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French Pages 106
Joëlle Krupa-Astruc
L’aquarelle De l’émotion à la création
Aquarelle L’aquarelle
Photographies : Patrick Astruc Mise en pages : Caroline Verret Éditions Eyrolles 61, boulevard Saint-Germain 75240 Paris cedex 05 www.editions-eyrolles.com Tous droits réservés. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans autorisation de l’artiste ou du photographe est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation commerciale et collective (Loi du 11 mars 1957).
© Groupe Eyrolles, 2010
Aquarelle L’aquarelle Joëlle Krupa-Astruc
De l’émotion à la création
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Biographie « L’émotion créative est la seule et véritable connaissance. » Carlo Suares
Originaire d’Alsace, Joëlle Krupa-Astruc est diplômée de l’École des beaux-arts de Mulhouse. À cette époque, son intérêt pour le dessin et la peinture à l’encre constitue déjà un pas important vers les techniques de peinture à l’eau. Son savoir artistique est d’abord dévolu à la réalisation de costumes et de décors à l’Opéra du Rhin ; activité qui durant plusieurs années lui apporte la satisfaction de la gestuelle ample et libre réclamée par la peinture grand format. Sa passion pour l’aquarelle a trouvé son plein épanouissement il y a une dizaine d’années, lorsque Joëlle Krupa-Astruc décide, suite aux contraintes physiques du décor, d’abandonner le milieu du théâtre au profit d’une création plus intimiste. Cependant, elle ne se contente pas de mettre en couleur sa propre vision du monde. En effet, l’idée de transmission est à ses yeux primordiale, d’où sa volonté de faire découvrir le plaisir de créer et de révéler les talents cachés de chacun. Innovant, son chemin artistique ne cesse de nous surprendre, tant par ses audaces techniques que par son imagination. Par l’originalité de son œuvre, Joëlle Krupa-Astruc compte en France parmi les aquarellistes les plus remarqués. À travers ses tableaux, où le corps comme le paysage et la nature morte trouvent un espace d’expression, se déploie le passionnant et complexe récit de la vie sous toutes ses formes. Par une grande maîtrise technique et un sens aigu de la mise en forme plastique, Joëlle Krupa-Astruc traque l’insaisissable avec pour but ultime de s’approprier, ne serait-ce qu’un bref instant, la lumière ou même la lueur la plus secrète. www.krupa-astruc.com
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Avant-propos L’aquarelle est un art de peindre à part entière. Son principe est régi par l’eau. À chaque acte de peinture suit l’acte du corps : le geste m’implique. Tout mon être s’immerge. La tentation est si grande de s’abandonner dans les méandres trompeurs de la transparence liquide. Matière insaisissable, l’eau attire, flatte et affole les sens. Elle louvoie sans cesse, bouscule et détruit à plaisir. Et mon geste s’insurge, résiste, proteste dans une agitation puérile. Épuisée, revenue d’un long combat, je m’apaise. Résignée… sans doute pas…Il s’agit d’être moins directe, d’accepter les règles du jeu et de renoncer au labeur stérile. La partie peut alors commencer. Aux pirouettes et aux simulacres, mon esprit s’élève et riposte avec un sourire heureux, celui serein du plaisir de créer. Gentiment et patiemment provoquée, l’eau me livre quelques-uns de ses secrets. Je la sens sous mes mains se laisser apprivoiser. L’instant est délicieux, fugace aussi… Gare à l’eau lente et assoupie, gare à son flux dompté ! Dans le dialogue de la création, l’humilité est de mise. De là surgit cette force étrange et indicible. Alors sans hésiter, je m’empare des couleurs, je saisis le pinceau. Et… je danse. Oui, j’improvise. Je crée et imprime les mouvements de mon imaginaire. Sur un air d’eau, imperceptible pour les uns, assourdissant pour les autres, j’interprète une histoire, mon histoire. Je voudrais qu’à travers la lecture de ce livre, certains trouvent le bonheur de se raconter à leur tour. Joëlle Krupa-Astruc
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Sommaire Les bases Les pinceaux ............................................................ 10 Le papier .....................................................................12 La peinture à l’aquarelle ....................................14 Quelques accessoires ........................................... 15 Les couleurs ..............................................................16 L’aquarelle et le dessin........................................18 Comment interpréter et peindre un sujet ? ....................................................................22 Mon approche technique de l’aquarelle ........................................................... 24
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Les réalisations Pas à pas n° 1 « Forêt » paysage sur papier sec ...........................................................34 Pas à pas n° 2 « Forêt » paysage sur papier mouillé ................................................. 44 Pas à pas n° 3 « Architecture » ........................54 Pas à pas n° 4 « Églantier » .............................. 62 Pas à pas n° 5 « Portrait » ..................................72 Galerie ......................................................................... 83 Glossaire de l’artiste .......................................... 102
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Les bases
Dans cette partie, je vous indique les quelques bases à connaître avant de vous lancer dans cette aventure qu’est l’aquarelle, si riche en émotions et en créativité. L’aquarelle n’exige pas une grande quantité d’outils : certains sont indispensables – pinceaux, papier, couleurs –, vous êtes libre d’en utiliser d’autres, et de vous livrer à votre propre expérience, grâce à votre imagination.
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Les pinceaux L’image du gros pinceau à lavis retenant une goutte d’eau vient souvent à l’esprit lorsque l’on évoque la pratique de l’aquarelle. Pourtant, l’éventail des techniques ne saurait s’élargir sans l’usage de pinceaux différents. Rond, plat, fin ou épais, les caractéristiques d’un pinceau participent de la touche. Encore une fois, à chacun de savoir s’approprier les bons outils pour former la « graphie » la plus personnelle et donc la plus juste.
Les pinceaux petit-gris
Les pinceaux utilisés se distinguent par les matériaux qui les constituent et par leur forme.
La capillarité extrêmement dense de ces pinceaux « naturels » permet de retenir une grande quantité de liquide. Ils s’utilisent pour répandre des jus (c’est-à-dire de la peinture très diluée) sur des fonds ou de grandes surfaces. Ces pinceaux sont également idéals pour absorber les excédents d’eau. Je recommande le pinceau « mouilleur » Raphaël n° 1 ou 2, qui possède une très grande réserve pour les lavis (couche de couleur, d’un ton généralement uniforme, qui est appliquée sur la totalité de la feuille).
Les pinceaux en martre
À la fois doux et vigoureux, ils permettent de travailler le graphisme avec précision tout en ayant une réserve suffisante de couleur. Je privilégie les pinceaux en martre Kolinsky aux pointes longues et fines.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Le pinceau traceur
Le spalter
Ce pinceau à manche long possède une pointe extra-fine et longue, en poils de martre, qui permet de tracer des traits fins et précis, d’une régularité constante.
On peut se procurer ces pinceaux dans les magasins de beaux-arts, excepté le spalter qui peut s’acheter dans les magasins de bricolage. Il s’agit d’une brosse souple et plate en poils synthétiques. Je l’utilise pour étaler des lavis sur de grandes surfaces. Largeur de la virole 25 mm.
Les brosses dures et fines
De gauche à droite : 1. Pinceau en poils « naturels » : dit petit-gris, en poils d’écureuil, extra-fin (idéal pour les travaux précis car sa souplesse et sa capillarité permettent d’aborder des techniques plus humides). 2. Pinceau semi-synthétique : mélange de poils d’écureuil bleu et de fibres synthétiques (permet un contrôle parfait de la pointe du pinceau). 3. Pinceau synthétique : en éventail, mélange de fibres synthétiques (permet de faire des effets, par exemple d’herbes, de feuillages…).
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Biseautées, en éventail, rondes, longues, toutes les formes de brosses synthétiques sont intéressantes lorsque l’on explore les possibilités graphiques, de la couleur, de l’eau, du papier sur lequel on travaille. Taille des pinceaux : n° 4 et 6. Ces brosses me sont particulièrement utiles pour éclaircir des zones ou faire des enlevés, c’està-dire enlever partiellement ou totalement la couleur en mouillant le pinceau et en frottant la zone de peinture. Suivant la pression du pinceau, la dilution de la peinture est différente.
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Le papier Comme l’eau et la couleur, le papier est un élément essentiel de la pratique de l’aquarelle. Il existe différents types de papier, chacun révélant un comportement propre. C’est pourquoi je considère le papier comme une matière vivante, qui, tel que l’eau, exige un traitement sensible et complice de la part du peintre. Selon la technique utilisée, la sensibilité de chacun et le rendu à obtenir, le papier est toujours une affaire de choix personnel.
Le choix du papier On peut distinguer trois familles de papier : le grain satiné, le grain fin et le grain torchon. Chacune de ces catégories est disponible sous des grammages différents. Pour ma part, je préfère le papier 300 g, le grammage le plus couramment utilisé. Voici quelques propositions parmi les marques les plus courantes du marché :
Papier Montval
Inconvénient : sa surface manque de nervosité pour travailler les enlevés de couleurs.
Papier Fabriano Composition 50 % cellulose, 50 % coton (grain fin) Mon coup de cœur ! Avantage : la surface à la fois nerveuse et tendre permet d’alterner les techniques en toute liberté et de créer des effets graphiques multiples.
Composition 100 % cellulose (grain fin et satiné)
Inconvénient : parfois un peu difficile à manipuler et à contrôler pour les peintres débutants.
Avantage : très résistant, ce papier supporte tous les traitements, tels que le grattage, les frottements, les gommages et les lavis. Il vieillit en outre très bien.
Le choix du support
Inconvénient : les couches de couleur risquent de se retirer par endroits. Si l’effet est maîtrisé, cela produit des effets graphiques intéressants.
Papier Arches Composition 100 % cellulose (grain torchon ou grain fin) Avantage : ce papier est moelleux et épais, l’eau s’infiltre facilement et de façon uniforme. Il est idéal pour la formation des dégradés.
