Le Symbole, Sa Vie, Son Oeuvre [PDF]

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Zitiervorschau

Vénérable Maître je vous ai proposé de parler du Symbolisme des Outils. LE SYMBOLE, SA VIE SON ŒUVRE … Ou, les équivoques du symbole : peut-il y avoir durablement sens à utiliser des objets symboliques qui sont en tout ou partie obsolète dans le monde profane. Est-ce qu’il y a un sens à être maçon spéculatif quand « maçon » vient du Grec « Makon » qui veut dire « faire » et que spéculatif fait abstraction de la pratique. Il y a donc à s’interroger sur les termes eux-mêmes, plutôt que sur leur signification. Demandons-nous à quoi appliquer ces concepts, puisque indubitablement, ils sont les matériaux et les outils avec lesquels nous bâtissons le temple. Puisque nous travaillons ces objets dans leur forme symbolique, attachons-nous à comprendre leurs symbolismes. Je citerais pour débuter une phrase d’Ernest CASSIRER, philosophe Allemand (1874-1945). Précurseur de l’herméneutique contemporaine. Voici ce qu’il écrit : « Sans le symbolisme, la vie de l’homme serait semblable à celle du prisonnier de la caverne de Platon. Elle serait limitée (cette vie) aux besoins biologiques et aux intérêts pratiques. Elle n’aurait nul accès au monde idéal que par des voies différentes, telles que la Religion, l’Art, la Philosophie et la science qui s’ouvre à l’homme ». ALORS, QU’EST-CE QU’UN SYMBOLE ? Selon le dictionnaire Larousse, c’est un nom masculin qui vient du Grec sulbolon, « signe ». « Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l’image ». Aujourd’hui, toutes les couches de la société utilisent des symboles. L’on peut même affirmer que, sans eux notre vie serait réglée autrement, voire même déréglée. Le symbole est un moyen et un outil de communication. Le langage humain, la conscience humaine et souvent même, l’activité elle-même, ne sont pas seulement thématiques, mais surtout symboliques. La pensé symbolique peut apparaître et apparaît même comme le signe de l’homme et l’expression de l’esprit humain lui-même. Le symbolisme permet à l’homme d’atteindre un niveau accessible à la raison. Il offre un double enseignement, celui d’indiquer le sens d’une réalité et d’indiquer une voie pour y parvenir. Ce symbolisme, tant attaché aux institutions maçonniques, représente tout un univers. LES SYBOLES ET LE TRAVAIL MACONNIQUE Les premiers Francs-Maçons, héritiers de la symbolique templière, usaient de symboles afin de se faire comprendre par leurs semblables sans prendre de risques. 1

