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Italian Pages 585 Year 1998
Khanoussi, Mustapha; Ruggeri, Paola; Vismara, Cinzia a cura di (1998) L'Africa romana: atti del 12. Convegno di studio, 12-15 dicembre 1996, Olbia, Italia. Sassari, EDES Editrice Democratica Sarda. V. 2, P. 514-1036: ill. (Pubblicazioni del Dipartimento di Storia dell’Università degli studi di Sassari, 31.2). http://eprints.uniss.it/6110/
Documento digitalizzato dallo Staff di UnissResearch
Questo dodicesimo volume stampato per iniziativa del Dipartimento di Storia e del Centro di studi interdisciplinari sulle province romane dell'Università degli Studi di Sassari e dell'Institut National du Patrimoine di Tunisi, contiene i testi delle comunicazioni presentate ad Olbia tra il 12 ed il 15 dicembre 1996, in occasione del Convegno promosso sotto gli auspici dell'Association Internationale d'Épigraphie Grecque et Latine, dedicato al tema dell'organizzazione dello spazio urbano nelle province romane del Nord Africa, nella Sardegna, in Corsica e nella penisola iberica. Hanno partecipato oltre 200 studiosi, provenienti da 13 paesi europei ed extra-europei, che hanno presentato oltre 120 comunicazioni. Una sessione è stata dedicata alle nuove scoperte epigrafiche ed un'altra alle relazioni tra Nord Africa e le altre province; si è tenuta una tavola rotonda sullo schiavismo come xxm Sessione annuale del GIREA di Besançon. In parallelo si sono svolte alcune mostre fotografiche e si è jenuto il Seminario internazionale su «Il rinascimento musulmano ed i Fatimidi» (Arzachena per la storia della scienza). Come scrive Ginette Di Vita Evrard nella Presentazione, 26. Cette précision'est la bienvenue puisque d'une part la lecture proposée Diuo Aug(usto) Seuero est, en ·effet, sans exemple connu; et d'autre part, la vérification sur la pierre a montré sans l'ombre d'un doute qu'après Diuo on doit lire non pas Aug(usto) comme il a été proposé mais Pio. La lecture de la première ligne doit donc etre corrigée comme suit: Diuo Pio Seuero formule connue qu' on trouve attestée, par exemple, dans la dédicace de l ~ arc de triomphe de Caracalla à Theveste (Tébessa en AIgérie) qui commence ainsi: Diuo Pio Seuero (ILAlg. I 3037). I Tertullus est un affranchi impérial qui vient s'ajouter à la liste des procurateurs des carrières de marbre numidique. Il est, pour le moment, le plus. récent officialis m. n. que l'épigraphie a fait connaltre. 32 - Anonyme
*Inédite. ( Autel en marbre numidique trouvé en 176 sur le flanc nord de la colline Bourfifa. H.: 86,5 cm; larg.: 76,5 cm; Ep.: 70,5 cm. H. lett.: 6,5- 4,5 cm. . Diis Mauris Aug(ustis) s(acrum) Pro salute Aug(usti) Caesaris M(arci) Aureli [[Commodi AnJJtoni[ni] [- - - ?]toris [- - - ? proc(urator)] m(armorum) n(umidicorum) [- - - ?J io [- - - ?J Date: règne de Commode (180-193 après J.-C.) Le nom du dédicant de cet autel consacré aux Dii Mauri pour le salut de Ì'empereur Commode ne s'est pas conservé. Tout ce que l'on sait est que le personnage était procurateur des carrières.
