Langue française minute by the greate library [PDF]

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Zitiervorschau

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© 2021, Contre-Dires, une marque du groupe Guy Trédaniel. ISBN : 978-2-81322-625-9 Tous droits de reproduction, traduction ou adaptation réservés pour tous pays. www.editions-tredaniel.com [email protected] www.facebook.com/editions.tredaniel @editions_contre_dires thegreatelibrary.blogspot.com

À Sven

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Sommaire Couverture

Page de titre Page de copyright Introduction Mémento Fautes d'accord Fautes de conjugaison Fautes d'orthographe Fautes de construction Fautes de vocabulaire Fautes de proximité Fautes de graphie Répertoire des difficultés abordées

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Introduction Les recruteurs nous le disent sur tous les tons : un CV ou une lettre de motivation avec une faute d’orthographe, et c’est « poubelle ! ». En dehors des concours de dictée, populaires auprès de quelques forcenés, le français correct n’est à peu près abordé que dans le cadre de la recherche d’emploi. Comme si le travail était la seule raison de vouloir bien parler et écrire notre belle et impressionnante langue. On peut verser de l’encre et des larmes sur un système éducatif défaillant qui, s’il ne montrait pas ses faiblesses, rendrait le présent livre superflu. Mais autant admettre que jamais tous les sortants de l’école ne pourront rivaliser avec Bernard Pivot. Cette collection «  Minute  », qui promet de s’immerger dans un sujet en deux cents points, au rythme d’une minute par-ci par-là, se propose à présent de s’attaquer aux difficultés de la langue française, avec le plus de pragmatisme possible. Il ne sera pas question de théorie grammaticale, bonne pour nos sages Académiciens, mais d’égrener les sujets nous posant des problèmes au jour le jour, que ce soit à l’occasion de l’écriture d’un courriel, au cours d’une discussion en famille, voire d’une prise de parole en conférence de presse au plus haut sommet de l’État !   Nous avons osé une petite fantaisie, à contre-courant des ribambelles d’ouvrages sur le thème : illustrer la majeure partie des leçons avec des exemples puisés dans l’histoire de France. Nous y avons vu un moyen de capter l’attention et, espérons-le, de fixer les connaissances acquises.

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Progressons, donnons-nous pour objectif de respecter les règles existantes, tout en écoutant Victor Hugo nous dire  : «  […] la langue française n’est point fixée et ne se fixera point. Une langue ne se fixe pas. L’esprit humain est toujours en marche, ou, si l’on veut, en mouvement, et les langues avec lui. » (préface de Cromwell, 1827).   Delphine Gaston-Sloan  

Avertissement Cet abrégé a pour objectif de vous aider à surmonter les difficultés du français. Il serait paradoxal que vous y trouviez des erreurs ! Pourtant, malgré tout le soin apporté à sa rédaction et à sa relecture minutieuse, il ne peut être totalement exclu que quelques rares fautes de frappe s’y soient glissées et aient échappé à notre vigilance. Si tel était le cas, nous vous présentons nos excuses et vous remercions de votre indulgence. Reste que, d’une certaine manière, nous en serions diablement fiers  : si une faute vous saute aux yeux, c’est que nous avons rempli notre mission.

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Mémento Même si l’objectif de ce livre est de vous familiariser avec le français correct en bannissant au maximum le jargon grammatical, celui-ci est parfois indispensable aux explications. Pour bien commencer, il apparaît donc nécessaire de rappeler le sens de quelques notions de base.   LES NOMS Un nom commun est un mot qui désigne une chose (livre) ou un être vivant, que ce soit une personne (citoyenne) ou un animal (coq). Les noms peuvent être masculins ou féminins. Ils prennent la marque du pluriel. Les noms propres servent à exprimer l’identité des personnes par leur prénom (Victor) ou leur nom de famille (Hugo). Ils peuvent aussi désigner des lieux géographiques (Paris), des publications (Le Monde), des marques (Peugeot)… ils prennent une majuscule. LES ARTICLES Les articles servent à introduire le nom. Ils se placent devant lui. Il existe des articles indéfinis (un/une/des) ou définis (le/la/l’/les). Ils s’accordent en genre et en nombre avec le nom qu’ils déterminent. LES DÉTERMINANTS POSSeSSIFS On les appelle aussi adjectifs possessifs  : mon/ma/mes, ton/ta/tes, son/sa/ses notre/nos, votre/vos, leur/leurs. th

En le précédant, ils introduisent le nom désignant le(s) objet(s) possédé(s) ou une ou des personnes avec lesquelles on établit un lien, une relation. Et avec lui s’accordent en genre (masculin ou féminin) et en nombre (singulier ou pluriel). Mon château est somptueux / j’ai visité ton palais / il a rencontré sa promise / vos députés sont élus. Leur forme varie également en fonction du possesseur (s’il est au singulier ou au pluriel). Leur fils aîné régnera / tes libertés sont fondamentales. LES DÉTERMINANTS DÉMONSTRATIFS On les appelle aussi adjectifs démonstratifs. En le précédant, ils introduisent le nom désignant un objet, une chose ou une personne que l’on veut désigner. Ce/cet/cette/ces s’accordent en genre et en nombre avec ce(s) nom(s). Cette reine était détestée / ces présidents de la République ont étudié à l’ÉNA. LES PRONOMS Les pronoms remplacent ou reprennent des noms. Il existe différentes catégories de pronoms : Les pronoms personnels : je, tu, on, me, vous, se, en, y… Les pronoms démonstratifs : ce, celui, celle… Les pronoms possessifs  : le tien, le nôtre, le leur… Les pronoms interrogatifs  : qui  ? lequel  ? que  ? quoi  ? Les pronoms indéfinis  : chacun, nul, tout, personne… Les pronoms relatifs  : qui, que, quoi, dont, où, auquel… LES VERBES Les verbes sont l’élément central de la phrase autour duquel s’organisent tous les autres mots. Ils expriment l’action, l’état, l’évolution. Ils varient en fonction de la personne, du nombre, du temps, du mode : c’est ce qu’on appelle la conjugaison. Il existe de nombreuses catégories de verbes. th

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LES VERBES TRANSITIFS On distingue : Les verbes transitifs directs qui se construisent avec un complément d’objet direct (COD) sans l’intermédiaire d’une préposition. Le président de la République nomme le Premier ministre. Les verbes transitifs indirects qui se construisent avec un complément d’objet indirect (COI) introduit par une préposition (à, au, aux, de, sur…). Le Premier ministre donne sa démission au président de la République. LES VERBES INTRANSITIFS Ils n’admettent aucun complément d’objet, ni direct ni indirect. Les chiens aboient. Certains verbes sont transitifs ou intransitifs, selon leur sens. Entre l’Élysée et Matignon, la tension monte (intransitif). Kadhafi a monté sa tente à deux pas de l’Élysée (transitif). LES AUXILIAIRES «  Avoir  » et «  être  » sont des auxiliaires qui servent à conjuguer d’autres verbes à certains temps composés, à certains modes, à certaines voix. L’auxiliaire «  avoir  » est employé à la conjugaison des temps composés des verbes transitifs et de la grande majorité des verbes intransitifs. L’auxiliaire «  être  » est utilisé pour la conjugaison des verbes pronominaux aux temps composés, de quelques verbes intransitifs et pour la voix passive. LES VERBES PRONOMINAUX On appelle verbes pronominaux des verbes qui se conjuguent avec un pronom personnel qui reprend la même personne que le sujet ( je/me, tu/te, elles/se…). Certains verbes sont occasionnellement pronominaux, c’est-à-dire qu’ils s’emploient également sans pronom personnel (laver/se laver).

Les verbes essentiellement pronominaux, en revanche, ne peuvent se conjuguer qu’avec un pronom personnel (se suicider). LA VOIX ACTIVE ET LA VOIX PASSIVE On dit qu’un verbe est à la voix active lorsque c’est le sujet qui fait l’action exprimée par ce verbe. Le peuple élit le président de la République. La voix passive s’emploie lorsque le sujet subit l’action exprimée par le verbe. Le président de la République est élu par le peuple. LES ADVERBES Comme son étymologie latine laisse supposer (ad et verbum, qui signifie « qui s’ajoute au mot »), l’adverbe modifie le sens d’un verbe (ils ont combattu ensemble), également celui d’un adjectif (sa stratégie était particulièrement habile), d’un autre adverbe (il a réagi très vite). Ils sont toujours invariables (ne se mettent ni au féminin ni au pluriel). Ils sont de plusieurs catégories, précisent le lieu (ici, là-bas), le temps (hier, demain), la manière (bêtement, salement), la quantité (trop, assez)… LES PRÉPOSITIONS Les prépositions sont des mots invariables (ne se mettent ni au féminin ni au pluriel) dont la fonction est de relier entre eux différents mots d’une phrase : un nom à un autre nom (un permis à points), un verbe à un nom (combattre pour sa patrie), un verbe à un pronom (gouverner contre eux), un verbe à un autre verbe (négocier sans céder)… Les prépositions composées de plusieurs mots s’appellent des locutions conjonctives (afin de, aux environs de, en dépit de, par-delà, vis-à-vis de…). LE COMPLÉMENT D’OBJET DIRECT (COD) Le COD est un complément essentiel du verbe. Il se place directement après lui, sans être introduit par une préposition. Il ne peut être supprimé.

Il répond à la question quoi ? / qui ? César a envahi la Gaule. Question : César a envahi quoi ? / Réponse : la Gaule. César a soumis les Gaulois. Question : César a soumis qui ? / Réponse : les Gaulois. LE COMPLÉMENT D’OBJET INDIRECT (COI) Le COI est un complément essentiel du verbe. Il est rattaché à lui indirectement par une préposition (de, à, en…). Il ne peut être supprimé. Il répond à la question à quoi  ? / à qui  ? / de quoi  ? / de qui  ? / en quoi ? / en qui ? … La France a pardonné aux Allemands. Question : la France a pardonné à qui ? / Réponse : aux Allemands. La France croit en l’avenir de l’Europe. Question : la France croit en quoi ? / Réponse : en l’avenir. Les candidats débattent de leur programme. Question  : les candidats débattent de quoi  ? / Réponse  : de leur programme. LE COMPLÉMENT D’OBJET SECOND (COS) Il indique à qui profite ou à qui nuit l’action faite par le sujet. Ce complément, introduit par une préposition, est rattaché à un verbe qui est déjà construit avec un COD (après ce dernier, il vient donc en second). La République de Gênes a vendu la Corse aux Français. Question  : la République de Gênes a vendu quoi  ? / Réponse  : la Corse. Question : la République de Gênes a vendu la Corse à qui ? / Réponse : aux Français. « Français » est le COS.

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Fautes d’accord L’ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ AVEC « ÊTRE » ET LES VERBES D’ÉTAT Avec l’auxiliaire être et les verbes devenir, sembler, paraître, demeurer, rester… (dits verbes d’état ou verbes attributifs), le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. En 1346, une dizaine d’années après les débuts de la guerre de Cent Ans, les Français sont défaits à Crécy, la ville de Calais est annexée par les Anglais. À la sortie de la Première Guerre mondiale, la France participe à la création de la Société des Nations, organisation qui semblait assurée de garantir la paix.

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CHERCHEZ L’INTRUS   1.  Marie-Thérèse était contente à son arrivée en France pour épouser Louis XIV. Pourtant, quelque vingt ans plus tard, la reine est morte en prononçant ces mots : « Voilà le seul jour heureux de ma vie. »   2.  Sur les canons de l’armée de Louis XIV était gravée cette devise : ultima ratio regum, « le dernier argument des rois ».   3.  Avec le recul, Mme de Sévigné paraît peu inspirée d’avoir déclaré dans une lettre de 1672 : « Racine fait des comédies pour la Champmeslé : ce n’est pas pour les siècles à venir. » Correction Dans la phrase 1, contente et morte sont des adjectifs et non des participes passés, contrairement à gravée (phrase 2) et inspirée (phrase 3).

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LES ACCORDS DU PARTICIPE PASSÉ AVEC « AVOIR » Le participe passé des verbes conjugués avec l’auxiliaire avoir est invariable lorsque le COD (complément d’objet direct, un complément sans préposition) est placé après le verbe. Au printemps 1915, les Allemands ont lancé l’utilisation de gaz toxiques (gaz moutarde) dans les tranchées, alors que le conflit est devenu une guerre de position, de la mer du Nord à la Suisse. Le COD étant « l’utilisation ». Le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le COD si celui-ci est placé avant le verbe. De Gaulle, le 4 juin 1958, à Alger, fait une allocution dont les premiers mots sont passés à la postérité : « Je vous ai compris ! Je sais ce qui s’est passé ici. Je vois ce que vous avez voulu faire. Je vois que la route que vous avez ouverte en Algérie, c’est celle de la rénovation et de la fraternité. » Le COD étant « la route ».

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LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S  

Honoré de Balzac (1799-1850) a entretenu pendant dix-huit ans une relation épistolaire avec une comtesse polonaise, Madame Hanska, dont il était tombé éperdument amoureux et qu’il épousa quelques mois avant de mourir. Cette abondante correspondance n’était pas exempte de fautes d’orthographe, comme en témoigne cet accord : « Les angoisses que tu as eu, mon Ève, je les ai bien cruellement ressenties, car ta lettre m’arrive seulement aujourd’hui. »   Il fallait bien sûr accorder eues avec angoisses. Heureusement, il se rattrape avec ressenties qui est bien orthographié !

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L’ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ SANS AUXILIAIRE Employé sans l’auxiliaire « être » ou « avoir », le participe passé, qu’il soit épithète (directement accolé au nom ou au pronom), apposé (séparé du nom ou du pronom par une virgule) ou attribut (avec l’intermédiaire d’un verbe d’état), s’accorde en genre et en nombre exactement comme un adjectif qualificatif. Après les attentats du World Trade Center le 11 septembre 2001, les États-Unis interviennent militairement en Irak en 2003. Opposée à cette initiative, la France n’y participe pas. Ici, « opposée » est apposé. En septembre 1914, la bataille semblait perdue dans la Marne face à l’Allemagne, mais un redéploiement de l’armée française lui assure la victoire. Ici, « perdue » est attribut.

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À LA RECHERCHE DU TERME PERDU   Retrouvez dans le texte suivant les participes passés sans auxiliaire (indice : il y en a trois).   «  Il y a dix jours, le secrétaire d’État américain, M. Powell, a évoqué des liens supposés entre Al-Qaida et le régime de Bagdad. En l’état actuel de nos recherches et informations menées en liaison avec nos alliés, rien ne nous permet d’établir de tels liens. En revanche, nous devons prendre la mesure de l’impact qu’aurait sur ce plan une action militaire contestée actuellement. Une telle intervention ne risquerait-elle pas d’aggraver les fractures entre les sociétés, entre les cultures, entre les peuples, fractures dont se nourrit le terrorisme ? » Extrait du discours prononcé par le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin à l’ONU lors de la crise irakienne le 14 février 2003. Correction supposés ; menées ; contestée

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QUAND N’ACCORDE-T-ON PAS LE PARTICIPE PASSÉ DES VERBES PRONOMINAUX ? Le verbe pronominal s’accompagne d’un pronom réfléchi (me, te, se, nous, vous) qui renvoie au sujet. Lorsque le complément d’objet direct (COD, complément sans préposition) est placé après le verbe, le participe passé est invariable. De Gaulle écrit dans ses Mémoires de Guerre : « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. » Question  : que s’est fait De Gaulle  ? / Réponse  : une certaine idée, COD placé après le verbe faire.   (à suivre)

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PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous rappeler que, conjugués avec l’auxiliaire «  être  », les participes passés des verbes pronominaux s’accordent normalement avec le sujet. Le 1er novembre 1954, c’est la «  Toussaint rouge  » en Algérie. Après que les nationalistes se sont regroupés en FLN (Front de libération nationale) et ont mis à leur tête Ahmed Ben Bella, ils se soulèvent et multiplient les attentats contre la puissance coloniale française.

QUAND N’ACCORDE-T-ON PAS LE PARTICIPE PASSÉ DES VERBES PRONOMINAUX ? (SUITE ET FIN) Les pronoms pluriels « nous », « vous », « se » accompagnant le verbe pronominal peuvent aussi avoir un sens réciproque (action des uns sur les autres). Ils sont alors complément d’objet indirect (COI) et suivis d’un participe passé invariable. Cette règle s’applique à des verbes tels que se plaire, se déplaire, se nuire, se succéder, se sourire, se parler, se téléphoner, s’écrire, se permettre, se mentir, s’en vouloir, se suffire, se rendre compte, se ressembler… À la tête de la France, quatre dynasties se sont succédé : Mérovingiens, Carolingiens, Capétiens, Bourbons. Question  : elles ont succédé à qui  ? / Réponse : à elles, les unes aux autres, COI, repris par « se ».

LE BON CHOIX   Dans les phrases suivantes, retrouvez le participe passé correctement accordé avec un verbe pronominal.   1.  De 888 à 936, le royaume a connu une grande instabilité politique où Robertiens et Carolingiens se sont (passé/passés/passée) la couronne.   2.  Encore jeune homme, Louis XIV était passionnément amoureux de Marie Mancini, nièce du cardinal Mazarin. Mais la raison d’État exigeait qu’il fît un mariage politique, et elle a quitté la cour. Ils ne se sont jamais (revu/revus).   3.  Malesherbes, défenseur de Louis XVI à son procès, a dit à l’avocat et député Barère : « Vous vous êtes constitué/constitués en République, c’est le meilleur gouvernement, tenez-vous-y si vous pouvez. » Correction 1. passé / 2. revus / 3. constitués

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ACCORDE-T-ON LE PARTICIPE PASSÉ DES VERBES IMPERSONNELS ? Un verbe impersonnel, conjugué à la 3e personne du singulier, a pour sujet le pronom neutre «  il  » qui ne désigne personne (raison pour laquelle on parle de verbes impersonnels). Le participe passé reste invariable. Certains verbes sont exclusivement impersonnels, tels ceux qui ont trait à la météorologie (pleuvoir, neiger, venter…) et falloir. D’autres le sont occasionnellement  : être, paraître, sembler, avoir (il y a), faire, arriver, exister… C’est le cas aussi de certains verbes pronominaux : se pouvoir, s’agir, se trouver… Les pluies incessantes qu’il y a eu en 1787 et 1788 ont détruit les cultures et empêché les moissons.

CHERCHEZ L’INTRUS Parmi ces verbes impersonnels, trois intrus se sont glissés. Identifiez-les. abandonner  ; advenir  ; s’agir  ; bruiner  ; dracher  ; ensoleiller  ; falloir  ; flotter  ; grêler  ; grésiller  ; s’impatienter  ; neiger ; pleuvioter ; se pouvoir ; urger ; venter ; verglacer Correction abandonner ; ensoleiller ; s’impatienter Ils ne sont pas des verbes impersonnels.

LE PARTICIPE PASSÉ « FAIT » SUIVI D’UN INFINITIF EST TOUJOURS INVARIABLE Lorsqu’il est immédiatement suivi d’un infinitif, fait, le participe passé du verbe « faire », est invariable. En juillet 1942, des policiers français, collaborant avec l’occupant nazi et la Gestapo, ont arrêté des milliers de juifs parisiens pendant leur sommeil pour les conduire au Vel’ d’Hiv. Ils les ont ensuite fait transférer à Drancy d’où ils ont été déportés vers les camps de la mort. Il en va de même avec la forme pronominale se faire. Le 16 octobre 1793, après que Marie-Antoinette s’est fait décapiter sur la place de la Révolution (aujourd’hui place de la Concorde), on rapporte que le bourreau, Henri Sanson, a saisi la tête de la reine par les cheveux et l’a brandie au peuple en criant « Vive la République ! ». Le verbe (se) laisser suit la même règle. Marie-Antoinette s’est laissé décapiter sans broncher.

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Dans les phrases suivantes, corrigez les éventuelles fautes d’accord sur le verbe « (se) faire ».   1.  Après avoir délivré Orléans, Jeanne d’Arc a faite sacrer Charles VII à Reims en 1429.   2.  Charlemagne a eu au moins cinq épouses. La deuxième, Désirée de Lombardie, fille du roi des Lombards, s’est fait répudier car elle ne tombait pas enceinte.   3. Décidé à reprendre le pouvoir, Napoléon file de l’île d’Elbe où il est exilé, début mars 1815. Il débarque à Golfe-Juan et prend la direction de Paris. Cette virée, communément appelée le « Vol de l’Aigle  », il ne l’a pas fait en un jet, mais en une vingtaine de jours. Correction 1. fait / 2. pas de faute / 3. faite (règle de l’accord du participe passé avec le COD placé avant « avoir »)

LES DIX MILLE EUROS QUE MA VOITURE A COÛTÉ OU A COÛTÉS ? La forme correcte est les dix mille euros que ma voiture a coûté. Les verbes coûter, peser, mesurer, courir, marcher, valoir, durer, régner, vivre, dormir… appellent un complément précisant un prix, un poids, une mesure, une distance, une valeur, une durée… Ce sont des compléments circonstanciels et non des COD, ils impliquent donc que le participe passé reste invariable. Les deux cents millions d’euros qu’ont finalement coûté les travaux de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel dépassent largement le budget initial. Les deux cents mètres que Marie-José Pérec a couru en 21”99 aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 lui assurent le record de France.

CHERCHEZ L’INTRUS   1.  Un million six cent mille livres. La somme qui était affichée par les célèbres joailliers parisiens Boehmer et Bassenge pour une rivière de diamants de deux mille huit cents carats a dissuadé Louis XVI de l’offrir à Marie-Antoinette.   2.  Les cinq jours qu’a régné Jean Ier le Posthume en 1316 correspondent au temps qu’a duré sa vie.   3. Une armure confectionnée à son intention permet d’évaluer les deux mètres qu’a mesuré François Ier. Correction L’intrus se trouve dans la première phrase. Le participe passé s’accorde parce que c’est « la somme » qui est affichée, et la règle appliquée est celle de l’accord du participe passé avec le sujet d’un verbe conjugué avec l’auxiliaire « être ».

VU LA SITUATION OU VUe LA SITUATION ? La forme correcte est vu la situation. Placés devant un nom ou un pronom, les participes passés vu, prévu, compris, excepté… sont invariables lorsqu’ils sont employés seuls (sans auxiliaire). Ils ont alors valeur de préposition. Dans la nuit du 12 au 13 avril 1814, Napoléon Ier a tenté de se suicider au château de Fontainebleau. L’anecdote a été racontée par son grand écuyer Caulaincourt qui, vu l’heure, était couché, mais qu’on a réveillé en urgence. Pas d’accord non plus en cas de forme elliptique où le verbe est sousentendu. Dans les années 1920-1930, a été conçue la ligne Maginot (du nom du ministre de la Guerre) devant rendre la France impénétrable, grâce à du béton, des fortifications, casemates, souterrains… Hélas, les Allemands devaient être moins idiots que prévu, car cela ne les a pas empêchés d’envahir la France. C’est-à-dire  : les Allemands étaient moins idiots qu’on ne l’avait prévu.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour lister d’autres participes passés suivant ces règles :   examiné  ; lu  ; ouï  ; entendu  ; non compris  ; mis à part  ; ôté  ; soustrait ; approuvé ; accepté ; admis ; autorisé ; certifié ; vérifié ; visé ; signé ; considéré ; étant entendu ; étant donné ; eu égard à ; attendu  ; compté  ; communiqué  ; envoyé  ; reçu  ; passé  ; y compris ; supposé…

VIVE OU VIVENT LES VACANCES ! ? La forme correcte est vive les vacances ! Vive  ! est une exclamation utilisée pour saluer quelqu’un, quelque chose, un événement, et lui souhaiter longue vie, succès, bonheur… Cette expression procède de « que vive », forme du verbe « vivre » à la 3e personne du singulier, conjugué au subjonctif présent, exprimant un souhait. Avec le temps, elle s’est figée et, s’apparentant à une préposition, elle est devenue invariable. Vive le roi ! Vive la révolution ! Vive les mariés ! Vive les vacances ! À l’occasion des commémorations des cent ans de l’armistice de la Grande Guerre, le 11 novembre 2018, le président Emmanuel Macron a prononcé un discours à l’Arc de triomphe, devant plus de soixantedix chefs d’État et de gouvernement, qu’il a terminé par ces mots  : « Vive la paix entre les peuples et entre les États  ! Vive les nations libres du monde ! Vive l’amitié entre les peuples ! Vive la France ! »

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous apprendre que jadis, on accordait le verbe vivre avec le sujet lorsque celui-ci était au pluriel :   La dame du logis avec un long museau S’en allait la croquer en qualité d’oiseau, Quand elle protesta qu’on lui faisait outrage : « Moi, pour telle passer ! Vous n’y regardez pas. Qui fait l’oiseau ? C’est le plumage. Je suis souris : vivent les rats ! Jupiter confonde les chats ! »   Jean de La Fontaine, « La Chauve-Souris et les deux Belettes », Fables, II, 5, 1668.

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SUJET INVERSÉ : NE PAS OUBLIER D’ACCORDER LE VERBE Dans la majorité des cas, s’agissant d’une phrase à la forme affirmative et non d’une question, le sujet est placé avant le verbe. Il arrive cependant qu’il soit inversé et placé après le verbe en fonction de diverses constructions. Il faut alors veiller à bien accorder le verbe avec le sujet, car cette règle-là ne change pas en fonction de la place des mots. Libraire-papetier à Saint-Céré, Pierre Poujade a lancé dans les années 1950 un mouvement de contestation populiste. Dans son viseur se trouvaient de multiples cibles  : l’État, les parlementaires, les étrangers, les juifs, les élites intellectuelles… Le verbe « se trouvaient » est conjugué à la 3e personne du pluriel, car son sujet est « de multiples cibles ».

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Dans ce poème tiré des Contemplations (1856), intitulé «  Le Mendiant  », Victor Hugo raconte l’histoire d’un pauvre homme trempé jusqu’aux os qui se voit offrir l’hospitalité. Tout à sa méditation, le poète en oublie le double sujet inversé. Il laisse le verbe au singulier, comme si seule ruisselait la pluie, et laisse tomber l’eau des fondrières.   Et, pendant qu’il séchait ce haillon désolé D’où ruisselait la pluie et l’eau des fondrières, Je songeais que cet homme était plein de prières, Et je regardais, sourd à ce que nous disions, Sa bure où je voyais des constellations.   Hugo aurait dû écrire ruisselaient.

ON NE MET PAS DE NOM AU PLURIEL APRÈS « C’EST » C’est est un présentatif, servant à mettre un nom ou un pronom en relief, à le souligner. Il se compose du pronom démonstratif «  ce  » (élidé en « c’ ») et du verbe « être », à la 3e personne du singulier. On l’emploie avec un nom singulier. Suite au coup d’État du 2 décembre 1851, Victor Hugo, en exil à Bruxelles, signe un pamphlet contre Napoléon III intitulé Napoléon le Petit (1852). Extrait  : «  Avant le 2 décembre, les chefs de la droite disaient volontiers de Louis Bonaparte : “C’est un idiot.” » Ce sont s’impose devant un pluriel. Plus loin, Hugo poursuit : « […] Ses partisans – il en a – le mettent volontiers en parallèle avec son oncle, le premier Bonaparte. Ils disent  : “L’un a fait le 18 brumaire, l’autre a fait le 2 décembre ; ce sont deux ambitieux.” »

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Dans sa pièce Hérode et Mariamne (1724), Voltaire fait dire au personnage Sohême (acte II, scène 5) :   C’est eux que j’en atteste ; ils sont tous trois mes guides ; Ils vous arracheront aux mains des parricides.   Ce sont eux était la forme correcte. On imagine que la liaison entre «  sont  » et «  eux  » faisait trois pieds alors qu’il ne lui en fallait que deux pour son alexandrin. Le vers est plus important que la grammaire !

L’ACCORD DU VERBE APRÈS « C’EST MOI QUI… » Dans cette tournure, l’accord du verbe se fait avec la personne à laquelle correspond le pronom personnel « moi ». «  Moi  » renvoie à «  je  », l’accord se fait donc à la 1re personne du singulier (moi = je). La règle s’applique à tous les autres pronoms, qu’ils soient au singulier ou au pluriel : toi (= tu), lui (= il/elle), nous, vous, eux (= ils/elles) : l’accord du verbe se fait à la personne indiquée par le pronom. Avec la plus grande modestie, Valéry Giscard d’Estaing s’exprime au sujet du projet de Constitution européenne, en 2005 : « C’est un texte facilement lisible, limpide et assez joliment écrit  : je le dis d’autant plus aisément que c’est moi qui l’ai rédigé. » Attention cependant à la 3e personne du pluriel (eux/elles)  : il faut employer « ce sont » à la place de « c’est ». Dans les années 1890, les anarchistes sont passés à l’action violente. Ce sont eux qui sont responsables de l’attentat à la bombe à la Chambre des députés le 9 décembre 1893.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Charles Baudelaire, dans une lettre adressée à sa mère le 29 octobre 1865, écrit : « C’est toi qui occupe ma pensée, toujours, toute la journée. »   Il pensait tellement à sa chère maman qu’il en a oublié l’accord du verbe à la 2e personne du singulier, commandé par «  toi  », antécédent de « qui » (occupes).

MOI ET D’AUTRES FORMONS UN NOUS Lorsqu’un verbe comporte plusieurs sujets à des personnes différentes dont l’un au «  je  », l’accord du verbe se fait au «  nous  ». Le 17 septembre 1981, Robert Badinter, ministre de la Justice, s’exprime à l’Assemblée nationale pour présenter sa loi pour l’abolition de la peine de mort  : «  Pour les partisans de la peine de mort, dont les abolitionnistes et moi-même avons toujours respecté le choix en notant à regret que la réciproque n’a pas toujours été vraie, la haine répondant souvent à ce qui n’était que l’expression d’une conviction profonde, celle que je respecterai toujours chez les hommes de liberté, pour les partisans de la peine de mort, disais-je, la mort du coupable est une exigence de justice. »

LA MINUTE DES AUTEUR·E·S Quand nos grandes plumes devisent sur la grammaire :   La grammaire, qui sait régenter jusqu’aux rois, Et les fait, la main haute, obéir à ses lois.   Molière, Les Femmes savantes, acte I, scène 6, 1672.

COMMENT ACCORDER LE VERBE AVEC UN SUJET COLLECTIF ? Dans le cas d’un verbe ayant pour sujet un nom collectif (un nom singulier évoquant une quantité plurielle), l’accord se fait à la 3e personne du singulier si le nom collectif est employé seul, sans complément. Le 24 juin 1984, une foule immense envahit les rues de Paris : environ deux millions de personnes parties de plusieurs points de la capitale convergent vers la Bastille pour défendre l’école privée contre le projet de loi Savary. Si le nom collectif est suivi d’un complément, l’accord se fait au singulier ou au pluriel selon que l’on veut insister sur l’idée du groupe ou sur les individus ou les unités qui le composent : À partir du 6 juin 1944, alors que les Alliés débarquent en Normandie, un millier d’habitants trouvent refuge sous terre, dans une carrière près de Caen. Certains y passeront plus d’un mois. « La plupart » et les pourcentages admettent également le singulier ou le pluriel, mais « tout le monde » ne se construit qu’avec le singulier. Le 21 septembre 1792, lors de la première séance de la Convention nationale, tout le monde est d’accord pour abolir la royauté en France.

CHERCHEZ L’INTRUS   Parmi ces noms collectifs, trois intrus se sont glissés. Identifiezles.   bande  ; beaucoup  ; chaussure  ; collection  ; ensemble  ; équipe  ; file  ; foule  ; groupe  ; homme  ; majorité  ; masse  ; maximum  ; minimum ; minorité ; moitié ; multitude ; nombre ; partie ; pile ; poignée ; quantité ; reste ; série ; suite ; tas ; touriste ; troupe Correction chaussure ; homme ; touriste Ce ne sont pas des noms collectifs.

UN ARMISTICE OU UNE ARMISTICE ? On dit un armistice. Il est de ces mots dont on se demande toujours s’ils sont masculins ou féminins. Malheureusement, il n’y a pas de solution miracle pour le savoir, pas de règle à connaître pour avoir juste à tous les coups. Il ne reste plus qu’à faire travailler sa mémoire. Nous vous proposons une liste de cinquante mots au masculin sur lesquels on a tendance à se tromper ou au moins à hésiter :   abîme  ; abysse  ; aéronef  ; agrume  ; alvéole  ; amalgame  ; antidote  ; antipode  ; antre  ; aparté  ; aphte  ; apogée  ; appendice  ; arcane  ; are  ; aromate ; astérisque ; augure ; auspices ; cèpe ; cerne ; effluve ; éloge ; emblème  ; en-tête  ; entracte  ; épilogue  ; équinoxe  ; esclandre  ; exergue  ; exode  ; haltère  ; hémisphère  ; hémistiche  ; insigne  ; interlude ; interstice ; intervalle ; ivoire ; méandre ; média ; obélisque ; pastiche  ; pénates  ; pétale  ; planisphère  ; rail  ; tentacule  ; testicule  ; viscère

« AMOUR » EN TOUS GENRES   Amour, de même que délice et orgue, a la particularité d’être masculin au singulier et féminin au pluriel.   Mais le vert paradis des amours enfantines, Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets, Les violons vibrant derrière les collines, Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets, – Mais le vert paradis des amours enfantines, […]   Charles Baudelaire, « Moesta et errabunda », Spleen et Idéal, Les Fleurs du mal, 1857.   À quelques exceptions près Si on parle des «  grandes orgues  » en général, en revanche, lorsqu’il y a plusieurs instruments, « orgues » demeure masculin au pluriel  : Heureusement, les trois orgues de Notre-Dame de Paris ont été épargnés par le feu.   «  Amours  » suit la même règle quand il désigne une personnification mythologique de l’amour (statue, peinture…). François Boucher (1703-1770) a peint de nombreuses allégories sur lesquelles figurent des petits amours nus.

UNE THERMOS OU UN THERMOS ? On dit une thermos. Si des questions se posent sur le genre masculin de certains noms, il en va de même avec le féminin. Là encore, toujours pas de solution miracle pour le savoir, pas de règle à connaître pour avoir juste à tous les coups. Il ne reste plus qu’à faire travailler sa mémoire. Nous vous proposons une liste de cinquante mots au féminin sur lesquels on a tendance à se tromper ou au moins à hésiter :   abside  ; acné  ; acoustique  ; aérogare  ; affres  ; agrafe  ; algèbre  ; alluvions ; ambages ; amnistie ; anagramme ; apostrophe ; arabesque ; arrhes ; atmosphère ; chausse-trappe ; chrysalide ; ébène ; ecchymose ; échappatoire  ; échauffourée  ; écritoire  ; éliminatoires  ; enzyme  ; éphéméride  ; épithète  ; épître  ; équivoque  ; euthanasie  ; gemme  ; hécatombe  ; icône  ; idylle  ; immondices  ; interview  ; mandibule  ; météorite  ; nacre  ; oasis  ; octave  ; omoplate  ; orbite  ; oriflamme  ; otarie ; primeur ; réglisse ; stalactite ; stalagmite ; urticaire ; volte-face

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous parler des gens. Gens est toujours pluriel, mais l’adjectif qui le qualifie change de genre suivant la place qu’il occupe. Il est féminin lorsqu’il le précède immédiatement. Exemple : ce sont de bonnes gens. En revanche, ceux qui sont placés après lui se mettent au masculin. Type : « Ce sont des gens gentils. »   Pour compléter ce tour des mots de genres variables, sachez que vous pouvez choisir si vous préférez passer une bonne après-midi ou un bon après-midi.

LE MASCULIN L’EMPORTE (EN GRAMMAIRE SEULEMENT !) Les adjectifs et les participes passés des verbes conjugués avec l’auxiliaire « être » s’accordent avec le sujet. Si celui-ci est au pluriel, ils prennent la marque de ce pluriel. Lorsqu’un verbe comporte plusieurs sujets comprenant à la fois des féminins et des masculins, l’accord se fait au masculin pluriel. La règle de grammaire est simple : le masculin l’emporte toujours sur le féminin. Charles VII (roi de France de 1422 à 1461) et sa maîtresse Agnès Sorel se sont accordés pour baptiser Marie leur première née, comme la reine !

LE BON CHOIX   En attendant que le féminin l’emporte en grammaire, l’Académie française s’est, en 2019, enfin prononcée en faveur de la féminisation des noms de métiers, reconnaissant qu’«  il n’existe aucun obstacle de principe  », qu’elle «  relève d’une évolution naturelle de la langue, constamment observée depuis le Moyen Âge ».   Saurez-vous trouver les versions féminines des noms suivants ?   artisan  ; professeur  ; recteur  ; sapeur-pompier  ; auteur  ; ingénieur  ; procureur  ; chercheur  ; chef  ; lieutenant-colonel  ; adjudant ; sergent-chef ; Premier ministre Correction artisane ; professeure ; recteure ; sapeuse-pompière ; auteure/autrice (les deux sont utilisés) ; ingénieure ; procureure ; chercheure ; cheffe ; lieutenante-colonelle ; adjudante ; sergente-chef ; Première ministre

EMPLOIS DE « ON » ET ACCORDS On, pronom personnel indéfini (du latin homo, «  homme  »), commande un verbe à la 3e personne du singulier. Il a le sens de tout le monde, n’importe qui, quelqu’un. On a surnommé Louis II «  le Bègue  », car il avait des problèmes d’élocution. Fils de Charles II le Chauve, il n’a régné qu’entre 877 et 879. Il est souvent employé à la place de nous dans la langue familière. Le verbe se conjugue à la 3e personne du singulier, mais le participe passé et les adjectifs s’accordent en genre et en nombre avec les personnes auxquelles le pronom « on » fait référence. Dans son émission quotidienne sur Europe 1, le 26 septembre 1985, Coluche lance cet appel improvisé qui sera à l’origine des Restos du Cœur : « Si, des fois, y a des marques qui m’entendent […]. Si y a des gens qui sont intéressés par sponsorer (sic*) une cantine gratuite qu’on pourrait commencer par faire à Paris et puis qu’on étalerait après dans les grandes villes de France, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça […]. On est prêts à recevoir les dons de toute la France. »   * Coluche voulait jouer avec le mot « sponsoriser » !

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Dans ce tour (emploi de « on » pour « nous »), considéré comme incorrect, il faut au moins veiller à ne pas alterner les deux pronoms. Et encore moins à l’écrit, contrairement à l’exemple cidessous.   «  Nous étions trop prudents pour nous frotter sans plus ample informé à quelqu’un qui avait été de cette puissance-là. On le jugea sournois et hypocrite, mais c’était exactement ce qu’il fallait pour qu’il soit respecté. »   Jean Giono, Le Moulin de Pologne, 1952.

TOUS LES ACCORDS AVEC LE « NOUS » DE MODESTIE ET LE « VOUS » DE POLITESSE Le nous de modestie – dit aussi «  nous  » de majesté – évite de se mettre en avant avec un «  je  ». Il désigne une seule personne. Si le verbe se conjugue à la 1re personne du pluriel, les adjectifs ou participes passés, épithètes ou attributs, se mettent au singulier et s’accordent en genre avec la personne à laquelle renvoie le sujet. Le 10 février 1638, Louis XIII consacre la France à la Très Sainte Vierge pour que naisse un héritier. Dans son « vœu », il déplore : « Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité ; […] » S’agissant du vous de politesse (marque de déférence qui est une alternative au « tu »), la personne à laquelle on s’adresse est également unique. Le verbe se conjugue à la 2e personne du pluriel, mais les adjectifs ou participes passés, épithètes ou attributs, se mettent au singulier et s’accordent en genre avec l’interlocuteur. « Selon que vous serez puissant ou misérable, / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.  » Telle est la morale de la fable de La Fontaine « Les Animaux malades de la peste » (1678).

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous conseiller quelques formules de politesse à utiliser dans vos courriers et courriels :   Veuillez agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments respectueux.   Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, mes salutations distinguées.   Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l’expression de mes sentiments les plus dévoués.   Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie, Madame, Monsieur, de bien vouloir recevoir mes plus respectueuses salutations.   Avec mes remerciements, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

PLURIEL DES MOTS COMPOSÉS : PAS D’ACCORD Par définition, les noms et les adjectifs composés (avec ou sans trait d’union) allient plusieurs éléments. Leur variabilité ou invariabilité est fonction de la nature de ces divers éléments. Il y a des cas où toute marque de pluriel est exclue : verbe + verbe : des savoir-faire verbe + adverbe : des couche-tard (du verbe se coucher) verbe + nom indénombrable : des cache-misère (du verbe cacher)   (à suivre)

MÉMO PHOTO   Il vous reste à faire travailler votre mémoire photographique pour retenir l’orthographe de ces mots composés d’usage courant alliant formes verbales, adverbes et noms indénombrables, demeurant invariables*, triés par ordre alphabétique :   abat-jour  ; aide-mémoire  ; amuse-bouche  ; attrape-tout  ; cachecache  ; casse-noix  ; chasse-neige  ; chauffe-eau  ; coupe-faim  ; croque-madame  ; étouffe-chrétien  ; faire-part  ; faire-valoir  ; gagne-pain  ; gratte-ciel  ; grille-pain  ; laissez-passer  ; lavevaisselle ; lave-linge ; monte-charge ; pare-brise ; passe-partout ; perce-neige  ; pince-sans-rire  ; porte-monnaie  ; prie-Dieu  ; réveille-matin  ; savoir-vivre  ; sèche-cheveux  ; souffre-douleur  ; tire-au-flanc ; tord-boyaux ; trompe-la-mort ; volte-face…  

 

  *ou gratte-ciels si l’on suit la réforme de l’orthographe de 1990.

