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UNIVERSITY OF VIRGINIA LIBRARY
JOURNAL ASIATIQUE TOME CCXVI
JOURNAL
ASIATIQUE
RECUEIL TRIMESTRIEL DE MÉMOIRES ET DE NOTICES RELATIFS AUX ÉTUDES ORIENTALES PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
TOME CCXVI
PARIS IMPRIMERIE NATIONALE
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER RUE JACOB, N° 13 (VI")
MDCCCCXX X
-- -
JOURNAL ASIATIQUE PJ RECUEIL TRIMESTRIEL
J52
DE MÉMOIRES ET DE NOTICES
216 217
RELATIFS AUX ÉTUDES ORIENTALES
1980
PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
TOME CCXVI
N° 1 - JANVIER -MARS 1930
Tableau des jours de séance pour l'année 1930. Les séances ont lieu le second vendredi du mois à 5 heures, au siège de la Société , rue de Seine, nº 1. MAI.
AV
1014
119
Jenn. | JOLL.-ACT.-SEPT.-OCT.
nov. dc.
Béance
1412
Vacances.
générale Bibliothèque.
La Bibliothèque de la Société , rue de Seine, nº 1 , ost ouverte lo vendredi, de 2 heures à 4 heures, et le samedi, de 9 heures à 6 heures.
PARIS
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
RUE JACOB, Nº 13 (vrº)
A Les collaborateurs du Journal sont instamment priés d 'adopter la transcription précédemment indiquée (annexe du fascicule janvier mars 1923), qui, pour l' alphabet arabe, est la suivante : ub,wl,
1, 7j,zh, żb, sd, sd, , , jx , ww 8,
108, wd,bl, b ?,
¿
8,
of, ök, uk, Jl, pm , un,sh,
, , s y, 8 : état absolu a , état construit at.
Voyelles et diphtongues : 6 ba; w bi, be; & bu, bo; \ bā ; a bi, be ; وba , ba ; bag : بوbate , La Société Asiatique faitfaire de chaque article et mélange publiés dans le Journal 50 suites de tirage avec couverture imprimées qui seront gracieusement adressées à l'auteur. Un plus grand nombre de tirages peuvent être faits aux frais des auteurs, pour ceux de nos confrères
ou rédacteurs du Journal qui le demanderont, soit personnellement, soit par l'intermédiaire de notre libraire ou de tel autre libraire pari
sien , en renvoyant les placards corrigés. Chaque compte rendu donne droit à 5 exemplaires en bonnes feuilles.
JOURNAL ASIATIQUE. JANVIER -MARS 1930 .
SAKW A - L -GARIB ANI L - AWTAN ' ILA ULAMA - L - BULDAN , DE
AYN NL -QUDAT AL-HAMADANI (+ 525-1131),
.
ÉDITÉE ET TRADUITE , AVEC INTRODUCTION ET NOTES , PAR
MOHAMMED BEN ABD EL -JALIL .
38 39 ina
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TRANSCRIPTION .
IATIONS .
Voms propres.
*Ay : Ayn al- Qudat. A. G . : Ahmad Al-Gazāli.
Darg : ad-Darguzini. M .: Muhammad. COXFI. AAMIRIP
ATONIN
JANVIER - MARS 1930.
Titres d'ouvrages. Essai : Essai sur les origines du le.rique technique de la mystiquemusulmane de L . Massigoon.
Fusaņā : Majma' al-Fusaņā de Hidayat at-Tabaristāni (Téhéran , 1295 ).
Goldziher : Le dogme et la loi de l’Islam d'l. Goldziher, traduit en français par F . Arin (Paris, 1920). -
Majālis : Majālis al-'uššāq ( écrits en gog/1503) de Ba’iqaya (+ 9111 1505) , B . N ., sup. persan 776 . Maktūbāt : B . N ., A. F. persan 35 , recueil d'épilres dont la plupart sont de 'Ayn al-Qudāt.
Miškūt: Miškātal-'anwār d’Al-Gazāli, Caire, 1322 (a été traduitet com menté en anglais par Gairdner ap. Asiatic Society Monographs, vol. XIX , 1924 ). .
Mungid : Al-Munqid min ad-dalal d'Al-Gazāli, édité au Caire en 1309 avec d'autres traités d’Al-Gazālī, dont ’Iljām al-'awāmm ). Vafaḥāt : laſaḥāt al-’uns min hadarāt al-quds de Jāmi (+ 898 ), Cal culta , 1858. Vußrat: Nusrat al-fatra de'lmād ad -din al-'Isfahāni (+597/1 201). B. N., arabe 21 45 .
Qüt : Qüt al-Qulüb de ’Abū-Talib al-Makki (+ 386/996 ), éd . du Caire , 1310 , en 2 vol .
Risala : Ar-risàla al-Qusayriya de ’Abū-b-qāsim al-Qušayri (+465/1072), éd . du Caire 1319. Riyad : Riyad al-'ārifin de Hidāyat at- Tabaristāni ( Téhéran 1305 ). 7. A. : Tadkirat al-'awliyā de Farid ad-din al-'attār (+ c. 620/1223 ou 627/1229 ), éd . Nicholson .
Tabagāt : Tabaqāt as- Şahāba d'Ibn Sad, éd . de Leyde.
Tară’iq : Tarā'iq al-haqā'iq de‘Ali Šāh as-Širāzi (Ilāj. Ma'sām ), Téhéran , 1316 -1318.
-
Safrāni (+ 973/1565); Caire, 1305 . Luma' : Kitāb al-luma' d'as-Sarraj (+ 378 ) éd . Nicholson.
-
(+ 380/990), B . N., arabe 5855. Lawāgih : Lawācīḥ al-'anwār ſi tabaqāt al-'ahyār de 'Abd al-Wahbāb aš
-
kalābādi : Kitāb al-'ihbār biſawa'id al-' Ahbar de Abū-Bakr al-Kalābādi
-
ment of Sufism , 1906 , p. 303 et suiv. kašf : Kašf al-Mahjūb d'Al-Hujwirí (+ c. 470), Irad. Nicholson.
-
J. R. A. S. : Article de M . Nicholson in J. R . A .S. : Origin and develop
-
Hallāj ? La passion d ’Al-Hallāj de L .Massignon .
LA ŠAKWA.
3
Tartes : Recueils de textes relatifs à l'histoire des Seljoucides, t. II (Leide , 1889 ), où se tronve le résumé de Vusrat ( supra ) fait par al-Bundāri
sous le titre de Zubdat an -nusra wa nuhbat al ‘usra .
T.K.: Tabaqāt aš-šāfiya al-Kubra de Tāj ad -din as-Subki (+779/1370); Caire , 1324. T. T. : A dictionary of the technical terms used in the sciences of the musul mans ( en arabe) , Calcutta , 1862 (ouvrage utilisé dans l'appendice ).
Yaqut : Mujam al buldān de Yāgūt, Leipzig , 1866.
Zubda : Sup. persan 1356 (B. N.) de la Zubdat al-ḥaqā'iq ; s'il s'agit de l'ouvrage en général, le titre sera donné en entier .
.
JANVIER -MARS 1930.
INTRODUCTION .
Vie de ‘AYN -Al-QupĀT. Vulle part la vie de Aq n 'est donnée d'une façon complète ,
Les livres sufis signalent ce qui les intéresse de cette vie : le sufisme de Aq , l'importance de cet homme, sa lin cruelle . Certains livres d'histoire donnent la date de sa mort et font
allusion à son exécution. Mais la plupart des ouvrages qui parlentde lui, ou puisent à une source commune ou se copieni les uns les autres. Sources arabes.
4 . Mirʻūt al-janān d 'al-Yāfi79), B . V.,arabe 1590, fol. zlı vº. b . Nusrat, fol. 177 vº(2) et 18 , vº. c. T. K ., IV , 236 -23713). I 1l-Yaliti ( + 768/1367); cité ap. Tarā'ig , II, 155. Gl. BROCK BLMANN , Geschichte , II , 176 -177, nº 13. — Le n° 1590 (B . N .) comprend Já deuxième
partie de Mir’āt al-janăn , allant de 399 à 760 (H .). 3 Rapporté in Texles, II , 151.
13. As -Subhidonne comme source Ibn as-Sam 'āni. C'est de l'auteur des
Insāb qu'il s'agit vraisemblablement. On ne parle pas,cependant, de ‘Aq dans ce dernier ouvrage. Mais il y est question de son père , de son grand'père , de leur grande culture et de leur mort violente. Le texte ( fol.51; rº du fac-similé ap .G B , M . Series, t. XX ) n'est pas clair et renvoie à Al-Maqdisi. Le kitab al-'ansâb ( éd. du Di P. de Jong sous le titre d'Homonyma inter nomina relativa .
Leide. 1865) d'al-Maqdisi (connu sous le nom d'Ibn al-Qaysarāni) ne contient rien s. r. al-Hamadānı.Le texte d'As-Sam 'āni est exactement, pour une partie , le même que celui de Pāgūt (IV , 710). Il aurait été intéressant de trouver la source commune des deux auteurs.
Mais as-Sam 'āni a écrit d 'autres livres que l'Ansab. On connail de lui un
LA ŠAKWA.
d . Ynqul , IV , 710 (1) ſet I, 225 ; IV , 103 ).
P. H. Halla mentionne Aq à deux reprises avec la date ile à mort ; éd. de Flugol . III , 536 , n° 6810 , et IV , 69 ,
n° 7635. Sources persones. a . Fusahi , I, 340(2 .
b. Habīb-as-siyar(3 de Khondémir (* 9:27 15. 1). Téhéran ,
1971 (in-fol.),p.1806 , l. 16 abf. c . Majālis , fol. 86 19-881 .
d. Vaahal, p. 1475-477. ľ . Riyūd, p . 107-108 . appendice au Tarih de Bagdad d 'Al-Halıb, al-Bagdadı (BROCKELMANA, Geschi chir , 1 . 330 : Fortsetzung der Geschichte Bagdádi yon al-Ila !ib ) dont, «l'après . Massignon , il existe un fragment dans le ms. 62 de la Zahiriya de Damas ( section d'histoire ). As-Sani'āni a pu y parler de 19 puisque celui-ci a été Imprisonne à Bagdad. Mais il semble plus probable que la Sakwă a dû être classée par as-Sam 'āni dans la catégorie des livres de ļlanin ila-l-awļān. As Sam 'ānia écrit, précisément, un livre de ce genre . Cl. Wistenfeld , Geschicht schreiber der Araber (Göttingen , 1882) , nº 251 (p . 88 ) : an-nuzū ila-l’awęän :
Desiderium ad loca patria redeundi ( H . Malla , 136141). C 'est le début de la Sakwa qu'as-Sam 'āni doit citer dans cet ouvrage si l'on en juge par l'impres sion d'attendrissement que cette citation laisse à as-Subki et par le vers qu 'il
lui emprunte ( 1. K ., IV , 236:237). (0 Le texte parle de la mort de Aq et de celles de son père et de son grand père et ajoute : kama dakarna ſi kitabina ' Ahbär al-'udabā. Il ni a
rien dans Mu'jam al-'udabi , édité par Margoliouth . NiWüstenfeld , ni Bror helmann ne signalent un 'Ahbar al-'udaba attribué à Yaqut. Mais il en existe
lin , mentionné par !!. Ilalla : 1, 601, n°179 ( cf. Wüstenfeld , p . 138 ), écrit par Tāj ad-din 'Ali b . 'anjal il-Bagladi ['ilon as-Sā'i] (+ 68 ,1285 , soixante ans après Yaqut). On peut supposer que l'un des manuscrits sur lesquels
iédition de Mu'jam al-buldan a été faite , appartenait à Ibn as-Sa'i ou dérive d'un manuscrit qui lui appartenait. La phrase kamā dakarna .. . serait line addition , une glose qui a fini par s 'incorporer dans la listen, close aisée dans non dictionnaire .
? Fusaha ne contient pas grand'chose ; mais il donne la source de Riyad : les Nafahat.
** Citó ar. Țară’iq , 11 , 2511.
JANVIER.MARS 1930.
f. Safinat al-'awliya de Dārā Šiku . B . N ., Sup.persan 146 , fol. 199 v°.
g. Țară”iq , II, 254- 554).
.
Le nom complet de Aq , donné d'une façon fragmentaire
dans lous les ouvrages qui parlent de lui, est le suivant(2; : Abdallah b. M .(3) b. Ali b . al-Hasan b. ‘Ali Al-Mayāniji, al Hamadīni, surnommé Abū -l-Ma'ālē( ) b. Abu-Bakr, Ayn ala Qudāt. Il est né à Hamadan (5) en 4921098 . Dans la Sakwi, il parle de cette ville avec tendresse et lui applique quelques-uns de ces clichés poétiques que l'usage a consacrés au pays natal. Nous ne savons pas grand chose sur sa famille . Elle paraît avoir
été à Hamadān depuis longtemps et y avoir jouid 'une grande considération . Le grand-père de ‘Aqy a exercé les fonctions de gūdī et y estmort de mort violente . Son père Abu-Bakr M . .
semble avoir eu des accointances avec les Sūfīs , avoir pris part à certaines de leurs réunions et goûté leurs idées(6). Comme son père, Abū-Bakr périt d 'une façon violente 7). (1) Țara'iq puisent largement dans Nafahat et donnentdes passages dont le parallélisme avec les pages de Riyad est frappant. Il reste à consulter les Tamaral al- fu ’ād de Sāri 'Abdallah ( en ture ) ,
signalé in ļallāj , 55* , où, d'après 1 . Massignon , il est question de 'Ayn al qudāt.
(2) C 'est sous le nom de 'Aq que l'auteur est cité le plus souvent et qu'il est le mieux connu. C 'est d'ailleurs ce nom que lui donnent le plus aisément les Persans et les Iranisants de nos jours.
43;• In Riyad : M . b. Abdallalı, qui doit être une erreur. In Safinal aluwliya : abu-l-fadā'il, au lieu d'abu-l-Ma'ali. Abu -Bakr est
bien la kunia de son père (Yaqūl, IV , 710 ; 'Ansab , 547 r.° l. 5, ab fine ). (5) Al-Mayāniji est le nisba de Miyane ( Yaqut, ibid .); c'est le lieu d 'origine de sa famille.
(6) Cf. Nafahal,176 , d'après Tamhidät ( Zubda,79 vº, fine . . .). .? 'Ustushida , disent Yaqut et as-Sam 'ani. On sait que le všhd quidonne l'idée de témoignage et de martyre , a fini par désigner le fait de ne pas
mourir de mort naturelle , mais par exemple de périr dans un accident, en
LA ŠAKWA.
Le peu donc que nous savons de la famille de Aq nous le montre comme ayant été assez en vue à Hamadän et comme
ayant eu une histoire assez tourmentée mais qui demeure mys térieuse pour nous. Au moment où nous faisons connaissance avec elle , en la personne de Aq, elle appartient au rite safi'ite (1). . Nous ne savons rien , non plus, d 'explicite et de précis sur
la jeunesse de 'Aq , sur les éludes qu'il fit et les maitres qu'il fréquenta avantde s'adonner au şiiſisme. La culture très vaste dont il fit montre a dû nécessiter de longues années de travail entrepris très tôt, et témoigne d'une intelligence rare et très précoce (2) Bilingue , il connaissait parfaitement la langue arabe et sa
littérature et y ajoutait toute la richesse et toute la force intel lectuelle que luiprocuraient la race et le génie persans. C 'était un esprit d 'une grande curiosité (3); il tâla de tout et goûta à tombantau fond d'un précipice , en succombant sous les ruines d 'une maison , en mourant de chagrin d'amour ou même du mal de mer. - - Voir, pour l'évo .
lution de l'idée du martyre en Islām , le chapitre d'al-Buhari sur ce sujet .
Kalabadi , 284 vº; Maktūbāt , 36 rº ; Țabaqal, III, 81. 1 La liste des noms des ascendants de '1q peut faire supposer qu 'ils ont
elé si'ites. Le passage du ši'isme au šāfi'isme ne doit pas étonner : celui-ci
permet la taqiya. C'est dans ce rite que les šiřites se réfugieront plus tard . On peut aussi se demander, sans recourir à ce passage du šiʻisme au sali
'isme, si la famille de Aq n 'a pas embrassé un inoment avec beaucoup d 'ar deur la cause 'alide , un peu comme le fondateur du rite šafi'ite lui-même.
? Si l'on en croit un texte de la Sakwa (30 vº 12 ; trad. p. 209), c'est à l'age de treize ans que 'Aq aurait écrit sa Risäla , c'est-à-dire en 505/1111, année de la mort d'Al-Gazāli. Et comme elle traite de şufisme, cela suppose que 'Aq avait connu l'Ihya et Ahmad al-Gazali quelques années auparavant :
re qui parait invraisemblable. Il faudrait ou bien corriger ‘išrin en 'ašr comme une faute de copiste , ou bien considérer ce mundu 'išrin comme une maladresse d'expression de l'auteur : au lieu de dire que su Risala avait été composée à l'âge de vingt ans, il a écrit qu'elle avait été rédigée depuis vingt ans (voir Šakwa , b ' prº 7 , p . 260 de la trad .). Cette Risala pourrait être alors
la Zubdat al-ḥaqā'iq puisqu'il l'a écrite à l'âge de vingt-quatre ans ( 1184 ra 17, Irad. p. 261).
; Al-Gazali le futaussi; cf. le debut du Vunqid .
JANVIER -NARS 1930.
tout. Ce fut l'un de ces esprits universels que le moyen âge , tant oriental qu’occidental , a connus.
Aq a dû faire des études de loutes sortes : Qoran , hadit , liltérature ; poésie , histoire et même philosophic et sciences exactes . On peut en juger par les listes demots techniques qu 'il a dressées en sa Sakwii (1) : petit étalage d'érudition assez innocent, mais qui montre que l'auteur n 'était étranger à
aucune de ces branches du savoir. La variété des ouvrages qu'il avait écriís ou qu'il se proposait d'écrire (2) en sont aussi une preuve et témoignent chez '19 d 'une grande facilité d 'assi milation .
Il devint qūdī de sa ville natale et même gādi important et très aimé puisqu'il fut surnommé " ayn al-qudāt e la perle des qādīs » . Nous ne savons pas à quelle date précise il recul cette charge(3). Il semble qu'il faille la placer après son initiation au
şūfisme qui a dû commencer assez tôlin). C 'est que, comme al-Gazāli qui allait devenir son maître par
ses écrits , Aq , après avoir essayé toutes les sciences de son époque et peut-être déjà composé des ouvrages , se sentil lassé, insatisfait, dégoûté (malūl)(5) de toutes ses études; et , comme al-Gazāli, il se tourna vers le şufisme:
C 'est dans l’Ihyū qu'il chercha la nourriture substantielle dont il rêvajt. Les sciences profanes et même religieuses — creuses elles aussi quand elles sont prises comme ſin — - ne remplissaient pas le vide de son âme. Il nous dit lui-même qu'il avait lu et relu l'Ihya(0), qu'il avait passé plusieurs années Sakwa. 34 rº , trad . p . 286 (à l'appendice ). 2 lbid ., 64 pro 10 ( trad. p . 261).
les La chronologie de Aq est difficile à vitablir ; beaucoup de dates sont discutabios; l'autres demeurent obscures. Dès la puberte - ( Sakwa , 01" 1 :?; trad . p . 90.) ).
1, Tafahat, 476 , d'après Zubdat al-maya'iq . La crise a les plus aiguë cher
11-Gazalı, qui était déjà mür . C1. Munqid . 19 Vofahal.
LA SAKILI.
9
à en scruter le contenu ; mais toujours le sens se dérobait au point qu'il fut près d'en désespérer. Il dût passer une année dans cet état de souffrances morales , sentant dans ce livre,
l'objet de ses convoitises (maqsūd-i-hod)(1) et ne pouvant l'en extraire 2).
Il rencontra alors A. G. 13 . C'est à lui qu'échut le rôle de l'aider à sortir de cette impasse. Durant son séjour à Hamadan , celui-ci lui révéla , par ses entretiens, commentaires et écrits ,
le précieux contenu de l'Ihyî . Pris d'enthousiasme, Aq , nalure généreuse el exaitée, se donna complète.nent à la découverte qu'il venait de faire : il rechercha e fani dar 'in cīz ; même, dit
il, si je devais vivre la vie de Noé(4)7 . Il devint un sūfi en renom . Tous les ouvrages qui le men tionnent, parlent de lui avec une grande vénération . On lui attribue mêmedes miracles : des personnes meurent et ressus citent à la prière qu'il en adresse à Dieu (5). Tous disent qu'il eutde grandes grâces et parvint à un hautdegré de perfection , 10 Nafahat. ? Avicenne, luiaussi,avait lu et relu la Métaphysique d'Aristole sans pouvoir la comprendre. Un écrit d 'Al - Fārābi, acheté par hasard , fut pour lui ce que les commentaires d 'A . G . seront pour 'Ag. Cf. Avicenne , Garra de Vaux ,
p . 134-135.
iste Vafahat (p. 175 ) parle d'un autre maitre de ‘Aq : Abu Abdallah M . b. Hamawaylı al-Juwayní, auquel ce livre consacre une notice (n° 455 à la même pare ). Il fut un grand sufi , dit Jāmı, et il composa un ouvrage sur le sufisme
intitulé Salwat a!-!alibin .“Aq l'aurait mis au rang d'Al-Gazālı et de son frère Ahmad . Il le cite en effet avec ce dernier in Maktūbal, 36 vº. Mais c'est A . C . qui revient le plus souvent. Aq et lui s'aimaient beaucoup l'un l'autre.
Cf. Nafahat, 576 ; Maktubal, 359 10 et 361rº. C'est pour Ag (bimuhabbal-e
rey ) que Aḥmad al-Gazālı écrivit les Sawāniḥ al-'uššaq, cf. Riyad , 107. - Cf. infra , p. 19 , n . 3 ). ! Nafuḥät , 576 ; allusion à Qorun , xxx , 13. u li est intéressant de remarquer que ce ne sont pas des miracles e passe parluut, comme le ţayy, le jeune, la possession de richesses naterielles in risibles, souvent attribuées aux saints de l'Islam . D 'autre part, c'est lui méme qui rapporte ces faits dans Zubda , for,
Cf. p. 17, et n . 3.
Pp termes susperts,
.
JANVIER-MARS 1930.
qu'il exposa , élucida et expliqua des problèmes et questions dilficiles de e la Science des réalités » .
Sous la direction et par l'enseignement d’A. G ., Ayn al Qudät acquit une profonde connaissance du șulisme. Il semble
même devoir être considéré comme le premier fruit de l'effort de conciliation tenté par le grand Al-Gazāli, la première réac tion considérable produite par ses auvres. Il est vrai que l'on ne reconnaît pas habituellement à l'Ihyii un caractère de profond şūfisme. Aq lui-même semble n 'y
voir qu'un traité de morale pratique(1) et omel de ciler Al Gazāli parmi les écrivains suſis (2), ne voulant voir en lui que le grand docteur : hujjat al-Islām . . Mais il faut, semble-t-il, aller plus loin que 'Aq et alliriner
quc l'Ihyū est plusmystique qu'on ne le croirait tout d 'abord et qu 'il renferme toute la substance du şūfisme, sous une forme, à vrai dire, quelque peu édulcorée et très prudente . C'est d'ailleurs l'un des aspects du caractère d'Al-Gazali : la prudence. Sauf dans quelques-unes de ses petites risāla - -
que 'Aq a connu vraisemblablement en majeure partie -petites risīla où il parle plus ouvertement, c'est toujours avec circonspection qu'écrit Al-Gazāli. Ce n 'est que lentement
d'ailleurs qu'il s'imposa à la communauté musulmane. Etl'on sait que l'opposition en Occidentmusulman alla jusqu'à livrer l'Ihyā aux flammes(3) . Cf. Šakwa , 3/1 1 0 ( trad. p. 210 ). Cette définition estexacte .
(2) Al-Gazali est classé parmi les hukama in Majālis al-milminin ,sup. persan ( B . N .) 190 , tol. 2181 . - 1 pensait sans doute , que le vrai ṣūli, rétail A . li., plus que son frère . 3 Cf. MacDonald . The lifi of Il-Ghazali (cf. J. 1.0 . 5., t. II . first hall . 1899 ), p . 110. Cf. l'introduction de Goldziher au Livre d 'Ibu Toumeri ( Alger, 1903 ) , p . 8 . Sur le peu de faveur que la doctrine d 'Al-Gazāli ren
contra chez les Malikites. Voir ibid .. p. 37. Al-Gazali eut une sorte de
revanche avec le troisième prioce almohade qui cetira les conséquencesextrêmes des idées que l'étude de la doctrine de Ghazali avait inspirées à Ibu Toumert» , en livrant
aux flammes les livres du Rite (Malékite )" , ibid . ,
LA ŠAKWA.
11
Aq , lui, semble avoir voulu vivre la substance de la doctrine de l'Ihyā , présentée et commentée par A . G . Et si Al-Gazālı mit
quelque prudence à dire certaines choses , Aq, au contraire ,
en exprime naïvement le fond , et permet ainsi de saisir sur le viſ, ce qu'un contact prolongé et assidu avec ce livre peut pro duire dans une ane préparée et ardente. Et“Aq aura , comme on le verra, à subir cruellement les conséquences de cette trop grande franchise et de ce manque de souplesse (0) Peut-être même, aussi, faut-il supposer que ce n'est qu'à travers l'Ihyā et les commentaires d'A. G . que, d'abord et sur tout, 'Aq a connu les grandsmystiques qu'il cite familièrement et qu'il admire. La manière un peu trop globale dont il ap
précie , par exemple , le Qut(2, inclinerait à faire croire qu'il n'a pas commencé par connaître directement ce livre. Et s'il l'a ronnu plus lard , la lecture a dû lui en être facilitée par la
grande familiarité qu'il devait avoir avec son contenu , grâce à Tihyâ et à A . G .
Par la même voie, 'Aq a connu et aiméAl-Hallāj. Si la Sakwa
ne le nomme pas, ce silence n 'en est que plus significatif , lorsqu 'on feuillette le Zubilat al-hagi'ig , où le nom d 'Al-Hallāj p . ' . De nos jours , Al-Gazalı parait étre condamné à avoir de moins en moins de partisans. On se tourne de plus en plus vers Ibn Hazm et Ibn Taymiya .
Les accusations qu'on portera contre lui peuvent être motivéesmème par
les sufis si l'on tient compte d'une règle célebre : miſšā 'sirr ar-rububiya kufr .» (« C'est une impiété que de révéler au peuple le secret de la puissance di vinen ), énoncée par Abu- Talib al-Makki et reprise par Al-Gazali (cf. Jallaj, 363). 14 connaît cette règle et la cite in Zubda , 86 )", début, et aussi in Lawa'ih ( d 'après Majális , 88 rº). Aq se traite lui-même de bavard , d 'espion
i de
inauvaise langue, cf. Zubda , 86 rº et 1'. if; Sakwå, 31°18 ( trad . p . 219) 61 38 r" 1 ( trad. p. 213). In Maklu bat, le Qüt et l'Ihyā sont cités ensemble ( 25 pº et 631° ). On sait que la grande source de l'Ihya est le Qul ( cf. Goldziher, p. 278 , 1 . ile , et Essai, 470 ). Rien ne s 'oppose à ce que les emprunts , même textuels , soient faits
par voie orale et que les expressions laudatives et admiratives soient de simples échos de celles d 'A . G . et que 'Ayn al-Qudalfait siennes .
12
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se rencontre bien souvent' ). Aq ne se contente pas de le citer : il défend en outre plusieurs de ses thèses. Le texte le plus
extrémiste d 'Al-Hallāj , le Ta sin ül-azal(2 , lui était connu : il en cite un passage célèbre(3). Et c'est encore par A . G . qu'il a connu ce texte. Celui- ci devait posséder des manuscrits des écrits d'Al-Hallaj dont ilcitait des fragments dans ses sermons et qu'il y commentait :").
Al-Gazāli , lui, fut plus prudent. Il ne se laissa pas entrainer par son frère dans cette voie .Mais c'est par lui qu'il a connu
certains textes d'Al-Hallāj qu'il utilise dans la Miškai ). L'un d'eux, lā huwa 'illii huwa, sera repris par Averroès dans le
Tahiſut at-tahāfut et appliqué à l'intellect agent dans la vie future, un peu dans le même sens que celui de l'immortalité
impersonnelle du vraidont parlait Renan Les auteurs şufis n 'ont point inéconnu ce côté hallajien de la hliation de Aq. Ils disent qu'il lut : mansūri-i-madhab ou " Le silence de la Sakwa ne doit pas vitonner. Elle fut écrite on prison par un liomme dont la vie était en jeu. Le nom d 'Al-Hallāj était trop compro mettant. Il est passé sous silence comme celui d'A G . Cependant'Ag cite dans
la Sakwa deux vers célèbres d'Al-Hallāj (Sakwa , 42 rº 13 et 18 . trad .p . 252. Mais il évite le fameux 'anā-l-ħage que l'on associe habituellement au Subhani d'abu-Yazīd (Miškat , 19- 20 ). Zubda (88 rº) les unit aussi ( voir n . 3 . p . 52 et 253 de la traduction ). -2, Cf. Hallāj , 807 .
Billy Cf. Zubda , 7010 et 90°; Maktūbal, 126 \". Il s'agit du fameux : Ma suhhat al-fuluwa liahad 'illa li Iblis wa ’Ahmad (mil n 'y a pas eu de prédica
tions légitimes excepté celles de Satan el de Mohammadı , traduction de M . Vassignon , in plallāj· 867 ). Le passagn list pas transcrit exactement aux endroits indiqués. Un autre manuscrit de la Zubdat al haqā'iq , Ind . Office , Whi, d 'après M . Massignon , le cite correctement au chapitre x après l'avoir donné sous une forme moins exacle au chapitre 11. i Ce meine passage du Ța Sm al-azul avait fait l'objet d'un sermon d 'A .
0 ., cf. Hallaj. 871. D 'après V. Mass ynon. J'authenticité de ret écrit d'A. G . est attestée par Ibn al-Jawzi ( Qussos, fol. 116-1171 onors termes: gaul kaimba, 'ala -1-juz'i bihattihi höda kalamı. Cl. Hallaj, 8:12 . . . * Rapprochements faits par M . Massignon dans l'un de ses cours.
LA ŠAKW i. maslak . Et ils associent toujours cette expression avec cette autre : fisawi-i-masrab ou mashad (1). De fait , on trouve, dans la Zuhdat al-haqñ'iq de 'Aq el aussi dans les Maklūbit , des em
prunts lextuels et expressément attribués à 'Isä (2) ou bien sub stantiels etdéviés de leur origine(3),
Toujours est-il que Aq est considéré par tous, comme un grand sūſi. Il s'assimila en elfet très vite la sulistance du sol fisme. La risala pour laquelle il sera condamné et qui l'amé
nera à écrire la Sakwā porte sur ce sujel. Il adopta tout du şu
fisme: la science commel'esprit(a),le somn etle rags et jusqu'à son esthétisme un peu inquiétant(5). Aussi ne manqua-t-il pas d 'attirer l'attention. Ses leçons étaient goûtées ; on aimait à le voir, à l'approcher et à obtenir sa
bénédiction . Il écrivit aussi, et ce fut avec tout l'enthousiasme et loule l'exaltation de son âge et de son temperament. Les
théologiens en prirent ombrage. Sa fameuse risäla où , comme il le dit lui-même, il avaitmis sous une forme différente , un fund substantiellement identique à l'enseignement d'Al-Gazali ), suscita leur indignation. Ils relevèrent les mots , expressions et ! Cr. Riyad et Tarä’iq .
: In Zubda , 5 " (Sain ! Jean , 1 , 8 ) , cf. Logia , Asin Palacios ( cf. Patro legia orientalis , t. XIX , fasc . 6 ), n " igo et 207. Voir in Maklúbal (117 1°, 128 ", 251 1° ) un texte curieux , qui est attribué à Muhammad lui-meme in
Kasi al-Mahjūb ( éd . Joukovsky), p.119, 1. 12. Un hadit faisant allusion à la Résurrection du Christ et où le Prophète parle de lui-même, Zubda , 52 r". Cf. Šakwā , 112 1° fine ( trad., 255 ), une autre déviation.
" Il désirait ardemment, dit Riyad , la séparation de
l'oiseau divina
1son ame) d'avec ela cage humaine» (son corps). – Cf. Hallāj, 791. . Cf. Majālis , 86 rº et 88 rº ; voir in Nafahäl, 77 et Țarā'iq les vers de Táşir-i-Hosrow rapportés in Jami, le Béharistan ( trad. H . Massé ) ,p. 179. Pour Ihmad al-Gazāli , cf. Essai, p . 88.
* Cf. T. K . , IV , 23 : ora kän hasan al-kalam . .. ma kan annāsu ya 'tagidünahu
da yatabarrakāna bihi in zahara lahu - l - qabule -t-tāmmm 'inda-l-hässi ma L' amm .
Šakma , 311" 13 ( trad., p. 209 ).
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propositions condamnables et accusèrent 'Aq d'hérésie doctri nale ; ils allèrentmême jusqu'à dire qu'il avait prétendu être
chargé d'une mission prophétique (nubuwa) " , bien plus ,être divinisé (’ulūhiya)(2). Ils portèrent la cause devant le vizir Seljucide de l' Iraq , en ce temps-là : ad-Darguzini, hommeavide du sang des justes ,
dit la Nusrat(3). Celui-ci le fit mettre en prison à Bağdad . C'est là qu'il écrivit la Sakwā. Puis Darg. le fit conduire à
Hamadan , où il demeura vraisemblablement chez lui , sous la surveillance de la police (1, jusqu'à l'arrivée du sultan Mahmud
en cette ville. La nuit même, Aq fut repris et exéculé (5). Si l'on en croit certains ouvrages(6), toute la responsabilité de la mort de ‘Aq doit retomber sur ad -Darguzini. Ce ne doit
ètre , croirait-on , qu'une affaire de jalousie politique ayant re vêtu une forme religieuse et doctrinale grâce aux machinations
d 'un vizir envieux et sanguinaire. Ce serait ad -Darguzini qui auraitsuscité à Aq des ennemis parmiles théologiens,dans le but de nuire à Al- Aziz (7), protecteur de ´Aq (8) et favori du sultan
Mahmūd. 1 Sakwā , 33 vºz ( trad., p. 216 ).
9 Cf. Riyad et Țarā’iq. Cf. Zubda , 80 rº. Voir sur crs termes Hallaj , p . 192 , n . 1 .
.) Nusrat , 135 r : . . .kān . . . lid -dimā’i saffāka(n ), ma bil-kirāmi fat tākain ).
(4) Le mot eruddan de T.K ., IV , 237, n'implique pas nécessairement liberté totale. Á Vusrat , 1821.
6, Nusrat et T.K .
1. Al-aziz > ‘aziz ad-din ; voir sa biographie ap. Terle , II, p . XIX. 5 T.K ., IV , 236 : wa kān ya'laqidu fihi iliqadan härijan an -l-hadd . Entre Al-'aziz et Darg. il y avait une rivalité (ibid .). In Nusrät ( fol. 173 pollet
1711r1° ), il est dit qu'Al-'aziz se défait de Darg . et l'évitait. C 'est, dit T.K .,
lors de la disgrace d'Al-'azīz , arrivée par les soins de Darg. d'ailleurs, pour une affaire compliquée de perles el d'héritage , que Darg . aurait machine l'exécution de'Aq. Al-'azīz fut lui-même mis à mort,en 597 1133 ( Textes, II , XXVII ) peu avant la fin atroce de Darg. ( ibid . , p . 168 ).
LA ŠAKWA.
15
Le portrait que la Vușral (!, fait de Darg. et que rapporto al-Bundāri n 'est certes pas à prendre au pied de la lettre; il
rappelle celui que les historiens fabbassides ont laissé d’Al Hajjaj; et l'on aurait raison de mettre en question l'impartialité de 'Imnād ad-din (2). Il y a sans doute un fond sérieux aux acril sations lancées contre ad-Darguzinı,mais serait-ce seulement à la demande du ministre tout-puissant et pour le servir et lui plaire que les théologiens auraient déclaré une guerre qui parait avoir été acharnée, à ´Aq ? Il faudrait alors croire que
l'autre version est entièrement l'æuvre d 'une légende forgée
par les şūſis pour auréoler une figure par elle-même sans im portance ?
Cela paraît invraisemblable (3). C 'est là , plutôt, semble -t-il, un épisode de la vieille et actuelle querelle des théologiens étroits(4) et des sūtīs , ct Aq est , lui-même, un nouveau « mar
tyr mystique de l' Islām ,. On pourrait distinguer dans la vie de Aq.trois étapes. La première comprendrait la partie de sa jeunesse consacrée aux i Cf. notamment fol. 138 rº, 170 1°, 171.7", 173 r" ( ses rapports suspects
avec les Bāliniya) et 178 v°, 179 rº et 1° (son peu de reconnaissance pour Al-'aziz qui l'avait jadis sauvé ) et 137 rº ( ses machinations pour le faire arrêter et dispa
raitre ). Voir les éclaircissements qu'apporte à ce sujet M . Houtsma in Textes , II , p . xix et suiv. Cf. un petit détail amusant sur ce vizir in Yaqūt, II , 569 , à propos de son nom . 19 Cf. Textes , II , XXIX.
3; La Šakwà s'y oppose. La Zubdat-al-ḥaqā'iq et les Maktūbåt sont déjà des ouvrages où l'auteur essaye de s'expliquer avec des adversaires dont les noms de certains d 'entre eux sont donnés : le qādi Sa'd allah (ou Sa'd ad-din ) ; le hāja Imām , 'Izz ad-din ; l'Imām Divā 'ad-din ; le hāja Kāmil ad-dawla wad-din (cf. Zubda , 6 vº; FLOGEL , Catalogue de la Bibliothèque de Vrenne , III, 413
914 ). Le quatrième, Kāmil ad -dawla wad -din , parait avoir été le plus acharné, à moins qu'il ne fut le plus disposé en faveur de 'Aq ( il assistait à une séance chez les süſis , cf. Zubda , 80 rº) ; 'Aq. lui adresse quelques-unes de ses Maktubat et parle souvent de lui ( 178 v°, 236 rº, 261 rº 286 1 , 589 290 V , 291 rº ). Il nomme une fois Diyā' ad-din ( ibid ., 1781 ). ) Il parle souvent des 'ulamā ct de leurs responsabilités , dans la Sakwā. Cl. aussi Maktūbat , u18 rº, fine.
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études profanes et religieuses à la fin de laquelle , insatisfait de
sa science , il lut l'Ihyri.
La seconde serait celle où il se mit à l'école d 'A . G . Il appril alors à connaître non seulement la doctrine d’Al-Gazāli , mais encore celle d 'Al-Hollaj et des grands șūlis . La troisième partirait de la mort de son maitre (517/1123).
Ag publia alors la doctrine privée de celui-ci, avec un peu trop d'enthousiasme peut-être. Il se vit attaqué, critiqué et blâmé
d'autant plus qu'occupant une magistrature religieuse, il avail autorité pour enseigner. If dut s'expliquer : d 'où la Zubdat al hagi 'iq où il développa sa pensée et essaya de la défendre . Ce qui le mena en prison , où il rédigea la Sakwii. .
Ainsi peut se trouver justifiée l'opinion qui met‘Aq dans la catégorie des șūſis persécutés pour leur doctrine et exécutés pour
chle , comme Al-Hallāj. Nous avons même un texte où il aurait lui-même demandé le martyre sur cele gibet de l'annihilation , et désiré e goûter le sabre et le feu ; et il trouve que tout cela tarde trop . Il y fait aussi allusion à Al-Hallāj et pense que le
même « potage », avalé par celui-ci , lui sera versé à lui dans a une coupe » ; et c'est pour lui une espérance (2).
Car si la doctrine que l'on peut extraire de la Sakwā est " La Zubdat al-haqa'iq serait-elle de la fameuse risalo incriminée ? La question est trouble. D 'une part, Aq dit que cette risala a été écrite fiḥāli-ş-şibă (38 vº 7 , trad. p.936 ), et il ne cherche pas à en tirer une excuse pour attendrir ses juges puisqu 'il se vante de posséder des dons supérieurs des l'âge de 20 ans illi no 7. trad . p. 260 ). D 'autre part il ne désigne pas d 'une
lacon esplicite l'ouvrage incriminé. Enfin il donne la Zubdat al-ḥaqā 'iq pour son dernier écril, terminé à l'age de ' ans ( 11rº 17, trad. p . 261). Il parait invraisemblable que l'on ait attendu neuf ans pour mettre à exécution une condamnation de cet ouvrage , comme on pourrait le croire d'après Zubda, 80 rºoù 'Ay est censi dire : rè bigail-i-man Jatra dādand après avoir raconté deurmiracles opérés par lui. La solution serait dans l'étude de l'authenticité de la Zuhdat al-ḥaqā'iq . Peut-être trou era-t-on des interpolations.
2 C1. Riyad ol Majālis ( celui-ci 86 1. -87 r. ). Pour la ļlallaj, p. 301.
coupe" , voir
LA ŠAKWA.
· 17
modérée (1), il ne faut pas oublier que les attaques sont dirigées
contre un écrit antérieur qui avait déjà suscité une polémique et conduit Aq à la prison .
Cette modération n'est d'ailleurs qu'apparente .‘Ayn al-Qudāt veut ménager ses ennemis et éviter d'aviver les blessures de leur susceptibilité. Mais il n 'atténue pas les thèses extrémistes de ses ouvrages antérieurs qui l'avaient fait traiter de Zindiq (2).
Souvent, pour se justifier, il se contente de signaler et de souligner par des citations son accord avec les grands e sayhn.
Mais pour qu'il n'y aitpoint d'équivoque sur son attitude reli gieuse , il a tenu à formuler une proſession de foi orthodoxe en trois parties , où il insiste particulièrement sur les points
doctrinaux qui ont servi d'appui à sa condamnation . Le point de départ de son procès pourrait être, comme le rapporlerait ‘Aq lui-même(3), ces faits d 'apparence miracu leuse dont il aurait été l'auteur pendant une séance de samā et
de raqs. Il n'y a pas moins lieu d'attribuer à ad-Darguzinī une part active dans la condamnation de 'Ayn al-Qudāt, surtout dans la
dernière phase des événements et dans l'exéculion . Il pouvait éprouver quelque satisfaction de faire disparaître un homme
remarquable , susceptible de devenir dangereux pour son auto rité morale. En mêmetemps il nuisait à Al-^Azīz et le compro mellait définitivement aux yeux du sultan Mahmud en dévoi lant à celui-ci ses rapports d 'affection avec 'Ayn Al-Qudāt. 11) Al-Hallāj et A . Al-Gazāli ne sont pas nommés. Les textes trop compro
mettants sont passés sous silence. Les Lawā’ih ne figurent pas dans la liste de ses ouvrages , donnée par l'auteur.
(2) Voir pour l'histoire de ce mot, Hallāj, 186 et suiv. Le mot Zindiq dé signe dès l'époque abbaside, mentre tous les musulmans hétérodoxes.. . celui dont l'erreur est une menace pour la sûreté de l'État» (p. 188 ). D 'après
Al-Gazāli, la Zandaqa « expose à deux conséquences : [1 ] . . . confiscation des biens et effusion du sang , et [2 ] . . . présomption de dam éternel ( p . 189 ) ;
cf. aussi ibid ., les pages 189-194 sur la Zandaqa et le sufisme. (3) Cf. Zubda , 80 rº, et supra , p . 9 , n . 5 . CGITI . IMPRINNSIS SATISALA .
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Nous n'avons aucun détail sur le procès. On nous dit que Mahmud le fit exécuter la nuit même de son arrivée à
Hamadan (1). Le récit de samort est donné dans Riyad et Țaráig , à peu près dans les mêmes termes. - Comme Al-Hallāj, il subit de cruelles tortures , avant d'aller le rejoindre dans le fana tant convoité. Écorché vif, il fut mis
au pilori(2). Puis , détaché, il fut enroulé dans une natte de jonc imbibée de pétrole , et brûlé . Il aurait lui-même prédit cette fin dans un rubā'i : « Nous demandons à Dieu la mort et le martyre . . . Nous demandons
le feu , le pétrole et la natte de jonc (3), . Il fut exécuté la nuit
du mercredi 7 Jumādā i de l'an 525 (7 mai 1131 )(4). As-Subki ajoute (5) que lorsque Aq fut approché du gibet , il récita ce verset du Qoran (dernier de la surate xxvi) : « Et
ceux qui commettent l’injustice sauront quel sort leur est réservé (6), (1) ll semblerait donc que le sultan Mahmud eut pris une part active à l'exécution de 'Aq ; cf. Nusrat, 182 v°. Par ailleurs , on fait du même sultan un portrait flatteur : on le représente comme un ami et protecteur averti et généreux des gens de lettres et de science (cf. Mir’āt al-janän d 'al-Yāfi'i, B . N .
arabe 1590 , fol. 74 vº ; Kitab ar-rawdatayn d'al-Muqaddasī (Caire , 1987) , II, p. 31; Tārih d'Abu-l-Fidā (Constantinople , 1968 ), t. III (9 vol.), p . 5 . Maḥmūd a dû être un faible et se soumettre souvent à la tyrannie d'un vizir qui avait l'appui de Sanjar.
(2) VŞIb , cf. Hallāj , 322. (3, Cf. Riyād et Țară’iq. .. (1) Cf. T.K ., IV, 237. --- Riyad donne 533 ; Safinat al'awliya , 530 ; deus erreurs , dont la première est courante. (5) D 'après un certain Abū-l-Qāsim Mahmud b -Aḥmad ar-Rüyāni(? ) , qui
aurait été à Andrāya (?). (6) La chute et l'exécution de Darg. survinrent quelque temps après (cf. Textes , II, 168-169). Les auteurs șūſis n 'ont pas manqué d'y voir le châti ment de tant de sang versé (Tarā 'iq , II , 254 , citant Habib as-Siyar, p . 1806 ).
LA ŠAKWĀ.
LES OEUVRES DE AYN AL-QUŅĀT.
De la liste de ses ouvrages ( Sakwā, l ' r°, trad. p. 261 et suiv . ), seule la Zubdat al-ḥaq’āiq — appelée ailleurs Tamhīdīt
- est bien connue. On en trouve un grand nombre de manu scrits dans diverses bibliothèques d'Europe et d'Asie , avec aussi des traductions et des commentaires (1). .
Aq ne parle pas des Lawă'iḥ (2),ouvrage que l'on s'accorde à lui attribuer. C 'est moins une traduction qu'une sorte de paraphrase des Sawānih ul 'aššāq de son maître, A . G . (3).
Il y a en outre lesMaktūbāt. Il ne semble pas que ce soit uniquement la correspondance échangée entre le maître et le disciple .
Enfin on cite un grand nombre de ruba'î(4) de Aq . L'au teur devait avoir une grande facilité de versification comme nous le prouve la quantité de poèmes et de vers dont il a orné la Šakwi(5) (1; Par exemple B. M ., a.I. persan 36 ; Sup. persan , 1084 et 1356.Vienne, 1932-1933 ; Berlin , 1727 ; India Otlice , 445 ; Calcutta , 1219, 1168 (M . Mas signon). (2) Riyād; Țarā'iq ; Majālis. Ce dernier en cite des fragments (86 rº-yº; 88 rº). — Il existe un manuscrit des Lawā’ih à la Bibliothèque Nationale , A . f. persan 38.
3) Cf. ce manuscrit fol. 1 vº; 17 rº. Une note marginale (fol. 105) l'attri bue à A . G . luimême. Nous savons que ce dernier écrivit ses Sawan'iḥ « bi
mahabbat-in Ag (voir p. 9 , n. 3) Par ailleurs 'Ayn al-Qudat aurait écrit les Larā’ih dar bayān -i-'isq-i-javān -i-zargarin (Majālis, 86 r" ).
* Cf. Majālis 86 vº ; Riyād ; Fusahā ; Parā 'ig ; manuscrit persan Bodl. 366 , fol. 319 7°, 320 rº; 330 rº ( ces dernières indications sont dues à V . Massignon.) (5) On lui attribueaussi un commentaire arabe des Paroles brèves ([al] Ka limät (al]-Ķişār ) de Bābā Tāhir (cf. article de M . Minorsky in Encyclopédie
de l'Islam sur Bābā-Tāhir ). 'Aq est souvent associé dans les légendes avec Bābā Tāhir , et celui-ci aurait même été présent lors de l'exécution de 'Ayn
al-Qudāt. Nos suspicions sur certaines parties de l'auvre de. Aq telle
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LA SAKwĀ.
Elle date de l'année de la mort de ‘Aq (525/11 31). Le seul manuscrit que nous en connaissionsest à Berlin sous le numé ro 2076 . Il a été décrit par Ahlwardt dans son Catalogue (1889, VIIlter Band , p . 442 ) et signalé par Brockelmann ,
Geschichte , I , 391. Ahlwardt le date approximativement de 600/1203 et le décrit ainsi : c'est le n° 5 du manuscrit, fol. 28 re-48 r°, taché en haut,même sur le texte . Le papier est jaune , lisse, fort. Le nom de l'auteur manque; il n 'y a point de Bismillah . . .
L'écriture est petite , agréable et les lettres portent souventdes voyelles. Il renvoie enfin à H . Halfa , IV , 7635 . Alhwardt donne en outre une courte mais très bonne analyse de la Šakwà. L 'authenticité du texte de la Sakwā ne paraît pas douteuse . On pourrait bien se demander si l'on n 'a pas affaire à quelque exercice de rhétorique ou développement littéraire dont il fau
drait rechercher les frères , rares ou encore inconnus. Mais à l'encontre de cette supposition , il faut noter que Yaqūt, mort cent ans après ‘Aq ( 6 26 /1 2 29 ) , parle de la Sakwā comme d'un écrit bien connu et en cite des extraits (1).
As-Subki, un siècle plus tard , mentionne celle-ci et lui em prunte quelques passages d 'après un ouvrage d 'As-Samfāni ( + 562/1167; trente ans après ‘Aq), dans lequel, dit-il , se trouve une bonne partie de la Sakwā. Enfin il y a le texte , qui est lui-même une preuve de sa propre authenticité , par l'homogénéité du ton , du style et de l'esprit et par la sincé qu'elle nous est parvenue ne peuvent qu'augmenter à cause de ces détails lé gendaires.
•{I) Yāqūt, 1, 225; IV ,603. Il est intéressant de noter qu'il y a déjà des variantes.
LA ŠAKWA.
21
rité vraie qui s'en dégage. Il y a un petit fait qui, semble-t-il, ne seraitpas venu à la pensée d'un faussaire. L'auteur se surpre nant en flagrant délit de erhétoricisme , désavoue ce qu'il considère comme une faiblesse , indigne d'un şūfi , qui avait renoncé à ce genre de littérature, pourtant e si attrayant pour la nature humaine et si doux aux oreilles » (1).
La composition de la Sakwā est assez logique. Il ne faut pas oublier que c'est une šakwā, une plainte écrite en prison par un homme très sensible , particulièrement au traitement qui lui est infligé. Il souffrait beaucoup d' être jeté si bas et il n'était pas assez maitre de soi pour dresser un plan de défense
pl choisir entre les pensées qui se présentaient à son esprit. L 'où des longueurs , des digressions, des insutlisances . L 'au teur fait appel à un grand nombre d 'éléments et effleure une multitude de questions qui auraient, s'il en avait eu le loisir
et lesmoyens,constitué lesmatériaux d 'une bonne défense des thèses incriminées . Déjà malgré cette accumulation d'idées et defaits , il y a un certain fil conducteur. D 'une part , l'auteur n 'oublie jamais ce pour quoi il écrit, d'autre part , il fait con
stamment appel à la tradition , aux précédents historiques , à
lapreuve par l'antiquitédes origines etparle temps.Cela donne une certaine autorité à la Sakwā. Il faut remarquer, à la louange de Aq , que le ton de la
Sakui n 'est pas violent. Parfois , l'auteur lance des pointes d'ironie ; parfois encore, il dit un peu vivement certaines vé rités (2).Mais en général , il se montre maître de sa plume et ne recourt pas aux expressions injurieuses et aux anathèmes hai Sakoa, 30 m 8 ; trad ., p . 202. L'auteur continue, malgré ce désaveu, à recourir au saj", comme par une habitude indéracinable. En réalité , il ne ménage pas les ‘ulamā et nemêle pas toujours à l'idée de sa dignité la modestie inséparable de la vraie noblesse de caractère ; on peutinvoquer pour lui l'excuse des circonstances ; en tous cas, il ne manquait pasde courage.
JANVIER -MARS 1930. neux que l'on trouve, par exemple , dans un ouvrage du même
genre que ‘Ayn Al-Qudāt a peut-être connu : Šikāyatahl as sunna (1) d ’Al-Qusayrī, écrite un demi-siècle auparavant, comme défense de l'ašʻarisme. .
Il est vrai que parfois aussi, 'Aq refuse de s'expliquer sur ssez certains points et se contente de dire , d 'une manière assez
générale : « La réalité de ces choses est claire chez ceux qui les connaissent, (2). Al-Gazāli, lui aussi , arrête bien souvent,
dans ses petits traités, le cours de ses développements pour dire : re Tu ne pourras pas me suivre plus loin , je m 'en tien drai là . . . ; j'ai tant de choses à dire encore , mais il faut en
rester là . . . " . Il y a en plus chez Aq une certaine fierté un peu meurtrie ; celle de quelqu'un qui se croit dans le vrai, se
voit persécuté pour cela et se sent abandonné de tous; aussi ‘Aq n 'hésite-t-il pas à faire un rapprochement quelque peu pré tentieux entre son cas et celui des grands persécutés de l'Islām , şūfis ou non. e
Un ra
Le style est riche. La phrase est bien faite et claire. L'en
semble estagréable. La prose presque toujours rimée ( saj ) est souvent entrecoupée de vers. Il s'y mêle parfois de la re .
cherche ou de la banalité , rarement de la lourdeur, jamais du mauvais goût(3). (1) Ap. T. K., JI, 275 -988, écrite en 446 /1054. Al-Qušayrī rey disculpe l'aš'arisme des conséquences hétérodoxes tirées de ses propres principes méta
physiques , Hallāj, p. 405. L'auteur de cette sikāya commence par donner son isnād et emploie au début un saj affecté et creux. Il adresse son écrit à
al-'ulamā’-l-a'lām , bijami'i bilād al-'islām . Le ton en est violent et injurieux ( p . 282). Al-Qusayrī parle aussi des termes techniques usités dans chaque
branche du savoir (p. 287 ) ceux des mutakallimūn , des fuqahā , des nahwi yun , des taşrifiyūn , des naqalat al 'ahbār, mais pour dire que si le halaf emploie ces termes techniques , cela ne doit pas être considéré comme une
infériorité , un motif de mépris , pas plus que pour le salaf le non-usage de ces termes. Il y a donc des ressemblances entre le Sikāya et le Sakwä. Il est possible que l'auteur de celle-ci se soit inspiré de l'autre .
(9) Šakwa, 39 vº 1 et suiv.; trad., p. 236. (3) Cf. supra , p. 21 et n . 1. Voir quelques exemples de mauvais saj ;
LA ŠAKWA.
23
Aussi doit-on reconnaître en lui un bon écrivain , par la lour nuredesa phrase et la clarté de sa pensée. J'aimêmel'impression
que sa prose persane n'atteintpas l'élégance et la limpidité de la Sakwă, seul écrit arabe qui nous soit parvenu ; ce qui n'est
pas sans importance . A cette époque on n’écrit pas encore cou ramment en persan , surtout quand il s'agit de questions théo logiques et mystiques . Ayn al-Qudāt représenterait donc une période de transition : le şūlisine commence à s'iraniser . Ce
sont d'ailleurs ses cuvres persanes qui ont été les plus con nues ! )et qui sont les plus répandues(2). C'est pourquoi la physionomie de notre auteur ne serait pas complète d'après la Sakwā seule ; il faudrait étudier la
diffusion de ses écrits persans et rechercher les traces de son influence.
Au point de vue des idées , il est éclectique. On peutle con sidérer comme l'un des précurseurs secondaires du mouve ment moniste . Nulle part , iln 'affirme cette doctrine, mais la pente, depuis al-Wāsili, véritable précurseur du mouvement(3),
continue dans le sens d'Ibn Al-'Arabi. Ayn al-Qudāt ne l'a pas nettement précipitée, mais il s'y est aventuré(1). Sakwa 34 v , 2 ; 45vº, 12; 18 ; (sur l'appréciation de saj , cf. les règles données
in Kitāb as-sinā'atayn d'Al-'askarī (Constantinople , 1320), p. 199 et suiv., reprises, avec quelques divergences, in Şubḥ al'a'šā (Le Caire, 1331/1913), II. p. 269 et suiv. 9) Aux Indes, par exemple , d 'après M . Massignon . 19 Cf. le grand nombre de manuscrits de Zubdat al-ḥaqā'iq , en face de l'unique manuscrit connu de la Sakwā.
Al-Wăsiți : † 331/942. Cf. Essai, p. 285. !“ 'Aq ne dit pas , comme al'Attar (Hallāj , p . 436 ), que Dieu est al-wu jūdu kulluh .
Celte évolution , d 'après M . Massignon (Essai , p. 285) , parait logique.« La synthèse , dit-il , que Ghazali avait lant méditée , se trouve , à cause des
nécessités de la lutte contre les Qarmates, faire de si graves concessions aus Salimiyah , qu'elle ramène comme à reculons, les théologiens vers les solutions monistes.
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TEXTE ARABE DE LA ŠAKWA D 'APRÈS LE MANUSCRIT DE BERLIN .
تنبيه
النسخة للطية حسنة الهيئةلم يؤثر فيها القدم وفي غالبا سهلة القراءة وجلها مشکول والاغلاط والسهو فيها قليل واني اود ان اكون
مصيبا فيما صاخته او اضفته لتتميم المعنى وقد وحدت صورة الالغاظ
فكتبت مثلا لخيوة بالواو لا كما في النسخة مرة بالواو واخرى بالالف رادا النقط للاحرف المحكمة التي أهلت سهوا ماحيها عن الاحرف المهملة التي اجمت خطا في النسخة كالطاء والصاد وغيرها وموردا الالفاظ المختصرة تامة وبالله التوفيق
. LA SAKWA.
283الرسالة الموشومة بشكوى الغريب عن الأوطان إلى عجاء البلدان كتبها ايام حبسه ببغداد()2 احقا عباد الله أن لست صادرا ولا واردا الا على رقيب
هذه لمعة أصدرهاإلى الموقين من العلماء والمشهورين فيما بين القادم أدام الله ظلالهم ممدودة على أهل الافاق ولا زالت أقطارها مشرقة بانوارهم غاية الإشراق تحريك عن وطنه ومبتلى بضروف الزمان يه عن جفي يلازمه الأرق ووساد لا يفارقه القلق وبكاء طويل وزفرة وعويل وهم أخذ بجامع قلبه وزاده كريا إلى كيه وفؤاد يشرق بالكم ارجاوه ويضيق عن تباريحه ويداوه وقلب أحرقه الغراق بنیرانه صبابة إلى أحبته وإخوانه ولوقة تتلظى في الواح نارها وتظهر على مرالأيام أثارها مادمت للكواكب ومناجاة لها بالدموع التواكب ( شعر)( طويل أبجد ،وقيداواشتياقاوغربة وأى حبيب ان العظيم ومع هذا فلاصديق له بعض التجانيه ويسترو اليه عمايقاسيه من إخوانه ولا أخ يشكولا) اليه ضروف الدهروشتی بو على ما ( )1في الاصل علامة تدل على اسم المولف وانبيت الموالي طويل الجر .
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26 :
يعالجه من شدة الأمرفهو شهر الليل الطويل وبښي نهاره بما قیل (شعر) [ طويل أكرر طرفی لاأرى من أحبه
وفي الدار من لا أحب كثير )
وإذا اشتد به ضيق الصدرتعلل بانشاد هذا الشعر طويل وأنزلني طول النوى دار حرب إذا تلاقیت افراد شايلة أكايته حتى يقال بتجنية وكان ذا عقل لكنت أعاقلة .واذا تذكر عرار اروند وحوذانها وهمدان وبها أضعته تيات الجمال البائها تحتدموعه وتصدعت أكبادة وضلوعه وتوی وجدا عليها وأنشد شوقا اليها (شعر) طويل ر 8
ألا ليت شعري هل ترى العين مو ڈی قلی ژوند من همدان ۱۰ يدبها نيطت علت تمامی واضفت من عقاتها بلبان واذا تذكر إخوانه أخفى بقول ابن الطرية لانه (کامل) وإذا التريا يجئنا بكيهم جئنهم منا يرجعکدم بائل يمرضناووائل يشفينامن غلةوهيام م دا بقول حبيب وهوتحت حنین مشتاق كيب(شعر) بسيط ماأقبلت أوجه التذاي سارة مذ أذبت باللوى ايامناالأول ( )1يوجد في هامشة النسخة الخطي :کلمات بعضها من .
( )9في اسفل الوجه احرف لم استطع ضبط قراءتها .
LA ŠAKWĀ.
ولا غرو أنيغلب الصبر ويضيق عن كتمان سترة القدر فالمكروب اذا ترققت فرائه نمت على أشراره عبراته وليس بلانسان بما لايطيقه یدان وما أنصف من قال وبين هذا الحال شعر طويل ) كم الهوى يوم التوى فتقت به زفرات ما به خاء يكن قطعى للازيم كتما تمطت به الوفرة الممتداء والمرحوم من ازدحمت الهموم عليه فلم يجد من يتشتی ببر كما أشار مشار اليه طويل) هنمما أنتجع وأبن عمروابعض مافي جوانحي وج م ولابد من شكوى إلى ذي حيظة إذا جعلت أسرار نفس تطلع وهل يستور الطريق من وجد الرفيق أو يتمبثنایی داره من ظور من يشاكهفي جواره ألا ترى إلىقؤل في القروح وهو في نزع الروح اطويل ) "و أجارتناإن المزار قريب وإني مقيم ماأقام عسيب أجاننا إلا غريبان هاهنا كل غريب للغريب نسيب فإن تصليتا فالوده بيننا وإنتيتا فالغريب غريب وقد ذكرت بشعر ابن جبر قول طهمان بن عمرو (طويل ألا كذاوالله لو تغمايه ظلما أيها العمان : (..كنت في اسفل النسخة تحت ذي القروح امرو القيس .
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اما القديم الذي لؤشه بی صالب التى إذا لشفایی فاني والعبسي في أرض م ج غريبان شئى الدار مصطبان غریبان جوان اكتب هنا دمي مطايانا بكل مكان فمن يرممشانا وملقي رحالنا من الناس يعلمأنا شبعان وماكان له الطري منا تجية ولكننا في مذج بان
وكانی بالب العراقي اقوى همدان و ظون رحالهم في محاني ماوشان وقد اخترت منها البلاغ والوهاد والبسها التبيغ جبرة يشدها عليها البلاد وي تفوح كاليشك أنهارها جرى بالماء الزلال انهارهافنزلوا منها في رياض مونة واستظلوا بظلال النجار مورقة جعلوا يكررون إنشاد هذاالبيت وهم يتتون بتوح للحمام تغريد الكعیت (کامل ) قال يا ماوشان القطر من واير ()1 كيا يا همدان الغيث من بكي ( )1اطلب معجم البلدان لياقوت ( طبعة لم يك )1866ج 1ص 403نجد فيه الاسطر السابقة منقولة ما يلى وكاني بالراب العراقي بوافون ،همدان ومطون
رحالهم في كانی ماوشان وقد أخضيت منها التلاع والوهاد والبه ها الربيع حبرة مدحها عليها البلاد وفي تفوح كالمسك ازهارها وتجري بالماء الزلال الهارها فنزلوا
منها في رياض مونقة واستظلوا بظلال النجار موقة فجعلوا يكررون اندهذا البيت
وهم يتغدوا هكذا في الأصل ) بنوح الحمام وتغريد الهزار حياك ياعذای اخ ويستقيم لمن اراد قراءة حباك عوض حياك ما في كتاب BARBIER DE MEYNARD, Dictionnaire de la Perse, p. 512.
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LA ŠAKWA.
ثم استقبلهم الأخوان وسائلهم عن أحوالنا الشيب والشبان وبلغت القلوب الناجر ،واخدت عبراتهمالتاجر وقالوا اطويل ) ۱۳۰به وقالت نساء الى أن ابن أخينا ألا أخبرونا عنه حييم وقد عاة مان الله هل في بلادكم أخوكم يوقی لبنی حسب عهدا فأن الذي خلفتموه بأرضكم فتى م الأحشاء هجرانه وجدا بغدادكم تنیسي ژوند معا الاخاب من يشری ببغداد اروندا قدته تقیسی توسعى بما أرى ى گل چيد من تهيها وقدا * كيف انتى أخوان ود أحن إلى أوطان وقد قال رسول الله صلى الله عليه وآله حب الوطن من الأيمان ولا خفاء بأن حب الأوطان جون بفطرة الإنسان ( طويل أحب عباد ال ما بين منه .وحة تيتي أن تصوب ابها باد تلگتنی پهن قوالی وال أرض مش جلدی ترابها ولما قدم أصيل الواعي من مكة على رسول الله صلى الله عليه وآله قال له صف لنا مكة عل يصتها له حتى قال أبرم لمها وامرإذها فقال له عند ذلك يا أصيل دع الواد يقر مع صلى الله عليه بالا ينشد طويل ) الاليت شعري هل أبين ليلة بؤاد وحولى إذج جليل وهل اكن يوما میاد يجة وهل يبدو لي امه طفيل ( )1قرآن :سورة الاحزاب ( , xxxiiiالاية .10
( )9اورد هذه ادبیات یاقوت في معجمة ج 1ص .995
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فقال له كنت يا الى السوداء واذاكان أمالهمإلى الأوطان يجون ويظهر على السنتهم ما يضمرون في قلوبهم ويحبون فکیف بي على 303 ضعني إذاميت بالمحبة وشدة التربة وبدء الجن ودوام الحزن أوافر) توانى وقلبي من خيريد تداب على بني البريد ولو أن الغراب افتم تمي وفكرفكرتي شاب العراب (| )1 وقد ادتالهموم علي ولوت أعناقها إلي وارت الأسماءلها مﺅيد فلا يجد الشواليها بيد وصرت أرى العدو كان صديقة إذ حملتني نبات الدفرما لاأطيقةفلو كان ذلك بالجبال تضع أو بالضم القلاب إذالتقطت طويل فلو أن ما بي بالحمى قلق الحصى
وبالرج له يتم هتي هبوب
أجل وهذاالفني من العلم وإن كان أغلق بالطباع واخله على التماع نقد وقته وفارقته من قاربت البوغ وافقته فأقبلت على طلب العلوم الدينية واشتعلت ب ولي طريق الصوفية وما أقبح بالشوی أن يعرض عن شيء ثم يعود اليه ويقبل بتدبير عليه وير خاني أن من ي رى العلوم واطلع على سرها المكتوم له يعاود اباجاد في ( )1بين البيتين علامة معناها آخر وفي كل النسخة احرف اجمت من غير استحقاق کا" طاء والدال في اسفل والحداد
وا سين والياء من اعلى وكذاك القاف وهذه النقطة الزائدة تشبه غا..ما علامة اتضعيف ( التشدي )
31
LA SAKW 1.
مساعدة توم أوغاد معلوم عند العاقل أن الطبع يابى على الاقل فمن البه ار مغلوبا ومتى يكون الموب عنه مطوبا وقد أفي البدوي عن خاله في هذه الأبيات حيث التفت قلبه إلى البداوة أشد الأليقات وكان أقل الحضروالله المدربیرون بتعلم الكتابة ووح الى البدو شوق إليه حتى راجع المألوى في بداوة وقال فيما غلبة من غباوته[.وافر ) أتيت مهاجرين قعون تتة أشطر متوالا 3000كتاب الله في رقني وايات تلم لات وخطوا إلى اباجاد وقالوا تعلم عنا ريښتيات وما أنا والكتابة والتي ما حظوا البنين من البنات وهاأنا أعود إلى ما هوالف المنشوة واطالع أهل العلم و الت مشاربهم العذاب شارع الواد وأكتافهم الرحاب مراتع الواد بجلية أمري وحقيقة كالى وما ابتان به التقديرمالم يخطر ببالی وأنهمأشاعهم لأققها بانجان قلب دائم أنهم ما قاله الطاي أبو تمام طويل أكابراعطفاعلينا أنا .بنا بنا برئ أنتم مناهل فرعى الله من القى معه إلى ذاليره ببعض ما جئت أيدي المقادير على فقد أنكر على طاﺉفة من علماء الغضرأخشى الله تويتهم تنقل إلى خير اللهاین طريقهم وفترة الغل من صدورهم وهي لهم ( )1قرآن :الاعراف (. 130 ,) 11
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و
شذا فيأمورهم ،كلمات متوفيرسالة عملهامن عشرين سنة وكان مقصودی من إملائها شرح أحوال يدويها أهل التصوير وهوها موقوف على ظهور طور وراء طور العقل والفسفةلتلك الأحوال اجاگون تهم بهشون فيميق العقل واللي عندهم عبارة عن شخص بلع أقصى درجات العقل و ذلك من الأيمان بالبنوة في شيء وإنما اللبوة أنواع کمالات تحصل في طور وراء طور الولاية وطور الولاية وراء طور العقل وتغنی بطور الولايةأن الولى بجور۳. أن يكاشف معان لايتصور العالي الوصول إليها والتموربضاعتي عليها كماأن أبا بكر الصديق رضوان الله عليه كوښف في مرض موته بأن امرأته تلد بنتا حتى قال لعائشة إنما هما أختا وله يكن إذ ذاك من الأخوات إذأشاء فعلم أنه كوشد بذلك وكذلك قيل له ی مرضته هذه ألا تدعو لك طبيبافقال جنی طبيب الأطباء فقال (د) أنا الفعال لما أريد فعلم من هذا أنه كوش بمونه ومن ذلك قول عمر رضوان الله عليه وهو يومئډ بخطب على المنبريا شارية الجبل وارية أمير جنده بنهاوند إن إحاطة عليه بأحوال شاربة وقومه وهو بالمدينة وهم يتهاوند وبلوغ صوته الى سارية ومعرفة أبي بكر بأى امرأته تلد بنت وبانه يموت في مرض مان شريفة وأمور عالبة د تصور الوصول إلى أمثالها بيضاعة العقل بل بور إلهي وراء القتل ومن هذا القبيل أن بعض التعابير دخل على من كان قد نظري ( )1قران :الاعراف ( ; ) viiالمجر ( ; 47 ,)17الكهف ( ,)Avitو ( )2لفظة جاهلون اضيفت ليستقيم المعني ويمكن أن يستعاض عنها بمنکرون او غير ذلك ( )1تران :هود ( ; 109 ,) 11البروج ( .16 , LXxxv
LA SAKW .4.
طريقه إلى امرأة فقال له ثم ما بال أحدكم يدل على وفي عينيه أثر الزنا فقال له أوحى بعد رسول الله فقال لا ولن تبور ها را صادقه أماسنت رسول الله صلى الله عليه وآله و اتقوا فراسة المؤمن فانه ينظر بنورالله وخرج على علوالشام من منزله صبيحة يومي الذي قتل فيو تجعل ينشدويكر ( شعر)آهنج) شده يازيمك للموت فإن الموت لاقيك ولا تجزع من الموت إذا حل بواديك ولما قدم هرم بن حيان الكوفة لزيارة أويس القرن وكان قدقده ۲۰مي مه له بل يطلبه كى ؤبير فلاتنمعنه قال له أوبس وعليك الشم یا هرم بن حيان فقال له هرم من أي وقت اشمی والتم أنى وما رأيتك قبل اليومولارأيى قال ،تبان العليم الخبير فٹ وچی ژو چین كلمت نفسي نفسكإن الأرواح لها أنش أنفس الاجساد وإن المومنين ليغرى بعضهم بعضا والمنضود أن هذه أمور تكببضاعةالتغير قد أنكرعلماء المرعى ذلك فيما أنكروه ظلا منهم بأ من اقي طورا وراء طور العقل فقد شد على الكاقة طريق الإيمان بالتبوير إذ العقل هو الذي دل على صدق الأنبياء ولشتأيأن الإيمان بالبنوة موتوث على ظهور طور ( )1قرآن :التحريم ( .3 ,)17 ,ا Toil,
II :
)
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34
وراء طور العقل بل أدعي أن حقيقة النبوة عبارة عن طور وراء طور الولاية وأن الولاية عبارة عن طور وراء طورالعقل كما سبقت شارق الي تريقة الشىء غير طريق الإيراني غيرجو أن يخل العاقل من طريق العقل تضييق طور لم تبلغه فينفسهبعد ما أن من حرم ذوق الشغر فقد يحصل له تضييق بوجود شيء لصاحب ذوق مع أنه معترفي بأن دختر جنده من حقيقة ذلك الشيء على أن الكمالات التي أنكروها على كلها موجودة لفظا ومعنى في كتبالامام حجة الاسلام أبي حامد الغزالي وذلك كقولنا في صانع العالم انه ينبوع الوجود ومصدر الوجود وانه هو الكل وه الوجود ل یتى وإن ما سواء من حيث ذاټو باطل وهالك وان ومدوم وانما كان موجودا من حيث أن الكرة الأزلية تقوم وجود هذه الألفاظ مدوره في مواضع كبيرة من إحياء علوم الدين وفي مشكاو الأنوار ومضاة الأشرار وفي المني من الله والمقيع عن الأحوال و لك منمتات الغزالي( رحمه الله وقولنا مصدر الوجود وبنبوة الوجود كقولناar . خالق كل الشىء "فمن أوله على غيرذلك فهوخطی؛ دون القائل والكلام الجمل الما يرجع في بيان إلى الجمل لا إلى ضيه المتعنت والمو بؤ تخت لاني لا تحت ألسنة تمضي ولست أنكر أن قولنا مصدر الوجود وينبوع الوجود كلمات جمله تولة لمعان ( )1بالتشديد هكذا في الأصل وفي السطر الرابع من الوجه الموالي .
( )9في الهامشة الجود وفي السطر الموالي جزمت واو دون .
،ويمكن أن يستقم المعنی بدون اضافة لفظة ميء بان تقرأ لقطة كل بالتنوين
35
LA ŠAKWĀ. ع
ن
بعضها خطأ بعضها صواب وأتمنى أن الغوالى له يرد إلا لك . ( شعر) اوافر ) أتاك المتجون يرحم غيب( )۱علی دهش جئتك باليقين وكيف وفي رسالتي ما لو تأمله المنصف علم أن الخضم ممتع و الخضم إن كان يفهم من قولنا مصدر الوجود ممنوع الوجود تغريضا بودم العالم فقد ذكرت في تلك التالة قريبا من عشرةأوراق في حدث العالم وأقمت على ذلك البرهان القاطع وإن كان يهم منه تعريضها في علم باياي افقد أب يناقه وتهنت على ذلك بحي د يتم فيه عاقل ومما أنك على طول كزت فيها حاجةالمريد الى شين يشلك ير طريق الحق وتهديد البين القويم حتى لا يصل عن سواء السبيل كما كت عن ممول الله صلى الله عليه أنه قال من مات بغير امام مات منة جاهلية وكما قال أبويزيد البسطامی من له يكن له اشتا امامه الشيطان وقال عمرو بن سنان المنبجي وهو من كبار المشاح من له يتأدب بأستاذ فهو بطال وقد أجمع أرباب الحقيقي من أهل التصوير على أن من لا شي له قد دي له هذا هومادي في تلك القول ولخصم له على مذهب القايلين بالتعليم وفهم من ذلك القول بالإمام المعصوم وأتىيتب له هذاالبيت وقد اشتمل الممل الثاني من تلك الرسالة على أتبات وجود الباری جل و من طريق ( )1قرآن :الكهف ( (21 ,) Avil1رجا بالغيب ).
( )2اضيف ليتضح المعنى وتكمل ! ملة . ( ا في الأصل شيء والصواب شیخ .
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و
30
النظر العقلي والبرهان اليقينی ومعلوم أن التعليمى ينكر الظر القق وهم أى طريق معرفةالله تعالى هو التبئ أو الإمام المعصوم في يشجير لمأمثال ذلك رسول الله صلى الله عليه وآله وستم .و3 يقول يا معشر من آمن بلساني ولايدخل الإيمان قلبه لا يغتابوا المسلمين ولا تتبعوا عوراتهمفإن من يشيع عورة أخيه يتبع الله عورته ومن يتبع الله عورته ينهولو في جوف بيتو ومن أين يجوز العلماء أن يقولوا مثل ذلك وبنوا في حقمیم ضاد من عالم هذه المسالك وقد قال سيد الأنبياء مد لى الله عليهوتم من كده بما رأت عيناه ومعت أنا كتبه الله من الذين يحبون أن تشيع الفاحةفي الذين آمنوا لهم عذاب إليم ،ثملن يقتصروا على مجد الإنكار حتى تبوني بهذاالشبي إلى كل قبيحةوحملوا أرباب المناصب على أن توفي أشد فية ( طويل أشاعوا لنا فيالليأشنع قصة وكانوا لناسيا تناژوا لنا كتبا وهذهشهقديمهوله تعالى في بادو اؤ لة ل القاضي مشواوبأنواع الهدايا من العوام والعلماء م ودا(شعر)(منسرح د قيل إن الإكة و ولي وقيل ان التى قد تها الله يشتم الله من مائدة الملقورشتهفكيد أنا وهب أن أتكاب الفرات وجدوا في القاها النجمة مجال الإغتراض ( )1قران النور .18 , xxtv( :
37
LA ŠAKWĂ.
فماذايقولون في نضوجها الشريحة التي لاتقبل التاويل وقد حضرنی فيماأنا بصدده الشعر الذي ټيل (كامل ) هل تطيرون من الماء جومها بأكفكم أثم تشترون دلها تولعين دماءكم أشبالها فدعوا الأسود واورا في محلها وما بيأتبعد ذلك والقرآن ينطق بالحق ،وتقول لقد كان في وشف .إخوتي آيات الشالين ،وغير خاف أن السد دعا إخوة بوش إلى م 33قتي؛ حيث رأوهأحب إلى أبيهم منهم ،وبواأباه يعقوب عليه الدم مع ذلك إلى الممل كما حكى عنهم في القرآن إن أبانا لفي ادل مبين ،واذا كان أولاد الأنبياء يجترون في حق أخيهم وأبيهم سبب الخبرعلى مثل ذلكقدعين لو أقدم أمثالافي حق الأجانب على أعافه وقال أبو طالب المكي رحمه الله قد عدت على إخوة يوسف من قولهم لو وأخوة أحب إلى( أبينا منا إلى قوله وكانوا فيه من الاهدين ،نيتاوأربعين خطيئةبها من الغائر وبعضها من الكبائر قد تجتمع في الكلمة الواحدة خطيئتان و ثوأربع استخرجتها بدقيق النظرفي خفايا الذنوب ولدمن كبائر المهلكات و بجو منه أحد بنص رسول الله صلى الله عليه حيث ( )1قرآن :المومنون ( ; 6 ' , ) 881للانية ( .98 , 1.7 ( )3قرآن :يوسف ( 7 , x11
( )3قرآن :یوسف ( .8 , )sun
( )4قرآن :يوسف ( .8 , 11 ( )5في الأصل الينا وصوابه الى أبينا .
( )9قرآن :يوسف ( 7 )xالي .20
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يول تنة لا يجوا ينهى أحد الظ والطيرة ولدوقد ورد في رواية أخرى إمكان الجاف حيث قال صلى الله علیه وستم لهقل من يجو(ا) منه وقال عليه الشملحديأكل الستات كما تأكل النار الحطب وقال عليه الدم ستة يدخلون الا قبل الحساب بيت الدين بالجور والعب والعصبية والدهاقين بالكبر وأهل الشوالي بالجهل والتجار بالخيانة والعلماء بالخيروقال صلى الله عليه واله كدالأسد يغيب القدر ولي أمر الله تعالى جدابالاشتعادة منه فقال جل من قائل قل أعوذ برب الفلق إلى قوله ومن شركابيإذا ك د ما على من السيد وعرض القاسية ويكفيه ما ابتلى به من هذه الوذيةومعاداته لأهل القضيةولداء هذاالخلفي وكل من أفسده قال الشاعر متقارب أقل لمن ياي لي كادا أتدرى على من أسأت الأدب أسأت على الله في عدو بأن له تر لي ما وهب مجازاك عنه بأن زادني و علي طريق الطلب ولا غرو أن تنشدوني أو ترى قول الشاعر طويل وليس بعار أن يبمود يد العود في موضع القطب ( )1في الاصل منه .
33 v9.
ا ا
LA SAKWA. ن ا
ولا ذنب للعود وقد أتاه الله فضله ولودذلك لما تمنى للحاسد أن يكون مثله و عتب على من حسد مرموقا قادر من سابقه في كلبات العلم مسبوقا وقد ولى بقدمه ممم الكواكب كى صار مرا بايد والأقارب فما أبعد عن الكمال من يعادي الحاد ولقد أحسن من قال هذا البيت وأجاد بسيط در كودك فيما قد خضت به إن العلى شئ في متيها الد هذاوقد تسبون إلى قوى الثبوة أيضابسبب كلمات من مصطلحات الصوفية كلفظ التلاشي والفناء ( شعر) ( طويل لقد بون في هوى أتم جعفر
كل عصا كى ميت بيغه
وماأرد التعب إذا انتهى إلى هذا للد وماأقته للدولا سيما بالعالم إذا مضى على أمثال ذلك تم لايشيى أن ينشب مسلما قضا کن عالم إلى قباح معتقدات يشنه أن يعتمدها الوش والضاري الذي يكون سيد الأنبياء لا بل ولا تتردها الباهمة الذي هو ضير البو منکرون والنادقة الذين ينكرون الموت مع اللي طويل | موني وإياها بشنعاء هم بها أىأدال الله منهم نجد د عيان قاما عن جد بأمرناه ب ( )1قران :آل عم ان ( ,) 11أنا ; لحديد ( .29 ,)Ly11
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وأما قډير التمويهات لاتخفى على من جالس العلماء وزاحمببو القادم كى وقف على الفرق بين الباطل ولق و المذاهب الدقةوالأباطيل المحترقة حقق ما أوج عليه للخلف »القاع من شوك الټراط المستقيم ومرمة المنع التنويم وما اليق ما قال الكوفي بهو ال فقد بين أن أهل الفضل لايهم ما يقول حد الجهال ( شعر)(کامل ) وإذاأتكممي من ناقص نهى الشهادة لي بأني قال ما وكأنه نظر لاالأولوهالأغر الممل (شعر)(کامل) وإذاأراد الله
ش
يلة
طويت أنا لهالان خود
وغيرخاني على العلماءأن كل فريق اصطلاحا متفق عليه فيما بينهم و يتم اصطلاحات كل فريق الآ من سلك طريقهم قربما لايعى الوی اصطلاحات التشابين من الشعب والقبيلة والبطن والتي بسكون الخاء والعشيرة والعمارة والتذييل وضرب الياء كما لايغ التشابه اصطلاح التاني من المغرب والبني والمبدا ولقبرولم المرةمن الفعل والفاعل والمعرفة والنكرة واللازم والمتعدى والمفرد والمضاف والمتمم والمفعول له ومعه والأسماء المنصرفةوير المنصرفة وكذا الضريق دير اضطح المتكلم من الجوهروالعرض والترولجتي والكون والحركة والسكون والأجتماع والكتبكما ( )1في الأصل العمل و الهامشة للخلف وهو الصواب .
1
LA ŠAKWĂ.
يقين المتكلم اضطلاح أهل الريف من ذوات التة وذوات الأربعة والأجوف والناقص واللفيف والريادة والأبدال والأدام اللهم إلا اذا نظر في العلمين جميعا يكون عارفا بالاصطلاحين وكدلك الفتربة لا يعني اصلاح المني من المميز والمتروك والغريب والغير والمشهور ودالتي يتم اصطلاح الفقهاء من العند والشفة والفرائض والدور والاثه والظهار والكتابة وكذلك العاب لا يتم ما اضطح عليه الأولون من الترع والضل والعلة و تم والواجب والمندوب والمكرو والحظور والنجاح والتنوع والمضيق والمبهم والتمروالمي․ والمطلق والخاص والعام والتاسع والمنسوخ والتقليد والإجتها․ كما لا يعنياولى مضطي شاب من الجمع والريق : ۱۰وليدروالكتب والأموالمفتوح والقيء والمال وأموال الأموال وكتاب القاب والعروضي يعرف مراد المنطقي بالمول والتنوع والشلب والأيجاب والكلى والشرطى والشب والشكل كما لا يغرى المنطقي مراد العوضي من السبب والوتير والقالة والبحر والضرب والطويل والمډیډ والبسيط والتقارب والمقصود من تمهید هذه القاعدة ا لكل علم رجالا عليهم مكاره ويجب التنوع في تعني اضطلاحاتهم اليه فكذا الصوفية لهم اصطلاحات فيما بينهم لا يعرف معانيها يرهم وأعني بالوفيني أقواما اقبلوا بكذو الهمة على الله واشتقوا بوبي طريقه وال طريقتهمتجاهةالعدوومرمة التكرم الموعودون في الكتاب العظم بهداية الشبيلي كماقال تعائى )والذين ( )1قرآن :العنكبوت ( .96 ,)mix
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جاهدوافينا لنهدينهم سبلنا من له تؤ من المجاهدين و أول طريقة الصوفية الا انها فكيف يجوز أن يتمم في اضطلاحاتهم التي يتم معانيها الا المنتهون منالله يعرف من الله الاالام كي تجوز لهأن يتصينفي القاظلا يتم معاها ان الأكابر من الفقهاء ولم يكن المماليكون طريق الله في الأفصار الالقة والممون الأول يعون باسم التموين وإنما الوفي لفظاشترى القرن التالي وأول منمی داد بهذا الإسم عبد القوي وهو من كبار المشائخ ودمائهم وكان قبل بشربن الحارث الكافي والشتی بن المغلس الشطى والمجاهدة لفظ كالفقير والطين والو وكما لايعني معاني هذه الألفاظ الا مننظر في هذه العلومنامحيط بجمله تفاصيلها فكذلك المجاهدةعلم برأسهاولا يعرفهالا من نظريهنظرا شافيا وعلى هذا العلم يشتمل إحياء علوم الدين من أوله إلى آخره ولم يصنف في بدء الإسلام في هذاالعلم مثل قوت القلوب لأبي طالب المكي على ماأۍ ته علم الجاهدة إذا حصل الطالب لهم في ذلك عنه شی ،دون أن يجاد كما أن المريض وإن كان كاذف في الطب ۱۰تن لم يكفه ذلك دون أن يشرب الدواء الكرية المداق ثم إذا حصل علم المجاهدة وجاهد في الله حق جهاده هداه الله بده وقدمه ما لم يكن يعلم كما قال تعالى(ه) إن تتقوا الله لجعل لكم فرقانا قال ( )1في الاصل شیاء.