26 T. KR.Aus, dans Simitthus, I, 1993, p. 60.
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B - Les offieiales marmorum numidieorum La documentation épigraphique connue à ce jour fait donc connaitre au total trente deux offidales marmorum numidicorum. C'est bien pèu quand on . pense au nombre d' employés qu' a da nécessiter l' exploitation directe par l' administration impériale du marbre numidique durant environ' deux siècIes et demi, de la période juIio-cIaudi.enne jusqu'à la fin de l'époque desSévère's. Le document le plus ancien connu jusqu'à maintenant est une inscription de' carrières trouvée à Rome et datée exactement de l'année 64 après J.-C. Elle mentionne un nommé Laetus qui est donc à considérer comme le plus ancien employé des carrières de :Chimtou' attesté par l'épigraphie. Le plus récent est le procurateuraffranchi impérial Tertullus qui a érigé un auteI au Divin Septime ,Sévère. Cependant, bien gue ne pouvant pas servir à une étude statistique de quelque valeur, cette documentation nous permet, tout de meme, de tirer queI. ques concIusions. Elle nous apprend que Ies offida/es n'étaient pas tous de la meme condition juridique. Deux groupes peuvent,en effet, etre distingués:. celui des affranchis et celui des esclaves.lulius Gal/us, dont le nom figure sur une inscription de carrières de l'année 138 après J.-C., constitue un cas à parto Pour ce qui est d'es fonctions assumées dans les carrières, Ies employés peuvent etre répartis en cinq grands groupes: les procuratores, les dispensatores, Ies rationales affranchis et escIaves qualifiés qui avaient la responsabilité de la comptabilité, Ies escIaves chargés de fonctions de bureau et Ies employés dont nous ne connaissons que le nom et qu' aucun indice ne' permet, pour le moment du moins, de leur attribuer une fonction précise.
a) Les proeuratores Neuf procurateurs sont actuellement cojmus~ Leur fonction est indiquée soit par l' abréviation proc tout court (trois cas), soit le plus souvent par l' abréviation proc. m. n. qu'on développe habituellement en proc(urator) m(armorum) n(umidicorum) mais que l'on peut développer également en proc(urator) m(etallorum) n(umidicorum). De ces neuf procurateurs, sept sont expIicitement indiqués comme des affranchis impériaux. Ce sont:Agatha, Alceta, Amyrus, lulianus, Pientius, Primus et Tertullus. Pour les deux autres procurateurs, Athenodorus· et Maximus, le statut juridique n'est pas indiqué. Cependant, comme, dans l:état actuel de la documentation, on n'a pas d'exemple de procurateur escIave, il ne nous semble pas téméraire de penser qu'ils étaient, eux aussi, des affranchis impériaux. Le plus ancien procurateur des carrières de marbre numidique connu actuellement est l'affranchi impérial Agatha dont la fonction se trouve indiquée dans la dédic~ce au Deus Aeternus faite par [- - -?]stia Phile et datable des
Tavola I
C. Iulius Aug. 1. Crestus Samianus.
Tavola II
a-C. lulius Aug. l. Crestus Samianus (part.).
b - Ti. Claudius Fel[ix] Cilicinenus.
Les officiales mannorum numidicorum
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années 137-141 après J.-C. II est meme très probable qu'il fut le premier offidalis à porter le titre de proc. m. n. Quant au plus récent procurateur attesté, c'est l'affranchi impérial Tertullus qui a érigé un autel au divin Septime Sévère ce qui permet de pIacer sa procuratèle sous le règne de Caracalla. La fonction de procurateur des carrières de· marbre numidique devait assurer à son titulaire des revenus substantiels. Bien qu' elle ne soit pas mentionnée explicitement dans le tableau de G. Boulvert27 , il nous semble cependant possible de l'assimiler au procurator marmorum classé parmi les postes de la catégorie E avec un traitement annuel de soixante mille sesterces28 • b) Les rationales Pour la période qui a précédé, c'est le terme ex rat(ione) placé devant le nom qui a été utilisé pour désigner le responsable des carrières. Le plus anèien exemple connu de cet usage est foumi par l'inscription de Rome datée de l'année 64 après J.-C. et qui dit:ex r(atione) Laet(i). Quant à l'attestation la plus récente, elle est datée de l'année 134 après J.-C. et indique: [ex r]at(ione) Pluriani Aug(usti) lib(erti). Voici la liste établie par ordre chronologique des employés dont le nom est précédé par ce terme:
Norns
Date
Statut juridique
Laetus
64
esclave impérial?
Felix
80-92
esclave impérial
Felix
107
esclave impérial
Agentius
110
?
. Callistus
110
affranchi impérial
Felix
111
esclave impérial
Plurianus
134
affranchi impérial
Puteo
?
affranchi impérial
Salutaris
?
?
27
28
Domestique etfonctionnaire sous le Haut-Empire romain, Paris, 1974, pp. 151- 154. /bid., p. 155.
