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Olivier Manitara
Le Sacerdoce Magique des élus-cohen contenant la Notice historique sur le martinisme de jean bricaud
Fondation Essénia
ISBN : 978-2-923947-77-8 Canada : Aout 2012 © Copyright Olivier Manitara 2012. Tous droits réservés pour le monde (textes, dessins, schémas, logos, mise en page, concept). Fondation Essénia 345, chemin Brochu Cookshire-Eaton (Québec), J0B 1M0 Canada Editions@fondationessénia.org Réalisé par l’ordre des hiérogrammates.
Tous droits réservés. La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, photographie, photocopie, microfilm, bande magnétique, disque ou autre sans le consentement de l’auteur et de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Dédicace Je dédie cet essai à tous mes frères et à toutes mes sœurs, à tous mes amis connus et inconnus qui en dehors de toutes les limitations, possèdent par la grâce divine, la claire vision et la claire action du sacerdoce magique, du christianisme initiatique. Qu’ils continuent à être les initiés silencieux, les bienfaiteurs de l’humanité qui contribuent, sans en avoir l’air, à la venue du royaume de Dieu sur la terre, à l’avènement du Christ dans les nuées. Olivier Manitara
Souvenir
à
Jean Bricaud
L
e Haut Synode de l’Église Catholique Gnostique, L’Ordre de la Rose+Croix kabalistique et gnostique, Le Suprême Conseil Universel de l’Ordre Martiniste, Le Souverain Sanctuaire du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm, Le Comité directeur de la Société Occultiste Internationale,
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S ouvenir
à
J ean B r i c a u d
S’inclinent sur la tombe de Jean II Bricaud rappelé au sein de l’éternel Plérome le 21 février 1934. Il fut Patriarche Gnostique Universel de 1908 à 1934, Recteur de la Rose+Croix, Grand Maître de l’Ordre Martiniste, Grand Hiérophante pour la France du Rite de Memphis-Misraïm et Président de la Société Occultiste Internationale de 1918 à 1934. Diebus vitæ mortalis suœ Verbi Lucis servus, Nunc consummatus est in unitate Dei Patris et in Paracleti charitate
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Note
de l’éditeur
A
vertissement La première édition de cette notice, due à la plume de J. Bricaud, Grand Maître de l’Ordre, parut en 1928. Elle est complètement épuisée. Pour satisfaire aux demandes des adeptes et de certains groupes spiritualistes affiliés, nous la réimprimons aujourd’hui sous sa forme originelle. Nous y ajouterons simplement, en un bref résumé : Le rôle personnel de J. Bricaud passé à l’histoire depuis sa mort, survenue au mois de février de cette année 1934 ;
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N ote
de l ’ édi t e u r
Des notes doctrinales qui préciseront l’enseignement intérieur de l’Ordre, adapté aux exigences de l’esprit scientifique actuel, mais légué dans sa substance primitive par Martinez, Willermoz et Saint-Martin. Ces notes, s’adressant « à tous », ne sont qu’un schéma exclusif de toute détermination particulière. La continuation de son œuvre, la chaîne martiniste totalement ressoudée, réjouiront, sans aucun doute, l’esprit du Maître trop tôt disparu.
Le sacerdoce magique, c’est la Grande Affaire du christianisme initiatique et ce livre en révèle pour la première fois le secret, d’une façon claire et pratique. Pour résumer ce titre d’une importance capitale en l’histoire du Martinisme et surtout du christianisme initiatique, nous dirons qu’il révèle d’une façon admirable ce qui, avant, était caché. C’est un livre qui fait naître la lumière sur plusieurs sujets. De plus, il contient la notice historique sur le Martinisme de Bricaud, nouvelle édition considérablement augmentée d’un appendice sur le rôle personnel de Jean Bricaud et de notes doctrinales par Constant Chevillon ainsi que de divers documents dont : « Le protocole d’unification des Ordres Martinistes » qui traite entre autre du Martinisme, de la Rose+Croix d’Orient, de la Loge Melchitsédek, de l’Ordre kabalistique de la Rose-Croix, de l’Église Gnostique, etc.
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« Le rituel martiniste opératif et général » contenant la cérémonie des poignards. « Une invocation dite des Maîtres-Cohens, suivie d’une conjuration aux Anges » extraite du rituel opératoire de l’école théurgique de Martines de Pasqually. « Un discours initiatique pour une réception martiniste (tenue du troisième degré) » par Stanislas de Guaïta. « Le rituel des assemblées de l’Ordre kabalistique de la Rose+Croix » etc.
