La métaphysique orientale
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Zitiervorschau

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ffi EDITIONS TRADITIONNEIIEE 32, t.u.e des Fossés Scrint-Bernqrd 75OO5

PARIS

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MÉTAPHYSIQUE

ORIENTALE

OUVRAGES DE RENÉ GUÉNON

R.ENÉ GUÉNON

L'Erreur Spirite Aperçus sur I'lnitiâtion Aperçus sur l'ésotérisme chrétien L'Homme et son devenir selon le Vêdânta Lo métaphysique orientale Saint-Bernard Initiation et Réalisation Spirituelle Etudes sur la Franc-Maçonnerie (l'" volume) Etudes sur la Franc-Maçonnerie (2' volume) Le Théosophisme Etudes sur I'Hindou:sme

LA

Comptes Rendus

à

lntroduction générale

l'étude des doctrin

s

hindoues

l,es Etats multiples de I'Etre Le symbolisme de la Croix Autorité Spirituelle et Pouvoir Temporel Orient et Occident RègDe de la Quantité et les signes des TeÉps La Crise du Monde l\{oderne La Grande Triade L'ésotérisme de Dante

METAPHYSIOUE

ORIENTALE

Le

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ÉolrloN

Le Roi du Monde Les pdncipes du calcul infinitésimal Symboles fondamentaux de la Science sacrée Formes Traditionnelles et Cycles Cosmiques Symbolisme de la Croix (en l0 x 18) Aperçus sur l'ésotérisme islâmique et le Taoisme Mélânges

AYANT TRAIT A RENÉ GUENON Le N' spécial des Etudes Traditionnetlcs paru cn l95l à I'occasioo de la mort de René Guénon reédité en fac-similé (19E2). De Paul CHACORNAC

:

La Vie simple de René GuéBoD

De Eddy BATACHE:

Surréalisme et Tradition

La

Pensée

d'André Breton jugéæ selon I'cuvre de René Guéooo

De Jear TOUIi.NIAC

:

Propos sur R.ené Guénon

De Jean-Pierre LAURANT

:

Le senr caché dans I'ceuvre de René Guénon

EDITIONS TRADITIONNELLES 11, Quai Saint-Michel, PARIS V.

LA IrÉTAPHYSTQUE

ORTENTALE

f '^r pris

comme sujet de cet exposé la. rnétaphvsique orientale; peut-être aurait-il mieux ralu dire simplement la métaphysique sans épithète, câr, en rérité, lâ métaphysique pure, étant par essence en dehors et au delà de toutes les formes et de toutes les contingences, n'est ni orientale ni occidentale, elle est unirerselle. Ce sont seulement les formes extérieures dont elle est rerêtue pour les nécessités d'une exposition, pour en exprimer ce qui est exprimable, ce sont ces formes qui peuvent être soit orientales, soit occidentales ; mais, sous leur diïersité, c'est ulr fond identique qui se retrouve parlout et toujorrrs, pârlout du moins oir il y a de la métaphysique vraie, et ccla pour la simple raison que la vérité est une. S'il en est ainsi, pourquoi paller plup_spécialemen t de rnétaphysique orientale? C'est que, dans les conditions iutellectuelles oir se trouve actuellement le monde occiden_ tal, la métaphysique y est chose oubliée, ignorée en géné_ ral, perdue à peu près entièrement, tandis que, en Or.ient, elle est toujours I'objet d'une connaissance ellectiïe. Si I'ou veut savoir ce qu'est la métaphysique, c'est donc à I'Orient

U

Tous droils dc traduction, d'edâptrtion at dê acp.oductiotr résarvaa

pour tout

Pays-

I'est aujourd'hui, c'est surtout à I'aide des doctrines orien_ tales et par comparaison avec cclles-ci que l,on pour.ra y parvenir, parce que ces doctrines sont les seules qui, tlans

-6cc donraine nélaphysique, puissent encore être étudiées directenrent. Seulement, pour cela, il est bien évident qu'il faut les étudier comme le font les Orientaux eux-nêmes, et llon point en se livrant à des interprétations plus ou troins hypothétiques et parfois tout à fait fantaisistcs; on onblie lrop souvent que les civilisations orientales existent Loujours et qu'elles ont encore des représentants qualiliés, auprès desquels il su(ffrait de s'informer pour savoir véritablernent de quoi il s'agit.