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c) Les dispensatores L'unique représentant de cette catégorie d' officiales connu jusqu'à maintenant est le Galata révélé par l' épitaphe d' Alexandria. Il s' agit d'un Aug(usti) n(ostri) uerna qui est dit explicitement disp(ensator) m(armorum) n(umidicorum). Il avait donc la responsabilité de tenir la trésorerie des carrières impériales de marbre numidique. d) Les officinatores Des affranchis impériaux connus comme officiales m. n., quatre n'ont pas exercé la fonction de procurateur. Il s'agit de: - Callistus - Plurianus - Puteo - Salutaris Tous les quatre ne sont dit dans les inscriptions qui les mentionnent que des Aug. lib. Aucune fonction précise ne leur est attribuée. Cela ne signifie aucunement qu'ils n'en avaient pas. Le simple fait que leurs noms figurent dans des "inscriptions officielles" gravées sur des blocs qui sortaient des carrières impéria}(~s, constitue, à lui seuI, un indice de responsabilité. Il ne devait. pas etre donné à tous les officiales de voir leur nom gravé sur un produit de la propriété de l'Empereur. Il ne nous semble donc pas hasardeux de voiren ces affranchis des officinatores, sorte de conducteurs de travaux ou de chefs de chantier responsables d'une carrière. Passons maintenant à l' examen de la pIace et du rOle occupés par les esclaves impériaux dans les carrières de Chimtou. En comparaison avec le nombre des affranchis connus, le leur, révélé jusqu'ici par l'épigraphie, parait bien modeste. Cinq esclaves seulement sont à ce jour attestés par les inscriptions. C'est bien peu si l'on pense à tous ceux qui ont diì etre employés dans les taches multiples et diverses que demandaient les travaux d'extraction, les .fonctions administratives et celles qui avaient trait à la vie quotidienne dans le
campo e) Autres affranchis impériaux attestés à Chimtou En plus de ceux dont l' appartenance au corps des officiales marmorum numidicorum est établie, nous avons à Chimtou l' attestation d' autres affranchis impériaux. Leur nombre s' élève actuellement à trois: - C. Iulius Aug. l. Crestus Samianus Inédite (Tav. I e II, a).
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Stèle funéraire en marbre numidique trouvée à Chimtou, en remploi dans une tombe mod~me dans le petit cimetière rural situé entre le quartier du forum et la Majrada. Jncomplète en haut et brisée en bas, elle présente sur sa face principale une niche à sommet cintré et encadrée par deux colonnes. Un personnage debout de face sur un piédestal est figuré dans la niche. Au-dessous, on lit l' épitaphe suivante: H~: 45 cm; largo : 30 cm ; Ep. : 7 cm. H.lett. : 3 - 1,5 cm C(aius) /ulius Aug(usti) l(ibertus) Crestus Samianus [- - - ?] _ Le défunt, un affranchi impérial, porte, comme Trimalcion, le héros du Satyricon de Pétrone, deux sumoms: Crestus et Samianus. Cette particularité29 , ajoutée à l'absence d'invocation des dieux Manes et au fait que le défunt est un C. /ulius donc un affranchi soit de César, soit plus probablemeni d'Auguste - tout en pouvant etre également un affranchi de Tibère ou de Ci:lligula- permet de dater cette stèle de la première moitié du Ier siècle après J.-C .
.. Ti. Claudius Hilario C/L, 25671; ILTun,1258 /ulia Saturnina / Daphni Ti(berii) Claudi(i) / Hilarionis l(iberti) uxor / uixit annis L[X uel V - - - ?] / H(ic) s(ita) e(st) / O(ssa) t(ibi) b(ene) q(uiescant) [T(erra) t(ibi) l(euis) s(it)]. La défunte, /ulia Saturnina, est l'épouse d'un certain Daphnus qui était un affranchi d'un nommé Ti. Claudius Hilario. Le cognomen de ce demier dénote une origine servile. Son praenomen et son gentilice montrent qu'il a été l'affranchi d'un empereur claudien. Ce fait ajouté à l'absence d'invocation aux dieux Manes autorise à dater cette épitaphe de la deuxième moitié du Jer siècle après J.-C .