PLURIEL DES MOTS COMPOSÉS (SUITE) : ACCORD La marque du pluriel des adjectifs et des noms composés dépend de la nature des éléments qui les composent. Dans certains cas, les deux s’accordent puisqu’ils ne comportent que des noms et des adjectifs qui prennent la marque du pluriel : nom + nom : des choux-fleurs nom + adjectif : des coffres-forts adjectif + adjectif : des sourds-muets adjectif + nom : des belles-sœurs   À quelques exceptions près des nouveau-nés  ; des mort-nés  ; des petits-beurre  ; des annéeslumière ; des timbres-poste ; des bains-marie ; des soutiens-gorge ; des long-courriers ; des terre-pleins ; des pur-sang ; des terre-neuve ; des sang-mêlé…   (à suivre)

CHERCHEZ L’INTRUS   Parmi ces mots composés dont les deux éléments s’accordent, trois intrus se sont glissés. Identifiez-les.   loup-garou  ; saule-pleureur  ; clair-obscur  ; rabat-joie  ; longmétrage ; chef-lieu ; chaise longue ; coupe-gorge ; aigre-douce ; court-circuit  ; chêne-liège  ; compte-rendu  ; premier-venu  ; hautfond ; hors-jeu Correction rabat-joie ; coupe-gorge ; hors-jeu Ils ne prennent pas la marque du pluriel.

PLURIEL DES MOTS COMPOSÉS (SUITE ET FIN) : ACCORD Puisque seuls les noms et les adjectifs prennent la marque du pluriel dans les mots composés (sauf exceptions), l’accord dépend de la position qu’ils occupent, sachant que dans tous les cas, les verbes, adverbes et prépositions restent invariables. Quand seul le premier élément s’accorde : nom + complément de nom : des pommes de terre nom + préposition + nom : des chefs-d’œuvre Quand seul le second élément s’accorde : verbe + nom : des porte-avions (du verbe porter) adverbe + nom : des avant-premières préposition + nom : des contre-indications mot tronqué terminé par -o : des Afro-Américains

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Corrigez les mots composés au pluriel mal orthographiés.   wagon-lits  ; haut-parleurs  ; pare-soleils  ; tire-bouchons  ; sansabris  ; rouges-gorges  ; pommes de pins  ; arc-en-ciel  ; grandmères ; cinés-club ; gallo-romaines ; pieds-à-terre ; avant-garde ; micros-onde ; appareils photo ; demies-heures Correction wagons-lits ; pare-soleil ; sans-abri ; pommes de pin ; arcs-en-ciel ; grands-mères ; ciné-clubs ; pied-à-terre ; avant-gardes ; micro-ondes ; demi-heures

DES FILMS-CULTES OU DES FILMS-CULTE ? La forme correcte est des films-cultes. De très nombreux mots sont formés de deux noms accolés (avec ou sans trait d’union). Le second est parfois appelé nom adjectivé puisqu’il fait en quelque sorte office d’adjectif. Le problème se pose lorsqu’il s’agit de l’accorder – ou non – au pluriel. On accorde au pluriel lorsque le second pourrait être relié au premier par le verbe être : On écrit des films-cultes parce que le sens est «  des films qui sont cultes ». On n’accorde pas si le lien sous-entendu entre les deux est un autre verbe éventuellement accompagné d’une préposition : On écrit des gâteaux maison, car cela veut dire « des gâteaux faits à la maison ».   À quelques exceptions près Voilà pour la règle générale, mais les exceptions sont nombreuses, car certains binômes peuvent être interprétés selon des sens différents et les linguistes eux-mêmes ne sont pas toujours d’accord sur l’accord ! On écrit des médicaments miracles si l’on veut dire que ces médicaments sont miraculeux ou des médicaments miracle si l’on sous-entend que ces médicaments ont produit un miracle.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour énumérer quelques exemples courants de ces accords du second nom : le second nom reste singulier  : des tenues sport  ; des liaisons satellite  ; des alertes incendie  ; des cafés crème  ; des trains fantôme  ; des films catastrophe  ; des nouvelles bidon  ; des opérations commando ; des négociations marathon ; des voyages éclair… le second nom se met au pluriel  : des mots clés  ; des danseuses étoiles  ; des villes-dortoirs  ; des produits phares  ; des romans fleuves  ; des cellules cibles  ; des postes frontières  ; des dates limites  ; des visites surprises  ; des appartements témoins  ; des formules types  ; des maisons mères  ; des invités mystères  ; des projets phares  ; des questions pièges  ; des usines pilotes  ; des acteurs vedettes  ; des chauffeurs livreurs  ; des enfants rois  ; des classes passerelles ; des talons aiguilles… le second nom peut se mettre au pluriel ou au singulier  : des bénéfices records ou record  ; des mesures chocs ou choc  ; des arguments massues ou massue ; des prix plafonds ou plafond ; des peines planchers ou plancher…

D’AVENTURE EN AVENTURE OU D’AVENTURES EN AVENTURES ? La forme correcte est d’aventure en aventure. Cette formule et d’autres, telles que d’année en année, de jour en jour, d’heure en heure, de génération en génération, de ville en ville…, s’écrivent au singulier bien que l’ensemble puisse avoir un sens pluriel. Elles mettent l’accent sur l’idée d’une succession dans le temps ou dans l’espace, d’une progression par étapes, les unes suivant les autres : « une année après l’autre », on passe « d’une génération à une autre », « d’une ville à une autre »… Rouen, Nantes, Toulouse, Paris, Tours, Bordeaux… Dans les années 840, les Vikings vont de ville en ville piller les richesses.

SI ON CHANTAIT   Mais d’aventure en aventure De train en train, de port en port Jamais encore je te le jure Je n’ai pu oublier ton corps   Mais d’aventure en aventure De train en train, de port en port Je n’ai pu fermer ma blessure Je t’aime encore   Serge Lama, «  D’aventures en aventures  », D’aventures en aventures, 1968.   Curieusement, le titre de l’album et celui de la chanson éponyme comportent une faute, mettant « aventures » au pluriel. En revanche, dans le corps du texte, l’orthographe est correcte.   (source : fac-similé de la partition, Musée de la Sacem)

DES CHEFS D’ENTREPRISE OU D’ENTREPRISES ? La forme correcte est des chefs d’entreprise. Le complément, introduit par la préposition «  de », ne se met pas au pluriel dans des expressions telles que : des chefs d’état, des chefs de gouvernement, des chefs de service, des chefs d’entreprise, des chefs de projet, des chefs de rayon, des chefs de clinique, des chefs de cuisine… même lorsque le nom qu’il complète est lui-même au pluriel (chefs). La logique veut qu’on considère que chacun n’est chef que d’un État, d’un service, d’une entreprise, d’un rayon, d’une cuisine… à la fois. Le premier sommet du G6, l’ancêtre du G7 (Groupe des sept), a eu lieu en France, en novembre 1975, au château de Rambouillet (Yvelines) à l’initiative du président de la République Valéry Giscard d’Estaing. Il réunissait les chefs d’État et de gouvernement des six pays démocratiques les plus industrialisés  : France, Italie, Japon, Allemagne de l’Ouest (RFA), Royaume-Uni, États-Unis.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour allonger la liste des expressions suivant la même règle :   des plans d’action  ; des secteurs d’activité  ; des méthodes de calcul ; des salles de classe ; des moyens de communication ; des maîtresses d’école  ; des demandeurs d’emploi  ; des noms de famille ; des armes de poing ; des lames de couteau ; des manches de chemise  ; des moteurs de recherche  ; des instituts de recherche ; des sites de référence ; des années d’expérience ; des directeurs d’hôpital  ; des chèques de voyage  ; des réunions de travail ; des leçons de grammaire…

ILS COÛTENT CHER OU ILS COÛTENT CHERS ? La forme correcte est ils coûtent cher. Bas, bien, bon, cher, clair, court, doux, droit, dru, dur, faux, ferme, franc, haut, fort, juste, mal, net… sont des adjectifs employés comme adverbes. À ce titre, ils ne s’accordent pas. Les travaux de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, sous la supervision d’Eugène Viollet-le-Duc et de Jean-BaptisteAntoine Lassus, ont commencé en 1843. Achevés en 1865, ils ont coûté cher.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour évoquer ces expressions courantes comportant un adjectif invariable :   chanter faux ; sentir bon ; couper court ; sonner creux ; voir clair ; marcher droit ; tomber dru ; tenir ferme ; crier fort ; sauter haut ; viser juste ; peser lourd ; boire sec ; cogner dur ; se sentir mal ; voir grand ; filer doux ; aller bien ; arrêter net ; voler bas ; parler franc…

QUAND ACCORDE-T-ON « CI-JOINT » ? Lorsqu’il a une valeur adverbiale, ci-joint reste invariable. Il est alors placé en début de phrase ou devant un nom dépourvu d’article. Type : « Veuillez trouver ci-joint ma lettre de motivation. » En 1911, Paul Claudel écrit à son éditeur André Gide au sujet de son nouveau drame à paraître  : «  Ci-joint la liste des personnes et journaux à qui je voudrais que l’on fît le service de L’Otage.  » Employé comme adjectif, il s’accorde en genre et en nombre devant un nom accompagné d’un déterminant, ou après un nom. Type  : « Veuillez trouver ma lettre de motivation ci-jointe. » Le 3 mai 1767, Voltaire écrit à D’Alembert : « Vous verrez par les deux petites pièces ci-jointes qu’on ne rogne pas les ongles de si près dans les pays étrangers. L’exemple que donne l’impératrice de Russie est unique en ce monde. » Les mêmes règles s’appliquent à ci-inclus et ci-annexé.

MOT ORCHESTRE   cette fois-ci : dans le cas présent ces jours-ci : en ce moment celle-ci/celui-ci/ceux-ci/celles-ci  : celle/celui/ceux/celles dont on parle ou qu’on désigne ci-devant : précédemment ci-dessous : plus bas ci-dessus : plus haut ci-contre : sur la page qui fait face ci-après : un peu plus loin par-ci par-là : en divers endroits de-ci de-là : de côté et d’autre ci-gît : ici est enterré

QUAND ACCORDE-T-ON L’ADJECTIF APRÈS « AVOIR L’AIR » ? Avoir l’air est suivi d’un adjectif. Celui-ci est invariable lorsqu’il décrit une expression (mine ou physionomie d’un personnage, d’un être vivant tel un animal). Quand, en 1429, Jeanne d’Arc fait son entrée au château de Chinon pour parler à Charles VII, elle a l’air déterminé. L’adjectif ne s’accorde pas au féminin avec le sujet «  elle  » (Jeanne d’Arc) mais avec « air ».   Mais lorsque la locution a le sens de paraître, sembler, se montrer, l’adjectif s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. En 1789, les Parisiennes venues en masse à Versailles pour crier famine devant les grilles du château avaient l’air déchaînées. S’agissant de choses ou d’objets inanimés, dont on décrit l’apparence, l’adjectif s’accorde également en genre et en nombre avec le sujet. Sous l’occupation nazie, au cours de la Seconde Guerre mondiale, un couvre-feu a été instauré à Paris. À partir de minuit, la capitale avait l’air désertée.

LA MINUTE DES AUTEUR·E·S   Quand nos grandes plumes devisent sur la grammaire :   « Les grands écrivains n’ont jamais été faits pour subir la loi des grammairiens, mais pour imposer la leur, et non pas seulement leur volonté, mais leur caprice. »   Paul Claudel, Positions et Propositions, 1928-1934.

MALIGNE OU MALINE ? Maligne est la forme correcte du féminin de « malin ». Lors de l’autopsie de Louis XIV, les médecins ont découvert une énorme tumeur à l’estomac, dont on ignore si elle était maligne ou bénigne. Notons que bénigne présente la même irrégularité (masculin : « bénin »). La règle veut que le féminin des adjectifs se forme par l’ajout d’un e à la fin de l’adjectif masculin (seul/seule). Ceux qui se terminent déjà par un e ne changent pas ( jeune). Mais les exceptions sont nombreuses. Parmi celles-ci, on peut observer certains mécanismes en fonction de la terminaison : doublement de la consonne finale : l, n, s (naturelle, bonne, grosse) -eur → -euse (bricoleur) -eau → -elle (beau) -eux → -euse (merveilleux) -er → -ère (premier) -anc → -anche (blanc) -c → -que (public) -f → -ve (neuf) -teur → -trice (évocateur)

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour énumérer quelques autres féminins irréguliers :   doux → douce fou → folle mou → molle vieux → vieille frais → fraîche roux → rousse favori → favorite grec → grecque hébreu → hébraïque

L’ACCORD DES ADJECTIFS DE COULEUR Ne s’accordent (en genre et en nombre) que les adjectifs simples, employés seuls (bleu, vert, jaune, blanc, noir, rouge, violet, gris…). S’il sont tirés de noms évoquant des fruits, des pierres précieuses, des fleurs…, ils restent invariables s’ils sont employés seuls (sans qu’on indique la couleur de base qu’ils évoquent)  : marron, orange, citron, cerise, crème, indigo, acajou, marine, turquoise, abricot, olive, fuchsia, or, bronze… On les appelle adjectifs de couleur par référence, car turquoise renvoie à bleu, citron à jaune, olive à vert…   À quelques exceptions près Rose, mauve, pourpre, écarlate, vermeil, incarnat… s’accordent en genre et en nombre. Les adjectifs composés indiquant une nuance sont également invariables : rouge sang, vert clair, bleu azur, jaune pâle, gris-bleu, rose bonbon, café-au-lait, poivre et sel…

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Retrouvez les fautes qui se sont glissées dans ces adjectifs de couleur au pluriel.   elles sont rose orangé ils sont camels elles sont rouilles ils sont châtain elles sont pastels ils sont vermillons elles sont sépia ils sont fauves elles sont bleues ciel ils sont verts d’eaux Correction camel ; rouille ; châtains ; pastel ; vermillon ; bleu ciel ; vert d’eau

« TOUT » : TOUS LES ACCORDS Pronom indéfini, il est invariable au singulier, tout ayant une valeur de neutre (au sens de toutes les choses). Au pluriel, il devient tous au masculin et toutes au féminin (il représente l’ensemble des personnes ou des choses dont on parle). « Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je vous embrasse […] »* Adjectif indéfini (signifiant n’importe lequel, chaque, la totalité), il s’accorde en genre et en nombre avec le nom ou le pronom qu’il détermine. « J’espère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge, qui, je l’escompte, sera fier de les porter un jour. »*   * Extrait de la dernière lettre du jeune résistant communiste Guy Môquet, fusillé par les Allemands le 22 octobre 1941.   (à suivre)

PROLONGATIONS   Il reste quelques secondes pour évoquer l’expression «  de toute façon  ». Synonyme de «  quelle que soit la façon choisie  », elle s’emploie toujours au singulier. C’est également le cas de toutes ces expressions :   à tout hasard ; à tout moment ; à tout prix ; à tout propos ; à toute heure ; à tout âge ; avant toute chose ; de toute manière ; de toute sorte ; en tout temps ; de tout temps ; en toute franchise ; de tout cœur ; de tout repos ; tout compte fait ; somme toute ; selon toute apparence…   A contrario, d’autres ne s’emploient qu’au pluriel :   à tous égards ; à tous crins ; à toutes fins utiles ; à toutes jambes ; en toutes lettres ; de toutes pièces ; toutes choses égales ; toutes proportions gardées ; tous risques…

« TOUT » : TOUS LES ACCORDS (SUITE ET FIN) Adverbe (au sens de totalement, entièrement), tout est invariable. Après l’armistice du 22 juin 1940, la France n’était pas tout entière occupée, il restait une zone libre dans la moitié sud.   À quelques exceptions près Il s’accorde en genre et en nombre (toute/toutes) devant un adjectif qualificatif féminin commençant par une consonne ou un h aspiré. Le 10 juin 1944, des SS allemands ont enfermé les villageois d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) dans l’église et y ont mis le feu. La population a été presque toute massacrée.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Dans Eugénie Grandet, roman de La Comédie humaine paru en 1833, Honoré de Balzac écrit : « Mon neveu le président, pour lui éviter les tracas d’une affaire tout judiciaire, lui offre de partir sur-le-champ pour Paris afin de transiger avec les créanciers et les satisfaire convenablement. »   Ce faisant, il enfreint la règle qui veut que tout, adverbe, s’accorde devant un adjectif féminin commençant par une consonne, ce qui est ici le cas avec «  judiciaire  » qualifiant « affaire » et aurait dû l’amener à employer toute.

LEUR OU LEURS ? Leur, pronom personnel, pluriel de « lui », est invariable. En 1627, Richelieu assiège La Rochelle, repartant ainsi en guerre contre les protestants. Il respectait l’édit de Nantes, mais ne peut tolérer qu’avoir des garnisons leur soit permis. Le siège dure un an et, privés de ravitaillement, les habitants finissent par se rendre. Leur(s), adjectif possessif, employé à la 3e personne lorsqu’il y a plusieurs possesseurs, prend un s s’il détermine un nom pluriel (plusieurs objets possédés). En 1867, à l’Exposition universelle de Paris, Pierre et Ernest Michaux ont présenté leur vélocipède. Célèbre pour ses maximes, rebaptisées à juste titre «  raffarinades  », Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre de Jacques Chirac de 2002 à 2005, a déclaré  : «  Les veuves vivent plus longtemps que leurs conjoints. »

LE BON CHOIX   Complétez le texte suivant avec leur ou leurs.   778  : depuis dix ans, Charlemagne est roi des Francs. Ce qui le motive par-dessus tout, c’est l’implantation de la foi chrétienne. Les musulmans exercent … domination sur l’Espagne. Mais le gouverneur de Saragosse, en froid avec l’émir de Cordoue, sollicite le soutien de Charlemagne, tout disposé à lever son armée – bien fournie puisque la règle est d’envoyer les garçons dès douze ans faire … service et que les grands propriétaires terriens mettent … paysans à disposition. Arrivé à Saragosse, c’est la douche froide  : les portes sont closes. Le temps de l’expédition, les demandeurs ont retourné … veste. Charlemagne fait marche arrière et, s’adressant à ses troupes, … ordonne le saccage de Pampelune sur le chemin du retour. Les Vascons – Basques –, pour le … faire payer, attaquent plus loin l’arrièregarde coincée dans le passage du col de la Ibañeta (Roncevaux, Pyrénées), obligée de passer à la file. Entre … réserves, les prisonniers qu’ils traînent, le butin des divers pillages et la configuration géographique, les soldats sont empêtrés. … assaillants montagnards déboulent du moindre rocher, dévalent en cascade et font un carnage. Cet épisode est conté dans La Chanson de Roland (fin du xie siècle), classique de la littérature médiévale Correction leur ; leur ; leurs ; leur ; leur ; leur ; leurs ; Leurs

COMMENT ACCORDE-T-ON « LEQUEL », « AUQUEL », « DUQUEL » ? Ces pronoms relatifs composés sont variables en genre et en nombre ; ils s’accordent en fonction du nom qu’ils remplacent. Lequel devient lesquels au masculin pluriel, laquelle au féminin et lesquelles au féminin pluriel. La Réforme commence à germer dans l’esprit du peuple français. François Ier n’y est pas ouvertement hostile, jusqu’à l’«  affaire des placards  », nuit du 17 au 18 octobre 1534 au cours de laquelle des affiches protestantes sont placardées dans tout Paris et en province, devant même sa chambre. Il se doit de réagir et ordonne des persécutions et des immolations. Les formes contractées suivent la même règle. Auquel correspond à «  à lequel  », auxquels correspond à «  à lesquels ». À laquelle, féminin d’« auquel », devient auxquelles au pluriel. Duquel correspond à «  de lequel  », desquels correspond à «  des lesquels ». De laquelle, féminin de « duquel », devient desquelles au pluriel.

LE BON CHOIX Dans les contextes suivants, retrouvez le pronom relatif composé approprié.   En 1791, la famille royale est installée au palais des Tuileries … elle réussit à s’échapper par les souterrains. Le bon ami de MarieAntoinette, Axel de Fersen, a organisé la fuite en mettant sur pied un scénario rocambolesque dans … la veuve d’un colonel russe, la baronne de Korff, ses deux enfants et leur suite font route en direction de Francfort, dans un gros carrosse vert franchement voyant. Sur le parcours, à partir de Somme-Vesle (à deux cents kilomètres de Paris), le marquis de Bouillé a posté des hommes pour assurer la protection des évadés … il avait déconseillé de prendre la route à bord d’un tel engin. Il lui préférait deux voitures légères … la reine s’était opposée. Pendant ce temps, à Paris, c’est l’effervescence : la disparition de la famille royale a été signalée à l’Assemblée, qui étouffe l’affaire par crainte de débordements dans les rues. La version officielle est qu’un enlèvement a eu lieu. Cette explication était recevable, jusqu’à ce qu’on retrouve une lettre de la main de Louis XVI dans … il annonçait qu’il reprenait sa liberté et annulait toutes les réformes consenties depuis 1789. Correction duquel ; lequel ; auxquels ; auxquelles ; laquelle

« AUCUN » Aucun exprime une quantité nulle, il a le sens de «  pas un seul  ». Pronom indéfini (remplaçant un nom), aucun s’accorde en genre, mais ne prend pas la marque du pluriel. Charles VIII et Anne de Bretagne ont eu six enfants, mais aucun n’a survécu. Lorsque le roi trouve brutalement la mort au château d’Amboise le 7 avril 1498, la branche des Valois directs s’éteint, le trône revenant à Louis XII, de la dynastie des Valois d’Orléans. Adjectif indéfini, il s’accorde également en genre, mais est invariable en nombre. Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Aucun État ne la soutient, puisqu’elle se pose en agresseur. Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Aucune puissance étrangère ne la soutient, puisqu’elle se pose en agresseur.   À quelques exceptions près Il ne s’accorde en nombre que lorsqu’il détermine un nom qui ne s’emploie qu’au pluriel  : funérailles, fiançailles, frais, ténèbres, condoléances, travaux… Le général de Gaulle tenait à ce qu’aucuns frais personnels ne soient à la charge de l’État  : il payait les factures d’électricité de ses appartements privés de l’Élysée.

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Retrouvez dans les citations suivantes les fautes d’accord sur aucun.   1.  «  La Nation française renonce à entreprendre aucune guerre dans la vue de faire des conquêtes, et n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’aucuns peuples. » Constitution du 3 septembre 1791.   2.  «  […] aucun soldat ne doit, sous peine de faute grave, s’associer à aucuns moments, même passivement, à l’insurrection. » Charles de Gaulle, le 29 janvier 1960, s’adressant aux Français d’Algérie et à l’armée.   3. « Aucun roi de France n’aurait été réélu au bout de sept ans. » Valéry Giscard d’Estaing, cité dans Le Nouvel Observateur, 1984. Correction 1. aucun peuple / 2. aucun moment / 3. pas de faute

« CHACUN » NE PREND JAMAIS LA MARQUE DU PLURIEL Pronom indéfini, chacun varie en genre selon le nom qu’il remplace, mais ne prend jamais la marque du pluriel. Le verbe s’accorde donc au singulier. L’Empire carolingien, dont Louis Ier avait hérité, est divisé en trois à sa mort, en 840, entre chacun de ses fils. Ainsi naît notamment la Francie occidentale (future France), dont Charles II le Chauve devient le roi.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour évoquer l’expression « tout un chacun », signifiant « n’importe qui, tout le monde ».   Celle-ci est souvent mal prononcée. On dit à tort «  tout à chacun », une tournure qui n’existe pas et qui aurait un sens tout à fait différent indiquant que tous ont tout.

QUAND « PLEIN » NE S’ACCORDE-T-IL PAS ? Lorsqu’il fait fonction de préposition – c’est-à-dire lorsqu’il introduit un nom et donc est placé devant lui – l’adjectif plein est invariable. L’affaire de Panamá est un scandale politique et financier ayant éclaboussé des parlementaires de la IIIe République, accusés de s’en être mis plein les poches au cours du percement du canal de Panamá. Quand il est seulement adjectif qualifiant le nom, plein s’accorde normalement en genre et en nombre avec celui-ci. Lors du percement du canal de Panamá à la fin du xixe siècle, certains parlementaires auraient pu s’en sortir les poches pleines si le scandale de corruption n’avait pas éclaté.

MOT ORCHESTRE   avoir le nez plein : avoir le nez bouché plein comme une barrique : ivre un gros plein de soupe : une personne très grosse pleine (pour une femelle animale) : en gestation à plein nez : très fort à pleins tubes : à pleine puissance une tête bien pleine : une tête remplie de connaissances être plein de son sujet : en être pénétré plein de soi : imbu de sa personne plein aux as : très riche en plein air : dehors en pleine mer : au large battre son plein : être au point culminant faire le plein d’essence : remplir son réservoir s’en mettre plein la lampe : manger et boire beaucoup mignon tout plein : très mignon en avoir plein les bottes : être fatigué d’avoir marché en avoir plein le dos : en avoir assez en mettre plein la vue : épater

QUAND ACCORDE-T-ON « DEMI » ? Demi, adjectif, placé devant un nom ou un adjectif et relié par un trait d’union, est invariable. Au xixe siècle, les romans-feuilletons étaient publiés périodiquement dans la presse. Certains ont eu tellement de succès, comme Les Mystères de Paris d’Eugène Sue (entre 1842 et 1843), que le journal se louait à la demi-heure. Placé après un nom, demi s’accorde en genre. En 1519, rêvant de devenir empereur du Saint Empire romain germanique, François Ier offre aux divers électeurs un total d’une tonne et demie d’or. Mais son concurrent Charles (futur Quint) en lâche deux, et remporte la couronne. S’agissant des heures, il en va de même. Type  : «  Donnons-nous rendez-vous à trois heures et demie. »

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous apprendre que mi, semi et nu obéissent à la même règle.   Depuis l’indépendance de l’Algérie (1962), « pied-noir » désigne les Français rapatriés en métropole. L’expression vient peut-être du fait que ces colons foulaient nu-pieds les raisins dans les vignes ou qu’ils étaient chaussés de bottes noires pour cultiver quand les autochtones ne portaient que des babouches. Nu placé après un nom s’accorde en genre et en nombre. L’expression « jeu de main, jeu de vilain » vient du jeu de paume (l’ancêtre du tennis). Elle marque la distinction sociale existant entre les riches munis de raquettes et les pauvres, contraints de jouer à mains nues.

« DEBOUT » EST TOUJOURS INVARIABLE Debout est un adverbe et non un adjectif, raison pour laquelle il est toujours invariable et ne prend donc jamais la marque du pluriel ni du féminin. Inaugurée en 2015, la Philharmonie de Paris, dans le parc de la Villette, est la première salle de concert classique construite dans la capitale depuis l’Opéra-Bastille (1989). Son auditorium, ou Grande Salle, peut accueillir deux mille quatre cents spectateurs assis ou trois mille six cent cinquante debout. Il est notamment employé comme interjection, debout  ! signifiant alors qu’on donne à quelqu’un l’ordre de se lever. Dans L’Écho de Paris, Maurice Barrès rapporte que le 8 avril 1915, sur un champ de bataille près de Verdun, l’adjudant Jacques Péricard, pour appeler ses troupes à réagir alors qu’une attaque allemande est imminente, aurait crié « Debout les morts ! »

MOT ORCHESTRE   la magistrature debout : magistrats du ministère public qui parlent debout (par opposition aux juges du siège qui restent assis pendant les audiences) être debout : être réveillé, levé être encore debout : n’être pas couché dormir debout : être épuisé mourir debout : mourir dignement construction encore debout : construction en bon état tenir debout : être toujours solide ne plus tenir debout : être fatigué ne pas tenir debout : se dit d’un raisonnement qui n’a pas de sens être vent debout : manifester sa farouche opposition

FAUTES DE CONJUGAISON « APRÈS QUe » eST SUIVI De L’INDICATIF Après que est toujours suivi d’un verbe à l’indicatif, car l’action a bien eu lieu. Ce mode est utilisé pour rapporter des faits réels. Après que son grand-père Henri IV eut promulgué en 1598 l’édit de Nantes, assurant la liberté de conscience aux protestants, Louis XIV le révoqua en 1685. (Le verbe de la subordonnée, « eut promulgué », est au passé antérieur de l’indicatif, celui de la principale, «  révoqua  », au passé simple de l’indicatif.) Si l’on a le mauvais réflexe de conjuguer le verbe au subjonctif à la suite d’après que, cela vient d’une confusion avec avant que dont le sens veut que l’action ne se soit pas encore produite. Le subjonctif s’impose donc comme mode du doute, de l’hypothèse, du souhait. En mai 1968, les étudiants avaient occupé la Sorbonne avant que les syndicats ouvriers n’aient voté la grève générale. (Le verbe de la principale, « avaient occupé », est au plus-que-parfait de l’indicatif, celui de la subordonnée, «  aient voté  », au subjonctif passé.)

CONJUGUEZ, C’EST GAGNÉ   Mettez au bon temps le verbe entre parenthèses.   1.  Louis XIV décide de construire un somptueux château à Versailles après que Fouquet (donner) une fête dans sa propriété de Vaux-le-Vicomte en 1661.   2. Charles de Gaulle quitta la présidence de la République après que les Français (dire) non à son référendum de 1969 sur la régionalisation et sur la réforme du Sénat.   3. Vercingétorix avait tenu tête à Jules César à Gergovie en 52 av. J.-C. Il rendra les armes après que le général romain l’(assiéger) à Alésia quelques mois plus tard. Correction 1. a donné / 2. eurent dit / 3. aura assiégé

SI J’AVAIS SU, JE NE SERAIS PAS VENU OU SI J’AURAIS SU, JE NE SERAIS PAS VENU ? La forme correcte est si j’avais su, je ne serais pas venu, car les propositions subordonnées circonstancielles introduites par si, marquant la condition ou l’hypothèse, ne comportent jamais un verbe au conditionnel ou au futur mais au présent de l’indicatif ou à un temps du passé. Le conditionnel ou le futur ne s’emploient que dans la proposition principale. En 1981, si le président de la République, François Mitterrand, avait fait le choix du référendum, la peine de mort n’aurait certainement pas été abolie en France. La même règle s’applique pour les propositions commençant par même si, comme si, sauf si…

SI ON CHANTAIT   J’irais jusqu’au bout du monde Je me ferais teindre en blonde Si tu me le demandais J’irais décrocher la Lune J’irais voler la fortune Si tu me le demandais […] Si un jour la vie t’arrache à moi Si tu meurs que tu sois loin de moi Peu m’importe si tu m’aimes Car moi je mourrai aussi Nous aurons pour nous l’éternité Dans le bleu de toute l’immensité Dans le ciel plus de problèmes Mon amour, crois-tu qu’on s’aime ? Dieu réunit ceux qui s’aiment   Édith Piaf, « Hymne à l’amour », 1949.

NE DITES PLUS « IL FAUT QU’ON SE VOYE » ! Voye(nt), croivent, soyent…, on entend (à défaut de les lire) de plus en plus souvent ces formes erronées qui ne sont rien d’autre que de grossiers barbarismes (forme inventée qui n’existe pas). Croivent procède peut-être d’une analogie phonique avec « boire » (ils boivent), voire avec « savoir » (ils savent), « devoir » (ils doivent)… Croyent, voye(nt) et soyent empruntent (à tort) leur y à d’autres formes de la conjugaison des verbes croire, voir et être : 1re et 2e personnes du pluriel de l’impératif (croyons, croyez / voyons, voyez / soyons, soyez) 1re et 2e personnes du pluriel du présent de l’indicatif (nous croyons, nous voyons / vous croyez, vous voyez) 1re, 2e et 3e personnes du pluriel de l’imparfait de l’indicatif (nous croyions, nous voyions / vous croyiez, vous voyiez / ils croyaient, ils voyaient) 1re et 2e personnes du pluriel du présent du subjonctif (nous croyions, nous voyions / vous croyiez, vous voyiez) participe présent (croyant, voyant) Après la mort de Louis XIV, Versailles souffre d’un certain désintérêt, mais le Petit Trianon et l’Opéra royal y voient quand même le jour.

LA MINUTE DES AUTEUR·E·S   Quand nos grandes plumes devisent sur l’orthographe :   «  L’orthographe des langues est une convention dans laquelle la prononciation n’a que faire  ; et la profonde erreur des grammairiens d’aujourd’hui, c’est d’avoir pris au pied de la lettre cet axiome étourdi d’un grand écrivain  : L’orthographe est l’image de la prononciation. »   Charles Nodier, Journal de la langue française et des langues en général, 1839.

JE ME VÊTS OU JE ME VÊTIS ? La forme correcte est je me vêts. Peut-être parce qu’il sonne comme « finir », on est tenté de conjuguer vêtir (dévêtir, revêtir) comme finir. Mais si l’on dit « je finis », on ne dit pas « je me vêtis » ! En fait, vêtir se conjugue sur le modèle du verbe « partir ». Au xvie siècle, pour se montrer à la mode, hommes et femmes de cour revêtent une fraise autour du cou. Cet exemple montre qu’à toutes les personnes, on suit le même modèle (pas question de dire « ils revêtissent »).

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour évoquer le verbe se départir qui suit le même modèle. On dit « ils se départent » et non « ils se départissent ». En 2007, au cours du débat de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle, Ségolène Royal se départ de son calme face à Nicolas Sarkozy. On dit que cela lui a coûté la victoire. Ça se complique un peu plus quand on découvre que (se) répartir, lui, ne se conjugue pas comme « partir », mais comme « finir ». On dit « ils se répartissaient » et non « ils se répartaient ». En 511, à la mort de Clovis, ses fils Thierry, Clodomir, Childebert et Clotaire se répartissent les terres du royaume.

VOUS DITeS OU VOUS DISeZ ? La forme correcte est vous dites. En revanche, les verbes prédire, (se) contredire, interdire, médire, (se) dédire… qui sont des composés de «  dire  », ne suivent pas son modèle de conjugaison à la 2e personne du pluriel (vous) lorsqu’ils sont conjugués au présent de l’indicatif. On dit vous prédisez, vous vous contredisez, vous interdisez, vous médisez, vous vous dédisez. Et non, vous prédites, vous interdites, vous vous contredites, vous médites, vous vous dédites. Dans un article intitulé «  Des oracles  », tiré de son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations (1756), Voltaire fait part de ses réflexions : « Il est évident qu’on ne peut savoir l’avenir, parce qu’on ne peut savoir ce qui n’est pas  ; mais il est clair aussi qu’on peut conjecturer un événement. Vous voyez une armée nombreuse et disciplinée, conduite par un chef habile, s’avancer dans un lieu avantageux contre un capitaine imprudent, suivi de peu de troupes mal armées, mal postées, et dont vous savez que la moitié le trahit ; vous prédisez que ce capitaine sera battu. »

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous préciser que redire est le seul qui se conjugue exactement sur le modèle de « dire ».   Maudire, en revanche, ne se conjugue pas comme « dire », mais comme « finir », à tous les temps et à toutes les personnes.   Le mari de la Belle Ferronnière, une des nombreuses favorites de François Ier, maudissait à ce point le roi qu’il traînait dans les lieux de mauvaise vie dans le but de contracter la syphilis afin que sa femme contamine le souverain.   Dans cet exemple, il ne fallait pas écrire « maudisait ».

J’AI FAIT OU J’AI FAIS ? Au passé composé, le verbe faire (3e groupe) s’écrit j’ai fait à la 1re personne du singulier, tu as fait à la 2e personne du singulier. «  J’ai fais  », «  tu as fais  » sont donc des terminaisons fautives. Il ne faut pas les confondre avec « je fais », « tu fais »… formes du présent de l’indicatif. Le participe passé du verbe « faire » est « fait·e(s) ». Un peu avant de mourir le 16 septembre 1824, voyant de nombreux sujets assemblés sous ses fenêtres, Louis XVIII dit  : «  J’ai donc fait quelque bien ! » Le verbe dire, par exemple, suit le même modèle : « j’ai dit » et non « j’ai dis ».

LE MONDE DE MNÉMO   s, i, t, u, é sont les cinq terminaisons possibles des participes passés. Vous pouvez vous souvenir du mot SITUÉ.   S’agissant de départager ceux qui se terminent par t (type  : « fait ») ou s (type : « acquis »), consonnes muettes au masculin, il suffit de chercher la femme (ou plus exactement le féminin, en grammaire)  : «  faite  », «  acquise  ». Il ne vous viendrait pas à l’idée de dire « que j’ai faise » ou que « j’ai acquite » !   Plus jamais vous n’écrirez : « j’ai fais une faute », car celle-là, au moins, vous ne la ferez plus !

IL CONVAINC SON AUDITOIRE OU IL CONVAINT ? La forme correcte est il convainc. Au présent de l’indicatif, les verbes vaincre et convaincre se terminent par -c (et non -t) à la 3e personne du singulier (il vainc/il convainc) et par -cs aux deux premières ( je vaincs, tu vaincs / je convaincs, tu convaincs). Le 15 mai 1991, après la démission de Michel Rocard, François Mitterrand met pour la première fois une femme à la tête d’un gouvernement. Mais Édith Cresson ne convainc pas, elle est remplacée par Pierre Bérégovoy le 2 avril 1992.   Plus tu vaincs la nature et l’oses maltraiter, Plus cette grâce abonde, et sème des mérites, Que moi-même honorant de mes douces visites Je fais de jour en jour d’autant plus haut monter ;[…]   L’Imitation de Jésus-Christ*, III, 54, traduction en vers de Pierre Corneille, 1656.   *De imitatione Christi, œuvre anonyme de piété chrétienne, écrite en latin au début du xve siècle, attribuée au moine Thomas a Kempis.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous signaler que devant les voyelles a, e, i et o, le c se change en «  qu  ». Le c ne demeure qu’au participe passé, devant u : vaincu/convaincu.   Le 8 février 1807, les troupes napoléoniennes vainquent les Russes à la bataille d’Eylau, une vraie boucherie.

AIME-MOI ! OU AIMES-MOI ! ? La forme correcte est aime-moi !, car les verbes du 1er groupe (ceux qui se terminent en -er à l’infinitif) s’écrivent sans s à la 2e personne du singulier lorsqu’ils sont conjugués à l’impératif présent (forme affirmative ou négative – « ne m’aime pas ! »). Cette règle s’applique à d’autres verbes n’appartenant pas à ce groupe, tels aller, ouvrir, cueillir, souffrir, offrir, avoir, savoir, vouloir… Empruntons à Corneille, pour exemple, l’un de ses hémistiches (moitié du vers à douze pieds, l’alexandrin) les plus célèbres, tiré du Cid  : « Va, cours, vole et nous venge. » On le voit ici, le verbe «  courir  », du 3e groupe, prend un s, contrairement à «  aller  », du 3e groupe également mais irrégulier, et « voler » et « venger », du 1er groupe.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   « Songes à mon bonheur si j’illustrais le nom Balzac ! »   Honoré de Balzac, lettre du 6 septembre 1819 adressée à sa sœur.   Balzac aurait dû écrire Songe.

-RAI OU -RAIS AU FUTUR De LA 1RE PERSONNE DU SINGULIER ? Au futur simple de l’indicatif, les verbes des trois groupes (ainsi que les verbes irréguliers) ont une terminaison en -rai à la 1re personne du singulier ( je). Si Louis XIV n’a jamais exactement dit « L’État, c’est moi ! » devant le Parlement de Paris en 1655, il a affirmé : « […] dorénavant, j’entends les [mes affaires] gouverner moi-même  ; vous m’aiderez de vos conseils quand je vous les demanderai. » Au conditionnel présent, les verbes des trois groupes (ainsi que les verbes irréguliers) ont une terminaison en -rais à la 1re personne du singulier ( je). Charles X (roi de France de 1824 à 1830, sous la Seconde Restauration) a dit : « J’aimerais mieux scier du bois que de régner à la façon du roi d’Angleterre. »

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Le Bal du comte d’Orgel (publié à titre posthume en 1924) est un roman de Raymond Radiguet. Avant de mourir à vingt ans emporté par la typhoïde, il avait, dans une première version de cet ouvrage, laissé passer un futur là où le conditionnel était de rigueur. Il prêtait ces mots à Mahaut, son héroïne  : «  Je suis seule coupable. S’il en était autrement, vous comprenez bien que ce n’est pas à vous que je demanderai de me sauver. »

CERTAINS VERBES PRENNENT DEUX I AUX 1RE ET 2e PERSONNES DU PLURIEL À L’IMPARFAIT DE L’INDICATIF Les verbes qui se terminent en -ier, -iller et -illir prennent toujours deux i à l’imparfait de l’indicatif aux 1re et 2e personnes du pluriel (nous et vous). C’est le cas de crier, étudier, prier, plier, publier, trier, épier, briller, cueillir, bouillir… Avant 1974, en France, nous ne triions pas le verre afin de le recycler. Concernant les mêmes verbes, la règle s’applique aussi au présent du subjonctif. Dans une lettre de 1921, adressée au peintre Jacques-Émile Blanche, Marcel Proust écrit  : «  Je ne voudrais jamais que vous publiiez ce livre sans en avoir lu les épreuves. »

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour ajouter que les verbes qui se terminent par -yer prennent yi à l’imparfait de l’indicatif aux 1re et 2e personnes du pluriel (nous et vous). C’est le cas de payer, balayer, relayer, nettoyer, essayer… En 2001, à la veille du passage à l’euro, en France, vous payiez la baguette de pain environ 4,30 francs.   Le yi à l’imparfait de l’indicatif aux 1re et 2e personnes du pluriel (nous et vous) se retrouve également avec asseoir, voir, fuir, croire, traire, distraire… Sous l’Ancien Régime, nous croyions que nos rois avaient le pouvoir de guérir les écrouelles et leurs abcès purulents au cou par simple imposition des mains et bénédiction.   Concernant les mêmes verbes, la règle s’applique aussi au présent du subjonctif. Type : « Il faut que nous fuyions. »

FAUTES D’ORTHOGRAPHE IL NE FAUT PAS CONFONDRE LE PARTICIPE PASSÉ ET L’INFINITIF DES VERBES DU 1ER GROUPE Ils sont homophones (ils se prononcent de la même manière) mais pas homographes (ils s’écrivent différemment). Et surtout, grammaticalement, ils ne sont pas identiques. Il ne faut donc pas confondre le participe passé et l’infinitif des verbes du 1er groupe. Le participe se termine par -é·e(s) : Le 21 juin 1943, Jean Moulin, à l’origine du Conseil national de la Résistance, est arrêté et torturé par la Gestapo. Il décède des suites des violences infligées. L’infinitif se termine par -er : Afin de faire face au premier choc pétrolier de 1973, le gouvernement prend des mesures visant à réaliser des économies d’énergie. L’une de celles-ci sera le changement d’heure au printemps 1976 pour limiter la consommation d’électricité.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   En 1885, paraît Germinal, le treizième tome des RougonMacquart, qui avait d’abord été publié en feuilleton dans le quotidien Gil Blas. Dans les notes qu’il avait prises pour la préparation de son roman, Émile Zola avait écrit à la va-vite et sans se relire : « Il a dépenser un million. »   Vous aurez corrigé de vous-même : il voulait écrire dépensé !