( )2فاعل جاهد هو الطالب المذكور في السطر الأخير من الوجه السابق . ( ) قرآن :العنكبوت ( ,)xxixو ;6العلق ( .5 ,)871 ( )1قران :الانفال ( .29 ,) vil
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ابن عباس أي تورا تفرقون به بين الحق والباطل وإلى هذا المعنى يشير قوله ) وإن تطيعوه تهتدوا وقوله " ولو أن أهل القرى أموا واتقوالفتحنا عليهم بركات من الماء وهذه فيالحكمة المشار اليها في قولهتعالى( يوق الحكمة من يشاء ومن يوت الحكمة فقد أون خیرا كثيرا ولكمة كل من القال والنيل بل میرا اللهمت كما قال علیه السلامإذارأيتم الرجلصوت قوافاقتروا منه فإنه ي ن الحكمة او يلقى على اختلاف الروايتين ورأس الحكمة مخافة الله كما يشهده كه تش الزبور ولم تخل في الأشدم قرن من القرون عن جماعة كانوا يتكلمون بهذه العلوم فكان بعضهم يتكلم في علم الشوك وبعضهم في علم الوصول وبعضهم كان يتكتم على الناس عامة وبعضهم على أمتابه ځاة وقال المتيد رضي الله عنه صاحبتافي هذاالأمر المشارالذي أشار إلى ما ضممته القوب وأومأ إلى حقائقه بعد نبينا صلى الله عليه واله على بن أبي طالب علیه السلام و الجنيد عن علي بن أبي طالب عليه السلام ومعرفته بعلم التصوف فال امیرالمومنين علي عليه الدم لو تفت إلينا من الحروب لنقل عنه إلينا من هذا العلم ما لا يقوم له التوب اك ان أعطى العلم اللدنى وقال الجنيد لو علمت أن ا له تعالى علمنا تحت اديم الماء ( )1قرآن :النور ( .53 ,)AXIV ( )2قرآن :الاعرن ( .. . , v11 ( )5قرآن :البقرة ( .272 ,)1
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اشرق من هذا العلم الذي تكلم فيو مع أتعابنا وإخوانا ل عيت اليه وقصدته وكان التي ينشد كثيرا (شعر )(بسيط علم التصوير علمليس غرقه الأأوفطنة بالفهم موضو وليس بعرفه من ليس يشهده وكيف يشهد ضوء الشمس مكفوف وكان الجنيد وأحمد بن وهب الريات يتكلمان في علمالصوفية ولاني يستفيد منه وتقدمه على نفسه ولم يتكتم الجنيد على 50 الناس في الجامع حتى مات أحد وكان يقول ف داعلوم القائق بموت اجير الزيات وقال الجنيد سألني أبوبكر الكائي عن الف مسئلة وددت أنها لم تقع في أيدي الناس وابو بکر هدامن كبار المشائخ وهو الذي قال فيه الجنيد لم يقطع الينا كسر النهروان مثل أبي بكر الكسائي وها أنا أن جماعة من تكلم في هذه العلوم العلم أنه لم يحل عصر عنهم فمن تكلم على الاس عام إمام الأيةأبو سعيد الحسن بن أبي الحسن البصري وكان يومي في قضره بمذهب التدرية وهو أكل قدرا من أن يظى به ذلك وما أصدق القائل (شعر) [ كامل) ما تغلب وائل جوتها أم بلت كي تناط البران وقد ين أبو نعيم الإصفهان کتابا وسماه بي القدر عن الحسنبن
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ابن الحسن ولما رآه على بن أبي طالب علیه السلام( أعجب به وأثنى عليه وأذن له في الكيم ومن جميع من كان يتكلم على الناس بالبشرة وقال هذه بدعة لم نعهدها في القصر الأول وكان الشئ يشبه كلمه يكديم الأنبياء وهديه بهدى اللهابة وكان أنس بن مالك إذا سئل عن ،يقول سوا مولانا الحسن وكان أكثرية في آفات الأعمال وايي الدور وخفايا الصقات وشهوات التوس وقيل له يا أبا عید نواك تتكلم بكادم ليس شمع من غيرك فمن أين أخدته قال من حديقة ابي اليمان وكان حديقة يتكلم بكيم مع من غيره من الابة قيل عن ذلك فقال كان الابن يستون ( )9رسول الله صلى الله عليه عن الخيرويقولون يا رسول الله ما من عمل كذا وكذا وكنت اسأله عن الشر وأقول ما يفسد كذا وكذافلاز انی رسول الله صلى الله عليه وآله أشال عن آفات الأغمال ختمي بهذا العلم وكان يتممی صاحب البروقد أفرد من بين التابة بعلم اليرقاق وهو فيماقاله حلاونا بعون بابا لا يغرق دقائقها ووايضها الا المخوضون به من الشاكين الراسخين في العلم وكان عمر ثمان وأكابر العالية يسألونه 36 3 .من الفتن العامة والخاصة فيخبرهم بها ومن قدماء الوعاظ الذين يتكلمون على الناس ابو السواركان بن حريث العدوى طلق بن حبيب وهوالذي قال فيه التاني مارأيت أعبد من طلق ومنهم فقد الىوهو الذي اعترض على اليمن في كلامه چین سمعه نه فقال ما هكذا يقول فقهاونا فقال له المسى بيت أمك ( )1في الاصل :علقم . ( )9في الاصل يسئلون عن رسول الله و( عن ) سهو لذلك حذفتد .
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فيد هلرأيت بعينيك قطفيها الفقيه من فقه عن الله أمره ونهيه ومنهم أبو عاصم المذكروهو من قدماء مشائخ الشام وصالح التي الذي تمرمجله شفيى الورى فأجبه كلامه وقال هونډي قومه ي مجلس ومنهم عبد العزيز بن سلمان وهو الذي قالم في فانضر إلى أفيير ماشيا ومنهم الفضل بن عيسى القاشیون مي متجد مشاهيرالمناخ ابو علي الى الموجي كان يت ف المدينة وكان الجنيد يحضر جيشه واخد عنه الاانه كان لايتكتم في علم الوصول بل في علم المملوك ومنهم أبو شعيب المادي وامه المع خيري بغض مكافاته بين اشياء اختار من جملتها البدء ذهبت عيناه ويداء ورجاده ومن كبارهم محمد بن ابراهيم المعروف بأبي حمزة البغدادي البزاز وكان له في جميع علوم الشوفيني ل ان وكان أحمد بن حنبل يسأله عن اشياء وتقول ما تقول في كذا وكذا یا وغ وهو أول من تكلم ببغداد في هذه العلوم وظهرهبطوس قبول عظيم وأقبل عليه الا م يرموا منهفي حالة شكرهكما شهدوا علي بالندقة ومذهب الحولية وأخرجوه من ط وس وأعير على دوايه ودى عليها هډو دوات التنديق ولاأخرج من البد جعل ينشد (شعر) إخفیف لك من قلى المكان المضون كل عتب على فيك يهون ومنهم العلم المشهور ابو القسم الجنيد بن محمد ونضربن رجاء وهو من أقران الجنيد ومنهم ابو عبد الله جي وابو الحسين بن مغون ۱۰۰زان .
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وكان يتكلم على الناس في مسجد بغداد وابو حسين عمرو بن عثمان المصرى وله في علم التصوير واو كثيرة ومنهم موسىال وهو أول من تكلم بالبصرة في علوم التول والمحبة والشوق وكان طريق أهل البصرة قبه التهد والاجتهاد ولوم الكسب تمام الصمت كى تم الله علوم التجاري على موسى الأنتج ومن مشائخ البرةفهران الوفاء تكلم على الناس ببغداد ومن كبارهم ابو جعفر الصيدلاني وكان يتكلم على الناس بمكة ومن مشاهيرهم ابوالحسن دی سالم وهو من أتاب هل بن عبد الله التشترى وإليه ينب انتابه وقال لهم الممالية ومنهم أبو على الأشواري وأبو بكربن عبد العزيز وهو من مشامج مكة وأبو سعد القيسي التيسابوری جبی بن معاذ واعظأهل زمانه وأبو عثمان سعيد بن عثمان الواعظ الازيان وأبو الشرى منصور بن عمار البوجي وأبو بكرالشاي وابو سعید الأعلموأبو بكر البيلي وابو العباس محمد بن محمد الډيوى كان له في قهالعلوم لسان حسن وأبو عبيد الطوسي وابو على التقني وهو من كبار العلماء اسان واسمه محمد بن عبد الواب هو القائل لو أن جاد جمع العلوم كلها حب طوائد الاس له بلغ مبلغ الرجال الا بالزيادة على يدی شي ومن كبارهم على الطيان ومى القویان لدينا ابو الحق ابرهیم هولاء أكانوا يتكلمون على الناس عامة ومنهم من لم يكن يتكلم على الناس عامة بل على أنكابه خاصة ومنهم عامر بن عبد الله ابن قيس وقد أننى عليه أمام الأئمة الحسن البصري ومالك بن دينار وهو من كبار :7 .المتنبيين والمتكلمين في الحقائق وأبوالشاء جابر بن زيد و
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الذي يقول فيه ابن عباس لو نزل أهل البصرة عند فتيا جابر بن زید لوعتهم وأبو عمران الجوني وكان كلامه في الحكمة وابو وايلة إياس ابن معوية وهوالقائل من لا يعرب عيبه فهو اجق وأبو م اهرریاح القيسي وكان كلامه في أعالي المقامات من المحبة والشوق والرب والفضيل بن عياض وعلي بن المدني وأد بن وهب الزيات وعبد الله الشاح وعلي بن عيسى وابوالحسن متون بن جزة وأبو سعید القرىوابو الحسن بن صديق وزيا بى محارب وأبو الحسن )واو على الوراق وابو على بى زبرا وهو من كبار العاب الجيد وأبو القاسيم الدقاق وكانايتكلمان في علوم الأطرات وأبومحمد المرتعش الخراساني وهو القائل من لم يكن على الله غيورا لم یکن الله عليه ورا وأبو على الشكمي وعلى المال وهو القائل ذهبت حقائق الفوبقيت شرائطها وجاءت طائفة يطلبون الراحة ويتوقون ذلك معرفة فانا له وانا اليه راجعون ،وأبو ها الزاهد ابرهيم بن فاتك وكان الجنيد يكرمه واحد بن عطاء الروذباری وابو الفيض ذو النون المصرى وأبو سليمان العبسي المعروف بالداراني واسمه عبد الرحمن بن اجد واخوة داوود بين أجد وسهل بن عبد الله التستري وأبو عبد الله بن مایك وله رسالة معروفة وابو الأديان وابو اللیث المغزى وابو عید التوني وهو من كبار صوفية البشرة وابو حاتم العطار وجبيل بن الحسن العتی وابو جعفر الواوي واسمه محمد بن المعيل وابوبشر []1بن منصوروثمن بن مخر العقيلي وأبو سعيد العضرى وشليمان ( )1ابو الحسن كتب هاهنا سهوا على ما اظن . ( )9قرآن :البقرة ( . 51 ,)1
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كار وأبو وابة الرى وابو يعقوب الأبتي وعبد الله بن عفان وأبو عبد الله البصري وكتد بي الى عائشة وعمرو بن عثمان المي وعبد 370.العريز البراني وأبو الحسن علی بن بابويه وأبو بكر الوسطى والبيع []1بن عبد اللآن وهو القائل إن لله عبادا هم في الدنيا كتبون إلى الآخرة متطلعون قد تقدت أبصار قلوبهم في الملكوت فرأت فيها ما و من ثواب اللي فازدادت بذلك جدا واجتهادا عند معاينة أبصار لوبهم فهم الذين لا راحة لهم في الدنيا وهم الذين تقرأتهم دا ،ومنهم أبوعبد الله السندي وهو من أتاب أبي يزيد ،وأبو بكر الزنجانی و وابرهيم بن يحيى البریری ،وأبو العباس الان ،وحاتم الأم ،وأبويزيد البسطایی ،وأبو أحمد الغزال النيسابوري ،وجعفر التسوى ،وأبو الحسين أحمد بن محمد الخوارزمي ،وعبد الله بن محمد ابن منازل ،وأبو شرف الدي ،وأبو بكر الطمستان ،وأبو الحسين إبن هند القوي ،وأبو الحق ابراهيم الدباغ ،ولی بئ وه، وأبو بكر محمد بن ابوهيم الجوري ،وأبو عبد الله محمد بن ابرهیم اشويي ،وأبو عبد الله النار ،وابن بطة ،وهما من أجاب على ابن شهل وأد بن شعيب ،وعبيد الملقب بالجنون ،نهوده لهم كانوا يتكلمون في هډءالعلوم لهم انقوا قبل ال مائة وقليل منهم كانوا بعدها ،وقد تكلم باقة من النساء أيضاعلى الرجال والبناء رابعة العدوية وكان الكبار من التي يتمون مها كغين الورى وقد شملها ذلك وي التي قالت إشفين يغم الرجل أنت و لا أتك تحب الدنيا وخطبها عبد الواحد بن زیدمع علو شأنيفنهايام حتى شفع له إليها إخوانهفلما دخل عليها 0. 01. TITI01E
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قالت له با شهوانی اطلت شهوانيه مثلك ،وملهى شعونة الأبية كانت تتكلم على العباير بلغ بها خشية الله مبلغاأمرها عن العبادةثم رأت رؤياقرى عنها ورجعت إلى ما كانت عليه من البادة ومنه بحرية الموصلية كت حتى ذهببها ،وتمتدة جد أبي الخير التيتاني الأقطع كان لها ش مائة تلميذ من الرجال والياء ،وقائية1983. النيسابورية امرأة الحمد بى الشتری فكانت تتكتمعلى النساء بنیشابور تدبت بأبي عثمان ،ونهين فاطمة بنت أبي بكرالكتاني ون وهويتكلم في العين ومات معها تت تﺅر ماتت بين يد من الرجال ،ومن مشاهيرمن ضت في هذه القوم وقدمائهم الحارث بن أشد المحاسبي ،وأبو الحق بن أحمد الخواص ،وأبو القيم الجيد سيد الطائفة والمشار اليه والمعول عليه ،وعلى بن ابرهیم الشقيق ،وخت العسكري ،وأبو عبير الله محمد بن على الترمذی، وهو القائل ما تفت خوفا من تدبيرولكن كنت أتممت بمقاني إذا اشتد على الوقت ،ومنهم أبو بكر محمد بن عمرالوراق الترمذی ، وأبو جعفر النيسابوري ،واسمه أجد بى دان ()1بن على بن ستان ) وكان الجنيد كاتبه ،واجد بن محمد الفرخکی ،وأبو عبير الله محمد بن يوسف الباء الإهاني ،وأبوعبير الله محمد بن خيت ،وابو تضرالشراج الطوسي ،وأبو طالب المكي ،وله في هذه العلوم ادم له يبق إلى مثلهفيما رأيت وقتى ما أظن وهدا حيث يطول وأنا راجع ماكنت بصدد؛ وأقول كماأن كلي قوم من ( )1في الاصل سمنان وفي لوات الانوار للشرافی ج 1ص
: 10سنان .
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العلماء ألفاظامصطك عليها ولا بد من الجوع إليهمفي معانيها كذاإذانوع من الوفية مضطاتهم ينبغي أن يرجع البهم في بیان حقاﺉقها لفظ البقاء ،والقاء ،والعدم ،وال تي ،والقبض ، والشط ،والشكر ،والنمو ،والأثبات ،والنمو ،و ور ،والغنية، والعلم ،والمعرفة ،والوكير ،والكشف ،والمقام ،و ا ،والفراق ، والوصال ،والأشقا ،والاتصال ،ومع ،والفرقة ،والدي ، والفهم ،والوصول ،والشتوي ،والشوق ،والأنس ،والقرب ،والجلي ، 183والية ،والمشاهدة ،وكقولهم بقى فاى بد هو وانجمن جلديه وينبغي إلعاقل المنصف إذا مع هذه الألفاظ أن يراجع في معازيها القائد وتقول له ما الذي عنيت بهذه الألفاظ والحكم على التاد قبل استفسار عن المواد بهيره الألفاظبالدقة والاكابر في عمانية ، وكتب بعض الصوفية الى بعض الأئمة أبياتا ئهفيها عي معاني القاظ من مصطكاتهم ولم أر فيها ما يصلح لهډه اللمعةا هذا البيت ( شعر) ( خفیف ) وإذاقال قائل هوبد هو
وأنا لا أنا ماذا يريد
والغرض من هذا كله أن الرسالة التي عينتها في حال البيبى فاتحها لابيدون من أدائی ربقة توتنوا بهاإلى إيذائی قد " كرت فيهامن ألفاظ الصوفية طوفت كولى فيهاالشرقت تطنة ( )1في الاصل ( وقد) والصواب حذف الواو .
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الليلة الأزلية فبقي القلم و الكايبوقولي ح تى الهوية القديمة اشتفقت هوتي الحادثة وكولي طار الطاير إلى فقه وقولي لو هر مما جرى بينما در لتقى العرش والكرسي إلى كلمات أخرين هذا الجنس قد شددوا على الأفكار في تلك الكليمات وزعموا أن ذلك و رندةودعوى النبوة وانا اگر طرفامن حكايات المشائخ والفاظهم ليشتدل بها على أن الصوفية يطلقون هذه الألفاظ فيما بينهم قاتها عندهم تقافة ولايلزم منها ،وتهم بها ملونة من ذلك قول الواسطي إن الله تعالى أثر من صنعه ما أبرز دلالة على بوبينه ثم أبطل ماأدى فقال ك تء هالك الا وجهه ،ولخلق في عظمهكهباء لا خطرله وليس للحلق إليه طريقي إلا من حيث جعل لهم من طريق العلم أن أثبتوه كما عمموه وهداالمغنى هو الډي أوردته في قصير من تلك الرسالة وكتبت فيه إلى أن الله هو الكي وف والكل وأن ماسواه هو الواحد ولوو معناه أن كل الموجودات بالشبة الى عظم داية كاليء بالنسبة إلى الكلي وكالواوير باليشيرإلى الكثير اذ كل الموجودات قطرة من بر درته ولم ارد بذلك أن الله كني بأجزائه تعالى الله علوا كبيرا )عن قبول الإنقسام ويقترب من ذلك قولهم إن جبرئل والعش والكرسى مع المتوت ها مدة فيماوراء الموت بل أقل من ذلك وليس المراد من ذلك أن الله أكبر مى العالم بكثرة الأجزاء بل قمة الذاتي والمقصود من ال ( )1قرآن :الانص ( .88 ,)17 ( )3قرآن :الاسراء ( .45 ,)111
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على العديقة حيث قالوا إن اللهله ق ا شیا واجدا وكند يشتيم هذا الأفتوا وقد ذكرت في مواضع كثيرة من تلك التالي أن القديم لا يتصور فيه اثنينية ألبهوكذلك ت وا في بعض القاها دعوى الرؤية القيقية التي طلبها موسى عليه الدم فقيل له تن ترانی()2ولوا عن التين الشريح الذي لا يقبل تأويدأن الله لا يتصور أن يراه أحد في الدنيا لا لي ولا نبي محمد صلى الله عليه وسلم وذكر في الروح اما مطابق لكلام المشائخ من حية المعنى وأن كانا لا يتفقان في اللفظ وقد كثر كلام الصوفيةفي الروح ، ومن ذلك ما قال الواسطى أظهر الله الروح من جلووالو لو أنه شترلتجد له كل كافر فمتى خرجت أنوار الممول والهوم تلاشت في انوار الروح تايى أنوار الكواكب والقمر في نور الس ومنها ي ق أنهم لايعنون باللاتي عدم الشىء في دايو بل اختفاؤه بالنسبة إلى مدريد ،وقال أبو عبد الراز إن الله جد أرواح أوليائه إليه ولدها بذكر؛ وهذا مطابق لقول في تلك الرسالة طار الطائر إلى خښه وقال أبو الطيب الشامري المعرفة طلوع الحق على الأسرار بمواصلة 30 00الأنوار وقال الواسطى إذا ظهر كق على الشائر لم يبقفيها فضل رجاء ولا خوف وهذا هو مرادی من قولي غشيته الهوده الآلية ال اندنقش الشوق إذا هاج من الفؤاد له يابي على شىء إلا وأخته حى العرش واحتراق العرش كتاشيه ومن غاب عن نفسه فقير ا ل پرته واحترق في كتو كل ماسواه كما حكى عن أبي سعيد ( )1قران :الاعراف ( ,) 1و 13
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ازفي حكاية انه قال به في الباديةفهته بي هابي وقال ( شعر)( طويل) فلو كنت من أهل الوجود حقيقة لعبت عن الأكوان والعز والكرسي ومن اتقى الله في خواته أفضى به ذلك إلى هذه الحال كما قال ابو محمد الجريرى بصفو العبودية تتال التربة والحرية ال البيتى والرؤية ولي المرادبهالرؤية ما طلب موشی من رته بل شىء آخر ظاهرالحقيقة عند أهلها وإلى هذا أشار لإيرى أيضابقوله من لم كم فيما بينه وبين الله بالتقوى والمراقبة لم يصل إلى الكشف والمشاهدة وقال أبو بكر التليسى الضو حال قه له قلب و عقل وقال أبو الليشي متون التو و حال و ما بل إشارة متينة ولوائے محرقة وقاللدى الممو حال تظهر فيها عن الربوبية وتضل فيها عين العبودية وهذاهو مادي حيث أقول قتادتني العلم والممتل والقلب بقى الكاتیب باد هو وقال المنعش الممون خل ضمن بها صاحبها على الكونين دهب إلى التي وهب عن هاي؛ فكان له عز وجل ولم يكن وقال أبوالحسن الأسواری الو هو هوى عني تيقظى بري وقال و الثون المصرى إن ييرعادا ينظرون بأغين 40 . القلوب إلى جوب الغيوب فني أرواحهم في ملكوت الماء ثم تعود اليهم بأطيب جني من ثمار الشرور وهدا هومرادی ممن قولي طار ( )1في الاصل لن وفي الهامشة ضن وهو احسن .
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الطائر إلى محشه ثم رجع إلى القنص ومن ذلك أنه تواجد رجل في مجلس يحيى بن معاذ فقيل له ما هذافقال ابت چقات الإنسانية وظهرت أحكام الترابية وسئل أبو القاس الكردي عن التوحيد فقال مابق منه عليك لابك وقال شلمان بن عبد الله كل ت يكون فيهذكر اللهفهومتصل بالعرس وقال أبو حامد الأضرى سألت أبا يعقوب المزابلی( عن التخوف فقال هو أن يضع عنك عين الإنسانية ومعاله الأية قال حبشی بن داود التي هوإرادة في في الخلق بد خلق وقال يحيى بن معاذ من رأى مع الحبيب غير حبيب له يرطبيب وكني من تلك الرسالة يدور على هذه القواعد و لفظ من هذهالحكايات تحتاج إلى تمهيد قوادوتأسيسأول من علم الصوفية حتى فيمتاها ولست الان اشرح ذلك فانه يشتدجي فراغ القنب و الهم وأنا م ول الخاطر معبر فيما ابتيبه النډير من الحب والتي سائرالأنكال (شعر)[كامل ] بت على مصائب و أنها تمت على الأيام تحدى ليالينا ولم أن تلك الترسالة إلا متوقعا محشي الأمر في اليوة وتم يلي ( )1في الأصل الزابلی والدواب المزابلی .
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من يطالعهابعد الممات ولو خطرببالي أنه عقبني ما رأيته وأراه لما أقدمت عليها قط(شعر) ( طويل . غت غوستا كنت أرجو لقاحها « | وأمل يوما أن تطيب جناتها فإن أثمرت غيرالذي كنت امد فلا ذنب لي إن كنت تحتها
وإذ لم يجب أحد من العلماء والصوفية عن تلك الكيماي ليعذر لهم عنډیمول ولا ي يذكره فانه وعوض وطول تناولت القلم ومعول عليهوأجبت عن قول المفترض معتوابهذهالتراكة اليه ( شعر)( طويل ومن يرج مروة البعيد قاما بدی قوتو الاثبات على بوی 00: كيف و كلمات الصوفيةاشیاء لونظر فيها الناظرمن طريق العنت والأنکار کو جدفيها مجال الاعتراض حبا كما حكى عن معروف الكرخي أنه قال لرجل ادعالله تعالى أن يرد علىذرة من البشرية فاته شييع الظاهر اذ يقول المتعنت اله ق لنفسه على محمد المطفى صلى الله عليه واله انه قال أنابشرأغضب كما غضب البشر وقد ادعى معروف أنه لم يبق فيه أثر البشريةوهذا عند أهل القيفي ظاژولكن لا يعرفه عيهم إذ ك علم لا يعرفه إلا ( )1في الهامشة كاقها.
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من بخوض فيه وفي غمرة في البحين عن حقائقه ومعانيهولم الصوفية أشرف العلوم وأغمضها ولا يترى كلیه و فيه غيره وأنا أورد اشکا دي ا في علمهمليظهر للمدعى أنه لا تخبروندهمن لوبهم فقد م عن رسول الله صلى الله عليه وآله أنه أخبرغر عن تفسدون غيره من العاب كاب بكروم مان وقلي رضيالله عنهم بأنهم من أهل الجنة وقد ورد في القاح أن رسول الله صلى الله عليه وآله قال في حدي كه طويل فأدخل على وتي قاله اجدا وأشفع تي وقد ورد في العينعنه أيضاأنه قال وهو على المنبر والیتفش تخت ب هد آدري أين أهلي كتة أنا أم من أهل النار وهذا إشكال واقع وجوابه ظاهر جند من سلك طريق الصوفيةو يعى الشطبيات )[الاهم) وقول أبييزيد إن الله تعالی اطلع على العالم تعال يا أبا يريد لهم عبيدی يك فأخرجني من العبودية نون الظاهراتي المتعنت لوقال كان رسول الله صلى الله عليه وسلم يقول أناعبد ر عن الأنبياء أنهم قالوا واجعلي بركمن عبادك تكيف بجور بغيرهم أن يقول أخرجني منالعبوديةوهذا مايشكل على من لم يشتك طريق الصوفية وجوابه عندهمأظهر من الشمس وأظهر من قول أبي يزيد قول التبلي كيث مع ما قاله أبو زيد فقد اتمنى لقى بأقل من ذلك فقال كل الحق عبیدی غیك فان أقاء ۳۰وين لك قول اللي لاقيل له هل تعلم ينيك فرحا فقال نعم إذا لم أجد له ايرا فلو قال المتعت هذاځف في الأنبياء كلهم بعثوا ( )1هكذا في الأصل والمعني يقتضي تكميلي الجملة والجافة (ا ) لوما بان معناه
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دعوة للقلق ،إلى الله وإلى ذكره وماكانوا ي كون إلا بإجابة دعوتهم فكيف يجوز لښتلیأن يقول لا تفرح تنسى إلا إذا كله يكر الله أسمه وكذلك كان البيبلي في دقائه يقول اللهم اسكن أغدای جنةعدن ولا خلني منك طرفة عين فلو قال المتعنت إذا كان رسول اللهصلی الله عليه ثميقول في دعايه اللهم إني أسألكالجنة وأعود بك من الار فكيف يتم لغيره أن يقول ما قاله الشبلى وكذلك تقل عن غير واحد من الكبار الهم قالوا من عبد الله بعوض فهو يم وقال كليب الساري وهو من أهل البدء لو كان أيوب في الأيوة ل ارفته و قال المتعت هذا القاﺉل قد قار الأنبياء في بيوتهم وهو وكان من حيث الظاهر يد واجب من هذا ما حكي عن شقيق البلخی أنه سأل بعض المشائخ کن صفة العارفين فقال الذين إذا أعطوا شكروا واذا منعوا بها فقال له شقيق هذه صفة الكدب عندناببلغ قال له فماصفة العارفین فقال إذامنعوا شكروا وإذا أغطوا آروا لو قال ابن قد انتي الله في كتابه غير مرة على أهل البر والشكر فكيف يجوزلشقيق أن يتموهمبالكلاب كان له في القلوب تأثير عظيم اللهم إلاعند من ع مذاهب القوم وعاداتهم في المخاطبات ،ولما دخل الواسطى مالوا نیشابور قال إمكاب أي من بماذاكان يامشي ق بالتزام الطاعة ووية التقصير فيها فقال كان يامكم بالوية القصة قد أمركم بالغيبة عنهابؤ منها وتجريبهافقال معترض هذا فوفاته أدعى أى مكرمة الطاقات جوية عضله ها نماد ما قال از
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. )! .في الامان الحق والصواب لخلق - .
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الله تعالى وقال شوله عليه الدم فإن القران من أوله إلى آخره ماء على الطاعة والمطيعين لكان قوله من حيث النظر الى ظاهر الأمر والاقار علیه حقا واعلم أن علم التصنيف أقسام ك ير و قسم ۱۱۰منها يقوم بها،قوموقل من يحيط علما بتلك الأقسام ومن جملة تلك الأقسام وتم ينهى علم المملوك وهويشتمل على مجلدات كبيرة وإلىبعض تلك الأقسام يشير قول الشبلي حيث يقول كنت أكتب الديك والوقة تليين سنة حتى أشقر الضم جئت إلى كل من كتبت عنه فقلت أريد فقه الله تعالى ما كلمني أحد مما أنكروه على في تلك الرسالة أن الله تعالى منزه کن أن يدركه الأنبياء فضة عن روم والإدراك أن يحيط المدك بكمال المد وهد؛د صور الا يه فاذا لا يتم الله غير الله كما قال الجنيد وقد جاء في تفسير قوله تعالى وماقدروا الله حق قدره ( أي ما عرفوه حق معرفته قال رسول الله صلى الله عليه و عرفتم الله حق معرفته لالت بدعاكم بال ولميتم على الكور لو خفتم الله حق ځوفه لعلم العلم الذي ليش معه جهل وما بلغ ذلك أحد قيل ولا أنت يا ممول الله قال ولا أنا الله أعظم من أن يبلغ أمهأ ؛ وقال الصديق بنى الله عنه كان من الله جعل يتخلق بيد إلىمعونهالابالعينعن معينه وقال أمد بن عطاء لاسبيل إلى معرفة الله أحد وذلك الامتاع ضميريي ځيني وبينه ويل لأبي بين الثوری کنید تدركه العمل ولايرى الا بالعدول فقال كيف يدرك ومدى من لا ( )1في الاصل بها.
( )3قرآن :الانعام ( ,)11ان
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مدى له وقيل لأبي العباس الدينوری بم عرفت الله قال بأني لا أعرفه وقال و الون ما عين الله من عرفهولا وجده منانهه و حتمية أصاب من مثله وإنما أشكل ذلك (على من أشك من حي ظن أن العلم بوجود الله وبوجود صفاته من العلم ،والقدرة و وة والإرادة والدموالسمعوالبصر هو معرفة الله وإدراك حقيقيه ليس كذلك قال الصوفية فهم " يقرون فرقاعظيما بين العلم باللير وي :معرفة الله والعلم بوجود القديم قريب واليه يشير قوله تعالى ،أفي الله شك فأما إدراك حقيقة الذاتي والمعرفة الحقيقيةفي ذلك لا يلد ۱۹ ۲۰ واليهتشير الكلمات الواردة في ذلك كما ذكرته أنفها ولي العلم وجود صانع قديم لهذا العالم مايشد على أهل الحقائق بل دل عندهمأظمى المي وكي يتم من ذوي الخضار متنازع في وجود الس تعم يحتاج العميان إلى ذلك حتى يصل لهمبطريق السمع ذلك كيف يتصور الشك في وجود من هوالموجوداى به يظهما يواه عنه يوجد ولولاه لم يكن في الوجود موجود أصد والبتة ولو تصوله عدم تعالى الله عن جواز العدم لبطل وجود كل یه والعارفون بنون إلى الله من الأشياء بل ينظرون في الله الى الأشياء كما قال أبو بكر الصديق رضي الله عنه مانظرت في نىء الا ایت الله قبله وليست هذه الرؤية و التربية الخاصةفيالاخرة في شيء بل الروبة لفظمشترك يطلقها الفقهاء والصوفية لمعان كثيرة ( )1ما بين المعكدين نسي ثم اضيف في الهامشة . ( )9اضفته ليتغم المعني . ( )3قرآن :ابرهم ( .11 ,)41
LA ŠAKWA.
ولا يتعلق عرضتا بشرح ذلك وللوفية كما هونها شطئاوهو عبارة غريبةتصدرممن قالها في حالة الشعروشدة ليان الوجد والإنسان في تلك الحالي لا يقدر على إما تيهكما بني (شعر) (طويل ) وفي وقالوا لاتتم ولؤوا جبال روی ما سويت لعنت وذلك كقول أبي يزيد انتمن نفسي كما تنس الي من جيرها فتت اذا أنا هو قوله اللهم تنی بودايري والبشي أن نيتك وارفعني إلىأديتك حتى إذارآني خلقك قالوا أتيناك تكون أنت ذلك له أكن أنا هاك وأشتال ذلك كثيرة وقد ورد في كلامهم ذلك منظوم أيضاكما قال بعضهم (شعر) بسيط بيني وبين إ تازگى قازقغ باك إنتي من البين وإلى مثل ذلك يشيرقوله صلى الله عليه لايزال العبدت الى ۲.و بالوافل حتى أحبه اذا أحببته كنت سمعه الذي يتم به صرة الذي يبصر به ولسانه الذي ينطلق به والمقلوب في هذه الحال إذا شيب عنه عقله وتدعى فياشراق شطان أنوار الأرك لو قال تعي ما أعظم اني مايشبه ذلك مما سبقت الإشارةإليهلله واخذ به كلام العاق يطو ديوي كما يرى أن فاته كان بادها زوجهاعن نفسهاو تمتنع عنه قال لها إن أطعيني ولا قلت منك شيمان ظهرا لبطى فتلقت التي لامهالى شتم فاشتدعاه وقال له في ذلك فقال يانبى الله كلام العشاق وبیفاش شى ذلك شيمان
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عليه التهم على أن تلك الكلمات مبوتة فيما بين فصول أن تضت ما قبلها وما بعدها علم أنه لا مجال عليهاللاغراض ففيكلام الله تعالى وكلام شوله ألفاظ متفرقة دث في صفات الله عز وجل ولو أنها جعت كرت دفعة واحدة كمافعلهاأهل الضلال كان لهامن التلبيس والإيهام والألغاز تایی عظیم واذا رات كل كلمة في موضعها الأثق بها مع القرائن المقترنة بها لم تمها الأسماء ولم تنب منها الطباع فقد ورد في حق الله تعالى جده القا جم غايةالأهال خوله للواب لطاءأظهر الإحتمال الاشياء ،والول ، والغضب ،والى ،والكبير ،والشوق ،والفرح ،وال ،والكراتية والده ،وكلا الصورة والوجه ،والعين ،واليد ،والأصبع ، والبيع ،والبصر ،وكقوله ) من ذا الذي يت الله قرضا حسنا وقوله( وهو الذي يقبل التوبة عن عباده ويا القاب قوله يموت صلى الله علیه مرگ قلم تعدنى وجعتقمتطعتني حتى اضطرب 13 . مومی وقام وقد وقال الهی او تموم وجوع فقال مرض عبدی ان وجاء عبدی این ولو أطعمت هذا وعدت ذاك لوجدتني عندهما وهذا مطابق لما أوحاه إلى داود علیه السلام حيث قال يا رب أين أطلبك فقال عند المنكسرة قلوبهم لأجلي وهذا كقولهتعالى في الكتاب المنزل على نبينا محمد صلى الله عليه " إن الله مع الذين اتقوا والذين هم خ ون وإن الله مع الادقين والضابرين وان الله مع ( )1قرآن :البقرة ( ;2 6 ,)1لديد ( .11 ,)1vi1 ( )2قرآن :التوية ; 105 , ) 18 (.الشورى ( .: h ,)11
( )3قرآن :لنحل ( .18 . )xvi
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(13
التسنين هيره القاضا جملة وقع بشبيها خلق كثير في القالود بها قوموقالوا لو كانت البوه حقالاو شول الله صلى الله عليه صانع العالم بأان تدل على الجسمية فإن شيرية تدل على الحدث وهولاءالما أتوا من قبل علومهم وقتيباعتهم في علوم العربيةكما قيل أوافر) وكم من عائب ولاميتا وافته من القهم القيم وإلى هولاء يشير القرآن حيث يقول ( بل كذبوا بما لم يحيطوابعلو عليهم ينته حيث يقول " وإذ له يقتدوا به ق ولون هدا اقل قديم والعلماء الراسخون في علمهم لا يخفى عليهم تاويل قډه الألفاظ بل فيأظهر من الي عندهم وأكثر الخلق تاهوافيها حيوان . معانيها (طويل ديكش الغاء الا ابى كة
ى غمات الموت ثم يزورها
ولوكان الوصول إلى معرفة تاويل هذه الألفاظ الجملة هاه لما شول الله صلى الله عليه وآله بر الأمير عبد الله بن عباس في دقائه يقوله اللهم فقهه في الدين وعلمه الاول وي على صعوبتها عند العموم يسهل دركها على الخصوص كما قيل بسيط أنام ملء جوني عن شواردها
شهر لخلق جاها ختم
( )1قران :یونس ( .!10 ,)1 ( )2قرآن :الواقعة ( .10 , XLv1 ( ) 3ق آن :آل ؛ آن ( ; 5 ,) 11النساء ( .100 ,) 1
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م هذه الألفاظ الله المنيةفي القرآن والدي لؤعها متد واشتنتی إماما وقال ما تقول فيمن يدياللبوة ويزعم أن الله يجوع مض وفض وتفرح وتيك يجت وبعضوتقرين منالخلق ۱۰ وياخد الدقة وينزل من علوإلى شغل وصورته صورة الادميين وله وجه مع تصود وأشبع فرما قل الإمام المستفتي عن مقصود هذا المجد وأنه ي حشوا في الإرتقاء فأطلق القول بان من قال ذلك قد خبرونده من حقيقة الحق واتهمطل في دلخواه له ين لقوله هذا سبب الا ان الميدعبين كلمات كان من حقها أن تكون متفرقة تراها عن قرائن كان الواجب أن تذكر تلك الكلمات الا مع تلك القرائي كي تكون مهمة فإن من القرائي التي تدعاحتمال الطاء في هذهالألفاظ قوله تعالى ( ليش گوئیه ؛ وقوله ،فمن يخلق من يخلق وإذا كان لد مع هذاالايز فما الى إذابدل لفظامكان لفظ بدل الترول باليوالإستواء بالاستقرار وذكر الله والشايد مكان اليد والأذن والصماخ مكان البيع او اللحم والعظم مكان الوجه او البد مكان التنفس فإن لفظ التزوير والاستواء والي الوجهوسائر الألفاظ الملة إذا ځکت على ما وردت في القرآن والحديث من غير تغییر و تبديلي ود بشع ولا تفريق ولا تيادة و تقاي ولا تجيد عن الكيمات التي بها وبعدها ولا تغية عن القرائي التي اقترنت بها زال عنها الإبهام و فيها الإبهام وما أبعد عن التحويل من لا يدرك الفرق بين ( )1قران :الطور ( 9 ,)aLii ( )9قرآن :المد ( .17 ,)avi
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LA ŠAKWA.
بعهذه الكلمات في ورقة واحدة وذكرها دفعة واحد وي يكا 443فيما بين كلمات لعلها تزيد على ألف ألف كلمة وما لي أستبعد من علماء العصر إنكارهم على وله ل أكابر العلماء في كني عضرمودین وبأنواع الى مقصودين كمالك وأبي حنيفة والشافعي وأكد سفین وا الله عليهم أين وكذلك كان مشائ الصوفية كاتيد والقبلي وأي يريد البسطایی وذي النون البصري وسهل بن عبدالله التشترى وأبي الحسن الثوری وفنون الت وقد ند وين الإختصار دكوت من ذلك طرت ولك الوقت له يتحتمل التطويل أرض عن ذلك وتمل ماقيل [بسيط تعرض البوق بجديا فقلت له بأنها البوق إني عنك مشغول و ترو أن أحد وقد صنفت وأنا يافع لأخلاق العشرين فما فوقها اضع ب يرأبناءالين واليمين عن تفهمها فضلا عن اليفها وتصنيفها بسيط إن خسوفي أنى عيريهم تلى من اللي أقل القلي قد سدوا من أراد أن يقف على يمة ما ذكرت في جيع ماأوردت وأصدرت يتوب به معانيها طلب مفاتي نظرفيها و هاتا وشوفيها كرالي الموشومة يقرى العاشي إلى معرفة الوان والأهالي و لي العﻻية والمفتلذ من الريف وهما من مختصواب التصانیف والوالي الملقبة بأمالي الإشتياق في ليالي الفراق والكتاب COSTI.
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التىمنية يشوب وهو في عمل الشاب الهندسي الرسالة التي بنتها غالية البحث عن معنى البعث والأخرى الممتاة صلةالبازل الأمون على ابن اللون والتاب الذي لقبته بزبدة الحقائق وهدا آبنما صفته من الكتب وكنت إذ ذاك من ابناء أربع وعشرين سنة وفي هذه السنة التي ابتكن فيها التقدير بهذه الفتنة بتغ ۸۸۱۰. لناولين وفي الأشد الذي ذكرها الله جل في قوله تعالی( حتى إذا بلغ أشده وانمايستوي الرجل عند بلوغ الأربعين ومن مولدات خاطرى ال بيت في السيب سم بها القاطري عشرةأيام وی مجموعة في حيفة تقر بهة العشاق وهةالمشتاق وهذه الأرجوزة منها غادةمن تقى معة تعزى إلى خير أب و يكتتها اجئے اشد فروالعدى على جاد جد بكل صمام ممتيل تي وابل من الرماح التي دارت ومخبي مع ب ير في فترات من ځواني ډ و هامات الرى والوفد إلى جيب الباعوارى النډ ير فيت في عيش لذيذ في يلبس تى كرم وي كدكن وهن ندى ألتها م ابالن وأجنبني بالتتم ورد الخد .. لقد خضت في تنی کتابین مشوطين كانت نيتي أن تكون كل ( )1قرآن :الاحقاف ( . 14 ,)171
LA ŠAKWĀ.
واحد منامشتمد على عشرمتدات أحدهما في علوم الأدب كنت قد تمته بالمدخل إلى العيد ورياضة علومها الأبنيه والأخرى تفسیر حقائق القرآن ثم عافني مات البنين والإقبال على ما هو قوش ممي عن إتمام التابين وى تقف حقيقة أخوالىمني د متايهله ولدوقلة الأناني ع مصداق هذه الدعاوى التي أرى هذه لال ما أنا عليه من ضيق القدر تشت الأمر وتشب الخاطر وتوزع الفكر عن إقامة هان عليها قلبيض من أراد ذلك عنايته إليها (شعر)[كامل ] سال ضاعة هل وفيت بذمة أم هل وضعت الأمرچین ولی فكر كنش كتيبةأجرته جی وار روپ صلی وكريم أبطال لتیت بيدهم فسقيتهم كاس الودي وشقي وأخ يجيب المستضيف إذا دعا الخيل يعرف التاج زيت فطلب المد غیرمتر إن مم مم وإن حييت كييت ومما لا بد من ذكره في هذهالتعة حقيقة مذهب الشتی فان الحاجة ماسه إليه وأنا أذكر ذلك في كتة فصول كنأول الأيمان هو الإيمان بالله شوله وباليوم الآخروأنا أدري كين أضير ق دكاودا له ملياعلى المصطفى محمد وعلى سائر أنبيائه والله يعصم من الكل منه وفضله
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الفصل الأول في الإيمان بالله ووقاته اعلم أن الله تقائی موجود لايتمم عليه الدم واحد لا يتصور یہ الجني فهوالملك الكريم الرمحن الرحيم و الجلال والإكرام ،والأبناء العظام قلوب الخلق بيده وتواصى العالمین إلیه د بشهشان عن شان وقد خضع لتيائه ل سلطان کلا شريك له في وحدانيته ولا مثل له في قوانينه ولا ضد له في ميريهولا يد له في أحديته له الملك ولموت تحت سلطانه الو بوت أول ك ئه وقبل كل شىء وهو الباقي بعد فناء كل شى قهو الحميد الجيد والفعال لما ۱۰تا بريد( )2علاودوه ونا في مملوه ظهر في بطونه وبطن في ظهوره والحجب عن اليق لشدة اشراق توره وهو بار النهار واليوم القادر والأخري أولين والأول فيآينه أحاط بكل ى ،حتماووسع مه ولاقد فاض في اليمني والموت أهل الماء وا خيره ونده مقام الغيب لا يعلمها غټهده وله العم المتظاه والي المتواترة والفضلازيل والشنع الجميل والع النيع والتقال البيع والضع الكريم والإحسان القديم والكرم الفاخروالملك الظاهر والعين الباذخ والسلطان الشامخ خلق الأرض والماء و المقاديرفيها كيف شاء قدرهاوبها أح تقدیروترتيب كمله ( )1قران :الرجی ( .97 ,)17 ( )3قران :هود ( ; 109 ,) 11البروج ( .16 ,)Lxxxv
( )3قرآن :الانعام (.. ,) 1
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في كل ذرة من بير نجيب سيء إليه العباد وهو يزداد إخافتا اليهم وتبون بالمعاصى واى إلاتطفت عليهم لا خييمممهولا تعد اباديهولايطاق النظر إلى كمال إشراقه ولا إلى مباديه تى منقاد لعظمته واون والبنات في بنته وقدرته قديم وأول قدمه باق لاآخرلبقائه دائم الوجود من غير زوال کامل الذاتي على كل حال الموصوف بصفات الكمال الموت بتموت الجلال والجمال و الأسماء التي والصقات الغلى لا يمال الأجسام ولا يقبل الإنقسام از الذات تنمى التيفات كان قبل أن تخلق الأرضين والموات هو الان على ما كان من أوصانيه التامات وتعونه الكادت لايشبه الموجودات في دايير ولا في صفاته بل الموجودات كلها قطرة من بحر قدرت وآية من آياته لايعرب عن نمو اللي م ا رو منه كالهباءبل علمه بما تمت أرښهکلمه بمافوق الماء والموجودات لها في عين عليه كقطرة في بحار ومة في قارو تخرج عن إرادته نظرة ولا عن مشيئينه خطرة فما شاء كان وما لم يشألم يكن ود حادث من الكائنات يوجد في أجيه المعدوم كما أراد في الأول ولمه في القدم من غير زيادة ونقان ولاتقدم ولا تأسر وهو الشييع العليم الذي لا يتم عن سموه ممنوع ولا عن تصرة مبر بل سواء عنده من جهربالقول واسه ماأضمرة القلب وأظهره أسرار المائر عنده علانية وأفهام الخلق دون إدراك آمال صفاته وانية وهو المتكلم بالكلام القديم القائم بذاته المنهعن أن را ،قرآن :سبا ( ;3 ,)117يونس ( .63 ,)1 ( )2قرآن :الرعد ( ,11 ,)1
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يشبه كام المخلوقين وجميع ما قاله من المحكم والمتشابه )على ما قاله وكما أراده أمره ونهيه حق ووعده وعیدهصدق تومن بير إيمان تحقيق ويقين وتصدق به تصديقا لايانا فيه ريب جل وجهه وتعالى جده من كي لا يعارضه موت وباق لا يتمهفناء أظهر الموجودات بقدرته اختراعا واشتدبخلقها ايجادا وإبداعا سبحانه شبانه ما أعظم شانه وأظهر بهانه وأحشطائه وأجزل خانه وأتم امښتانه لا تقتدي القلوب لوضين بهائه وعظمتهولا طمع طامع في الأحاط بكمالهإنه شات حضرته فما أنه في جادله وأنهاة في ماله وأعظمه في كبريائه وأظهرة في الشراق ضيائه وأثبته في بوبيهوأدومه فيكوليته وأعهفي واحدانيته واجهفي مدايته وأقدمه في أولهوأشبهفي أزليته هو الوارث إقلي أرضهوماليه وهوالى حين لا تي في ديمومةمتهوبقائه ع أن يصد كمال ذاته لسان أو يفى بنه صفاته العلى بيان الفصل الثاني في الإيمان بالبنوة غم أن الله جل جلالهتتم الأنبياء مبشرين ومنذرين ،وأزد 16۱۰ دا إلى كافةالى العرب منهم والمالأسود والأحمر وأيده والممرات الظاهرةوالايات الاهرة فس بشعه من الشرائع ما ( )1قران :آل عران ( .5 ,)1 ( )9قرآن :البقرة ( ,)1و : 20وغيرها.
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شاء وقرر منها ما شاء وهو خاتم الأنبياء سيد البشر (،شعر) ) [كامل ] ليد هيهات أن يد الا نظيره إن المالى بيته والتنوير عبارة عن كمالات تصل الأنبياء ولا يتصور الوصول اليها بياعةالعقول ولي العقل إلاأن يصدق بذلك تصديق يشتيده من طريق النظر في البراهين الواحة والدلائل البينةفأماأن يوف عاقل ببضاعة عقله إلى تلك الكمالات فكاد وحاشي طور النبوة وراء طور الولاية ونهاية الأولياء هي بدايةالأنبياء وطورالولاية وراء طور ه العقل ونهايات العقلاء بدايات الأولياء ومن ذهب مذهب الق وظن أن الليبي عبارة عن شخص بلغ أقصى درجات العقل و بضاعة قلبي في الأوامر والتوالي وزعم أنها أوضاع وضعها البي وشواها على الحكمة فقد انخلع من ربقة الأشدم والحطفي بيت أهل الغباوة بل له ينطق عن الهوى وان كامه وحي يوحي ،والإمام اللى بعد رسول الله صلى الله عليه وسلم أبوبكرثم عمرثم ثمن ثم على رضى الله عنهمأعين علماذلك بالاجماع القاطع الاب - بطريق التواتروقد كت في عنوان القى قصيدة أحلى من المني في الواد وال من وصال الأحبة بعد طول البعاد مدحت بها رسول الله صلى الله عليهولقاء الراشدين رضى الله عنهم أ ين بل ( )1هنالك في النسخة الخطية احرف كاد يذهب اثرها لم أقف على مذاها.
( )3قرآن :النجم ( .3 ,) Lun
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مدحت نفسي وشعري جي تصديت يديك و تتو على شبين بيتاوهذه الأبيات منها شعر طويل شرجي اليه يعملات سواهما( طلا أناها التوق والوخد 7 . وأحد أجفان الرجاء بتربة توی جته فيها فأجفانه مد وإن لله تبغيإليو کائي قد هامحشب و ضتها ود الفصل الثالث فيالإيمان بالاخرة اعلم أن القبر أول منزل من منازل الآخرين وقد ورد الأخبار بشوالي منكرونكير ولا نتصو في ذلك ببضاعة ولنا الشيقة فاكتر حوال الآخرة إنما يدرك بثور النبوة وقليل منهايدركه أفراد الأولياء وأكد الراسخين من العلماء والقبر اما روضة من رياض الجنة أو حفرة من حفر النيران وقدم الحفرة والروضةومنكر ونكير لايدل على عديم رؤية الميت إذ نحن في عالم المثير والشهادة والميت في عالم الملكوت والفيب وقد قال النبي صلى الله عليه وآله اما هما مكان قطان غليظان أزرقان يبحثان الأرض بأنيابهما يطان محورهاأواما كالغد القايد وأبصارهما كالبرق الخطف وجند ذلك قال عمر بن الخطاب يا رسول الله أفيون معى عقلي هذا قال نعم قال إذا أكفيها م يبعث من في القبور يض ما في الصدور ،ورد الأرواح إلى الأجاير والاش يمشون ما راه حشرون على صعيد القيامة اشتاتا فييوم كان مقداره سين ه
و
( )1قرآن :العاديات ( ,)6و
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ألي سنة( وليس يعقل ان الضيق بهډهالأمور الممكنةتماما أن يدرك ذلك بيضاعته د بل إذا أدرك العقل صدق الأنبياء وأنه و تو عليهم الكذب كان مضطرا في تصديقهم بجميع ما أخبروا عنه ومن ذلك أخوال الأبية كل ذلك في الميزان وهو الذي يعرف العباد مقاديرأعمالهم المئات منهاوالشيئا وكذا الواط . ،وه جشرمندو لى متى جهت كالشيو في جدهوالشرف دينه والا متفاوتون عليه فين طائر يطير وين اريسيروحاب . بو وهاو يهوي به الى النار في مكان تحيق ،وكذاالجنة والنار وما فيها من انواع الالام وأشدهاالكود في النار مع الحجاب وأقسام الداي وأغلاها النظر إلى رب العالمين وجميع ما و في القرآن وقطتبه الأخبار النجاح فهو حق وهد دوي به إيمانا د تمارى فيه وكا الو الورود الذي من شرب منه شربة لله يظمأ بعدها أبدا أحلى من العسل وأشد بياضا من اللبن وكذلك الشفاعة فهى كى يشفع الأنبياء ثم الأولياء تم العلماءثم الشهداء ثم موم المومنین ولكن وين شفاعةكما قال رسول الله صلى الله عليه هذاهو الاعتقاد الى الذي أععليه الشلف الصالحون والأمة المنقرضون ولا فيهم اسوة حسنة وقد مضية وقد قلت فيبل أصول الإيمان أيات وي ( طويل | ينت بالبرهان من طق الثل وجود قديم د دوى إلى هب (ا قرآن :المراج ( . .)Lan ( )9ترآن :اج ( ,)nuو .3
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بيعبصيرعالي متكم " مرید قدیردی كيوة وفي فضل يقوم بومافي مواته العلى وفي اژيه التى من الحزن والهير وليس لنا من خالي وصور سوى الواجي اليوم في الغلو والتنقل ولا ريب لي في أثة هي الورى خيهمفهو المجدوالمبلى . أن رسول الله أنه ختوو قول و قصير وما هو بالهزل ()1 وان اليأدي الياد ما قاله كل من الفزع والأضد وان الذي بعد الممات جميعه على ما حكاه المصطفى خاتم الشل هااعتقادی واغتقاد مشایخی وأدى المانيين والله من قبلي فهل بين شرق الأرض والعبميم بحالف فيه من ذوى العقل والنقد ماؤه وكم من في بودي بعراء من قولي وشنعاء من فعل ( )1ق ان :الطارق ( .13 , )Lilv1
8r .
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|
.مالى ورب الراقصات إلى منى سوى دعوة أدعو بها الله من غير الهى طټر وجه أرضك منهم وإنمما قالوا فطهره من مثلي والأولىأن أفت على هذاالقدر وأن تد طول الكلام مع ما أنا فيه من ضيق الصدروأنا أشكو( )1إلى الله أقواماأفكروا حتوى العلم والخدوا غير المعروف من سجاياأولى ليتم وتنعوا بي إلى الشلطان واختتموا على عظيم البهتان ولله تم بواجب حتى علماء الفرق ولا دو الممرات ورق وأشمون يصوم أبنادقهم وأعاديهم فما أجدهم أن نشد قول الشاعرفيهم (کامل) ما هذه القرى التي لاتقي
ما هذه الرحم التي لا ترحم
والله يعلم أني لم أزل أعينهم على مطالبهموأقوم بمقاوم تحصيل ماربهم وأنهم باليد والإيمان وأجازی مسیئهم بالأخشان وأجبر سيره أف أسير وأضل قادهم وأدفع عنهم حاسدهم وأحوى ظنونهم وامالهم وأعلم مما علمني الله جهالهم وأن أتماعهم غرائب الكلم وهم لطا الكم(بسيط لا ذنب لي غير ما تميزت من محور شرقاوغرباوماأحكمت من غق ( )1في الأصل الذي .
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فالله حسيبي وحسيبهم يوم لا ينطقون ولا يوځ لهم يقدرون ()1 الحمد لله رب عالمي علىويه المعاهرةوالصلاة على محمد وعرفه الطاهرة وحسبناالله ونعم الوكيل ( )1قرآن :المرسلات ( .35 ,)Livn معن(ا9ه) قرآن :آل عمران ( - .167 ,)1ويليه في النسخة العطية رمز لم اقل على
LES
ACHÉENS D 'ASIE MINEURE
ET LES PROBLÈMES DE L'ARRIVÉE ACHÉENNE SUR LA MÉDITERRANÉE AU [[E MILLÉNAIRE , PAR
RAYMOND WEILL .
Ayant été conduit, en 1921 ct 1922 , à effectuer une revi
sion générale de ce que nous savions sur les Peuples de la Mer , connus par la documentation égyptienne , que les pharaons
Ramsès II , Mineptab et Ramsès III eurent comme adversaires ou qu'on rencontre parmi les mercenaires de leurs ennemis , quelquefois commemercenaires dans l'armée égyptienne même,
et cherchant à préciser la localisation des pays d'où tous ces Marilimes dont nous avons les noms étaient originaires (1), j'ai porté une attention particulière sur l'une de ces dénomi (1) Weill , Phéniciens, Égéens et Hellènes dans la Méditerranée primitive,dans Syria , II (1921), voir p. 130-141, 194; Sur la dissémination géographique du nom de peuple dans le monde égéo-asianique , dans Syria , III (1999 ), .p . 27 38 ; J. As., 11° série , XIX (1922 ), p. 141-164 ; cf. , antérieurement déjà .
Revue archéologique , 1904 , 1, p. 61-69.
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nations, celle des Akaiounša qui figurent dans la liste des étran
gers auxquels Mineptab cut affaire , vers l'an 1230 . Depuis longtemps, comme on sail , l'égyptologie a reconnu dans
leur nom celuides Achéens, et l'on a toujours pris en considé ration en même temps le nom des Dainiouna ou Dainiou ren
contrés dans les rangs des Peuples de la Mer repoussés par Ramsès III, et qui plus évidemmentencore sont les Danaens. Nous avonsnoté que les deux noms, dans les conditions où les documents égyptiens les enregistrent, désignent le plus vrai
semblablement des Égéensou des Asianiques commetous leurs voisins du tableau général de ces Maritimes, et analysé la par ticularité significative de la désinence ethnique asianique, -aša ou - ena , qu'ils présentent l'un et l'autre , Dainiou-na (= Dainiou) comme dans Sard -ina ( très connu chez Ramsés II, Mineptab et Ramsès III), Akaiou -aša comme dans Tour -ša (Mineptah et
Ramsès III), Kerke-ša (Ramses II), Šakal-aša (Mineplah et Ramsès III), Quas-aša (Ramsès III).
En opposition ,disais-je, avec la situation ethnique et géo graphique ainsi exprimée , il y a cet autre fait, qu'Achéens ou Danaens de la tradition grecque sont, non des Asianiques , mais des Hellènes de la Grèce continentale . Et j'essayais de
montrer que ces témoignages discordants se pouvaient conci lier dans le cadre même de la tradition grecque, informée que
les vieilles villes du nord -est du Péloponèse, Argos,Mycènes , Tyrinthe, auraient été fondées par des gens venus de la mer, Inakhos , Danaos , Pelasgos, — et Danaens, Argiens , Achéens, dans le vocabulaire de l'épopée , sont exactement des syno
nymes — à qui se rattache ensuite Pélops, l'éponyme de la
presqu'île , l'aïeul des Achéens caractéristiques de l'épopée, Agamemnon et Menelas, et qui, trouvons-nous ailleurs , avait eu pour père le Phrygien Tantale : de telle manière qu'il semblait apparaître , en fin de compte, qu'Agamemnon et Menelas étaient d'extraction phrygienne.
LES ACHÉENS D 'ASIE MINEURE.
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Ainsi formulée , toutefois , cette dernière conclusion estdan gereusement simple et sommaire, trop précise sans nul doute , car elle ne saurait valoir que pour le stade de l'élabo
ration légendaire complètement achevée, et perd de vue que si Pelops a toujours été d'Asie -Mineure. — nous n 'en avons pas
la preuve, mais , comme on va le dire, la chose estextrêmement probable , — il est reconnaissable par contre qu'Agamemnon
descendant de Pelops est loin de remonter au stade traditionnel le plus ancien que nous arrivons à atteindre. On accède à ce ncie
stade en séparant, par analyse progressive , dans le complexe légendaire de la tradition de l'épopée , les éléments primitive ment indépendants qui sont venus se souder ensemble. Au
premier degré, comme on sait, expliquant la formation de I'Iliade, il en faut ôter tout ce qui concerne l'intervention
d'Ulysse, représentant de l'archipel de l'Ouest, etl'on se trouve alors devant un corps de récit d 'une cohésion excellente : L ’lliade authentique se résume dans l'alliance d 'Achille ,
d'Agamemnon etde Menelas, représentants des trois fractions de la Grèce mycénienne les plus intéressées à la disparition de Troie , 1). C'est cela sans doute ; mais le tissu de cette Iliade
authentique, se prête à la décomposition à son tour, suivant uneméthode(2) qui consiste à libérer la narration primitive de noyau historique, celle d'une guerre du roi d 'Argos contre Troie, en la débarrassant des éléments mythiques associés, ceux de la
légende thessalienne d'Achille etceux de la légende spartiate du rapt de la déesse Hélène. Or, dans une des versions de l'histoire d'Hélène, les sauveurs de la déesse étaient deux frères Aga memnon et Menelas, dont le dernier fut promu, de très bonne heure, à la qualité héroïque ou divine d 'époux d'Hélène ,
d'ailleurs roi de Sparte comme successeur de Tyndare. Aga. (1) FOUGÈRES , etc., Les premières civilisations, 1926 (dans Peuples et civila sations , t. 1), p . 217.
(23 Je suis ici Ed.Meyer , Gesch. d . Altertums, II , 1 (1928 ), p. 296-302.
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memnon , cependant, restait sans emploi , et quand la légende
deSparte vint à être nouée à l'histoire de la guerre de Mycènes contre Troie , en même temps que du ravisseur d'Hélène on
faisait un Troyen , on confiait le personnage du roi de Mycènes à Agamemnon. Ainsi ces deux figures de la légende religieuse laconienne se transposèrent en celles de deux rois (1), cheſs de l'empire ou de la confédération péninsulaire de l'épopée , en quelle qualité ils arrivèrent immédiatement à être les des
cendants de Pelops. Toute cette fusion , et l'organisation gé
néalogiquecorrélative, étaientconsommées au stadede l'épopée . Mais pour le stade primitif, comme on voit, il convient de
séparer Agamemnon de Pelops, qui seul, dès l'origine, se pré sente comme recouvrantce que désignent les noms de Danaens, d 'Achéens ou d 'Argiens du vocabulaire de l'épopée, c'est-à-dire
les populations prédoriennes de la Grèce et notamment de la presqu'île . Et la question de Pelops asianique en prend plus
d'intérêt encore . Sa bliation d'Asie n 'est attestée que long lemps après l'épopée(2) : il est phrygien chez Sophocle , Héro dote , Bacchylide , lydien chez Pindare. Mais au ve siècle , en
pleine atmosphère hellénique, pareille tradition si opposée aux générales prétentions d 'autochtonic des Grecs ne peut être in
ventée de toutes pièces , et il est comme nécessaire qu'elle soit acquise d'époque très ancienne. On pourrait même se deman der si cette tradition d'un Pelops préhellénique n 'avait pas le londement d 'une siluation historique positive , observant que la formedu nom permet de douter qu'il appartient à une langue grecque(3) (1) D 'autres historiens ne croient pas devoir s'engager si profondément dans la voie de l'analyse légendaire. Glotz , Histoire grecque , I (1995 ), p. 340 , visant l'épisode de Menelas succédant à Sparle à Tyndare , père d'Hélène ( Paus., III , 1, 5 ) , y voit simplement l'arrivée en Arcadie des Achéens.
12) Voir Glotz , loc. cit. (1995) , p. 81, n . 67; MeyBR , loc. cit. (1928 ) , p. 250 , n . 1 .
. 3 Meyer, loc. cit. (1928) , p. 250 , 270-971, sur Pelops et autres noms
81
LES ACHÉENS D'ASIE MINEURE.
Pelops = Danaen , ou Achéen , Pélops et Danaos venus d 'outre
mer,Achéens rencontrés parmiles Asianiquesde la Méditerra née orientale au xuiºsiècle , ces informations concordent, et le renseignementqu'elles comportent serait assez simple et très
acceptable du point de vue de l'histoire , si l'on ne devait tenir compte en même temps de ce que Pelops , Danaens et Achéens de l'épopée sont hellenes de manière essentielle et caractéris
tique, et qu'il paraît subsister dans les termes , de ce fait, une contradiction non résolue. Dès 192 1 , toutefois , l'on était am
plement en mesure de reconnaitre qu'il n'y avait point là
d 'opposition irréductible, le mot d’Achéens désignantun objet ou un ensemble d'objets indiscutablement hellénique,mais cet ensemble , d'autre part, considéré dans loute l'étendue de son domaine historique , se trouvant embrasser de vastes régions
du sud de l'Asie Mineure. Ce que les Grecs de l'époque histo rique , en effet, comprenaient sous la dénomination achéenne,
est un ensemble linguistique constitué par les parlers grecs
arcadien , cypriote et pamphylien , dont on constate par ail leurs que la couche sous-jacente a été recouverte par les par lers doriens de l'époque historique(1). Ces vestiges de langue,
îlots géographiques , semblent effectivement correspondre aux aires de quelques territoires reculés et peu accessibles où la population de la langue primitive, cela est clair surtout pour le formés avec le vieux suffixe ethnique -on, qu'on rencontre assez souvent en Grèce propre , en Macédoine et en Épire : cette formation pourrait être em pruntée à une langue antégrecque. Mêmes lumières et conclusions plus affir matives chez EISLER , Die Seevölker n -namen in den altor . Quellen , dans Cau casica , nº 5 (1998), voir p. 76 -79. Cf., antérieurement, AutRAN, Suffixes pluriels asianiques et caucasiens, dans Babyloniaca , VIII, 3 , et Le nom propre grec (1997) , p. 46o.
(1) MEILLET, La place du pamphylien parmi les dialectes grecs , dans Rev. des Et. grecques, XXI (1908), p. 413-425 (cf. Dussaud, Les civilisations pré helléniques , 1914 , p . 441-442 ;Glotz , La civilisation égéenne , 1923 , p. 64 65 , et Hist. grecque, I, 1925, p. 88 ; JARDÉ, La formation du peuple grec , 1923 , p . 79) ;MBYER, loc. cit. (1928) , p. 380, 548, CCXVI.
6 INPAINERIS JATIONAL . .
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plateau arcadien central , a été refoulée par l'invasion des Hel
lènes de l'époque suivante, de sorte qu’on induit sans peine que ces survivances achéennes sontcelles d 'un monde hellénique
du premier stade qui comprenait la Grèce tout entière.Mais , d 'après l'emplacement même de ses ruines , cette Grèce ou
< Hellade, proto-helléniques'étendait sur la Pamphylie et sur Cypre, c'est-à-dire, apparemment, sur tout l'ourletméridional
maritime de la grande péninsule , si bien que l'idée se pré sente , très généralement, que dans l'esprit de la légende grecque primitive , les provenances orientales des fondateurs n 'exprimaientpeut-être rien d'autre que ce fait , dont on avait souvenir ou connaissance , de la parenté de ces « Hellenes >>
anciens établis des deux côtés de la mer Égée. Nous revien drons, de manière plus précise , à ces parentés de peuples ; nous verrons qu'elles embrassaient, par rapport aux Hellenes de Grèce , non seulement le bord sud , mais aussi l'ouest et le centre de l'Asie Mineure , et que la légende exprimait remar
quablement bien, parfois , une situation positive et certaine, comme on s'en rendra compte notamment dans le cas de
Pelops venu de Phrygie ou de Lydie. Pour le moment, il suf fira d'avoir montré quedepuis longtemps déjà , l'historien pou
vait concevoir un monde proto-hellénique achéen , celui même de l'épopée , mais plus vaste géographiquement que l'épopée ne
le connaît, et s'étendant, en Asie Mineure, au moins tout le
long de la bandeméridionale. Car la question se pose immédiatement, dès lors , de retrou ver sur ces rives de l'Asie Mineure quelque grand réservoir
achéen , en situation de parenté démontrée ou probable avec les
Achéens péloponésiens de la période hellénique ancienne, et susceptible en même temps d 'avoir fourni les guerriers rencon trés dans la Méditerranée orientale au xı°siècle. Pour le plus grand nombre des autres, parmilesPeuples de la Mer des listes
égyptiennes , la localisation géographique originelle estacquise ,
LES ACHÉENS D'ASIE MINEURE.
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et souventnous conduit, pour lemieux des faits historiques ,sur la côte sud de l'Asie Mineure ou bien en Crète , face à l’Egypte
même. Tel est le cas pour les Loukou , Lyciens, les Kirkiša , Ciliciens, les Tourša qui sont Tarse , c'est-à-dire la Cilicie en core une fois , les Poulousati dont les Philistins portent le nom ,
et qui vinrent de Créte ; tandis que les Sardina de Sardes avaient leur berceau , en Asie Mineure, dans un nord -ouest
plus lointain , que les Ouašaša se retrouvent dans la ville d 'Oasassios et les Sakalaša à Sagalassos dans la Pamphylie
intérieure. Par contre , les Dainiouna -Danaens ne se rencontrent
pas, jusqu'ici, dans la toponymie de la grande presqu'île. Et le cas des Akaiouaša - Achéens se présente dans des conditions
que nos vues historiques sur les provenances et les migrations
achéennes ont toujours rendu assez particulières et difficiles. Le nom des Achéens, en effet, qui à l'époque historique désigne encore , du côlé européen de la mer Égée , la région la plus méridionale de la Thessalie et la côte nord du Pélo ponèse , en même temps qu'il persiste en Béotie comme déno mination cultuelle (1), se rencontre d 'autre part tout autour des côtes de l'Asie Mineure : à Cypre dont on са connaît la côte nord achéenne, où des Grecs installés s'appelaient achéens, où le même nom était conservé dans certaines mentions reli gieuses(2); puis à Rhodes , où l'on sait que Achaia reste le nom
de l'acropole d'Ialysos(3); face à la Grèce, en pays ionien , où (1) Demeter achéenne de Béotie : renseignements chez Meyer, loc. cit. (1928 ), p . 281, n . 4 .
(2) Côte achéenne de Cypre : Strabon , XIV , 6 , 3 , Ptolémée, V , 14 , 4 . De meter à Paphos et les À xaloudyteis à Cypre : voir Glotz , loc. cit. (1925 ) , p . 86 , 107 et n. 147 , et Meyer , loc . cit. (1928), p . 281 et n . 4. Un Grec de Cypre , dans une inscription trouvée à Abydos, se disant À youwos : Meillet,
Aperçu d'une histoire de la langue grecque (1920) , p. 60, cf. Glotz , loc. cit. (1925), p. 107, n . 147.
(3) Diodore, V, 57, 6 ; Athénée, VIII , 61; C.I.G ., XII, fase. 1, nº 677.
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l'on connaft une domination coloniale achéenne(1) et un éta blisseinent, au fond du golfe en arrière de Lesbos, qui est appelé portdes Achéens (2); dans l'extrême nord-ouest, enfin , en
Troade, où se trouve un autre port des Achéens, ou camp des Achéens, ou bien Achaion (3). Etil y avait des Achéens à bien plus grande distance, en plusieurs régions du bord nord de la mer Noire, un port des Achéens encore, dans les environs d 'Olbia et du Borystènes (“), puis, au delà du Bosphore cim
mérien , des Achéens parmiles peuplades sauvages du Caucase et de la rive(5), où l'on signale en outre une bourgade achéenne (6), d 'autre part une vieille Achaia maritime qui est sans doute la même chose , et l'embouchure d'un fleuve Achaion dans la même région (7). Peut-on retrouver , dans ce vaste
domaine, les anciens Akaiouaša du Pharaon Mineptab ? Comme lieu de provenance de ces guerriers de la mer , le Pont et même la Troade sont évidemment trop lointains, plus lointains en
core que les foyers achéens de la Grèce européenne ; l'Achaie de la côte ionienne irait mieux,mais surtout Rhodes et Cypre conviendraient à merveille du point de vue de la situation géo
graphique. Dans cettemanière d'expliquer les choses, cepen dant, il fallait tenir compte du jugement unanime et comme naturel des bistoriens, qui pensaient que les centres achéens desdeux grandes îles étaient les résultats de colonisations par
ties de la Grèce européenne , de même d 'ailleurs que l'autre centre achéen de Pamphylie attesté par la parenté linguis tique. Mais il n 'y avait pas là de difficulté positive ou même (1) Strabon , Viit, 5 , 5 . (2) Strabon , XIII , 3 , 5 .
(3) Pline, V , 33, 1; Strabon , XIII, 1 : 31, 32, 36 , 46, 47 . (6) Pline , IV , 26, 2.
(6) Diodore, XX , 25, 2 ; Pline, VI, 5 , 9 et 12, 1 ; Strabon , XI, 1 , 19-13 , XVII, 3 , 24 ; Ptolemée , V , 9 , 25 ; Scylax, 75 . (0) Ptolémée, V , 9 , 8 .
(7) Arrien , Périple du Pont, 27- 28 .
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affirmée par les circonstances; les Akaionaša de la relation égyptienne pouvaient fort bien être venus des grandes îles achéennes, au prix seulement d'être des Hellenes, et qu'il fût admis, comme bien on faisait, que leurs pères dans les îles étaient arrivés du Péloponèse. Le plus grand nombre des his
toriens ont raisonné ainsi (1), et ce n 'était point si mal, comme la suite devait le montrer, en dépit de cette complication de l'histoire de la migration achéenne dont les récentes acquisi
tions historiques, on va le voir, semblent nous permettre au jourd 'hui de nous affranchir. Quant à moi-même, en 1921, je commis la faute de rai
sonner par apalogie, trop exclusivement, et d'induire que les Akaiouasa asianiques , de même que leurs compagnons les Toursa , les Kirkiša, les Ouašaša et tous autres , étaient des
aborigènes anciens, que l'on ne pouvait donc identifier avec les Achéens hellenes de Cypre ou de Rhodes. L 'erreur consistait peut-être , au fond , à récuser le témoignage grec sur les
Achéens de la Méditerranée orientale , le tenant pour valable en ce qui concernait la seule époque grecque historique; je notais comme une lacune documentaire que le nom des Achéens, sur ces rivages , ne fût pas rencontré de source an cienne ou locale , dans quelque vieux nom de ville ou quelque relation historique indigène ; en toute vraisemblance, arri vais- je à conclure(2), « des Achéens et des Danaens, que nous ne connaissons pas, ont existé sur la côte sud de l'Asie Mineure
ou dans la mer Égée : attendons qu'une heureuse trouvaille épigraphique nous les rende» . 113 Par exemple Maspero, qui en 1897, dans sa carte de l'Asie Mineure vers le rir' siècle (Histoire , II , p . 361), couvrait du même nom d 'Agaiousha toute la Grèce européenne et la côte nord de Cypre .
(4) Loc. cit. dans Syria , III (1929), p . 35.
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.
On ne pouvait se douter , alors , que le væu ainsi formulé recevrait satisfaction aussi vite , et beaucoup plus complète ment qu'on n 'eût osé le désirer, par la découverte historique du
grand foyer achéen qui nous manquait sur la côte sud de l'Asie
Mineure , et l'acquisition de ce fait considérable que les Achéens d 'Asie Mineure que nous allions connaitre se présen tent à nous comme des Indo-européens , de proches parents
des autres Achéens de la rive opposée de l'Egée. Ce qui n'im plique point, disons-le tout de suite , qu'on les doive propre ment appeler Hellenes , car très vraisemblablement ils ne sont pas venus de la Grèce européenne.
La découverte est due à l'acquisition et au déchiffrement des tablettes cunéiformes de Boghaz-keui, qui nous ont appor té par ailleurs tant de choses nouvelles. Les faits intéressants pour notre objet consistent dans la rencontre, en ces textes historiques de l'empire hittite , de renseignements développés sur un grand état achéen qui a existé dans la région pamphy
lienne au xivºet au xın° siècle. Les documents ont été rassem blés et discutés attentivementà plusieurs reprises , notamment par Forrer (1) en 1924, dès 1924 également par Dhorme(2),
signalés brièvement en 1925 par Meillet(3), puis longuement étudiés, de 1926 à 1929, par Forrer, Friedrich, Götze , Hrozný(4), cependant que les historiens les présentaient en ré (1) FORRER, Vorhomerische Griechen in den Keilinschrifttexten von Boghazköi,
dans Mitt. d . deutschen Or.-Ges., n° 63 (mars 1924 ); Die Griechen in den Boghazköi-texten , dans 0 .L .Z ., XXVII (1924 ) , col. 113-118.
(2) R . P . Duome, Les Achéens dans les textes de Boghaz-Keui, dans R . B ., 33 (1924), p . 557-565 . (3) Meillet, Les Achéens au xiv siècle avant J.- C ., dans Bull. de l'Associa tion Guillaume Budé, juillet 1925, p. 11-12. (1) FORRER, Forschungen , I, fasc. 1, Die Arzaova -Länder (1926), fasc. 2 ,
LES ACHÉENS D'ASIE MINEURE.
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sumé(1). A leur suite à tous , il est aisé d'esquisser un tableau rapide des événements dans leur cadre.
A l'empire hittite , qui remplit toute la moitié orientale du continent d 'Asie Mineure dans sa masse intérieure, confine au
sud un grand pays d’Arzawa, connu depuis longtemps par les lettres d 'Amarna , et dont on sait, à présent, qu'il comprend toute la Cilicie et peut étendre sa domination , par moments , à l'ouest , sur la Pisidie , dans l'arrière-pays de la côte pam
pbylienne. Sur les côtes de l'Arzawa cilicien , des places impor tantes sont Vilousa , à l'est , l'Elaiousa connue , et à l'ouest , près de la Pisidie, Karkisa , qui est Korakésion , et dontle nom se rencontre identique , Kerkeša , dans les relations de Ram
sès II; on sait que ce nom est celui même de la Cilicie (2). La moitié est de la Pisidie , au contact de l’Arzawa propre, s'ap pelle Seha ; l'ouest est le Millawanda (Milyas), arrière-pays de
la Lycie maritime, laquelle paraît dans les documents hittites sous la forme Lougga , notée depuis longtemps, par ailleurs , Loukki dans les lettres d'Amarna , Loukou parmi les Maritimes
connus de Ramsès II et de Mineptah. Dans les mêmes docu ments hittiles on rencontre , sous la forme Dalaova , Tlos
de la Lycie occidentale. Le long de la côte , enfin , dans l'inté rieur du cercle dessiné par Lougga (Lycie ), Millavanda , Seha
et Arzawa maritime à son extrémité de Karkisa (Korakésion ), c'est-à -dire couvrant l'aire de la Pamphylie , est le pays d 'Ahhi jawa. Dans ce nom , on s'accorde unanimement à reconnaître Die Nachbarländer des Hatti-Reiches , etc. (1929); Friedrich dans Kleinasiat. Studien , I, p . 87 et suiv.; Görze , Madduwattaš (1928; Mitt. d . vorderas.-äg. Ges., t. XXXII , fasc. 1) ; HROZNÝ, Hethiter und Griechen , dans Archiv Orien
tálni, I (1929), p. 323-343 , et son compte rendu deGötze , Madduwattaš, dans 0 .L .2 ., XXXIII (1930), col. 33-35. (1) Glotz , Hist. grecque, I (1925), p . 89-93 ; Meyer , Gesch . d. Altertums, IT , 1 (1928) , p . 546-550.
(9) Weill , loc. cit. dans Syria, III (1922), p. 38-31.
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celui d'Achéen, ẢxaFa.Au temps du grand Hittite Morsilis II (1340-1315 environ ), les rois de ces Achéens sont un certain
Antarawas, puis son frère Tawagalawas, qui est le grand guer rier du royaume à cette époque. En Tawagalawas on incline fort à voir un EteFoxhe Fns, Etéoclès, et dans Antarawas un Áre
Spéus , bien que ces transcriptions ne soient pas évidemment sûres. Au débutdu règne de Morsilis , l'Ahhijawa et le Lougga
ayant été atlaqués par le Millawanda, qu'Arzawa poussait en avant, le Hittite se porte au secours des Achéens et les gens de Millawanda sont repoussés. Une douzaine d 'années après ,
Morsilis et Tawagalawas ne sont plus alliés; ils se montrent en position de concurrence du côté de Millawanda et traitent lon guement ensemble; le roi hittite appelle l’Achéen son frère ,
comme on parle à un
grand roin de domination impé
riale (1). Peu de temps après , sous Mouwattalis , successeur de Mor silis II, on voit paraître un roi Aleksandous de Vilousa , dont
le nom , lui aussi, a bien l'apparence d 'être grec. Au siècle suivant, on a un traité du roi des Hittites Dodha lias IV (1263- 1 225 ) avec le roi d 'Amourrou de la Syrie du
Nord , dans lequel des précautions sont spécifiées contre quatre grandsrois, ceux d ’Egypte , de Babylonie , d’Assour et d ’Abhi jawa , témoignant par là que cette dernière puissance , (1) On a noté, dans le même texte , que l'Achéen serait appelé « roi ajawa lasn, ArForos, Eolien : Forrer ,mémoires cités, Glotz , loc. cit. , p. 89-90 , FOUGÈRES, loc. cit., p. 200 ; mais cette interprétation du mot dans le cunéi forme est nettement contestée par FRIEDRICO , Kleinas. Studien , I, p . 97 et
suiv., et Meyer , loc. cit. , p. 549. De même Glotz , loc. cit., FOUGÈRES , loc. cit., p. 365 , Hrozný, loc. cit. (1929), p . 339, 340, suivent Forrer dans l'identification d'un pays de Laaspa des textes du temps de Morsil II , qui serait Lesbos, se présentantdans de telles conditions que le roi achéen de Pamphylie aurait Lesbos dans son domaine ; Meyer, loc. cit., considère les
avoisinants probables de ce Laaspa , d'après les textes , et trouve peu vraisem blable qu'il puisse s'agir de Lesbos, beaucoup trop éloignée dans le nord ouest , totalement en dehors de l'orbe d’Ahhijawa etde ses partenaires .
LES ACHÉENS D 'ASIE MINEURE.
89
l'achéenne, est considérée sur le même plan d'importance que
les grands empires de cette époque. Ces Achéens étaient bel liqueux et agressifs, comme nous en informe longuement, un
peu plus tard, la plainte de Maddouvattas . prince d 'un Zip pasla maritime qui, voisin de Dalaova, est en Carie méridio nale ou à Rhodes. Ce Maddouvattas, au temps de Dodhalias IV , avait été chassé de son pays par l’Achéen Attarissijas, puis
réintégré par l'intervention du roi hittite , qui avait exigé de lui l'engagement de ne plus accepter la suzeraineté achéenne. Mais Attarissijas avait réattaqué, par la voie de la mer ; Dodha lias étant revenu à la rescousse , l'Acbéen avait perdu une grande bataille , et Maddouvattas avait pu rentrer dans son pays. Parmi les contrées en la possession de Maddouvattas on
relève , bien intéressante par le nom grec qui la désigne, celle de Hoursanašša , très probablement la Chersonèse de Carie. Ultérieurement, poursuit le récit du prince carien , sous
Arnouanda IV (1925- 1200), fils et successeur de Dodhalias,
le même Attarissijas s'était porté à l'attaque deCypre, ancienne possession hittite cependant; du lexte mutilé et des faits qu'il
conserve , il semble ressortir qu'à cette époque, une partie de Cypre appartint au roi achéen ou à l'un de ses vassaux. On notera sans imprudence , semble-t-il, que la côte achéenne de Cypre dans la géographie grecque remonte bien probablement à ces événements de conquête (1). Ces entreprises maritimes n 'étaient point les seules où les Achéens d’Attarissijas donnaient leurs efforts. La guerre se poursuivait sur le front de terre , où l'on croit comprendre qu'Achaïe et Arzawa avaient partie liée pour résister à l'avance
hittile : nous sommes instruits, en effet , que vers la fin du règne de Dodhalias, sous la co -régence de son fils Arnouanda, (1) Tout à fait ainsi pense Fougères, loc. cit. (1996 ), p. 316 , all; et Ed. Meyer n 'en est pas loin (loc. cit., 1928 , p . 553), assignant à l'Achaïe de Pamphytie le rôle d'un centre d'essaimage.
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les Hittites chassèrent les gens d’Arzawa des pays occidentaur de leur domaine et réduisirent le Seha à soumission ; après
quoi « le roi d'Abhijawa se retira . . . n. La fin manque.