J'ai

dit

métnphysique orientale,

et non uniquement

métaphysique hiudole, car les doctrines de cet ordre, avec tout ce qu'elles impliquent, ne se r€ucontrent pas que dans l Inde, contrairemenl à ce que semblent croire certâins, qui d'ailleurs ne se rendent guère conrpte de leur véritable nature. Le cas de I'Inde n'est nullement exceplionnel sous ce râpnort; il est exactcureut celui de toutes les cililisatious qui possèdeut ce qu'on peut âppeler une base traditioDnelle. Ce qui est exceplionDel et anolmal, ce sont âu conlraire des civilisations dépourvues d'une lelle base; et à rlai dire, nons n'en connaissons qu'une, la civilisation

occidentalc moderne. Pour ne considérer gue les principales civilisâtions de I'Orient, l'équiralent de la métaphysiquc hindoue se trouve, en Chine, dans le TaoTsme; il se ll'ouve aussi, d'un âutre côté, dans cerlairres écoles ésotériques de I'Islam (il doit être bien entendu, d'ailleurs, que cet ésotérisme islamique n'a rien de commun avec la philosopltie extérieure des Arabes, d'inspiration grecque poul la plns grande partie). La serrle différence, c'est que, pîrtout âilleurs que daas I'Inde, ces doctrines sont réservées ir une élite plus restreinte et plus ferurée ; c'est ce qui cut lieu aussi en Occident âu moyen âge, pour un éso1ét isure assez cornparable à celui de I'lslam à bien des égards, et aussi purement métaphysique que celui-ci, mais dont les tnodernes, pourla plupart, ne soupçonnent mêmeplus l'exislence. Dans I'Inde, on ne peut parler d'ésotérisme âu selrs pl'opre de ce mot, parce qu'ol! n'y trouve pas une doc-

-7 trine à deux faces, €\otérique et ésotérigue; il ne peut ètre guestion que d'un ésotérisme Daturel, en ce sens que chacun approlontlira plus ou moins la doclrine et i ra plus ou moius loin selon la tnesur.e de ses propres possibilités in tel lectuel les, car il v â, porrr certaitres individualilés humaines, des linril.ations qui sont inhérentes à leur nafure mêtne et qu'il lerrr cst irnpossible de l'ranchir. Naturcllemcnt, lcs forrnes changent d'une citilisation à une autrè, puisqu'clles doiYeut être adapteel à des conditions difli!r.entes ; mais, tout en étalrt plus habitué aux formes hindoues, jc n'éprouve aucuu scrupule à en €mployer d'autres au besoin, s'il se trouvequ'elles puissent aider la compréhension sur certains poirrts : il n'y a à cela

sance.

physique ) signifie li .éralement ( au delà de la physique >, en prcnânt < ph1'sique > dans I'acceptiol quc ce terme avait toujonr.s pour lcs anciens, cellq rle < science de ln natrrre ) dans toute sa géDéralité. La physique esl l'étude de tout ce qui apparlient au dornaine àc ia riaturc ce qui ; con€erne la métrphysique, c'est ce qui est au delà dc la nature. Comtrrent donc certâins pcut,cnl.-ils prétendre que

la connaissance métaphysique est une contraissance naturelle, soit quaut à son objet, soit quaut aux facultés par tesquelles elle est obtenue ? Il y a lù un vér.itable contre-

. -8-

sens, une contradiction dens les termes Eêlnes ; et pourtant, ce gui est le plus étonnant,il arrive que cette con-

