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Le théâtre du XIIe au XXIe siècle Qu’est-ce que le théâtre ? -
Genre littéraire qui s'oppose au roman et à la poésie. Met en scène une action représentée par des personnages qui parlent sur scène. (texte destiné à être mis en scène ou joué devant le public) Faite par des personnages en action et non par le moyen de la narration.
Intervenant du théâtre Le théâtre met donc en mouvement différents intervenants :
Le dramaturge, qui compose le texte de théâtre. Le metteur en scène, qui répartit les rôles, propose des solutions de représentation (décor visuel et parfois sonore, machinerie, placement, gestuelle et intonations des comédiens, choix des costumes, des accessoires, etc.). Le comédien, qui joue le rôle d'un personnage présent dans le texte. Les techniciens, qui réalisent tout ce qui n'est pas dit ou joué par les personnages (costumier, éclairagiste, machiniste, accessoiriste, musiciens, etc.). Le spectateur, qui assiste à la représentation et donne un sens à l'action qui se joue.
Types de théâtre : On distingue traditionnellement des sous-genres théâtraux, tels que la tragédie, la comédie, qui obéissent chacun à des règles particulières.
L'espace et le temps au théâtre a. Le lieu et le temps -
Temps de la représentation = durée des actions qui se déroulent sur la scène et qui correspondent au texte des répliques. Temps de l'histoire = temps de l'histoire vécue par les personnages. Espace dramatique = la scène du théâtre Espace scénique = lieux mentionnés par les personnages dans leurs répliques.
b. La règle des 3 unités Le théâtre classique a tenté de faire coïncider au maximum le temps de la représentation et le temps de l'histoire, l'espace scénique et l'espace dramatique. Il appliquait la règle des trois unités : -
unité de temps (vingt-quatre heures au maximum), unité de lieu (un seul endroit pour l'action) unité d'action (une seule intrigue)
Structure d’une pièce de théâtre Le texte théâtral est souvent très long. Il est divisé en plusieurs parties et sous-parties qu’on appelle « actes » et « scènes ». Scène : Change à l’entrée ou à la sortie d’un ou plusieurs personnages. L'action théâtrale L'action dramatique donne à voir au public le déroulement d'une intrigue qui se déroule en trois temps.
L'exposition : dans le premier acte, les personnages, en même temps qu'ils informent leurs interlocuteurs, éclairent le public sur tout ce qui est nécessaire à la compréhension de l'intrigue. Le nœud de l'action : c'est le moment où les personnages se trouvent confrontés au conflit exposé dans le premier acte, et où se déroulent péripéties et coups de théâtre. Le dénouement : heureux ou malheureux, le dénouement donne les renseignements nécessaires pour résoudre toutes les intrigues présentées dans la scène d'exposition.
Caractéristiques du genre théâtral : Le genre théâtral se caractérise avant tout par : Sa présentation : -
Paroles prononcées : sous forme de dialogue et composé de répliques : l’auteur uniquement à travers les paroles de ses personnages : Les noms des personnages : qui prennent la parole ou qui sont présents sur la scène Les didascalies : Indications scéniques. Qui se présentent comme des informations concernant les personnages, le lieu de la scène, le décor, les costumes, les gestes etc. (écrits en italique ou entre parenthèse)
La double énonciation : correspond à une énonciation s'adressant à deux destinataires distincts : un personnage, sur scène s'adresse à un autre personnage, et s'adresse également aux spectateurs. (3 types de récepteur) L’auteur veut faire passer un message au public par l'intermédiaire des acteurs.
Les modalités de la parole au théâtre : *Réplique = Paroles des personnages* Dialogue : discours (échange verbal) entre 2 ou plusieurs personnages. (alternance des répliques) Monologue : discours que se tient un personnage à lui-même. (Pour exprimer les sentiments)
Aparté : le personnage prononce des paroles que les autres ne sont pas censés entendre. Il expose ses pensées à voix haute. Tirade : longue réplique qui repose le plus souvent sur une succession de phrases complexes, de questions et d'arguments. Répartie : réplique très courte Stichomythies : très courtes répliques qui se font suite et s'enchaînent rapidement. Quiproquo : malentendu. Un personnage ou un objet est pris pour un autre / une phrase est mal interprétée.