On veut généralementqu'Attarissijas soit un Atreus; cela est tentant et probable , bien que sujet à contestation , autant que
les autres transcriptions d' Antarawas en Andreuset de Tawagala
wasen Etéoclès. Cette dernière est jugée douteuse par Meillet (loc. cit.). Glotz les trouve toutes e moins aventureuses en réa lité qu'en apparence » , et portant son attention sur les deux rois
d'Achaže , les deux frères , l'Andreus et l'Etéoclès probables , il signale cette curieuse rencontre des deux noms des documents hittites avec ceux des rois Andreus et Eléoclès , le père et le fils, que conservait la légende d 'Orchomène(1).Meyer penche à ap
prouverl'équation Tawagalawas = Etéoclės, mais touchant Attaris
sijaset Atreus, il voit à l'équivalence des noms des difficultés linguistiques sérieuses(2); il nole , à ce propos , qu'absolument rien , dans les textes hittites , ne se rapporte au roi Atreus de
Mycènes , non plus qu'au fait de rel'expansion d'un grand em pire achéen qui, de la mère-patrie , se serait étendu sur les côtes de l'Asie Mineure », et il met en garde les historiens
contre le danger de constructions trop rapides dans cet ordre. C 'est l'évidence même, surtout en ce qui concerne les person nages , avec qui il serait absurde d 'identifier les figures des
(1) Glotz , loc. cit., p . 89-90 ; voir Pausanias , IX , 34 , 9 et suiv. (9) Meyer, loc . cit., p . 549-550. Les mêmes difficultés vues par Sayce , qui pensait reconnaître que la superposition d'Attarisijas et Atreus était phonéti quementimpossible , lui avaient donné lieu de proposer, assez singulièrement, d 'identifier cet Attarissijas avec Perseus, pour des raisons fondées sur certains traits communs de la relation cuneiforme et de la tradition grecque (Sayce ,
Perseus and the Achaeans in the Hittite tablets, dans Journ . of Hell. Studies , XLV (1925 ], p . 161-163). Notons, en parenthèse , que dans ce curieux article Sayce voit avec faveur l'identification , mise en avant par Cowley,
d 'Achéens avec Ha-hiwi de la Bible : identification même qui avait été pro posée , dès 1980 , par Autran , Phéniciens, p . 72 et n . g.
LES ACHÉENS D 'ASIE MINEURE. légendes grecques(1); toutefois , il n 'est point sans intérêt , et
nous y reviendrons plus loin , de pouvoir retrouver dans la légende de Mycènes , de Thèbes ou d'Orchomène les noms d 'Achéens historiques de la côte d’Asie Mineure.
Quant à l'équation fondamentale Ahhijawa = $ xasoi, on s'accorde à la considérer comme toutà fait sûre. Ces Achéens parlaient-ils grec ? Nous n'avons point encore d’écrits émanant d'eux, mais sur la langue de leurs voisins d’Arzawa nous sommes éclairés par deux lettres d'Arzawa, au grand dossier d 'Amarna , que Knudtzon , dès 1902, signalait comme écrites
en une langue indo-européenne et qui ne sont autre chose, effectivement, que du hittite (2). Il semble qu 'on puisse penser sans témérité que dans le cercle d 'Arzawa-Ahhijawa, c'est- à
dire toutle long de la côte cilicienne-pamphylienne , à partir du xive siècle , on parlait ou le grec, ou des langues étroite
ment apparentées.
Dans l'ordre proprementhistorique,d 'autre part, la royau té achéenne de Pamphylie se manifeste comme tenant une
place honorable parmiles grandesdominations du mondeorien tal et méditerranéen . Que ces navigateurs guerriers , limités à
droile et à gauche par les Ciliciens et par les Lyciens, soient bien ceux quiparticipent, avec Lyciens , Ciliciens et tous autres, aux
attaques contre Ramsès II et Mineptah , cela ne fait évidem (1) Après Forrer lui-même, on note Fougères et ses collaborateurs de 1936 parmi ceux qui semblent incliner à cette erreur, enregistrant la « réalité his torique de diverses généalogies et personnalités princières jusqu'ici reléguées
dans le domaine de la légenden (FOUGÈRES, etc., Les premières civilisations,
1936 , p. 200 ). (9) Knudtzon, Die zwei Arzawa-Briefe (1902), où il rappelait que, dès 1894 , des fragments analogues avaient été trouvés à Boghez-keui par l'expédition Chantre . Les deux lettres sont celles des numéros 31 et 39 de la grande collec tion : KNUDTZON , Die El-Amarna- Tafeln (1915 ), p .270-277 et le commentaire de 0 . Weber, ib., p. 1074-1076. On pouvait reconnaître , dès lors , que la langue était en relation étroite avec celles du Mitani et des Hittites ; on sait aujour
d 'hui qu'elle n'est autre chose que le hittite indo- européen même.
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ment aucun doute ; mais ce sont là menues entreprises , sans nul doute laissées à quelques bandes de corsaires ou de merce
naires, et fort négligeables au regard de l'activité du royaume. L'Achéen de Pamphylie nous apparaît,au long d'une centaine d'années, comme un grand roi indépendant, l'égal en dignité de l'Egypte , de Babylone et de l'Assyrie , quelquefois l'allié , le plus souvent le concurrent redoutable des Hittites sur leur frontière du sud-ouest , et sur mer , à 150 kilomètres de dis tance tout autour du centre , l'agresseur de la Carie et le suze
rain d'une partie au moins de l'ile de Cypre. Il serait sans doute excessif de décorer celte domination du nom d 'impé
riale, mais elle fut remarquablement développée et vigou reuse .
Quels étaient ses antécédents ? Pour Forrer, cette organisa tion est trop importante pour avoir eu son centre dans le petit pays de Pamphylie , qui ne serait qu 'une annexe , un organe excentrique dépendant d 'un ensemble beaucoup plus vaste , l'empire dont le souverain est désigné commeun un des grands rois du monde par le traité de Dodhalias IV avec l'Amourrou , lequel empire aurait été la Grèce elle-même. Nous avons vu en
quels termes fort justes Meyer reproche à Forrer la création
de pareilles images chimériques. Mais Forrer a-t-il fait autre chose qu 'accentuer une formule dès longtemps et très généra
ralement acceptée , celle de la provenance grecque, d 'Europe , de toute la civilisation hellénique d 'Asie Mineure et des îles ?
Ces vues sont fondées sur des considérations linguistiques que
nous avons rappelées plus haut, et avec lesquelles les nouvelles acquisitions historiques se sont parfaitement accordées; voyons
Meillet, à propos des Achéens de Pamphylie au XIV° siècle , nous rappelant(1) que « les parlers pamphyliens , quoique mal (1) Meillet , Les Achéens au xir siècle avant J.-C., dans Bull,de l'Association
Guillaume Budé, juillet 1925 , p . 11-12.
LES ACHÉENS D 'ASIE MINEURE.
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connusetsous une formetrès dégradée,appartiennentaugroupe arcado -cypriote des parlers grecs , c'est-à-dire au groupe achéenn, et expliquant qu'à présent voici la ce confirmation his
torique que les Acbéens se sont étendus, du xv° siècle au xinº, du Péloponèse à Cypre , , le pamphylien qu'on observe à date historique étant la dernière trace de cette colonisation grecque.
Meyer lui-même , en dernier lieu , raisonne et s'exprime exac tement de la mêmemanière (1) : « Etvoici qu'on sait positivement
que la Pamphylie a été occupée, à l'époque mycénienne, par des Grecs venus du Péloponèse ...» Sur les mêmes bases, tous
les historiens des années qui précèdent immédiatement avaient dit la même chose; Jardé : « Dès le milieu du xie siècle, les
Achéens sont maîtres de la Crète , d'où ils partent pour leurs
expéditions d'Égypte. Vers le xirº siècle , ils atteignent Chypre , etdans lemême temps ils occupentla plupart des Cyclades(2) , Glotz : « Une grande partie du littoral compris entre la Cilicie et la Troade s'ouvre . . . à partir du xivº siècle , aux tentatives
des Occidentaux. . . En Pamphylie se répand un dialecte ap parenté à ceux de Cypre et d'Arcadie . . . (3), Fougères , qui
après le premier slade, préhellénique, d'influx méditerranéen dans la Grèce continentale ,voit se produire en mouvement con traire , au temps des Hellenes arrivés en Grèce , rel'expansion achéoéolienne dans la mer Égée et en Asie Mineure (1400 1100) . . . La Grèce , du xive au xie siècle , avait reflué sur les fles, l'Asie et l'Égypte , avec . . . les Achéens de Phthie , d ’Ar
golide, de Laconie et de Messénie. On avait vu alors les prin cipautés achéo -éoliennes s'installer . . . à Laspa (Lesbos ) .. . en Cilicie, à Rhodes et à Chypre . . . ( g . Et voici en dernier (1) Mergr , loc. cit. , p. 548. My JARDÉ, La formation du peuple grec (1923), p . 230. Glorz , Hist. grecque, I ( 1925 ) , p . 88 , cf. p . 523-524, et Civ. égéenne
(1993), p. 65. (4) FOUGÈRES , etc., Les premières civilisations (1926 ) , p. 198 et suiv., 365. Va relrouve l'influence , en cet exposé , d 'Etéoclès l'Eolien et de Lesbos dans
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lieu Hrozný, qui ne croit pouvoir éviter d'admettre que l'em pire achéen d 'Asie Mineure est purement asianique et propose - cela est intéressant — d'identifier sa capitale Ahhijawa Ahhija avec l'Achaia connue de Rhodes ,mais n'en continue pas moins à croire que ces Achéens de Rhodes, eux-mêmes , pro
venaient d'une émigration de Grèce (1).
Est-il donc absolument nécessaire que les Achéens qui occupent l'Asie Mineure et les fles, au xivº siècle , soient arri vés de la Grèce européenne, et n 'y aurait-il pas là un long
*
*
malentendu qu'on pourrait éliminer à cette heure ?
C 'est une question , tout d'abord , de savoir si l'on est dans
la ligne vraie des choses lorsque, avec certains historiens(2), on assimile les fondateurs légendaires des villes grecques ,
venus de la Méditerranée orientale , aux populations préhellé niques qui ont occupé la Grèce primitive. Les faits généraux du peuplement de la Grèce avant les Hellènes sont nettementper ceptibles et assez bien définissables historiquement, dans le cadre de la tradition grecquemême et en s'aidant de moyens
dont les principaux sont ceux de l' archéologie ; on arrive à voir qu'au commencement et au cours du III° millénaire plu sieurs flots d 'invasion se sont recouverts sur le pays , arrivés par la voie de la mer Égée ou descendus du nord , venant des Balkans et de la Thrace; et le tableau qu'on obtient de cette les textes de Boghaz-Keui, où ces deux interprétations sont le plus probable ment des erreurs : voir ci-avant, p . 88 , n . 1 .
(1) Hrozný, loc. cit. (1929) , p . 333-334 , 343. Ses vues sontapprouvées , dans
un mémoire additionnel et voisin , par A . Salać,Griechen und Hethiter (Archio Orientální, même vol., p. 344 -349 ), voir p. 345 , 347.
(2) Notamment Fougères et ses collaborateurs de 1926, loc. cit., p . 365 .
LES ACHÉENS D'ASIE MINEURE .
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Hellade « pélasgique , des abords de l'an 2000 n'est pas très différent, suivant qu'on se borne à y évoquer le grand mélange confus de ces peuples que les Grecs appelaient Pélasges, Gariens, Lélèges , Dryopes , etc.(1), ou qu'on cherche à distin
guer, côte à côte, les Pélasges, d'origine asiatique probable, les Caro-lyciens et les Lélèges certainement anatoliens, et les arrivés du continentdu nord à la même époque (2), ou encore que plus précisément, sur la base de l'analyse toponymique , on arrive à séparer les strates de l'alluvion humaine , tout au
fond les Pélasges et Lélèges venus d'Asie Mineure, au -dessus d 'eux, Asianiques également, les Etéocrétois , Lyciens et Cariens,
puis l'apport de l'étage illyro-thrace , que suivent immédiatement les premières arrivées hellenes (3), Telle est, approximativement,
l'histoire. Reste-t-on , après cela , dansune méthode historique saine lorsque, sur le même plan que ces Lyciens, Cariens et
Pélasges et dans le même cadre d'événements, on inscrit les
noms des fondateurs et pèresdedynasties légendaires,Kekrops, Inakhos, Danaos, Pelops, Kadmos ?
Il est difficile de répondre certainement. Certains de ces noms ont une forme qui permet de les croire empruntés à
une langue non - grecque ,ce qui accuserait une appartenance préhellénique; Kadmos , bien qu'originaire de Phénicie dans
les combinaisons légendaires qui nous sont parvenues, est un Béotien très pur(5),mais Grec ou anté- grec ? Au fond , pour
l'objet qui nous occupe, la vraie manière de poser la question paraît être de nous demander comment les Grecs eux-mêmes
imaginaientla posilion ethnique de tous ces fondateurs , et ici, la réponse n 'est guère douteuse . Kadmos fondateur de Thèbes
(1) Glotz , Hist. grecque, I (1995), p. 68-70 . (2) FOUGÈRES , etc., loc . cit., p . 119-120. (3) Dossaud, Les civilisations préhelléniques ( 1914 ), p. 440-444 .
(6) Pour Kekrops et Pelops, voir ci-avant, p. 80 , n. 3 .
(5) Meyer, loc. cit. (1928), p . 254 , n. 3 , 256, n. 1.
.
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est inconcevable s'il n 'est Hellène , même venu de Phénicie ; Kekrops fondateur d 'Athènes arrive d'Égypte , Inakhos à Argos
vient d'Égypte ou de Libye , tous deux sont forcément Grecs ; et la même situation est plus nécessaire encore pour Danaos l'Argien , l'ancêtre de Perseus fondateur de Mycènes, et pour l'asianique Pelops, père du roi deMycènes Atreus, car Danaos ,
Argien et Mycénien sont d 'exacts synonymes de l'autre appella tion d 'Achéen , plus générale . Le cas de Pelops est particulièrement significatif. Cet épo nyme de la Grèce achéenne vient d 'une Asie où nous savons ,
aujourd'hui, qu'il y avait, à l'époque des premiers Hellènes , un centre achéen important, qui parait bien avoir tenu à un monde indo-européen beaucoup plus vaste , confinant à l’Ar
zawa et à la masse profonde du continent hittite . On croit com prendre qu 'au même stade, des Indo-européens occupaient également d 'autres régions de la grande péninsule : l'Achaže de Troade ,dontnousavonsnoté l'existence à l'époquehistorique, pourraitêtre unerémanence des arrivées achéennes des premiers
jours, et l'on observe alors que le Pelops traditionnel de Phrygie ou de Lydie , c'est-à -dire du grand quart de cercle de l'Asie Mineure sur son bord ouest et nord -ouest , se rencontre avec le nom des Achéens au centre même de ce territoire d 'ori gine. On vient à penser que dans l'esprit des élaborations légendaires primitives, la provenance phrygo - lydienne de
l'éponyme achéen a signifié essentiellement qu 'il y avait rela tion de parenté entre les premiers Indo-européens dont les peuples, à l'est et à l'ouest de la mer Egée , se faisaient face . On sait d'ailleurs que cette parenté est assurée historique ment. Les Indo-européens descendus de la péninsule des Bal
kans peuvent être distingués en un flot occidental, arrivé par l'Illyrie , l'Epire et la Thessalie et qui fournit les Hellènes , et un flot oriental qui peupla la Thrace et, les détroits fran
chis, sur l' autre rive du nord de l’Egée , la région phry
LES ACHÉENS D 'ASIE MINEURE.
gienne(1). Les premiers sont ceux qu'on appelle les Achéens; les Thraco-pbrygiens sont, comme on voit, les proches cousins de ces Hellènes de la rive d 'Europe , et la parenté des langues
le confirme. Mais la parenté linguistique va beaucoup plus loin dans cette direction en Asie Mineure : elle s'étend à l'ar
ménien , assez complètement pour que Meyer n'hésite pas à y voir la confirmation de la parenté thraco -phrygo- arménienne que la tradition atteste , et du fait que les Arméniens avaient eu leur berceau en Phrygie -Bytbinie avant de se transporter
dans le paysoriental où on les rencontre(2). Cette dernière conclusion semble être infirmée dans sa base ,
très remarquablement, par l'acquisition de la langue bittite , nettement apparentée , comme on croit voir, aux groupes de la famille indo-européenne ; car les relations du hitlite ne sont
pas avec l'indo-iranien de la grande branche de l'est : « Au lieu de se rattacher à l'indo-iranien , les éléments indo-européens
de la langue hittile se rapprocheraient, d'après certains lin
guistes, de ceux qu'on retrouve dans plusieurs langues de l'Europe, notamment dans les langues italo-celtiques(3). Or, pour l'arménien , même différenciation probable du côté de
l'indo-iranien , même constatation de parenté avec les groupes indo-européens d'Europe( ).Mais on ne voitpas qu'il puisse être
question de faire venir de l'Egée occidentale ou de Phrygie les composants indo-européensdes Hittites ; peut-être conviendrait il de ne pas traiter les Arméniens différemment, et, confor mément d 'ailleurs à la situation géographique réelle , demettre Arméniens et Hittites ensemble dans un même groupe de la
famille indo-européenne. (1) MEYER , Gesch . d. Alt., I , 11 ( 1909 ) , p . 613-614 ; JARDÉ, La formation du peuple grec (1993 ), p. 96 . (9) Meyer , loc. cit. (note précédente ), p . 613-617.
(9) Fougères , etc., loc. cit. (1926 ), p. 135, 137. (1) Meyer , loc. cit., voir notes précédentes. CCXVI. EXPBINERTE LATTUALE .
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Les constatations qu'on vientderappeler, touchantle hittite , sontde haute importance pour l'histoire des migrations indo
européennes et l'assignation des parentés des peuples. Les Indo-européens hitlites , c'est-à-dire ceux qui vinrent se mêler au vieil élément indigène de la moitié orientale du continent asianique, ne peuvent être arrivés que par l'est de la mer
Noire , en concordance avec la descente parallèle de ceux de leurs congénères qui recouvrirent de leur alluvion la Syrie centrale du nord au sud et toute la Palestine , ou fournirent
par fusion avec l'élément asianique la substance du Mitani euphratéen , peut-être des Kassites du Zagros conquérants de la Babylonie dès le xviiiº siècle (1). Ces divers rameaux forment ensemble , dans la famille indo-europénne, un seul groupe
du centre, encadrégéographiquement par le groupe indo-iranien de l'est et le groupe helleno-italo-celtique de l'Europe. A ce groupe du centre on donne quelquefois le simple nom de
hittile, à quoi une désignation commecelle de babylono-asianique serait sans doute préférable. A l'ouest, d'après ce qui précède, mmun la délimitation du groupe sur son bord commun avec l'hellénique
est quelque peu imprécise : le hitlite et l'arménien sont en
analogie avecles langues de l'Europe, et l'on peut se demander si l'arménien tient plutôt au hittite , ou bien au phrygien du côté hellène. Les choses se présentent comme si les flots des cendant du nord qui se sont séparés pour encadrer la mer
Noire à l'est et à l'ouest, avaient été deux bras d'un seul cou rant, assez semblables pour que , se retrouvant au sud de la mer Noire, dans la grande péninsule, ils pussent être confon dus encore .
Dans le cadre ainsidéfini, c'est à une place très remarquable que nous trouvons cette Achaïe de Pamphylie à quoinotre dis cussion veut en venir , sur la frontière même du courant de (1) FOUGÈRES, etc., loc . cit. (1926 ) , p . 135 , 140.
LES ACHÉENS D 'ASIE MINEURE.
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l'ouest (européen ) et du courant de l’est ( anatolien ) de la mer Noire , et en pointe extrême de quelque façon qu'on la veuille rattacher , poste avancé des Indo-européens hittites ou poste avancé des Grecs par delà la mer ; à moins encore que nous
puissions considérer ce peuple comme arrivé en droite ligne du nord par une routemédiane, indépendante des deux autres. Quelle que soit la relation qui vienne à se manifester comme la vraie , on a la certitude qu'elle comportera de profondes
affinités avec l'hellénisme, on ne s'étonne point de rencontrer
dansle pays, dès à présent, des noms de personnes que la lé gende, en Argolide et en Béotie , possède d 'autre part , et
quant à la langue, que pour le temps des origines nous ne connaissons pas encore , on la retrouve dans le pamphylien
de l'époque historique, qui est de l'eeachéenn. D 'après ce qui précède , cependant, il ne semble plus que ces caractères de parenté doivent impliquer une communauté immédiate d'origine. Si l'on veut bien , considérant d 'ensemble le monde achéen du IIV° siècle , faire table rase de l'axiome universellement admis
d'une provenance centrale européenne, on verra qu'en toute rigueur nous pouvons former trois hypothèses : - ou les Achéens d'Asie Mineure sont venus de la Grèce
européenne; - ou les Achéens de Grèce procèdent d 'un grand foyer d'Asie Mineure, plus ou moins complètement décelé à l'heure présente ;
- ou bien des Achéens, tous apparentés entre eux , sont arrivés de côté et d 'autre , en Asie Mineure et en Grèce , par des voies indépendantes.
Est-il nécessaire , en principe, que tous les peuples du nom achéen soient sortis d'un foyer méditerranéen unique ? Alors il nous faut choisir entre les deux premières hypothèses, et tout de suite la première seule , celle de la théorie courante, se montre acceptable , à cause de l'impossibilité de révoquer en
JANVIER-MARS 1930. doute que les Hellènes soient bien arrivés en Grèce venant du nord par la voie continentale . Il subsiste à l'encontre, grande ment significative, l'origine phrygo-lydienne de l'ancêtre 100
achéen Pelops;mais nous rappelions, un peu plus haut, que les Phrygiens des origines indo- européennes sont proches cousins des Hellènes proprement dits , soit des Achéens. Et d'ailleurs , la tradition de l'immigration pélopide pourrait aussi se réſérer
au souvenir ancien demouvements de peuples en sens divers,
d'une rive à l'autre de l'Egée encadrée de tous côtés par les nouveaux occupants qui parlaient la nouvelle langue. Cette dernière explication nous met sur le chemin de la troisième
hypothèse énoncée tout à l'heure,celle d 'arrivées indépendantes
et parallèles des Achéens de Grèce et des Achéens d'Asie Mineure , dont il convient de peser les possibilités et les carac
tères plus larges , mieux adaptés peut-être à l'explication des présences achéennes qu'on rencontre largement disséminées sur la carte du monde gréco-oriental,
Mettons-nous dans l'esprit de cette hypothèse , et suivons
alors les lignes de la grande migration telle qu'on peut la comprendre. Les masses indo-européennes qui se répandront sur la
Grèce et sur l'Asie Mineure descendent du nord , au droit de la péninsule des Balkans et de la région au nord de la mer Noire. Plusieurs courants parallèles, au sein desquels le nom ou la qualification d’Achéen est fréquente et remplit peut-être la fonction d 'une désignation commune. Carle flot occidental , qui entre en Grèce par la voie de l'Illyrie et de l'Epire, est celui des Achéens traditionnels , qui recouvrent toute la Grèce du
nord et le Péloponèse, et dont le nom , dans la géographie de
l'époque historique,restera attaché à des parties de la Thessa lie , de la Phthie , peut-être aussi , de date ancienne même, à la côte nord du Péloponèse; cependant que du côté de l'est ,
où les nouveaux venus alteignent le littoral nord de la mer
LES ACHÉENS D'ASIE MINEURE.
101
Noire , ils sont Achéens également, à en juger par les survi
vances du nom
aux alentours de la mer d'Azov et dans le
Caucase . A droite et à gauche de cette vaste zone de la mer
Noire , cependant, des fleuves humains contournaient le bas
sin dans les deux sens. Celui de l'ouest envahissait la Thrace , contribuait peut-être au peuplement de la Grèce, et pour une partie , passait les détroits et couvrait les régions phry giennes : le souvenir de ces gens est peut-être conservé dans le nom des Achéens de la Thrace, et il est également pos
sible que des Achéens du même courant soient descendus le long de la côte ionienne, jusqu'aux golfes où la tradition con
naît leurnom , et que d'autres encore , poussant en ligne droite au sud et à l’est, aient atteint, passée la Lycie , cette côte pamphylienne où la dénomination achéenne sort en lumière comme nom de nation .Mais ces derniers Achéens de Pamphy lie sont aussi bien , peut-être, arrivés de la direction exacte ment opposée. Car le flot de l'est de la mer Noire , qui pénètre en Asie Mineure par les montagnes , est particulièrement
nombreux et dense ; il fournit la substance des Arméniens, de
la grande masse hittite par mélange avec la population indi gène, atteint le fond du golfe méditerranéen où l’Arzawa de Cilicie paraît élre de son appartenance, et à l'ouest de là c'est
lui encore qui pourrait s'étendre sur la région pamphylienne. Dans cetle zone entre Cilicie et Lycie , en tout état de cause , se seront rencontrés les deux courants qui avaient contourné la mer Noire par les deux côtés. Et l'histoire des Achéens établis à cette place se laisse entrevoir durant un siècle , autour de l'an 1300 ; ils s'installent à Rhodes et dans l'île de Cypre, où leur nom subsistait dans la toponymie de l'époque grecque historique, cependant que ce nom était oublié en Pamphylie même.
Que les événements se soient déroulés le long des lignes d'un réseau semblable , et que toutes les Achaies connues de la
JANVIER -MARS 1930.
102
géographie grecque, autour de l'Asie Mineure , ne doivent rien
en réalité à une colonisation venue d'Europe, nous en trouvons
la conGrmation , par une sorte d 'argument d'omission , dans le fait que l'histoire de la colonisation de l'Asie Mineure , chez les Grecs eux-mêmes et dans la tradition grecque, semble ignorer l'action des Achéens primitifs , et surtout ne cherche
point à expliquer l'origine du nom des Achéens dans les plus remarquables des établissements de la côte méridionale . Comme on sait bien , cependant, dans l'amas des vieilles tra
ditions qui furentmises en ordre aux temps historiques, e une foule de légendes . . . nous font voir des héros grecs sur les rives méridionales de l'Asie Mineure (1),. Toutes les histoires de ce vaste cycle furent certainement recueillies et développées
avec une extrême complaisance , en raison de leur parallélisme avec les grands faits historiques de la colonisation grecque
dans l'Orient méditerranéen à partir du vuiº siècle , et durant
plusieurs centaines d'années d 'un mouvement intense jusqu'au fond du Pont-Euxin ; et il paraîtrait extrêmement naturel de trouver chez lesGrecs des relations, authentiquement anciennes
ou simplement tendancieuses, de la prise de possession de Rhodes , ou bien de Cypre, par les Achéens d 'une primitive
00
S
époque. Or, de ce côté , rien de semblable. Si l'on parle ,
quelquefois, des migrations des Achéens de Phthie ou du Pélo ponèse , c'est pour consigner que, chassés par l'arrivée des
Doriens, ils allèrent s'installer dans cette partie de l’lonie
« qui à présent est appelée achéenne (2)» , ou que, d 'après cer taines relations, les Achéens du Pont-Euxin avaient été les colons, très anciennement, des Achéens de Phthie ou bien de la ville d’Orchomène (3). Mais aucune explication n 'est tentée de l'Achaion de Troade , non plus que de ceux de Cypre
(1) Glotz , loc. cit. (1995) , p. 105-107. (2) Strabon , VIII, 5 , 5 . (3) Strabon , XI, 2, 12 , IX , 2 , 42.
LES ACHÉENS D'ASIE MINEURE.
103
et de Rhodes , et bien qu'on trouve encore mention d'une
grande ville de Cilicie , sur l' Issus, qui aurait été fondée par les Achéens et les Rhodiens(1), : car ces dernières gens semblent être simplement les Achéens de Rhodes, dont l'écrivain
connaît bien l'existence , mais que la géographie grecque ne prend poiut souci de rattacher à la Grèce par quelque histoire
de provenance hellénique.
Ilsemble que les dépositaires de l'information grecque soient toujours restés libres de ne point inscrire les Achéens de ce domaine excentrique parmiles vieux Hellenes. Formulaient-ils clairement un énoncé de classification de cet ordre? L 'historien
et le géographe antique se souciaient peu de raisonnement logique , à quoi ils préféraient l'observation directe ou la cita tion directe d 'une source. Mais commeun faitmême, touchant les Achéens, ils savaient — Diodore , Strabon —
que ceux de
la mer Noire étaient brigands etpirates particulièrement redou. tables, et ils semblent bien imaginer que ces ce Barbares » n'ont jamais été autre chose que des Barbares , en dépit de la tra
dition légendaire qu'ils enregistrent aussi et d 'après laquelle
ces Achéens du Pont seraientles descendants de colons béoliens ou phthiotes. Quant aux Achéens de Rhodes et de Cypre , il est bien probable que les Grecs n 'ont pas eu lieu , à l'époque
historique tout au moins , de les regarder comme de dange reux sauvages, mais il subsiste qu'ils n 'enregistrent pas que ce sont des Hellènes , si bien que lorsque nous, modernes ,
voyons en ces Asianiques des Achéens venus de la rive occi
dentale de l'Egée à la première époque, nous créons peut-être de toutes pièces une situation et des relations que la Grèce
historique n'avait jamaisimaginées. Y a-t-il bien lieu que nous nous donnions cette peine ? Car il apparaît , en fin de compte , que si l' on rattache les (1) Strabon , XIV, 5 , 8.
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JANVIER -MARS 1930 .
Achéens de la côte sud de l'Asie Mineure , à la fin du 11 millé naire, à une provenance de l'Hellade occidentale achéenne, c'est seulement parce que le nom d'achéen est commun , à ce
moment, aux peuples des deux côtés de la mer, et qu'en même INI temps il y a parenté linguistique, constatée d'après les survi
vances des parlers grecs d 'Arcadie, de Cypre et de Pamphylie. Au cours des pages précédentes , nous avons cherché à montrer
que le dernier argument philologique n'était plus probant, depuis la découverte des affinités européennes de la langue hittite , qui, jointes aux affinités de même sens de l'arménien , permettent d'induire que le cypriote , et aussi le pamphylien (achéen ) apparenté avec l'arcado- cypriote, peuvent être arrivés sur la Méditerranée dans les grands courants de peuples descendus par les routes mêmes de l'Asie Mineure . Nous pro posons de nous arrêter à cette explication. Pour en avoir le droit , il nous faut encore porter notre attention sur le phéno mène de l'identité nominale de tous les Achéens qui auraient
inondé tout le pourtour de la mer Noire , par l'ouest et par l'est, traversé le continent asianique et peuplé l'Egée sur ses
deux rives. La grande généralité du nom et sa conservation dans des conditons de dispersion extrême sont-elles dans la nature des choses de ce monde et de cette époque , et en pou
vons-nous corroborer l'hypothèse par la constatation de phé
nomènes de même ordre et demême étendue? La réponse est affirmative. Aux siècles mêmes des Peuples
de la Mer et parmi eux, on connaît bien le cas des Tourša de Cilicie ( 1 arse ) rencontrés en Égypte , dont des congénères furent les Tyrsènes ou Tyrrhènes d'Italie (1), des Sardina du pays
de Sardes, présents en Égypte et qui sont les Sardiniens en Sardaigne , des 'Sakalaša de la relation égyptienne, dont le no
nom paraît être celui des Sicules,des Poulousati, enfin ,gens de (1) Weill, loc. cit.,dans Syria, II (1991), p. 131 et n.2,
LES ACHÉENS D 'ASIE .MINEURE.
105
Crète dont quelques bandes furentrepoussées par Ramsès III , cependant qu 'une entreprise de conquête et de colonisation
était menée à bien par eux, d'autre part , en Philistie-Palestine. Presque aussidispersés sontlesLoukou desrelations égyptiennes ,
originaires de Lycie ou de Lycaonie , si l'on observe que l'on rencontre d 'autres Loukkien Syrie dans les lettres d'El- Amarna ,
et loin de là une Lycie en Crète et une autre Lycie en Attique. La géographie de ce nom est remarquablement parallèle , comme on voit, à celle même du nom achéen , bien qu'à une échelle moindre, et l'on peut se demander s'il n 'y a pas lieu de croire à un essaimage en tous sens, du centre asianique , vers la Syrie , l'Egypte aux temps des agressions, la Crète et la
Grèce continentale. D'autres explications seraient à considérer commepossibles , toutefois, ainsi qu 'on la noté à propos d'un autre nom de Maritimes des listes dc Ramsès II , celui de
Pidasa , qui est le nom de nombreuses villes de Pedasos en Troade et en Propontide, en Carie , en Messénie , et aurait été
signalé, chez les Anciens, comme signifiant emontagne, dans quelque langue préhellénique(1), Par où l'on voit que l'appa rente dissémination d 'un nom de peuple peut n 'être autre chose que la rencontre multiple , en pays diversement situés , d 'une mêmedésignation inhérente à la situation et tout à fait indé pendante des occupants. Tel est le cas, d'ailleurs, à n'en pas douter, pour un dernier nom du tableau des Peuples de la mer
que nous allons évoquer, parce qu'il se rencontre sur tout le pourtour des côtes de l'Asie Mineure , et fort loin en arrière ,
dans des conditionsgéographiques qui rappellent extrêmement celles de la dissémination toponymique achéenne et nous in duisent à faire un rapprochement.
Il s'agit du nom de la Cilicie, Kinexia , chez les Égyptiens du Nouvel Empire Kerke (papyrus Anastasi 3 et 4 ), Kerkeša (1) Voir MASPERO , Histoire , II, p . 364 , n . 1.
JANVIER-MARS 1930. 106 (avec l'ethnique ) chez Ramsès II, et tout à fait de mêmeKerkeša
dans les documents de Boghaz-keui, où le nom est celui du port de l'extrémité ouest de la côte cilicienne , Korakésion de
la géographie grecque(1). Hors de la Cilicie , le nom se ren contre en Troade , celui des Gergithes et de la ville de Gergis ,
Kelekesh d'aujourd 'hui, et au fond de la mer Noire, sur son littoral sud dans la moitié cst, où l'on connaît un Kidíxwv vñoos(2); à l'extrémité opposée de l'horizon , dans le nom des Gergésiens de Canaan , qu'a enregistrés la Genèse. En plein
continent asiatique à l'est , d'autre part, on a le nom même du
port de la côte cilicienne, Kirkesion chez les Grecs , désignant la place au confluent du Khabour et de l'Euphrate , Sirki
d'aujourd'hui, et plus au nord , Kerke- en composition dans le nom du célèbre Carchémis du gué de l'Euphrate au passage ns de la grande route de Syrie. A la suite deMaspero , nous avons expliqué(3) que le vocable trouvé à l'état pur, Kerke , ou que l'on extraitde la forme ethnique asianique avec suffixe Kerke-ša , US
est un mot sémitique signifiant eforteresse » , dont la ren contre comme nom de lieu est très naturelle en d'anciennes
places du cours des fleuves ou des lignes de rivages, toutes situées, à l'origine , de manière à commander la navigation ct
les passages. On voit que la dispersion du nom de la Cilicie , Kerke, de l'Euphrate à la mer Egée et tout autour des côtes du fond de la Méditerranée au fond de la mer Noire, ne correspond pas à la dissémination d 'un peuple et ne décèle rien de semblable. (1) Les commentaleurs des textes de Boghaz-keui semblent ne pas aperce
voir que le nom de ce port de Kerkeša -Korakésion est le nom de la Cilicie même (voir Forrer dans 0 .L . Z. , XXVII (1924 ), col. 113 , et Forschungen , I [ fasc. 1, 1926 ], p. 81-82 ; Dhorme dans R .B ., 33 ( 1924 ), p. 559). Pour documentation en général , voir Weill , loc. cit. dans Syria , III (1922 ), p . 27-31.
(9) Arrien , Périple du Pont-Euxin , 23. (3) Loc. cit. dans Syria , III (1992) , p . 30 -31.
LES ACHÉENS D'ASIE MINEURE.
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Ne faudrait-il pas envisager qu'ilpût en être de même ponr cet autre nom d'Achéen , qui au IIe millénaire se répand dans un
orbe d'étendue comparable et en grande partie le long des mêmes lignes ? On a cherché, il y a longtemps déjà , à voir ce que ce nom signifie , et pensé en trouver l'étymologie dans
un vocable appartenantà l'une des langues caucasiques , ágwâ, signilianl ce habitant du littoral, (1). Les Achéens historiques, partout où nous les rencontrons, occupent effectivement la
côte ; se seraient-ils généralement appelés les e descendus aux rivages n , et , continentaux invétérés, comme on sait , au point d 'avoir manqué d'un mot, dans leur langue, pour nommer la
mer, auraient-ils emprunté cette désignation de Maritimes, pour eux-mêmes, à la vieille langue indigènc? Une telle ma nière de choisir un nom , par une sorte d'antiphrase ou d 'op position intentionnelle et novatrice , serait fort singulière et
peu confornie , semble-t-il,aux procédés habituels del'instinct national. En tout cas , et comme le phénomène d 'un pareil choix ne pourrait s'être accompli , semblablement et spontané ment, en tous les points du mondemaritime où l'appellation est parsemée , il serait nécessaire d'admettre que son élabora tion et sa fixation étaient consommées dès avant la dispersion , c'est-à -dire au stade même de l'arrivée de l'invasion descendue du nord au contact des rives nord de la mer Noire. A partir de là , dans toutes les directions, les hommes auraient emporté
le nom avec eux , comme une désignation attachée désormais à eux-mêmes, non à la nature du site ; ce qui revient à dire que nous nous retrouverionsdans l'ordre de l'habituel phénomène du nom de peuple véritable , mobile avec le peuple. Et c'est
tout au moins ainsi, remarquons-le , que le nom est compris par toute la tradition grecque. (1) Tomascbek dans Paulr-Wissowa, Real.-Enc., I, col. 204, citant Schiefner et son dictionnaire de l'abchase (Mém . de l'Acad . de Saint-Péters bourg )
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JANVIER -MARS 1930.
Si d'ailleurs les branches d 'un même peuple , comme on
est en définitive conduit à le croire , ont directement apporté et enraciné le nom en tous les points du monde de la Grèce enropéenne, des rives de la mer Noire et du pourtour de l'Asie Mineure , ilne faut peut-être pas que ce domaine d'occupation nous paraisse démesurément vaste ; le nom de peuple est suscep tible de couvrir , sans se perdre, des espaces bien plus grands encore , et dans la famille indo-européenne même on connaît un autre peuple , les Celtes , dont les migrations ont propagé
le nom , de la Gaule à la Galatie , en des régions distantes de toute la largeur de l'Europe. NOTE ADDITIONNELLE. — Dans les langues indo-européennes de date
ancienne que nous possédons aujourd'hui, tokharien et hittite , se ren contrent des archaïsmes qu'on trouve conservés, loin de là géographi quement et beaucoup plus tard , dans l'italique et le celtique. M . A .Meillet
est conduit, aujourd 'hui, à penser que ces états anciens se sont con servés dans celles des langues ultérieures qui se sont détachées le plus
anciennement du tronc indo-européen commun , et que ces langues tôt séparées sont celles des domaines géographiques excentriques , indo-ira nien , italique, celtique, tandis qu'au contraire les langues de la région centrale , slave , baltique, germanique et grec ,ayant continué d 'évoluer, présentent des types simplifiés et normalisés (récentes communications
de M . A . Meillet à l'Académie des Inscriptions et à la Société Asiatique).
Cette théorie nouvelle expliquerait , notamment, que l'arménien et les langues italo -celtiques, langues des domaines excentriques, eussent en
commun les éléments dont on a signalé l'existence , et une parenté arméno-hittite , d'autre part, se présenterait comme toute naturelle,
LA
PRÉHISTOIRE INDO -IRANJENNE DES CASTES , PAR
GEORGES DUMÉZIL .
On s'est demandé jadis si le système hindou des quatre castes n'était point un héritage des temps indo-iraniens. Quel
ques textes avestiques et pehlevis , quelques mots des histo
riens et des poètes musulmans de la Perse , tentaientl'imagi nation . Aujourd'hui, on semble d'accord pour répondre par la négative . Non seulement le système des castes est propre ment bindou , mais il n 'a même pas dû régir d 'abord la société
védique, puisque la théorie traditionnelle des castes ne s'ex prime pas avant l'hymne célèbre du sacrifice humain , au X° livre du Rg Veda . Or cet hymne est relativement jeune; non
certes qu'il ne reste point de souvenirs e primitifs» dans la OU
matière barbare de ce poème; mais il trahit des soucis pbi
losophiques nouveaux, étrangers aux autres livres du Rg Veda, Pas plus que les nombreux passages des Brāhmaṇa , des épo pées, des Purāņa qui décriront plus tard le même fructueux
démembrement de l'Homme- Victime, ce premier texte ne
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JANVIER -MARS 1930.
prouve grand chose quant à l'antiquité, quant à l'aryanisme des castes. Etle silence detous les livres du Rg Veda antérieurs urs
au dixièmerègle la question .
Mais en même temps on admet, depuisFr. Spiegel(1), que, dès l'époqueindo-iranienne, il y avait entre les ceconditions , les états sociaux », des différences — au moins théoriques — assez nettes, que le système des castes a un peu retouchées, mais surtout durcies à l'extrême, et traduites en pratiques rigoureuses. Telle était l'opinion de M . E . Senart(2), telle reste
l'opinion du dernier auteur qui ait traité de lamatière, M .L .de la Vallée-Poussin (3). En effet , l'Iran connaît assez régulière ment une division de la société,en trois ou quatre états , qui rappelle de près l'énumération hindoue classique; les désac cords des textes ne portent guère que sur le bas de la hiérar
chie, où l'on rencontre tantôt deux échelons, tantôt un seul. La plupart des passages de l'Avesta ( d'ailleurs peu importants et peu nombreux) qui mentionnent cette division nenomment que trois états : les Abravan ( vieux nom aryen d 'un prêtre du feu ) , les Rabaēšlar (guerriers , monteurs de chars ) et les Vās
triyő-Fsuyant (agriculteurs). Le Vendidād , par exemple, indi quant le nombre de gens frappés par la druj Nasu quand un être vivantmeurt dansune assemblée mazdéenne , distingue les cas où l'être en question est un prêtre , un guerrier ou un agriculteur; puis il passe sans transition aux diverses espèces
de chiens(4) : le quatrième état est donc absent(5), Yasna , XIX , (1) Eranische Altertumskunde, JII (1878 ), p . 551 et suiv .
.
(9) Les Castes dans l'Inde (Annales du Musée Guimet, Bibl. de vulgarisation , 1896 ) , p . 140 et suiv.
(3) Indo-européens et Indo-iraniens . . . (Hist. du monde de E. Caraignac , III , 1924 ), p . 150.
(6) V, 28 -29 ; cf. Spiegel , op . cit., p. 550. (6) Vendidād, XIII , 44 (le chien a les caractères de huit sortes d 'êtres : d 'un prêtre, d'un guerrier, d 'un agriculteur, puis, péle-mêle , d'un chanteur ambulant, d 'un voleur, d 'une bête sauvage, etc.); ibid ., XIV , 8-10, voir ci
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES. 111 16-17, est seul à connaître en bas de l' échelle sociale les Hui tiš ou artisans. La littérature pehlevie , elle ,mentionne assez régulièrement quatre classes (1);par exemple le Menõke- Xraténumère les devoirs
des quatre classes(2), puis les vices que chacune doit éviter(3). Les hommes de la dernière classe, au-dessous des prêtres , des
guerriers et des agriculteurs, sont nommés ici hütūkhšīn e arti sans » .
Il en est de même chez les auteurs d'époque musulmane. Firdousī, au début de son poème, montre Jemšid rassem blantles hommes en quatre classes dont les nomssontmalheu reusement corrompus et n 'offrent plus de sens(4) : les Amuziân
ou prêtres , qui servent Dieu sur les montagnes ; les Nīsariān ou guerriers; les Nasūdī ou cultivateurs; enfin les gens de mé
tiers,âpres au gain , Ahnüxūšī. D 'autres livrespersans ou arabes parlent aussi de quatre classes ,mais , chose curieuse , disposées selon un plan assez différent; par exemple , dans la célèbre
Lellre de Tansar, ce sont le clergé, les gens de guerre , les dessous, p. 120 ; cf. peut-être (8) ibid ., 1, 16 (où le second bon pays créé par Ahura Mazda est « Ragha des trois racesa , que Darmesteter explique par les trois classes ). Darmesteter rappelle aussi que , d'après Masoudi, II, 162 , les proclamations d'Ardašīr, ale roi selon le cæur de l'Avestan , s'adressent aur docteurs , aux cavaliers , aux laboureurs (Z.A. , I, 1892 , p. 169 , n. 59).
La classification sociale qui apparait dans les Gāthā est d'un autre type (Yasna , XXXII, 1; XXXIII, 3). (1) Cependant il y a au moins la trace d'incertitudes ; le Šāyast-në-šāyast ,
XUI, 8 (Phl. T. de West, I = S.B.E., V. p. 357), parlant de certaines récita tions pendant le pressage du haoma, dit que « trois, répétitions rituelles de Ya savištö ( Yasna , XXXIII, 12) sont le fait des e quatren classes ; West, loc. cit., n . 4 , a raison de souligner l'incohérence de ces chiffres. D 'autre part le Bun
dahiến ,x1, 5, citant les classes issues des fils de Zoroastre , n'en nomme que trois; mais peut-être la quatrième n'était-elle simplement pas jugée digne d'une si illustre origine ? (3) IX ] , 1 -12 ; XXI11 , 1- 7 ( Phl. T. de West, III = S.B .E . , XXIV, p .67-69 ).
(3) Lix , 1 -10 ( Phl, T. de West , III = S.B . E ., XXIV, p. 105-106 ). (5) VULLERS, Šahn., 24 , 18-30 ;Moul , Livre des Rois , Djemchid , IV, 17 et suiv .
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scribes et les gens de service (ces derniers comprenant indis
tinctement celes marchands, cultivateurs , négociants et tous les autres corps de métiers n )(1); ou encore Al-Thaʻālibi, con temporain précieux de Firdousī, énumère de la façon suivante les quatre classes fondées par Jēm : guerriers; prêtres etméde cins; scribes et calculateurs; commerçants et artisans(2). Dans ces textes, dont l'accord est remarquable , la classe des scribes ( 3º classe ) n 'est évidemment qu'une subdivision de la classe
des prêtres (1 ro de Tansar, 2° de Al-Thaſālibi), et la dernière classe ( 4°) se trouve confondre en elle , tout comme la der
nière ( 3 ) de l'Avesta , les classes 3° ( cultivaleurs) et 4° (arti sans) des textes pehlevis et de Firdousī(3). Il doit s'agir là d 'une tradition artificielle , datant de l'époque où les scribes élargissaient leur place au soleil. Ces accords d 'ensemble , et ces désaccords de détail en bas de la hiérarchie , attestent une division dont les deux premiers
échelons (prêtres et guerriers) étaientnets,etdontles troisième et quatrième restaient peu distincts et prêts à se fondre en un seul, ce qui était sans doute l'état de choses ancien . Spiegel a
supposé que les hūitiš existaient déjà du temps de Zoroastre , mais que la langue les confondait , dans une sorte de tiers état, avec les chefs de familles : les conditions de vie en Iran ,
explique-t-il, étaient telles que l'artisan ne pouvait subsister que s'il demeurait en même temps agriculteur ou pasteur ; il devait donc s'agir de deux subdivisions d 'un même « Nähe (1) DarmesteTER , Lettre de Tansar au roi de Tabaristan , chap. iv, dans J. As. ,
1894 , 1; texte , p. 213 ; traduction , p . 517. (2) Histoire des rois de Perse , texte arabe et traduction de H . Zotenberg , 1900 , p . 12.
(9) DARMESTETER, Lettre de Tansar. . ., p. 527, n . 1, a fait cette juste remarque ; mais il ajoute : eil y a peut-être là quelque confusion du fait du traducteur (de la lettre en persan , à l'époque musulmane ), ; l'accord de la Lettre avec l'Histoire de Al-Tha'ālibi rend invraisemblable cette hypothèse d'une erreur ; il s'agit vraiment d'une tradition artificielle.
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES. 113 stand , subordonné au « Lehrstand , et au « Wehrstand » (1). D 'autres ont proposé d'expliquer l'instabilité du quatrième état
par le fait qu'il s'agissait primitivement de routcasts or abori gineso (2); c'est peu vraisemblable. Tenons-nous en au fait et
notons, après M . Senart, que l'Inde, avec son opposition fré quente des çūdra (allogènes ou non ) aux trois autres classes , avec la variété de ses considérations sur le mot çūdra, montre
en bas de l'échelle sociale une incertitude , de forme différente ,
mais peut-être de sens et d 'origine semblables (3). Un autre désaccord , auquel Spiegel prêtait attention , me semble au contraire fort naturel : alors que Firdousi (auquel
il faut joindre Al-Thaľālibi )attribue au fabuleux Jemšī (= Yima Xšaēta ) l'établissement des ce états » , les textes mazdéens trans portent tous ce mérite à Zoroastre, en général par l'intermé diaire de ses fils(4) : Isat-vastra fut chef des prêtres , Urvātat
nara ful agriculteur, le chef de l'enclos souterrain de Yima (5); Hvara-ċibra fut guerrier et commanda la croisade du saint roi Pašõtanu. Un autre texte dit, en plus bref, que Zoroastre fut
e le premier prêtre, le premier guerrier, le premier labou reuro (6). Quoi de plus attendu ? Toutes les églises, toutes les
sectes concentrent ainsi sur leurs grands patrons les exploits historiques ou légendaires des temps passés , présents et futurs. Une rencontre de vocabulaire prouve d'ailleurs combien toutes (1) SPIEGEL , op. cit. , p . 551.
(3) West, Phl, T ., III ( S .B . E. , XXIV ), p . 68 , n . 6 . (3) SENART, op. cit. , p . 141.
(5) Bundahiến , xxx , 5 (Phl. T. de West, I = S. B. E., V, p. 142); les noms
pehlevis sont Isadvästar , Aúrvatadnar, Khūršedčihr; les formes avestiques sont dans Yašt XIII ( Y . des Farvardin ) , 98 ).
(5) On notera que Yima reparaît ainsi à un détour de la tradition maz déenne ( d 'ailleurs sans souci de la chronologie , même mythique); c'est un indice que la tradition prézoroastrienne devait bien attribuer ( comme le font Firdousi et Al- Tha'ālibi ) la fondation des quatre classes à Yima (Jemšid , jem ). (6) Fravardin Yast , 88-89; au verset 98 , les trois fils de Zoroastre sont nommés ,mais il n 'est pas question des classes. CCXVI . INIRINARIO IDIOMIL . .
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ces variantes, mazdéennes ou musulmanes, sont parentes pour l'essentiel : Firdousī appelle ces classes pište , tout comme
Yasna , XIX , 16 les appelle pištra (1). Qu'importe que le héros fondateur soit resté dans un cas l'antique Yima-Xšaéta et que dans l'autre il ait cédé sa place au prophète ? Le sens, le nom même de l'institution sont les mêmes, et cela seul est impor tant.
Dans ce débat, jusqu 'à M . Christensen , tous les auteurs ont
limité leur enquête à l'Inde età l'Iran .Or lerameau occidentaldu
groupe aryen ne s'est pas cantonné, tant s'en faut, sur le pla teau de l'Iran ; ses enfants perdus ont touché le cæur de l'Asie et couvert de leurschevauchées de vastesprovinces européennes . Scythes et Sarmates, Alains et Roxolans, s'ils n'ont pas eu le destin brillant des Mèdes et des Perses , occupent leur digne place dans l'histoire. Au point de vue de la religion et du folk lore , nous accédons à ces e Iraniens d 'Europe , par deux voies : les notices que les écrivains anciens ( surtout Hérodote ) leur
ont consacrées; les observations faites au xix° siècle par les ethnographes sur leurs descendants caucasiens, les Osses. Nul ne doute plus en effet, depuis que les démonstrations de Vs.Miller(2) ont confirméle sentiment de J. Klaproth (s) et (1) Les auteurs d 'époque musulmane emploient pour désigner les quatre « états» ou e conditions, des mots de sens très général ; par exemple Al- Tha 'ālibi dit wlüb eecouches sociales» ; l'auteur (ou du moins le traducteur) de la Lettre de Tansar s'est ingénié à varier ses expressions, ce qui n 'est pas fait pour en préciser le sens; il dit successivement les
membresn , wilio
se classes » , elese espèces , et läb recouchesn , pour désigner les quatre e con ditions, et leurs subdivisions.
(2-3) (2) Démonstration au Vº congrès archéologique à Tiflis; voir compte rendu de L . Majkov dans XMH [I. , févr. 1882, p . 38. De Vs. Miller lui-même : Əthorpaonyecrie cababi upaucrba ha fort Poccin ,
MHI ., sept. 1886 , et
surtout Ocer, DT104b1, III (1887), chap. in : Ucrop . cbbabuix 06 Oceth haxb u Boopocb o poncxoxeuju proro hapoma, p . 70- 101; cf. les deux
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES. 115 de H . Mullenhof(1),que les Osses (ou les Irons, les « Aryens» , comme se nomment encore une partie d'entre eux ) ne soient
les ultimes débris des Alains, eux-mêmes issus des Sarmates , frères jumeaux des Scythes, cousins des Perses. Vs. Miller a commencé un travail fort utile, que j'ai tâché de continuer , en confrontant ce que les anciens ont dit sur les maurs ,
croyances et légendes des Scythes , Sarmates , etc., avec les mæurs, croyances et légendes des Osses(2) ; les résultats obte nus sont encourageants , et confirment une fois de plus l'excel
lence des enquêtes d'Hérodote ; ils attestent d'autre part que
le folklore des Osses — et de leurs voisins Tcherkesses —
a conservé plus d'un trait d'une grande antiquité. Dans la question des classes indo - iraniennes, je crois que les vieux Scythes et les modernes Osses doivent et peuvent être con
sultés. Pour les Scythes, M . A . Christensen , il y a douze ans, a montré le chemin que je crois bon (3). Comme je me sépare BKCkypcb : 3. o Boarapaxá 1 A.jahaxb, p. 103-116 , et 3. o Crnoaxh, p. 117 174 ; enfin Die Sprache der Osseten , dans le Grundriss d . iran. Philol. (1903).
- L'origine scythique des Osses est enseignée officiellement, avec raison , dans les milieux osses eux-mêmes; par exemple Vano, Ipv icropia , paræ hvp uæj kya gæquæ æpqvavcTV (Vladikavkaz, 1913 ), notamment p. 27- 30 : crior Ayr ; on imagine difficilement la piété des intellectuels osses envers la mémoire
de Vs. Miller. -- (3) Reise in dem Kaukasus und nach Georgien , I (1812 ), p . 66 et suiv. ; II (1814) , p . 577 et suiv. ; et Anhang : Kaukas. Sprachen ( p. 176 et suiv.) ; surtout Mémoire dans lequel on prouve l'identité des 088e8 ,
peuplade du Caucase , avec les Alains du moyen âge (1822 ). (1) Über die Herkunft und Sprache der pontischen Skythen und Sarmaten , dans Monatsber. d . k . preuss. Akad., 1866 , p. 549-576. (9) Yeptú crapuhbi B’b ckazaniaxó a óbitt Ocetuh ) ,XMHII., août 1882 , p . 191-207. Cf. mes Légendes sur les Nartes ( Bibl. de l'Institut français de
Léningrad, t. XI, 1930), p. 151 et suiv. (3) Le premier homme et le premier roi dans l'histoire légendaire des Iraniens, . I , Uppsala , 1918 (Archives d 'études orientales de Lundell, t. XIV ) , p . 137 et
suiv. Je dois à l'obligeance de M . Benveniste de n'avoir pas ignoré ce travail dans ma solitude de Constantinople. M . Christensen renvoie à un sien article auquel je n'ai pas eu accès : I'rebrödre og Tobrödre Stamsagn (Danske Studier ,
1916) , p . 56. M . Benveniste , qui m 'a fait la faveur de lire et de nettoyer 8.
116
JANVIER -MARS 1930. de cet auteur sur divers points importants , je me permets d'exposer ici un peu longuementmon argumentation . Voici comment les Scythes , au témoignage d'Hérodotell), expliquaientl'origine de leurnation , la plus jeune du monden .
« Le premier bomme qui parut dans leur contrée jusqu 'alors déserte se nommait Targitaos; on le prétendait fils de Zeus et d 'une fille du fleuve Borysthène; lui-même eut trois fils , Lipo xaïsº (var. Nitoxaïs) , Arpoxaïs et, en dernier, Kolacaïs ; pen
dant leur vie (2), il tomba du ciel sur la terre de Scythie des
objets d 'or : une charrue, un joug , une hache et une coupe. A cette vue, le plus âgé se hâta pour les prendre ;mais , quand il arriva , l’or se mit à brûler ; il se retira et le second s'avança , mais sans plus de succès ; les deux premiers ayant ainsi renoncé à l'or brûlant, le troisième survint, et l'or s'éteignit; il le prit avec lui et les deux frères, ayant connu ces choses, abandon nèrent toute la royauté à leur cadet. De Lipoxaïs sont nés
(yeyovéval) ceux des Scythes qui sont appelés la race (yévos) des Aukhatai; du second frère, Arpoxais, ceux qui sont appelés
Katiaroi et Trapies ( var. Trapioi, Traspies); et, du dernier, le roi, ceux qui sont appelés Paralatai; mais tous ensemble se nommenl Skolotoi d'après le nom de leur roi; Skythai est le
nom que leur ont donné les Grecs . . .(3)., On comprenait, jusqu'à M . Christensen , cette division des Scythes en Aukhatai, Katiaroi, Tra(s)pies et Paralatai comme mon article , n'admet ni les interprétations de M . Christensen , ni les miennes : ce qui m 'inquiète fort quant à la valeur des miennes. (1) iv , 5 - 6 .
(2) Certains manuscrits ont επί αυτών αρχόντων au lieu de επί αυτών ; cela va moins bien pour le sens, mais ne touche pas au fond des choses.
.
(3) Sur les éléments folkloriques de cette légende (les trois frères dont le plus jeune seul réussit, etc.), voir Spiegel , Eran . Altertumskunde , I (1871) , p. 544 ; Minns, Scythians and Greeks (1913 ), p. 43; W . Aly, Volksmärchen ,
Sage und Novelle bei Herodot und seinen Zeitgenossen (1921), p . 115; et Gün Tert, Der arische Wellkönig und Heiland (1923), p. 340 et r. 3 .
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES.
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une division géographique, chacune de ces e tribus» ou « na tions» (yévos ) ayant dû occuper un territoire délimité. Mais cette interprétation soulève nombre de difficultés. D'abord Hérodote lui-même, après avoir minutieusement rapporté l'origine de ces quatre « nations» (et d'elles seules
parmilesnations scythes!) , s'empresse de les oublier ; cette sin gularité a déjà été observée , et l'on en a conclu un peu vite que c'étaient là des peuples disparus » : « Les nomsdes Auchates ,
des.Catiares , des Trespies et des Paralates — lit-on dans les Antiquités de la Russie méridionale(1) — viennent attester l'anté riorité du mythe rapporté par Hérodote, car l'historien lui
même ne fait plus mention de ces tribus dans sa description détaillée de la Scythie et des pays avoisinants.» Ce silence sur
la position géographique des quatre « nations» est d'autant plus remarquable qu'à l'exception (d'ailleurs peu claire ) de Pline, qui semble en connaître deux, aucun géographe, aucun
historien ne cite aucun de ces noms(2). Et pourtant il devait
s'agir d'une partie de la race scythique active et civilisée , for tement attachée à la vie agricole, comme l'a justementsouligné Latyšev (3), et sûrement en contact avec les Grecs( ). Comment
surtoutadmettre le silence de l'histoire sur les Paralatai , qui, d'après l'interprétation courante , devaient être e la tribu-chef» ? En second lieu n 'y a -t-il pas soit contradiction , soit subti lité, à admettre que les deux frères de Kolaxaïs , après lui avoir abandonné la royauté entière, sans partage ( thy Baoianiny (" KONDRAKOV, J. Tolstoi et S. Reinach, Antiquités de la Russie méridionale (1891), p . 160. 121 Ce silence presque complet des autres auteurs est noté par Minns, op .
cit., p. 13. Les Cotieri et les Euchetæ de Pline (VI, 7 ) , qui figurent dans la liste des Scythes e celeberrimin , pêle-mêle avec les Sacæ , les Massagetæ , les Arimaspi , etc. , risquent de venir en droite ligne d 'Hérodote .
By lovrıxd (1909) , article : Hacenenie zepcohcroi ry6ephin 3a 2400 тъ до нашего времени.
( Cf. Miščenko, KMHII., janv. 1886 ; Minns, Scythians and Greeks(1913), p .43.
JANVIER -MARS 1930.
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wãoav)(1), donnent aussitôt naissance à des e nations» ? Est-il
naturel qu’une légende qui prend d'abord si expressément soin de respecter l'unité de la couronne , la rompe si légère
ment à la phrase suivante ? Que signifie ce e royaumen uni taire où une
nation , descend directement du roi et trois
autres « nations , de ses frères? Voilà du moins un concept de ce nation » qui ressemble fort à celui de classe .
Enfin , dans le chapitre qui vient après ce que j'ai cité (2), Hérodote parle bien d 'un morcellement des terres des Scythes en trois royaumes , mais ces trois royaumes se forment à la génération suivante , sous les trois fils de Kolaxaïs ; si donc on tient à donner aux quatre yévn qui nous occupent une valeur géographique, on se trouve devant l'imbroglio suivant : deux divisions territoriales se seraient superposées et entrecroisées ,
l'une ethnique et l'autre politique, l'une en quatre e nations , sous Kolaxaïs et ses frères, l'autre en trois e royaumes , sous les fils de Kolaxaïs; c'est bien compliqué pour une légende d'ori gine ; et quel sens même peut avoir, dans l'antiquité bar
bare , une division géographique en nations coexistant, mais ne coïncidant pas , avec une division également géographique en e royaumes , ? Si la légende avait entendu Aukhalai, Ka
tiaroi , etc., au sens de « nations» , ou bien elle aurait fait des cendre ces nations des premiers rois , les fils de Kolaxaïs , ou
bien elle aurait nommé pour leurs premiers rois leurs propres fondateurs , Kolaxaïs et ses frères ; de toutes façons, les deux
divisions n 'en auraient fait qu'une, et nous n'aurions pas deux générations de répondants mythiques. Tous ces embarras disparaissent si l'on interprète yévos (1) Cette expression s'accorde mal avec l'hypothèse de trois « tribus, vas sales (Aukh ., Kat., Trasp.) opposées à une tribu suzeraine (Paral.) : 718 Ba olaniny wãoav n'est pas suzeraineté , mais royauté totale , et par conséquent unique. (3) iv , 7.
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES.
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au simple sens de descendancen , et si l'on voitdans Aukha tai,Katiaroi, Tra(s)pies et Paralatai non des divisions géogra phiques ( ce qu 'Hérodote ne suggère nullement) , mais des divisions sociales à la manière des reclasses , iraniennes issues légendairement des trois fils de Zoroastre. Un point essentiel
du récit d'Hérodote recommande, je crois, cette interprétation. Là où elles se forment, les e classes » ou les « castes » -
commeles métiers, les ghildes, commeles sociétés secrètes , les groupes d'âge , les pbratries et les clans totémiques — en arrivent vite à se donner, sinon des armoiries, du moins des
symboles, des emblèmes ; c'est là un phénomène si largement bumain qu'il requiert à peine une explication , et ce n 'est point ici le lieu d'en envisager les composantes psychiques et sociales. Je soulignerai seulement que, dès les plus vieux textes et de façon évidemment indépendante , ni les castes hindoues ,
ni les classes iraniennes n'ont résisté à ce penchant : elles s'exhibent volontiers , se schématisent, dans les rites et dans les mythes, sous les espèces de leurs attributs naturels , de leurs instruments de travail ou de règne. Par exemple un des passages des Brāhmaṇa qui relatent l'institution des deux premières castes montre le brahman (neutre , représentant la caste brahmanique ) et le kşattra
(neutre , représentant la classe guerrière) naissant « à la suite du sacrifice; or ces deux entités s'avancent, « le brahman
avec les āyudhāni qui lui sont propres ; le ksattra avec les āyu dhāni qui lui sont propres; les ayudhāni propres au brahman
sont les ayudhāni du sacrifice ; les āyudhāni du kşattra sont le char et les chevaux , l'armure , l'arc et la flèche . . .(1), Ainsi, telle Pallas, les castes font leur entrée dans le monde toutes mupies de leurs tangibles raisons d 'être . 10 Ait. Br., VII, 19 : texte capital , pris aux chapitres de l'Ait. Br. qui, à propos du rājasūya , prétendent régler de jure et de facto les rapports entre les deux premières castes.
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De même l'Avesta , dans un des rares passages où il men
tionne les classes, ne le fait que pour énumérer complaisam ment leurs attributs symboliques ; c'est dans le Vendidād(1), au ſargard XIV , le second de ces e fargardsdu chien » quisuffiraient à faire douter que le code religieux du mazdéisme ait jamais recouvert unecoutumeréelle. Il s'agit du châtiment de l'homme qui a tué le chien d 'eau , le plus sacré des chiens : crime
inouï, qui visiblement met en péril les assises de la création ; aussi toute la création a -t-elle besoin d'être consolidée. Le châtiment corporel est formidable , même si l'on traduit les nombres de coups en chiffres d'amende selon le taux tradi tionneldes Parses. En outre le coupable doit tuer 10 .000 vers de terre, 10.000 serpents , apporter aux feux sacrés 10 .000 char ges debois tendre et autant de bois dur, etc. Enfin il doit faire trois séries de présents aux trois se classes» , sans doute pour confirmer dans leur existence ces piliers de l'édifice social ébranlés par son attentat: or ces présents sont justement les instruments symboliques de l'activité des trois classes; aux ce hommes de Dieu » , il doit donner quatre coupes (pour le
haoma , pour le myazda, pour le jus, pour le lait sacré ) , un mortier, un voile de bouche , un barəsman , divers fouets sa crés ; aux hommes de guerre il doit donner un javelot, une
épée , une massue , un arc, des flèches , et cuirasse , et hau bert , et casque , etc.; aux hommes des champs il doit donner un soc de charrue avec joug , un aiguillon à bauf, unmortier de
pierre , un moulin à main pour le blé , etc . Ainsi , aux yeux du législateur et du fidèle , au moment pathétique où il faut en quelque sorte reconstituer — en même temps que tout l'ordre de l'univers — le système des classes et symboliser matériel lement cet effort , ce qu'il convient de faire apporter par le coupable , ce sontles e instruments , des classes. (1) xiv, 8-10. Bien entendu, pas plus que dans les autres textes avestiques sauf un , il n 'est question d 'une quatrième classe .
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES. 121 N 'est-ce pas à la lumière de ce symbolisme si naturel qu 'il
faut comprendre la légende qu'Hérodote a recueillie chez les
Scythes?(1) L 'or ecéleste et royal» qui descend au moment où s'organise la société et que, plus tard, les rois garderont soi gneusement, n'est ni un bloc sans forme, ni un objet quel conque ; il se matérialise en quatre objets précis : une char
rue , un joug , une hache, une coupe. Qu'est-ce là , sinon les instruments et les emblèmes des principales activités sociales , de celles-là même qui sontà la base du système indo-iranien
des classes et des castes? La charrue et le joug(2) relèvent évi demment de l'agriculture; la hache (odyapıs ) est , avec l'arc ,
l'arme nationale des Scythes(3); quant à la coupe ( Praan ) qui le descend du ciel, elle risque fort d 'avoir une valeur sacrée ,
d'éire un instrument liturgique ou magique. Sur ce dernier
point, les présomptions sont nombreuses et diverses; c'est d'abord l'importance extraordinaire des offrandes de boisson dans le culte indo - iranien (*sauma) et déjà indo -européen (ambroisie , bière de non -mort) (4); mais c'est surtout l'impor (!) Vs. Miller , Oc. or., III , arckypcu o Ckuwaxb, p. 127, a rapproché Ven didād , 11, 7 et 18, où l'on voit Ahura Mazda remettre un aiguillon et un soc d'or à Yima comme signes de sa puissance sur terre. En réalité il s'agit
d 'un anneau (d'un sceau ? ) d'or et d'une épée incrustée d'or (Vend.. JI , 7 ) dont Yima se sert pour presser et percer la terre ( Vend., II, 18 ),
Peut-être en effet est-ce , dans l'Avesta , la trace d'une légende analogue à la légende scythe d'Hérodote : on se rappelle que , dans la tradition prézoroas trienne , c'était sans doute Yima qui passait pour avoir fondé les classes ; il est
possible que , sous une forme ancienne, la légende ait fait tomber devant Yima les symboles d 'or des trois classes ; seulement le mazdéisme, séparant
Yima du système des castes , aura du même coup réduit la chute de l'or céleste à de bizarres e instruments agricoles) .
(2) M . Christensen interprète le joug , comme la hache, en instrument mi litaire et pense pouvoir déterminer une classe agricole et deux classes guer
rières. L'analogie des faits indo-iraniens conseille plutôt de reporter la bipar tition à la plus basse classe. (3) Cf. Hérodote, vii , 64 , les armes offensives des Scythes-Saces : . .. TOEx
δε επιχώρια και εγχειρίδια , τσρός δε και αξίνας σαγάρις είχον. (5) Ainsi s'explique que, dans le texte avestique cité plus haut, p. 120
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tance de la coupe dans les mythes etdans les cultes des Scythes
eux-mêmes : Hérodote , traitant des Scythes , mentionne fré quemment des coupes sacrées. Par exemple , dans la seconde
légende qu'il rapporte au sujet de l'origine des Scythes,nous voyons Héraclės remetlant à la mère de ses fils un arc et une
coupe d'or attachés ensemble (1); ailleurs Hérodote décrit le fes
tin annuel des guerriers scythes , festin où une coupe magique sert à discerner les héros des lâches, ou du moins ceux qui ont
tué des ennemis de ceux qui n'en ont point tués (2), — et sur ce point le folklore des Osses est venu confirmer merveilleuse ment le renseignement d'Hérodote (3); ailleurs encore il décrit
le colossal vase d 'airain , évidemment religieux, que le roi Ariantas aurait bizarrement fait fabriquer et consacrer (dvadez val ) au lieu dit les Saintes Routes, entre le Borysthène et l'Hypanis (4); enfin les Osses savent encore que leurs héros des (Vend., XIV , 8 -10), les principaux outils-symboles de la classe-prétre soient quatre coupes. Cf. Ait. Br. , VII, 19 : etāni vai brahmaņa āyudhāni yad yajñā yudhāni.
(1) Hérodote , iv, 9- 10 . Minns , Scythians and Greeks (1913) , p . 43 et suiv. , a souligné l'importance de cette coupe qui , comme le thème des trois fils dont le dernier seul réussit dans une entreprise , est commun aux deux légendes
d 'originen que consigne Hérodote , et atteste qu'il s'agit de deux doublets. Je croirais volontiers que « l'arc et la coupe, qui tiennent dans la seconde légende la même place que les quatre objets d'or de la première sont, comme ces quatre objels , des symboles de classes, ou du moins d ' activités sociales , ; seulement le symbolisme est plus réduit, il ignore la classe agricole et ne con naît que guerriers ( arc) et magiciens ou prêtres ( coupe). Ainsi s'expliquerait que jamais (ce qui a étonné certains auteurs ) arc et coupe attachés n 'appa raissent sur les monuments figurés : le détail que consigne Hérodote serait non un trait de meurs , mais un trait de mythe. (9) iv , 66 .
(3) Vs.Miller , Yeptú crapaub Bb Crazaniaxb u Obrt Ocethyb,XMHII. , août 1882, p . 177 et suiv., a rapproché de cette coutume une légende osse recueillie dans ses Oc. ət., I, p. 169 : on y voit les Nartes fabuleux attablés à un festin , et disputantde leurs exploits ; leur coupe magique (Nart-amonga ) se porte d 'elle-même à la bouche de ceux qui sont véritablement des ehéross , Cf.mes Légendes sur les Nartes , p . 136 -137 et 163- 164. (4) iv, 81.
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anciens temps, ceux qu'ils nomment les Nartes ( et qui vivent, dans les légendes, à la manière des anciens Scythes), possé daient en commun une coupe merveilleuse (le Nart- amonga
ancien
ou Uas - amonga), où l'on pouvait puiser indéfiniment sans jamais la vider , ou bien qui se remplissait d'elle-mêmeaussitôt
vide , et certains récits décrivent les rivalités des principaux héros Nartes pour la possession , ou du moins pour la garde de ce trésor commun (1). Toutes ces coupes sacrées engagent à prêter une valeur analogue à la coupe d'or brûlant tombée du
ciel au temps des fils de Targitaos : à côté des outils agricoles et de l'arme de combat, c'était l'instrument par excellence du
culte et de la magie quidescendait en cette heure solennelle . Comment cette rencontre serait- elle fortuite ? Dans une légende
de ce genre , un détail aussi précis doit avoir son utilité. La quelle ? Evidemment justifier l'institution de re classes» corres
pondant aux e activités » et à leurs symboles : les quatre yévn ausquelles donnent naissance Kolaxaïs et ses deux frères me semblent inséparables de ces quatre symboles célestes et les
expliquent fort bien. Sous des noms sans doute mal transcrits
et pour nous incompréhensibles, ils doivent désigner les ma giciens(2), les guerriers et les agriculteurs , et de même que, (1) Voir le conte 0 coope HaptoBb 3a Amohra , dans les llamathuku hap . TBOP 9ectba Ocerah , haprobckue nap. cka3ahun (Vladikavkaz , 1925 ), nº 13 , p . 75 , 76 et n . 1 ; d 'après Vs. MILLER , Oc. 91. , I, p . 14g et n . 20 (récit sur
le héros Batraz ), le Nart-amonga (ou Uas-amonga) serait simplement une coupe qui se porterait d 'elle-même aux lèvres des vrais héros (voir avant-der nière note ); elle serait exactement, étymologiquement, la « révélatrice des ( vrais ) Nartes (ou saints ? )" ; cf. le verbe amouve ceHaftutb , pokazatbn.
(9) Sur ces magiciens et leurs pratiques, voir Hérodote , IV , 67 : divination à l'aide de bâtons disposés à terre ; les magiciens d 'Ossétie procèdent encore
exaclement de même : voir B. Gatibv, Có. coba. O kalk. ropgaxb, IX (1876 ), m , 1 ; S. V. Koviev, 3an, o Obrt Ocetuub , dans Co. mat. no 9thorpaoin , 134. apu Aam KOBCKOM’D OTH . Myzet , I (1885 ) , p . 108 -109 (rafanie na na
do karb ). Vs. Miller a souligné cette rencontre : Yeptui crapuhbl. . . KMHO., août 1882, p . 301. Cf. mes Légendes sur les Nartes , p . 155-156.
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parmi les objets d 'or, le joug et la charrue font à peu près
double emploi( ), de même un des trois frères donne naissance à deux yévn jumeaux : le lecteur voudra bien se rappeler à ce propos que l'Iran , lui non plus, n'a jamais bien sa jusqu'à
quel point sa quatrième classe se distinguait de sa troisième. En ce cas on comprend que ces objets d 'or aient été , par
dessus les frontières des étals scythes, un trésor commun , sans patrie , et qu'ils aient rayonné pacifiquement, comme l'affirme Hérodote (2), d'un royaume à l'autre. S 'ils avaient
signifié et garanti proprement le pouvoir politique, l'historien aurait dû plutôt enregistrer de perpétuelles compétitions , cha que roi lâchant de prendre ou de garder pour lui un si puis sant gage d'empire. Au contraire, si ces quatre objets symbo lisaient et garantissaient une organisation sociale semblable dans tous les états , quel intérêt aurait eu le plus ambitieux
des princes à accaparer un bien si évidemment international et si anodin ?(3) (1) A moins que le joug ne symbolise une condition servile ? C'est peu pro bable ; le symbolisme de ces divers objets ne peut guère être que de même ordre : instruments , outils de travail ,représentant le travail et les travailleurs. (2) iv, 7 .
(3) M . Benveniste m 'objecte que les objets tombés du ciel ne se distribuent pas entre les trois frères , commeon devrait l'attendre dans mon hypothèse ,
mais au contraire qu 'ils font un tout, remis aux mains du seul Kolaxais et fondant ainsi sa suprématie , sa royauté . Parfaitement. Hérodote dit lui-même
formellement tily Baoianiny wãoav. Mais je ne vois pas là de difficulté : cette concentration du joug , de la charrue , de la hache et de la coupe aux mains
de Kolaxais signifie seulement la suprématie d 'une classe sur toutes les autres , la classe guerrière ayant pas et pouvoir - -- comme c'était sans doute la pratique réelle chez les Scythes - - sur celle des magiciens et sur le menu
fretin agriculteur et éleveur : de façon parallèle ,Jes Brāhmaṇa hindous, dans l'instantmême où ils opposentles castes l'une à l'autre , s'empressent d 'ajouter
et répètent à satiété que « toutn , ou que le «kșattra , appartient aux brah manes. Bref, ce qui tombe du ciel sous les fils de Targitaos , ce ne sont pas
simplement les classes une à une, en suite anarchique, c'est leur ensemble hiérarchisé , c'est le système social en un tout cohérent, dont la classe-chef devient naturellement dépositaire et garante . Les tentatives infructueuses
LA PRÉHISTOIRE INDO -IRANIENNE DES CASTES .
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Les Osses enfin confirment cette interprétation (1) : ils savent encore que leurs héros des temps anciens, les Nartes, étaient d 'Arpoxais et de Lipoxaïs , le succès de Kolaxaïs , sont destinés à expliquer
pourquoi la classe -chef n 'est ni celle des agriculteurs , ni celle des magiciens, mais celle des guerriers.
(1) Les Osses , jusqu'à l'abolition de l'esclavage , étaient divisés en quatre classes : nobles, hommes libres, inférieurs et esclaves.Mais c'est là une divi sion d'un type féodal, assez différente de celle qui nous intéresse ici ; il y a
d'ailleurs de fortes raisons de croire que les Osses ont emprunté ce système à leurs voisins kabardes : M . KOVALEVSKY, Coutume contemporaine et loi ancienne : droit coutumier ossétien éclairé par l'histoire comparée (Paris, 1893) , p . 16 et suiv. - - Il n'est d'ailleurs pas absurde desupposer que le système des classes tcherkesses soit lui-même un vieil emprunt fait aux Scythes : le prince N . Troubetskoy ( Remarques sur quelques mots iraniens empruntés par les langues du Caucase septentrional, dansMém . Soc. Ling.Paris, 1921, p . 248) amontré que tout au moins le nom de la première classe tcherkesse, p'çi ( cf. abhaz p'çuym homme richen ) rappelle de près l'avestique fšumā « riche en bétailn ; le fait est d'autant plus curieux que c'est la troisième classe des Scythes qui aurait ainsi donné son nom à la première des Tcherkesses. — M . Dirr (Caucasica , IV et V, dans son vocabulaire, sub verbo ) vient de donner les noms des quatre classes ubyh parallèles aux quatre classes tcherkesses : 1° à tch . p'çi répond ub. ca e princen (xy serait plus exact); 2° à tch. work répond ub.
k 'wošta « petit noblen ; 3° à tch . tfoko , répond ub. wayəš“ re homme libre ordinaire, ( Benediksten avait noté en 1898 waraš" ; j'ai entendu à Kirk
Pınar et à Yanık waya:"a); 4° à tch . přçià répond ub. gera resclaven , avec g très mouillé (qui s'apparente sans doute étymologiquement à tch . Jär captif de guerren ; cf. armén . geri). Cette division n 'est, bien entendu , chez les Ubyh comme chez les Tcherkesses de Turquie , qu'un Jointain souvenir , et
souvent, quand ils en parlent, les Ubyh mêlent les noms des classes des deux langues. Voici une déclaration que m 'a faite récemment un Ubyh de Yanık , liyas bey ; elle est peu conforme à l'histoire, mais précise bien la valeur de g'era ; les caucasologues seront sans doute contents de la lire dans cette langue , dont on ne possède encore que quelques pages de texte : Rusi
yaya , Adyyas“ sbläya , Adyyənən anc" giyya zejä äjnašõta ahähaya dāk’ähänün, psy , vork' ve ag'era aqaja šäna ägäränasqa : wazejäya aqwoqana t`it'non ag'era anaqaqa , c'est-à-dire : xen Russie , en pays tcherkesse, les Tcherkesses , dans des temps très anciens, quand ils allèrent dans la montagne, pour faire la
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divisés en trois ce familles», dont chacune avait sa spécialité : une d'agriculteurs, une d'intellectuels, une de guerriers. Voici par exemple une formule prise à la tradition populaire , el que M . Tuganov a eu raison de meltre en évidence : « Les Boriatä
étaientriches en troupeaux; les Alägatä étaient forts par l'in telligence; les Äxsärtägkatä se distinguaient par leur héroïsme et par leur vigueur, c'étaient des hommes forts (1). » C 'est exac
tementl'état de choses indo-iranien sous sa forme la plus claire et la plus simple , l'élevage n'ayant même pas encore cédé sa place à l'agriculture. La seule différence est que les divisions des Nartes sont non plus des classes (endogames, etc. ) , mais
des familles ( exogames, etc.) : différence grave , assurément, mais explicable par la diversité des temps et des mœurs ; com ment les Osses, qui depuis longtemps ne connaissent plus de
classes dans leur pratique sociale , en attribueraient-ils à leurs héros ? Le souvenir des e divisions par spécialités , a gurvécu , mais s'est adapté aux cadres sociaux modernes.
Celte déclaration est d'autant plus intéressante que, dans l'ensemble des récits recueillis depuis soixante-dix ans, les
caractères de ces trois familles ne sont pas très nets : tous les
Nartes se ressemblent plus ou moins. Cependant, ce qu'on Ou
entrevoit justifie dans une certaine mesure le ceprincipen sou
ligné par M . Tuganov : 1° La position des reintellectuels » Alägatä est partout res guerre , se divisèrent en trois ( classes ] dites p . , v., g': ; ce sont les hommes qu'ils prirent dans ces guerres qu'on nomma g'era.»
(1) M . S. Tuganov, kto takue Haptúı ? dans 134 . ocet.uuctutyra kpaelle nenus , I (Vladikavkaz, 1995 ), p . 373 : Boriatä ädtâncä fonsäj häzdug ; Ala gatä ädtäncä zundāj tuzgin ; Aysärtägkatä ädtäncä bähatär äma qarwögin , lägtäj tuxgin . Cf. mes Légendes sur les Nartes , p . 19. - De ces trois noms ( où -tä est la terminaison normale du pluriel), le troisième (Axsärlägkatä ) vient sans doute de oss. äzsarä - bravouren ; M . Tuganov rapproche le second d 'un nom propre encore vivant en Ossétie , Aläg ; le premier ( qu 'on rencontre
d 'ailleurs souvent sous la forme Borätä , Baratä ) dérive peut-être de oss. bor s jaune .
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES.
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tée claire; ils ignorent guerres et exploits et n 'apparaissent dans les contes qu'en une seule circonstance , à vrai dire fré
quente : c'est chez eux qu'ont lieu les beuveries solennelles des Nartes, ces beuveries où se produisent les merveilles de la Coupe Magique et où se fait et défait le prestige des chefs (1).
Chez tous les demi-civilisés et chez quelques autres (chez les Perses, notamment, au dire d'Hérodote ), beuverie et sagesse font bon ménage, et les brahmanes organisateurs des orgies
somiques aideront à comprendre l'alliance narte de la coupe et de l'esprit.
2° Si les plus fameux des pourſendeurs narles (Uryzmag , Hamyc , Batradz , Sozryqo.. .) sont,dans beaucoup de contes, des Borialä , il est remarquable que les récits qui décrivent les
guerres inexpiables entre Borialä et Axsärlägkatä en font assez régulièrement, comme on doit s'y attendre, des Axsärtägkatä ,
c'esl-à-dire des « guerriers , par excellence(2). Peut-être est-ce l'état ancien de la tradition. En ce cas , pourquoi les Osses ont ir . ils fait passer leurs héros favoris d 'une famille à l'autre, pour
quoi les ont-ils cedéclassés » de guerriers, en « agriculteurs», ier
en
SN
.
sans d 'ailleurs rien leur ôler de leur caractère belliqueux?Mys tère. Mais n'oublions pas que de nos jours les contes sur les Naries sont des contes populaires , racontés chez les humbles
autant et plus que chez les grands. 3“ Dans ces mêmes contes sur les querelles sanglantes
entre Aysärtägkatä et Boriatä , les hostilités éclatent parce qu'un jeune héros belliqueux de la première famille tue les bæuſs gras et épuise les chevaux de la seconde : forme nalu relle d 'un conflit entre « guerriers» et « éleveurs» (3). (1) Légendes sur les Nartes , contes nos 15 , 17, 23, 25, 26 c; on trouvera là les références aux originaux. (2) Ibid . , contes 1 6 , 46b, b bis.
(3) En tout cas, les recueils de contes osses s'accordent à ranger tous les Nartes dans l'une ou l'autre des trois familles ici mentionnées. Seul le dernier
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Ainsi les Osses s'accordent avec Hérodote pour établir que les Scythes , tont comme les Perses, divisaient leur société en trois grandes classes , dont la dernière , à en juger par Héro dote , se subdivisait en deux sous-classes jumelles. * *
Deux remarques s'imposent. D'abord , pas plus chez les
Scythes qu'en Iran , cette division ne semble avoir eu grande importance, ni même pleine application. Sans doute s'agis sait-il d'un cadre social traditionnel, affirmédans les légendes
et dans les rites, mais sans définitions rigoureuses ni par con séquent cloisons étanches. Hérodote , nous l'avons dit, ne ren
contre pas une seule occasion d'y revenir, et les autres auteurs anciens sont muets à ce sujet. D 'ailleurs, dans les légendes recueil (digorien ) publié à Vladikavkaz, IISMATHUKH Hap. Tbopyectra Oretou , Bb1o . 3 : Auropcioe wap. TopTeCTBO B 3arach Muxaja Tapaahtu (éd. de
l'Institut des Recherches Scientifiques d 'Ossetie, 1997), semble placer d 'au tres familles nartes (par exemple les Asätä ) sur le même plan que les « trois .. Mais ce recueil , d'ailleurs fort important, présente la plupart des légendes
sous une forme plus altérée que celles qu'on possédait jusqu'alors. Et c'est naturel : partout les légendes sur les Nartes sont en passe de se décomposer. - Les autres peuples caucasiens qui connaissent les légendes sur les Nartes, et qui les ont sans doute prises en grande partie aux Osses, ignorent absolu ment la tripartition , de cette race fabuleuse : c'était donc bien là une tra
dition spécifiquement osse , scythique, aryenne. Cependant les Alägatä parais sent chez les Tcherkesses ( abzah Alajuk'.. .), chez les Tatars (balkar Aly glar .. . ). Le nom des Äxsärtägkatä , à ma connaissance , est inconnu partout.