fusion esi commise même par ceux qui devraient aroir gardé quelque idée de la vraie mélaphysique et savoir lÊ ài"tingitur plus netlement de la pseudo-métaphysique des phikisophes modernes. Mais, dira-t-on peut-être, si c€ mot c métaphysique u donne lieu à de telles confusions, ne vaudrait-il pas mieux renoncer à son emploi et lui en substituer un autre qui aurait moins d'inconvénlents? A la védté, ce serait fâcheux' pârce que, par sa formatlon, ce mot convielrt parfaitement à ce dontil s'aBit; et ce n'est guère possible' Parce qne Ies langues occidenlales ne possèdent aucun' autre terme cet qui s onn ment ten fait d excellence, la seule qui soit absolument dignc de ce nom' il n'y faut guère songer, car ce seralt encore bcaucoup moins clair pour des Occidentaux' qui, en fait de connaissance, sont habitués à ne rien envisager en dehors du domaine scientilique et râtionnel. Et puis est-il nécessaire de tant se préoccuper de I'abus qui a été fait d\rn mot ? Si I'on devait rejetel'tous ceuxqui sontdans cecas,combien en aurail-on encore à sa disposition ? Ne sullit-il pas de prendre les précautions voulues pour écatter lcs méprises et les nralentendus ? Nous nê tenons pas plus au mot < mélaphysigue ) qu'à n'importe quel âutre ; mais, tant qu'on ne nous aurâ pas proposé un meilleut telmc pout le rem$ltccr, nous continuerons à nous en sert'il comme' nous I'avons fait jusqu'ici' Il est mâlheureûsement des geus qui ont la prétention de < juger > ce qu'ils ignorent, et qui, parce qu'ils donnent le nom de > quelconques, mais de prendre une connaissance directe de la vérité telle qu'elle est. La science est la connaissance rationnelle, discursive, lonjours indirecte, une connaissance par reflet; la métaphysique est la connaissance supm-rationnelle, intuitive et immédiâte. Cette intuitios intellectuelle prre, sâns lnquelle il n'y a pas de rnétaphysique vraie, ne doit d'aillerrrs aucrrnernent être assimilée à I'intuition dont pârlent ccrtains philosoirhes contempolains, car celle-ci est, âu conlraire, infra-r'ationnelle. Il ya nne intuition iutellectuelle et une intuition sensible; I'une est au rleià de la ra"ison, mâis l'âutre est en deçà; cette dernière ne perrt saisir qrre le monde du changement et du deÏenir, c'est-à-dire lr nature, ou plutôt une inlime partie de Ia nalure. Le domaine de I'inluition intellecluelle, au contraire, c'est le donraine des principes élernels et immuablcs, c'est le domaine mélaphysique. L'inlellect transcendânt, pour saisir dircctement les principes univcrsels, doit être lui-môme d'ordre universel; ce n'est plus une facrrllé individuelle, ct lg considérer cornme tel serait conlradictoire, car il ne peut êtredans les possibilités de I'individu de dépasser ses propres limites, de sortir des conditions qui le définissent en tant qu'individu. La râison est ùne feculté proprelnent et spécifiquement humaine; mais ce qui est au delà de la raison est véritâblement ( non-humain ); Cest ce qui rend possible la connaissance mélaph1'sique, et cclle-ci, il faut le redire encore, n'est pas une connaissance humaine. En d'autres termes" ce n'est pas en lant qu'homme que I'homme peut v parvenir; mais c'est en tant que cet être, qui est humain dans un de ses étâts, est en même temps autre chose et plus qu'un être humain; et c'est la prise de conscience effective des états supra-individuels qui est I'objet réel de la

-72métaphysique, ou, mienx encore' qui est Ia connaissance métaphysique elle-même. Nous arrivons donc ici à un des points les plus essentiels, et il est nécessaire d'y insister: si I'individu étàit un être complet, s'il constituait un système clos à la façon de la mouade de Leibnitz, il n'y

aur'âit pas de lnétaphysique possible; irrémédiablement enfermé cn lui-nrêrne, cet être n'âurait aucun moyen de connâitre ce qui n'est pas de I'ordre d'existence atrquel il âppâl'tient. Mais il n'en est pas ainsi : I'individu ne rept'ésente en réalité qu'une manifestation transiloire et contingentc de l'être veritâble; il n'est qu'un état spécial parmi une multitude inrléhnie d'autres élats dr.t même être ; et cct être est, etr soi, absolument indépendant de toutes ses mânifestations, de mème que, pour employer une colnpalaison qui levient à chaquc instant dans les textes hindous, le solcil est absolument indépendant des multiples inrages dans lesquelles il se rélléchit, Telle est Iâ distinction fondamentale d.i ( Soi > et du , de la personnalité ct de I'iudividualité ; et, de même que les images sont reliées par les layous Iumincux à la source solaile sans laquelle elles n'âul'aient aucune existence et aucune réalité, de rnôme I'individualité, qu'it s'asisse d'ailleurs de I'individuatité humaine ou de tout autre état analogue de manifestation, est reliée à la personnalité, au centre principiel de l'être, par cel intellect transcendant dont il vient d'être question. Il n'est pas possible, dalrs lcs limites de cet exposé, de développer plus complètement ccs considérations, ni de donner une idée plus précise de la théorie des états rnulti.ples de l'étre ; mâisje pense cependant en avoir dit âssez pour en faitc tout âu môins pressentir I'irnportance capitale dans toute doctrine véritablement métaphysique. Théolie, ai-jc dit, mais ce n'est pas seulement de théorie qu'il s'agit, et c'est là encore uu point qui demande à être expliqué. La connaissance théol'ique, qui n'est encore qu'indirecte et en quelque sorte symboliquc, n'est qu'une