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Notice
historique sur le
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C
J e a n B r i cau d
omplétée d’un appendice sur le rôle personnel de Jean Bricaud et de notes doctrinales par C. C. De tous les Ordres de Maçonnerie illuministe éclos en France dans le courant du XVIIIème siècle, aucun n’eut une influence comparable à celui qui est entré dans l’histoire sous le nom de Martinisme. Son apparition coïncide avec celle d’un personnage étrange qui s’appelait Joachim Martinez Pasqualis. À l’heure actuelle encore, les uns le disent de race orientale, les autres, juif portugais. En réalité, Martinez ne fut
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ni l’un ni l’autre. Sa famille était originaire d’Alicante, en Espagne, où son père naquit en 1671, comme il en résulte de sa patente maçonnique transmise par son fils, le 26 mars 1763, à la Grande Loge de France. D’après le même document, Joachim Martinez Pasqualis était né, lui-même, à Grenoble, en 1710. De plus, en 1769, lors d’un procès avec un certain du Guers, il prouva sa catholicité, il n’était donc pas juif. Martinez Pasqualis, qui signait également Don Martinez de Pasqually, passa sa vie à enseigner dans les loges, sous forme de rite maçonnique supérieur, un système religieux auquel il donnait le nom de Rite des Élus Cohens, c’est-à-dire des Prêtres Élus (Cohen, en Hébreu, signifie prêtre). Seuls les maçons possédant les grades d’Élus pouvaient entrer dans le rite des Élus Cohens. Martinez parcourut mystérieusement une partie de la France, le Sud-Est et le Midi principalement. Il sortait d’une ville sans dire où il allait, il arrivait sans laisser entrevoir d’où il venait. Propageant sa doctrine, il recueillit des adhérents dans les loges de Marseille, Avignon, Montpellier, Narbonne, Foix et Toulouse. Il s’établit enfin à Bordeaux, en 1762, et là, il épousa la nièce d’un ancien major du régiment de Foix. À Bordeaux, Martinez s’affilia à la loge « La Française », la seule des quatre loges symboliques alors en activité dans la ville. Il s’efforça de ranimer le zèle des maçons bordelais et, après s’être assuré le concours de plusieurs d’entre eux, il écrivit, le 26 mars 1763, à la Grande Loge de France : « J’ai élevé à Bordeaux un
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temple à la gloire du Grand Architecte, renfermant les cinq Ordres parfaits dont je suis le dépositaire sous la constitution de Charles Stuart, roi d’Écosse, d’Irlande et d’Angleterre, Gr. ∴ Mait. ∴ de toutes les loges régulières répandues sur la surface de la terre, aujourd’hui sous la protection de Georges-Guillaume, roi de GrandeBretagne, et sous le titre de grande loge « La Perfection élue et écossaise ». En même temps, il adressait à la grande loge une copie de « la Patente » en anglais délivrée le 20 mai 1738, par le Grand Maître de la Loge de Stuart, à son père Don Martinez Pasqualis, écuyer, avec pouvoir de la transmettre à son fils aîné Joachim Don Martinez Pasqualis pour constituer et diriger comme G∴ M∴ de Loge des Temples à la gloire du Gr∴ Arch∴ Après un échange de plusieurs lettres, la Grande Loge de France finit par délivrer à Martinez une bulle l’autorisant à donner une constitution à sa loge sous le titre de « Française élue écossaise », nom sous lequel elle fut inscrite sur les tableaux de la grande loge, le 1er février 1765. Cette même année, il partit pour Paris et se mit en rapport avec plusieurs maçons éminents : les frères Bacon de la Chevalerie, de Lusignan, de Loos, de Grainville, Willermoz et quelques autres auxquels il donna ses premières instructions. Avec leur concours, le 21 mars 1767, il posa les bases de son Tribunal Souverain de Paris, après avoir nommé Bacon de la Chevalerie comme son substitut.
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En 1770, le rite des Élus Cohens avait des temples à Bordeaux, Montpellier, Avignon, Foix, Libourne, La Rochelle, Versailles, Metz et Paris. Un autre allait s’ouvrir à Lyon, grâce à l’activité du frère Willermoz, qui devait être le centre le plus actif du rite de Martinez.
∴
Le rite des Élus Cohens était composé de neuf degrés, répartis en trois classes : Première classe : Apprenti, Compagnon, Maître, Grand Élu et Apprenti Cohen ; Deuxième classe : Compagnon Cohen, Maître Cohen, Grand Architecte, Chevalier Grand-Commandeur ou Grand Élu de Zorobabel ; Enfin, la troisième classe, secrète, réservée aux Réaux-Croix, sorte de classe supérieure de Rose-Croix. Bien qu’il n’ait pas donné en formules écrites un exposé complet de son enseignement, on peut néanmoins, grâce au texte incomplet de son « Traité de la Réintégration des Êtres », aux comptes rendus des travaux et à l’étude des séances des adeptes, se rendre compte du but poursuivi par Martinez et des moyens employés par lui. Comme beaucoup de ses contemporains, effrayé par le matérialisme des philosophes, Martinez s’efforça de réagir contre cette tendance des esprits. Aux défenseurs de la matière, il opposa une idéalisation de la vie, une transformation du moral aux dépens des appétits
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physiques. Selon lui, il y a, dans tout être humain, un côté divin qui sommeille et qu’il faut réveiller. On peut le développer au point de le dégager presque entièrement de la matière. Dans cet état, l’homme acquiert des pouvoirs qui lui permettent « d’entrer en relation avec les êtres invisibles, ceux que les églises appellent les Anges et de parvenir ainsi, non seulement à la réintégration personnelle de l’opérateur, mais encore à celle de tous les disciples de bonne volonté ». Métamorphoser l’homme ainsi, c’était le régénérer, le réintégrer peu à peu dans son état primitif ; c’était lui permettre de réaliser cet état parfait auquel doivent tendre tout individu et toute société, car l’illuminisme martiniste comportait une action sociale collective. Mais ce n’est pas immédiatement que l’on peut arriver à cet état de perfection. Trop d’erreurs se sont accumulées depuis des siècles, trop de préjugés pèsent sur l’humanité. Il faut laisser la lumière se répandre peu à peu, sinon elle serait trop éblouissante, elle aveuglerait au lieu d’éclairer. C’est pourquoi Martinez distribuait son enseignement par petites doses et par degré. Il voulait que les adeptes, ceux du moins appelés à pénétrer les plus hauts arcanes de la doctrine initiatique, se livrassent à l’étude des secrets de la nature, des sciences occultes, de la haute
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chimie, de la magie, de la Kabale1 et de la Gnose, pour arriver insensiblement à l’illumination et la perfection. Cette doctrine eut un succès éclatant et le Grand Orient devait reconnaître, plus tard, qu’elle avait su, de tous les rites mystiques, recueillir le plus d’adhérents et conserver avec le plus de soin le secret de ses mystérieux travaux. Au mois de mai 1772, Martinez s’embarque à Bordeaux pour Saint-Domingue ; il devait y recueillir une succession. Il mourut à Port-au-Prince, le 20 septembre 1774. Il laissait un fils qui faisait ses études au collège de Lescar, près de Pau. Avant de mourir, il désigna pour son successeur, son cousin, Armand Caignet de Lestère, commissaire général de la Marine à Port-au-Prince.
∴
Parmi les disciples de Martinez, un grand nombre parvint à la célébrité. Citons : le baron d’Holbach, auteur du Système de la Nature ; l’hébraïsant et kabaliste Duchanteau, l’inventeur du Calendrier magique, qui mourut des suites d’une bizarre expérience d’alchimie faite dans la loge des « Amis Réunis » de Paris ; Jacques Cazotte, le célèbre auteur du Diable Amoureux ; Bacon
1 - Kabale (kabaliste) : La graphie avec un seul « b » met davantage en évidence l’étymologie du mot. Voir le livre « Divine KaBaLa », paru chez Guy Trédaniel Éditeur.
