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La situation des PME au Maroc : état des lieux et propositions
Travail de fin d’étude en vue de l’obtention du Diplôme de la licence professionnelle en management opérationnel des organisations
Travail établi par : Mlle Bouchra Fakiri M. Ahmed Zerrad
Sous l’encadrement de M. Raouf Belhachemi
M. Yassine El Mahfoudi
Décembre 2015
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TABLE DES MATIERES TABLE DES MATIERES.............................................................................................................2 REMERCIEMENTS...................................................................................................................3 INTRODUCTION…………….........................................................................................................4 CHAPITRE 1: ESSAI DE DEFINITION, POIDS ET PLACE DE LA PME AU MAROC........................5 1.1 LA PLURALITE DES DEFINITIONS DE LA PME............................................................................................5 1.1.1 Problématique d’une définition internationale de la PME................................................................5 1.1.2 Définitions de la PME au Maroc ..........................................................................................................6 1.2 POIDS ET PLACE DE LA PME AU MAROC ....................................................................................................9 1.2.1 Poids des PME dans le tissu productif national ...................................................................................9 1.2.2 Rôle socio économique des PME an Maroc .........................................................................................9 1.2.3 Profil et performances économiques et financières des PME an Maroc ..........................................12
CHAPITRE 2: EVALUATION DU SYSTEME DE FINANCEMENT ET DU DISPOSITIF D’APPUI DE LA PME AU MAROC.......................................................................................................…...16 2.1 ETAT DES LEIUX ET EVALUATION DU SYSTEME DE FIANANCEMENT DES PME.............................................16 2.1.1 Sources de financement des PME...................................................................................................16 2.1.2 Evaluation de l’accès au financement des PME ................................................................................20 2.2 PRESENTATION ET EVALUATION DES DISPOSITIFS D’APPUI DEDIES AUX PME...........................................24 2.2.1 Présentation des programmes de soutien aux PME ..........................................................................24 2.2.2 Evaluation du système d’appui aux PME ..........................................................................................26
CHAPITRE 3: CONTRAINTES AU DEVELOPPEMENT DE LA PME AU MAROC ET PROPOSITION DE MESURES D’ACCOMPAGENEMENT...........................................................................…...27 3.1 CONTRAINTES PROPRES AUX PME..............................................................................................................27 3.1.2 Contraintes financières .....................................................................................................................27 3.1.2 Contraintes administratives et réglementaires.................................................................................28 3.1.3 Contraintes propres aux PME ............................................................................................................29 3.2 PROPOSITIONS DE MESURES D’ACCOMAPGNEMENT AUX PME..................................................................30
CONCLUSION ......................................................................................................................33 BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................34
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REMERCIEMENTS
Nous tenons à exprimer nos vifs remerciements pour notre enseignant M. Raouf Belhachemi, d’avoir accepté de nous encadrer pour notre projet de fin d’étude, ainsi que pour son soutien, ses remarques pertinentes et son encouragement.
Nos plus vifs remerciements s’adressent aussi à tout le cadre professoral et administratif de l’Institut Visa School de Marrakech.
Nos remerciements vont enfin à toute personne qui a contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce travail.
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INTRODUCTION
Les PME au Maroc sont considérées comme l’épine dorsale de l’économie car elles jouent un rôle déterminant dans le développement économique et social aussi bien sur le plan national que régional. En effet, Les PME représentent en terme de nombre 99% des entreprises1, emploient plus de 80% de la population active1 mais leur participation au PIB se limite à environ 40%1. Malgré les efforts entrepris par les institutions publiques en faveur des PME en termes de financement et d’appui pour leur promotion, La contribution des PME marocaines à la croissance réelle du pays demeure en deçà des potentialités que peut faire valoir ce type d’entreprises.
L’objectif de ce travail est de fournir quelques éclairages sur la situation des PME et de contribuer à la réflexion sur une question de grande actualité au Maroc, à savoir celle de la leur promotion. Ce travail consistera principalement à l’étude et l’analyse des contraintes au développement des PME au Maroc en se focalisant particulièrement sur l’efficience du dispositif de financement et d’appui dédiés à cette catégorie d’entreprises. Pour se faire, l’étude présentera dans un premier temps, l’état des lieux des concepts liés à la définition de la PME et dresse une typologie des PME au Maroc avec leur contribution au développement socio-économique. Elle expose, dans un seconds temps, les modes de financement et les programmes d’appui mis en place pour soutenir les PME et évalue l'efficience de ces dispositifs. Enfin, l’étude tente de discerner les défaillances propres aux PME et les contraintes externes freinant leur développement avant de conclure par des propositions de pistes de réflexion visant à améliorer la contribution des PME dans la croissance économique du pays en renforçant leur capacité financière et en dynamisant leur activité.
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Source : Inforisk, étude ‘’éclairage sur la situation des PME au Maroc, mai 2011.
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CHAPITRE 1: ESSAI DE DEFINITION, POIDS ET PLACE DE LA PME AU MAROC
1.1 Pluralité des définitions de la PME
1.1.1 Problématique d’une définition à l’international de la PME
Quelle est la distinction entre une PME et une grande entreprise ? A l’heure actuelle les recherches sur le plan international n’ont abouti à aucune définition standard et universelle. En effet, chaque pays dispose de sa propre définition. Le rapport Bolton sur les PME en Grande Bretagne, élaboré dans les années 70, constitue l’une des premières références en la matière et qui définit la PME selon trois principaux critères, à savoir : Direction personnalisée par les propriétaires de l’entreprise : la quasi totalité des décisions de l’entreprise sont prises par les propriétaires et il y a rarement une délégation des pouvoirs. Une part de marché restreinte : la PME ne peut agir sur les prix en raison de sa part de marché réduite. De ce fait, ne peut être considéré comme PME, toute entreprise ayant une position dominante sur une niche. L’indépendance de la PME : une entreprise est catégorisée comme PME ne doit pas être dans les girons d’un groupe important bien que sa taille soit très réduite. Il en ressort à l’issue de plusieurs recherches essayant d’enrichir cette définition, deux grandes familles de critère pour définir les spécificités des PME, à savoir : Les critères quantitatifs : Cette approche fait référence à la taille et un ensemble d’éléments relatif à l’activité : l’effectif global permanent, le chiffre d’affaires, l’endettement, le total bilan, la valeur ajoutée, le capital social et la part de marché. Cette approche présente l’inconvénient de ne pas permettre de donner une définition internationale, unifiée et homogène de la PME au vue de la diversité économiques et financières d’un pays à l’autre. Par ailleurs, les critères adoptés ne prennent en compte que des indicateurs apparents de l’entreprise. Les critères qualitatifs : Cette approche privilégie la dimension humaine de l’entreprise. L’élément primordial pour définir la PME est l’aspect humain.