-13préparation, d'aillerrrs indispensable, de la véritable connaissance. Elle est du reste lâ seule qui soit communicable d'une certaine façon, et encore ne I'est-elle pas complôtement ; c'est pourquoi loute expositiotr n'est qu'un mo1'en d'approcher de Ia connaissancc, et celte connaissttrce, qui n'est tout d'abord que rirtuelle, doil. ensuite être réaliséc efTectivcment. Nous trourons ici une nouvelle différeuce atec cettc rnét:rphysique parlielle à Iaquelle trons âvons làit allusion précédemurent, cclle d'Aristole par exernple, déjà théoliquement inconrplète en ce qu'elle se limite à l'êtle, ct où, de plus, la thiolic scruble bien étre présentée cornme se sumsalrt ir ellc-rnôtne, âu lieu d'être ortlonnée expressérnent eu vuc tl'une rri:rlisaliou cotlcspondantc, ainsi qu'ellc I'cst touiouls tlans toutes lcs doctritlcs olieutales. Poultînt, urôrnc tlnus cettc urétnl)h)'sique imptlfaite, nous scrions lenté dc dite ccttc derni-métâphysique, on rcncontrc parfois de5 alfirrnalions qui,si ellcs â\,aient été bien cornpl.iscs, aul'aicDI dù corrduilc ir dc lout autrcs couséquenccs : ailrsi, Alistote ne rlit-il pas nettcnrcnt qu'uh être est tont ce 11u'il connait? Cettc aflirmation de I'identilication par la connaissance, c'est le pliucipe mêmc de la réalisation rnétaphysique; mais ici ce principe reste isolé, il n'a que la valcur d une déclaration toute théorique, on n'en tire ancun palti, et il semble que, apt'ès I'avoir posé, ou n'y pcnse môrne plus : commcnt se fait-il qrr'AIistote Iui-même €t ses continuâteurs n'aient pas mieux vu lout cc (lui y dtait irnpliqué? It est vrai qu'il €n cst dc nrême eu bien (l'rull'es cas, et qu'ils paraissent oublicr parlois des choses aussi cssentielles que la distinction tle I'intellcct pur et dc la raison, après les avoil cependant fornrulécs non moins explicitement; ce sont là d'étranges lacuncs. I.'aut-il y voir I'eflet dc ccrtaines limitâtions qui seraicnt inhirentcs à I'esprit occidental, sauf dcs crccptions plus orr moins rares, mais toujoul's possiblcs? Cela peu[ ôtrc vrai dans une cerlaitre mesure, mais poullant il ne Ihul. pas croirc si une telle expression ne derail pas parâitre trop singulière et inusitée. Cette conscience de I'intemporel peut d'aille[rs être âtteinte d'une ce aine façon, sans doute très incomplète, nrais déjà réelle poul'iânt, bien avant que soit obtenu dans sa plérritude cet ( état primordial > dont nons venous de paller. On demaudera peut-être : pourquoi cette dénomination d' c état primordiâl ) ? C'est que toules les traditions, y compris celle de I'Occident (car la Bible elle-même ne dit pas autre chose), sorrl d'accord pour enseigner que cet état est celui qui était normal aux origines de I'hurnanité, tandis que l'étât présent n'est que le résultat d'une déchéance. l'efiet d'une sorte de matérialisation progressi ve qui s'est produite au cours des âges, pcndant la durée d'un certain cycle. Nous ne croyons pas à l' ( é\iolution ), eu seus que les modernes donnent à ce mot; les hypothèses soi-disant scientiliques qu'ils ont imaginées ne correspOnd€nt nullement à la réalité. Il n'est d'ailleurs pas possible de faire ici plus qu'une simple allusion à la théorie des cycles cosmiques, qui est particulièrement développée dans les doclrines bindoues; cc serait sortir de notre sujet, car Ia cosmologie n'est pas la métaphysique, bien qu'elle en dépende assez étroitement ; elle n'en cst qu'une application à I'ordre physique, et les vrpies

sa relativité, L'obtention d€ cet état, c'est ce que la

t

-+-

_20_ doclrine hindoue appelle Ia r, quand elle Ia considôre pat rapport aux états conditionnés. et aussi l'< Union >, quand elle lenvisage par.rapport au'pfincipe supréme. Dans

cet état inconditionné, tous les au tres étals de l,être se relrouvent d'ailleurs en pr.incipe, mais lrînsformés, dégagés des conditions spéciales qui tes aCtern.,inaieni en

lant qu'états partictiliers.