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de la Chevalerie ; Willermoz, qui joua un rôle important dans la Maçonnerie, et enfin, le fameux Philosophe Inconnu Claude de Saint-Martin. Saint-Martin servait comme lieutenant au régiment de Foix, lorsqu’il entendit parler de Martinez Pasqualis et de son rite des Élus Cohens. Après avoir donné sa démission, il vint à Bordeaux où il fut initié aux grades des Cohens par le frère de Balzac. Pendant trois ans, il fut le secrétaire de Martinez et entra ainsi en correspondance avec les principaux adeptes. Il se hissa bientôt au premier plan, car ses fortes études le mettaient à même de pénétrer très avant dans les profondeurs de l’illuminisme martiniste. Il fit de fréquents voyages à Lyon, devenu centre influent du rite. C’est à Lyon qu’il rédigea le livre « Des Erreurs et de la Vérité », dont la répercussion fut si grande sur les idées maçonniques à la fin du XVIIIème siècle. Saint-Martin, d’une nature délicate affinée par un puissant travail intellectuel, fut troublé, effrayé même par les opérations magiques dont son Maître Martinez accompagnait son enseignement. Insensiblement, il s’écarta des pratiques actives auxquelles se livraient les Réaux-Croix, pour se consacrer uniquement à l’étude de la spiritualité et de la mystique. Il vint à Paris où la haute société l’accueillit avec empressement. Les femmes surtout se disputèrent sa présence et beaucoup le prirent en quelque sorte pour directeur spirituel. Il fut ainsi amené à former une sorte de groupement purement spiritualiste, dégagé des cérémonies rituelliques et des opé-
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rations magiques. Sans rompre avec ses Frères Cohens, il évolua de plus en plus vers le seul développement des théories philosophiques contenues dans le système de Martinez et il les enseigna par sa parole et ses écrits. Jusqu’à la révolution, il alterna ses leçons à ses adeptes avec des voyages à l’étranger où il se créa de grandes relations. C’est pendant ces voyages, à Strasbourg et en Allemagne, qu’il découvrit Jacob Boehme, dont il adjoignit les théories à celles de Martinez. Elles pouvaient, du reste, se superposer, car Boehme aussi était un illuminé. Il fut inquiété pendant la Terreur ; mais quelquesuns de ses anciens disciples, arrivés au pouvoir, le protégèrent et il échappa, grâce à eux, à une mise en accusation. Il mourut en 1803, laissant, en divers pays d’Europe, de nombreux adeptes. On a souvent confondu, sous l’appellation de martinistes, les disciples de Martinez et ceux de Saint-Martin. Bien que les théories fussent les mêmes, une différence profonde séparait les deux écoles. Celle de Martinez restait dans le cadre de la Maçonnerie supérieure, celle de Saint-Martin s’adressait aux profanes. La seconde, enfin, repoussait les pratiques et les cérémonies auxquelles la première attachait une importance capitale.
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Après la mort de Martinez, le puissant Maître Caignet de Lestère, son successeur, ne put s’occuper activement de l’Ordre ; des scissions se produisirent. Il
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mourut en 1778, après avoir transmis ses pouvoirs au puissant Maître Sébastien de Las Cases. Ce dernier ne jugea pas à propos de renouer les relations rompues entre les divers temples des Élus Cohens et de refaire l’unité dans le rite. Petit à petit, les temples se mirent en sommeil. C’est alors que le chef des Élus Cohens de Lyon, J.-B. Willermoz, afin de sauvegarder la Tradition martiniste, résolut de l’implanter dans le rite de la Stricte Observance Templière, dont il était un des chefs écoutés, et cela d’accord avec le puissant Maître substitut des Élus Cohens, Bacon de la Chevalerie. On sait que la Stricte Observance Templière d’Allemagne avait essaimé en France un rejeton dont le centre était Lyon, dans la loge La Bienfaisance. Sous l’influence de Willermoz, la Stricte Observance française avait insensiblement évolué vers le Martinisme. Au convent des Gaules, organisé à Lyon par Willemoz, en 1778, elle avait, craignant que le rétablissement de l’Ordre du Temple n’éveillât les susceptibilités policières, remplacé les Templiers français par les Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte. Dans les hauts grades de l’Ordre, on habilitait des adeptes éprouvés à recevoir les connaissances supérieures des Élus Cohens martinistes.
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Les Chevaliers Bienfaisants lyonnais et leur chef Willermoz considéraient donc la Stricte Observance comme une école préparatoire d’où les Élus étaient introduits dans le cercle intérieur du Martinisme. La Stricte Observance française résolut, au convent des Gaules, d’entraîner sa mère, la Stricte Observance allemande, dans la voie où elle-même s’était engagée. À cet effet, Willermoz ajouta deux grades secrets, aux six grades de la Stricte Observance, et il se rendit en Allemagne, au convent de Wilhemsbad, en 1782, avec l’intention d’y faire triompher son système. Il trouva un appui dans les deux frères les plus puissants de la Maçonnerie templière : les princes Ferdinand de Brunswick et Charles de Hesse. Mais les Illuminés martinistes français eurent devant eux des adversaires puissants : les Illuminés de Bavière. Le convent de Wilhemsbad ne fut qu’une lutte âpre, acharnée, entre les martinistes français et les Illuminés d’Allemagne. Les martinistes triomphèrent. Willermoz obtint de présenter au convent ses projets de réforme et ses nouveaux rituels. En outre, il fit accepter le nom de Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte pour tous les frères de l’Ordre intérieur comme cela se pratiquait en France. Le rituel écossais copierait désormais, pour la plus grande partie, le rituel de Lyon dans lequel Willermoz avait fait insérer des allusions préparatoires à la doctrine martiniste. Enfin, une com-
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mission spéciale, dont il assuma la direction, fut chargée de rédiger les rituels et instructions des hauts grandes du régime intérieur, lequel comprendrait, au sommet, les deux grades secrets martinistes pratiques dans la Stricte Observance de Lyon. Le travail était en bonne voie lorsqu’éclata la Révolution Française qui allait interrompre la vie maçonnique et annihiler, de ce fait, l’influence de Willermoz et des martinistes sur la Stricte Observance dans les pays étrangers.