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La confédération générale des petites et moyennes entreprises française définit la PME comme ‘’une unité de production ou de distribution, une unité de direction ou de gestion sous l’autorité d’un dirigeant entièrement responsable de l’entreprise, dont il est souvent propriétaire et qui est directement lié à la vie économique de l’entreprise’’. D’autres approches présentent des multicritères plus descriptives mettent en avant certaines caractéristiques qui peuvent différencier les PME : Rôle omniprésent du dirigeant dans la gestion quotidienne de la PME ; Manque de spécialisation pour le personnel de direction ; Absence de pouvoir de négociation avec les clients et fournisseurs ; L’autofinancement est le plus souvent la solution choisie par les dirigeants face aux besoins de financement à cause de l’inaccessibilité aux marchés financiers et bancaires.
1.1.2 Définitions de la PME au Maroc
L’analyse des PME marocaines, nous révèle un des premiers constats, celui de l’ambigüité autour de leur définition. En effet, la définition de la PME au Maroc a connu une évolution en relation avec la multitude de textes juridiques visant principalement à mettre en place des dispositifs d’appui à ce type d’entreprise en raison de leur fragilité. Il s’agit chronologiquement des dispositions contenues dans les textes ci-après : La procédure simplifiée accélérée de 1972 ; Le code des investissements de 1983 ; Les dispositions du FOGAM pour la mise à niveau des PME ; La définition de la banque centrale Bank Al-Maghrib de 1987 ; La charte des PME de 2002. La dernière définition de PME Maroc (Ex ANMPE).
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Pour notre part, nous ne contenterons de traiter plus particulièrement les trois dernières définitions.
Définition de la banque centrale : Bank Al-Maghrib Dans le cadre de la mise en place des approches avancées « Bâle II » en matière du risque de crédit, les seuils de segmentations de la banque centrale du Maroc (BAM) ont été revus et une nouvelle définition a été élaborée. Deux critères déterminants ont été retenus2 : le chiffre d’affaires annuel et le montant des crédits bancaires dont la PME bénéficie. La circulaire n° 8/G/2010 relative aux exigences en fonds propres pour la couverture des risques de crédit, de marché et opérationnels, a établi les critères de segmentation prudentiels que les établissements de crédits doivent appliquer pour les besoins de détermination des exigences en fonds propres au titre du risque de crédit. Il s’agit des critères suivants : La grande entreprise : le chiffre d’affaire hors taxes ou celui du groupe d’intérêt auquel elle appartient, est supérieur à 175 Millions de Dirhams ; La petite et moyenne entreprise : y compris les entrepreneurs individuels est celle qui répond à l’une des deux conditions suivantes : Le chiffre d’affaires hors taxe ou celui du groupe d’intérêt auquel elle appartient est supérieur à 10 Millions de Dirhams et inférieur ou égal à 175 Millions de Dirhams; Le chiffre d’affaires hors taxe est inférieur à 10 Millions de Dirhams et le montant global des créances que détient l’établissement de crédits à son égard ou du groupe d’intérêt auquel elle appartient, est supérieur à 2 Millions de Dirhams ; La très petite entreprise : le chiffre d’affaires hors taxe ou celui du groupe auquel elle appartient est inférieur à 10 Millions de Dirhams et le montant global des créances détenues à son égard est inférieur à 2 Millions de Dirhams.
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’Cf. Annexe 1 de la circulaire N° 8/G/2010 de BAM, Rabat, 31 décembre 2010, page 26.
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Définition de la charte des PME : version légale Depuis la loi 53-00 formant "Charte de la PME"3 du 23 juillet 2002, la PME a désormais une définition "officielle". Conformément à l'article premier de cette loi, la PME est décrite selon trois critères : Le premier lié à la gérance qui doit être assurée directement par des personnes physiques qui en sont les propriétaires, copropriétaires ou actionnaires ; Le second critère est relatif à la propriété du capital ou au droit de vote qui ne peut être détenu à plus de 25% par une entreprise ou un ensemble d’entreprises qui ne correspondent pas à la définition de PME. Par ailleurs, les PME doivent répondre aux deux conditions suivantes : - avoir un effectif permanent ne dépassant pas 200 personnes, - avoir réalisé, au cours des deux derniers exercices, soit un chiffre d’affaires hors taxes inférieur à 75 millions de Dirhams, soit un total de bilan inférieur à 50 millions de Dirhams. La charte propose également des critères spécifiques aux entreprises nouvellement créées, celles qui ont moins de deux années d'existence : sont considérées comme PME les entreprises ayant engagé un programme d’investissement initial inférieur à 25 millions de DH et respectant un ratio d’investissement par emploi inférieur à 250 000 DH.
Nouvelle Définition de PME Maroc (Ex-ANMPE) La nouvelle définition de la PME émise par PME Maroc4 prend en considération seulement le critère du chiffre d’affaires et fait abstraction du total bilan et de l’effectif de l’entreprise. Cette nouvelle définition de la PME où seul le critère du chiffre d’affaires est retenu, 175 millions constituera le seuil séparant la PME (CA < 175 millions) de la Grande Entreprise (CA > 175 millions). Selon cette définition, trois sortes d’entreprises sont distinguées : La très petite entreprise (TPE): moins de 3 millions de Dirhams ; La petite entreprise (PE): entre 3 et 10 millions de Dirhams ; La moyenne entreprise (ME): entre 10 et 175 millions de Dirhams.
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Cf. article premier du Bulletin officiel N° 5036- du 27 JOUMADA II 1423 (5 septembre 2002), page 921. D’après les publications de PME Maroc (Ex Agence Nationale pour la Promotion des PME).