... Ti. Claudius Felix Cilicinenus Inédite (Tav. II b). Peti te plaque en marbre numidique incomplète à gauche. La partie restante
29 Voir P. VEYNE, Trimalchio Maecenatianus. dans Hommages à Albert Grenier, ColI. «Latomus» LXII, 1962, p. 1617: «pour.les affranchis, le fait de porter deux cognomina (dont le deuxième est régulièrement en -anus ) est caractéristique du premier siècle de notre ère».
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est brisée en trois fragments qui se raccordent. H.: 22 cm; larg.: 21,5 cm; Ep. : 4,5 cm. H .. lett.': 2,2 - 2 cm' Diis Mani[bus sacrum] Ti(berius) Claudius Fel[ix - - - ?], Cilicinenus [- - - ?] uixit ann(is) U (uel IL) m[- - - ?] H(ic) s(itus) e(st). Le défunt a, comme C. Iulius Crestus Samianus, deux cognomina:Felix et Cilicinenus. Vu la date de l'épitaphe (2e moitié du Jer siècIe après I.-C.), cela dénoterait une origine servile du défunt qui aurait reçu la liberté d'un empereur julien. Comme on peut le remarquer, les trois documents qui précèdent sont tous datables Jer siècIe après I.-C. Les personnages qu'ils font connaitre semblent avoir toutes les chances d' avoir été, eux aussi,à un moment de leur vie des employés impériaux dans les carrières de marbre numidique!
Zeiileb Benzina Ben Abdallah Un nouvel affranchi impérial de l' époque des Sévères
Panni les inscriptions latines palennes du Musée National du Bardo 1, il existe un lot non négligeable d'inédits, de provenance généralement inconnue. Extrait de cette collection épigraphique2, le document que je me propose de présenter, dans le cadre de cette table ronde, est intéressant tant du point de vue historique qu'iconographique. Il s'agit de l'épitaphe d'un affranchi impérial gravée sur un cippe3 sculpté sur trois de ses faces. Les deux faces latérales (tavv. I e II) sont creusées de niches, à sommet arrondi, renfennant deux amours ailés appuyés sur une torche renversée4; une guirlande végétale attachée à ses extrémités par deux rubans est placée au-dessus de chaque niche5 • La face principale (tav .111) présente une épitaphe sunnontée d'une niche rectangulaire OÙ sont figurés, de face, trois personnages en pied. Contrairement aux. visagès, malheureusement arasés6 , leurs corps, dans un excellent état de conservation, permettent de distinguer nettement les détails des costumes romains qui les enveloppent (tav. IV, a). A droite d'un petitautel, un homme au visage ovale tient dans la main droite une patère posée verticalement SUf l' autel et dans celle de gauche, un objet indistinct, sans doute une pyxide. Vetu d'une tunique, il est drapé dans un manteau à plis, largement décolleté, qui tombe de l' épaule gauche et vient 1 Cf. Z. BENZINA BEN ABDALLAH, Catalogue des inscriptions latines parennes du Musée du Bardo, Rome, 1986. 2 J'ai déjà publié un certain nombre de documents, cf. notamment «CRAI», 1988, p. 237251 ; ibid., 1992, p. 11-27; «BCfH», n. s. 22,1922, p. 63-67; «Coli. Latomus»,226, 1994, p. 185. 194; «CEDAC», 15, 1996, p. 16-19 et «AntAfr», 32,1996, p. 113-143. 3 Cippe en pierre calcaire de couleur jaunatre, de 142 cm de hauteur, 58,5 cm de largeur et de 50 cm d'épaisseur. . 4 Le motif de l'Eros funèbre, appuyé sur une torche renversée, est fréquent sur les sarcophages et cippes romains; cf. «DictAnt» S.v. «Cupido» M. COWGNON, 1-2, p. 1609-1610, et «DictAnt», s.V. "Fax" E. POTl1ER, D-2, p. 1029. n est à noter que les Amours sont représentés d'une manière plutot maladroite (bras disproportionnés, absence de souplesse dans leur attitude...) et schématique (en particulier les striesdes ailes et de la torche. 5 La guirlande est un élément de décor qu'on rencontre fréquemment sur les monuments funéraires de type romain ; elle évoquerait la cérimonie des Rosalia. Sur son caractère funéraire, cf. notamment G.-CH. PICARD, Le cippe de Beccut, «Ant.Afr.», 4,1970, pp. 131 sq. 6 Les deux personnages de droite ne gardent qu'une partie des yeux fendus en amande et logés sous une épaisse arcade sourcilière. Les pupilles sont indiquées par un trou assez profondo
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Zefneb Benzina Ben Abdal/ah