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Le système des Chevaliers Bienfaisants ne fut rétabli en France qu’en 1806. Il se réclama presque aussitôt du Grand Orient, avec lequel la Stricte Observance avait eu jadis des traités. Quant aux Élus Cohens martinistes, ils ne reprirent pas officiellement leurs travaux. Bacon de la Chevalerie, substitut universel de l’Ordre des Élus Cohens pour la partie septentrionale, siégeait cependant, à ce titre, en 1806, au Grand Consistoire des rites du Grand Orient de France. Mais il ne put jamais, malgré ses instances réitérées, obtenir la réorganisation de l’Ordre au sein du Grand Orient. Dans une lettre au Fr marquis de Chefdebien, du 5 août 1807, il déplorait la non-activité et « le silence absolu des Élus Cohens, toujours agissants sous la plus grande réserve, en exécution des ordres du Souverain Maître ».
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Le système martiniste des Chevaliers Bienfaisants passa en Suisse par le Directoire de Bourgogne, qui transmit ses pouvoirs au Directoire helvétique. Celui-ci devait devenir l’actuel Régime Écossais Rectifié. Willermoz mourut en 1824 à Lyon, en léguant ses pouvoirs et ses instructions martinistes à son neveu Joseph-Antoine Pont du Régime Écossais Rectifié. Quant aux anciens membres de l’Ordre des Élus Cohens, ils continuèrent à propager les doctrines de Martinez, soit individuellement, soit en des groupes secrets composés de neuf personnes, qu’ils appelaient des aréopages kabalistiques. L’enseignement occulte de Martinez fut donc transmis dans le courant du XIXème siècle, d’une part par les Élus Cohens, dont un des derniers représentants directs fut le puissant Maître Destigny, mort en 1868 ; d’autre part, par quelques frères du Régime Écossais Rectifié détenteurs des instructions secrètes de Willermoz. Enfin, les disciples de Saint-Martin répandaient en France, en Allemagne, au Danemark et surtout en Russie, la doctrine du Philosophe Inconnu. C’est par l’un de ceux-ci, Henri Delaage, qu’en 1880, un jeune occultiste parisien, le docteur Encausse (Papus), connut les doctrines de Saint-Martin et résolut de s’en faire le champion. À cet effet, il établit, en 1884, avec quelques affiliés, un ordre mystique auquel il donna le nom d’Ordre Martiniste. De nombreux maçons occultistes firent partie de cet ordre.
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En 1893, les martinistes lyonnais entrèrent en possession des archives de Willermoz et des Élus Cohens de Lyon, que la veuve du frère Joseph Pont avait léguées au frère Cavarnier après la mort de son mari. Le Dr Encausse ignorait alors que la transmission de la Tradition martiniste des Élus Cohens n’avait jamais été interrompue, et que cette tradition n’avait cessé d’avoir des représentants, soit à Lyon, soit dans différentes villes de l’étranger (à Lyon, les frères Bergeron et Breban-Salomon ; au Danemark : Carl Michelsen ; aux États-Unis : le docteur Édouard Blitz). Le Dr Édouard Blitz, chevalier bienfaisant de la Cité Sainte, et haut grade de Memphis-Misraïm, était le successeur direct de Willermoz et d’Antoine Pont. Il devint président du Grand Conseil, pour les États-Unis, de l’Ordre Martiniste rénové par Papus. En 1901, en sa qualité d’héritier légitime de Martinez, il résolut de rétablir l’Ordre aux États-Unis, sur les anciennes bases traditionnelles. Ses représentants, en France, le Dr Fugairon et plus tard, Charles Détré (Téder), s’efforcèrent d’agir dans le même sens. Ce dernier put même, d’accord avec Papus, organiser à Paris, en 1908, un congrès des Rites Maçonniques Spiritualistes, dans le but de rattacher l’Ordre Martiniste à la Maçonnerie des Hauts Grades. Enfin, en 1914, après une entente avec le grand Maître du Régime Écossais Rectifié (Dr de Rib...), il fut décidé de créer un Grand Chapitre Martiniste composé
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uniquement de maçons hauts gradés pour servir de lien entre le Martinisme et l’Écossisme rectifié. Les évènements de la guerre, la mort, en 1916, du grand Maître Papus et surtout, des changements survenus dans la Grande Maîtrise du Régime Écossais Rectifié en France, empêchèrent la réalisation de ce projet. Le successeur de Papus, le frère Charles Détré (Téder), mourut en 1918, transmettant ses pouvoirs de Grand Maître au frère Jean Bricaud, de Lyon. Ce dernier, lors de la réorganisation du Martinisme, après la guerre, rétablit l’ordre sur les bases solides de la Maçonnerie symbolique, décrétant que, seuls, désormais, les maçons possédant le grade de Maître, pourraient joindre l’Ordre Martiniste. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..