Quant aux Borata , leur nom ne s'était pas rencontré jusqu'à présent hors de l'Ossetie ,mais tout récemment ( janvier 1930 ) j'ai eu la surprise d'entendre chez les Tcherkesses (Šepsug) émigrés à Adliye (près du Sakaria, vilayet d'Ismit) un récit sur Borež ( = e le vieux > l'héroïque Boren ) qui reproduit ,
avec d'importantes variantes , mais de façon très reconnaissable , deux célè bres récits osses sur Uryzmag , l'un des Boratä ( l'inceste , le meurtre du fils );
j'ai entendu peu après, à Uzun Tarla , une version abzah toute voisine , où le héros s'appelait Boroqo ( = e fils de Bor(e)» ) et où intervenait , à une articula tion importante, la théorie tcherkesse des classes; je publierai prochainement ces textes avec plusieurs autres.
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des Osses sur les Nartes, on vient de voir que les distinctions entre les trois familles sont plus théoriques que réelles. De même, dans l'Iran , en dehors de quelques règles religieuses
toutes théoriques , en dehors des divers récits de l'institution même du système, la division en classes n'intervient jamais, et la Lettre de Tansar atteste assez qu'au momentde la réaction sassanide les classes n 'existaient plus que s comme ome uunn vvague ague t
tte réaction tardive , si videmmen pa violente quCe ait eévidemment 'ellen 'est souvenir. pass cecetle violente qu'elle ait pu être , qui aura donné de la consistance à une théorie depuis longtemps vaine. A ce pointdevue , Scythes et Iraniens d 'Asie ressemblaient sans doute à leurs frères orien taus des premiers temps védiques, aux Hindous d 'avant la Caste : neuf livres du Rg Veda sont muets sur l'existence du
rājanya,du vaiçya et du çüdra. Deuxième remarque : la légende scythe sur l'origine des
quatre yévn est du mêmetype que les légendesiraniennes. Dans un cas Targitaos et ses trois fils, dans l'autre Zoroastre et ses trois fils ( et sans doute primitivement Yimu et ses trois fils ? 1)
sont les ancêtres ou instituteurs des diverses sections de la société , et dans les trois cas l'institution est , pour une grande
part , d'initiative humaine : Yima, ou les fils de Zoroastre , ou ceux de Targitaos, les ont sciemment décrétées ou normale ment engendrées; dans la légende scythe elle-même, la plus merveilleuse des trois , tout le rôle du ciel consiste à avoir
fait un geste symbolique que les hommes ont aussitôt com pris. Or l'Inde connaît une tradition analogue, consignée
dans des livres tardifs, mais peut-être ancienne, car elle se recommande parfois de Grtsamada , un des plus vénérables
sages des temps védiques, à qui d 'autres légendes — sûre ment anciennes celles-là — attribuent en effet un rôle impor lant à l'origine de la fortune de la caste brabmanique(1). Le (1) Sur ces traditions, voir Muir , Sanskrit Texts, I, p. 226 et suiv. CCXVI. INPRIMERIE NATIONALE
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Harivamça, par exemple , dit : « Vitatha fut père de cinq fils , Suhotra , Suhotr, Gaya , Garga et le grand Kapila . Suhotra eut
deux fils, l'illustre Kāçaka et le roi Gytsamati; les fils de ce dernier furent les brahmanes, les ksattriya et les vaiçya(1). » Le
Visņu Purāņa dit de même: « Ksatlravrddha eut un fils Suna hotra qui eut trois fils Kaça , Leça et Grtsamada; du dernier naquit Çaunaka qui institua les quatre castes(2).» Le Bhagavala Purāņa (3), le Vayu Purāna(1) ont des textes parallèles. Les castes sont ici d'institution humaine, et quelquefois de 6lia
tion humaine , issues de frères . Cette explication d 'allure histo rique est toute différente de l'explication merveilleuse, divine, qu'on trouve à des dizaines d 'exemplaires à travers toute la littérature brahmanique, depuis l'hymne X , 90 du Rg Veda :
les castes issues desmembres del'Homme primitif (sacrifié par les dieux ou dissocié de lui -même). Mais justement parce
qu'elle apparaît sans nulle raison , en marge de l'explication officielle et orthodoxe, je ne pense pas que celte explication plus humaine soit inventée de toutes pièces : elle doit prolon
ger une tradition populaire , celle-là même sans doute qui expli quait les trois ou quatre « classes » védiques et prévédiques ,
avant qu'elles ne fussent devenues des castes. Bref il devait cir culer dans toutle vieux monde indo-iranien un certain nombre
de légendes d'un même type (peu ambitieux) pour expliquer
la division (peu importante) de la société. Constantinople, février 1929 . (1) IXXII , 1732. (2) IV , 8 , 1- . Ce Kaça eut un fils, Kaçirājā , père lui-même d'un Dirgha tamas qui fait un pendant presque exact au Targitaos scythe : Targitaos
Salmās, Istahri,
p .182; et Capal-jur par Jabal-jūr (w Balz), Ibn al-Ațir, X , 270 , etc.(3). Ces exemples sont surtout convaincants comme
emprunts directs d’arménien en arabe(4). Toutefois, si on suit l'hypothèse ingénieuse de Marquart, Streifzüge, p . 175 , 186 , qui restitue ibil de Mas udi en *manbaġi et rattache cette formearménienne au géorgien mampali c roin , il faut en con
clure que le passage de ļ à ġ s'était accompli avant 943. Dans la Géographie de Vardan ( xi1iº-xivº siècles ) la rivière Kʻasaļ figure sous le nom mutilé Kʻarsah , où h provient de
l'assourdissement de ġ < !.Une autre forme vulgaire K‘atsah (pwgwfu ), dontSaint-Martin , II,423,ne donne pas la source , est surtout proche de la formemusulmane Kazah .
En effet il est à supposer que, si les noms de K ‘asaļ et de Kasāl sont de la mêmeorigine, leur évolution , dans un milieu (1) De altarm . Ortsnamen , p . 393 : « das armenische dunkle ! schon recht früh zu y , vor Tenues x geworden ist». (2) Häls , Balāduri , 194 ; Ibn Hurdādbih , 132 ; Yāķūt, IV , 19.
(3) On trouve Jabal Jūr encore dans la Vie du Hwārizmšāh Jalal aldin , de Nasawi (xın° siècle), éd . Houdas , p. 240-241, mais l'Histoire des Kurdes, de Šaraf al-dīn (terminée en 1516 ), éd. Véliaminov-Zernov, I, p . 256-259 , emploie la forme vulgaires , Cabaķjūr < Cabagjūr. (9) Par contre nous laissons de côté les formes transmises par Balāduri : Taryālīt , Ķalarjīt , car leur désinence montre que l'emprunt a été fait au
géorgien (pluriel en -et'i) et non aux formes arméniennes Trēļk' et Klarjk'. Cf. Juwaini, II, p. 170 . wwle , lire Jānit < čanet'i , « les Čan ou Lazes» .
TRANSCAUCASICA.
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arménien , devait être parallèle et on sait que ,même après tant d 'invasions, la population du bassin d'Akstafa garde son carac tère mêlé arméno-turk. Il faudrait donc croire que Keisala et Kesala reflètent l'an
cienne forme Kasāl ( K ‘asal) tandis que Kazah, — et probable ment ses dérivés les villages Kazahbegli et Kazahli ce dernier
peut-être < Ġazagli, voir plus haut ), situés immédiatement à son nord, — doivent leurs noms à la forme tardive * Kʻatsah.
Cette coexistence à la fois de la forme ancienne et de la forme récente n 'a rien d 'anormal et peut s'expliquer par le
milieu allogène dans lequel pouvait survivre la vieille forme. C'est ainsi qu'à côté d’Akstafa (avec ķ < g , cf. arm . Aļistev, géorg . Ağstevi)(1) existe le village Kulp (avec l) qui est situé dans le bassin de la rivière voisine Inja et correspond au can ton Koļbop 'or de la géograpbie arménienne.
$ 4 . La question K ‘asal/Kazah est toutefois compliquée par un détail dont la discussion a dû être réservée jusqu'ici. Nous ignorons encore si le nom de la rivière K ‘asa ! est d'origine
ethnique, mais à proximité de Ķazah il existait autrefois un
élément ethnique ou politique ,dont le nom est transmis dans la chronique géorgienne comme Hasgian , etc. En 1165 , le roiGiorgi III passa à l'offensive sur toutes ses frontières. Des forces importantes furent lancées sur Ganja : « le généralisisme et les Arméniens(2) durent aller au delà de
Mtkuar [Kour ) jusqu'à Gandza ; le roi lui-même se porter à Hasgian ; ceux du Liht-Imier et les K 'artls sur les deux rives de ce fleuve , dans la direction de Gandza jusqu'à Holta, et ceux du Heret' et du Kahet depuis l'embouchure de l'Alazan jus (1) La forme Aķstafa a une assonance familière pour une oreille turke musulmane : cf. ak « blanc , et le nom Mustafā !
(9) Il s'agit ici probablement des Somþétiens, habitants de la province Somhétie (Arménie ) située sur l'affluent droit du Kour Debeda et relevant de la Géorgie.
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qu'au Širvan » (1). La seule indication concernant l'itinéraire du roi est que, chargé de riche butin , il repasse les montagnes pour rentrer à Gegut'. Ce dernier endroit est en Iméréthie (près de la station de chemin de fer Rion ). L'hypothèse que l'expédition de Giorgi III aurait été dirigée vers le sud de
Gegut' se heurterait au fait étrange que justement les troupes de la Géorgieoccidentale (Liht-Imier ) eussent été envoyées vers
l'est contre Ganja . Il faut donc comprendre « les montagnes» dans le sens habituel en géorgien , c'est-à -dire comme la chaîne
de Lih qui sépare la Géorgie occidentale (bassin du Rion ) de
la Géorgie orientale ( bassin du Kour ). Dans ce cas-là le roi opérait conjointement avec le gros de son armée. Comme la vallée du Kour était occupée par les autres colonnes énumé rées , la seule direction indépendante pouvait être celle du sud est , c'est-à -dire du pays montagneux d 'où sortent les affluents droits du Kour. On verra plus loin le but d 'une telle diversion .
La même Chronique sous le règne de Tamar (1184-12 12 ?) contient un récit très curieux sur la mort de l'atābek de l’Arrān Amir Miran (2), A ce propos le mari de la reine T'amar e parta
geait les regrets des seigneurs hasagian et des sujets de ce prince , (3). Cette fois-ci les événements se passent décidément (1) Brosset, op . laud., 1/1, p. 366 . Cf. Ibn al-Atīr, XI, 213 , sous l'année 561.
(2) Les sources musulmanes inédites corroborent le passage de la Chronique jusqu'ici obscur. Amír Mīrān 'Omar était le quatrième fils de Pahlawān , né de l'aventureuse Inanj-hātün , épouse en secondes noces de Ķizil-Arslan , frère de Pahlawān , et en troisièmes noces du Sultan
Tugril II ; cf. HOUTSMA , Some
remarks on the history of the Saljuks, Acta Orientalia , III, p. 143. (3) Brosset, 1/1, p. 447, note , ne fait que résụmer en quelques lignes le passage intercalé dans un seul manuscrit où il occupe quatre pages. Ce pas sage conclut l'histoire des luttes entre l'atābek de l'Azarbaijān Abū-bakr b . Pahlavān b. Ildegiz (Eldiguz) et son frère cadet Amīr Mīrān (Amir Mirman ). Ce dernier grâce au secours de la reine T'amar, avait réoccupé Ganja (9) et
Šankor ( arabe Šamkūr) mais Abū-bakr lui aurait fait donner le poison , Amir
Mirān , encore vivant, se réfugia sur la montagne Kpi(?), près de Ganja.
TRANSCAUCASICA.
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dans la région montagneuse au sud du Kour, mais il est abso
lument impossible de rattacher ce nouveau terme ni à Hazik d'Asoļik , ni à Kazah .
En géorgieu le mot apparaît la première fois comme hasgian avec les variantes haragian et hasičan. Les variantes ne ré pondent à rien de connu mais d'après haragian on peutrestituer hasgian en hasagian , conforme à la formementionnée sous le
règnede l'amar. Cemot, comme l'avait déjà soupçonné Bros set, correspond exactement à l'arabo-persan hāşagi avec la ter minaison persane de pluriel -ăn ulos . Ce terme qui dési gnait les courtisans intimes (« particuliers » ) d 'un prince est
bien attesté à l'époque dont il s'agit(1), La configuration du pays au sud du Kour était propice à la
formation de petits fiefs. La montagne y est coupée par denom breusesvallées étroites arrosées par le systèmedes affluents droits du Kour(2). Cette partie de l'ancienne Albanie (Arrān ) relevait aux ivº et v® siècles de l'Hégire de la dynastie kurde šaddādide dont le siège était à Ganja Le seljukide Malik -Sāh (465 -485 /1072 1092 )mit fin à cette dynastie (3). Sous les Seljuks, les , Atā
beks, tantôt seuls, tantôt comme vassaux des princes selju
kides, gouvernaient ce pays. Depuis le règne d'Arslan b . Tuğril (566 -573/ 1 16 1-1177) les puissants atābeks ildigizides , maîtres de l’Azarbaijān , s'établirent à Ganja . Le dernier d 'entre Abū-bakr reprit Ganja et s'avança jusqu'à Sankor. Le manuscrit glisse sur la suite des événements défavorables aux Géorgiens. C 'est ici qu'intervient le
passage sur le deuil causé par la mort d 'Amir Mirān. Les événements durent avoir lieu vers 589/1 193.
(1) Rāḥat al-şudur ( terminé en 901/1904 ), p . 361- 366 , qui se rapportent au règne de Tugril II (1177-1194 ). (2) Injā , Aksibara , Aķstafa , Hasan-su , Tā'ūs-čai (uni à Hunzur-kut et Aḥanja ) , Asrak-čai , Dzegam , Jāgir- čai, Šamhor, ķačķara, Ganja-čai , Küräk čai , Göran-čai, Inja-čai, Terter, etc. (3) Fadlūn , le Saddādide dépossédé, après de nombreuses aventures , finit
ses jours à Bağdād en 484. Voir DeFréMERY, Le règne de Barkiarok , Journ . As., 1853, II, p . 245.
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eux Özbek futdéloge de Ganja par le hwārizmšāh ſalāl al-din en 622/1225 , mais, dix ans après, toute la Transcaucasie rentra dans la sphère des conquêtes mongoles (1). Telle était la
succession des maîtres de Ganja qui certainement répartis saient le pays avoisinant en petits fiefs (iktaat)selon le système en vigueur. Sous la dénomination de hāsegi contre lesquels
guerroya Giorgi II il fautjustement comprendre les seigneurs des petites vallées , les hommes- liges des maîtres de Ganja .
Le roi Giorgi en attaquant les hāsagiān voulait certaine
ment paralyser leur secours à Ganja contre laquelle marchait le gros de l'armée. De même les e seigneurs ḥasagianx qui regrettaient la mort d'Amir Mīrān étaient ses intimes qui lui devaient leur nomination . Toute connexion de hāsagi avec Kazah doit être écartée. Même phonétiquement une telle évolution du terme bien connu aux musulmans et assez bien transmis par lesGéorgiens est totalement improbable . $ 5 . Pour résumer : l'indication géographique précise de
Balāduri a permis de localiser Kasāl dans la région de Kazah . Les données historiques ont montré le caractère illusoire de
l’explication ethnique de Saint-Martin : Kazah < turk Kazak. Par contre l'hypothèse qui explique ce nom par l'arménien K ‘asaļ est à la fois suffisante au point de vue des conditions locales et permet de rétablir l'identité de Kasāl et de Kazah à la lumière des lois phonétiques arméniennes. Les séries Hazik
(*Hazir) et Hasagi n 'ont aucun rapport à la questioniKasaļ/ Kasāl/Kazah. (1) Cf. l'Enc. de l'Isl., Arrān, Ganja (Barthold ), Shaddădides ( Sir D . Ross).
TRANSCAUCASICA.
IV . LA FORTERESSE ALINJAK
ET LA VALLÉE DE « HAMŠĀ ”. S 1. Les campagnes de Tīmūr en Géorgie. S 2 . La forteresse Alinjak . $ 3. Son siège par Tīmūr et son débloquement par les Géorgiens.
$ 4 . Retour de Tīmūr et l'expédition contre Hamšā . S 5 . Détails de l'expédition contre Hamšā .
$ 6. Hamšā = Eliseni, Hamša/Himšia ? $ 1. Les nombreuses campagnes de Timūr en Géorgie méri teraientune étude spéciale . Leur source principale est le Zafar nāma de Saraf ad -Din ‘Ali Yazdi, dont la Chronique géorgienne elle-même dépend directement dans l'exposé de l'époque timū ride. Déjà Brosset l'a bien vu : « Si l'on compare le texte de
Chéref-ed-Din avec celui de l'auteur géorgien , on voit que celui-ci suit l'autre pied à pied , et dans l'ordre des faits , et
dans la manière de les exposer , (1). Les détails suivants peuventservir d'appui à celle thèse et donner une idée des malentendus résultant de laméthoile trop serviledu compilateur de cette partie de la Chronique.
a. La Chronique transforme le nom Joſis en Manglis sans se soucier du contresens (voir plus bas : Min- göl).
b. La Chronique, Brosset , 1/1, p . 666 , reproduit le récit du Zafar nāma, II, 242, sur l'expédition contre Jānī-beg , qu'elle se borne à
appeler vaguement « un mtavar de très haut rang n . Plus tard seulement Vahušt a tenté de rapprocher ce nom de Jandieri. c. La Chronique, 1/ 1, p. 670 , donne la liste complète des généraux que Tīmūr avait envoyés contre Alinjak , d'après le Zafar-nāma, II , 354.
(1) Histoire de la Géorgie, 1/1 , p . 393, n . 7 .
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d. La Chronique , 1/1, p. 673, copie avec tous les détails le récit du Zafar-nāma, II , 524-532, sur le siège de la forteresse (Kūrtin , Gūr tēn ?), laquelle d'après Saraf ad-Dīn se trouvait rau milieu du pays, ) ( در وسط بلاد. La Chronique substitue a ce nom celui de la forteresse
connue de Birt'vis (1)mais laisse tel quel le nom du commandant Nazal (?). Au grimpeur habile Begījān , qui pénétra le premier dans la forteresse , la Chronique attribue une origine égyptienne, par une étrange confusion de e Merkīt , we go qui se trouve dansle texte (3) avec ceMișrīn Gyur plus
familier ! En caractères arabes ce qui-pro-quo est exclu. Il faudrait plu tôt supposer que le compilateur opérait sur une traduction géorgienne
faite par quelqu'un d'autre, ou que le texte persan lui était interprété oralement.
Pour illustrer la traduction de la Chronique Brosset a résumé
dans ses Additions (I/2 , p. 386-397) les passages de Saraf ad Din. Malheureusementle grand géorgisantne disposait que de la vieille traduction de Pétis de la Croix (4), entièrement péri mée en tant qu'il s'agit des régions éloignées et peu explorées
à l'époque où vivait le traducteur. Delà des malentendus inévi tables dans les éclaircissements de Brosset. (1) Sur la rivière Alget', en aval de Manglis , voir la Géographie de Vahušt, trad. Brosset, p. 175 ; trad. Janasvili, p. 69 : La citadelle de Birthwis , bâtie sur le roc , environnée de rochers à un edj [= un parasange ) et demi de distance et inaccessible.» Brosset, 1/2 , p . 397, laisse l'identification Kūrtin
= Birt'vis sur la responsabilité de l'auteur. A l'époque şafavide on trouve dans l'histoire de Šāh ‘Abbās "Alam -ārā , Téhéran , 1314 , p . 64 , le nom d'une for teresse mergo *Bartīs = Birt'vis ? Au nom es correspond dans Ibn 'Arab
šāh , II, w e
to , c'est-à-dire en turk gäl, gör, git , interprété en arabe
l tail she eviens, regarde, va -t-enn. Il est donc possible que nos doive être lu . La forteresse de Säkki portait un nom pareil mais elle n 'est pas eau milieu du paysn . Elle a pu recevoir ce nom en l'honneur de la
forteresse plus ancienne dont parlentles historiens de Timūr. Voir mon article Šekki dans l'Enc. de l’Islām . (2) En persan Jl , var. Jl . Serait-ce e natsval» , nom de dignité géorgien ?
(3) La tribu Merkit vivait à l'est de Baiķal, voir Rašid al-dīn , éd . Bérézine, dans les Trudi Vost. Otd . , V, 70 , et VII, 9o. L 'habileté des Merkit à escalader les rochers est plusieurs fois mentionnée dans le Zafar-nāma, I, 339 , white, et I, 766 , avec une erreur, wys.
(6) Histoire de Timur-bec de Chérif-ed -din (sic), Paris, 1722.
TRANSCAUCASICA.
Cependant l'original même de Šaraf ad-Din contient des points obscurs. Tel par exemple l'épisode de l'expédition contre la vallée de Hamšā (? Laz ) , Zafar-nāma , II, 222-229 , dont par quelque accident la Chronique ne fait aucune men tion . Cette opération est étroitement liée aux événements qui avaient eu lieu sous les murs d 'Alinjak. S 2 . Le nom ancien arménien de cette citadelle est Ernjak (1)
que össill Alinjak rend exactement. Plus usuelle toutefois est la forme postérieure Alinja qu'emploient déjà Ibn 'Arab-šāh (2) et Clavijo (3). La rivière Alinja-čai se jette dans l’Araxe à l'est de
Nahičevan . Près de son embouchure était située l'ancienne ville Julfa ( ). La forteresse Alinja s'élevait sur la hauteur inacces
sible de sa rive droite près du village actuel Han -aġa (stälá
e couvent» ?)(5). Les géographes arabes , y compris Yakūt, ignorent Alinjak , mais Hamdullāh Mustaufi le mentionne parmi les dépendances de Nabičevan (6) Dans l'histoire locale la forteresse a joué un rôle considérable. En 915 le Sājide Yūsuf b . Dēvdād métait allé attaquer la place forte d 'Ern
jak , où les femmes des nobles ( arméniens) avaient cherché un refuge avec leurs trésors; il la prit et rentra à Dvin , (?). (1) HÜBSCHMANN , Die altar . Ortsnamen , p. 347, 426.
)2( الباlui fournit un jeu de graphies avec النجاءal-naja rla fuiter . (3) Ed. Sreznevsky, p . 162 : Alinga (lire : Alinza ).
(4) Arm . Juļa > Juga ; Zafar-nāma , 1, 399, Loya , Jūlāha. (6) Sur la carte russe la montagne de la forteresse est marquée à vingt-six versles en amont de l'embouchure d'Alinja-čai. I. Chopin , Istor. pamiatnik
armian. oblasti, Saint-Pétersbourg, 1852, p . 324 , dit que dans l'enceinte de la forteresse on voit le couvent de Saint-Grégoire , lequel, d 'après Ališan , Sisakan , Venise , 1893 , p. 348-351, servit de siège épiscopal depuis le
x° siècle. (Le passage m 'a été aimablement interprété par M . Kevorkian.) (6) Nuzhat al-kulüb , éd . Le Strange, p. 79 et 89. L 'auteur nomme un autre öşil près de Tabrīz. (7) Asoļik , trad. Macler, p. 18 -19.
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JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
Lorsqu 'en 1177 les survivants de la famille Orbelian durent se sau ver de Géorgie , un d 'eux (Elikum ) se réfugia auprès de l'atābek ilde
gizide d'Azarbaijān (Pahlavān ) et celui-ci lui donna un fief dont Ernjak faisait partie (1). A l'approche du Hvārizm -šāh Jalāl ad -din , l'atābek Özbek se réfugia à Alinja et y mourut de chagrin en 622/12 251?). Alinjaķ est souvent mentionné à l'époque des Ķara-ķoyuolu ( voir
addenda à la fin de cet article ). Aucune des innombrables places fortes auxquelles Timur s'attaqua , ne lui résista aussi opiniâtrement qu'Alinjak : à
quelques interruptions près elle tint quatorze ans durant.
La forteresse relevait de l'ennemi acharné de Timūr Sulțān Ahmad Jalāyir, dont le fils Țābir resta longlemps assiégé dans la citadelle. Il est possible qu'il y eût pénétré dans un moment d 'accalmie car d 'après Ibn 'Arab -šāh la véritable âme de la ré sistance était un certain Altun (3). Lui même originaire de ces parages , il connaissait bien la localité et ayant à sa disposition
une garnison de trois cents hommes courageux harassait l'en . nemi par ses sorties. Pendant une de ses absences , ſāhir con vainquit sa mère de commerce illicite avec le frère d 'Altun , et les mit à mort tous les deux. Ensuite , craignant la ven
geance d ’Altun , il ne le laissa pas rentrer dans la forteresse. De désespoir Altun se rendit à Marand où le gouverneur local
lui fit couper la tête qu'il envoya à son souverain .Mais Tīmūr futmécontent de cette trahison et fit exécuter le gouverneur à son tour.
$ 3. Selon le Zafar-nāma la marche des événements fut la suivante :
La première attaque dirigée par Tīmūr contre Alinjak occupé par celes hommes de Sultan Ahmad , eut lieu en 789) (1) Brosset, 1/2 , p. 318-319, d 'après Étienne Orbelian .
(2) Juvaini, ed . Gibb. Memorial, II, 157; Nasawi, ed . Houdas, p. 118. (3) Ed. Manger , Leovardiae , 1767, I, 275-301. Cf. A . K .Markov, Katalog
TRANSCAUCASICA.
95
1387. Les fortifications inférieures coses dues ) furent prises mais les defenseurs s'enfermerent dans la citadelle ) ( بالای قلعه. Le manque d 'eau allait les contraindre à la reddition lorsqu'une nd
averse vint remplir les citernes. Tīmūr ordonna à Muhammad Miräkä de commencer les travaux d'investissement (l dels
( حصار دهد, mais a la suite de l'offensive de Kara Muhammad le Kara -Koyunlu , Miräkä fut rappelé dans le camp de Tīmūr,
op. laud ., 1, 416 -417. Le siège fut repris en 796 /1394 , lorsque, deMūš, Tīmūr expédia dans cette intention Muḥam mad Darviš et le fit suivre de renforts, ibid., I , 687, 691 (1).
Vers la fin de 796 le prince Mirān-Šāh arriva dans le camp de
Tīmūr venant des environs d'Alinjak ( össis old jl). En 797 une nouvelle offensive de Kara-Yusuf le Kara -Koyunlu , menée du côté d ’Ala-Tağ(2) entraîna la concentration à Tabriz de toutes
les troupes de la région , ibid., 757, et il est possible qu'à ce moment le siège fut relâché, sinon levé. En 798 /1396 Mirān šāb nommé en Azarbaijān , reçut l'ordre d'assiéger Alinjak ,
mo
ibid. , 784 . Sous l'année 799/1399 , notre source mentionne la présence de Țābir dans la forteresse investie cedepuis long temps». Les assiégeants avaient déjà érigé autour de la forte
resse un mur quimit fin aux communications des assiégés avec le monde extérieur, mais à ce moment-là le blocus fut forcé
par les Géorgiens (voir plus bas ), et la place de Țāhir dans la forteresse fut prise par Sidi Aḥmad Oğulšai ( külss ou
skülés) en compagnie de trois aznāurs («nobles géorgiens » ). La forteresse continuait à résister même après la dévastation
de la Géorgie en 802/1400. Encore quittant Mārdin à la fin jalair. monet , Saint-Pétersbourg, 1897, p . xxviii , qui utilise les histoires manuscrites de al-'Aini (mort en 1451) et de al-janābi (mort en 1590 ). (1) Ibn 'Arab -šāh , p. 282, mentionne ( après 795 ) l'envoi contre Alinjaķ d 'un ķutluğ Tīmūr, accompagné de trois autres généraux et de quarante mille hommes. Altun faillit tomber entre leurs mains mais échappa grâce à son
courage et même tua ķutluğ Tīmūr et -un de ses compagnons. (2) Campements d 'été au nord -est du lac de Van.
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de 803/140 1 Tīmūr envoya trois princes royaux et trois géné raux de haut rang avec l'ordre de mettre fin à la résistance
d'Alinjak, avant de continuer la marche sur la Géorgie. Mais à ce moment la forteresse e assiégée depuis dix ans , (1) et mman réduite à toute extrémité avait déjà capitulé et son comman
dant fut mis aux fers (ais ) et envoyé auprès de Tīmūr, ibid . , II, 354 -355 . La même année, Tīmūr rentrant de Bağdād visita en détail la place forte , e conquise si rapidement» , selon
l'expression épique de Sarafal-Din , ibid ., II, 377. Parmiles nombreuses péripéties du siège, le débloquement d 'Alinjak par les Géorgiens vers 799/1397 nous intéresse spé cialement (2). Sa date ne peut être fixée qu'approximativement. En automne de 798 /1366 le fils de Timür Mirān-šāh , maître
du vaste ce fief de Hülāgū » , qui s'étendait de Derbend et du Gilān jusqu'à l'Asie Mineure , eut un accident de cheval qui le laissa fou (3). En été (de 1397 ? ) il partit soudain contre Sultan
Aḥmad Jalayir, mais, ayant séjourné deux jours sous les murs de Bağdād, revint sur ses pas en apprenant le méconten tement qui régnait parmi la population de Tabriz ( ). Par des
mesures sévères il réprima l'opposition et en automne (1397) , sans aucune enquête préalable , envoya des troupes contre le maître de Säkki Sidi Ali Arlat, dont les possessions furent
mises à sac , ibid ., II , 202(5) (1) On a vu que la première tentative d'investissement date de 789/1387. (3) Ibn 'Arab - Šāh n 'en sait rien . La fin de sa narration est très confuse.
D 'après lui, l'histoire d’Altun avait compromis la situation de Pāhir. Ses hommes commencèrent à déserter et lui-même dut se retirer de la citadelle , dont Timūr s'empara sans peine (äßles meve). Pour des raisons de voisi
nagen , il la confia à son partisan fidèle Šaih Ibrāhīm de Šīrvān. L'auteur ajoute que la forteresse avait résisté pendant douze ans. A le croire , Alinjaķ aurait capitulé en 795, op. laud., p. 298 ! (3) Du moins momentanément.
(4) D 'après ſanābi, voir Markov, p. xxxii, Mirān fut battu à plate couture et se sauva avec trois cents cavaliers.
.
(6) Säkki , à l'ouest du Širvān , voirmon article Shekkidans l'Encyclopédie de
· TRANSCAUCASICA .
.
.
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A Tiflis on devait attentivement suivre la marche des événe ments. D 'après une chronique syrienne, Țābir, assiégé à Alinjak , élait uni aux Géorgiens par des liens matrimoniaux (1).
Du reste le désir de s'emparer des trésors jalayirides (2), dépo
sésdans la citadelle ,deyait aussi jouer un rôle. Le roi GiorgiVII (Gūrgin ), escomptant l'absence de Timūr qui guerroyait dans l'Inde et le mécontentement que suscitait Mirān- šāh , attira à
son côté.Sīdi“Ali et (probablement dansl'hiver de 1397-1398 ) envoya des troupes pour libérer ſāhir. Non seulement cette
tâche fut accomplie avec succès, mais, lorsque sur son chemiņ de retour l'expédition rencontra les renforts envoyés par Mīrān
šāh , elle leur infligea une défaite , bien que Sidi Ali fût tombé dans la bataille , ibid . , II , 203-205. Tābir libéré s'était réfugié
à Tiflis, et plus tard le refus de GiorgiVIIde le livrer à Timur servit de prétexte à la terrible dévastation de la Géorgie dans l'été de 802/1400 , ibid ., II , 235 -241. . .
$ 4 . La victoire géorgienne sous Alinjaķ mit à son comble le désarroi dans les domainesde Mirān -šāh (3). A peine rentré de l'Inde au commencement de 802 (automne 1399), Timur partit vers l'ouest. Il envoya des enquêteurs à Tabriz etlui-même par Sulțāniya, Kara-därä , Ardabil et Mūğān gagna au débutde
l'hiver les campements de Ķara-bāġ , ibid., II, 222. 22 .
l'Islām . Déjà vers la fin de 796 /1393-1394 , Sīdi'Alī , ayant eu peur d'une expédition de Tīmūr qui traversait ses possessions, s'enfuit de Säkki, après quoi sa résidence fut brûlée et ravagée, ibid., I, 731-732. . , (1) Beunsch , Rerum seculo XV in Mesopotamia gestarum , etc., 1838 , p. 6 , sous les événements de 1712 A . G . ( = 1400 ).
.
,
(2) Ibn 'Arab-šāh , 1, 284 : le clis lo. , (3) La femme de Mirān-šāh était aussi arrivée à Samarķand dénonçant les intentions de révolte (milles nul) de son mari , Zafarnāma, II, 206. Saraf ad-Din , ibid ., II, 213, parle ouvertement des « crimesn de Mīrān-šāh.
Voir le tableau de la situation que trace Barthold dans Uluğ-bek et son temps ( en russe ) , Zapiski Ross. Akad . Nauk, 1918 , vol. XIII , n . 5 , p . 30. . . CCXVII. tenmms NATIONALE.
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1 . -S ET EPTEMBRE 930
JUILL
Ici Tīmūr s'occupa de la liquidation finale de l'épisode d 'Alinjak
Gråce à l'intervention de Šeih Ibrāhīm de Šīrvān , Sidi Ahmad , fils de Sidi ‘Ali, trouva auprès de Tīmūr un accueil bienveillant et obtint la confirmation de ses droits héréditaires : les malheurs qui avaient frappé le Säkki ne laissant plus de place à la rancune.
Mais ensuite l'ordre fut donné de choisir sur chaque dizaine de soldats trois hommes et de les munir de provisions pour
dix jours. Après quoi, accompagné de tous les princes royaux, ainsi que de Šeih Ibrāhīm et de Sidi Ahmad, Tīmūr marcha vers le nord . Un pont de bateaux fut construit sur le Kour et ,
après le passage de ce fleuve, l'expédition se dirigea par Säkki vers la « vallée de Hamšā » (1).
Cette localité était peuplée d’infidèles (uby.s ) et couverte d 'une forêt épaisse (cimitix ), à travers laquelle même le vent ne pouvait passer. Pendant dix jours l'armée de Timūr travailla avec des cognées , des haches et des scies pour frayer un chemin qui permit à cinq ou six hommes d'avancer de
front(2). En même temps la neigetomba sans interruption pen dant vingt jours. Tous les infidèles qu'on avait rencontrés
furent passés par les armes. Leur chef Hamšā (3) se sauva en abandonnant sa maison . L 'armée de Timūr le poursuivit jusqu'à la vallée de Ak-su (amist odgo ) et s'empara d'une grande quantité de bétail et de biens. Hamšā , e tel un chacal » , se cacha dans la forêt, tandis que les envahisseurs brûlaient les maisons et les villages. (1) lag peut se lire également Humšā , Himšā , etc. On trouve la même
forme du nom dans le Habib as-siyar, édit. de Bombay, vol. III, partie 3 , p. 52. (9) Ibid . , II, 224 V
Ä
. Mon savant ami Mohammad khan ķaz
vīni a partagé mon opinion sur la nécessité de traduire ķošun par «homme, troupiern .
(3) Ibid., II, 224 : se sjej uſ yhw
.....lig .
TRANSCAUCASICA.
99
· D 'après l'historien de Tīmūr, les habitants de ces parages
cesans vin ne voyaient pas d 'agrément dans la vie , voire, n 'en terraientmême pas leurs morts » . Aussi , pour « leur occasion ner des dommages et pour empoisonner leur existencen , leurs
jardins et les vignes furent partagés entre les troupes qui , montant sur les coteaux , arrachèrent les ceps avec racines,
coupèrent une partie des arbres et décortiquèrent les autres. Les constructions, surtout les églises, furent rasées . Pendant
un mois les sabots des chevaux foulèrent le sol de ce pays. Une multitude d'aznāurs et de bas peuple furent exterminés .
Le gouverneur ( 6 ) Hamšā errait on ne savait où . Finale ment le froid devint excessif et la neige obstrua les routes. Les soldats perdaient leurs forces et les chevaux , qui ne trouvaient
à manger que l'écorce des arbres, périssaient. Timūr fit battre en retraite et ayant retraversé le Kour ren
tra à son camp de Kara-bāģ . Ici la cour suprême (
ulass
gesig )(1) se réunit sous la présidence du prince Šāhroh pour examiner l'affaire des chefs qui avaient pris la fuite près d'Alinjak . D'après sa décision , confirmée par Tīmūr, Hājī 'Abdullāh ‘Abbās et Muḥammad Kazgan reçurent la baston nadepar devant et par derrière (ous; clubs wyz lo very cws), et Yumn (?) Hamza Apardi, qui le premier avait quitté le
champ de bataille , fut condamné à mort ( ül ), mais sur l'intercession des princes sa peine fut assimilée à celle de ses deux collègues. Chacun des trois dut en outre offrir trois cents chevaux. L'amende des autres généraux de Mirān-šāh variait de cinquante à trois cents chevaux. Le troupeau ainsi formé fut ensuite réparti entre les fantassins. Mirzā Abū.Bakr, fils de Mīrān -šāh , dont la flèche avait terrassé Sīdi ‘Ali, reçut diverses distinctions. (1) Yarġu consistait en application des lois de Čingiz-ban ; voir MelioraNSKI, Zapiski, XIII, 015-023, sur l'organisation du Yarġu sous les Šalāyirides.
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
100
S 5 . Telle est la relation de Šaraf al-Din (II, 222-229) donton peut résumer ainsi les points clairs : a . « Hamšā » peut être compris seulement comme le nom personnel du chef local. « La vallée du géorgien Jāni-bek » , ibid ., II , 242, peut servir de parallèle à la « vallée de Hamšā n . Il est donc inutile de chercher Hamšā sur la carte (1). Or c'est justement la faute que commet Brosset , et qui est
encore aggravée par les graphies fantaisistes de Pétis de la Croix. Ce dernier rend les par Comcha » , et cela suffit à Brosset , 1/2 , p . 390 , pour chercher cette localité à « Boughaz
Com » au Daghestan; cf. Zafar-nāma, I, 772 :pöjlsg? Boğaz Kum .
.
De tels malentendus sont nombreux. Saraf al-Din , 1, 766 et 768 , mentionne au nord -est du Caucase la forteresse de Kūlā et Țāūs ,
mais ensuite explique que ces deux noms étaient ceux des deux com mandants (delo Ubylo o ) ; Brosset, 1/2 , p. 389 , écrit : « Cependant Che ref ad-Dīn dit clairement que Coulat ou Coula était du côté du Terek ,
non loin de Taous (1) le Thoucbeth » . La localité vläly ou Lülş au Da gestan , Zafar-nāma , I, 768 , ne peut avoir aucun rapport avec Belaķan
(ulül dans le canton Zakāl- Ali, au nord de l’Alazan ), comme le sup
pose Brosset, 1/2 , p . 589, note. Dans le passage du Zafar-nāma, 1, 773 , il ne s'agit pas des miles de la Géorgien (!!) qui ont tellement embarrassé
Brosset , 1/2 , p. 390 , note, mais des iles où s'abritaient les pêcheurs (balikči), c'est-à -dire, probablement, des iles à l'embouchure du Terek , car, après les avoir prises , l'expédition partit contre Astrakhan .
b. Le prince Hamšā , qui avait subi le premier choc de l'armée de Tīmūr, devait certainement avoir un intérêt direct au débloquement d 'Alinjaḥ, bien que Saraf ad-Din omette de le dire (2). Comme la participation personnelle de Giorgi VII à
cette incursion n'est nulle partmentionnée , il est possible que (1) Par conséquent, toutes les autres objections à part, on ne saurait rappro cher « Hamšān de Hašmi, village sur le lor.
(2) li parle de l'expédition comme d'un simple ġāzū dicté par la religion .
TRANSCAUCASICA.
101
Hamšā eût conduit l'attaque , ou qu'il l'eût préparée en assu rant le concours de son voisin , le maître de Säkki.
C. Ses possessions étaient situées au nord de l’Alazan , car après que les troupes de Tīmūr eurent traversé le Kour et la région de Säkki, on n'apprend rien sur leur passage d'une rivière aussi considérable que l'Alazan (1)
d. L'abondance de neige pouvait être un phénomène parti
culier àl'année de l'expédition de Timur. Plus importante est la mention de la richesse du pays en vignes et du rôle que le vin jouait dans la vie de la population chrétienne. Ce détail ne permet pas de placer la vallée de Hamšā au delà de la
chaine du Caucase (2). e. Assez embarassante à première vue est la percée d'une ' U route e de dix jours» , car durant dix joursS une armée , surtout cheval(3), aurait facilement parcourir quatre à pu à cinq cents kilomètres et même plus. Toutefois, le terme de dix jours ,
pour lequel les troupes s'étaient approvisionnées , correspond (1) On peut se rappeler les difficultés qu 'en 1578 éprouva l'armée de Mustafā Lālā pāšā au passage de l'Alazan , Hammer, G .O .R .?, II, 483. Les Musulmans apellent l’Alazan ķanuh ou ķanih . Ce nom se trouve dans la
Chronique Géorgienne , Brosset, 1/1 , p . 360 et 364 : Ganuh (sous les années 1118 et 1120 ). Toutefois le village ķapuh , s'il est identique à Tešnyk, Tror nyk des cartes russes , se trouve sur un affluent droit de la rivière Agri čai, laquelle , venant de l'est , se jette dans l'Alazan du côté gauche. Les indi
cations d 'Evliyā Čelebi , II, 289, sont très vagues. (9) Brosset , 1/2 , p . 390 , avoue les difficultés de son interprélation : « En
tout cas Comcha (lire Li ] n'est pas dans la Géorgie proprement dite , mais dans le Daghistan .. . Sans le mot aznaour, qui est souvent employé par Ché
rif-ed -Din , je ne pourrais croire que Timour eût trouvé des Géorgiens dans les contrées si éloignées du Karthli, car toute histoire de la Géorgie montre que ces peuples n'ont jamais colonisé ni fait d'établissement solide hors de leur territoiren.
(3) Šaraf ad -Din mentionne des fantassins qui reçurent des chevaux après le retour de l'expédition , mais , selon toute probabilité , c'était justement les cavaliers dont les montures étaientmortes à cause du manque de fourrage.
102
JUILLET- SEPTEMBRE 1930.
exactement aux dix jours qu'il fallut pour ouvrir une route dans la forêt, Ainsi donc , en comptant dix jours jusqu'à la
vallée de Hamšā , on doit penser à la progression des bûche rons dans une forêt dense et non à la distance quepeut franchir normalement une troupe en marche.
f. Le seul nom géographique précis qu'on trouve dans le récit de Saraf ad -Din est Ak-su ce Eau Blanche » , point jusqu 'au
quel Hamšā fut poursuivi. Il est vrai que bien des rivièresdes cendant de la chaîne du Caucase s'appellent dans la termino logie turco -musulmane e blanches» ou « noires» , mais à l'ouest de Säkki, le nom d 'Ak-su appartient à une des sources les plus septentrionales de la rivière Kurmuh qui descend dans
l’Alazan par la vallée d'Eli-su (vieux géorgien Eliseni). Cet Ak-su sort du col (1) de la chaîne du Caucase qui le sépare du hassin de la rivière Sāmūr (dans le Dagestan méridional).
Cette mise au point projette quelque lumière sur la situa tion , mais le fait même que la Chronique géorgienne, dans l'es posé de l'époque de Tīmūr, dépend directement du Zafar nāma, nous prive de l'aide qu'on pourrait attendre d 'une source locale .
S 7 . Provisoirement on doit se borner à formuler deux séries de considérations. a . La solution la plus simple serait d 'identifier la vallée de
Hamšā au canton Eliseni des sources géorgiennes , situé immédiatement au nord -ouest de Säkki, dans les limites de la (1) Sa source sort de la montagno Ah-bulahan -yal, au nord de laquelle se trouve la vallée de Ķurdul, affluent droit du Sāmūr. Un peu en aval, la rivière d'Eli-su [* Eliseni] = Aķ-su reçoit du côté droit la rivière Ah-cai (près du village du même nom ). Ainsi donc l'épithète ceblanc, (ak , ah ) s'applique systématiquement aux cours d'eau de la vallée d'Eli-su , et ce fait est encore
relevé par le contraste avec la vallée voisine vers l'ouest , où coule un Ķara-su (« Eau Noiren ).
TRANSCAUCASICA .
103
région de Zakāt-'Ali de nos jours(1). Le centre de l'Eliseni
[forme turquisée Eli-su ) est formée par la vallée de Ķurmuh , sur le cours moyen duquel se trouve une bourgade ancienne
appelée en géorgien Kaki (actuellement Kahi). D 'après la tra dition Kaki servait autrefois de résidence au gouverneur local et comptait environ mille maisons(2). Dans son voisinage on trouve de nombreuses ruines géorgiennes(3).
Au ix®-X°siècle cette localité faisait partie d 'une principauté à part, la Héréthie (M), qui avait ses propres rois, Histoire de Vahušt, Brosset , IV/1, p. 140. Au r° siècle la population locale qui appartenait au rite arménien fut convertie à l'orthodoxie géorgienne, ibid ., 141. Au com mencement du xi° siècle la Héréthie perdit son indépendance. Ensuite le roi de Kabétie (le korikoz) Kvirike III (1011-1029 ) , ayant affirmé son
indépendance , annexa la Héréthie à la Kahethie , et y nomma quatre eris -tav , dont deux avaient leur résidence sur la rive gauche ( septen trionale) de l'Alazan : l'un à Stor, et l'autre à Mača ( sur la rivière Mazim -čai, à l'ouest de Belakan ). La juridiction de ce dernier s'étendait
jusqu'à Šakib ( Šäkki ?) , ibid ., p. 143. A l'époque de Tīmūr toute la Kahéthie faisait partie du royaume géorgien uni. Seulement après que
la Kabéthie eut formé un royaume séparé (vers 1466 ? ) son roi Giorgi,
fils de David (1471-1492), remplaça les eris-tav d'au delà de l’Alazan par trois gouverneurs de rang inférieur (mo’urav ) ayant pour résidence Eliseni, Ts'uk'eti et Ciauri , ibid. , p. 148. D 'après Vahušt, ibid ., p . 156 ,
Šāb ‘Abbās en 1602 enleva Kaki au roi de Kabéthie Alexandre II et y établit comme « sultāns (5) un certain Vahabišvili devenu musulman en
1587 (6). Il est toutefois possible que ce fût un épisode passager, car les ssultāns, d ’Eli- su faisaient remonter leur origine aux beksde Tsa (1) En russe : Zakatalskiï okrug.
(2) Voir les notes de Janašvili dans sa traduction de la Géographie de Va huśt , p . 116. (9) On ne doit pas confondre ce Kaki avec la forteresse Gag , Târih-, guzida édit. Gibb Memorial , p . 471 : Ju , qui était située dans la Somhéthie à l'ouest
de la rivière Eklets ( Tā'ús-cai , Aķslafa ?); cf. la Chronique géorgienne , Bros set, 1/ 1, p . 390-391.
(") Her-et'i, où -et'iest un pluriel géorgien , « Pays des Hers.
(8) Capitainen, d'après la terminologie şafavide, voir plus haut, p. 76 . (* Vagušt , Géographie , trad. Brosset, p. 307.
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
104
bur ("). Ce resultanat , fut aboli par les Russes en 1844 lorsque le der.
nier de cette dynastie Daniel-bek alla rejoindre Šāmil révolté au Dages tan (3)
,
Ainsi donc à l'époque de Timūr l'Eliseni était un canton georgien et chrétien . La distance à parcourir de Säkki(3) jus
qu'au centre de la vallée de Ķurmuh ne devait pas dépasser 40 kilomètres. Toutefois la lenteur du mouvement de l'armée,
à raison de 4 kilomètres par jour, est facilement explicable si l'on se rappelle que l'Eliseni, jusqu 'au cours intérieur de ses
rivières, était recouvert d'une forêt épaisse( ), et que l'abatage des arbres était une opération compliquée et pénible , surtout à l'aide des instruments dont on disposait vers l'an 1400. D 'autre part la vallée de Kurmuh , longue de 45 à 50 kilo
mètres , et ses ramifications étaient autrefois assez peuplées . De les déyaster et de poursuivre Hamšā put bien occuper les troupes expéditionnaires pendantun mois. Finalement la fuite de Hamšā vers Ak-su est parfaitement compréhensible , car de là il pouvait sans difficultés gagner le Tsahur (au nord du col),
ou les sources des vallées adjacentes à l'Eliseni vers l'ouest. Que Tīmūr aitdévasté précisément l'Eliseni, c'est ce qu'on (1) Le Tsahur, situé aux sources du Sāmūr, et l'Eli-su , étaient réunis en une seule possession ,mais le Tsahur était plus ancien que l'Eli-su . On con naît un firmān de Sāh Tahmăsp au nom du bek de Tsahur Adi-Ķurhul(?) daté de 1562. (2) Voir D . BAKRADZE, Notes sur la région de Zakāt- Ali (en russe ) , Zap. Kavk . Otd . Geogr. Obšč , XIV/ 1, 1890, p. 248- 281. (3) Le nom de Nühi, chef-lieu actuel du Säkki, apparaît seulement au
xvinº siècle. L'ancien centre du Šäkki était probablement situé au sud-ouest de Nühi, plus près de l'Alazan , aux environs du village ruiné Säkili , voir
Yanovski , Sur l’Albanie ancienne (en russe), Žurnal Min. Narodn. Prosv., II , 1846, p. 17-136 , 161-293. (4) BAKRADZE , op . laud. , p . 278 : « lorsque Sari-baš fut colonisé , le cours inférieur d'Eli-su et de Kara -su était couvert de forêts épaisses et n 'avait pas
de populationn ; ibid ., p . 372, sur les forêts qui couvrent la partie supérieure de la vallée d'Eli- su .
TRANSCAUCASICA.
105
pourrait trouver confirmé par une tradition locale , selon la quelle Sari-baš , le premier établissementdes Lezgimusulmans aux sources du Kurmuh , fut fondé vers la fin du xv° siècle . La pénétration (1) des Lezgi au sud de la chaîne du Caucase
aurait pu être facilitée par le dépeuplement de l’Eliseniaprès les événements de 1399-1400. . . Par conséquent, l'ensemble des conditions géographiques
est favorable à l'hypothèse , selon laquelle l'expédition de Tīmūr était dirigée contre l'Eliseni, mais cette supposition ne suffit
pas à expliquer le nom de Hamšā . b. Si d'autre part on cherche des analogies au nom leža ( Hamšā , Himšā , Humšā , Hamašā , etc. ), sa ressemblance avec le nom de famille géorgien Himšia est évidente . Or,un des documents décrits par Brosset, II/ 2 , p. 453-454 , serait susceptible d 'éclairer la question de « Hamšā » . Il s'agit d 'un acte de donation en faveur de la cathédrale de Mtshet ,
dalé du 13 avril 1405. La traduction rectifiée que m 'a très aimablement communiquée M . E . Takaïchvili, porte : « Moi, d 'abord Abazadze Maraleli(2), etmaintenant . . . très exalté et
installé à la place d’Abuletisdze , amilahor et Himšia . . . je t'ai fait don (3) à Dzaġnakorna du paysan Sergilašvili., Le savant traducteur donne le commentaire suivant de ce
curieux document féodal : « Cela veut dire que Abazadze Him šia reçut le fief d 'Abuletisdze après l'extinction de cette famille et hérita de son nom avec ses biens . . . Himšia fait don à la cathédrale d 'un vilain , évidemment en signe de reconnaissance ,
pour avoir reçu un fief si important, et il faut croire que ce vilain était un habitant de ce nouveau fief et originaire du vil lage de Dzaġnakorva . . . qui est situé dans le canton de T'ia (1) Qui ensuite a entraîné l'islamisation de toute la région de Zakāt-Ali . (2) C 'est- à-dire , originaire de Marali. (3) En s'adressant à la cathédrale .
c.
JUILLET-SEPTEMBRE 1930. neti, dans le voisinage du Tſezam , (1). D 'autres documents 106
montrent que le fief des Abuletisdze se trouvait en effet aux environs du défilé de Tíezam . En ce qui concerne l'appella tion de Himšia ceMaralelin , ce nom d 'origine, contrairement à Brosset , doit appartenir au Marali de Suram (2), dont les
Abazadze étaient originaires.
La dignité d ’amilahor (pers. Lilymo « grand écuyer » ) était très élevée dans la hiérarchie géorgienne. Dans l'Ordon
nance de la cour royale (3), on lit : $ 18. L 'armée et le vézirat
dans les affaires militaires sont de la compétence de l'amirspa salar (pers. Shunga gol . . . l'amirahor est le vézir de l'amir spasalar . . . » .On ignore à quelle date Himšia avait reçu le
titre d'amilahor mais il est sûr que huit ans avant 1405 il jouait déjà un rôle militaire assez important pour pouvoir prendre une part active à l'expédition contre Alinjak (1397 ?). Toutefois l'acte de donation de 1405 devait suivre de près
l'établissement de Himšia dans le fief d'Abuletisdze. Il ne pouvait donc pas résider au défilé de Tezam au moment de
l’incursion de Timūr (hiver de 1399- 1400 ?). Comme d'après Saraf al-Din « Hamšā , était étroitement associé à une vallée ,
dont il était le chefmilitaire ( sālār ) et le gouverneur (hakim ) , on pourrait supposer que ce même Himšia (*Himšā) était à cette époque un des eris -tav d 'au delà l’Alazan , et plus particu
lièrement de l'Eliseni. Lorsque Tīmūr quitta finalement la Géorgie au commence
ment de 1404, ses adversaires durentrelever la tête , et il serait (1) Voir la liste de Vaạošt, Géographie, trad . Brosset , p . 481, nº 104. Sur la carte IV annexée à cet ouvrage, Dzaġnakorna est situé dans le Saguramo, au
nord du défilé du Tezam , dont les eaux se jettent dans l'Aragva (du côlé gauche, entre Mtshet et Dušet). (2) Sur la face est de la montagne qui sépare la Géorgie orientale de la
Géorgie occidentale. (3) Document géorgien du xın° siècle, publié par M . Takaïchvili , Tiflis 1920, p. 9 ( communication de M . Avalichvili).
TRANSCAUCASICA.
107
tout à faitnaturel que la personne qui avait subi le premier assaut en 1399 obtînt une compensation dans les mêmes pa
rages, c'est-à-dire toujours en Kakhétie. Pour conclure : ces deux séries de considérations sont par
faitement conciliables et nous pouvonsmaintenir l'hypothèse :
la vallée de Hamšā (*Himšā) = Eliseni, en laissant la solution définitive aux savants qui possèdentla totalité des sources géor giennes.
V . MIN -GÖL ET LES EXPÉDITIONS DE TIMUR. Après le Kara -bāġ, le campement favori de Tīmūr en Trans caucasie était à Min -Göl. Telle doit être certainement la pro nonciation du nom Jalio qui se rencontre dans la deuxième
partie du Zafar-nāma, II, 250-252, 356, 399, 512, 514 , tandis que dans la première partie , I , 720, 725 , on lit sans
equivoque * مینك كولMing-hkul)1(.
ا
La graphie Jolio avait embarrassé le rédacteur de cette par
tie de la Chronique géorgienne. Suivant de très près , comme d'habitude, la narration de Saraf ad -Dīn il rend mécanique
ment JotieparManglis(2).Cette dernière localité est située sur Alget', à 30 kilomètres à l'ouest de Tiflis, et ne s'accorde aucu
nement avec la description de Saraf ad-Dīn ( voir plus bas).
Brosset connaissait trop bien les choses géorgiennes pour ne pas avoir compris(3) que e Mancoul, devait se trouver cau voisinage de Kars , et non à Manglis » , mais il n 'a pas appro
fondila question . -
(1) Que l'éditeur indien a défiguré en JScho. (3) Par deux fois , Brosset , op. laud. , 1/1 , p. 669 = Zafar-nāma, II, 249 350 , et Brosset, ibid . , p . 670 = Zafar-nāma , II, 356 .
(3) Brosset, 1/2 , 395 , n. 1; toutefois après des hésitations , 1/1, p. 669, p . 1 et 4 , et 1/2, p . 393 , n . 7.
BRE
JUILLET -SEPTEM
108
1930 .
La situation de Min-göl ( Jolio) est déterminée par les don nées suivantes :
a . Au printemps de 796/1394, Tīmūr, venant du côté d ’Ala-taġ, arriva à Kars, d'où il passa à Min-göl (dixo cus Jos ). Il quitta cette localité en automne (le 18 di-'l-ka'da
796/14 septembre 1394) et descendit sur le « col» (qës ).En suite il s'engagea dans la région montagneuse de la Géorgie
) ( کوهستان گرجستان, fit une expedition contre les « Boucliers Noirs» (kara-kalkanlik ) et finalement descendit de la mon
tagne pour arriver à Tiflis, Zafar-nāma, I, 720, 725, 730 0 . b. En 802/1399 , Tīmūr, après avoir dévasté les domaines de l'atābeg Ivané (la région Samtshe) et fait une expédition contre les se Boucliers Noirs » , arriva aux campements d'été de Min -göl, d'où il conduisit l'armée contre Farasgird (Panas k 'ert). Ensuite pour laisser paître les chevaux, les troupes pas sèrent encore deux mois dans cette prairie herbeuse ( lj ils ) de Ming-göl. De là elles partirent vers Sivas par la route
d'Avnik ( forteresse à l'est d'Erzeroum et au sud-ouest de Hasan kala ), Zafar-nāma, II , 250, 252 , 263 .
c. En 803 (été de 1401), Giorgi VII, évidemment effrayé par la chute d ’Alinjak , fit sa soumission aux fils de Tīmūr, qui d 'Avnik se dirigeaient vers la Géorgie. Les princes s'arrêtèrent
alors dans la région de Min -göl et de ses environs, equi était un yaylak commode» , Zafar-nāma, II , 356 . (1) Les données du Zafar-nāma sont insuffisantes. Le ecol, (mis ow ) en
question doit être celui qui se trouve entre Kola et Ardahan. Comme l'histo rien ne dit rien sur le passage du Kour, Tīmūr dut faire un demi-cercle en sui vant la rive gauche de ce fleuve pour arriver dans les cantons géorgiens situés au sud de la grande chaîne du Caucase. Selon Brosset, 1/ 2 , p . 388 , n . 4 , le
terme e Boucliers noirs , désigne chez les musulmans les montagnards géor giens habitant près des cols de la grande chaîne, les Pšavs, les Hevsurs et les Gudamaḥars. Ces peuplades ont en effet gardé jusqu 'au xırº siècle leurs an ciennes armures (cottes de mailles , boucliers, etc.).
TRANSCAUCASICA.
109
d. En 804 ( été de 1402 ), Timūr arriva du Kara-bāġ à Min -göl par Barda', Ganja , Samkūr et les rives de la rivière
Tbdr (Debeda) sur la frontière de la Géorgie (1). De Min -göl une expédition fut envoyée contre la forteresse de Tortum qui
se trouvait «dans ces parages-là » (Galgj ulys). Ensuite, par Avnik , Tīmūr marcha contre le Sulțān Bāyezid , Zafar-nāma,
II, 398-401. è. En 805 , rentrant de la campagne de l'Asie Mineure et
ayantdécidé d'attaquer Giorgi VII, Tīmūr se dirigea d'Erze roum à Min -göl,où l'atābeg de Samtshe Ivané et le frère de
Giorgi VII, Constantin (Judünys ) vinrent le saluer. Après cela Timur assiégea la forteresse de Kürtin (wujos ) qui se trouvait rau milieu du pays ». Parlant de cette dernière campagne , Saraf ad-Dīn dit clairement que Tīmūr était partie des enyi
rons de Kars », ibid., II, 512, 514, 521. Pour résumer : Min -göl était une localité riche en pâtu rages et particulièrement favorable aux campements d 'été; elle
était située dans le voisinage de Ķars, mais à l'écart de la route qui y conduit directement, et plus près de la Géorgie ; elle se trouvait entre le centre des possessions de l'atābek de Samtshe (2) et les affluents gauches du Coroh , sur lesquels sont
situés Panask ert et Tortom . Par ces vallées, elle était en com
munication directe avec Erzeroum .
.
Or, immédiatement au nord-ouest de Kars est situé un petit
canton verdoyant, où se rejoignent les nombreuses sources du Kour, disposées en éventail. En géorgien il s'appelle Kola SA
(1) Probablement la rivière Debeda , qui traverse la vallée de Borčalo pour se jeter dans le Ktsia ( Hram ), avant son confluent avec le Kour. Le bassin de Debeda est en effet considéré par Vahušt comme la limite de la Géorgie. (9) Le Samtshe est la Géorgie du sud-ouest , comprenant les sources du Kour et le bassin du Coroh. Son chef-lieu est Ahal-tsihe « la Forleresse Nou vellen, que les musulmans appellent Ahisha. . .
JUILLET-SEPTEMBRE 1930 .
110
nen ( gmoms) , en arménien Kol, et son nom est d'habitude men n
a
tionné conjointement avec celui d'Artan (Ardahan ) situé plus en aval, c'est-à -dire vers le nord (1). Sa situation correspond
exactement aux particularités de Min -göl. Immédiatement au sud-ouest se trouve le canton d'Olti(2), par lequel passent les communications de Kola avec Erzeroum , en laissant Kars vers l'est. A l'ouestKola touche à la région montagneuse des affluents droits du Coroh . Au nord , au delà d 'Ardahan , la vallée du Kour conduit au centre de Samtshe , d'où l'atābek Ivané était venu auprès de Tīmūr. Encore plus au nord et vers l'est pas
sent les voies d'approche de la Géorgie Orientale (K 'art'lie) avec sa capitale Tiflis.
En turk , Kola porte le nom de Göle(3). Cette adaptation phonétique a dû en préparer la transformation ultérieure en Min -göl eMille Lacs » , d'autant plus que dans le voisinage im médiat de Kola (vers le nord-est dans la direction d'Abalk 'a lak’i) s'étend la région des lacs de montagne. Elle devait éga
lement être comprise dans le terme de Min -göl : Saraf ad-Din
parle de Min -göl ceetde ses environs n. Il nous reste à dire quelques mots de l'évolution JJ slivo >
Jolie. Lorsque pour la première fois les gens de Tīmūr con nurent ces parages, ils durent, par étymologie populaire, en entendre le nom sous une forme familière aux originaires de l'Asie Centrale , *ming-kül(4). Plus tard il s'est adapté à la pro
nonciation locale (turkmène?) : Min-göl, et les deux termes (1) Vagošt, Geographie , p . 107.
(9) Où est situéPanask'ert et par où on va à Torlom . (3) Voir la carte dans Lyncı, Armenia , et le Türkiye jümhuriyeti devlet säl. nāmesi , 1925-1926 , p . 330 : le kaza de Göle du vilāyet Ardahan ( cette région se trouve parmiles cessions faites à la Turquie par l'U . R . S . S. en vertu du
traité du 6 mars 1921). (*) Bīrūnī, Gull,Lyl , p . 264 , parle d'un lac situé sur une montagne au
pays des Gūz Kimāk qu'il appelle salio. Marquart, Uber d . Volkstum d. Ko manen , p . 101, l'interprète par min köl (tag).
TRANSCAUCASICA.
furent probablement sentis comme un seul complexe rendu
par la graphie Jolio(1)
VI. BAB AL-LAL = LALVAR. Dans son ingénieuse étude Das Itinerar von Artaxata nach Armastica auf der römischer Weltkarte (2), Markwart a montré
que l'itinéraire de la Tabula Peutingeriana (segm . XI, 5 ) par tant d 'Artašat et orienté vers l'Est , doit être en réalité orienté vers le Nord pour aboutir à Armastica , qu 'il faut identifier à Armazis-tsihe, près de Mtshet ( en amont de Tiflis).
De cette réadaptation de l'itinéraire résultent des consé quences intéressantes pour la localisation des points intermé diaires , etMarkwart prouve que Lalla mentionné dans la Tabula
doit correspondre à Lal que la Chronique géorgienne, Brosset, I/ 1 , p . 228 , cite sur la route de l'empereur Héraclius au sud
de Berduj, à la passe (« porte» ) de Lāl(bab al-Lal), que Balā duri, p . 203, mentionne parmi les conquêtes de Habib b .
Maslama, et à la ville Afāl(?) Lāl, qui, d'après Ibn al-Atīr, X ,
25-8 , fut prise par Malik-šāh en 456/1064. Avec sa perspicacité habituelle , Markwart cherche l'endroit
de ce nom en Somhétie (« l'Arménie géorgiennen ), sur la rivière de Berduj ou Debeda (actuellement Borčala ), mais
s'étonne de ne pas le trouver dans la Géographiede Vahušt. Or justement Vahušt, trad. Brosset , p . 143 , 146 , men tionne en Somhétie la montagne de Lelvar. Sur la carte russe , elle figure comme Lalvar. Cette importante montagne, qui (1) Cette graphie peut être contaminée par le nom de la localité Jetis , que Ibn Isfandiyār nomme au Māzandarān , trad . E . G . Browne, p . 255. Ni l'époque, ni la région ne permettent de voir dans ce *Mankūl(?) un nom turk .
(2) Handes Amsorya, 1927, nº 11, col. 825-866 , et comme tirage à part.
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JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
domine toute la localité ( altitude 8 .386 pieds, soit 2 .642 mè tres), s'élève sur la rive gauche de Debeda , en face du célèbre
monastère de Sanabin. Sur le versant sud -est du Lalvar se trouvent les mines de cuivre d’Allaverdi. En toute probabilité , Allaverdi(*Allāh-verdi, en turk « Dieu a donnén) n'est qu'une étymologie populaire et tardive de Lalvar.
C'estici qu'il faut chercher l'ancien Lalla/Lāl. L'importance économique etmilitaire de cet endroit est évidente. La vallée de Debeda , rétrécie par le Calvar, fait un coude, et ce passage a bien pu valoir au déblé le nom arabe de « porte de Lālo (1).
ADDENDA À LA PAGE 94.
Alinjak est fréquemmentmentionné dans l'inédite Ta'rīh al Turkmīniya de 'Ibād-allāh b . ‘Abd-allāh Nīšāpūri, dont l'exem
plaire unique appartient à l'India Office ( cat. Ethé, nº 573 ). Après la prise d'Alinjak , Timur l'aurait fortifié pendant sept ans. La forteresse fut confiée à Kādi 'Imād al-din Abmad de Nahičevan. Les Turcomans que ce dernier avait admis dans la
forteresse se révoltèrent contre lui et ses Tajiksn et Alinjak tomba entre les mains d’Iskandar , fils de Kara -Yûsuf, le Kara
Koyunlu (fol.153-159). (1) Le mystérieux Afāl Lāl d 'Ibn al-Atir peut trouver une explication dans le nom de la montagne Agal (Ağal ?) , que la carte russe place à une quin zaine de kilomètres au sud du Lalvar. En caractères arabes , un seul point distingue اعالde اغالAsal.
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Journal asiatique , juillet-septembre 1930.
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Carte n" 3.
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QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES, PAR
M . FRANÇOIS NAU.
I. – A . Mingana et Rendel Harris , Woodbrooke Studies , vol. II. 1 . Timothy's Apology for Christianity. - - 2 . The Lament of the Virgin . – 3. The Martyrdom of Pilate. In - 8°, Cambridge, 332 pages ( re printed from the Bulletin of the John Rylands library, vol. 12 , 1928 ).
MM . Mingana et Rendel Harris , auteurs déjà bien connus par de nombreuses et importantes publications, se sont asso
ciés pour nous donner ce volume : M . Mingana donne les textes , les traductions et les courtes préfaces, et M . Rendel Harris donne les introductions, où sa grande érudition a libre carrière pour l'étude intrinsèque de chaque sujet et les rap
prochements littéraires qu'il comporte.
1. — Les éditeurs supposent que le texte syriaque repro duit par photograpbie , p . 91 à 162, est, sinon le mot à mot , du moins la reproduction exacte d'une controverse entre le
patriarche nestorien Timothée (patriarche de 780 à 823 ) et le calife Mahdi, mort en 785 . Cette controverse aurait eu lieu
de 781 à 782. CAIVI . IuriNRISATIONALE
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L 'ouvrage est certainement de Timothée. Il est conservé
parmi ses lettres comme étant une lettre adressée à l'un de ses correspondants. Mais nous ne croyons pas qu'il ait jamais été parlé. Nousavons montré longuement dans la Revue de l'his toire des religions que les flatteries adressées à Haroun ar-Ra chid (1) semblent bien établir que l'ouvrage a été écrit sous ce
calife. C'est en somme une réponse aux objections courantes chez lesMusulmans, qui ont pu être adressées à Timothée par Mahdi, surtout par le fils aîné et successeur de Mabdi, nommé Hadi (785 à 786 ), et enfin par le second fils de Mahdi, Ha
roun ar-Rachid , successeur de Hadi de 786 à 809. Le fond de l'écrit n 'en a que plus d 'importance, puisqu 'il devient un
véritable traité apologétique, mais il ne faut voir dans la forme que des précautions oratoires et des flatteries pour con server la faveur d 'un maître que l'on a souvent loué , mais qui
était cependant ombrageux et cruel. Le père de Haroun est : e notre sage souverain . . . , notre
roi des rois . . . , notre souverain victorieux et puissant » , et Timothée lui prêle toutes les objections usuelles chez les Mu
sulmans : après un préambule dedeux pages assez flandreux , où Timothée semble dire qu'il ferait mieux de ne rien écrire ,
parce qu'une polémique avec les Musulmans ne peut mener à rien , mais qu'il se résigne cependant à écrire des choses que
tous les fidèles savent et dont il s'est occupé toute sa vie, pour répondre ainsi aux veux de son correspondant, il introduit sa fiction d 'une visite au calife , au courant de laquelle celui-ci
lui aurait dit : « Il ne convientpas, ô catholique , qu 'un homme
commetoi, qui sais parler de Dieu avec tant de science, dise jamais de Dieu qu'il a pris une femme et qu'il en a eu un fils.» C 'est une assertion qui figure en bien des endroits du Qoran que Dieu e n ’a pris pour lui ni compagne ni fils » , sou (1) Nous reproduirons plus loin la traduction de ce passage.
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES.
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rate LxxII , 3 ; cf. 11, 110 ; X , 69 ; XIX , 92-93 ; cxii, 3 . — Timothée montre comment les théologiens nestoriens ont con cilié la Bible , le texte de l'Évangile et la raison en disant que
le Christ est le Verbe de Dieu qui estapparu dans la chair (ou qui a revêtu la chair ) ; il prête au calife des instances qui lui
font exposer toute sa christologie. Ensuite ( texte , p . 13) le calife se fait exposer l'explication
de la Trinité : « Notre roi me dit : Tu confesses donc trois dieux », sujet rebattu aussi dans le Qoran : « En vérité ils sont incroyants ceux qui disent : Dieu est le troisième de trois » ,
sourate v, 77 ; cf. iv, 169;XXIII, 93. Timothée compare Dieu , son Verbe et son Esprit au soleil, ses rayons et sa chaleur, eta
dit plus loin qu'ils sont peut-être désignés par les groupes de trois lettres mystérieuses qui figurent en tête de certaines sou rates.
Timothée montre ensuite que Mahomet n'est prédit ni dans la Loi ni dans l'Évangile , que les Livres des Chrétiens n 'ont pas été altérés, et qu'il n'y a pas de miracle qui soit venu con firmer le Qoran . — Un autre sujet de controverse est le mys tère de la croix et de la mort du Cbrist : « Pourquoi adorez vous la croix ? . . . Ils ne l'ont pas tué, ils ne l'ont pas cru
cifen, sourate iv, 156. Dans sa réponse (p . 47 ) Timothée s'appuie sur sourate xix , 34 , qu'il nomme sourate de Jésus , et
non de Marie, comme on le trouve partout. - Pourquoi y a -t-il quatre évangélistes; ne se contredisent-ils pas ? Parlent iis de Mahomet ? N 'ont-ils pas été corrompus ? Pour compléter ce qui précède, Timothée suppose un second entretien dans lequel il revient sur la Trinité , l'incarnation ,
l'Evangile et le Qoran , et qu'il termine par des louanges hyper boliques adressées à Haroun :
Un autre jour, comme nous entrions près de lui (Mahdi) — et ceci avait lieu constamment, en partie pour ses affaires royales , en partie
aussi à cause de l'amour de la sagesse qui enflammait son cæur (ca.
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JUILLET - SEPTEMBRE 1930.
c'était un homme aimable qui aimait la sagesse autant que personne), en partie encore à cause de l'attaque des adversaires qui luttaient alors
contre nous() — après que nous eûmes invoqué sur lui la paix du roi des rois , selon la coutume, il commença à parler avec nous et à s'entre tenir, non avec dureté et avec sévérité , — car la dureté et l'insolence
étaient bien loin de son âme — mais (il nous parlait) pacifiquement et posément. Notre roi des rois me dit: As-tu apporté l'Évangile, 6 catho lique ?
Cela , écrit sous Haroun , lui était un exemple proposé sous forme de louanges adressées à son père. Timothée cite d 'ailleurs
les deux frères Haroun et Mousa (Hadi) , texte , p . 128 (2), et
ensuite Haroun seul (p. 131-132, 133) : De ce que le Christ a été nommé serviteur, il ne s'ensuit pas qu'il
était en réalité un serviteur, aparce que Haroun lui-même, la fleur et le rejeton de Votre Majesté , qui est nommé maintenant par tous l'héritier
présomptif, et qui, après la longue durée de vos années, sera proclamé par tous comme roi et tout puissant, jouele rôle de général et de soldat dans cette expédition où il a été envoyé par vous contre Constantinople , contre les Grecs tyrans etrebelles , mais il n'est pas pour cela privé de la filiation royale et de la noblesse ni de la grande splendeur et de la gloire royale . . . Parmi ces Romains privés d'intelligence , ceux qui ne remarquaient pas la royauté et la filiation de Haroun ne le connaissaient que comme l'un des généraux et non comme un fils de roi et un roi, mais ceux qui le connaissaient véritablement le reconnaissaient et le nommaient fils de roi et roi.,
Ces louanges dithyrambiques n 'ont pas pu être écrites lors que le fils aîné Mousa ( Hadi) était l'héritier présomptif; elles l'ont été après que la mère de Haroun eût fait étouffer Mousa (Hadi) , en 786 , sous des oreillers , probablement après 799 , (1) Timothée fait allusion aux difficultés rencontrées lors de son élection : il avait promis de l'argent à ses électeurs et ne le leur avait pas donné. Il avait donc dû lutter durant quelques années contre un anti-patriarche. (2) Timothée nomme donc le second fils Haroun avant le premier, Hadi.
La traduction , p. 81, a rétabli l'ordre e Musa (Hadi) et Harounn , mais elle n 'est pas conforme au texte.
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES.
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lorsque Haroun , satisfait des services que Timothée luiavait rendus en traduisant Aristote du syriaque en arabe, lui don nait des frais de voyage , des présents royaux et lui permettait
de se servir des animaux (de la poste) qui appartenaient à l'État (1).
Le présent texte , très intéressant, doit donc être regardé commeune réponse à toutes les objections que les musulmans , califes et autres , ressassaient contre les chrétiens. Elles avaient sans doute été adressées bien des fois à Timothée : d'après les
historiens nestoriens Amr et Sliba , trad . H . Gismondi, p. 37
38, c'est le calife Hadi (Mousa), frère aîné de Haroun , qui le faisait venir souvent pour parler de religion et d'autres choses ,
et qui lui proposait des problèmes ardus et des questions très
embrouillées, et Haroun ar-Rachid , plus tard , en avait fait autant. Timothée a condensé tout cela dans deux prétendues conférences avec Mahdi , et il a pu donner libre cours à ses talents de courtisan , pour obtenir ainsi d 'être lu par Haroun
et par les musulmans, non qu'il ait espéré les convertir, mais
pour ne pas leur laisser croire que les Nestoriens professaient textuellement les absurdités qu'on leur attribuait. M . J. La
bourt ne croyait pas non plus que cette apologie ait pu être parlée devantMahdi(2), et M . O . Braun , qui édite les lettres de
Timothée , avait motif d 'écrire que la controverse avait eu lieu en 804 -805 (3), c'est-à -dire sous Haroun. Cette date n'est pas
impossible , puisqu'il ne s'agit plus d'une controverse , mais d 'une apologie sous forme de controverse. (1) Voir les lettres éditées et traduites par Henri Pognon dans La version syriaque des Aphorismes d'Hippocrate , 1, p . xvii, 1 . Timothée n 'avait pas d 'ailleurs toute confiance en Haroun , car il ajoutait : « Prie pour que notre voyage ait lieu pour le bien plutôt qu'au détriment de tout le monde., (9) Cf. De Timotheo 1, Paris , 1904 , p . 34-35. (3) Ibid . , p . IIII.
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Toutes les copies conservées dérivent d'un manuscrit sy riaque du xmº siècle conservé au couvent de Notre-Dame-des Semences, près de Mossoul: cf. Catalogue Vosté , nº 169, 23°
(Catalogue Scher, nº go). Timothée a certainement écrit en syriaque, mais ce syriaque a dû être bientôt traduit en arabe.
On en trouve un résumé dans le manuscrit arabe de Paris , n° 82 du xivº siècle , fol. 73 à 95 , et dans le manuscrit n° 215 du xviº siècle ; cf. ms. arabe n°5140 de Paris.
M . Mingana nous apprend qu'il a collationné soigneuse
ment sur l'original la copie qu'il reproduit par la photogra phie , et nous le croyons volontiers, car nous disposions d'une
copie partielle qui nous a du moins montré l'excellence de la sienne. Cependant nous ne savons pas pourquoi notre copie porte presque toujours le pronom séparé : No Rio; mooi
po; on
pindel; oa . ; lorsque l'édition porte la forme
contracte plus correcte: prio ;fafai;godinil;o. ,p.2, 4 , 7. Tous deux portent pe piel , p . 4 . _ Iire ܒܕܡܘܬ ܤܘܟܬܐau lieu de ) ܒܕܡܘܬܐ ܣܘܟܛܐp. ܕ
1. 2 -3 ); alos
pug au lieu dealas pues (p. 5 , 1.11);
quelques lettres ont d 'ailleurs disparu sur la photographie. La traduction est faite avec soin et elle est comparée dans de savantes notes à deux autres apologies, l'une d'un cbrélien ( al-Kendi), l'autre d'un musulman (ibn Rabban at-Tabari ). Les compositeurs ont omis trois lignes , p . 40 , l. 10 à 12 : « Et notre roi victorieux me dit : Et qui est le maître du cha meau ? Nous avons répondu à Sa Majesté : Cette parole est du prophète Isaïe , car il a dit. ,
2 et 3 . — Les deux dernières pièces sont d'origine égyp tienne. Ce sont des homélies attribuées à Cyriaque (1), évêque (1) Dans la Revue de l'Orient chrétien , t. XV, 1910 , p. 157 à 161, on trou vera l'analyse de deux discours de Cyriaque sur la fuite en Égypte.
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de Bebnésa (Oxyrhynque), auteur copte assez fécond dontnous ne connaissons pas l'époque, mais que M . Mingana place au début du xv° siècle. Il semble se borner le plus souvent à tran scrire des apocryphes attribués à Gamaliel , car celui-ci, dans les deux pièces, parle à la première personne : « Etmoi , Ga
maliel, je suivais avec la multitude n (trad., p.207), cf. p. 267, 374 , 280. La Lamentation de la Vierge, dans la maison de Jean , au
Golgotha et au tombeau du Christ, a le grand intérêt d'être la source de deux fragments coptes édités et traduits par M . Re
villoutdans la Patrologia Orientalis , II , p. 169 à 174. M . Mingana a édité l'ouvrage, p. 211 à 240 , d'après deux manuscrits carchounis (arabe en caractères syriaques) de sa collection . Il n 'a pu en trouver aucun autre exemplaire, dit-il, dans les bibliothèques publiques de l'Europe.
A Paris cependant, La Compassion de la Vierge figure dans lesmanuscrits syriaques 239 et 233, fol. 472-493 et 37-76 ( carchouni). Voir aussi le manuscrit éthiopien 104 , fol. 39 , et le manuscrit arabe n° 4795 , fol. 160 à 190 , qui donne le
titre : Homélie de Jacques de Saroug sur Marie el ses pleurs au tombeau de Jésus le matin de la résurrection. On trouve déjà ici que Pilate est innocent de la mort du Christ , ce qui est le sujet de l'écrit suivant : LeMartyre de Pilate est édité par M . Mingana (p . 283 à 332) d 'après un manuscrit carchouni en sa possession , avec les variantes d 'un autre de ses manuscrits carchounis et du manuscrit arabe de Paris n° 152. Tbilo avait déjà édité la traduction du début du martyre de Pilate dans Codex apocryphus Novi Testamenti, Leipzig , 1832 , p . civil à clx, d 'après le manuscrit arabe n° 152, et il avait
fait remarquer qu'on avait à Paris un second manuscrit de cet
ouvrage : Syr. 273, fol. 22 à 17. Sylvestre de Sacy, qui a étudié les deux manuscrits de Paris , tenait que le 152 était
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plus prolixe et que son style s'approchait davantage de la langue vulgaire ; il supposait donc que c'étaient deux traduc tions faites assez librement d'après un original syriaque ("). Il
n'y a pas de chance qu 'une version syriaque ait existé ; nous avons donc là deux traductions libres d'un texte copte , si Cy
riaque a pu écrire en copte , ou une paraphrase d'un original arabe, si Cyriaque a écrit en arabe. Enfin le manuscrit arabe 152 de Paris avait été édité et traduit en français par M . Émile Galtier dans Mémoires de l'In stitut français d'archéologie orientale du Caire , t. XXVII , 1912 , p . 31 à 103. Dans son introduction , M . Galtier étudie lous les écrits parallèles et annonce que ce martyre de Pilate figure
aussi dans le manuscrit éthiopien de Paris n°62, miracles 34 et 35 (2).
Après la résurrection , la Vierge va au tombeau et le Christ lui appa rait. La femme de Pilate , Procla , veut aussi aller au tombeau . Les Juifs
et Barabbas cherchent à la tuer, mais les soldats romains ont le dessus et arrêtent Barabbas , que Pilate fait aussitôt crucifier. Les Juifs et Hé
rode se plaignent à Tibère , et l'empereur envoie un officier enquêter à Jérusalem . Les Juifs s'entendent avec l'officier, qui fait flageller Pilate et le fait crucifier, mais des couronnes descendent du ciel et , à la vue de
ce prodige, les Juifs détachent Pilate de la croix. A Rome cependant, le fils de Tibère meurt subitement, et l'impéra
trice fait porter son corps à Jérusalem pour qu'on le mette dans le tom beau du Christ. Les Juifs volent le cadavre et Joseph et Nicodème sont
accusés du vol, mais Gabriel apparaît et vient révéler où le corps est caché. On le porte dans le tombeau du Christ , et il y ressuscite le qua trième jour. Le fils de Tibère ainsi ressuscité retourne à Rome, où il
(1) Le ms. 373 , fol. 22, a pour titre : Histoire de Pilate , de Joseph d'Aris mathie et de Nicodème; de la résurrection de Notre-Seigneur et de ce qu'il a souffert de la part des Juifs, par Cyriaque, évêque de Behnésa. Il débute par : Cyriaque , évêque de Behnésa , a dit : Quand Notre Seigneur Jésus Christ a été crucifié à l'endroit nommé Cranion , etc.; comme Mingana, p . 344 , dernière ligne.
(2) C'est un manuscrit des Miracles de la Vierge. Cette compilation est conservée dans une cinquantaine de manuscrits , qui d 'ailleurs ne sont pas
identiques. L'un d'eux a été édité par M . W . Budge.
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES. fait une entrée triomphale, et l'empereur fait crucifier Pilate pour le
punir d'avoir laissémettre le Christ à mort. L'impératrice envoie chercher la Vierge, mais elle était déjà montée au ciel sur les ailes des Chérubins, et les soldats ne trouvent que saint Jean , qu'ils conduisent à Rome. A la demande de l'empereur, Jeap fait le portrait du Christ, après quoi un nuage lumineux l'enlève et le dé pose sur la montagne des Oliviers. La Vierge apparaît ensuite aux apô tres et leur donne l'assurance que Pilale , sa femme Procla et ses enfants sont dans le Paradis.
Tel est le récit plein de ce merveilleux dont les Coptes étaient si amateurs. Son intérêt tientà ce qu'il compile des apocryphes plus anciensfavorables à Pilale : les efforts dePilate
pour sauver Jésus, les rapports favorables qu 'il envoie à Rome existent sous diverses formes en toutes langues ; son martyre
est conservé en grec et en syriaque; il est l'un des saints de l'église éthiopienne(1); sa femme Procla (ou Procula ) , que
l'Évangile a rendue si sympathique, est honorée parles Grecs au 27 octobre ; les publications indépendantes de M . Galtier, et plus tard de MM . Mingana et Rendel Harris, mettent à
notre portée la forme naïve et populaire que ces légendes ont revêtue en copte sous le nom de Gamaliel, pour être plus tard consignées, sans doute en arabe et souvent mot à mot, par Cyriaque de Bebnésa. II. – AxelMoberg . 1. Eine syrische Massora Handschrift in der Univer
sitäts-Bibliothek zu Lund , Lund , 1928, in -8°, 18 pages. – 2. On some Fragments of the Book of Timotheos Ailouros against the Synod of Chalcedon , Lund , 1928 , in -8°, 15 pages. - 3. Ueber einige christliche Legenden in der islamischen Tradition , Lund, 1930, in-8°, 38 pages.
1 . — Pour faciliter la lecture de la Bible traduite en sy (1) Les Éthiopiens fontmémoire de Pilate et de Procla le 25 Sané(19 juin , cf. Patr. Or., t. I , p. 674-675 .
