Le ministre de l'intérieur Jules Moch, qui a choisi l'affrontement, répond aux grévistes par l'envoi des forces de l'ordre, ce qui crée de véritables conflits au point que Ramadier est contraint de démissionner le 19 novembre. En ce 28 novembre, Robert Schuman n'est président du Conseil que depuis quatre jours et déjà il va devoir faire face à une crise de confiance. Le général de Gaulle déclare quant à lui que la mort de Leclerc est une catastrophe nationale. Il se souvient de leur première rencontre en juillet 1940, alors que Philippe Leclerc avait mis le pied sur le sol britannique pour rejoindre l'État-major de la France Libre. Une rencontre qui avait certainement changé la vie du jeune officier quis' était présenté à lui. N'avait-il pas reconnu en cet homme déterminé un chef exceptionnel. .. ? Les années et les événements avaient confirmé ce jugement. ..
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Alors que les légionnaires rassemblent les fragments de corps, dispersés dans les dunes, un fait de la plus haute importance vient perturber le début de deuil et les fouilles. D'après le manifeste d'embarquement, douze personnes étaient montées à bord du bombardier au départ d'Oran, or on compte treize cadavres dans les débris de l'avion. C ertes, ces derniers sont atrocement
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mutilés, mais il n'y a aucun doute, les légionnaires comptent bien treize corps dans les décombres ! On rassemble les victimes et les dépose à l'hôpital militaire de Colomb-Béchar. Toutes sont identifiées sauf une, demeurant inconnue. Le médecin capitaine Ardeber et le lieutenant Gatounine vont prendre en charge les restes des malheureux pour les présenter au public. On les habille comme on peut, dans des tenues militaires, et on les aligne sur une estrade de bois. On transporte les corps au patio où une veillée est organisée. Le père Louis préside la cérémonie religieuse. L'un des légionnaires, du nom de Horvath, recueille la chevalière du général Leclerc qu'il remettra plus tard à la famille du défunt à son retour en métropole. La veillée dure deux jours. Tout Béchar s'est rassemblé. On informe Alger trop tard de la découverte du treizième corps et les autorités en poste n'envoient que douze cercueils plombés. Il faudra fabriquer le treizième cercueil dans l'urgence. Ce sera le seul qui sera en bois brut et sans plaque et sur lequel on ne posera pas le drapeau tricolore. Alors que les cercueils de plomb sont installés dans la chapelle funéraire, on écarte celui contenant la victime anonyme. Il ne fera pas partie du voyage vers Paris pour les obsèques officielles.
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Ce sont les militaires de la Légion étrangère venus de Sidi Bel Abbès qui ouvriront le cortège. Ils vont prendre la route de la gare du Mer Niger, éclairés par des torches. Juste derrière eux, le cercueil du général Leclerc et ceux de ses compagnons. L'embarquement aura lieu dans une micheline du Mer Niger nommée « Charles de Foucauld » en direction d'Oujda au Maroc où attend une foule grandissante .
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À Paris comme à Colomb-Béchar, on se pose alors deux questions : quelle est l'identité de ce treizième passager et que s'est-il réellement passé dans le B-25 ? La question du treizième homme va alors alimenter la rumeur d'un attentat contre le général Leclerc. Pierre-Henri Teigen, le ministre des
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Armées, qui vient de reprendre ses fonctions sous le gouvernement Schuman après les avoir exercées sous celui de Ramadier, déclare que« le général Leclerc a été victime d'un attentat!» Qye connaît-il de cette affaire pour avancer de tels propos et lancer une telle déclaration en public ? On parle de commanditaires, on cite des noms jusqu'à celui du général de Gaulle envers qui le libérateur de Paris et de Strasbourg aurait pu faire un peu trop d'ombre ... On évoque une vengeance de la mafia. Laquelle aurait très mal perçu la politique de Leclerc à Saigon, ville entre les mains de la pègre. On parle aussi de la responsabilité des Britanniques. En effet, un géologue ardéchois, Conrad Kilian, avait tenté à plusieurs reprises d'intéresser le gouvernement français et les militaires à l'existence de gisements pétroliers dans le Sahara. Or, il s'avère que seul le général Leclerc avait accordé une écoute constructive à ses déclarations au point qu'il avait proposé au gouvernement français d'annexer le territoire libyen de Fezzan à celui du Sahara français. L'explorateur avait d'ailleurs signalé qu'un groupe d'étrangers exploitait clandestinement un gisement de Wolfram, minerai de tungstène, un métal très recherché pour la fabrication d'aciers spéciaux, et le transportait, après extraction, à dos de chameau, en direction du Nigeria qui était une colonie britannique. Son signalement permettra la fermeture de la mine quelque temps plus tard. Il connaîtra alors des tentatives d'assassinat. Son guide y laissera la vie. Mais c'est à Fezzan que ses recherches se concentreront. Ainsi, il concoctera des rapports portant sur la possible découverte de gisements d'hydrocarbures et imaginera leur exploitation dans cette contrée du monde conquise par Leclerc et sa 2e DB. L'importance de ces révélations pouvant entraîner un bouleversement du partage des richesses mondiales le propulsera très vite sur le devant de la scène internationale.
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On peut penser alors que le général Leclerc s'entretint avec lui à Paris au début de l'été 1947. L'Angleterre aurait pu mettre fin
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au projet des deux hommes en commettant un attentat sur le général Leclerc. Conrad Kilian sera retrouvé mort à Grenoble, dans la chambre qu'il occupait dans une pension de famille. Il se serait pendu, selon les sources officielles, à l'espagnolette de sa fenêtre, haute d'un mètre vingt, alors que ce dernier mesurait un mètre soixante-dix-huit. On suspectera un temps les services secrets britanniques puis on classera l'affaire .. . On découvrira en 1954 que l'existence des gisements de gaz et de pétrole sahariens et libyens était bien exacte.
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Les langues se délient. On parle aussi d'une possible vengeance. Et l'on se souvient de l'affaire des Français faits prisonniers par la 2e DB en 1945, lesquels défendaient l'Allemagne nazie sous l'uniforme allemand. Ces soldats français avaient été présentés à Leclerc, lequel avait déclaré à l'un des officiers présents qu'il fallait s'en débarrasser. .. O!i'avait-il bien pu vouloir dire ? Les hommes avaient été fusillés par groupes de quatre. On avait un moment voulu inquiéter Philippe Leclerc, mais on s'était ravisé en pensant qu'il y avait eu une incompréhension entre l'ordre du général et l'exécution de cet ordre par l'officier chargé de garder ces soldats prisonniers. On aurait bien pu oublier cet épisode peu chevaleresque de cette fin de guerre si le témoignage d'un aumônier militaire n'avait mis en avant la possibilité d'une vengeance personnelle. L'un des témoins de cette affaire aurait promis de se venger. Il aurait été employé sur plusieurs aérodromes où il aurait pu tranquillement préparer son attentat. Cet homme aurait pu être ce treizième homme inconnu jusqu'ici ...
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On pensa également que ce treizième homme pouvait être un déserteur. Mais aucun militaire absent ou déserteur n'avait été signalé. Un étranger peut-être, ce qui expliquerait également pourquoi son cadavre n'était pas vêtu comme les autres et qu'il n'avait aucun papier d'identité sur lui, contrairement à tous les autres passagers. Alors qu'on embarquait les cercueils de plomb pour la métropole, celui du treizième passager était remis au
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conducteur d'une camionnette de la RAF venant de Tripolitaine à destination d'Alger pour une inhumation discrète. Comment accepter que le libérateur de la France ait succombé dans un banal accident d'avion? Le problème technique est alors aussi envisagé. Le B-25 était un bombardier modifié en appareil de transport. Il aurait pu connaître des problèmes de centrage, notamment à basse vitesse. Il était établi que l'avion était descendu prématurément. On pouvait alors penser que les passagers de l'avion, contrairement aux consignes données, se seraient déplacés vers 1'arrière de 1'appareil, créant ainsi un changement de la répartition des masses qui, ajouté à une allure trop réduite, aurait provoqué un décrochage et un départ en vrille. Une vrille à plat. Le bombardier ne se serait pas écrasé, mais bien aplati sur le sol. Mais alors qu'en est-il du témoignage de l'employé du chemin de fer qui assura avoir vu « une lueur blanche comme un soleil» avant d'entendre l'explosion de l'avion? Après avoir abandonné les soupçons qui auraient pu porter sur l'entretien mécanique de l'avion, ce dernier étant en parfait état, les divergences vont porter sur les conditions atmosphériques lors du départ du bombardier. Ainsi, selon quelques témoignages dissidents, l'avion aurait décollé sous d'effroyables prévisions météorologiques. Le pilote Delluc n'aurait pas osé contrarier la volonté du général Leclerc. Ce dernier avait d'ailleurs pour devise : « Ne me dites pas que c'est impossible ! » La météo ? Il n'était pas homme, on le sait, à renoncer face à ce genre d'obstacle. Cet état d'esprit n'avait-il pas coûté plusieurs pertes d'hommes dans ses régiments ? On murmure aussi que le lieutenant Delluc n'était pas le pilote prévu initialement pour prendre les commandes du bombardier B-25. Delluc était un pilote chevronné et aurait accepté de remplacer un autre pilote, adjudant de son état, lequel aurait refusé de décoller en raison des mauvaises conditions atmosphériques et du sous-équipement de l'appareil. On raconte qu'il soufflait sur la piste d'at-
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terrissage un vent de plus de 100 km/h. Pour avoir refusé de décoller, il raconta que son chef (était-ce Leclerc ?) lui infligea une punition de trente jours d'arrêt de rigueur et une traduction devant le tribunal militaire. Si cette confession est véridique, elle lui sauva la vie ... Le même adjudant pilote dressait du général Leclerc un portrait peu :flatteur du héros de la France Libre en le taxant d'autoritaire, de méprisant à la limite du caractériel. Mais peut-on commander des hommes dans les conditions que l'on sait, sans être autoritaire, déterminé et jusqu'au-boutiste ... ? Alors, que penser ? Qye le bombardier fut la victime de mauvaises conditions météorologiques ... Peut-être après tout, mais ceci n'explique pas la présence d'un treizième homme retrouvé parmi les autres victimes, ni le fait que personne à ce jour, armée, famille, etc., n'ait signalé une quelconque disparition. Ceci n'explique pas non plus la disparition du premier rapport établi le jour de l'accident. Seul le deuxième, réalisé le lendemain, existe aujourd'hui. Qy'il y avait-il dans ce rapport? Un relevé de traces d'explosion et des traces de napalm comme le prétendirent des confidences anonymes ... Et dans ce cas la fameuse« lueur blanche comme un soleil» est tout à fait réaliste !
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Si vous venez à Colomb-Béchar, vous y trouverez à quelques lieues un monument construit par les légionnaires, érigé à la gloire du général Leclerc de Hautecloque et des onze hommes connus qui ont péri dans la catastrophe de ce 28 novembre 1947. Au cimetière Saint-Eugène d'Alger, au numéro 500, une tombe discrète a été creusée contenant un cercueil de bois blanc où repose un individu, aussi discret que sa tombe, portant la mention « inconnu ». La même mention a été apposée le 29 novembre 1947 à quinze heures sur l'acte de décès numéro 71 rédigé par les médecins militaires et concernant celui dont on ne connaîtra certainement jamais ni l'identité, ni pourquoi il se trouvait dans le bombardier B-25 dont la disparition devait coûter la vie à celui qui était l'un des chefs militaires les plus populaires de son temps.
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LE PETIT PERE DES PEUPLES EST MORT ! La nouvelle parcourt le monde comme une traînée de poudre en ce 6 mars 1953 : Staline, le «guide soviétique», le «petit père des peuples » pour les uns, le « dictateur » et le « tyran sanguinaire » pour les autres, vient officiellement de succomber à une hémorragie cérébrale ...