Le frère Jean Bricaud assuma la Grande Maîtrise de l’Ordre Martiniste le 25 septembre 1918, à la mort de Téder. Il avait été en contact avec Blitz par l’intermédiaire du Dr Fugairon et par Téder lui-même. Il avait fréquenté les derniers représentants du willermozisme à Lyon - M. C. et le Dr L... en particulier - et recueilli leurs enseignements. Il appartenait donc à la lignée traditionnelle des disciples de Martinez, dont Saint-Martin s’était jadis écarté pour se refugier dans la spiritualité et la mystique pures. Ce dernier courant, rénové par Papus, en 1887, cadrait bien théoriquement avec le courant martinésiste ; mais il laissait aux adeptes, dans l’éclectisme le plus absolu, le libre accès de tous les sentiers
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de la mystique. De plus, Papus, comme Saint-Martin, s’adressait aux profanes, leur demandant la seule bonne volonté. En théorie, c’est bien, mais en matière d’illuminisme, bonne volonté signifie bien souvent curiosité. Or, le problème de la réintégration est inaccessible à la curiosité et même à la bonne volonté ordinaire. Pour l’atteindre, il faut une triple discipline : celle de l’esprit, celle de l’âme, celle du corps. C’est précisément cette discipline que procurait l’enseignement progressif des Élus Cohens et par la suite, celui de la Stricte Observance et des Chevaliers bienfaisants de la Cité Sainte. Bricaud le comprit dès l’abord et c’est pourquoi il travailla à rattacher le Martinisme de Papus à la discipline de la Gnose. Papus signa, en 1911, un traité par lequel il reconnaissait l’Église Gnostique Universelle comme église officielle du Martinisme. Par cet acte, il liait l’Ordre rénové par lui à la doctrine occidentale séculaire dont Martinez s’était inspiré à l’origine. Ce traité, confirmé et élargi en 1917 par Téder, donnait, dans sa deuxième version, aux membres du Haut Synode Gnostique, le droit de siéger au sein du Sup. Cons. martiniste, à titre de réciprocité. L’union intime des deux organismes était ainsi réalisée. En prenant la grande maîtrise, Bricaud fit plus encore, il revint de façon totale à la conception de Martinez et Willermoz, déjà remise à l’étude depuis le convent de 1908. Il superposa le Martinisme à la Maçonnerie et
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décréta, comme il le dit plus haut, que, seuls, les maçons réguliers de tous les rites pourraient être admis dans l’Ordre et, « a fortiori », dans son cercle intérieur. Pour recevoir le premier degré martiniste, il fallut être maçon et pour être investi des autres, posséder les hauts grades selon une hiérarchie établie minutieusement. Le Martinisme n’était plus incorporé à la Maçonnerie, comme chez Willermoz ; il gardait sa personnalité propre, mais il était basé sur elle et était appelé à développer l’enseignement reçu dans les grades sous-jacents de la Maçonnerie traditionnelle.
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La guerre avait relâché et parfois rompu le lien qui, jadis, unissait les diverses communautés martinistes de l’ancien et du nouveau monde. Les loges s’étaient mises en sommeil, les adeptes étaient dispersés, ils ne représentaient plus qu’une unité morale. Le premier geste du G. M. Bricaud fut de rétablir la chaîne. Il restitua l’unité de l’Ordre en France, dès le début de 1919. Le cercle lyonnais fut réveillé le premier, puis celui de Paris et successivement, tous les centres de la métropole. Le mouvement gagna les colonies ; l’Algérie et Madagascar furent les premières à reconstituer leurs groupements. En 1921, toutes les relations internationales avaient été renouées et le Martinisme avait même élargi son rayonnement. L’Angleterre était représentée au Sup. Cons. par
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le frère Baron de Th... ; des délégués généraux agissaient en Pologne, au Danemark, en Tchécoslovaquie, en Italie, au Portugal, en Belgique, en Roumanie. Des groupes russes et ukrainiens, arrachés à leur sol natal, s’établissaient en France. Le mouvement organisé par Blitz, aux États-Unis, en 1901, reprit contact à son tour. Le Mexique, l’Amérique centrale et le Chili réunirent à nouveau leurs adhérents et s’adressèrent à la Puissance centrale en la personne de son G. Maître. Les directives qu’il donna, dans le cadre de sa réforme, furent suivies par tous ceux qui avaient à cœur la Tradition primitive du Martinisme. On peut dire qu’en 1925, l’Ordre avait repris son essor, restauré son unité et accepté, dans son ensemble, la constitution originelle de Martinez et de Willermoz. Et lorsque Bricaud mourut, le 21 février 1934, son œuvre était au point, le cercle intérieur était constitué sur des bases solides.
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On a vu plus haut, quel était le sens général de l’enseignement donné par Martinez aux Élus Cohens, puis aux Chevaliers Bienfaisants par Willermoz. On a vu comment Saint-Martin avait éliminé, pour ses disciples personnels, les opérations magiques pour se cantonner dans la seule métaphysique du système. Il reste à délimiter la doctrine traditionnelle restituée par le G. M. Bricaud, depuis 1919, dans le cadre de la science et de la
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philosophie actuelles. Une adaptation était nécessaire ; la voici : Tout d’abord, précisons que rien n’est changé aux bases théoriques de Martinez. Le but à atteindre est et sera toujours la spiritualisation des individus et des sociétés. L’ennemi est toujours identique : le matérialisme doublé de l’agnosticisme. Mais cette doctrine délétère a multiplié ses forces par toutes les conquêtes scientifiques réalisées depuis cent cinquante ans, et la philosophie qui l’étaye a complété son arsenal par les arguments du subjectivisme, du synthétisme et autres systèmes modernes. Elle est donc plus redoutable que jamais. C’est pourquoi, si l’on veut implanter le spiritualisme dans les milieux actuels, il faut partir de bases scientifiques irréfutables, faire la part de la matière et des phénomènes dont elle est le siège et la part de l’élément divin, c’est-à-dire de l’Esprit. Donc, à la base de la doctrine martiniste se trouvera une psychophysiologie déterminant le rôle du corps, de l’âme et de l’esprit. Elle conduira l’adepte à la conviction scientifique d’un esprit recteur et pour ainsi dire, créateur, et d’une matière servile, simple modalité de l’esprit nécessitée par les contingences spatiales et temporelles. L’esprit sera la seule réalité et la matière, une apparence destinée à se résorber lorsque l’esprit n’aura plus besoin d’un support pour agir et penser, c’est-à-dire lorsqu’il aura reconquis sa puissance originelle perdue dans le procédé involutif des émanations divines.
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Ainsi, la psychologie martiniste conduit à la prépondérance, puis à la primordialité de l’esprit, pour conclure qu’il est la seule réalité. Pour elle, le corps et les séries phénoménales dont il est l’origine sont un résultat instable obtenu par la dispersion des éléments spirituels primitivement émanés par le Principe divin. L’involution de ses éléments spirituels constitue la cosmogonie dont le développement s’adapte avec rigueur à l’ensemble des théories astronomiques, géologiques et biologiques modernes. Comment ils ont été émanés, puis appelés à s’involuer, tel est le but de la théodicée ou plutôt de la théologie martiniste, dont il faut chercher les racines profondes dans les tréfonds de la pensée humaine ; mais, plus près de nous, dans l’alexandrinisme et la doctrine ésotérique du Christ, spécialement manifestée dans la Gnose. Cette première partie de l’enseignement est constituée par une double démonstration. Dans un mouvement ascendant, elle va du corps, c’est-à-dire de la matière brute ou organisée, vers l’âme, l’esprit, les manifestations divines extérieures et enfin, vers le Principe créateur. Suivant le mouvement inverse, elle s’abandonne ensuite au courant centrifuge pour assister à l’involution des émanations spirituelles, jusqu’à l’extrême limite de la réalisation qui est la matière.