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JUILLET-SEPTEMBRE 1930 .
riaque (langue qui n 'écrivait que les consonnes), on a com mencé , à partir du virº siècle , à indiquer la prononciation des
mots étrangers ou peu usités (voyelles et signesde prononcia tion ). On ajoutait quelquefois en marge lemot grec correspon dant ou l'explication du mot syriaque. On connaît septmanu scrits de ce genre. M . A . Moberg vient d 'en faire connaître un huitième, écrit en 1204 -1205 , de la main d'un scribe
qui écrivait en cette même année , le manuscrit Rich. 7184 du British Museum . On ne connaît pas sa provenance orien tale , mais une note de l'année 1635 nous apprend qu'il a été acheté en cette année pour trois piastres et demie à uo Arabe
qui l'avait emporté du Tour Abdin comme part de bulin , et fait craindre à M . A . Moberg que le même manuscrit ne soit encore une part d'un butin volé ces dernières années à l'occa
sion desmassacres de l'Arménie et du Kurdistan . L 'intérêt du présent travail vient surtout de la comparaison
que M . M . a faite de son manuscrit avec les manuscrits connus. Il a montré qu'aucun de ces huit manuscrits n 'est une copie
de l'autre. Ils ne suivent pas le même ordre ; ils ne ponctuent pas les mêmes passages ; ils n'expliquent pas les mêmes mots ; ils ont plus ou moins d 'additions; par exemple le manuscrit
syriaque de Paris nº 64 ajoute la ponctuation des mots grecs ou rares qui se trouvent dans la version syriaque des écrits de
Denys l'Areopagite , de saint Basile et de Sévère d’Antioche.
La mention de la « tradition de Jacques d'Édessen se rapporte sans doute à l'observation des bons conseils donnés par Jacques aux scribes, dans une lettre qui est reproduite dans les manu scrits de la Massore.
2 . — M . Gabriel Ferrand a exposé dans le Journal asia tique, avril-juin 1925 , p. 303 à 310 , comment la couverture d 'un manuscrit syriaque formée d 'une sorte de cartonnage de feuillets de manuscrits ( et non de deux planches, comme lant
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES.
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de manuscrits éthiopiens), nous a rendu le Livre des Himya rites , qui tranche la question jadis controversée des persécu
tions exercées par les Arabes-juifs contre les Arabes-chrétiens. D 'autres feuillets du même manuscrit , comme l'écrit M . Fer rand , ibid . , p . 303, contenaient le Livre de Timothée Ailure
contre le concile de Chalcédoine. C'est à l'identification et à
l'étude de ces fragments de Timothée ainsirécupérés que M .Mo berg consacre ce deuxième opuscule. Il disposait d 'une version arménienne et d 'une version syriaque contenue daus le manu scrit du British Museum add. 12156 , écrit à Edesse avant l'année 562. La version syriaque semble dériver d 'un texte grec abrégé et un peu remanié après la mort de Timothée.
Elle débute par un florilège où les citations des Pères sont choisies au point de vue monophysite , avec des extraits de quelques lettres de Timothée. Nousavons édité jadis les feuil
lets de ce manuscrit qui nous semblaientles plus instructifs , fol. 11 à 13 et 39 à 42 , dans le tome XIII de la Patrologia
Orientalis, p . 202 à 236. M . M . a établi que les cinq feuillets qu'il a ainsi trouvés dans la couverture de son manuscrit cor respondent aux feuillets 1 à 3 , 5 , 9 , 11 , 13 , 15 -16 du
manuscrit du British Museum . Ce dernier manuscrit est d'ail
leurs lacunaire , et le principal intérêt de la nouvelle décou verte est de nous avoir rendu la version syriaque d 'un frag ment de la lettre de saint Ignace aux Smyrniotes qui manque dans le manuscrit du British Museum . M . M . compare la version syriaque ainsi retrouvée au texte grec fournipar un papyrus du ve siècle. Cette comparaison lui
permet de conclure que la version syriaque n 'est pas seule ment fidèle , mais donne souvent l'impression que le traduc teur cherchait à mettre un mot syriaque sur chaque mot grec SO
de l'original. M . Henri Pognon a déjà signalé cette pratique des traducteurs syriens, qui donne tant de valeur à leur tra
vail, bien qu'au pointde vue linguistique il semble créer une
124
JUILLET- SEPTEMBRE 1930.
langue particulière que M . Pognon nommait du « syriaque de traduction » .
Par un heureux hasard , le colophon est conservé et nous apprend que le manuscrit a été terminé le 10 avril 932 . C 'est
donc l'un des plus anciens manuscrits datés écrits sur papier. M . M . donne les fac-simile de la page qui porte le colopbon et
de celle qui porte la lettre de saint Ignace aux Smyrniotes.
3 . — L'islam primitif a puisé largement chez les Syriens, les Perses et lesGrecs, mais il est souvent difficile de déter miner ses sources, parce qu'elles ont été transmises oralement
avec de nombreuses modifications et additions fantaisistes. M . M . étudie deux légendes musulmanes qu'il a rencontrées
à l'occasion de son édition du Livre des Himyarites, parce qu'elles ont la prétention d'expliquer l'introduction du cbris tianisme à Nagran . Il montre que ce sont des légendes chré
tiennes démarquées. D 'après l'une, consignée par Ibn Hišam , édit. Wüstenfeld , I , 20-22, et Tabari, I , 924 -925 , le cbrétien Phémion cher chait les endroits où il n 'était pas connu , travaillait la semaine
chez un potier et allait prier au désert le dimanche. Un babi tant, nommé Salib , le suit et s'attache à lui lorsqu'il l'a vu faire périr un dragon à sept têtes qui le menaçait. Tous deux vont chez les Arabes , sont faits prisonniers et sont vendus à
des habitants de Nagran qui adoraient un palmier : Phémion demande à Dieu de détruire ce palmier, et un vent violent
vientl'arracher , ce qui amène la conversion des Himyarites au christianisme. M . M . dit que cette légende est toute chrétienne, mais il ne semble pas en connaître la source exacte . C 'est la Légende de Paul l'évêque et de Jean le prêtre , que nous avons ré sumée dans la Revue de l'Orient chrétien , t. XV, 1910 , p . 56 à
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES.
125
60 , et qui est conservée dans trois manuscrits syriaques du vrº siècle ; elle est donc antérieure à l'hégire : Paul l'évêque embrasse le monachisme, travaille pour gagner sa vie chez un
nommé Jean qui le suit lorsqu'il allait prier sur la montagne. Arrive le serpent, qu'un éclair déchire. Jean s'attache à Paul ;
ils vont tous deux au Sinai , une tribu d 'Arabes les arrête et les conduit à l'endroit appelé Himyarites. On les conduit au
milieu des palmiers pour les percer de coups , mais Jean fait périr le plus beau des palmiers, r le dieu du campn, et les Arabes se convertissent. Il y a donc identité , à l'exception des nomspropres, puisque Paull’évêque et Jean le prêtre sont deve
nusFaimijūn (') (Phémion ) et Şāli”. La priorité du syriaque ne faitaucun doute , puisque nousavonsrésumé la légende sur trois
manuscrits du British Museum quisont du vi° siècle ; l'un d 'eux (Add. 14597) est daté de l'an 569. La légende syriaque est d 'ailleurs très étoffée et semble un roman analogue à ceux de
saint Alexis, «l'hommede Dieu » , ou de l'empereur Julien ,
conservés aussi dans les manuscrits demême antiquité. La légende de Phémion est racontée d 'après Mugira ben
Abi Labid , qui la tient de Wabb ben Munabbih . Il est donc remarquable que ce dernier ait lu ou ait entendu raconter la légende édessénienne de Paul l'évêque et Jean le prêtre . La seconde légende, qui a pour but d 'expliquer l'introduc
tion du christianisme chez les Himyarites, est celle d 'Abdallah ben at- Tamir. M . M . en donne les diverses rédactions et la compare aux actes des martyrs perses Jazdin -Péthion . Nous
n 'avons ici rien à ajouter (2). (1) Peut-on rapprocher ce nom de Frumentius, qui a prêché l'Évangile aux Éthiopiens vers l'an 246 ? (2) Nous avons cependant résumé la légende de cette famille (dontdescen dait Yazdin , le grand argentier du roi Chosrau II) dans Etude historique sur la transmission de l'Avesta et sur l'époque de sa dernière rédaction , dans la
Revue de l'histoire des Religions , mars-avril 1927, p. 181, 1 . 1 .
126
JUILLET- SEPTEMBRE 1930.
III. – Les Homiliae cathedrales de Sévère d 'Antioche. — 1 . Homélies 78 à 83, éditées et traduites par Maurice Brière dans Patr. Or., t. XX ,
p. 271 à 434 , Paris, 1928, Firmin Didot , 28 francs. — 2 . Homé lies 99 à 103 , éditées et traduites en français par Ignazio Guidi dans
Patr. Or., t. XXII, p. 201 à 312, Paris, 1929. 1 . — Nous avons annoncé cette publication de M . Brière
dans la Revue de l'Orient chrétien , t. XXVII (1929-1930), p. 3 à 30. Nous avons montré, dès avril 1928 (ibid., p. 4 , n . 1), avons
que le texte grec de l'homélie de Sévère sur les martyrs Tara chos, Probos et Andronicos a été inséré, la plupart du temps textuellement, dans la compilation du Métaphraste ; cf.Migne, P . G . , t. CXV , col. 1067 à 1080 . Nous avons retrouvé ainsi
le texte grec d'une nouvelle homélie de Sévère. Nous avons édité aussi, ibid ., p. 7 à 10 , de nouveaux textes grecs de Sé vère, tirés des manuscrits de Paris et relatifs à l'homélie 81 sur Matth . , XVII , 27 , et à l'homélie 82 sur Matth , XVIII , 3 , 7 .
Un autre fascicule (homélies 84 à go ) est en cours d 'édi
tion . Nous avons encore édité , ibid. , R . O . C., t. XXVII , p. 11 à 30 , à peu près la moitié du texte grec des homélies 89 et 94 sur Luc, X , 25 à 37, et Matth ., I, avec des fragments des homélies 84 et 85 .
2 . — Le fascicule édité et traduit par M . I. Guidi comprend des homélies prononcées du 6 novembre 5 16 au 6 janvier 517
sur l'anniversaire de la consécration de Sévère , la martyre Drosis , la Nativité , Grégoire le théologien et Basile le grand et l'Épiphanie. Nous avons cherché dans ce fascicule l'expression 100
des sentiments (toujours mauvais ) de Sévère à l'égard de ses diocésains, ce qui nous a permis de deviner, par réciprocité, les sentiments de ses diocésains envers lui; cf. Revue de l'Orient chrétien , t. XXVII , fasc . 1 -2 , p . 222 à 224 . Chaque fascicule est suivi de tables des noms propres syriaques, des mots sy- .
riaques étrangers ou remarquables , des mots grecs cités dans
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES. 127 les manuscrits , des citations de la Bible et des citations des
Pères de l'Église . IV. – Jacobi Edesseni Hexaemeron seu in opus Creationis libri septem ,
edidit I. B. Chabot, in-8°, vi-398 pages, Paris, 1928 (C .S.C .O ., Syr., II , 56 ).
Dans le cadre de la Création , les anciens meltaient tout ce
qu'ils savaient des sciences naturelles. Jacques d 'Edesse lui aussi, suivant pas à pas les æuvres des six jours, traite en sept parties : 1° De la première création , qui est celle des esprits : 2° Du ciel, de la terre et des éléments; 3º De la géographie et des plantes; 4° Des astres et de la cosmographie ; 5° Des
animaux aquatiques et des oiseaux (ichthyologie , ornithologie); 6° Du bétail, des bêtes sauvages et des reptiles terrestres (200
logie ); 7° Del'homme(physiologie). Jacques est mort en 708 , avantd 'avoir complètement ter
miné son ouvrage; les dix dernières pages (347 à 357) ont
été ajoutées par son amiGeorges, évêque des Arabes. Cette édition sera bien accueillie, parce qu'elle vulgarise un ouvrage qui a déjà préoccupé de nombreux savants : Ga briel Sionita en a transcrit la plus grande partie ; sa copie est
à Paris (Bibl. Nat. , Syr. 240 ); un savant allemand l'a encore
transcrit , mais est mort avant d'avoir pu l'éditer ; sa copie est à la Bibliothèque nationale de Berlin (syr. n° 337). M . l'abbé
Paulin Martin en a donné une description dithyrambique dans le Journal asiatique , 1888 , 84 série , t. XI, p . 155 à 219, 401 à 440. Cet ouvrage a préoccupé aussi MⓇ Graffin , qui
l'a indiquécomme sujet de thèse à l'un de ses élèves, M . A . Hjelt ,
professeur depuis à Helsingfors. M . Hjelt a édité et traduit la partie géographique et montré qu 'elle n 'avait rien d 'original,
comme l'avait cru à tort l'abbé P . Martin , mais qu'elle était empruntée à Ptolémée.
128
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
Il ne reste que trois anciens manuscrits , l'un à Lyon daté de 837, l'autre à Amid (Diarbékir ) daté de 822. Le troisième manuscrit , daté de 1183 , est conservé à Leyde. M . Chabot a
reproduit, par la photographie , le manuscrit de Lyon et a ajouté ( p. 361 à 397 ) les variantes fournies par le manuscrit de Leyde; M . Vaschalde en prépare une traduction latine.
Nous avons déjà dit que cette édition sera bien accueillie , car , vu le grand nombre de noms et de détails compilés dans cet ouvrage, bien des savants s'en serviront pour compléter leurs
travaux; par exemple on peut déjà s'en servir pour démontrer,
une fois de plus, que le Kenpai Šapokbin (ou K . S.] (Job ,
XXXIX , 13) n'était pas l'autruche, que Jacques d'Édesse con naissait cependant très bien. On trouve en effet, p . 207 à 208 , que les oiseaux pacifiques et amis des hommes viennent faire leurs nids jusque dans les maisons. mais pour les oiseaux que le Créateur a doués d 'un grand corps et de (grande) force, il les a faits doués de peu de prudence et dépourvus d 'intelligence , de sorte qu'ils pondent leurs enfs même sur le chemin dans la poussière et qu'ils les abandonnent, les hommes et les animaux
les foulent aux pieds, de sorte qu'ils sont privés de progéniture comme ils le sont d'intelligence. Tel est cet oiseau de l'Inde weil i g N
owor, qui est nommé chez les Hébreux Kenpaï SaBokhin ( K . S. ) " }, c'est-à-dire l'oiseau illustre, qui se trouve dans le discours de reproche parmi toutes les choses que Dieu demandait à Job, lorsqu'il lui disait là sous forme d'interrogation :
Peux-tu résister au Kenpai Šapokhin ( K . S .), qui s'enorgueillit et vole et vient et fait son nid et laisse ses aufs sur la terre et les échauffe sur la poussière, et il oublie que le pied des voyageurs les dispersera (3) et que l'animal du désert les foulera aux pieds. Il a multiplié des en
fants comme s'ils n'étaient pas à lui , mais c'est en vain qu'il a peiné (1) On lit en marge : la sauterelle , c'est-à-dire le grillon n. « Le grillon , figure parmi les explications proposées par Jésudad de Merv, nous ne savons à quel titre.
10) Jacques d'Édesse corrige ici la Pechitto.
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES. 129 sans crainte, parce que Dieu a grandi la sagesse des animaux et aussi des oiseaux ("), mais, pour lui, il ne lui a pas donné l'intelligence en
partage. A l'occasion, il s'élève en l' air et il se moque du cheval et de son cavalier .
Quantà l'autruche (Na'ma), oiseau quimarche; à cause de la gran deur de son corps , Dieu l'a même privée de pouvoir s'envoler, parce qu'il ne lui a pas fait naturellement contre son corps des ailes qui puis sent l'enlever (2); elle se trouve ainsi méprisée en sottise avec tous les sots animaux de la terre.
En un autre endroit (p. 213), Jacques d'Édesse reproduit la liste des oiseaux impurs (Lévit., xi, 13 à 23). Il utilise à la fois le grec des Septante et le syriaque de la Pechitto . Il tra
duit le ypút du grec par cel'oiseau éléphant (llo 9 ).
Celui-ci est donc bien , selon lui,« le griffon ». Cette interpréta tion d'ailleurs n 'est pas isolée , car nous avons à Paris une revi
sion du Pentateuque, faite par Jacques d'Édesse de 704 à 705 (ms. syr. n° 26 ), et nous avons constaté , p.210 et 370 , OUS avo ns
C
qu'il traduit deux fois ypúų par « l'oiseau-éléphant , soit dans le Lévit., xi, 13, soit dans le Deut., xiv , 12. Il mentionne
d'ailleurs, dans les versets suivants ,l'autruche (Na'ma), l'Anfå et le coq sauvage. Il reste donc acquis que les commentateurs orientaux, qui connaissaient l'autruche, ne l'ontpas reconnue
dans Job , xxxix , 13 à 18, mais y ont vu un oiseau mythique. De ce qu'on peut aussi appliquer ces versets à l'autruche, il ne s'ensuit donc pas en toute rigueur que l'auteur du Livre de Job avait cet oiseau en vue.
(1) Sans la correction apportée ici à la Pechitto par Jacques d'Édesse, il faudrait lire : Dieu a détournén d'elle la sagesse.
(9) Jacques d'Édesse connaissait donc très bien l'autruche. Il savait que c'est un oiseau qui ne peut pas volern ( comme le savent ceux qui ont vu
des autruches dans les jardins d 'acclimatation ), tandis que l'oiseau de Job s'élancera en haut, - et même s 'élancera dans les hauteurs des cieuxn ,
d'après des passages parallèles très nombreux. — Les partisans de l'autruche doivent rédulcorer , ce passage. CCXVII.
9 IMPRINERI
artONALE .
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JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
Nousavons trouvé aussi que d'après l'auteur nestorien Jésu dad de Merv , Jacques d 'Edesse aurait dit que le K . S . était
a l'oiseau Madai» (J. as., oct.-déc. 1939 , p . 198 et suiv .), et nous
ne pouvions pas expliquer cette dénomination. Grâce à l'édi tion de l'Hexameron , nous pouvons dire que c'est une faute de Jésudad et qu 'il faut lire ce l'oiseau- éléphants , car Jacques, Hexam ., p . 213 , mentionne e l'oiseau Madain (wo ; ainsi nommé, dit-il, parce qu'il vient de Médien — qui
truit les sauterelles ; mais il ne l'assimile en rien au K . S . Nous pouvonsdonc, grâce à l'édition donnée par M . Cha bot , compléter un de nos travaux précédents (1) et nous sommes
assuré que bien d'autres que nous y aurontrecours. On trouvera encore , p . 192 , que le « léviathan , n 'est pas le crocodile; c'est le grand serpent demer, dont certains indi vidus atteignent deux centsmilles de longueur.
La seule recherche des sources de Jacques d'Édesse sera un
travail long et passionnant, car, s'il renferme peu de résultats vraiment originaux, il semble du moins compiler tout ce qu'un homme ce aimant le travail, — c'est le titre que prenait Jac
ques d'Édesse — peut accumuler en une vie de labeur.
V . – Harry Austryn Wolfson. Crescas’ Critique of Aristotle. Cambridge, Harvard University Press , 1929, in -8°, xvi-760 pages (Harvard Se
mitic series , vol. VI). Les savants juifs qui vivaient au milieu des Arabes, en
Égypte comme Saadia (882 à 942), ou en Espagne comme Maïmonide (1 135 à 120 employaient la langue arabe. Ils étaient ainsi conduits assez naturellement à appliquer à l'An (1) Etude sur Job , XXXIX , 13, et sur les oiseaux fabuleux qui peuvent s'y rattacher , dans J. As., oct.-déc. 1929 v 198 et suiv.
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES.
131
cien Testament la philosophie aristotélicienne que les Arabes , héritiers des Syriens, avaient appliquée au Qoran (1). Maimo
nide en particulier, le plus grand philosophe du judaïsme, a propagé les idées aristotéliciennes , s'en est servi pour coor donner la Révélation et a semblé leur donner un rôle prépon
dérant dans l'exposé de la religion . Plus tard , les Juifs du nord
de l'Espagne et de la France , qui ne savaient pas l'arabe, ont créé une littérature de langue bébraïque, et celle-ci a été d'or
dinaire une réaction contre la littérature de langue arabe et contre les idées aristotéliciennes qui leur étaient venues par ce canal. Les polémiques avec les scolastiques chrétiens, devenus disciples d'Aristote , étaient d 'ailleurs plus pénibles si l'on regardait Aristote comme le commun maître. Ces raisons, entre autres , amenèrent une vive réaction contre Maïmonide et son aristotélisme. Crescas ( Hasdaï ben Abraham Crescás, né
à Barcelone en 1340 , mort à Saragosse en 1410) est l'un des
meilleurs représentants de cette réaction. Son principal ou vrage, Or Adonai « La lumière d 'Adonaï » , écrit en hébreu , a
déjà eu au moins deux éditions (Ferrare , 1555, et Vienne, 1859 ) , mais est resté assez inconnu , parce qu'il est souvent
très difficile à comprendre : il part de conventions connues de tous à son époque, mais devenues inintelligibles pour nous.
Il suit la méthode dite talmudique — qui est d 'ailleurs celle de bien des prédicateurs, en particulier de Sévère d 'Antioche. - Elle suppose que tout texte étudié a été écrit avec un tel
soin et une telle précision que chaque expression a autant d'importance par ce qu'elle semble contenir implicitement que par ce qu'elle affirme explicitement. Le raisonnement doit (1) Nous espérions trouver des traces des intermédiaires araméens qui ont transmis le grec aux Arabes , mais il en reste fort peu. Les nombreux inter médiaires suivants ( arabes et hébreux ) ont créé une terminologie qui est
vraiment arabo-hébraïque. L 'éditeur explique d 'ailleurs tous les termes rares ou techniques.
132
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
tenir compte de la diction et de la phraséologie aussi bien que
des idées. Cette méthode, qui conduit à de longs discours sur un seul verset de la Bible , a été étendue aux ouvrages des phi losophes. Elle serait claire, bien que pénible à suivre , si tout était mis par écrit, mais l'æuvre de Crescas semble avoir été plutôt un résumé ou un aide-mémoire , pour être ensuite dé
veloppé et servir de base de discussion dans les classes. L'au teur de la présente publication a donc pris le parti d'imiter
les élèves de Crescas, qui devaient préparer soigneusement la leçon dont le maître leur avait donné le sommaire, pour venir
entendre ensuite toutes les longues explications que ce résuiné
comportait. Aussi il n'édite guère ici que le sixième de l'ou yrage La lumière d'Adonai, etil entoure les 186 pages (93 de texte hébreu et de variantes et 93 de traduction anglaise ) que ce sixièmeoccupe,de130 pages d'introduction et de 585 pages de notes et tables. Ces notes renſerment tous les textes d 'Aris tote et des philosophes juifs ou arabes antérieurs à Crescas que celui-ci pouvait connaître et viser . · Algazel (Ghazali), né en 1039 , mort en 1111 de notre ère, avait dirigé chez les Arabes le mouvement de réaction
contre la philosophie grecque , comme l'indique clairement le titre de l'un de ses ouvrages : La chute (tahafut) des philosophes, et l'on regardait cet ouvrage comme l'une des sources de Cres cas, qui poursuit le même but,mais M . H . A . Wolfson montre
(p . 11 à 16) qu'il n 'en est rien . Il précise dans son introduc tion (p . 1 à 128 ) les sources et la méthode de Crescas et ses idées sur l'infini, l'espace , le vide, le mouvement, le temps, la matière et la forme de l'univers. Il établit ensuite le texte hé
breu à l'aide de l'édition de Ferrare et de onze manuscrits , dont l'un est daté de 1457, moins de cinquante ans après la
mort de Crescas; la traduction anglaise est en face du texte
(p . 129 à 315 ). Viennent ensuite les notes (p . 317 à 700) et enfin le bibliographie et les tables des auteurs etnoms propres ,
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES.
133
des passages cités et des termes hébreux, arabes , grecs et la -> tins (p : 701 à 760).
Voici maintenant ce que contient le texte hébreu édité et traduit ici.
Pour démontrer que Dieu existe , qu'il est un et qu'il est
incorporel, Maimonide, dans son Guide des égarés(1), avait commencé par formuler, sans démonstration , vingt-cinq pro positions empruntées à Aristote. Maimonide ne les démontre
pas parce qu 'elles sont évidentes , dit-il, ou parce qu'elles demandent de longues démonstrations qui ont été données
ailleurs(2), Crescas reprend chacune de ces propositions; il commence par l'énoncer , puis , dans une première partie , il rapporte toutes les démonstrations qui en ont été données et ,
dans une seconde partie , il critique les démonstrations qu'il vient de consigner ; neuf de ces vingt-cinq propositions n'ont pas de secondepartie ; mais ce n 'est pas en général parce que Crescas les admet telles quelles , c'est parce qu'il renvoie à des
critiques consignées plus haut. C'est donc un sujet important, trié par Maïmonide dans Aristote , objet ensuite de nombreux commentaires , analysés
et critiqués ici par Crescas.
La première proposition : « L'existence d'une grandeur in finie quelconque est impossible » , se prouve par quatre classes d 'arguments (p . 137 et 179) critiqués un à un dansla seconde
partie qui suit aussitôt (p . 179 à 217). Les autres proposi tions n 'occupent que de une à trois pages chacune; la neu vième : Tout corps qui meut un autre corps ne meut cet
autre corps que s'il est mû lui-même au moment où il met (1) Cet ouvrage a été traduit en français par S. Munk , 3 vol. in-8°, Paris, 1856-1866.
(9) On trouvera ces vingt-cinq propositions, traduites et annotées par M . Moxx , loc. cit., t. II, p . 1 à 22.
134
JUILLET -SEPTEMBRE 1930.
l'autre en mouvement, est prouvée p . 253-255 et critiquée
p. 256 -257. Crescas trouve l'objection célèbre tirée de l'ai mant qui meut le fer sans être mû lui-même. Il rapporte briè vement les solutions déjà données et il ajoute la sienne. C 'est
ici que commence le travail de l'éditeur, car Crescas, même
lorsqu'il prend la peine de citer ses prédécesseurs , indique rarement l'ouvrage qu'il vise et jamais la partie de l'ouvrage. Il travaille d 'ailleurs sur des traductions bébraiques , ce qui
augmente la difficulté des traductions et des identifications.
au
M . H . A . Wolfson s'est très bien acquitté de cette tâche ( il y a
d'ailleurs une vingtaine d 'années qu'il a commencé son tra vail) ; il renvoie , p . 546 à 568 , à tous les passages correspon
dants d'Aristote , et il rapporte toutes les théories , depuis celle de Thalès qui attribuait une âme à l'aimant, jusqu'à celles des commentateurs d'Aristote , de Maimonide, des Gersonides , d'Averroès et de Crescas. C'est donc un modèle de ces éditions et traductions qui font bénéficier les lecteurs de tous les résul
tats accumulés durantde longues années par un éditeur.
MÉLANGES.
NOTE
SUR UNE ÉCLIPSE DU TEMPS D ’AÇOKA (?). D 'après Vincent Smith (Early history of India , 3. édit., Oxford , 1914 , p . 158-159), Açoka aurait accompli, en 249 av. J.- C ., son pèlerinage connu aux lieux saints bouddhiques,
ce sous la conduite de l'arhat Upagupta . La construction des 84 .000 stūpas légendaires et le dépôt
des reliques du Buddha dans ces stūpas se placentlogiquement
peu après ce pèlerinage. Or, suivant Hiuan -tsang dans la version de Watters (On Yuan Chwang's travels in India , London , R .A.S., 1905 , t. II, p. 91), le roi voulut faire placer les reli ques, le même jour et à la même heure , dans les stūpas épars
dans tout son royaume. Ne sachant comment s'y prendre , il s'adressa à Upagupta , qui l'avisa de donner ordre de déposer les reliques au moment précis où , grâce à l'interposition de sa main , le soleil s'obscurcirait dans tout le royaume. L 'idée d 'une éclipse de soleil se présente tout naturellement,
mais encore faudrait-il qu'elle fût totale , ce qui est assez rare, Or le canon des éclipses d 'Oppolzer (Kanon der Finsternisse ,
1887) , ouvrage qui fait autorité, indique, le 4 mai 248 avant J.-C ., une éclipse de soleil visible de l'océan Atlantique à tra le ver vers l'Afrique, l'Arabie , le nord de l'Inde , jusqu'à la Chine
136
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
centrale , éclipse totale pour la vallée du Gange de 3 à 4 heures
de l'après-midi (renseignements de M . RaoulGautier, directeur
de l'observatoire de Genève , suivant lettre du 15 avril 1920 ). Le récit de Hiuan -tsang peut reposer ou sur une tradition orale , conservée au Magadha , ou sur une tradition écrite , peut être retraçable dans les sources hindoues et surtout chinoises. Il n'est, d 'autre part, pas exclu a priori qu’un savant bindou du 1°siècle avant J.-C . fût capable de prédire une éclipse de
soleil totale (cf. Encycl. Brit., IX® édit., vol. I, p. 559 d ; vol. II, p . 744 d et 746 b ; X® édit., sub Saros cycle ; cf. aussi Alberuni's India , trad . E . Sachau , London , Kegan Paul, 1910 , p . 107, t. II, etc .). Si tel est bien le cas, le fait même de
l'éclipse étant avéré , la tradition peut avoir un fond de vérité , n en cee sens sens au au moins qu'Açoka aurait rapporté des reliques, qu'il les aurait distribuées aux principales villes de son royaume et qu'il aurait voulu que la cérémonie de leur dépôt fût célé brée le même jour, au mêmemoment, dans tout le royaume.
Il pourrait, en résumé, y avoir dans le rapprochement du passage de Hiuan - tsang el du fait de l'éclipse de 248 , non seulement une confirmation de la légende du dépôt des reli
ques , mais une précision , plus importante, sur la date appro ximative de la conversion d’Açoka et de ses suites immédiates. Tout ceci peut n 'être que coïncidence curieuse , mais vau
drait la peine d'être vérifié. Robert Fazy.
MÉLANGES.
187
SUR
QUELQUES IMAGES DE NÂGAS
À SAMBÓR PREI KŮK. Les någas n'apparaissent qu'exceptionnellement dans l'art pré-angkorien . Cependant, la tour principale du groupe Sud à
Sambór Prei Kůk nous en offrent plusieurs représentations qui méritent d 'être étudiées de plus près. Au -dessus de l'unique entrée du temple , qui jadis abritait
une idole çivaite , se trouve un grand linteau décoratif soutenu par des colonnettes rondes et dont les sculptures sont exécu tées en haut-relief(1). Au milieu , dans la partie inférieure du linteau , on reconnaît Indra , dieu des orages et gardien de l'Est. Il tient la foudre et porte en guise de coiffure une sorte de tiare cylindrique assez analogue à celle qui caractérise les images de Vişnu dans l'art khmer se primitifn . Figuré de face
et à mi-corps, il est flanqué de personnages dont on ne voit
également que le buste , et qui tous se sont tournés vers lui avec des gestes de supplication , les mains jointes. Au-dessus de chaque tête , là où les soulptures sont restées intactes , on distingue très nettement un capuchon de cobra. Il s'agit donc
d 'une tribu de génies-serpents ou någas anthropomorphes. Les måles se tiennent à droite du dieu ; les nâgis se sont ran gées à sa gauche. L 'une de ces dernières présente uu vase qui (1) Reproduit par H . Parmentier dans l'Art Khmer primitif, Paris, 1997, t I , fig . 27
138
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
contientpeut-être des perles et d 'autres joyaux,ou bien quelque breuvage miraculeux. Au-dessus de cette scène sont sculptés
deux serpents polycéphales assaillis par des garudas, repré sentés ici comme des êtres hybrides , mi-oiseaux , mi-hommes,
semblables aux kinnaras ou harpyes. Dans la composition décrite par nous, Indra apparaît donc
comme protecteur des någas et leur puissant allié . Mais peut être est-il permis d'attribuer à l'image en question une signifi cation plus précise. Le fameux passage du Mahâbhârata , con
sacré au sacrifice des serpents (ādi-p ., XLIX -LVIII), relate comment le någaraja Takşaka, après avoir tué de sa morsure venimeuse le roi de Hastināpura , Parikşît , vient trouver Indra
et se met sous sa protection afin d'échapper aux flammes du bûcher allumé par Janamejaya. Quel que soit le sujet évoqué par le sculpteur, un fait paraît certain : l'un des principaux temples élevés sous le règne d'Içõnavarman atteste, par le choix
du motif sculpté au-dessus de son entrée , l'étroite union entre Indra et le peuple des serpents. On est tenté d'y voir une allu sion à la généalogie légendaire des rois cambodgiens, qui se disaient être, à l'instar des rois du Fou -nan , les descendants
d'un brahmane et d'une princesse de race ophidienne. Sur un autre linteau du même temple , trouvé celui-ci en terre , au cours des fouilles de 1927, on relève également des motifs ayant trait à des légendes de serpents. Au centre est figuré un Çiva dansant dont le buste est entouré d'un någa.
Le corps du serpent est traité avec un soin tout particulier, et
l'on a l'impression qu'il s'agit là , non pas d 'un simple détail de parure , mais d'une indication importante sur laquelle il con venait d'attirer l'attention du spectateur. Le même linteau
montre, à ses extrémités, deux någas anthropomorphes ren versés par des garudas. La lutte entre någas et suparņas est un thème familier aux sculpteurs hindous, mais ce n 'est que dans l'Inde du Nord -Ouest que les någas revêtent parfois , dans
MÉLANGES.
139
les représentations de ce genre, l'apparence d 'êtres humains. On peut donc supposer une filiation directe entre les sculptures de Sambór Prei Kủk et la plastique post-gandharienne, sinon
encore gréco-bouddhique, du temps des Gupta. ne Il serait intéressant, à ce propos, de savoir s'il existe une
relation quelconque entre les images décrites plus haut et le Kamratān añ Mucalinda, donateur généreux, dont le nom a été relevé sur les fragments d 'une stèle extraite des éboulis devant l'entrée de la tour. Cenom évoque celui du någaraja qui abrita de ses replis le Buddha menacé par une pluie diluvienne. Ainsi
que le constate M . L . Finot, il est curieux de retrouver, associé
aux vestiges d'une capitale pré-angkorienne, « le souvenir de
l'antique légendebouddhique» (1). V . GOLOUBEW . (1) Nouvelles inscriptions du Cambodge, B. E. F.E .-O ., t. XXVIII , nº 1- 9, p. 43.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE .
SÉANCE DU 14 MARS 1930.
La séance est ouverte à 5 heures sous la présidence de M . S. Lévi , président.
Etaient présents :
M " Lalou;MM .de Blonay, Bouvat, A .-M . Boyer, Buhot, CavaIgnac, COHEN , Eisler , FADDEGON , FERRAND, Foucher , Griaule, Grousset,
JABLONSKY, KhaïRALLAH , Macier , MARÇAIS , MINORSKY, Moret, Nao , Niki
TINE, Posener, Przyloski, Des Rotours , VIROLLEAUD, WARE, Weill, membres ; Benveniste , secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 14 février est lu et adopté. Sont élusmembre de la Société :
Mmes Schultz, présentée par M® STCHOUPAK et M . S. Lévi; SCHNURRENBERGER , présentée par M . Meyer et M . Foucher; MM . DUThuit, présenté par MM . Dussaud et GROUSSET; MOHAMMED Atiya, présenté par MM . Laoust et GAUDEFROY
DEMOMBYNES; Nykl, présenté par MM . Mançais et MassiGNON ; L . Roussel , présenté par MM . S . Lévi et GRIAULE ;
Tomomatsu, présenté par M “. Lalou et M . PRZYLOSKI.
Présentation d 'ouvrages : Mosaiques de la Mosquée de Damas , par M . FADDEGON.
M . G .-S . Colin étudie les chiffres arabes dits « de Fezn , usités princi
palementdans les actes notariés , etdéveloppeles raisons paléographiques et historiques qui l'ontconduit à leur reconnaître une provenance grecque. Il y aurait lieu de se demander si la numérotation de l'arabe classique,
· 142
BRE 930 1 .
JUILLET-SEPTEM
que l'on dérive généralement de l'Inde, ne procéderait pas , elle aussi, en dernière analyse , de lettres grecques employées comme chiffres. Observations de MM . Cavagnac , Eisler, A .-M . Boyer , S. Lévi, MARÇAIS. M . GRialle donne un aperçu des résultats de sa mission en Abyssi
nie , dans le Begamder. Il insiste sur les curieuses survivances de cultes locaux (de la jarre, du serpent, etc.) que le christianisme a assimilés,
et sur les pratiques qui les caractérisent. Il montre des peintures relevées dans les églises abyssines et qui s'inspirent de légendes chris tianisées ou de la vie quotidienne. Il a recueilli aussi un grand nombre de dessins enfantins qui con trastentagréablement avec la manière stylisée des peintures et des mi
niatures classiques.
Observations de MM . Mançais , Ersler, Weill . La séance est levée à 6 heures et demie.
SÉANCE DU 11 AVRIL 1930.
La séance est ouverte à 5 heures, sous la présidence de M . Sylvain Lévi, président. Étaient présents : Mes Cuisinier , Gallaud , HOMBURGER , Lalou; M - STCHOUPAK ; MM . BASMADJIAN , Bouvat, P . BOYER, FADDEGON , FOUCHER , DE GENOUILLAC , GRENARD , HUMBERT, JEAN, MINORSKY, Mossé, Nikitine, Pelliot, Przy
LUSKI, DES ROTOURS, SAKISIAN , SIDERSKY , TOPTCHIBACHY, Vosy-BOURBON, membres; Benveniste, secrétaire. Le procès -verbal de la séance du 14 mars est lu et adopté.
Sont élus membres de la Société : MM . G . Sarton , présenté par MM . GROUSSET et Bouvat; R . FOLLET, présenté par MM . Boyer et BENVENISTE .
M . SIDERSKY fait une communication sur l'époque des patriarches
hébreux, qu'il essaie de déterminer d'après une éclipse de soleilmen tionnée dans la Genèse, chap. XV, 12. La seule éclipse de soleil qui, du xxII° au XX° siècle avant J.- C ., ait été visible en Palestine, est celle
143 SOCIÉTÉ ASIATIQUE. du 24 août1939. C'est donc dans la première moitié du xx° siècle
avant J.-C . qu'il faudrait placer la vie du premier patriarche hébreu. Mº• HOMBURGBR étudie , à la lumière des constatations qu'elle a faites
précédemment sur les langues africaines , les rapports du nubien et du
vieil-égyptien , et fournit une série de correspondances qui unissent le nubien à l'égyptien d'une part, au copte de l'autre.
Observations de MM . SIDERSKY el BenvenisTE. La séance est levée à 6 heures et demie .
SÉANCE DU 9 MAI 1930 . La séance est ouverte à 5 heures , sous la présidence de M . Sylvain LÉvi, président.
Étaient présents : Me Lalou, MEYER; MM . Bacot, BASMADJIAN , Béridzé, Bouvat , Boyer , Bunot, EISLER , FADDEGON, Favre, Ferrand, Follet, HUMBERT KHiRaLLAH , MINORSKY, Nikitine, Pelliot, SIDERSKY, VIROLLEAUD,
membres ; BENVENISTE , secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 11 avril 1930 est lu et adopté.
Sont élus membres de la Société : MM . DUFRESNE, présenté par MM . S . LÉvi et J. Bloch ;
KELLER, présenté par MM . S. Lévi et STCHOUKINE ; Akashi, présenté par MM . S. Lévi et TomomatsU;
Kawasé, présenté par MM . S. LÉviet TomomatsU ; GALBIATI, présenté par MM . BENVENISTE et Renou ;
Fazy, présenté par MM. S. Lévi et GROUSSET. Ouvrages offerts à la Société : S. TOMOMATSU et H . Meyer, Dignaga, par M . S. Lévi; Rocznik Orientalistyczny, t. VI, et STCHOUKINE, Miniatures persanes du Louvre , par M . Ferrand ; Lettre turque à la Chambre de Commerce de Marseille, par M . FaddeGON. A ce propos, M . EISLER informe la Société que
M . FORRER a généreusement offert à la bibliothèque de l'Institut la grande carte archéologique de l'Asie Mineure qu 'il a dressée. M . BÉRIDZÉ fait un exposé sur l'influence française au cours du
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
144
développement de la littérature géorgienne (voir l'annexe au procès verbal ).
M . FaddEgon montre à la Société un agrandissement d 'une figure
tirée de Riefstahl, The date and provenance of the automata miniatures ,
XI, 2 (New York , 1929). Il y trouve un tableau des cryptogrammes ayant vraisemblablement la signification non de lettres , mais de chiffres , et correspondant à un abujād dont Al-Jazarī se serait servi. M . Eisler propose de voir, dans les cryptogrammes du tableau de
M . Faddegon, des signes zodiacaux. Il développe à ce sujet des consi dérations sur les noms et la valeur ancienne des lettres employées comme chiffres en Grèce et à Rome.
La séance est levée à 6 heures et demie.
ANNEXE AU PROCÈS -VERBAL .
LA GÉORGIE ET LES LETTRES FRANÇAISES.
Depuis que la Géorgie existe , elle cultive la poésie. Ses chansons populaires sont pleines d'ardeur poétique. Les chansonniers-improvisa teurs du pays , de même que les trouvères provençaux , chantent la
grandeur de la Nature, la noblesse de l'Amour, l'odeur enivrante du Printemps, le charme des Rossignols, toujours amoureux de la Rose , l'abondance de l'Automne et l’avenir de la Patrie. L 'invention de l'alphabet (11° siècle avant notre ère) , l'introduction du christianisme (Ivº siècle ), l'arrivée au pouvoir de la fameuse dynastie des Bagration (vº-XVII° siècles ) contribuèrent au développement des lettres géorgiennes. Partout, dans les chansons, comme dans les æuvres littéraires, c'est le vice qui est puni, c'est la vertu qui est récompensée. Après des luttes innombrables , après une décadence momentanée , la littérature acquiert une nouvelle force , et c'est ainsi qu'on arrive , vers la fin du xiº siècle , au fameux Rousthaweli , dont le génie et les maximes ingénieuses répandues çà et là dans sa Peau de Léopard, nous font penser souvent aux idées de Pascal (sur l'amour ), de Rousseau ( sur la vie sociale ) , de Gérard de Nerval ( sur l'amitié) , et de bien d'autres encore .
Le prince Mamouka Barathachwili (xvu siècle ), dans son poème
145 SOCIÉTÉ ASIATIQUE. didactique : L'Échantillon (), assume le rôle d'un Boileau géorgien ; vrai maitre des poètes, il précise , avec sa clarté et sa simplicité habi
luelles, les buts , le rôle social de la poésie , les moyens de simplifier la versification géorgienne, jusqu'alors compliquée. Saba Orbéliany, diplomate et écrivain , s'inspire des Fables de La Fontaine (+ 1695 ) et compose son chef-d'oeuvre : Le Livre de la Sagesse et du Mensonge, recueil de fables et contes didactiques , écrit en
excellent géorgien , où Maître Renard et le Loup , le Chameau et le Léopard , le Cerf et la Tortue, le Serpent et le Faucon , etc., jouent le rôle des hommes pour leur donner des leçons. L'auteur de cette œuvre, grand patriote du xviie siècle , était venu en mai 1711 à Versailles , quelques mois avant la mort de Louis XIV, pour exposer, au nom du roi Wakhtang VI (+ 1738 ), prisonnier des Persans, la véritable situa
tion du pays et pour demander au Roi-Soleil son intervention au profit de la Géorgie, martyre séculaire de sa foi et de sa fåcheuse situation géographique. C'est à cette époque qu'il fait connaissance avec les @ uvres de La Fontaine à Paris, et devient son plus fidèle admirateur. Le fabuliste et diplomate géorgien emploie toute sa prudence habi tuelle pour arracher la Géorgie (par le moyen du Protectorat français )
aux mains cruelles de ses persécuteurs , mais la mort du roi de France
( septembre 1715 ) abrège son espoir ; il est persécuté lui-même, exilé ensuite , et meurt à l'étranger, en 1725 , à Moscou . Le poète Gouramichwili (+ 1774 ) compose des vers sonores, en sui
vant les conseils de Barathachwili, de ce législateur de la poésie géor. gienne.
Les idées de ce poète du xyıuº siècle nous rappellent souvent celles qu 'on trouve dans les vers qui ont envahi les Leltres françaises aussitôt après la naissance des idées révolutionnaires en France.
Selon lui, les conditions de la vie sont pernicieuses , son aspect est illogique et conçu pour le malheur des êtres vivants. Le corbeau caresse
souvent la rose , et le rossignol se marie fréquemment avec l'épine. .. Les êtres invisibles, ennemis acharnés de l'humanité , ont introduit
dans cette vie agitée - la ruse et le mensonge, le dénigrement et la guerren . . .
Une haine fâcheuse a pénétré dans la vie de toutes les nations. Les réflexions profondes troublent le cæur sensible du poète ; il déplore a détresse de sa lyre inspirée . Personne autour de lui : ni fils , ni fille ;
loin de son pays il brûle , tout entier, pour sa Patrie plongée dans la (1) Tchachniki en géorgien . CCXVII.
10
PRIMERET NATIONALE .
JUILLET-SEPTEMBRE 193 0 .
146
souffrance. Pessimiste convaincu , David Gouramiçbwili déverse toute sa bile dans sa poésie tragique.
Un peu plus tard , le poète martyr André Chénier, se trouvant à l'étranger, reproduira Gouramichwili sans le connaître, dans sa poésie
Sans parents (Londres, 1782) : Sans parents, sansamis et sans concitoyens, Oublié sur la terre et loin de tous les miens. . .
Je me plains du sort, Je souhaite la mort. . .
Vers la fin du Xvu siècle on commence , en Géorgie , à s'initier aux
@ uvres littéraires françaises.
Les voyages au Caucase de Chardin , Tavernier et Tournefort contri buent à faire connaître la Géorgie en France . Les drames et les tragédies de Voltaire ( Alzire , un exemplaire à la Bibliothèque nationale en manuscrit, ancien fonds Géorgien nº 12 ,
Zaïre ), de Corneille ( L'OEdipe , Cinna , Le Cid ) , de Racine ( Esther ),
sont plus tard traduits par les lettrés du pays,dont il font l'admiration (xvulº- xıx° siècles ).
Le vrai fondateur du théâtre géorgien à Tiflis , Gerges Eristawi,
compose lui-même, au début du xix° siècle , plusieurs comédies, non sans subir l'influence de Molière. La meilleure, son ehef-d'æuvre dra matique, l'Avare , traite du même sujet, et s'indigne contre le même vice que l'Avare de Molière.
Dans sa comédie en vers La Folle , le dramalurge géorgien pleure avec émotion la mort tragique d'André Chénier et la fin déplorable de Gérard de Nerval.
Les œuvres de Molière trouvent plus tard des traducteurs : 1° Dimi tri Kipiany, patriole et homme de lettres; 2° le grand poèle Akaky Tzérétély ; et 3º Jean Matchawariany ( XIX-XX° siècles). A la tête des écrivains du xix siècle se place Alexandre Tchawtcha
wadzé, dont le chef-d 'æuvre poétique, les Différents ages de l'Homme (1836 ) fut inspiré par unedes poésies de V. Hugo.
Dans cette æuvre admirable , le prince géorgien déplore la fragilité , l'incertitude de l'avenir de l'Humanité entière. Le monde, selon lui, est né, comme un enfant, dans la souffrance ;
il est faux et difficile à comprendre. Ce sont les souffrances, les priva tions qui peuplent le chemin hasardeux de l'Humanité et qui conduit l'homme du berceau à la tombe. Aucun vice n 'est étranger aux
147 SOCIÉTÉ ASIATIQUE. humains : ni la cupidité et les exigences exagérées , ni le désir d'une
gloire éphémère, ni la frivolité. Le poids de l'existence pèse affreusement sur l'homme, l'inégalité des âges, des chances et des fortunes le tourmente sans cesse. La force de ses sentiments diminue et , enfin , la niort, précédée de maux de toutes provenances , lui chuchote à chaque instant : «Né dans la tristesse —
tu disparaîtras dans la douleurl. ..'. Le grand poète français, dont A . Tchawtchawadzé était un fidèle
lecteur, dans le texte original, s'exprimedans les mêmes termes dans sa poésie : « Où donc est le bonheur ?» (1830) : Ainsi l'Homme, ò mon Dieu , Marche sombre Du berceau Au sépulcre plein d'ombre. . .
V . Hugo.
Ainsi qu'Hugo, le poète géorgien a connu les heures tragiques de la disgrâce et de l'exil, ayant participé à la tentative de délivrance du pays en 1832.
Le célèbre auteur de la fameuse poésie Pégase , Nicolas Baralha chwili, de même que Lamartine, s'inspire de la poésie byronienne. Il chante sa douleur, il contemple la grandeur de la Nature créatrice , comme le romantique français, il s'élève en songeant à l'amour.
Lorsque l'actualité brutale, injuste et incertaine se dévoile devant le poète , il maudit l'existence et appelle Pégase , coursier ailé, à son secours, pour s'éloigner de ces lieux tristes et remplis de vice . Si je dois disparaître à mon heure dernière , J'irai seul, sans crainte , au devant de la mort,
dit-il.
C'est Pégase qui doit l'emporter dans le ciel , mais c'est le sinistre
corbeau , noir de corps et d'âme, qui l'escorte de ses cris cruels. Vole , Pégase (1) – prie le poèle — , vole, ignorant la fatigue, Plane , et disperse au vent mes souffrances infinies . . .
Ainsi que Lamartine, il appelle la mort pour ne plus subir les bles sures des Mèches parfois mortelles de l'existence. Pessimistes – ils
nomment tous les deux la Terre leur « exil, , le ciel, leur eséjour , la venue de la mort est leur but final. (1) Mérany en géorgien . 10 .
148
JUILLET- SEPTEMBRE 1930.
La beauté inspire profondément le poèle géorgien , et , comme Bau delaire, il compose un hymne éternel à la nature ; il chérit la mer, il caresse les flots de la Koura , qui divise en deux la ville de Tiflis , il écoute les oiseaux ( Au bord de la Roura , Esprit malin ), contemple les astres et l'arc-en -ciel.
Ainsi que l'auteur des Fleurs du Mal, il aperçoit que « sans cesse à ses côtés s'agite le Démonn. C 'est l'idée de la mort qui « fait vivre , tous deux à cet instant cruel ,
ils ne songent qu'à l'autre monde inconnu, plus supportable que celui d 'ici-bas.
Les poètes Orbéliany, A . Tzérétély, Elias Tchawtchawadzé, étaient de grands admirateurs de la pensée et des lettres françaises. Ce dernier, traducteur de poésies d'André Chénier, de Lamartine et
de Victor Hugo, consacre une de ses poésies à la ville de Paris. Il y exprime sa profonde sympathie pour la nation française, héroïque durant de longs siècles; il l'admire pour son ardeur chevaleresque , pour son empressement à servir sans cesse la cause sacrée de la liberté
et celle de la Patrie (Paris, 1898 ). A . Tzérétély , prince de la Géorgie occidentale , traducteur de La Fontaine et de Molière, promet dès le début de sa carrière poétique une impartialité digne de foi. r Mon encre , dit-il, est composée de
larmes et de miel, de fiel et d'acide. Les uns seront contents en goû tant les vers de ma poésie , les autres blessés et mécontents ; mais le
poète restera toujours impartial, car le rossignol fait vibrer également bien ses chansons variées, fût- il sur la rose , fût-il sur les épines.
Lorsque des nuages politiques imprévus assombrissent le clair ciel de son pays, dans les moments d'inspiration poétique, notre poète s'éloigne de son entourage perfide et envieux, il s'empare de sa lyre, symbole de sa puissance, il cherche ses images poétiques, ses rémaux et camées , tel le grand poète français, et les découvre dans la nature : Ma poésie n 'est nullement une chanson de rossignol, car la rose de mon
ceur est fanée . Les épines mortelles remplissent mon çeur blessé et le triste corbeau m 'annonce le emalheurn . . .
L 'avenir est aussi incertain que le souffle du zephyr, le passé est fâcheux, le moment actuel , anormal, indifférent parfois, et égoīste presque toujours.
Dans sa poésie Les différentes Nations, Tzérétély nous caractérise en
quelques mots l'esprit pratique des Anglais, et la persévérance ,
SOCIÉTÉ ASIATIQUE. 149 l'énergie , l'héroïsme en cas de danger national des Français. Ceux qui ont choisi pour devise : Liberté ,
Fraternité et Amour.
Leurs sciences , arts , lettres, philosophie se sont partout répandus, selon ce grand géorgien . Il m 'est impossible , dans une brève étude, d'insister plus longue
mentsur les relations spirituelles et littéraires des deux pays,mais une chose est certaine pour nous de la langue et de la vent dansdes leslettres, oltaire, Cs'exprime hoprimessouvent o:ul'amour ugo,infrançaises Hscience écrits géorgiens; La Fon
laine, Voltaire , Chénier, Lamartine, Baudelaire, et surtout Victor
Hugo, influencent certains écrivains , provoquent leur admiration et les touchent profondément.
[Nota : Parmi les philosophes et savants français, les plus populaires en Géorgie , on peut citer : Pascal , Rousseau , Pasteur, Taine, Bergson etGustave Le Bon.] En revanche, la Géorgie attirera l'attention de la France dès que Tavernier, et surtout Chardin , suivis de Tournefort (xvii'-XVIII° siècles )
auront publié leurs remarquables relations de ce pays. Ces voyageurs , ainsi que Mirabeau (dans ses deux lettres sur l'Orient), admirent entre autres choses la beauté des femmes , l'hospi talité et la galanterie des habitants. Alexandre Dumas père y passe plusieurs mois et dans ses trois volumes consacrés aux États du Cau
case l'appelle « le pays des beaux yeuxn. Le célèbre orientaliste Saint-Martin attire l'attention de Brosset, fameux linguiste français , un des fondateurs de la Société asiatique,
sur la Géorgie; ce dernier, ayant abandonné ses études chinoises , consacre toute sa longue vie ( 1800-1880) à la langue, à l'histoire et à la littérature géorgiennes. Son Art libéral ou grammaire géorgienne
(1828 , Paris ), son Histoirc de la Géorgie (1848 -1858 ) et ses Recherches linguistiques et archéologiques (1838 - 1858) sont devenues classiques. Une des rues de Tiflis porle le nom de Brosset et il est considéré comme le créateur de l'étude scientifique de la Géorgie et de l'Arménie .
Depuis lors la Géorgie se fait de plus en plus connaitre el plusieurs lettrés géorgiens voguent, malgré les temps difficiles, vers la France lointaine, assoiffés de la connaissance du français et des Lellres fran
çaises.
Théophile Gautier, dans son poème La Femme, nous présentera en
.
150
JUILLET - SEPTEMBRE 1930 .
quelques mots cette belle Géorgienne indolente , captive des ennemis , contemplant l'inévitable narghilé oriental. C'est ainsi que, peu à peu , la beauté géorgienne devient proverbiale et les nuances infiniment variées de la nature du pays, ses lieux poé tiques servirontde canevas à certains romans contemporains (Dekobra , Keun , etc.), sans parler de la meilleure des tragédies de Crébillon père Rhadamiste et Zénobie (1711), dont le sujet fut tiré par le dramaturge français de l'Histoire géorgienne du 1e siècle de notre ère. Le héros principal du drame est Pbarsman (+ 70 de J.- C .) , roi d'Ibérie, qui occupe le trône géorgien à Artanis, alors capitale du royaume. Cette tragédie a été traduite en vers géorgiens et éditée à Paris en 1929. )
Un autre Français, Achaz Borin , chercheur infatigable et intrépide voyageur au Caucase , donne la traduction complète ( en prose) de la
Peau de Léopard de Rousthaweli , et la fait paraître à Paris en 1886 .
Celte traduction obtint un vif succès et fut épuisée en quelques mois. Éloigné depuis plusieurs années de la Géorgie , en raison de sa
situation actuelle, il m 'est difficile de savoir quel intérêt porte la Géorgic contemporaine aux Lettres françaises. Ch . BéRIDZÉ.
COMPTES RENDUS .
Rudolph Said-Ruete. SAID BIN SULTAN ( 1791-1856 ), ruler of Oman and Zan zibar, his place in the history of Arabia and East Africa. - Londres , Alexander -Ouselly, 1929 ; XVIII-200 pages , avec une carte et 6 planches.
Le golfe Persique, l'Arabie méridionale et la côte orientale d'Afrique sont depuis longtemps en relations étroites et continues. Le régime des moussons de l'océan Indien rend aisés les voyages annuels des voiliers arabes de Mascate à Zanzibar et Madagascar, par exemple, en mousson de nord -est, et leur permet de revenir à leur port d'attache par lamous son de sud-ouest suivante. En fait , les Persans ont précédé les Arabes dans cette voie , si tant il est qu'ils ne leur aient pasmontré le chemin : on sait que la côte orientale d'Afrique était désignée à haute époque et
maintenant encore sous le nom de « pays du Zeng # j , ou des Zengs en 'omānais et en égyptien (« pays du Zenj ou des Zenjs , dans les autres dialectes arabes ) et que si n 'est pas autre chose que le persan
e nègres, dont la prononciation avec palatale sonore cache la véritable étymologie . Au x° siècle , Masʼūdí a voyagé dans le golfe d’Aden et sur la côte africaine et nous serions mieux informédes ports qu'il visita si on avait pu identifier son énigmatique île de glis ķanbalũ qu'on ne sait encore où situer (Prairies d'or , t. I, p. 232 et suiv.). C 'est vers cette
époque, en 230/941, qu'aurait été fondée Mogadišo (le Magadoxo de nos cartes) par des Persans zaydiyya de Sirāz qui, partis de l'île de Hor muz , firent d'abord escale à Mogadišo et Brava où ils trouvèrent installés déjà des Persans d'une autre secte. Continuant leur route , ils fondèrent une dynastie à Kilwa. Quelques-uns d'entre eux allèrent s'installer dans les iles Comores et même sur la côte orientale de Madagascar (1). (1) Cf. Gabriel FERRAND, Les sultans de Kilwa dans Mémorial Henri Basset,
t. I, p. 239 -260.
152
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
Les ports des deux côtes du golfe Persique prenaient une part active au commerce de l'Inde et de la Chine. Sīrāf fut d'abord le grand empo
rium de la région où fréquentaient les navires de la Chine; puis, les circonstances firent émigrer marchands et marins en 'Omān. La situa tion était difficile pour les uns et les autres : les petits sultans arabes entravaient plutôt qu 'ils n 'aidaient les opérations commerciales ; les
pirates infestaient le golfe. Tout était prétexte à conflit : la race, la religion et surtout les sectes religieuses : Persans et Arabes ; Sunnites , Cbiites , Wahhābites , Hārijites , sectaires de croyances d'autant plus
hostiles les unes anx autres qu'il s'agissait d'hétérodoxes d'une même religion. A ces causes nombreuses demésintelligence et d 'hostilité active, s'ajoute la présence de pirates redoutables aux populations côtières et aux marins du commerce. Chaque petit sultan est un dangereux chef de bande etla côte arabique à l'est du cap Musandam porte aujourd 'hui encore le nom sinistre de : côte des pirates. C'est seulement dans ces
toutes dernières années que l'Angleterre a mis un peu d'ordre dans ce chaos.
Depuis 1154/1741, règne à Mascate et à Zanzibar la dynastie des Āi bū Sa'id . Cette dynastie et les précédentes nous sont bien connues
par la History of the Imāmsand Seyyids of Omān de George P. Badger (t. XXXVII des publications de la Hakluyt Society, 1871 (1)). A cette époque, jusque vers la fin du xvun° siècle , le souverain arabe est encore imām abādite (ou ibāạite ). Les règnes de ces souverains ont eu si peu d 'importance que dans son Histoire des Arabes (t. II, p. 257-282), Clément Huart a pu épuiser le sujet en un court chapitre. L'un deux mérite , cependant,
une étude particulière et tel est l'objet de ce livre. Il est dû à une cir constance romanesque : un allemand établi à Zanzibar s'éprit d'une fille du sultan et futpayé de retour. La princesse arabe lesuivit en Allemagne après l'avoir épousé à Aden et s'être convertie au christianisme ). M . Rudolph Said -Ruete , l'auteur de ce volume, est le fils de la princesse Salma devenue Emily Ruete , et le petit-fils de Said bin Sultan ( lire : Sa'id bin Sultān , le nom et le titre complets étant : Sayyid Said Ahmed
bin Sulțān , d'après le cachet reproduit sur la couverture (3)). Il naquit (1) Par Salil ibn Razik. Elle va de 661 à 1856 et a été continuée par le traducteur jusqu'en 1870.
(2) Cf. Emily Ruete , Mémoires d'une princesse arabe , trad. franç., Paris, 1905, in -8°.
(3) L'auteur qui n'est pas arabisant, a transcrit uniformément Said qui est ſautil dans les deux cas , qu'il s'agisse de la Sayyid ou de keu Sa'id .
COMPTES RENDUS.
153
en 1791 et monta sur le trône de Mascate en 1209/1804 . Les premières années de son règne furent employées à consolider sa situation , et à lutter contre les pirates ķawāsim et contre les Persans, avec des aller
natives de défaites et de victoires. Ces opérations de guerre qui ont été contées en détail, ne valent que d'être sigualées ici (cf. p . 18 et suiv.).
Mais Sayyid Saîd pensail à la partie africaine de son royaume et avait sans doute hâte d'aller y faire acte de souverain ; il n 'avait pu jusqu'alors que s'y faire représenter par un agent. Il se rendit personnellement à Zanzibar en 1829, et essaya d 'imposer son autorité sur la côte orientale d'Afrique; mais la campagne fut infructueuse et il retourna à Mascale en 1830. Même insuccès dans l'attaque de Soḥār, au nord de Mascale. Successivement, Sayyid Şaīd élait tantôt à Zanzibar, tantôt à Mas
cate ponr sauvegarder ses intérêts dans l'une et l'autre de ses deux possessions; mais c'est Zanzibar surtout auquel il s’altacha. C'est là aussi qu'il entra en relations avec les puissances étrangères : la France , l'Angleterre qu'il connaissait déjà , étant à Mascate , pour avoir eu de
fréquents rapports avec le gouvernementdel'Inde, et les États-Unis d'Amé rique. Dans cette partie , la plusnotable de sa carrière (p. 130 el suiv .), il semble avoir recherché le contact avec les Européens dont il appré
ciait sans doute les connaissances, avec l'intention de les acquérir et les utiliser pour le bénéfice de son pays. Ceci est tout à son crédit , car il ne montra jamais la xénophobie de ses parents et compatriotes de
1"Omān . L 'hommeest sympathique : il fut généreux, libéral et juste , et ce sont de remarquables qualités pour un souverain , surtout pour un souverain oriental. Les relations des marios et voyageurs européens en témoignent (voir p. 151etsuiv.). Bien qu'il eût épousé plusieurs femmes arabes el persanes, il fit demander sa main à la reine de Madagascar , alors veuve, en 1833. Comme il réclamait en même temps l'aide de 2 .000 hommes à fournir pour faire campagne contre Mombasa , ce ma riage n'eul pas lieu. Mieux renseigné sur les meurs malgaches, il n'au
rait pas risqué uneproposition de cette nature qui était inévitablement vouée à l'insuccès (p. 91). Sir Percy Cox a écrit pour ce volume une introduction dans laquelle Sayyid Sa'id est dépeint comme one of the most remarquable and dis
tinguished actors who have crossed the stage of Arab history (p. XI)“. Si Sir Percy connaissait mieux l'histoire des Arabes , il aurait été moins
dithyrambique : trop louer nuill Sayyid Saîd fut un souverain remar quable dans la sphèremodeste où le fit évoluer le destin et c'est une assez belle oraison funèbre. Nous devons savoir gré à M . S.-R . de nous avoir donné celle utile
154
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
monographie du règne de son grand père qui méritait d'être exposé en détail.
Gabriel FERRAND.
Walter GottSCHALK. KATALOG DER HANDBIBLIOTHEK DER ORJENTALISCHEN AB
teilung [der Preussischen Staatsbibliothek ). — Leipzig , Otto Harrasso
witz , gr. in -8°, x1 + 573 pages. Ce catalogue des livres de référence de la Bibliothèque Nationale de
Berlin a loutes les qualités qu'on peut demander à une publication de ce genre . Les livres de référence dont il s'agit sont divisés en huit sec tions : I. Généralités (histoire de l'écriture et de l'imprimerie , histoire
de la littérature, bibliographie, biographie , histoire des sciences. L 'bis toire de la littérature comprend : l'Asie occidentale , l'Asie orientale , l'islām et la littérature arabe, la Perse, la Turquie ; l'Asie Mineure , Syrie et Mésopotamie , l'Arménie , le Caucase, le Turkestan russe, la
Sibérie et les peuples turks , l'Inde et l'archipel malais; le Tibet, la Mongolie et la Mandchourie , la Chine, le Japon et la Corée , le boud dhisme, le manichéisme, le christianisme en Orient; l'Egypte et le Sou
dan égyptien , l'Abyssinie , l'Afrique du Nord; les langues africaines , le judaïsme postbiblique). II. Catalogues de bibliothèques et histoire des bibliothèques (biblio
thèques publiques et bibliothèques privées ); III- V. Langues et littéra tures orientales ; VI. Langues et littératures africaines; VII. Histoire , ethnographie, religions nationales; VIII. Religions universelles (boud
dhisme, manicbéisme, islām , judaïsme postbiblique , christianisme en Orient).
Suivent des additions el corrections. Un index alphabétique des noms
d'auteurs termine le volume (p . 485-573). Grâce à cet index et à la table des matières détaillée qui ouvre le volume, on peut rapidement Trouver l'ouvrage qu'on cherche , dont la cote est indiquée. Ce volume fait honneur au bibliothécaire qui l'a conçu et en a sur
veillé l'impression. M . G . a doté sa bibliothèque d'un nouvel et excellent instrument de travail. Qu'il en soit remercié , ainsi que le directeur gé néral de la Bibliothèque prussienne et le directeur de la section orien tale de l'établissementberlinois. Gabriel FERRAND.
COMPTES RENDUS.
155
Konrad MILLER. MAPPAE ARABICAE, Arabische Welt- UND LÄNDERKARTEN ,
IV Band , Asia II, Nord - und Ostasien, mit Beiheft : Islamatlas nº XIII-XX, herausgegeben von — , - Stuttgart, Selbstverlag des Herausgebers , 1929. La publication de cet important travail se poursuit de la façon la plus satisfaisante , et on ne saurait trop en savoir gré à l'auteur. Le fascicule
actuel traite de l'Arménie et Adarbayjān ; Jibāl et Irāk ‘ajami, Tabaristān et Daylam , grand désert persan ; Seistan (arab. wlins , qui est à lire Sagastān, ainsi que l'exige l'étymologie ); Horāsān , Huwārizm , l'actuelle Khiva ; Transoxiane, en arabe fill Bly lo rece qui est derrière le fleuven ,
l'actuel Turkestan occidental. Ces pays et régions sont indiqués par les géographes arabes comme pays d 'Islām . Suivent les pays hors de l'Islām dans le nord-est : Turks occidentaux; les pays septentrionaux et les
peuples de l'Asie ,de la Caspienne à l'Altaï; les pays mythiques d'après le récit de voyage de l'interprète Sallam en 842 et Ptolémée; le mur
des Mongols ou d'Alexandre le Grand et la limite de nos connaissances dans le nord -est; au delà du mur ( p. 55- 96 ). L'Islamatlas nº XIII contient les reproductions des cartes suivantes :
Adarbayjān , Šibāl ou 'Irāķ ‘ajamī, Tabaristān , mer Caspienne, grand désert persan, Seistān , Horāsān , Transoxiane ( p. 59*-92*). Chacune des cartes est reproduile en photographie , puis au trait avec transcription
des noms géographiques. Elles peuvent ainsi élre utilisées par les géo graphes et historiens non orientalistes. Dans le fascicule dont on a donné plus haut le contenu , on trouvera un examen détaillé de la partie envisagée d 'après la carte d'Edrīsī. Elle est d 'abord reproduite en noir , et une seconde carte au trait indique la
situation exacte des différents pays et villes mentionnés par Edrīsī. Pour l'Arménie , par exemple , le commentaire énumère les pays inscrits sur la carte : Ar-Rān , Adarbayjān , Haute Arménie , Basse-Arménie et
Petite-Arménie (l'auteur en donne quelquefois le nom ancien et les principales villes ; les fleuves ou rivières ; les montagnes , les routes de
communication ). Chaque section est ainsi éludiée en détail, avec des croquis spéciaux quand les circonstances l'exigent ( cf. par exemple , p . 68-69 pour le Seistān ; p. 70-73 pour le Horāsān ). Le croquis 164 , p . 84 , appelle quelques rectifications : il faut lire Hazar sur la Basse Volga , au lieu de Hozar ; Kiſsağ est sans doute la transcription exacte de la graphie orientale , mais il n'eut pas été inutile d'ajouter en des sous Kipčak , que cette transcription représente ; Bagargar ses est une
fautive pour aphie fautive pour jesjö Tuguz-oguz, une peuplade turque bien con graphie malement déformé déformé par upart par les for la plTibet les Arabes. nue, dont le nom a été généralement
w
est à lire ce Tubbat, qui est la vocalisation donnée par la plupart
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JUILLET - SEPTEMBRE 1930.
des textes arabes ; Hirhir by est sans doute ponr Hirhīz , jasne , les Kirgiz .
M . K . M . tient (p . 91) le voyage de Sallam pour réel, et il a parfai tement raison. L'article du comte Zichy dans le Körösi Csoma-Archivium (Budapest , 1922, 1, 3 , 190/204 ), dont on m 'a aimablement fait par
venir un exemplaire , est tout à l'appui de cette opinion. Dans ce cas, comme dans bien d'autres du même genre , les informations lacunaires qui nous sont parvenues sont généralement la cause de notre incerti tude, et tant de textes restent encore à retrouver !
La question du mur fameux de Gog et Magog est trop compliquée pour être traitée dans un compte rendu . Je me contenterai de dire ici que suivant les textes qui en font mention , il s'agit tantôt de la mu
raille de Chine et tantôt du mur élevé au Dagestan , dont Derbend est la porte ( en persan e barrière , passe , défilén, en arabe al-bāb « la porte ,
et bāb al-abwāb « la porte des portes n). Dans les deux cas, il s'agit d'une muraille de protection contre les incursions des Barbares. Tel est, en résumé, le contenu de ce nouveau fascicule et de l'atlas
quil'accompagne. On ne saurait trop remercier M . K . M . d'avoir mis à notre disposition ces précieux documents cartographiques éparpillés
dans un grand nombre de bibliothèques. Historiens et géographes du moyen âge pourront ainsi les utiliser aisément, ce qui doit assurer le succès de celle publication. Enfin elle touche à son terme, et nous pou vons espérer recevoir bientôt les derniers fascicules de cette pnblica
tion , qui était depuis longtemps attendue. Gabriel FERRAND.
Mathéa Gaudry. LA FEMME CHAQUIA DE L'AURÈs, étude de sociologie berbère .
Paris,librairie orientaliste PaulGeuthner, 1928; in -8° carré ,xvi-316 pages, avec une bibliographie , 49 planches et 65 figures.
Après avoir situé l'Aurès dans son milieu géographique et exposé brièvement son histoire, sa religion et son dialecte (p. 1-15 ), M - M . G . étudie en détail l'habitat de la femme, ses vêtements et ses ornements
(hygiène et soins corporels , chevelure , parfums, tatouages et bijoux, p . 40-48 ).
Le chapitre 1 traite de la condition sociale et juridique : constilution de la famille, la fille, la femmemariée (formation du mariage, fêles du mariage, vie conjugale , maternité , union libre , la veuve, la femme libre , la femme au point de vue successoral, les funérailles de la femme,
157 COMPTES RENDUS. p . 55 -133). L'activité de la femme : fonctions économiques ( travaux domestiques; alimentation et cuisine; travaux agricoles et élevage : tra
vauxdes champs, jardinage, élevage; travaux industriels : travaux de la laine,de l'alfa , fabrication des poteries, préparation des cuirs;séchage des fruits et légumes, de la viande et de la graisse ; fabrication de l'huile ,
du goudron ; construction de la maison , montage de la tente, p. 135 229 ).
Chapitre 11. La femme et la religion : femmes et marabouts ; mara
boutes , sorcières et tbībat edoctoresses» ; les fêtes religieuses (p. 230 279 ). Chapitre 11 . Notions générales sur les rapports des sexes en Aurès ; conclusion (p . 280-288). En appendice : la fabrication des bijoux, système de transcription ,
vocabulaire; table des gravures ( figures dans le texte et planches) et table des matières. Ce simple exposé montre combien l'information est abondante.
M " M .G .la recueillie sur place, mais elle était en quelque sorte pré parée à cette minutieuse enquête , étant née dans le département de Constantine , où elle a passé son enfance. L'étude entreprise embrasse la vie tout entière de l'Aurésienne, de l'accouchement de sa mère à sa mort , funérailles comprises. Les Berbères de cette région sont musul mans, resans piété , mais avec un fanatisme qui fait d'eux la proie des
marabouts » (p . 14 ). La vie de la femme est contée dans les moindres détails , el on ne saurait trop en approuver le plan et la réalisation . Chaque trait de meurs a été noté , son nom berbère indiqué; d'excel
lentes photographies viennent utilement préciser l'emploi de tel instru menl, le port de tel vêtement ou bijou. L'enquête est aussi complète qu 'on peut le désirer. Lemariage en Aurès est célébré soit devant le ķādī, qui l'enregistre dans un acte , soit verbalement devant la jmā'a berbère, et on recourt
généralement à cette dernière, tant les mours indigènes conservent d'autorité malgré l'islamisation du pays . Le divorce s'obtient facilement, et il est prononcé pour les motifs les plus futiles : il semble même que la nouvelle mariée fasse entrer le divorce dansses projets d 'avenir pro chain . Un grand nombre d'entre elles ont surtout le désir d'être complè- · tement libres dès la rupture légale de l'union qu'elles viennent de con -. tracter, et de rester un certain temps, plus ou moins long, 'azriya, Au
sens littéral du mol, la 'azriya est une femme qui n 'a pas de mari. Elle n'a pas de situation juridique spéciale. En fait , c'est une courtisane, (p . 121); cependant, wla 'azriya n 'est pas une prostituée qu'on relègue
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dans la honte , c'est une courtisane qu'on adule el qui demain rentrera dans la vie régulière , (p. 129 ). Le fait est tout à fait curieux et inat tendu en pays d'Islām ; mais c'est là sans doute une vieille pratique indi
gène, qui a survécu avec assez de force pour contrebalancer victorieuse ment l'influence musulmane, résolument hostile à de pareilles pratiques. L'état de 'azriya a tant d'attraits pour l'Aurésienne que les mères l'es
comptent à l'avance pour leurs filles non mariées ( cf. l'anecdote de la page 121 infra ). Dans ses Souvenirs et visions d'Afrique, Masqueray rapporte le fait inattendu qu'en pays berbère du Djurdjura, la propre fille du maître de maison dont on reçoit l'hospitalité est offerte à l'hôte ,
en l'espèce un officier en mission (cf. Paris , 1894 , in -12, p. 351 357), dans une région moù les femmes sont gardées par les hommes avec une jalousie féroce, (ibid . , p . 251). Ces deux coutumes berbères, actuellement encore vivantes , sont aussi étrangères que possible au
monde de l'Islām el valent d'être particulièrement signalées. M ** M . G . ajoute même: Parmiles Aurésiennes , qui toutes jouissent
d'une situation prépondérante et ont une puissante influence sur les hommes, les 'azriyat sont celles dont l'autorité est la plus forte., Au moment où elle le juge convenable, la 'uzriya revient à la vie régulière par un second mariage, et sa licencieuse conduite passée n 'entraine pour elle aucune déconsidération . J'ai insisté sur ce côté de la vie féminine aurėsienne parce qu'il est
inattendu chez des musulmanes; M " M . G . a eu parfaitement raison de le mettre en lumière.
Ce volume, dont je n'ai pu qu'indiquer le riche contenu , est tout à fait excellent, et son auleur doit en être chaleureusement félicitée. Doc
teur en droit et avocat à la cour d'appel d'Alger, Mme M . G . a eu la main beureuse en traitant un pareil sujet. On ne peut s'empêcher de souhaiter que cette élude de sociologie berbère ne reste pas isolée : la matière est assez vaste pour que de nouveaux travaux lui soient consa
crés. L'anteur de ce beau volume est plus que personne qualifiée pour continuer une enquête de ce genre. Gabriel FERRAND.
Yusuf Husayn. L 'INDE MYSTIQUE AU MOYEN AGE , Hindous et Musulmans. — Pa ris , Adrien Maisonneuve , 1929; in - 8°, XVI-211 pages. Ce livre est divisé en neuf chapitres : 1. L 'arrivée de l'Islām dans
l'Inde; II. Les cultes bindo-musulmans dans l'Inde du Nord ; JII. La
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bhakti; IV. Kabir et son enseignement; V . Les Kabīrpanthis (ou secta teurs de Kabir ); VI. Nanak , le réformateur du Panjāb ; VI). L'influence de l'Islām sur les poètes Bhagats ; VIII. Le soufisme dans l'Inde; IX . L 'humanismemystique de Dārā Sikūh .
Le but que se propose l'auteur est de montrer quels ont été les résul tats du contact religieux et culturel de l'Islām et de l'Hindouisme. A vrai dire , ces résultats auraient dû être plus considérables encore que ce que nous constalons à l'heure actuelle . En effet , la mort de Harșa , en 648
de notre ère , sembla déchaîner dans le nord de l'Inde toutes les forces ,
naguère latentes , de la désorganisation; le pays se trouva du jour au lendemain en proie à l'anarchie politique et sociale , ainsi qu'à d'innom brables discordes religieuses, (p . 5). Circonstances favorables pour les Arabes qui viennent de débarquer au Mekrān et de s'en emparer en 23/ 644 . L'Inde leur esl pratiquement ouverte. Sans doute la religion et la vie musulmanes sont faites pour choquer des Hindous dans une large
mesure;mais l' Islām ne connaît pas les castes et laisse son fidèle circu ler librement par terre et par mer au gré de ses besoins commerciaux
ou simplement de sa fantaisie. Ces deux particularités, qui ontune si grande importance pour des Hindous, auraient dû les attirer en masse à la religion nouvelle en pleine expansion à travers le monde. Ce ne fut pas le cas , et on peut s'en étonner. Il semble que la pratique de la
liberté était moins indispensable aux Hindous que nous pouvons le sup poser, et qu'ils supportaient autrefois assez allègrement la dure tyrannie des brabmanes. En fait, après des siècles de souveraineté musulmane , l'Inde posséderait actuellement quelque 70 millions de musulmans
contre plus de trois fois le même nombre d'hindouistes ! Et ce qui est plus grave, aucun accord sérieux et durable n'a pu s'établir entre ceux-ci
et ceux-là , au grand détriment des uns et des autres. L 'islamisme embrassé par les Hindous ne s'est pas maintenu par de tout alliage. Dans l'Inde, comme ailleurs, en Asie et en Afrique, la foi
nouvelle s'est indianisée. Le musulman hindou, quelle que soit la secte musulmane à laquelle il prétend se rattacher , a conservé un grand
nombre de pratiques anciennes, qu 'il a inconsciemment incorporées à la religion nouvellement adoptée. C'était également attendu , et on en relèverait facilement des exemples identiques partout : en Perse , dans l'Afrique du Nord et . . . eu Arabie même; le phénomène est humain.
Il est donc plus exact de parler d’hindo-musulmans,c'est-à-dire demu sulmans ayant conservé un certain nombre de pratiques hindoues, que de «musulmans de l'Inden , autrement dit de sunnites ou de chiïtes nés et habitant dans l'Inde. Le culte des saints musulmans est général
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dans l'Aryavarta: chaque localité , pourrait-on dire , a le sien ; quelques uns sont même d'authentiques saints bindous, de même que de purs hindouistes rendent également un culte à d'authentiques saints musal mans. Le syncrétisme hindo-musulman est complet dans ce domaine.
Tout hindou qui pense a le sentiment profond de l'immoralité da régimedes castes. Dans le passé , aucun brahmane n'a songé à le faire disparaître , nimême à en atténuer les effets , et dans le présent très peu d'entre eux sont disposés à abandonner en totalité ou en parties leurs
inconcevables prérogatives. Ainsi s'explique que la protestation n'est venue que des basses classes (p . XIV ). Kabir ou Kabirdas est , d'après la légende, le fils illégitime d'une veuve brahmane. Ponr échapper aux conséquences de sa faute , elle jette le nouveau-né dansun étang , où un tisserand musulman le recueille et l'adopte , d'où son nom arabe de
kabir rle grand ,. Il serait né dans les dernières années du xivº siècle. Le guru Nānak a vécu au xv° siècle ; il s'est inspiré de l'enseignement de Kabír.
L'influence de l'Islām a été considérable sur les Bhagats. Ces réfor
mateurs ont prêché leur foi ardente en un dieu personnel et en une loi morale qui régit lemonde. Ce quiles caraclérise tous, c'est leur parchi intellectualisme“ , ainsi que leur altilude envers l'orthodoxie » ( p. 118 ). Et l'auteur montre à l'aide de textes les traces de l'influence islamique
sur les enseignements de cette école de la bhakti (ibid.). La communauté d'idées et de coutumes due à l'origine commune des Hindous et des Musulmans de l'Inde (il faut entendre que les uns et les autres sont nés dans l'Inde a été fortifiée par l'écleclismedes Bha
gats et des Soufis qui cherchèrent, consciemment, à rapprocher les deux religions sur des bases mystiques . . . Le jour où le mouvement
vers le rapprochement s'affirmera de nouveau , ce ne sera plus sur des bases mystiques. „ Ainsi se termine ce livre, et la menace transparente
contenue dans la dernière phrase n 'est pas sans laisser le lecteur dans l'angoisse.
Je n'ai examiné que les côtés les plus importants de cet excellenttra vail. M . Thomas W . Arnold , qui l'a préfacé ,en dit le plus grand bien . Je joins volontiers mon approbation à la sienne et en recommande la
lecture. Un grand nombre de textes serventde base à la démonstration de l'auteur ; sa thèse n'en a que plus de prix. L' Inde mystique au moyen
åge fail honneur à M . Yusuf Husain et lui a justement valu le grade de docteur de l'Université de Paris.
Gabriel FERRAND.
COMPTES RENDUS.
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SUHRÅB. Das KITĀB ‘AGĀ'IB AL-AKĀLĪM 48-SAB'A , herausgegeben nach dem hand
schriftlichen unikum des Britischen Museums in London ( cod . 23.379 add.) von Hans von Mžik . – Leipzig , Otto Harrassowitz , 1930 ; in -8°, xvut 201 pages de texte arabe.
Ce volume est le tome V de la Bibliothek Arabischer Historiker und Geographen , publiée par M . von M ., dont deux volumes de textes (les tomes I et III ) ont déjà paru " .
Le nom de Subrāb reste énigmatique et nous ne le connaissons pas par ailleurs. S'agit-il d'un auteur de langue arabe de ce nom ou d'un
pseudonymede compilateur arabe ou de langue arabe? On ne sait ( p. v). L'incertitude est d'autant plus grande que le Livre des merveilles des sept climats est généralement et inexactement attribué à Ibn Serapion ( cf. t. I
de la Bibliothek , p. X-XI). D'autre part, le titre lui-même du présent ou vrage prête à confusion : son contenu n 'a rien à voir avec les 'ağā’ib ou
mirabilia de la littérature arabe; c'est un traité géographique des sept climats du monde connu à l'époque où il a été rédigé, entre 389 et 334 , c'est-à-dire entre gou el 945 de notre ère ( cf. t. I, p. x ). Dans la
préface du présent volume, l'éditeur a montré les relations étroites de ce traité avec le Kitāb surat al-ard de Muhammad ibn Müsā al-Huwā rizmi (t. III de la Bibliothek ).
Voici quel est le contenu du livre de Subrāb : Après quelques pages de prolegomènes , l'auteur énumère les villes des sept climats de l'æcoumène, chaque ville avec ses coordonnées; les mers de l’ocoumène, qui comprennent : la mer .occidentale extérieure du côté du nord ; la mer de l'Ifrikiya , de Barķa, deMişr, de la Syrie et de Rūm = Méditerranée ; la mer de al-Kulzum , du Sind , de l'Inde et de Chine, c'esl-à-dire la grande mer méridionale; la mer ténébreuse
Ailles amer séparée qui est située derrière l'équateurn; la mer du Tabaristān et du Daylam = mer Caspienne. La description des îles qui sont dans les mers est divisée en huit sec tions : les îles de la mer nord -occidentale extérieure, les îles de la mer
de Rūm , c'est-à-dire de la mer de Tanger et de Syrie ; les îles de la mer de Al-Ķulzum ou mer du Yémen , les iles de la mer Verte ou mer du Sind , de la Chine et de l'Inde; une section spéciale est consacrée à l'île
de Ceylan ; les îles de la mer de Başra ou mer de Perse; les iles de la mer du Gurgān , du ſabaristān et du Daylam = mer Caspienne; les lacs. (1) Pour ces deux volumes , cf. J. as., oct.-déc. 1926 , p. 340- 342, et avril-juin 1928, p. 364. CCXVII . ONIKERTE RATIONALI.
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JUILLET- SEPTEMBRE 1930 .
Suit la nomenclature desmontagnes des sept climats de l'oecoumène, en commençant par celles qui sont situées au sud de l'équateur. Le volume se termine par la description des sources el fleuves de la terre
babitée avec leurs affluents ( Tigre , Euphrate , Nil d'Égypte, Indus, Gange, etc.). Comme le Kitāb șūrat al-ard de Huwārizmi, l'æuvrede Suhrāb doit beaucoup à Ptolémée, mais elle contient en outre des indications que ne donne pas Huwārizmi et un grand nombre d'informations empruntées à
des sources musulmanes , surtout en ce qui concerne les monlagnes el les fleuves (p. 1x ). M . von M ., auquel nous sommes redevables de tant de beaux travaux
sur la géographie orientale , continue de nous rendre d'inappréciables services dans ce domaine. On ne saurait trop lui en montrer de grati tude. Ce volume de texte et les deux précédents (t. I et III) doivent paraître en traduction . On fait des veux pour que l'éditeur de la Biblio
thek puisse, commeil l'annonce, nous donner la version allemande du Kitāb sürat al-ard en 1932.
