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Les chocs pétroliers (1973-1979) MISE À JOUR LE 19 MAI 2022
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Fin des Trente Glorieuses, d’une croissance élevée et du plein-emploi, les chocs pétroliers des années 1970 mettent un terme à la reconstruction d’après-guerre et à l’essor des pays occidentaux. Éminemment politiques, ces crises rappellent les dangers de l’instabilité sur nos économies interdépendantes. En 1973, dans le contexte de la Guerre du Kippour, les pays exportateurs de pétrole diminuent leur production. C’est le début du premier choc pétrolier, un choc d’offre négatif, à l’origine d’une forte inflation et d’une hausse du chômage. Quelques années plus tard, en 1979, un deuxième choc pétrolier renforce ces effets et marque la fin définitive d’une croissance élevée de la production pour les pays occidentaux.
1973 : Le premier choc pétrolier La crise pétrolière de 1973 commence en réalité par une crise géopolitique lors de la Guerre du Kippour.
La guerre du Kippour comme déclencheur… Le 6 octobre 1973, la coalition des pays arabes menée par l’Égypte et la Syrie lance une offensive contre Israël. C’est le début de la Guerre du Kippour. Cependant, dès le 14 octobre, les États-Unis créent un pont aérien et livrent des armes à Israël. La coalition des pays arabes est repoussée et le cours de la guerre sur le terrain est inversé.
En réaction au soutien américain à Israël, les pays arabes membres de l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole), se réunissent le 16 et 17 octobre et décident d’une hausse de 70 % des prix du pétrole et d’une réduction progressive de 5 % par mois de la production. Le 20 octobre, l’Arabie saoudite proclame même un embargo sur les États-Unis. Il sera levé 5 mois après. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole voit le jour en 1960 à Bagdad. Elle est fondée par l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweït et le Venezuela et d’autres pays l’intègrent rapidement (Libye, Algérie, Émirats arabes unis, etc.). L’idée des pays membres est de se mettre d’accord sur la production et les prix du pétrole, mais aussi de réduire leurs dépendances aux compagnies pétrolières occidentales.
… d’ une crise économique En quelques mois seulement, le cours du pétrole quadruple. Le baril passe de 2,60 dollars en octobre 1973 à 11,65 dollars en janvier 1974. Or, en 1973, le pétrole représente à lui seul 46 % du mix énergétique mondial. Cette hausse des prix fragilise en particulier les économies des pays industrialisés très dépendantes du pétrole utilisé en tant que bien de consommation intermédiaire pour la production. On assiste à une période de stagflation, alliant une croissance faible à une forte hausse des prix.
1979 : Le deuxième choc pétrolier Si les conséquences économiques du deuxième choc pétrolier sont similaires à celles du premier, le contexte, lui, est très différent car cette fois, la hausse des prix n’est pas orchestrée par l’OPEP. En septembre 1978, le début de la révolution iranienne inquiète les marchés financiers. Le prix du baril de pétrole alors à 13 dollars passe à 35 dollars en mai 1979. La révolution iranienne démarre lors d’émeutes violemment réprimées par le pouvoir en place, le 8 septembre 1978, journée connue sous le nom de « Vendredi Noir ». De nombreuses protestations, manifestations et grèves s’en suivent en Iran jusqu’à la fuite du Shah (ancien chef d’état iranien) le 16 janvier 1979. Sans que le prix du pétrole ait vraiment le temps de redescendre, la guerre entre l’Iran et l’Irak éclate en septembre 1980. Elle signe l’arrêt des exportations iraniennes et le maintien des prix élevés sur le long terme.
Les conséquences à long terme des chocs pétroliers En France, et dans la plupart des pays occidentaux, les années 1970 marquent la fin des « Trente Glorieuses ». Si les crises pétrolières n’en sont pas l’unique facteur, elles servent du moins de catalyseur. Les Trente Glorieuses est le nom donné aux années de forte croissance et d’investissement que connaît la France entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le premier choc pétrolier. L’expression, qui fait référence à la révolution de juillet 1830 surnommée les Trois Glorieuses, est créée par l’économiste Jean Fourastié pour désigner la « révolution invisible » qui transforme la société française durant cette période. Avec l’augmentation des prix du pétrole, c’est l’ensemble de la production qui est bouleversée. Les entreprises pour lesquelles l’or noir représente un bien de consommation intermédiaire répercutent partiellement l’augmentation de leurs coûts de production sur leurs clients (entreprises et consommateurs). Il s’ensuit une diminution des profits et une accélération de la hausse des prix : le taux d’inflation annuel dépasse alors régulièrement les 10 %. Le choc pétrolier représente une ponction d’environ 3 % du produit intérieur brut (PIB) sur l’économie française : la production ralentit et le chômage augmente. La fin des Trente Glorieuses est scellée. La France passe d’une croissance moyenne de 5 % par an entre 1950 et 1973 à 2,1 % entre 1973 et 2000. Le taux de chômage qui s’établit quant à lui aux alentours de 1,8 % en moyenne sur la période 1950-1973, n’est jamais retombé sous les 7 % depuis 1983.
La hausse des prix du pétrole profite cependant à certains pays. C’est le cas de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis ou du Koweït qui utilisent cette manne financière pour développer leurs économies.
Enfin, les chocs pétroliers des années 1970 entraînent également la réduction de la dépendance énergétique des pays occidentaux vis-à-vis des membres de l’OPEP. En France, cela se traduit par l’accélération du programme nucléaire civil.