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1.2 Poids et place de la PME au Maroc
1.2.1 Poids des PME dans le tissu productif national
Conformément à la définition de la PME de PME Maroc (Ex-ANMPE) et en termes de nombre d’entreprises, la PME au Maroc dispose d’une importance significative. En effet, elle représente 99% du tissu productif national1. Par ailleurs, la part des PME est de plus de 97% dans tous les secteurs d’activités. Cette prédominance des PME au Maroc par rapport aux grandes entreprises est nettement visualisée par le graphique présenté ci-dessous1 :
Sources : Inforisk - mai 2011
1.2.2 Rôle socio économique des PME au Maroc
Incontestablement, la PME au Maroc joue un rôle déterminant dans le développement économique et social tant sur le plan national que régional. Toutefois, leur contribution à la croissance et le développement du pays reste en dessous des potentialités que peut faire valoir ce type d’entreprises.
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Source : Inforisk, étude ‘’éclairage sur la situation des PME au Maroc, mai 2011.
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Rôle économique : la PME est un vecteur de la croissance économique nationale La participation des PME dans la création de la valeur ajoutée globale1 est de 40%, cette participation est très variable allant de 78% pour le secteur de l’agriculture à 8% pour la production et la distribution de l’électricité le gaz et l’eau, comme présente le graphique cidessous :
Sources : Inforisk - mai 2011
Sur le plan des exportations5, les industries textiles et cuir viennent en premier rang avec 46%, suivies, par les industries agro-alimentaires et les industries chimiques et para chimiques qui détiennent respectivement les parts de 39% et 10%. En matière d'investissements5, les industries chimiques et para chimiques occupent la 1ère place avec 34%, puis les industries agro-alimentaires et les industries textiles et cuir avec respectivement 30%, et 21%.
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D’après la communication écrite du 31 octobre 2014, du Professeur Karim KHADOUJ sous le thème ‘’Les PME marocaines en difficulté: essai d’analyse’’.
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Rôle social : la PME est un vecteur du développement humain La PME au Maroc joue un leader dans la promotion l’emploi social. En effet, les PME emploient plus de 80% de la population active repartie comme ci-après64: Secteur d'activité Affaires immobilières
0à5
6 à 200
> 200
Total
946
308
8
1 262
Autres services (y compris jeunesse et sports)
14 239
1 853
37
16 129
Commerce
21 354
7185
144
28 683
Hôtellerie et restauration
3 181
1 698
58
4 937
Hygiène
1 785
324
36
2 145
3 328
1 377
25
1 247 302
8 501
4 859
213
13 573
22
11
1
34
4463
1578
68
6 109
57 819 442
19 193 267
590 11
77 602 720
Cuir et chaussures
236
292
18
546
Extraction et préparation de minéraux et minerais divers
235
282
7
524
2 105
1 573
82
3 760
400
516
30
946
897
536
14
1 447
37
97
17
151
20
28
2
50
1 361 3 685
1 528 1 438
299 63
3 188 5 186
Sous total 2
9 418
6 557
543
16 518
TOTAL
67 237
25 750
1 133
94 120
Intermédiaires et auxiliaires du commerce et de l'industrie Matériaux de construction et travaux publics Services domestiques Transports et communications Sous total 1 Bois et ameublements divers
Industrie alimentaire. boissons .tabacs Industrie chimique. para chimique et pharmaceutique Papier et carton. imprimerie. presse et édition Pêche Pétrole et carburant. combustibles minéraux solides Textiles et confections Transformation de métaux
Rôle de promotion économique sur le plan sectoriel et régional La répartition des PME est fortement marquée par l’inégalité tant bien sur le plan sectoriel que géographique.
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D’après les publications de PME Maroc (Ex Agence Nationale pour la Promotion des PME).
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L’essentiel des PME est fortement concentré au niveau des activités du commerce et des services. En effet, le plan de nombre d’entreprise par secteurs d’activité1, les PME au Maroc sont principalement constituées es des activités de commerce et réparations à hauteur de 32.8%, suivies des activités de l’immobilier et services aux entreprises avec 22.7 %, puis bâtiments et travaux publics 13.83 % et des industries manufacturières 10.17%. Sur le plan de la répartition géographique, les l données de la direction des statistiques de 2006, montrent que 91% des PME au Maroc se concentre sur l’axe Tanger-Casablanca Tanger Casablanca comme le montre clairement la figure ci-après après :
régio et une Cette répartition montre la forte hétérogénéité dans le développement des régions concentration de la richesse nationale sur l’axe de Tanger à Casablanca.
1.2.3 Profil et performances erformances économiques et financières des PME marocaines
Profil des PME Les PME au Maroc se caractérisent généralement par une faiblesse des actifs immobilisés, immo avec une dominance de l’actif circulant. Le graphique7 suivant montre la moyenne des actifs immobilisés par rapport à la moyenne de l’actif circulant par entreprise sur un échantillon de 120 PME répartis sur 4 secteurs d’activités.
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Source : Inforisk, étude ‘’éclairage sur la situation des PME au Maroc, mai 2011. Sources : Inforisk
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Ce graphique montre nettement que les PME présentent une vulnérabilité au niveau de la structure de leur actif. Cet écart s’explique par la nature même des PME au Maroc marquée par la prédominance des activités en main d’œuvre par opposition aux entreprises industrielles. Cette nature pourrait être une conséquence des difficultés de financements auxquels font face les PME et qui les poussera de facto vers des activités peu capitalistiques. Les PME marocaine sont caractérisées par la faiblesse des actifs incorporels7 à l’encontre de celles des pays développés où généralement la source de la compétitivité interentreprises réside dans les formes immatérielles de l’investissement, telles que le R&D, les brevets et licences.
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Sources : Inforisk
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Les PME au Maroc disposent souvent d’un excessif ‘’stocks’’ nécessitant la mobilisation de liquidités créant des besoins de fonds de roulement et ce qui implique une augmentation des les besoins de financements. Ce constat est illustré clairement par les deux figures7 présentées ci-après :
Performances des PME Selon une étude récente1 comparative entre les PME et les grandes entreprises au Maroc à travers des ratios financier, il en découle les résultats suivants Le ratio de la marge brute (EBE/CA) : il est de 9.75% pour chez les PME, et de 12.42% chez les grandes entreprises. Il en découle que les grandes entreprises supporte moins de coûts directs que les PME en raison du pouvoir qu’ils ont sur les fournisseurs, de l’effet d’expérience, de leur présence sur le marché, etc. Le ratio de marge opérationnelle (résultat d’exploitation/CA) : il mesure la qualité de la gestion globale de l’entreprise du point de vue de l’exploitation. Ce ratio il est 9.02% chez les grandes entreprises, est de 4.6% chez les PME. Il en découle ainsi que les grandes entreprises disposent d’un système de gestion plus rigoureux que les PME. Le ratio de marge nette (résultat net/CA) : ce ratio est de 3.29% chez les PME alors qu’il est de 5.08% chez les grandes entreprises. Le ratio d’endettement chez les grandes entreprises est de 30%, alors qu’il n’est que de 20%.
