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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE BADJI MOKHTAR ANNABA FACULTE DE MEDECINE DEPARTEMENT DE MEDECINE DENTAIRE ORTHOPEDIE DENTO-FACIALE
Le dossier orthodontique (Cours de 3ème année)
Enseignante : Dr. MAZOUZI A [email protected]
Année universitaire : 2021-2022
Le dossier orthodontique
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PLAN : INTRODUCTION 1. Les photographies 2. Les moulages 3. Les imageries 3.1. L’orthopantomogramme 3.2. Les téléradiographies 3.3. La radiographie intra-orale 3.4. L’imagerie tridimensionnelle : scanner et cône beam 3.5. La radiographie de la main et du poignet 4. Les bilans médicaux CONCLUSION Bibliographie
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Le dossier orthodontique (Orthodontic records) INTRODUCTION : L’examen clinique est à la fois indispensable mais il est aussi insuffisant. Il doit impérativement être mis en relation avec les examens complémentaires qui permettent d’affiner le diagnostic.
1. Les photographies : Le bilan photographique demeure un examen complémentaire « essentiel » dans l’aide au diagnostic orthodontique. Elle permet d’apporter une confirmation supplémentaire des signes relevés au cours de l’examen clinique afin d’affiner le diagnostic esthétique. Les 3 photographies exo-buccales de base sont : les photographies de face (au repos), de profil (au repos) et du sourire (le plus naturel possible). On va détailler l’analyse des photographies de face et de profil.
1.1. L’analyse des photographies de face : Le patient se place face à l’opérateur. Il fixe l’appareil photo du regard, plan de Francfort (ligne tragus-point sous-orbitaire) parallèle au sol ; la photo est prise. 1.1.1. Aspect général du visage et de la face : ▪
Forme générale du visage : ronde, ovalaire, carrée parfois triangulaire.
▪
La symétrie du visage :
- Elle sera évaluée par rapport au plan sagittal médian. La ligne sagittale médiane doit être rectiligne (visage symétrique par rapport au PSM).
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- Les lignes horizontales (la ligne bi-ophryaque passant par le sommet des sourcils, la ligne bipupillaire et la ligne bi-commissurale) doivent être parallèles entre elles et perpendiculaires au plan sagittal médian. La convergence de ces lignes traduit une asymétrie de développement vertical de la face.
▪
L’égalité des étages du visage :
Selon EPKER, le visage comporte 3 étages : - Étage frontal (supérieur) : du trichion (point médian situé sur la ligne d’implantation des cheveux) à la glabelle : Gl (point médian situé au milieu de la tête des sourcils). - Étage nasal (moyen) : de la Gl au point sousnasal (Sn).
La face
- Étage buccal (inférieur) : du point Sn au point Me. Si les 3 étages sont égaux, le visage est équilibré. L’augmentation ou la diminution relatives de l’étage inférieur révèlent un déséquilibre vertical de type hyper- ou hypo développement vertical antérieur.
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La typologie faciale : elle est précisée par l’indice facial morphologique :
Intérêt : dans les cas extrêmes, on peut proposer un traitement d’expansion pour les faces courtes et un traitement par extraction pour les faces longues. ▪
L’appréciation des traits du visage :
- Le front : - La longueur du front : un visage est considéré comme harmonieux lorsque la hauteur du front (Trichion-Gl) représente le 1/3 de la hauteur totale du visage. - La largeur du front : est comparée avec la largeur bizygomatique et défini comme étroit, de largeur normale ou large. - Les yeux : on note le parallélisme de la ligne bipupillaire ainsi que la présence éventuelle de cernes. - Le nez : - Longueur idéale : doit être le 1/3 de la hauteur du visage. - La largeur alaire doit correspondre à la distance entre les angles internes des yeux (canthus internes). On parle d’un nez de largeur moyenne, nez large ou étroit.
- La déviation ou non de l’arête nasale :
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- Les lèvres : - La hauteur de la lèvre supérieure (distance point sous-nasal - stomion) doit représenter le 1/3 de la hauteur de l’étage facial inférieur. - La hauteur de la lèvre inférieure jusqu’au menton doit représenter les 2/3. - La largeur des lèvres : Selon RICKETTS, elle est notée de 1 à 5 : des lèvres étroites ont leurs extrémités à l’aplomb des ailes du nez, des lèvres larges s’étendent jusqu’aux verticales pupillaires. Dans le cas idéal, les commissures labiales doivent se situer entre les limites externes des ailes du nez et la perpendiculaire au plan bipupillaire abaissée à chaque pupille. - Occlusion labiale au repos : le stomion peut être absent, léger, forcé ou bien serré.
- L’épaisseur du vermillon : lèvres fines ou charnues. - Le menton : on note son volume (macro- ou microgénie), sa forme (ovalaire ou carré), son aspect (lisse ou en peau d’orange). - Hauteur (distance sillon labio mentonnier - menton) : un excès de hauteur mentonnière entraîne une modification de la position labiale inférieure et influence ainsi l'occlusion labiale. - Symétrie par rapport au PSM : lors d'une asymétrie mentonnière, il est important de repérer le côté de la déviation.