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C'est dans sa datcha des environs de Moscou que Staline avait réuni les plus hauts membres du bureau politique du parti communiste. Parmi eux, Beria et Nikita Khrouchtchev. Le lendemain, Staline demeurant toujours dans sa chambre, les employés de service et les gardes du corps s'interrogèrent toute l'après-midi sur l'absence du « grand guide ». Contrairement à ses habitudes, Staline n'avait pas demandé à ce qu'on lui serve son repas. Aucun appel, aucune demande provenant de ses appartements. L'un des gardes du corps se décida alors à enfreindre le règlement et pénétra dans la chambre du «père des peuples». La pendule sonnait vingt-trois heures en ce 1er mars. Qyelle ne fut pas la surprise de l'homme de sécurité lorsqu'il vit Staline, allongé au sol, sa chemise et son pantalon trempés d'urine, articulant des mots inaudibles et incapable de se relever, tendre la main comme pour demander du secours. Les gardes du corps le levèrent avec soin et le déposèrent avec précaution sur un canapé. Les hauts dignitaires, prévenus, se rendirent à la datcha de Staline, mais en l'absence de Beria, qui seul avait le pouvoir de convoquer des médecins, les minutes passèrent et se transformèrent en heures sans qu'un secours approprié ne soit
apporté au chef de l'URSS. Enfin, on retrouva Beria qui finit par se rendre lui aussi à la résidence de Staline. Il est rare de constater autant de contradictions dans les témoignages rapportés par ceux qui assistèrent à ces heures historiques qui devaient être les dernières de celui qui avait gouverné l'Union soviétique d'une main de fer, et pourtant d'après certains, Beria aurait déclaré à plusieurs reprises : Voyons, surtout pas de panique ! Ne voyez-vous pas que le camarade Staline dort ? Allez-vous-en tous ! » «
Tous auraient donc quitté la chambre, laissant Staline seul pour la deuxième nuit consécutive. Seul et sans soins. C'est le lendemain, le 2 mars 1953, que Beria donna l'ordre de faire venir les médecins. Beria avait à ce moment certainement le sentiment d'avoir tous les pouvoirs. Ancien chef du NKVD (police politique de l'URSS) et membre du Politburo, il avait gravi tous les échelons du pouvoir depuis qu'enfant il était parti d'Abkhazie pour s'engager dans l'armée bolchevique en 1917 afin de combattre les armées des Blancs. Garantissez-vous la vie du camarade Staline ? » demandait-il aux médecins s'affairant autour du corps de Staline. Puis s'adressant à son maître :
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Toutefois, l'homme qui avait tenu le monde entre ses mains ne disait plus rien et c'est à peine si l'on entendait sa frêle respiration. Ils veillèrent ainsi durant encore deux jours. Le 5 mars, le camarade Iossif Vissarionovitch Staline ouvrit les yeux, les plissa comme à son habitude, laissant échapper à la fois ruse, malice et fureur, et promena ses yeux horrifiés une dernière fois sur ceux qui avaient été ses proches collaborateurs et qui, déjà,
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se livraient à une guerre sans merci pour s'attribuer le pouvoir : Beria, Khrouchtchev, Malenkov, Boulganine, Kaganovitch ... Puis, il souleva le bras gauche, et d'un geste menaçant le hissa aussi haut qu'il le put, comme pour attraper une main bienfaitrice et libératrice. Alors, il laissa retomber son membre déjà froid et rendit l'âme quelques instants plus tard. Staline venait de mourir et tout de suite on se demandait pourquoi ses collaborateurs avaient attendu plus de dix heures pour appeler les médecins ... Sa fille présente à son chevet lors de sa mort devait confier plus tard : « Mon père était malade, mais il aurait pu être sauvé! » et « Il a reçu des médicaments absolument contraires à son état... » Le 6 mars, à quatre heures du matin, Radio Moscou annonçait le décès, laissant le monde entier en pleine consternation : «Le cœur du compagnon d'armes de Lénine, le porte- drapeau de son génie et de sa cause, le sage éducateur et guide du parti communiste et de l'Union soviétique, a cessé de battre le 5 mars 1953 à 21 h 50, heure de Moscou. »
Qy'adviendra-t-il de l'URSS et de 1' équilibre des forces mondiales demain ? Staline lui-même ne confiait-il pas par habitude à ses proches collaborateurs peu avant sa disparition : (/)
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Que feriez-vous sans moi, vous qui êtes plus impuissants que des chatons aveugles tout juste venus au monde ? » «
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La disparition d'un grand personnage, mondialement connu, qui accumule les pouvoirs et responsabilités est et reste souvent enveloppée de secrets pour nous, c'est pourquoi il est important de retracer ces derniers moments selon les témoignages connus en notre possession. Pour ceci, remontons au 28 février 1953. Nous savons que ce jour-là Staline travailla dans son bureau au Kremlin et que le
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soir il se fit projeter un film qu'il regarda en compagnie de Beria, Malenkov, Khrouchtchev et Boulganine. Ils partirent ensuite dîner dans la datcha de Staline à Kountsëvo. Khrouchtchev témoigne que le dîner se termina vers six heures du matin et que Staline était ivre. Cet état de fait pourrait paraître tout à fait normal si le vice-commissaire, Lozgatchev, chargé de garder la datcha et son hôte célèbre, n'avait confié plus tard à ceux qui l'interrogeaient sur cette journée qu'il s'était lui-même chargé d'apporter deux bouteilles de jus de raisin à cinq degrés d'alcool. . . Le dîner terminé, tous rentrèrent chez eux et Staline alla se coucher dans l'une des sept chambres mises à sa disposition et munie d'une porte blindée. La journée du 1er mars s'était déroulée calmement. Khrouchtchev avait reçu un appel en pleine nuit de Malenkov qui l'avait informé que les gardes du corps de Staline considéraient anormal le silence de leur maître. Beria et Boulganine avaient eux aussi été prévenus. Khrouchtchev après avoir interrogé la bonne de Staline pensa dans l'immédiat que son patron était ivre et c'est pourquoi les gardes du corps, l'ayant trouvé allongé au bas du lit, l'avaient couché sur un canapé. Compte tenu de ceci, les hommes de Staline rentrèrent chez eux pour le restant de la nuit. Ce n'est que le 2 mars que Malenkov devait rappeler les deux autres dignitaires du parti : Kaganovitch et Vorochilov devaient être également prévenus.
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Prévenu, le ministre de la sécurité d'État, Ignatiev, fit appeler Beria et Malenkov. Beria était absent et demeurait injoignable. Personne ne voulut prendre d'initiative sans sa présence surtout que, depuis le « complot découvert » peu de temps auparavant et appelé le complot des blouses blanches, des médecins avaient été accusés de vouloir empoisonner Staline. Beria arriva sur les lieux vers trois heures du matin en compagnie de Malenkov. Il est important à ce stade de constater que les témoignages diffèrent et que Malenkov n'était pas dans la datcha, mais avec Beria. Ce dernier pensant que Staline n'était qu'endormi, protesta auprès des gardes du corps et quitta la datcha en compagnie de Malenkov peu après. Pourtant, le lendemain matin vers neuf heures, tous réapparurent accompagnés de médecins. Les premiers soins furent alors prodigués à Staline, et le diagnostic tomba : il était victime d'une hémorragie cérébrale. Dans ses mémoires, la fille de Staline raconte qu'à son arrivée le 2 mars au matin, l'hémorragie gagnait le cerveau et que le visage de Staline devenait de plus en plus noir, conséquence d'un manque d'oxygène évident.
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Elle se souvient également que Staline ayant rendu l'âme, et devant ses collègues et collaborateurs, Beria se serait précipité dans le hall en appelant son chauffeur : « Kroustaliev, ma voiture l », avant d'ordonner la fermeture de la datcha et le renvoi de tout le personnel. Un personnel qui devait d'ailleurs être mis à l'épreuve, car menacé d'être arrêté et exécuté si l'un des témoins donnait une version différente de la version officielle de la mort de Staline : Il avait eu une hémorragie cérébrale le 3 mars. Un point c'est tout l » «
Nous savons que, par la suite, la datcha sera rasée sur ordre de Beria et que ce dernier fera arrêter, le mois suivant, les témoins de la mort du «petit père des peuples ». Vassili, le fils de Staline, arriva ivre et accusa les membres présents de n'avoir pas porté secours à son père. Il devait par la suite clamer publiquement que son père avait été empoisonné. Il fut arrêté pour ceci et condamné à huit ans de prison. On le voit bien, Beria était l'un de ceux qui avaient le plus intérêt à ce que Staline ne réchappe pas de sa maladie subite. D'autant plus que depuis le début de l'année 1953, lgnatiev avait été chargé par Staline de monter un dossier contre lui, ce qui équivalait à tomber en disgrâce dans un premier temps et à être arrêté et jugé, voire condamné, dans un deuxième temps.
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Dans ses Mémoires publiés en 1993, Molotov affirmera que Beria s'était vanté, lors des funérailles de Staline, alors que lui et Malenkov marchaient en tête du cortège, d'avoir empoisonné le guide soviétique. Beria aurait déclaré :
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C'est moi qui ai tué le tyran ! »
Svetlana Allilouïeva, la fille de Staline, avait quant à elle déclaré à la presse un peu plus tard :
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On l'a assassiné sans qu'ilpuisse se défendre.
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On sait aussi qu'une autopsie avait été pratiquée comme il se doit dans ce cas-là et que les résultats de cette dernière avaient disparu totalement alors qu'ils mentionnaient des hémorragies intestinales pouvant laisser supposer qu'un empoisonnement n'était pas étranger à la mort de la victime. De tous les témoins du drame, Beria s'avérait être le seul à pouvoir bénéficier de l'opportunité d'une disparition subite de Staline et prendre le commandement suprême de l'URSS. Des témoignages, il ressortait également que c'était lui qui, de par sa haute fonction, avait perdu un temps considérable, volontairement ou par indécision, pour que les médecins viennent au secours de Staline. Il avait eu aussi un comportement étrange, proche de celui d'un vainqueur, lors de la veillée et à l'annonce de la mort du « guide soviétique ».
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Lavrenti Pavlovitch Beria prononcera l'éloge funèbre du «petit père du peuple » et se placera à l'avant-poste de la succession de son ancien maître, mais il sera fragilisé par les événements ouvriers en RDA. Arrêté trois mois plus tard, le 26 juin 1953, il sera jugé le 23 décembre et exécuté le même jour dans sa cellule du bunker du QG. de Moscou de la main du colonel général commandant la défense aérienne de Moscou, Pavel Fiodorovitch Batitski. Beria n'aura donc pas tiré profit de la mort de son chef puisqu'il n'arriva pas à accéder au commandement suprême, comme il avait pu l'envisager. Il n'aura réussi en fait qu'à prolonger sa vie et ses pouvoirs de trois mois, Staline lui ayant déjà retiré le ministère de la Sûreté de l'État. C'est Nikita Khrouchtchev qui succédera à Staline sans avoir omis auparavant d'accuser Beria et ses hommes de main d'avoir fomenté un complot pour assassiner le «guide soviétique». Aucune preuve tangible ne viendra pourtant prouver ces accusations, les principaux protagonistes ayant été exécutés. Il est un fait que la thèse de l'accident vascu-
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laire n'est pas à écarter pour autant, même s'il y eut complot. Staline souffrait depuis plusieurs années d'athérosclérose et avait dû remplacer en partie l'alcool par le thé même s'il fumait toujours autant. Il avait subi plusieurs attaques cardiaques et savait que sa durée de vie était considérablement diminuée. On sait qu'un mémorandum écrit par Beria fut publié après sa mort. Dans ce dernier, Beria accusait Molotov, considéré comme le bras droit de Staline, d'avoir empoisonné ce dernier. Selon lui, l'attaque cérébrale dont fut victime le «guide soviétique » frappa ce dernier le 28 février au Kremlin alors qu'il débattait à propos du dossier des blouses blanches, appelé aussi l'ajfàire des médecins. Molotov, impliqué dans ce complot, aurait lui-même versé de la Warfarine (une sorte de pesticide) dans le cognac de Staline peu après son alerte cardiaque. Molotov était suspecté d'avoir participé à ce complot imaginaire, la dernière folie de Staline, et à ce titre s'attendait à une arrestation imminente. Il est toutefois difficilement probable que cette version soit considérée comme véritable pour deux raisons : la première est qu'aucun des gardes du corps et employés au service de Staline dans la datcha à Kountsëvo n'a témoigné en ce sens. L'arrivée de Staline ayant subi une attaque cérébrale dans les lieux ne serait pas passée inaperçue. La seconde raison concerne 1'absence de témoignage de 1'ensemble des vingtcinq membres du présidium ce 28 février 1953. Même si les membres éminents du Politburo avaient ordonné un silence total sur l'accident cardio-vasculaire de Staline, il y en eut bien qui se seraient par la suite soulagés de ce poids historique à porter. Alors, était-ce une manipulation supplémentaire orchestrée par l'ancien commissaire du peuple Beria?
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Des zones d'ombre demeurent encore sur ces quelques journées ayant changé le cours de l'histoire du monde : si l'on admet que Staline rentra chez lui en bonne santé, ce soir du 28 février 1953, en compagnie de ses plus proches collaborateurs, aucune indication ne nous éclaire sur le contenu des conversations qui eurent lieu durant le repas. L'affaire des blouses blanches et des
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médecins empoisonneurs, dont l'instruction devait arriver très prochainement sur le bureau de Staline, avait-elle été une fois de plus évoquée ? De même, on accuse un peu facilement Beria d'avoir fait en sorte que la maladie ne pût être enrayée à temps en demandant aux médecins d'intervenir. Mais, peut-on imaginer un seul instant que cette décision d'attente n'ait pas été prise après une décision collégiale ? Il est difficile aujourd'hui, même après tant d'années, de séparer le vrai du faux, le témoignage sincère de la déclaration manipulatrice. Mais nous sommes certains, en revanche, que la mort de Staline provoqua des rivalités de pouvoir au sein de la direction de l'URSS et que sa destinée prit un tournant à compter de cette date. Beria lui-même, se déclarant pour plus de liberté, fit libérer plus d'un million de prisonniers des camps de travail dans les trois mois qui suivirent la mort de son chef. Plus tard, ayant conquis le pouvoir, Khrouchtchev devait annoncer l'amorce de la déstalinisation. Une déstalinisation qui ne sera officielle et totalement reconnue que sous le gouvernement Gorbatchev.
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De toute cette époque terrible, où l'homme ne comptait que si peu face à la faim de pouvoir des dirigeants qui le gouvernaient, il ne reste que la terreur que l'on peut lire encore dans les yeux de certains autochtones assez âgés pour avoir connu les grandes purges orchestrées par quelques hommes avides de pouvoir. Tous les témoins directs ayant vécu les derniers instants de Staline ont disparu. On peut penser toutefois que ces hommes ont dû certainement se réveiller souvent, horrifiés, en repensant à cette soirée du 5 mars 1953 où vers vingt et une heures cinquante, le «guide suprême » de l'URSS avait, contre toute attente, ouvert des yeux épouvantés, en les toisant une dernière fois, avant que, d'un geste punitif, il lève son bras gauche vers eux en guise de glaive. Un glaive qu'il n'aura pu abattre contre celui ou ceux qu'il avait voulu désigner.
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MEME LES ETOILES MEURENT ... Lorsque le téléphone sonne à quatre heures vingt-cinq du matin au poste de police et que le sergent Jack Clemmons décroche le récepteur, il ne se doute pas encore qu'une voix inconnue va lui annoncer l'un des événements les plus importants de cette décennie. Lui qui voulait tenter de passer le week-end tranquille, il sait à présent qu'il ne sera pas de tout repos, car l'individu qui vient de l'appeler pour lui annoncer la mort de sa patiente est le docteur Greenson et la victime qui demeure au 5rh Helena Drive, n'est autre que Norma Jeane Mortenson (Norma Jeane Baker selon son certificat de baptême), plus connue sous le pseudonyme de Marilyn Monroe.