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Source : Inforisk, étude ‘’éclairage sur la situation des PME au Maroc, mai 2011.
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En synthèse, l’analyse financière à travers les rations ci-dessus fait apparaitre une insuffisance de profitabilité des PME et que l’endettement massif n’est pas favorable pour ce type d’entreprises.
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CHAPITRE 2: EVALUATION DU SYSTEME DE FINANCEMENT ET DU DISPOSITIF D’APPUI DES PME AU MAROC 2.1 Etat des lieux du système de financement des PME
2.1.1 Sources de financement des PME
Ces dernières années, le secteur financier marocain n’a cessé de se moderniser : la réforme de la loi bancaire en 1993, la promulgation de la nouvelle loi bancaire en 2006, la révision des statuts de Bank Al Maghrib, la suppression de l'encadrement du crédit, la libéralisation et la poursuite de la baisse des taux d'intérêt plaident normalement en faveur de l'amélioration des conditions de financement. Le système financier marocain propose un large éventail de produits financiers destiné aux différentes catégories d’entreprises. Les dispositifs financiers dédiés à La PME au Maroc sont constitués par des lignes de crédits bancaires, des prises de participation, des lignes de crédit étrangères, des fonds de garantie et des produits d’aide à l’auto-emploi8.
Les lignes de crédits bancaires Les crédits à court, à moyen et à long termes finançant jusqu’à 80% des besoins de l'entreprise. Les lignes de crédit spécifique mises en œuvre, dans le cadre du programme de mise à niveau, pour soutenir les PME dans leur processus de restructuration. Ces lignes sont indexées sur le taux de base bancaire (8-8,5%) et financent jusqu'à 70% des besoins de restructuration. Le crédit-bail mobilisé pour l'acquisition de biens d'équipement et le crédit-bail immobilier à usage professionnel. Ces crédits garantissent la location de matériels et de locaux professionnels et financent jusqu’à 100% des frais d’acquisition.
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D’après l’étude ‘’Evaluation du financement de la PME au Maroc’’ élaborée par le Direction de la politique économique générale du ministère de l’économie et de la finance en août 2003
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Les prises de Participation La ligne capital-risque dotée de 45 millions d’euros. Cette ligne est mobilisée dans le cadre du Projet MEDA par la Banque Européenne d’Investissement (BEI) sous forme de prises de participations pour une durée de 2 à 18 ans. Le capital-développement vise les sociétés de moyenne taille non cotées et qui cherchent à financer leur développement. Les opérations de capital-développement se réalisent essentiellement par l'augmentation du capital et sont souvent minoritaires. Le capital-amorçage (Fonds Sindibad, novembre 2002) géré par la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG). Ce fonds est doté de 50 millions de dirhams. Il est dédié au financement de l'innovation et s'intéresse aux Business plans avant la création de la société bénéficiaire. Le capital-transmission concerne les opérations de changement d'actionnaires des sociétés opérant dans des secteurs à bonne visibilité économique. La sortie des investissements réalisés se produit par une cession à d'autres sociétés du même secteur ou par une introduction en bourse. Le capital-restructuration est destiné aux sociétés en profonde restructuration appartenant aux secteurs matures. L'investissement assure le redressement de l'entreprise avant sa cession ultérieure à une société, généralement, du même secteur.
Les lignes de crédits étrangères Les mécanismes financiers européens sont représentés par les lignes espagnoles pourvues en total de 9 milliards de pesetas, la ligne PME/PMI italienne dotée de 15 millions d’euros, la ligne portugaise mobilisant 11 millions d’euros et la ligne belge ECIP gérée par la Commission de Bruxelles. La contribution française comprend, quant à elle, la ligne PME/PMI (30 millions d’euros), le FASEP-garantie (200 millions de francs), le FASEP-étude octroyant des dons remboursables en cas de succès, le Fonds de Solidarité Prioritaire et la ligne PROPARCO (1,95 milliard de dirhams). Les lignes de financement arabes se sont spécialisées dans la promotion du commerce des pays arabes membres et de leurs investissements. Dans ce cadre, s'insèrent la ligne de la Banque Islamique de Développement qui finance jusqu’à 100% les transactions vers l’OCI et l’OCDE et le reste de l’Afrique et la ligne de financement du commerce arabe (Fonds
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Monétaire Arabe) qui finance jusqu'à 85% les exportations et les importations. L’assurance des risques de transaction à l’exportation et des investissements sont aussi pris en considération par la Société Islamique d'Assurance à l'investissement et à l'export. Cette dernière offre des remboursements allant jusqu'à 90% du montant des opérations.