SAVOIR AIMER OU SAVOIR AIMÉ ? Il faut savoir aimer ! Une faute très courante consiste à confondre l’infinitif et le participe passé du second verbe lorsque celui-ci appartient au 1er groupe (terminaison en -er). «  […] il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue. Il faut même savoir consentir au compromis […]. Il faut savoir organiser, préparer l’avenir. Il faut savoir reprendre cette riposte que nous avons faite […]. » Ainsi le communiste Maurice Thorez appelle-t-il les ouvriers à reprendre le travail le 11 juin 1936, après la signature des accords de Matignon. On n’écrit pas : « Il faut savoir terminé une grève. » Comme il ne viendrait pas à l’idée d’écrire  : «  Il faut même savoir consenti ou il faut savoir repris. »

SI ON CHANTAIT   Il faut savoir, coûte que coûte, Garder toute sa dignité Et malgré ce qu’il nous en coûte S’en aller sans se retourner […] Il faut savoir quitter la table Lorsque l’amour est desservi […] Il faut savoir cacher sa peine Sous le masque de tous les jours […] Il faut savoir rester de glace Et taire un cœur qui meurt déjà Il faut savoir garder la face Mais moi, je t’aime trop Mais moi, je ne peux pas Il faut savoir, mais moi Je ne sais pas.   Charles Aznavour, « Il faut savoir », Charles Aznavour, 1961.

PROVOCANT OU PROVOQUANT ? Les deux, mon capitaine ! Les deux formes sont correctes, simplement, elles s’emploient dans des tournures distinctes. C’est la différence entre l’adjectif verbal (provocant) et le participe présent (provoquant). L’adjectif verbal exprime une qualité. Employé comme adjectif qualificatif, il varie en genre et en nombre. «  Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine […], il faudra se soumettre ou se démettre.  » Telles sont les paroles provocantes de Léon Gambetta en direction du président Mac-Mahon, prononcées en 1877, en pleine tentative des monarchistes visant à limiter le pouvoir des députés. Mac Mahon finira par se démettre, un an et demi plus tard. Le participe présent exprime une action. Il est formé du radical du verbe suivi de la terminaison -ant et est invariable. Il peut se construire avec des compléments et être précédé de «  en  » (dans ce cas, on l’appelle gérondif). Le 23 juin 1789, Louis XVI ordonna de faire évacuer la salle du Jeu de paume, où siégeaient les députés constitués en Assemblée nationale, provoquant leur colère. Mirabeau lança ces mots passés à la postérité : « […] nous sommes ici par la volonté du peuple et […] on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes. »

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous parler d’autres cas où l’orthographe de l’adjectif verbal peut différer de celle du participe présent.   Dans certains cas, le participe présent se termine par -ant alors que l’adjectif verbal correspondant se termine par -ent :   adhérant/adhérent  ; affluant/affluent  ; coïncidant/coïncident  ; convergeant/ convergent  ; déférant/déférent  ; différant/différent  ; émergeant/émergent ; équivalant/équivalent ; excédant/excédent ; excellant/excellent  ; influant/ influent  ; négligeant/négligent  ; précédant/précédent…

SOI-DISANT OU SOIT-DISANT ? La forme correcte est soi-disant, signifiant : qui se prétend, qui se dit être. Elle associe le pronom personnel réfléchi soi (à ne pas confondre avec « soit », le verbe « être » au subjonctif présent) et le participe présent du verbe « dire ». Le 21 mai 1420, Charles VI (qui n’a pas toute sa tête), secondé de sa femme Isabeau, signe le traité de Troyes reconnaissant qu’à sa mort le roi d’Angleterre récupérera son trône, au détriment de son propre fils Charles (futur VII) relégué au rang de « soi-disant dauphin ». Soi-disant ne s’accorde ni en genre ni en nombre. Dans les années 1890, une série d’attentats anarchistes visant à déstabiliser le pouvoir le font réagir. Fin 1893, les députés adoptent des lois liberticides, dites scélérates, permettant notamment d’inculper toute personne soi-disant anarchiste. Par son sens, cette tournure ne peut renvoyer qu’à des êtres doués de la parole, et donc pas à des choses ou à des animaux, surtout dans un style soutenu. Dans ce cas, «  prétendu  » ou «  prétendument  » est de loin préférable, même si l’emploi de «  soi-disant  » a tendance à se généraliser.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Dans une lettre adressée à sa nièce Caroline le 10 septembre 1878, Gustave Flaubert écrit : «  À force de patauger dans les choses soi-disant sérieuses, on arrive au crime. »   Les «  choses  », sérieuses ou pas, étant peu susceptibles de dire quoi que ce soit, prétendument aurait dû s’imposer sous la plume de l’auteur.

CE LIVRE EST-IL BIENVENU OU BIEN VENU ? Pour parfaire son orthographe, ce livre est bienvenu ! Associant bien et venu·e(s), participe passé du verbe «  venir  », bienvenu·e(s) est adjectif ou nom, toujours écrit en un seul mot. Adjectif, il veut dire qui arrive à point, à propos, que l’on accueille avec satisfaction, et s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il qualifie (livre). En mai 1968, les grèves ont provoqué une sévère pénurie de carburant. Début juin, après la signature des accords de Grenelle, la réouverture des pompes à essence a été bienvenue pour les automobilistes. Comme nom, désignant une personne ou une chose accueillie avec plaisir, il prend également la marque du féminin et du pluriel. En 1961, les Français et le général de Gaulle accueillent avec fierté John et Jackie Kennedy qui ont choisi Paris pour leur premier voyage officiel à l’étranger. Ils sont également les bienvenus à Versailles où ils sont les hôtes d’un dîner dans la galerie des Glaces et d’une soirée à l’Opéra royal. Employé sans article, il se met au féminin singulier pour accueillir chaleureusement une ou plusieurs personnes à leur arrivée. Bienvenue chez les Ch’tis (Dany Boon, 2008) détient le record d’entrées en salles (près de vingt millions cinq cents mille) de toute l’histoire du cinéma national pour un film français.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous montrer qu’on ne prête jamais assez d’attention à l’orthographe et à la graphie en vous contant une petite anecdote… bienvenue. Le père du métro parisien s’appelle Fulgence Marie Auguste Bienvenüe. Il est, à double titre, le bienvenu dans cette page. D’abord, en raison de son patronyme. On n’aurait pas rêvé mieux ! Mais aussi car son nom a été estropié lorsqu’il s’est agi de lui rendre hommage en lui dédiant – chose rare – une station, de son vivant. En 1933, la station Avenue du Maine est débaptisée pour devenir Bienvenue. Au passage, on a oublié, sur le u, le tréma auquel il tenait tant. Comme cadeau de bienvenue dans le réseau métropolitain à celui qui l’avait conçu, c’était plutôt raté. Il a fallu refaire tous les panneaux ! Enfin, en 1942, la station a pris son nom définitif – correctement écrit, cette fois – de Montparnasse-Bienvenüe.

PRENDRE PARTI OU PRENDRE PARTIE ? Il convient de prendre parti pour quelqu’un. On se range alors de son côté, on est partisan de sa cause. Prendre parti, c’est se ranger dans un camp, effectuer un choix. On retrouve cette orthographe pour désigner un parti politique, dans l’expression « parti pris » (opinion préconçue, voire mauvaise foi) ou « tirer parti » (retirer un profit). Lors de la crise grecque entre 2010 et 2015, la France a pris parti au sein de l’Europe pour que la Grèce reste dans la zone euro, quitte à rééchelonner sa dette. La faute que l’on rencontre souvent consiste à ajouter un e à la fin. La confusion vient d’une autre expression : « prendre à partie ». Elle n’a pas du tout le même sens. Prendre quelqu’un à partie, c’est s’en prendre à lui ou l’affronter dans le cadre d’un procès. Ou encore, de « faire partie », au sens d’élément d’un tout, ou « être partie prenante » (avoir des intérêts dans une entreprise ou un contrat).

SI ON CHANTAIT   En 1949, les auteurs et humoristes Pierre Dac et Francis Blanche animent une émission de radio intitulée « Le Parti d’en rire ». Sur la musique du Boléro de Maurice Ravel, ils signent les paroles d’un hymne rebaptisé Le Brasero de Ravel :   Oui, notre parti, parti d’en rire Oui, c’est le parti De tous ceux qui n’ont pas pris de parti Sans parti pris nous avons pris Le parti De prendre la tête d’un parti Qui soit un peu comme un parti Un parti placé au-dessus des partis En bref, un parti, oui Qui puisse protéger la patrie De tous les autres partis Et ceci, jusqu’à ce qu’une bonne partie Soit partie […]

LA DÉFAITE SUBIE OU SUBITE ? C’est la défaite subie par votre équipe préférée qui a gâché votre week-end  ! Comme «  subir  », les participes passés des verbes du 2e groupe (dont l’infinitif se termine par -ir et qui se conjuguent comme «  finir  ») se terminent par -i (subi) au masculin et -ie au féminin (subie). On ne dit pas, dans ce cas, «  subite  » au féminin ni «  subit  » au masculin. Sous Louis XIV, les persécutions subies par les protestants s’appelaient des dragonnades, car elles étaient menées par des dragons, soldats combattant à pied, mais se déplaçant à cheval.   À quelques exceptions près Le participe passé du verbe « maudire » se termine par -it (maudit) au masculin et -ite au féminin (maudite).

LE BON CHOIX Saurez-vous trouver le participe passé masculin singulier des verbes suivants ?   souffrir ; conduire ; joindre ; découvrir ; craindre ; falloir ; vivre ; reconnaître ; naître ; devoir ; entreprendre ; devenir ; dissoudre

Correction souffert ; conduit ; joint ; découvert ; craint ; fallu ; vécu ; reconnu ; né  ; dû  ; entrepris  ; devenu  ; dissous (C’est l’orthographe classique, mais comme le féminin est «  dissoute  », par souci de cohérence, les Rectifications de l’orthographe de 1990 suggèrent que l’on écrive désormais « dissout ».) LEDIT OU LE DIT ? Il convient de l’écrire en un mot, ledit fait référence à celui dont on vient de parler, que l’on a nommé précédemment. C’est un adjectif qui s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il détermine, devenant ladite au féminin, lesdits et lesdites au pluriel. Il est composé de l’article défini « le » « la » ou « les » et du participe passé du verbe « dire ». Le 20 juin 1789, le tiers état constitué en Assemblée nationale prête le serment du Jeu de paume : « L’Assemblée nationale, […] Arrête que tous les membres de cette Assemblée prêteront, à l’instant, serment solennel de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que, ledit serment étant prêté, tous les membres, et chacun en particulier, confirmeront par leur signature cette résolution inébranlable. »

LA PREUVE PAR L’AUTEUR·E   « — Ah ! on se permet de ronchonner ! Eh bien ! mon petit père Noël, je vais corser mon programme ! Tu vas descendre sur Terre cette nuit, et non seulement tu ne leur ficheras rien dans leurs ripatons*, mais encore tu leur barboteras lesdits ripatons, et je me gaudis** d’avance au spectacle de tous ces imbéciles contemplant demain matin leurs âtres veufs de chaussures. »   *souliers ; **(du latin gaudere) se réjouir   Alphonse Allais, « Conte de Noël », Deux et deux font cinq, 1895.

LES ADVERBES EN -MENT Un adverbe de manière est un mot invariable qui modifie le sens d’un verbe, d’un adjectif, d’un autre adverbe ou de toute une phrase en mettant l’accent sur la manière, la façon de faire, d’être… Ces adverbes se terminent par -ment, -amment, -emment. Ils se terminent par -ment s’ils sont formés sur des adjectifs masculins se terminant par -e (possible → possiblement), par -é (prématuré → prématurément), par -i (poli → poliment), ou par -u (absolu → absolument). Certains adjectifs en -u nécessitent l’ajout d’un accent circonflexe pour devenir adverbes (indu → indûment). Si l’adjectif se termine par une consonne, le féminin est utilisé (doux douce → doucement ; clair → claire → clairement). Ils se terminent par -amment quand ils sont formés à partir d’un adjectif en -ant (savant → savamment ; suffisant → suffisamment). Ils se terminent par -emment quand ils sont formés à partir d’un adjectif en -ent (prudent → prudemment ; évident → évidemment).

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Dans le manuscrit de son récit autobiographique Vie de Henry Brulard (inachevé, publié en 1890, posthume), Stendhal écrit :   « Je passe pour un homme de beaucoup d’esprit et fort insensible, roué même, et je vois que j’ai été constament occupé par des amours malheureuses. J’ai aimé éperdument Mme Kubly, Mlle de Griesheim, Mme de Dipholtz, Métilde, et je ne les ai point eues, et plusieurs de ces amours ont duré trois ou quatre ans. Métilde a occupé absolument ma vie de 1818 à 1824. Et je ne suis pas encore guéri, ai-je ajouté, après avoir rêvé à elle seule pendant un gros quart d’heure peut-être. M’aimait-elle ? »   Tout à l’évocation de ses amours malheureuses, Stendhal en oublie un m à constamment. Ne dit-on pas pourtant que «  les amants s’aiment toujours deux fois » pour se souvenir qu’il faut doubler la consonne à -amment ?

LES NOMS PROPRES RESTENT AU SINGULIER Votre prénom est un nom propre, il en a va de même de votre nom de famille, du pays dont vous êtes originaire, de la ville où vous résidez, de la marque de vos chaussures préférées… Le nom propre désigne un être, un animal, un lieu, un monument, une œuvre… unique. Logiquement, la règle veut que les noms propres restent invariables. Le xixe siècle a connu trois Napoléon. On ne met pas de s. Si l’on parle des membres d’une famille, le patronyme reste invariable en dépit de l’usage de l’article défini pluriel : les Rougon-Macquart. Il en va de même des noms de marque : Les Renault et les Peugeot sont des fleurons de l’industrie automobile française…   À quelques exceptions près Les noms de dynasties ou de lignées célèbres prennent la marque du pluriel : les Bourbons, les Condés…

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour approfondir la question du pluriel des noms propres.   Employés dans un sens figuré comme ayant un statut emblématique et servant de comparaison, ils peuvent, au choix, se mettre au pluriel ou rester au singulier. On écrit : les Mozarts ne courent pas les rues. On écrit aussi bien : ils voulaient jouer les Balzac ou les Zola. En revanche, ils restent au singulier lorsqu’ils sont cités comme auteurs d’œuvres d’art. On écrit : ce musée regorge de Picasso, de Matisse, de Monet… Enfin, on peut en revenir à notre Napoléon. Il est un cas où il prend la marque du pluriel  : quand il désigne des pièces de monnaie à l’effigie de l’Empereur. Ces napoléons-là perdent, en outre, leur majuscule. C’est une antonomase, un nom propre devenu commun, à rapprocher des tartuffes et autres tartarins.

S OU X AU PLURIEL DES NOMS ? Dans la grande majorité des cas, le pluriel des noms communs se marque par l’ajout d’un s à la fin du mot.   À quelques exceptions près Les noms se terminant par s, x, z demeurent inchangés (tapis, perdrix, nez…). Les noms en -au, -eau, -eu prennent un x, sauf landaus, lieus (le poisson), pneus, bleus… Les noms en -al font leur pluriel en -aux ( journal/journaux, animal/ animaux…) sauf carnavals, festivals, récitals… ; d’autres admettent les deux : vals/vaux, idéals/idéaux… Certains noms en -ail se transforment en -aux (vitrail/vitraux, bail/baux, corail/coraux, émail/émaux…), d’autres prennent un s (chandails, détails, rails, épouvantails…). Certains noms en -ou s’écrivent avec un x (bijoux, cailloux, choux, genoux, hiboux, joujoux, poux), les autres avec un s (trous, sous, clous…).

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous parler de ces mots qui ont un sens différent selon que leur pluriel est en s ou en x.   Ciel devient « cieux » pour désigner la voûte céleste, le séjour des âmes après la mort… Il devient « ciels » lorsqu’il fait référence à la météo, à une œuvre artistique, un lit à baldaquin (les ciels bleus de Provence, les ciels des impressionnistes, les ciels de lit…).   Œil se change en «  yeux  » s’il s’agit des organes visuels. Il se change en «  œils  » dans œils-de-bœuf (sortes de lucarnes) et autres composés.   Aïeul prend un s si les aïeuls sont les grands-parents. Il devient « aïeux » si on fait référence aux ancêtres en général.

LE PLURIEL DES MOTS ÉTRANGERS Si, à l’origine, chaque langue a sa manière de marquer le pluriel, les mots que lui emprunte le français sont désormais soumis à nos règles. Depuis une réforme de l’orthographe datant de 1990, on ne s’occupe plus de respecter les formes propres au latin, à l’anglais, l’allemand ou l’italien. C’est s pour tout le monde, des référendums aux spaghettis, des rugbymans aux requiems, en passant par les minimas, médias, scénarios, sandwichs et autres lands et lieds. Dans un registre soutenu, rien n’empêche cependant de conserver des desiderata, leitmotive, länder, stimuli, maxima, gentlemen et ladies… Quelques mots demeurent invariables  : credo, mea-culpa, intérim, post-scriptum, statu quo, ex aequo…

CHERCHEZ L’INTRUS Parmi ces emprunts, trois intrus se sont glissés, à vous de les identifier.   match  ; live  ; casual  ; brunch  ; interview  ; whisky  ; hobby  ; lobby ; ranch ; sketch ; boss Correction live, casual et boss ne prennent pas de marque du pluriel, contrairement aux matchs (ou matches), brunchs (ou brunches), interviews, whiskys (ou whiskies), hobbys (ou hobbies), lobbys (ou lobbies), ranchs (ou ranches), sketchs (ou sketches).

PEUT-ON MANGER UNE SEULE RILLETTE ? On a beau vouloir surveiller son cholestérol, il est impossible de manger la rillette à l’unité, on ne peut que se régaler de rillettes. Comme la spécialité du Mans, un certain nombre de mots n’existent qu’au pluriel. Malheureusement, il n’y a pas de solution miracle pour le savoir, pas de règle à connaître pour avoir juste à tous les coups. Il ne reste plus qu’à faire travailler sa mémoire. Nous vous proposons une liste de cinquante mots invariablement pluriels (ou toujours utilisés au pluriel) sur lesquels on a tendance à se tromper ou au moins à hésiter :   affres ; agrès ; aguets ; alentours ; ambages ; annales ; appointements ; archives  ; armoiries  ; arrhes  ; beaux-arts  ; belles-lettres  ; bestiaux  ; calendes  ; condoléances  ; confins  ; décombres  ; dépens  ; ébats  ; entrailles  ; environs  ; fiançailles  ; floralies  ; fonts  ; frais  ; frusques  ; funérailles  ; gémonies  ; gens  ; grands-parents  ; gravats  ; honoraires  ; latrines  ; mânes  ; matines  ; mœurs  ; obsèques  ; pénates  ; petitsenfants ; pierreries ; pourparlers ; prémices ; représailles ; semailles ; sévices ; ténèbres ; thermes ; us ; vêpres ; vivres

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour évoquer, a contrario, les mots ne s’employant qu’au singulier :   Les noms de sciences  : la biologie  ; la géographie  ; la botanique… Les noms de métaux : l’or ; l’argent ; le cuivre ; l’aluminium ; le plomb… Les aromates : la myrrhe ; l’encens ; l’absinthe ; le genièvre… Les noms abstraits  : le beau  ; le courage  ; l’arrogance  ; l’abstinence… Les sens : l’ouïe ; le toucher ; la vue ; le goût ; l’odorat. Les points cardinaux : le nord ; le sud ; l’est ; l’ouest.

LE PLURIEL DES NOMBRES Un, trois, neuf, dix-sept, trente-deux, quarante-cinq, cinquante-huit, soixante-quatre, soixante-seize… sont des adjectifs numéraux cardinaux, ils expriment un nombre précis. Ils sont invariables.   À quelques exceptions près Vingt et cent prennent la marque du pluriel lorsqu’ils désignent des vingtaines ou des centaines rondes  : quatre-vingts par opposition à quatre-vingt-un ; deux cents par opposition à deux cent dix-neuf. Deux siècles avant notre ère, sur quatre-vingts tribus de Gaulois présentes en Gaule, on constate la domination de deux peuples  : les Arvernes (Massif central) et les Éduens (entre la Loire et la Saône). Les travaux du château de Versailles avaient débuté en 1662 et, dès le printemps 1664, Louis XIV fait donner, pour six cents invités, la fête des Plaisirs de l’Île enchantée. Mille, lui, ne s’accorde jamais. En novembre-décembre 1831 a lieu la révolte des canuts (ouvriers de la soie) à Lyon. Quelque quarante mille hommes se soulèvent au cri de : « vivre en travaillant ou mourir en combattant ». Cette révolte est écrasée par l’armée.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Arthur Rimbaud est brouillé avec les chiffres et l’écriture des nombres, singulièrement avec « cent ». En témoigne le manuscrit de « Villes » (Les Illuminations, recueil de poèmes en prose et en vers libres qu’on estime avoir été composés entre 1872 et 1875)  : «  Quelques divans de velours rouge : on sert des boissons polaires dont le prix varie de huit cent à huit mille roupies. […] Le faubourg aussi élégant qu’une belle rue de Paris est favorisé d’un air de lumière. L’élément démocratique compte quelques cents âmes. »   Est accordé ce qui ne doit pas l’être (cent – et quelque, également invariable dans ce contexte) et inversement, huit cents qui, lui, exige le pluriel ne comporte pas de s. Il récidive le 8 octobre 1887, à une époque où il était devenu marchand d’armes, dans une lettre à sa mère qui lui a fait parvenir de l’argent : « Ma chère maman, j’ai reçu les cinq cent franc au Consulat du Caire. Je vous remercie bien […]. » Il manque l’accord de cents, mais aussi de francs.

LA BONNE TERMINAISON : « PARMI » -I, « HORMIS » -IS On est toujours tenté d’écrire parmi avec -is à la fin et hormis avec -i. Il y a un moyen de s’y retrouver en cherchant ce que veulent dire ces mots. Parmi découle de la locution « par le milieu ». Pensez que « mi » est l’abréviation de milieu. Il ne vous viendrait pas à l’idée d’y mettre un s. Sous l’Ancien Régime, le roi de France recevait une onction sacrée qui lui conférait le pouvoir de soigner. Il passait parmi la foule de ses sujets, posant sa main sur les malades en prononçant cette formule  : « Le roi te touche, Dieu te guérisse. » Hormis dérive de la locution «  hors mis  » qui veut dire «  étant mis hors ». « Mis », participe passé du verbe « mettre », s’écrit avec s à la fin. Le premier véritable saut de l’histoire du parachute a lieu le 22 octobre 1797 au parc Monceau. André-Jacques Garnerin s’élance d’une montgolfière à une altitude de sept cents mètres au-dessus du sol. Il s’en sort sain et sauf, hormis une légère entorse à la cheville, due à l’impact.   (à suivre)

LA MINUTE DES AUTEUR·E·S   Quand nos grandes plumes devisent sur l’orthographe :   «  On avait fondé de grandes espérances sur l’instruction. Il faut convenir maintenant qu’il n’y a pas de rapport exact entre la moralité et la connaissance de l’orthographe. »   Remy de Gourmont (1858-1915).

LA BONNE TERMINAISON (SUITE ET FIN) : « CAUCHEMAR » SANS D, « VERTU » SANS E Cauchemar qui signifie mauvais rêve, situation angoissante, s’écrit sans d à la fin. On risque la faute à cause du verbe dérivé «  cauchemarder  » ou de l’adjectif « cauchemardesque ». Le 10 août 1903, environ trois cents usagers du métro parisien vivent un cauchemar à la station Couronnes. Un incendie s’est déclaré et la fumée a envahi les tunnels. Les voyageurs, paniqués, se marchent dessus. Bilan : quatre-vingt-quatre morts par asphyxie. Bazar se retrouve dans le même cas. Il ne se termine pas par -d alors qu’on bazarde quelque chose dont on ne veut plus. Même si, généralement, les noms se terminant par le son «  u  » s’écrivent -ue au féminin (grue, crue, vue, rue, sangsue, morue…), vertu (et bru, glu, tribu) finit par -u. Pour se le rappeler, il faut penser à son origine latine, sous le signe de la virilité. Virtus, lui-même issu de vir, « homme » (par opposition à la femme), évoque les qualités qui font la valeur physique et morale de l’homme, le courage, l’énergie. Le 6 avril 1793 est créé le Comité de salut public par un Robespierre souhaitant instaurer la «  dictature de la vertu ». Ce gouvernement a les pleins pouvoirs.

MÉMO PHOTO   Il vous reste à faire travailler votre mémoire photographique pour retenir l’orthographe de cinquante mots sur la terminaison desquels on hésite toujours :   abus ; abri ; ailleurs ; ajout ; anonymat ; artichaut ; banc (au sens de siège) ; brebis ; brouillard ; certes ; chaos ; désarroi ; discours ; écho  ; égard  ; embarras  ; fourmi  ; gentil  ; hasard  ; héros  ; homard ; instinct ; insu ; intrus ; lambris ; lourd ; matelas ; nerf ; nœud ; partenariat ; parvis ; permis ; pervers ; pétard ; plafond ; poids (au sens de masse) ; poing (au sens de main fermée) ; pouls (au sens de battement du cœur) ; promis ; puits (au sens de trou pour puiser l’eau) ; rasoir ; rebut ; remous ; souci ; sourd ; souris ; toujours  ; velours  ; vernis (au sens d’enduit brillant ou mat)  ; volontiers

LES NOMS FÉMININS EN -TÉ Contrairement aux noms concrets (désignant des choses ou des êtres réels pouvant être perçus par les sens ou pouvant être dénombrés), les noms abstraits expriment une idée, un sentiment, une notion… dont se saisit la pensée ou l’esprit. Dans cette catégorie, nombreux sont ceux qui se terminent par -té. Bien que féminins, ils ne prennent pas la marque de leur genre et ne s’écrivent jamais -tée. La devise de la France, «  Liberté, Égalité, Fraternité », est dans la bouche des révolutionnaires, elle refait une percée en 1848 puis sous la IIIe République avant d’être enfin inscrite dans les Constitutions de 1947 et 1958. Ils sont soit forgés à partir d’adjectifs (beauté venant de «  beau  », pureté de «  pure  », bonté de «  bon  »…), soit issus de mots latins féminins terminés par -tas. Liberté est tiré de libertas, égalité d’æqualitas, fraternité de fraternitas. Ne soyez pas étonné que des mots féminins comme dictée, pâtée, jetée, montée, portée, nuitée, pelletée… prennent un e, ils n’évoquent pas des concepts abstraits.

MÉMO PHOTO   Il vous reste à faire travailler votre mémoire photographique pour retenir l’orthographe de cinquante noms abstraits courants, triés par ordre alphabétique :   agilité  ; agressivité  ; amitié  ; autorité  ; beauté  ; bonté  ; clarté  ; cupidité ; difficulté ; dureté ; équité ; éternité ; facilité ; fermeté ; gaieté  ; générosité  ; humidité  ; humilité  ; intimité  ; légèreté  ; maternité ; nouveauté ; originalité ; parentalité ; parenté ; parité ; paternité  ; pitié  ; priorité  ; promiscuité  ; propreté  ; proximité  ; pureté  ; qualité  ; quantité  ; réalité  ; régularité  ; santé  ; sérénité  ; sévérité  ; sincérité  ; société  ; solidité  ; sonorité  ; sororité  ; spécialité ; spontanéité ; vérité ; versatilité ; volonté

PSYCHIATRE OU PSYCHIÂTRE ? La forme correcte est psychiatre. Le suffixe -iatre est tiré du grec iatros, médecin. Il sert à la dénomination des médecins spécialistes (pédiatre, psychiatre, gériatre…). Sous la Seconde Restauration de Louis XVIII (à partir de 1815), les ultraroyalistes cherchent à influer sur le roi. Ils poussent un paysan, Thomas Martin, à lui confier ses visions récurrentes de l’archange Gabriel, qui voudrait un retour au dimanche chômé. Même l’évêque de Versailles l’envoie aux psychiatres de l’asile de Charenton, Philippe Pinel et Antoine-Athanase Royer-Collard. Le suffixe -âtre (issu de -aster, suffixe du bas latin), accolé à un adjectif, introduit une dimension péjorative ou dépréciative (bellâtre, acariâtre…) ou exprime une approximation, notamment concernant les adjectifs de couleur (bleuâtre, verdâtre…). Si Napoléon a eu du succès auprès des femmes, physiquement, il n’était pas spécialement gâté. Petit, maigrichon, il avait le teint un peu pâlichon voire jaunâtre, des cheveux raides, bien trop longs  : ils lui pendouillaient dans le cou.

CHERCHEZ L’INTRUS   Parmi ces mots se terminant en -âtre, trois intrus se sont glissés, à vous de les identifier.   théâtre  ; albâtre  ; blanchâtre  ; beigeâtre  ; saumâtre  ; Cléopâtre  ; rougeâtre  ; idolâtre  ; violâtre  ; brunâtre  ; noirâtre  ; douceâtre  ; grisâtre ; rosâtre ; olivâtre Correction théâtre ; albâtre ; Cléopâtre Ce ne sont pas des adjectifs à connotation péjorative, mais des noms.

DYSLEXIE OU DISLEXIE ? La forme correcte est dyslexie. Les préfixes dys- et dis- sont homophones (ils se prononcent pareil), mais ils n’ont pas du tout le même sens. Venu du grec, dys- indique une malformation, une difficulté, un trouble, ce qui est mauvais, erroné. Il sert à former des mots tels que dysfonctionnement, des termes savants comme dyslexie (troubles de la lecture), des noms en relation avec des pathologies (dyspepsie, problèmes de digestion)… Choderlos de Laclos, l’auteur du classique roman libertin, Les Liaisons dangereuses (1782), était un militaire de carrière, haut gradé. Il n’est pas mort au front mais en campagne, des suites de la dysenterie. Issu du latin, dis- exprime une rupture, une négation, une séparation, une différence ou l’absence. On le retrouve dans discréditer, discorde, discrimination, disgrâce, discontinuité, dislocation, disjoncteur… Le président Jacques Chirac décide en 1997 de la disparition du service militaire obligatoire.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous familiariser avec d’autres préfixes latins et grecs utilisés couramment en français. Préfixes tirés du latin : agro- (champ) → agriculture aqu- (eau) → aquatique avi- (oiseau) → aviation équi- (égal) → équivalent extra- (hors de) → extraordinaire nécro- (mort) → nécrologie pisci- (poisson) → piscine rétro- (en arrière) → rétroviseur Préfixes tirés du grec : auto- (soi-même) → automobile bio- (vie) → biodiversité crypto- (caché) → cryptomonnaie homo- (semblable) → homosexuel miso- (haïr) → misogynie ortho- (droit) → orthographe thermo- (chaleur) → thermomètre

LE M REMPLACE LE N DEVANT M, B, P   La règle veut que devant m, b, p, le m remplace le n. Devant m : immanquable, immangeable… Devant b  : ambassade, embarquer, humble, imbécile, ombre, imbu, symbole… Devant p  : champignon, importer, intempéries, imperméable, amplifier, lampe…   À quelques exceptions près – les verbes « tenir » et « venir » (et leurs composés), à la 1re personne du pluriel du passé simple de l’indicatif, s’écrivent avec nm  : nous tînmes, nous vînmes… – les mots formés à partir de « main » et « bon », dont le n terminal est conservé  : bonbon, bonbonne, bonbonnière, mainmise, mainmorte*… – néanmoins (adverbe de liaison) On notera que (poudre de) perlimpinpin et embonpoint ont la particularité d’appliquer la règle et d’être en même temps des exceptions.   * terme de droit désignant l’état de biens appartenant à des personnes morales (à ne pas confondre avec l’expression « ne pas y aller de main morte », qui signifie « frapper » ou « agir violemment »).

SI ON CHANTAIT   J’vous ai apporté des bonbons Parce que les fleurs c’est périssable Puis les bonbons c’est tellement bon Bien qu’les fleurs soient plus présentables Surtout quand elles sont en boutons mais   J’vous ai apporté des bonbons Jacques Brel, «  Les Bonbons  », 1963.   Je viens rechercher mes bonbons Vois-tu, Germaine, j’ai eu trop mal Quand tu m’as fait cette réflexion Au sujet de mes cheveux longs C’est la rupture bête et brutale mais Je viens rechercher mes bonbons   Jacques Brel, « Les Bonbons 67 », 1967.

FAUTES DE CONSTRUCTION LA BONNE PRÉPOSITION : JE VAIS À PARIS OU SUR PARIS ? Arrêtez de dire que vous allez sur Paris ! On va à Paris. La préposition « sur » ne doit pas être employée à la place de « à » (ou « vers ») pour indiquer le lieu où l’on se rend, où l’on se trouve, dans des tournures telles que « je travaille sur Annecy  », « j’habite sur Lyon », « je déménage sur Marseille », « je monte sur Lille », « je vais sur Strasbourg, « je reste sur Avignon »… Les rois de France allaient généralement à Reims pour se faire sacrer. « Sur » donne l’idée d’une position de domination, de quelque chose qui vient d’en haut pour se diriger vers le bas. On peut par exemple dire qu’il a neigé sur Paris, car la neige est tombée du ciel. De même, une tempête peut s’abattre sur une ville, une armée marcher sur un territoire qu’elle veut envahir.   (à suivre)

SI ON CHANTAIT   Il pleut sur Nantes Donne-moi la main Le ciel de Nantes Rend mon cœur chagrin   Un matin comme celui-là Il y a juste un an déjà La ville avait ce teint blafard Lorsque je sortis de la gare Nantes m’était encore inconnue Je n’y étais jamais venue […]   Il pleut sur Nantes Et je me souviens Le ciel de Nantes Rend mon cœur chagrin   Barbara, « Nantes », Dis, quand reviendras-tu ?, 1964.

LA BONNE PRÉPOSITION (SUITE ET FIN) : JE VAIS À VÉLO AU TRAVAIL OU EN VÉLO ? La forme correcte est je vais à vélo. Nous avons vu qu’avec « aller » et certains verbes de mouvement (se rendre, courir, venir, arriver…), devant un nom de lieu, de ville, on emploie à ou au. Pour les noms de pays, s’ils sont féminins, on utilise en : En septembre 1973, Georges Pompidou va en Chine en voyage officiel, il est le premier chef d’État occidental à le faire. Au se place devant les noms de pays masculins : Un an après avoir été élu, François Mitterrand est le premier président français à aller au Japon pour une visite d’État (1982). S’agissant des moyens de locomotion, on va à cheval ou à vélo, mais en train ou en voiture. Après la Révolution, les départements ont été créés, leur taille était délimitée de façon à ce qu’on puisse aller à cheval au chef-lieu et en revenir dans la journée. Chantre de la « présidence normale », François Hollande est d’abord allé en train dès qu’un déplacement s’imposait, si la durée était inférieure à trois heures.

LE BON CHOIX   Complétez le texte suivant avec les bonnes prépositions.   Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757-1834) naît en Auvergne. Il part étudier … Paris et entre dans une compagnie de mousquetaires. Devenu sous-lieutenant au régiment de Noailles, il fait ses entrées … la cour grâce à sa belle-famille. Il se rend … Metz parfaire sa formation d’officier. De retour … Paris, il saisit l’opportunité d’aller … États-Unis pour soutenir les insurgents et en découdre avec l’ennemi anglais. Il ruse avec eux en allant d’abord … Grande-Bretagne, … Londres. Il doit aussi se jouer de son beau-père, opposé à son entreprise. Rentré … France, … Bordeaux, il se rend … bateau … Pays basque pour acheter des armes. Il retourne … cheval, déguisé, … Bordeaux. Puis, repart … Espagne d’où il va enfin … Amérique … navire de commerce. Il débarque … Georgetown en 1777. Il va chez George Washington qui l’adoube et participe aux batailles. Ses succès lui valent les acclamations du Congrès et un retour … France, près de deux ans après, en héros. Correction à ; à ; à ; à ; aux ; en ; à ; en ; à ; en ; au ; à ; à ; en ; en ; en ; à ; en

JE VAIS CHEZ LE COIFFEUR OU AU COIFFEUR ? Vous allez chez le coiffeur. Et c’est chez le libraire que vous vous êtes procuré le présent ouvrage ! Chez s’utilise dans les cas où une personne est identifiée à sa profession : on va chez le médecin, le coiffeur, le garagiste… Chez vient du latin casa qui veut dire maison, ce qui explique son emploi lorsqu’on fait référence au lieu d’exercice d’un professionnel. Emmanuel Macron va chez le coiffeur dans un petit salon de quartier dans le VIIIe arrondissement. Mireille s’occupait déjà de ses cheveux avant qu’il ne devienne ministre.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour aborder la question des enseignes commerciales.   S’agissant de celles-ci, la même règle s’applique. On peut dire « je vais chez Leclerc », signifiant ainsi que l’on se rend dans un magasin affilié au groupe fondé par monsieur Édouard Leclerc. Les premiers clients à avoir fait leurs courses chez Leclerc en 1949 étaient des habitants de Landerneau (Finistère). Mais on peut dire aussi : Depuis les années 1970, les automobilistes peuvent faire leur plein d’essence lorsqu’ils vont au Leclerc faire leurs courses. Dans ce cas, on exprime l’idée qu’ils se rendent dans un magasin portant l’enseigne Leclerc. Pour cette raison, on ne peut pas dire « je vais chez Super U ». Il faut dire « je vais au Super U ».

LE LIVRE DE MA FILLE OU LE LIVRE À MA FILLE ? La forme correcte est le livre de ma fille. La notion d’appartenance peut s’exprimer par le verbe « appartenir ». Celui-ci se construit avec la préposition à : le livre appartient à ma fille. Mais on peut aussi indiquer la propriété ou l’appartenance sans verbe. Dans ce cas, on emploie de et non à. On dit : Blanche de Castille (1188-1252) était la mère de Saint Louis. (Mais surtout pas « Blanche de Castille était la mère à Saint Louis. »)   À quelques exceptions près Un certain nombre d’expressions figées et de tournures populaires utilisent à en ce sens : un fils à papa, une bête à bon Dieu (coccinelle), de la barbe à papa, la bande à Bonnot, l’herbe à Nicot (le tabac)…

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Profitons de l’occasion pour vous préciser que notre titre récurrent «  La faute aux écrivain·e·s  » est… une faute  ! Nous nous la sommes permise pour faire écho à Victor Hugo et ses Misérables (1862). Sur une barricade, pendant l’insurrection républicaine à Paris en juin 1832, Gavroche chante ce couplet avant de tomber sous les balles des gardes nationaux :   Je suis tombé par terre. C’est la faute à Voltaire. Le nez dans le ruisseau. C’est la faute à Rousseau.   De toute évidence, l’auteur ne commet pas de faute. Il met à dessein ces mots dans la bouche de son personnage, un gamin parisien parlant le langage de la rue. Si Gavroche était né cinquante ans plus tard et avait fréquenté l’école de la République, il aurait dit  : la faute de Voltaire, la faute de Rousseau.

LA CAPACITÉ DE PRENDRE UNE DÉCISION OU LA CAPACITÉ À PRENDRE UNE DÉCISION ? Une fois n’est pas coutume, les deux formes sont correctes ! Quand le nom capacité (au sens d’aptitude) est suivi d’un verbe à l’infinitif, il peut être précédé de la préposition de ou à. Les deux constructions sont justes et ne modifient pas le sens. René Descartes (1596-1650) met en doute tout ce qu’il a appris en exerçant sa raison. La première certitude à laquelle il aboutit, c’est celle de sa propre existence du fait de sa capacité de penser : Cogito ergo sum (Je pense donc je suis). Au moment où il pense, il est certain d’exister. On peut aussi bien dire que la première certitude à laquelle il aboutit, c’est celle de sa propre existence du fait de sa capacité à penser.   À quelques exceptions près La tournure à la mode dans le registre politique, professionnel, « être en capacité  » se construit exclusivement avec de : la première certitude à laquelle il aboutit, c’est celle de sa propre existence du fait qu’il est en capacité de penser.