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Il fait encore nuit lorsque les secours et les voitures de police arrivent toutes sirènes hurlantes sur les lieux du drame. Situé au pied des monts de Santa Monica, Brentwood est un quartier de Los Angeles très prisé par les personnalités du show-business. Nous sommes le 5 août 1962 et l'Amérique dort encore, sans se douter une seconde qu'elle vient de perdre l'une de ses plus grandes stars.
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La mort de l'actrice est la seule certitude que nous ayons encore à ce jour, tous les autres éléments que nous allons évoquer ne relèvent que des témoignages, souvent contradictoires, des témoins de cette affaire. C 'est pourquoi il nous appartient de les évoquer au conditionnel. C'est le docteur Greenson, un psychiatre, qui aurait découvert le corps de sa célèbre patiente. C'est du moins ce qu'il avance. Greenson est l 'un des psychiatres attitrés des stars, très
hollywoodien, charismatique et spirituel. La gouvernante de la star, Eunice Murray, engagée personnellement à la demande du docteur Greenson, aurait donné l'alerte s'apercevant que l'actrice ne répondait pas à ses appels et que sa porte de chambre était fermée à clef. Le docteur Greenson aurait alors brisé une fenêtre donnant sur le jardin à l'aide d'un marteau et aurait découvert le corps de Marilyn. Sur l'électrophone allumé, un disque de Franck Sinatra tournait encore. Arrivé à la fin des sillons, le saphir butant sur le dernier sillon hoquetait d'une façon régulière. Sur la table de chevet en marbre veiné rose, un petit magnétophone marquait sa bande réveil enregistrée la veille par 1'actrice : Ilfaut que je me lève. je dois absolument me lever. j'ai beaucoup de travail ce matin. je prends l'avion pour New York demain lundi... » «
Près du magnétophone, un :flacon Chanel, portant le chiffre 5, le parfum préféré de la belle blonde avec lequel elle se parfumait rituellement le visage avant de s'endormir chaque soir. Marilyn était allongée, le corps en travers du lit et reposait sur le ventre, le visage enfoui sur ses draps et son oreiller. Le téléphone pendait au bout de l'une de ses mains. Cette scène est également celle que verront le sergent Clemmons et le capitaine Sullivan. Qyand le sergent Jack Clemmons entra dans la pièce, Eunice Murray s'employait à laver les draps de miss Monroe. Qyelle drôle d'idée ... Interrogés, le psychiatre et la gouvernante allaient se livrer à de nombreuses contradictions sur le déroulement des heures et minutes qui avaient précédé la mort de 1'actrice. Le médecin légiste Thomas N oguchi, appelé sur les lieux, conclut très vite à un empoisonnement aux barbituriques et à un « suicide probable ». Mais, dès cette époque, émergea la thèse d'un complot pour assassiner la star. Très vite les amis proches et les derniers témoins à avoir rencontré
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ou parlé à miss Monroe allaient témoigner. Pat N ewcombe, attachée de presse, qui avait dormi la veille dans la chambre d'amis près de la comédienne, devait assurer que Marilyn avait passé une nuit d'insomnie. L'acteur et ami de la défunte, Peter Lawford, beau-frère des Kennedy, assura avoir appelé Marilyn à vingt heures de sa résidence voisine de Malibu. Nous vous attendions pour le poker de six heures, "sucre de canne" {diminutif de la star dans le film Certains l'aiment chaud}! «
-Je n'ai pas le cœur à jouer aux cartes, s'était-elle excusée. - Nous nous mettons à table dans quarante-cinq minutes. Vous avez juste le temps d'arriver. Je vous préviens: nous commencerons sans vous. -Je suis crevée, Peter. Je ne viens pas. Dites bonsoir à Pat, saluez tous nos amis. Dites au revoir au Président. Et dites-vous au revoir à vous- même. Vous êtes un chic type, je suis heureuse de vous avoir connu. »
Peter Lawford, ne voyant pas venir Marilyn et inquiet du contenu de leur conversation, c'est du moins ce qu'il prétendit, devait rappeler la star sans succès. Il téléphona alors à des amis communs et arriva enfin à contacter la gouvernante Eunice Murray qui lui certifia que tout allait bien. (/)
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Il était vingt heures trente. Cet appel est important, car selon les médecins qui examinèrent la victime, cette dernière était, selon eux, certainement déjà morte à cette heure. Les médecins pratiquèrent une autopsie comme il est d'usage dans ces cas de mort inexpliquée. John Miner dirigeait le service médico-légal du bureau du procureur du comté. L'homme fut formel : l'absorption d'une surdose de barbiturique ne faisait pas l'ombre d'un doute. Après analyse, on trouva qu'une très grande quantité de pilules de N embutal avait été absorbée par la victime. Des doses suffisantes pour tuer une dizaine de personnes ... Et puis, il y avait la rigidité cadavérique et les marques sur la
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peau apparues plusieurs heures après la mort et repérées par les légistes lors de l'examen du corps. À noter que ces marques apparaissent entre six et huit heures après la mort. Et là, on ne comprend pas comment à vingt heures trente, la gouvernante pouvait affirmer que tout allait bien et qu'à quatre heures vingt-cinq, heure où la police fut appelée, Marilyn Monroe était morte. Il se serait donc passé huit heures au moins entre la mort de la célèbre actrice et l'arrivée des secours ... Mais revenons aux conclusions des légistes qui affirment que la mort de l'actrice aurait été provoquée par l'absorption de pilules de Nembutal en grande quantité. Cette absorption aurait-elle pu être accidentelle ? La star, désœuvrée, aurait pu vouloir trouver refuge dans un sommeil réparateur et aurait abusé de ces pilules ... Une mort accidentelle en quelque sorte, un accident qui aurait pu impliquer également les deux personnes présentes sur les lieux du drame: le docteur Greenson et Eunice Murray. On sait que l'actrice s'adonnait, sur prescription et de temps à autre, à des lavements avec une composition d'hydrate de chloral destinés à trouver le sommeil. Or, ces lavements mélangés aux comprimés de N embutal auraient pu être fatals à Marilyn. Le 4 août, en fin d'après-midi, Eunice Murray n'avait-elle pas reçu les instructions du docteur Ralph Greenson prescrivant un lavement de ce style ? Don Wolfe, ancien producteur de films à la Warner Bros et auteur d'Enquête sur un assassinat, prétend quant à lui que le docteur Greenson aurait pu faire une injection d'adrénaline intracardiaque à sa patiente, injection qui aurait mal tourné et entraîné la mort de cette dernière. Cette version est plausible. Ceci pourrait expliquer que le couple, gouvernante et psychiatre, ait maquillé la scène du drame, notamment en lavant les draps du lit de la star avant que les enquêteurs arrivent sur les lieux.
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La thèse du suicide est d'ailleurs bien mise à mal par les différents témoignages recueillis. Les enregistrements du psychiatre,
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relevant des conversations avec sa patiente, le prouvent s'il en faut. D'après ceux-ci, Marilyn apparaît comme une comédienne pleine d'enthousiasme, décidée à relever le défi des Oscars, récompense qu'elle souhaitait obtenir plus que tout. Elle envisageait également de changer de cap et d'orienter sa carrière vers le théâtre en jouant du Shakespeare, prenant ainsi à contre-pied ceux qui la taxaient de comédienne puérile, ne pouvant jouer que des rôles d'ingénue où son buste et ses jambes conditionnaient les scénarios. Elle était enfin résolue à jeter aux orties les traitements et pilules qui l'accompagnaient nuit et jour jusqu'à présent et voulait changer de vie totalement.
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Changer de vie ... Elle en était capable selon ceux qui recueillaient ses confidences. Et dans ce cas, si l'accident médical peut encore apparaître comme la cause de son décès, le suicide est balayé d'un revers de manche. Un témoin de 1' époque du drame, John Miner, qui dirigeait le service médico-légal du bureau du procureur du comté de Los Angeles, affirmera plus tard avoir eu connaissance d'enregistrements audio effectués par le docteur Greenson alors que la star s'épanchait sur le divan. Son opinion sera sans appel : pour lui, il est impossible que Marilyn Monroe ait voulu se donner la mort, car« elle avait des projets d'avenir très précis et savait exactement ce qu'elle voulait faire . . . »Une opinion bien forgée, mais des enregistrements dont l'existence ne fut jamais confirmée par leur propriétaire, le psychiatre Ralph Greenson. John Miner, à l'écoute de ces enregistrements réalisés peu avant la mort de l'actrice, aurait pris note de ceux-ci. Ces bandes, soi-disant conservées par le psychiatre, auraient été détruites sans être confiées aux enquêteurs. Marilyn s'y montrait élogieuse envers le président Kennedy, mais se gardait bien d'avouer toute liaison avec lui. Elle précisait également qu'il n'y avait pas de place dans sa vie future pour le frère du président, Bob Kennedy, laissant entendre qu'une histoire sentimentale avait pu exister entre eux . .. Et elle ajoutait :
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«je veux que ce soit quelqu'un d'autre qui lui dise que c'est terminé!»
L'opinion de John Miner était bien forgée, mais on ne put jamais prouver l'existence des enregistrements qui lui servirent à prendre des notes. Ces entretiens ne furent d'ailleurs jamais confirmés par le psychiatre Ralph Greenson qui demeurait suspect. Un suspect qui aurait pu faire un bon coupable si l'on en croit certains enquêteurs qui affirment que l'avant-veille, le samedi 3 août, lors des deux séances de thérapie de la journée, Marilyn s'était résolue à dire à Greenson qu'elle souhaitait arrêter les séances de psychothérapie avec lui, qu'elle voulait se marier et s'en sortir. Si ces témoignages étaient authentiques, cela signifiait que le docteur Greenson perdait une patiente argentée qui contribuait grandement à son train de vie confortable. Comment s'étonner que le psychiatre n'ait pas été parmi les premiers suspectés ... Étrangement, les policiers dirigeant l'enquête n'interrogeront ni Ralph Greenson, ni Eunice Murray. De même, ils ne se demanderont pas pourquoi la gouvernante lavait les draps de la star quand le sergent Jack Clemmons arriva sur les lieux du drame aux alentours de quatre heures trente du matin. Drôle d'heure pour faire la lessive penserait n'importe quelle personne censée ... Une lessive de draps permettant de faire disparaître toutes traces de lavement, lequel aurait permis d'injecter des doses de Nembutal assez importantes pour être fatales à l'actrice sans laisser de marques. Tout ceci permettrait également de comprendre pourquoi le médecin légiste ne devait trouver aucune trace de pilule ou de poudre dans l'estomac de Marilyn. Tant de Nembutal n'aurait d'ailleurs pu être avalé par un patient par voie buccale. D'ailleurs, sur le lieu du drame, il n'y avait aucune trace du moindre verre et de la moindre bouteille d'eau. À moins qu'Eunice Murray n'ait là aussi fait le ménage ... Et dans ce cas pourquoi?
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Les légistes s'interrogent alors sur une tache sombre, apparaissant sur le colon de Marilyn. John Miner est à présent certain que le Nembutal a séjourné dans le colon de l'actrice et que c'est par là que les barbituriques ont dû pénétrer dans son corps. Si les enquêteurs adoptaient ces conclusions, il ne faisait alors aucun doute qu'il s'agissait bien d'un assassinat par lavement aux barbituriques. Parmi les personnalités suspectées, on avança très vite les noms des frères Kennedy dont l'aîné était président et le second ministre de la Justice. On se souvint également que quelques semaines avant sa mort, la star avait quitté les plateaux de tournage de Something's Got to Cive malgré l'opposition de la production, qui devait à la suite de cette escapade la licencier, pour venir souhaiter l'anniversaire de John Fitzgerald Kennedy devant toute l'Amérique. Nous sommes le 19 mai 1962 et celle qui, presque ivre, chantonne d'une voix suave et sensuelle « Happy birthday to you Mr President » et déambule sur la scène du Madison Square Garden dans la robe fourreau en gaze de soie rose parsemée de strass, qui deviendra la robe la plus chère du monde, n'a plus qu'un peu plus de deux mois à vivre.