Les fonds de garantie La garantie de financement des investissements par la Caisse Centrale de Garantie (CCG) couvre jusqu'à 50% du crédit bancaire perçu par les PME. La commission annuelle de garantie est de 0,40% de l’encours total et l’apport minimal en fonds propres est de 20%. Le Fonds de garantie pour la mise à niveau (FOGAM) est doté de 100 millions de dirhams et son octroi est conditionnel à l'attribution d'un prêt au taux de base bancaire. Le FOGAFAM (Fonds de Garantie Français) est mobilisé auprès de l’Agence Française de Développement pour un montant global de 30 millions d’euros. Ce fonds offre une double garantie aux crédits bancaires accordés aux PME et couvre jusqu'à 50% du montant du prêt dont le total est limité à 1,5 million d’euros. Le PAIGAM (Projet d’Appui aux Institutions de Garantie Marocaines) est doté de 30 millions d’euros pour appuyer le dispositif de garantie de l’Union Européenne. Les engagements de garantie, compris entre 100.000 dirhams et 1 million de dirhams, sont au profit des promoteurs assurant un autofinancement de 30%. Le Fonds National de Mise à Niveau est instauré par le projet de Loi des Finances 2003. Il est pourvu de 400 millions de dirhams financés à parts égales par l’Etat et le programme MEDA. Le Fonds de Dépollution Industrielle I (FODEP I) est mis en place en vue d’aider les entreprises à investir dans les équipements de dépollution et dans les technologies propres n’excédant pas 30 millions de dirhams. Ce fonds est doté de 90 millions de dirhams octroyés sous forme de dons et de crédits rétrocédés. Le Fonds FODEP II bénéficie d'un don allemand de 100 millions de dirhams. Ce fonds est octroyé sous forme de don afin de mobiliser des investissements à hauteur de 300 millions de dirhams entrepris par des entreprises artisanales. Le Fonds Rénovotel pour la promotion hôtelière (signature de la convention de coopération Banques-Entreprises le 19 février 2003) profite d’une contribution financière du Fonds Hassan II pour le Développement Economique et Social (200 millions de dirhams). Les
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crédits couvriront jusqu’à 70% du financement avec des taux d’intérêt étatique de 2% et bancaire négociable. Le Fonds « Fortex » est dédié au soutien de la restructuration des entreprises du secteur textile-habillement. La contribution du Fonds Hasan II pour le Développement Economique et Social à son financement est de 100 millions de dirhams. Le déblocage du FORTEX a eu lieu après la signature du contrat Banques-Entreprises le 19 février 2003. Le Fonds de Garantie de la Bourse est destiné à l'indemnisation de la clientèle des sociétés de la Bourse mises en liquidation. Le Fonds de Garantie des Industries Culturelles est mis en place dans le cadre de la coopération avec l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie afin de faciliter le financement des PME culturelles par le système bancaire. La garantie couvre jusqu'à 70% de l’encours du crédit principal sur 7 ans avec une commission de 0,6%.
Les produits financiers d’aide à l’auto-emploi Le Crédit Jeunes Promoteurs vise les diplômés de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle. Il a financé à 90% les projets Jeunes Promoteurs agrées avec des taux d’intérêt de 5% pour les prêts de l'Etat et de 9% pour ceux bancaires. Il a été remplacé par le dispositif "Création de la Jeune Entreprise" (convention de coopération du 19 février 2003) garantit à 85% par l'Etat. Le Fonds pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes contribue à hauteur de 90% au financement des projets admis dont le montant maximal est de 1 million de dirhams. Le microcrédit, qui se base sur le principe de l'économie solidaire, vise l'encouragement et la promotion de la micro-entreprise. La contribution du Fonds Hassan II pour le Développement Economique et Social (100 millions de dirhams en 2000), après la réglementation de l’activité (avril 1999), a renforcé les capacités financières des principales institutions financières.
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2.1.2 Evaluation de l’accès au financement des PME
L'observation des différents dispositifs financiers mis en place pour accompagner le financement des PME montre une régression de la satisfaction des besoins de la PME. Le recul des financements bancaires en faveur de la PME et l'inadéquation de certains dispositifs financiers aggravent les capacités financières des PME, même si plusieurs efforts ont été fournis pour mobiliser les fonds privés nécessaires au développement de la PME national. Les PME marocaines privilégient l’autofinancement et le crédit bancaire et n’accèdent que de façon limitée aux autres produits bancaires et surtout aux financements par les marchés.
Accès limitée des PME au crédit bancaire Les PME marocaines recourent pour leur financement à des voies de financement bancaires car elles ne peuvent pas recourir aux marchés des capitaux aussi facilement que les grandes entreprises.
Conformément à un rapport des Nations Unies établi en 2010, le total des crédits accordés par les banques au secteur privé s’élève à 468 milliards de Dirhams et selon la Direction de la Supervision Bancaire de la banque centrale (BAM), la quotte part des PME dans ces crédits est située à seulement 18% en 2008, soit un montant global de 54 milliards de Dirhams, le Cette situation de la très faible participation du secteur bancaire dans le financement des besoins en trésorerie et/ou investissement des PME marque toute la région MENA dans laquelle le taux de la pénétration des financements bancaires est à peine de 8% du total des crédits bancaires. Le Maroc arrive en tête, avec un taux de financement de 24% en 2010, comme montre présenté au niveau de la figure ci-après :
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Cette très faible participation du secteur bancaire dans le financement des besoins en trésorerie et/ou investissement des PME s’explique principalement par : l'existence d'une asymétrie de l'information entre la banque et l'emprunteur, la mauvaise qualité des dossiers de crédit et le manque de transparence des états financiers sont autant d'éléments provoquant la réticence des banques à financer les PME. Seul un tiers des entreprises fait appel à des auditeurs externes pour la certification de leurs comptes. Le couvrement des banques contre le risque de défaut des PME, en imposant des taux d'intérêt élevés, des coûts de traitement, de gestion et de suivi des dossiers de crédit onéreux et des garanties réelles importantes. En conséquence, le comportement des banques et des PME ne favorise pas l'efficience du marché de crédit. C’est, la conjonction de ces deux facteurs provoque une situation où les PME ne peuvent se financer en externe et où les banques ne peuvent réinjecter l'épargne collectée.
Sous exploitation des autres produits bancaires La plupart des lignes de crédits étrangères accusent une sous utilisation par les PME. A titre d'exemple en 2007, la ligne PME/PMI française n'a été engagée qu'à hauteur de 53%, la ligne espagnole qu'à 37% et la ligne italienne qu'à 26%.
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Cette faible part est imputable à la méconnaissance de ces mécanismes de financement par la majorité des PME marocaines, d'une part, et à l'inéligibilité des PME aux critères de financement, d'autre part. Le capital-risque constitue un moyen de financement alternatif pour les PME. Il n'a toutefois contribué qu’au financement de 85 entreprises à fin 2004 pour un montant de décaissements de 31 millions d'euros, soit 38,3% du montant total de la ligne capital-risque gérée par la Banque Européenne d'Investissement (BEI). Le capital-risque reste un moyen de financement inadapté aux besoins de la PME du fait de la rigidité des critères d'éligibilité des sociétés de capital-risque au financement de la PME et du manque d'encadrement technique et financier limitant ainsi l'accès des PME au capital-risque.
Quasi absence des PME marocaines dans le marché financier : marché de la dette et des actions Nous analyserons d’une part le marché obligataire et d’autre part le marché des actions : Les émissions de titres de dettes au Maroc prennent généralement la forme des titres de créances négociables (TCN) composés de : -
Certificats de Dépôts (CD) qui sont émises par les banques
-
Bon de société de financment (BSF) par les sociétés de financements
-
Billets de trésorerie émis par les entreprises non financières.