Qu’ils fussent des symboles ou tout simplement des pratiques, les uns et les autres transmettaient des messages. Les deux outils primordiaux qui permettent la construction sont pour l’architecture romaine du 1er siècle, l’équerre et le compas. En Maçonnerie, ces instruments constituent deux des trois « lumières » fondamentales de la Loge. Remarquons cependant, que dans la mythologie chinoise, à l’origine de toutes choses, les deux Augustes primordiaux, Fou-Hi et sa padère Niu-Koua brandissent réciproquement l’équerre et le compas. Si le compas est l’outil du « Grand Architecte du l’Univers », l’équerre est le bijou du Vénérable Maître de la Loge. Les deux officiers les plus importants après le Vénérable Maître sont qualifiés par le « niveau » et la « perpendiculaire ». Là encore, entre la verticale du fil à plomb et l’horizontale du niveau, nous avons un symbolisme complémentaire. C’est donc à la construction du Temple en Maçonnerie que sert la panoplie d’outils opératifs. Il faut encore y adjoindre l’outil important : le maillet. Sans faire appel de façon incongrue comme le fait Jules Boucher au dieu celtique Sucellos, « Dieu au marteau », et Oswald Wirth au dieu germanique du tonnerre « Donar », disons que le Maillet est emblème de pouvoir : il sert à interrompre, à alerter. C’est bien ainsi que s’en sert le Vénérable Maître et ces deux officiers, qui seuls portent le « maillet » en Loge. Le maillet dans son rôle opératif, sert à « dégrossir » la pierre brute à « l’équarrir » en pierre cubique lors du cheminement initiatique. Le maillet emblématise le travail auquel le Maçon devra se conformer. Après avoir passé rapidement en revue les outils du travailleur Maçon, constructeur du Temple, il faut insister sur deux points importants : Premièrement ce Temple que le Maçon entreprend de construire n’est que symbolique. Pour l’instant, il ne s’agit que d’une opération purement intérieure « spirituelle ». Deuxièmement, c’est bien le « travail » - c’est-à-dire l’effort constructif – qui est prôné comme la « vertu » décisive sous le signe de la Justice. La Franc-Maçonnerie est donc un chantier aux dimensions infinies, de caractère spirituel et social à la fois microcosme et macrocosme. Nous venons rapidement de parcourir ce riche ensemble symbolique qu’est la Maçonnerie. Celle-ci constitue un ensemble cohérant qui se suffit à elle-même. Comment allons-nous traduire ces objets, qui nous sont pourtant si familier en Loge, sommes-nous certains d’utiliser ces éléments dans la vie de tous les jours ? Pour répondre à ces questions, je vais essayer maintenant de traduire la vie profane du Franc-Maçon par la symbolique des emblèmes, meubles, bijoux et ornement figurant dans le Temple ou décrit dans le Tableau de Loge. A l’Orient, accroché au mur, nous apercevons un triangle équilatéral irradiant des rayons lumineux, à droite et à gauche, le Soleil et la Lune. On peut penser que cette Lumière qui émane du Triangle, ne saurait se confondre avec celle du soleil et de la lune. Ces dernières sont de l’ordre de la nature alors que la Lumière qui émane du Triangle, est de l’ordre de l’Esprit. Il ne s’agit pas d’une lumière naturelle, comme celle du soleil et de la lune, mais d’une Lumière spirituelle, « celle de l’Esprit et du Cœur ».

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C’est donc par cette Lumière spirituelle que l’initié doit opérer en lui-même, cette conversion de son regard à la Lumière, une mutation, une transformation, une transfiguration de sa pensé, de son existence, et de sa vie. Je ne parlerais pas du Soleil et de la Lune, qui ne sont que des emblèmes et non des symboles. Dans le Tableau, nous trouvons l’Equerre, la perpendiculaire et le Niveau ce qui constitue un triangle, entourant l’Etoile à cinq branches avec en son centre la lettre G. L’Equerre, du latin « exquadrare », rendre carré, sert à contrôler la justesse du travail. La perpendiculaire permet de vérifier le travail effectué. Le Niveau s’exprime dans le plan matériel, terrestre accomplissement potentiel dans le monde. Cette relation avec le delta lumineux nous suggère que le Franc-Maçon ne peut créer et bâtir que s’il sait comme le Grand Architecte, utiliser ces emblèmes, et s’il les utilise en fonction de la Loi morale, présente à la conscience de l’homme, ordonné à une Vérité à découvrir, un Bien à réaliser et une Beauté à conquérir. En continuant notre observation, nous trouvons à gauche et à droite la Pierre Brute et la Pierre Taillée. C’est certainement ce que nous appliquons le plus facilement dans la vie profane. Nous nous le rappelons bien souvent. Qui n’a pas entendu ou exprimé, qu’il taillait sa propre pierre pour s’insérer dans le Temple Maçonnique ? En fait si on assimile l’homme lui-même à un ensemble sans ordre ni mesure, à l’état nature, il doit par sa réflexion et par son travail apprendre à se discipliner, à mettre un certain ordre en lui-même « en maitrisant ses passions et soumettant sa volonté ». Ainsi, cet ordre et cette lumière nous permettent, dans notre vie de tous les jours, d’entrevoir un sens une signification à notre existence. Alors comment nous servons-nous des objets tels que le maillet, le fil à plomb, le niveau et la planche à tracer. La planche à tracer est là pour suggérer au Franc-Maçon qu’avant de s’engager dans une action, avant de réaliser une œuvre, il faut la penser, il faut tracer les plans de la construction avant de passer à la construction elle-même. Comme, le maillet est considéré comme le symbole de l’intelligence qui guide la main. Il est aussi la force contrôlée, la force tranquille. Ainsi, le niveau sert à vérifier les horizontales et le fil à plomb les verticales, qui sont indispensables à toutes constructions. On peut s’arrêter un instant sur le fil à plomb qui utilise deux forces opposées pour marquer la verticale. De même les poids des rites, des traditions et autres héritages, sont les justes contre balancements qui nous permettent d’équilibrer une recherche qui, sans cela, se perdrait dans le néant et l’infini. Sans cette force dynamique de haut en bas ou de bas en haut qui les tire, elles se figeraient dans un immobilisme stérile. Faut-il nous rappeler, une fois encore, qu’il ne saurait y avoir de vie collective sans l’observation de règles, de normes. Dès que les règles et les normes ne sont pas respectées, le désordre s’instaure dans l’âme et dans la vie des individus comme dans « l’âme et la vie des sociétés », entraînant celles-ci et celui-là à la dégénérescence et à la mort. Nous prenons des engagements que nous devrons tenir, aussi bien en Maçonnerie que dans la vie profane. 3