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On prétendit que l'actrice avait été la maîtresse des deux frères et que Bob tenait particulièrement à cette liaison. Qy'il avait promis à Marilyn de divorcer d'avec sa femme pour l'épouser. Comment ne pas prendre au sérieux ces déclarations, celles-ci venant du propre beau-frère des intéressés, Peter Lawford? Et là, on ne peut s'empêcher de repenser aux déclarations faites sur les bandes du docteur Greenson qu'il n'y avait pas de place dans sa vie future pour le frère du président, Bob Kennedy, et qu'elle voulait que ce soit quelqu'un d'autre qui lui dise que c'était terminé ! Peter Lawford écrira plus tard dans un livre de souvenirs que Marilyn avait menacé de révéler ses relations avec les deux frères Kennedy et qu'elle avait pris soin de tout écrire dans un petit carnet rouge. C'est pourquoi, afin d'éviter tout nouveau scandale, Bobby Kennedy aurait commandité le meurtre de la
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star par injection létale. C'est le psychiatre qui aurait injecté la dose mortelle. Ce psychiatre, dont elle dépendait totalement et qui avait été son amant lui aussi, aurait eu peur que les hommes au service de Bobby Kennedy révèlent sa liaison avec la star. Il aurait ainsi cédé aux pressions du jeune ministre de la Justice qui voulait faire taire Marilyn et aurait participé lui-même à l'assassinat. Bobby Kennedy aurait donc été l'un des commanditaires du meurtre. L'ancien chef de la police, Daryl F. Gates, reconnaît dans son autobiographie que Bobby Kennedy n'était pas à San Francisco le 4 août, mais bien en ville : C'était le ministre de la justice, donc nous étions au courant, comme nous étions au courant chaque fois qu'une autre personnalité importante se rendait à Los Angeles [ . .}. «
Franchement, je n'ai jamais cru qu'elle s'était tuée parce qu'il l'avait larguée - à supposer qu'il l'ait larguée. Mon impression, c'est qu'elle était à fleur de peau: beaucoup de choses l'atteignaient, et une liaison qui tourne au vinaigre n'était sans doute qu'un problème parmi beaucoup d'autres. »
George Barris, photographe, qui travaillait à cette époque pour Cosmopolitan avait réalisé une douzaine de pages et la couverture pour le magazine sur le retour probable de Marilyn Monroe au cinéma. Il rapporta que le 3 août la star lui avait déclaré « avoir des choses très importantes à lui dire » et qu'ils avaient convenu tous deux de se revoir le lundi 6 août. George Barris devait ajouter que la comédienne ne lui avait jamais semblé aussi heureuse et qu'il était ravi pour elle ... Lui aussi se demanda pour quelle raison la star se serait suicidée, elle qui lui aurait confié peu avant sa mort qu'elle vivait la période la plus heureuse de sa vie, que l'avenir était devant elle ...
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Alors que s'est-il vraiment passé dans la soirée du 4 août 1962 ? Près de cinq heures se sont écoulées entre l'heure du décès fixé par les légistes et l'appel téléphonique des Greenson, Murray et
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du docteur Engelberg... Cette mort sera-t-elle un jour élucidée? Les funérailles de l'icône du cinéma auront lieu trois jours plus tard dans le petit cimetière de Westwood à Los Angeles. Son deuxième mari, Joe DiMaggio, va régler lui-même chacun des instants de cet événement. Seuls les proches seront invités. Peter Lawford, Franck Sinatra et Dean Martin ne le seront pas, les Kennedy non plus. Même si l'on approche un peu plus chaque jour de la vérité sur la disparition de Marilyn Monroe, la mort de celle qui devait défrayer les chroniques et déchaîner des foules entières reste un véritable mystère encore à ce jour. La précipitation de l'enquête, voulue ou non voulue, le rapport succinct des légistes et les témoignages se contredisant les uns les autres contribueront encore longtemps à obscurcir la vérité sur les véritables causes de la mort de l'une des actrices les plus célèbres du xxe siècle.
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STEVAN MARKOVIC
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MEURTRES, CINEMA, BARBOUZES, POUVOIR , , ET PETITES PEPEES ... C'est à Élancourt, une petite commune d'un peu plus de huit cents habitants, située dans le département des Yvelines, à quelque trente kilomètres de Paris, que l'affaire qui devait remuer le Tout-Paris et la France entière commença.
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Nous sommes le 1er octobre 1968 et un homme se promène tranquillement, loin des regards. Il se dirige vers un dépôt d'ordures, coincé entre le talus et la petite route qu'empruntent de nombreux riverains pour décharger des immondices de toutes sortes, vieux vêtements, appareils ménagers hors d'usage et même pièces et moteurs de voitures inutilisables. L'homme a l'habitude de cette promenade de santé et connaît parfaitement les lieux. Il s'y rend régulièrement pour regarder s'il pourrait y débusquer « l'affaire du siècle », on ne sait jamais après tout... Ce jour-là, il aperçoit un étrange paquet qu'il n'a pas remarqué les jours précédents. Tiens, se dit-il, et si j'y trouvais matière à revendre ? L'homme s'interroge et descend du talus, s'avance, retourne du pied les quelques détritus recouvrant une toile de jute, elle-même abritant une housse de matelas. Soudain, il s'arrête. Horreur! Un homme défiguré gît dans la housse, emballé si l'on peut dire comme un objet précieux. La housse en très bon état présente des taches rouges : du sang séché ! L'affaire Markovic vient de commencer.
Très rapidement, l'homme appelle les forces de l'ordre qui se rendent sur les lieux. C'est le commissaire Samson, l'un des meilleurs flics de l'époque qui prend en charge le dossier. Il est secondé de Redonnet qui lui fait office d'adjoint. On écarte la housse de la toile de jute, on ôte avec précaution le corps de l'enveloppe en matière plastique. Il ne faut pas être un fin limier pour conclure immédiatement que l'homme que l'on extrait de cette enveloppe protectrice a été assassiné. « Un clochard/ s'exclame l'un des policiers, victime d'une querelle entre pochetrons qui aurait mal tourné... »Peut-être, mais il n'empêche, la victime a le crâne défoncé. Les coups ont été portés si violemment que seule une masse de bûcheron a pu être utilisée pour arriver à ce carnage. La victime sera rapidement identifiée grâce à ses empreintes digitales connues de la police, car elle a été fichée en raison d'un certain nombre d'interpellations. Il s'agit d'un ressortissant yougoslave répondant au nom de Stevan Markovic. Rien de bien original, sinon que ce dernier est un proche du couple Delon, Alain et Nathalie, dont il aurait partagé l'intimité. Un proche me direz-vous ? Un homme à tout faire plutôt, secrétaire du comédien, garde du corps du couple et intime des deux stars, au point de les accompagner à toutes les réceptions, de connaître toute leur vie, ou presque ... Enfin, avant qu'il ne soit remercié par le couple en instance de divorce ... On emmène le corps et l'on prévient immédiatement le juge qui demande à ce qu'une autopsie soit effectuée au plus vite.
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Le médecin qui pratique l'autopsie conclut que l'homme qu'il vient de disséquer est mort, un peu plus d'une semaine auparavant, aux alentours du 22 ou du 23 septembre. Qye s'est-il passé ? On prévient la famille. Son frère, Alexandre Markovic, demeurant en Yougoslavie, révèle aux policiers avoir reçu de Stevan Markovic une lettre dans laquelle il précisait que le 22 septembre il avait remis ladite lettre à un ami parisien répondant au nom de Vuck Blagojevic en lui demandant de la
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poster s'il n'avait pas donné de ses nouvelles dans les trois jours suivant leur entrevue. Tiens, Stevan Markovic se méfiait-il ? Et de quoi?
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De plus, le 22 septembre, les enquêteurs apprennent que la victime s'était également confiée à l'un de ses compatriotes, Uros Milisevic, un jeune homme âgé de vingt ans et frère du premier garde du corps d'Alain Delon, Zorica Milisevic. Ce dernier lui avait rendu visite dans l'après-midi aux alentours de 17 heures. Markovic raconta à Uros Milisevic qu'il avait rendez-vous avec un nommé « François » et un autre personnage d'origine corse. Qye ces derniers prévoyaient la réalisation d'un hold-up pouvant leur rapporter près de soixante millions de francs. Après cette rencontre, ils se rendraient tous les trois dans la maison de campagne de « François » afin de jouer au poker et de plumer un pigeon. Toujours selon Uros Milisevic, un taxi devait venir le prendre chez lui vers 19 heures. Il assura à son ami qu'il serait rentré vers minuit et lui demanda de l'attendre à son domicile en compagnie de deux filles qu'il aurait réquisitionnées pour la bonne cause auparavant. Le chauffeur de taxi, Eugène Dahmani, interrogé par le juge Patard, chargé de l'instruction du dossier, précisera avoir déposé les deux passagers vers 19 h 30 à l'angle de l'avenue de la Grande Armée et de la rue de Presbourg. Confronté plus tard à François Marcantoni, le chauffeur de taxi ne reconnaîtra pas ce dernier pour être l'homme qu'il aurait chargé rue Lafayette pour se rendre avenue de Messine pour y monter Markovic.
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Uros assura aux enquêteurs avoir attendu toute la nuit Stevan Markovic, en vain. Il ajouta avoir patienté deux jours avant de rendre visite à Vuck Blagojevic pour tenter d'obtenir des renseignements sur ce fameux « François ». C'est ainsi qu'il apprit le nom de François Marcantoni. Le lendemain, Uros Milisevic, n'ayant aucune nouvelle de son ami Markovic, postait la lettre destinée au frère de ce dernier.
Stevan Markovic. Meurt re s. cinéma. barbouzes. pouvoir et petites pépées... 1143
La première autopsie n'étant pas convaincante pour les enquêteurs, la justice en demanda une deuxième. Il fallut donc exhumer le corps. Cette deuxième autopsie révéla que Stevan Markovic n'était pas mort de fractures au crâne. En effet, les médecins découvrirent en effectuant des radios que la victime avait reçu une balle de 9 mm dans la nuque et que le projectile était encore présent dans la boîte crânienne. Cette seconde autopsie révéla également la date de la mort du jeune yougoslave que l'on fixa au 22 septembre. Cette date est importante, car c'est celle où Stevan Markovic a été vu pour la dernière fois chez lui par Vuck Blagojevic. Le 3 octobre, soit deux jours après la découverte du corps, les enquêteurs se rendirent à Ramatuelle dans une somptueuse villa aux environs de Saint-Tropez. Ils y rencontrèrent Alain Delon, l'ancien employeur de Markovic, qui était sur le tournage du film La piscine dans lequel il jouait en compagnie de l'actrice Romy Schneider, laquelle effectuait son grand retour au cinéma. L'acteur confirma ses relations avec la victime, mais déclara ne plus avoir affaire avec l'individu en question. Il affirma également n'avoir pas séjourné à Paris les 22 et 23 septembre. Pour cause : il tournait dans le film de Jacques Deray. .. Les enquêteurs découvriront plus tard qu'il n'y avait pas eu de tournage à ces dates-là, selon le découpage du film ... Un autre fait intéressait la police : une carte postale postée de Paris, près de son domicile, avenue de Messine par... Alain Delon, le 22 septembre pour un de ses amis, M. Caro. Si ce M. Caro était bien à Paris, venu en voiture selon ses dires, un billet aller et retour Paris-Nice à son nom fut retrouvé en date du 22 septembre 1968. Qyi a pu utiliser ce billet?
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Alors que le tournage du film s'achevait, Alain et Nathalie Delon furent de nouveau entendus par les enquêteurs du SRPJ de Versailles le 12 octobre. Aucune charge ne fut retenue contre eux dans l'immédiat.
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Les enquêteurs apprirent aussi que Stevan Markovic avait écrit plusieurs lettres à son frère dans lesquelles il désignait Alain Delon, sa famille et son associé Marcantoni comme responsables s'il lui arrivait quelque chose. Dans l'une d'elles, il précisait le nom d'un tueur qui, selon lui, devait le venger après sa mort. La lettre postée par Vuck Blagojevic arriva à Belgrade début octobre. Alexandre Markovic était maintenant informé de la mort de son frère et décida de la faire parvenir au Politika Express, un journal de Belgrade. Dans cette lettre, il était précisé que « quoi qu'il advienne, et pour tous les ennuis qui pourraient m'être causés, adressez-vous à Alain Delon, à sa femme et à son associé, François Marcantoni, un corse, vrai gangster, demeurant au 42 boulevard des Gobelins ». Une fois de plus, on convoqua le couple Delon. Alain Delon semblait ne pas comprendre. Il confirma qu'effectivement, Stevan Markovic avait été employé par lui et sa femme en tant que secrétaire et garde du corps et qu'il logeait toujours dans un appartement de haut standing gracieusement prêté par eux, avenue de Messine. -
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Effectivement, le frère de François, Charles Marcantoni existait bien, il était d'ailleurs connu lui aussi des enquêteurs pour tenir une boîte de nuit dans le XVIIe arrondissement de Paris et soupçonné de pratiquer de l'import-export en tout genre ... Le procureur en resta là. On s'intéressa donc à François Marcantoni, dit« François le Corse » ou« le Commandant ». L'homme de quarante-huit ans avait un passé militaire.
Stevan Markovic. Meurt res. cinéma. barbouzes. pouvoir et petites pépées... 1145
Artificier de formation, il avait participé au sabordage de la flotte de Toulon en novembre 1942. Entré dans la clandestinité à partir de cette date, on le retrouva dans les FFI. Arrêté et torturé par la Gestapo, il ne s'en remit jamais et voua une haine féroce après la Libération aux anciens collaborateurs ou accapareurs de toutes sortes, allant même jusqu'à les rançonner. C'est certainement à compter de cette date qu'il se mit à fréquenter le milieu du banditisme. Condamné en 1951 pour complicité de vol qualifié pour avoir braqué la Banque franco-algérienne de Paris après avoir été dénoncé par son complice Léon dit Le Juif, il avait écopé de cinq années de prison. Ce même Léon fut retrouvé assassiné, une semaine après la libération de prison de Marcantoni. C'est à Toulon que ce dernier fait la connaissance d'Alain Delon, qui est soldat et s'est engagé dans la marine quelques années plus tôt. Ils se rencontrent dans le bar du frère de François. Plus tard, alors que Delon est devenu une vedette, ce dernier n'abandonnera pas son vieil ami François, bien que celui-ci soit soupçonné de racket et de braquages de banques. Il fréquente les milieux politiques, notamment celui de Robert Hersant dont il s'occupe du service d'ordre durant les élections dans l'Oise. François Marcantoni n'est pas un débutant, il sait s'entourer. Son cousin n'est-il pas Jean- Charles Marchiani, officier du SDECE (devenu DGSE) ? Pourtant, François Marcantoni paraît rangé des « affaires » en cette année 1968, il déclare vivre grâce à sa pension de guerre et à quelques subsides qu'il reçoit d 'appareils à musique déposés dans des bars. François Marcantoni, un bon père rangé des embrouilles - trop peut-être ... - , apparaît donc comme le coupable idéal, mais n'est-ce pas un peu trop facile?