Les PME ne peuvent être concernées que par les billets de trésorerie. Les PME marocaines n’ont toujours pas l’accès à ces marchés. En effet, les conditions d’accès au marché des obligations qui demeurent toujours hors de portée des PME marocaines. Ces conditions sont présentées au niveau du tableau ci-après : Conditions d'accès aux marchés obligataires Montant minimum émis
20 millions de Dirhams
Maturité minimale de l'emprunt obligataire 2 ans Nombre d'exercices certifiés
2 exercices 10 Dirhams pour les obligations cotées
Valeur nominale minimale 10 Dirhams pour les obligations non cotées
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La bourse des valeurs de Casablanca est composée de trois compartiments, chacun avec ses propres caractéristiques et conditions d’admissions. Le tableau présenté ci-dessous, résume ces conditions :
La création du deuxième et troisième compartiment est d’inciter les PME à s’introduire en bourse. Actuellement, on compte 15 sociétés cotées appartenant au troisième marché qui représente environ 3.6% de la capitalisation globale ce qui reste très faible comparativement à d’autres pays émergeant. La grande majorité des PME marocaines ne présentent pas les critères requis pour pouvoir accéder au troisième compartiment de la bourse. En synthèse, le financement des PME marocaines par l’intermédiaire des marchés financiers, capitaux et dette, reste très marginal en raison des conditions exigées par ces marchés. Le facteur institutionnel constitue aussi une importante barrière d’accès pour ces entreprises au marché boursier, en raison notamment de la complexité des règles boursières comparées aux moyens des PME marocaines.
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Compensation par l’accès au crédit interentreprises Une étude réalisée en 2015 par le cabinet ‘’Inforisk’’, précise que les PME au Maroc sont mieux capitalisées mais peine toujours à accéder au financement. En effet, cette étude note que : les fonds propres des PME représentent dorénavant 40% des sources de financement ; Le ratio d’endettement bancaire (dette à moyen et long termes/capitaux propres) est très faible pour les PME. Il se situerait à 24%, alors que selon les standards financiers, il y a toujours une marge d’endettement en dessous de 100%. Ce ratio a connu une baisse car en 2010 la dette bancaire représentait 33% de leurs ressources. les crédits de trésorerie ont baissé de 4% en 2015. En ces temps de crise, l’activité des PME a connu une forte baisse depuis 2010 (-18%) et leur marge nette s’est effondrée d’environ 5 points. Prises dans cet engrenage, ces petites structures n’ont d’autres choix que de répercuter les délais de paiement élevés, notamment ceux des marchés de l’état, sur leurs fournisseurs. Le crédit inter-entrepris représente ainsi 36% de leurs sources de financement. Selon le CGEM (confédération général des entreprises du Maroc), les délais de paiement se situaient en 2013 à 7 mois et se sont dégradés en 2014 à 9 mois. La loi 32-10 sur les délais de paiement, entrée en vigueur en 2013, prévoit un délai entre 60 et 90 jours. Toutefois, ce texte n’a pas pu être appliqué pour l’inapplicabilité de plusieurs de ces dispositions.
2.2. Présentation et évaluation des dispositifs d’appui dédiés aux PME
2.2.1 Présentation des programmes de soutien aux PME
Mesures de PME Maroc (Ex ANPME) En 2002, le ‘’livre blanc’’ du département des Affaires générales identifiait les obstacles administratifs et réglementaires, de l’accès aux marchés et aux facteurs de production, et proposait une politique en faveur de la PME. Un programme public de mise à niveau de la PME matérialisé par Le pacte nationale de l’émergence industrielle, pour la période 2009-2015 qui vise à développer au Maroc un tissu de PME compétitives, et ce à travers l’accompagnement des PME à fort potentiel, dans la
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réalisation de leurs projets d’investissement tout en améliorant la productivité de l’ensemble des acteurs. La mise en place et le suivi de ces programmes d’appui à la compétitivité en faveur des PME marocaine a été attribué à PME Maroc (Ex ANPME). Les deux programmes phares de PME Maroc sont Imtiaz et Moussanada. La mise en œuvre de ces deux programmes s’appuie sur l’étroite collaboration entre Banques Partenaires et Etat, qui se concrétise par la mise en place de plateformes de rating permettant de mieux cibler les entreprises bénéficiaires et de faciliter leur accès au crédit.
IMTIAZ Il s’agit d’une aide financière directe de l’Etat pour le soutien des projets de PME à fort potentiel permettant : L’obtention d’une prime à l’investissement allant jusqu’à 5 Millions de Dirhams par entreprise (don de l’Etat) et représentant 20 % du besoin en financement TTC ; L’accès de la PME au crédit bancaire ; A la PME d’atteindre des paliers supérieurs en termes de taille, de rentabilité et de valeur ajoutée.
MOUSSANADA L’objectif de Moussanada est d’améliorer la productivité de la PME, à travers une approche innovante permettant à l’entreprise de sélectionner, à partir d’une liste de prestations prédéfinies, celles qui répondent à ses besoins spécifiques. Ces offres de prestations, qui incluent l’intégration des nouvelles technologies, consistent en un accompagnement : Visant à la fois les fonctions supports (stratégie, fonction commerciale, qualité, organisation, …) et les activités cœur de métier (process de production, design, R&D, etc.) ; Par une contribution de l’Etat pouvant atteindre 1 Million de Dirhams.
Autres Mesures D’autres mesures d’appui ont été mises en place destinés principalement à la création d’entreprises et le soutien aux jeunes entrepreneurs, parmi les quelles, on peut citer :
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Garantie des prêts à la création de la jeune entreprise ; Fonds d’appui à l’Auto-Emploi : Moukawalati ; Fonds d’appui à l’auto-emploi dans les provinces du sud : Moussanada ; Le statut d’auto entrepreneur, texte de loi N° 114-13 dont la promulgation récente le 12 mars 2015, dont le l’objectif principal est la promotion de l’entrepreneuriat et l’intégration de l’informel.
2.2.2 Evaluation du système d’appui aux PME
Ces programmes ont été conçus pour apporter un soutien à une large frange des PME en les aidants à : -
améliorer leurs compétences managériales, à obtenir un financement à des conditions raisonnables, à surmonter les effets des dysfonctionnements du marché ;
-
améliorer leur productivité et leur compétitivité en déployant des efforts importants pour la valorisation de leur ressources humaines tant sur la plan de l’encadrement par des actions de reconversion et de formation continue que sur le plan de de la maind’œuvre ;
-
assurer la conformité des biens produits aux exigences de qualité internationales et faciliter ainsi leur écoulement sur les marchés extérieurs souvent très exigeants.