M . von M . a tiré, à son habitude, le nieilleur partipossible de l'unique manuscrit qu'il a eu à sa disposition. J'y reviendrai quand paraîtra la traduction. Gabriel FERRAND.
ANNUAL BIBLIOGRAPHY OF INDIAN ARCHAEOLOGY FOR THE YEAR 1928 , publiée par
l'Institut Kern de Leyde. - Leyde, librairie E . J. Brill, 1930 ; 1 +
146 pages et 12 planches. La bibliograpbie annuelle publiée par l'Institut Kern de Leyde con
tinue à paraitre régulièrement. Parfaite dès le début , la disposition pre mière de la bibliographie a été naturellement conservée. Une courte préface de M . Vogel nous informe que la subvention annuelle du gou vernement général des Indes Néerlandaises a été doublée : elle est portée de 1.000 à 2 .000 florins. L'Inde anglaise fournira désormais unc sub
vention annuelle de 600 roupies contre la remise par l' Institut Kern de 25 exemplaires de la bibliographie . Enfin , par un don de 500 florins , l'Institut royal de La Haye a permis de faire face à l'accroissement des
frais d'impression résultant du développement considérable de la biblio
graphie par rapportau premier volume. L'introduction rend compte du résultat des fouilles de Sir John Mar shall entreprises à Taxila , des récentes explorations de la mission fran
COMPTES RENDUS.
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çaise en Afghanistan ( comple rendu de M . J. Barthoux) , des explora tions de Sir Aurel Stein au Béloutchistan en 1927-1928 ; des murs de bois de Pātaliputra , des fouilles à Nālandā, du temple en briques de
Pabārpur; des antiquités bouddhiques découvertes en Birmanie et des nouveautés archéologiques de l'Indonésie et de l'Irān. Ceci et cela est illustré par des dessins et croquis dans le texte .
La bibliographie proprement dite contient 721 numéros, contre 540 pour l'année 1926 et un nombre égal (721) pour 1927. Le n° 27 : A . Cordier . Ser Marco Polo . Notes and addenda to Sir
Henry Yule's edition . .. , doit être rectifié et complété ainsi : in -8° de 161 pages, avec index et un frontispice, Londres, 1920 ( etnon 1928 ). Le présent volume contient une page d'addenda et corrigenda qui est à ajouter au volume précédent.
Ce m 'est un agréable devoir de répéter ici combien les rédacteurs de cette bibliographie annuelle méritent remerciements et éloges. L'Annual bibliography of indian archaeology est parfaite et on ne peut que lui sou haiter longue vie. Le comité de rédaction est actuellement composé de MM. J. Ph . Vo gel , N . J. Krom , J. H . Kramers, professeurs à l'Université de Leyde , et de M . CI. Fábri, secrétaire . Gabriel FERRAND.
Ting TCHAO - TS'ING. LES DESCRIPTIONS DE LA CHINE PAR LES FRANÇAIS (1650
1750). Préface de M . Henri Maspero. — Paris, Geuthner , 1928.
Si la Chine a été spécialement à la mode au xviº siècle , ce fut sur
tout grâce aux ouvrages écrits par les missionnaires français de Pékin . Aussi, M . Ting a-t- il été particulièrement bien inspiré en tâchant de nous faire connaître ces divers travaux. Il passe en revue les principaux livres composés par les Français , surtout par les Jésuites , entre 1650 et 1750. Il nous fait remarquer ( p. 63) , à l'aide de quelques exemples , lamédiocrité des traductions qui
nous sont données dans ces ouvrages , mais il fait très justement une exception pour le P. Gaubil (p. 34 et 41). M . Ting nous montre aussi ( p. 70) que du Halde n'a pas compris l'origine bistorique du sujet de la pièce : « L 'orphelin de la maison Tchao n . Ailleurs, il nous explique d 'une
manière assez originale la politique des empereurs de Chine à l'égard des missionnaires.
Il est regrettable que M . Ting ait limité son étude à la période com
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JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
prise entre 1650 et 1750, car il y eut encore des ouvrages français fort importants postérieurement à 1750 , entre autres ceux du P. Amiot,
(arrivé à Pékin en 1751), et l'Histoire des T'ang du P .Gaubil, qui furent imprimés à partir de 1776 dans les Mémoires concernant les Chinois.
M . Ting aurait dû, à mon avis, étendre ses recherches jusqu'à l'an née 1793, date de la mort du P . Amiot, dernier survivant de la mission palin française de Pékin .
Il est fâcheux aussi que M . Ting se soit parfois contenté de sources un peu surannées telles que : le Christianisme en Chine du P . Huc. Ainsi
il nous dit que Jean du Plan de Carpin pénétra en Chine au xi ou au x11° siècle; or, on sait d'une manière précise que le voyage eut lieu de 1245 à 1247 .
Quoi qu 'en dise M . Ting (p. 44 ), le Père de Mailla n'a jamais e traduit
du chinoisen mandchou , le Tong kien kang mou. Il s'estborné à traduire cet ouvrage en français en se servant du texte mandchou. En outre , le Tong kien kang mou n'est pas l'œuvre de Sseu-ma Kouang. Il fut com posé par Tchou Hi et ses disciples qui résumèrent le T'seu tche c'ong
kien de Sseu-maKeuang. M . Ting exagère un peu ,me semble-t-il, en disant que, si lesmission naires n 'ont pas parlé des philosophes chinois, c'est parce que les ridées
démocratiques et socialistes » de ces derniers les effrayaient. S'ils ont agi ainsi, c'est plutôt, je crois, parce que les philosophes chinois, à l'excep
tion de Confucius, n 'avaient pas la faveur officielle , et étaient un peu dédaignés par les Chinois de l'époque. Malgré ces quelques défauls , l'ouvrage de M . Ting estintéressant, car ilnous fail connaître la manière
dont un Chinois juge les premiers travaux des Européens qui furent écrits sur la Chine.
R . Des Rotours.
Tcean TSOUN-TGAUN
. Essai HISTORIQUE ET ANALYTIQUE SUR LA SITUA
TION INTERNATIONALE DE LA Chine (Etudes etdocuments publiés par l'Insti
tut franco -chinois de Lyon ). — Paris, Geuthner, 1929.
Dans cet ouvrage, M . Tchai retrace l'histoire des relations de la Chien
avec les puissances étrangères depuis la guerre de l'opium , en 1842, jusqu'à nos jours (mai 1926). Puis il nous expose les principaux pro blèmes internationaux sur lesquels la Chine fait porterses revendications, tels que la question de l'exterritorialité ou du tarif douanier . Dans l'ensemble , je comprends parfaitementl'indignation de M . Tchai
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165
re contre la tutelle imposée à son malheureux pays par des traités où a justice n'avait aucune parts. En effet, la politique des puissances à l'égard de la Chine futgénéralement inspirée par des ambitions impé
rialistes qui ne tenaientaucun compte du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Mais il n'en est pas moins vrai que la Chine a eu aussi ses torts , et l'on peut regreller que M . Tchai n 'en mentionne aucun ; un
peu d'impartialité ne donnerait que plus d'autorité aux jugements de l'auteur.
Pourquoi ne mentionne-t-il pas les vexations subies par les commer çants européens à Canton comme l'une des causes de la guerre de
l'opium ? Pourquoi ne parle-l-il pas du guet-apens de Tiong-tcheou puisqu'il s'indigne contre l'incendie du Palais d'été ? Enfin , même si l'on adoet en principe le bien -fondé des revendica tions chinoises , il faut reconnaître que l'état de trouble de la Chine n'en
courage point les puissances à abandonner leurs privilèges, et je trouve qu'étantdonné les circonstances, la Conférence de Washington de 1922, ne fut pas mun échec pour la Chine presque égal à celui qu'elle avait subi à la Conférence de la paixn. On ne peut pas non plus souscrire au jugement de M . Tchai (p. 198 ): La protection chinoise au bénéfice des étrangers a fait ses preuves et suffit à justifier le retrait de toutes ces troupes (d'occupation), , lorsqu'on songe aux événements de Nankin demars 1927. . L'ouvrage de M . Tchai est cependant intéressant, car c'est l'exposé du
point de vue chinois sur la question des relations internationales de la Cbine. C'est une bonne æuvre de polémiste , mais ce n'est pas celle d'un historien .
R. DES Rotours.
TSEN PAK-LIANG 16 RECHERCHES SUR QUELQUES MINERAIS CHINOIS DE TUNGSTÈNE ET DE MOLYBDÈNE (Études et documents publiés par l'Institut franco-chinois de Lyon ). — Paris, Geuthner, 1928. Chacun sait que la Chine est particulièrement riche en mines de toutes sortes. M . Tsen a pensé qu'il serait intéressant de nous faire con
naitre l'emplacementdes gisements de tungstène et de molybdène ainsi que la teneur de ces minerais. Je crois que ce travail pourra être appré cié des spécialistes. R . Des Rotours .
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Tsing TUNG-CHUN
. JUILLET-SEPTEMBRE 1930. # , DE LA PRODUCTION ET DU COMMERCE DE LA SOJE
EN Chine. (Études et documents publiés par l'Institut franco-chinois de Lyon). — Paris ,Geuthner, 1928 .
La Chine fut pendant longtemps le pays qui produisit le plus de soie dans le monde; en 1870 elle exporlait 74.183 piculs de soie alors que le Japon n 'en exportait que 11.810 . Actuellement, le Japon vient en
premier ; en 1925 il exportait 408.719 piculs alors que la Chine n'en exportait que 127.982. M . Tsing désirerait voir le commerce de la soie se
développer en Chine comme au Japon. Il nous renseigne tout d'abord sur la production de la soie. C'est dans la région de Canton que se trouvent les principaux centres d'élevage du ver à soie ; cette région produit à elle seule presque les 2/5 de l'expor tation totale de la soie de Chine. Puis vient la région de Chang-bai. C'est
dans ces deux centres qu'on a installé des filatures à vapeur modernes ; à Chang-hai et aux environs il y en avait 5 en 1890 et 98 en 1925 ; dans la province de Kouang-tong il y a actuellement 167 filatures de soie employant 84.000 ouvriers. La Chine a donc fait un cffort pour se mettre au niveau des autres pays au pointde vue industriel.
Cependant, les conditions du commerce mondial rendent parfois diffi cile l'écoulement de la soie. C'est ce que nous montre M . Tsing , dans la
deuxième partie de son travail en nous décrivant les divers marchés mondiaux de la soie avec leurs goûts divers.
Il faut tâcher d'améliorer les conditions dela production de la soie en Chine et surtout lâcher d'en abaisser le prix . C'est encore la Chine seule qui fournit les soies les plus fines néces
saires à la fabrication des soieries légères et des bas de soie.Malheureuse ment en Chine on ne sait pas encore se prémunir contre lesmaladies des vers à soie eton ne procède que d'une manière imparfaite au sélectionne mentdes espèces. Aussi a-t-on créé des écoles pour l'enseignement de la
sériciculture à Chang-hai, à Tchö -fou , à Nankin , à Canton et à Fou tchéou. Ces écoles ont déjà forméun personnel compétent pour l'élevage des vers à soie , et elles fournissent aussi des espèces sélectionnées.
Il reste encore beaucoup à faire et M . Tsing se rend compte que les améliorations ne pourront pas êtremenées à bonnefin rapidementparles seulsmoyens dont dispose la Chine, il préconise donc une collaboration sino-française qui ne pourra s'exercer que pour le plus grand profit des deux pays. L'ouvrage de M . Tsing est bien rédigé et nous donne une bonne vue d'ensemble sur l'état actuel du marchéde la soie.
Qu'ilme soit permis de regretter que l'Université de Lyon ail adopté
COMPTES RENDUS. 167 un système de transcription des mots chinois qui diffère de celui ensei
gnéà l'École des langues orientales vivantes de Paris et adopté par la plupart des publications scientifiques relatives à la Chine. R . DES ROTOURS.
Arménag Bey Sakistan . LA MINIATURE PERSANE DU XI AU XVII° siècle. Ouvrage accompagné de la reproduction de 193 miniatures , dont deux en couleur.
– Paris et Bruxelles , les Éditions G . Van Oest , 1929 ; grand in -lº.
Dans ce volume, M . Sakisian a repris et complété plusieurs travaux parus dans la Gazette des Beaux-Arts , la Revue de l'Art, La Renaissance , Syria et le Jahrbuch der asiatischen Kunst. Sa principale source a été le chroniqueur turc 'Ali, grand amateur d'art qui écrivait à Bagdad dans la seconde moitié du xviº siècle et avait à sa disposition des ouvrages
persans que nous ne possédons pas. Il a également tiré profit des sources révélées par M . Blochet dans ses Notices sur les manuscrits de la collection Marteau , el complété le tout par l'étude des plus importantes collections deminiatures persanes qui soient : celles du Vieux-Sérail et de la Biblio thèque de Yildiz , à Constantinople , sans négliger les ressources offertes par les musées de Constantinople , notre Bibliothèque Nationale , le Bri tish Museum , etc.
M .S. regarde la miniature persane comme uneouvre essentiellement profane, pour ne pas dire anti-musulmane; l'extrême rareté des sujets religieux trailés par des artistes musulmans, le fait qu'en Perse on ne voit de représentations d'êtres animés , ni dans les mosquées , ni sur les
manuscrits du Coran , en serait la preuve . On a beaucoup discuté la question de savoir, si oui ou non , l'Islam avait interdit la reproduction de tout ce qui est doué de vie ; justifiée ou non , cette proscription a exercé une influence certaine, même chez les Persans, qui, à l'encontre des Turcs , n'étaient pas iconoclastes. Il faut distinguer les miniatures an véritable sens du mot, c'est-à-dire les sujets à figures , des enlumi
nures , vignetles ou pages ornées dites tadhib : c'est à tort que le nom de l'enlumineur,mudahhib , est parfois traduit par cedoreurs , et on devra remarquer que rarement un artiste est à la fois peintre et enlumineur
(p. xii). Des survivances de l'art sassanide sont manifestes dans la peinture
persane: des influences étrangères le sont aussi. Une tradition rapportée par Firdawsî veut que Manī ait, sous les Sassanides , apporté la pein
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ture de Chine en Perse ; cependant M . Von Le Coq a découvert à Kho tcho, avec deux miniatures manichéennes où l'on reconnaît l'influence de Bagdad , des fresques où l'art chinois se combine avec le style abbaside (p. vii ). C'est au x° siècle de notre ère qu'il est , pour la première fois , question de peinture chez des Musulmans; à cette époque, des artistes chinois auraient illustré la traduction de Bidpaï par Rūdegi. Les fresques, au siècle suivant, décoraient les palais , et le célèbre calligraphe arabe Ibn Al-Bawwāb , de Bagdad , aurait été, à ses débuts, peintre de
corateur ( p. vi). On peut être surpris de voir la miniature présenter une pareille unité dans un pays aussi morcelé que la Perse du moyen age. Dans son pre mier chapitre M . S. n'a pas de peine à expliquer cette contradiction apparenle par l'état social des conquérants , Turcs et Mongols . gens primitifs qui adoptèrent facilement la civilisation iranienne et furent, pour les artistes, des mécènes généreux. Le rôle des cours et des migra
tions artistiques qu'elles provoquèrent explique le développement har monieux de la miniature jusqu'au xviie siècle. M . S. passe ensuite en
revue les diverses écoles : 1° orientale, ou prémongole, du xi siècle , qui survécut à l'invasion , et dont les représentants portèrent au loin leurs méthodes, dont un extrême réalisme et une influence chinoise marquée sont les traits dominants ; 2º de Bagdad , au XII° siècle : c'est une école arabe très diſérente de l'école persane, sur laquelle elle a influr, et qui a emprunté aux Byzantins les ombres ; elle disparait après 1258 , mais ses procédés ont été conservés dans les pays qui, comme l'Égyple , n 'ont pas subi la domination mongole ; 3ºmongoledu xivº siècle , ( chap. iv) , qui se crée après 1258 , persiste sousles Timourides et atteint son apogée dans la secondemoitié du xv°siècle , en Khorassan : elle reste soumise à l'influence chinoise et n'emploie pas les ombres; 4° timouride , du xv° siècle (chap. v) : localisée dans le Khorassan , où les centres artis tiques et les princes amis des arts étaient nombreux , elle se distingue par une grande finesse d 'exécution et une échelle très réduile des
figures ; 5° du livre, de Hérat : la polychromie en est le caractère essen tiel, et l'influence chinoise y est d'autant plus marquée , que les rela
tions de la Chine avec Hérat étaient des plus suivies , et que les œuvres
chinoises étaient prises pour modèles. La calligraphie en couleurs, rengnevīs, et l'introduction des ægrotrsques , dans l'ornementation y sont d'un usage fréquent. Mohammed El- Hayyām , 'Abdul-Hayy et le célèbre Behzad qui, sans être à proprement parler un chef d 'école, eut
une influence prépondérante sur l'école séfévie, et son élève Seibzādè , en sont les principaux représentants (chap . vi ). Au xvie siècle , les
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artistes persans de Hérat et de Boukbara continuent la tradition limou ride, et un merveilleux manuscrit de Mir 'Ali Sir, conservé à la Biblio
thèque nationale (Supplément person , 316 ) , montre quelle perfection ils pouvaient atteindre (chap. viii). 5° séfévie , du xviº siècle : plus souple et plus riche que celle de Hérat, dont elle procède, elle sabil des influences variées : chinoise à l'Ouest, européenne avec Behzad , du moins pendant un certain temps (p. 104 ). Nombreux sont les maîtres d 'alors ; l'un d 'eux, Vélī, était considéré comme l'égal de Behzād ; 6° séfévie , du xviº siècle. C 'est une époque de décadence , et le plus grand artiste d 'alors, en même temps le dernier des grands maîtres de la Perse, appartient autant au xvi° siècle qu'au xvn . Ridāyi-Abbāsī per sonnifie le mieux la peinture d 'alors , avec son manque d'harmonie, son
emploi arbitraire des couleurs , ses têtes modelées et ses ombres qui dénotent une influence occidentale de plus en plus marquée : avec l'Europe, les relations devenaient de plus en plus suivies ; peintures et
gravures européennes étaient recherchées en Perse , et Šāh 'Abbās , qui avait des étrangers à son service , fit appel plusieurs fois à des
peintres hollandais. Avec le lemps, la décadence ne fera que s'accentuer ; on ne peutmentionner, au xviiº siècle, que quelques rares portraits , comme ceux de Nādir Sāh et de son arrière petite-fille , Quvres de grande allure et de beau style .
Ignorées ou dédaignées il y a moins de trente ans, les miniatures persanes ont obtenu , surtout après les Expositions d'art musulman de Munich (1910) et du Musée des Arts décoratifs de Paris (1912 ), une
voguequi a pu diminuer, mais s'est toujours maintenue chez nous et a provoqué de nombreuses publications, contenant des erreurs que
M . S. rectifie. On pourrait lui reprocher certaines transcriptions plus ou moins exactes : muzéhab pour mudahhib (p. XII); nighar pour nigār
(p. 11); ces légères défectuosités ne nous feront pas oublier les mérites de son cuvre.
Lucien Bouvat.
Lopes de CastanHEDA. HISTORIA DO DESCOBRIMENTO DA INDIA PELOS PORTO
GUESES (1553-1561). Thirty -one chapters of the lost - Livro IX , re-discovered and now published for the first time by C. Wessels S. J. With a facsimiles. – The Hague, Martinus Nijhoff', 1 129; gr. in -8°, 76 pages.
Le texte complet de l'Histoire de la découverte des Indes par les Por
tugais, par Lopes de Castanheda, n 'a jamais été publié. On a prétendu
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que Dom João III avait interdit l'impression des livres IX et X , les der niers de l'ouvrage, parce que l'auteur y avait parlé trop librement de
l'attitude de certains gentilshommes au second siège de Diu .Chargé, par le cardinal Henriques , d'écrire l'histoire des découvertes et de la colonisa
tion portugaises aux Indes , et surtout de l'auvre desmissions chrétiennes , l'Italien Maffei vint en Portugal en 1580 recueillir les matériaux néces--
saires. A sa mort,en 1603, ses papiers furent versés dans les archives de la Compagnie de Jésus, où le P . Wessels a retrouvé une copie de trente et un chapitres du livre IX de Castanheda. Cette copie donne-t-elle le
texte original, sans retranchements , ni modifications ? L'éditeur pense que oui. Les trente el un chapitres qui viennent d 'être publiés pour la
première fois comprennent toute l'année 1538 et le début de 1539, soitquinze mois environ, période pendant laquelle Nuno da Cunha se démitde sa chargede vice -roi , qui fut donnée à Dom Garcia de Noronha.
Le P .Wessels a publié ce texte important dans son orthographe origi nale , et l'a fait précéder d'une savante introduction; mais on regrellera qu'il n'y ait pas ajouté denotes. Lucien Bouvat.
Ars Asiatica . Études et documents publiés par Victor GoLoubew sous le pa tronage de l'École française d 'Extrême-Orient. XVII. Les miniatures orien
tales de la Collection Goloubew au Museum of Fine Arts de Boston , par
Ananda K . CoomaraSWAMY. Avec un avant-propos de Victor Goloubew. Paris et Bruxelles, les Éditions G . Van Oest, 1929 ; grand in -8°, avec 88 planches. Formée de 1908 à 1911, la collection Goloubew , dont quelques pièces avaient figuré à l'Exposition d'art musulman de Munich , en 1910 , et dont la totalité avait été exposée au Pavillon deMarsan , en
mai 1912 , fut acquise , en 1914 , par le Museum of Fine Arts de Bos lon , qui, à la demande de M . Coomaraswamy, autorisa la présente
publication , dont toutes les notices seront reproduites dans le catalogue général du musée . Dans l'avant-propos, M . Goloubew rappelle comment les peintures du temps des Timourides et des Séfévis , ignorées, ou peu s'en fallait , il y a peu d 'années encore, furent tirées de l'oubli par
quelques amateurs, et la vogue prodigieuse dont elles jouirent : « En somme, ce fut comme la découverte , en pleine Asie musulmane, d'un Quattrocento nouveau , absolument insoupçonné jusqu'alors et qui
avail connu, semble-t-il, le même idéal de beauté que le Quattrocento
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prérapbaéliste de Ruskin .. . ( p. 6 ). Cette vogue, qui atteignil son apo gée avec l'Exposition de 1912, dura peu : - Aujourd 'hui, la miniature persane n'est plus un art d'actualité. Les Parisiennes ne s'habillent plus à la façon des princesses tartares et nos bijoutiers ont cessé d'imiter les parures du doux Hūmāyün . . .. (p. 9 ). M . Goloubew , en quelques mots , définit une époque ou une école : une riche polychromie et la
pureté des couleurs distinguent Behzād et ses disciples ; l'excès de lyrisme annonce la décadence, où dominent le clair-obscur et la perspec live à l'européenne; trop mûri, l'art musulman de l'Inde est essen tiellement éclectique et imprégné du syncrétisme mongol; malgré ses défauts , il a produit des documents rétonnants de vie et de vérité ,
(p. 11). Il montre quelles influences étrangères subit l’art en Perse , dans l'Inde et en Asie ceotrale : Bagdad et la Palestine, le Khotan boud dhique et le Tourfan nestorien , la Chine des Yuan et des Ming , Byzance et Venise y ont leur part. Les cuvres composant la collection Goloubew ont les provenances
suivantes : 1°Mésopotamie : deux pièces , dont un feuillet daté de 1222
(n ” 1-2 ); 2° époque de Timour et des Timourides , 1380 -1302 : les numéros 3 , 4 , 5 , représentant des clepsydres et une machine à élever l'eau , sont à signaler ; 3° époque séfévie, 1502-1722 : plusieurs
groupes ou portraits pouvant être attribués à Bebzād (nº 30 -34), une page de mourakka' avec le portrait d 'Ustād Mohammedi par lui-même,
et le cachet de Sāh ‘Abbās (nº 43 ), une peinture exécutée par des artistes du Hitāy, étudiée par Karabaček (n° 55 a et b), et diverses euvres de Ridā -i-Abbāsī (nº 80-83); 4° Turquie : les funérailles de Murād V, par un artiste dont la manière rappelle celle de Gentile Bellini
(nº99 a ); 4° Inde : un excellent portrait de Jahāngir, par Aķa Riņā
(nº 110), diverses scènes historiques , le portrait d'un gentilhommepor lugais du début du xviiiº siècle (n° 128 ) et une curieuse copie, faite vers la même époque, de quelque peinture chrétienne (n° 129). Les
écoles de Sāhjahān et d'Awrangzēb sont représentées par un certain nombre de portraits de personnages historiques, contemporains ou non .
Au total , la collection Goloubew compte cent-cinquante-huit quvres, de provenances variées, allant du débutdu xiesiècle au milieu du xvnº.
M . Coomaraswamy, qui les a décrites avec toute la compétence et tout le soin désirables , a trouvé dans notre confrère, M . N . Martinovitch , qui a traduit les inscriptions arabes et la plupart des textes persans, un pré cieux collaborateur. Lucien Bouvat.
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CEYLON ZUR Zeit des Königs BHUVANBKA BĀRU UND Franz XAVERS 1539-1552.
Quelle zur Geschichte der Portugiesen , sowie der Franziskaner und Jesui lermission auf Ceylon , im Urtext herausgegeben und erklärt von G . Scuus
HAMMER und E. A. Voretzsch . — Verlag der Asia Major, Leipzig , 1928 ; 2 vol. in -8° à pagination continue, 11X111-727 pages, carte et fac-similé. Cet important recueil est précédé d'un résumé de l'histoire de Ceylan de 1539 à 1552 (p. 1-78 ), période très agitée où les gouverneurs , aux prises avec toutes sortes de difficultés, ne restent pas longtemps en charge. On voit se succéder D. Garcia de Noronba (1538 ), l'adversaire des Musulmans; D . Estevão da Gama (1540) : de son temps commence la compétition pour le trône de Köttē , que Māyādunnē s'efforce d'arra cher au roi Bhuvaneka Bāhu ; D . João de Castro ( 1542 ); D . João de Castro (1545 ) : en 1546 , a lieu l'expédition d'André de Souza , et , en 1547, celle de Moniz Baretto . En 1548 arrive un gouverneur paci fique,Garcia de Sá , qui conclut la paix. En 1549 , Jorge Cabral le rem place ; il est lui-même remplacé l'année suivante par D . Affonso de No ronha. Bhuvaneka Bāhu est tué; en 1551, les Portugais font contre son
rival, Māyādunnē, une expédition malheureuse, à la fois pour la domi nation portugaise et pour l'æuvre des missions chrétiennes : 25.000 convertis reviennent à leur ancienne religion .
Inédits pour la plupart, les documents publiés, avec beaucoup de soin et de nombreuses notes , sont au nombre de 142. Ils proviennent
de divers dépôts de Lisbonne : a. les Archives nationales de Torre do
Tombo; b. de l'Ajuda; c. de la Bibliothèque nationale; d.du Ministère des Affaires étrangères ; e. de l'Académie des Sciences; f. de la Biblio thèque Palba. Castello Branco, les archives municipales de Cologne, celles de la Compagnie de Jésus, en ont fourni plusieurs; une partie , enfin , avait été publiée dans divers recueils. Le plus ancien de ces docu
ments est une lettre de Miguel Ferreira à D . João III, datée de Goa , 26 novembre 1539 (n° 1). On trouve treize lettres de saint François
Xavier (nº 3, adressée à Ignace de Loyola , 17, 18 , 19, cette dernière étant pour D . João III, 20 , 21, 22 , 49, 62 , 74 , 103 , 104 et 115 ); cinq ont été écrites par divers religieux à Ignace de Loyola ( n " 3 , 28 ,
126 , 137, 138 ) ; sept sontde l'évéque de Goa (nº 80 , 81, 83, 87, 97, 98 et 110). Sous les nº 7-14 figurent huit décrets de D. João III con cernant Bhuvaneka Bāhu , dont plusieurs lettres figurent dans ce recueil (n° 4 , 15 , 34 , 54 , 75 , 111, 112, 117, 119 el 120); le numéro 94 est une lettre de son rival, Māyādunnē, à D . João de Castro. A mention ner encore le centième de ces documents : c'est une protestalion vébé
mente des Portugais de Ceylan , victimes de dénis de justice el témoins
COMPTES RENDUS.
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d'abominations qu 'ils dénoncent au gouverneur, D . João de Castro. Elle est datée du 27 novembre 1547. Lucien Bouvat.
JACQUES Bacot. UNE GRAMMAIRE TIBÉTAINE DU TIBÉTAIN CLASSIQUE. Les Slokas grammaticauc de Thonmi Sambhota , avec leurs commentaires , traduits du
libétain et annotés (A .M .G ., Bibliothèque d'Etudes, t. 37). – Paris ,
Paul Geuthner, 1928; in -8°, iv + 234 pages avec 14 planches.
« Le tibétain classique, dit M . Jacques Bacol dans sa préface , est comme ces jeux dont la règle est très simple ,mais dontla pratique est très compliquée.» Quiconque, après avoir compulsé une grammaire tibé taine conçue à l'européenne, s'est attaqué à un texte libélain bouddhi que, sans le secours de l'original sanskrit ou d'une version chinoise , reconnaitra la vérité de cette réflexion . En effet, la grammaire à l'européenne ne donne qu'une faible idée des nuances , des subtilités de syntaxe auxquelles a eu recours le tibétain
classique,langue littéraire, créée pour traduire à l'aide d'un vocabulaire
assez pauvre, le style à rornements, des textes indiens. Ce sont toules ces subtilités qui nous échappaient en partie ,' que la
grammaire indigène expose et qne M . B. traduit avec précision et clarté.
Dans une section (p . 181-223), intitulée trop modestement Conclusion , M . B. regroupe dans un cadre familier les éléments du tibétain littéraire et en explique le mécanisme, de sorle que, indépendamment de sa valeur historique et psychologique, cette grammaire, telle que M . B . nous la présenle , est un merveilleux instrument d 'enseignement. Marcelle Lalou.
GEORGES Marçais . LES PAÏENCES À REPLETS MÉTALLIQUES DE LA GRANDE MOSQUÉE
DE KAIROUAN (Contributions à l'étude de la céramique musulmane, IV). — Paris, Paul Geuthner, 1998 ; gr. in -4°, 41 pages et 26 planches dont deux
en couleurs et 17 figures.
Dernier élat des connaissances, quant à l'origine et à la date des car reaux de faïence à reflets métalliques, qui ornent la partie supérieure du
mihrab de la GrandeMosquée de Kairouan . M . M . discute la thèse ré cente de A. S. Butler ( Islamic pottery , a studymainly historical, Londres ,
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JUILLET -SEPTEMBRE21
930 .
1926 ) tendant à reporter au siº siècle la fabrication des carreaux, et croit à la véracité de la tradition qui leur altribue une origine mésopo tamienne.
Les éléments du décor : fleurons, palmes , jeux de fond , sont décom
posés en dessin linéaire et quelques motifs sont comparés au décor sculpté de Samarra . Les planches tirées en noir sont excellentes et olfrent, en dehors de leur valeur documentaire, des thèmes décoratifs
d'un grand intérêt. En appendice : La céramique de Abbásiya. Étudedes fragments trou vés dans un tell situé à 4 kilomètres au sud de Kairouan et conservés
actuellementau Musée du Bardo à Tunis. Rapprochement de ces tessons lunisiens avec la céramique archaïque de la Perse. Marcelle Lalou.
Fr. Weller. Tåusend BUDDHANAMEN DES BHADRAKALPA . Nach einer fünfsprachi
gen Polyglotte herausgegeben . — Leipzig , Asia Major, 1928; in -8°, INV + 269 pages.
Le travail de M . W . est une contribution importante à la lexicographie
bouddhique.Les mille noms des Buddha du Bhadrakalpa sont repro duits d'après un recueil polyglotte et les formes, ingénieusement pré sentées sur une seule ligne, sont immédiatement comparables en sans krit, tibétain , chinois , mongol et mandchou. En dehors de son intérêt linguistique, ce travail est précieux pour identifier les personnages des peintures tibétaines. J'ai pu ainsi restituer rapidement, grâce aux index , les noms sanskrits de cent Buddha figurés sur une peinture de la Collec tion Loo. Sans le travail de M . W ., l'identification des cent images eût été longue et probablement incomplète et inexacte. Marcelle Lalou .
E . H . Johnston. The saUNDARANANDA OF AśVAGHOşa (critically edited with notes); Penjab University Oriental Publications, Oxford University Press. – Lon
don , Humphrey Milford , 1928 ; in -4°, x1 + 171 pages.
Édition du texte sanskrit du Saundarananda d'après deux manuscrits conservés dans la bibliothèque du Mahârâja du Népal. Les travaux de
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COMPTES RENDUS.
Baston , Speyer,Hultzsch, Jacobi, Gavroński, ainsi que les noles récentes de Gurner ont été utilisées, mais M . J. parait avoir ignoré les Critical
Notes to Saundaranandakāvya de L .de La Vallée Poussin (B.S.O.S., 1918 , p. 133-140) qui contiennent pourtant plusdedeux cents corrections à l'édition de H . Šāstrī. Il semble aussi que les récits canoniques de la conversion de Nanda :
Nandagarbhāvakrāntinirdesasūtra du Ratnakūța et le passage correspon dant du Vinaya des Mūlasarvāstivādin seraient à rapprocher de la version poétique. Le traité d'embryologie qui est inséré dans ces récits est d'une rédaction toute différente dans les trois traductions tibétaines ; la compa raison des aventures de Nanda mettrait sansdoute en évidence des diver gences notables et il serait intéressant de pouvoir rattacher le poème à
l'une ou l'autre source. Cette recherche fournirait peut-être de bonnes indications pour la critique du texte, par exemple en ce qui concerne la curieuse liste de disciples du chant XVI,87-91.
L 'édition de M . J. est suivie d 'un excellent index des noms propres et des mots pris dans un sens technique. Marcelle Lalou.
Louis DeLaPORTE. ÉLÉMENTS DE LA GRAMMAIRE HITTITE. — Paris, Adrien Mai
sonneuve , 1929; in -8°, 111 + 188 pages.
Dès les premières lignes de son avant-propos, D . nous avertit que le seul but envisagé dans ces Éléments a été d'exposer d'une façon didac
tique les résultats obtenus par les nombreux travaux parus depuis 1917,
surtout en Allemagne , relativement à la phonétique, à la morphologie et à la syntaxe bittites . Et cela pour les débutants.
C'est donc uniquement à ce point de vue qu'il faut se placer pour juger son ouvrage. Le volumeest conçu d'une manière très claire , très pratique , et se
présente typographiquement( ) fort bien. Les paragraphes sont très courts et les règles, sont clairement rédigées. Tout cela est parfaite ment en rapport avec le but que s'est proposé l'auteur. L 'ouvrage est suivi de la liste des principaux travaux relatifs à la (1) Pourtant D . aurait mieux fait, pensons-nous, de choisir pour le texte courant des petites capitales au lieu des grandes ; c'eût été moins désagréable à l'oeil.
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grammaire hittite. Neuf pages sont consacrées à l'énumération des sources auxquelles sont empruntés les exemples cités dans le volume; et cinquante-trois , à la table analytique. D . écrit : « Il n 'y a pas lien , dans cette grammaire , de rechercher comment sont formés les noms dérivés . . . . Cette remarque du para graphe 76 nous surprend . La dérivation des noms est pourtant intéres
sante et nous paraît utile , même dans une grammaire élémentaire. D. procède d'ailleurs autrement au sujet du verbe : il consacre à leur
dérivation les paragraphes 178 -190. Il est avantageux, surtout sans doute pour les orientalistes non hit titologues , de trouver logiquement groupés les résultats auxquels ont
abouti les recherches des spécialistes , même si des doutes subsistent sur le degré de certitude de telles ou telles conclusions. C'est donc un
réel service que M . Delaporte a rendu à quiconque s'intéresse aux Hit tites.
Nous laissons à d'autres le soin de préciser la valeur objective de l'ou vrage.
Ch .-F. JEAN.
L . DELAPORTE. LE SYLLABAIRE HITTITE CUNÉIFORME. - Paris , Adrien Maison neuve, 1929 ; in -8°, vi + 40 pages non numérotées.
Les Hittites ont utilisé deux systèmes de graphie ; l'on est constitué par des signes hiéroglyphiques ; l'autre par des cunéiformes , empruntés aux Babyloniens probablement à l'époque de Hammurapi. De ces der niers signes, ils ne retinrent qu'un certain nombre de valeurs sylla
biques. Dans l'écriture, ils employèrent souvent des expressions baby loniennes , qui étaient lues en langue hittite. D . indique la manière adoptée pour transcrire les diverses sortes de
signes dontse servirent les Hittites; suivent les dessins de ces cunéi
formes, avec en face l'indication de leur valeur syllabique. Une pre mière liste comprend 832 signes dessinés au trait. On peut se demander
pourquoi, au lieu de grouper ensemble les graphies d'un même cunéi forme, D. les a disséminées , quelquefois à de grands intervalles , car il
ne s'agit en réalité que de simples variantes. Voir, par exemple : mun, nº 8 et 11; ag , n " 28 , 30 , 48 ; gir , n° 12 , 17, 32 , 33 ; nar, nº 14 ,
15 , 35 , 49 ; sanga , n° 119 , 146 , 368, 383 , 438 , 443 , 514 . Dans une deuxième liste , on trouve , en face de la valeur syllabique ,
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le signe cuneiforme avec ses variantes, quelquefois quasi insignifiantes ; par exemple : les 2 et 3. de a , les 6º el 8 de al.
Une troisièmeliste met sous les yeux les seules variantes des groupes élémenlaires. Une quatrième et une cinquième sont consacrées exclusi vement aux voyelles et aux syllabes simples lerminées par une voyelle
et aux syllabes simples commençant par une voyelle. Enfin une der nière liste contient la graphie des syllabes complexes. Les signes sont nettement dessinés.
Ce second volume(1) est indispensable au.. lecteurs de la grammaire non initiés, s'ils veulent savoir ce que représentent, par exemple : sig ,, W ,, LU,, pe , GI,, etc. CH.-F . Jean .
H . Fréd . Lurz . OLD BABYLONIAN LETTERS. — California , Berkeley, 1929 ; in -8°, 86 pages.
Autographie , transcription et traduction avec notes de trente lettres provenant, toutes sans doute , de Larsa. Ces textes sont analogues (2) à ceux que M . Lulz édita , en 1917, sous le titre Early Babylonian Letters
froin Larsa. Elles sont écrites à peu près exclusivement(3) en akkadien ;
donc, à une époque postérieure à l'indépendance deLarsa. L'autographie de l'éditeur est très nette . Dans sa brève introduction , L . rejette , pour le mot awélum , le sens de
patricien , et adopte manor lord ("). Pour lui , le rêdu et le baʼiru étaient
avant tout, non pas des militaires, mais des feudal retainers.. . with military obligation as an incident of their position(5), Cette opinion est di rectement contraire, nous semble-t-il, à celle émise en 1924 par M . Thureau -Dangin in R .A ., XXI, 1 el suiv. (1) M . Delaporte annonce un troisième et un quatrième volumes , consa
crés , celui-là à des Textes hittites en transcription , et celui-ci à des Textes hittiles en écriture cuneiforme.
(3) Les deux premiers sont du type des Lettres de Hammurapi à Samas haşir , publiées par M . Thureau-Dangin en 1924.
(3) Il n'y a guère d'exception que pour les mots a-sa(8), kubabar, ka -lum ,sig , id , iá-giš , kur&
(0) P. 279. Pagination des University of California Publications in Semitic Philology, t. IX , nº 4 , 279 - 365 , dans lesquelles ont paru ces Lettres. (5) Loc. cit. et passim . CCXVII.
12 IN PRIMEBIR SATIONALR .
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L .admet que reto a certain extents , on marquait le corps de toutes les
classes : scribes ,prêtres, etc.("). Voici quelques remarques que nous avons faites en lisant parallèle ment les autographes et les traductions :
Nº 1, 15. L 'original n’autoriserait-il pas la lecture éš-qar ? au lieu de cet étrange su -am ( traduit : 30 gan of field are his ). N° 2 , 6 . Lire : 1 bur 1 ebel. — Nº 39, 5 et suiv. 6 bur, 3 bur , etc. 1 ikú , etc .
Nº 5 , 10. dSin -mušalim leur pa-nam -5. L : (at the head ) of 5 of hem (?). Ce texte n'implique pas que "Sin -êreš eût cinq fils.
P. 289 , n. in 4. On peut ajouter R .A .,XV (1918), 193 et R.A. , XXI (1922), p. 8 , n. 3 (cf. R .A ., XXIV , p. 6 ). N° 6 et 15. Nous lirions volontiers : 6, 13be : iá -giš(o)é utúg a -de-é 15, 16 : pi-iš-ša-at bi-tim Les deux textes seraient ainsi identiques et correspondraient exacte ment aux quatre lignes qui précèdent : še-a -am et suluppam pour la kurummat bitin ,
šamaššammam pour la piššat bitim ,
šipatam pour la kubuš bitim . Nº 7, 8. I shall dispatch unto me (?).
14-15 : na -as-ba-ku i-ša-tam i-šu -ú (suluppu i-ha-li-qu ). Pourquoi pas : r le grenier ( le tas) a pris feu (?), : (les dates sontperdues ). Nº g, n. in 9 : i-mi-ir-ta : some special kind of fiefland , perhaps meadow Jand. Voir Thureau-Dangin , in R . A . , XXI, 8 , n . 2 ; Chiera, Inheritance
Texis , 76 , 8.
Nº 10, 7 : palâku = délimiter. Nº 11, 4 : aššum eqlim 'im (au lieu de a-ba-lim ) ša nar sarri, 1. 5 :
narta' (au lieu de når ša )mu-hu-ur-ma; l. 17 : nårlum ' m (au lieu denår
16 ). Pour nártu au singulier, cf. Z .A ., XXXVI, p. 127. Ce doit être lemêmenom propre qu'on lit à la ligne 4 el à la ligne 12. (ba-as ? ) N ., au lieu de Ba-az-"N . N° 14 , 8 : i-na a-li-im sa aš-šu ba -ti-ku- nu , nous lisons ta-aš-šu -ba-ti ku-nu ga-ag-ga -di, elc. : dans la ville de votre présidenccn, je suis. . . (l. 13 : tandis que, dans la ville quej'habite . . .). L . 14 : ta-am -qu-ta -am -ma : - Thou didst thrust thysell upon me ;
nous lisons: ša am -qu-ta-am -ma pa-ag-rina-di. . . (0) P . 280 .
2) Au lieu de mildew .
COMPTES RENDUS.
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L. 91 : L'autographie porte neltement di, non pas ki. L . :ú-še-ir-ri-e bu-ki-i : they caused thee to enter; nous lisons : Ú-se-ir-ri-e pu-di-i. 18 , 10-15 : nous traduisons : 1 bur eqlimim mși-li-"A -hu-um iš-šu -ru ma um -ma "A -ku-ga-mil ni-ši-ir-tam sa" Și-li-4 A -hu-um ta-as-šu - ra -a id na-nim e 1 bur du champ de Şi-l1-4A-hu-um on a retranché. Ainsi (parle)
"A -hu-ga-mil : la partie retranchée qu'à Şi-lí-a-hu-um tu as retranchée livre-moi..
20 , 8 : pu-hi-šu n'estpas traduit. Par svile, le sens allribué à 8 -11 est inexact.
32, 13 : ce doit être, non pas "Nin -si(?)-an -na,mais Nin-si -an -na. Cf.Genouillac , Umma, 6053 Rev., v. , I, 1, 53..
25. Puisque L. voit, dans ces 9 erin'im , g sâbâtim 'im, à cause de sI-NI quisuit (ašeśum g erin 'in - ša it-ti erin ši-ni a -saglam şa-ab-tu), pourquoi ne pas lire,l. 7 : 9 şabátim šu -ut ? Mais ši-ni ne s'impose pas; au contraire, le contexte nous paraît auto
riser lim -ni. Les conséquences sont: 1° Que l'irrégularilé de -ši-ni au lieu de -ši-na n 'existe pas; 2° Que ces sortes d'amazones (sabâtim ) s'éva nouissent. Si l'on doit lire 9 erintime sabûtim , on estimera que, dans le même Lutz ( Early Babyl. Letters , n° 8 , 9), sa -bu -lim peut fort bien signifier hommes de troupe, et que, par suite , la critique de Driver
(O .C . T., III, 37, n° 8 , n . 2 ) peut être écartée. Notons que le pluriel de erin est indiqué ailleurs (n° 22, 33, et par
ticulièrement au n° 29) par le complément há . 30, 4 :maš-šu-gid-gid :bárů . Nous relevons dans ces textes, et à des titres divers : n° 4 , 8 : Um
maki (ina ) ;n°8, 9 : am -ša -li-i-ma chier “; l. 13 : le substantif lu-ur-mi; 21, 4-5 : N . aš-šu -mi-ia: mu-uh-kam ; 22, 14 et suiv. : 1 bur e-și-du
um 4 bur 2 ebel ú -še-lu -ú ; cf. ibid ., 1. 9-12. (Voir Ungnad, Bab. Briefe , p. 253 (référ.], cas analogues.) Charles- F . JEAN .
Jurgis 'BALTRUŠAITIS. ÉTUDES SUR L’ART MÉDIÉVAL EN GÉORGIE ET EN ARMÉNIE. Préface par Henri Focillon. – Paris , librairie Ernest Leroux, 1929; in -4°, xvii + 114 pages , avec 101 planches hors texte , 190 figures dans le texte et 1 carte.
L'Institut d'art et d'archéologie de l'Université de Paris a entrepris, sous la direction de M . H . Focillon , des recherches sur les origines at
les caractères de l'art roman . 12 .
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M . Baltrušaitis est un rromanisten , comme nous l'annonce M . Fo cillon ; il est donc l'homme tout désigné pour nous dire ce qu'est L 'Art médiéval en Géorgie et en Arménie .
Les études et les observations réunies dans le présent volume sont les
résultats de deux voyages (en 1927 et en 1928) en Géorgie el en Ar ménie. « Elles ont avant tout une valeur de comparaison , et c'est bien dans cet esprit qu'elles ont été recueillies el qu'elles sont présentées au lecteur., Et M . F. avoue sagement que : « Il parait difficile aujourd 'hui d'adopter une autre méthode que celle de l'histoire de l'art comparé. Ce serait d'ailleurs une erreur de croire que loule la technique de celle science consiste en une formule , celle des influences unilatérales et mas
sives » ( p. vii). L'art arménien ayant été, pendant longtemps, considéré comme un art byzantin provincial , on est ainsi conduit à voir en lui, sinon le pro pagateur des éléments essentiels, du moins un foyer original, doué d'une grande puissance de rayonnement., L'Arménie n'a rien reçu de
Byzance ; au contraire. L'église de Pitzoanda (x®-XI° siècles ) et d 'autres monuments situés sur les bords de la mer Noire rappartiennent à un
type byzantin d'importation » (p. XI).
Pour M . F ., l'art chrétien de la Transcaucasie a les mêmes antécé dents que l'art roman : art hellénistique, art syrien , art sassanide; il a les mêmes contacts : art byzantin , art arabe. « La période de sa plus belle floraison est, à peu de chose près , contemporaine de celle de la culture romane, ( p . viii). Ici je ne suis pas d'accord avec M . F.; car l'église de Sainte-Rhiphsimé, à Vagharchapat, bâtie au iyº siècle , recon struite en 618 , représentant par conséquent le plus ancien monument de ce slyle en Arménie , est une cuvre d'avant l'apparition de l'art roman en Europe. Ceci nous amène à reculer aussi la date des procédés de structures, chez les Arméniens, malgré l'opinion émise par M . F. dans ces phrases : « A la fin du xi° siècle , les Arméniens pratiquaient avec sûreté et d'une façon systématique des procédés de structures qui n'ap paraissent encore ailleurs qu'à titre d'expédients (p. x ). On est arrivé aujourd 'hui à ce résultal qu'il y a une influence sassa nide sur l'art georgien et sur l'art arménien . Si, dans la sculplure figu rée , il y a une ressemblance frappante avec l'art roman , c'est que ces exemples sont de date relativement récente ; par exemple les chapiteaux de l'église de Saint-Grégoire -l'Illuminateur, à Ani, sontdu xiurº siècle. Pl. I, fig . 1. « Erasgovor. Ceinture de bronze trouvée dans une lombe
lrittiten , hittite ! je ne puis le croire , car, malgré la photographie et les xplications des planches données par M . Baltrušaitis (p. 99 ), les Hit
COMPTES RENDUS.
181
tites n 'ont jamais pénétré dans le Caucase. « Erasgovor (lire : Erazga
worq) , aujourd 'hui Bash -Shöréguel, est un village près de Léninakan (Alexandropol).
11 est regrettable que la plupartdes noms propres aient étémal tran scrits. Quelques exemples : Bossar-Ghetchar et Bessar-Ghetchar (même
p. 2), au lieu de Bassar -Guétchar ); Tigrana-Honenza = Tigrane Ho nentz ; Gabique = Gaguik ; Arakelos = Aragélotz ; Kehardt et Khéhardt = Guéghard ; Cerdat = Clédat. P . 104 et pl. LXXXVI, Kvirik II» , lire :
Kuriké Ier. Kuriké le n'est pas le « frère, de Soumbat , il est son neveu.
Il a régné à Lori, vers 1046 -1089. Malgré ces quelques erreurs insignifiantes, le travail de M . Baltru šaitis est un admirable monument, qui complète très beureusement les
fondations jetées par Kondakoff et par Strzygowski.
M . B . a bien rempli sa tâche, examinant et comparant minutieuse ment : [ I. ] L 'Entrelacs en Transcaucasie ( p. 1 -20); ( II. ) L 'Ornement géorgien (p . 21-42) ; [ III.] La Sculpture figurée en Géorgie et en Ar ménie ( p. 43-68 ); et (IV.) Caractères atectoniques de l'architecture et du décor en Géorgie (p . 69-98 ). Nous félicitons bien vivement et très sincèrement M . B ., ainsi que M . F ., pour ce beau et intéressant volume, véritable monument de
recherches précieuses pour les archéologues et les érudits. K . J. BASMADJIAN.
Gabriel FERRAND , INTRODUCTION À L'ASTRONOMIE NAUTIQUE ARABE. (Bibliothèque
des géographes arabes publiée sousla direction de Gabriel Ferrand ,t.I.) Paris, P. Geuthner, 1928 ; gr. in-8°, figures.
Ayaut fait pendant des années un cours élémentaire de lecture de cartes , j'ai toujours été surpris par le désir manifesté par mon jeune auditoire de connaître la façon dont le marin se dirige sur la mer. C 'est le sujet qui est suivi avec le plus d 'avidité ! Et cela n 'est certai
nement pas à lort, car, quelque simple que puisse paraître au mathé maticien la détermination du lieu sur un sphéroïde entouré de signaux
extrêmement éloignés, il a fallu des siècles de recherches avant que les hommes aient pu se lancer en dehorsdela vue de la terre ferme.
Et encore , avantde s'aventurer si loin , ils ont été obligés d 'observer des suites de côtes , d 'amers et d 'aspects de la nature pour éviter des catastropbes dans lesquelles la terre et la mer devenaient à tour de rôle amie et ennemie.
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Comment nos ancêtres sont-ils parvenus à vaincre ces premières diffi cultés ? Voici un problème d'une importance capitale pour ceux qui ne voient pas dans l'histoire une suite de faits isolés , mais qui veulent rechercher le lien entre ces faits , ou qui essaient de mesurer leur impor tance relative.
Enfin on trouvera des Problèmes, écrit de Mauperluis ("), dans lesquels je ne suppose plus un astronome; mais un navigateur sans science , sans industrie , dénué d 'instrumens, tel qu'il peut se trouver
après un Naufrage : je lui offre les dernières ressources qu'un état aussi malheureux lui permet. C'est dans cette catégorie de problèmes qu'il faudra probablement
classer le n° XVIII(2), Trouver la hauteur du Pole par le temsque le soleil emploie à s'élever sur l'horizon ou à s'abaisser de tout son Disquen.
L'énoncé est très simple , mais la solution a été obtenue par la géo
métrie analytique et il a fallu le xviºsiècle pour la trouver ! Pour ces questions simples il faut en outre des éphémérides astrono miques et des tables de calcul et tout cela pour donner à des moribonds une dernière illusion . . .
Cet exemple suffira à prouver que l'histoire de la navigation , surtout l'histoire des moyens qu'elle a utilisés est extrêmement captivante et
cependant elle n 'a pas loujours rencontré l'intérêt qu'elle aurait mérité ! Pour ce qui regarde l'Orient, plusieurs sujets étaienttraités dans des mémoires parsemés à travers des périodiques presque introuvables et connus de quelques rares personnes. Je n'ai pas besoin de dire , comment, dans ces conditions, on peut accueillir avec joie l'ouvrage de M . Gabriel Ferrand , Introduction à l'as tronomie nautique arabe ( ouvrage dont je savais la publication proche ). M . Ferrand a eu l'heureuse idée de reproduire une série d 'études de
James Princeps et de H. Congreve , en les accompagnantde notes. Il a
réédité l'importante recherche de Léopold de Saussure , L'origine de la rose des vents et l'invention de la boussole.
Enfin le savant éditeur donne une longue analyse des traités composés par les pilotes Ibn Mājid (3) et Sulaymān al Mahri, précédée d'un com mentaire sur cette matière par H . de Saussure.
(1) Astronomie nautique ou Elemens d’astronomie . . . Paris , Impr. royale, 1743 , in-8°, p. xi, introduction . (9) Loc. cit ., p . 46.
(3) M . F. a pu identifier Ibn Mājid avec le marin arabe des textes arabes ,
COMPTES RENDUS,
183
Le lecteur qui aura suivi les différents exposés contenus dans cet ou vrage aura une idée très nette des méthodes suivies par les navigateurs de l'Orient et ( ce qui est généralement oublié dans les ouvrages de vulga
risation ) du degré de précision dont ces méthodes étaient susceptibles.
Dans l'état actuel de nos connaissances , le livre de M . Ferrand pourra pendant longtemps former le point de départ de nos investigations. Quantau nombre des faits nouveaux apportés, il est assez considé rable. L'ingénieur Niebuhr(") avait déjà rapporté un certain nombre de noms d 'étoiles qui ne s'accordent pas avec ceux donnés par les traités
qui formaient — ou plutôt, qui devaientformer – la base du catalogue historique des étoiles ,mais, au lieu de quelques noms, on rencontre
dans l'ouvrage de M . Ferrand une suite de termes singuliers , spéciale ment en usage chez les marins.
L'étymologie de ces noms, souvent bizarres, pourra exercer l'ingé piosité des orientalistes. Dans ses commentaires , M . Ferrand a eu soin d'éclaircir beaucoup de points obscurs. Mais, quel que soit l'acharnement apporté à ce travail , il restera toujours un complément à fournir ; c'est la nature d 'une pareille étude sur des matières en grande partie non explorées qui le veut.
Il faut avouer qu'il ne reste presque nulle part de la place à l'incer titude.
Il n'y a qu 'un seul passage où maint lecleur aurait désiré un exposé critique de la matière et, comme elle semble assez curieuse, j'en dirai quelques mots. Il s'agit du problème de la direction de la Mecque traité
par Šihāb ad -Dīn (2). A l'heure actuelle , cette question constitue une des applications les plus curieuses de la géodésie , car il faut considérer la position des deux lieur sur l’ellipsoïde terrestre. Les choses sont plus simples chez les auteurs musulmans, la terre étant supposée sphérique et la solution demandée étant en plus ap prochée .
Il s'agit du calcul el de l'opération suivants : Soit P le pôle de la terre , M le lieu de la Mecque, L celui où l'on dé sire regarder la Mecque. turks et portugais, qui pilota la flotte portugaise commandée par Vasco de Gama de la côte orientale d'Afrique à Calicut (p. 183 et suiv.). (1) Dans les différentes éditions de sa Description de l'Arabie. (9) Loc. cit., p . 309.
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On connaît PM , le complémentde la latitude de la Mecque, PL , celui du lieu , l'angle LPM (différence en longitude). Il faut : 1° calculer (ou construire) l'angle A de l'orientement 2° déterminer la direction PL sur le terrain , c'est-à -dire établir le nord géographique du lieu ;
3º Appliquer l'angle A sur le terrain à partir de PL.
Р
La façon dont Sihāb ad -Dīn expose cette matière est très confuse ; on a l'impression qu'il croit savoir plusieurs moyens différents au lieu d 'une suite d 'opérations. Il commence par supposer connues les longitudes et latitudes des
deux pays ( M et L ) , mais il oublie de dire qu'il faut calculer l'oriente ment A .
Il se sert de l'étoile polaire ,manifestement pour trouver la direction
LP, il met un signal quand cette étoile devient invisible (mais on ne comprend pas pourquoi une figure humaine intervientni pourquoi il
faut prier dans cette direction ).
185 COMPTES RENDUS. Il se tait sur la façon dont on dispose l'angle A à partir de la direction
LP, à moins qu'il faille entendre qu'il se sert de la rose des vents sans l'aiguille. Dans un passage suivant, il prend en effet la rose et cherche l'angle .
Tout cela semble constituer une méthodedans laquelle il compte trois A moyensn .
Il paraît juxtaposer un quatrième moyen ce sont les côtés de la ka’ba, c'est-à-dire les côtes de ka'ba (orientés d'après ) les quatre vents », C 'est le plus médiocre ( litt. : le plus faible ) des moyens, dit- il (').
Je dois à la vérité d'avouer que je ne comprends pas à quel résultat Sabāb ad -Dīn compte arriver. Dans cet embarras, M . Ferrand propose la seule explication possible : on résolvait le problème sur la carte . Ces exposés défectueux proviennent très souvent du fait que la mé. moire prend trop en Orient la place de l'analyse et comme les Orientaux n 'osent pas saisir la question par sa base , les auteurs restent à ergoter sur d'infimes cas particuliers, à tel point que le problème fondamental est perdu de vue.
Sinous avons insisté si longuement sur ce passage, c'est parce que sa lecture superficielle pouvait conduire à de fausses conclusions. L.-A . Sé dillot n'aurait pas manqué de s'étendre sur les e multiples moyens, que possédaient les Arabes pour déterminer l'azimut de la Mecque et le pré sent ouvrage de M . Ferrand contribuera certainement dans l'avenir à
réfuter les thèses partiales de Sédillot qui encombrent encore nos traités généraux. J.-M . FADDEGON.
Gotthold Weil . Die KönigsLOSE, J. G . Wetzsteins freie Nachdichtung eines arabischen Losbuches. Ueberarbeitet und eingeleitet. - Berlin und Leip zig , W . de Gruyter und Co., 1999; in -8°, 70 pages.
Traduire un livre de bonne aventure de l'arabe en ïambiques alle mands - que ce soient ou pon des vers de mirliton — est certainement
une entreprise dont l'idée ne viendra pas à l'esprit du premier venu !
Tous les goûts se trouvent chez les poètes ; nous avons salué souvent un vénérable huissier hollandais , assistant à toutes les ventes de biblio (1) Loc. cit.. p . 210.
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thèques et portant le nom de van Overeem , si nous avons bonne mé moire , huissier qui a mis le code civil hollandais en vers, imitant on
surpassant le pseudonyme D . .. mex-législateur» , dont on cite à titre de curiosité la rédaction de la disposition par laquelle certains enfanls
naturels sont exclus de la succession : . . . . . Jamais applicable Aux enfants qui sont nés d 'un inceste coupable , Ou qui d 'un adultère ont emprunté les flancs .
La loi les a réduits aux simples aliments.
Quoi d'étonnant dans ces conditions que J. G. Wetzstein se soit livré au même exercice littéraire sur un traité de bonne aventure! Son travail est du reste présenté sous une forme très élégante dans
l'édition donnée par G . Weil. L'exécution typographique, très soignée, contribue beaucoup à l'aspect sympathique de cette curiosité , qni de viendra peut-être une rareté bibliographique : les deux rosaces , p . 28
29 , rappellent la bonne imprimerie allemande du xviº siècle, et la cou verture , reproduisant un talisman d 'après un projet de MⓇ Rust,un hexagramme avec l'appellation ya Fattaḥ et les nomsdes SeptDormants , donne à l'ensemble un effet décoratif assez distingué. Notons en passant une singularité : ces saints orientaux, fétés le 27 juillet, que l'Islam a rincorporés » , portent sur cette couverture des
nomslégèrement différents de ceux qu'on retrouve dans Reinaud , Des cription des monumens musulmans du Cabinet de M . le duc de Blacas, Paris , 1828 , in -8°, t. II , p. 59. Les chins à la place des sins font penser
au syriaque. Ces noms ont-ils passé par l'intermédiaire de cette langue pour rester dans l'arabe ? C 'est possible. S'il est facile de reconnaître
Costantinus dans ügblaais de notre brochure et joylalamis de Reinaud, il est difficile pour deux ou trois de ces noms de deviner la relation , ou
plutôt la suite des transformations. Qu'on nous permette au même sujet encore une réflexion : les Sept Dormants ont été rarement représentés
par les artistes chrétiens, tandis que leurs noms, et celui de leur chien ,
ont été souvent reproduits par les Musulmans adonnés aux pratiques occultes.
La traduction « poétiquer est précédée d'une introduction très inté ressante de Gotthold Weil. Du reste l'ensemble constitue un extrait des
Mitteilungen des Seminars für orientalische Sprachen , Bd XXXI, Abt. II, 1928 .
De nombreuses notes donnent des références concernant la littérature
des sciences occultes en Orient. L'auteur de cette préface y considère la
COMPTES RENDUS.
187
divination des Babyloniens; il discute les passages d'Ézéch ., XXI, 26 et suiv., parmi lesquels figure le tirage au sort par la Mèche, resté long temps en usage chez les Arabes , et cherche le rapport entre le petit ou vrage Die Königslose et la divination à l'aide des osselets chez les Grecs. Chez ces derniers, on trouve les osselets tali employés de cette ma nière :
Ayant jeté 5 fois l'osselet , on obtenait 5 nombres qui étaient suscep
tibles de 56 combinaisons. Dans un livre établi à cet effet, chaque com binaison correspondait à un vers de 5 hexamètres. Dans les deux pre miers , le curieux pouvait rechercher la question posée, les trois autres répondaient comme un oracle ! Il n'y a pas besoin de dire que les réponses étaient généralement un
peu vagues, un peu « passe-partouts, pour pouvoir s'adapter à lous les cas . . .
La mêmepréface contient une étude assez longue sur la divination
chez les Musulmans. L'auteur en cherche la relation avec le pseudonyme Astrampsychus, dit quelques mots sur l'art de discerner la personnalité
de quelqu'un d'après ses traces, de dévoiler l'avenir d'après des paroles surprises furtivement, sur les augures etaussi sur les ouvrages du même genre que celui dont Wetzstein a donné la traduction . Tous les procédés
sont examinés : tirer son sort d'une ligne du Coran ou de Hafiz et le déduire à l'aide d'ouvrages après avoir jeté des osselets. Personnellement, nous aurionspeut-être désiréune plus grande clarté
dans l'emploi au point de vue philosophique. Ainsi, quand plusieurs personnes tirent au sort, ils contractent l'engagement réciproque de demander unedécision à un événement purement fortuit et indépendant de leur volonté. Le sort devient ainsi uneprobabilité , et leur action n'est
nullement comparable à celle d'un être incertain qui consulte les dés
pour savoir ce qui luiadviendra. En comparant les augures aux flèches , on arrivera de même à éta blir des distinctions, à définir ce qui constitue le hasard a priori que
nous faisons intervenir dans nos sciences exactes , et le sort quiinterve nait d 'une façon plus ou moins directe et simultanément avec une volonté divine chez les anciens.
Quant à Mahomet, M . Weil fait judicieusement remarquer (p. 9 ) qu'il défendit toutes les pratiques occultes provenant du paganisme, tandis qu'il admit celles qui présentaient un caractère d'oracle. Examinons après ces considérations le mécanisme de ce livre de bonne aventure.
Dans un groupe de 6 cercles divisés chacun en 6 secteurs , le « devin ,
188
ET EPTEMBRE 930 1 . -S
JUILL
cherche le mot typique du sujet qu'il désire connaître;dans un groupe analogue , il choisit un deuxième mot. Chaque cercle lui offre en face du mot une lettre ; il joint ces deux lettres et entre avec ces mêmes lettres dans un tableau encadré dans la
limite d'un cercle (il y a deux de ces cercles) pour arriver ainsi dans un secteur qui porte un nom d'étoile , elc., et extérieurement un numéro. A ce numéro il ajoute un certain nombre ( 2 à 10) obtenu en comp lant les doigts des deuxmains droites que le devin et son clientmettent au hasard en avant.
Avec la somme ainsi obtenue, il va faire quelques opérations super flues :
1° Il lit l'intérieur du secteur pour y trouver le nom de l'étoile
( comme astrologue); 2° Il lit ce nom de nouveau dans une colonne en face du nom d'un oiseau ( comme augure);
3° 11 lit le nom d'une ville (peut-être le lieu de l'oracle); 4° Il lit le nom d 'un roi (l'oracle), nom qui n 'a aucune relation avec la ville précédente.
Chaque roi a un registre. Le client cherche sous le nombre de la sommedes doigts avancés et lit sous ce nombre un oracle en deux versets. Ces doigts avancés, dont il est ici question, nous suggèrent une autre remarque : dans le livre Die Königslose , on introduit un chiffre obtenu
par cet artifice. On peut donc choisir le chiffre. Un devin astucieux et doué d'une forte mémoire est par conséquent jusqu'à un certain point maitre des réponses qui vont sortir comme «oraclen. Selon les livres de l'antiquité au contraire , on jette un osselet et on
attend un oracle uniquement dicté par le hasard ; ce basard est nette ment fortuit, et l'antiquité avait , dans sa soumission au sort , quelque chose d'effrayant, mais , dans les produits arabes de ce genre, et celui-ci en est un exemple , on semble tricher avec le hasard I l y a un certain tragique dans le premier système, un certain charlatanisme dans le second .
On peut se demander si l'osselet des livres de l'antiquité ne peut pas être remplacé par le dé et pourquoi les traités contiennent 56 cas. Rap pelons ici le petit problèmedes combinaisons à répétition de nos cours
d'algèbre. Admettons que l'osselet porte les lettres
-
ab c d
successivement sur chacune de ses faces.
COMPTES RENDUS.
189
On le jette 5 fois; on aura ainsi des suiles qu 'on peut classer dans des groupes : α ο α α α a aa a b a a a as
d d d d d
Désignantle nombre des combinaisons à répétition par Da ,
n indiquant le nombre des lettres de chaque combinaison ( ici 5 ), m le nombre total des lettres (ici 4 ), on a , suivantune formule connue :
De _ m (m + 1)(m + 3) .... .(m + n — 1) 1 . 2 . 3 . . . in
Dans le cas de l'osselel on obtient : ne _ 4 (4 + 1) (4 + 2) (4 + 3) (4 + 5 -- 1) _ RE 1 . 2 . 3 . 4 .5
Les livres de bonne aventure de l'antiquité contenaient 56 lignes à réponse ; donc pous sommes en droit de conclure qu'effectivement ils se rapportent, non à un dé avec six faces ,mais à un osselet à quatre faces; le dé aurait exigé 252 réponses. Bien entendu , l'osselel n 'est pas un tétraèdre , comme on serait tenté de le croire ,mais un parallélépipède irrégulier dont les petites faces ne comptent pas, altendu que l'osselet ne peut pas rester sur elles en équi libre.
Reste maintenant à savoir comment les anciens out découvert le nombre de 56. Ils ontprobablement écrit toutes les combinaisons pos sibles, car il semble peu probable qu'ils aient connu une formule pour calculer leur nombre .
Nous avons en la curiosité d'examiner quels sont les astres e de for tunen qui figurent dans les tableaux de l'opuscule. On voit qu'ils peu vent être partagés de cette façon :
7 étoiles errantes : les cinq planètes des anciens, le Soleil, la Lune; 1 étoile fixe : Sirius;
28 étoiles ou groupes d'étoiles zodiacales.
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Comme ce dernier nombre fait penser aux mansions lunaires, il pa rait naturel de rechercher s'il s'agit de ces mansions. Cela est effective mentle cas, mais ce ne sont plus les nomstraduits de l'arabe de ces man sions qu 'on trouve , au contraire leurs identifications avec les étoiles des catalogues de Plolémée, etc. Ce fait est surtout frappant pour toutes les mansions (22 à 25 ) qui portent le nom de lew . Or, on sait que la troi
sième mansion estappelée , et qu 'elle est constituée par les Pléiades. Comment se fait-il qu'on trouve sur le tableau Himmelswagen (Grande Ourse )? C'est un mystère qu'il est impossible de pénétrer en l'absence du texte arabe et qui fait, comme toujours, désirer la publication des textes joints aux traductions des ouvrages orientaux. Quoi qu'il en soit , le petit ouvrage de Wetzstein et Weil n'en est pas moins curieux et mérite bien de trouver la modeste place qu'il réclame
dans les bibliothèques. Le seul récit assez littéraire de la façon dont le texte arabe est tombé entre les mains de Wetzstein ( p . 22 ) lui en donne déjà le droit. J.-M . Faddegon.
Étienne Lamotte , licencié en langues orientales , Notes sur la BHAGAVADGĪTĀ,
avec une préface de Louis de La Vallée Poussin. – Paris, Geuthner, 1929.
Je tiens à signaler l'originalité de cette nouvelle contribution à l'élude, jamais achevée de la Gītā. La connaissance de la philosophie et de la théologie occidentales qualifie l' indiaviste pour l'appréciation des nuances de la pensée indienne et, plus précisément, pour l'analyse des idéologies , souvent imparfailes et obscures , où la spéculation religieuse ,
plus spontanée que réfléchie ,encore que raisonneuse, affectede prendre l'aspect de dogmes. L'examen de la Gilā , de ce pointdu vue, est besogne
délicate, et je louerai sans réserve la précision et le bon sens que M . Étienne Lamotte y a apportés , évitant tout parti-pris et toute sub tilité , et soucieux à bon droit de rester à la porlée du commun des philosophes. Sion sent partout une profonde science du sujel, on n'est nulle part gêné par le détail technique. — Soubaitons qu'il étudie , dans lemême esprit et avec le même succès, l'ensemble des spéculations
doctrinales du Vislinouisme, la distinctions des mūrtis, rformes , ou
« hypostases , , et des prādurbhāvas e manifestations, ou Avalars , la variété des Avatars , le Krşņa tout court et le Krşņa-Svayambhū , les vyūhus et le reste : large programme et digne d 'une activité si bien
191 COMPTES RENDUS. orientée et si judicieuse. C 'est en ces termes que M . de La Vallée Poussin présente au lecteur ce sobre et beau travail d'une si juste mesure, et qui d'ailleurs est de ceux qui sont à eux - mêmes leur
propre louange. Contre la thèse de Garbe, qui voit dans la Bh. G . actuelle une refonte
panthéiste et vedāntique d'un poèmeplus ancien d'inspiration théiste et Krşņaïte , M . Lamotte , avec de bons juges, maintient l'unité de compo sition de l'ouvrage. Il montre , du point de vue de la critique textuelle, tout ce qu'a d'arbitraire le découpage du texte effectué par Garbe (voir Appendice ), et , d 'une manière plus générale , que l'essence même de la Gilā tient dans la conciliation spontanée et vécue de tendances philoso phico -religieuses disparales, mais dont la désharmonie n'a pas rebuté le poète, parce qu'il les a reçues précisément à ce point d'indécision ten dancielle et polyvalente où , nulle systématisation n'étant venue accuser
les reliefs et creuser les différences , elles peuvent encore se laisser porter ensemble par une pensée ample , plus qu'acérée , et composer par
une intention dominatrice. Philosophie en devenir et non philosophie composile , selon l'expression de Deussen . La voie du Salut qu'intègrent ces éléments divers est donc dans la Gītā quelque chose de complexe où le jñāna des upanişad , le svadharma du milieu kşatriya où a dû s'élaborer le poème, la bhakli des Bhāgavata fidèles de Krşņa, s’nnissent et se compénètrent, sans perdre pourtant une relative indépendance. Capable chacun d'assurer le salut, ils s'appellent et s'appuient l'un l'autre , et s'enrichissent à cette collaboration . Le jñāna, la connaissance intuitive du Brabman , doit s'étendre à Krşņa, qui lui est identique, à ses divers modes de présence : dans les âmes indi. viduelles , comme jīvabhūta , dans la nalure et ses guņa qu'il émet en se
conditionnant lui-même par un acte d'adişthāna, dans ses divers ava tāra . La connaissance de la nature , activité perpétuelle, est indispensable pour fonder le karmayoga , la voie de l'activité désintéressée qui sanc
tifie le devoir de caste . Les exigences de la bhakti font de l'âme indivi duelle un point spirituel irréductible , totalement dévoué à la divinité mais non anéanti en elle , qualitativement apparié à Krşņa, non iilen tigé à lui, quoique demeurant en lui comme en son lieu propre , mais d'une présence mal délinie. Et bien que le primat théorique n'en soit point affirmé, c'est sans nul doute à la bhakti que revient en fait le rôle
demoteur et de fin . « L'unité de notre poème doit être cherchée dans la tendance générale de l'auvre , dans le but poursuivi par l'auteur. Membre de la secte des Bhāgavala , mais bien au courant des spéculations brah maniques de l'époque ou , tout aussi vraisemblablement, brahmane
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JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
affilié à la secte des Bhāgavata , l'auteur est un prosélyte ardent qui cherche à gagner à Krşņa le plus grand nombre possible de sectateurs et d'adorateurs.. . Toutes ces doctrines , toutes ces croyances, sont vivifiées et en quelque sorte unifiées par le souffle mystique et dévot très puissant que la Bhagavadgitā leur insuffle. C'est parce qu'elle
forme une véritable « somme théosophiquer, miroir Gdèle de la menta lité hindoue, que la Bhagavadgitā devait jouir d'un succès sans pareil dans l'Inde ancienne, médiévale et moderne , tant dans les milieux intel lectuels que populaires. M . Ét. Lamotte s'est appliqué avec grande prudence et finesse à
suivre lous les méandres d'une pensée que le bon sens guide, comme il le note excellemment, sans en briser pourtantl'élan et la ferveur. Olivier LACOMBE.
Le gérant-adjoint : René GROUSSET .
Le géranı :
Gabriel FERRAND.
LIBRAIRIE ORIENTALISTE Paul GEUTHNER, 13, rue Jacob. – PARIS, VI
A . KAMMERER MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE
PÉTRA ET LA NABATÈNE L'ARABIE PÉTRÉE ET LES ARABES DU NORD DANS LEURS RAPPORTS AVEC LA SYRIE ET LA PALESTINE AVANT L'ISLAM Préface par R . DUSSAUD, membre de l'Institut. in volumede texte de 4 cartes originales, historiquesbroché, et topographiques, pp. et un atlas deen16cou leurs, 7 planches, 74 figures et 6.30 pages , gr. in -8, et 152 planches formant 263 illustrations, gr. in -8, broché, 1930. - : Prix : 300 francs : Ch. I. Les sources de l'histoire de l'Arabie Pétrée et de la Nabatène. — Ch . II. Les origines es Nabatéens. - Ch. III. Les Nabatécns routiers du désert. Pistes antiques et territoires. ih , IV . L'Arabie Pétrée au temps de Moïse. - Ch . V . Les Arabes, les Nabatéens et la Syrie. -
h . VI. Premiers contacts des Nabatéens avec les Grecs. Leur rôle dans les conflits entre .agides et Séleucides. — Ch . VII. Les Nabatéens contre les Juifs et les Séleucides. -- Ch . VIII. es interventions romaines. — Ch. IX . La dynastie de Pétra. Tableau généalogique et liste
es Rois. - Ch. X . Les successeurs d'Aretas III. Obodas II et Malichos II. La Judée et la Tabatène jusqu'à Actium . - Ch. XI. Obodas III et Sylléos au temps d'Hérode le Grand. 'expédition d'Aelius Gallus en Arabie. - Ch . XII. L'extension de la Nabatène vers le Sud . | Heger. Médain -Salih et Dédan- El-Ela-Hereibeh. – Ch . XIII. Le dernier siècle de l'indé endance nabatène et de l'histoire juive. - Ch . XIV. La provincia Arabia . - Ch. XV. L'essor e Palmyre et le crépuscule de Pétra. — Ch. XVI. Le système des Phylarches. - Ch. XVII. !'étra à l'époque des Croisades. - Ch. XVIII. Les Nabatéens, mæurs et gouvernement. – h . XIX . La religion. - Ch. XX. Les inscriptions et la langue nabatéenne. - Ch. XXI. L'architecture et les monuments. -- Ch. XXII. La numismatique. -- Annexes. . Depuis qu'en 1812 ont été retrouvés par Burckhardt les mausolées grandioses et presque inacces sibles de Bétra, les recherches d'un siècle sur la Nabatène et l'Arabie Pétrée, éparpillées dans es volumes précieux , souvent en langues étrangères, n 'ont jamais été exposées d 'ensemble , dans n livre accessible au grand public et bien illustré .
M . Kammerer, dans la partie historique de son ouvrage, nous présente un tableau de l'histoire atérieure et des rapports de la Nabatène avec tous ses voisins : Assyriens, Juifs, Syriens, Grecs, omains. C'est donc une histoire résumée de tous les peuples sémitiques au contact direct de Arabie Pétrée : Syrie -Séleucide, Palestine, Tribus arabes du Nord , etc. Des chapitres sont onsacrés à l'annexion romaine, à la Province d 'Arabie, et au rôle des Arabes entre l'Empire yzantin et l'Empire parthe. avec les Arabes du Sud ou Sabéens ont donné à l'auteur l'occasion Les relations des Nabatéens
e publier une collection inédite, véritable révélation en France, d'objets appartenant aux civili ations de l'Arabie méridionale . L'étude des routes commerciales et des pistes de grand parcours amené un parallèle poussé entre Pétra et Palmyre. Un chapitre expose l'histoire et tout ce u 'on sait d'après les recherches récentes de cette dernière et célèbre oasis. La fin de l'ouvrage est consacrée à la civilisation nabatéenne proprement dite : l'organisation volitique et la dynastie nationale ; la religion, son dieu Dusarés et ses sanctuaires ; la langue et es inscriptions nabatéennes ; l'architecture et les monuments avec un essai sur l'évolution archi ecturale, son origine et les sources auxquelles elle a puisé ; enfin la numismatique , élément mportant de ce passé , avec les lectures de monnaies par M . R . Dussaud , membre de l'Institut.
Cet ouyrage, précédé d 'une préface de M . R . DUSSAUD, est richement illustré de 347 illustrations. L'auteur s'est efforcé de ne rien omettre de ce qui, par l'image, peut éclairer le passé de la Nabatene t des pays voisins. Plus de 40 planches originales, en partie tirées des clichés rapportés de ses oyages, sont consacrées au site si remarquable de Pétra .
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO . La campagne du printemps de 1929 à Tello (M . H.DEGENOUILLAC)... Transcaucasica (M . V. MINORSKY)....
Quelques publications sémitiques récentes (M . F. Nau........ Mélanges : Note sur une éclipse du temps d'Açoka (O) (M . R . Fazy). — Sur quelques . . 135 images de någas à Sambór Prei Kúk (M . V.GOLOUBEW )... ... .. .. .. . . Société asiatique : Procès-verbal de la séance du 14 mars 1930. – Procès-verbal de la séance du 11 avril 1930 . - Procès-verbal de la séance du 9 mai 1930 ; annexe 141 au procès-verbal (M . CH. BÉRIDZE).. . 131 . . . . . . . . . . . . .. . Comptes rendus... .. . . R . SAID -RUETE , Said bin Sultan ; - W . GOTTSCHALK , Katalog der Handbibliothek der orien talischen Abteilung ; - K . MILLER , Mappae Arabicae, Arabische Welt und Länderkarten ; M . GAUDRY, La femme chaouia de l'Aurès ; - Y. HUSAYN , L'Inde mystique au moyen âge : SUBRAB , Das Kitāb ağā'ib al-akālim as-sab'a ; - Annual bibliography of Indian archaeology for the year 1928 (Gabriel FERRAND ). — Ting Tchao-Ts'Ing , Les descriptions de la Chine par les Français ( 1650-1750 ); - Tchai TSOUN-TCHUN, Essai historique et analytique sur la situation internationale de la Chine ; - Tsen PAK-LIANG , Recherches sur quelques minerais chinois de tungstène et de molybdene; - Tsing TUNG-CHUN , De la production et du commerce de la soie en Chine (R . DES ROTOURS). – A . Bey SAKISTAN , La miniature per sane du xu au xvil siècle; - L. DE CASTANHEDA , Historia do descobrimento da India pelos Portugueses (1552 -1561); - Ars asiatica ; - Ceylon zur Zeit des Königs Bhuvaneka Bahu und Franz Xavers 1539-1552 ( Bouvar ). – J. Bacor, Une grammaire tibétaine du tibétain classique; - G . MARCAIS, Les faïences à reflels métalliques de la grande mosquée de Kairouan : - Fr. Weller, Tausend Buddhanamen des Bhadrakalpa ; - E . H . JOHNSTON , The Saundarananda of Asvaghosa (Marcelle Lalou ). - L . DELAPORTE , Éléments de la grammaire hittite; - L. DELAPORTE , Le syllabaire hittite cunéiforme; - H . Fr. Lutz , Ola babylonian letters (Ch.-F. JEAN ). – J. BALTRUŠAITIS, Études sur l'art médiéval en Géorgie et en Arménie ( K .-J. BASMADJIAN ). - Gabriel Ferrand , Introduction à l'astronomie nau tique arabe ; - G . WEIL , Die Königslose (J.-M . FADDEGON ). - Et. LAMOTTE , Noles sur la Bhagavadgītā (0 . Lacombe).
NOTA. Les personnes qui désirent devenir membres de la Société asiatique doivent adresser leur demande au Secrétaire ou à un membre du conseil. MM . les Membres de la Société s'adressent, pour l'acquittement de leur cotisation an nuelle (60 francs par an pour les pays à change déprécié, 120 francs pour les pays à change
élevé) au Trésorier de la Société Asiatique, Musée Guimet, Place d'Iéna, 6 , Paris (xyt"), pour les réclamations qu'ils auraientà faire , pour les renseignements etchangements d'adresse, au Secrétaire de la Société Asiatique, rue de Seine, 1 , Paris (vi ), et pour l'achat des ouvrages
publiés par la Sociétéaux prix fixés pourles membres, directementà la librairie PaulGeulhner, MM. les Membres reçoivent le Journal asiatique directement de la Société.
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IMPRIMERIE NATIONALE.
JOURNAL ASIATIQUE RECUEIL TRIMESTRIEL DE MÉMOIRES ET DE NOTICES
RELATIFS AUX ÉTUDES ORIENTALES PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE O
TOME CCXVII N° 2. – OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930 Tableau des jours de séance pour l'année 1930 , Les séances ont lieu le second vendredi du mois à 5 heures , au siège de la Société, rue de Seine , n° 1. JANVIER,
pdrarza.
AVAIL ,
JUIN
JOILL.-A00T.-SEPT.-OCT.
Séance
Vacances .
nov. Die .
14
générale
Bibliothèque.
La Bibliothèque de la Société, rue de Seine, nº 1, estouverte le vendredi, de a heures à 4 heures, et le samedi, de 2 heures à 6 heures.
PARIS LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
RUE JACOB, Nº 13 ( viº)
et Les collaborateurs du Journal sont instamment priés d'adopler la transcription précédemment indiquée (annexe du fascicule janvier mars 1923 ), qui, pour l'alphabel arabe , est la suivante :
ء, ج ا ن ا ت ا بj, ح, اخ, دd , 5 d , ر, رز, س, ش,
می, ض, ! ط, ظ
غ ع, في, اق, اك, ال, مm , ن, sh ,
, w , ss y, ý : étatabsolu a , état construil at.
.
Voyelles et diphtongues : بba ; بbi, be; بbu , bo; باba; ا يبي, le ; بوba , b6 ; يbag: بوbam . عبد
JOURNAL ASIATIQUE. OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930 . --
LE
TEXTE DU DRAXT ASURIK ET LA VERSIFICATION PEHLEVIE , PAR
Tng 3
G
E. BENVENISTE.
Dans la littérature mazdéenne en pehlevi, le Draxt (7) asūrīk se distingue par une double particularité. C'est l'unique
spécimen iranien médiévaldu genre ditee Rangstreitliteratury : il rapporte une joute oratoire entre l'eearbre assyrien » (le pal mier) et le bouc, qui se disputent la primauté. D'autre part, c'est le seul texte littérairequi soitrédigédans le dialecte pehlevi arsacide du Nord-Ouest , comme la reconnu Bartholomae(1).
Ilne s'agit pas d'en fournir ici une nouvelle édition(2), qui exigerait une collation minutieuse des manuscrits de Bombay, (1) BARTHOLOMAE, Zur Kenntniss der mitteliranischen Mundarten , IV , 1922 , p . 23 et suiv.
(2) Le texte a déjà trouvé trois éditeurs : E . Blochet, Revue d'histoire des
religions , XXXII , 1895 , p. 233-341, et 18-23 de l’Appendice ; ANKLESARIA , Pahlavi texts , II , p. 37-39; et J. M . Unvala, Bulletin of the School of oriental
Studies, II , 1923 , p. 637-678. C'est à cette dernière édition que toutes les citations renvoient. Comme on le verra , nous nous sommes borné à l'examen
des passages qui intéressent la présente démonstration. CCXVII .