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C’est une philosophie, donc une science théorique. Mais le problème n’est pas épuisé. L’involution est une conséquence des cataboles successives dont il faut détruire les effets. Ce sera le rôle de la deuxième partie de l’enseignement. Il faut juguler la force centrifuge et permettre à la force centripète de reprendre sa puissance attractive. Il faut mater le corps, discipliner l’âme et fixer la personnalité humaine dans son centre effectif, l’esprit. Puis, d’étape en étape, il faudra reconduire l’esprit du monde de l’espace et du temps dans le monde divin, son lieu d’origine. Et ceci est une science non plus théorique mais pratique. Elle commence dans la morale, elle s’élève par la religion universelle pour aboutir à la sainteté, c’est-àdire à la déification, c’est-à-dire à l’union non pas hypostatique, mais virtuelle avec Dieu, principe et source de l’être, de la vie et de toutes les manifestations qui en découlent. C’est le plus haut sommet de la mystique, c’est la réintégration et le rassemblement des énergies dispersées, en un mot, c’est la théurgie. Comment une pareille science peut être pratique, il n’est pas difficile de le concevoir. Ce n’est pas par des
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théories que l’on petit agir sur la matière et la rendre docile au point de n’être plus qu’un instrument. C’est par des opérations déterminées, par des actions fluidiques, par le contact et le maniement des forces spirituelles. De même qu’un savant manie et dirige des forces matérielles, ainsi, le martiniste opère avec l’énergie spirituelle. Parti de la connaissance expérimentale, il s’achemine vers la science intuitive, vers l’extase qui lui ouvrira les horizons de l’esprit. Du contingent, il va vers l’absolu. Certes, il ne l’atteindra pas, mais, à chaque palier de sa course indéfinie, son être multiplié par la grâce sera plus grand et sa conscience sera plus pleine. Évidemment, ceci n’est qu’un cadre, le cadre dans lequel évolue le martiniste. La substance même de l’enseignement, les méthodes, les pratiques ne sont communiquées qu’aux adeptes dont le désir s’est transformé en volonté de réalisation. Telle est la constitution actuelle de 1’Ordre Martiniste, tel est son enseignement. Essentiellement spiritualiste, il est un centre de diffusion de la Tradition occidentale chrétienne. Il a, comme base, toutes les sciences expérimentales, mais il se sert particulièrement des sciences symboliques et hermétiques pour arriver à
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la Gnose. Il poursuit la réintégration de l’homme dans son état primitif et la spiritualisation de toute la famille humaine.
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Le
s ac e r d o c e m ag i q u e d e s
É l u s C o h e ns pa r
D
O l i v i e r M a n i ta r a
ebout à l’ordre mes Frères.
Le Phil Inc : Pourriez-vous, ô M. Associé, unir la loge que nous constituons aux puissances visibles et invisibles qui dirigent notre Ordre vénérable ? Le M. Associé : Oui, nous le pouvons par l’invocation des Maîtres secrets de notre chaîne astrale, si les cœurs des F. ici présents sont animés par un pur désir.
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Le Phil Inc : M. Associé, veuillez faire appel aux influences du fondateur vénérable de notre Ordre. Le M. Associé : Ô Martines de Pasqually, toi qui as fondé notre Ordre avec l’appui des principes vivants de l’invisible, protège cette loge ouverte à la G. A. D. L. U. et donne-nous le soutien des forces secrètes de l’Ordre dans le plan astral. Le Phil Inc : Après ce fondateur de l’Ordre, quels sont encore mes appuis dans l’invisible, P. M. Initié ? Le M. Initié : Tous ceux qui travaillèrent à la gloire de notre Ordre dans le monde visible et surtout, LouisClaude de Saint-Martin, Jean-Baptiste Willermoz, Papus et tous leurs disciples dans l’Ordre invisible. Le Phil Inc : Ô Maîtres invisibles de notre Ordre, ô vous tous, qui, à la suite de Claude de Saint-Martin et de J. B. Willermoz, avez connu la lumière secrète et avez participé à ses activités, vous qui avez toujours été les chandeliers fidèles de Yéshoua (Jésus) le réparateur, venez aimanter de votre influence l’œuvre que nous commençons aujourd’hui d’un cœur pur et avec d’ardents désirs de nous perfectionner physiquement, moralement et spirituellement.