En dépit des moyens considérables alloués à ces programmes, les évaluations de l’efficacité globale de ces dispositifs restent rares. En analysant les performances des PME à ce jour, on arrive à la conclusion suivante : Même si les aides publiques ont permis quelques créations ou réalisations, elles sont restées tout de même globalement inefficaces. Les PME sont unanimes pour confirmer que le système d’appui est trop compliqué, les interlocuteurs multiples, les procédures d’obtention trop complexes. Il existe de nombreux acteurs dont le rôle est d’accompagner le développement des entreprises, mais la pluralité des guichets, la multiplication des strates au niveau des administrations rendent paradoxalement ces structures moins accessibles. Les pouvoirs publics ont un grand intérêt à engager une réflexion évaluative des politiques à l’égard des PME. Tous les programmes doivent être évalués.
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CHAPITRE 3: CONTRAINTES
AU DEVELOPPEMENT DE LA PME AU
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MAROC
ET PROPOSITION DE
MESURES D’ACCOMPAGNEMENT
3.1 Contraintes au développement des PME
Au vu des analyses qui précèdent relatives au profil des PME marocaines, leur performances économiques et financières et leur contribution à la richesse nationale, leur accès au système bancaire et financier et l’efficience des dispositifs d’appui mis en place pour leur promotion, il en découle en synthèse que leur situation demeurent fragiles. En effet, plusieurs contraintes externes d’ordre financières, juridiques et administratives et contraintes internes entravent leur développement.
3.2.1 Contraintes financières
Incontestablement, la problématique de l'accès au financement demeure la contrainte centrale entravant la croissance des PME marocaines. Le dispositif de financement prévu au profit de la PME reste toujours est affecté des maux suivants : Le déficit d’information : Les financements existent et sont dispersés entre de multiples Institutions de crédit. Un manque de confiance entre les institutions financières et les PME. Les motifs sont imputables aussi bien à la banque qu’à la PME : -
La tendance des PME à fournir des informations jugées peu fiables par les institutions financières. Dans la démarche de financement, la pratique consistant à remettre des ‘’états de synthèse confectionnés sur mesures pour les besoins de crédits’’ au lieu
des «états de synthèse reflétant la situation financière et
économique réelle de l’entreprise» aurait largement contribué à la perte de la crédibilité des PME auprès des établissements de crédits ; -
La forte propension des banques à se prémunir contre tout risque d‘insolvabilité future en exigeant le maximum de garanties pénalise les PME ‘’transparentes’’.
l’inadéquation des financements internationaux : les financements d’origine internationale sont inadaptés aux capacités d’absorption des dirigeants de PME.
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L’inadéquation des marchés financiers, capitaux et dette, en raison de -
des conditions exigées par ces marchés et qui sont plus appropriées aux grandes entreprises ;
-
la complexité des règles boursières comparées aux moyens des PME marocaines.
3.2.2 Contraintes administratives et réglementaires
En dépit des constats et mesures préconisées par le ‘’livre blanc PME’’ en 2002 sur les PME au Maroc, les prestations des services administratifs demeure toujours en deçà des attentes des opérateurs. Les remarques récurrentes formulées à l’encontre des procédures administratives identifient des déficits : dans la gestion du temps, dans la démarche, dans les procédures et dans la communication, à savoir : les délais de traitement des dossiers sont jugés trop longs ; les services rendus par l’administration manquent de cohérence. Ceci est imputable à une délimitation imprécise des compétences des différentes administrations et à un manque de coordination entre les différentes administrations voire entre les services d’une même administration ; la complexité des textes donnant lieu à des interprétations multiples non convergentes.
L’administration connaît des difficultés de communication avec son environnement qui se manifestent par : un déficit d’information de la part de l’administration ; l’absence de formalisation des procédures ; l’absence de toute représentation de l'administration dans certaines régions. Aussi, et en dépit de ces progrès entrepris, la réglementation d’entreprises au Maroc est à l’origine de trois séries d’appréhensions s’expliquant par la : complexité des textes ; non prise en compte des spécificités liées à la taille des entreprises et plus particulièrement les PME.
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Il s’agit principalement de la législation comptable et fiscale. En effet, Le plan comptable n'est pas adapté à toutes les formes de PME et en l’occurrence, le plan comptable simplifié qui reste trop complexe pour la très petite entreprise. Les obligations en terme de production d'informations financières sont globalement lourdes. L'ensemble des obligations déclaratives comptables, fiscales et sociales sont trop complexes et trop nombreuses. Il existe par exemple plus de 30 formulaires différents ayant trait aux impôts au niveau national. Les chefs d'entreprise doivent soumettre de nombreux formulaires contenant pratiquement les mêmes informations et devant être accompagnés des mêmes pièces. Une étude intitulé ‘’le parcours de l’investisseur au Maroc’’ ajoute que les investisseurs considèrent que le régime fiscal marocain est problématique en raison des modifications annuelles de la législation fiscale. Ces changements annuels affectent la planification à long terme des investisseurs du fait de l’évolution des règles fiscales d’une année à l’autre qui peut avoir un impact sur les résultats de la société.
3.2.3 Contraintes propres aux PME Les facteurs internes sont encore plus déterminants et conditionnent réellement la croissance des PME au Maroc. Il s’agit principalement de la personnalité du propriétaire-dirigeant, le faiblesse de l’encadrement des pratiques de management.
Personnalité du propriétaire-dirigeant Très souvent, le dirigeant de la PME est seul à prendre les décisions et présente les des insuffisances par rapport à sa mission. La méconnaissance des principes de gestion et des techniques propres de son secteur. Le plus souvent, le propriétaire-dirigeant ne connaît qu’un domaine au détriment de tous les autres. Or il faut savoir gérer une entreprise dans son ensemble et saisir les interrelations qui existent entre ses diverses fonctions. Cette insuffisance est accentués par le fait que les PME font appel très rarement au conseil externe car les entrepreneurs ne perçoivent pas l’utilité de consultants externes à l’entreprise et sont surtout réticents à ouvrir leurs affaires à des personnes étrangères.