LE BON CHOIX   Dans les phrases suivantes, retrouvez la préposition appropriée.   1. Inaugurée le 29 mars 1989 dans la cour du Louvre, la pyramide de l’architecte sino-américain Ieoh Ming Pei est (en/de) verre, (en/d’) aluminium et (en/d’) acier.   2.  Informé (sur/de) l’accident de Paul Reynaud et d’Hélène de Portes (le 28 juin 1940), De Gaulle se serait exclamé : « J’espère qu’elle est crevée, la salope ! » Il faut dire que cette maîtresse du président du Conseil avait joué de toute son influence sur lui pour que la France capitule face à l’Allemagne en 1940.   3. Surnommé le « Bien-Aimé » au début de son règne, Louis XV est mort en 1774 mal aimé (par/d’) une grande partie de sa cour et (par/de) son peuple, notamment (par les/des) Parisiens. Correction 1. en ; en ; en / 2. de / 3. aimé se construit aussi bien avec de qu’avec par

IL EST DIFFÉRENT DES AUTRES OU IL EST DIFFÉRENT QUE LES AUTRES ? La forme correcte est il est différent des autres. Différent établit une distinction entre les êtres vivants ou les choses. Il se construit avec de et non avec « que ». On peut commettre une erreur en se référant à son contraire le même qui lui se construit avec que et non avec « de ». On dit : il a le même défaut que les autres. Comme le même, pareil établit une comparaison, exprime une ressemblance, une similitude ou une égalité. Pourtant, il se construit différemment. Pareil est suivi de à et non de « que ». On dit : il est pareil aux autres.   Avant 2000 et l’instauration du quinquennat (un mandat de cinq ans), le président de la République était élu pour sept ans. Les élections législatives, tous les cinq ans, impliquaient qu’il était parfois possible que la majorité politique de l’Assemblée nationale soit différente de celle du chef de l’État. Il y avait alors cohabitation, c’est-à-dire que le Premier ministre et son gouvernement n’étaient plus du même parti que le Président. Depuis la mise en place du quinquennat, la majorité de l’Assemblée nationale a toujours été pareille à celle du Président.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous indiquer un certain nombre d’autres constructions correctes.   identique à  ; semblable à  ; analogue à  ; comparable à  ; égal à  ; contraire à ; préférable à ; à cause de ; en dépit de ; au lieu de ; à force de ; de façon à ; de manière à ; sous couvert de ; dans le cas de…

IL EST TAXÉ DE POPULISME OU DE POPULISTE ? De plus en plus d’hommes et de femmes politiques sont taxés de populisme, selon la formule correcte. Être taxé de signifie « être accusé de ». Elle se construit avec un nom et non avec un adjectif. On dit : « Il est taxé de méchanceté. » On ne dit pas : « Il est taxé de méchant. » Taxé d’opportunisme, Danton est déchu de la présidence du Comité de salut public, il s’oppose aux ultra-révolutionnaires et est décrété « ennemi de la République ». Le 30 mars 1794, le Comité ordonne son arrestation. Il est guillotiné le 5 avril, à l’âge de trente-quatre ans. Une erreur commune consiste à confondre cette expression avec « être traité de » qui veut dire « être qualifié de » et, à l’inverse, se construit avec un adjectif et non avec un nom. On dit : « Il s’est fait traiter de raciste. » On ne dit pas : « Il s’est fait traiter de racisme. »

LE BON CHOIX   Dans les phrases suivantes, retrouvez le mot approprié.   1. Taxé de (cruel/cruauté), le comte Simon de Montfort (v. 11501218) s’est en effet illustré dans la croisade contre les désignés hérétiques cathares, notamment en ordonnant de massacrer une majeure partie des habitants de Béziers en 1209.   2.  Traité de (pédophilie/pédophile), Gilles de Rais (1405-1440), frère d’armes de Jeanne d’Arc, est reconnu avoir abusé de plus de cent quarante enfants et les avoir assassinés.   3. Taxé de (perversion/pervers), le marquis de Sade (1740-1814) a voulu explorer celle-ci le plus profondément possible dans ses écrits, ce qui lui a valu de passer près de trente ans en détention. Correction 1. cruauté / 2. pédophile / 3. perversion

« PRÊT À » ET « PRÈS DE » Prêt est un adjectif qui s’accorde en genre et en nombre avec le nom ou le pronom qu’il qualifie. Il se construit avec à et signifie disposé, disponible, préparé… La reine Catherine de Médicis (1519-1589) ne se déplaçait pas sans son «  escadron volant  », une bande de jolies femmes, ayant de la conversation, entièrement dévouées à sa cause, prêtes à user de leurs charmes et de leur ascendant sur les hommes pour glaner des informations utiles au pouvoir. Près, adverbe, construit avec de, est invariable, il indique une proximité dans le temps ou l’espace. L’arc de triomphe du Carrousel est près du Louvre.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   «  Cosette, prête à défaillir, ne poussa pas un cri. Elle reculait lentement, car elle se sentait attirée. Lui ne bougeait point. À je ne sais quoi d’ineffable et de triste qui l’enveloppait, elle sentait le regard de ses yeux qu’elle ne voyait pas. Cosette, en reculant, rencontra un arbre et s’y adossa. Sans cet arbre, elle fût tombée. »   Victor Hugo, Les Misérables, 1862.   Lorsque Victor Hugo décrit Cosette comme « prête à défaillir », il donne à penser qu’elle serait « disposée à défaillir », « préparée à défaillir  ». Or, de toute évidence, son intention est d’indiquer qu’elle est « sur le point de défaillir », « non loin de défaillir », raison pour laquelle il aurait dû écrire  : «  Cosette, près de défaillir… ».

PALLIER LE MANQUE OU PALLIER AU MANQUE ? La forme correcte est pallier le manque. Pallier, du latin pallium, « manteau », qui a donné palliare, « cacher », donne l’idée que l’on recouvre quelque chose d’un manteau. Il signifie tenter de dissimuler une faute, en atténuer les effets de manière temporaire ou incomplète, ne guérir une maladie qu’en apparence. C’est un verbe transitif direct, c’est-à-dire qu’il se construit avec un complément d’objet direct (COD) qui n’est pas introduit par une préposition telle que « à ». Maurice Lauré, directeur adjoint de la Direction générale des impôts, invente la TVA, la taxe sur la valeur ajoutée, pour pallier le déficit budgétaire de l’État. L’Assemblée nationale l’adopte en 1954, en la limitant à la production et au commerce de gros. Elle est étendue au commerce de détail, à l’artisanat et aux services en 1966. Il ne faut surtout pas dire : « Il invente la TVA pour pallier au déficit budgétaire. »

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   «  – Sans chercher comme vous des explications d’explications, quand j’ai connu le fait, je m’y tiens. Les événements lamentables que je vous ai dits m’enseigneraient, s’il en était encore besoin, l’horreur du péché de la chair  ; ils sont la condamnation du divorce et de tout ce que l’homme a inventé pour essayer de pallier aux conséquences de ses fautes. Voici qui suffit, n’est-ce pas ! »   André Gide, Isabelle, 1911.  

Gide aurait dû écrire : « Ils sont la condamnation du divorce et de tout ce que l’homme a inventé pour essayer de pallier les conséquences de ses fautes. »

JE ME RAPPELLE MON PREMIER BAISER OU JE ME RAPPELLE DE MON PREMIER BAISER ? On se rappelle son premier baiser. Le verbe se rappeler est transitif direct, il se construit avec un COD (complément d’objet direct), sans préposition. On dit « se rappeler quelque chose ou quelqu’un ». On ne dit pas « se rappeler de quelque chose ou de quelqu’un ». On ajoute sans doute ce « de » à tort, car on fait une confusion avec le verbe se souvenir. Lui est transitif indirect, il se construit avec un COI (complément d’objet indirect), introduit par la préposition de. On dit : se souvenir de quelque chose ou de quelqu’un. Et donc, je me souviens de mon premier baiser. En conquérant Soissons en 486, Clovis veut conserver un vase au moment du partage du butin, pour le rendre à l’évêque et le rallier à sa cause. Mais un de ses soldats s’oppose et brise le vase. Ce n’est que l’année suivante, lors d’une revue de ses troupes, que le chef franc fracasse le crâne du guerrier en lui imposant de se souvenir de ce fameux vase de Soissons. En se faisant massacrer, le soldat a dû se rappeler le vase de Soissons.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   « Remercie de ma part Mme Robert qui a bien voulu se rappeler de moi. »   Gustave Flaubert, lettre du 24 avril 1857 à sa nièce Caroline.   Flaubert aurait dû écrire « Remercie de ma part Mme Robert qui a bien voulu se souvenir de moi. »

« DONT » SE SUFFIT À LUI-MÊME Le pronom relatif dont signifie « de qui », « de quoi », « duquel »… Il vient du latin de unde («  d’où  ») et contient en quelque sorte la préposition «  de  », raison pour laquelle on ne peut pas employer les deux en même temps. On emploie donc dont tout seul ou de… que : À la mort de son mari Henri IV, la reine Marie de Médicis avait fait construire un hôtel particulier dans les jardins du Luxembourg. C’est ce palais dont le Sénat a fait son siège en 1958. C’est de ce palais que le Sénat a fait son siège en 1958. On ne dit pas : « C’est ce palais que le Sénat a fait son siège en 1958. » « C’est de ce palais dont le Sénat a fait son siège en 1958. »

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour appeler votre attention sur deux autres tournures fautives avec « dont ».   Dont ne s’emploie pas avec « en » : Depuis 1958, le Sénat siège au palais du Luxembourg dont on ne connaît pas toujours l’histoire. On ne dit pas  : «  Depuis 1958, le Sénat siège au palais du Luxembourg dont on n’en connaît pas toujours l’histoire. »   On n’emploie pas non plus de déterminant possessif dans la proposition introduite par dont : Depuis 1958, le Sénat a fait son siège de ce palais dont on ne connaît pas toujours l’histoire. On ne dit pas  : «  Depuis 1958, le Sénat a fait son siège de ce palais dont on ne connaît pas toujours son histoire. »

IL LA LUI ENVOIE OU IL LUI ENVOIE ? La forme correcte est il la lui envoie. Napoléon envoyait des lettres d’amour enflammées à Joséphine. Le verbe « envoyer » a deux compléments : « lettres d’amour » (COD, complément d’objet direct sans préposition) et «  à Joséphine  », complément indirect introduit par la préposition «  à  », qui indique à qui profite ou à qui nuit l’action faite par le sujet. Lorsque le COD a été mentionné précédemment, on le remplace par un pronom personnel (la, le, l’, les) pour éviter une répétition. On fait de même avec le complément indirect remplacé par « lui/leur ». Napoléon avait l’habitude d’écrire fréquemment des lettres d’amour enflammées à Joséphine. Il les lui envoyait notamment alors qu’il combattait en Italie. Ici, «  les  » remplace «  lettres d’amour  » et «  lui  » remplace « Joséphine ». Il faut veiller à ne pas oublier « les », sinon on ne sait pas ce qu’il envoyait. Le COD ne peut pas être sous-entendu, il doit toujours être exprimé. On ne dit pas : « Il lui envoyait. »

LA MINUTE DES AUTEUR·E·S   Quand nos grandes plumes devisent sur les fautes de français :   «  Tu vois par mes lettres le cas que je fais des fautes contre le français et l’orthographe, divinités des sots. »   Stendhal, Lettres à Pauline, automne 1804.

DIRE OU NE PAS DIRE « NE » ? Ne est dit explétif lorsqu’il n’a pas de valeur négative et ne joue aucun rôle grammatical. Du latin explere, remplir, compléter, il ne fait que s’ajouter à la phrase sans en modifier le sens. De ce fait, contrairement au «  ne  » de négation, il n’est pas obligatoire. Il s’emploie à l’oral, mais surtout à l’écrit dans un style soigné et soutenu. On le met après des verbes tels que craindre que, redouter que, éviter que, prendre garde que, empêcher que… On le trouve après avant que, à moins que… et dans des propositions comparatives avec pire, meilleur, mieux… indiquant une inégalité. La Première Guerre mondiale a été pire que les jeunes soldats français ne l’imaginaient quand ils partaient au front en 1914, « la fleur au fusil », presque avec insouciance, accueillant avec gaieté ce geste des femmes venues les encourager et introduire une fleur dans le canon de leurs fusils.

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Replacez le ne explétif manquant dans les phrases suivantes.   1.  Le 15 décembre 1809, Napoléon Ier annonce de façon grandiloquente son divorce d’avec Joséphine  : «  Il n’est aucun sacrifice qui soit au-dessus de mon courage, lorsqu’il m’est démontré qu’il est utile au bien de la France. »   2.  La favorite Jeanne-Antoinette Poisson (1721-1764), mieux connue comme la marquise de Pompadour, était honnie du public tant elle avait d’influence sur Louis XV. Les «  poissonnades  », pamphlets ou chansons satiriques inventés pour lui nuire, l’avaient rendue paranoïaque au point qu’il était des repas qu’elle ne prenait pas de peur que ses plats aient été empoisonnés.   3.  L’intrigant Italien Concini avait réussi à devenir l’un des hommes les plus influents du royaume en se rendant indispensable à Marie de Médicis, veuve d’Henri IV et régente. Le jeune Louis XIII souffre du pouvoir du conseiller et le fait assassiner le 24 avril 1617 avant qu’il entre au Louvre. Soulagé, le commanditaire aurait dit ensuite : « Merci, grand merci à vous ! À cette heure, je suis roi ! » Correction 1. aucun sacrifice qui ne soit au-dessus / 2. de peur que ses plats n’aient été empoisonnés / 3. avant qu’il n’entre au Louvre

ON N’A PAS OU ON A PAS ? La forme correcte est on n’a pas. Quand on dit on a ou on n’a, on entend la même chose. C’est ce qu’on appelle des homophones (ils ont le même son). Mais ils ne s’écrivent pas de la même manière et surtout ils n’ont pas le même sens. On a a une valeur affirmative, on n’a, une valeur négative. Lorsqu’on écrit, il faut donc faire attention à ne pas se laisser abuser par la liaison. Le premier choc pétrolier de 1973 plonge la France dans la crise et le gouvernement tente de rassurer sa population avec une publicité et un slogan « En France, on n’a pas de pétrole mais on a des idées ! » Le même oubli du n’ peut se commettre avec «  rien  » en raison de la liaison. Le comte d’Artois, frère de Louis XVI, parti de France moins de trois jours après la prise de la Bastille, ne revient qu’en 1814 alors que Napoléon vacille. Une petite phrase couronne ce retour : « Rien n’est changé en France, il n’y a qu’un Français de plus. » On la lui prête, mais il semble qu’elle ait été prononcée par l’homme politique Beugnot.

LE MONDE DE MNÉMO   Si vous avez un doute, souvenez-vous que on est souvent employé à la place de nous dans la langue familière. Tournez la phrase avec nous.   Nous n’avons pas de pétrole → On n’a pas de pétrole   Grâce à cette astuce, voilà encore une faute qu’on n’a plus de raison de faire (n’écrivez pas « qu’on a plus de raison de faire » tant que vous y êtes !).

IL S’EN EST ALLÉ OU IL S’EST EN ALLÉ ? La forme correcte est il s’en est allé. Le verbe « s’en aller » se conjugue comme « aller ». Mais, aux temps composés, l’auxiliaire être se place entre «  en  » et « aller ». On dit : « il s’en est allé/ils s’en étaient allés. » On ne dit pas : « il s’est en allé/ils s’étaient en allés. » Le 19 mai 1981, Valéry Giscard d’Estaing, battu à l’élection présidentielle, s’en est allé de l’Élysée avec le sens de la mise en scène. Il fait ses adieux télévisés en concluant par un «  au revoir  ». Puis, il se lève, tourne le dos à la caméra, quitte la pièce et laisse sa chaise vide à l’écran.

SI ON CHANTAIT   Notre été s’en est allé Et tes yeux m’ont oublié Te souviens-tu de ces jours Où nos cœurs parlaient d’amour Nous n’avons pu retenir Que des lambeaux de bonheur S’il n’y a plus d’avenir Il nous reste un souvenir   L’amour, c’est comme un jour Ça s’en va, ça s’en va, l’amour C’est comme un jour de soleil en ripaille Et de lune en chamaille Et de pluie en bataille L’amour, c’est comme un jour Ça s’en va, ça s’en va, l’amour   Charles Aznavour, «  L’amour, c’est comme un jour  », Alléluia, 1962.

MA MÈRE ET MOI OU MOI ET MA MÈRE ? La phrase correcte est ma mère et moi, car on pourrait dire « phrase bien ordonnée commence par l’autre et non par soi-même ». En effet, l’usage veut que lorsque l’on associe un tiers à son action, on nomme celui-ci en premier, c’est là une marque de courtoisie. «  Je vois qu’il n’y a que monsieur Turgot et moi qui aimions le peuple. » C’est la remarque que Louis XVI adresse à ses conseillers du Parlement de Paris en 1776, alors que le ministre Turgot essaye de faire passer des mesures de justice fiscale. Il en va de même lorsqu’on s’adresse à quelqu’un que l’on rapproche d’un tiers. Le 22 mars 1429, Jeanne d’Arc adresse une lettre au roi d’Angleterre et au duc de Bedford (le régent, alors que le roi d’Angleterre n’a que huit ans) et s’exprime en ces termes : « Roi d’Angleterre et vous, duc de Bedford, rendez à la Pucelle, qui est ici envoyée de par Dieu, le Roi du Ciel, les clés de toutes les bonnes villes que vous avez prises et violées en France. »

SI ON CHANTAIT   Sept cents millions de Chinois Et moi, et moi, et moi Avec ma vie, mon petit chez-moi Mon mal de tête, mon point au foie J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie   Quatre-vingts millions d’Indonésiens Et moi, et moi, et moi Avec ma voiture et mon chien Son Canigou quand il aboie J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie   Jacques Dutronc, « Et moi, et moi, et moi » (paroles de Jacques Lanzmann), Jacques Dutronc, 1966.

COMMENT POSE-T-ON UNE QUESTION INDIRECTEMENT ? La question du titre montre ce qu’est une interrogation directe. Elle impose un point d’interrogation à la fin et une inversion du sujet, ce qui peut alourdir et compliquer l’expression. Napoléon a-t-il été empoisonné à Sainte-Hélène ? On peut lui substituer l’interrogation indirecte qui n’implique ni inversion du sujet ni point d’interrogation. Le questionnement est introduit par la proposition principale avec des formules telles que « on ne sait pas », « j’ignore », « je me demande », «  expliquez-moi  », «  dites-leur  », «  je ne comprends pas  », «  il voudrait savoir »… On se demande encore si Napoléon a été empoisonné à Sainte-Hélène. Une faute très courante consiste à mélanger les deux formes d’interrogation. Il ne faut pas dire  : «  On se demande encore si Napoléon a-t-il été empoisonné à Sainte-Hélène. »

QUESTIONNEZ, C’EST GAGNÉ Mettez ces questions à la forme indirecte de l’interrogation. 1. Comment se déplaçaient les gens dans Paris pendant la grande crue de 1910 ? (utilisez la formule « dites-leur ») 2. Est-il vrai qu’avant 1974 il fallait avoir vingt et un ans pour voter ? (utilisez la formule « je veux savoir ») 3. Le tableau Le Radeau de La Méduse de Théodore Géricault (1819) s’inspire-t-il de faits réels ? (utilisez la formule « j’ignore ») Correction 1. Dites-leur comment les gens se déplaçaient dans Paris pendant la grande crue de 1910. (En barque  !) / 2. Je veux savoir s’il est vrai qu’avant 1974 il fallait avoir vingt et un ans pour voter. (Vrai : l’abaissement de la majorité date de cette année-là.) / 3. J’ignore si le tableau Le Radeau de La Méduse de Théodore Géricault (1819) s’inspire de faits réels. (La Méduse, bateau commandé par Hugues Duroy de Chaumareys en 1816, s’est échoué en plein océan Atlantique avec près de quatre cents personnes à bord. Seuls quinze en ont réchappé sur un radeau.)

POSER LA BONNE QUESTION : POURQUOI MON PÈRE EST-IL PARTI ? OU POURQUOI MON PÈRE EST PARTI ? La bonne façon de poser la question est Pourquoi mon père est-il parti ? Lorsqu’une question commence par pourquoi, il y a inversion du sujet. Si celui-ci est à la 3e personne du singulier (mon père) ou du pluriel, il est repris par un pronom personnel (il/ils) qui s’accorde en genre et en nombre. Pourquoi Adolphe Thiers (1797-1877), qui a écrasé la Commune de Paris dans le sang et a été désigné premier président de la IIIe République en 1871, était-il surnommé « Foutriquet » ? (Réponse  : le terme désigne une personne de petite taille, chétive, et est synonyme d’avorton. Thiers, surnommé également «  le Nabot  », souffrait d’un physique peu avantageux de petit homme grassouillet) D’autres mots interrogatifs suivent la même règle : quand, comment, combien, où…

QUESTIONNEZ, C’EST GAGNÉ   Retrouvez les questions auxquelles correspondent les réponses suivantes :   1. En 1809, trente et un candidats ont été reçus après la création du baccalauréat par Napoléon Ier par décret du 17 mars 1808.   2.  Henri de Navarre a dit «  Paris vaut bien une messe  » parce qu’abjurer sa foi protestante était sa seule façon d’accéder au trône de France et de se faire sacrer à Chartres le 27 février 1594, sous le nom d’Henri IV.   3.  Une loi interdisant la contraception a été votée le 31 juillet 1920, elle réprimait «  la provocation à l’avortement et à la propagande anticonceptionnelle ». Correction 1. Combien de candidats ont-ils été reçus au baccalauréat en 1809 ? 2. Pourquoi Henri de Navarre a-t-il dit « Paris vaut bien une messe » ? 3. Quand une loi interdisant la contraception a-t-elle été votée ?

QUESTION AVEC « EST-CE QUE » : PAS D’INVERSION DU SUJET Lorsqu’une question commence par «  est-ce que  », il n’y a pas d’inversion sujet/verbe. L’inversion est déjà faite entre «  est  » et « ce ». La suite de la phrase respecte l’ordre des mots de la forme affirmative. En avril 1969, est-ce que les Français auraient voté non au référendum sur la régionalisation et sur la réforme du Sénat si le général de Gaulle n’avait pas mis sa démission dans la balance ? Il ne faut pas dire : « En avril 1969, est-ce que les Français auraient-ils voté non au référendum sur la régionalisation et sur la réforme du Sénat… ? » On utilise la tournure est-ce que dans la langue courante par facilité, précisément parce qu’elle évite l’inversion du sujet. Mais dans un registre soutenu, on préférera la forme interrogative : En avril 1969, les Français auraient-ils voté non au référendum sur la régionalisation et sur la réforme du Sénat… ?

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour évoquer «  qu’est-ce que  », forme interrogative également, qui suit la même règle. Qu’est-ce que les Français ont voté au référendum sur la régionalisation et sur la réforme du Sénat en avril 1969 ?   Cette tournure ne devrait pas s’employer, comme on le fait parfois à tort, dans un sens exclamatif. Il ne faut pas dire  : «  Qu’est-ce que la galerie des Glaces est somptueuse  !  » Il faut dire  : «  Que la galerie des Glaces est somptueuse ! »

FAUTES DE VOCABULAIRE UNE ESPÈCE DE OU UN ESPÈCE DE ? La forme correcte est une espèce de. Espèce est un nom féminin qui a le sens de «  sorte  » et indique une forme d’approximation. Lui accoler un déterminant masculin (un) est une faute. La confusion – extrêmement fréquente, surtout dans la langue familière – se produit lorsque le complément est lui-même au masculin, celui-ci exerçant une attraction. espèce de fonctionne comme un déterminant, ce qui amène à vouloir l’accorder en genre avec le nom. Janvier-avril 2006  : la jeunesse de France est dans la rue. Soutenue par ses aînés, elle conteste le projet de CPE (Contrat de première embauche), une espèce de CDI pour jeunes. Il devait permettre aux entreprises de plus de vingt salariés de congédier à tout moment, sans motif, un genre de sous-employés au cours d’une période d’essai de deux ans. Il ne faut pas se laisser influencer par le fait que CDI est masculin, une espèce de ne varie jamais. En revanche, son synonyme « un genre de » est bien masculin.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   « Adrien couchait avec la femme d’un des plus farouches francsmaçons de la ville, le marchand de meubles Reboul, un espèce de colosse noir, à moustaches, avec une envie poilue sur la joue gauche, un homme puissant, parce qu’il était le grand électeur du Parti radical, et qu’il se vantait de faire et défaire les maires à volonté. »   Louis Aragon, Les Beaux Quartiers, 1936.  

Aragon aurait dû écrire  : «  Adrien couchait avec la femme d’un des plus farouches francs-maçons de la ville, le marchand de meubles Reboul, une espèce de colosse noir (…). »

J’AI PARLÉ APRÈS LUI OU J’AI PARLÉ DERRIÈRE LUI ? La forme correcte est j’ai parlé après lui, car on n’emploie jamais « derrière » à la place d’« après » quand il s’agit d’évoquer une action ou un fait qui en suit un·e autre. Après introduit une indication temporelle (plus tard, ensuite, par la suite…) ou spatiale (plus loin, au-delà de… Type : « Tournez à gauche après la boulangerie »). Derrière donne une précision spatiale (en arrière de, au dos de, à la suite…), jamais chronologique. S’étant imposé comme successeur au trône en 1328, après la mort de Charles IV sans héritier mâle, Philippe VI a voulu asseoir son autorité en partant en guerre contre les bourgeois de Bruges. Il a prononcé la phrase célèbre « Qui m’aime me suive » pour encourager les barons à se ranger derrière lui.

SI ON CHANTAIT   Il n’y a plus d’après À Saint-Germain-des-Prés Plus d’après-demain, plus d’après-midi Il n’y a qu’aujourd’hui Quand je te reverrai À Saint-Germain-des-Prés Ce ne sera plus toi Ce ne sera plus moi : Il n’y a plus d’autrefois   Guy Béart, « Il n’y a plus d’après » (chanson écrite pour Juliette Gréco), 1960.

D’UNE CERTAINE MANIÈRE C’EST MA FAUTE OU QUELQUE PART C’EST MA FAUTE ? La tournure correcte est d’une certaine manière c’est ma faute. Quelque part, adverbe de lieu, indique un lieu indéfini, qu’on ne peut ou ne veut pas nommer. On ne dit pas «  quelque part je suis contente  », comme synonyme «  d’une certaine manière  » («  en quelque façon  », «  en quelque sorte »), locution qui dénote une pensée vague ou imprécise, une sorte de flou plus ou moins conscient. Rien à voir donc, c’est un tic de langage à bannir absolument. Entre 1619 et 1620 se joue la « guerre de la mère et du fils » entre une Marie de Médicis mécontente d’avoir été écartée du pouvoir et son fils Louis XIII décidé à régner en toute liberté, au point de l’avoir contrainte à l’exil. L’ancienne régente prononce ces mots quand Louis tente une réconciliation : « Mon Dieu, que vous êtes grandi ! » D’une certaine manière, elle reconnaît sa position de roi.

SI ON CHANTAIT   On choisit pas ses parents On choisit pas sa famille On choisit pas non plus Les trottoirs de Manille De Paris ou d’Alger Pour apprendre à marcher   Être né quelque part Être né quelque part Pour celui qui est né C’est toujours un hasard   Maxime Le Forestier, « Né quelque part », 1987.   On voit dans ce texte que quelque part s’utilise en relation avec des noms de lieu restant indéterminés.   L’objectif d’un français correct nous oblige à reprocher à Maxime Le Forestier de ne pas s’embarrasser des règles de la négation. Il devrait dire : « On ne choisit pas ».

PARFOIS JE ME TROMPE OU DES FOIS JE ME TROMPE ? L’erreur étant humaine, forcément, parfois vous vous trompez ! Mais au moins, à partir de maintenant, vous ne direz plus « des fois » en lieu et place de parfois. Parfois, adverbe de temps, ne peut pas être remplacé par la locution adverbiale « des fois ». L’adverbe « quelquefois » non plus. Par une ordonnance de 1367 (sous le règne de Charles V), le prévôt de Paris tente de réglementer la prostitution. Les filles de joie sont contraintes d’exercer leur activité dans des endroits tolérés par la loi, des « bordeaux » ou bordels (on les appelait aussi, parfois, clapiers). La journée de travail devait impérativement être terminée à six heures du soir.   À quelques exceptions près «  Non, mais des fois  !  », exclamation populaire, est une manière virulente d’exprimer son désaccord, son indignation.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   «  Parfois je m’imagine que je ne suis plus le même, que je sors réellement de ma peau, parfois non. Et des fois encore, je doute, c’est le plus dur… je me joue le guignol tout seul, pour moi seul. Rien à faire. Il me prend des envies de finir par un grand coup, je ne sais quoi. Va-t’en de toi-même chez les fous, mon garçon, que je me dis. Chez les fous, chacun joue son guignol, ni vu ni connu, je t’embrouille, tu auras tes aises… »   Georges Bernanos, Monsieur Ouine, 1943.   Pourtant, ça commençait bien avec parfois, mais le maire de Fenouille (un des personnages du roman) qui prononce cette phrase se laisse aller à la faute. Pour sa défense, précisons qu’il est en train d’expliquer au curé qu’on va finir par l’enfermer chez les fous et qu’il ferait mieux d’y aller de son plein gré !

ÉVITEZ « MALGRÉ QUE » L’Académie française condamne l’usage de malgré que pour introduire une proposition subordonnée circonstancielle marquant la concession (opposition), considérant cette tournure incorrecte. Elle recommande l’emploi de bien que, quoique, encore que… suivis du subjonctif. Si l’on tient absolument à malgré que dans ce cas de figure (que certains grammairiens valident pour s’opposer aux puristes), le subjonctif demeure obligatoire. Bien qu’il n’ait pas tué Louis XV en ayant attenté à ses jours le 5 janvier 1757 d’un coup de stylet, Robert-François Damiens, un domestique, est condamné pour « parricide commis sur la personne du roi » soit un crime de lèse-majesté. Il n’y a pas pire. Il est écartelé et brûlé après avoir subi de nombreuses tortures. Il vaut mieux éviter : « Malgré qu’il n’ait pas tué… ».   À quelques exceptions près Dans la langue soutenue, malgré que s’emploie dans l’expression un peu désuète malgré que j’en aie, au sens de « malgré moi », « en dépit de ma volonté », « à contrecœur ». Type : « malgré que j’en aie, j’ai accepté ce travail. »

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   «  Le sacrifice perd toute grandeur s’il n’est plus qu’une parodie ou un suicide. J’entendrai des étrangers reprocher plus tard à la France les quelques ponts qui n’auront pas sauté, les quelques villages qui n’auront pas brûlé et les quelques hommes qui ne seront pas morts. Mais c’est le contraire, c’est exactement le contraire qui me frappe si fort. C’est notre immense bonne volonté à nous boucher les yeux et les oreilles. C’est notre lutte désespérée contre l’évidence. Malgré que rien ne puisse servir à rien, nous faisons sauter les ponts quand même, pour jouer le jeu. Nous brûlons de vrais villages, pour jouer le jeu. C’est pour jouer le jeu que nos hommes meurent. »   Antoine de Saint-Exupéry, Pilote de guerre, 1942.  

Saint-Exupéry aurait été bien avisé d’écrire Bien que ou Quoique rien ne puisse servir à rien, nous faisons sauter les ponts quand même, pour jouer le jeu.

JE SUIS ALLÉ COURIR OU J’AI ÉTÉ COURIR ? La forme correcte est je suis allé courir. Lorsqu’il y a une notion de mouvement, on emploie le verbe « aller » et non le verbe «  être  ». Au passé composé, une confusion peut se produire entre « je suis allé » (être allé) et « j’ai été » (avoir été). Cette faute est souvent commise dans le registre de la langue familière. Le complément peut être un nom qui indique le lieu ( je suis allé courir dans les bois) ou un verbe à l’infinitif précisant la finalité de l’action ( je suis allé courir pour évacuer mon stress). Le 12 juillet 1998, l’équipe de France de football gagnait la Coupe du monde en battant le Brésil par trois buts à zéro. Plus d’un million de Français sont allés sur les Champs-Élysées fêter la victoire et porter les joueurs en triomphe.

LA MINUTE DES AUTEUR·E·S   Quand nos grandes plumes devisent sur la grammaire :   « Il y a une troisième espèce de jeunes gens qui aspire à faire le bonheur du peuple, […] c’est généralement de petits avocats, qui réussiront, comme tant d’autres, à se grimer pour la tribune, à singer le Robespierre et à déclamer, eux aussi, des choses graves, mais avec moins de pureté que lui, sans aucun doute  ; car la grammaire sera bientôt une chose aussi oubliée que la raison, et, au train dont nous marchons vers les ténèbres, il y a lieu d’espérer qu’en l’an 1900 nous serons plongés dans le noir absolu. »   Charles Baudelaire, L’Art romantique, 1869.

JE LUI EN SAIS GRÉ OU JE LUI EN SUIS GRÉ ? La forme correcte est je lui en sais gré, car la tournure est savoir gré et non « être gré ». Gré vient du latin gratus, «  agréable  », «  bienvenu  », « reconnaissant ». Savoir gré à quelqu’un de quelque chose signifie se montrer reconnaissant envers cette personne. En 1884, le préfet de la Seine, Eugène Poubelle, prend une initiative visionnaire dont personne ne lui a su gré dans un premier temps. Très contraignante, elle ne fait alors que des mécontents  : les Parisiens, obligés désormais de mettre leurs ordures dans de grosses boîtes en fer munies d’un couvercle, et les chiffonniers, furieux que les déchets qu’ils récupéraient soient enfermés. L’emploi du verbe « être » dans cette tournure serait fautif, car on peut croire que la phrase précédente est erronée. Peut-être la confusion vient-elle d’une proximité phonique entre «  je vous saurais gré de… » et « je vous serais gré de… ».

MOT ORCHESTRE   bon gré mal gré : en se résignant de gré ou de force : de toutes les façons, que cela plaise ou non de bon gré : volontiers avoir/prendre en gré : trouver bon, agréable au gré de : selon la volonté à son gré : à sa guise de gré à gré : d’un commun accord, à l’amiable agréer : approuver agréable/désagréable : qui est plaisant/déplaisant désagrément : souci, déplaisir malgré : en dépit de contre le gré : contre la volonté de plein gré : librement savoir mauvais gré à quelqu’un de quelque chose : être mécontent se savoir bon gré de : se féliciter maugréer : manifester son mécontentement

NOUS SOMMES CONVENUS OU NOUS AVONS CONVENU ? La forme correcte est nous sommes convenus, quand on veut dire qu’on s’est mis d’accord, qu’on a décidé, qu’on a admis. Car le verbe « convenir » a plusieurs sens et s’emploie avec « être » ou « avoir » en fonction de ceux-ci. Mais les deux auxiliaires ne sont pas interchangeables. La tournure la plus courante et celle, pourtant, générant le plus de fautes est celle évoquée, faisant intervenir l’auxiliaire « être » : être convenu. En 1925, en signant les accords de Locarno, France, Allemagne et Belgique sont convenus de ne pas s’envahir les uns les autres en reconnaissant mutuellement leurs frontières, sous la garantie de l’Italie et de l’Angleterre. «  Convenir  » peut se conjuguer avec «  avoir  », il a alors le sens d’« être approprié », de « plaire ». Les termes des accords de Locarno ont convenu à la France, à l’Allemagne et à la Belgique qui les ont toutes trois signés.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   «  De plus, je me voyais forcé de causer quelques instants avec Mme de Vaugoubert. Et cela m’ennuyait à deux points de vue. Je ne tenais pas à m’éterniser dans cette fête car j’avais convenu avec Albertine (je lui avais donné une loge pour Phèdre) qu’elle viendrait me voir un peu avant minuit. »   Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe, À la recherche du temps perdu, 1921.   Marcel Proust aurait dû écrire « j’étais convenu avec Albertine ».

« AUSSI » ET « NON PLUS » Aussi et non plus ont tous deux le sens de « pareillement ». Mais ils ne sont pas interchangeables. On utilise aussi dans les phrases affirmatives : Interpellé à la Chambre des députés le 8 mars 1918, le ministre de la Guerre et président du Conseil, Georges Clemenceau, contre-attaque : « On dit : “Nous ne voulons pas la guerre, mais il faut la paix le plus tôt possible.” Ah  ! Moi aussi, j’ai le désir de la paix le plus tôt possible, et tout le monde la désire. Il serait un grand criminel celui qui aurait une autre pensée, mais il faut savoir ce qu’on veut. Ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire le militarisme prussien. » On utilise non plus dans les phrases négatives : Au plus fort de son antisémitisme, l’écrivain Louis-Ferdinand Céline publie, en 1937, le pamphlet Bagatelles pour un massacre où il vomit sa haine : « Je veux pas faire la guerre pour Hitler, moi je le dis, mais je veux pas la faire contre lui, pour les Juifs… On a beau me salader à bloc, c’est bien les Juifs, et eux seulement, qui nous poussent aux mitrailleuses… Il aime pas les Juifs, Hitler, moi non plus… » Céline en avait aussi, visiblement (et paradoxalement), contre la négation puisque le français correct voudrait des : « je ne veux pas » (à deux reprises) ; « Il n’aime pas ».

SI ON CHANTAIT   ELLE : Je t’aime, je t’aime Oh ! Oui, je t’aime LUI : Moi non plus ELLE : Oh, mon amour… Tu es la vague et moi l’île nue…   Serge Gainsbourg, «  Je t’aime… moi non plus  », Jane Birkin Serge Gainsbourg (ou Je t’aime… moi non plus), 1969.   La formulation de ce texte chanté en duo – vous n’aurez pas manqué de le remarquer – va à l’encontre de la règle que nous venons d’énoncer. Cette astuce grammaticale, aux dires de Serge Gainsbourg, lui aurait été inspirée par une célèbre boutade du peintre Salvador Dali  : «  Picasso est espagnol, moi aussi  ; Picasso est un génie, moi aussi ; Picasso est communiste, moi non plus. »

VOUS N’ÊTES PAS SANS SAVOIR OU VOUS N’ÊTES PAS SANS IGNORER ? Vous ne devriez pas être sans savoir que la tournure correcte est ne pas être sans savoir, manière élégante et un peu alambiquée de dire « savoir », « savoir absolument », « ne pas pouvoir nier que »… Cette figure de style marque une atténuation, c’est ce qu’on appelle une litote. La double négation – «  ne pas  » + «  sans  » – équivaut à une affirmation. En quelque sorte, les deux négations s’annulent. Pour cette raison, «  ne pas être sans ignorer  », suivant le même schéma, signifierait « ignorer ». Ça ne se dit pas, alors, dans le sens de savoir, parce que c’est un contresens. Le 1er septembre 1870, encerclé à Sedan par les forces prussiennes ennemies, après avoir subi plusieurs défaites en août, Napoléon III n’est pas sans savoir qu’un abandon signe l’effondrement de son régime impérial. Néanmoins, il capitule et se constitue prisonnier le lendemain. »

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Dans les phrases suivantes, repérez celle(s) où une tournure fautive s’est glissée.   1.  Plus de deux siècles après la Révolution, des historiens n’étaient pas sans ignorer si le dauphin, Louis-Charles de France, dit Louis XVII, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, avait pu s’échapper de la prison du Temple et survivre à sa captivité ou s’il y était bien mort, ainsi que l’affirme la version officielle.   2.  Suite à une brouille avec le pape pour une affaire de nomination d’évêque, en 1143, Louis VII lance une attaque à Vitry-en-Perthois dans le coin de la Marne. Il n’est pas sans savoir que mille trois cents villageois se sont réfugiés dans l’église, pourtant il ordonne à l’armée royale d’y mettre le feu. Tous les Pavois meurent brûlés vifs.   3. En 1959, l’affaire des « ballets roses » met en cause André Le Troquer, ancien ministre, président de l’Assemblée nationale, qui distrayait des personnages haut placés en organisant des spectacles érotiques mettant en scène de très jeunes filles. Leurs mères n’étaient pas sans savoir, elles livraient même leurs enfants. Correction Puisqu’on ne dit pas « ne pas être sans ignorer », la phrase 1 est fausse. Il suffit de dire : « … des historiens ignoraient si le dauphin… »

IL VAUT MIEUX OU IL FAUT MIEUX ? Il vaut mieux dire il vaut mieux ! D’ailleurs, on n’a pas le choix dans ce sens. Si l’on veut dire que quelque chose est préférable, l’expression à employer est il vaut mieux (valoir mieux). «  Il vaut mieux mourir que connaître le déshonneur du banquet imparfait. » C’est ce qu’a dû se dire François Vatel, grand maître des festins du prince de Condé, quand il a appris que sa commande de poisson avait du retard alors que son employeur recevait le Roi-Soleil, ce qui l’a poussé au suicide le 24 avril 1671. La proximité phonétique entre f et v fait que l’on confond souvent les deux tournures. Le verbe «  falloir  » (il faut) veut dire «  être nécessaire  », «  obligatoire  », ce qui exclut toute notion de mieux. Ce qui peut induire en erreur est qu’on le trouve parfois accolé à « mieux ». Type : « Il faut mieux manger pour être en bonne santé. » Cela veut dire « Il faut manger mieux  », «  mieux  » s’applique à «  manger  » et non à « falloir ».

MOT ORCHESTRE   « Il vaut mieux » (et mieux vaut) est une formule très prisée des proverbes. Florilège.   Il vaut mieux s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints : plus on vise haut dans la hiérarchie, plus on a de chance d’obtenir satisfaction. Il vaut mieux être fou avec tous que sage tout seul  : de l’importance de s’intégrer au groupe. Il vaut mieux être marteau qu’enclume : il vaut mieux faire le mal que le subir. Il vaut mieux prévenir que guérir : de l’importance du principe de précaution. Mieux vaut en paix un œuf qu’en guerre un bœuf  : on peut se contenter de peu dans un pays en paix. Mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade  : formule ironique de Francis Blanche. Mieux vaut être seul que mal accompagné : à dire à un célibataire souffrant de son sort, peut-être à tort. Mieux vaut faire envie que pitié : que les personnes en surpoids se rassurent ! Mieux vaut science que richesse  : la culture est préférable à la possession de biens. Mieux vaut tard que jamais : il n’est jamais trop tard. Mieux vaut tenir que courir  : préférer ce qu’on a à ce qu’on pourrait avoir.