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En parallèle circulent sous les manteaux des photos représentant des personnalités politiques et du spectacle en tenues d'Adam et Ève, participant à des partouzes, lesquelles sont supposées avoir été organisées par Stevan Markovic. Ainsi on peut reconnaître entre autres, et en pleine action, Claude
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Pompidou, l'épouse de l'ancien Premier ministre du général de Gaulle, Georges Pompidou, remplacé depuis peu par Maurice Couve de Murville. L'affaire prend alors une tout autre dimension. D'un simple meurtre résultant d'un possible règlement de comptes on en vient à une affaire politique, voire une affaire d'État. Ne serait-ce pas Georges Pompidou que l'on voudrait atteindre? Car la lutte pour la succession du général de Gaulle a déjà démarré, bien que ce dernier soit encore au pouvoir. Ce qui gêne le procureur au plus haut point, c'est que le nom des Pompidou revient constamment sur les carnets de rendez-vous d'Alain Delon, lequel a tendance à mettre en avant ses nombreuses relations. Ainsi, on apprend que durant les semaines qui précédèrent la mort de Markovic, Alain et Nathalie Delon avaient plusieurs fois invité le couple Pompidou à passer des week-ends à Saint-Tropez... Les relations politiques de Marcantoni ne contribuent-elles pas à s'orienter dans ce sens ? Celui- ci d'ailleurs ne niait pas aux enquêteurs qu'il avait obtenu le renouvellement du permis de séjour de la victime grâce à ses relations politiques, c'est du moins ce qu'il déclara dans une interview dans un grand journal parisien ... Il ne niait pas non plus avoir été l'un des agents électoraux d'Alexandre Sanguinetti, ancien ministre des Anciens Combattants du troisième ministère Pompidou. (/)
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Le procureur de la République décida alors d'entendre la totalité des témoins de l'affaire. Il apprit qu'un nommé Hillebrand, détenu dans une prison suisse, aurait été chargé par Markovic de se rendre à Shonau pour y photographier nue une comédienne aux initiales R. S. Ces photos auraient été remises à Markovic en janvier 1968, lequel devait lui remettre une somme d'argent. À cette occasion, Markovic lui dévoila un montage de photos mettant en scène la comédienne et Alain Delon en positions indélicates. Hillebrand avoua par ailleurs que Markovic, rageant de s'être fait licencier, lui avait confié
Stevan Markovic. Meurt re s. ciném a. barbo uzes. pouvo ir et petites pépées...
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vouloir faire chanter l'acteur de cinéma pour le « contraindre à verser une farte somme, sous la menace de remettre ce montage à Nathalie Delon ... »Déclarations difficiles à croire quand on sait que le jeune Yougoslave alimentait une rumeur dans laquelle on découvrait que le garde du corps yougoslave avait des rapports très intimes aussi bien avec Alain qu'avec Nathalie Delon . .. Uros Milisevic, interrogé, confia aux enquêteurs que Markovic projetait d'écrire un livre dans lequel il voulait raconter les contraintes amoureuses subies du couple Delon. Il aurait donc voulu faire chanter l'acteur de cinéma. Cette déclaration pourtant ne convaincra pas le Procureur puisque ce dernier déclarera: Bien que Markovic ne le lui avouât jamais, elle se rendit compte que la mauvaise humeur de ce dernier était la manifestation de la jalousie et elle comprit alors qu'il l'aimait. » «
Ceci pourtant ne pouvait être affirmé que par l'intéressée ellemême : Nathalie Delon. Celle-ci confiera au Procureur que Markovic avait déclaré, peu de temps avant sa mort, qu'« Alain Delon était un monstre d'imbécilité». Il faut tout de même préciser que l'acteur avait auparavant remercié le Yougoslave et l'avait remplacé. Le garde du corps avait alors ajouté à l'actrice qu'il était « sur un gros coup » et qu'il « craignait pour sa vie, mais [ . .} avait écrit une lettre au cas où quelque chose lui arriverait». Peu de temps avant cette déclaration, il avait également déclaré à l'un de ses amis yougoslaves du nom de Kopanlija qu'il « exigerait de D elon de l'argent à l'occasion de la sortie de chacun de ses films».
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Tous les éléments trouvés pouvaient donc laisser penser à un règlement de comptes entre l'acteur et son maître chanteur... Mais était-ce si simple ? Le chantage à la photographie ne paraissait pas très sérieux, quand on sait que les magazines et les journaux spécialisés dans ce genre d'actualité devaient en posséder de nombreuses et certainement bien plus obscènes ... Alors ? Un chantage pour quel motif ? La jalousie ? Alain
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Delon ayant appris la liaison de Nathalie avec Markovic ? Cette dernière hypothèse était peu crédible également. Alain et Nathalie Delon ne se faisaient d'ailleurs aucune illusion sur le passé de l'un ou de l'autre, et puis, n'étaient-ils pas séparés et l'acteur ne filait-il pas de beaux jours avec une autre actrice du nom de Mireille Darc ? Toujours à la recherche d'indices pouvant les mettre sur une piste sérieuse, les enquêteurs remontèrent la filière de la housse à matelas ayant enveloppé le corps de la victime. Ils trouvèrent que celle-ci était assez rare, de la marque Treca, et qu'elle était vendue par l'entreprise Senac Mobilier. Ils s'y rendirent et constatèrent que François Marcantoni avait acheté un sommier et sa housse peu de temps avant la découverte du corps de la victime. Certes, celle-ci pouvait être la même, mais pouvait aussi ne pas l'être ... Le procureur Bezio décida alors d'incarcérer François Marcantoni. Nous sommes le 17 janvier 1969. Suite aux demandes des avocats de Marcantoni, le juge d'instruction Patard et le procureur en poste refusèrent tous deux à maintes reprises la demande de libération de Marcantoni qui resta onze mois dans une cellule de la prison de Versailles. Il fut libéré sous contrôle judiciaire en décembre 1969 en versant une caution importante de l'ordre de soixante mille francs.
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Qyoi qu'on en pense, le mystère de la mort de Stevan Markovic reste entier. François Marcantoni, libéré de prison en décembre 1969, quelque temps après l'élection de Georges Pompidou à l'Élysée, attendra 1976 pour obtenir un non-lieu pour faute de preuves. Il reprit la vie mondaine et s'essaya au métier d'antiquaire avant de s'éteindre paisiblement à l'âge de quatre-vingt- dix ans. Uros Milisevic, qui posta la lettre de Markovic le 25 septembre 1968, disparut prudemment et retourna dans son pays. Zorica Milisevic, son frère aîné, qui fut le premier secrétaire d'Alain Delon, fut assassiné à Hollywood. On retrouva son corps près de celui de la femme de Mickey Rooney. Zorica lui aussi connaissait une part de vérité
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dans cette affaire. Le procureur Lajaunie et le juge Patard, ayant instruit les premiers cette enquête, furent remerciés dès l'élection du président Pompidou. Le premier étant nommé procureur général à Montpellier, le second, juge d 'instruction à Paris. Le commissaire Samson fut muté à la délégation judiciaire et son adjoint Redonnet se retrouva au commissariat du XIIe arrondissement de Paris. Le très médiatique couple Delon divorça officiellement après quatre ans de mariage. Nathalie Delon, continuant son métier d'actrice, se partagera entre la France et les États-Unis. Oyant à Alain Delon, il enchaîna les rôles au cinéma et tourna Le clan des Siciliens d'Henri Verneuil, qui connut lui aussi un grand succès dans les salles de cinéma. On y retrouva tous les ingrédients d'un bon polar, comme dans l'affaire Markovic ... On ne connaît à ce jour ni le ou les mobiles exacts, ni le ou les assassins de Markovic, et ni le ou les commanditaires s'il y en eut. Ce que l'on sait, c'est que ce crime, celui dont fut victime un petit voyou au visage de jeune premier, aurait pu passer tout à fait inaperçu s'il n'avait touché l'intimité d 'un couple célèbre et la réputation d'un homme politique que la destinée devait porter aux plus hautes marches de la République. Alors, ne faut-il pas chercher la réponse à ces questions dans celle qu'osa formuler François Marcantoni et qui disait avec humour : Nous ne sommes que trois à savoir la vérité: Delon, moi et Dieu, or ce dernier ne balance jamais ! » «
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JOACHIM PEIPER
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QUAND LE PASSE RESSURGIT ... Qy'elle est belle la campagne française ! Celle de FrancheComté en juillet resplendit d'un vert étincelant et l'on s'y promène accompagné du bruit des eaux vives, du ruisseau de Vy-le-Ferroux, à l'image de la Saône, qui défile fièrement devant la petite commune de Traves, un bourg de quelques centaines d'habitants qui, en ce 13 juillet 1976, se préparent à fêter comme il se doit l'anniversaire de la prise de la Bastille. Certes, beaucoup de villageois sont contrariés par la mauvaise publicité que l'on fait depuis quelques temps à leur bourg, mais ils se décident à se réunir pour fêter ensemble cet anniversaire. Contrariés ... C'est peu dire ! Pensez-vous, ils ont appris que parmi eux, un étranger, bien comme il faut, vivant sur la commune depuis quatre ans en compagnie de son épouse, fait la une des journaux et l'objet de recherches pour crimes de guerre.
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Monsieur Peiper a encore belle allure à soixante et un an. Il est retraité depuis 1972 et a décidé de s'installer avec sa femme en France, dans une région qu'il connaît pour y avoir séjourné durant la Seconde Guerre mondiale. Il a acheté un terrain au lieu-dit Le Renfort et a fait construire sa maison. Pour ceci, un ami est venu lui prêter main-forte. Il répond au nom d'Erwin Ketelhut. Lui aussi est un ancien soldat allemand. Il a servi dans la même division que Peiper, mais n'a pas les mêmes distinctions. La croix de fer avec feuilles de chêne et épées est assez rare. Ketelhut va devenir son voisin à Traves et acheter une propriété bâtie sur un terrain boisé de quatorze hectares. Cette dernière est contiguë à celle de Peiper. Les époux Peiper sont
discrets, bien polis. Les villageois savent que Joachim Peiper est retraité de l'entreprise Volkswagen où il occupait un emploi de formateur à la vente de voitures. Emploi qu'il avait obtenu grâce à son réseau de contacts dans les anciens de la SS après avoir été obligé de quitter Porsche. Il avait été condamné pour crimes de guerre et compte tenu de la pression syndicale locale sa présence nuisait à la bonne atmosphère de l'entreprise lui avait-on dit. Peu importe, à l'époque du plein emploi il avait retrouvé un poste immédiatement chez Volkswagen qui lui avait ouvert les bras ... Tout allait pour le mieux jusqu'à ce 11 juin 1974 quand l'excolonel SS Joachim Peiper se présente à la quincaillerie Catena de Vesoul pour y acheter du grillage destiné à la construction d'un chenil pour ses chiens. Paul Cacheux, l'employé du magasin, qui, ironie du sort, a lu récemment le livre brun allemand recensant les crimes de guerre allemands, le reconnaît immédiatement. Ce dernier, un ancien cheminot et résistant du réseau Parmentier de résistance Fer, militant communiste et cégétiste, lui demande dans un allemand parfait s'il est bien Joachim Peiper. Devant le trouble de l'ex-colonel SS, il en conclut que l'homme en sa présence est bien celui qui est recherché. Paul Cacheux en a la conviction, mais préfère ne rien dire. Du moins pour l'instant.
À Traves, la vie suit son cours. Joachim Peiper poursuit sa
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Pierre Durand prend très au sérieux la déclaration de son ami et se rend à Berlin pour se faire confirmer l'identité de l'ancien officier de la division Das Reich et membre de la SS sous le numéro 132496. Il parcourt les archives de la Stasi et découvre que l'homme venu à la quincaillerie de Vesoul est bien celui qui a orchestré les massacres dans la région de Malmedy où trois cent soixante-deux soldats américains prisonniers et cent onze civils furent assassinés alors que les troupes de Peiper se rendaient à marche forcée à Stavelot pour reprendre le contrôle du pont de l'Amblève. C'est également ce dernier qui est responsable de la tragédie de Boves, devenue dans la mémoire italienne !'Oradour transalpin2 • C'est à Boves que l'un des adjudants préférés d'Heinrich Himmler, commandant la pe Division de Panzer SS Leibstandarte SS Adolf Hitler, donne l'ordre à plusieurs reprises de punir la ville qui, selon lui, regorge de partisans. Le bourg est incendié le 19 septembre 1943 et trois cent cinquante maisons sont détruites par le feu. Les mêmes actes devront se répéter par la suite même après l'armistice. Au total, le passage de Peiper et de ses hommes aura fait des dizaines de victimes. À la fin de la guerre, Peiper est été condamné à mort par contumace pour y avoir fait fusiller des otages. Pierre Durand va alors correspondre avec l'une de ses confrères journalistes à L'Unità. Elle lui confirme que ses soupçons sont bien fondés et que le Peiper de Traves est bien le même que celui de Boves, de Malmedy et d'autres villages martyrs qui subirent les atrocités de la division SS Adolf Hitler. Rien ne peut freiner la marche du temps à présent . .. Pour Paul Cacheux, Pierre Durand et les autres, il est temps que l'opinion publique sache!