13 INPRIN RRIE NATIONALS .
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OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
en particulier, mais d 'établir le principe qui rendra son aspect authentique à un texte défiguré par la tradition et les éditeurs :
le Draxt(7 ) Asūrīk est en vers. Ce qui d 'abord le suggère , c'est la répétition , dans le dis cours du bouc (45 et 48 ), d'une phrase de conclusion qui
formeun hendécasyllabe : ēvom apartar hač to draxt asūrik seul je te suis supérieur, ô arbre assyrien Aussitôt d 'autres phrases se ramènent aisément à des vers
de 11 syllabes : 8 11 12 13 14 15 16
damēnak hač man karēnd ährän -vazāk rasan hač man karēnd kē to pad bandand čūp hač man karēnd kē to gartan māčēnd mēx hač man karēnd kē to sarkūn vazēnd [ ] ēz(u )m hom äturān kē tā sēž brēzēnd tāpastān (å > sāyak hom pa sar šahrdārān āzātmartān tapangūk hač man karēnd
26 hakart passox" karom nangam bavēt grān 30 āšnõi dēv i buland-gad āz patkarom
ka dātar bay varčāvand bāmik x 'āpar öhrmazd apẽbak dẽn mazdagasn ñaët 33 ăn čē bār i yāmak kē pa pušt dārom yut hač man ke buz hom kartan nē šāyēt ( cf. 41 fin )
angustpān i husravān šāh-hamharzān
36 maškom karēnd apdān pa dašt u vyapān. [u] pa garm rõč varfik sart āp hačman hast .
38
pa šakõh äzarm andar kanār dārānd
40 41 42 43
xik hač man karēnd ke bandand apar dron šikanj hač man karēnd kē bandand zēnān vas yāmak šāhvār patmõčan kanīkān kustik hač man karēnd ānom spēt padām ăn taºlil saltar patmoẺan Đazurkan
45
tan hubod bõdāt čiyön vul i gēhik pēšpārak hač man karēnd anošak -x 'ar mān kë x 'arēt šahrdār köfdār u āzāt
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK. zvom apartar hač to draxtasürīk
195
47 mazdayasnān patyāp pa man post dārand 53 to kandēt kas ēlar kē gūrsakih mas
En revanche, dans la seconde partie , ce sont des vers de
6 syllabes qui apparaissent: 49 ka o väčār barēnd u pa vahāk darand
hēr kė dram nē dārēt frāč o buz nē āyēt 50 ēnam sõt nēvakih ēnam dahišn u drūt kē hač man be ayēt
tar im če pahān būm ēnam zarrēn sox'an
kē man ō tō nihāt čiyon kē pēš varāz murvārīt afšānēt
52 giyāh tarun x 'arom u hač cănik sart āp Nous nous sommes limité aux phrases dont le mètre se reconnaît aussitôt le principe posé, ou moyennant une très
légère modification.Mais il en est quantité d'autres qui retrou vent leur rythme quand on les a débarrassées des gloses qui
les encombrent.
La première question , à cet égard ,est l'izāfet. On sait qu'un des traits caractéristiques du dialecte pehlevi arsacide dont notre texte demeure un vestige somme toute fidèle ,malgré un mélange de formes inévitable , est l'absence d'izāfet(1). Or, non seulementlemanuscrit de Paris du Draxt(7)asūrīk , qui se révèle à tout point de vue le meilleur, omet presque toujours la par
ticule i, qui est au contraire de règle dans le dialecte sassa (1) Cf. Tedesco , Monde oriental, XV, p. 218 et suiv.
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OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
nide, mais la forme métrique exclut à peu près partout les i que le dernier éditeur a rétablis obstinément. Les besoins du vers coïncident avec la règle dialectale. Le meilleur exemple en est le vers deux fois répété :
ēvom aparlar hač to draxt asūrīk . Dès lors , le texte a pour titre, non pas Draxt i asūrīk que donnent les manuscrits , mais Draxt asūrīk , sous lequel nous l'avons désigné, ou peut- être mieux encore Draxt asūrīk (u ) buz.
Également superflus sont les u eet» introduits par les éditeurs dans une poésie qui procède par accumulation et juxtapose les épithètes , les propositions , sans les lier.
Pour la mêmeraison , il faut se garder d'ajouter des prépo sitions qui faussentune syntaxe parfaitement claire . Aux para graphes 11 et suivants de son édition , M . Unvala lit : rasan hač man karēnd ke to pad [ pataš) bandand « I am the cord, with which they bind thy foot» . D 'une correction inutile sort une interprétation inexacte. Le manuscrit fournit évidemment la
bonne leçon, quiest un hendécasyllabe : rasan hačman karēnd kē to pad bandand ils font demoi le(s) lien (s) qui attachent tes pieds. Le vers reste correct grammaticalement quand , avec Bartho lomae, on tient rasan pour un complément pluriel régissant
bandand par l'intermédiaire du relatif(1). Rien nemontre mieux la vanité de ces additions que la der
nière ligne de la partie versifiée , qui, dans l'édition Unvala ( p. 666 , S53), se présente ainsi : tō kandēt ( har] kas étar ke gūrsakih [i] mas dārēt). La métrique dénonce un hendécasyl.
labe irréprochable dans le texte traditionnel : tő kandēt kas ētar kē gursakihmas. (1) BARTHOLOMAE , op. cit. , p . 27.
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK.
1199
En effet : 1° har est inutile devant kas; gº l’izāfet, comme nousl'avons vu , ne s’emploie pas en général; 3° il n'y a pas lieu d'ajouter un verbe à cette phrase nominale : kè qursakih
mas « dontla faim (est) grande». Aux mains de copistes sassanides , plusieurs passages ont
subi dès une époque ancienne des interpolations de particules. Soit, au paragraphe 21, la phrase : to če 7 man rāneh , to če o man nipartēh . La suppression de čē permet de lire : to o man rānēh , to o man nipartēh
ce qui signifie , non pas : « Thou also disputest with me, thou non
also fightestwith men (Unvala ) , mais , sur un ton d 'exclama tion méprisante : « toi, tu veux te mesurer avec moi ? toi, tu
veux me combattre ? , Bien des passages restent corrompus, grossis d 'additions ou de mots inconnus qui en obscurcissent la structure métrique. Les copistes n 'ont à aucun moment remarqué qu'ils transcri
vaient un poème, et l'ont gâché à plaisir. Ainsi, au para graphe 41, on discerne , dans un passage qui a fortement
embarrassé les éditeurs, trois gloses au moins : kē pa mas pil zandpīl dārand ; il est évident que mas pīl ou zandpīl est de trop ; - ka pa vas kāračār [ P. vas kār u kārəčār] andar kār dārand , les expressions pa kārəčār et andar kār fontdouble emploi; à la suite de quoi on lit : hambun nē sīhet cene semble pas être de
même origine» , où il est surprenant qu'on n'ait pas reconnu l'annotation marginale d'un commentateur . En revanche, au paragraphe 42 , une longue énumération
de produits divers pourrait être un ajout tardif,mais on hésite à l'affirmer devantles deux vers qu'elle forme, bien que le i les
rende suspects : pist u panir mēš-rõyn x'artik u kapur u mušk i siyā u xazz i tuzārik .
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OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
D'autres fois, c'est une partie du vers qui est tombée. Le premier alinéa en offre un exemple relativement clair : draxt i rust hast tar o šahr asūrīk būnaš husk hast saras hast tary u
rēšak nad mānēt barašmānēt angūr šīrīn bār awarēt. En interpré tant le chiffre 1 par evak , on obtient un premier vers : draxt evak rust hast tar ö šahr asürik
Puis une suite incomplète de 8 syllabes (ou un octosyllabe?): bunaš hušk ast saraš ast tart .
Enfin un vers allongé d'une glose : rēšak nad mānēt baraš mānēt angūr ( glose : šīrēn bār āwarēt ]
Sans prétendre remédier à toutes les altérations, il ne sera pas inutile d'indiquer encore, par la discussion de quelques
passages mal établis, quel appui on peut attendre de la mé trique.
Nous reproduisons la suite du paragraphe qui vient d 'être étudié : 2 . martomān -dātastān (rād ] ān om draxt i buland būz ő ham nipartīt
ku : az hač to apartar hom pa vas-gõnak hēr. 3 . man pa x 'aniras zamāk draxtom nēst hamtan če šāh hač man x 'arēt ka nok āwarom bār.
4 . makūkān -taxt hom .
5 . frasp hom [i] vālpānān . De l'expression martomān dātostān , on traitera plus loin . “
Comme dans les cas précédents, l'izāfet entre draxt et buland ne doit pas subsister , d'où un vers : ān-om draxt buland buz ő ham nipartit.
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRIK .
199
Le ku précédant le discours a été ajouté mécaniquement.
Dans la phrase suivante, il suffit de supprimer une syllabe pour rétablir le vers : az ou hom pourraient être sacrifiés. Mais la
phrase nominale qu'entraînerait la suppression de hom se jus lifierait mal à la gre personne du singulier. C 'est donc plutôt
az qui tombera pour laisser : hač to apartar hom pa vas-gõnak hēr. Au paragraphe 3 , la méconnaissance d 'une règle relative aux enclitiques paraît avoir causé une addition ancienne dans
les manuscrits et une interprétation erronée :man pa x 'aniras zamik draxtom nēst hamtan re I am the tree in the land of X 'ani ras; there is no (other) like me , (Unvala ). Mais il est évident
que la phrase ne comporte qu'une proposition , etque draxtom nēst hamlan forme un groupe sémantique, où le pronom encli
tique -ºm , dansle dialectearsacide en particulier, sertderégime à hamtan : « il n 'y a pas d'arbre quime soit comparablen. On retrouve plus loin un tour pareil ( 26 ) : nang-ºm bavēt grän ,
litt. : « dedecus mihi erit grauen. Le copiste , ayant pris -ºm pour ham e je suis » , a cru devoir mettre un pronom man en
tête , ce qui arrête inexactement la phrase après draxtom . Nous lirons donc : pa x 'aniras zamik draxlom nēst hamlan
(même)au pays de X'aniras, aucun arbre ne m 'est comparable. Il ne faut pas s'y méprendre : l'arbre ne prétend pas sortir du pays mythique de X 'anirala ; il invoque le renom de cette contrée, qui passait pour la plus éminente, au bénéfice de sa propre supériorité. Fidèle au style analytique de la prose mazdéenne, où les
phrases s'articulent étroitement, le copiste a fait précéder la
phrase suivante d'un čè explicatif.Mais la rédaction poétique se passe aisément de conjonctions; les phrases sont juxtapo
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
200
sées sans autres liaisons que celles imposées par le mouvement de la narration . Ce qui aboutit à : šāh hač man x 'arēt ka nāk āwarom bār.
Enfin , les deux hémistiches d'un vers se trouvent séparés aux paragraphes 4 et 5 . Pour le reconstituer, il faut remplacer taxt par son doublet laxlak :
makōkān -taxtak hom frasp hom vātpānān.
Quant à martomān dātəslān que nous avons réservé, il ne peut en aucun cas admettre le sens de cefor the judgement of
men , qu'on obtient en introduisant arbitrairement [rā8]. C'est, comme au paragraphe 28 , une invocation aux juges du tour noi, un vocatif qui, — la métrique le montre, — n 'appartient pas à la rédaction ancienne et fait intervenir le narrateur. No
tons en effet que les arbitres sont désignés de manière diffé rente , et qu'on s'adresse chaque fois à la profession qui est
directement intéressée au débat. S 'il s'agit de l'usage que les chefs font des gants ou du musc , on en appelle aux āzālân
datəslān (S35) , aux dātastān-šahrdarān (S38). Quand il est question de produits alimentaires ou autres au transport des
quels sert la peau du bouc, c'est le vāčarkānân -dātastān (S 42 ) qu’on sollicite . Mentionne-t-on l'usage religieux du patyāp , les dātəstān yazišnkarān sont pris à témoin (S47). Tour à tour, aux
les rivaux essaient ainsi de gagner à leur cause telle ou telle partie du jury, nobles ,marchands ou prêtres.Mais ces appels , étrangers au poème, ne s'y sont introduits que tard et à la suite de multiples récitations. Ils faussent un rythme encore sensible . Nous restaurons donc ainsi le passage en prose cité p . 198 : ān om draxt buland buz ő ham nipartit : hač to apartar hom pas vas -gónak hér
LË TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK.
201
pa x 'aniras zamik draxtom nēst hamlan šāh hač man x'arēt ka nõk āwarom bār .
makōkān-taxtak hom frasp hom vātpānān.
Le paragraphe 39 pose un problème assez délicat : nāmak
hač man karēnd frawartak [i] dipīrān [u ] diptar u 15-youregues apar man nipēšand e they make from me the book. They write on me the letter of the scribes and the register and the X ? X'».
Lameilleurepreuve quedipīrān diptar formeune glose est que ces deux mots manquent dans le meilleur manuscrit , celui de
Paris. Il est également manifeste que le copiste a cru rendre la phrase plus claire en ajoutant à la fin apar man nipēšand « ils écrivent sur moin . Pour compléter lc vers , il s'agit de retrouver
un motde deux syllabes , équivalent de fravartak , dans l'obscur
So wguregues qui semblerait devoir se lire *pātəšir. Nous sommes tenté d 'y voir une corruption graphique (*patšēn ? ) du terme connu pačên , pažên « copie, exemplaire , (1).Le vers seraitdonc : nāmak hačman karēnd fravarlak pačēn .
Comme on l'a vu ci-dessus ( p. 195) , les paragraphes 50 ct 51 forment des strophes de 4 vers à 6 syllabes. Mais , au paragraphe 51, la strophemérite un examen particulier. L 'édi tion Unvala donne :
ēnam zarrēn sox'an kē man o to nihāt čiyon kē pēš [i ] hūk u varāz murvārit afšānēt adap čang 1 žanēt pēš i uštr i mast these [are) my
golden words, which are laid before thee by me, like (one) who strews pearls before a pig or a boar, or plays the čang before a mad camel » .
Sans correction aucune , les deux premiers vers se déta chent : ēnam zarrēn sox 'an kē man o to nihat
(1) Cf. Haug -West, Glossary and index , p. 95 ; Hübscumann, Armen . Gramm. , p. 224.
202
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
Nousrestituons la suite en deux vers : čiyon kē pēš varāz
murvārīt aſšānēt, car le manuscrit P donne pēš hūk varāz, sans u , et c'est un dis
syllabe, varāz , que le mètre exige; hūk est ajouté en glose , soit pour expliquer varāz , soit plutôt que la locution ordinaire
fût pēš hūk murvārīt aſšūndan . Mais un dicton en appelle un autre, et le narrateur veut
renforcer ses effets : il recourt donc à une seconde image populaire : cou comme qui jouerait du čang devant un cha meau furieux» . On pourrait à la rigueur couper cette phrase
en deuxmembres de 6 syllabes : adāp čang ev žanēt pēš iustur i mast.Mais ce serait supposer gratuitement une prononcia tion ustur pour uštr , et surtout introduire deux i contre une
règle donton a observé ci-dessus ( p. 195) la constance. Après ces mots (851), il semblerait que le débatdûtprendre fin : le bouc conclut sur une parole hautaine et attend avec sérénité la sentence, qui consacre effectivement sa victoire . Mais c'est seulement au paragraphe 54 que son triomphe est proclamé : buz pa përòžih šut. Entre les deux paragraphes s'in sère un passage qui contient des mots incertains et commence par hač bun apāč karēnd. Cette phrase , jugée obscure, fixe en réalité les limites de notre texte ; elle signifie : « ils recommen cent dès le début». C'est une indication d 'un copiste , peut être empruntée à la tradition orale des récitants , qui prouve que le poème primitif se terminait bien là où nous l'avons arrêté , mais que les rivaux reprenaient leur tournoi sur nou
veaux frais. De cette reprise , le début seul nous reste , mais toujours versifié : giyāh tarun x 'arom u hač æānik sart āp to kandēt kas ētar kē gursakih mas.
(6 )
(6 ) (1
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK.
203
Puis le récit à peine amorcé s’interrompt, probablement devant une lacune des manuscrits originaux, et trouve brus quement sa conclusion dans : buz pa pērāžih šut « le bouc s'en fut victorieux , Toutes sommaires et provisoires qu'elles sont, ces observa
tionsmontrent la nécessité de soumettre le Draxt asūrīk à une
critique sévère, et le secours qu'apporte la métrique à l'appré ciation d 'une tradition défaillante . Le nombre des phrases assujetties à un rythme manifeste est considérable; presque tout ce qui se dérobe au mètre provient de gloses , de remanie ments tardifs ou de termes obscurs. Une collation attentive des différents manuscrits, quidivergent trop pour remonter à une source commune, permettrait à coup sûr de restituer ce petit poème presque entier dans sa teneur primitive . Alors seu lement il pourra être question d 'en chercher l'origine. Jusque là , des tentatives comme celle de M . S . Smith , qui y a com paré l'affabulation de certains récits accadiens(1), ne gardent
qu'une valeur d 'hypothèse. Le fait que les remaniements des copistes sassanides n'ont
pu effacer les particularités essentielles du dialecte arsacide ni
la forme métrique dans la plupart des passages, exclut l'idée émise par M . Unvala d'un texte retraduit en pehlevi sur une
version persane. Que le traducteur dont on suppose l'inter vention ait retrouvé pour un seul endroit , en un dialecte dont il n 'avait pas l'usage , un rythme qu 'il ne soupçonnait pas, cela
suppose déjà une conjonction de chances singulières ; mais qu'il ait opéré presque partout avec le même bonbeur, cela défie toute vraisemblance . Tout suggère au contraire qu'il
s'agit d'un original; car les traits dialectaux que M . Unvala a jugés persans sont ceux-là mêmes qui garantissent la rédaction septentrionale du texte. (1) S. Smith, Bull. of the School of orient. Stud., IV , 1926 , p . 69-76.
204
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
Nous n 'avons pu déceler avec certitude que des vers de 6 ou de 11 syllabes ( 5 + 6 ou 6 + 5 ), ces derniers en grande ma
jorité. Peut- être trouvera-t-on quelques octosyllabes, mais les endroits où ils semblaient figurer nous ont paru trop corrom
pus pour autoriser une affirmation . Nous n 'avons pas discerné
non plus de raison nette au changement de mètre. Notons
cependant le caractère plus familier des vers de 6 syllabes, leur causticité (S 49), leur tour proverbial (S 52). Ainsi établie en fait, la forme métrique de ce texte se jus tifie aussi en droit : presque tous les spécimens de ces cedébats »
ou e controverses » en langues variées que Steinschneider(0) a
catalogués sont versifiés. A vrai dire , on ne conçoit même pas énoncés en prose des discours qui doivent agir moins par la logique de l'argumentation que par le nombre , la valeur sug gestive ou allusive des images, et surtout par l'autorité presti
gieuse que le rythmeet le proverbe ajoutentà la parole(21.Mais c'est avant tout à convaincre les juges que visent les adversaires .
Aussi le Draxt asūrīk ne fournit-il pas dedéveloppements pro
prement poétiques : chacune des deux parties fait valoir ses mérites en brèves sentences , en formules souvent identiques.
Témoignage d 'une inspiration peu encline au lyrisme, certes ; mais aussi image d’un débat entre des prétentions également positives qui usentdu vers pour emporter plus facilement l'ad hésion .
Si le principemétrique ne nous fournissait qu'un élément (1) Rangstreitliteratur ( Sitz. der Wiener Akad ., t. CLV, 4 , 1908) ; cf. aussi UNVALA, loc. cit., p. 638. A compléter, pour l'Occident, par la dissertation de Hans Walther , Das Streitgedicht in der lateinischen Literatur des Mittelalters , Berlin , 1914 ; pour l'Orient, par les notes de 0 . Rescubr , Der Islam , XIV , 1925 , p . 397 -401.
(2) On lira avec fruit les observations de M . Jean Paulhan sur la poésie malgache (Commerce, cahier XXIII, printemps 1930 , p . 193-260 ) , où sont révélés , en une subtile clarté , le mécanisme des duels poétiques et les lois des hain -tenys.
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK .
205
de critique verbale, seul en profiterait l'établissement d 'un texte restreint. Mais l'histoire littéraire de l'Iran mazdéen en
retire aussi quelque clarté.
Déjà , parmi les documents peblevis de Turfan , Salemann
avait su reconnaître desmorceaux de poésie. Ses arrangements métriques sont souvent discutables , soit qu 'ils portent sur des
débris trop mutilés, soit qu'ils impliquent des vers trop longs et d'un mètre très variable. Il y a intérêt à reprendre , pour en fixer le mètre avec plus
de rigueur, les principaux de ces fragments versifiés en pehlevi manichéen , où l'on n'a pas assez remarqué que le signe de séparation des phrases coïncide toujours avec une fin de vers.
M . 789 - 551 v° (Müller, p. 68 ; Salemann , p . 29). Dia lecte arsacide. Décasyllabes : [ud? ] kutān būžān až marn ud aßnās : dahān o (i)šmāh kē čašm padën nē dī8 . göšān në išnud ud në grift pad dast ..
Lemètre 4 + 10 de Salemann est inexact.
M . 64 (Müller, p. 92; Salemann , p. 14). Dialecte arsa cide impur. Ennéasyllabes reconnus par Salemann : ayad až bayān mārī (māni] yazd frēhnām ō vahištum raměd
ku vād anõšēn böy āßarēd . — 00
M .64 v° (Müller, p. 93; Salemann, p. 14). Hexasyllabes : ayad yazd ardav .
až vahištav rēšan . vahiyar vaxd kēr dēr ..
206
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
Contrairement à la coupe de Salemann , le premier vers peut compter 6 syllabes, comme les suivants , si l'on donne
une valeur syllabique au - de ayad (cf. ci-dessous, p . 207). M . 4. Dialecte arsacide en général, mais avec des emprunts , ou des graphies de l'Est. Suivant l'observation de Salemann , la deuxième partie de ce texte , le Frašəyirdiy bašā (pour le
début, cf. p. 219), ainsi qu'une grande partie de M . 4 a , 46, 4c, consiste en citations rapprochées sans suite véritable .
Le mètre varie donc avec chaque extrait. Mais nous ne pou vons admettre la succession proposée par Salemann ( 2 X10 ,
9 + 2 x8, 8 + 7) sans lui faire subir d'appréciables change ments , que précise la restitution suivante :
āsmān padyām ud zamiy viyāßar
10
izyilāh to šahr 7 x'adāy sax'an ..
10 8
(ö ) yazdān vēndām kumān bāzēnd
0
až im bazay žaman istaft
0
istihay ud avāvarīy oo
0
ön frēštayān ön yamayan božēdman až harva vidang . .
aya fraç hồKmãn &ẽ bỏkayar Biºt
12 (6 + 6)
M . 4 b (Müller , p. 52 -53; Salemann , p. 5. Pour le pre
miermorceau , cf. p . 219 ). Salemann nousparaît encore avoir cherché ici une trop grande variété de mètres . Il hésite sur le
début et , à partir de giyānom , découpe le texte en : « 2 X 10,
vas pand dahām ku böy vindāh .. - .. āsēd giyānān o im nāv rõšan .. - .. & ()yānom frēhistum vxašmēd ud aryāv
öcon er
8 + 9 , 11 + 10 , 5 ; 2 X 10 , 5 ; 10 + 4 , ? ». La disposition suivantemontre plus de régularité : ôn ô tô giãn rõxan
207
207
er er et er
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK. ō ku franaft ē
aßāž izvrtáh .. – 00
viyrās frēh giyān až xumro maslift
ku zufr istēh arūs dušmanin
kēt * čahvār čavēd marn padrāyanan
hazšāh 7 padišt vāžāfrid zamiy
až āz naßen až avaržāk vidēsgar ud až ādur taßay vxarendaz
burz burmēd giyān vidrāy (?) frēšlay až vahišt ayad
- 00
vvvo
ku bud é až nux .. ~ 00
azdējar až šahrdārift on — 00
Le second des morceaux que nous avons mis en pentasyl labes (vigras, etc. ) se ramènerait à première vue à deux ennéa
syllabes suivis de pentasyllabes : viyrās frèh giyān až xumr mastifi ku xuft ištēh arūs dušmanin
kēt etc.
Mais xumr représentant, comme il a été établi ailleurs(1), la
forme arsacide, phonétique etmonosyllabique,de x 'afnae som meil» , le groupe final -mr devant m - s’adjoint nécessairement
unevoyelled'appui (-mrºmas-),quidans la scansion prendra une
valeur syllabique. Rien ne s'oppose donc à une division en deux pentasyllabes :vyrās frèh giyān | až xumrº mastīft. Dans
ce cas, le second ennéasyllabe reste isolé au milieu de penta syllabes ; il y a avantage à en faire aussi deux vers de cinq syllabes en prononçant xuſt . - Au vers suivant ket čahvār čavēd , nousavons interprété en čahvār la graphie insolite čuvhr
(1) Bull. Soc. Ling., XXX , 1930, p . 77 .
208
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
qui remplace ici le čaſār arsacide. Il faut probablement en
chercher l'origine dans le sace tčahaur-, quisuppose un traite ment -Au - > -hw -, différent de sogd . -Aw - > -tf-. Mais la forme
est purement graphique , comme le prouve l'interversion de -hv- en -wh- fréquente dans la notation sogdienne. Si nous avions du sace en écriture araméenne, nous verrions mieux
comment se sont influencés réciproquement les procédés gra phiques du Nord , qu'ils fussentde l'Ouest ou de l'Est. On a un
autre exemple de čwhr dans le début d'un hymnemanichéen : asēd vižidayān harv čwḥr (Mahrnāmay, l. 308 ) et l'ordinal
čwḥrum , čahvārom dans M . 34 , 1. 5 (Müller , p . 44). — Le mètre de burz burmed giyān vidrāy reste incertain , faute d 'une interprétation assurée pour le dernier mot : « . . . sous le feu brûlant, dévorant, l'âme . . . se lamente fort» . En lisant Sa
vidarāy (ou -e ?), on obtiendrait un octosyllabe.
M . 4 c (Müller, p. 54 ; Salemann , p . 5). Ce fragment, éga . lement formé de centons, est encore moins régulier que les précédents. Presque chaque phrase répond à un type métrique distinct, mais généralement bien défini, ce qui a échappé à Salemann .
aßištād hēm yud až niðāmay pad ho čihray bayānīy õm di3 6 bỏzaya
kad xandēnd o man nuvāžed . . - .. ay(a )8 o man framanēvay
ku čið buð hēm aßēstaft tāßās pad man vilāstift višmēd kird ō man mānay oo — 00
āyad ray pad niðfār angāvay čē man žīvahr būžom až vidang istafr pad im rož izyāmiy oo - 00 āsāh man böžāyar pad (i)stāvišn anlioay bay mãi mãi ad hrë baypuhrān 00 - 00
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK .
.
209
andēš yazd nēvyar
pad im vzēßēzāday niyāšay g(i)yān āmust kē ö lö kird padvāz oo - 00
yazd kirſakar andēš pad man äßyādom bud õ rõž ( )zyāmiy oo - 00 avar bay o man vēn
hufriyādom pad im āyām Des sept fragments juxtaposés dans ce morceau , le premier et le quatrième sontdemètre irrégulier ; le dernier est incom
plet; mais les quatre autres présentent respectivement 4 hepta syllabes, 3 ennéasyllabes , 4 hexasyllabes et 2 octosyllabes. La
ponctuation qui sépare les fragments définit chaque ensemble métrique.
M . 311 (Müller, p . 66; Salemann , p . 22). Même dialecte mõni yazdān frazēnd x"adāy anžīvayā dēn vazuryfik ? ] o to vizīð barom namāž oo - 00
frēhröd padān bavāh māni x 'adāy zīndkar .. —
00 00 ooo oo ooooo
que M . 4 :
zīvēned 7 murdayānā ud rõžēned ō tārīyān .. — sēnām māni w 'adāy
u[8 kan]īyrõšºnā
padvāžom pad forēh Salemann a reconnu deux séries d ’octosyllabes, mais coupe
à tort frehröd . . . zīndkar en 8 + 4 , quand le groupe fréquent mānī x 'adãy zīndkar impose 6 + 6 . En outre , il n 'a rien pro posé pour sēnom . . . frèh dont nous faisons trois hexasyllabes.
Il est vrai que le mélange des formes (zīndkar, zīvenes) et la désinence sogdienne de murdayānā rendent ce morceau sus pect , comme le suivant. CCXVII.
14 IMPRIMERIE NATIONALR .
210
OCTOB RE- DÉCEMBRE 1930.,
M . 311 vº (Müller, p . 67; Salemann , p . 23 ). S'abstenant de toute remarque, Salemann paraît voir de la prose dans ce fragment : rūšnā mānī x 'adãy vxašnām zīndkar payom pad tanvār
yišo x 'asāyā būžā man ruvān až imīzādıurdā būž man ruvān až im zādmurd 00 — o frèhyon to gāh nisãy. Mais la phrase būžā mān ruvān až imīzādmurdā estsûrement interpolée ; elle anticipe
sur la suivante en y ajoutant des désinences pseudo-sogdiennes ( im -i, zādmurd-ā ). En la retranchant, on obtient quatre vers alternés de huit et sept syllabes : rõšnā māni x 'adãy vxašnām zindkar pāyom pad lanvār
būž man ruvān až im zadmurd .. - . frehyÖn tõ gặe nisãy
7
· Il faut analyser ici un fragment manichéen de Xojo ( T . II D
178), publié par H . H . Schaeder (dans Reitzenstein-Schaeder, Studien zum antiken Synkretismus , 1926, p . 290-291) et com posé de trois morceaux en dialecte arsacide, mais avec des inconséquences de graphie . M . Schaeder n 'en a pas rétabli nanu le mètre, et l'a publié en respectant la disposition du manu
scrit. Les vers se décèlent aisément et s'ordonnent en groupes réguliers :
1rº strophe :
. . . . . . . . . . . . . . .vizið .
vād anāšay bõy vxaš . fravarzēd o bayān . ad zamiy ud drastän .. g' strophe : čašmay rõšnên , dārāyān āfridayān .
kõfăn nisãy , viyāßaray ud bayčihr .. 3e strophe : radnēn ārām , ispur hamāvēnd vyāy .
šahrān anāsãy , mān mān ud gåh gūh [oo ] :
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK.
211
. 4 strophe : to sažēd aryāvīft , šahrdārāſn ) masišt .
namāž ud (r)stāvišn . [o] mar māni vzašnām .. . 5* strophe :
äfóred aføres pad nuvā ; rūž vazury . is ; ) mar zākā (a )mõžay .
að hamay dâm [rö]šnên .. La structure de l'hymne se dessine avec une telle netteté
qu'on aurait à peine besoin des signes de ponctuation pour la reconnaître : 4 x 6 2 X 11 2 X 10
2 X 11 hx 6 .
Deux strophes de quatre hexasyllabes encadrent deux stro phes de deux hendécasyllabes , qui à leur tour enferment une strophe de deux décasyllabes. On peut à coup sûr'en inférer
que l'hymne est complet, saufles quatre premières syllabes du premier vers, qui doit peut-être se restituer : [namāž ō tō] vižid
Une fois dégagé, ce scheme aide aussi à l'établissement du texte . Au deuxième vers de la première strophe , vxaš se trouve écrit au -dessus de böy et M . Schaeder a cru y voir une inter polation ; or le mètre exige précisément un monosyllabe que
le copiste avait omis et qu'il a judicieusement ajouté. — In versement, str . , v. 2 , le manuscrit porte mar (māni), que M . Schaeder a complété , suivant la graphie usuelle , en marī. Mais c 'est mar seulqui convient au second hémistiche de l'hen
décasyllabe.Etd'ailleurs on lit, deux vers plus bas,mar (zākā). - Nous avons conjecturé plus loin , pour "fryd , fryy!, une prononciation āfures, qui est indispensable au mètre ; bien que 14 .
212
OCTOBRE - DÉCEMBRE 1930.
particulière au pehlevi sassanide, elle s'est introduite dans la rédaction arsacide , comme on le voit dans M . 176 (Müller, p. 60) , qui porte deux fois 'ſur'm . - La même raison a déter
miné notre lecture mūžay pour ’mwig; il a dû exister au Nord Ouest, à côté de amôžăy (sass. hamāzāy ), une forme mõžay
garantie par sogd. mwčk-, qui est devenu ouig . mūžak et chin .
mou-chö. — Comme l'a vu M . Schaeder (p . 289) , les deux derniers mots šahrdār nāzūy, écrits à l'encre rouge, n 'appar
tiennentpas à l'hymne.
āfrīnām ō tā pidar , bay raštēyar
1" strophe:
giyānān padßos dīdan ud framan< ēvay) 00 áfrīd āfrid ē .
to yazd huframān .. gº strophe ;
hamodām pad 17 . vāž āfrid didan . zāvar [i]škēßar . žīvahrēn žīrīft oo 00
gº strophe :
haštumiy nuxzād tāvay framānay .. yazd [m ]arī māni .
46 strophe :
x "adāymān frēnyon oo kē axšad vasnäd .
00
löyły brahm ist[äd) . [u8] 7 marduxmān . nīšān kird payday oo
50strophe :
sax"an živanday . ispur (čax ]šaßēd . padmôžād ( o > āmā
Avec les menues restitutions de M . Schaeder , que nous
avons adoptées pour la plupart , le texte se compose d'un hen
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK .
213
décasyllabe liminaire , suivi de cinq strophes en pentasyllabes
réguliers. Une fois de plus, les repères de la ponctuation déli mitent exactement les vers. Seule la cinquième strophe est pri vée de son dernier vers . On observera la distribution des strophes, qui comprennent
toutes quatre pentasyllabes, saufla première , réduite à deux vers entre āfrīd et huframān. Cette irrégularité s'évanouit si on
admet un seul hendécasyllabe d'introduction, pour décomposer le suivant , moyennant une correction , en deux pentasyllabes . Le premier membre apparaît aussitôt : giyānān paspās; on ob tient l'autre en lisant framăn au lieu de framanēvay : giyānān padßos e didan ud framan oo
āfrid āfrīd ē . to yazd huframān .. Une pareille modification au texte doit être légitimée par l'interprétation .Lemot est écrit 1143970 et semble différent à
preinière vue de xorb. Aussi M . Schaeder, hésitant à l'assi miler au jxo17 du quatrième vers , y a -t-il cherché inutile ment un correspondant à av. framanah-, avec un suffixe -evay ; il traduit hypothétiquement « Förderer (?) ». Andreas a vu le
sens exact de framāne-vay ce Befehlserteiler » ( cf. Waldschmidt Lentz , Stell. Jesu im Manich . , p . 96 , n . 8 ) , avec d 'autant plus
de facilité que la deuxième syllabecomporte une graphiepleine - JAD - dans le fragment en question . Mais il a donné une ana
lyse erronée de termes apparentés dont certains , en raison de
leur importance dogmatique, appellent un nouvel examen . On se méprend sur le sens de ces graphies discordantes
tant qu'on ne les relie pas à leur origine. La négligence des copistes n 'a pas tellemont brouillé les faits qu'on n 'en puissc retrouver la répartition . En confrontant les notations du Nord
et du Sud-Ouest pour f , on observe que o est arsacide, et D
914
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
sassanide. Ainsi andinn et anund; 77970 et 7347D ; PXTD et
İND; fond et job; etc., bien que l'un soit souvent pris pour l'autre. On est donc fondé à identifier 1970 et xong . Par suite, jX07017 chez Waldschmidt-Lentz, op . cit., p . 117 , 1. 7 , doit se traduire, non « mit guter Überlegung » , mais à la bonne
décision ». Et, en substituant pour des raisons métriques fra mān à framanévay au début du fragment B , nous entendons
digan ud framân par vision et décision » , qualifications du per sonnage invoqué. D 'ailleurs , après les abstraits pasBös et didan , on attend plutôt framān que framanëvay Dès lors , on ne peut séparer de ce groupe la dernière des
cinq facultés del'âme :1970, que MM.Waldschmidt et Lentz ( p . 42) lisent e por(ë)mānoy , ( = par(i)mānay ) et rendent par
« Überlegung » , de * pari-mā- , d 'après Andreas. Plusieurs des équivalents étrangers en suggèrent l'interprétation correcte :
le chinois donne se décision , (Entschluss ), le syriaque, taribā e volonté » ; le sogdien ptBydyy , sur lequel les auteurs ne se prononcent pas , remonte manifestement à * pativaid aya)- ( av.
paiti-vaedaya-) « faire connaître , proclamer, et répond à l'em prunt arsacide en arménien patvēr « ordre , ( Hübschmann , Arm . Gramm . , p . 226 ). On n'échappe donc pas à la nécessité de lire framānay « décision , volonté » , pour rétablir l'accord
entre les diverses langues, ou tout au moins entre le terme
pehlevi etceux qui ont été calqués directement sur l'original : le sogdien , le chinois et le syriaque. Les listes arabe, grecque et latine ( fitna , hoycouós, cogitatio ) montrent une ambiguſte
qui doit tenir à un intermédiaire (1).
Une restitution de M . Schaeder, à la troisième atrophe,
donne yazd [bay maļrī mānī; mais seul yazd [ma]rī māni est (1) J'ai plaisir à constater que mon iqterprétation de ce terme manichéen concorde avec celle de M . NYBERG , Monde Oriental, XXIII, p . 367. (Note de correction . )
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK.
215
autorisé par le mètre. A moins d'une discordance inexpli cable, la lacune du manuscrit, que nous n 'avons pas vu , ne doit pas laisser place à plus d'un signe. Une vérification serait
souhaitable.
On a pu relever ci-dessus (p. 2 1 a ) que le der
nier vers pasmāšād o āmāh semble introduire un bexasyllobe au troisième vers d 'une strophe de pontasyllabes. En fait , la
transcription de M . Schaeder donne פרמוצאר א [י] אמאה et l'examen du manuscrit permettrait seul de voir si le « à la suite duquel a été restauré 1 doit bien s'interpréter ainsi. Autre ment padmôžād amâh e qu 'il nous revête » se concilierait aisé ment avec l'emploi transitif de padmoč . La dernière question , au point de vue métrique, touche le rapport de B et de C . Elle ne peut être envisagée sans qu'on ait au préalable dégagé le mètre du fragment C , qui est octo
syllabique.
taxtihā (a)šinā ēž aßeuvān .. istāvišnapad don yoždahr . ud afrin iy hamay šādik .
až kän šahryīri ir bārist .. Il est donc invraisemblable que C s'enchaine directementau dernier vers de B , comme l'a pensé M . Schaeder . On a vu qu'ilmanque un pentasyllabe à la dernière strophe de B. En outre , dans une suite de strophes de quatre pentasyllabes, l'in
trusion soudaine d'un octosyllabe déséquilibrerait le rythme. D 'ailleurs , M . Schaeder est contraint d 'imaginer un emploi fau tif de la ire personne aßzuvan au lieu de la 3° personne -ād, pour relier la première phrase de C à la dernière de B . Quand le manuscrit sera accessible , on verra peut-être s'il s'y trouve
216
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
quelque confirmation de la lacune que nous supposons entre B et C .
Si, au cours des fragments analysés jusqu'ici, c'est surtout la recherche de la variété qui se manifeste dans le rythme, il
fautd'autant plus nettementsouligner le choix de l’octosyllabe
régulier dans des textes assez longs, quoique toujours mutilés. Commençons par un hymne arsacide dont M . Scheftelowitz , en le publiant, a discerné le mètre (Oriens christianus, 1927,
p . 262), mais non la séquence alphabétique des strophes : ay kāmeð ötān aßdēsān až viyāhift tašē pid (a )rān < hasēnayān ) . böžāyar ardāvə zarhušt
kadēš vyāßard ad grēv vzēſē . garān mastift ku xuft ištē viyrāsāh ud õ man vēnāh . drūð afar lo až šahr rāmišn čē až vasnād to frašud hēm havēč vyäßard sroš (an ) anāzār ku az az hēm nāzúy zāday
vimēxt ištām ud zār vēnām iz"vāyom až marn āyoz
zarhuỵt ô hô pas drug pursẽồ važan hasēnay man an > handām . živandayān zāvar ud masišt gēhân drūd aßar to (a )ž padišt vxēßē .
haxšāh o man namrift zāday pusayrošn pad sar avistā
tāvayān zāday kē < kird > ē (i)škõh ku čed bizšēh pad harv vyāyān .
En tout vingt vers partagés en dix strophes de deux octo syllabes. Le mètre dénonce un certain nombre d'additions, dont l'examen suit, dans la mesure où il peut se concilier avec un notre dessein de ne pas faire intervenir ici de problème d 'in
terprétation. Dans l'espoir de revenir prochainement sur le
217 LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK. sens général de cet hymne, bornons-nous à dire que si les conclusions de M . Reitzenstein ( Das iranische Erlösungsmyste rium , p . 2 et suiv. ) comportent une part d 'erreur , celles de
M . Scheſtelowitz nous paraissent hautement critiquables. Au vers 2 , hasēnayān est une glose, comme, au vers 9 , an .
- - M . Scheftelowitz lit aux vers 13-14 : zarahušt 7 ho pat drūd | pursād vacan (hasenag) manān handām e Zarahušt richtete
an jenen als Heilsgruss das (alte) Wort : 0 mein Glied . . . . M . Reitzenstein considère comme interpolée cette strophe, qu'il traduit : « Zorohusht sagte zu ihm mit einem Heilgruss den uralten Spruch : o mein Körper » . Les deux traductions,
d'ailleurs assez voisines , faussent le développement, comme la coupe de M . Scheftelowitz dérange le mètre : il est inadmis sible que le verbe pursād soit rejeté au second vers ; une suite
métrique complète doit respecter l'articulation de la phrase. Le nom initial est à lire zarhušt , comme au vers 3 , ce qui dis
pense aussi de restituer, avec M . Scheftelowitz, un pat' imagi naire au lieu de pad. Si donc le premier octosyllabe se détache
bien : zarhust ò hò pad drūd pursād, c'est que la suite forme le discours introduit par pursūd, et n'en constitue pas le complé ment grammatical. Pour traduire važan hasēnay par « das alte Wort » ou « den uralten Spruch », il faut avoir perdu de vue qu'il sert ici de vocatif , avec une valeur précisée par la pre
mière des invocations à Jésus : vazan hasēnay ce voix originelle !, m
(Waldschmidt-Lentz , op . cit. , p . 85 ). La suite du vers : man
handām e ô mon membre!» ,est déformée par un redoublement graphique sans valeur de mn en mn'n . Il semble en outre que les épithètes živandayān zāvar udmasišt gehān e force des vivants
et le plus grand monde" , n'entrent pas dans l'octosyllabe , mais appartiennent à l'hymne, parce qu 'elles complètent les appellations du vers précédent. La strophe entière, qui est précieuse pour l'interprète , a chance d'être ancienne. Il faut repousser la lecture de M . Scheftelowitz : živandagān zāvar ud
218
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
[masišt gehān]drūd | abar tā ač padišt vēbe, qui, comme plus haut, ne fait pas coïncider la fin du vers et de la phrase, Le sujet drūd doit accompagner son régime : Salut à toir : drūd aßar to (a)ž padišt vxēße. M . Scheftelowitz ampute l'avant-dernier versde son dernier
mot askõh ( sic ), pour en faire un octosyllabe. Mais la suppres sion d 'un mot important ne va pas sans arbitraire. Usant de
la faculté de ne pas compter le :- prothétique, qui dans de nombreux cas n 'a pas de valeur syllabique, nous préférons
éliminer kird. Le sens n'en souffre pas : « Fils des puissants, qui es majestueux» , au lieu de cequi as été fait majestueux .
A en croire Salemann, il subsisterait un emploi de l'octo syllabe épique dans le fragment S 8 (Manichäica , III/IV , p . 6 , a das erste Beispiel des mittelpersischen epischen Versmasses? ). L 'observation prématurée de Salemann repose sur un décou page assez libre du texte , et ne tient pas compte de la ponc
tuation , à quoi, répétons-le , doit s'assujettir toute restitution
dy mètre. Le texte se présente ainsi (dialecte sassanide) : hryBtg 'n ( ) rõšnān im rāy kušt hënd ud abrānān im rãy māyand
vispān šahrān a 'ad sist dāred ud pad wad w[8)māh , a'ad || ispāzas aßa[r] šahr , zēn ast ud nēzay iy öhrmizd bē kē tast dušmēn us kand as
bun , harvisp amāh viyrāð ēstām [0 ] ku padrõčay pad amāk boxsão [ ?] tahm asl ud . . .
· C 'est-à -dire ,métriquement :
vispār šahrān x"ad sist dāred ud pad xºad (x'ar ? ) u[8 ) māh . x "adſãy ? ) ispêzad aßar šahr .
zēn ast ud nēzay iy öhrmied bē
COLO 000
hreßatayān (?) rõšnān im rāy kust hēnd , ud adrõnān im rāy moyand .
219
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK .
kē xast dušmēn uš kand az hun . harvisp amāk viyrad ēstām
ku padrõzay pad amāk bõzsād (.]
9
Partout la ponctuation sépare correctement les phrases et fixe des vers de 8 et 9 syllabes alternativement, avec un membre DEo
de 5 syllabes, peut-être incomplet , au milieu . Rien ne sou
tientdonc l'idée d 'un octosyllabe régulier, et rien n'autorise à reconnaître un caractère « épiquer à ce fragment. Les deux derniers vers : « Demeurons tous éveillés , afin que d 'un jour à
l'autre la libération ait lieu pour nous» soulignent simplement l'éloge d 'une divinité ,warme et lance du dieu Ohrmizd, qui a frappé l'ennemi et l'a déracinén , --- Le sens du premier mot
reste douteux, ce qui affecte dans une certaine mesure lemètre . Mais la lecture hreßatayan , en quatre syllabes , est celle qui répond le migux à la graphie .
C 'est dans deux fragments de Turfan que se montre nette meutl'octosyllabe :
M . 4 , 1re partie (Müller, p. 50; Salemann , p. 4). Dialecte arsacide :
ārām kirßay čē bõdistan bāvāh o man ārām kirßay co aßāž āsāh pað man mānāh
bavām hamx'and pas to kirßay .. Au dernier vers, h’m ’xwnd trisyllabe dy manuscrit fausserait lemètre.
M . 4 a (Müller, p.51; Salemann , p . 4 ). Dialecte arsacide : a8%ễrpanay tănöhray hăm če ( } bāßel zamiy visprixt hem oo
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930 .
220
visprixt hēm až zamiy baßēl ud pad rāštift bār av(i)štād hēm . . - . 0
s“rāvay hēm aßžērvanay
čē (a )ž bāßēl zamīy franafthem oo
franaft hēm až baßēl zamiy ku xrõsāñ xros pad zambudiy .. - . 7 (i)šmā yazdān padvahām harvīn bayan hirzēdu o man astār
pad āmuždīft oo Quatre strophes de deux oclosyllabes, suivies d 'une strophe de deux hendécasyllabes (774). Nous avons gardé, à l'avant dernier vers , la vocalisation anomale hirzēdu (au lieu de hirzed ),
qui est destinée à fournir trois syllabes, sans élision devantó. - Le quatrième vers ud pad rāštīſt bār avištād hem compte en apparence une syllabe de trop. Il est probable que la graphie
arsacide traditionnelle avištūď n'empêche pas ici une pronon ciation av-štād requise par le mètre : le sogdien a en effet
’wsi't. — Comme en persan, la voyelle deaž peut s'élider après voyelle.
M . 173 (Müller, p . 78; Salemann, p . 20). Dialecte arsa cide. Pour n 'avoir pas observé la ponctuation et le sens, Sale
mann a disposé cemorceau en quatre dodécasyllabes ( 4 + 8 ). Il s'agit manifestement de six octosyllabes : älēj nax"ēnº lo x’adāy . ud tā (i)stumēn pad to angad . ud bud ispur to kām kirBay bayān harvin ud šahrdārān . yazdān rõšnān ud ardavān
dahēnd (i)stāvišn pad vas kadoš
Somme toute , la versification des fragments manichéens comporte , avec une grande variété de mètres, une prédomi
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK .
221
nance d'éléments octosyllabiques. Abstraction faite de quelques légères additions, les copistes ont pris soin de séparer les phrases en membres métriques. Les licences paraissent rares auprès de celles que s'accorde la poésie persane : faculté de compter pour une syllabe la finale consonantique , d 'élider une
voyelle devant ou après uneautre, de compter ou non le i- pro thétique qui sert d'attaque à un groupe consonantique initial.
Pareille richesse , pareille souplesse n 'appartiennent qu'à une poésie affinée par l'exercice des générations. On serait donc tenté de relier la versification peblevie à celle de l'Avesta ré cent. Mais une différence essentielle subsiste : celle d'unemé
trique purement syllabique à une métrique accentuelle. La place de l'accent, sinon la stricte prosodie , paraît pouvoir se déterminer dans les principaux types de vers pehlevis :
Pentasyllabes :
haxšáh o padišt vāžáfrid zamíy ku búd ē až núx
Hexasyllabes :
vād anốšay böy vzás
Octosyllabes :
fravarzéd bayán ad zamíy ud draxtán garán mastíft ku xúft iště viyrásāh ús o mán vēnáh drūð áßar tó až šáhr rāmišn
Hendécasyllabes : čašmáy rošên dárāyān áfrīdayán kõfán nisay viyāßaráz ud bayčihr to sážēd aryávīft šahrdárān masíši *
*
Il faut mettre à part le fragment 554 vº (11 syllabes
[5 + 6 ),dialecte sassanide) : x 'arxšéd i rõšán ud purmáh i brāzáy rôzénd ud brāzénd az tanvár i õy dráxı
BRE ÉCEMBRE 930 1 . -D
OCTO
222
murván bāmēvấn õi nāzēnd šāðihá nãzend kakotdr frakẽmuro 1tsp[ráng] . Le soleil lumineux, la pleine lune rayonnante Resplendissent et rayonnent hors du tronc de cet arbre ; Les oiseaux éclatants s'y pavanent pleins de joie , Se pavanent les colombes et les paons bigarrés.
Salemann ( p . 29) avait discerné le caractère particulier et le mètre de ce morceau, et M .Junker, en le reproduisant, en a bien marqué les ictus. Rien , à vrai dire, ne prouve que le fragment soit manichéen , sinon l'aspect et l'origine du manu scrit. Mais ce qu'il faut surtout en retenir , c'est sa rédaction sassanide.
Dans le premier chapitre du Bundahišn , M . Nyberg a dis cerné avec une rare perspicacité les éléments poétiques d 'un
hymne à Zrvān , défiguré par des additions de toute sorte , hymne composé de quatre strophes, les deux premières de deux hendécasyllabes , la troisième de deux ennéasyllabes, la
dernière de quatre octosyllabes(2). La constitution des pre mières strophes peut se comparer exactement à celle des vers cités plus haut : zamān +özömandlar hač har + , dāmān
zamān handāčak o +kārē dātastān (3)
zamān (hač ] x 'ayāpakān ayāpaktar zamān hač pursišnikān pursišniktar (1) Addition très vraisemblable de H . JuŅken , Wörter und Sachen , XII, 1929 , p . 132.
(2) Nyberg , Z.D .M .G ., 1998 , p . 223 , et J. As., 1929 , I, p . 21 . (3) Nous gardons la restitution et l'interprétation de M . Nyberg , mais pré férerions lire ő kār [ ] dātastān e ( le temps est la mesure ) de l'action de la
sentencen. Tohte la suite porte sur le rôle du temps comme justicier,
LE TEXTE DU DRAXT ASÚR.K .
228
Le temps estplus puissant que lesdeux créations; Le temps est la mesure de l'efficacité des cuvres.
Le temps possède plus que les plus fortunés Le temps s'informe mieux que les mieux informés. Or ces verspeuvent s'accentuer de la mêmemanière que les
hendécasyllabes de Turfan : zamấn öžõmándtar hač hár do dāmán zamán handačák ő kāré dālastán
· Il en est visiblement de mêmepour les hendécasyllabes du
Draxtasūrīk arsacide : zik háč man karénd kė bandánd apar drón pēšpárak hač mán karēnd ánošak -x "dr man kó x 'arēt šáhrdār kofdár u ārát
ēvóm apartár hač to dráætasūrík
Mieux encore : une particularité remarquable de l'hymne à
Zryān est que les vers riment deux à deux. Or la rime figure
certainement dans une des strophes indépendantes qui com posent M 4 c ( ci-dessus , p . 208) : ar (a )8 man framaněvay ku čið bud hēm aßēstaft tābād ö man vilāstīft višmed kird o man månay
et aussi nettement à la quatrième strophe du texte de Xojo
(p . 912) : kē atšad vasnad
loyiz brahm istād ud 7 mardumān
nišān kird payday
Dans le premier exemple , les rimes composent le type abba ; dans le second , aaba , avec une sorte d 'assonance de -ãy et -ād,
224
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930 .
Les deux systèmes de rimes sont usuels dans la lyrique per sane. On relèverait , parmiles nombreux fragments manichéens
rétablis ci-dessus, mainte possibilité d'assonance assez précise semblant préluder à la rime.
Que des œuvres aussi différentes qu’un hymne zervanite , un fabliau arsacide, un poème manichéen sassanide, usent également de l'hendécasyllabe et éventuellement de la rime, peut-on faire crédit de cette concordance au hasard ? De ce vers moyen-iranien nous rapprocherons le mutaqārib persan ,
qui, dès Daqiqi et Firdousī , possède une forme achevée
luse luba Tubav
) et témoigne d'une technique si
précise qu'il ne peut avoir été inventé par les premiers poètes persans, ni emprunté à des modèles arabes (1). Nöldeke écri vait justement, il y a trente-cinq ans : « Auch das immerfort
ohne jede Abänderung gleich verlaufende Versmaass (Mutaqā rib ) . . . war sicher schon vor Daqiqi für die Heldendichtung , wenn nicht überhaupt für die erzählende Prosa , gegeben , (2),
N 'oublions pas que le premier poète persan qui ait écrit en mulagărib , Daqiqi, était mazdéen . Or voici qu'un exemple de poésie narrative mazdéenne recule jusqu'au haut moyen âge la
tradition de ce mètre . Entre l'hendécasyllabe pehlevi et le mutaqārib persan , il y a donc la même continuité qu'entre le pehlevi sassanide et le persan littéraire. Firdousi a retracé la geste nationale en un vers également national dont le X'adãy
nāmay usait peut-être déjà. La versification épique persane prend sa source dans un vaste courant poétique, qui s'est ali menté à diverses inspirations, mazdéenne ou manichéenne. Ainsi se recompose , en plein moyen âge iranien , une per spective sommaire de la poésie pehlevie , éclairée par l'Ouest
(1) Sur les particularités rythmiques du mutaqārib , cf. Gauthiot, M .$.L ., XIV , p. 279-285. (2) Grundriss der iran . Philol., II, p. 150 ; souligné par moi.
LE TEXTE DU DRAXT ASŪRĪK .
225
et par l'Est à la fois. Il a existé une lyriquemanichéenne , qui employait les ressources d'une versification variée aux besoins de la propagande et à la célébration du culte. Il a existé aussi une poésiemazdéenne , non pas seulement religieuse ou épique, mais narrative et familière ; non pas seulement quantitative, mais accentuelle. Le Draxt Asūrīk en est jusqu'à présent l'unique attestation . Il est significatif que ce précieux spécimen
vienne de la Perse arsacide,oùnous ramènent, commeau foyer d'une intense création , tant de témoignages indirects. Cette
fois, nous en avons mieux que des reflets : une œuvre authen tique.
CCXVII. IMPRIMERIE NATIONALE,
STRATIFICATION DES LANGUES ET DES PEUPLES DANS
LE PROCHE -ORIENT PRÉHISTORIQUE ), PAR
E . FORRER.
Je ne voudrais pas, en commençant, m 'attarder à discuter
les problèmes généraux de ce quej'appellerais l'ethnogonie, ni les origines , l'évolution ou les mutations des langues par suite de contacts et de conflits historiques : mélange de races, su
perposition de langues dominantes et dominées , etc. J'ai l'im pression que les individualités ethniques — races , peuples,
langues --- ont une vie historique qu'il s'agit de bien com prendre et de bien définir dans le temps et dans l'espace. Il y
a des gens qui s'imaginent qu'on peut parler par exemple des Sémites, je ne dirai pas dès le jour de la Création , mais du moins depuis le Déluge jusqu'à nos jours. Tandis qu'il me semble qu'une race ou un peuple nait à une époque donnée en fonction de certaines conditions géographiques , biologiques
et bistoriques. Quoique les circonstances de leur formation soient difficiles à connaitre pour les plus anciens peuples ou (1) Communication faite à la Société Asiatique le g1 février 1930. 15 .
228
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
races de l'histoire , nous pouvons parfaitement étudier ces phénomènes dans d 'autres cas plus rapprochés de nos temps :
par exemple l'expansion soudaine de la langue russe de Kiew
jusqu'à Wladiwostok , ou l'expansion mondiale des peuples es
pagnol et portugais à travers ce qu'on appelle maintenant l'Amérique latine et sa conséquence biologique : la naissance des races créoles. Des phénomènes historiques de ce genre produisent des changements profonds dans le type physique
et linguistique à une époque donnée, époque qui peut, bien entendu , s'étendre à travers un ou plusieurs siècles , mais qui
reste pourtant une époque historiquement bien définie , ou plutôt qu'il s'agit de définir aussi exactement que possible.
C'est ce que je voudrais essayer de faire aujourd'hui, dans les limites de mes moyens.
.
Vous savez tous qu'en fouillant le sol, nous commençons par déblayer les couches supérieures , qui sont, évidemment, les plus récentes. Ceci est le processus inévitable de la recherche
historique. Mais, pour ne pas perdre inutilement mon temps et le vôtre , je me bornerai à vous décrire dans l'ordre inverse
les résultats ainsi obtenus. On sait toujours qu'une campagne de fouilles est terminée ,
aussitôt qu'on voit que la couche archéologique est percée et qu'on a atteint le sol vierge ou le fond rocheux. Malheureuse
ment, l'historien ethnologue est incapable de parvenir à la couche primaire de ceux que les anciens appelaient les au tochtones ou les e aborigènes » , qui seraient, pour ainsi dire,
nés από δρυός και από σέτρης. Dans la limite de nos connaissances présentes, nous ne
pouvons dépasser une couche ethnique que je voudrais appeler
les Hatti-Songueriens. Voici les raisons pour lesquelles je me permets de vous proposer ce termenouveau .
Nous connaissons en Cappadoce septentrionale une langue d 'un type extrêmement original et différent de tout autre.
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE. 229
J'ai nommé cette langue , qui s'appelle elle-même hatti-li , le protohattien , pour éviter une confusion avec les deux autres langues qu'on appelle vulgairement hittites : 1° la langue in
connue des inscriptions pictographiques d'Asie Mineure et
de Syrie ; 2° la langue principale des tablettes cuneiformes
indigènes des archives de Boghazköi, que j' appelle canisien , tandis que M . Hrozný a proposé dans une publication récente de l'appeler le nésite.
Parmi les tabletes de Boghazköi, l'ancienne Hattusas, j'ai trouvé en 1919 plusieurs bilingues en protohattien et en cani sien (ou , si vous voulez , nésite ), ce qui m 'a permis d'en déter
miner le caractère et la structure grammaticale : le protohat tien est un parler où déclinaison
et conjugaison se font
exclusivement par le moyen de préfixes, avec une constance et avec un degré d 'agglomération inconnus ailleurs dans le mi
lieu que nous étudions. Or nous possédons depuis les dernières fouilles d'Ur une
inscription d'un roi ( probablement Hammurabi) qui se vante
d'avoir conquis le pays Tugriš (l'Arménie ), «dont, dit-il, le parler est extrêmement compliquén . Il ne me semble pas dou teux que cette indication précieuse , qui d'ailleurs témoigne de la curiosité linguistique et grammaticale bien connuedes scribes
babyloniens, se rapporte à cette complication surprenante de la morphologie verbale et nominale du protohattien.
Aux temps historiquesmême, en plein xive siècle avant notre
ère, le peuple nomméGasga, qui parle cette langue protohat
tienne , s'étend encore depuis la Paphlagonie jusque dans la Haute-Arménie .
En protohattien , « Dieu » , par exemple, s'appelle washaw . Ce mot se retrouve dans un glossaire de la langue des Cas
sites , ou , si vous voulez, des Cosséens , c'est-à-dire des Kašši des textes babyloniens, qui descendent, selon Hüsing, des Caspiens riverains de la Caspienne (le pi n'étant que le suffixe
230
OCTOBRE-DÉCEM BİRE 1930,
bien connu du pluriel de ce groupe de langues). En cosséen , 00 mot a la forme mashum , oe qui se prononce, selon une ha bitude babylonienne bien connue, washuw . Comme il estextrê
mement improbableque les Cosséens, --- séparés qu'ils sontdes Protohattiens par les Lulubiens, qui ont un autre nom , kit
rum , pour la divinite , - aient emprunté leur nom de dieu aux Protohattiens, il semble qu'on puisse conclure à une parenté originelle des Cosséens avec les Protohattiens. Cette
parenté admise , il en résulterait une extension des parlers du type protobattien jusqu'aux confins de la région élamite. Dans un texte connu sous le nom de Légende d ’un roi de Kutha , que j'ai pu identifier par un doublet de Boghazköi avec le roi Naram -Sin d 'Accad , les Lulubiens, que je viens de men
tionner, sont décrits comme ayant des visages de corbeau (aribu panusun , litt. : r corbeau leur visage » , K . B . , VI , 1 , p . 292, l. 12). Cette qualification s'applique évidemment au
type de visage ornithoïde, à front etmenton fuyants , qu'on ap pelle depuis Felix von Luschan le type arménoïde. Ceci semble indiquer que les autochtones de cette région , donc probable
ment aussi les gens qui parlaient le protohattien , présentaient
oe typefacial. Les Babyloniens, en désignant ainsi les Lulubiens , ne se doutaient plus que dans leur pays mêmece type avait été très
répandu pendant la première période de l'âge sumérion , c'est à-dire avant l'infiltration de l'élément sémitique,
A cette parenté de type physique correspond une curieuse affinité linguistique; car le sumérien aussi se sert dans une large mesure de nombreux préfixes , mais seulement pour le verbe et non plus pour le substantif. Il me semble qu'on pour
rait expliquer l'emploi restreint des préfixes par des influences allogènes, qui n 'ont pu manquer de se faire sentir chez un peuple vivant dans une plaine fertile exposée à toutes les inva sions, et différent en ceci des Protohattiens, cantonnés dans la
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE . 231
sécurité de leurs montagnes. En outre, il faut naturellement
observer que l'évolution culturelle des deux groupes de peu ples, dans des milieux aussi différents ; a certainement joue un très grand rôle dans la différenciation de leurs langues.
Pour ces raisons, je distingue deux groupes de soi-disant autochtones : les Protohattiens, dans les montagnes du Nord ,
et les Songueriens dans les plaines de laMésopotamie. Je dis Songueriens et non Sumériens : je pense reconnaftre ce nom sous quatre formes dialectales différentes qui semblent se rejoindre dans une forme initiale Songuer, désignant toute
la plaine qui s'étend depuis le Taurus jusqu'au golfe élamite. Déjà , à la fin du xixe siècle , P . Jensen était d'avis que les
noms courants pour la Babylonie méridionale , Sanhara des 101
textes cuneiformes d'Amarna et de Boghazköi, et Sin'ar de l'hé
breu , qui traduisent en graphies différentes une prononciation * Sayara , représentent la forme sumérienne proprement dite ,
tandis que la graphie Šu -me-rides Assyriens serait la forme du dialecteappelé Eme-sal, c'est-à-dire de la « langue des femmesn .
Celte dernière est comparable à la D’Albe Sprache des patri ciennes ultra -exclusives de Bale , qui ont conservé par leur
isolement social une forme archaïque du patois local qui ne se trouve plus chez les hommes de la même classe , plus influen cés par leur commerce avec le monde en dehors du faubourg
aristocratique de Saint-Alban . Demême le parler des femmes sumériennes , qui ont conservé le dialecte Eme-sal , dont nous avons des listes de mots , semble avoir été différent du parler des hommes ; ce qu 'on comprend facilement , si l'on pense à des mâles arrivés dans le pays en conquérants, épousant des femmes indigènes de race différente et les gardant dans la réclu sion de leurs harems.
Pour expliquer les deux formes *Sayara et Šumeri, il faut supposer un prototype commun *Soyueri.
Or, dans un vocabulaire babylonien publié depuis long
232
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930 .
temps par Rawlinson , nous trouvons encore les équations sui
vantes , restées énigmatiques jusqu'ici : sa -vir = Subartu ( = la Mésopotamie septentrionale); su -nir = Subartu; mais aussi :
sa-nir = Elamtu (la Susiane); su -pir = Elamtu .
Sayir et Suyir ne sont évidemment que deux graphies diffé rentes , reproduisant un nom Soyir . Soyir n ' était donc pas seu
lement le nom de la Babylonie méridionale, mais désignait aussi bien le nord de la Mésopotamie et en outre la région d'Élam . D 'où il résulte que Soyir était anciennement un nom comprenanttoute la plaine centrale du Proche -Orient , du Tau UX I rus et du Liban jusqu 'aux montagnes de la Perse.
Ce nom a dû être en usage dans la période antérieure à
celle de nos plus anciennes inscriptions, c'est-à-dire en 2700 . au plus tard; donc, au temps où la plaine centrale du Proche Orient n 'était pas encore divisée en trois parties : Subartu , Babylonie et Elam ; à une époque où cette région était encore unifiée , où l'on avait au moins gardé le souvenir d 'une ancienne unité.
Ces dernières années semblent nous avoir apporté la con firmation archéologique de cette ancienne unité de la culture
songuerienne. Le professeur Herzfeld a découvert dans les
montagnes limitrophes de la Perside un grand bas-relief ru pestre avec des figures de type et d'accoutrement paléo -sumé
rien , mais encore sans légende cuneiforme. Les fouilles alle mandes d’Assur ont fait surgir des plus anciennes couches de la ville des statues paléo-sumériennes, elles aussi sans inscrip . tion cuneiforme. En outre le baron d'Oppenheim a trouvé
des statues paléo-sumériennes sur la montagne Djebel el-Beida de la Mésopotamie septentrionale , au sud du Tell Halaf.
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE. 233
Le nom même de* Songuer subsiste en deux endroits : non pas , il est vrai, en Élam , mais en Mésopotamie ; je pense en premier lieu au nom presque inchangé du pays ou de la chatne de montagnes Singara , au centre de la Mésopotamie, lequel
figure comme nom de pays dans les inscriptions assyriennes , où la ville Singara s'appelle encore Raşappa. En second lieu ,
je rappellerai le nom sumérien Subir, en assyrien Subartu , pour la Mésopotamie du Nord. ryons Dans ce dernier cas, nous observons le passage de yu du
songuerien primitif à b (yu > b). Nous possédons en effet quel ques autres correspondances semblables, mais qui jusqu'ici n 'avaient pu être localisées. Par exemple les trois valeurs diffé rentes , toutes sumériennes ou plutôt songueriennes : ya(1) en
sumérien , mall) en emesal, et ba , pour le même signe
!
cemaison » ; on ne peut douter que ce signe se soit appelé pri mitivement aussi ba(I). J'ai trouvé en outre dans un vocabu laire d ’Assur la valeur sumérienne du signert pour « dieu , :
ce n 'est ni dingir, comme en sumérien , ni dimmer comme en emesal, mais dibur. Ceci nous prouve qu'il y a eu une langue apparentée de près au sumérien , au nord de la Mésopotamie , et que cette langue doit se dénommer le subirien . Elle n 'a d 'ailleurs rien à
faire avec le mitanni , qui devaitdevenir la langue dominante de cette région de la Mésopotamie , et a été abusivement appelé
subaréen par le professeur Ungnad . Puisque le vieux nom Songuer a survécu au centre de la Mésopotamie et sous la forme Singara , il faut que nous suppo
sions dans cette région un quatrième dialecte du songue rien . Le mot pour cemaison » , qui se prononce gal en sumérien ,
mal en emesal et * ba(l) en subirien , peut nous faciliter le pas sage à la branche protohattiennede ce groupe. Car dans cette langue la maison s'appelle wil, ce qui se compare à un *quil
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OCTOBRE- DÉCEMBRE 1930,
primitif à peu près comme Willehalm à Guillaume, ou Welf à
Guelfi , ou Walthari à Gualterio .
Ce groupe hatti-songuerien me semble former la couche ethnique la plus ancienne que nous puissions atteindre; nous pouvons le considérer provisoirement comme autochtone. Par rapport à celui-ci , tous les autres groupes nous apparaissent comme adventices.
On connaît la tradition de Bérose sur l'introduction de
l'écriture, de l'agriculture, de toutes les sciences et de tous les arts en Babylonie , à la suite d 'invasions répétées venues
d 'outre-mer. Les envahisseurs se signalaient par ces costumes es
en peaux de poissons qui sont si souvent reproduits par la
sculpture et la glyptique babyloniennes. M . Eisler a pu mon trer en 19a 1 que ces vêtements sont précisément ceux que l'expédition de l'amiral Néarque, sous Alexandre le Grand , avait observés chez les Arbites, tribu brahui à l'est du Belu čistan , près du delta de l'Indus. Par conséquent, les Sumé riens ne pouvaient ignorer l'importance des apports culturels
qui leur venaient de cette région. Cette observation a été bril lamment confirmée par les fouilles récentes de Mohenjodaro et de Harappa , qui nous ont fait connaître une architecture, une glyptique et une pictographie analogues à celles des Su mériens et des Proto- élamites . On a encore vu , au moyen âge, sous le califat d 'Al-Motacim , des pirates du Sindh et du Belu
čistan envahir ainsi par mer la Babylonie.
Des calculs très prudents nous conduisent à placer ces im migrations, très pacifiques selon la tradition même, vers le commencement, au plus tard vers le milieu du quatrième mil lénaire . Je ne crois pas que l'écriture sumérienne ait été alors
importée toute faite et telle quelle ,mais j'en attribuerais volon tiers la première idée à l'influence des immigrants. Car, quoi que le système des deux écritures soit identique, les différences
sont assez profondes pour faire croire à un développement in
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE. 235 dépendant en pays sumérien . Il me semble que le dialecte des villes méridionales de la Babylonie , le sumérien proprement dit, doit à cette immigration son individualité tenace et persis tante .
Quant à l’anzanite , comme le père Scheil a si justement appelé la langued'Élam , il est caractérisé parl'absence presque totale de préfixes, ce quile sépare radicalementdes deux bran ches du groupe hatti-songuerien , Comme d 'autre part le bra hui, au Belučistan , montre la même absence de préfixes et aussi d 'autres ressemblances non négligeables , c'est probable ment dans ce sens qu'il faudra chercher la parenté du parler anzanite. Certes , le brahui est généralement groupé avec les langues dravidiennes , mais il n'est pas du tout avéré que le dravidien soit une langue autochtone de la péninsule indienne.
Il ne me semble pas impossible que ce groupe de langues, non les races qui les parlent, ait été apporté par une invasion antérieure aux Aryens, mais venue des mêmes régions, c'est à -dire des alentours du plateau du Pamir. En admettant cette
hypothèse , on verrait dans cette invasion , et dans celle qui a al amené les Anzanites vers leur habitat historique , les premières manifestations du groupe ethnique dont je voudrais vous par ler maintenant, les Harri. La langue des Harri nous est connue par la lettre dite mi
tannienne de la correspondance d'El-Amarna et par diverses tablettes de Boghazköi, qui nous donnent des textes en une langue qu'elles appellent harlili « dans la langue des gens
du pays Harrin . Sous l'empire hittite , on considérait commepatrie des Harri
et comme« pays Harri» ce que la reine hittite appelle dans une prière « la région des cèdres » , c'est-à-dire la Syrie centrale, le pays d 'où l'on exportait les cèdres du Liban , de l'Antiliban et de l'Amanus. Les Assyriens appelaient cetle région Amurru .
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Or certains vocabulaires assyriens nous donnent la série suivante de valeurs phonétiques pour le même idéogramme : Tilla = . = Urțu ( = Urartu ); Uri = X . = Akkadi (= Babylonie septentrionale) ; Ari = 1 , = Amurru ( = Syrie). La forme Ari est celle qui correspond régulièrement, selon les lois phonétiques assyriennes , à un Harri originaire. C 'est
pourquoi je préfère la lecture Harri à celle proposée par M . Hrozný, qui voudrait lire Hurri. Cette discussion reste d'ailleurs sans grande portée , puisque la valeur Uri se trouve
pour ce signe quand il signifie Akkadi. Toujours est-il que du temps de l'empire hittite la forme þarri (avec a ) est la seule attestée par les textes cunéiformes.
Ces trois équivalences se rapportent au peuple Harri à trois moments de son histoire . Nous le trouvons désigné par cet idéogrammes
dans une
liste d'artisans et autres ouvriers fournie par une tablette très archaïque de Farah ( environ 3000-2800 ). Il en est fait men tion à côté des jardiniers. Ce devaient être, selon le contexte , des ouvriers de saison , quittant pour trouver du travail les
hauteurs où ils vivaient en nomades le reste del'année , comme on voit aujourd 'hui les Kurdes et les Luris planter leurs tentes jusque dans la plaine mésopotamienne, quoique leur vraie patrie soit les pâturages des bautes plaines du Kurdistan. L 'idéogrammedes Harri désigne donc Tilla et Urtu , la par tie septentrionale du Kurdistan. A partir de 2500 , ils com mencent à descendre dans la vallée du Tigre, où ils mettent fin à la période sumérienne de la ville d ’Assur, ce qui se marque à un changement très visible dans la construction des maisons : les montagnards introduisent l'habitude d 'asseoir les murs sur
un soubassement de pierre , tandis que leurs prédécesseurs se contentaient de briques.
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE. 237
Vers 2400 , ils ont conquis loute la Babylonie , qu 'ils ont
gouvernée sous le nom de la dynastie de Gutium pendant cent vingt ans. L 'immigration au nord de la Babylonie a été si forte que pas plus tôt que par la suite les Sumériens appellent ce pays Ki- Uri (E X ) , c'est-à -dire le pays des Harri.
Expulsés de la Babylonie, ils se retirent en partie dans leur ancien habitat au Kurdistan, et en partie se précipitent sur la Syrie , où ils paraissent s'être emparés de la Syrie centrale.
Aussi leur ideogramme désigne-t-il la région d'Amurru . J'ai trouvé deux textes inédits en langue canisienne, qui se révèlent comme des traductions du þarri , au choix particulier des noms divins. L 'un d'eux est un curieux texte historique en forme de conte populaire, un genre de textes qu'on connaît aussi en Égypte : Il y avait une fois un homme nommé Abbus, demeurant à
Sudul dans le pays Lulluva, au bord de la mer ( la mer Cas pienne). Il était très riche; il possédait beaucoup de bétail, d 'or et d'argent, mais pas de fils. Il supplie alors le dieu du soleil de lui en donner un. Un magicien intervient et couche avec sa femme, « sans pourtant la toucher » , dit le texte . Par la grâce du dieu — ou grâce au magicien - un fils lui naſt, auquel il donne le nom de ce bâtard » . Mais quelques instants après naît un frère jumeau , auquel cette fois le père donne le nom de « légitimer. lea
Après la mort du père , les deux fils se partagent les terres de leur père e selon le cours des rivières et des montagnes ( l'exemple le plus ancien que nous connaissions d'un partage fondé sur le principe des frontières naturelles ). Ce sont sur tout les sanctuaires des dieux qu'ils se partagent. L 'énuméra tion en est extrêmement curieuse . Dans la partie qui revient au fils bâtard , nous trouvons le dieu du tonnerre , Teššub , de la ville de Kummija , dieu su prêmedu panthéon þarrien. Cette ville de Kummija est située
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au nord -est de Ninue , dans le haut Kurdistan , aux environs d'Urartu , site ancestral des Harriens et foyer de leur expan sion ultérieure. A côté de ce Jupiter harrien , nous trouvons la
déesse Ištar de Ninua et le dieu Soleil de Sippar, au nord de
la Babylonie. La part qui échoit au fils légitime comprend un certain
nombre de villes lulubiennes inconnues par ailleurs. De cette division , une sorte de traité de Verdun préhisto rique, il résulte que les terres de cet Abbus sont tout simple ment un empire harrien d'un roi Abbus de Lulluva , qui s'éten
dait depuis la mer Caspienne jusqu'au golfe Persique. Évidemment, Abbus ne peut être que le petit nom , l'hypo coristique du grand roi conquérant Anu-banini, qui a érigé la stèle commémorant sa conquête au défilé de Holwan , à la fron
tière du pays Lulluva et de la Babylonie. Sa popularité a dů lui valoir d 'être appelé Abbus, comme Frédéric le Grand était surnommé le vieux Fritz par ses Prussiens. Ge conte montre en outre que les Harriens qui ont occupé le royaume d'Akkad considéraient leur dynastie , dite de Gutium , sous laquelle cette conquête avait été réalisée , comme une dynastie bâtarde, par
opposition à la famille légitime d 'Anu-banini, qui continuait de régner en Luluwa. Même pendant la période assyrienne, où Luluva s'appelle le pays de Mannai, les rois du pays portent des noms nette ment þarriens, comme Ahšeri, c'est-à -dire l'ancien Ahiš-ari , et comme Erisinni = Ari-šedni, etc. La seconde légende, tout aussi instructive , est une sorte de prototype harrien de la théomachie homérique. On nous raconte que le père céleste des dieux, Kumarbis , dont le siège se trouve à Urkiš (aux environs de Kermanšah ), se prend d 'hostilité contre le susdit dieu du lonnerre de kummija , qui est le roi de tous les dieux d 'Akkad . Il s'allie au dieu -marin , qui réside dans une île (probablement Tilmun , dans le golfe Persique ).
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE. 239
Dans leur colère, les dieux créent un nouveau dieu : la pierre Kunkunuzzijas de la voûte céleste ou plutôt de l'arc-en-ciel.
Alors une grande bataille s'engage, où tous les dieux babylo niens bien connus, Ea, Ninurta , Enlil, etc., combattent du côté de Teššub de Kummija . Sa femme, la déesse-mère Hebat ( l'Ève de la Bible ), envoie sa servante sur une tour du palais
de Kummija et reçoit d'elle , au fur et à mesure , les dernières nouvelles de la bataille. Les dieux harriens sont vaincus par le nouveau dieu et perdent ainsi la souveraineté sur l'empire
d 'Akkad. Ils envoient des messagers au dieu de la sagesse Ea, dans la ville Abzuwa des eaux inférieures , pour lui demander s'il leur conseille de se retirer sur la montagne Gandurna ou sur la montagne Lalapaduva. Cette théomachie mythique reflète évidemment la chute de la dynastie gutienne, la fin de la domination harrienne sur Akkad et l'émigration des Harriens refoulés vers les montagnes de Gan -Durna, c'est-à -dire les chaînes qui longent le cours de la rivière Turnat, le Tornadotos des Grecs, la Dijala de nos
temps. L'autremontagne, nommée Lalapaduva , doit être cher chée du côté de la Syrie. Il est évident que les Harriens ont dû considérer le règne de la dynastie de Gutium sur Akkad commela période héroïque
de leur histoire nationale. Sous l'empire hittite , on les voit s'étendre au Nord vers l'Arménie, à l'Ouest vers l'Antitaurus. Ils ont sûrement dominé la Syrie entière, qui figure pour cette raison dans les textes égyptiens sous le nom de « pays Harun. La langue des Harri est caractérisée par un manque total de préfixes et par une accumulation singulière de suffixes. De ce fait le verbe harrien montre une richesse inouïe de formes
diverses. Sans pouvoir discuter à fond le problème de la pa
renté , il me semble que la constitution de la langue ḥarrienne rappelle de très près la langue turque. Aussi inclinerais-je à chercher au Turkestan le point de départ de l'invasion þar
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OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
rienne. De là , ils paraissent s'être répandus , au quatrième millénaire , vers l'Ouest jusqu 'au Kurdistan , et , en partie , vers le Nord-Ouest , dans la direction de l'Oural, où ils semblent avoir produit, en se superposant à une autre couche ethnique ,
le noyau du groupe finno-ougrien. J'ai l'impression que le gru sinien ou géorgien est la branche la plus septentrionale du
lulubien , qui a recouvert un substrat protohattien . Quand l'invasion des Assyriens, vers 1400 avant notre ère , eut provoqué la chute du royaume harrien des Mitanni en Méso potamie , les restes de la population harrienne reconquirent une dernière fois leur indépendance politique et culturelle dans les montagnes sauvages de l'Arménie , où ils créèrent le royaume d'Urarțu et laissèrent à l'étude des savants modernes un nombre considérable d 'inscriptions cunéiformes en langue
dite chalde. Au fond , la poussée des Harriens semble annoncer les im migrations venues de l'Asie Centrale , qui ontamené au moyen åge les Turcomans, les Turcs et les Mongols vers le Proche
Orient. La longue interruption de cesimmigrations, entre 2500
avant notre ère et 1200 après, s'explique par le fait que pen
dant ces trois millénaires et demi des groupes indo-européens leur barraient la route de l'Ouest et refoulaient les hordes d'Asie Centrale vers l'Est, c'est-à-dire vers la Chine et la Mongolie .
Dans la direction de l'Ouest les Harriens n 'ont jamais franchi l'Anti- Taurus. Les régions au delà de l'Antitaurus ont
été occupées dès le quatrièmemillénaire par des peuples de langue luvienne , qui s'y sont superposés directement à une couche protohattienne.
La langue luvienne ne nous est connue qu'à partir du XIV° siècle , par les textes cunéiformes de Boghazköi, qui nous donnent des échantillons de ce qu'ils appellent le luvili, une
appellation dérivée du nom du pays Luvia, qu'ils identifient
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE. 241 avec la région d 'Arzawa , c'est -à -dire la Cilicie. En Cilicie ,
cette langue a longtemps dominé, mais elle a aussi été parlée au pays deKizzuvadna, dans le Pont. Que cette langue ait eu jadis une importance prépondérante ie Mineure, cela résulte du fait que les noms de lieux asianiques, dans la mesure où l'on en peut analyser la forme
et le sens , ont presque tous , sauf ceux qui dérivent d'une langue protohattienne , un caractère luvien . On connaît des cas où un peuple, par exemple les Turcs , traduit tous les noms de lieux dans sa propre langue ou en forge de nouveaux. Mais en général les localités conservent les
noms qu'elles ont reçus des premiers habitants, et l'on peut tirer de l'analyse linguistique des noms de lieux des indica
tions sur la nationalité des premiers colonisateurs d'un pays. Cette multitude de noms de lieux luviens ne peut donc
s'expliquer que si l'on attribue aux Luviens la fondation des villes d'Asie Mineure. Des noms de lieux de même origine se trouvent déjà du temps de la dynastie d'Akkad, vers 2500 avant notre ère. Il semble d 'ailleurs que la construction de
toutes les villes du Proche-Orient accuse une certaine influence
de l'urbanisme sumérien . En tout cas , des raisons historiques
et archéologiques défendent de supposer que l'origine de la culture urbaine en Asie Mineure soit postérieure à l'an 3000 au moins. Par conséquent, l'immigration des Luviens doit être placée avant 3000 . Cette immigration a couvert , toujours au témoignage des noms de lieux , non seulement l'Asie Mineure et l'Arménie ,
mais aussi la Grèce, l'île de Crète, l'île de Chypre et la Syrie. Je crois même avoir des raisons de penser que les Luviens ont
poussé leur expansion jusqu'en Babylonie , et même que la différenciation du dialecte subirien de la langue songuerienne dans la Mésopotamie septentrionale pourrait être due à une infiltration luvienne. CCXVII .
16 IMPRIMERIE NATIONALR .
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L'expansion luvienne se place au plus tard au quatrième millénaire. J'insiste sur la date reculée à laquelle la langue
luviennes'est propagée, quoique le luvieni s'apparente indubi tablement sur plus d 'un point au groupe de langues dites indo
européennes. Non seulement la construction grammaticale de la phrase , mais aussi plusieurs désinences sont communes au luvien et aux langues indo-européennes , par exemple celles du pomi natif et de l'accusatif singuliers et de l'accusatif pluriel du nom , les désinences de l'impératif et du participe. Néuómoins
il faut reconnaître que le lexique contient, à côté de certains
mots apparentés, une masse d'expressions tout à fait hétéro gènes. S 'il est impossible de nier la parenté du luvien et du
groupe indo-européen , la question est d'expliquer à la fois cette parenté et les éléments étrangers du tocabulaire. Le problème acquiert une complication et un intérêt sup
plémentaires , car j'ai observé qu'une série de mots luviens se retrouve en vieil- égyptien sal sans qu 'on puisse expliquer ce fait
par des emprunts isolés. Il s'agit de certains mots canisiens, qui viennent dertainement du luvién , tels que :
pö bir, pir cemaison » . Pisidien baris = pixia ; dérivé cani sien parnas e maison , fermen (d 'où le nom llapvacobs ), parna
viški-mi rje bâtis »; lycien prnavalo e il båtit», prnavazei rol xemos. D 'autre part, en égyptien , pr « maison ». Dans l'impos
sibilité de supposer que les Égyptiens aient appris des Luviens l'artde bâtir, ou vice versa, on ne peut admettre un emprunt; 2° Canisien hattus e argent » , hattallaš
clair de lune» ,
hatnut eil clarifiait » , hattulatur e santé » , hattuleśmi e je deviens
sain » ; hattulahmie je fais sain » ; égyptien hd argent, brillants,
mot qui se trouve déjà dans les textes des Pyramides. Puis qu'il n'y a pas eu d'argent en Égypte et qu'on l'a importé d 'Asie Mineure, ce mot pourrait être emprunté au luvien . Mais
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE . 248
le fait que hd ne signifie que ceblanc, dans les textes les plus anciens des Pyramides resterait inexpliqué;
3. Canisien hant-s = hanza e front », hanti «devant» , han tezzis « le premiers ; égyptien hnt e face , devant» ,hntj devant, antérieur » , hntw ce autrefois ,;
4° Canisien imija-mi « je mélanger; égyptien smj « mélan ger , tandis qu'en indo-européen cette racine a la forme*mig -; 5° Canisien uva-mi a je viensn ; égypt. iw re venir ; janisien
UV
ye
6° Canisien ištamaš-mi e j'écoute » , ištamanašre oreille » ; égypt. śdm e écouter » ;
7° Canisien atta-s cepèren; égypt. it « pèren . Au moins les cinq derniers mots ne sont pas des termes qu'un peuple emprunte à l'autre, et l'exactitude des corres pondances pour la forme et le sens semble exclure la possibi lité d'une homonymie fortuite . Nous sommes donc obligés de faire entrer également dans
la population de l'Égypte primitive un élément luvien . Mal
heureusementnous ne savons rien jusqu'ici du type physique des Luviens. Mais la parenté de leur langue avec les langues
indo-européennes peut faire supposer qu'ils ont été des blonds aux yeux bleus.