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1.2. L’analyse des photographies de profil : En cas d’asymétrie importante du visage, un profil droit et un profil gauche sont réalisés mais, en règle générale, un profil droit est suffisant. 1.2.1. L’appréciation du contour général du profil : Le contour du profil est dessiné par la forme des saillies et des dépressions (front, ensellure nasale, nez, encoche sous nasale, lèvres, sillon labio-mentonnier et menton) qui vont donner un aspect harmonieux qu’il faudra respecter ou disgracieux qu’il faudra améliorer ou éviter d’aggraver par le traitement orthodontique. On apprécie le profil général puis le profil sous nasal : plat, convexe ou concave.
1.2.2. L’analyse de profil selon les auteurs : ▪
Selon IZARD et SIMON :
IZARD utilise 2 verticales perpendiculaires au plan de Francfort, le plan d’IZARD passant par la glabelle et le plan de SIMON passant par le point sous-orbitaire. Il définit 3 types de profil : - Profil orthofrontal (optimal) : le menton se trouve à mi-distance des 2 plans. - Profil cisfrontal : le profil sous-nasal (y compris le menton) est déplacé vers l’arrière. - Profil transfrontal : le profil sous-nasal (y compris le menton) est déplacé vers l'avant.
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Selon RICKETTS :
RICKETTS utilise la ligne E qui joint la pointe du nez au pogonion cutané. Les 2 lèvres sont normalement situées en arrière de cette ligne : la lèvre supérieure est en retrait de 1 à 2mm alors que la lèvre inférieure affleure cette ligne. ▪
L’appréciation des traits du visage de profil :
- Front : il est normalement oblique en haut et en arrière. Son contour peut être plat, bombé ou fuyant.
- Nez : - La taille du nez (petit, volumineux) : le rapport portion verticale - portion horizontale du nez doit être de 2 sur 1.
- Orientation de sa pointe (dirigée vers le haut ou vers le bas). - La profondeur de l’ensellure nasale : creuse, peu marquée ou plate. - L’arête nasale : on note sa forme droite, convexe (bosselée) ou concave.
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- L’angle naso-labial : il est formé par l’intersection d’une ligne passant par la base de la cloison sous-nasale et d’une ligne passant par le rebord cutané de la lèvre supérieure. Sa valeur moyenne est de 100◦ et 110◦ chez les filles et de 90◦ et 95◦ chez les garçons.
- Les lèvres : - Morphologie labiale et stomion :
- Le sillon labiomentonnier : séparant la lèvre inférieure de la saillie mentonnière peut être marqué, ou inexistant. Il doit être marqué sans excès. - Le menton : on note sa position sagittale (normogénie, progénie pu rétrogénie), sa forme, son volume et la contraction ou non des muscles mentonniers.
2. Les moulages : Les moulages peuvent être réalisés de manière classique, à partir d’empreintes et coulés en plâtre ou bien peuvent être numériques, réalisés à partir d’images collectées via une caméra intra-orale.
▪ L’intérêt des moulages en ODF : Cette étude précise et complète l'examen endo-buccal dentaire et occlusal. Plusieurs renseignements peuvent être collectés au niveau des moulages : - L’analyse dentaire qui nous renseigne sur : la formule dentaire ; la présence de chevauchement ou bien de diastèmes, les anomalies dentaires (de position, de forme, de nombre et d’éruption), la présence de facettes d’abrasion.
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- La forme de la voute palatine : plate, ogivale, étroite et profonde… - La forme des arcades dentaires et leur concordance : qui peut être elliptique, carrée, en U, en V. Des formes d'arcade maxillaire et mandibulaire non concordantes conduisent le plus souvent à l'établissement de verrous occlusaux lors de la croissance. - La symétrie des arcades : le raphé médian et l'emplacement de la suture inter-maxillaire constituent de bons repères, pour le maxillaire. - L’orientation frontale des procès alvéolaires. - La courbe de Wilson et la profondeur de la courbe de spee. Les moulages s’avèrent nécessaires dans l’étude des indices et mensurations (analyse quantitative) dans les 3 sens de l’espace : rapports dento-maxillaires, dento-dentaires, arcadesdents… L’examen des moulages permet aussi d'analyser les relations des arcades en OIM dans les 3 plans de l’espace, en particulier la classe occlusale, le surplomb, le recouvrement incisifs et la coïncidence des milieux inter-incisifs ainsi que l’articulé latéral. Enfin, les moulages permettent la réalisation d’un set-up qui consiste à découper les dents et à les remonter dans la situation finale qui donne des informations sur le pronostic des futurs traitements.