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Il est temps que l'on sache également que Joachim Peiper a rencontré sa femme, Sigurd Hinrichsen, au secrétariat de
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En parallèle de l'enquête criminelle, la bataille politique fait rage en France comme à l'étranger. L'UDR et les républicains
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Les mort s mystérieuses de !'H istoire
indépendants dénoncent l'attitude du PCF qui, selon eux, « assume une lourde responsabilité par la campagne d'accusation qu'il a déclenchée ». Dans les milieux extrémistes, on n'en reste pas là ! L'enquête est embrouillée par le flot de lettres anonymes et de menaces proférées contre des militants communistes. Paul Cacheux, qui a démasqué l'ancien criminel de guerre, reçoit des menaces de mort ainsi que Pierre Durand, journaliste de L'Humanité qui avait rendue publique la résidence du colonel Peiper à Traves. Décidément, le cadavre de l'homme retrouvé dans le brasier de la maison de Peiper est bien encombrant. Les policiers, pressés par le ministre de l'intérieur qui en fait une raison d'État, voudraient clore l'affaire. Mais c'est sans compter sur Simon Wiesenthal, le célèbre chercheur de nazis, qui remet en cause la version officielle. Directeur du Centre de documentation juive à Vienne, il estime qu'il pourrait s'agir d'une mystification et compare 1'affaire Peiper à plusieurs cas similaires qu'il a connus en Amérique latine où « on annonce la mort dans des conditions mystérieuses d'anciens naz is sans qu'il soit possible de les identifier avec certitude... »
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De tous bords on s'active. Les enquêteurs vont perquisitionner les domiciles des habitants de Traves. On cherche qui a bloqué la bouche d'incendie et qui a saboté la motopompe. Le mutisme règne en maître. C'est une conspiration du silence titrent certains journaux! D'autre part, le curé de Traves, l'abbé Ducros, reçoit lui aussi des lettres anonymes annonçant que si les criminels ne sont pas arrêtés, dix otages seraient abattus dans la nuit du 31juillet1976. De même, l'amicale des anciens SS a fait savoir au téléphone que cette organisation n'était pour rien dans les menaces envoyées à Traves. Elle a ajouté que le voisin de Peiper, Erwin Ketelhut, sculpteur allemand, serait lui aussi un ancien officier de l'État-major SS, et qu'il s'appellerait en réalité Jurgen Lutz. Cet homme, après avoir mis en vente au lendemain du drame son domaine, avec son parc et ses étangs pour 3 200 000 francs, a disparu.
Joachim Peiper. Quand le passé ressurgit... 1157
Un millier de nostalgiques de la grande Allemagne se réunissent le dimanche 7 novembre pour rendre hommage à la mémoire de Joachim Peiper, ancien colonel de la Waffen SS, qui a peutêtre trouvé la mort cet été là, en France, dans l'incendie de sa maison, près de Vesoul. C'est dans une Maison de la culture de la banlieue de Mannheim décorée aux couleurs de l'ancien Reich allemand (noir, blanc, rouge) que la manifestation se déroule. Six mois plus tard, alors que l'enquête patine, les restes de ce que l'on suppose avoir été le corps de l'ancien colonel SS Joachim Peiper quittent la morgue de l'hôpital de Vesoul, où ils se trouvaient depuis le 14 juillet 1976, pour la ville de Munich où l'attend sa famille. Pour la justice française qui avoue n'avoir que de fortes présomptions sur l'identité des restes retrouvés dans la villa de Peiper, le corps ne peut voyager sous l'identité de Joachim Peiper et c'est donc un corps inconnu qui voyage en direction de l'Allemagne, le juge d'instruction ayant délivré un permis d'inhumer. Ce n'est que six mois après la découverte du corps que le tribunal de Vesoul dressera officiellement l'acte de décès de l'ancien colonel SS. Il est à noter que dans son jugement, le tribunal estimera qu'il n'existe pas de preuve absolue du décès de Joachim Peiper. Toutefois, cet acte de décès devait notamment permettre à la veuve de l'ancien nazi de percevoir les primes d'assurance-vie que ce dernier avait souscrites. Oye s'est-il véritablement passé dans la nuit du 13 au 14 juillet 1976 au lieu-dit Le Renfort à Traves, petite commune près de Besançon ? Qyel est ce secret qui hante encore les hauteurs de ce bourg, planté au milieu des vallons, accroché à une colline, juste au-dessus de la rivière, surplombant de grosses fermes posées près des hangars où le ventre de la terre déborde des greniers ? Et s'il n'est pas mort en cette nuit d'été, où est-il allé se cacher, ce retraité bien comme il faut qui répondait au nom de Joachim Peiper, nom qui était devenu pour beaucoup synonyme de crimes, d'horreur, de tortures ? Où était-il cet exterminateur qui avait vu, approuvé, cautionné, les camps de
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la mort et ceux d'extermination avant de se familiariser avec les crimes de guerre ... ? Le saurons-nous un jour? Et immédiatement, une autre question vient s'ajouter aux autres : si Peiper n'est pas mort dans l'incendie du 13 au 14 juillet, à qui appartient le corps retrouvé dans les décombres ? Lors de la découverte du corps de l'homme gisant dans le brasier de la maison de Peiper, il fut prélevé des éléments destinés à être comparés anatomiquement et physiologiquement à ceux conservés de Peiper. On peut penser que ces éléments ont été conservés à l'hôpital de Vesoul après l'autopsie et, dans ce cas, pourrait-on un jour en prélever une partie pour en rechercher l'ADN?
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JOHN LENNON
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José Perdomo, le portier de service habituel, n'est pas là. En ce 8 décembre 1980, il a été remplacé par un autre employé, engoncé dans son uniforme vert bouteille, qui fait les cent pas devant l'entrée de l'un des plus célèbres bâtiments de la ville new-yorkaise. Un homme s'approche, timide, dans la pénombre. Il répond au nom de Mark David Chapman. Il demande au portier si Mister Lennon est déjà rentré chez lui. Le gardien lui répond qu'il ne connaît pas les habitudes de la star, mais que l'ancien Beatle s'est absenté pour des séances de photos. Chapman aperçoit une groupie qu'il a déjà aperçue la veille et engage la conversation avec elle. Il se vante de bien connaître les allées et venues du couple Lennon-Ono et propose à la jeune femme d'aller grignoter un bout au Dakota Grill, là où John fait sa revue de presse. Chapman n'a pas d'appareil photo. Non loin de lui, il aperçoit un jeune homme dans le renfoncement d'une porte cochère. Il apprend de ce dernier qu'il attend lui aussi John Lennon pour prendre quelques photos et les vendre peutêtre par la suite. Qyelques allées et venues sont enregistrées et tous ont la consigne de ne pas divulguer la prochaine sortie du couple Lennon, qui doit se rendre dans les studios pour travailler sur le prochain disque de Yoko. Soudain, John et Yoko font face à tous devant le portail du célèbre hôtel. Ils sont seuls. Sans garde du corps. D'ailleurs, Lennon a donné ses consignes : il ne veut aucun garde autour
de lui et prétend n'avoir nul besoin de protection. N'a-t-il pas déclaré sur les ondes de la BEC peu avant : Garde du corps ou non, si un type veut te flinguer, il te flingue ! La seule différence si tu as un garde du corps c'est qu'il descendra d'abord le garde du corps et toi ensuite. » «
Il ne se cache pas de profiter de la vie new-yorkaise pour se promener seul dans la rue, anonymement, contrairement à Londres où il lui fallait se cacher ou ruser continuellement pour parcourir quelques mètres. S'étant approché de la star, Chapman lui tend son dernier disque Double Fantasy. Lennon griffonne son nom. Le jeune photographe en mal de photos inédites mitraille l'instant. Il ne devine pas que ce sera l'une des dernières photos de John prises alors qu'il est vivant. Il est poli John Lennon, il est poli et plein d'attention pour ceux qui viennent le rencontrer à la sortie de son domicile. Chapman le remercie. Ce dernier est troublé par la gentillesse de celui qui avait pourtant déclaré dans une interview à l'Evening Star : Le christianisme disparaîtra. Ils' évaporera, rétrécira. je n'ai pas à discuter là-dessus. j'ai raison, il sera prouvé que j'ai raison. Nous sommes plus populaires que jésus désormais. je ne sais pas ce qui disparaîtra en premier, le rock'n'roll ou le christianisme... » «
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Mais tout ceci est révolu. D'ailleurs, John s'en est maintes et maintes fois expliqué auprès de la presse écrite et dans les radios. Il s'agissait simplement d'un malentendu. Le photographe prend un dernier cliché de Lennon en compagnie de Chapman sans se douter que cette photo fera bientôt le tour du monde et lui rapportera une petite fortune. À ce moment, alors que les Lennon s'engouffrent dans la limousine et que cette
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dernière disparaît au loin, Mark Chapman s'adresse au jeune photographe avec ces quelques mots bien étranges : T'as fait la photo ? Et j'avais mon chapeau sur la tête à ce moment-là ? Tu t'en souviens? Parce que sinon . .. Sinon, s'ils ne me reconnaissent pas, ils ne voudront jamais me croire. »
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Alors que le jeune photographe s'éloigne de Chapman, ce dernier s'adosse à un mur, regarde une fois de plus l'album dédicacé et se remet à lire son bouquin sorti de sa poche et qui titre L'attrape-cœurs de J . D. Salinger.
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José Perdomo, le portier habituel qui avait repris son poste, vient de terminer son service. Il est vingt-deux heures. Chapman se retrouve seul, assis par terre, à attendre l'arrivée du couple Lennon. À vingt-deux heures cinquante, le bruit d'un moteur se fait entendre. Une grosse voiture s'arrête devant l'entrée du porche du Dakota Building. Chapman tente de se cacher dans un recoin d'ombre alors que Yoko sort de la voiture et passe à quelques mètres de lui. Derrière, John rassemble ses affaires, règle le chauffeur et claque la portière. Il s'avance lentement, tenant un magnéto et quelques cassettes contre lui. Il aperçoit l'ombre de Chapman au fond du couloir, la toise du regard puis s'éloigne lui aussi. Mark Chapman appelle Lennon. Ce dernier tourne la tête. Il a juste le temps de voir son assassin le viser, un genou à terre. Cinq coups de feu éclatent alors. Cinq détonations qui résonnent dans le hall de l'immeuble. Chapman vient de vider son arme sur l'ancien Beatle. Qyatre balles atteignent John dans le dos et l'une lui brise l'épaule gauche. Chancelant, il monte comme il le peut les quelques marches qui mènent à la loge du gardien. Ce dernier se précipite vers lui. Yoko Ono hurle ! Les voix résonnent. Lennon, mortellement blessé, s'effondre sur le sol.
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On m'a t iré dessus .. . On m'a tiré dessus .. .
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On déclare la mort de John Lennon dès son arrivée à l'hôpital. Il est vingt-trois heures quinze. L'aorte sectionnée et les poumons atteints, il avait perdu les trois quarts de son sang. Déjà une foule immense, alertée par les radios de la ville et les télévisions, se rassemble devant le Dakota Building. Yoko Ono rentre chez elle accompagnée par la police et appelle Julian, le fils aîné de John, sa tante Mimi qui l'a élevé et Paul McCartney. À l'extérieur on chante Cive Peace a Chance en agitant des portraits
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improvisés de celui qui avait composé l'hymne à la paix et l'on brûle des bougies en reprenant le refrain de Imagine. L'icône de toute une génération vient de disparaître ... L'assassin est interrogé. On lui lit ses droits et on apprend qu'il a vingt-cinq ans et vient d'Hawaï, qu'il est originaire de Fort Worth au Texas, fils d'un père militaire et d'une mère infirmière. On découvre également qu'il est marié depuis juin 1979 avec une certaine Gloria Abe, sino-japonaise comme Yoko Ono, qui travaille dans une agence de voyages. Oye l'homme a eu une enfance normale, bien que craignant son père devenu violent à la suite de ses nombreuses turpitudes, qu'il s'est essayé au LSD, à la Bible, au détriment de la réussite de ses études. On apprend qu'il a été hospitalisé plus tard au Castle Memorial Hospital pour une tentative de suicide au monoxyde de carbone. Dans ses papiers on trouve la facture remise par]. & S. Entreprise pour l'achat de son Charter Arms calibre 38. On apprend également que Chapman voulait ressembler à l'ex-Beatle et que c'est à ce titre qu'il avait choisi de se marier avec une Asiatique.