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Le Phil Inc : Au nom du Suprême Conseil de l’Ordre Martiniste, nous, délégués spécialement à 28cet effet, déclarons la puissante loge ouverte à la gloire de p 28 (15 du PDF) G. A D. L. U. et sous les auspices du Phil Inc. N. V. M., prenez place, mes frères…………........... .................................................................................... .................................................................................... La loge représente le lieu sacré à l’intérieur duquel se déroulent les travaux. Saint Paul a dit que l’homme était le temple du Dieu vivant et notre intention en transcrivant cet extrait du rituel martiniste est de consacrer la loge que chacun doit établir en son cœur, de relier notre lecteur aux puissances invisibles par le magnétisme des incantations, par l’ambiance magique qu’elles font naître dans l’atmosphère immanente afin que cette lecture porte en lui le message de Lumière initiatique de l’église intérieure qui guide les hommes de désir vers le pleine lumière du jour. La réédition de cette notice historique sur le Martinisme est très importante pour tous les martinistes en général, tous ceux que leur intérêt porte vers le christianisme initiatique du fait qu’elle se rattache à Jean Bricaud qui fut patriarche de l’Église gnostique et qui revendique la filiation des Élus Cohens. De plus, Constant Chevillon, martyr de l’Ordre augmenta de ses notes doctrinales le texte primitif de
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Bricaud, ne faisant figurer sur l’ouvrage que les initiales de son nom. Nous ne sommes pas sans savoir que cette filiation des Élus Cohens revendiquée par Bricaud à été mise en doute d’une façon qui paraît indiscutable à un certain point de vue, mais ce qui nous paraît également digne d’attention et ce que nous désirons également souligner plus particulièrement ici, c’est que Jean Bricaud osa revendiquer cette filiation, et cet acte contient en lui même son importance, abstraction faite de toute influence extérieure. Il faut savoir que le grand secret sur lequel repose la Franc-maçonnerie, le secret inviolé, le secret inconnu se cache justement derrière le voile de la filiation initiatique, de la transmission du sacerdoce johannite ; secret indéfinissable et imprononçable de l’autorité spirituelle que confère l’illumination ou la connaissance vécue de la Lumière universelle. Ce secret ineffable par essence maintient à lui seul tout l’édifice du temple, autre image du monde et seul, peut espérer en percer le mystère le véritable mage lorsque dans un état de pure extase, réintégré dans son principe céleste, la vision intelligible totalement ouverte, il jouit de l’omniscience ou état gnostique en Dieu, laissant parler en lui la voix de l’Absolu qui lève les derniers arcanes.
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Ce secret encore représenté par la pierre angulaire et par l’apôtre saint Pierre sur lequel doit être édifiée l’église mystique, le fondement de la révélation, c’est le secret de la foi, active et intelligente chez les mages fondateurs de religion qui ont su s’en emparer, et aveugle chez les foules qui doivent donc se raccrocher à la claire vision des sages de peur de ne savoir où marcher. Lorsque la foule n’écoute plus les mages mais commande d’autorité, l’état social est perdu, c’est l’anarchie. De la même façon, lorsque les passions, les appétits brutaux des cellules prennent le pas sur l’intelligence et la raison, l’homme est perdu et les cataclysmes ou les maladies de toutes sortes se déclenchent inévitablement. Toute la différence entre la synarchie et l’anarchie est contenue en cette double image comparative et extrême d’un sage en pleine santé, vivant l’harmonie dans tous les plans de son être et d’un homme malade, aliéné mental, paralytique ou cancéreux. Ce secret formidable, qui maintient la stabilité du monde et de la personnalité de chaque homme est contenu dans le mystère de la filiation. C’est le secret des Cathares et des Templiers, leurs trésors précieux, le Saint Graal qui donne l’autorité spirituelle par l’initiation à la raison divine, à l’Intelligence cosmique. C’est pour cette raison que l’église intérieure, la Fraternité johan-
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nite est indestructible et qu’à l’instar du phénix, elle renait toujours de ses cendres, car la raison qui l’anime, l’idée qu’elle doit incarner dans le monde est éternelle ; elle est divine et ne se conçoit que par les âmes élevées à la divinité, qui toujours la régénèrent là où on l’attend le moins. C’est ainsi que naquit le Martinisme qui est une forme spécifique de cette grande mission du christianisme initiatique qui, lui-même, incarne et véhicule d’autres courants spirituels tel celui de Zoroastre régénéré et transfiguré. L’esprit seul contient la réalité absolue et c’est uniquement la forme qui permet la prise de conscience de cette réalité absolue de l’esprit qui involue pour que la forme évolue, s’approchant de plus on plus de la perfection, manifestant de mieux en mieux la splendeur de l’esprit jusqu’au jour des noces mystiques, de l’union parfaite et totale des deux époux, de l’esprit et de la matière, de la pleine lumière et de sa révélation. Donc, pour comprendre ce but formidable en la plénitude de sa portée initiatique, il faut apprendre à ouvrir en soi la vision spirituelle qui permet l’intelligence des arcanes, s’emparant de la pierre angulaire sur laquelle repose tout édifice de sa propre personnalité et la purifier de tous les résidus karmiques de l’ancien serpent initiateur afin qu’elle puisse recevoir, d’une façon pure et impersonnelle, l’Esprit, la vie du Christ qui confère seul la filiation véritable et vivante, celle de l’intelligence
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et du pouvoir réel qui est l’amour le plus pur et le plus clairvoyant. Il est une loi qui commande que pour obtenir des réponses, il faut avant tout savoir poser des questions. Seul celui qui se pose des questions avec intensité obtiendra des réponses. Cette constatation évidente peut paraître enfantine au premier abord, elle n’en recèle pas moins toute une philosophie, toute une façon d’être et de se comporter face à la vie et face à sa propre personnalité ; façon d’être qui fait que certains évoluent alors que d’autres stagnent et finissent par régresser, que certains se développent et travaillent avec enthousiasme à tailler leur propre pierre pour la joindre à la construction collective alors que d’autres périclitent pour finalement disparaître. L’esprit veut toujours aller de l’avant, c’est pourquoi il pousse inlassablement l’âme à se poser de nouvelles questions, à perfectionner les anciennes formes. Quelle est donc cette autorité étrange qui émane de la succession légitime, de la transmission sacramentelle de pouvoir ? Quel est donc ce mystère de la foi ? Comment certains initiés ont-ils réussi à s’en emparer par leur intelligence et leur volonté, illuminés à la vision du SaintEsprit ?
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La magie n’est-elle pas tout entière dans le magicien et le grand et incommunicable arcane de la science initiatique, qui procure à l’adepte affranchi la connaissance du bien et du mal. Chacun ne doit-il pas en évoquer l’image en son âme par ses propres possibilités ? Un sacrement, une initiation sont-ils autre chose qu’un moyen de conquérir le pouvoir visé, une prise de conscience, une révélation de ce pouvoir qui ne demande qu’à être développé en l’âme du néophyte ? N’est-il pas un axiome de la haute magie qui veut que toute parole crée ce qu’elle affirme proportionnellement à son rayon d’action et un sacrement sacerdotal n’est-il pas en dernière analyse, qu’une forme de positivisme transcendantal qui procure en quelque sorte un point d’appui sur lequel peut s’arcbouter le levier de la volonté, dans le but de s’emparer de la puissance de la foi ? Croire avec raison à ce qui est de toute éternité et agir en ce sens de toute la force de sa vie, n’est-ce pas le commencement de la toute puissance et de la prêtrise magique ? La forme est liée à l’idée qu’elle véhicule. Platon parlait de ce monde où les idées sont des êtres vivants qui se manifestent ici bas par l’intermédiaire des formes. La forme d’un homme n’est que la résultante des idées qu’il incarne. En transformant la forme d’un objet, on en change la fonction, on y imprime une autre idée.