Il est préférable de travailler sur un papier tendu : cette précaution garantit un meilleur maintien de la feuille sur le support lors des passages d’eau successifs et évite qu’il ne gondole. Tendu sur planche ou sur châssis, le choix du support est tout comme le papier une question de confort personnel.
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Le papier tendu sur une planche
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Le papier tendu sur châssis
Debout ou assis Pour des raisons de confort, certains préféreront travailler debout ou assis. On peut déposer le support sur un chevalet, une table ou un tabouret. Je commence par mouiller les deux faces de la feuille en étalant l’eau avec la paume des mains. Je positionne la feuille sur la planche en bois ou en stratifié, puis je la fixe avec du papier kraft gommé mouillé en collant la bande sur les quatre côtés de la feuille sur une largeur d’au moins 1,5 cm.
Comme pour une toile destinée à la peinture à l’huile, il s’agit de tendre la feuille mouillée sur un cadre en bois. J’immerge la feuille de papier dans un bac d’eau pendant au moins cinq minutes. Je positionne la feuille sur le châssis, puis j’agrafe le papier sur le bois en commençant par le centre du côté droit. À chaque point fixé, j’agrafe en alternance le côté opposé. Le papier est tendu comme une peau de tambour. Plus léger que la planche, ce dispositif est facile à manipuler.
Astuces pour conserver l’humidité selon le support Quel que soit le support choisi, il faut toujours avoir en tête le maintien de l’humidité du papier. Voici quelques conseils qui vous aideront à trouver votre manière personnelle de travailler. Au sol À l’intérieur, je pose le châssis sur un torchon humide étendu à même le sol. Sur planche plastifiée On peut déposer la feuille mouillée directement sur une planche de stratifié. La planche ne respire pas et une condensation permanente se forme entre le papier et le support. Quand le lieu me le permet, je trempe ma feuille une dizaine de minutes dans l’eau, ainsi elle est suffisamment imprégnée pour rester mouillée presque une heure (en fonction de la température et de l’endroit où je me trouve).
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La peinture à l’aquarelle L’aquarelle est composée de pigments purs, mélangés avec un liant soluble à l’eau : la gomme arabique. Cette résine naturelle provient de l’arbre « Acacia arabica ». Plusieurs présentations et modes de conditionnement existent aujourd’hui. Voyons quels sont les avantages et les inconvénients de chacun.
Conditionnement
Palettes
Les présentations les plus courantes sont :
Vous pouvez acheter des palettes en plastique ou en porcelaine dans le commerce ou improviser des palettes en détournant des objets usuels tels que :
• le tube (différentes contenances de 5 à 21 ml) ; • le godet (double ou simple). L’aquarelle en tube contient une plus grande quantité de glycérine que la peinture en godet. Elle est ainsi plus adaptée au travail en lavis. En général, je préfère utiliser les tubes car ils me laissent plus de liberté pour travailler : je peux prendre plus de peinture dense sur mon pinceau, réaliser des godets, voire une palette que je confectionne. Je fabrique moi-même les accessoires suivants.
La boîte de peinture d’écolier Je la vide de son contenu et remplis les godets de peinture. À tout moment, je peux nettoyer les compartiments séparément.
Les petites boîtes servant au conditionnement des perles Je remplis chacune des petites boîtes de peinture. Puis je les fixe avec de la pâte à fixer au fond d’une boîte en plastique. À tout moment, je peux nettoyer et changer les couleurs.
• le plat à escargots ; • l’assiette à fondue ; • le plat rectangulaire ou rond. Personnellement, je préfère les plats en porcelaine ou en faïence car la peinture ne s’y rétracte pas.
Qualité Il existe deux niveaux de qualité d’aquarelle : la fine et l’extra-fine, sachant que cette dernière possède une teneur en pigment bien supérieure, qui donne des couleurs plus intenses.
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Quelques accessoires Au fil de l’expérience, le peintre construit son univers de création. À ses sujets de prédilection, aux techniques qui lui conviennent, s’ajoute peu à peu un petit cortège d’accessoires qui accompagnent l’artiste dans son cheminement créatif. Voici quelques-uns de mes instruments fétiches, utilisés dans les réalisations qui suivront. Les éponges : employées pour mouiller la feuille, retirer l’excédent d’eau si une flaque se forme et nettoyer les bordures de la planche où s’accumulent l’eau et la peinture. Le gant de toilette ou le papier absorbant : utilisé pour essorer le pinceau, en le faisant rouler sur le gant ou sur le papier absorbant. De cette façon, il ne reste sur le pinceau que la quantité d’eau nécessaire pour peindre. Une cale de rehaut : facile à fabriquer soi-même, cette petite planche soutenue par deux tasseaux rehausse la planche sur un côté, de manière à incliner son travail. Elle peut aussi servir d’appuie-main. Le vaporisateur : utilisé pour déstructurer les voiles et les aplats de peinture (voir p. 63). Le sèche-cheveux : employé pour sécher la peinture entre les étapes de réalisation d’une aquarelle.
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Les couleurs Avant de commencer à peindre, il est nécessaire de connaître quelques règles concernant la couleur. La réussite d’un tableau dépend aussi du bon usage des couleurs. Et n’oubliez pas, plus vous connaîtrez la matière avec laquelle créer, plus votre imagination sera libérée.
Classification et mélange
Les couleurs tertiaires
Les couleurs primaires
Il s’agit des teintes obtenues par le mélange d’une couleur secondaire et d’une couleur primaire.
Les couleurs de base • Rouge magenta • Jaune • Bleu de Cyan
Mélange
Résultat
Rouge et orange
Rouge orange
Bleu et vert
Bleu vert
Les pigments aquarelle correspondants
Bleu et violet
Violet bleuâtre
• Rouge quinacridone • Jaune helios • Bleu de phtalocyanine
Les couleurs intermédiaires
Les couleurs secondaires Le cercle chromatique.
Il s’agit des teintes obtenues par le mélange de 2 couleurs primaires. Mélange
Résultat
Jaune et rouge
Orange
Rouge et bleu
Violet
Bleu et jaune
Vert
Il s’agit des teintes obtenues par le mélange de 2 teintes secondaires. Mélange
Résultat
Violet et vert
Vert bronze
Orange et vert
Vert mousse
Les couleurs •
Les couleurs complémentaires Il s’agit des teintes obtenues par le mélange des 2 teintes opposées sur le cercle chromatique.
La couleur complémentaire de AB est donc C (celle qui reste, celle qui n’est pas dans le mélange). Afin de varier les intensités de couleurs, il suffit de changer les proportions des teintes.
Violet
Complémentaire
Jaune
Exemple : 2/3 jaune + 1/3 rouge = jaune orangé
Vert
Complémentaire
Rouge
1/3 jaune + 2/3 rouge = rouge orange
Orange
Complémentaire
Bleu
Mémo technique de la couleur complémentaire
Dans le cas du rouge orange, la complémentaire reste toujours le bleu mais avec une nuance plus rouge.
Afin de mémoriser les correspondances de couleurs complémentaires sans avoir toujours recours au cercle chromatique, voici quelques astuces.
²/3 A + ¹/3 B = AB
En partant des trois couleurs primaires
²/3 C + ¹/3 A
Mélange
Résultat
Couleur complémentaire
Bleu et jaune
Vert
Rouge (couleur manquante)
Jaune et rouge
Orange
Bleu (couleur manquante)
Rouge et bleu
Violet
Jaune (couleur manquante)
A
A A + B = AB
AB
A + B = AB
B
B
C
C
AB
Le schéma des crayons : munissez-vous d’un éventail de crayons de couleur (bleu, jaune, rouge) et effectuez les combinaisons ci-dessus.
La complémentaire reste toujours le bleu mais avec une pointe de rouge.
Les harmonies de couleurs Les couleurs ont un vocabulaire propre et leur application sur le papier doit se faire selon des règles d’harmonies. Car certains accords peuvent heurter l’œil, d’autres peuvent l’apaiser. Rouge/vert : chacune des couleurs appliquées sur des surfaces de même dimension et à luminosité égale donne une intensité homogène. Bleu/orange : une surface divisée en 2/3 bleu + 1/3 orange = équilibre Bleu/jaune : une surface divisée en 1/4 jaune + 3/4 bleu = équilibre
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L’aquarelle et le dessin Portée par l’inspiration du motif, il m’arrive d’ignorer l’étape du dessin, ou plus exactement de la composition. Mais au commencement, je conseille fortement de tracer sur la feuille une esquisse préparatoire. La première étape du trait s’avère souvent une aide précieuse pour analyser les éléments du motif et demeure un fil conducteur sûr et précis dans les étapes de réalisation qui suivent.
Voici quelques règles de composition, simples et d’une grande utilité pour apprivoiser en quelques lignes un paysage, un portrait ou une nature morte.
À faire Pensez à articuler les éléments les uns avec les autres, et composez immédiatement avec la lumière. Les volumes sombres et clairs se découpent et dictent une composition naturelle.
À éviter Afin de donner une dynamique à la composition, évitez les constructions trop symétriques qui risqueraient de figer le sujet.
Base
Composition
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Interprétation de la ligne Le trait en dessin n’est jamais neutre. Qu’il soit continu et fluide ou tremblant et rompu, il est porteur d’une humeur que notre inconscient enregistre spontanément. Voici quelques exemples : Lignes cassées = dynamisme
Lignes arrondies = apaisement
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Quelques conseils pour amorcer un dessin
1. Observer la vue d’ensemble.
2. Visualiser des masses.
Points pour visualiser
3. Commencer par représenter la masse la plus grande. Ainsi je vois si les proportions tiennent dans la feuille. Si la composition est trop grande, je réduis la masse de départ.
Cadrage trop grand Bon cadrage Feuille
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4. Je concentre mon regard sur le contour du sujet avec l’aide de la main gauche en même temps que je dessine avec la main droite : comme un pantographe.