s'attacher sur le flanc droit; ce lui-ci est épaissi à la lisière par des plis groupés. Le corsage du personnage, finement sculpté, constitue l' élément le plus originaI: des plis plats verticaux délimités, de part et d'autre, par de tout petits plis horizontaux, évoquant un jabot. A gauche de l' autel, une femme, avec une coiffure en «cotes de melon»7, porte une tunique à manches resserrée sur la taille et dont le corsage est identique à celui de I'homme. Le bras droit dégagé, elle est enveloppée dans un drapé qui descend en plis très serrés, en forme de V renversés,jusqu'aux che-o villes, pour se terminer en pointe, avec un mince liseré. A gauche de la niche, un second personnage féminin, légèrement plus petit de taille et à l'allure frele, est recouvert d'un drapé semblable au précédent, avec cette différence que ce lui-ci se termine par un bourrelet torsadé, alors que l'autre forme sur les hanches un épais bourrelé de plis en éventail. Le bras droit, enveloppé dans une draperie, est replié sur la poi trine vers l' épaule gauche. Le sommet de la niche est omé d'une guirlande végétale retenue, à chaque extrémité, par deux rubans flottants qui encadrent l' image des trois personnages8 • En définitive, bien qu'empreint d'une certaine originalité - et notamment dans le traitement du plissé des corsages9 :-, l'art de ce ce document, par son aspect à la fois nalf et maladroit 10, s'apparente à celui de l'art figuratif traditionnel que l' on retrouve, sur ce type de monument, aux ne et nle siècles après J.-C. etjusqu'au IVe siècle ll . Il s'agit en fait, ainsi que l'a noté, fort à propos, A. Beschaouch, de «la diffusion, dans l'espace et dans le temps, des conceptions esthétiques punico-numides d'abord recorulues à Mactar et en Tunisie centrale .. .t 2».
7 Sur ce type de coiffure faite d'épais bandeaux transversaux répartis de part et d'aulre d'une raie médiane et répandue dans le monde romaio aux IIe-me sièc1es, cf. S. REINACH, Recueil des tetes antiques,Paris, 1903,p.178-17getE.POTIIER,DictAnts.v. "Coma':, I-l,p. 1361 (fig. 1826)etp. 1369.
8
Sur le caractère funéraire de la guirlande, cf. supra nt. 5.
Le traitement des drapés des personnages féminins ainsi que celui des corsages sont, à notre connaissance, rares en Afrique. lO Aspect qui s'exprime dans le rendu de certains détails tels que l'importance.des tetes, la disproportion des doigts de la main chez les personnages féminins ou encore la stylisation des draperies, avec des plis raides et secs. Cet aspect est aussi nettement visible dans la représentation des Amours funèbres, sur les faces latérales du cippe; cf. supra, nl. 4. Il Un art qui s'inscrit dans la tradition de l'art populaire africain, marquée par la frontalité, la symétrie et le schématisme, cf. A. BESCHAOUCH, Une stè/e consacrée à Saturne, «BCTH», n. s. 4,1968, p. 264-268. 12 Ibid, p. 268. 9
Un nouvel affranchi impérial de l'époque des Sévères
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Le texte (tav. IV,b): Le champ épigraphique, délimité par un cadre, a une hauteur de 60 cm et une largeur de 45 cm. L'inscription est dans un assez bon état de conservation, avec une gravure assez soignée pour les quatre premières lignes du texte 13 ; la graphie des deux demières lignes, d'une facture différente, 'est plus profonde et moins régulière 14• Les lignes de guidage sont bien visibles. Vaeat de deux lignes entre les lignes 4 et 5. La hauteur des lettres varie entre ~,5 cm (1. 1) et 5 cm (1. 2 à 5). Transcription du texte:
D. M. S. VICTOR.AVGGGLffi VIXITc:?ANNISc:?XLVII FRVNITAVXORFECIT CEMELLINASERFILIA
EORVMVAVII Le texte qui ne pose pas de difficulté de lecture peut etre développé comme suit: D(iis) M(anibus) s(aerum). / Vietor Aug(ustorum trium) lib(ertus) I uixit annis XLVII. / Frunita uxor fecit. / Vaeat de deux lignes Gemellina ser(ua)filia / eorum u(ixit) a(nnis) VlI. La dédicace funéraire a été érigée par une certaine Frunita l5 , pour son mari Vietor, mort à l'age de 47 ans et pour sa fiUe Gemellina 16 , morte à l'age de 7 aris. Le statut social des deux défunts nous est foumi; ils'agit d'un père affranchi et de sa fiUe esclave. Le père, Vietor, est un affranchi impérial (Auggg.