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C’est ainsi qu’en manipulant les formes on peut actionner les idées. Tout le principe de la magie cérémoniale est contenu dans cette loi. En effet, supposons un homme qui s’empare des formes de sa vie, de ses habitudes, de ses passions, de ses désirs, de ses tendances personnelles et limitées pour les consacrer au service divin telle que sa vision intelligible lui fait concevoir ; cet homme évoque les idées divines de son âme immortelle et commence à les incarner sur la terre, dans son propre corps. À l’instar du magicien qui consacre un parchemin vierge en y traçant des caractères magiques, figures et signatures des forces astrales avec lesquelles il désire imprégner le talisman, le mage se consacre lui-même aux influences du Dieu vivant qu’il doit véhiculer ; tel est le rôle d’un sacrement. Mais pour en revenir à notre série de questions, n’y a-t-il pas pour les natures faibles et impressionnables un risque d’auto-hallucination et par suite de contagion sympathique lorsque la parole créatrice n’est pas fécondée par le Verbe divin ? Autant de questions, autant de réponses à élucider pour tenter de comprendre le mystère des filiations initiatiques et aussi pour se rassurer face à toutes les controverses en matière de succession légitime ou pas. D’ailleurs ces controverses ont existé de tous temps et sont loin d’être spécifiques au Martinisme.
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À ce sujet, on peut méditer un passage très significatif des Évangiles dans lequel les prêtres officiels interpellent Jésus afin qu’il dévoile l’origine de l’autorité qui lui permettait d’accomplir des miracles et d’agir comme un envoyé de Dieu, comme un prêtre du Très-Haut sans avoir reçu régulièrement les pouvoirs légitimes de la synagogue. C’est ainsi que dans l’esprit des prêtres de l’époque, Jésus ne pouvait être un Fils de Dieu et par conséquent n’avait pas le droit d’agir comme tel, puisqu’il n’avait pas reçu la filiation de la synagogue et n’oublions pas que l’histoire se répète. La vérité est que l’autorité parle d’elle-même à travers les actes de celui qui agit et il faut comprendre, qu’en matière de Fraternité initiatique, seul, l’invisible donne la véritable initiation à celui qui sait la mériter. Ce sont les œuvres qui prouvent avant tout l’intelligence et la foi active. Un homme peut donc recevoir toutes les filiations et initiations possibles de tous les mouvements inimaginables, s’il ne les mérite pas, s’il n’en est pas digne, l’invisible ne lui accordera pas et se retirera. Jean Bricaud était-il digne de sa revendication ? Ce n’est pas à nous d’en convenir ni d’en établir la légitimité, nous voulons seulement attirer l’attention sur cette revendication, plus que remarquable.
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Et puisque nous sommes dans les filiations, citons un passage d’une lettre au sujet de celle de Martines de Pasqually lui-même dans laquelle il répond à ses RéauxCroix qui lui demandaient des révélations plus complètes sur les mystères de la chose. « Il est inutile d’y penser avant le temps, répond Martines de Pasqually, ne trouvant pas, même parmi les Réaux-Croix, un sujet qui put en faire aucun usage qu’en donnant tout de bonne foi et ne ferait que profaner la chose. Il se trouve dans l’impossibilité de satisfaire à cette demande. Il conseille aux Réaux-Croix, avant de témoigner tant d’ambition sous prétexte de chercher à s’instruire, de bien étudier le peu de cérémonies qu’il leur a données, de réfléchir sur la conduite spirituelle qu’ils ont tenue par le passé et sur celle qu’il faut tenir de toute nécessité à l’avenir. Ils verraient alors bien clairement que la chose vient de là-haut et non du Maître. Ils seraient plus convaincus de la profonde authenticité du Maître et qu’il a été de la meilleure foi avec ses Réaux-Croix. Ils sauraient qu’il n’est qu’un agent dans la chose. Ils sauraient que celui qui est élu le premier d’entre eux n’est point élu par eux et de par leur volonté, mais qu’il l’est par ses pénibles travaux. Son élection est sa récompense. Il leur conseille encore de réfléchir sur les différents types, époques et avènements sensibles et physiques arrivés dans la nature universelle générale et particulière, de lire un peu plus particulièrement qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent dans les différentes opérations du Christ qui a réellement
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opéré en deux substances : l’une comme homme-Dieu est la qualité du vrai Adam opérant sur la terre parmi les hommes matériels, l’autre comme homme-divin opérant par la résurrection opérante chez tous les hommes spirituels. Ils verront par là qu’il faut apprendre véritablement à vaincre toutes ses passions et soumettre ses volontés à celui à qui le don est accordé pour faire agir la chose et servir d’exemple à ses disciples. Ils apprendront encore combien il est important de ne jamais mépriser par orgueil son semblable, tout homme étant infiniment cher au créateur et le plus élevé en dignité dans ce bas monde étant souvent le plus petit devant le G. A. » Voilà les réflexions avec lesquelles le Maître exhorte ses Réaux-Croix sérieusement pour les faire parvenir au but qu’ils demandent. Dire ou sous-entendre qu’il existe plusieurs filiations au sein de l’Ordre Martiniste serait une bien grande méprise puisque tout est parti de Martines de Pasqually et par suite, des Élus Cohens et du cercle intérieur des Réaux-Croix. De même, il n’y a jamais eu deux formes distinctes de Martinisme et toutes ces idées propagées, toutes ces scissions indiquent une déchéance certaine due à l’Ordre extérieur qui a voulu se constituer indépendamment de l’Ordre intérieur. Le Martinisme n’a qu’une doctrine et par celle-ci, il se rattache en droite ligne au christianisme initiatique de la grande Fraternité johannite, l’église intérieure et en cela, il a hérité
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