Spinoza a écrit dans le traité Théologico-Politique : « l’Etat ne peut subsister que par les lois auxquelles chacun est tenu d’obéir. Si tous les membres d’une Société veulent donner congé aux lois, par cela même, ils détruiraient l’Etat et la Cité ». La liberté individuelle de chaque individu ne consiste pas à obéir à ses instincts et à ses passions, mais à se soumettre à la raison. Contrairement à ceux que beaucoup pensent, la loi ne s’oppose pas à la liberté mais au contraire elle est une condition de cette liberté. Je conclurais par la Pavé mosaïque qui décore aujourd’hui nos Temples. Je dirais qu’il symbolise la vie profane (le mot profane est tiré du mot latin profanum, qui signifie devant le Temple) donc en dehors du Temple. N’est-il pas alors l’image de toute existence humaine qui se déroule dans le monde du « mélange » ? Comme centre architectural de Loge, le Pavé mosaïque marque la sacralisation de l’espace et du temps. Il est proprement l’espace sacré cerné par les trois flambeaux. D’aucuns voient dans ce quadrillages comme dans les couleurs blanche et noire la mémoire des planches à tracer des bâtisseurs de cathédrales, inscrites à la craie blanche sur un lit de charbon. Le Pavé mosaïque serait pour Rangon l’emblème de la vérité, du sol terrestre, formé de pierres blanches et noires unies par un même ciment symbolisant l’union de tous les Maçons du globe. Souvent cette image n’est-elle pas partagée entre la Lumière et les Ténèbres, la Vérité et l’Erreur, la Connaissance et l’Ignorance, le Bien et le Mal, et encore le Corps et l’Esprit, le Spirituel et le Matériel. Le profane suit la voie large, la voie exotérique, il passe alternativement de blanc au noir et inversement, il est toujours entouré d’une couleur opposé. Au contraire l’Initié, suit la voie ésotérique, la voie étroite, plus fine, qui passe entre les blancs et les noirs. Ce « Pavé mosaïque » pourrait signifier, la dualité et toutes les contradictions de la vie humaine, la déchirure de l’homme lui-même, situé entre réalité du monde et l’idéal auquel il aspire, vivant dans la nuit et en quête de « Lumière », prisonnier de son angoisse existentielle et aspirant à l’équilibre et à l’harmonie. Comme la pierre brute que travaille le maçon, l’homme ne peut pas sérieusement et utilement penser sans objets, sans tenir compte de cette résistance que lui offre une matière. Le paysan, l’artisan, l’homme public, tout homme qui veut réaliser une œuvre et accomplir une tache, doit encore prendre en compte la réalité même, celle des choses et celle de l’homme lui-même. Ainsi mes Frères, les Francs-Maçons que nous sommes, devrons apprendre à travailler, à agir, à bâtir avec nos « Outils », symboliques notre Temple, selon les règles de la Sagesse, de la Force et de la Beauté ; tout chantier où concourent les êtres libres pour le bien de l’humanité.

J’ai dit Vénérable Maître

8 Avril 2015 4