CE QU’IL FAUT OU CE QUI FAUT ? Ce qu’il faut est ce qu’il faut écrire/dire ! En effet, « falloir » est un verbe exclusivement impersonnel qui ne se conjugue qu’à la 3e personne du singulier avec le pronom « il » comme sujet. Le pronom relatif « qui » n’a aucune justification. Il faut donc toujours employer ce qu’il faut à l’écrit comme à l’oral. Le 26 novembre 1974, Simone Veil, ministre de la Santé, prononce, devant l’Assemblée nationale, un discours présentant son projet de loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse. Extrait  : «  Ce qu’il faut, c’est que l’absence de ressources ne puisse pas empêcher une femme de demander une interruption de grossesse lorsque cela se révèle indispensable ; c’est pourquoi l’aide médicale a été prévue pour les plus démunies. Ce qu’il faut aussi, c’est bien marquer la différence entre la contraception qui, lorsque les femmes ne désirent pas un enfant, doit être encouragée par tous les moyens et dont le remboursement par la Sécurité sociale vient d’être décidé, et l’avortement que la société tolère, mais qu’elle ne saurait ni prendre en charge ni encourager. »

LA PREUVE PAR L’AUTEUR·E   Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant après moi les mots que j’ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent Il n’y a pas d’amour heureux   Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare Il n’y a pas d’amour heureux   Louis Aragon, «  Il n’y a pas d’amour heureux  », La Diane française, 1945-1946.

DEUXIÈME OU SECOND ? Second et deuxième sont des adjectifs numéraux ordinaux. Ils indiquent un rang dans une série. Ils suivent « premier », « deuxième » précède « troisième ». Second s’emploie lorsque ladite série ne compte que deux éléments, deuxième, lorsqu’elle en comporte davantage (raison pour laquelle il sert toujours à exprimer les adjectifs complexes tels que trentedeuxième). Le Second Empire a duré dix-huit ans, entre 1852 et 1870. On parle de Second Empire car il n’y en a pas eu de troisième. Lancée en décembre 1145 par le pape Eugène III suite à la chute d’Édesse (ville du Sud-Est de la Turquie actuelle) en 1144, la deuxième croisade commence en 1147 pour les Français sous la conduite du roi Louis VII. Elle s’achève en 1149 par un échec total pour les croisés, qui rentrent en Europe sans avoir remporté de victoire militaire en Orient. On parle de deuxième croisade parce qu’il y en a eu au moins huit.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour reconnaître que la distinction est loin d’être toujours observée.   On dit qu’on passe la seconde en voiture bien que la boîte de vitesses en comporte cinq ou six.   On parle de la classe de seconde au lycée alors que celle-ci se situe entre la troisième et la première, preuve qu’il y en a plus de deux.   On a affublé le cycliste Raymond Poulidor du sobriquet « l’éternel second » quand le Tour de France compte davantage de coureurs.

NE PLUS DIRE « CHIFFRE » À LA PLACE DE « NOMBRE » ET VICE VERSA Un chiffre est un signe. Il n’en existe que dix : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9. Ils servent à écrire des nombres, un peu comme les lettres de l’alphabet servent à écrire des mots. Un nombre est une notion mathématique. Les nombres représentent une quantité, une valeur. Il faut souvent plusieurs chiffres pour écrire un nombre.   À quelques exceptions près Dans la langue courante – hors du langage mathématique –, l’usage est moins tranché. Il arrive que l’on emploie « chiffre » pour désigner une somme totale, à plusieurs chiffres. Ainsi parle-t-on du chiffre d’affaires d’une entreprise (désignant la somme des ventes de biens ou de services qu’elle réalise sur une période donnée). Il va de soi qu’il faut plusieurs chiffres pour en exprimer le montant, sinon c’est mauvais signe pour l’entreprise ! On parle aussi des chiffres du chômage (en hausse ou en baisse) indiqués chaque mois, trimestre ou année par différents organismes, mais on mentionne également le nombre des demandeurs d’emplois inscrits à Pôle emploi au cours de la même période.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous rappeler comment bien écrire les chiffres romains (et les nombres !). Si on a fini de compter avec, ils sont d’usage courant dans l’écriture, particulièrement pour retranscrire les siècles (xixe pour le dix-neuvième). Ils servent aussi à numéroter les souverains (Henri IV), les régimes politiques (la IIIe République), les universités (Paris IV), les grandes divisions d’une œuvre (Phèdre, acte I scène 4). Ils figurent aussi sur certaines horloges. Il convient d’abord de savoir à quels chiffres/nombres correspondent les lettres : I → 1 ; V → 5 ; X → 10 ; L → 50 ; C → 100 ; D → 500 ; M → 1 000. Le zéro n’existe pas, car les Romains ne le considéraient pas comme un chiffre. La formation des autres nombres s’opère par addition et soustraction. Addition  : tout signe placé à la droite d’un autre signe représentant une valeur supérieure ou égale à la sienne s’ajoute à celui-ci  : CCC → 100 + 100 + 100 = 300  ; LXVIII → 50 + 10 + 5 + 3 = 68 ; MMXX → 1 000 + 1 000 + 10 + 10 = 2020. Soustraction  : quand I, X ou C est placé à la gauche d’un autre signe représentant une valeur supérieure à la sienne, il doit être soustrait du nombre indiqué à droite : I ne peut se retrancher que de V et de X : IV → 4 ; IX → 9 X ne peut se retrancher que de L et de C : XL → 40 ; XC → 90 C ne peut se retrancher que de D et de M : CD → 400 ; CM → 900.

« CONSÉQUENT » N’EST PAS « IMPORTANT » Conséquent est issu du verbe latin sequi, « suivre ». Qualifiant une personne, il indique qu’elle a de la suite dans les idées. Appliqué à une chose, il donne l’idée d’une suite logique. Il ne faut donc pas employer «  conséquent  » dans le sens de « considérable », « important », « gros ». On ne dit pas : « Il a amassé une fortune conséquente. » C’est un barbarisme (usage d’un mot dans un sens erroné) selon Émile Littré, lexicographe faisant unanimement autorité et auteur du dictionnaire portant son nom (xixe siècle). Le 4 août 1789, l’Assemblée constituante décrète l’abolition des privilèges. Tous les Français paieront l’impôt, les seigneurs sont déchus de leurs droits seigneuriaux, le clergé ne touchera plus la dîme. Conséquent avec lui-même, Louis XVI refuse de signer.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   « […] Si vous pouviez me donner dix billets de cent francs ? ou vingt de cinquante  ? Plus le paquet est conséquent, moins on risque en quelque sorte. »   Roger Martin du Gard, La Belle Saison, Les Thibault, 1923.   Si Littré bannit cet usage, les dictionnaires actuels l’incluent dans leurs définitions de « conséquent », avec la mention « familier ». Le Trésor de la langue française cite cet exemple de Roger Martin du Gard pour l’illustrer. L’extrait étant un dialogue, on ne sait pas si l’auteur prend des libertés avec le français académique ou si c’est son personnage qui ignore la règle.

ANGLICISMES Promis, nous n’allons pas pousser la franco-folie au point de vous reprocher de dire week-end, tee-shirt et chewing-gum. Nous nous proposons simplement de signaler quelques termes ou expressions utilisés couramment alors qu’ils sont empruntés à l’anglais purement et simplement ou que leur tournure est d’inspiration anglaise. « Réaliser » pour « se rendre compte » (to realise). « Être en charge de » pour « être chargé de, responsable de » (to be in charge). « Impacter » pour « avoir un effet sur » (to impact). « Overbooké » pour « débordé » (overbooked). «  Burn-out  » pour (dépression causée par un) «  épuisement professionnel » (to burn oneself out, s’épuiser). « Low cost » pour « bas coût » (low-cost). « Checker » pour « vérifier » (to check). «  Prendre le lead  » pour «  prendre la tête, la direction, mener  » (to lead). «  Fake news  » pour «  ragots, contre-vérités  » (fake, faux et news, informations). « Matcher » pour « correspondre, aller bien ensemble » (to match). « Replay » pour « rediffusion » (to replay). «  Revenir vers  » pour «  répondre à  », reprendre contact avec  » (to come back to). « Faire sens » pour « avoir du sens », tenir debout (to make sense).

LA MINUTE DES AUTEUR·E·S   Quand nos grandes plumes devisent sur la langue française :   Le professeur Étienne Wolff, spécialisé dans l’embryologie et la tératologie (étude des anomalies et des monstruosités des êtres vivants), a été reçu à l’Académie française le 19 octobre 1972 par Jean Rostand, dont le discours se terminait par ces mots : « Une langue, vous le savez du reste, ressemble beaucoup à une population d’êtres vivants. Il y apparaît, de temps à autre, des sortes de mutants, plus ou moins adaptés, plus ou moins malformés, voire monstrueux. Notre rôle est de les examiner avec soin, pour décider s’ils méritent que nous favorisions leur survie et leur prolifération en leur donnant asile dans notre Dictionnaire. Nous opérons, en somme, à l’égard des mots, une manière de sélection artificielle et épuratrice. »

FAUTES DE PROXIMITÉ On les appelle paronymes (du grec para, à côté de, indiquant le voisinage, et onoma, nom), ils se ressemblent phonétiquement. Il est donc facile d’employer, à tort, l’un à la place de l’autre.   AFFECTION / INFECTION   L’affection décrit un sentiment de tendresse et d’attachement que vous inspire une personne. Dans le registre de la santé, elle renvoie à la maladie et peut alors être qualifiée de chronique ou aiguë. Une infection désigne une attaque de l’organisme due à une bactérie, un virus, un champignon, un parasite. Elle évoque également une puanteur, une odeur pestilentielle. AFFLIGER / INFLIGER   Le verbe affliger englobe tout ce qui est source d’accablement, de grande douleur morale, d’infinie tristesse. Infliger s’emploie pour désigner une sanction, une peine résultant d’une faute ou pour évoquer l’idée d’imposer à autrui quelque chose de désagréable ou d’humiliant.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1. Au cours de la huitième croisade, Louis IX (dit Saint Louis) est mort le 25 août 1270 à Tunis après avoir contracté une (affection/infection), dont on ignore s’il s’agissait de la dysenterie ou du typhus.   2.  Par (affection/infection) pour Marie-Antoinette, le Suédois Axel de Fersen a organisé la fuite de la famille royale des Tuileries dans la nuit du 20 au 21 juin 1791. La cavale connaîtra son terme le lendemain à Varennes-en-Argonne (Meuse).   3.  Le 18 juin 1815, les Anglais commandés par le duc de Wellington ont (affligé/infligé) une défaite définitive à Napoléon à Waterloo (Belgique).   4. (Affligée/Infligée) par le décès brutal de son époux Henri II en 1559, la reine Catherine de Médicis n’a plus jamais porté que des vêtements noirs jusqu’à sa propre mort en 1589. Correction 1. infection / 2. affection / 3. infligé / 4. Affligée

AGONIR / AGONISER   Agonir, c’est couvrir quelqu’un d’injures et d’insultes, l’invectiver, le vilipender. Agoni d’injures, accusé de désertion pendant la Première Guerre mondiale par l’extrême-droite, le ministre de l’Intérieur du Front populaire Roger Salengro s’est suicidé le 18 novembre 1936. Agoniser, c’est être à l’article de la mort, proche de rendre l’âme, à la toute fin de sa vie. Le 16 février 1899, le président de la République Félix Faure fait un malaise dans les bras de sa maîtresse Marguerite Steinheil. Tandis qu’il agonise, elle est exfiltrée discrètement de l’Élysée. ALTERNANCE / ALTERNATIVE   L’alternance traduit la succession dans le temps ou l’espace de deux ou plusieurs choses, événements, phénomènes, évoquant une série du fait de leur répétition et de leur régularité. Avant l’élection à la présidence de la République en 2017 d’Emmanuel Macron, candidat ne se réclamant d’aucun parti, il y avait une alternance de la droite et la gauche au pouvoir. L’alternative renvoie à l’obligation de se déterminer par rapport à deux hypothèses, possibilités, options. Elle porte la notion de choix. En 1809, Joséphine n’ayant pas été en mesure de donner un héritier à Napoléon Ier, l’empereur n’a qu’une alternative : «  épouser un ventre ». AMÉNAGEMENT / EMMÉNAGEMENT L’aménagement consiste en la transformation – avec une visée d’optimisation – d’un lieu, public ou privé, y compris d’un territoire. Il peut également prendre une valeur temporelle. Sous Charles V (roi de France de 1364 à 1380), le Louvre perd sa fonction de forteresse pour devenir résidence royale, ce qui donne lieu à divers aménagements : construction de logis plus confortables, ornementations, création de jardins…

L’emménagement dépeint l’entrée dans un nouveau local, spécifiquement une nouvelle résidence, sa prise de possession. En 1989 a eu lieu l’emménagement du ministère des Finances à Bercy. Depuis un peu plus d’un siècle, il occupait l’aile Richelieu du Louvre. AMENER / APPORTER   Dans amener, comme dans «  emmener  », il y a «  main  ». Au sens propre, il s’agit donc de conduire un être animé (sous-entendu doté d’une main) d’un endroit à un autre (physiquement, moralement, intellectuellement…), ce qui exclut ipso facto les objets. Plus largement, ce verbe veut dire « occasionner », « entraîner ». Trente-trois ans après son père Henri IV, Louis XIII se meurt. En ce 14 mai 1643, avant qu’il ne rende son dernier soupir, on lui amène son fils Louis Dieudonné, quatre ans et demi. Le roi lui demande : «  Comment vous appelez-vous désormais  ?  » Réplique du dauphin  : « Louis XIV, mon papa ! » L’agonisant sourit : « Pas encore ! » Apporter s’applique aux choses et aux objets inanimés, par définition dépourvus de mains. On l’emploie pour indiquer que l’on porte quelque chose à quelqu’un (on dit « emporter » pour ce que l’on prend avec soi). Ce verbe donne aussi l’idée de fournir, ou introduit une idée de causalité. Quand, en 1600, Henri IV épouse Marie de Médicis, fille de François Ier, grand-duc de Toscane, il s’agit uniquement d’une opération financière. Le roi scelle cette union pour la belle dot que la Florentine lui apporte. AMNISTIE / ARMISTICE Une amnistie (du grec amnestia, « oubli », « pardon ») désigne une loi votée par le pouvoir législatif qui a pour effet de marquer officiellement l’oubli d’infractions et, faisant cesser les poursuites pénales, d’effacer les condamnations afférentes. En 1951, est votée la première loi d’amnistie visant des «  activités antinationales  » (collaboration durant la Seconde Guerre mondiale). Un armistice (du latin arma, «  armes  » et sistere «  arrêter  »,

«  suspendre  ») est l’accord conclu entre des belligérants aux fins de suspendre les hostilités. S’il donne un coup d’arrêt aux combats, il ne met pas fin à la guerre. Le 22 juin 1940, la France signe à Rethondes, près de Compiègne (Oise), l’armistice avec les Allemands dans le même wagon où avait été conclu celui du 11 novembre 1918. ASTÉRISQUE / ASTÉRIX   Un astérisque, signe typographique en forme d’étoile (*), sert, dans un texte, à opérer un renvoi à un glossaire ou lexique, explicitant un mot ou une notion. Utilisé par trois après une initiale, il évite de révéler un nom propre ou d’écrire en toutes lettres un «  gros  » mot. EugèneFrançois Vidocq (1775-1857), ex-bagnard devenu chef de la police de sûreté, a inspiré Balzac pour son personnage de Vautrin. Auteur luimême de Mémoires, il a fait usage d’astérisques à plusieurs reprises pour taire l’identité de personnages haut placés. Astérix est un personnage de fiction, créé en 1959 par René Goscinny et Albert Uderzo. Gaulois résistant à l’envahisseur romain, il est, avec Obélix, le héros d’une série de bandes dessinées. Dans l’album Le Bouclier arverne, Goscinny et Uderzo font référence à la bataille d’Alésia au cours de laquelle le chef gaulois Vercingétorix s’est incliné devant le Romain Jules César en 52 av. J.-C. Astérix et Obélix se mettent en quête de son bouclier. À L’ATTENTION DE / À L’INTENTION DE   À l’attention de appartient au registre administratif. La locution souligne le fait qu’un document, une lettre, une requête, est adressé à une personne en particulier dans le but que ce destinataire y porte tout l’intérêt qu’on en attend. À l’intention de est une locution à connotation positive laissant entendre que l’on commet une action en direction d’autrui de manière à l’honorer, lui rendre hommage, lui faire plaisir via un cadeau ou une reconnaissance particulière.

  BILLARD / BILLOT   Le billard est le nom familier donné à une table d’opération. Il date de la guerre de 1870 où un café de Sedan aurait été transformé en hôpital de fortune pour opérer les blessés sur les tables de billard. Un billot est une grosse pièce de bois dont la surface aplanie permet de trancher de la viande ou de fendre des bûches. Il servait aussi à poser la tête à couper d’un condamné.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1.  Le 13 janvier 1898, en pleine affaire Dreyfus, Émile Zola adresse une lettre ouverte intitulée «  J’accuse…  !  » à l’(intention/attention) du président de la République Félix Faure.   2. Le 17 août 1661, le surintendant des finances Nicolas Fouquet organise une somptueuse fête en son château de Vaux-le-Vicomte à l’(intention/ attention) de Louis XIV. Elle le conduit à la disgrâce.   3. Avant la mise en service de la guillotine en 1792, à l’instigation du chirurgien Louis, les condamnés à mort par décapitation avaient la tête tranchée sur un bloc de bois appelé (billard/billot).   4.  En 1992, François Mitterrand, atteint d’un cancer de la prostate, passe sur le (billard/billot) dans le service d’urologie dirigé par le professeur Bernard Debré à l’hôpital Cochin. Correction 1. attention / 2. intention / 3. billot / 4. billard

BIMENSUEL / BIMESTRIEL Bimensuel qualifie un événement ayant lieu deux fois par mois, ou une revue paraissant au même rythme. On peut dire aussi semimensuel. S’agissant d’un magazine, il existe un néologisme synonyme : « quinzomadaire ». En 1854, le journaliste mondain Eugène Chapus fonde le premier périodique sportif français, un bimensuel intitulé Le Sport. Bimestriel s’emploie lorsque l’on veut indiquer que la périodicité est d’une fois tous les deux mois. Lancée en 1909, La Nouvelle Revue française (NRF), consacrée à la critique littéraire et qui est à l’origine de la création des éditions Gallimard, a longtemps été mensuelle avant de devenir bimestrielle. BURN-OUT / BLACK-OUT Emprunté à un verbe anglais signifiant se consumer, le burn-out correspond à un état dépressif prononcé. Utilisé à l’origine pour décrire les conséquences du stress dans le cadre professionnel, il s’applique également à la sphère sociale ou privée. En 1920, le président de la République Paul Deschanel démissionne quelques mois après être tombé d’un train en marche en pleine nuit. On le soupçonne d’avoir été proche du burn-out. Anglicisme lui aussi, le black-out au sens propre désigne une panne d’électricité ou une coupure volontaire par mesure de sécurité en matière de défense anti-aérienne. Au figuré, il s’agit d’étouffer un scandale, d’éviter que la lumière ne soit faite sur une affaire embarrassante. En 1979, le ministre du Travail Robert Boulin est retrouvé noyé dans un étang des Yvelines. Le pouvoir organise le black-out, et une enquête bâclée conclut au suicide. CASERNE / CAVERNE   Une caserne est un bâtiment où sont logés des militaires (soldats, gendarmes, pompiers…). Par extension, elle désigne également les troupes qui y résident.

En 1811, après avoir de justesse échappé à la mort au cours d’un incendie, Napoléon Ier crée un corps militaire, le Bataillon de sapeurspompiers de Paris. Ce statut militaire explique qu’ils prennent leurs quartiers dans des casernes. Une caverne est une anfractuosité naturelle creusée dans une roche ou une montagne, assez vaste pour servir d’abri. En 1940, des enfants promènent leur chien en Dordogne. Il s’échappe subitement et disparaît dans une caverne. Ils avaient découvert la grotte de Lascaux et ses chefs-d’œuvre rupestres. CIRCONSCRIRE / CIRCONCIRE   Circonscrire (du latin circum, «  autour  », et scribere, «  écrire  ») consiste à poser des limites, qu’il s’agisse de borner un espace, d’endiguer un phénomène ou de cerner un sujet. En 2019, un incendie embrase Notre-Dame, sa flèche tombe. Il faudra plusieurs heures aux pompiers pour le circonscrire et sauver la cathédrale de la disparition. Circoncire (du latin circumcidere, «  couper autour  ») décrit l’opération effectuée sur le prépuce (notamment dans un cadre religieux chez les juifs et les musulmans), désignant une ablation totale ou partielle du repli de peau à l’extrémité de la verge. En 2012, un tribunal allemand rend un jugement anti-circoncision qui crée la polémique jusqu’en France où juifs et musulmans craignent de ne plus pouvoir faire circoncire leurs fils. La loi française le tolère sans l’autoriser explicitement. CONJONCTURE / CONJECTURE La conjoncture recouvre un concours de circonstances. En économie, elle décrit l’état de la situation à un moment donné. Souvent employé au pluriel, conjecture s’entend comme une hypothèse, une supposition, une opinion que l’on se fait sur la base de faits réels ou d’apparences.  

De CONCERT / DE CONSERVE   De concert fait référence à la notion de concertation. Agir de la sorte avec quelqu’un induit l’idée d’un accord consécutif à cette entente préalable. De conserve trouve son origine dans la sphère du voyage et souligne le fait que l’on fait route ensemble. La notion d’accord n’étant pas éloignée, les deux expressions tendent aujourd’hui à se confondre et la seconde, à s’effacer au profit de la première.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1.  En 2008, la (conjoncture/conjecture) internationale oblige le gouvernement français à renflouer les banques pour éviter leur faillite.   2.  Dans son roman Le Vicomte de Bragelonne (1847-1850), Alexandre Dumas évoque le mystère du masque de fer, le prisonnier le plus célèbre du règne de Louis XIV. La dissimulation de son visage a incité aux (conjonctures/ conjectures). On a notamment dit qu’il était le jumeau du RoiSoleil.   3. En 1957, la France, (de concert/de conserve) avec l’Allemagne, l’Italie, le Benelux, signe le traité de Rome créant la Communauté économique européenne.   4.  Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811), premier navigateur français à avoir fait le tour du monde, dans le cadre d’une expédition scientifique, voyageait (de concert/de conserve) avec un cartographe, un naturaliste, un astronome. Correction 1. conjoncture / 2. conjectures / 3. de concert / 4. de conserve

DÉCOMMANDER / DÉCONSEILLER Qu’il s’agisse d’un achat, d’un engagement ou un rendez-vous, le décommander revient à l’annuler ou éventuellement à en différer la concrétisation. En janvier 2019, en raison de la crise des Gilets jaunes, le président de la République Emmanuel Macron décommande toutes les cérémonies de vœux aux corps constitués prévues à son agenda, à l’exception des vœux aux forces armées. Déconseiller quelque chose à quelqu’un, c’est lui fournir une contreindication, se montrer dissuasif. En 1997, Jacques Chirac, président de la République, décide de dissoudre l’Assemblée nationale. La victoire de la gauche mène à la troisième cohabitation et ouvre à Lionel Jospin les portes de Matignon. Contrairement à ses plus proches conseillers et ministres, son épouse, Bernadette Chirac, le lui avait fortement déconseillé. DÉFIGURER / DÉVISAGER   On peut défigurer un paysage, un visage, en l’enlaidissant ou en l’abîmant, au point de le rendre méconnaissable. Une pensée également, à force de la caricaturer et de la dénaturer. En 1774, Louis XV s’éteint complètement défiguré après avoir contracté la variole, maladie infectieuse et fort contagieuse caractérisée par une éruption de boutons. Dévisager autrui consiste à le scruter avec une insistance qui confine à l’indiscrétion. Le 21 juin 1791, le maître de poste de Sainte-Menehould, Drouet, dévisage le passager de la berline, M. Durand. Sa tête lui dit quelque chose. Il part à la recherche d’un assignat de cinquante livres où trône la figure du roi. C’est bien Louis XVI qu’il avait face à lui. DÉTONNER / DÉNOTER   Détonner sert en musique à décrire un chanteur qui, sortant du ton, chante faux. Plus largement, détonne tout ce qui n’est pas en harmonie,

qui tranche et qui jure. Dénoter induit une révélation, une supposition, établit une caractéristique.   DORÉNAVANT / D’ORES ET DÉJÀ   Dorénavant est un adverbe, synonyme de «  désormais  », servant à indiquer ce qui va se passer à l’avenir, à compter du moment présent. La locution adverbiale, d’ores et déjà – tirée du bas latin hac hora, « à cette heure », « ore(s) » étant un dérivé de l’adverbe « or » – s’inscrit dans le présent et rend compte de ce qui a effectivement lieu, de ce qui est en vigueur dès maintenant.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1. Sur le trône de France de 1574 à 1589, Henri III, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, (détonne/dénote) par son style. Contrairement à la tradition monarchique, il ne chasse pas et ne joue pas les machos. Il préfère la mode et la compagnie de ses mignons, aussi raffinés que lui.   2. Le deuxième frère de Louis XVI, Charles X, monte sur le trône en 1824. Faisant fi de la Révolution, il règne comme au bon vieux temps de l’Ancien Régime, ce qui (détonne/dénote) une complète incompréhension du contexte. Suite à l’insurrection des Trois Glorieuses (27, 28, 29 juillet 1830), il abdique.   3. Le 21 avril 2002 à vingt heures, lorsque l’on a vu apparaître sur les écrans de télévision le visage de Jean-Marie Le Pen, arrivé deuxième devant Lionel Jospin au premier tour, la France entière avait compris que son rival, Jacques Chirac, était (dorénavant/d’ores et déjà) le vainqueur de l’élection présidentielle.   4. La loi sur le mariage pour tous, dite « loi Taubira », du nom de la ministre de la Justice qui l’a portée, est adoptée en 2013. (Dorénavant/D’ores et déjà), les personnes homosexuelles ont le droit de se marier. Correction 1. détonne / 2. dénote / 3. d’ores et déjà / 4. Dorénavant

EFFRACTION / INFRACTION Une effraction qualifie un vol ou un méfait commis suite au bris d’une clôture ou au forcement d’une serrure. L’emploi figuré retient le sens d’« entrée fracassante ». Élu à la présidence de la République en 2017, Emmanuel Macron a déclaré  : «  Je ne suis pas l’enfant naturel de temps calmes de la vie politique. Je suis le fruit d’une forme de brutalité de l’Histoire. Une effraction parce que la France était malheureuse et inquiète. » Se rendre coupable d’une infraction, c’est violer la loi, enfreindre un règlement, contrevenir à une obligation, désobéir à un ordre. L’infraction peut constituer un crime, un délit ou une simple contravention. Depuis le vote de la « loi parité hommes-femmes » en 2000, les partis politiques sont en infraction s’ils ne présentent pas autant de femmes que d’hommes aux scrutins locaux et nationaux. ÉMIGRER / IMMIGRER   Émigrer consiste à s’expatrier, quitter son pays pour aller s’installer dans un autre, à titre provisoire ou définitif. Il vient du latin emigrare, le préfixe e(x)- donnant l’idée de « hors de », « à l’extérieur ». Dès 1789, des membres de la noblesse choisissent d’émigrer dans des pays étrangers monarchistes pour échapper aux révolutionnaires. Ils sont bientôt rejoints par des hommes d’Église. Ces «  émigrés  » ne commenceront à revenir en France qu’à partir du Consulat (17991804). Tiré du latin immigrare, immigrer décrit le mouvement du point de vue inverse et caractérise l’arrivée dans un pays étranger suite à la migration, le préfixe in- signifiant « à l’intérieur de ». À la Libération, l’ordonnance de 1945 encourage des travailleurs étrangers et leur famille à immigrer en France pour pallier le déficit démographique dû à la guerre, participer à la reconstruction du pays et faire tourner les usines. ÉMINENT / IMMINENT

  Du latin eminere, «  s’élever au-dessus  », «  être saillant  », est dit éminent ce qui est supérieur, au-dessus du lot, remarquable. Joseph François Leclerc du Tremblay (1577-1638), surnommé le Père Joseph, a été un tel éminent conseiller du cardinal de Richelieu qu’on l’appelait également son « Éminence grise ». Cette couleur rappelait celle de sa bure. L’expression est passée dans la langue populaire pour désigner un collaborateur de l’ombre. Imminent (du latin imminere, « être suspendu au-dessus », « menacer ») caractérise ce qui est sur le point de se produire. Voyant son décès imminent, Louis XIV donne un ultime conseil à son petit-fils de cinq ans et successeur, le futur Louis XV  : «  Mignon, vous allez devenir le plus grand roi du monde. J’ai trop aimé la guerre, ne m’imitez pas en cela, non plus que dans les grandes dépenses […]. » ENFANTINE / INFANTILE Enfantin·e évoque l’univers de l’enfant, la période de l’enfance et tout ce qui les caractérise. Employé dans un sens péjoratif, il est synonyme de simpliste, facile. En 1606, c’est avec une joie enfantine que le fils d’Henri IV (futur Louis XIII) courait dans la Grande Galerie du Louvre, reliant depuis peu le palais aux Tuileries. Longue de quatre cent cinquante mètres, la «  galerie au bord de l’eau  » a même un jour vu gambader un chameau. Infantile recouvre ce qui concerne la première enfance, le bas âge. D’où sa connotation péjorative s’il est appliqué à l’adulte. On dit aussi, en ce sens, puéril (du latin puer, « enfant »). Le 18 février 1712, Louis de Bourbon, héritier en seconde ligne de son grand-père Louis XIV, meurt à vingt-neuf ans d’une épidémie de rougeole, une maladie pourtant réputée infantile. ÉRUPTION / IRRUPTION Dans la sphère médicale, une éruption est une manifestation soudaine au niveau cutané, en volcanologie, un jaillissement de lave, au figuré, une explosion, un débordement. Irruption s’emploie pour souligner la soudaineté et la violence d’une entrée dans un lieu, de l’apparition d’un phénomène, naturel ou non.

Le caractère hostile et inattendu renforce la brusquerie.   ÉVOQUER / INVOQUER   Évoquer, c’est avoir recours à la magie pour faire apparaître les esprits, les morts, et plus largement rappeler, faire revenir à la mémoire, susciter des associations d’idées. Invoquer appartient à la sphère surnaturelle et suppose que l’on sollicite une aide divine par la prière, ou celle d’un puissant. Par extension, c’est une manière d’allégation visant à trouver une justification, une excuse.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1.  Le 10 novembre 1630, alors que Louis XIII se rend chez sa mère Marie de Médicis au palais du Luxembourg pour s’entretenir sur le possible désaveu de Richelieu, le cardinal fait (éruption/irruption) pendant la réunion pour plaider sa cause de façon vibrante. Le roi lui renouvelle sa confiance lors de cette « journée des Dupes ».   2.  Le lac Pavin dans le Puy-de-Dôme est né de la dernière (éruption/irruption) volcanique d’Auvergne il y a six mille sept cents ans.   3. Entre 1679 et 1682, l’« affaire des poisons » éclabousse la cour, jusqu’à la favorite de Louis XIV du moment, la marquise de Montespan. Elle aurait eu recours à la Voisin, sorcière réputée fournir poisons, philtres et (évoquer/ invoquer) le diable au cours de messes noires. La disgrâce sera sa punition.   4.  En 1789, Louis XVI invite ses sujets à exprimer leurs doléances concernant la réduction des déficits dans des cahiers. Les Français vont surtout (évoquer/ invoquer) la fin des droits féodaux, la liberté de la presse, les baisses d’impôts. Correction 1. irruption / 2. éruption / 3. invoquer / 4. évoquer

GRADATION / GRADUATION Gradation porte l’idée de progressivité : les valeurs s’établissent par degrés successifs, le plus souvent dans un sens ascendant. Mouvement insurrectionnel, la Commune de Paris a connu une gradation de la violence entre mars et mai 1871. L’apothéose est atteinte au cours de la semaine sanglante. Bilan : le pouvoir incarné par Adolphe Thiers aura fait exécuter entre vingt et trente mille communards. Une graduation est un ensemble de divisions d’égale valeur exprimées selon une unité de mesure déterminée. En 1731, le physicien et inventeur français René-Antoine Ferchault de Réaumur met au point un thermomètre à alcool. Ses graduations, comprises entre 0 et 80, permettent pour la première fois une comparaison précise des données entre elles et constituent ce que l’on appelle l’échelle de Réaumur. Elle sera détrônée en 1794 suite à l’adoption de l’échelle centigrade (de 0 à 100) de Celsius par la Convention. IMPORTUN / OPPORTUN   Un importun ne saurait plus mal tomber, il dérange, arrive comme un cheveu sur la soupe. Les importuns sont le sujet de la première comédie-ballet de Molière, Les Fâcheux, jouée pour la première fois en 1661 pour divertir Louis XIV à l’occasion de la grande fête organisée par Fouquet en son château de Vaux-le-Vicomte. Ce qui est opportun arrive pile au bon moment, tombe à pic. Alors qu’il avait abdiqué le 6 avril 1814, qu’il était en exil sur l’île d’Elbe, remplacé sur le trône par Louis XVIII, Napoléon juge, en mars 1815, le moment opportun pour tenter son retour aux affaires. Celui-ci ne durera que cent jours. INSOLUBLE / INSOLVABLE  

Est insoluble une substance qui ne se dissout pas ou ce qui ne trouve pas de solution et ne peut être résolu. Installée depuis 1946, mais manquant de stabilité, la IVe République se trouve en 1958 face à une crise algérienne d’apparence insoluble. Le général de Gaulle est rappelé au pouvoir pour la résoudre et rédiger une nouvelle Constitution. Insolvable qualifie une personne physique ou morale dans l’incapacité de payer ses dettes. En 1716, alors que la France est en crise financière, John Law, économiste écossais, convainc le régent Philippe d’Orléans de mettre en place son système. Il émet du papier-monnaie en échange d’or et vend les actions d’une compagnie de commerce. Quatre ans plus tard, une panique boursière incite les porteurs de titres et de billets à être remboursés en espèces métalliques, mais la banque est insolvable. Le système s’écroule. Law s’enfuit. Il laisse derrière lui des milliers de particuliers ruinés. LIAISON / Lésion   Une liaison désigne à la fois ce qui est lié et ce qui lie. Elle se fait à l’oral entre consonne et voyelle de deux mots consécutifs. Elle unit deux personnes dans une relation amoureuse. En 1745, Louis XV, bien que marié à Marie Leszczynska, entame une liaison avec Jeanne-Antoinette Poisson qu’il fait marquise de Pompadour. Une lésion est une atteinte d’un organe consécutive à une maladie ou à un accident. En 1559, Henri II participe à un tournoi. Son adversaire lui plante sa lance dans l’œil entraînant une lésion cérébrale dont il mourra quelques jours plus tard. MARTYR·E / MARTYRE   Un·e martyr·e meurt (ou souffre) pour avoir refusé de renier sa foi chrétienne. Par extension, il/elle subit le même sort en raison de la cause qu’il/elle défend, de son appartenance à une autre religion.

Subir le martyre, c’est mourir ou être victime de tortures ou de supplices entraînant des souffrances terribles sous prétexte d’une croyance ou d’un engagement.   OSTENSIBLE / OSTENTATOIRE   Ostensible désigne ce qui ne se cache pas, ce qu’on montre ou ce qu’on voit. Ostentatoire introduit une notion d’exhibition, caractérisant ce qui s’étale et est trop voyant.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1.  En 1793, Marat, l’«  Ami du peuple  », est assassiné dans sa baignoire par Charlotte Corday, ce qui fait de lui un (martyr/martyre) de la Révolution.   2. Le 9 juillet, on célèbre la fête de Mélanie, religieuse qui a subi le (martyr/ martyre) de la guillotine à Orange en 1794 avec trente et une sœurs pour avoir refusé d’abjurer.   3.  Le 7 juin 1520, François Ier tente de convaincre le roi d’Angleterre Henri VIII d’être son allié contre Charles Quint, empereur du Saint Empire romain germanique. Le rendez-vous est donné près de Calais et devient la «  rencontre du camp du Drap d’or », référence au luxe (ostensible/ostentatoire) voulu par le Français, car mille tentes de draps or et argent ont été montées pour la réception.   4. Après sa prise par le peuple parisien en recherche d’armes, le 14 juillet 1789, la Bastille est soumise à une démolition complète en tant que symbole (ostensible/ostentatoire) du régime féodal. Le roi pouvait y incarcérer quelqu’un sur simple lettre de cachet. Correction 1. martyr / 2. martyre / 3. ostentatoire / 4. ostensible

PASSIF / PASSIBLE Est passif celui qui se complaît dans l’inaction, qui subit sans prendre la moindre initiative. Après le règne de Dagobert Ier, mort en 639, la dynastie mérovingienne a perdu de son pouvoir. Jugés passifs, ses représentants successifs ont été a posteriori qualifiés de « rois fainéants ». Issu du verbe latin pati, « souffrir », passible s’emploie à propos d’un coupable, quelqu’un qui encourt une sanction. Le Code civil de 1804 prévoyait qu’une femme convaincue d’adultère serait passible d’une peine d’incarcération en maison de correction pour une durée de trois mois à deux ans. PÉNITENCIER / PÉNITENTIAIRE   Le substantif pénitencier (écrit avec un c) s’applique à une structure destinée aux condamnés aux travaux forcés. C’est un bagne. On l’emploie à tort comme synonyme de prison ou d’établissement pénitentiaire. En octobre 1931, Henri Charrière, condamné aux travaux forcés pour meurtre, est envoyé sur l’île du Diable au large de Cayenne. Dans son roman Papillon, publié en 1969, il raconte sa vie et ses tentatives d’évasion du célèbre pénitencier de Guyane. Pénitentiaire est un adjectif (qui ne s’écrit pas avec un c mais avec un t, et dont le masculin n’est pas « pénitentier »). Il est en rapport avec les détenus, leur régime de détention, un établissement, l’administration, le personnel et tout ce qui relève de la sphère carcérale. Lorsqu’a été créée l’administration des prisons en 1795, le personnel pénitentiaire relevait du ministère de l’Intérieur. Il n’a été rattaché au ministère de la Justice qu’en 1911. PERCEPTEUR / PRÉCEPTEUR Le percepteur est un agent du fisc chargé du recouvrement des contributions directes. Il collecte les impôts.