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Faiblesse de l’encadrement Le plus souvent, les dirigeants de PME ne s’entourent pas d’un encadrement compétent soit par manque de moyens soit, tout simplement, parce qu’ils n’en perçoivent pas la nécessité, compte tenu de leur désir d’autonomie. La complexité des problèmes de gestion est telle que le propriétaire-dirigeant ne peut, à lui seul, tout connaître et tout maîtriser.
Faiblesse des pratiques du management La mauvaise gestion se manifeste de plusieurs manières et se trouve étroitement liée à l’inobservation de règles élémentaires suivantes : Absence de prévisions Il est très rare que la PME dispose d’un plan d’affaires, outil précieux aussi bien pour les premières demandes de prêt que pour le fonctionnement et le développement de l’entreprise. Gestion financière inadéquate Ce qui caractérise la gestion financière des PME est, d’abord, l’inexistence d’un système de contrôle financier, donc l’inexistence de gestion budgétaire, l’absence de prévision du cashflow, la négligence de l’analyse régulière des états financiers et de la méconnaissance des prix de revient et des coûts d’exploitation. Cette défaillance du système de contrôle est bien sûr liée à l’inexistence du système d’informations et surtout à l’absence de données comptables fiables et disponibles à temps.
3.1 Proposition de mesures d’accompagnement aux PME
Pour faire face aux différentes contraintes entravant la promotion des PME marocaines, nous présenterons ci-après quelques pistes de réflexion leur permettant ainsi de jouer pleinement leur rôle du principal contributeur à la création de la richesse sur le plan national. .
Refonte de la relation Banque-PME Il conviendra de développer une relation "win-win" entre la banque et la PME et ce, en adoptant des nouveaux comportements de part et d’autre. Pour la PME il s’agira de la transparence des états financiers, de la diminution du degré de l'asymétrie informationnelle, de la conception d’une étude de faisabilité pour toute demande
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de dossier de crédit, du renforcement des fonds propres et de l’application d'un style de gestion moderne et rigoureux. En ce qui concerne les banque, il s’agira de la transparence en matière de tarification des services financiers, du développement d'un service de proximité, de la décentralisation du pouvoir, de la présentation d'un canevas type de demande de crédit et de garanties liées au projet, de la réflexion sur une procédure efficace et pratique en matière de résolution des litiges, allègement des coûts de financement, l’accompagnement de la PME sur tous les niveaux : conseil, placements, crédits, etc.
Facilitation de l’accès au marché boursier En général, les expériences étrangères ont montré que les pays similaires au Maroc, souhaitant faciliter l’accès des PME aux marchés boursiers, optent pour un marché légèrement réglementé (cas de la Tunisie) Au Maroc, la création d’un marché légèrement réglementé se présente comme une solution alternative pour permettre aux PME, un financement diversifié via la bourse des valeurs. En effet, un tel marché pourrait apporter une alternative aux contraintes existantes, en mettant en place un régime consistant à : alléger les modalités de l’appel public à l’épargne actuel en maintenant une note d’information simplifiée ; la publication des informations importantes au lieu des informations ponctuelles et régulière ; réduire les taux de commissions appliquées à ces opérations ; être ouvert à toute entreprise, quelle que soit sa taille, sa performance, sa maturité ou son secteur d’activité. exempter les entreprises candidates, du respect des critères relatifs au chiffre d’affaires, au niveau de rentabilité et aux perspectives de croissance. De plus, ce marché pourrait prévoir la possibilité de mettre en place un régime de proximité géographique en prévoyant la possibilité de cotations régionales.
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Amendement de la loi sur délais de paiement Il conviendrait d’amender, le plus tôt possible, la loi 32-10 sur les délais de paiement qui est resté morte depuis sa promulgation en raison de l’inapplicabilité de plusieurs de ses dispositions. Il conviendrait aussi d’élargir son application aux établissements publics.
Réajustement du dispositif d’appui aux PME Le contrat programme d’appui aux PME dans le cadre du pacte national de l’émergence industrielle (Moussanada et Imtiaz) est au bout de sa fin (prévu pour la période 2010-2015). Son évaluation demeure nécessaire afin d’évaluer son efficience. D’ores et déjà, plusieurs propositions pour son réajustement se précisent, notamment : La révision des conditions d’éligibilité : un grand nombre de PME n’est pas en mesure de respecter les conditions existantes notamment les quitus des déclarations de la CNSS et des impôts. Une dérogation pourrait être prévue pour que les entreprises qui sont engagées à payer leurs arriérés puissent obtenir le quitus permettant de postuler pour les programmes d’appui. La réduction des délais de traitement de dossiers : la moyenne des délais d’attente entre les dépôts des dossiers de candidature et l’obtention des financements se situe aux alentours de 150 jours. · L’augmentation des enveloppes : possibilité d’augmenter les montants des aides en les indexant sur les chiffres d’affaires des PME candidates.
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CONCLUSION Au Maroc, Le poids numérique des PME, soit 99% de l’ensemble du tissu productif, contraste avec leur faible participation à la création des richesses du pays. La contribution de cette écrasante majorité à la valeur ajoutée globale ne dépasse guère les 40%.
L’analyse de l’état des lieux montre que ce déséquilibre a pour origine des contraintes externes et internes qui freinent le dynamisme et le développement des PME à savoir : contraintes inhérente aux PME : insuffisance de facteurs qualitatifs à savoir l’information, la formation, le conseil, l’innovation, la qualité et les pratiques de gestion. contraintes externes : -
liées aux financements dus à l’insuffisance des financements adaptés aux spécificités des PME ;
-
en relation avec la difficulté d’accès aux marchés qui s’expliquent en grande partie par l’insuffisance de la formation et le manque d’information ;
-
d’ordre administratives : complexité, lourdeur, retards dans les traitements, et manque de coordination
-
en matière de réglementation des entreprises : complexité des textes qui ne prennent pas en compte les spécificités liées aux PME.
En dépit de ces nombreuses contraintes aussi bien internes qu’externes, la PME demeure l’un des vecteurs les plus appropriés pour promouvoir l’activité économique, renforcer la cohésion sociale en luttant contre le chômage et contribuer au développement régional. Pour atteindre ces objectifs, il est recommandé qu’une politique cohérente, particulièrement en matière de financement, soit dédiée cette catégorie d’entreprises et que d’autres mesures d’appui innovantes soient programmées et continuellement évaluées quant à leur efficience.
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