3. Les imageries : 3.1. L’orthopantomogramme : Cet examen de dépistage, indispensable dans le dossier orthodontique, fournit une vision globale des arcades dentaires et des structures environnantes. Il permet d’étudier en particulier : - Les sinus maxillaires et les fosses nasales (recherche d’éventuelle radio-opacité, de déviation de la cloison nasale), - La forme, la symétrie et la position des condyles mandibulaires, - La morphologie des 2 hémi-mandibules et leur symétrie, - L’état parodontal : alvéolyses, degrés de destruction des septas .. - La formule dentaire qui nous renseigne sur l'âge dentaire du patient et sa concordance avec l'âge civil. Il précise les inclusions ou les agénésies dentaires suspectées à l'examen clinique. - L'état et la morphologie dentaires : l’indice CAO, les fractures dentaires et leur niveau, la morphologie radiculaire ainsi que les éventuelles résorptions radiculaires..
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3.2. Les téléradiographies : Les téléradiographies _de profil, de face et éventuellement basale_ donnent une image du crâne et de la face avec une déformation minime permettant la céphalométrie. De plus, grâce à la standardisation des conditions de prise du cliché et d'orientation de la tête, il est possible de comparer des clichés entre eux et donc d'étudier la croissance du patient ou les effets thérapeutiques.
3.3. La radiographie intra-orale : - Le cliché rétro-alvéolaire : précise la santé coronaire, radiculaire et parodontale. Il permet le dépistage des résorptions radiculaires eu cours du traitement orthodontique et confirme avec certitude le diagnostic d’agénésies. - La radiographie rétrocoronaire (bite wing) : présente un intérêt dans le dépistage des lésions carieuses interproximales avant, pendant et après le traitement orthodontique. - Le mordu occlusal : peut être utilisé dans la localisation des dents incluses et des éléments surnuméraires.
3.4. L’imagerie tridimensionnelle : scanner et cône beam : L'imagerie 3D permet de localiser très précisément les dents incluses, de clarifier leurs rapports anatomiques avec les structures voisines et notamment les dents adjacentes, en mettant en évidence d'éventuelles résorptions radiculaires. Elle permet également de localiser les obstacles (éléments surnuméraires), de détecter une ankylose, de diagnostiquer les pathologies des ATM et de mesurer la quantité d’espace nécessaire pour la mise en place des mini-vis.
3.5. La radiographie de la main et du poignet : Cette radiographie permet de déterminer l’âge osseux et donc de situer le patient sur sa courbe de croissance. Son indication est exceptionnelle, car ces informations peuvent être obtenues par l’observation de la maturation des vertèbres cervicales sur la téléradiographie e profil.
4. Les bilans médicaux : Des explorations médicales sont souvent nécessaires à l’établissement du diagnostic étiologique : - Bilan oro-laryngologique (ORL) à la recherche d’obstacles à la respiration qui devront être supprimés ou du syndrome d’apnées-hypopnée obstructive du sommeil. - Bilan psychologique : des troubles psychoaffectifs peuvent générer des habitudes nocives, tics de succion ou de mordillement, facteurs d’apparition d’anomalies orthodontiques. - Bilan à la recherche d’un terrain allergique.
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CONCLUSION : L’examen clinique est primordial mais il est aussi insuffisant, il doit être mis en relation avec l’ensemble des examens complémentaires afin d’établir le diagnostic le plus précis possible et donc le plan de traitement le plus adapté à chacun des patients. Bibliographie : [01] ALOUINI O, FARMAKIS I, MARÇON JL. Bilan photographique en orthodontie. EMC - Orthopédie Dentofaciale 2020;32(1):1-6 [Article 23-190-A-10]. [02] AMMOUCHE F, CHAKER G. Le diagnostic étiologique en Orthopédie dento-faciale. OPU. Alger 2020. [03] BOILEAU M-J. Orthodontie de l’enfant et du jeune adulte. Tome 1 : principes et moyens thérapeutiques. Elsevier Masson.2011, 280p. [04] LEJOYEUX É. Esthétique du visage. EMC (Elsevier SAS, Paris), Odontologie/Orthopédie dentofaciale, 23-460-C-20, 2003, 8 p. [05] MASCARELLI L., FAVOT P. Examen clinique de la face en orthopédie dentofaciale. EMC
(Elsevier
Masson
SAS,
Paris),
Médecine
buccale,
28-580-C-10,
2009,
Odontologie/Orthopédie dentofaciale, 23-460-A-10, 2010. [06] RAKOSI T., JONAS I. Atlas de médecine dentaire : orthopédie dentofaciale diagnostic. Ed Médecine sciences - Flammarion. 1994, 272p. [07] RITLENG O, MASCARELLI L. Examen clinique de la face en orthopédie dentofaciale. EMC – Médecine buccale 2017 ;12(3) :1- 15 [28-806-C-10]. [088] YASUKAWA K, DAVIDO N. Orthopédie dento-faciale, odontologie pédiatrique. Internat en odontologie. Maloine. 2014, 208p.