Ligne de regard
5. S’aider d’une équerre en carton. Je fixe avec une attache parisienne deux bandes de carton de 20 cm de long sur 2 cm de large. L’angle d’ouverture permet de vérifier les proportions. Il suffit de la poser sur la photo ou face au motif puis sur le dessin en conservant l’angle d’ouverture de manière à s’assurer de son exactitude.
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Comment interpréter et peindre un sujet ? La réussite d’un tableau se mesure au plaisir avec lequel l’auteur l’a créé. Peindre réserve en effet de très grands moments de bonheur mais à condition d’observer quelques règles techniques fondamentales. Il n’est en effet pas question de négliger les principes de base (énoncés ci-dessous), car le manque de savoir-faire se ressentira à un moment pour créer une limite dans la liberté du geste et altérer le plaisir !
Quelques questions à se poser avant de commencer un tableau : Quels sont les éléments essentiels à faire ressortir dans la composition ? Quelle émotion suscite en moi ce que je vois ? Faut-il traiter une partie du motif ou bien le traduire dans sa totalité ? Comment simplifier la composition et aller à l’essentiel ? Dois-je donner la priorité au graphisme et aux lignes ou bien aux contrastes et aux valeurs (intensités ou degrés de saturation d’une couleur) ? Quelle est la tonalité dominante du tableau ? Où se situent les réserves de blanc du papier vierge et les zones de blancs colorés, qui définiront la lumière ? Quel est mon message ? Qu’est-ce que je veux dire ?
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Analyse d’une œuvre Voici un petit condensé de la réalisation d’un de mes tableaux. • Éléments essentiels à faire ressortir : pommes
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Gestuelle : veine d’eau (dépose de pigments liquides dans la veine d’eau) Observation : profondeur (valeurs foncées ou claires)
Technique : arrière-plan (peinture dense claire)
• Une partie du motif : panier • Aller à l’essentiel : simplifier le fond • Priorité : contrastes et valeurs • Tonalité : chaude • Réserves de blanc du papier ou blancs colorés : lumière • Qu’est-ce que je veux dire : les pommes et le fond ne font qu’un, sensation « entrelacement »
Observation : lumière (blancs, blancs colorés)
Imaginaire : lumière (enlevés, blancs colorés)
Technique : ombres (pulvérisations d’eau à l’aide d’un vaporisateur, la couleur se répand)
Technique : premier plan (peinture dense foncée)
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Mon approche technique de l’aquarelle Ce qui va suivre dans ce chapitre consacré à la technique n’est donné qu’à titre indicatif. Si vous suivez ces conseils à la lettre telle une recette de cuisine, vous n’obtiendrez pas la saveur d’un bon moment de peinture ! Imaginez plutôt être face à une commode pourvue de multiples tiroirs. J’ai rempli chacun d’eux d’informations, à vous de les ouvrir dans l’ordre qui vous convient le mieux. Avec ces pistes, votre expérience et votre sensibilité, vous trouverez votre propre voie pour dialoguer avec l’eau.
Sur papier mouillé ou sur papier sec ?
Un premier conseil Soyez curieux ! Ne craignez pas de répéter les gestes, d’en inverser l’ordre tout en analysant les différents processus, en observant les réactions et les effets, et tout cela dans une grande décontraction. L’important est d’ouvrir son imaginaire tout en restant soi-même !
Choisir le papier mouillé pour la réalisation de grands sujets qui exigent une gestuelle ample et déliée. La couleur se répand mieux, plus rapidement. On obtient ainsi une vue d’ensemble dès le début du travail. Sur ces flous, il est ensuite facile d’appliquer des éléments plus nets en juxtaposition.
Préférer le papier sec pour des petites surfaces et un travail plus précis qui valorise le détail. Je peins alors avec deux pinceaux en alternance. J’applique ainsi la couleur avec le premier pinceau et je l’étire immédiatement avec l’autre pour faire fuser la teinte.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Visualiser mentalement la réalisation d’une aquarelle du début à la fin n’est pas une démarche aisée. Imaginez-vous face à l’orée d’une forêt… Devant vous, ronces et branchages font obstacle. Vous dégagez le passage et allez ainsi tout au bout du chemin. Arrivé là, vous refaites le film à l’envers en reposant chaque végétal à sa place, comme si vous superposiez des calques les uns sur les autres. Petit à petit vous allez ainsi construire votre propre vision des choses tout en respectant trois éléments essentiels : la lumière, les couleurs et la transparence. Le chemin peut paraître long mais avec de la persévérance, beaucoup d’exercice et bien sûr du plaisir, la réussite est à portée de tous !
Technique de l’aplat Sur papier mouillé
1. Appliquer au pinceau à lavis de la couleur sous forme de jus sur la feuille. 2. Incliner la feuille dans différentes directions (ainsi la couleur se répandra uniformément sur la feuille). 3. Pencher le support vers soi en s’aidant d’une petite cale de rehaut. 4. Absorber l’excédent d’eau avec un pinceau à lavis bien essoré.
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Sur papier sec
Technique du dégradé
1. Appliquer au pinceau à lavis de la couleur très liquide sur la feuille.
Le procédé est le même sur papier sec ou sur papier mouillé. Le papier mouillé présente tout de même un inconvénient : il nous oblige à travailler plus rapidement, au risque d’obtenir des coulures.
2. Incliner la feuille en veillant à conserver une petite réserve d’eau en bas. 3. Appliquer de nouveau de la couleur liquide. 4. Récupérer au pinceau la goutte de liquide formée au bas de la feuille.
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Variation des flous Afin de moduler les effets de flous, il faut avant tout bien connaître son papier et ses réactions à chaque étape du mouillage ! Voici quelques applications.
Flou diffus
1. Appliquer sur la feuille (ici sur papier sec) la teinte choisie. 2. Incliner la planche vers soi et l’appuyer sur une petite cale afin d’avoir les mains libres. 3. Tremper le pinceau à lavis dans l’eau et l’essuyer délicatement sur le bord du récipient. 4. Passer le pinceau à l’horizontale en reprenant la dernière goutte de peinture posée précédemment. 5. Faire descendre le pigment en deux ou trois passes de pinceau. 6. Tremper à nouveau le pinceau dans l’eau et recommencer l’opération autant de fois que nécessaire pour obtenir le dégradé désiré. 7. Absorber au pinceau à lavis l’excédent d’eau.
1. Mouiller généreusement la feuille par endroits. Ajouter sur l’eau de la peinture liquide. La peinture ne pénètre pas tout de suite, elle reste en suspens comme une goutte d’huile sur l’eau. 2. Attendre que le pigment, plus lourd que l’eau, se dépose et retirer à l’aide d’un pinceau essoré le surplus d’eau. Après absorption du liquide, le pigment fuse tranquillement et les bords se délitent par endroits.
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Flou plus marqué
Flou léger 1. Pour un effet très légèrement flou, utiliser la peinture directement sortie du tube ou bien prélevée dans le godet à l’aide d’un pinceau à lavis essoré. 2. La peinture accroche légèrement sur le papier mouillé (mais pas brillant), provoquant des sortes d’empâtements qui se lissent d’eux-mêmes lorsque la couleur se répand lentement.
1. Sur un papier mouillé à cœur, je balaye rapidement la peinture liquide à l’aide d’un pinceau à lavis. Le pigment fuse rapidement et les bords se délitent par endroits.
2. En modifiant la densité de la peinture, l’effet de « fusage » devient moins flou et les franges qui dessinent les bords, moins présentes.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Notions de graphisme Si l’aquarelle est en premier lieu synonyme de couleur et de transparence, cette technique offre cependant une multitude de possibilités graphiques. Voici quelques éléments de base pour dessiner dans et avec la couleur.
L’enlevé
Sur un papier humide (mais pas brillant), je mouille au pinceau à lavis la zone de couleur à traiter en effleurant la feuille pour ne pas surcharger le papier. J’essuie le pinceau avec du papier absorbant et j’enlève sans tarder le liquide déposé. En passant une seconde fois le pinceau essoré, une partie du pigment se retire, laissant sur la feuille un voile coloré et transparent. Par ce terme, je désigne les gestes qui consistent à retirer la couleur, partiellement ou totalement pour retrouver la blancheur du papier.
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Le trait sur papier mouillé
Variation et rupture du trait
Je prélève à l’aide d’un pinceau kolinski de la peinture liquide à peine diluée de sorte que la couleur reste dense. Je tiens mon pinceau à la verticale au-dessus de la feuille. Par effleurement, la peinture glisse sur le support. Le pigment ne pénètre pas tout de suite dans la fibre du papier, ce qui me permet de travailler plus longtemps.
Le trait sur papier sec Je procède de la même manière que sur papier mouillé jusqu’au moment de dessiner sur le papier. Le pinceau ici n’est pas en contact avec le papier. Je guide la goutte de peinture qui s’est formée à l’extrémité du pinceau sans toucher la feuille. La goutte se transforme en filet très fin.
À l’aide d’un pinceau à lavis essoré, j’absorbe le liquide en écrasant la tête du pinceau sur une partie de la ligne. J’obtiens ainsi un bord parfaitement net et plus clair. À tout moment, je peux ajouter dans le sillage du trait de la peinture pâteuse, le pigment pur non dilué, afin d’accentuer la couleur, et d’atténuer la transparence.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Je peux mouiller avec un pinceau à lavis chargé d’eau claire la partie retravaillée. Une auréole se forme, et j’absorbe au milieu de l’auréole le liquide en écrasant la tête du pinceau. Je charge mon pinceau d’eau. Sur le papier sec, j’applique un filet d’eau. Immédiatement, j’ajoute du pigment liquide dedans (libre à moi ensuite de le laisser tel quel ou de tirer et d’orienter ma couleur facilement, à l’aide d’un second pinceau chargé d’eau).