Histoire du théâtre, de l’antiquité à nos jours Le théâtre antique Les premières formes de théâtre sont essentiellement des tragédies. Cette forme de théâtre est la représentation symbolique d'un sacrifice. Dans la Grèce antique, les célébrations religieuses étaient l'occasion pour les dramaturges de s'affronter en proposant différentes représentations d'un mythe ou d'un sujet donné. La compétition consistait souvent à présenter quatre pièces (trois tragédies et un drame satyrique). EXEMPLE
Eschyle propose L'Orestie en 458 avant Jésus-Christ. Les tragédies étaient l'occasion de débattre sur des sujets politiques. EXEMPLE
Antigone de Sophocle pose la question de la primauté des lois des hommes sur les lois divines. C'est également à cette époque que remontent les premières théories sur le théâtre. Le théâtre est l'imitation d'une action sérieuse et complète, elle a une juste grandeur, son langage est agréable [...]. Les événements y sont joués par des personnages et non racontés dans un récit ; enfin, elle provoque la pitié et la crainte, par-là, elle effectue une véritable purgation de ces deux sortes de sentiments. –Aristote Le théâtre au Moyen-Âge
Le théâtre baroque Après un Moyen Âge confus, le théâtre reprend une dimension littéraire à la fin du XVIe siècle. Plusieurs dramaturges composent des textes tragiques aux récits complexes et contemporains. À cette période fleurit le théâtre baroque. Ce genre protéiforme se caractérise par : Les thèmes du changement, de l'illusion, de l'inconstance et de la mort Une certaine démesure dans la représentation Ce genre désigne souvent le théâtre comme représentation du monde et, à l'inverse, le monde comme une immense pièce de théâtre.
EXEMPLE Dans L'Illusion comique, joué en 1635, Pierre Corneille représente une illusion, celle de la représentation théâtrale. Une troupe de comédiens joue une pièce devant le père de l'un d'entre eux, sans que le père ne comprenne qu'il ne s'agit pas de la réalité. En effet, l'un des comédiens s'est fait passer pour un magicien aux pouvoirs capables de montrer ce qu'il advient en d'autres temps et d'autres lieux. Cette pièce met donc en scène la notion complexe de théâtre dans le théâtre. Le théâtre classique Mais peu à peu, des hommes de lettres définissent des usages à respecter. Le théâtre baroque laisse alors la place au théâtre classique, régi par les règles énoncées par l'abbé d'Aubignac. C'est le cardinal Richelieu qui lui demande de rédiger les règles suivantes, par souci de respecter la morale :
Règle de vraisemblance : l'histoire doit être crédible. Règle des trois unités : temps, lieu, action. Règle de bienséance : l'histoire ne doit pas choquer le public et les mœurs de l'époque.
Le drame bourgeois Le XVIIIe siècle connaît une continuation des genres de la comédie et de la tragédie : Voltaire a écrit de nombreuses tragédies, aujourd'hui méconnues. Marivaux explore les méandres de la confrontation amoureuse (ce qu'on nomme le marivaudage en hommage à ses pièces). Beaumarchais propose des pièces plus engagées qui sont des réflexions sur des phénomènes de société, comme les rapports maître/valet ou la condition féminine. Mais ce siècle connaît également la naissance d'un nouveau genre, celui du drame bourgeois. Dans ces pièces, la primauté est accordée à la représentation des sentiments humains :
La pièce met en scène une famille bourgeoise (d'où le nom de ce genre). Le refus de la vraisemblance : seul compte le fait de représenter des personnages semblables au naturel des spectateurs, quitte à ne pas respecter les unités. Les thèmes mis en œuvre sont ceux qui préoccupent les spectateurs du XVIIIe siècle. La pièce se reconnaît à l'exagération et à l'expansion des sentiments humains. Le cadre spatio-temporel propose une reconstitution de la réalité de manière idéalisée. Ce cadre est souvent familial et quotidien. Les didascalies sont importantes. On a recours à la pantomime.