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Un people qui chantait : imagine un monde sans possessions, et qui possédait des millions de dollars, des yachts, des propriétés et investissements immobiliers, se moquant des gens comme moi qui crurent ses mensonges et achetèrent ses disques, en construisant une grande partie de nos v ies autour de sa musique. » «
Puis il se tait. L'inspecteur lui demande la raison de son geste une fois de plus et Chapman répond :
John Lennon.« Le bonheur est un fu sil to ut chaud ! » 1165
«je voulais mefaire connaître. je voulaisfaire connaître L'attrapecœurs de Salinger. Si vous lisez ce livre et si vous vous intéressez à mon histoire, vous comprendrez ... je suis l'attrape-cœurs de ma génération. »
Les enquêteurs retrouveront dans sa chambre d'hôtel une table transformée en une sorte d'hôtel religieux où Chapman avait déposé 1' évangile selon saint Marc, 1'évangile selon saint Jean (John) où il avait écrit Lennon, des cassettes des Beatles, etc. Le 10 décembre 1980, John Winston Lennon est incinéré et plus de cent mille personnes se réunissent à Central Park pour une veillée funèbre. Dans le monde entier des manifestations pacifistes ont lieu à la mémoire de celui qui avait prôné la paix dans ses chansons. Inculpé immédiatement pour meurtre, Chapman est jugé et reconnu coupable. Condamné à une peine minimum de vingt ans de prison, il est incarcéré à l'Attica State Prison où il demeure encore à ce jour malgré ses nombreuses demandes de libération. Adulé ou détesté, John Lennon n'aura laissé personne insensible durant les vingt ans qui sillonnèrent sa vie de star mondialement connue. Compositeur et auteur génial, il était provocateur, exhibitionniste, mégalomane et militant de la paix. De gendre bien comme il faut des années 1960, il cassera son image en adoptant des lunettes à bon marché et une longue coupe de cheveux:
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«j'ai toujours été contre l'ordre établi, il est tout à fait naturel lorsqu'on a été élevé comme je l'ai été de craindre et de haïr la police comme un ennemi naturel, de mépriser l'armée. C'est tout à fait normal dans la classe ouvrière. »
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On le voit bien, du fait de l'influence qu'il peut avoir sur les jeunes, Lennon dérange ... D'autant plus qu'il croit ce qu'il dit
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et paraît le plus sincère du monde, même s'il change souvent d'avis. Il préconise une rupture, celle de l'ancien monde vers le nouveau, une rupture dans les valeurs, dans le mode de vie ... Et reprend en chœur : « Change-toi avant de changer les autres ... » dans Révolution, écrit pour l'album blanc en 1968. Il épouse Yoko Ono, une artiste et fille de banquier et se laisse pousser la barbe que l'on peut confondre avec ses cheveux. Il annonce ainsi la venue d'une ère nouvelle, celle du Peace and Love ! Sa femme et lui organisent un Bed-in for peace (« Au lit pour la paix ») d'une semaine à Amsterdam. Une autre façon de manifester dit-il. . . Ils resteront allongés sept jours dans la chambre 902 de l'hôtel Hilton. L'expérience sera renouvelée à Montréal. Lennon en profite pour renvoyer sa médaille de membre de l'Empire britannique en signe de protestation contre l'engagement de la Grande-Bretagne dans la guerre du Biafra et contre le soutien de l'Angleterre aux États-Unis dans la guerre du Vietnam ... De bons sentiments, il en a l'ancien Beatle, comme celui d'acheter une immense caravane pour la transformer en école pour enfants gitans. Il se mobilise également contre la peine de mort et met ses talents d'auteur pour la cause. Le FEI commence à s'intéresser à lui. Celui qui vient d'être élu « clown de l'année 1969 » commence à devenir terriblement gênant. La star a une fâcheuse habitude : celle de se prendre pour le Christ. Il poursuit son chemin en chantant dans The Ballade ofJohn and Yoko qu'« au train où vont les choses, on .finira par le crucifier.. . » En juillet 1976, il obtient enfin sa carte verte lui donnant le droit de rester aux États-Unis.
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Au lendemain de sa mort, un mouvement se crée pour faire toute la lumière sur son assassinat et des affiches sont placardées sur les murs de New York où il est écrit que Lennon n'est pas mort par hasard, que sa mort a un lien avec sa réapparition publique et politique ... Et elles concluent avec un:
John Lennon.« Le bonheur est un fu sil tout chaud!» 1167
Ne vous laissez pas intimider par les manœuvres gouvernementales. . . » «
Cette recommandation laisse entendre que Washington n'est pas étranger à la disparition de John Lennon. Il est vrai que hormis la renaissance musicale de John, ce dernier faisait de nouveau parler de lui dans ses prises de position. Il devait entre autres apporter son soutien aux grévistes de Californie le 13 décembre suivant. On imagine alors une théorie du complot impliquant le gouvernement de Ronald Reagan et utilisant Mark Chapman. On apprend que Mark Chapman, portant un cartable, s'était fait conduire par un taxi à son arrivée dans un immeuble de la 62e Rue Ouest, où il était resté cinq minutes. Puis, il avait demandé au même taxi de se diriger vers Central Park et arrivé à l'angle de la 2e Avenue et de la 65e Rue Est, il s'était absenté quelques minutes de nouveau. Mark Chapman avait ensuite demandé au chauffeur de le déposer entre Bleecker Street et la 6e Avenue ... Mise en scène ou véritable rendez-vous? Et si oui, que contenait le cartable en question ? Une chose est certaine, il ne l'avait pas avec lui lors de son arrestation. Si les courses et les arrêts de taxis sont relatés dans le rapport, les archives de l'officier de police Hoffman du NYPD, comprenant les six mois d'enquête, resteront secrètes. Lors de son arrestation, on trouvera sur lui plus de deux mille dollars et une carte de crédit: d'où peut bien provenir cet argent? Et puis il y a ce livre de Salinger, L'attrape-cœurs, qui accompagne ses gestes tout au long de son séjour à New York ... Un livre dont l'interprétation morbide devait conduire Mark Chapman à tuer son héros ... Beaucoup imaginent alors qu'on aurait pu conditionner, voire programmer le jeune homme, en menant une action psychologique pour l'amener à se débarrasser de celui qui hantait ses cauchemars ... On rapporte également le témoignage de Chapman relatif à son
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changement de défense lors de son procès où il devait plaider coupable: «]'étais allongé dans ma cellule et j'ai entendu une petite voix dans mon cœur, une toute petite voix je la sentais plus que je ne l'entendais vraiment. C'était la voix de Dieu. Il m'enjoignait d'abandonner. Il me disait que sinon ce procès se transformerait en vaste cirque!»
Ainsi, en écoutant la voix et en plaidant coupable, il évitait aux enquêteurs et au tribunal de chercher plus loin un éventuel assassin ou un commanditaire et que tout ceci se « transforme en un vaste cirque ». Certes, ces voix purent être l'objet d'une nouvelle hallucination, mais ces directives purent également lui être suggérées sous hypnose ou autre ... Il reste que les amis de Chapman ne croient pas une seconde qu'il ait pu se donner l'ordre de tirer. De même, le lieutenant Arthur O'Connor, le commandant de la vingtième section de la police de New York qui avait traité le meurtre de John Lennon, avait déclaré : Tant que vous essayerez de mettre au jour la conspiration, je vous soutiendrai. Comme j'ai dit au téléphone, si ce monsieur {le tireur} avait voulu s'échapper, ilpouvait partirfacilement. Il y avait le métro juste à côté et personne autour pour l'arrêter. Il est vrai que Mark Chapman a eu une réaction très bizarre, n'essayant pas du tout de s'échapper, et agissant comme un robot, insensible au tumulte l'entourant, alors que l'enquête avançant, il a semblé très inquiet d'être lynché. Son parcours a de quoi interroger, lorsque l'on voit le nombre de fois où il a brutalement changé de personnalité, de mode de vie, d 'aspirations, renonçant plusieurs fois à son projet d'assassinat, pour se réveiller le 8 décembre 1980, calme et serein sur son projet de tuerie. » «
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John Lennon.« Le bonheur est un fu sil to ut chaud ! » 1169
On prétend que seul John Lennon avait le pouvoir de rassembler des millions de gens contre Reagan. On apprit que Chapman avait travaillé pour le Y.M.C.A. à Beyrouth, puis à Hawaï en 1975 et qu'il en était revenu changé. Oye l'ex-Beatle était surveillé de près par le FBI depuis 1' épisode John Sinclair à propos duquel il avait pris parti et participé à des manifestations en 1971. Il avait d'ailleurs composé la chanson portant le nom de celui qui était emprisonné pour avoir contesté la politique menée par Washington. En 1972, un rapport venant de la commission du Sénat à la Sécurité intérieure, concernant les troubles envisagés aux États-Unis à la suite de la campagne présidentielle de Richard Nixon, relate que les partisans de la gauche nouvelle prévoyaient d'utiliser John Lennon pour ratisser le plus large possible ... On interdira par la suite des chansons de John dans les radios et télés et on engagera une procédure d'expulsion. Lennon sera fiché pour activités révolutionnaires. On sait enfin que la CIA et le FBI devaient alimenter régulièrement des dossiers sur le couple Lennon. Alors ... Mark Chapman malade mental, atteint de schizophrénie et d'aliénation mentale ou Mark Chapman conditionné, voire programmé à tuer... ? Et si Mark Chapman était les deux? Le prisonnier de 1Attica State Prison se verra refuser la liberté conditionnelle à huit reprises - la prochaine demande aura lieu en 2016 - et restera emprisonné sur le rocher comme il le déclare aux médias venus l'interviewer. Sans trop de remords, il continue à déclarer qu'il se sentait « tellement contraint à commettre ce meurtre que rien n'aurait pu [l] 'éloigner de l'immeuble ! »
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Les cendres de John Lennon reposent dans une urne remise par les pompes funèbres new-yorkaises à Yoko Ono. Cette urne avait été enveloppée auparavant, par délicatesse, d'un joli papier cadeau à ruban, pour ne pas attirer 1'attention des groupes amassés devant l'entrée du Dakota Building.
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Les mort s mystérieuses de !'H istoire
Lorsqu'il était encore avec les Beatles, John Lennon avait répondu à un journaliste lui demandant comment il pourrait mounr: «je serai probablement descendu par un cinglé.
»
Puis avait entonné le refrain devenu célèbre et annonciateur : «
Happiness is a warm gun !
»
Le bonheur est un fusil tout chaud ...
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John Lennon.« Le bonheur est un fusil tout chaud!» 1171
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INDEX DES NOMS PROPRES A
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B Baker (docteur) 60 Balzac. Honoré de 83 Barbeau du Barran. Joseph - Nicolas 29 Barras. Paul François 30 - 33. 57 Barris. George 138 Bassompierre. marquis de 21 Batitski, Pavel 127 Batz. Jean-Pierre de 55 Baudiau, M. 87 Baur. Hans 105 Beauharnais, Ho rtense de 73
Beau Uuge) 41-43 Beaumont. Madame de 86 Bedel. Jean 98 Below, Nicolaus von 103 Beria. Lavrenti 121-129 Bernadotte. Fo lke 103 Bernard. David 46-48. 50 Bernard (procure ur) 80 Bert. Pau l 87. 90 Bertrand. Henri Gat ien 66 Berzarin. Nikolaï 107 Bétrancourt (fossoyeur) 59 Bezio. Pierre 149 Bilhaut (doct eur) 60 Billaud -Varenne . Jacques- Nicolas 30 Bismarck. Otto von 85. 89 Blagojevic. Vuck 142 - 145 Blanqui. Auguste 91 Bonaparte. Napoléon 7. 35. 41. 62 - 70. 73, 182 Bonnie (docteur) 76 Bormann. Martin 102-107. 110 Boulganine. Nikolaï 123. 124 Bourbon. Louis VI de Bourbon-Condé duc de 7. 73-79.81.82.182 Bourdon de l'Oise. François-Louis Bourdon dit 29 Bourdon, Léonard 33, 37 Bourrouillou. Joseph 93. 94 Braun. Eva 101 - 104. 106. 110 Brébant. Madeleine 43. 45. 47. 48 Brézé. Pierre de 10 Briant (abbé) 78 Brière- Valigny. M. 81 Brouardel (professe ur) 87 Bruer. M. 47 Bruneau. Mathurin 60 Bureau. Jaspard 9
Bureau. Jean 9 Burgdrof. Wilhelm 103 Buronfosse. Henri 98. 99
c Cacheux. Pau l 152. 153. 157 Caron 41 Chambord. Henri d'Artois. comte de 61. 62 Chapman. Mark David 161-166. 168170 Charcot. Jean - Martin 87. 88 Charles VII 9 - 13. 16. 17 Charles X. comte d'Artois 54. 7 4. 7 5 Charlier. Philippe 14, 38 Chartier. Jean 12 Chaumette. Pierre Gaspard 54 Chopart. François 58 Christian. Gerda 102 Churchill, Winston 107 Claudin. Ferdinand 84 Clemenceau. Georges 86. 90 Clémentin. Charles 111 Clemmons. Jack 131. 132. 136 Clercq. Jacques du 16 Collot d'Herbois. Jean-Marie Collot dit 29, 55 Concini. Concino 27. 28 Condé. Henri de 21. 22 Cornette (commissaire) 94. 95 Cotton. père 27 Couriol. Étienne 43-48. 50. 51 Couthon. Georges 32 Couve de Murville. Maurice 147