Publié en 1900, le roman Jacquou le Croquant évoque les conditions d’exploitation des paysans sous la Restauration, au cœur du Périgord noir, et leur sentiment de révolte. Dans une première vie, son auteur, Eugène Le Roy, avait été percepteur en Dordogne. Un précepteur est un professeur particulier. Sa mission : dispenser à domicile un enseignement à des enfants de familles nobles ou favorisées ne fréquentant pas un établissement scolaire. Fénelon est prêtre et prédicateur de renom lorsque Louis XIV le choisit en 1689 pour être le précepteur de son petit-fils, le duc de Bourgogne et dauphin. Pour lui, il compose Les Aventures de Télémaque. PERPÉTRER / PERPÉTUER Le verbe perpétrer s’emploie pour rendre compte de la commission d’un acte répréhensible, délictueux ou criminel. Figure à la légende noire, l’ambitieuse reine Frédégonde a perpétré plusieurs meurtres, dont celui de son mari Chilpéric Ier (petit-fils de Clovis) en 584 pour devenir seule reine de Neustrie. Perpétuer consiste à prolonger dans le temps un souvenir, une tradition… à les pérenniser, voire à immortaliser. On doit à la loi salique que se soit perpétuée la règle de ne faire monter sur le trône de France que des héritiers mâles. Pourtant, selon des spécialistes, ce Code de droit pénal datant du vie siècle n’a été instrumentalisé qu’à partir du xive pour que les filles dans l’ordre de succession n’accèdent jamais au pouvoir. PRÉMICES / PRÉMISSE Les prémices (nom féminin pluriel) marquent le commencement de quelque chose. La Révolution menacée, à l’extérieur comme à l’intérieur des frontières françaises, la Convention met en place un tribunal révolutionnaire et le Comité de salut public respectivement en mars et avril 1793. Ce sont les prémices de la Terreur. Une prémisse est un terme de logique. Il désigne chacune des deux propositions, la principale ou majeure et la secondaire ou mineure, à la

base d’un raisonnement (appelé syllogisme) permettant d’aboutir à sa conclusion. La première de la pièce de théâtre d’Eugène Ionesco Rhinocéros a lieu en France en janvier 1960. Le dramaturge de l’absurde l’applique au syllogisme en faisant dire à un personnage  : «  Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc, Socrate est un chat.  » Il fait référence au philosophe grec dans la seconde prémisse, mais c’est à Aristote qu’on doit la définition du syllogisme. PRODIGE / PRODIGUE   Est dit prodige tout ce qui a un caractère exceptionnel, magique, merveilleux, un enfant d’une intelligence hors du commun. Représentant de Dieu sur Terre, le roi de France se devait de réaliser des prodiges, comme guérir les écrouelles (plaies purulentes dans le cou) rien qu’en les touchant. Robert II le Pieux semble avoir été le premier à toucher les écrouelles au cours de son règne (996-1031). Prodigue s’applique à quelqu’un qui dépense sans compter, par extension à qui fait preuve de générosité, se montre désintéressé. Introduit dans les arcanes du pouvoir par Richelieu, le cardinal Mazarin (1602-1661), italien des Abruzzes, ancien diplomate pour la papauté, est à la tête d’une fortune colossale, qui ne l’en rend pas moins prodigue. Collectionneur de livres, d’art, il pensionne des artistes, fait construire des monuments (comme le futur Institut de France)… RABATTRE / REBATTRE Rabattre signifie «  descendre quelque chose à un niveau inférieur  » ou « remettre un couvercle sur un objet ». Le 10 mai 1974, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, adversaires au second tour de la présidentielle, s’affrontent au cours d’un débat télévisé. Le candidat de gauche regrette que le président sortant n’applique pas une politique du partage des richesses, une «  affaire de cœur  » selon lui. Giscard lui rabat le caquet en rétorquant : « Vous n’avez pas, monsieur Mitterrand, le monopole du cœur.  » Rebattre peut désigner la question de battre à nouveau des

cartes, mais le verbe est surtout utilisé dans l’expression « rebattre les oreilles à quelqu’un », façon imagée de dire qu’on lui répète souvent la même chose au point de l’énerver. « Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l’Europe ! l’Europe ! l’Europe !… mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien.  » Voilà la réponse du général de Gaulle, lors d’un entretien télévisé le 14 décembre 1965, sans doute lassé qu’on lui rebatte les oreilles avec l’organisation d’une Europe des nations. RANIMER / RÉANIMER   Ranimer consiste à redonner de la force, de la vigueur, de l’énergie ou de l’éclat à quelque chose. Ce verbe s’emploie aussi pour désigner les gestes permettant de redonner vie à quelqu’un qui a perdu connaissance. En révoquant l’édit de Nantes en 1685 et en prohibant ainsi à nouveau le culte protestant, Louis XIV ranime les persécutions. Réanimer n’a que ce second sens. Il est du ressort de la médecine et caractérise l’action mise en œuvre pour tenter de sauver une personne dont le pronostic vital est engagé. Le 14 mai 1610, alors qu’il se déplace en carrosse au cœur de Paris, Henri IV subit l’attaque au couteau de Ravaillac, un catholique fanatique. Les tentatives pour réanimer le roi échouent, il expire avant son rapatriement au Louvre. RÉCHAUFFEMENT / RÉCHAUFFAGE   Le réchauffement pointe un résultat, indique le fait que quelque chose se réchauffe. Il peut avoir une connotation abstraite, décrivant l’amélioration de relations, notamment sur le plan international. Le réchauffage rend compte d’une opération menée en vue de réchauffer, de l’action consistant à réchauffer quelque chose.   RECOUVRER / RECOUVRIR

  Recouvrer (du latin recuperare, « regagner », « reprendre ») signifie que l’on rentre en possession de quelque chose que l’on a perdu ou qui nous est dû. Il a un sens voisin de retrouver. Recouvrir exprime l’idée de couvrir à nouveau ou entièrement quelque chose. Au figuré, il laisse penser que l’on cherche à masquer ou à dissimuler.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1.  Nos ancêtres utilisaient des bassinoires pour le (réchauffement/réchauffage) des lits. Il s’agissait d’un bassin de métal (souvent en cuivre), à couvercle ajouré, muni d’un long manche, dans lequel on plaçait des braises.   2. Fin décembre 2015, l’Accord de Paris sur le climat a été adopté par cent quatre-vingt-quinze pays lors de la COP 21. Son principal objectif  : limiter le (réchauffement/réchauffage) climatique à 2 °C par rapport à 1850.   3.  Devenue un protectorat français en 1881, la Tunisie n’a (recouvré/recouvert) son indépendance qu’en 1956 suite au soulèvement du peuple mené par Habib Bourguiba.   4. La chapelle royale des Invalides est construite sous la direction de Jules Hardouin-Mansart dès 1677. Elle est surmontée d’un dôme (recouvré/ recouvert) d’or. La dernière restauration date de 1989 et a nécessité environ douze kilos de feuilles d’or. Correction 1. réchauffage / 2. réchauffement / 3. recouvré / 4. recouvert

RELAYER / RELÉGUER Relayer consiste à remplacer quelqu’un pour permettre la poursuite d’une tâche ou, au figuré, à assurer une transmission. Louis-Philippe, «  roi des Français  », couronné après les Trois Glorieuses en 1830 par la bourgeoisie hostile aux républicains, exerce un contrôle strict de la presse afin qu’elle ne relaye aucune information pouvant pousser le peuple à contester le pouvoir. Reléguer implique une mise à l’écart, voire un exil, le maintien dans une situation ou une position dégradée. Du 4 au 11 février 1945, la conférence de Yalta réunit Staline (URSS), Churchill (Royaume-Uni), Roosevelt (États-Unis) pour régler l’avenir de l’Allemagne post Seconde Guerre mondiale. L’absence de De Gaulle, non invité, est symbolique. Elle relègue la France à un rang mineur. SABLER / SABRER LE CHAMPAGNE   Sabler le champagne s’emploie lorsque l’on fête un événement digne d’être arrosé. L’origine de l’expression – avaler sa coupe d’un trait, cul sec – se trouve dans le jargon de la fonderie. Sabler consistait à couler d’un coup le métal en fusion, avant qu’il ne se solidifie en refroidissant, pour fabriquer une pièce. D’où la notion de rapidité. Le 14 juillet 1790, lors de la fête de la Fédération, les révolutionnaires sablent le champagne sur le Champ-de-Mars. Cette boisson n’est plus un privilège royal ou noble – le temps d’un jour. Sabrer le champagne, c’est sectionner le goulot d’un grand coup de sabre viril pour ouvrir la bouteille au lieu de la déboucher. Sabrer le champagne semble une tradition militaire, en cas de victoire, inaugurée par les hussards (cavalerie) de la garde napoléonienne. SUBORNATION / SUBORDINATION La subornation (du latin subornare, « préparer en secret », «  suborner  ») est une manœuvre consistant à détourner quelqu’un du droit chemin, à l’empêcher d’accomplir un devoir, à l’inciter à mentir (s’agissant d’un témoin).

Dans l’affaire OM/VA, Bernard Tapie a été condamné pour corruption et subornation de témoin suite au match de championnat du 20 mai 1993 remporté 1-0 par l’Olympique de Marseille contre Valenciennes et jugé truqué. La subordination instaure une hiérarchisation entre des choses ou des personnes, établissant un ordre les rendant dépendantes les unes des autres. S’ajoute une notion de soumission à une autorité. En 1965, un des liens de subordination de la femme aux hommes disparaissait en France. Elle pouvait ouvrir un compte en banque sans accord préalable de son mari. SURVENIR / SUBVENIR Survenir exprime ce qui arrive à l’improviste, ce qui se produit alors qu’on ne s’y attend pas. Voyant survenir le décès de Georges Pompidou le 2 avril 1974, en cours de mandat, le président du Sénat Alain Poher a dû assurer l’intérim du pouvoir comme le prévoit la Constitution. Subvenir évoque une aide, un secours, que l’on apporte à quelqu’un pour faire face à ses besoins. Il faut être riche pour vivre à la cour de Versailles où règne le paraître. Pour subvenir aux dépenses, le jeu d’argent est une source de revenus, car les parties de cartes sont constantes. SUSPICIEUX / SUSPECT Se montrer suspicieux, c’est éprouver un manque de confiance, se méfier, avoir des soupçons. Lorsque l’arnaqueuse Jeanne de La Motte-Valois prétend au princecardinal de Rohan lui organiser un rendez-vous nocturne avec MarieAntoinette, le 11 août 1784, il n’est pas un instant suspicieux et se laisse embarquer dans la célèbre « affaire du collier de la reine ». Est suspect ce qui est douteux, louche, équivoque, ce qui inspire de la méfiance. Le substantif désigne quelqu’un qu’on pense coupable d’un crime ou d’un délit. Le protestant Jean Calas est suspect du meurtre de son fils, retrouvé pendu le 13 octobre 1761 à Toulouse. Après la condamnation à mort

de Calas, Voltaire, persuadé de son innocence, mène l’enquête pour sa réhabilitation. Elle adviendra en 1765. VÉNÉNEUX / VENIMEUX   Vénéneux renvoie à une plante porteuse d’une substance toxique si on l’ingère. Le sens figuré conserve l’idée de poison. Le laurier-rose est une plante vénéneuse. Elle semble être responsable de la mort de huit soldats de l’armée napoléonienne, prenant part à la campagne d’Espagne, en 1808. Ils avaient utilisé ses rameaux pour faire cuire leur viande. Venimeux qualifie les animaux ou insectes sécrétant un liquide plus ou moins nocif, susceptible d’être injecté par piqûre ou morsure. L’acception figurée révèle la haine, le fiel, la perfidie. Élisabeth-Charlotte de Bavière (1652-1722), «  La Palatine  » comme on la surnomme, était l’épouse de Monsieur, frère de Louis XIV, et sa correspondance a laissé un témoignage précieux de la cour. Connue pour sa langue venimeuse, elle désignait par exemple Mme de Maintenon comme l’« ordure du roi ».

Parfois, la langue ne fait pas que fourcher en usant d’un mot pour un autre. Il existe aussi des barbarismes, des mots ou expressions inventés. Dans les cas suivants, la confusion vient de la proximité des sonorités. AD HOMINEM OU AD NOMINEM ?   Ad hominem est la forme correcte. Cette locution signifie textuellement «  en direction de l’homme  » (du latin ad, «  vers  » et homo, hominis, « homme »). Elle indique dans son usage courant que l’on s’en prend directement à une personne vue comme un adversaire. Elle est, à l’origine, employée en rhétorique comme argument visant à discréditer un adversaire en retournant contre lui ses propres paroles ou ses actes. « Ad nominem  » (formée du latin nomen, nominis, «  nom  ») n’existe pas. Elle résulte de la méconnaissance de l’expression initiale et d’une

confusion induite par la proximité phonétique, laissant supposer que l’on désigne quelqu’un par son nom pour mieux le confondre. «  De Gaulle à l’hospice  », «  De Gaulle, assassin  »… les slogans de Mai 68 ne manquent pas d’attaquer le général-président de la République ad hominem.

PETIT FLORILÈGE D’EXPRESSIONS LATINES   a contrario : par la raison des contraires ; ad vitam æternam : à jamais ; a fortiori : à plus forte raison ; alter ego : un autre moimême ; a posteriori : après-coup ; a priori : d’après ce qui vient avant ; carpe diem : profite du jour présent ; casus belli : motif de guerre  ; et cætera  : et les autres choses  ; ex nihilo  : à partir de rien ; ex æquo : à égalité ; in extremis : au dernier moment ; intramuros  : à l’intérieur des murs, de l’enceinte d’une ville  ; modus vivendi : manière de vivre ; nec plus ultra : ce qu’il y a de mieux ; persona non grata : personne indésirable ; post mortem : après la mort  ; pro domo  : pour sa propre cause  ; sine qua non  : (condition) sans laquelle non ; statu quo : dans l’état où les choses étaient avant ; stricto sensu : au sens strict…

AU TEMPS POUR MOI OU AUTANT POUR MOI ? Au temps pour moi est la version recommandée par l’Académie française, même si certains linguistes justifient pourtant l’emploi d’« autant pour moi », allant jusqu’à y voir la forme originale. Au temps pour moi exprime la reconnaissance d’une erreur, aveu accompagné d’une concession. Je me suis trompé, mais je suis prêt à remettre tout à plat et à reprendre les choses du début. L’expression, au sens figuré, procéderait du vocabulaire militaire, «  au temps  !  » donnant l’ordre de refaire un exercice, répéter un mouvement en repartant du commencement (temps initial), en remettant les compteurs à zéro. La formulation un peu obscure, ajoutée à des racines anciennes et plus guère comprises, aurait fini par mener à une confusion avec «  autant  » en raison de l’homophonie. À l’oral, ça ne fait aucune différence, tout se joue à l’écrit.

LA PREUVE PAR L’AUTEUR·E   « Il avait fait une erreur dans un raisonnement délicat et avait dit gaiement  : “Au temps pour moi.” C’était une expression qu’il tenait de M. Fleurier et qui l’amusait. »   Jean-Paul Sartre, Le Mur, 1939.

FILIGRANE OU FILIGRAMME ? Le filigrane est, en papeterie, une marque, un motif ou un dessin, voire un fil métallique très fin (cuivre, laiton) intégré à de la pâte à papier que l’on ne voit qu’en transparence. Dans les billets de banque notamment, il a pour objet d’éviter les contrefaçons. Au figuré, dans un texte ou un propos, c’est ce qui est implicite, dit à mots couverts, susceptible d’être deviné. « Filigramme » est une invention, une pure et simple faute de français à ranger au rayon des barbarismes (mot ou expression qui n’existe pas). La proximité phonétique a encore frappé. Les Mémoires de Saint-Simon ont été publiés à titre posthume en 1829-1830, il les avait rédigés entre 1739 et 1750. Témoin du règne de Louis XIV, il a observé la vie de la cour et la dépeint. On y lit en filigrane la nostalgie de l’auteur pour la monarchie de cette époque. D’ailleurs, Louis XV a fait cacher les manuscrits pour éviter qu’ils ne paraissent.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   La version «  filigramme  » se glisse pourtant dans l’article «  Papier  » de l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772), dirigée par Diderot et D’Alembert :   « Suivant l’usage qui s’observe actuellement, la marque intérieure du timbre inserée dans le corps du papier timbré ne paroît pas être absolument de l’essence de la formalité, & à la rigueur il suffit que le papier sur lequel est écrit l’acte public soit timbré au haut de chaque feuille du timbre extérieur qui s’imprime avec le poinçon ou filigramme  ; & en effet les officiers publics écrivent quelquefois leurs actes sur du papier commun, & font ensuite timbrer chaque feuille avant de signer & faire signer l’acte  ; (…). » *   * La citation reprend le texte original. Les trois mots suivants ont vu depuis lors leur orthographe ou graphie se modifier  : inserée → insérée ; paroît → paraît ; & → et.

PÉCUNIAIRE OU PÉCUNIER ? Pécuniaire est un adjectif signifiant « relatif à l’agent », « financier », tiré du latin pecunia, « argent ». Sa forme est identique au masculin et au féminin. « Pécunier » est un barbarisme (mot ou expression qui n’existe pas en tant que tel). Il est souvent employé à tort comme masculin de pécuniaire qui, aux oreilles de certains, doit sonner trop féminin. Philippe IV le Bel (roi de France entre 1285 et 1314) pense avoir la solution à ses constants embarras pécuniaires : expulser des Juifs après confiscation de leurs biens et faire arrêter les Templiers, véritables banquiers de la Couronne depuis des décennies, et dissoudre leur ordre.

J’ÉTOFFE MON VOCABULAIRE   Mille et une façons de parler d’argent :   artich  ; balles  ; barre  ; beurre  ; biftons  ; blé  ; boules  ; braise  ; cacahuètes ; caillasse ; cash ; espèces sonnantes et trébuchantes ; deniers  ; fafs  ; ferraille  ; fifrelins  ; flouze  ; fraîche  ; fric  ; frusquin  ; galette  ; galtouse  ; gen-ar (genar)  ; gengen  ; grisbi  ; iassca  ; keuss  ; kopek  ; liquide  ; maille  ; mitraille  ; monnaie  ; mornifle  ; némo  ; oseille  ; patate  ; pécune  ; pépètes  ; pésètes  ; persil ; pèze ; picaillons ; plaque ; pognon ; radis ; rafia ; ronds ; sac ; Saint-Fric ; seillo ; sous ; talbins ; thune ; trèfle ; tunasse ; zeflou…

POTRON-MINET OU POLTRON-MINET ? L’expression dès potron-minet signifie « très tôt » (dès que le matinal minou est réveillé et réclame sa pitance). Dans le même sens, on dit aussi « dès potron-jacquet » : lorsque le jacquet (écureuil) montre ses fesses («  potron  », tiré de «  poistron  », venant du bas latin posterio, « le postérieur »). « Poltron-minet » n’existe pas. Poltron signifie « peureux », « lâche ». Rien à voir avec le derrière. On a là une déformation, due à la proximité phonétique, source de confusion. 7 h 30, Louis XIV se réveille dès potron-minet, le premier valet qui dort au pied de son lit s’approche de lui et prononce ces mots : « Sire, voilà l’heure. »

J’ÉTOFFE MON VOCABULAIRE Mille et une façons de dire « matinal » :   avec les poules de bonne heure de bon matin à l’aube à l’aurore à la première heure au chant du coq au point du jour

QUAND BIEN MÊME OU COMBIEN MÊME ? Quand bien même est une locution conjonctive marquant une opposition, une concession. Elle est suivie de l’indicatif. Avec le conditionnel, elle a valeur d’hypothèse. « Combien même » est un barbarisme (mot ou expression qui n’existe pas). On rencontre cette formulation erronée dans la langue populaire du fait d’une incompréhension et d’une proximité phonétique avec « quand bien même ». Quand bien même les Français avaient dit non par référendum au traité établissant une Constitution pour l’Europe en 2005, il a été adopté par le seul Parlement et signé sous le nom de traité de Lisbonne en 2007.

LA PREUVE PAR L’AUTEUR·E   Non, quand bien même une amère souffrance Dans ce cœur mort pourrait se ranimer ; Non, quand bien même une fleur d’espérance Sur mon chemin pourrait encor germer ;   Quand la pudeur, la grâce et l’innocence Viendraient en toi me plaindre et me charmer, Non, chère enfant, si belle d’ignorance, Je ne saurais, je n’oserais t’aimer.   Extrait d’un sonnet (sans titre) d’Alfred de Musset, datant de 1839 et publié dans le recueil Poésies nouvelles.

RÉMUNÉRATION OU RÉNUMÉRATION ? Rémunération a le sens de « rétribution ». C’est une somme d’argent qu’on reçoit en échange d’un travail ou pour un service rendu. «  Rénumération  » est un barbarisme (mot ou expression qui n’existe pas). C’est une inversion de syllabes qui est à l’origine de cette faute, souvent commise à l’oral. En 2012, pour respecter une promesse de campagne, François Hollande a baissé sa rémunération de président de la République de trente pour cent, la faisant passer à quatorze mille neuf cent dix euros brut.

BENE-DICTION Améliorez votre diction en prononçant dix fois d’affilée, à une certaine vitesse, ce virelangue* :   Un ramoneur peut rationnellement rêver d’une raisonnable rémunération mais risque que sa respiration reste irrévocablement rude.   * Phrase composée de mots assemblés pour rendre la prononciation difficile. Le virelangue est utilisé à des fins ludiques ou comme exercice d’élocution, d’articulation, par des acteurs ou toute personne ayant à s’exprimer à l’oral en public sans bredouiller et en évitant à sa langue de fourcher (d’où son autre nom de fourchelangue).

SAUPOUDRER OU SOUPOUDRER ? Saupoudrer se compose de sau (forme ancienne de sel, issu du latin sal) et poudrer (« verser », « répandre de la poudre »), et signifie que l’on recouvre quelque chose d’une légère couche pulvérulente. Au figuré, il s’agit de répandre de minuscules sommes d’argent qui profitent à de très nombreux bénéficiaires. « Soupoudrer » est un barbarisme (mot ou expression qui n’existe pas). Le son «  sou  », sans doute confondu avec la préposition «  sous  », donne une dimension spatiale totalement hors de propos. Dans les Œuvres complètes d’Ambroise Paré (v. 1509-1590), père de la chirurgie, et le chapitre «  De la façon d’embaumer les corps morts », on lit (NdA : dans une version dont seule l’orthographe a été corrigée à la mode 2021) : « En après les incisions seront cousues  : puis faut oindre tout le corps de térébenthine liquéfiée avec huile de camomille et de rose, y ajoutant, si bon semble, huiles aromatiques tirées par quintessence  : puis au reste sera en tout saupoudré avec portion des poudres dessus dite : enfin sera enveloppé d’un linceul, et après de toile cirée, et pour fin de tout l’appareil sera mis en un cercueil de plomb bien joint et soudé, rempli de bonnes herbes aromatiques sèches. »

DERNIERS BARBARISMES POUR LA ROUTE   aéropage : aréopage / antidiluvien : antédiluvien (avant le déluge) / aréoport  : aéroport / astérique  : astérisque / carapaçonner  : caparaçonner / carroussel  : carrousel / commissairiat  : commissariat / construisible  : constructible / dépradations  : déprédations / en définitif  : en définitive / enduire en erreur  : induire en erreur / entreprenariat : entrepreneuriat / frustre : fruste (ou rustre) / haute gamme  : haut de gamme / hynoptiser  : hypnotiser / infractus : infarctus / judicier : judiciaire / manicure : manucure / mémotechnique  : mnémotechnique / omnibuler (ou obnibuler) : obnubiler / pantomine : pantomime / périgrinations : pérégrinations / réouvrir  : rouvrir / s’assir  : s’asseoir / secrétairiat : secrétariat / tête d’oreiller : taie d’oreiller…

Il existe une autre catégorie de fautes de proximité, impliquant des homophones : deux mots à l’orthographe et aux sens différents mais à la prononciation proche ou identique. A / À   Dès la première lettre de l’alphabet, on rencontre cette difficulté. A est la troisième personne du singulier du verbe avoir du présent de l’indicatif. Il sert également à la formation du passé composé. Le 18 juin 1940, le général de Gaulle dans son message radiophonique aux Français a ouvert la voie de la Résistance. À est une préposition, mot invariable qui introduit un complément (lieu, temps, objet indirect…) ou un verbe à l’infinitif. L’appel du 18 juin fut enregistré à Londres. Il exhortait à combattre l’Allemagne nazie.

LA PREUVE PAR L’AUTEUR·E   «  Le Gouvernement français a demandé à l’ennemi à quelles conditions honorables un cessez-le-feu était possible. Il a déclaré que, si ces conditions étaient contraires à l’honneur, à la dignité et à l’indépendance de la France, la lutte devait continuer. […] Car la France n’est pas seule ! […] Elle a un vaste empire derrière elle. […] Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français, qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. […] Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la radio de Londres. » Charles de Gaulle, extraits de l’appel du 18 juin 1940.

AUSSITÔT / AUSSI TÔT Aussitôt, adverbe, rend compte de l’immédiateté. Il renvoie à l’instant présent, au moment même. Il est équivalent à «  sitôt  » ou «  dès (que) ». Aussi est un adverbe marquant l’intensité. Il a le sens de « tellement » et peut être remplacé par « si ». Tôt, également adverbe, signifie « de bonne heure », « au tout début de la journée ».   AVOIR À FAIRE / AVOIR AFFAIRE   Avoir à faire indique que l’on a une tâche à accomplir, une occupation devant soi, quelque chose à réaliser, du pain sur la planche. Avoir affaire à quelqu’un, c’est être en rapport, être confronté, se retrouver face-à-face.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1. Une fois élu président de la République, en mai 1981, François Mitterrand a voulu (aussitôt/aussi tôt) que possible montrer son rejet de la peine de mort. Il a gracié un condamné quinze jours après son entrée à l’Élysée puis fait voter l’abolition en octobre.   2.  Il est environ trois heures du matin dans la nuit du 23 au 24 août 1572. (Aussitôt/Aussi tôt) le tocsin sonné depuis le beffroi de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, les catholiques parisiens commencent à massacrer des protestants. On estime que trois mille sont morts dans la capitale le jour de la Saint-Barthélemy.   3. En 1147, puisqu’il a (à faire/ affaire) en Terre sainte (deuxième croisade), Louis VII confie la régence à son conseiller l’abbé Suger.   4. Quand, en 451, le chef des Huns Attila a voulu conquérir Paris, il a eu (à faire/ affaire) à Geneviève, jeune aristocrate galloromaine (et future sainte). Elle a appelé les habitants à résister. Correction 1. aussi tôt / 2. aussitôt / 3. à faire / 4. affaire

BALADE / BALLADE Une balade est une promenade en langage familier, une flânerie. On pourrait parler de déambulation. François Mitterrand appréciait les balades à pied dans Paris, il flânait notamment rive gauche, du côté des bouquinistes et dans les librairies. Ballade (issu du provençal ballada, «  chanson à danser  », «  poème chanté  », de ballar, «  danser  ») désigne un poème et, par extension, une composition musicale. François Villon (v. 1431-apr. 1463) est notre premier poète français moderne. Sa « Ballade des pendus » en appelle à la compassion pour les condamnés alors que lui-même n’a cessé d’être poursuivi.

SI ON CHANTAIT   Danse donc, joli baladin C’est la ballade, c’est la ballade Danse donc, joli baladin C’est la ballade d’Arlequin.   Les baladins qui serpentent les routes Qui sont-ils donc dans leur costume d’or ? Des vagabonds ou des dieux en déroute ? Ils n’ont que des chansons pour seul trésor   Gilbert Bécaud, «  La Ballade des baladins  », paroles de Louis Amade, 1953.

ÇA / SA Ça, forme syncopée de « cela », est un pronom démonstratif. En 1152, par blessure d’orgueil d’être cocu, Louis VII fait annuler son mariage avec Aliénor d’Aquitaine. Ça la conduit à prendre un autre mari dans la foulée. Elle jette son dévolu sur Henri Plantagenêt, futur roi d’Angleterre. Sa, adjectif possessif, s’emploie lorsque le possesseur correspond à la 3e personne du singulier et que l’objet possédé est au féminin. Sacré empereur d’Occident par le pape en 800, Charlemagne choisit de faire d’Aix-la-Chapelle (aujourd’hui Aachen, en Allemagne) sa capitale.

LE BON CHOIX   Complétez le texte suivant avec ça ou sa :   … étonne : Charlemagne est une figure mythique de l’histoire de France, pourtant il repose en Allemagne dans une chapelle palatine qu’il a fait construire lors de l’installation de … cour à Aix, dite « la Chapelle ». Il avait des rhumatismes, … explique … décision, Aachen était déjà appréciée des Romains pour ses bains. Il fait construire dans … «  nouvelle Rome  » un palais et … chapelle intérieure, aujourd’hui le noyau de la cathédrale d’Aixla-Chapelle. Correction Ça ; sa ; ça ; sa ; sa ; sa.

CE / SE Se, pronom personnel réfléchi, est toujours en relation avec un verbe. Il s’emploie à la 3e personne du singulier et du pluriel, peut être COD (complément d’objet direct) ou COI (complément d’objet indirect, marquant la réciprocité). En 1358, Étienne Marcel, le prévôt des marchands, personnage puissant à Paris, se soulève contre le dauphin – le futur Charles V –, qui assure la régence en l’absence de son père. Ce, adjectif démonstratif singulier, s’utilise toujours comme déterminant d’un nom masculin singulier. Il est également pronom démonstratif neutre, également singulier. Ce soulèvement des bourgeois exprime le refus de la politique menée par les conseillers royaux. Étienne Marcel, soutenu par trois mille hommes armés, pénètre au palais. Deux conseillers sont assassinés, mais le prévôt veille à la protection du dauphin.

LE BON CHOIX   Complétez le texte suivant avec ce ou se :   En pleine guerre de Cent Ans, le roi Jean II le Bon … fait capturer par les Anglais. Pendant … temps, les Français … rebellent, excités par … Charles II de Navarre qu’on surnomme le Mauvais. … sont, en premier lieu, les hausses d’impôts qui doivent financer le paiement d’une rançon colossale pour le roi qui révoltent paysans et bourgeois. Ceux de Paris … sont dotés d’un leader en la personne d’Étienne Marcel, riche drapier. … poste de prévôt des marchands … révèle influent. D’opposant aux conseillers du régent, le dauphin – futur Charles V –, il … transforme en émeutier, en … 22 février 1358, quand il force les portes du château suivi par ses troupes. Après la mort des conseillers de Charles, voyant … tout jeune prince en danger, Marcel … dit avoir à y gagner à lui sauver la vie. Le prévôt retire … chaperon – sorte de bonnet – rouge et bleu sur sa tête, insigne des émeutiers, le pose sur celle du dauphin en même temps qu’il coiffe la sienne du bonnet noir à franges d’or de Charles. Étienne Marcel … fera assassiner cinq mois plus tard par … même peuple parisien qui … disait son partisan peu avant. Correction se ; ce ; se ; ce ; Ce ; se ; Ce ; se ; se ; ce ; ce ; se ; ce ; se ; ce ; se

CENSÉ / SENSÉ Censé (du latin censere, «  juger », «  estimer  ») signifie « supposé », « présumé », il qualifie ce que l’on estime devoir être fait. Henri d’Artois, comte de Chambord (1820-1883) était censé monter sur le trône en 1830 (en dépit de ses dix ans), son grand-père Charles X et son oncle le duc d’Angoulême ayant abdiqué en sa faveur. Mais le cousin de la branche orléanaise s’est débrouillé pour l’évincer en se faisant sacrer Louis-Philippe Ier, roi des Français. Est sensé quelque chose de judicieux, rationnel, qui a du sens, une personne raisonnable, douée de bon sens. Aujourd’hui, la décision nous paraît peu sensée, mais la reine Clotilde, veuve de Clovis, a préféré voir ses petits-fils morts que tondus. C’était dans la culture des Francs d’être attachés aux cheveux.

LA MINUTE DES AUTEUR·E·S   Quand nos grandes plumes devisent sur l’orthographe :   «  L’orthographe est plus qu’une mauvaise habitude, c’est une vanité. » Raymond Queneau, Bâtons, chiffres et lettres, 1950.

CES / SES Ces est un adjectif démonstratif pluriel (de ce/cet/cette). Ses est un adjectif possessif. Il s’emploie pour un possesseur à la 3e personne du singulier lorsque ce qu’il possède est au pluriel. On peut dire « les siens ». C’EST / S’EST   C’est est un présentatif, composé du pronom démonstratif « ce » (élidé en «  c’  ») et du verbe «  être  », à la 3e personne du singulier. Pensez « cela est ». S’est allie le pronom personnel réfléchi «  se  » (élidé en «  s’  ») et l’auxiliaire « être » servant à conjuguer un verbe pronominal au passé composé (3e personne du singulier).

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1. Louis XII a régné entre 1498 et 1515. Son surnom de « Père du peuple » lui vient de la grande popularité dont il jouissait auprès de (ces/ses) sujets, notamment pour sa bonne gestion du royaume, son souci du bien public. 2. Alors que Napoléon Bonaparte et son armée sont en campagne en Égypte, ils se retrouvent au pied des pyramides de Gizeh en 1798, et le général prononce cette phrase célèbre  : «  Soldats, songez que du haut de (ces/ses) pyramides, quarante siècles vous contemplent ! » 3.  Au Moyen Âge, l’Église (c’est/s’est) divisée au point d’avoir eu un temps deux papes, l’un à Rome, l’autre à Avignon, jusqu’à la déchéance de Benoît xiii en 1417. 4.  (C’est/S’est) le roi Dagobert (viie siècle) qui le premier a été inhumé à Saint-Denis, la nécropole des rois de France. Il avait fait élever une abbaye royale là où se trouvait la sépulture de saint Denis, premier évêque martyr de Paris. Correction 1. ses / 2. ces / 3. s’est / 4. C’est

CHAIRE / CHAIR / CHER·ÈRE Une chaire est la tribune surélevée où s’installe un·e professeur·e ou un homme d’Église. Du haut de sa chaire, Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), « l’aigle de Meaux  » (ville dont il était l’évêque), prononçait ses sermons et oraisons funèbres. La chair désigne la viande d’un animal ou l’enveloppe corporelle d’un être humain, par opposition au squelette et à l’esprit. Au xiie siècle, l’Église catholique a déclaré les cathares hérétiques. Membres d’une secte active dans le Midi de la France, ils repoussent notamment tout acte de chair. Cher·ère caractérise ce qui a du prix au sens propre ou figuré, ce à quoi l’on tient. Henri II aimait tellement sa chère et tendre Diane de Poitiers que lorsqu’il choisit son monogramme, il associa les initiales H et C (comme Catherine, sa véritable épouse) de telle façon qu’on n’y voit plus que deux D entrelacés !

ANAGRAMME AU PROGRAMME   Trouvez une anagramme* pour chacun de ces mots  : chaire, chairs, chère.   * Mot découlant du chamboulement des lettres d’un autre mot. Correction cahier : carnet d’écolier rachis : colonne vertébrale rêche : rude au toucher

COMPTE / CONTE / COMTE Compte (du verbe « compter ») s’inscrit dans la sphère du calcul. On ne compte pas moins de huit croisades entre le xie et le xiiie siècle. Elles visent à défendre les lieux saints de la chrétienté en Palestine contre les musulmans. Sauf celle à l’encontre des Albigeois (12081244), contre d’autres chrétiens. Un conte désigne un récit imaginaire, parfois philosophique ou fantastique. En 1747, Voltaire publie une première version de Zadig et use du genre du conte philosophique pour faire la satire de la société française de son temps. Comte est un titre de noblesse porté par un dignitaire dont le rang se situe entre le marquis et le vicomte. En janvier 2019, le comte de Paris, Henri d’Orléans, est décédé. Il était le prétendant au trône de France en cas de retour de la monarchie. Son fils Jean d’Orléans, duc de Vendôme, a pris la relève.

MOT ORCHESTRE   compte à rebours : décompte de temps compte rond : qui tombe juste livre de comptes : registre de comptabilité Cour des comptes  : institution indépendante qui contrôle les dépenses publiques à compte d’auteur : aux frais de l’auteur laissé pour compte : abandonné règlement de comptes : altercation entre ennemis en avoir son compte : en avoir marre à bon compte : facilement, pour pas cher au bout du compte : finalement être à son compte : exercer une activité indépendante tenir compte : prendre en considération se rendre compte : s’apercevoir compte-gouttes : pipette en verre compte-rendu : rapport synthétique compte-tours : instrument de mesure des tours d’un moteur

COURT / COURS / COUR Court, adjectif, est le contraire de « long » au sens spatial ou temporel. Substantif, il s’applique à un terrain de tennis. Un cours peut désigner une leçon dispensée par un professeur, la cote des valeurs boursières, le mouvement des astres ou des eaux d’un fleuve, le déroulement des événements… La cour est le lieu de la récréation, celui où l’on rend la justice, la résidence du roi et de sa suite ou cette dernière.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1. À la mort de François Ier en 1547, la (court/cours/cour) délaisse le château de Chambord, inachevé, pour s’établir à Chenonceau et à Blois, même si Henri II veille à la poursuite des travaux et y réside parfois en famille.   2. Pépin III a régné de 751 à 768. Père de Charlemagne, il a été surnommé « le Bref » car il était (court/cours/cour) sur pattes.   3.  Au (court/cours/cour) du iiie siècle débutent les Grandes Invasions. Barbares Francs, Alamans, Saxons, Huns, Avars, Burgondes, Germains, Goths et Vandales envahissent et pillent l’Empire romain. Elles ne s’achèveront qu’au ve siècle. Correction 1. cour / 2. court / 3. cours

DIFFÉRENT / DIFFÉREND Différent, adjectif, qualifie ce qui n’est pas semblable, ce qui est distinct. La IVe République est célèbre pour son instabilité politique. Entre 1946 et 1959, elle a connu une vingtaine de gouvernements différents et deux présidents de la République, Vincent Auriol et René Coty. Un différend, substantif, pointe un conflit, un désaccord. Les guerres de religion débutent par ce qui semble être un simple différend entre le duc de Guise et Catherine de Médicis, à propos du refus de celle-ci de soutenir l’évêque de Châlons face aux protestants. Pour frapper fort, Guise envoie ses hommes en mission massacre : ils tuent deux cents réformés en train de célébrer l’office à Wassy, en Champagne (1562).

J’ÉTOFFE MON VOCABULAIRE   Mille et une façons d’évoquer un différend :   algarade ; altercation ; bisbille ; brouille ; chamaillerie ; chicane ; clash  ; conflit  ; contentieux  ; crise  ; démêlé  ; désaccord  ; discorde  ; dispute  ; dissension  ; divergence  ; division  ; empoignade  ; engueulade  ; fâcherie  ; fêlure  ; friction  ; frottements  ; guéguerre  ; litige  ; malentendu  ; mésintelligence  ; opposition ; polémique ; prise de bec ; querelle ; rupture ; scène ; tension ; tiraillement ; zizanie…

ES / EST Es est la 2e personne du singulier du verbe « être » conjugué au présent de l’indicatif. Quand, fin septembre 52 av. J.-C., à Alésia, le chef gaulois Vercingétorix a jeté ses armes aux pieds de son adversaire, le général romain Jules César, il a dit : « Prends-les ! Je suis brave, mais tu es plus brave encore, et tu m’as vaincu. » est est la 3e personne du singulier du verbe «  être  » conjugué au présent de l’indicatif. « Impossible n’est pas français. » On attribue la formule à Napoléon Ier. Il semble l’avoir écrite en 1813 dans une réponse à une lettre adressée à un général mettant en doute la capacité de l’armée à défendre Magdebourg. Sous cette forme  : «  Ce n’est pas possible, m’écrivez-vous ; cela n’est pas français. »

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous faire découvrir d’autres homonymes :   eh  !, l’interjection qui, par exemple, marque la surprise (s’emploie dans l’expression « eh bien » ) ai, la 1re personne du singulier du présent de l’indicatif du verbe « avoir » aie, la 1re personne du singulier du présent du subjonctif du verbe « avoir » aies, la 2e personne du singulier du présent du subjonctif du verbe « avoir » ait, la 3e personne du singulier du présent du subjonctif du verbe « avoir » aient, la 3e personne du pluriel du présent du subjonctif du verbe « avoir » ais, une planche de bois haie, la clôture végétale hais, les 1re et 2e personnes du singulier du présent de l’indicatif du verbe « haïr » hait, la 3e personne du singulier du présent de l’indicatif du verbe « haïr »

FOIE / FOIS / FOI Le foie est un organe vital, un viscère du tube digestif situé dans l’abdomen. Léon Blum, figure du socialisme français, a provoqué en duel en 1912 le dramaturge Pierre Veber qui, mécontent de la critique qu’il avait faite de sa pièce, l’avait giflé. Le journaliste a dégainé son épée et touché son adversaire, manquant de le tuer d’un coup droit décoché à proximité du foie. Fois (substantif féminin) indique une multiplication, une réitération. Une nouvelle fois, des barbares conquérants font des raids, au ixe siècle. On les appelle Vikings ou Normands, ils viennent de Scandinavie à bord de leurs bateaux, les drakkars. La foi, au sens religieux du terme, exprime la croyance. Plus largement, la confiance. L’empereur romain Constantin converti au christianisme, les fidèles de Gaule ne sont plus persécutés pour leur foi en vertu de l’édit de Milan signé en 313.

LE BON CHOIX Complétez le texte de cette comptine célèbre avec foie, fois ou foi.   Il était une …, Une marchande de …, Qui vendait du …, Dans la ville de Foix. Elle se dit ma …, C’est la première … Et la dernière …, Que je vends du …, Dans la ville de Foix. Correction fois ; foie ; foie ; foi ; fois ; fois ; foie

FONT / FOND / FONDS / FONTS Font est la 3e personne du verbe « faire » au présent de l’indicatif. Le fond désigne la partie la plus basse, la plus profonde, l’arrière-plan. Abstraitement, il s’oppose à la forme et à ce qui est superficiel. Fonds, avec un s même au singulier, appartient au vocabulaire de l’argent, il indique une ressource, un capital. Il définit également les collections que possèdent un musée, une bibliothèque, les documents constituant des archives. Dans une église, on appelle fonts (du latin fons, fontis, «  source  », « fontaine »), au pluriel, le petit bassin contenant l’eau bénite destinée au baptême. On parle alors de fonts baptismaux.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1.  Sous la IIIe République, Jules Ferry mène des réformes de (font/fond/ fonds/fonts) de l’enseignement. La loi du 28 mars 1882 rend l’école primaire gratuite, obligatoire et laïque.   2.  Dans le contexte pré-révolutionnaire, Marie-Antoinette était accusée de tous les maux du royaume. On la surnommait « Madame Déficit » parce qu’on lui reprochait de dilapider tous les (font/fond/fonds/fonts).   3. En 496, Clovis se convertit au catholicisme et entraîne derrière lui trois mille soldats vers les (font/fond/fonds/fonts) baptismaux.   4. Le 21 avril 1944, les Françaises se voient accorder le droit de vote. Elles en (font/fond/fonds/fonts) usage pour la première fois un an plus tard à l’occasion des élections municipales. Correction 1. fond / 2. fonds / 3. fonts / 4. font

LA / LÀ La est un article défini placé devant un nom féminin singulier, un pronom personnel remplaçant un nom féminin singulier, une note de musique (dont le diapason donne le ton). La première cité de Gaule a été fondée en 600 av. J.-C. par les Phocéens, marins et commerçants grecs d’Asie Mineure (actuelle Turquie). Elle s’est appelée Massalia et, plus tard, Marseille. Là est un adverbe marquant le lieu ou le temps. Il s’emploie seul ou associé à d’autres termes (adjectifs, substantifs, pronoms, prépositions…), avec ou sans trait d’union. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné place de la Concorde à Paris, là où se dresse aujourd’hui un obélisque. Elle portait alors le nom de place de la Révolution.