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Les réalisations
Cette partie propose quelques réalisations développées pas à pas, qui m’ont permis d’aborder des sujets différents, de la technicité à la créativité. N’oubliez pas qu’un pas à pas n’équivaut pas à la totalité d’une réalisation. Ici, l’essentiel à retenir est le « lâcher prise », et même si vous voulez respecter l’ordre des étapes, rien ne vous empêche de l’adapter à votre rythme. L’expérience, la ténacité, faire et refaire… Dans la création, l’humilité est de mise et la route est longue.
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Pas à pas n° 1
Forêt (paysage sur papier sec)
Un rayon de lumière matinale perce les murs végétaux de la forêt. Face à cette nature en éveil survient spontanément l’envie de peindre. Sans perdre une minute, je déploie mon matériel. Dans cette cathédrale de verdure, je me sens en communion avec les éléments.
Les pinceaux • 2 pinceaux à lavis n° 2 et n° 8 • 2 pinceaux en martre n° 10 et n° 12 • 1 pinceau traceur n° 10 • 1 pinceau biseauté en poils synthétiques n° 6 La palette • Jaune de Naples • Jaune auréoline • Vert-de-vessie • Orange foncé • Terre de Sienne • Rouge Winsor foncé
Peindre sur le motif Parfois la vue d’un paysage peut séduire au point de vouloir la saisir en dessin ou en peinture. Mais ressentir par le regard est une chose, et créer par l’émotion en est une autre. Avant d’installer son matériel et de se lancer dans la réalisation, il faut rendre accessible le motif choisi. En d’autres termes, je prends possession du lieu pour me sentir à l’aise et confortable d’un point de vue physique et matériel. Je choisis, par exemple, un terrain bien plat, en respectant une distance raisonnable par rapport au sujet. J’amorce ensuite une période d’observation plus ou moins longue : par le regard, il s’agit de récolter le plus d’informations possibles. Plus je connais les détails et les particularités du paysage, mieux je pourrai sélectionner les éléments qui me paraissent essentiels et écarter les autres.
Aller à l’essentiel • Réaliser plusieurs petits croquis pour choisir le cadrage. • Mise en évidence du premier plan : représenter les ombres, foncées, et définir nettement les formes. • Travailler le flou sur l’arrière-plan, utiliser des couleurs claires sur les arbres en hauteur (lumière).
Pas à pas n° 1 •
La technique du focus
Préparation des couleurs
Afin de me familiariser avec le motif, je commence en général par un petit croquis format 10 x 10 cm. Cela me permet d’identifier les valeurs, les ombres et les lumières. Puis je distingue les éléments les plus importants par de petites hachures plus ou moins serrées selon la netteté du sujet, qui me permettent également d’indiquer les valeurs. Comme en photographie, j’ajuste et j’équilibre les nets et les flous, une sorte de focus manuel avec l’œil. Entre-temps, le cadrage se précise, comme s’il découlait de cette mise au point.
Esquisse sur un calque
Afin de comprendre et d’accentuer la profondeur, voici deux astuces illustrées ci-dessous : Hachures larges : lumière
Hachures sombres
Hachures estompées avec le doigt : profondeur, représentation floue ou couleurs claires
Hachures croisées : ombre
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Petit croquis hachuré
Zone claire qui va suggérer la profondeur
Je conserve toujours à portée de main un morceau de papier, sur lequel je fais des mélanges. Ce sont des essais particulièrement importants pour la mise au point des verts. Certains verts purs sortis du tube ne correspondent pas à la teinte recherchée. C’est donc par tâtonnement que je les transforme ou bien que je les crée avec des mélanges de jaune et de bleu.
36 •
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Mouiller le papier Au cours de la réalisation, le papier sèche très vite puisqu’il n’a pas été préalablement mouillé à cœur. Afin de retravailler certaines zones, je n’hésite pas à ajouter de l’eau sur les couches de couleur épaisse. Les teintes restent stables si l’on procède par légers effleurements du papier avec un pinceau raisonnablement chargé en eau.
1
Au critérium HB, je trace les lignes directrices de la composition. En verticale et en horizontale, ces lignes mettent en valeur les effets de perspective, les profondeurs et les volumes. Cette structure de départ est une sorte de canevas qui va guider mentalement mon travail de peinture. Il faut veiller à ne pas surcharger la feuille de traits, au risque de perdre ces premiers repères.
2
Sur papier sec, je fais circuler le pinceau à lavis n°2 chargé d’eau et de pigment en arcs de cercle. L’amplitude du geste accentue les effets de balayage sur les zones les plus claires avec un dégradé jaune de Naples, jaune auréoline et vert clair. Je plonge mon pinceau dans l’eau et je l’essuie délicatement sur le rebord de mon récipient. Je couche le pinceau en frôlant le pigment pour étirer la couleur sur les bords. La teinte fuse et les jus colorés investissent ainsi mieux l’espace cohabitant avec les zones blanches du papier.
3
La mise en couleur du ciel implique une utilisation en alternance de deux pinceaux à lavis. Avec l’un, j’applique en bandes horizontales le bleu Winsor dilué. Avec l’autre pinceau, j’allonge chaque jus avec de l’eau claire. Le pigment descend ainsi progressivement en dégradé. Au niveau de l’horizon, le dernier jus à peine coloré déborde sur la seconde partie du tableau et permet d’unifier visuellement les deux plans que forment le ciel et les arbres.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
5
J’amorce les éléments de végétation. L’arbre le plus imposant est d’abord dessiné au pinceau en martre n° 10 avec du vert-de-vessie et une pointe de bleu Winsor pâteuse. À l’aide d’un autre pinceau en martre, je fais fuser la couleur pour donner vie au branchage. La partie supérieure, moins détaillée que le centre, est évoquée par des taches plus diluées. L’effet mousseux du haut de l’arbre contraste avec le cœur des branchages, plus dessiné. Avec le même vert, je descends progressivement dans le tronc et j’affirme la forme de l’arbre solidement arrimé dans le paysage.
4
Les principales lumières sont posées.
Je monte les valeurs progressivement par des touches de couleurs de plus en plus rapprochées. La teinte jaune de Naples, plus dense, rayonne d’un éclat vif et annonce un changement de couleurs. J’introduis en effet peu à peu des notes de vert jusqu’à finir dans une gamme de verts chauds, j’introduis un peu de rouge Winsor. À ce stade, je laisse sécher le papier, la tonalité dominante du tableau est alors définitivement posée.
6
Afin de réintroduire la lumière et ciseler les volumes, je procède à une série d’enlevés, c’est-àdire au retrait partiel de la couleur. Je mouille un pinceau en martre n° 10, que j’essuie sur le rebord du récipient, et je trace sur papier mat humide une ligne d’eau pure. Cela a pour effet de déplacer et de retirer le pigment. Je repasse immédiatement sur la ligne avec un pinceau biseauté synthétique n° 6 afin d’aspirer le liquide et d’arrêter la diffusion du pigment. Un flou léger apparaît tandis que la ligne devient de plus en plus claire.
Effets flous Arrêt net Cœur du branchage
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
À mi-parcours Je me concentre à présent sur la mise en valeur des premiers plans grâce aux superpositions de jus de couleur transparents.
Réalisation de jus
En mélangeant la peinture à beaucoup d’eau, on obtient une peinture très liquide, appelée « jus », qui permet de garder une goutte de la teinte travaillée après chaque passage du pinceau sur le papier. Ici, le papier étant penché, ce petit surplus de liquide se trouve en bas.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
7
Sur le papier incliné, à l’aide d’un pinceau en martre n° 10, je dépose une goutte de terre de Sienne et d’orange, mélangés au préalable, en tenant le pinceau en martre à la verticale. Avec un second pinceau chargé d’eau, j’étire cette goutte mêlant tour à tour des zones nettes et floues pour contraster et structurer le feuillage. Mon geste est fluide comme une écriture de lignes continues et interrompues. Seule mon imagination me guide.
Arrêt net
Effets flous
Je prends du recul pour distinguer l’équilibre des contrastes.
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Teinte opaque
Lorsque le papier ne brille plus, j’applique une couleur dense au pinceau traceur. La teinte opaque se diffuse lentement réaffirmant les valeurs et par conséquent la profondeur optique.
8
Mon aquarelle est sèche. Afin d’animer les zones qui manquent de relief, je remouille toute la surface. Pour éviter les auréoles trop marquées, j’effleure délicatement les limites extérieures des taches humides avec un papier absorbant.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Goutte
Jus
Sur le papier à nouveau sec, j’applique un jus de peinture liquide que j’allonge. La goutte s’étire au rythme du pinceau qui révèle des traits fins ou plus épais.
Je cherche à intégrer une lumière, un rayon qui réveille l’ensemble de la composition et évoque le tempérament joyeux de ce paysage. Je mouille le papier à l’aide du pinceau synthétique biseauté, je retire délicatement le pigment en frottant légèrement le papier. Je rince bien mon pinceau et je remouille le papier en frottant à nouveau, plusieurs fois de suite, jusqu’à ce que je retrouve un papier presque blanc.
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Glacis Ce terme utilisé à l’origine en peinture à l’huile sert en aquarelle à décrire un lavis uniforme exécuté dans une même couleur. Le glacis unifie l’aspect des différentes couleurs d’une peinture.
9
Je poursuis la recherche du juste équilibre entre les teintes. Je vais procéder à une série de glacis sur papier sec en utilisant des jus pour remédier aux différentes dissonances : unifier des zones d’ombre, faire ressortir la lumière sur de grands espaces, ajuster la tonalité ambiante et faire virer les couleurs trop acides en les réchauffant.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Profondeur (sur papier sec)
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Pas à pas n° 2
Forêt (paysage sur papier mouillé)
Un rayon de lumière matinale perce les murs végétaux de la forêt. Face à cette nature en éveil survient spontanément l’envie de peindre. Sans perdre une minute, je réalise quelques croquis. Dans cette cathédrale de verdure, je me sens en communion avec les éléments.