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Dahmani. Eugène 143 Danton. Georges Jacques 36 Darc. Mireille 149 Daubenton Ouge) 44. 45, 48 Daudet. Léon 86 Dawes. Sophie, voir Feuchères. Sophie Dawes. baronne de 73. 82 Degrelle. Léon 107 Delahalle. Jules 92. 95. 99 Delluc. Fran çois 111. 112. 118
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Les morts mystérieuse s de !'Histoire
Delon. Alain 142-150 Delon. Nathalie 142. 144. 148-150 Deray. Jacques 144 Déroulède. Paul 98 Desault. Pierre-Joseph 58. 59 Deschanel. Pau l 90 Desessarts. Charles-Marie Michel dit 34, 35 DiM aggio. Joe 139 Dj ougachvili. Vassili 126 Doublet (docteur) 58 Dreyfus. Alfred 91. 94, 97. 98. 100 Dubosq. Jean-Guillaume 4 7-50 Ducros. abbé 157 Dunois. Jean de 9 . 10 Duplay. Françoise-Éléonore 55 Durand de Maillane. Pierre Toussaint 30 Durand. Pierre 152-154. 157
E Eichmann. Adolf 110 Eisenhower. Dwight 107 Élisabeth. Madame 53 Engelberg. Hyman 139 Épernon. Jean - Louis de Nogaret de La Valette. duc d' 19. 23 - 27 Escoman. Mademoiselle d' 27 Estrées. Gabrielle d' 19 Excoffon. M. 41. 42. 44. 48. 50. 51
F Fenoyl. marq uis de 53 Feuchères. Adrien Victor 7 4 Feuchères. Sophi e Dawes. baronne de 73-75. 78. 80-82 Fieschi. Théodore 111 Fieu zal (docteur) 84. 87. 88 Finielz (procureur) 156 Forshufvud. Sten 68 Fouchet. Paul 111 France. Anatole 97 Frichement. Georges 11 1 Fritzsche. Hans 107 Froesch. Philippe 38
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Galigaï, Leonora Dori dite 27 Gambetta. Léon 83-86. 88-90, 182 Garreau de la Méchenie, Louis du 111 Gates. Daryl F. 138 Gatounine, lieutenant 115 Gaube (docteur) 93 Gaulle. Charles de 114. 116. 147 Girard. Charles 96 Goebbels. Joseph 101 - 103, 105, 106 Goebbels. Magda 103, 104, 106 Gohier 44 Gohier Quge) 46 Gorbatchev. Mikhaïl 129 Gourgaud. Gaspard 65 Grandpré. abbé 49 Greenson. Ralph 131. 132. 134-138 Grégori. Louis 100 Grossetête. Madame 42. 44 Guénot. M. 44-47. 50 Guesde. Jules 91 Guillou. Jean 111 Günsche. Otto 104-106
lgnatiev, Semion 125. 126 Isabelle l'e de Lorraine 11 Isabey. Jean - Baptist e 68
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Haase. Werner 102. 103 Hamann. Joachim 105 Hanriot. général 29. 33. 56. 57 Haquin. Pierre 98 Harlay. Achille Ier de 25 Hébert. Jacques- René 36, 54. 56 Henckel. Esther Lachmann. dit e la Païva. comtesse de 89 Henckel von Donnersmarck. Guido 89 Henri. Émile 90 Henri IV 7. 19- 22, 25. 27. 28. 75. 180 Hersant. Robert 146 Hillebrand 147 Himmler. Heinrich 103. 153. 154 Hinrichsen. Sigurd 153 Hitler. Adolf 7. 101- 110. 153, 156. 183 Hoffman. officier 168 Hbgl. Peter 105. 106 Horvath 115 Huproye. Antoine Edme de la 81
J Jacques Cceur 12. 14 Jal (docteur) 59 Jeanne d'Arc 10. 13 Joukov. Georgi 107. 108 Junge. Traudl 102. 104
K Kaganovitch. Lazare 123, 124 Karnau. Martin 105 Keitel, Wilhelm 103 Kempka, Erich 104. 105. 107 Kennedy.Bob 135. 137-139 Kennedy, John F. 135. 137. 139 Ketelhut. Erwin 151. 155 - 157 Khrouchtchev. Nikita 121 . 123. 124, 127, 129 Kilian. Conrad 116. 117 Kopanlija 148 Krebs. Hans 103. 105. 106
L Laborde. Jean-Baptiste dit 41. 46-48, 50. 51 Lafleur, Vidal dit 47-50 La Force. Jacques Nompar de Caumont. duc de 23 Lajaunie. Jean-J acques 150 Lamarque. Jean-Maximilien 64 Lamotte. Eugèn e 111 Lannelong ue. Odilon 84- 88 Lasnier. Michel 30 La Trémoïlle. duc de 61 La Valette. Jean - Baptiste de Lavalette. comte de 57 Lavardin. Jean de Beaumanoir. marquis de 23 Lavaud, Eugénie 91, 92 Lawford. Peter 133. 137. 139 Le Bas. Philippe 31. 37 Leclerc. Philippe 111. 112. 114- 119. 183
Index des noms propres 1175
Lecomte 76. 78, 82 Legrand. Jérôme 32 Legrand. Joseph 46, 50 Lénine, Vladimir 123 Lennon.John 7. 161 - 166. 168- 171 , 186 Lennon. Julian 164 Lenormand (docteur) 93 Lenôtre, Théodore Gosselin dit 6 1 Léon dit le juif 146 Léon, Léonie 84-87, 89, 90 Lerebou rs 32 Lescot. Fleuriot 29. 31, 34 Lesurques. Joseph 44-51 Leuwers, Hervé 38 Liancourt. Roger du Plessis, duc de 23 Lindloff. Ewald 105, 106 Linge, Heinz 102, 104- 107 Liouvill e (docteur) 88 Loringhoven, Bernd Freytag von 103 Louis-Joseph de France 53 Louis Philippe d'Orléans 7 4, 75. 80, 82 Louis XI 10. 13, 14, 16 Louis XIII 28 Louis XVI 53, 54, 56. 58, 60, 61. 7 4, 75 Louis XVII 53, 54, 59. 61. 62. 181 Louis XVII I, comte de Provence 53, 7 4 Louvet. Jean-Baptiste 32 Lowe. Hudson 64, 66. 70 Lozgatchev. P. 124, 125
M Mac Mahon. Patrice de 86 Magitot (docteur) 60 Maignelais. Antoinette de 13. 15 Main (docte ur) 93 Malenkov. Gueorgi 123-126 Maleyssie, marquis de 62 Manoury 77 Manouvrier (docteur) 60 Manziarly. Constanze 103 Marcantoni. Charles 145 Marcantoni. François 143. 145-147. 149. 150 Marchand. Jean Gabriel 68 Marchiani. Jean-Charles 146 Marie-Am élie de Bourbon Siciles 7 4 Marie-Ant oinette 53. 54. 59-6 1
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Les morts mystérieuses de !'Hi stoire
Markovic, Alexandre 142, 145 Markovic, Stevan 141- 150. 185 McCartney, Paul 164 Médicis, Marie de 20-23. 27 Merda. Charles-André 33, 35, 36, 38, 39 Meyrand. Michel 111 Michelet. Jules 27 Milcent (docteur) 60 Milisevic, Uros 143, 148, 149 Milisevic, Zorica 143, 149 Miner. John 133, 135-137 Mirebeau, Jacques Chabot. marquis de 23 Miron de J'Espinay. Robert 111 Moch. Jules 114 Mohnke. Wilhelm 106 Molotov. Viatcheslav 126. 128 Monroe. Marilyn 13 1-135. 138. 139. 184 Montbazon. Hercu le de Rohan. duc de 23 . 24 Montholon. Albine de 68. 69 Montholon. Charles-Tristan de 64. 66, 68-71 Montholon. Napoléone de 69 Montmorency. Charlotte de 21. 22 . 26 Morin. M. 43 Murray. Eunice 132- 134. 136. 138 Mussolini. Benito 102
N Naundorff. Karl-Wilhelm 60. 61 Newcombe. Pat 133 Nixon. Richard 170 Noguchi. Thomas 132
0 O'Connor. Arthur 169 Ojardias. Genès 53 O'Meara. Barry Edward 66 Ono.Yoko 161. 163-165. 167. 170 Osmond. Adèle d' 62
p Pasquier, Étienne Denis 79 . 80 Patard Uug e) 143. 149. 150 Payan. Claude - François de 32, 56
Peiper. Joachim 7. 151 - 159. 186 Pelletan (docteur) 59 - 61 Perdomo. José 161. 163 Persil. Jean Charles 81 Petacci. Clara 102 Pilleboue. André 111 Poitevin. Robert 15. 16 Pompidou. Claude 14 7 Pompidou. Georges 14 7. 149. 150
Q Quénard. colonel 11 1. 112
R Ramad ier. Paul 114. 116 Rambaud. Madame de 53 Ravaillac. François 22-27 Reagan. Ronald 168 Redonnet (commissaire) 142. 150 Reisser. Hans 105 Richard (bijoutier) 43-45. 4 7. 48. 50 Richemont. baron de 60 Robespierre. Augustin 29. 31. 35. 37 Robespierre. Maximilien de 29-32. 3436. 38. 39. 55-57. 62. 180 Rochefort. Henri 86 Rohan. Jules Armand Louis de 81 Roquelaure. Antoine de 23 Roussi . Béroldi dit 47-50 Royale. Madame 53. 55. 60 Rozerot. Jeanne 93 Rühl. Philippe 29 Rumigny. Marie Théodore de 79. 80 Rybine. Alexandre 124. 125
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Saint-J ust. Louis Antoine de 31. 36. 56. 57 Saint- Pol. comte de 10 Samson. Jean 142. 150 Sanguinetti. Alexandre 147
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Santon. Madame 42. 44. 46 Schenck. Ernst-Günther 102 Schneider. Romy 144 Schuman. Robert 114. 116 Sénart. Gabriel-Jérôme 56 Shellenberg. Walther 107 Simon. Antoine 53 . 54. 57 Sorel. Agnès 9-17. 179 Staline. Joseph 105. 107. 121-129. 184 Stumpfegger. Ludwig 103. 106 Sullivan. capitaine 132 Sully. Maximilien de Béthunes. duc de 19. 23. 24
T Tchouïkov. Vassili 105 Teigen. Pierre- Henri 115 Thomassin 20. 22 Tourzel. Madame de 53 Trelat. Émile 87 Tussaud . Madame 38
V Valois. Marguerite de 20 Verneuil. Gaston de 24 Vibert. Charles 93. 94 Villegontier. comte de 82 Vorochilov. Kliment 124
w Weidl ing. Helmuth 103. 105 Weler. Gustav 108 Wermoutt. Otto 108 Wiesenthal . Simon 157 Wolfe. Don 134
z Zamet. Sébastien 19 Zola. Alexandrine 91-97 . 99 Zola. Émile 7. 91-100. 183
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SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES '
A propos de la mort d'Agnès Sorel journal d'un bourgeois de Paris, 1405-1449, publié d'après les
manuscrits de Rome et de Paris par Alexandre Tuetey, Paris, Honoré Champion, 1881. Michel Benoit et Jean-Claude Georges, Les mystères du Cher, Paris, Éditions de Borée, 2014. Georges Bordonove, Charles VII le Victorieux, Paris, Pygmalion, coll.« Les Rois qui ont fait la France », 1985. Jean des Cars, La véritable histoire des châteaux de la Loire, Paris, Plon, 2009. Philippe Charlier, « Qui a tué la Dame de Beauté ? Étude scientifique des restes d'Agnès Sorel (1422-1450) », Histoire des sciences médicales, tome XL, n° 3, 2006. (/)
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Jean Chartier et Auguste Vallet de Viriville, Chronique de Charles VIL roi de France, Paris, J annet, coll. « Bibliothèque elzévirienne», 1858 . Jean-François Dreux du Radier, Mémoires historiques, critiques et anecdotes des reines et régentes de France, vol. 3, Paris, Marne, 1827. Jean Godefroy, Mémoires de Marguerite de Valois, Liège, J.-F. Broncart, 1713.
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À propos de la mort de Léon Gambetta
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A propos de la mort d'Emile Zola Henri Guillemin, Zola, légende et vérité, Bats, Utovie, 1997. Henri Mitterand, Biographie d'Émile Zola, vol. III« L'Honneur 1893-1902 »,Paris, Fayard, 2002. Henri Mitterand, Zola, la vérité en marche, Paris, Gallimard, coll.« Découvertes», 1995.
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A propos de la mort d'Adolf Hitler Antony Beevor, La chute de Berlin, Paris, Éditions de Fallois, 2002. Joachim Fest, Les derniers jours d'Hitler, Paris, Perrin, 2002. Joachim Fest, Hitler. L e Führer, Paris, Gallimard, 1973. Traudl Junge, Dans la tanière du loup: les confessions de la secrétaire d'Hitler, Paris, J.-C. Lattès, 2005. (/)
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A propos de la mort du général Leclerc
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Collectif, Le Général Leclerc vu par ses compagnons de combat, Paris, Éditions Alsatia, 1948 (réédition Alsatia, 1952 et Émile-Paul, 1967).
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À propos de la mort de Joseph Staline Jean Elleinstein, Staline, Paris, Fayard, 1984. Louis Garros, « Vie privée de Staline », Historama, n ° 192 septembre 196 7. Patrick Girard, Sexe, mensonges et politiques, Paris, J.-C. Gawsewitch, 2011. François Kersaudy, Staline, Paris, Perrin, 2012. Sergo Lavrentievitch Beria, Beria, mon père. Au cœur du pouvoir stalinien, Paris, Plon, 1999. Lilly Marcou, Staline: Vie privée, Paris, Calmann-Lévy, 1996. Boris Souvarine, Sur Lénine, Trotski et Staline (1978- 1979), Éditions Allia, 1990.
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A propos de la mort de Marilyn Monroe
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Jay Margolis et Richard Buskin, L'assassinat de Marilyn Monroe, Paris, L'Archipel, 2015.
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William Reymond, Marilyn, le dernier secret, Flammarion, 2008.
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Anthony Summers, Les vies secrètes de Marilyn Monroe, Paris, Presses de la Renaissance, 1986 (nouvelle édition augmentée 1992).
À propos de la mort de Stevan Markovic Claude Piquant,« L'affaire Markovic, vous connaissez ? », Le Canard Enchaîné, 1973. «Une histoire pleine de trous», Le Canard Enchaîné, 1975. Michel Gaillard, « L'affaire Markovic, comment s'en débarrasser », Le Canard Enchaîné, 1975. Claude Clément, La vérité sur l'affaire Markovic, Fernand Lanore, 1976. Le Monde, 17 octobre 1968. Le Monde, 30 octobre 1968. Le Monde, 5 novembre 1968. Le Monde, 14 juin 1969. Le Monde, 30 septembre 1975. L'Aurore, 15 octobre 1968. (/)
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L'Aurore, 18 octobre 1968. L'Aurore, 30 octobre 1968. Le Figaro, 14 octobre 1968.
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Sources bibliographiques 1185
À propos de l'affaire Joachim Peiper Le Monde, 18 juillet 1946. Le Monde, 15 au 24 juillet 1976. Le Monde, 27 juillet 1976. Le Monde, 2 et 3 août 1976. Le Monde, 9 novembre 1976. Le Monde, 2 avril 1977. Le Monde, 30 mai 1977. Le Monde, 23 janvier 1979. Le Monde, 12 juin 1982.
Roger Martin, L'Ajfaire Peiper, Paris, Dagorno, 1994. Archives familiales de Pierre Durand.
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A propos de la mort de John Lennon « L'assassin de John Lennon restera en prison», Metro news, 2012. « L'assassin de Lennon veut sortir de prison »,Le Point, 21 août 2012.
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Pierre Merle, L'assassinat de John Lennon, Paris, Fleuve Noir, 1993.
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Les mort s mystérieuses de !'H istoire
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