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Retrouvez dans ce texte les fautes sur la et là (attention, une autre faute a pu aussi se glisser subrepticement) :   La tribu gauloise des Parisii se fixe vers le milieu du iiie siècle av. J.-C. sur l’île de la Cité (la où se dresse actuellement Notre-Dame de Paris) et fonde son « oppidum » (là place forte, en latin). On situe traditionnellement la cet habitat en se référant à La Guerre des Gaules de César au moment de là conquête romaine  ; en réalité, César ne mentionne qu’une « place forte des Parisii située sur une île de la Seine ». Les Gaulois on appelé cet oppidum Lutèce (Lutetia, en latin), un nom qui dériverait de l’adjectif luteus, « boueux », en raison du sol marécageux sur lequel là cité est bâtie. À partir du ive siècle, on commence à dire Civitas Parisiorum ou Urbs Parisii (là ville des Parisii) avant qu’au ve siècle, on ne parle plus que de Paris. Correction là où se dresse actuellement Notre-Dame ; la place forte, en latin ; On situe traditionnellement là cet habitat ; au moment de la conquête romaine ; Les Gaulois ont appelé cet oppidum Lutèce ; la cité est bâtie ; la ville des Parisii

L’AI / LES L’ai associe le pronom personnel singulier « la » ou « le » (élidé en « l’ ») et le verbe « avoir » conjugué au présent de l’indicatif à la 1re personne du singulier. Fin 2016, le président François Hollande annonce son renoncement à briguer un second mandat  ; il dit notamment au cours de son allocution télévisée : « Pour ma part, je ne suis animé que par l’intérêt supérieur du pays. Le pays, depuis plus de quatre ans et demi, je l’ai servi avec sincérité, avec honnêteté. L’expérience m’a apporté l’humilité qui est indispensable à l’action publique. » Les est un article défini, pluriel de « la » ou « le », déterminant un nom au pluriel, féminin ou masculin. Il est aussi pronom personnel COD, pluriel de « la » ou « les ». Fin 2005, les banlieues françaises se sont embrasées. À l’origine de ces émeutes, la mort de deux jeunes le 27 octobre à Clichy-sous-Bois alors qu’ils tentaient d’échapper à un contrôle de police. Celle-ci les avait poussés à se réfugier dans un poste électrique.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous faire découvrir d’autres homonymes :   lai, poème médiéval laid, qui n’est pas beau laie, la femelle du sanglier lait, le liquide blanc sécrété par les glandes mammaires des femelles mammifères l’es, la combinaison du pronom personnel « le » ou « la » (élidé en « l’ ») et de la 2e personne du singulier du présent de l’indicatif du verbe « être » l’est, la combinaison du pronom personnel « le » ou « la » (élidé en « l’ ») et de la 3e personne du singulier du présent de l’indicatif du verbe « être »

MA / M’A / M’AS Ma est un adjectif possessif féminin singulier employé lorsque le possesseur est à la 1re personne du singulier et l’objet possédé au féminin singulier. Jules Ferry, homme politique de la IIIe République, célèbre pour sa réforme de l’enseignement, est mort en 1893. Il précise dans son testament : « Je désire reposer dans la même tombe que mon père et ma sœur, en face de cette ligne bleue des Vosges, d’où monte jusqu’à mon cœur fidèle la plainte des vaincus. » M’a est la combinaison du pronom personnel « me » (élidé en « m’ ») et du verbe « avoir » conjugué à la 3e personne du singulier du présent de l’indicatif. À la mort de Louis XV en 1774, son successeur et petit-fils Louis, seizième du nom, s’est écrié  : «  Quel fardeau  ! Et l’on ne m’a rien appris. » M’as est la combinaison du pronom personnel « me » (élidé en « m’ ») et du verbe « avoir » conjugué à la 2e personne du singulier du présent de l’indicatif. Après s’être fait poignarder par Jacques Clément le 1er août 1589, Henri III a murmuré : « Méchant moine, tu m’as tué ! »

LE BON CHOIX   Complétez les textes suivants avec ma, m’a ou m’as :   1. « Je vais me coucher, … petite Joséphine, le cœur plein de ton adorable image, et navré de rester tant de temps loin de toi ; mais j’espère que, dans quelques jours, je serai plus heureux et que je pourrai à mon aise te donner des preuves de l’amour ardent que tu … inspiré. » Extrait d’une lettre adressée depuis Vérone par Napoléon Bonaparte à Joséphine de Beauharnais, le 21 novembre 1796.   2. « … nature m’avertit, mon expérience … appris, qu’au sommet des affaires on ne sauvegarde son temps et sa personne qu’en se tenant méthodiquement assez haut et assez loin. » Extrait des Mémoires de guerre (tome II, L’Unité, 1956) de Charles de Gaulle.   3.  «  Je voulais t’écrire doucement, tranquillement par une belle matinée, te remercier de l’adieu que tu … envoyé, il est si bon, si triste, si doux : … chère âme, tu as un cœur d’ange. » Extrait d’une lettre adressée par Alfred de Musset à George Sand, le 1er septembre 1834. Correction 1. ma ; m’as / 2. Ma ; m’a / 3. m’as ; ma

MAIS / MES / M’ES Mais est une conjonction de coordination, elle introduit une objection. Jules Michelet, historien du xixe siècle, rapporte ces paroles déterminées du cardinal de Richelieu (1585-1642)  : «  Je n’ose rien entreprendre sans y avoir bien pensé ; mais, quand une fois j’ai pris ma résolution, je vais droit au but, je renverse tout, je fauche tout, et ensuite je couvre tout de ma robe rouge. » Mes est un adjectif possessif féminin ou masculin pluriel qui renvoie à un possesseur à la 1re personne du singulier lorsque l’objet possédé est pluriel. En exil à Sainte-Hélène, Napoléon Bonaparte a exprimé ses derniers souhaits en 1821 : « Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé. » M’est associe le pronom personnel «  me  » (élidé en «  m’  ») et le verbe «  être  » conjugué au présent de l’indicatif, à la 3e personne du singulier. Napoléon III a déclaré à propos de son épouse, l’influente Eugénie de Montijo (1826-1920)  : «  J’aurais préféré une femme que j’aime et respecte à une femme qui m’est inconnue, avec laquelle une alliance aura des avantages mélangés avec des sacrifices. »

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous faire découvrir d’autres homonymes :   mai, le cinquième mois de l’année m’es, la combinaison du pronom personnel «  me  » (élidé en « m’ ») et de la 2e personne du singulier du présent de l’indicatif du verbe « être » mets, les 1re et 2e personnes du singulier du présent de l’indicatif du verbe « mettre » met, 3e personne du singulier du présent de l’indicatif du verbe « mettre » mets, un aliment préparé pour un repas

ON / ONT On, pronom personnel indéfini (du latin homo, «  homme  »), commande un verbe à la 3e personne du singulier. Il est souvent employé à la place de « nous » dans la langue familière. On estime que la peste noire, s’étant déclarée à Paris en 1348, a décimé plus du tiers des habitants de la capitale. Ont est la forme que prend le verbe «  avoir  » à la 3e personne du pluriel du présent de l’indicatif. Victor Hugo est décédé le 22 mai 1885. Ses obsèques nationales ont rassemblé deux millions de personnes à Paris et se sont achevées par l’entrée de son cercueil au Panthéon.

LE BON CHOIX   Complétez le texte suivant avec ont ou on :   … a appris qu’Hugo, quatre-vingt-trois ans, avait attrapé une congestion pulmonaire. Les journaux … chaque jour diffusé des bulletins de santé, … commenté la progression du mal. … se rendait devant son hôtel particulier sans être de sa famille. Les gens … trouvé évident d’y déposer des fleurs. … rend encore quelques visites à Hugo sur son lit de mort. … écoute ses ultima verba  : «  Allons  ! Il est bien temps que je désemplisse le monde  !  » Au gouvernement, … décide de funérailles nationales. Elles … lieu le 1er juin 1885, un lundi matin. … a chargé Charles Garnier – l’architecte de l’Opéra de Paris – du décor de l’Arc de triomphe, où les organisateurs … choisi d’exposer la dépouille du « Vieux » depuis la veille. Celleci est juchée sur un catafalque énorme sous l’arche voilée de noir. À 11 h 30, après que vingt et un coups de canon … fendu le calme, le cortège se met en marche. … assiste assis aux balcons des restaurants, en équilibre sur des échafaudages. Dans le silence recueilli, … entend régulièrement ce cri : « Vive Victor Hugo ! » Rue Soufflot, une statue du défunt attend, assise, à la grille du Panthéon, lui aussi paré de noir et envahi de fleurs. Correction On ; ont ; ont ; On ; ont ; On ; On ; on ; ont ; On ; ont ; ont ; On ; on

OU / OÙ Ou, conjonction de coordination, marque une alternative ou une équivalence. Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal  ? Le 6 mai 2007, les Français n’ont toujours pas choisi d’élire une présidente de la République. Le candidat UMP l’a emporté avec 53,06 % des voix. Où est un pronom relatif indiquant le lieu ou le temps. Il peut aussi prendre une valeur interrogative. En 732, le maire du Palais, Charles Martel – sorte de puissant bras droit du roi –, se rend en Aquitaine où le duc Eudes fait face à une attaque arabe. Il vainc cette armée à la bataille de Poitiers.

LA PREUVE PAR L’AUTEUR·E   Il me souvient de chansons qui m’émurent Il me souvient des signes à la craie Qu’on découvrait au matin sur les murs Sans en pouvoir déchiffrer les secrets   Qui peut dire où la mémoire commence Qui peut dire où le temps présent finit Où le passé rejoindra la romance Où le malheur n’est qu’un papier jauni   Extrait du poème de Louis Aragon, «  Les larmes se ressemblent », publié dans le recueil Les Yeux d’Elsa, 1942.

PAIR/PAIRE Pair, substantif masculin (du latin par, paris, « semblable »), désigne un égal, une personne semblable. Adjectif, pair caractérise un nombre divisible par deux. En France, le maire n’est pas directement élu au suffrage universel par ses concitoyens, mais au suffrage indirect par ses pairs, les membres du conseil municipal. Paire, substantif féminin, s’emploie pour exprimer tout ce qui va par deux. Les écrivains Montaigne (1533-1592) et La Boétie (1530-1563) faisaient tellement la paire que leur amitié est devenue proverbiale. Le premier a écrit la formule célèbre «  parce que c’était lui, parce que c’était moi ».

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous faire découvrir d’autres homonymes :   père, le papa, le prêtre pers, la couleur des yeux bleus tirant sur le vert ou le violet perd, la 3e personne du singulier du verbe « perdre » au présent de l’indicatif perds, la 1re et la 2e personne du singulier du verbe « perdre » au présent de l’indicatif

PARCE QUE / PAR CE QUE Parce que, conjonction de subordination, introduit une proposition circonstancielle de cause. Par ce que se compose de «  par  », préposition, et de «  ce que  », groupe relatif, introduisant une proposition relative sans antécédent.   POURQUOI / POUR QUOI   Pourquoi, adverbe interrogatif, questionne sur la cause. Il s’emploie également au style indirect. Pour quoi, alliance de la préposition «  pour  » et du pronom relatif « quoi », renseigne sur la finalité d’une action, les objectifs, la raison, et signifie « pour quelle chose ».

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1. Marqué (parce que/par ce que) la Fronde des princes lui avait fait vivre dans son enfance, Louis XIV a par la suite régné en monarque absolu et fait en sorte de n’inspirer que terreur à la noblesse.   2. (Parce qu’/par ce qu’) il est un farouche opposant de Napoléon III, qu’il l’appelle ouvertement Napoléon le Petit ou Badinguet, Victor Hugo est contraint à l’exil dès 1851. Il ne reviendra de l’île de Guernesey (Grande-Bretagne) qu’à la chute de l’empereur en 1870.   3.  Le scandale des décorations explique (pourquoi/pour quoi) le président de la IIIe République Jules Grévy a démissionné le 2 décembre 1887. Son gendre vendait la Légion d’honneur vingtcinq mille francs pièce.   4.  Ce (pourquoi/pour quoi) se battait Jean Jaurès l’a tué. Le 31 juillet 1914, alors que le chef du Parti socialiste français, fondateur du journal L’Humanité, mettait toute son énergie à empêcher la guerre d’éclater, il est assassiné par le belliqueux nationaliste Raoul Villain au café-restaurant du Croissant, dans le 2e arrondissement de Paris. Correction 1. par ce que / 2. Parce qu’ / 3. pourquoi / 4. pour quoi

PÉCHER / PÊCHER Pécher, c’est transgresser la loi divine, enfreindre une règle, présenter une défaillance. Le verbe pêcher exprime l’action d’attraper des poissons et autres espèces aquatiques par divers moyens (ligne, filet, épuisette…). Pêcher est aussi un substantif désignant un arbre fruitier produisant des pêches.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1. Louis XIV avait demandé à La Quintinie, créateur du Potager du roi à Versailles, de planter des (péchés /pêchers) tant il était amateur de leurs fruits.   2.  Louis XV enchaînait les maîtresses, mais il était aussi hypocondriaque. Un jour de 1744, atteint d’une maladie fulgurante et inconnue, il est persuadé d’en mourir et réclame l’extrême-onction. L’évêque de Soissons lui demande au préalable de ne plus (pécher/pêcher) et de se débarrasser de sa maîtresse. Miracle, une semaine plus tard, il était sauvé. Et put rappeler sa douce.   3. En décembre 2008, les membres de l’association les Brochets du Roy n’étaient pas venus (pécher/pêcher) des poissons mais les détritus s’accumulant dans la pièce d’eau des Suisses, face au château de Versailles. Leur plus belle prise : un obus de la guerre de 1870. Correction 1. pêchers / 2. pécher / 3. pêcher

PEU / PEUX / PEUT Peu, adverbe (et donc invariable), signifie «  pas beaucoup  ». Il s’applique à la quantité, au nombre, à l’intensité, à la durée. Il a également une fonction nominale, précédé ou non d’un déterminant. Il demeure invariable. Peux est la forme que prend le verbe «  pouvoir  » à la 1re et à la 2e personne du singulier du présent de l’indicatif. Peut est la forme que prend le verbe « pouvoir » à la 3e personne du singulier du présent de l’indicatif.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1. Henri IV ne rechignait jamais à jouer avec son dauphin de fils. Pour preuve, cette anecdote. L’ambassadeur entre dans une pièce où il trouve le bon roi à quatre pattes, son garçon sur le dos : — Monsieur l’ambassadeur, avez-vous des enfants ? demande-t-il à son visiteur. — Oui, sire. — En ce cas, je (peu/peux/peut) achever le tour de la chambre.   2.  On dit que Napoléon Bonaparte dormait (peu/peux/peut). Environ quatre heures par nuit.   3.  La IIe République établit en 1848 le suffrage universel. Tout homme de vingt et un ans (peu/peux/peut) désormais voter, plus seulement les riches. Mais pas encore les femmes. Correction 1. peux / 2. peu / 3. peut

PLUS TÔT / PLUTÔT Plus tôt associe l’adverbe de quantité « plus  » et l’adverbe de temps « tôt » et signifie « auparavant ». Henri IV s’est trouvé une nouvelle favorite en la personne d’Henriette d’Entragues pour remplacer Gabrielle d’Estrées emportée par une éclampsie puerpérale, quelques semaines plus tôt, en avril 1599. Il avait pourtant déclaré : « La racine de mon amour est morte […]. » Plutôt est un adverbe de comparaison marquant une préférence. Il peut être aussi synonyme de « relativement ». Plutôt que continuer à subir les soupçons sur son honnêteté et la vindicte médiatique, l’ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy se suicide le 1er mai 1993.

LA PREUVE PAR L’AUTEUR·E   «  Vivre toujours au même lieu, je trouverai toujours cela très malheureux. Enfin, le plus probable, c’est qu’on va plutôt où l’on ne veut pas, et que l’on fait plutôt ce qu’on ne voudrait pas faire, et qu’on vit et décède tout autrement qu’on ne le voudrait jamais, cela sans espoir d’aucune espèce de compensation. »   Extrait d’une lettre d’Arthur Rimbaud à sa famille, datant du 15 janvier 1885.

QUAND / QUANT À Quand est une conjonction de subordination exprimant le temps et pouvant se remplacer par «  lorsque  ». C’est aussi un adverbe interrogatif à valeur temporelle qui signifie « à quel moment ». Quand le métro parisien a été inauguré le 19 juillet 1900, trente mille billets ont été vendus. La ligne faisait dix kilomètres, entre les stations PorteMaillot et Porte-de-Vincennes. Quant à est une locution prépositive ayant le sens d’«  en ce qui concerne ». La première ligne ferroviaire française dédiée aux seuls voyageurs part de Paris pour relier Le Pecq (actuelles Yvelines). La reine MarieAmélie et les trois fils de Louis-Philippe montent à bord du train, lors de son voyage inaugural le 24 août 1837. Le roi, quant à lui, n’est pas de l’aventure, ses ministres le lui ont déconseillé, par mesure de sécurité.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous faire découvrir d’autres homonymes :   qu’en, la combinaison de l’interrogatif « que » (élidé en « qu’ ») et du pronom personnel « en » (qui reprend un élément précédent) camp, terrain sur lequel une armée s’installe pour se loger, s’entraîner, se défendre Caen, ville du Calvados dont elle est le chef-lieu, située en région Normandie. Elle abrite le Mémorial, musée sur le débarquement de Normandie, la Seconde Guerre mondiale et l’après-guerre

QUEL QUE / QUELQUE(S) / QUELQUE Quel que, pronom relatif indéfini, introduit une proposition marquant la concession ou l’opposition. Il est variable en genre et en nombre. Quel que soit son niveau en histoire, on sait que François Ier a gagné la bataille de Marignan en 1515. Quelque(s) est un déterminant indéfini. Ses sens et ses emplois sont multiples. Retenons les deux suivants, parmi les plus courants : –  adjectif indéfini, accordé à un nom au pluriel, il évoque une petite quantité. Le 26 novembre 1974, l’Assemblée nationale adopte la loi Veil autorisant l’avortement. Elle passe grâce aux voix de la gauche, mais quelques députés du camp de la ministre la votent. – suivi de « que », il a le sens de « n’importe le(s)quel(s) ». Quelques reproches que les Français aient pu faire à Jacques Chirac lorsqu’il était à l’Élysée, le 26 septembre 2019, jour de sa mort, ils ne tarissaient pas d’éloges à son égard. Quelque, adverbe, synonyme de « environ », est invariable. La bataille de Verdun s’est déroulée du 21 février au 19 décembre 1916. Elle a fait quelque cent soixante mille morts du côté français, cent quarante mille chez les Allemands.

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Le 5 septembre 1825, George Sand adresse une lettre à sa chère amie Zoé Leroy :   «  J’aime à penser qu’il y a beaucoup de rapport dans notre manière de sentir, quel que soit la différence extérieure de nos humeurs et de nos caractères. »   «  La bonne dame de Nohant  », comme on la surnommait, ne se trompe pas sur le choix de « quel que » (écrit en deux mots), mais elle oublie l’accord au féminin (quelle que) commandé par « différence ».

QUELQUES FOIS / QUELQUEFOIS Quelques fois, en deux mots, au sens de « plusieurs fois », se compose d’un adjectif indéfini, «  quelque  », au pluriel, et d’un substantif, « fois ». Quelques fois surnommé « le nain de Lorraine », Raymond Poincaré a été président de la République entre 1913 et 1920. Certes, il manquait un peu de charisme et était né à Bar-le-Duc. Quelquefois, adverbe, écrit en un seul mot, signifie « parfois », « de temps à autre ». Quelquefois las de la cour de Versailles et de l’étiquette, Louis XIV allait se ressourcer au château de Marly (à une distance de sept kilomètres environ), bâti par Mansart à sa demande dans les années 1680.

MOT ORCHESTRE   autant de fois : aussi souvent que une fois pour toutes : définitivement une fois n’est pas coutume : exceptionnellement cette fois-ci : dans le cas présent la prochaine fois : la première fois que la chose se reproduira chaque fois : toujours à la fois : en même temps il était une fois : (formule pour débuter un conte) jadis une fois que : dès que trois fois rien : insignifiant mille fois : beaucoup encore une fois : à nouveau maintes fois : très souvent plutôt deux fois qu’une : volontiers je dis pour la énième fois  : je le répète encore mais c’est la dernière fois regarder à deux fois : être attentif ne pas se le faire dire deux fois : sans hésiter y regarder à deux fois : être méfiant tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler  : réfléchir avant de dire quelque chose

QUOIQUE / QUOI QUE Quoique, conjonction de subordination remplaçable par « bien que », introduit une proposition circonstancielle à valeur concessive. Quoique coalisées, les armées allemandes, flamandes, anglaises sont vaincues par la France à la bataille de Bouvines en 1214. Une belle victoire pour le Capétien Philippe II Auguste. Quoi que, pronom relatif indéfini (sans antécédent), a le sens de « n’importe quoi ». Quoi qu’aient pu dire les opposants à la tour Eiffel, elle a été érigée en 1889 et n’a pas été démontée comme prévu après vingt ans. Ils avaient pourtant publié une lettre ouverte de protestation dans Le Temps, le 14 février 1887, intitulée «  Les artistes contre la tour Eiffel ».

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Retrouvez dans ce texte les fautes (indice : il y en a sept).   « Les artistes contre la tour Eiffel » (Parmi les signataires figurent Charles Gounod, Charles Garnier, Guy de Maupassant, Alexandre Dumas fils, Leconte de Lisle, entre autres) : «  Nous venons, écrivains, peintres, sculteurs, architectes, amateurs passionnés de la beauté jusqu’ici intacte de Paris, protester de toutes nos forses, de toute notre indignation, au non du goût français méconnu, au nom de l’art et de l’histoire française menacés, contre l’érection, en plein cœur de notre capital, de l’inutile et monstrueuse tour Eiffel que la malignité public, souvent empreinte de bon sens et d’esprit de justice, a déjà baptisée du nom de ”Tour de Babel” […] la tour Eiffel, don la commerciale Amérique ne voudrait pas, c’est, n’en doutez pas, le deshonneur de Paris  ! […] Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, la tour Saint-Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant. » Correction sculpteurs ; forces ; au nom du goût ; capitale ; malignité publique ; dont la commerciale Amérique ; le déshonneur de Paris

SEAU / SCEAU / SAUT / SOT Un seau est un récipient muni d’une anse. De forme cylindrique, on s’en sert pour transporter solides et liquides. Un sceau désigne un cachet permettant d’authentifier des actes. Un saut décrit un bond, en hauteur ou en longueur. Sot, adjectif ou substantif masculin, s’applique à ce qui ne brille pas par son intelligence.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1.  Louis III, roi de France entre 879 et 882, a été assez (seau/sceau/saut/ sot) pour mourir en se fracassant le crâne sur un linteau de porte alors qu’il passait à cheval.   2.  Avant la révolution industrielle du xixe siècle, on exploitait déjà les mines de houille en France, mais l’extraction était rudimentaire. Le charbon était remonté dans des (seaux/sceaux/sauts/sots) à l’aide de treuils à bras.   3.  En 1906, la peine de mort aurait pu être abolie en France, le président de la République Armand Fallières en était partisan, et un projet de loi avait d’ailleurs été déposé par le garde des (Seaux/Sceaux/Sauts/Sots), Guyot-Dessaigne. Mais un fait divers a été instrumentalisé par les pro-guillotine, et le texte a été rejeté.   4.  Le passage au troisième millénaire a été un grand (seau/sceau/saut/sot) dans l’inconnu informatique. En France, dès 1998, le gouvernement avait mis en place une mission spéciale. Correction 1. sot / 2. seaux / 3. Sceaux / 4. saut

SI / S’Y Si, conjonction de subordination, introduit une proposition circonstancielle marquant la condition ou l’hypothèse. Adverbe interrogatif, il est utilisé dans une interrogation indirecte. Si, le 28 juin 1914, l’archiduc François Ferdinand, héritier de la couronne austro-hongroise, n’avait pas été assassiné à Sarajevo, la Première Guerre mondiale n’aurait peut-être jamais éclaté. S’y associe le pronom personnel réfléchi « se » (élidé en « s’ ») et le pronom adverbial « y » indiquant un lieu. Il s’emploie avec un verbe pronominal. Dans les jardins de Trianon, entre 1783 et 1786, Marie-Antoinette fait bâtir le hameau de la Reine, avec une bergerie, un moulin, une laiterie. Contrairement aux idées reçues, elle n’y jouait pas à la fermière, mais s’y promenait. Lieu de réception, il servait également à l’éducation de ses enfants.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous faire découvrir d’autres homonymes :   si, une note de musique, précédée par la, suivie par do ci, forme abrégée de l’adverbe « ici » scie, un outil pour découper six, un chiffre qu’on prononce ainsi quand il précède une consonne sis, synonyme de « situé »

SOI / SOIT / SOIE Soi est un pronom personnel réfléchi à la 3e personne du singulier qui n’indique pas le genre et renvoie à un sujet indéterminé. En 1986, pour commencer à financer le projet de Restos du cœur de Coluche, Jean-Jacques Goldman écrit «  La Chanson des Restos  », interprétée par des vedettes. Parce qu’«  Aujourd’hui, on n’a plus le droit / Ni d’avoir faim ni d’avoir froid », elle dit « Dépassé le chacun pour soi », car « Quand je pense à toi, je pense à moi ». Soit est la forme du verbe être à la 3e personne du singulier du subjonctif présent. Depuis la Révolution française, le processus de laïcisation était en marche, mais il faut attendre le 9 décembre 1905 pour que l’Église soit définitivement séparée de l’État. La soie est une étoffe naturelle à base de la substance sécrétée par le ver à soie (chenille du bombyx du mûrier). Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838), homme politique flexible, s’est fait une place, de l’Ancien Régime aux deux Restaurations. Napoléon, dont il a été le ministre, lui a dit un jour  : « Vous êtes de la merde dans un bas de soie ! »

MOT ORCHESTRE   confiance en soi : assurance, foi en ses capacités chacun chez soi : égoïsme, individualisme prendre sur soi : se contenir, se dominer être hors de soi : être en colère être content de soi  : faire montre d’autosatisfaction cela va de soi : c’est une évidence soi-même : forme renforcée de « soi » son chez-soi : son domicile le quant-à-soi : une réserve, attitude distante soi-disant : prétendu

SONT / SON Sont est la forme que prend le verbe « être » au présent de l’indicatif à la 3e personne du pluriel. Le 17 octobre 1961, en pleine guerre d’Algérie, des Algériens sont massacrés à Paris au cours d’une manifestation, sur ordre du préfet Papon, ancien collaborateur nazi. Les participants algériens sont roués de coups quand ils ne sont pas jetés à la Seine par la police. Son, adjectif possessif, correspond à un possesseur à la 3e personne du singulier. Il s’emploie lorsque l’objet possédé est au masculin singulier (ou devant un mot féminin singulier commençant par une voyelle ou un h muet). Le 22 août 1962, le général de Gaulle sort indemne d’une tentative d’assassinat au Petit-Clamart. Son instigateur, le colonel BastienThiry, sera fusillé.

BENE-DICTION Améliorez votre diction en prononçant dix fois d’affilée, à une certaine vitesse, ce virelangue* :   Passons un caleçon et sifflons à l’unisson la chanson «  Sans contrefaçon je suis un garçon », sans zapper la répétition « Sans contrefaçon je suis un garçon  ». Reconnaissons que c’est un savoureux son.   *  Phrase composée de mots assemblés pour rendre la prononciation difficile. Le virelangue est utilisé à des fins ludiques ou comme exercice d’élocution, d’articulation, par des acteurs ou toute personne ayant à s’exprimer à l’oral en public sans bredouiller et en évitant à leur langue de fourcher (d’où son autre nom de fourchelangue).

STATUE / STATUT Une statue est une œuvre d’art en trois dimensions, moulée ou sculptée, représentant un être animé (humain ou animal) dans son entier (ce qui le distingue du buste). La Liberté éclairant le monde est une statue d’Auguste Bartholdi, cadeau du peuple français aux États-Unis pour célébrer le centenaire de la Déclaration d’indépendance américaine. Appelée aussi Statue de la Liberté, elle a été érigée à New York, sur l’île Liberty Island, au sud de Manhattan, le 28 octobre 1886. Le statut désigne un ensemble de textes législatifs ou réglementaires régissant les droits et devoirs d’un groupe de personnes, d’une collectivité, d’un État. Il définit également la situation d’une personne dans la société ou la position qu’elle y occupe. La Nouvelle-Calédonie a connu plusieurs statuts successifs  : après avoir été une colonie française jusqu’en 1946, elle est devenue territoire d’outre-mer jusqu’en 1999. Elle est depuis lors collectivité «  à statut particulier  » d’outre-mer. Ce statut résulte des troubles politiques des années 1980 et de la poussée du mouvement kanak (population autochtone mélanésienne).

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour appeler votre attention sur la locution statu quo.   Elle décrit l’état actuel, la situation actuelle. Employée comme nom, c’est une abréviation de la locution latine in statu quo ante signifiant «  dans l’état où étaient les choses auparavant ».   Dans un livre intitulé Chaque pas doit être un but, Mémoires (tome I, 2009, en collaboration avec Jean-Luc Barré), Jacques Chirac affirme  : «  La France n’est plus un pays qu’on peut gouverner à coups de diktats. La volonté de réforme a peu de chances d’aboutir si elle ne bénéficie pas d’un minimum de consentement et de compréhension. Une saine pratique démocratique commande, selon moi, non de se résigner au statu quo, mais de faire en sorte que les évolutions nécessaires s’opèrent dans la concertation plutôt que dans l’épreuve de force. »

TA / T’A Ta est un adjectif possessif féminin singulier correspondant à un possesseur à la 2e personne du singulier lorsque l’objet possédé est au féminin singulier. Le soulèvement de Mai 68 reste célèbre pour ses slogans, inscrits un peu partout sur les murs, comme celui-ci : « Dans les chemins que nul n’avait foulés, risque tes pas  ! Dans les pensées que nul n’avait pensées, risque ta tête ! » T’a associe le pronom personnel «  te  » (élidé en «  t’  ») et le verbe « avoir » à la 3e personne du singulier du présent de l’indicatif. En 996, le comte de la Marche et du Périgord Adalbert tient tête à Hugues Capet. Ils ont un jour cet échange passé à la postérité. Le roi dit : «  Qui t’a fait comte ? », son vassal lui répondit  : « Qui t’a fait roi ? »

LA MINUTE DES AUTEUR·E·S   Quand nos grandes plumes devisent sur l’orthographe et la grammaire :   « Les maux de grammaire se soignent par la grammaire, les fautes d’orthographe par l’exercice de l’orthographe, la peur de lire par la lecture, celle de ne pas comprendre par l’immersion dans le texte. »   Daniel Pennac, Chagrin d’école, 2007.

TES / T’AI / T’ES Tes, adjectif possessif masculin ou féminin pluriel, s’emploie lorsque le possesseur est à la 2e personne du singulier et l’objet possédé au pluriel. En se disant «  Reste droit dans tes bottes, Alain  !  », le Premier ministre Alain Juppé a voulu réformer les retraites en force, en 1995, sans se laisser déstabiliser. Son plan n’est pourtant pas passé. T’ai est la combinaison du pronom personnel « te » (élidé en « t’ ») et du verbe «  avoir  » à la 1re personne du singulier du présent de l’indicatif. «  Ot’-toi d’là que j’m’y mette  », cette chanson populaire circule en 1815, lors du retour de Napoléon : « D’sus l’trône Louis XVIII placé, / Notre Emp’reur que rien n’inquiète / Lui dit : pour un an j’t’ai laissé, / Ot’-toi d’là que j’m’y mette ! » T’es associe le pronom personnel «  te  » (élidé en «  t’  ») et le verbe « avoir » à la 2e personne du singulier du présent de l’indicatif. «  Tu t’es vu quand t’as bu  ?  » reste l’un des slogans publicitaires emblématiques de la lutte contre l’alcoolisme. Inventé par Daniel Robert, il a été décliné en huit spots différents de 1991 à 1995.

LE BON CHOIX   Complétez le texte suivant avec tes, t’ai ou t’es :   «  Selon toi, je te chagrine à plaisir, faisant semblant de pleurer pour voir couler … larmes. Voilà une atroce idée. Comment peuxtu m’aimer si tu me regardes comme un si pauvre personnage  ? Tu dois me mépriser. Alors, peut-être en effet me méprises-tu  ? Tu en es déjà aux regrets sans doute ; tu vois que tu … trompée, et c’est moi que tu accuses de cette illusion perdue. […] Je … dit tout bonnement que j’avais aimé pendant six ans une femme qui de sa vie ne l’a su  ; cela lui eût paru bête. Ça me le paraît bien maintenant à moi. […] Ne crains pas que j’aie montré … lettres à qui que ce soit ; non, sois-en sûre. […] »   Extraits d’une lettre adressée par Gustave Flaubert à sa maîtresse, la poétesse Louise Collet, en 1846. Correction tes ; t’es ; t’ai ; tes

TON / T-ON / T’ONT Ton, adjectif possessif, correspond à un possesseur à la 2e personne du singulier. Il s’emploie lorsque l’objet possédé est au masculin singulier (ou devant un mot féminin singulier commençant par une voyelle ou un h muet). Substantif utilisé dans le registre de la musique ou de la peinture, il désigne une nuance, un son, une teinte. T-on se compose du t euphonique (ajouté quand un verbe se termine par une voyelle et que le pronom débute aussi par une voyelle, pour faciliter la prononciation) et du pronom indéfini «  on  ». Ils sont toujours reliés par un trait d’union. T’ont combine le pronom personnel « te » (élidé en « t’ ») et le verbe « avoir » à la 3e personne du pluriel du présent de l’indicatif.

LE BON CHOIX   Dans les contextes suivants, retrouvez le mot approprié.   1. Prêtre réfractaire : ainsi désigne-(ton/t-on/t’ont) les curés ayant refusé de prêter allégeance à la Révolution.   2.  Lors du discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, le 19 décembre 1964, André Malraux prononce ces mots  : «  Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec (ton/t-on/t’ont) terrible cortège. »   3. Lors du discours du transfert des cendres d’Alexandre Dumas au Panthéon, le 30 novembre 2002, Alain Decaux raconte : « Je te revois dessiné par Devéria, filiforme, le teint foncé du quarteron, beau sous tes cheveux crépus et noirs. Les femmes (ton/ton/t’ont) adoré. Et toi donc, Alexandre ! » Correction 1. t-on / 2. ton / 3. t’ont

TORD/TORT Tord est la forme du verbe «  tordre  » conjugué au présent de l’indicatif à la 3e personne du singulier. En 2007, Nicolas Sarkozy tord le cou à la tradition en divorçant à l’Élysée. C’était la première fois qu’un président de la République rompait officiellement son mariage en plein exercice. Tort est un substantif. Avoir tort, c’est ne pas avoir raison, se tromper. Faire du tort à quelqu’un, c’est lui causer un préjudice. L’affaire d’Outreau est un scandale judiciaire qui a marqué l’opinion en 2005 puisque plusieurs personnes avaient été condamnées pour pédophilie à tort, sur la base de fausses accusations.

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Retrouvez dans ce texte les fautes (indice : il y en a sept).   «  Il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l’idée que l’on se faient de son pays. […] Oui, la folie criminel de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. Il y a cinquante trois ans, le 16 juillet 1942, quatre cent cinquante policiers et gendarmes français, sous l’autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix milles hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblés dans les commissairiats de police. […] Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’État. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, s’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignitée. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’œuvre. » Extraits du discours du président de la République Jacques Chirac, prononcé le 16 juillet 1995 lors des commémorations de la rafle du Vel’ d’Hiv, reconnaissant les torts de la France. Correction on se fait ; criminelle ; cinquante-trois ; mille ; commissariats ; c’est ; dignité

VERS/VER Vers, préposition, indique une direction ou une approximation. Substantif, il désigne une ligne d’un poème (comportant éventuellement un nombre donné de syllabes et se terminant par une rime). En septembre 1914, lors de la contre-offensive de la Marne, le général Joffre remporte une grande victoire. Le général Gallieni réquisitionne sept cents taxis parisiens pour acheminer quatre mille hommes vers la Marne. Un ver est un animal invertébré de forme allongée ou la larve de certaines espèces. Victor Hugo (1802-1885) écrivait nu comme un ver et demandait à son domestique de dissimuler ses vêtements pour ne pas pouvoir sortir quand il devait travailler.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous faire découvrir d’autres homonymes :   vert, adjectif de couleur au masculin singulier (il s’accorde en genre et en nombre) vair, la fourrure du petit-gris (nom d’une race d’écureuils), matière dont est faite la pantoufle de Cendrillon verre, matériau dur, cassable et transparent  ; c’est aussi un récipient servant à boire et fait de ce matériau.

VOIE / VOIX La voie (du latin via, « chemin », « route ») désigne un parcours, une direction, une rue, un moyen, un cheminement. En 1969, De Gaulle utilise la voie référendaire pour faire passer une loi sur la régionalisation et une réforme du Sénat. Les Français répondent non et le général en tire les conséquences : il démissionne. La voix (du latin vox, «  voix  ») correspond aux sons émis par l’être humain et à l’expression d’un choix lors d’un scrutin. Á l’élection présidentielle de 1974, Valéry Giscard d’Estaing l’a emporté sur François Mitterrand avec peu de voix d’écart (moins de quatre cent vingt-cinq mille).

LE BON CHOIX   Voie et voix s’emploient dans diverses expressions, retrouvez la bonne orthographe dans les suivantes.   la Voi lactée ; rester sans voi ; mettre sur la voi ; à portée de voi ; un porte-voi ; de vive voi ; la voi publique ; la voi ferrée ; les voi respiratoires ; la voi de la raison ; les voi de la Providence ; avoir voi au chapitre  ; voi de fait  ; la voi active  ; par voi de conséquence ; la voi hiérarchique ; extinction de voi Correction la Voie lactée ; rester sans voix ; mettre sur la voie ; à portée de voix ; un porte-voix ; de vive voix ; la voie publique ; la voie ferrée ; les voies respiratoires ; la voix de la raison ; les voies de la Providence ; avoir voix au chapitre ; voie de fait ; la voix active ; par voie de conséquence ; la voie hiérarchique ; extinction de voix

VOIRE / VOIR L’adverbe voire a le sens de « et même  ». Il permet d’insister sur ce qui précède et renforce une affirmation. Louis XI (roi de France de 1461 à 1483) a été confronté à l’ambition d’un cousin, Charles le Téméraire. Duc d’une Bourgogne qu’il était parvenu à étendre de la Flandre au Jura, il se voyait à la tête d’un royaume indépendant de la France, voire d’un empire. Il a terminé en charpie sur un champ de bataille. Le verbe voir signifie «  regarder  » et rend compte de ce que l’on perçoit avec les yeux. Entre 1701 et 1714 a lieu la guerre de la Succession d’Espagne. Le roi d’Espagne ayant choisi pour successeur le petit-fils de Louis XIV, les autres puissances européennes craignent de voir cet héritage conduire à une alliance entre les trônes d’Espagne et de France.

DERNIERS HOMONYMES POUR LA ROUTE   AIR / AIRE / ÈRE Air, le gaz de l’atmosphère qu’on respire ou la musique. / Aire, la superficie ou le terrain d’activité. / Ère, la division de temps, époque. HORS / OR Hors, à l’extérieur. / Or, un métal précieux ou pour introduire une objection.   SAIN / SAINT / SEIN Sain, bon pour la santé. / Saint, modèle de perfection chrétienne, canonisé par l’Église catholique. / Sein, la poitrine.   PORC / PORE / PORT Porc, un cochon. / Pore, un orifice de la peau. / Port, le lieu de stationnement des bateaux.   RAT / RAS / RAZ Rat, un rongeur. / Ras, coupé court. / Raz, courant marin breton ou élément de «  raz-de-marée  », vague haute envahissant les terres.   SAOUL / SOU / SOUS Saoul, état de celui qui a trop bu d’alcool. / Sou, argent en langue familière. / Sous, la préposition qui marque une position d’infériorité.   TAIRE / TER / TERRE Taire, ne pas dire. / Ter, pour la troisième fois. / Terre, notre planète et son sol.

PLÉONASMES

Il est des fautes n’étant même plus de proximité, mais de promiscuité. Il convient de chasser les pléonasmes de son discours ou l’emploi, à la suite, de deux mots de même sens, dont l’un est superflu. Listons-en quelques-uns, en marquant en gras le seul mot nécessaire au français correct et en expliquant pourquoi entre parenthèses.   Ajouter en plus (ajouter, c’est mettre en plus). Un antidote contre («  anti  » donne l’idée de contre, il faut dire antidote à). Assez satisfaisant (en latin, satis signifie « assez »). Au jour d’aujourd’hui (« aujourd’hui » est déjà un pléonasme puisque hui vient du latin hodie qui veut dire «  en ce jour  », alors inutile d’ajouter un troisième jour). S’avérer vrai (vous pouvez toujours dire se révéler vrai, mais bannissez s’avérer faux, une contradiction dans les termes puisque s’avérer signifie « s’imposer comme vrai »). Car en effet (choisissez entre l’un et l’autre, ils ont le même sens d’« effectivement »). Collaborer ensemble (le préfixe col- vient du latin cum, « ensemble », « avec »). Se cotiser à plusieurs (cotiser vient du latin quota pars, «  part qui revient à chacun »). (à suivre)

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   « Les pauvres de son temps lui avaient fait de belles funérailles de larmes et de bénédictions  ; mais, à leur grand regret, la pieuse fille n’avait pu être canonisée sainte, faute de protections. Ceux d’entre eux qui étaient un peu impies avaient espéré que la chose se ferait en paradis plus aisément qu’à Rome, et avaient tout bonnement prié Dieu pour la défunte, à défaut du pape. »   Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, 1831.   Canoniser, c’est mettre au nombre des saint·e·s.

PLÉONASMES (SUITE) Nouvelle série de pléonasmes, ces doublons à éviter absolument. Le mot signalé en gras est seul nécessaire.   L’apparence extérieure (l’apparence est l’aspect extérieur). D’abord premièrement (le premier est celui qui vient d’abord). Se dépêcher vite (se dépêcher, c’est aller vite, se hâter). Le bip sonore (« bip » est un signal sonore). Constellé d’étoiles (constellé vient du latin stella, « étoile »). Dépenses somptuaires (du latin lex sumptuaria, « loi des dépenses »). Descendre en bas (descendre, c’est aller du haut vers le bas) / Monter en haut (monter, c’est aller du bas vers le haut) / Reculer en arrière (reculer, c’est faire un mouvement arrière). Entrer dedans (du latin intrare, le préfixe in- ayant le sens de « dedans ») / Sortir dehors (sortir implique qu’on va de l’intérieur à l’extérieur d’un lieu). Fait réel (un fait appartient à la réalité). Forum de discussion (le forum est un lieu de conversation). En une heure de temps (l’heure est une unité de temps). Incessamment sous peu (incessamment signifie « sans délai », « dans peu de temps »). Krach boursier (le krach est un effondrement du cours de Bourse).   (à suivre)

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   «  — Va-t’en, lui dit tout à coup Mme de Rênal en ouvrant les yeux. —  […] Je partirai, oui, mon amour. Mais, si je te quitte, si je cesse de veiller sur toi, de me trouver sans cesse entre toi et ton mari, tu lui dis tout, tu te perds. Songe que c’est avec ignominie qu’il te chassera de sa maison  ; tout Verrières, tout Besançon, parleront de ce scandale. On te donnera tous les torts ; jamais tu ne te relèveras de cette honte… — C’est ce que je demande, s’écria-t-elle, en se levant debout. Je souffrirai, tant mieux. »   Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830.   Se lever, c’est se mettre debout.