, 13 Hederae, après uixit et annis
à la ligne 3.
14 Cette différence de graphie appamit en particulier pour Ies Iettres A, E et F.
IS Le cognomen Frunita appamit pour la première fois, en Afrique. Sur ce sumom qui est une variante du nom, plus commun, Fructus, cf. I. KAJANTo, The Latin cognomina, Rome, 1982, p. 352. Il est surtout attesté chez Ies esc1aves et Ies affranchis, cf. Id., ibid., pp. 88-90. Cf. en demier lieu, A.M. Cossu, dans "L'Africa romana", X, 2,1992, p. 978. 16 Contrairement à Frunita, Ies deux défunts portent des sumoms, Victor et Gemellina, qui sont bien attestés en Afrique.
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Ub.l 7 ) ; les tres Augusti auxquels Vietor doit sa liberté sont Septime Sévère et ses deux fils, Caracalla et Géta 18. Ce qui permet de dater cette inscription des premières années du IIIe siècle19• Cette date est d'ailleurs corroborée par d'autres critères de datation et notamment par l'invocation aux Dieux Manes sous sa forme abrégée et par la coiffure en «cotes de melon»· du personnage centrai représenté sur le bas-reliepo. Cependant, Frunita, l'épouse (ùxor) de Vietor ne mentionne pas sa condition sociale; mais celle-ci se devine par voie d'induction. Le statut juridique de la fiUe (sèrua flUa eorum)21 étant indiqué clairement, il ne fait aucun doute que Frunita était encore esclave au moment de la rédaction des deux épitaphes. N'ayant pas de personnalité jurldique, l' esclave ne peut avoir en droit ni . épouse, ni famille; mais il existe des unions de fait - notamment chez les esClaves impériaux - avec de très nombreux exemples d'uxores, eoniuges, mariti attestés par les inscriptions22 • Les enfants nés d'un eontubernium sont, par définition, illégitimes et ils suivent la condition juridique de leur mère23 • Que la petite Gemellina soit née avant ou après l'affranchissement de son père, cela n'a aucune importance; elle suit, quoiqu'il arrive, la condition de sa mère. L'union entre Vietor et Frunita a donc commencé dans l'esclavage; par la suite, Vietor a reçu le statut d'affranchi impérial alors que Frunita a gardé son statut servile 24 et ce jusqu' à la mort de son mari, date de la rédaction de l' épitaphe.
11 Libertus est abrégé ici en Iib. A partir des Flaviens, l'abréviation lib. supplante souvent I. pour les affranchis impériaux. Cf. P.R.C. WEAVER, The Status Nomenc/ature of the Imperial reedmen, «ClassQuarterln, 13, 1963, pp. 274-276.
18
Cf. notamment ILAlg, I, 3133 et ILAlg, II,1,668 (= ILS 1438).
19 Et plus précisément entre 198 et 211; cf. notamment P.R.C. WEAVER, Dated Inscriptions
of Imperial Freedmen and Slaves, 1973, p. 225 (à propos de l'inscription ILAlg, II, 1,668). 20
Cf. supra, nt. 7.
Avec l'emploi du pronom de rappel eius (possessifnon réfléchi) au génitifpluriel qui renvoie aux deux personnes mentionnées dans la première partie du texte, il semble bien que Frunita ait voulu affirmer qu'il s'agit bien de