Les pinceaux • 2 pinceaux à lavis n° 2 et n° 8 • 2 pinceaux en martre n° 10 et n° 12 • 1 pinceau traceur n° 10 • 1 pinceau biseauté en poils synthétiques n° 6 La palette • Jaune de Naples • Jaune auréoline • Vert-de-vessie • Orange foncé • Terre de Sienne • Rouge Winsor foncé
Variante sur papier mouillé Confortablement installée dans l’atelier, je reprends mes croquis pris sur le lieu. Je préfère adopter pour interpréter ce paysage la technique sur papier mouillé. Le résultat sera très approchant de celui sur papier sec, bien que la manière de faire soit différente pour chacune des deux techniques. Cette méthode montre combien le médium de l’aquarelle est riche et varié. À chacun d’adopter la technique en accord avec sa sensibilité. Avec la méthode du papier mouillé, il convient de mettre en place l’esquisse avant le trempage de la feuille. La fibre du papier imprégnée d’eau (on dit que le papier est « mouillé à cœur ») accueille d’autant plus profondément le pigment, ce qui augure d’une texture légèrement plus veloutée que celle obtenue à partir de la technique sur papier sec.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
1
Je verse de l’eau directement sur la feuille de papier. Puis j’étale avec la paume des mains sur toute la surface. Lorsque le liquide est totalement absorbé, je mouille une seconde fois pour imprégner le papier au cœur de la fibre. Je reproduis la même opération sur le verso de la feuille. Puis je finis par fixer la feuille avec des bandes de papier kraft gommé, voir p. 13.
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Un travail de patience Sur papier mouillé, le travail s’effectue en plusieurs temps. Il faut savoir observer des périodes de « repos » et respecter des temps de séchage différents. Savoir également remouiller par zones et retravailler ainsi une même partie selon des stades d’humidité variés. Ces variations sont les clés de la réussite d’une aquarelle à la fois contrastée et équilibrée.
La diffusion du pigment Je commence toujours la mise en couleur sur la partie centrale afin d’observer l’amplitude que va prendre le jus coloré au cours de sa diffusion. J’arrête le processus sur les bords avec un pinceau à lavis essoré toujours à portée de main et je contrôle ainsi peu à peu l’élargissement des taches.
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
3
2
Sur la surface très mouillée, j’applique les teintes les plus claires : jaune de Naples, jaune auréoline et vert clair à l’aide d’un pinceau lavis n° 2. J’observe les couleurs se mêler entre elles. Je positionne dès à présent la terre de Sienne avec une pointe de rouge Winsor à l’aide d’un pinceau à lavis n° 2. Le pinceau presque couché caresse la surface du papier et laisse échapper des taches de couleur qui s’élargissent aussitôt.
Afin d’augmenter les valeurs des tons précédents, je prélève sur la palette une peinture pâteuse légèrement diluée. Je promène mon pinceau en martre n° 12 sur les zones déjà colorées. Je le fais danser en variant les inclinaisons : vertical ou au contraire presque couché selon la largeur des zones mises en couleur. Sur la surface encore humide, des effets demi-flous apparaissent.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
4
Je procède à des enlevés qui donneront des touches de lumière. J’ajoute une petite quantité d’eau avec un pinceau en martre n° 10 préalablement essuyé sur un gant de toilette. La couleur se dilue instantanément. Puis j’aspire l’excédent d’eau avec le pinceau essoré pour faire apparaître le blanc du papier.
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
À mi-parcours Je prends du recul. Temps d’observation du tableau. Le fond est à présent en place et les tonalités dominantes sont définies.
L’enlevé Avec un pinceau en martre chargé d’eau que j’essore délicatement sur le bord du récipient, je trace sur papier humide et mat une ligne d’eau pure : le pigment se retire et laisse apparaître un blanc coloré.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
5
À ce stade, je constate qu’il manque de la profondeur dans les zones floues. Je verse directement sur les couleurs sèches une bonne quantité d’eau. Lorsque l’eau est absorbée par le papier, j’applique quelques touches de peinture très pâteuse avec un pinceau en martre n° 10.
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Peinture pâteuse Cette expression évoque le pigment sorti du tube et soigneusement unifié sur la palette afin d’éviter des empâtements sur la feuille. Il convient de vérifier sur un bout de papier sec que la peinture accroche sur le support.
50 •
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Si je m’aperçois que la structure d’ensemble devient trop rigide, je cueille une petite quantité de peinture que je dépose sur la zone humide. La touche fuse aussitôt, les bordures se fendillent de petites franges à la frontière de la partie sèche.
6
Je dilue davantage les jus jusqu’à obtenir des « films » de transparence légèrement plus soutenus que le lavis. Je tiens l’extrémité du pinceau en martre n° 10 au-dessus de la feuille afin d’obtenir une bonne amplitude gestuelle grâce au mouvement du poignet. La position verticale permet en outre de faire goutter la peinture que j’étire ensuite au pinceau traceur. Je fais descendre le filet d’eau tout en aspirant l’excédent avec le pinceau en martre essoré. Les bords restent nets et mes premiers plans se dessinent.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
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Gestuelle du pinceau Tenu à la verticale sur le bout du manche, je bouge le pinceau d’avant en arrière dans un mouvement de balancier pour déposer le pigment liquide, qui se répandra tout seul dans le filet d’eau.
7
À l’aide d’un pinceau en martre n° 12, je dépose un filet d’eau en imaginant un tracé de branches et de feuilles.
Avec un pinceau en martre n° 10, je dépose du pigment très liquide dans la veine d’eau. La couleur court aussitôt dans la ligne d’eau.
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
8
Sur papier sec et munie d’un pinceau biseauté synthétique mouillé, je fais des enlevés en frottant les parties que je souhaite éclairer. Je prends soin de bien remouiller la surface pour l’éclaircir le plus possible.
Visualisation du travail en reprenant à tout moment les étapes 5-6-7 pour obtenir des profondeurs différentes.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Profondeur (sur papier mouillé)
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Pas à pas n° 3
Architecture
Sur le sentier de randonnée, nos pas lourds et fatigués nous entraînent dans l’enclos d’une vieille ferme abandonnée. Assise sur un banc, je contemple la bâtisse rongée par le temps. Une lumière de miel nimbe la façade et mon esprit s’envole vers des parfums de cheminées, de pommes et de noix.
Les pinceaux • 1 pinceau à lavis n° 2 • 2 pinceaux en martre n° 10 et n° 12 • 1 pinceau pointu synthétique n° 6 • 1 pinceau traceur n° 10 • 1 vaporisateur La palette • Terre de Sienne brûlée • Bleu Winsor
La pierre a une histoire Partant d’un sujet très réaliste, la façade d’une vieille maison, je cherche ici « à faire parler la pierre ». La patine de la pierre et les aspérités qui l’accidentent et la meurtrissent sont les stigmates d’une longue histoire. Travailler la texture de la roche, animer les pans sombres de lueurs moirées et envelopper l’image d’une note onirique sont les trois principes qui vont guider cette réalisation. Par la fluidité du geste, la fusion des teintes et l’effacement des arêtes, j’emporte le sujet vers une représentation abstraite et fantaisiste. Une évocation du souvenir.
La monochromie À l’exemple des photographies anciennes couleur sépia, j’ai choisi de transcrire le sujet dans une teinte dominante, le brun. Peindre en monochromie implique une grande attention sur le rendu des textures. Ces effets de matières sont d’abord produits par le travail des contrastes et des dégradés, des superpositions et des transparences, mais pas seulement. La nature du pigment joue en elle-même un rôle crucial dans l’application monochrome, d’où l’utilisation de pigments opaques ou transparents pour multiplier les réactions à l’eau : « repoussement » du pigment, formation d’auréoles, chute du pigment dans les creux du papier, etc.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
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La gestuelle
2
1
Au crayon HB, je place les grandes lignes de la composition : les verticales et les horizontales des principaux éléments, la fenêtre, la poutre, la porte et son linteau. Je mets en avant quelques éléments, comme cette pierre à gauche de la porte dont la teinte modulée indique de forts contrastes lumineux. Si le centre de la composition est figuratif, mon dessin devient de plus en plus vague vers les marges de la feuille. Ce traitement des flous et des nets est une façon de mettre en abîme le sujet, de l’envelopper de l’aura du souvenir et du rêve.
Sur le verso de la feuille, je verse une petite quantité d’eau que j’étale immédiatement avec la paume des mains. Je recommence l’opération sur l’endroit du papier. Seule mon impression tactile m’indique si le papier est bien imbibé. Sous mes doigts, je dois sentir la même sensation de fraîcheur au centre comme aux extrémités de la feuille. Plus l’eau s’étale et se diffuse, plus mes mains glissent facilement sur le support. Lorsque la feuille est imprégnée à cœur, je la fixe sur une planche de contreplaqué à l’aide de bandes de kraft gommé, voir p. 13.
La gestuelle est déterminante pour la réussite de cette réalisation. Les mouvements du pinceau très amples impliquent une position du bras spécifique : le coude doit rester immobile, seul le poignet bouge. Pour faciliter et rendre naturelle cette position, je démarre souvent mon travail debout, le bras restant ainsi bien droit. Afin de garder cette position tendue, on peut également travailler assis sur une chaise, la planche ou le support placé sur une table basse.
56 •
L’aquarelle, de l’émotion à la création
3
À l’aide du pinceau à lavis n° 2, j’applique la terre de Sienne brûlée sur toute la surface de la feuille. Le pinceau très incliné, je répands un jus de couleur dense. Partant d’une zone très foncée, la teinte diffusée progressivement perd de sa vivacité définissant déjà naturellement des zones plus claires. Lors de cette première mise en couleur, je ne me soucie pas ni du dessin ni du contour des formes.