PLÉONASMES (SUITE) Nouvelle série de pléonasmes, ces doublons à éviter absolument. Le mot signalé en gras est seul nécessaire.   Instances décisionnelles (une instance est une autorité qui détient un pouvoir de décision). Préparer d’avance (préparer implique un travail en amont). Le moindre petit détail (le détail est un petit élément d’un ensemble et moindre signifie « (le) plus petit »). À partir de dorénavant (dorénavant signifie «  à partir du moment présent »). Un magret de canard (le magret est un filet de canard). Au grand maximum (le maximum est la valeur la plus grande). Le monopole exclusif (le monopole est une position exclusive). Communier ensemble (communier, c’est être en union spirituelle ou affective, l’union est forcément collective). Double alternative (l’alternative est un système de deux propositions). Importer de l’étranger (importer, c’est porter au dedans) / exporter à l’étranger (exporter, c’est porter au dehors). Faux prétexte (un prétexte est une raison avancée pour cacher le motif réel). Panacée universelle (une panacée étant un remède à tous les maux).   (à suivre)

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   « Ceux qui se mêlaient d’alchimie disaient que maître Cornélius savait faire de l’or. Les savants prétendaient qu’il avait trouvé la panacée universelle. Cornélius était pour beaucoup de campagnards, auxquels les gens de la ville en parlaient, un être chimérique, et plusieurs d’entre eux venaient voir la façade de son hôtel par curiosité. »   Honoré de Balzac, Maître Cornélius, 1832.  

Balzac aurait dû s’en tenir à « Les savants prétendaient qu’il avait trouvé la panacée. » Panacée vient du latin panacea, emprunt au grec panakeia, mot composé du préfixe pan- (tout) et de akos (remède). Il désigne une plante imaginaire censée servir de remède universel. L’idée d’universalité est déjà portée par le terme panacée.

PLÉONASMES (SUITE ET FIN) Nouvelle série de pléonasmes, ces doublons à éviter absolument. Le mot signalé en gras est seul nécessaire.   Orthographe correcte (l’orthographe, c’est la graphie correcte). Marcher à pied (marcher, c’est aller à pied). Pondre un œuf (pondre, c’est produire un œuf). Prédire l’avenir (prédire, c’est annoncer ce qui va se passer). Une rafale de vent (la rafale est un coup de vent brutal et soudain). Retenir d’avance (retenir dans le sens de réserver – une table de restaurant, par exemple – suppose qu’on s’y prenne à l’avance). Risque potentiel (le risque est un danger éventuel). La topographie des lieux (la topographie est la description de la configuration d’un lieu). Le tri sélectif (le tri est une sélection). Première priorité (une priorité est ce qui vient en premier). En redemander encore (le préfixe re-appelle l’idée de répétition). Tourner en rond (tourner, c’est décrire un cercle). Voire même (voire signifie « et même »). Le voisin d’à-côté (le voisin est proche, contigu). Opposer son veto («  veto  » est un mot latin qui signifie «  je m’oppose » ; on dit mettre son veto).

LA FAUTE AUX ÉCRIVAIN·E·S   Au-dessus de l’Olympe éclatant, au delà Du nouveau ciel qui naît et du vieux qui croula, Plus loin que les chaos, prodigieux décombres, Tournait la roue énorme aux douze cages sombres, Le Zodiaque, ayant autour de ses essieux Douze spectres tordant leur chaîne dans les cieux ; Ouverture du puits de l’infini sans borne ; Cercle horrible où le chien fuit près du capricorne ; Orbe inouï, mêlant dans l’azur nébuleux Aux lions constellés les sagittaires bleus.   Victor Hugo, « Le Satyre », La Légende des siècles, 1859.   L’infini ne connaît pas de limite.

FAUTES DE GRAPHIE QUAND LA MAJUSCULE S’IMPOSE-T-ELLE ? Dans la nuit du 25 au 26 avril 1792, Claude Rouget de Lisle, Français de trente-deux ans, officier en poste à Strasbourg, compose le « Chant de guerre de l’armée du Rhin »… Il commence ainsi : « Allons enfants de la Patrie ! / Le jour de gloire est arrivé ! » Peu après, le bataillon des Marseillais, en service à Paris, le fait sien, raison pour laquelle ce chant prend le petit nom de « Marseillaise » dans le peuple. Pensait-il qu’en 1879, La Marseillaise serait reconnue officiellement comme « hymne national français » ? Après avoir été mise à l’index sous la Restauration. Outre le fait qu’elle se place en début d’une phrase, la majuscule (dite aussi capitale) s’emploie après les points d’interrogation (?), d’exclamation (!), de suspension (…). Elle marque également les prénoms (Claude) et noms propres (Rouget de Lisle), les noms de nationalité (Français de trente-deux ans), les gentilés (nom des habitants d’une ville, Marseillais). On l’utilise pour les titres d’œuvres (La Marseillaise), les noms géographiques (Strasbourg), de périodes et dates historiques (Restauration), pour souligner et mettre en valeur un mot (Patrie), en poésie, au début des vers (Le jour de gloire est arrivé !)…

LA PREUVE PAR L’AUTEUR·E   «  La culture, depuis peu, s’écrit avec un «  C  » majuscule – ce n’est pas bon signe –, on parle de Culture et Communication, on pense Culture et Propagande. La culture est devenue un grand mot et une préoccupation médiocre. Quand j’entends parler de culture, je sors mon carnet de chèques. »   Jean d’Ormesson, «  La culture vivante  », Grandes signatures, 2008.

QUAND LA MINUSCULE S’IMPOSE-T-ELLE ? La minuscule (du latin minus, moins) est une lettre plus petite que la majuscule et que les typographes appellent « bas de casse ». Elle s’emploie toujours après la virgule (,), le point-virgule (;) et les deux-points (:). Elle est de mise pour les adjectifs de nationalité, les noms de langues. Le président de la République française est élu au suffrage universel direct depuis 1965. Le français est parlé dans de nombreux pays du monde. La particule, préposition (de, d’, des, du) précédant un nom de famille noble, prend une minuscule : Le général de Gaulle a été le premier président français élu au suffrage universel direct en 1965. Sauf si le nom n’est accompagné ni d’un prénom ni d’un titre : En 1965, De Gaulle est le premier président français élu au suffrage universel direct.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour ajouter que s’écrivent avec une minuscule les noms des religions et de leurs pratiquants : le catholicisme/ les catholiques, le judaïsme/les juifs, l’islam/les musulmans, le bouddhisme/ les bouddhistes, le protestantisme/les protestants…   Il en va de même pour les adeptes d’une doctrine politique  : les nazis, les socialistes, les bonapartistes, les communistes, les macronistes, les féministes…   Ou encore les courants philosophiques et leurs partisans  : l’existentialisme/ les existentialistes, le stoïcisme/les stoïciens, l’épicurisme/les épicuriens…   Suivent la même règle les écoles littéraires et artistiques  : le romantisme/ les romantiques, le surréalisme/les surréalistes, l’impressionnisme/les impressionnistes, le cubisme/les cubistes…   À quelques exceptions près «  Les Juifs  » écrit avec une capitale s’applique aux descendants d’Abraham en tant que peuple.

ÉCRIRE LES DATES AVEC OU SANS MAJUSCULE Les noms de jours et de mois ne prennent pas de majuscule dans l’emploi courant lorsqu’il s’agit d’indiquer une date. L’ordonnance de Villers-Cotterêts instituant le français comme langue officielle a été signée le jeudi 10 août 1539 par François Ier. S’il s’agit de faire référence à un événement historique, la majuscule est de mise au nom du mois lorsque l’année n’est pas précisée. Le 14 Juillet, la prise de la Bastille (1789). La nuit du 4 Août, l’abolition des privilèges (1789). La monarchie de Juillet, le régime monarchique entre 1830 et 1848, instauré après les 27, 28, 29 juillet 1830. Le 1erMai, la fête du Travail. Le 11 Novembre, la célébration de la fin de la Première Guerre mondiale. La même règle s’applique au calendrier républicain : Le 18 Brumaire, le coup d’État de Napoléon Bonaparte (an VIII, soit le 9 novembre 1799).   À quelques exceptions près On écrit Mai 68 avec une majuscule, bien que l’année soit mentionnée. Une erreur commune consiste à ajouter un trait d’union. Type : Mai-68 ou 14-Juillet.

J’ÉTOFFE MON VOCABULAIRE   En 1792, la Convention crée un nouveau calendrier, connu comme calendrier républicain ou révolutionnaire (entériné par décret en 1793).   C’est le poète Fabre d’Églantine (1750-1794) qui a trouvé le nom des mois. Il a puisé son inspiration dans le cours des saisons, les événements et les phénomènes en relation avec la nature.   Le premier jour de l’an est fixé à la date du 22 septembre (naissance de la Ire République en 1792), et non plus au 1er janvier. Vendémiaire, le mois des vendanges ouvre l’année. Puis, viennent brumaire, mois des brumes  ; frimaire, des frimas  ; nivôse, des neiges  ; pluviôse, des pluies  ; ventôse, du vent  ; germinal, de la germination  ; floréal, des fleurs  ; prairial, des prairies  ; messidor, des moissons  ; thermidor, des chaleurs  ; fructidor, des fruits.   Le calendrier grégorien retrouve son usage le 1er janvier 1806 (11 nivôse an XIV).

SAINT : AVEC OU SANS MAJUSCULE ? Il faut écrire saint avec une minuscule : – lorsqu’il désigne le personnage lui-même : On ne sait plus à quel saint se vouer. Le 6 décembre est le jour de la saint Nicolas. – quand il est employé comme adjectif : Le Vendredi saint marque le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus-Christ. – quand il entre dans un nom composé : Le saint-bernard est un gros chien de montagne.   Il faut écrire saint avec une majuscule et un trait d’union : –  lorsqu’il est employé comme nom propre de personnes (SaintExupéry), de lieux (Saint-Malo), d’habitants (les Saint-Germanois), de rues (boulevard Saint-Michel), de monuments (l’église Sainteustache), de fêtes (les feux de la Saint-Jean) –  dans certaines expressions telles que  : le Saint-empire, le SaintSiège, la Sainte-Trinité, le Saint-Sépulcre…

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous parler de Saint Louis.   Si la France est la fille aînée de l’Église, selon la formule consacrée, seul Louis IX (1214-1270) est un de ses saints-rois, dit Saint Louis, canonisé en 1297. Il a conquis son auréole pour avoir été un serviteur zélé de l’Église, toujours prêt à partir en croisade. On lui doit la construction du bijou parisien qu’est la Sainte-Chapelle, destinée à abriter la couronne d’épines du Christ et des fragments de la vraie Croix dont il avait fait l’acquisition.   Dans son cas, «  saint  » s’écrit avec une majuscule et sans trait d’union, car il s’agit d’un surnom. Pour la même raison, on écrit la Sainte Vierge quand on invoque Marie, la mère de Jésus.

M. OU MR ? Si vous parlez d’un monsieur et non d’un mister, en anglais dans le texte, vous devez abréger son titre de civilité en M. Un titre de civilité est une marque de politesse vis-à-vis d’une personne ou de sa fonction. Certains s’abrègent en majuscules : Monsieur → M. ; Messieurs → MM. ; Madame → Mme ; Mesdames → Mmes ; Mademoiselle → Mlle ; Mesdemoiselles → Mlles ; Maître → Me (pour un avocat ou un notaire) ; Docteur → Dr ; Professeur → Pr… Les titres de fonction, de noblesse, ne s’abrègent pas et prennent une minuscule  : le président, le maire, le comte, le roi… Il en va de même des titres religieux (le père abbé, la mère supérieure…). Les titres militaires, civils, universitaires suivis d’un patronyme s’écrivent aussi en toutes lettres  : le général de Gaulle, le docteur Petiot, maître Badinter… Si vous vous adressez à une personne, n’abrégez pas non plus  : oui, madame la directrice ; merci, monsieur le député…

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous signaler plusieurs formes particulières :   Dans un courrier ou courriel, on écrit : « Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes sentiments distingués. » Mais on écrit, en mentionnant le nom, «  Cher monsieur Paul Durand, ». Les abréviations sont à bannir. On écrit « l’Empereur », avec une majuscule, pour évoquer, sans le nommer, Napoléon Ier. Ou « le Général », sans préciser « de Gaulle ». De même, « le Saint-Père », pour désigner le pape. Lorsqu’on dit « le Président », sans ajouter « de la République », on l’écrit avec une majuscule. Mais on écrit «  le président Pompidou est mort en 1974 pendant son mandat  » avec une minuscule, car on mentionne son nom.

LA DIFFÉRENCE ENTRE SIGLES ET ACRONYMES Dans une société toujours plus pressée, la tendance est à l’abréviation et à l’utilisation de sigles et d’acronymes. Ils ne sont pas tout à fait synonymes, mais surtout n’obéissent pas aux mêmes règles d’écriture ni de prononciation. Les sigles reprennent les initiales de chaque mot en capitales et ne comportent pas de points. À l’oral, toutes les lettres se prononcent séparément, autrement dit, un sigle s’épelle. Type : « SNCF ». Les acronymes (du grec akros, «  extrême  », «  initial  », et onoma, «  nom  ») se prononcent comme des mots ordinaires, composés de syllabes. Selon une convention, seule la première lettre se met en majuscule. Type : « Capes ». Certains acronymes passés dans la langue courante, devenus noms communs, ont perdu leur capitale initiale et obéissent aux mêmes règles que les autres noms, prenant notamment la marque du pluriel. Type : « ovni(s) ». D’autres encore sont à la croisée des chemins. Tantôt sigles, tantôt acronymes, ils obéissent alors aux règles respectives de typographie et de prononciation propres à leur catégorie. Pour évoquer l’Organisation des Nations unies, on dit aussi bien ONU en détachant les lettres, que Onu en deux syllabes. Mais l’ÉNA, jouant sur les deux tableaux, se compose en capitales et se prononce le plus souvent en deux syllabes.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous présenter une liste de quelques sigles et acronymes d’usage courant :   Sigles  : ADN  : Acide désoxyribonucléique  ; CNRS  : Centre national de la recherche scientifique  ; CRS  : Compagnie républicaine de sécurité  ; GIGN  : Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale ; HLM : Habitation à loyer modéré ; IUT : Institut universitaire de technologie  ; OGM  : Organisme génétiquement modifié  ; OMS  : Organisation mondiale de la santé ; ONG ; Organisation non gouvernementale ; RATP : Régie autonome des transports parisiens… Sur ce modèle, s’est forgé un langage propre aux SMS (short message service) ou textos et aux réseaux sociaux : MDR : mort de rire ; OMG : oh my God ! ; MP : message privé ; BG : beau gosse ; JPP : j(e n)’en peux plus…   Acronymes  : Benelux  : Belgique, Nederland, Luxembourg  ; cedex : courrier d’entreprise à distribution exceptionnelle ; Otan : Organisation du traité de l’Atlantique Nord ; pacs : pacte civile de solidarité  ; sida  : syndrome d’immunodéficience acquise  ; toc  : trouble obsessionnel compulsif ; Urssaf : Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d’allocations familiales …

L’ACCENT CIRCONFLEXE Sorte de v cul par-dessus tête, les enfants l’appellent chapeau chinois. Il peut coiffer toutes les voyelles sauf le y. Il remplace une lettre ancestrale disparue (souvent le s)  : maistre a donné « maître ». On le trouve sur le i lorsqu’il est suivi d’un t dans la conjugaison des verbes en -aître (il paraît), -oître (il croît) et « plaire » (il plaît). Dans certains adverbes en -ment, formés sur le féminin de l’adjectif, il se substitue au e : assidue donne assidûment. Il est présent dans le suffixe péjoratif -âtre (verdâtre). À la 1re et à la 2e personne du pluriel, il distingue les pronoms possessifs (le, la, les nôtre(s), le, la, les vôtre(s)), des déterminants possessifs singuliers (notre, votre). Dans son Testament politique, Richelieu (1585-1642) estime qu’«  Il n’y a pas de nation au monde si peu propre à la guerre que la nôtre […]. »

MÉMO PHOTO   Il vous reste à faire travailler votre mémoire photographique pour retenir l’orthographe de cinquante mots courants, triés par ordre alphabétique, qui prennent un accent circonflexe :   abîme ; aîné ; alcôve ; allô ; âme ; âne ; arôme ; arrêt ; bâbord ; bâillement ; bâton ; blême ; câble ; chaîne ; châtiment ; chômage ; côté ; coût ; crâne ; dégât ; dîner ; diplôme ; enquête ; extrême ; fêlure ; flâner ; fraîche ; frôler ; gâchis ; gâteau ; grâce ; guêpe ; hôpital ; huître ; impôt ; intérêt ; mâchoire ; maîtrise ; pâtisserie ; piqûre  ; pôle  ; râpe  ; râteau  ; relâche  ; rêve  ; rôle  ; tempête  ; théâtre ; traîneau ; traître

L’ACCENT CIRCONFLEXE [SUITE ET FIN] : LE CAS PARTICULIER DES FORMES VERBALES Sur certains participes passés terminés par u, l’accent circonflexe est de mise. Cette règle concerne les verbes «  croître  » (crû), «  devoir  » (dû), « mouvoir » (mû). Après la mort du président Félix Faure en 1899, Georges Clemenceau, connu pour ses petites phrases assassines, a déclaré  : «  En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui. » Seul le masculin singulier est concerné par cette règle. Au féminin et au pluriel, l’accent circonflexe disparaît. On écrit cru·e(s), du·e(s), mu·e(s). Si, au passé simple de l’indicatif, les verbes ne prennent pas d’accent circonflexe à la 3e personne du singulier (il/elle fut), tous en prennent un aux 1re et 2e personnes du pluriel (nous fûmes/vous fûtes), ainsi qu’à la 3e personne du singulier au subjonctif imparfait (bien qu’il/ elle fût) et plus-que-parfait (bien qu’il/elle eût été). Bien qu’il eût été proclamé par son père empereur des Français sous le titre de Napoléon II en 1815, le fils de Napoléon Ier n’a jamais régné  : l’Aiglon n’avait que quatre ans et se trouvait à Vienne, à la cour d’Autriche.

LA PREUVE PAR L’AUTEUR·E   DON RODRIGUE Sous moi donc cette troupe s’avance, Et porte sur le front une mâle assurance. Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port, Tant, à nous voir marcher avec un tel visage, Les plus épouvantés reprenaient leur courage !   Pierre Corneille, Le Cid, IV, 3, 1637.   Nous partîmes et nous nous vîmes sont les formes que prennent les verbes «  partir  » et «  (se) voir  » à la 1re personne du pluriel du passé simple de l’indicatif.

Le TRéMA Il vient du grec trêma, « trou », « orifice », « point sur un dé ». Il est formé de deux petits points juxtaposés. Sans lui, deux voyelles accolées ne formeraient qu’un unique son, il a donc pour mission de leur rendre leur autonomie. Placé au-dessus de la 2e voyelle i, e, o (ä et ö n’existent pas en français), il sépare les couples : ai (haïr), au (capharnaüm), oi (ovoïde), oe (canoë), ue (ciguë), ui (exiguïté). On le trouve aussi sur le e du féminin des adjectifs en -gu pour conserver la prononciation du u, comme au masculin (aigu/aiguë, contigu/contiguë…), rappelant que la voyelle qui le précède doit être prononcée en tant que telle. La réforme de l’orthographe de 1990 a fait reculer le tréma d’une case sur les adjectifs en -gu. Il est maintenant perché sur le u, indiquant qu’il faut prononcer la lettre qu’il accentue (aigüe, exigüe…) Cette nouvelle règle n’étant qu’une recommandation, l’ancienne reste tout à fait admise. D’ailleurs, certains dictionnaires proposent désormais les deux graphies.

MÉMO PHOTO   Il vous reste à faire travailler votre mémoire photographique pour retenir l’orthographe de cinquante mots courants prenant un tréma, triés par ordre alphabétique :   aïeul ; archaïsme ; astéroïde ; baïonnette ; bonsaï ; caïd ; caïman ; camaïeu  ; canoë  ; Caraïbes  ; celluloïd  ; cocaïne  ; coïncidence  ; coït  ; corticoïde  ; dadaïsme  ; dalaï-lama  ; égoïne  ; égoïste  ; faïence ; glaïeul ; hébraïque ; hélicoïdal ; hémorroïde ; héroïque ; humanoïde ; inouï ; Israël ; judaïque ; laïc ; laïus ; maïs ; maoïste ; métalloïde  ; mosaïque  ; naïade  ; naïf  ; Noël  ; ouï-dire  ; ouïe  ; païen  ; paranoïa  ; prosaïque  ; sinusoïde  ; spermatozoïde  ; stoïcisme ; thyroïde ; troïka ; typhoïde ; voltaïque

DE L’USAGE DU C CÉDILLE Le terme cédille procède de l’espagnol cedilla, qui signifie « petit z ». C’est un petit signe qui se place sous la lettre c (en majuscule, Ç, ou minuscule, ç), pour lui donner la prononciation [s] devant les voyelles a (ça/Ça), o (façon), u (reçu). En l’absence de cédille, elle se prononcerait normalement [k]. Association en partie secrète, condamnée par l’Église au xviiie siècle, la franc-maçonnerie française se divise aujourd’hui en deux principales obédiences : le Grand Orient de France, fondé en 1773 et la Grande Loge de France, fondée en 1894. On notera que les mots (appartenant souvent au registre scientifique) d’origine latine ou grecque contenant cœ (cœliaque) ou cæ (et cætera) ne prennent pas de cédille et se prononcent néanmoins [s].

MÉMO PHOTO   Il vous reste à faire travailler votre mémoire photographique pour retenir l’orthographe de cinquante mots courants, triés par ordre alphabétique, qui prennent un c cédille :   agaçant  ; aperçu  ; balançoire  ; berçant  ; caleçon  ; colimaçon  ; commerçant  ; conçu  ; curaçao  ; déçu  ; défonçage  ; déplaçant  ; désarçonner  ; effaçable  ; exerçant  ; façade  ; faïençage  ; fiançailles  ; finançable  ; forçat  ; garçon  ; gerçure  ; glaçant  ; glaçon  ; grimaçant  ; grinçant  ; hameçon  ; imprononçable  ; influençable  ; lançant  ; leçon  ; limaçon  ; maçon  ; menaçant  ; Niçois ; perçage ; perçu ; poinçon ; ponçage ; provençal ; rançon ; rapiéçage  ; remplaçant  ; renonçant  ; rinçage  ; séquençage  ; soupçon ; suçon ; traçabilité ; tronçon

IL NE FAUT JAMAIS SÉPARER LE SUJET ET LE VERBE AVEC UNE VIRGULE La virgule (,) est un signe de ponctuation qui a pour objet de séparer des mots ou groupes de mots, des propositions dans une phrase, pour les isoler ou les mettre en relief. Elle marque de courtes pauses et facilite l’expression et la lecture. Mais elle ne coupe pas la phrase et n’est donc pas suivie d’une majuscule (sauf s’il s’agit d’un nom propre, bien sûr). On ne met jamais de virgule entre un sujet et un verbe. Le 10 juillet 1940, le Parlement vote les pleins pouvoirs à Pétain (cinq cent soixante-neuf voix contre quatre-vingts). On n’écrit pas  : «  Le 10 juillet 1940, le Parlement, vote les pleins pouvoirs à Pétain. » On ne met pas non plus de virgule entre le verbe et son complément d’objet (COD). On n’écrit pas  : «  Le 10 juillet 1940, le Parlement vote, les pleins pouvoirs à Pétain. » On ne met pas non plus de virgule entre un verbe d’état et l’attribut du sujet. On n’écrit pas : « Le 10 juillet 1940, suite au vote du Parlement, Pétain devient, seul détenteur des pleins pouvoirs. »

LA MINUTE DE VÉRITÉ   Dans l’extrait du discours prononcé par Jacques Chirac le 2 septembre 2002 lors du sommet mondial du développement durable à Johannesburg, en Afrique du Sud, retrouvez les virgules mal placées. «  Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous, refusons de l’admettre. […] La Terre et l’humanité sont en péril et nous en sommes, tous responsables. Il est temps, je crois, d’ouvrir les yeux. Sur tous les continents, les signaux d’alerte s’allument. L’Europe est frappée par des catastrophes naturelles et des crises sanitaires. L’économie américaine, souvent boulimique en ressources naturelles, paraît atteinte d’une crise de confiance dans ses modes de régulation. L’Amérique latine est à nouveau secouée, par la crise financière et donc sociale. En Asie, la multiplication des pollutions, dont témoigne le nuage brun, s’étend et menace d’empoisonnement un continent, tout entier. L’Afrique est accablée par les conflits, le sida, la désertification, la famine. Certains pays insulaires sont, menacés de disparition par le réchauffement climatique. » Correction nous refusons de l’admettre ; nous en sommes tous responsables ; L’Amérique latine est à nouveau secouée par la crise financière ; menace d’empoisonnement un continent tout entier ; Certains pays insulaires sont menacés de disparition

« QUASI » EST-IL SUIVI D’UN TRAIT D’UNION OU NON ? Le trait d’union (-) est un signe typographique qui sert de liaison. Il sert à relier entre eux les éléments des mots composés (gratte-ciel), se place entre le verbe et un pronom postposé, notamment dans les phrases interrogatives (aimez-vous ?), les formes de l’impératif (aimemoi), avec le t euphonique (aime-t-il ?). On l’utilise dans l’écriture des nombres (vingt-neuf), de voies portant le nom d’une personne (place Simone-Veil) ou indiquant une référence historique (place du 8-Mai-1945)… Quasi présente des particularités. Il n’est joint par un trait d’union qu’à un nom, jamais à un adjectif ou à un adverbe. Cas du nom  : Les obsèques de Molière ont eu lieu dans la quasiclandestinité. Cas de l’adjectif : Les obsèques de Molière ont été quasi clandestines, le 21 février 1673, en pleine nuit. Le curé de Saint-Eustache avait refusé l’inhumation, les comédiens étant excommuniés par l’Église. Il a fallu l’intervention de Louis XIV auprès de l’archevêque de Paris pour qu’ait lieu ce service minimum. Cas de l’adverbe  : Les obsèques de Molière ont eu lieu quasi clandestinement.

PROLONGATIONS   Il nous reste quelques secondes pour vous rappeler qu’il ne faut pas confondre le trait d’union (-) et le tiret (–).   Le tiret (–) est un signe de ponctuation utilisé pour présenter une énumération sous forme de liste et pour isoler des termes dans une phrase. Dans ce cas, il met en relief une information, plus que ne le feraient des parenthèses ou deux virgules.   Suite à un décret présidentiel de Charles de Gaulle en date du 12 juin 1968, une douzaine d’organisations étudiantes et politiques actives dans la révolte de Mai 68 – dont le Mouvement du 22 Mars fondé à Nanterre, auquel appartenait Daniel Cohn-Bendit – sont dissoutes.

Y A-T-IL OU Y’A-T-IL ? La forme correcte est y a-t-il. L’emploi de l’apostrophe dans une question ainsi formulée est une erreur due sans doute à une confusion avec « y’a » à la forme affirmative, mis familièrement pour « il y a ». Une des fonctions de l’apostrophe est en effet de retranscrire la langue populaire en tronquant une partie des mots ou expressions. Pendant la Terreur, les décapitations se multipliaient tant et attiraient un public si nombreux, y voyant un spectacle, qu’on pouvait entendre des sansculotte demander : « Y a-t-il guillotine aujourd’hui ? » Et d’autres leur répondre : « Oui, car il y a toujours trahison. » Le rôle principal de l’apostrophe est de remplacer la voyelle élidée d’un article (le, la/l’), d’un pronom (me/m’, te/t’, se/s’, le, la/l’), de «  que  » (qu’), «  de  » (d’), «  ne  » (n’), «  si  » (s’)… lorsque le mot suivant commence par une voyelle (e, a, i, o, y) ou un h muet. Ainsi évite-t-on un hiatus (rencontre de deux voyelles). Au cours de l’hiver 1954, l’Appel qu’a lancé l’abbé Pierre concerne l’aide aux sans-abri  : «  […] deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous la tente au pied du Panthéon, […]  ; l’autre à Courbevoie. […] “Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t’aime”. »

SI ON CHANTAIT   Y’a d’la joie bonjour, bonjour les hirondelles Y’a d’la joie dans le ciel par-dessus les toits Y’a d’la joie et du soleil dans les ruelles Y’a d’la joie partout, y’a d’la joie […] Y’a d’la joie ! La tour Eiffel part en balade Comme une folle, elle saute la Seine à pieds joints Puis elle dit « tant pis pour moi si j’suis malade J’m’embêtais tout’seule dans mon coin ».   Charles Trénet, « Y’a d’la joie », 1938.

IL NE FAUT PAS DE POINTS DE SUSPENSION APRÈS « ETC. » Comme leur nom l’indique, les points de suspension (…) affichent que l’on laisse une phrase ou son propos en suspens. L’interruption peut avoir plusieurs causes  : abandon en cours de route, hésitation, énumération abrégée… Ils vont toujours par trois (vous venez d’en avoir la preuve à l’instant), d’ailleurs on les appelle aussi les «  trois petits points  ». Ce chiffre semble s’être fixé au xxe siècle, mais même les spécialistes peinent à expliquer pourquoi. Dans le cas de l’énumération abrégée, ils équivalent à etc., raison pour laquelle cette abréviation de et cætera n’est jamais suivie de points de suspension qui feraient alors double emploi. La version en toutes lettres et cætera n’appelle pas non plus l’usage de points de suspension. En revanche, etc. prend un point, car c’est une abréviation. Les rois français, François Ier en tête, ont prisé la vallée de la Loire au point d’y construire de nombreux châteaux, inscrits depuis 2000 au patrimoine mondial de l’Unesco au titre du « Val de Loire entre Sullysur-Loire et Chalonnes  ». Chambord, Chenonceau, Amboise, Blois, Azay-le-Rideau, etc., sont parmi ceux-là.

SI ON CHANTAIT   En 1979, Serge Gainsbourg écrit une chanson intitulée «  Aux armes et cætera » à partir de La Marseillaise sur un air de reggae. Celle-ci fait scandale. Ironie de l’histoire, lorsqu’on lit la partition originale de La Marseillaise, à partir du deuxième refrain, les paroles de celui-ci ne sont plus reprises en entier, mais abrégées sous la forme : « Aux armes, etc. », écrit à l’époque &a.   Allons enfants de la patrie Le jour de gloire est arrivé Contre nous de la tyrannie L’étendard sanglant est levé Aux armes et cætera […] Amour sacré de la patrie Conduis, soutiens nos bras vengeurs Liberté liberté chérie Combats avec tes défenseurs Aux armes et cætera   Serge Gainsbourg, « Aux armes et cætera », Aux armes et cætera, 1979.

RÉPERTOIRE DES DIFFICULTÉS ABORDÉES MÉMENTO Les noms / les articles / les déterminants possessifs / les déterminants démonstratifs Les pronoms / les verbes / les verbes transitifs / les verbes intransitifs Les auxiliaires / les verbes pronominaux / la voix active et la voix passive / les adverbes Les prépositions / le complément d’objet direct (COD) / le complément d’objet indirect (COI) / le complément d’objet second (COS) FAUTES D’ACCORD Les accords du participe passé avec «  être  » et les verbes d’état Les accords du participe passé avec « avoir » L’accord du participe passé sans auxiliaire Quand n’accorde-t-on pas le participe passé des verbes pronominaux ? Accorde-t-on le participe passé des verbes impersonnels ? Le participe passé « fait » suivi d’un infinitif est toujours invariable Les dix mille euros que ma voiture a coûté ou a coûtés ? Vu la situation ou vue la situation ? Vive ou vivent les vacances ! ? Sujet inversé : ne pas oublier d’accorder le verbe

On ne met pas de nom au pluriel après « c’est » L’accord du verbe après « c’est moi qui… » Moi et d’autres formons un nous Comment accorder le verbe avec un sujet collectif ? Un armistice ou une armistice ? Une thermos ou un thermos ? Le masculin l’emporte (en grammaire seulement !) Emplois de « on » et accords Tous les accords avec le «  nous  » de modestie et le «  vous  » de politesse Pluriel des mots composés : pas d’accord Pluriel des mots composés : accord Des films-cultes ou des films-culte ? D’aventure en aventure ou d’aventures en aventures ? Des chefs d’entreprise ou d’entreprises ? Ils coûtent cher ou ils coûtent chers ? Quand accorde-t-on « ci-joint » ? Quand accorde-t-on l’adjectif après « avoir l’air » ? Maligne ou maline ? L’accord des adjectifs de couleur « Tout » : tous les accords Leur ou leurs ? Comment accorde-t-on « lequel », « auquel », « duquel » ? « Aucun » « Chacun » ne prend jamais la marque du pluriel Quand « plein » ne s’accorde-t-il pas ? Quand accorde-t-on « demi » ? « Debout » est toujours invariable FAUTES DE CONJUGAISON « Après que » est suivi de l’indicatif

Si j’avais su, je ne serais pas venu ou si j’aurais su, je ne serais pas venu ? Ne dites plus « il faut qu’on se voye » ! Je me vêts ou je me vêtis ? Vous dites ou vous disez ? J’ai fait ou j’ai fais ? Il convainc son auditoire ou il convaint ? Aime-moi ! ou Aimes-moi ! ? -rai ou -rais au futur de la 1re personne du singulier ? Certains verbes prennent deux i aux 1re et 2e personnes du pluriel à l’imparfait de l’indicatif FAUTES D’ORTHOGRAPHE Il ne faut pas confondre le participe passé et l’infinitif des verbes du 1er groupe Savoir aimer ou savoir aimé ? Provocant ou provoquant ? Soi-disant ou soit-disant ? Ce livre est-il bienvenu ou bien venu ? Prendre parti ou prendre partie ? La défaite subie ou subite ? Ledit ou le dit ? Les adverbes en -ment Les noms propres restent au singulier s ou x au pluriel des noms ? Le pluriel des mots étrangers Peut-on manger une seule rillette ? Le pluriel des nombres La bonne terminaison : « parmi » -i, « hormis » -is La bonne terminaison : « cauchemar » sans -d, « vertu » sans -e Les noms féminins en -té Psychiatre ou psychiâtre ? Dyslexie ou dislexie ?

Le m remplace le n devant m, b, p FAUTES DE CONSTRUCTION La bonne préposition : je vais à Paris ou sur Paris ? La bonne préposition : je vais à vélo au travail ou en vélo ? Je vais chez le coiffeur ou au coiffeur ? Le livre de ma fille ou le livre à ma fille ? La capacité de prendre une décision ou la capacité à prendre une décision ? Il est différent des autres ou il est différent que les autres ? Il est taxé de populisme ou de populiste ? « Prêt à » et « près de » Pallier le manque ou pallier au manque ? Je me rappelle mon premier baiser ou je me rappelle de mon premier baiser ? « Dont » se suffit à lui-même Il la lui envoie ou il lui envoie ? Dire ou ne pas dire « ne » ? On n’a pas ou on a pas ? Il s’en est allé ou il s’est en allé ? Ma mère et moi ou moi et ma mère ? Comment pose-t-on une question indirectement ? Poser la bonne question : pourquoi mon père est-il parti ? Ou pourquoi mon père est parti ? Question avec « est-ce que » : pas d’inversion du sujet FAUTES DE VOCABULAIRE Une espèce de ou un espèce de ? J’ai parlé après lui ou j’ai parlé derrière lui ? D’une certaine manière c’est ma faute ou quelque part c’est ma faute ? Parfois je me trompe ou des fois je me trompe ? Évitez « malgré que » Je suis allé courir ou j’ai été courir ?

Je lui en sais gré ou je lui en suis gré ? Nous sommes convenus ou nous avons convenu ? « Aussi » et « non plus » Vous n’êtes pas sans savoir ou vous n’êtes pas sans ignorer ? Il vaut mieux ou il faut mieux ? Ce qu’il faut ou ce qui faut ? Deuxième ou second ? Ne plus dire « chiffre » à la place de « nombre » et vice versa « Conséquent » n’est pas « important » Anglicismes FAUTES DE PROXIMITÉ Affection / infection - Affliger / infliger Agonir / agoniser - Alternance / alternative Aménagement / emménagement - Amener / apporter Amnistie / armistice - Astérisque / Astérix À l’attention de / à l’intention de - Billard / billot Bimensuel / bimestriel - Burn-out / black-out Caserne / caverne - Circonscrire / circoncire Conjoncture / conjecture - De concert / de conserve Décommander / déconseiller - Défigurer / dévisager Détonner / dénoter - Dorénavant / d’ores et déjà Effraction / infraction - Émigrer / immigrer Éminent / imminent - Enfantine / infantile Éruption / irruption - Évoquer / invoquer Gradation / graduation - Importun / opportun Insoluble / insolvable - Liaison / lésion Martyr·e / martyre - Ostensible / ostentatoire Passif / passible - Pénitencier / pénitentiaire Percepteur / précepteur - Perpétrer / perpétuer Prémices / prémisses - Prodige / prodigue Rabattre / rebattre - Ranimer / réanimer

Réchauffement / réchauffage - Recouvrer / recouvrir Relayer / reléguer - Sabler / sabrer le champagne Subornation / subordination - Survenir / subvenir Suspicieux / suspect - Vénéneux / venimeux Ad hominem ou ad nominem ? Au temps pour moi ou autant pour moi ? Filigrane ou filigramme ? Pécuniaire ou pécunier ? Potron-minet ou poltron-minet ? Quand bien même ou combien même ? Rémunération ou rénumération ? Saupoudrer ou soupoudrer ? A/à Aussitôt / aussi tôt Avoir à faire / avoir affaire Balade / ballade Ça / sa Ce / se Censé / sensé Ces / ses C’est / s’est Chaire / chair / cher·ère Compte / conte / comte Court / cours / cour Différent / différend Es / est Foie / fois / foi Font / fond / fonds / fonts La / là L’ai / les Ma / m’a / m’as Mais / mes / m’es On / ont

Ou / où Pair / paire Parce que / par ce que Pourquoi / pour quoi Pécher / pêcher Peu / peux / peut Plus tôt / plutôt Quand / quant à Quel que / quelque(s) / quelque Quelques fois / quelquefois Quoique / quoi que Seau / sceau / saut / sot Si / s’y Soi / soit / soie Sont / son Statue / statut Ta / t’a Tes / t’ai / t’es Ton / t-on / t’ont Tord / tort Vers / ver Voie / voix Voire / voir Pléonasmes FAUTES DE GRAPHIE Quand la majuscule s’impose-t-elle ? Quand la minuscule s’impose-t-elle ? Écrire les dates avec ou sans majuscule Saint : avec ou sans majuscule ? M. ou Mr ? La différence entre sigles et acronymes

L’accent circonflexe L’accent circonflexe : le cas particulier des formes verbales Le tréma De l’usage du c cédille Il ne faut jamais séparer le sujet et le verbe avec une virgule « Quasi » est-il suivi d’un trait d’union ou non ? Y a-t-il ou y’a-t-il ? Il ne faut pas de points de suspension après « etc. »

Bibliographie Dictionnaire des difficultés du français, Jean-Paul Colin, Les usuels du Robert, 1978. Le Français sans faute, Pierre Dagnaud-Macé et Georges Sylnès, coll. Profil pratique, Expression écrite et orale, Hatier, 1995. Grammaire, Le Robert & Nathan, éditions Nathan, 1995. Le Français correct, Grevisse, Guide pratique, 5e édition révisée et actualisée par Michèle Lenoble-Pinson, coll. Entre guillemets, Duculot, 1998. Le Pluriel de bric-à-brac. Et autres difficultés de la langue française, Irène Nouailhac, coll. Le Goût des mots, éditions Points, 2006. Le Grand Livre de l’orthographe et de la grammaire, Jean-Yves Dournon, Le Livre de Poche, 2007. Dictionnaire des difficultés du français, Joseph Hanse et Daniel Blampain, De Boeck-Duculot, 2012. Dictionnaire historique de la langue française, sous la direction d’Alain Rey, Le Robert, 2012. Les Clés du français correct, Delphine Gaston, Ideo, City Éditions, 2012. Bescherelle, L’essentiel, Adeline Lesot, Hatier, 2013. L’Excellence de la langue française, Roland Eluerd, Littré Références, éditions Rue des écoles, 2015. Dire, ne pas dire. Du bon usage de la langue française, Académie Française, éditions Philippe Rey, 2014, vol. 2, 2015. Les Plus Jolies Fautes de français de nos grands écrivains, Anne Boquel et Étienne Kern, Payot & Rivages, 2015.

 

L’Histoire de France pour les Nuls, Jean-Joseph Julaud, First Éditions, 2004. Les Dates de l’histoire de France, Delphine Gaston, Mini Poche, City Éditions, 2009. Bescherelle, Chronologie de l’histoire de France. Des origines à nos jours, Guillaume Bourel, Marielle Chevallier, Axelle Guillausseau, Guillaume Joubert, Hatier, 2013. L’Histoire de France en 1 000 citations, Michèle Ressi, Eyrolles, 2011.