Ce gui subsiste, c,est tout ce réâlilé positiïê, puisque c'est là que tout a son principe ; I'étr.e < délivré D est vl.âiment etr posscssion de la plénitude de scs possibilités. Ce qui a disparu, ce sont seu_ lement les conditions linritatives, dont la réalité est toute négative, puisqu'elles ne représcntcnt qu'une < priÏation > au sens où Aristote enteudait cc mot. Aussi, bien loin d'être une sorte d'anéantissemeut comme le croient quelgues Occidentaux, cet état linal est au contmire I'absolue plénitude, la rdalité suprêrne vis_à-vis de laquelle loul Ie reste n'cst qu'iilusion. Atoutons encore que lout résultât, mÉme pârtiel, obtenu pâr l'être au cours de Ia r.éalisatiorr métaphysique l,est d'une façon dilinitive. Ce résultat consfitue pour. cet Ctre une acquisilion Pcrnlanenle, que rien ne pcut jaurais lui fairepeldre; le travail accornpli dans cei orjre, mê_e s'il vient ir ôlre interlompu âïant le ten)re linal, est làit unc fois lrour tonles, par. là rnèmc qu,il est hors du tentps. Cclî esl vra i mênre de la sirn plc connaissauce théo_ rique,- car Loutc conrtaissance porte sotr fruit en elle_nrême, bicn diflï,rentc en cela de l,action, qui n'est qu,une modi_ Iication rnonrcntanée de l'ètre et qui est toujours sépa_ réc tle ses ell'ets. Ceux.oi, dn restc, sont du rnôme dornaine etrlu nrêrne ordr.e d'existence que ce qui les a produils; I'action trc peut avoir pour. cfl.et de libércr de làctiorr, ei ses consérluences ne s'étendelrt pas au delà tles linrites de l'inrlilidualilé, cnvisai;ée rl'ailleur.s rlans I,intégr.alifé de I'ex tension dout elle est srrsccptible. L'aclion, queilequ,clle soil, n'étnt)t pas opposde à I'ii;norance qui cst la racine de qu.i a.une

_ 2l_ toute limitâtidn, ne saurait [a faire évanouir: seule la connaissance dissipe l'ignorance comme la lumière du soleil dissipe les ténèbres, et c'est alors que le cSoi>, I'immuable et éternel principe de tous les états manifestés et non-manifejstés, appamit dans sa suprême réalité. Après cette esquisse lrès impar.faite et qui ne donne essurément qu'une bien faible idée de ce que peut être la réalisation métaphysique, il faut faire une remarque qui cst tout à .làit essentielle pour éviter de graves erreurs d'interpréta lion : c'€st que tout ce dont il s'agit ici n'a aucun rapport avec des phénomènes quelconques, plus ou rnoins extraordinaires. Tout ce qui esl phénomène est d'ordre plrysique; la métaphysique est au delà des phénomènes; et nous prenons ce mot dans sa plus grande généralité. Il résulte de là,entre sutres conséquences, que les étals dont il vient d'êtr-e parlé n'out absolument rien de < psycbo{ogiquc ); il fatt le dirc nettenrent, parce qu'il s'est parfois produit à cel égard de singulières confusions. La psychologie, par délinition mênrc, ne saurâit avoif de plise , et aussi, d'autre part, ce que nous avons dit du caractère intemporel de tout ce qui est méta' physique, devraient permettre de le comprendre sans trop de difliculté, à la condition qu'on se résigne à adnrettre, contrairement à certains préjugés, qu'il y a des choses auxquelles le pointdevue historique n'est nullementapplicable' La vérité métaphysique est éternelle; par là môme, il y a toujours eu des êtres qui ont pu la connaître réellement et totalement. Ce qui peut changer, ce ne sont que des formes extérieures, des moyens contingents ; et ce changement même n'a rien de ce que les modernes appellent ( évolution >, il n'est qu'une simple âdaptation à telles ou telles