4
Pour introduire les effets de gouttelettes, je charge le pinceau en martre n° 12 d’eau claire, puis, je le tapote énergiquement sur le manche d’un second pinceau. Plus le geste est rapide et saccadé, plus les gouttes seront fines, et à l’inverse, le geste plus lent produira de larges gouttes. Je joue avec ces différences. En séchant, le papier commence à se matifier. Le moment est propice pour vieillir et patiner la pierre. Sur les zones les plus claires, je fais rouler le pinceau essoré qui emporte le pigment resté en surface. Les pigments opaques restent dans les creux du papier.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
5
Il est temps de prendre du recul, d’écouter le dialogue entre l’eau et la couleur, d’observer les incidences et le liquide en mouvement puis délicatement figé sur la feuille. Ainsi, je note la formation d’auréoles. Mon imaginaire s’éveille, tout un langage de formes et de textures s’offre à moi. Je commence par élargir les auréoles en ajoutant une goutte d’eau qui repousse la couleur ; la tache claire évoque les grandes écorchures sur le mur quand la pierre perd sa peau patinée. À l’inverse, je creuse les zones d’ombre par assombrissement. J’écrase sur la palette la terre de Sienne brûlée directement sortie du tube. Puis je dépose des touches ponctuelles de couleur avec le pinceau en martre n° 10. Le pigment opaque se dépose rapidement et accentue la profondeur des ombres.
6
La façade est maintenant parée de sa couleur brune altérée par les affres du temps. Afin d’animer le pan de mur, je module la lumière selon deux façons différentes. Sur le support incliné, je vaporise des jets d’eau obliques sur l’ensemble de la feuille. La couleur de nouveau en mouvement dégouline sur le bas du tableau laissant les zones encore plus claires.
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
À mi-parcours
Sur le papier sec, je balaie de filets d’eau le côté le plus exposé à la lumière. Le pinceau en martre n° 12 tenu à la verticale, la pointe effleure le papier en petits mouvements d’arabesque. J’absorbe avec le pinceau à lavis l’excédent de liquide et je pose le support à plat, laissant « travailler » la matière au contact de l’air.
La base colorée du tableau est prête à recevoir les détails du dessin.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
7
Sur papier sec, je travaille pierre par pierre la texture de la façade. J’utilise simultanément deux pinceaux en martre : le n° 10 pour appliquer la couleur et le n° 12, bien essoré, pour créer des jeux graphiques. Sur les zones jugées trop claires, j’ajoute une peinture liquide, de la terre de Sienne brûlée, un jus suffisamment clair pour obtenir de belles transparences. À l’aide du second pinceau en martre, j’étire la couleur vers l’extérieur de façon à faire fuser les bordures. Avec la pointe du pinceau, j’aspire ensuite par endroits le liquide afin d’animer la surface de traces dégradées. Ces gestes reproduits sur deux ou trois endroits différents de la façade font peu à peu ressortir les aspérités de la pierre ravinée.
8
Avec une couleur plus soutenue, je laisse s’échapper de la pointe du pinceau traceur un mince filet de peinture au tracé irrégulier. Avec un filet d’eau claire, je casse par endroits le cordon de couleur, puis je tamponne le liquide avec du papier absorbant afin d’arrêter la progression de la couleur. J’injecte ensuite sur la ligne brune encore fraîche un jus bleu Winsor qui se répand comme une veine sur le mur évoquant les multiples lézardes qui fendillent la façade. Je fais naître la poudre de la même façon en traçant les fibres horizontales du bois.
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
9
La zone la plus sombre du tableau correspond à un très grand « trou » d’ombre, l’entrée d’un grenier dont la porte a depuis longtemps disparu. Je vais animer la surface et lui apporter une profondeur en mélangeant directement sur le papier deux jus très foncés : l’un terre de Sienne brûlée, et l’autre, bleu Winsor. La superposition de ces jus très sombres produit des aplats transparents. Avec le pinceau essoré, je fais fuser les teintes sur les bords, la couleur se diffuse ainsi selon son gré et rompt l’uniformité du pan coloré.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
10
Lorsque le tableau est tout à fait sec, je couvre l’ensemble du sujet d’un voile transparent à dominante bleue et agrémenté d’une pointe de brun transparent. Ce jus extrêmement dilué, bien étiré jusqu’aux angles de la feuille, adoucit les passages lumineux, estompe les ruptures des ombres marquées. C’est ainsi que se forme le voile du souvenir, celui de la photographie ancienne qui nous fait lentement glisser dans les rêveries nostalgiques.
Façade
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Pas à pas n° 4
Églantier
Au cœur d’un feuillage tendre, j’ai aperçu le fruit d’un églantier à l’éclat vif et brillant. Cette vision s’est imprimée dans ma mémoire. Seul cet ovale rouge, généreux, assorti de verts doux demeure dans mon esprit. Comme arrachée au réel, l’image se pare de symbolique poussant ma créativité sur le fil d’une représentation abstraite.
Les pinceaux • 2 pinceaux à lavis n° 2 et 3 • 1 spalter avec virole de 25 mm • 2 pinceaux en martre n° 10 et 12 • 1 pinceau biseauté en poils synthétiques durs n° 12 • 1 vaporisateur La palette • Rouge transparent • Bleu phtalo • Jaune gomme-gutte • Jaune quinacridone • Laque de Garance • Vert-de-vessie
La liberté du geste Dans cette réalisation, la frontière qui sépare le figuratif de l’abstrait reste très vague. L’élan créatif accompagné d’un geste délié, ample, et pourrait-on dire libre, guide entièrement le procédé technique. Je compare ce processus à une petite commode munie de multiples tiroirs où sont rangées les « recettes » techniques. Intuitivement, je tire l’un ou l’autre tiroir selon des besoins qui se créent au fur et à mesure de la réalisation. Issue d’une observation constante et rigoureuse ainsi que de l’écoute de sa propre sensibilité, une harmonie subtile se crée dans le plaisir et la plénitude de l’acte de peindre.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Quelques gestes clés Utiliser le vaporisateur : il convient de bien tenir le vaporisateur incliné au-dessus de la feuille, afin que l’eau soit projetée obliquement. Si le jet est vaporisé de face, la couleur est aussitôt balayée sur les côtés et empêche l’effet de dégradé obtenu par glissement progressif du pigment.
1
Dans un bain d’eau claire, je trempe la feuille de papier pendant environ dix minutes, afin d’obtenir un papier mouillé plus à cœur, ce qui permet de travailler plus longtemps, sans précipitation. Je profite de ce temps d’attente pour préparer les couleurs.
2
Je balaie les zones les plus claires d’un jaune gomme-gutte. Le pinceau à lavis n° 3 très incliné sur la feuille, je déploie des gestes amples et fluides. Par ces mouvements harmonieux, j’oriente la lumière du tableau sans provoquer de rupture dans la couleur.
Faire danser le pinceau : afin de varier la largeur d’une touche ou d’un trait de couleur, j’alterne les positions du pinceau. Plus il est incliné sur la feuille, plus le trait est épais et vice versa lorsque le pinceau revient à la verticale. La dynamique du geste à la fois précis et fluide produit une rythmique du pinceau, comme si l’instrument dansait. Travailler l’amplitude du mouvement : quand le geste est très ample, à l’exemple des jus balayés pour la mise en place de la lumière, je dégage le plus possible le pinceau de la pression de la main. Ainsi, je tiens le pinceau le plus loin possible de la touffe, à l’extrémité du manche.
• 63
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
3
Le pinceau à lavis n° 3 maintenu à la verticale, je dépose une peinture plus dense, mélange de vert-devessie et de bleu phtalo. Mon bras est tendu. C’est avec les mouvements du poignet que j’accompagne la trajectoire du pinceau qui semble danser sur le papier. La peinture dense, directement sortie du tube, se disperse moins vite que la couche précédente. Selon la luminosité recherchée, je superpose des jus plus ou moins foncés en faisant monter les valeurs.
L’aquarelle, de l’émotion à la création
4
Toujours sur papier mouillé, mais déjà mat, j’amorce le dessin du fruit au centre de la composition. Je fais pivoter la tête du pinceau à lavis n° 3 sur le papier afin de libérer une peinture crémeuse, composée de rouge transparent et d’une pointe de bleu phtalo. Pour les baies en second plan, moins nettes et d’une teinte très claire, je dilue le pigment rouge de façon à obtenir un jus transparent et coloré. Je plonge le pinceau dans le liquide et je l’essore immédiatement. La capillarité du pinceau retient ainsi uniquement la couleur.
Une peinture pure et claire Je dilue le pigment avec un peu d’eau et j’essuie délicatement le pinceau sur un gant de toilette. L’eau est absorbée. La quantité de pigment retenue dans le pinceau reste raisonnable et suffisante pour créer des flous clairs.
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Les enlevés « spontanés » Sur une surface mate et humide, je fais glisser d’un geste fluide et rapide le pinceau en martre n° 10 gorgé d’eau. Sur son passage, des ouvertures se forment dans la couleur, c’est-à-dire des lignes claires et légèrement floues.
5
Je procède à présent à des retraits de couleur, les enlevés, afin de dessiner les différents éléments de la composition. Ce procédé graphique, essentiel dans cette réalisation, consiste à retirer le pigment afin de jouer avec la blancheur du papier. Sur une surface presque sèche, je fais glisser le pinceau en martre n° 10 essoré. L’importante capillarité du pinceau emporte partiellement la couleur laissant une fine couche transparente sur le papier.
Papier humide et peinture sèche
Des enlevés avec un pinceau essoré
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Baie mouillée et peinture dense
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Baie mouillée et peinture plus dense
6
Afin d’obtenir des blancs plus prononcés, je frotte la couleur sèche avec un pinceau dur et biseauté. Une pellicule de pigment se retire. À chaque passage, je rince le pinceau et je continue les frottements délicatement, selon l’éclaircissement désiré (pour ne pas risquer de déchirer sa feuille, je conseille de prendre du papier 300 g). Je finis par aspirer l’excédent de liquide avec du papier absorbant laissant nettement apparaître le blanc du papier.