Le drame romantique Au XIXe siècle, de jeunes auteurs remettent en question les usages classiques. Ce sont les romantiques. Sous l'influence d'abord de Victor Hugo, puis d'Alfred de Musset, toutes les règles sont détournées. EXEMPLE Dans Lorenzaccio d'Alfred de Musset, toutes les scènes n'ont pas lieu au même endroit. On passe des rues de Florence à la cour du duc en quelques secondes. De même, Lorenzo tue le duc sur scène, violant ainsi la règle de la bienséance. Cette transformation des usages dans l'écriture théâtrale se fait dans un climat hostile. Les romantiques se confrontent aux défenseurs de la tradition classique. Cet affrontement en arrive même jusqu'aux mains lors de la seconde représentation d'Hernani de Victor Hugo le 25 février 1830. Le drame romantique se reconnaît à :
Son mépris des unités classiques et de la bienséance Des sujets historiques Des reconstitutions de la réalité, mais d'une réalité qui n'est pas idéalisée (au contraire du drame bourgeois). Un héros exalté et autodidacte Des tableaux en début d'acte, qui mettent en place la représentation du réel.
Les comédies de boulevard La fin du siècle connaît également la multiplication des troupes privées. Le théâtre se répand un peu partout en France et en particulier dans la capitale. On ouvre de grands théâtres privés sur les boulevards parisiens. Ceux-ci proposent des pièces comiques aux mœurs légères : c'est le théâtre de boulevard. EXEMPLE Dans La Dame de chez Maxim de Georges Feydeau, le docteur Petypon est contraint de faire passer une jeune danseuse du Moulin-Rouge, la môme Crevette, pour sa femme. Petypon se voit obligé de l'emmener dans le grand monde, où la môme Crevette dénote par son parler et par ses gestes. À la fin du XIXe siècle, le drame romantique s'essouffle. Un dernier coup d'éclat est réalisé par Edmond Rostand en 1898 lorsqu'il présente Cyrano de Bergerac. De même, la comédie de boulevard se fait redondante. Le public s'ennuie. Le théâtre de la cruauté Dès le début du XXe siècle, le théâtre français est donc en crise. L'apparition du cinéma, qui permet une représentation très réaliste, pousse les auteurs de théâtre à s'interroger sur la définition du genre. Par ailleurs, l'horreur de la Première Guerre mondiale laisse la trace d'un traumatisme. Les auteurs ressentent davantage l'horreur et la cruauté dont l'humanité peut être l'origine. Dans son Théâtre de la cruauté, Antonin Artaud propose une nouvelle vision du genre. Selon lui, le théâtre doit revenir à ses sources sacrificielles. Le personnage de théâtre représente le destin tragique de l'Homme, qui subit le monde qui l'entoure. "Théâtre de la cruauté" veut dire théâtre difficile et cruel d'abord pour moi-même. Et, sur le plan de la représentation, il ne s'agit pas de cette cruauté que nous pouvons exercer les uns contre les autres en nous dépeçant mutuellement les corps (…) mais de celle, beaucoup plus terrible et nécessaire, que les choses peuvent exercer contre nous. Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. -Antonin Artaud Cette conception du théâtre influence beaucoup d'auteurs de la seconde partie du XXe siècle, comme Jean Genet et Eugène Ionesco, mais aussi des metteurs en scène comme Roger Planchon. Le théâtre de l'absurde Le théâtre de l'absurde naît juste avant la Seconde Guerre mondiale. EXEMPLE Dans Caligula, publié en 1944 mais commencé en 1938, Albert Camus développe sa philosophie de l'absurde. Le personnage éponyme réapparaît après une absence de plusieurs jours, suite au décès de sa sœur et amante, Drusilla. Il confie alors son désenchantement, son horreur du monde qui l'entoure, ainsi que son désir d'impossible. Après la Seconde Guerre mondiale, le théâtre de l'absurde pousse davantage ses recherches. La définition traditionnelle du théâtre est remise en question : Certains auteurs comme Eugène Ionesco proposent un langage creux, vidé de sa substance. D'autres, comme Samuel Beckett, représentent des pièces sans récit, où se succèdent des situations improbables et sans cohérence. Tous, d'une manière ou d'une autre, représentent un monde hostile dans lequel le personnage n'a plus vraiment de substance. EXEMPLE Dans La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco, les personnages parlent mais ne communiquent plus vraiment. Les répétitions sont nombreuses et les phrases-types remplissent l'espace verbal.