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Sur papier sec, je mouille la surface des baies centrales avec le pinceau lavis n° 2. J’applique à l’aide d’un pinceau martre n° 10 un jus liquide rouge transparent sur les deux fruits et j’ouvre la forme avec un second pinceau en martre n° 12 afin de tirer la couleur vers le bas. Sur cette surface très réduite, je monte la valeur de différentes façons : d’abord par jus superposés, puis avec de la peinture de moins en moins diluée, jusqu’à l’obtention d’un rouge profond et velouté.
Baie mouillée et peinture liquide et claire
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Je promène mon pinceau en martre n° 12 sur le papier sec en dessinant à l’eau claire des lignes entrelacées. Ma gestuelle suit le cheminement d’une couleur imaginaire toujours dans le sens initial de la lumière défini au début de ma réalisation (pour ne pas l’oublier, je trace au crayon une petite flèche dans ce sens sur le bord de ma feuille). Je rajoute une peinture liquide à base de laque de Garance, de vert-de-vessie et de jaune quinacridone.
Je multiplie les tonalités en variant les verts, avec par exemple du vert olive (mélange à base de 50 % de jaune quinacridone, de 30 % de laque de Garance et de 20 % de vert-de-vessie). Les teintes se diffusent de façon plus ou moins régulière. J’ajoute par endroits des touches de peinture crémeuse dont le tracé plus net se propage lentement sur le papier. Afin de dégager le motif et déconstruire l’aspect trop structuré de la composition, je vaporise le motif d’eau claire. Les valeurs se diluent et les contours du sujet se dissolvent.
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À mi-parcours
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Le motif au centre du tableau est mis en valeur par les effets déstructurés qui l’entourent. Sur cette base, chacun peut selon sa sensibilité changer le degré d’abstraction : poursuivre le travail des enlevés, fondre les valeurs sous l’action du vaporisateur, etc.
Avec un mélange de base (bleu phtalo, laque de Garance et une pointe de jaune quinacridone), je prépare un jus très dilué que j’applique sur les zones les plus ombrées. Ce voile très discret accentue l’ombre. Ensuite, je superpose des couches très claires cette fois à dominante bleue, à peine éclairées de jaune. L’ombre doit rester un espace transparent. Le couvrir de peinture plus dense entraînerait un effet gouaché et boucherait complètement les parties moins exposées à la lumière.
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Je réalise des enlevés sur les couleurs encore humides. À l’aide d’un pinceau en martre n° 10, je dépose un filet d’eau qui forme des enlevés spontanés donc plus flous.
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Chaque élément pris à part demande un équilibre des contrastes et un travail de texture. Cette partie de la réalisation est plus intuitive. Comme en cuisine où l’assaisonnement d’un plat se fait progressivement, j’ajoute ou je retire de la matière par tâtonnements, en alternant des techniques différentes. Par endroits, je cherche un rendu en surface plus velouté.
Je mouille au pinceau la zone à traiter en élargissant bien le périmètre, la couleur crémeuse, presque pure, se répand lentement et en profondeur. À chaque application, je pense à estomper avec du papier absorbant les bords de la feuille. Si le résultat me semble trop figé, je déstructure le motif au vaporisateur, puis, si nécessaire, je cisèle de nouveau les parties floues à l’aide de pinceaux en martre n° 10 et n° 12.
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Enlevés
Touches de peinture pure
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Afin d’accentuer les effets de profondeur, je procède à l’application sur papier sec de plusieurs lavis : les uns très dilués pour évoquer les arrière-plans, d’autres plus denses pour valoriser les avant-plans. J’ajuste encore certains détails : la baie rouge adoucie par une touche de jaune, les valeurs des ombres montées en touches épaisses, etc. Quand le tableau est tout à fait sec, je couvre la composition d’un lavis très transparent, jaune ou vert, afin de donner à l’ensemble du sujet sa tonalité ambiante.
Églantier
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Pas à pas n° 5
Portrait
À Marrakech, jour de marché, les petites places de la médina s’emplissent de cris, de couleurs et de parfums d’épices. Au milieu du brouhaha, je remarque un homme, le visage jovial et le sourire généreux. Sa peau dorée sillonnée de ridules traduit le caractère à la fois sympathique et charismatique du personnage. Avec son accord, je le prends en photo, désireuse de transcrire en peinture cette belle rencontre.
Les pinceaux • 2 pinceaux à lavis n° 1 et 2 • 2 pinceaux en martre n° 10 • 1 spalter avec virole de 25 mm La palette • Jaune auréoline • Terre d’ombre naturelle • Brun transparent • Rose magenta • Bleu Cyan
D’après photo Si j’ai choisi de travailler d’après photo pour peindre un portrait, c’est d’emblée pour la liberté et la distance que je peux prendre par rapport au sujet. Inutile de m’attarder sur les détails. Je me concentre sur les quelques éléments qui de prime abord attirent mon attention : le regard, le sourire, la couleur de la peau et les marques du temps imprimées sur le visage. Ma volonté se résume ainsi : me rapprocher de ce qui participe de l’histoire de cet homme. La photo dans ce sens me sert d’aidemémoire, par exemple restituer la forme du visage et la distribution des masses et des contrastes. La technique s’effectue ensuite sur papier sec, seule la zone du visage est constamment mouillée. Plus précise et concentrée sur le visage, ma démarche consiste à favoriser une gestuelle rigoureuse afin de dessiner à l’aide des pinceaux.
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La carnation La technique appliquée à cette réalisation consiste à mettre au point une teinte de carnation de base très foncée, composée de brun transparent, bleu Cyan et d’une pointe de rose magenta. Sur la palette, je décline cette couleur en un dégradé précis et très progressif, puisqu’à chaque passage, je dilue le jus « à dose homéopathique ». Sur le papier, je commence par poser le mélange le plus clair, puis je monte les valeurs en dessinant les parties du visage. À mesure que j’avance en valeur, la peinture utilisée est plus dense. Les superpositions du plus lumineux au plus sombre produisent un bel effet de profondeur tout en privilégiant le rendu de la peau et la mise en valeur du visage en lui-même. Mise à part la teinte jaune de départ, c’est-à-dire la première lumière du tableau, toutes les nuances résultent ici de mélanges à base de trois ou quatre couleurs. Avant d’amorcer une étape, je conseille de préparer la teinte sur la palette et de tester les dégradés sur du papier. De mauvaises proportions de départ pourraient en effet occasionner des surprises sur le papier.
En haut, les trois couleurs de base : rose transparent, bleu Cyan, brun transparent En bas à gauche, la carnation foncée : mélange des trois couleurs + jaune auréoline En bas à droite, la carnation claire : mélange des trois couleurs + terre d’ombre naturelle
Comme du modelage Dans cette réalisation, je ne peux mieux comparer le geste du peintre qu’à celui du sculpteur. L’idée générale est en effet identique pour les deux démarches : l’alternance de l’ajout et du retrait de la matière.
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Sans appuyer sur le papier, je dessine le personnage à l’aide d’un crayon HB. Sur un papier à part, je fais un petit croquis au format 10 cm x 10 cm sur lequel j’identifie les valeurs, les ombres et les lumières. Puis, je distingue les éléments les plus importants par de petites hachures plus ou moins serrées selon la netteté du sujet.
À l’aide du pinceau à lavis n° 2, je mouille le visage avec de l’eau claire. Puis j’applique un voile de jaune très transparent, ainsi que de la couleur de la carnation claire avec un pinceau lavis n° 1. Ce jus à la base très dilué est encore davantage éclairci sur le papier, car j’étire la couleur afin de produire un dégradé.
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J’ajoute à présent de la peinture plus dense directement sur le jus encore frais afin d’amorcer les parties dessinées. Je marque déjà les rides en appliquant une peinture plus dense avec le pinceau en martre n° 10 tenu à la verticale. La teinte reste la même, brun transparent, bleu Cyan et une pointe de magenta (couleur de la carnation), seule la valeur est modulée.
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Je commence à traiter la zone du vêtement en faisant glisser la couleur du visage encore humide sur la partie du buste. J’étire la teinte au pinceau à lavis chargé d’eau. Puis, je la fais onduler à l’aide d’un pinceau en martre afin de suggérer les mouvements des plis du turban.
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Le taux d’humidité n’est plus satisfaisant pour continuer le travail. Je sèche rapidement la réalisation en cours au sèche-cheveux. À l’aide d’un spalter, je mouille la zone à traiter et son contour. Par effleurement, je ramène au spalter sec le liquide vers l’extérieur. J’ajoute ensuite de la peinture pure, donc non diluée, au pinceau en martre. Si des filaments viennent à se former, j’effleure mon papier avec un pinceau en martre sec en repoussant la couleur vers l’extérieur.
Sur le papier mouillé, sans être brillant, je retire le pigment à la pointe du pinceau en martre légèrement plus mouillé que le papier lui-même.
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À mi-parcours
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À l’aide d’un pinceau à lavis n° 2, je couvre d’eau pure la totalité du vêtement. J’incline le pinceau et je balaie des zones larges de pigment rose magenta. Je reprends le même mélange que celui utilisé pour la peau, mais en augmentant les proportions de jaune afin d’obtenir une couleur un peu plus violine. Sur cette surface humide, j’ajoute au pinceau en martre une couleur plus pure pour marquer les plis.
L’homme se devine par les détails amorcés du visage, mais la silhouette n’est pour l’instant constituée que de taches de couleur. Je privilégie l’expression du visage et j’adopte par conséquent une technique essentiellement basée sur les effets graphiques.
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Tel un patchwork, je construis l’étoffe du vêtement par fragments, des taches de couleur juxtaposées en jus transparents de terre d’ombre naturelle. Avec un pinceau en martre tenu à la verticale, je dirige une goutte de pigment sur le vêtement que j’étire sur les côtés à l’aide d’un second pinceau bien essoré. La partie gauche très exposée tire vers une teinte de plus en plus violette grâce à un mélange de bleu Cyan, de rose magenta et de brun transparent.
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Je reprends le travail du visage en ciselant certaines parties avec des arêtes nettes. Avec le même mélange de départ, c’est-à-dire de brun transparent, bleu Cyan et de rose magenta, je sculpte davantage les contrastes de lumière. Je garde en main les deux pinceaux en martre : avec l’un j’applique la couleur, puis immédiatement après je fais fuser les bords à l’aide du second.
J’accentue certains détails, comme par exemple l’arc du sourcil, avec de la peinture pure. Au cas par cas, je mouille la zone concernée en déposant l’eau par effleurements afin d’éviter les marques et les salissures.
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commence à sécher, le papier n’est plus brillant, je dépose une petite goutte d’eau qui se répand d’elle-même. Le trajet de l’eau apporte des reflets de transparence, une vie au regard.
Pour le modelé des lèvres, je procède de la même façon que pour l’œil. Un mélange de rose magenta, de bleu Cyan et d’une pointe de jaune auréoline réveille avec discrétion et subtilité l’incarnat de la bouche.
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J’apporte à présent un éclat dans le regard en faisant couler une goutte de brun foncé (mélange de bleu Cyan, de rose magenta et d’une pointe de jaune auréoline) sur la partie mouillée de l’œil. Lorsque la zone
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Pour le traitement des ombres sur papier sec, je prépare un lavis couleur violet prune très clair à base de carnation claire et de rose magenta. À l’aide du pinceau à lavis, je couvre d’un voile très léger toute la partie gauche du sujet.
Avec un second pinceau à lavis n° 2 chargé d’eau, je fais fuser la couleur vers le bas du tableau. Le dégradé provoqué apporte un aspect non achevé à la composition. De la même façon, je place les ombres du visage en conservant des arêtes nettes entre les différentes parties. Le jus très clair, appliqué aussi en couches superposées, est un peu plus soutenu que l’ombre projetée sur le vêtement. C’est un mélange de rose magenta, de bleu Cyan et de terre d’ombre naturelle qui correspond bien au ton de la carnation.
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Afin de faire ressortir le personnage sur un fond bleu ciel, je mouille la zone vierge du papier qui encadre le sujet. Je charge mon pinceau de couleur liquide bleu Cyan que j’applique sur la surface très mouillée. Puis, j’incline la planche de gauche à droite afin de diffuser la couleur.
Avec un vaporisateur, je fais descendre la peinture liquide sur le vêtement. La couleur fuse vers le bas de la feuille, le dégradé provoqué donne un aspect non achevé au tableau.
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Je fusionne les éléments les uns avec les autres par décloisonnement des couleurs. Par exemple, sur le bleu du fond encore humide, je glisse le pinceau en martre chargé d’eau claire et le promène sur la zone sèche du turban. La fluidité du tissu se confond avec la légèreté de l’air, comme si un vent doux venait caresser le visage.
Portrait
Galerie
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Incandescence (Hommage) / 80 x 65 cm
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Pour une amie / 55 x 40 cm
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Regard / 65 x 50 cm
Sagesse / 65 x 45 cm
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Rêverie / 110 x 90 cm
Tourbillon / 110 x 90 cm
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Tête à tête / 50 x 60 cm
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Tournesol / 55 x 50 cm
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Hibiscus / 90 x 110 cm
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Fleurs / 45 x 35 cm
Grappe / 65 x 50 cm
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Libellule / 51 x 35 cm
L’aquarelle, de l’émotion à la création
L’aube / 80 x 60 cm
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Plénitude / 85 x 65 cm
Sous-bois / 70 x 45 cm
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Port d’Essaouira / 70 x 85 cm
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Voyage / 45 x 65 cm
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Promenade / 50 x 40 cm
Cascade / 45 x 35 cm
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Refuge / 85 x 65 cm
L’aquarelle, de l’émotion à la création
La ruelle / 55 x 45 cm
Souk de Marrakech / 65 x 45 cm
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Coup de feu / 85 x 110 cm
L’aquarelle, de l’émotion à la création
Fantasia / 80 x 100 cm
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Glossaire de l’artiste Aplat : lavis étalé sur une large surface de façon à produire une tonalité uniforme. Dégradé : lavis dont les tons passent progressivement du foncé au clair, ou du clair au foncé. Enlevé : sur papier sec ou humide, zone sur laquelle on a « enlevé » partiellement ou totalement la couleur en mouillant le pinceau et en frottant la zone de peinture. Suivant la pression du pinceau, la dilution de la peinture est différente. Glacis : ce terme utilisé à l’origine en peinture à l’huile sert en aquarelle à décrire un lavis uniforme exécuté dans une même couleur. Le glacis unifie l’aspect des différentes couleurs sous-jacentes d’une peinture. Jus : peinture très diluée qui permet de garder une goutte constante après chaque passage du pinceau, que l’on peut utiliser pour faire un lavis. Lavis : fine couche de couleur, d’un ton généralement uniforme, qui est appliquée sur la totalité de la feuille à l’aide d’un pinceau plat ou rond généreusement chargé de couleur. Martre : mammifère dont les poils bruns servent à fabriquer des pinceaux aquarelle. Mouiller à cœur : papier qui est mouillé dans toute sa profondeur. Petit-gris : écureuil du Nord de l’Europe, dont les poils, d’un gris ardoisé, sont utilisés pour fabriquer des pinceaux aquarelle. Réserve : zone du papier dont on veut conserver le blanc initial, le plus souvent pour définir la lumière de l’aquarelle. Valeur : degré de luminosité, du plus clair au plus foncé, d’une couleur.
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Aux Éditions Eyrolles Trait pour trait Créer textures et effets de matière, M. WARR, 2003-2010 Dessiner d’après modèle vivant : nus et personnages, L. WATSON, 2003 Mieux peindre à l’huile, B. GORST, 2004-2010 Mieux peindre l’ombre et la lumière à l’aquarelle, P. SELIGMAN, 2004-2010 Aquarelle : techniques mixtes, R. BALKWILL, 2005 Mieux peindre à l’acrylique, I. SIDAWAY, 2006 Peindre à la manière des impressionnistes, S. HODGE, 2006 Dessiner à la manière de Léonard de Vinci, S. D. WHITE, 2007
Atout carré Calligraphie : couleur et création, M. NOBLE et A. WADDINGTON, 2001 Gravure et impression : techniques et création, J. MARTIN, 2001 Peinture chinoise : tradition Qi, W. JIA, C. XIAOLI et D.YOUNG, 2002 Écrire et illustrer des livres pour enfants, D. MACCANNON, S. THORNTON et Y. WILLIAMS, 2009
Guides couleurs Le nuancier de la peinture à l’huile, R. CUTHBERT, 1993-2003 Le nuancier du pastel, R. CUTHBERT, 1994-2004 Acrylique : plus de 3000 mélanges et effets de glacis, I. SIDAWAY, 2006 Aquarelle : plus de 2700 mélanges, M. CLINCH et D. WEBB, 2006
Dans d’autres collections Peinture : toutes les techniques, Fleurs et natures mortes, nus et portraits, paysages, T. CLARK, 2003-2009 Pratique de l’Aquarelle en plus de 30 projets, COLLECTIF, 2004 Pratique du Dessin en plus de 65 projets, COLLECTIF, 2004-2009 La couleur, D. HORNUNG, 2006 Le dessin : maîtriser son langage, K. MICKLEWRIGHT, 2006 La leçon de peinture, J.-C. GÉRODEZ, 2007 Manuel complet de gravure, B. FICK et B. GRABOWSKI, 2009 Le nu, modèle vivant, J.-C. GÉRODEZ, 2009. Et bien d’autres ouvrages à découvrir sur le site www.editions-eyrolles.com
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L’aquarelle, de l’émotion à la création
Remerciements J’adresse en tout premier lieu mes remerciements à Patrick Astruc mon époux, pour son travail et la patience dont il a fait preuve. Je remercie également Alexandra Bourré pour sa réécriture sensible et juste, ainsi que Monique et Pascale pour leur aide précieuse. Je remercie tout particulièrement Pablo Abreu qui par son talent et ses conseils avisés de graphiste a contribué à la qualité de la conception dans la version auto-éditée de ce livre. Enfin, je ne saurais oublier tous mes élèves, des ateliers passés et actuels, qui m’ont donné l’envie de publier cet ouvrage.
L’aquarelle De l’émotion à la création
Joëlle Krupa-Astruc, diplômée des Beaux-arts, pratique l’aquarelle depuis de nombreuses années. Elle anime des stages à travers toute la France et ses œuvres font régulièrement l’objet d’expositions.
Conception couverture : Nord Compo
L’aquarelle est un médium en mouvement, un appel à créer et une source de plaisir accessible à tous. C’est là le credo de Joëlle Krupa-Astruc, qui, au fil de ces pages, guide vos pas et vos pinceaux à la découverte de cette technique picturale fascinante, mais parfois capricieuse. Aiguisant vos sens et votre intuition créative, l’artiste vous propose tout d’abord de vous familiariser avec les outils et d’acquérir les bases propres à l’aquarelle : choix du matériel, préparation du papier, méthodes d’application de la peinture et de l’eau, élaboration d’une composition, etc. Puis, cinq réalisations, détaillées pas à pas et abondamment illustrées, vous invitent à mettre en pratique vos acquis, à votre rythme. Du paysage au portrait, en passant par la texture de la pierre et l’éclat de la végétation, chacune est le reflet d’une expérience, d’une situation donnée où l’artiste a dû trouver les clés picturales et créer un langage en accord avec l’eau et le pigment. La technique et le récit se trouvent mêlés en un lieu intime, où la création est associée au plaisir.