Si l'on se rappelle en outre les arguments de l'égyptologue Möller,qui semble avoir prouvé que les Libyens de l'Afrique du Nord sont en effet des blonds, on conjecturera sans invraisem
blance que les Luviens venus de l'Europe n 'ont pas seulement colonisé l'Asie Mineure jusqu'à l'Arménie , la Grèce , les fles de
Crète el de Chypre, mais aussi le delta égyptien et la Libye. La colonisation luviennede l'Asie Mineure se plaçant , comme
je l'ai dit, avant 3000 , puisque les Luviens ont fondé et nommé les villes asianiques , il faudrait placer la colonisation de l’Egyple et de la Libye à la même époque ou même plus
tôt. Gar la couche libyenne de la population égyptienne est 16 .
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930. 244 sans doute plus ancienne que la couche sémitique, dont l'in
vasion ne peut être postérieure aux environs de 3200 .
Quant aux Sémites , je vous étonnerai probablement beau coup en disant qu'à mon sens leur langue originale n 'est pas
née avantle quatrième millénaire. J'en place l'origine en Arabie Centrale et je la considère comme le résultat d'une superposi
tion d'une langue de type luvien à un substrat du type hatti songuerien .
Le peuple hybride qui résultait d'un pareil croisement était originairement bilingue ,puis de langue mixte, comme l'étaient les Turcs avant la réforme puriste de leur vocabulaire , ou les Persans. Des formes de caractère hatti-songuerien étaient dé
clinées et conjuguées à la songuerienne, des mots d 'origine
luvienne à la luvienne. Ainsi ont coexisté à l'origine des décli
naisons et conjugaisons d'origine différente. Ce n'est qu 'ensuite que commença le procès d'amalgame qui forma de ces élé
ments disparates une langue de caractère homogène et d'un
systèmenouveau. Quelques exemples illustreront ma pensée : en sumérien ,
šu signifie « la main , et dib « prendren ; šu -dib est donc a mar cipere, prendre avec la main ». Et e prendre pour son propre usage » s'exprime en ajoutant ta e côté , en tête du verbe : . S
ta-
dib
manu
manu
sibi
capere.
main
de côté
prendre.
šu
-
Une locution composée comme su -ta -dib est employée et con
sidérée comme un verbe unique, mais , dans cette fonction , le préfixe ta devient ce qu'on appelle un infixe. Cette espèce de verbes composites, dont la structure est strictement conforme à
la logique de la syntaxe sumérienne, explique, à mon avis , l'origine de l'infixe ta dans le thèmemoyen du verbe sémitique.
Le génie linguistique des Sémites a généralisé l'infixe après la
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE. 245 première syllabe dans la totalité des verbes , sans distinguer OW
ce
ceux qui sont, comme šu -dib , composés d 'un nom monosylla
bique et d 'un verbe à deux consonnes , et ceux qui ne le sont pas .
Ce procédé a conduit très vite à unifier le nombre des con sonnes dans les verbes, même dans ceux qui n ' étaient pas d 'ori.
gine sumérienne, mais luvienne. Nous avonsdéjà cité le verbe. luvo -canisien ištamas-récouter » , en égyptien sdm ceécouter » . En assyrien , « écouter , se dit šemû , comme šema en hébreu ,
mais très souvent on emploie la formemoyenneištemie il écouta ».
Je pense que c'est un verbe quadrilitère d 'origine luvienne * štm ', soumis aux règles du système sémitique par suite d 'une
confusion populaire du t radical avec l'infixe du moyen . Là-des sus on a construit un infinitif semů pour répondre à ce moyen imaginaire ištemi. De cet infinitif factice sontdérivées réguliè rement des formes comme išmê seil écoutait .. De même, la jonction de plusieurs éléments hatti-songue riens a donné des mots sémitiques de forme nominale : par
exemple le sumérien sa rjugement, et dug ebonn a donné saduq « justen. Je ne pense pas non plus que des correspondances comme protohatt. binu enfant » = hébr. ben , ar. bin , ibn (aussi dans l'arabe du Sud ), assyr. binbinu s petit-fils » ; protohatt. bi-vil cedans la maison n = hébr. be-baith , puissent être attribuées à
un pur hasard.
D'autre part, il semble impossible de dériver le système même de la conjugaison et de la déclinaison exclusivement
d 'une langue ḥatti-songuerienne. Il faut tenir compte de l'autre source du sémitique , qui me semble être le luvien .
Probablement certaines correspondances indo-européennes , sémitiques, dontMöller a fait état pour étayer sa théorie d'une
parenté sémito -indo-européenne, s'expliqueront plutôt par des affinités luviennes .
246
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
Le système grammatical des Sémites ne s'est évidemment
pas développé jusqu'à sa complication présente au cours de quelques siècles. Au contraire, nous observons que le verbe
sémitique augmente considérablementlenombre de ses thèmes, temps etmodes d 'un millénaire à l'autre. Ainsi le verbe arabe est infiniment plus compliqué que l'accadien , etc .
· La première expansion sémitique , vers 3300 avant J.- C ., a probablement déjà rencontré en Égypte une branche de la race luvienne, qui s'était à son tourpeut-être superposée à un élément nubien . La langue de ces Sémites primitifs n 'était cer
tainement pas encore aussi nettement caractérisée que celle des Sémites qui devaient ultérieurement déborder de l'Arabie. Le résultat de l'hybridation de ces Proto -Sémites avec les Lic byens et peut-être avec un élément africain est l'égyptien , dont nous suivons l'évolution grammaticale depuis les textes
des Pyramides jusqu'au copte. Les expansions ultérieures des Sémites, celle des Akkadiens vers 2600 , des Amorrites vers 2200 , des Araméens vers 1 100
avant J.-C ., des Arabes vers 630 de notre ère , qui pourraient être suivies d 'une dernière expansion wahhabite denos jours , dépassent les limites de notre exposé . Comme les Sémites, les Luviens aussi semblent s'être éten
dus par vagues successives. On expliquera aisément ainsi que les langues de ce groupemontrent des degrés différents d 'évo
lution et de parenté avec l'indo-européen . · En outre, devant certaines ressemblances du lydien et de
l'indo-européen , on pourrait être tenté d'ajouter le lydien av groupe luvien ; d'autre part, les préfixes du lydien tendraient à indiquer que le lydien doit être le résultat d'une superposition d 'un élément luvien à un substrat protohattien . Quant aux Gariens, nous sommes trop peu renseignés pour
nous prononcer sur le caractère de leur langue. La langue des tablettes crétoises de Knossos, Hagia Triada
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE. 247 et Mallia n 'est certainement pas grecque et, comme je crois
pouvoir le dire après une étude approfondie , ne semble pas avoir eu de préfixes, quoique on y puisse distinguer des dési nenees différeptes. Pour cette raison , et aussi parce que je pense trouver des noms de lieux Juviens en Crète, je serais
porté à joindre cette langue inconnue au groupe luvien , La languedu disque de Phaistos possède des préfixes, comme
M . Ipsen la reconnu, et comme je l'ai dit moi-même il y a quelques années. Il est possible que cette langue soit celle des autochtones de la Crète , qui se seraient maintenus à l'ouest
de l’ile , et qu'elle appartienne, dy fait qu'elle se sert de pré fixes, au groupe protobattieņ .
Lechaosdes peuplades méditerranéennes est trop compliqué pour être débrouillé au cours de cette brève esquisse La seconde ou la troisième yague des Luviens a amené sur la haute plaine de l'Asie Mineure les Canisieņs; ils y fondèrent vers 2009 l'empire bittite . M . Hrozný, qui a déchiffré le pre mier leur langue, la appelée au commencement le hittite , et voudrait maintenant changer ce nom en nésite , tandis que je
continue de l'appeler le canişien . Il faut en tout cas soigneuse ment la distinguer de la Jangue que M . Sayce a dénommée hittite et que tout le monde a conținué d 'appeler ainsi : la
langue inconnue des pictographies dites hittiteş. Le canisien est la langue principale des tablettes cunéiformes des archives de Bogbazköj. M . Fritz Hommel a été le premier à signaler la parenté de cet idiome, connu d'abord par deux lettres dites d ’Arzawa, avec les langues indo - européennes;
Knudtzon , en collaboration avec Bugge et Torp , a appuyé en 1909 cette hypothèse , qui fut confirmée par le déchiffrement des textes de Boghazkoi par M . Hrozný, En essayant de définir plus exactement le degré de cette pareplé, je me suis rendu compte que le canişien n 'est pas
248
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930 .
parallèle au celtique, au latin , au grec , au germanique, etc.,
mais qu'il est sorti latéralement de la langue-mère de laquelle sont nées les susdites langues indo-européennes. Cette théorie
a été acceptée par MM . Paul Kretschmer, de Vienne, et Stur
tevant, de Yale, qui ont proposé d'appeler « pré-indo-euro péen , le groupe ancestral dont la fracture a donné le canisien et la langue-mère des idiomes indo-européens. Or je considère ces Pré- Indo-européens comme une branche du groupe luvien . Le problème final se pose donc de la ma nière suivante.
La grammaire canisienne est d'une limpidité et d'une sim plicité parfaites. Pas de comparatif, pas de genre, quoiqu'il y ait une espèce de neutre collectif. Pas de modes verbaux, pas
de redoublement. Il n 'y a que deux temps et deux voix : active et moyenne. Par contre, le luvien et les langues indo-euro péennes ont des degrés de comparaison , un genre , un passif,
des formations à redoublement. Mais ce qui est frappant, c'est que tous ces éléments sont utilisés par le luvien d 'une manière
tout à fait différente de celle de l'indo-européen . Par exemple
le redoublement est employé, non au parfait,mais pour rendre plus intense l'impératif, etc. Le superlatif luvien s'applique aussi au substantif, à peu près comme en finno-ougrien . Ces différencesm 'empêchentaussibien de considérer avec M . Hrozný
le luvien comme un dialecte du canisien , que de le ranger tout simplement parmi les parlers indo-européens. Il reste donc à
expliquer cette différence fondamentale entre le canisien , si simple, et la richesse d'éléments formatifs commune au luvien et aux idiomes indo-européens. ll y a deux possibilités. Le canisien peut avoir été simplifié à l'excès par un autre peuple incapable d 'en manier et d'en con server les finesses originales ; ou le canisien peut avoir con
servé la simplicité primordiale d'une langue élémentaire , et le luvien , comme les langues indo- enropéennes, devrait sa com .
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHÉ-ORIENT PRÉHISTORIQUE. 249 plication à un substrat allogène d 'intelligence plus nuancée.
Nous ne pouvons entreprendre ici la discussion des arguments pour et contre chacune des deux solutions d'un problème extrêmement délicat. Nous sommes plus à l'aise pour déterminer la date de l'im
inigration des Canisiens en Asie Mineure. Cette date est réglée par les mêmes considérations que celle de l'expansion indo européenne. Il est acquis que les Indo-européens, avant la période déci sive de leur expansion , connaissaient le cheval , non seulement
à l'état sauvage, mais attelé au char de guerre, tandis que le Proche-Orient n 'a connu le cheval et l'attelage que dans les premières décades du deuxièmemillénaire Il n 'est pas douteux que les Indo-européens apparaissent à cette date aux frontières de la Médie . Vers 2500 , l'empire
d 'Akkad , sous Naram -Sin , a failli succomber aux attaques d'une horde immense de Manda, venant de la Médie , lesquels re broussèrent chemin au dernier moment sur l'intervention de la déesse Ištar. Je maintiens toujours que le nom de Manda
désigne à toutes les périodes de l'histoire orientale les envahis seurs aryens; Manda , Māda (avec réduction de la nasale ) et
Māda n 'étantautres que lesMèdes. Cette première vague aryenne de 2500 n 'a pas encore importé le cheval domestique et le
char de guerre en Asie. Ce progrès technique n 'a donc été réa lisé par les Aryens qu'entre 2500 et 2000 , et il est incontes table que c'est cette armenouvelle qui les a mis en état d'effec tuer à d'énormes distances ces grandes conquêtes qui ont pré
paré leur expansion mondiale. Ces deux invasions indo-européennes de 2500 et de 2000
datent respectivement : 1° l'établissement du barrage aryen contre l'infiltration des Harri émigrant de l'Asie Centrale vers l'Asie Occidentale , et contre les liaisons commerciales entre Sindh et Sumer, qui sont attestées jusqu'en 2200 par des
250
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
sceaux sindhiens trouvés en Babylonie; 2° le début de l'éta blissement des Aryens dans l'Iran et dans l'Inde. On peut se demander s'il est possible de distinguer dans les langues aryennes deux couches successives, dont l'une correspondrait à l'invasion de 2500 , l'autre à celle de 2000 .
Le foyer de l'immigration des Canisiens ne doit pas être cherché très loin de la patrie des Indo-européens. Mais les Canisiens n 'avaient pas encore importé le cheval en Asie Mi neure, quand ils y apriyèrent. Autrement nous ne le verrions pas amené pour la première fois de Médie en Babylonie vers 2009 avant J.-C . D 'où je conclus que les Canisiens ont quitté l'Europe avant la domestication du cheval et l'introduction du
char de guerre. Considérant l’étroite analogie que je pense apercevoir entre le développement de l'empire hittite et les
origines du royaumedes Francs depuis l'immigration en Gaule jusqu'à Charlemagne, je pense devoir compter au moins quatre ou cinq siècles pour la consolidation du royaume ganisien unifié
que Labarnas étendit jusqu'à la mer yers 1900 av. J.- C . Ce
quifait remonter jusqu'en 2300 environ la date de l'immigra
tion canisienne, mais guère plusbaut. Car nous obseryons ce fait paradoxal, que les Canisiens , après avoir régi pendant près de mille ans les destinées de l'Asie Mineure , n 'y ont pas laissé
un seul nom de lieu dérivé de leur propre langue. Il s'ensuit qu'ils ont trouvé le pays colonisé et organisé, et que leur con quête nemarque pas une rupture aussi brusque dans la culture indigène que l’inyasion des Franes en Gaule ,
De même on peut ſonder des copelusions historiques sur le fait que la langue nationale de l'empire hittile tire son nom de la ville de Kanis ,qui a dû être la métropole des conquéranls; les Babyloniens n 'auraient pas eu autrement l'idée de nommer canisien cette langue. En effet Kanis apparait depuis Naram Sin , en 2500 , jusqu'à Sarrukin d 'Assur, vers 2000 , comme
un royaume contrôlant un grand nombre de fondacchi de mar
LANGUES ET PEUPLES DU PROCHE-ORIENT PRÉHISTORIQUE . 251
chands assyriens. Malheureusement les textes en question ne
nous disent pas si à celte époque la ville de Kanis était déjà
occupée par des gens parlant ce que j'appelle le canisien . On ne peut donc pas resserrer plus étroitementles limites de 2600
à 2300 pour la date de l'immigration des Canisiens. Nous ne savons pas non plus si les Canisiens que nous con
naissons par les textes de Boghazköi sont les seuls membres de ce groupelinguistique. Il est bien possible qu'il en ait existé d 'autres , qui se seraient dirigés soit en Europe Occidentale,
soit en Asie Centrale. Mais ces problèmes ne pourront être abordés utilement que lorsque le terrain de nos recherches en
Asie Mineure sera entièrement déblayé. En tout cas, les Canisiens représententl'avant-dernière , les Indo-européens, en Asie , la dernière expansion préhistorique du groupe luvien , qui a finalement absorbé toutes les couches
antérieures de peuples apparentés. Je termine en présentantmesrésultats provisoires sous forme d 'un tableau chronologique : Vers 5000 : Luviens Hatti-Songueriens dans en Europe occidentale. | le Proche-Orient. |
Harri
1
Dravidiens dans l'Inde .
au
Turkestan. I
Vers 4000 : Expansion des Luviens au Proche-Orient jusqu'en Arménie, en Arabie, en Égypte eten Libye.
Expansion des Harri du Turkestan
Naissance de la langue primordiale des Sémites en Arabie, et du groupe libyo-berbère en Libye.
jusqu'en Babylonie.
Vers 3300 : Invasion d'une première vague de Sémites de l'Arabie en Babylonie et en Afriqueméditerranéenne ; domination de l'Egypte .
252
OCTOBRE - DÉCEMBRE 1930.
Vers 2600 :
Seconde vague sémitique. Les Akkadiens établissent leur domination sur la Babylonie. Vers 2500 :
Première expansion des Manda aryens dans l'Iran .
Vers 2400 : Domination þarrienne en Babylonie (dynastie de Gutium ). Vers 2300 : Invasion canisienne en Asie Mineure. La domination þarrienne en Babylonie s'écroule et les Sumériens arrivent de nouveau au pouvoir. Les Harriens émigrent et constituentun nouveau royaume dans la Syrie
du Nord et en Mésopotamie.
Vers 2200 ( 2188 ) : L 'empire babylonien est conquis par la troisième couche sémitique, les Amorrites.
Vers 2000 : Consolidation de l'empire hittite en Asie Mineure sous la domination
des Canisiens. Expansion des Indo-Européens et introduction du cheval dans le Proche-Orient.
L'histoire des peuples du Proche-Orient appartient dès lors à la période historique et dépasse par conséquent les limites que je me suis tracées .
LES MOTS MONGOLS DANS LE
LLKORYE så , PAR
PAUL PELLIOT.
M .
Shiratori Kurakichi vientde consacrer, dans
le Toyo gakuhồ de décembre 1929 (XVIII , 149-944 ), une
étude auxmots mongols cités dans le te Korye să , ou Histoire de Corée (dans la période dite du Korye), composé en 1451 par Tjyeng Rin -tji. Sans discuter tout le détail des équivalences, je voudrais formuler de brèves remarques sur les mots relevés par notre confrère, et surtout à l'usage des mongolisants qui n 'ont pas accès au Toyo gakuhô lui même(1)
1°
B # Ngan -tou -tch'e. M . Shiratori rétablit adu’uči,
adūči , et y voit le même titre que los
#
a -ta -tch 'e , Pris
(1) Les transcriptions de mots mongols sont généralement données dans le Korye să sous la forme qu'elles ont aussi dans les textes chinois ; je les indi querai donc suivant la prononciation chinoise des caractères , qui est seule
conciliable avec les formes mongoles originales. Je garde la numérotation de
M . Shiratori, qui étudie parfois plusieurs mots sous une même rubrique.
254
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
Ti a-ta-tch’e, des textes chinois de l'époque mongole. Il y a là une erreur. A-ta -tch’e ou a-t'a-tch’e représente aqtači , écuyern , bien connu en turc , et aussi en mongol ancien (cf. en dernier lieu Toung Pao , 1930, 27). Par ailleurs, adu’učîn se rencontre en effet dans l'Histoire secrète des Mongols et dans le vocabulaire Houa-yi yi-yu au sens de gardien de chevaux , (de adu’un ,
e bétail» ), mais ngan-tou -tch’e supposerait *alduči ou * andučä et ne peut guère lui être ramené. Ce prétendu mot n'apparaît d'ailleurs qu'au chapitre 1 22 du Korye să , commele nom d'un
individu qui se sacrifia pour le prince, et le mot ngan y est regardé comme un nom de famille. La forme est donc dou
teuse d 'origine et le sens reste indéterminé. Il est possible que le texte soit fautif , par exemple pour *
Ž
teisiNgan Yun
tou-tch'e, le üldüči (mo. classique ildüči ] Ngan ; üldüči est le titre régulier des « porte-glaive , sous les Mongols. go mangai-ma , = mo. ayimay, e section » , « district, , déjà
donné dans l'Histoire secrète des Mongols. Le rapport entre mo. ayimay et ma.ayiman est justement indiqué par M . Sh. Quant au turc aïmaq , ce pourrait bien étre, dans les dialectes mo
dernes, un emprunt au mongol. La forme turque alternative oïmaq, pour laquelle M . Sh . renvoie à von Hammer , Gesch . d. Gold . Horde, 31- 33 , a été également indiquée par Quatremère dans Not. et Extr . , XIV , 1, 77 , et recueillie dans le diction naire de Vuliers, I , 144 , et dans celui de Pavet de Cour teille , p . 88 ; son omission , avec ce sens, dans le dictionnaire
de Radlov ( 1, 987) paraft être accidentelle , car il y est ren voyé dans I, 1166 , sous omaq (je crois d'ailleurs ce renvoi injustifié si on identifie oëmag et aïmag , car omag répond non à mo. ayümay, mais à mo. omogou oboq, « clan » , « nom de
clan » ; umag de Radlov , I, 1788 , semble mal vocalisé ). Oimaq
peut être simplement une prononciation élargie de aïmaq, et l'hypothèse d'un emprunt au inongol n 'en est pas affaiblie.
LES MOTS MONGOLS DANS LE KORYE SĂ.
255
30 fol pick A -la -nou -t'ie-che-li(1), nom emongol, d 'un des rois coréens; comme le dit M . Sh. , c'est une simple
faute de texte pour in # 1)
#
A-la-t'ie -na-che-li, Arat
naširi < Ratnaśrī. 4° #
pa -tou-eul, = mo. ba 'atur, bātur,
héros» ,
vieux mot qui, à travers les Tou-kiue , doit remonter aux Avars.
go to
pa -ha -sseu . Doit bien représenter baqši comme
le dit M . Sh . ( cf. i wo # pa-ha -che à l'époque mongole dans
des textes chinois), encore que la finale fasse ici difficulté (la transcription du Koryè så ramènerait normalement à * baqas ou
à la rigueur * bagsi)(2). M .Sh. suit le mot baqši dans les langues altaïques , mais ne dit rien de son élymologie éventuelle soit
par le chinois , soit par le sanscrit ( cf. à ce sujet T’oung Pao,
1930 , 14-15). (1) Dans les transcriptions de l'époque mongole , ( quand il n 'est pas fautif pour uit na) répond à nu et non à no; d 'où la transcription nou que j'adopte ici. M . Sh. a discuté seulement quelques noms propres d'origine mongole , mais il y en a beaucoup d'autres à cette époque dans les textes
historiques coréens. (9) On songe, sans pouvoir guère s'y arrêter, à une contamination du ' phags de 'phags-pa. Pour baqši, M . Sh. ( p . 163) invoqué entre autres le
jo-ho je-ki (et le chapitre 19 à la page 228 );
chapitre 18 d’un
ce Journal de Jehol (?) , m 'est inconnu . Le nom
complet du personnage
lamaïquementionné dans le Korye så (chap. 31; I, 482 ) est PE HT T
A
K
i
'i-tchö-8&eu -pa pa-ha -sseu . Par un résumé du Bull. of the Metro
politan Library de Pékin , II, 506 , je vois que M . Shiratori a consacré à ce nom en 1998 un article publié dans le Shigaku zasshi (que nous n'avons
pas à Paris), et en rétablit le premier élément en erdes-pan , redigne d 'être aimén ( PT k'o-ngai, # yeou -kouci ). « Rces-pas n'est pas correct , et je ne suis pas sûr du mot que M . Shiratori a eu en vue réellement, mais de toute façon une initiale en r- paraît exclue par la transcription chinoise .
Je me demande si tchö ff n'est pas fautif pour u la . On connait à l'époque
mongole un Ź
ll #
K ’i-la-sseu -pa-wo-tsie-eul, qui est à
rétablir soit en *bKras-pa 'Od-zer (bkras = bkrá-šis ), soit en *Grags-pa 'Od
zer . Le moine du Korye så serait alors à nommer *bKras-pa baqšī ou *Grags pa baqšī,
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
256
6° mi po-wou -tch ’e et Bo top i a-kia-tch 'e. Il s'agit de sections de la garde royale coréenne(1). M . Sh . rétablit pour le premier terme bayurčin et ne sait que faire du second. Pour
M . Sh. ,bayurčin dérive de bayu- , a descendren, et il invoque le bayurčin -u gär, « aubergen , du dictionnaire de Kovalevski
(1065 a ). Mais cette expression de Kovalevskiſ résulte d'une confusion tardive entre ba’u - , « descendrer, et ba’urči , a cuisi
nier » ( cf. d'ailleurs l°oung Pao , 1930 , 26-27) . Po-wou -tch'e supposerait en principe * bo’uči ou * boʻu [r ]či ( cf. n° 34) , et
a-kia-tch’e serait * aqiyači ou *aqači; le second terme reste à expliquer, et l'équivalence du premier à ba’urči, quoique pro bable, est incertaine (une prononciation élargie en *băurči , *bo'urči , n’a en soi rien d'impossible ). 7° 16
Po-yen -t'ie-mou -eul, = Bayan- Tämür (2)
C 'est un nom propre . M . Sh. fait l'histoire des mots bayan , ce riche » , et tämür , c fern.
8º it topi pa-kia-tch’e. Dans un passage du chapitre 81 ( II, 642)(s), il est question de la suppression d 'un service de
fauconniers du palais, et ceux qui y étaient en fonction y furent répartis d'une part parmi les 2
hou-tche, d 'autre
(1) L' édition du Korye så dont je dispose, et qui est celle publiée à Tokyo en 190g en trois volumes in -8°, n'est pas d'accord ici ( III , 643) avec la citation (peut-être fautive ) de M . Sh.; mais les termes restent les mêmes.
(2) Peut-être pourrait-on transcrire Pai-yen -t'ie-mou-eul; le mot 16 po re présente toujours baidans les transcriptions de l'époquemongole , tout comme s'il eût eu alors une double prononciation po et pai, comme c'est le cas au
jourd'hui pour
et
(cf. J. As., 1997, II, 266 ).
(3) M . Sh . cite encore au même propos un passage identique qu'il attribue au chapitre 31, mais la référence est fausse, et je n'ai pas retrouvé ce second texte ; en tout cas, si ce second texte existe , il s 'est produit dans la citation de M . Sh . une confusion qui n 'est pas limitée au numéro du cha
pitre ; à la page 228 , M . Sh . fait allusion au mêmepassage en l'attribuant au
chapitre 29 , ce qui est faux également.
257
LES MOTS MONGOLS DANS LE KORYE SÅ.
part parmiles 37 i tchao-lo-tch ’e et les pa-kia-tch ’e. M . Sh . identifie pa-kia-tch ’e à balqačï ou balyačin , nom d 'agent tiré de balyasun , a enceinten , a ville " , et étudie à ce propos l'histoire du mot balyasun ( en citant naturellement turc baliq ,mandchou falga). Mais la solution demeure , à mon avis , très douteuse .
Les textes de l'époque mongole , aussi bien l'Histoire secrète des
Mongols que le Yuan che (cf. l°oung Pao , 1904 , 431) et les inscriptions, ne connaissent alors que balaqačin ou balagači , et on ne comprend bien ni la suppression de la seconde syllabe, ni la transcription de -qa- (-ya-) par une forme palatalisée (kia
au lieu de ha). Pour hou-iche, voir nº 31; pour tchao-lo-tch’e , voir nº 39 .
gº
11 # pi-cho-tch’e, *bijaci (= ? * bičāči < * bičä'äči),
re secrétaire ) ; la transcription est celle même qu'on a dans le
Yuan che. M . Sh . donne quelques indications sur l'histoire du
mot; cf. aussi l°oung Pao , 1904 , 431; il y aurait beaucoup à y ajouter. 10° $
# po-eul-tcha ; comme l'a vu M . Sh., c'est le
bu ’ulſar ou festin de fiançailles (sur lequel cf. T°oung Pao , 1930, 26 ). 11° # Pou -ta-che-li, = Buddhaśrī, nom « mon gol , d 'un roi coréen . On a de même Dharmaśrī , Gautamaśrī.
On sait la fréquence, au Moyen Age, des noms bouddhiques
en -śrī (en tibétain -dpal, en chinois a
ki-siang ; les Oui
gours et les Mongols gardaient -śrī passé chez eux à - širi). 12° Ul i t'a-la -tch ’e , = mo. darači , nom d'agent tiré de darasun , cevin » . Le terme est connu par le Yuan che (cf. Tạoung
Pao , 1904 , 431); il n'apparaît dans le Korye să que comme nom d 'homme. CCXVII. IX PAIVERIE
NATIONALE
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1990.
258
13º E Ti ta-lou-houa-tch’e , = mo. daruyačin . C 'est la transcription chinoise ordinaire du mot. Les explications de
M . Sh. ne vont pas de soi, en particulier le rapprochement
de daruyačin (de racine daru -, a presser» ) avec tarqan , darqan . 14°
# 1 Yi-tche-li-p'ou-houa; nom a mongol » d'un
roi coréen. M . Sh. rétablit ce nom en * Sjir-buqa , où le premier élément est très incertain . On peut aussi bien songer par
exemple à *Ijil-buqa (1). 15° # IF yi-li-kan , = mo. irgän , a peuplen.
16° ETA DO k'ie-lien -k’eou . Ce terme, qui désigne une catégorie de gens de basse classe , apparaît souvent dans les textes chinois de l'époque mongole. M . Sh . a raison de rejeter l'absurde čärük kün , gens de l'armée » , rétabli par les com missaires de K ’ien -long , mais son gär-ün kőüt, a fils de la mai son » , n 'est pas satisfaisant non plus. La question vaudra un article spécial.
17°
th
k ’ie-k’ieou-eul, = kägül, « tresse de cheveuxn ,
de l'Histoire secrète des Mongols. M . Sb. y voit foncièrement le même mot que celui qui est à la base de * Na kou -kou , etc.
( cf. n° 20 ) ; cela ne va pas de soi.
180 H P k'ie-li-ma-tch'e , - kälämäči de l'époque mongole , en mongol écrit kälämürči ; c'est un très vieux terme, attesté dès la fin du ve siècle dans la langue des Wei ; lui aussi
méritera une étude à part. Cf. T’oung Pao , 1930, 439. 19° Et
k'ie-sie-tan et
5 k'ie-sie-tai, = käsiktän
et käsiktäi, la « gardedu souverain » . Outre les renseignements
de M . Sh ., cf. Toung Pao, 1930 , 27-29. Sur ijil, cf. VLADIMIRcov, dans Doklady Ak. nauk, 1929 , 189.
LES MOTS MONGOLS DANS LE KORYE SA. 259 20° te kete kou -kou. Dans le Korye să comme dans les textes
chinois, c'est là le nom chinois du boytag , c'est-à -dire de la haute coiffure des femmes mongoles de haut rang. L 'original de kou-kou ne s'est pas encore rencontré dans un texte mongol
ancien ; M . Sh. indique kükül, comme je l'avais fait moi-même en 1902 ( B.E .F.E.-0 ., II , 150); mais je doute que la haute CO
coiffure féminine appelée kou -kou se confonde étymologique
ment avec la tresse des bommes ou kägül. 21°
k 'o-touan-tch'e. C 'est une catégorie des gens
de la garde royale ; le nom se rencontre également dans le Yuan che ( cf. T’oung Pao , 1904 , 431). L 'original est peut-être
kötöčin , malgré certaines difficultés; la transcription suggère en réalité *kötölči. 29° A # 1 na-lin-ha -la , = mo. narin -gara, ale malin noirn ; nom familier dont Kbubilai appelait un jeune Coréen . 23° #
no-yen , = mo. noyan , « noble » .
24° ngao-lou . M . Sh , garde à tort pour ce terme la mauvaise restitution aul, õl, des commissaires de K ’ien-long ; l'original est ayruq, oyruq , pe camp à l'arrière» (pour les bagages, les vieillards, les femmes). 25° I
wou -to , transcription de ordo, e palais “ .
26° TE MER Pa-sseu -ma-to -eul-tche, * Mi-sseu -kien -to-cul-tche,t Pa-tou -ma-to eul-tche; M . Sh . rétablit ces nomsmongols de rois coréens en
'Phags-ma rDo-rje ,Mi-šig-kams rDo-rje et Padma rDo-rje. Le dernier nom est bien Padma rDo-rje prononcé à la mongole
*Baduma-dorji.Le premier doit être plutôt'Phags-pa rDo-rje , 17 .
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930 .
260
prononcé à la mongole * Basma-dorji (1). Quant à Mi- sseu -kien
to -eul-tche , la solution de M . Sh. me paraît invraisemblable ; j'inclinerais plutôt à une forme du genre de *Mi-sgam rDo-rje
(je ne veux pas dire par là que *mi-sgam même fournisse un nom satisfaisant; c'est une restitution théorique).
27º
ti ho-pi-tch’e (ou plutôt ha-pi-tch'e, avec
ho en
valeur de no ha ). M . Sh. veut rattacher ce nom propre à la
racine de qarbu -, « tirer [de l'arc ]» , et parle à ce sujet de mots k’i-tan apparentés au mongol comme sawa, « oiseau »
(mo. šiba’un ) ou tauli, e lièvre» (mo. taulai). L'interprétation de * Qabīčimeparaît douteuse .
28° A
ho -han (ou plutôt ha -han) = mo. qayan , qa’an .
Discuteune foisdeplus l'originede qayan etde gatun, *qayatun (sans faire état,pour gatun ,del'étymologie éventuelle, d'ailleurs
douteuse , par l'iranien ). 299 MB
A # Ha-li-ha -tch'e. C'est un nom d'homme dans
le Korye să , mais ce nom d'homme lui-même est vraisembla blement à l'origine un nom d'agent, comme l'admet M . Sh .
M . Sh . y voit qa'alyači, de qa’alya, a grand'porten, ce qui est possible. Mais il n 'y a pas de raison de rapprocher avec lui
qa’alya de qalqan ,« bouclier » ; qa’alya est dérivé de qa'a-, & fer mern , turc qawa- , etc. 30° KE ti houo-ni-tch ’e, = mo. qonūči, e berger » ;cf. Toung Pao, 1904 , 431. (1) M . Sh. a songé au féminin 'phags-ma de 'phags-pa , mais on ne l'attend
guère ici. Comme on a Pa-sseu -ma dans le Yuan tien -tchang pour 'Phags-pa ( 1, 3 a ) , je crois qu'il vaut mieux voir en *Basma une évolution phonétique purement mongole .
LES MOTS MONGOLS DANS LE KORYE SĂ.
31° 3 mihou -tch’e, 2
hou-tche et *
261
Ti houo-li-tch'e,
= mo. qorči, « porteur de carquois , ; cf. l°oung Pao , 1904 , 431; l'équivalence est certaine, bien que les deux premières transcriptions soient peu satisfaisantes. M . Sh . rattache à la ne racine de gorči une série de mots comme goriyan, cenceinte
retranchéer , qui sont à mon sens horsde cause ici. Je ne crois
pas non plus que le ha
hou -lo-tchen de la langue des Wei
( fin du vo siècle ), qui suppose * yuraqčin ou *'uraqčin , ait rien à voir avec qorčin . 32°
Wil
Hou-la -tch 'e . Ce terme n 'apparaît dans le
Korye să que comme un nom propre de femme. M . Sh . croit y
retrouver le mo. qulayači ou quliyači du Yuan che, « celui qui
attrape les voleurs n ; cf. T"oung Pao , 1904 ,431. Mais le mot peut être tout autre, et en particulier être formé sur mo. hu la'an > ulān , « rougen. 33° 2 # ti hou-lin -tch'e , = * qurimči. Le terme n'appa raît que comme nom propre dans le Korye să ; M . Sh . veut y
retrouver un nom d 'agent qurimči tiré de qurïm , festin » (les commissaires de K ’ien-long , 8 , 3b, y cherchaient un dou
bletde gürči [ < qu’urči),« joueur deguitaren ).Ce nom d'agent ne s'est pas rencontré dans les textes. Par ailleurs , le nom propre en question est fréquent à l'époque mongole sous les formes Qurumči et Qurumši (souvent mal lu urmīši dans
l'édition de Rašīdu ’d-Dīn due à M . Blochet). A en juger par lecQurumši» du paragraphe 263 de l'Histoire secrète des Mon gols , il me paraît y avoir de grandes chances pour que ce nom , au point de vue étymologique, signifie seulement « Khwarez
mien » (avec métathèse du -zmi en -msï > -mši)(1). (1) La vocalisation en lin (*lim ) de la seconde syllabe tient à ce que le chi nois n 'avait pas de mot à voyelle labiale suivie d 'une nasale labiale ; c'est
avec le même lin (* lim ) qu'est alors transcrite la dernière syllabe du nom de Qaraqorum .
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
262
34* # # # che-po-tch 'e, = mo. šiboči ( < šiba’učī), « fau connier» ; cf. Toung Pao , 1904 , 431. 35° #
sou -kou -ich'e ,
probablement mo. *sügürči ,
de * sügür , mo. classique šikür, « parasolo . M . Sh . s'est trompé, je crois , en suivant les commissaires de K ’ien -long là où ils
ont tiré le termede šigür (šūgür, šū’ür), « balai». Sur *sükūrči, i
cf. Chavannes dans l'oung Pao, 1904 , 431 ( où e k'o est fautif pour # kou , que l'original donne bien ); Blochet , Hist.
des Mongols, II, 532; c'est peut-être *sügürči qu'on doit recon naître dans le zu-gur-che qui a embarrassé M . Laufer (Toung Pao, 1907, 394). Les commissaires de K 'ien -long ( Yuan-che
yu-kiai, 8 , 76) n 'ontrétabli sou-kou -eul en sigur, e balai, , que pour le titre du
Toit
1 # sou-kou -cul-pi-cho-tch'e qui
apparaft dans une biographie du Yuan che (180 , 2 a ); mais ce titre est anormal, et peut-être fautif pour sou -koueul- tch'e-] pi-cho-tch'e , ou pour sou -kou -eul-tch’e tout simplement. Là où
on a sou -kou -eul-tch’e , les commissaires de K ’ien -long (8 , 2b)
l'ont interprété par «porte-parasol» ( *
1 tchang-san-jen ).
Il faut bien avouer toutefois que cette restitution elle -même
garde quelque chose de surprenant, car, dans deux cas, le Yuan che (80 , 1a , et 99 , 1 b) spécifie que les sou -kou-eul-ich'e sont les gens en charge de la garde- robe impériale , et il n 'est
pas question alors de parasols, mais de parfums ( 36°
Witch 'a-la et
de ecoupes,
tch ’a -houen ; ce sont deux sortes
tchan - eul): elles apparaissent dans le
Korye să (chap . 89 ; III , 21) à côté de « tasses » ( tseu ) dites
hiang) 1).
le
tche-li-ma et
7 tchong
po-louan-tche, et de
(1) Le mot mongol pour ce balain , au XIV° siècle , est donné sous la forme
ši’ürgä (* < sibürgä; cf. turc süpürgā) dans le Houa-yi yi-yu ; la finale et le caractère quiescent de la pseudo-gutturale intervocalique me semblent exclure tout rapprochement avec * sügürči.
LES MOTS MONGOLS DANS LE KORYE SÅ.
263
14 # Icha-sseu-ma d 'argent; le texte spécifie que tous ces mots sont mongols. Dans le premier mot, M . Sh . voit avec
raison le mongol cara (connu également dans des dialectes turcs et en mandchou ). Le mot désigne aujourd 'hui un assez
grand récipient, généralement métallique, mais je dois faire та
remarquer qu'au XIV° siècle , le Houa-yi yi-yu , que M . Sh , n'a pas invoqué dans le cas présent, rend čara par a bassine en
bois , ( *
mou-p'en ), Tch'a-hauen , comme l'a yu M . Sh ., est
le čaqun qui entre dans le terme *čaqun ayaqa ( = * ćayun
ayaya ?) du Houa-yi yi-yu , « bol čaqun » ; mais la discussion de l'obscur * ćaqun obligerait à entrer dans d'assez grands détails. M . Sh . n 'a rien dit des autres mots. Leur restitution théorique
serait *jälma, *borolji ( ou *börölji) et * jasma; je n'ai pas fait de recherches à leur sujet.
37°
chö-pi- eul. Ce terme est donné dans le Korye
să ( chap. 88 ) comme le nom du rite selon lequel, quand princes et dignitaires vinrent féliciter, pour son accouchement, upe princesse mongole mariée en Corée, les assistants de la princesse õlaient à la porte les vêtements des visiteurs (7 # * tch’e k’i yi). M . Sh. y voit un rite de purification analogue à
celui qui consistait à ôter les vêtements lors du « tir sur le chien
de paille » ( My chở ts’ao-keou ) que décrit le chapitre 77 du Yuan che; j' en suis d'accord avec lui. Mais il me paraît moins sûr que chö-pi-eul, valeur théorique *säbir , soit le mon gol čäbär , ce purn , et surtout je ne crois pas que čäbär aít rien à voir avec le turc süpür- ou sipir -, « balayer9 (1). (1) Le mot chö-pi-sul peut s'appliquer au rite des félicitations à l'accou chée d 'une manière générale , et pas spécialement à l'enlèvement des vête ments. Le Yuan che (77, 8 a ) mentionne que lorsqu 'une impératrice ou con cubine impériale devait accoucher, on la transportait au dehors dans une
tente spéciale. Sil'enfant était un fils ou petit-fils d'empereur, op faisait aux fonctionnaires des cadeaux d'argent et de soieries , appelés li ti sg-ta hai. Au bout d'un mois, la jeune mère rentrait au palais, et sa tente était
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
264
38° ti i tchan-tch’e = mo. jamči, service des relais pos
taux. Je me suis expliqué sur ce mot dans Toung Pao , 1930, 192- 195 . M . Sh. invoque ici en outre une forme dahur gamin et un jučen ko-man (?) qui devront être discutés.
39° e
t
tchao -lo-tch’e ou B
# tchao-lo -tch’e. Outre
le Korye să , M . Sh. invoque pour ce terme le Je-ho je-ki
( cf. supra , p . 255 ). M . Sh . rétablit le terme en * jaroči, qu'il tire de jaru-, e avoir à son service» ; mais la dérivation serait
anormale, et de plus les transcriptions chinoises supposent
* ja'uroči, * jauroči. 40° Bake tche-souen , = mo. jisün. On sait que ce mot, dont le sens propre est ce couleur » , était sous les Mongols le nom .. technique des vêtements d'une seule couleur qu'on revêtait à
la Cour pour les banquets solennels. Ces vêtements étaient en brocart ( i to *našiš < nasij; cf. J. as., 1927, II, 269 261; T ’oung Pao , 1930 , 203 ) , ou en velours (E
mien-li, = ? kämärlik)(1), ou á jupe [i lan ] ( * * bauri ?)(2),portés avec une pelisse
L
k 'ie
paoli,
ta-hou , = mo. daqu ),
donnée aux fonctionnaires de l'entourage impérial. Je ne connais pas l'origi nal de sa -ta -hai (* sadaqai ). Les commissaires de K ’ien -long ( 24 , 5 a ) , ne le comprenant pas non plus , lui ont substitué un mot säbät, qui signifierait
sedons de félicitations pour la naissance d 'un fils » . Ce mot säbät m 'est mal heureusement inconnu lui aussi, si bien que j'ignore si on doit chercher à le rapprocher de * säbir .
(1) M . Sh. rétablit kämärlik d'accord avec les commissaires de K'ien-long. Mais le kämärlik est aujourd'hui une soie brochée à fleurs , au lieu que le
sens de « velours , # tsien -jong) est donné formellement dans le Yuan che. Par ailleurs k 'ie-men -li ramène normalement à *kämänlik ou à *kämällik ,
mais non à kämärlik . Enfin le mot a une apparence plus turque que mon gole . Son histoire reste à faire.
(2) Les commissaires du K’ien - long ont rétabli ce mot en büriyāsün ou bürigäsün et M . Sh. leur a donné raison ; mais büriyäsün signifie « houssen, secouverturen , et l'équivalence est encore moins satisfaisante au point de vue
phonétique qu'au point de vue sémantique. Puisqu'il s'agit d'un vêtement
LES MOTS MONGOLS DANS LE KORYE SĂ. 265 ornés de grosses perles (tana; cf. Toung Pao, 1929 , 130 ) ou de petites perles (subut); M . Sh . commente tous ces mots , et parle aussi du blanc, couleur de fête chez les Mongols. 41° W
* Boli to-t'o-houo-souen ; il s'agit de sortes d'in
specteurs des relais postaux, d 'un rang plus élevé que les sim plesmaîtres de poste . Les commissaires de K 'ien -long ont res
titué toqto-qos (avec qos, «paire» ), ce qui est absurde. M . Sh . propose *toqtoyosun , qui est assez vraisemblable, mais non attesté ( on peut aussi songer à * totoyosun ou à *totyosun). 42°
7 t'ou -lou -houa , Ce sont les se fils de nobles ser
vant comme otages » ( 5 F ), et par extension le terme s'ap plique à une section importante de la garde. M . Sh. a suivi les commissaires de K 'ien -long qui ont restitué tülügä , e à la place den, et étudie la fortune de ce mot en turc et en mon gol. Mais les commissaires se sont trompés, et t'ou -lou -houa est le turc turyag, passé en mongol; cf. Toung Pao, 1930 , 29-30. 43°Ū
i
yu -tan -tch ’e et F # # yu -ta -tch 'e. Dans ces
noms d'agents fournis par le Korye să , M . Sh. propose de reconnaître d'autres transcriptions du titre deE t i yu-tien tch’e , du Yuan che, c'est-à-dire de mo. ä'üdänči , ödänči, « por tiern. Assez vraisemblable pour yu-tan -tch 'e , la restitution est moins satisfaisante pour yu-ta -ich'e. En résumé, beaucoup des mots étudiés par M . Sh . se ren contraient déjà dans le Yuan che et dans d'autres sources de l'époque mongole. Il en est d'autres qui, tout en paraissant
sous une forme plus ou moins aberrante , se laissent assez bien long , à jupe, je me demande si nous n'avons pas là un emploi spécial de ba'uri, qui signifie au propre « lieu de descenter , de ba’u -, e descendren ; ce serait la robe qui « descend , assez bas ( ).
266
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
restituer. Quelques-uns enfin sont de grand intérêt pour la lexicographie mongole , soit qu'ils viennent, tel čaqun , confir mer des formes qu 'on ne connaissait jusqu'ici que par des lexi ques, soit que, comme * filma, * borolji, * jasma ou * šäbir, ils fournissent des termes toutà fait nouveaux.Même si nous diffé rons de M . Sh .pour certaines de ses explications, nous devons
lui savoir un vif gré des matériaux qu'il a exbumés et groupés .
MÉLANGES .
LES STANCES D’INTRODUCTION DE L 'ABHIDHARMAHRDAYAŚĀSTRA DE DHARMATRĀTA.
Dans ses intéressantes Notes bouddhiques, XVII ( extrait des Bull. de la cl. des Lettres de l'Académie royale de Belgique,
5° série, t. XVI(1930), p. 15-19 ), M . de La Vallée Poussin a repris, après M . Kimura , l'étude des stances d 'introduction du Samyuktabhidharmahrdayaśāstra de Dharmatrāta (Nanjiö , n° 1287 ), traduit en 434 -435 . Je ne veux pas traiter ici en
détail de l'histoire du texte de l'Abhidharmahrdaya et de ses gloses ; c'est un problème des plus complexes et qui touche à bien des questions controversées , y compris celle de la date de Vasubandhu. Dans la première moitié du vº siècle , on considé rait que l'Abhidharmahrdaya avait été composé d'abord en
250 gātha ou stances eau temps des Ts'in et des Han » , c'est
à-dire entre la fin du 1°siècle avant notre ère et le début du n° siècle de notre ère , par un certain a lot Fa-cheng (1), puis (1) Aussi bien dans la liste des patriarches du chapitre 12 du Tch ’ou san isang ki tsi que dans la dissertation finale du chapitre 3 du Kao seng
tchouan, le nom est transcrit sous la forme
[ou
P
Ta
mo-che-li-ti. M . de La Vallée-Poussin a rappelé (p . 16 ) les diverses restitu
268
OCTOBRE-DÉCEMBRE 193 0.
que , vers 320 (1), Dharmatrāta avait ajouté 350 gātha , por
tant ainsi le total à 600 (2). Aussi le n° 1288 de Nanjio , tra duit en 391 et qui donne le texte de Fa-cheng avec sa glose ,
aussi bien que le n° 1294 de Nanjio , traduit en 563 et qui
donne le texte de Fa-cheng avec la glose d'Upaśānta , portent-ils seulement sur 250 stances , au lieu que ce sontbien 600 stances
qui sont traduites et glosées dans la traduction de 434 -435 , laquelle porte sur la rédaction de Fa-cheng accrue et glosée par Dharmatrāta (d 'où le titre de samyukta ?). Il est plus difficile de dire ce qu'était la recension en environ 6 .000 stances que le pèlerin Fa-bien avait rapportée de Pāțaliputra au début tions proposées, Dharmajina, Dharmakirti, Dharmottara , Dharmasreșthin , ajoutant que « Dharmasreşthin , du moins , n 'est pas impossible . Mais il ou
blie là , bien qu 'elle apparaisse incidemment p. 18 , la seule restitution qui me semble vraisemblable , à savoir Dharmasri. La traduction de sri par cheng se rencontre dans d 'autres noms (par exemple pour Bandhusri dans B .E .F.E.- O., XI, 379 , ou pour Srīgupta dans JULIEN , Mémoires de Hiuan tsang , II , 18 ). Par ailleurs , Ta-mo-che-li transcrirait très régulièrement
Dharmasri. Je suppose que le
ti final de Ta-mo-che-li-ti s'est introduit
par erreur dans un des textes , qui, par une e correction savante ) , a conta
miné l'autre ; ou encore nos deux textes du premier quart du vi° siècle remonteraient à une même source indéterminée où le nom était déjà altéré .
(1)
A
Z
If , c'est-à-dire vers le temps où la dynastie des
Tsin orientaux s'établit (317) après les troubles qui avaient marqué la fin des Tsin occidentaux.
(2) Ces renseignements sont ceux de la notice écrite par
Tsiao
King pour la traduction de 434-435 , et qui est conservée dans le cha pitre 10 du Tchou san -tsang ki tsi; je ne prétends nullement, en les repro
duisant, me porter garant de leur exactitude quant aux dates de Fa-cheng
et de Dharmatrāta. La notice de Tsiao King donne avec de grandes préci sions les dates de la traduction de 434 -435 , et est à préférer aus sources
indiquées par Bagcai, Le Canon bouddhique en Chine , I, 377. Les mêmes renseignements sur les 259 gātha de Fa-cheng et les 350 gātha de Dhar matrāta , mais sans indication sur la date de ces deux auteurs, se trouvaient quelques années plus tôt dans la notice jointe à la traduction entreprise en
1126 par Isvara et achevée en 431 par Guņavarman et qui est aujourd 'hui perdue ( cf. cette notice au chapitre 10 du Tch ’ou san-isang ki tsi , et Bag chi, 1 , 370 et 374 , où toutefois cette importante notice du Tch'ou san tsang ki tsi a été omise).
MÉLANGES.
269
du vº siècle(1), et dont il avait dû faire une traduction en douze
ou treize chapitres , déjà perdue un siècle plus tard(2); le chiffre de 6 .000 stances ne mérite pas moins d 'être retenu , car il
paraît donner quelque autorité à la recension en re 6 .000 stances, qu'on verra plus loin attribuer à Vasubandhu , et où Péri, par une correction querien n'appuie , avait proposé de voir un texte en 600 stances , c'est-à -dire le Kośa śāstra traditionnel de Vasu
bandhu , qui contient600 stances tout comme la recension de l'Abhidharmahrdaya due à Dharmatrāta.
Les premières stances d 'introduction de la version de 434 435 sont assez obscures , et elles sont suivies d 'une note ano
nyme en petit texte , d'origine inconnue, qui n'est pas toujours des plus claires. L 'élucidation complète de ces textes demande rait des recherches assez longues , que je n'ai pas entreprises. Toutefois , M . de La Vallée Poussin , en publiant la traduction
des stances d'introduction et de la glose qui les accompagne, veutbien rappeler qu'il m 'a consulté à leur sujet en 1922. Je ne sais plus ce que sa traduction me doit; mais elle contient deux ou trois détails d'interprétation auxquels , en y regardant
de plus près , je ne crois pas ou ne crois plus pouvoir meral lier. Pour éviter tout malentendu , je vais donc traduire ici à mon tour les mêmes passages , tels que je les entends actuelle
ment, et sous réserve de précisions ultérieures. Voici ma ver sion des cinq stances initiales :
Les grands maîtres des temps anciens , – en ce qui concerne les (1) Cf. Legge, The Travels of Fa -hien , p . 99 ; il n 'y a pas de raison de tra duire PJ + F 1 par « about six or seven thousand gåthasr , et on ne peut, avec Legge, renvoyer purement et simplement à Nanjiö 1287, puisque celui-ci est le texte de Dharmatrāta en 800 stances , avec commentaire en prose , au lieu des 6 .000 stances indiquées dans le récit de voyage de Fa
hien ; je reviendrai d 'ailleurs plus loin sur le sens dans lequel il faut vrai semblablement entendre cette mention de 6 .000 stances.
12) Cf. Bagchi , Le Canon bouddhique, 1, 348.
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
270
dharma très profonds, - ayant beaucoup entendu et ayant vu les saints vestiges, - ont déjà dit tous les sensM . Avec les moyens (upāya ) du zèle (virya ), cherchant - des distinc
Lions quin 'avaient pas encore été obtenues , — dans (les ) Abhidharma hrdayaśāstra – ceux qui ont beaucoup entendu (bahuśruta ) les ont déjà dites(2). Mais les uns sont concis ( lio ) à l'extrême, - les autres s'étendent (kouang ) sans mesure; - les divers exposés de cette sorte — ne sont pas l'expression fidèle ( chouen ) des sieou-to-lo (sūtra ). Clair ( * kouang-hien ) et bien conforme ( aux sutra (
chan souei-chouen)(?), — seul ce traité ( śāstra )-ci l'est tout à fait m . Un traité sans appui et vide, - le savantmême pas; nangoener ; le-comprend e t n i a o trop étenda , m Celui trop concis (lio) est difficile à expliquer — ddu (kouang) le sage s'écarte. — Moi, maintenant, dans un juste milieu je
ens de la vibhāṣā ( t dirai — l'ornement dduu ssens
kouang
chouo yi ichouang-yen ,vibhāşārthālamkāra) (5). L'introduction comporte encore deux stances et demie , où
Dharmatrāta rend hommage à son prédécesseur Fa-cheng et - se nomme lui-même, et ensuite seulement vient la glose de
Dharmatrāta , en prose , sur l'ensemble des stances d'introduc (1) J'entends qu'ils ont dit « tous les sens, des «dharma très profonds. . (9) C 'est-à-dire que , cherchant à distinguer ce qui n 'avait pas encore été distingué avant eux, les savants l'ont déjà exposé dans leurs recensions com mentées de l'Abhidharmahrdayaśāstra .
(3) Dans le Mahāyāna-Sūtrālamkāra , souci-ahouen répond à pratipatti, que M . S . Lévi (p . 317 ) traduit par rinitiativen ; je n 'ai pas qualité pour dis cuter le sens du mot sanscrit , mais ne vois pas comment le sens d' initia tiver pourrait être justifié pour souei-chouen. M . de La Vallée- Poussin , qui
rétablit ici hypothétiquement, et vraisemblablement à bon droit , suprati panna, rend le terme par e parfait de doctrinen , ce qui paraît très satisfai sant.
(9) Autrement dit, ce traité-ci, l'Abhidharmahrdayaśāstra en 600 stances. M . de La Vallée Poussin donne l'impression de voir dans cette phrase une
proposition générale sur ce qui caractérise un traité excellent; je ne le croi rais pas exact. (M . de La Vallée Poussin , à qui j'ai montré le manuscrit de
la présente note , me dit qu'il est d'accord avec mon interprétation. ] (5) Ceci a presque l'air d 'un second titre donné à ce commentaire de
l'Abhidharmahrdayaśāstra. [M . de La Vallée Poussin me dit penser de même.]
271 MÉLANGES. tion .Mais , après les cinq stances que j'ai traduites, on lit la note suivante en petits caractères, due évidemment aux tra
ducteurs de 434 -435 : Pour kouang -chouo , le mot sanscrit(1) est p’i-po-cha (vibhāsā ). Pour ce qui est de tenir un juste milieu en disant l'ornement des sens de la vibhāşă , les maltres qui ont expliqué ( che ) l’Abhidharmahşdaya de Fa-cheng different par leur prolixité ( kouang ) ou leur concision ( lio ). L 'explication ( che) due à Fa-cheng (lui-même) est la plus concise ( lio ). Yeou-p ’o-chan -to (Upašānta ) a une explication ( che) en 8 .000 gātha (16 kie ); il y a aussi un maître dont l'explication (che) est en
12.000 gāthā ; ces deux śāstra (louen ) sont ce que [les stances d'intro daction appellent étendu (kouang ). Quantà une Houo-sieou p 'an -t'eou ( Vasubandhu ) , comme le système ( fa ) de son explica tion (che) en 6 .000 gălhă est secret et lointain , mystérieux et désolé , et qu'il n 'a pas d 'attaches avec les trois pițuka , c'est ce que [les stances d 'introduction appellent un traité sans appui et vide(?).
L'explication ou glose due à Upaśānta nous est connue ; c'est le n° 1 294 de Nanjio , traduit en 563 ; mais il est en prose et ne porte que sur les 250 stances de Fa-cheng ; il semble donc
qu'en chiffrant en gāthā (kie ) les commentaires de l'Abhidhar mahrdaya , les traducteurs de 434 -435 aient voulu simplement indiquer le nombre de vers qui correspondrait comme étendue à celle des textes en prose ; c'est alors un procédé de calcul, et qui n'implique pas que les commentaires visés aient été vrai (1) La variante fiy hou indiquée dans l'édition de Taisho au lieu de ** fan est probablement la leçon primitive ; on sait que l'emploi de hou au sens de esanscrits a duré jusqu'au début du virº siècle , et que, dans un grand
nombre de cas , ce sont les éditeurs plus récents qui ont substitué fan au hou primitif des textes.
(2) B n 'y a pas de doute que les traducteurs de 434-435 portent ici, comme l'a vu M . de La Vallée Poussin ( qui me dit s'être appuyé sur une remarque que je lui avais formulée en 1922 ) , un jugement sur le commen
taire de Vasubandhu. M . Kimura s'est trompé en cherchant dans ces épi thètes le titre d 'un prétendu ouvrage Asanskrta-äkāša-fästra.
272
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930 .
ment rédigés dans une forme métrique. Il en devra donc être ainsi, en particulier, pour la glose en
6 .000 gāthân due à
Vasubandhu, et qui portait, soit sur les seules 250 stances de
Fa-cheng commecelle d'Upaśānta , soit sur les 600 stances de Fa-cheng et de Dharmatrāta ; la première solution est plus vraisemblable.Mais il n 'y a pas de raison pour restreindre ce mode de calcul aux traducteurs de 434-435 , et quand , une vingtaine d 'années plus tôt, Fa-bien parle de l’Abhidharmahr
dayaśāstra en « environ 6 .000 gāthân qu'il avait rapporté de Pāțaliputra , il y a bien des chances pour que ce soit là le com mentaire même de Vasubandhu , en prose , mais d 'une étendue
qui , en vers , eût répondu à renviron 6 .000 gāthān. Fa-hien , nous dit-on , l'avait traduit en douze ou treize chapitres , mais cette traduction était déjà perdue vers l'an 500 ; la raison de
cette disparition rapide est peut-être la condamnation portée sur cet ouvrage par les traducteurs de 434 -435 , et qu'ils veu lent faire remonter à Dharmatrāta lui-même. Il n 'est toutefois
pas sûr qu'ils aient raison sur ce dernier poin ', car une telle solution exigerait que Vasabandhu eût écrit antérieurement à
Dharmatrāta , et cependant Vasubandhu cite Dharmatrāta dans le Koša. Mais la question est liée à celle de la date de Vasu bandhu , ou éventuellement de deux Vasubandhu ( sans compter
deux Dharmatrāta ), et elle est trop délicate et complexe pour qu'on puisse l'aborder incidemment. Note additionnelle : M . de La Vallée Poussin me commu nique la note suivante, où il identifie le texte sanscrit d 'une des stances de l'Abhidharmahrdaya de Fa-cheng (Dharmasri ?) : < Vasubandhu, Abhidharmakośabbasya , début du chapitre 5
( trad. , p . 2 ; édit. de Kiokuga, XIX , 2 b ), cite une kārikā qui est la kirikā 32 du chapitre 4 de l'ouvrage Abhidharmahrdaya de Fa-cheng ( édit. Takakusu , 26 , p . 817-818 ).
· MÉLANGES.
273
cePar bonheur, Yaśomitra, dans Abhidharmakośavyākyā , re produit la kārikā et la commente. C'est une āryā : cittakleśakaratvād āvaraṇatvāc chubhair niruddhatvāt /
kusalasya copalambhād aviprayuktā ihānuśayāḥ || « Hiuan-tsang a traduit avec des pāda de huit caractères ; Samghadeva avec des pāda de cinq , mesure étriquée. Hiuan -tsang introduit la citation par les mots : « Quel est re l'argument de raison ? » Yašomitra : « Pour ceci , ils citent le
śloka » (atrārtha ślokam udāharanti).» ] P . Pelliot.
CCXVII . INTRINYRIS SATIONALE .
274
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
S. A. R . LE PRINCE DAMRONG . Le mercredi 4 juin 1930 , la Société asiatique recevait en séance solennelle à l'amphithéâtre Richelieu , en Sorbonne , S. A . R . le prince Damrong ,membre d'honneur de la Société . M . Finot , que ses fonctions
à la tête de notre École Française d'Extrême-Orient ont fréquemment mis en rapport avec le prince, avait bien voulu se charger de retracer à cette occasion l'ensemble de la grande æuvre que le prince Damrong a
accomplie au Siam dans l'ordre des recherches scientifiques et archéolo giques; il nous a permis de publier cette notice dans notre Journal.
Il y a deux ans, la Société Asiatique, ayant élu membre d'honneur S . A . R . le prince Damrong Rajanubhab ,me char
geait de lui remettre , à Bangkok, le diplôme, ou plutôt ( car j'avais les mains vides ) le titre qui venait de lui être conféré. Aujourd'hui m 'échoit la mission , non moins agréable , de rap peler en quelquesmots les éminents services que notre illustre confrère a rendus à l'orientalisme. C 'est en effet à son action
personnelle que le Siam doit plusieurs institutions savantes , qui toutes procedent d 'une double inspiration : l'amour intel ligent de la tradition nationale et la franche application des méthodes de la science moderne . Reliées entre elles par un plan général mûrement conçu , elles se sont ajoutées l'une à l'autre jusqu'à former une imposante construction où la science et l'art sontheureusement associés. Le noyau de cet ensemble, c'est la Bibliothèque nationale , @ uvre commune des fils du roi Mahā-Mongkut — dont elle
porte le nom de religieux : Vajirañāņa, — mais que le prince Damrong a élevée à un point de perfection qu'elle n 'eût sans doute jamais connu sans įui. Elle comprend d'abord une sec
MÉLANGES.
275
tion européenne excellemment composée et tenue à jour, en suite une riche collection de manuscrits ; et c'est ici que com mence à se dessiner le signe spécial des créations du prince
Damrong. Dans nos bibliothèques européennes , les manuscrits sont modestement rangés sur des rayons. Mais , à Bangkok , c'est tout autre chose. Vous connaissez ces armoires à manu scrits que la collection de M . Fernand Pila a popularisées il y a quelques années, cesmeubles originaux en tronc de pyra mide, où , sur un fond de laque noire, ressortent des scènes,
des paysages ou des ornements de nacre et d'or. Figurez -vous une avenue de ces meubles charmants , et vous aurez une idée de la section des manuscrits de la Bibliothèque Vajirañāņa. Quand s'ouvrent leurs battants , on aperçoit de précieux fasci
cules de feuilles de palmier, dont certains sont d'une respec table antiquité , et qui tous sont soigneusement gravés, enlu minés , dorés , et en outre enveloppés d 'antiques soies brodées.
Là sont les éditions royales du Tripitaka et tout le trésor de la littérature thai : chroniques , poèmes, traités techniques , etc. Mais ce n 'est pas tout. Une bibliothèque peut être un cimetière de livres , et qu 'importe alors que les tombeaux en soient fas tueux ? Ce que nous demandons aujourd'hui à un établisse
ment de ce genre, c'est d'être non seulement un dépôt, mais un centre vivant, actif et fécond , et voilà justement ce qu'on
a réalisé à Bangkok. La Bibliothèque Vajirañāņa ne se borne pas à acheter et à
conserver des livres : elle en publie . Le nombre en est grand , et il se multiplie par suite d 'uneadmirable coutume siamoise , qui est au nombre des emprunts que l'Occident devrait bien
faire à l'Orient. Les commémorations, qui se font chez nous
par des discours , se font au Siam par des livres. Le fils qui veut solenniser les funérailles de ses parents, le sexagénaire
qui désire commémorer l'accomplissement de son premier (et unique) cycle , en un mot , quiconque aspire à planter une 18 .
276
OCTOBRE- DÉCEMBRE 1930.
borne dans l'écoulement de la durée , fait imprimer et distri
buer un volume. Et comme le choix d'un texte est délicat , comme l'impression est un travail compliqué, que fait-il ? Il va
frapper à la porte de la Bibliothèque nationale, où un prince, aussi affable que savant, lui choisit un manuscrit correspon dant à ses préférences, en fait surveiller l'impression et l'orne même d'une préface qui, souscrite de son paraphe bien connu ,
garantit la qualité de l'ouvrage. Voilà donc ce qu'est la Bibliothèque : un dépôt de livres , un
centre de travail,une maison d'édition . Elle est de plus , en quelque mesure, un musée , par sa collection de stèles inscrites et de tablettes votives.
Toutefois , la plupart des objets d'art et d'archéologie con stituent le Musée proprement dit , qui est , plus encore que la
Bibliothèque nationale , l'æuvre propre du prince Damrong. Ce musée est de date toute récente : il a été inauguré en 1926.
Auparavant, Bangkok possédaitdeux collections qui pouvaient prétendre au titre de musée : l'une, rattachée au ministère du
Palais, contenait, mêlées à des pièces de valeur, d 'autres curio sités d 'un intérêt moins immédiat , telles qu’un squelette de baleine et une girafe empaillée; l'autre , d 'un niveau très su périeur, avait été constituée et déposée au ministère de l'Inté rieur par le prince Damrong . Le prince offrit généreusement
sa propre collection ; il choisit dans l'autre les objets dignes
d'une exposition publique; il sut orienter la libéralité de quel ques collectionneurs , et ainsi se trouvèrent rassemblés les élé ments d'un beau musée archéologique. Restait à lui trouver un local. C 'est en tout pays un problèmeardu. Sans doute , on eût pu édifier un cube en ciment armé. Mais le goût du
prince Damrong ne pouvait se contenter d 'un expédient aussi médiocre. Il fit mieux : il obtint pour son musée le palais du
Vang Na, exquise habitation princière du xviiiº siècle , avec ec
ses trois corps de bâtiments pour les trois saisons de l'année ,
MÉLANGES.
271
et dont le pur style siamois fournit un cadre idéal aux grandes euvres de l'art thaiquiy sont réunies. J'ai eu la chance de visiter le musée dans sa fraîche nou
veauté , et je ne saurais oublier l'impression profonde que pro duit sur le visiteur un si parfait accord entre l'édifice et les collections. Il serait trop long de décrire, même sommairement,
ce remarquable ensemble : tout à l'heure M . Goloubew vous en fera connaître les pièces les plus intéressantes.
Mais il ne suffisait pas de grouper les objets d'art provenant
des vieux temples etdes antiques palais du Siam : plusimpor tante encore est la tâche de préserver les monuments eux
mêmes, de prévenir la dispersion de tous les souvenirs du passé, enfin d'extraire du sol les vestiges historiques qu'il recèle. C 'est ce qui constitue la fonction propre d'un service archéologique. Or, tandis qu'il existait un service de ce genre
dans l'Inde, à Ceylan , à Java , en Indochine, par une singu lière anomalie, le Siam n 'en possédait pas. Cette lacune a été
comblée par l'ordonnance royale du 17 janvier 1924. Ai-je besoin de dire qui fut l'instigateur de cette sage mesure ? Vous CSUN
vous en doutez bien .
Ainsi donc, en un temps relativement court, le prince Dam rong avait réussi à doter son pays d 'une excellente Bibliothèque,
d'un magnifique Musée et d'un Service archéologique, qui ne devait pas tarder à faire ses preuves. Il restait à coordonner ces institutions en leur assurant le bénéfice d 'une direction commune. Tel fut l'objet de l'Institut
royal de littérature , d'archéologie et des beaux-arts, dont le prince Damrong est président, et dont le secrétaire général était jusqu'à ces derniers temps notre confrère M . Georges
Cædès. Je ne puis m 'empêcher de rappeler à ce propos que, si M . Cædès a quitté ce poste pour celui de directeur de l'Ecole
française d'Extrême-Orient, c'est quele prince Damrong, avec sa haute et sereine conception des intérêts généraux de la
278
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
science, a librement consenti à se priver des services d 'un col
laborateur qui possédait toute sa confiance et qui avait seconde ses desseins avec le plus loyal dévouement et le plus complet succès. Le prince nous a donné en cette circonstance un témoi gnage d'amitié et de noble désintéressement qui a touché tous
les cæurs en Indochine et en France : qu'il en soit ici remercié ! Le temps memanque pour parler , comme il le faudrait ,
des voyages d'étude du prince : voyages dans toutes les parties du Siam ; voyages en Indochine , dont les monuments n 'ont plus de secrets pour lui, surtout ceux du Cambodge, qu'il étu diait encore tout récemment au cours d'une tournée archéolo gique dont M . Goloubew vous montrera tout à l'heure quel
ques images. Je ne puis aussi que mentionner en passant ses savants tra
vaux historiques et archéologiques , dont les lecteurs français ont pu apprécier la solide et pénétrante érudition dans un article sur les monuments bouddhiques du Siam publié récem mentpar une revue indochinoise. Mais je ne saurais sans ingra
titude omettre de rappeler l'accueil bienveillant et amical que nos compatriotes et surtout les membres de l'École française
d'Extrême-Orient ont toujours trouvé auprès de lui, les pré cieux conseils qu'ils ont dû à son expérience , les facilités de travail que leur a ménagées sa puissante intervention et dont
j'ai été un des premiers à bénéficier. Monseigneur, il y a plus d'un quart de siècle , je traversais pour la première fois le Siam , sous la haute protection de Votre Altesse Royale , alors ministre de l'Intérieur. Depuis lors , et notamment au cours de mes visites à Bangkok , vous n 'avez
cessé deme donner les marques d 'une sympathie dont vous savez combien elle m 'est précieuse. Lorsque je prenais congé de vous à Bangkok , il y a deux ans , alors qu'il n'était pas
question de votre présent voyage en Europe , je n 'espérais guère vous rencontrer de nouveau , sinon sur les routes incertaines
MÉLANGES.
279
du Samsāra. C'est pour moi une joie profonde que de pouvoir vous exprimer une fois de plus mon respectueux attachement et la gratitude qu'inspirent à tous nos confrères ici réunis les @ uvres que vous avez réalisées au grand honneur du Siam et au grand profit des études orientales. Louis Finot.
280
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
UN
TEXTE GREC
RELATIF À L’AŚVAMEDHA. Le rituel du sacrifice le plus imposant du culte védique, l’Aśvamedha ou sacrifice solennel d 'un cheval, qu 'un roi victo
rieux seul peut offrir à Prajāpati, a été étudié assez récem ment dans le plus grand détail par M . P . E. Dumont, actuel lementprofesseur à l'Université John Hopkins de Baltimore(1).
Le volume qu'il a consacré à cette question , et sur lequel mon incompétence m 'interdit de porter un jugement personnel , constitue, de l'avis des spécialistes , une monographie aussi
consciencieuse , aussi exacte et aussi complète que l'on pouvait
le désirer (2). Peu familiarisé avec l'étude des textes védiques , je crois cependant avoir été mis à même par le hasard , et dans les cadres d'une discipline toute différente , d'apporter à la connaissance de l’Aśvamedha une minime contribution .
Le seul texte grec , à ma connaissance, qui fasse mention de ce sacrifice indien , ne figure pas dans l'Introduction de M . Dumont,alors quel'auteur s'est cependant attaché à réunir, après von Negelein (3), toutes les allusions de la littérature gréco romaine à des sacrifices de chevaux soit chez les Barbares , soit en Grèce ou à Rome. Ce texte ne figure d'ailleurs pas davan tage dans le livre de J. von Negelein , ni dans les autres ouvrages que j'ai pu consulter (4). Dois-je en conclure qu'il a (1) L'Asvamedha. Description du sacrifice solennel du cheval dans le culte védique d'après les textes du Yajurveda blanc, Paris, Geuthner, 1997. (2) Cf. L . DE LA VALLÉE Poussin , dans Académie royale de Belgique, Bulletin
de la classe des Lettres , 5 . série, t. XIV, p. 150 et suiv. (3) Das Pferd im arischen Altertum , Königsberg, 1903. (4) Bibliographie : Dumont, op . cit ., p . xviii et suiv.
MELANGES.
281
échappé aux védisants ? Même dans le cas contraire , je crois
qu'il ne sera pas complètement inutile de confronter cette notice avec les textes indiens, que l'étude de M . Dumont rend
maintenant accessibles aux profanes. Parmi les renseignements qu'Apollonius de Tyane, à en
croire son biographe Philostrate , aurait recueillis au cours de
son voyage dans l'Inde figure celui-ci (Philostrate, Vit. Apoll. Τμ., 2 , 19, 15) : Φασί δε και ακούσαι των Ινδών, ως αφικνοϊτο μεν ο βασιλεύς επί τον ποταμόν τούτον, ότε αναβιβάζομεν αυτού αι ώραι, θύοι δε αυτώ ταύρους τε και ίππους μέλανας – το γαρ λευκόν ατιμότερον Ινδοί τίθενται του μέλανος δι', oίμαι, το εαυτών χρώμα, – θύσαντα δε καταποντούν φασι τα σοταμώ χρυσούν μέτρον, εικασμένον τώ απομετρούντι τον σίτον, και εφ' ότω μεν τούτο πράττει ο βασιλεύς, ου ξυμβάλεσθαι τους Ινδούς , αυτοί δε τεκμαίρεσθαι το μέτρον καταποντούσθαι τούτο ή υπέρ
αφθονίας καρπών, ους γεωργοί απομετρούσιν, ή υπέρ ξυμμετρίας του ρεύματος, ως μη κατακλύσειε την γήν πολύς αφικόμενος.
Les Indiens, disent-ils, raconlentque le roi vient sur les bords de ce fleuve (l'Indus), à la saison des crues, et qu'il lui sacrifie des taureaux
et des chevaux noirs ( en effet les Indiens estiment moins le blanc que le noir , à cause , je pense , de leur propre couleur). Après ce sacrifice il jette dans le fleuve une mesure d 'or, semblable à celle qui sert à mesu
rer le blé. Dans quel but le roi fait cela , c'est ce que les Indiens ne com prennent pas, mais eux (Apollonius de Tyane et son compagnon) sup posentque cette mesure est jetée dans l'eau pour obtenir soit l'abondance des fruits de la terre , que les cultivateurs mesurent, soit la juste pro portion de la crue, qui inonderait le pays, si elle était forte .
Assurément, Philostrate n 'est point un témoin d 'une valeur
historique irrécusable , et sa e biographie romancée » d'Apollo nius de Tyane contient bien des détails purement imaginaires.
Pourtant cette æuvre , entreprise plus de deux siècles après la mort du thaumaturge dont elle retrace l'existence , a des pré. tentions évidentes à être une reconstitution historique, et il
282
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
semble bien que le tableau qu'elle nous donne de l'Inde vers les années lo à 50 n 'est pas absolument fantaisiste . Ce curieux témoignage mérite d 'être examiné de près .
A première vue , on pourrait croire que la description de ce sacrifice de chevaux à l'Indus est inspirée du passage où Héro dote raconte que les Perses , arrivés aux bords du Strymon , offrirent à ce fleuve des chevaux blancs (1), Mais Philostrate nous donne sur le sacrifice des détails , dont il a cherché des interprétations rationalistes qui rappellent les commentaires explicatifs du Satapathabrāhmaṇa , ou , dans le domaine des
religions occidentales, les réponses de Plutarque aux Questions romaines , et aux Questions grecques. Or ces détails s'accordent suffisamment, commenous le verrons, avec le rituel connu par les textes sanskrits , pour nous permettre d'écarter la suppo sition d 'un emprunt à Hérodote . Tout d 'abord la liste des animaux domestiques sacrifiés au
cours du 2 jour de pressurage de l’Asvamedha comprend, selon la Vājasaneyisamhitā , trente taureaux d 'espèces et d'âges divers
(cf. P. E . Dumont, op. laud ., p . 137 et suiv., na 12, 113, pau 114 , 116 , 134 -136 , 197 -220 ), sans parler du taureau immolé au cours du sacrifice préparatoire à l'agricayana
( K . , 16 , 1. 5 -43 , cf. P . E . Dumont, ibid ., p . 55 ). Pour aucun de ces animaux , il n 'est stipulé qu'il doit être noir , mais il n 'est pas certain non plus que dans le texte de Philostrate ueharas 29 .
qui qualifie inmous se rapporte également à taupous. En revanche, un des cas prévus dans la liturgie du Yajur. veda noir, plus ancien que le Yajurveda blanc(2), est celui où le cheval du sacrifice est entièrement noir (Apastamba- Srautasútra , 20 , 2 ; 9 ; P . E . D ., ibid ., p . 249). Enfin , le rituel védique nous fournit aussi l'explication de l'étrange cérémonie finale (1) Hérod ., 7, 113. (9) DUMONT, op. cit., p. 1.
283
MÉLANGES.
qui intriguait tant Philostrate, de cette mesure d'or que le mesu
roi, après le sacrifice , jette dans le fleuve . En effet , les céré monies du second jour de pressurage comportent deux puisées
de soma appelées puisées mahiman (puisée de grandeur, de
puissance) dont il est dit que la première doit se faire au
Duissa
moyen d'une coupe d 'or (S ., 13, 5 , 2 , 23; P . E . D ., ibid., p . 189 ). D 'autre part , tous les objets qui onteu contact avec le soma
doivent être jetés dans l'eau , le dernier jour du sacrifice , au
cours de la cérémonie de l'avabhrtha (K ., 10, 9 , 5-6 ; P. E . D .,
p. 297). Ce qui est plus étrange, c'est que Philostrate nous parle , non d'une coupe , mais d 'une mesure à blé. L'Ašvamedha
comporte , il est vrai , des oblations de graines, annāni, faites
au moyen de mesures (astamāni buitièmesn , of. P . E . D . , p. 314 et 321). C'est le cas, sans doute , des annahomas (obla tions de nourriture) qui doivent s'accomplir dans la nuit du premier au second jour de pressurage. Peut-être les Grecs ont ils confondu ces e mesures , avec la coupe quiservait aux pui sées de soma. Mais c'est précisément dans deux autres assertions, celles-là
franchement inconciliables avec le rituel classique de l'Asva medha, que réside le principal intérêt de notre texte . Tout d 'abord le sacrifice y est offert , non à Prujāpati, mais au fleuve
sur les bords duquel il a lieu: ensuite le pluriel YTTous nous oblige à admettre que plusieurs chevaux étaient immolés, pro
bablement en mêmetemps , en tout cas par le même sacrifiant, qui renouvelait , semble-t-il, cette cérémonie chaque année . Tout ceci est en contradiction formelle avec le caractère essen tiel de l'Asvamedha décrit par les sūtras.
Ces particularités , qui différencient si nettement le témoi gnage de Philostrate de celui des textes liturgiques hindous, le rapprochent en revanche curieusement de trois stances
« gāthan alléguées par l'auteur du Satapatha-brāhmana pour
284
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
prouver que les rois des temps anciens ont pratiqué l'Aśvamedha.
Les voici, d'après la traduction qu'en donne M . P . E . Dumont ( p. 2 ). Au bord de la Yamunā , Bharata Dauhșanti a sacrifié à Indra Vſtrahan soixante-dix -huit chevaux ; au bord de la Gangā , il en a sacrifié cin quante-cinq. Après avoir sacrifié cent trente-trois chevaux qui convenaient au
sacrifice , le roi Saudyumni, plus habile que les autres , l'emporta sur ceux qui manquaient d'habileté.
A Nādapil, l'Apsaras Sakuntalā conçut Bharata qui, après avoir con quis la terre entière, offrit à Indra plus de mille chevaux convenant au sacrifice.
Ce que ces textes ont de particulier, c'est tout d'abord la présence constante , qu'ils attestent, d'un fleuve, au lieu où se fait le sacrifice. A l'époque où le rituel de l'Aśvamedha nous est connu dans le plus grand détail, on demande seulement qu'il y ait , non loin du terrain du sacrifice, deux étangs dont
les eaux ne tarissent point et qui communiquent ensemble , mais ils peuvent être artificiels; la proximité d 'un fleuve ou d 'une rivière n 'est exigée qu'implicitement par les bains d 'eau courante que nécessite toute cérémonie religieuse hindoue(1), Le grand nombre de chevaux offerts par le même sacrifiant
n'est pas moins étonnant : les textes , tant du Yajurveda noir que du Yajurveda blanc ne parlent jamais que d 'un seul che
val. De sorte que les stances alléguées par les théologiens du Satapathabrāhmaṇa prouvent précisément, au contraire de ce qu'ils voudraient leur faire dire , que le sacrifice du cheval pra tiqué par ces anciens rois était un sacrifice tout différent de
celui qu'ils décrivent. En effet il est offert , non à Prajapati , (1) Elle est encore exigée explicitement dans l'épopée : cf. Rāmāy. , I , 8 , 15 : « Qu'on prépare le lieu du sacrifice sur la rive supérieure de la Sarayū.”
MÉLANGES .
285
mais à Indra , et en même temps semble attester, par l'impor tance qu'y prend le voisinage d 'un fleuve , le souvenir d'une époque antérieure , pendant laquelle il aurait été consacré à Varuna, dieu des eaux, ou d 'un sacrifice du cheval à Varuna, primitivement indépendant, qui se serait confondu avec celui
dont bénéficiait Indra. Nous pouvons maintenant, me semble-t-il, joindre le curieux passage de Philostrate à la liste trop brève des allusions à cette
forme ancienne et mal connue de l’Aśvamedha. Évidemment Philostrate s'est permis beaucoup d 'anachronismes, et on ne
peut raisonnablement supposer qu'une cérémonie pareille à celle qu'il décrit était encore en usage au r® siècle de notre ère. Ce renseignement doit nous reporter à une époque antérieure
La détermination exacte de sa source , que je n 'ai point tentée, nous permettrait peut- être quelque précision. En tout cas les quelques phrases de Philostrate sont un peu plus explicites que
les stances sanskrites du Satapathabrāhmana. Elles nous per
mettent d'ajouter au Gange et à la Yamunā l'Indus comme l'un
des fleuves sur les bords duquel on a sacrifié des chevaux . L 'époque de célébration de cet ancien sacrifice , qui coïnci derait avec une période de crue annuelle de l'Indus pouvait être déjà ( s'il s'agit de la crue de printemps) la quinzaine claire du mois de phālguna. D 'ailleurs bien des détails de la
cérémonie devaient ressembler à ceux que nous montre la forme évoluée et complète de l'Aśvamedha. A en juger, par le
récit du sophiste grec , déjà on sacrifiait des taureaux, et des rites analogues à ceux que nous trouvons plus tard accom pagnaient et suivaient le sacrifice du soma. Ces renseigne ments , s'ils sont exacts , nous permettraient alors de croire avec plus d'assurance à un rapport de filiation entre celte . ancienne cérémonie et l’Aśvamedha proprement dit. Roger Goossens.
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
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LE SORT DES TRÉPASSÉS DANS UN HYMNE À LA DÉESSE NUN -GAL CONTEMPORAIN DE LA DYNASTIE D 'ISIN .
Le texte a été publié en autographie par Lutz (1), transcrit et
traduit par lui(2) en 1919, puis par Witzel(5)en 1929. W . nous paraît avoir bien interprété le sens général du texte, mais sa traduction ne s'impose pas dans le détail. De
plus , il admet six strophes de quatre stiques chacune: Cette régularité absolue est exagérée. Nous croyons que le rédacteur procéda plus librement. Autant que l'autographie permet d 'en juger, l'écriture est celle que l'on attribue généralement aux scribes contemporains
de la dynastie d'Isin . La déesse Nun-gal , parèdre de "Bi-ir - túm , qui était le dieu
de l’Arallu , à Marki, serait, d'après ce texte , la fille d''Ereš-ki
gal, parèdre de Nergal. 1
lú lu + idim (4) zu -u-ne . . . sig ,-alam (5)_bi . . .
3 murgu-bilú hul-gálba-sub-sub -. . . 4
ša(g )-ib- ba -bi ér-a -nir -ra ud-gig ni-ib- . . .
(1) Selected sumerian and babylonian Texts (University Museum ), Philadel phie, 1919; n° 104. (2) Loc . cit. , p . 68-70. (3) Perlen sumerischer Poesie .. . Neue Folge , Jérusalem , 1999, p. 105 117 .
(4) On ne peut guère lire autrement ce second signe – avec W . (5) Bunnunú. Ce n 'est pas la graphie connue d'alam , mais, par voie d 'éli mination , il semble qu'on ne puisse songer à aucune autre valeur,
MÉLANGES.
287
1 Le mort . .. 3
son image(") . . . A côté de lui, l'homme aux lamentations funéraires (2) dit ses for mules (3);
4 son cøur troublé(á) des larmes et des gémissements , jour et nuit,
5 ud ab-túm (6) 6-kur ezen -gim né-bi-a ba-an-.. .
6 ki-[nam-Juar-ri íd -lú -šub -gu-da-an ba-lah-gi-es 7 zid-gub erím -gub bar-“ Ag ne-si-sá mu-un -u-. . . 8 erim-gái-la -ni st-im-ri-ri e-da- ni ki(º)-engar . ..-tim 9 ud-bi-u nin -e ni-te-a-ni(1) sal-zi(d) i-ri-ga-ám -me-en
10 dingir-nè kù “Nun-gal-la -ge(8) im -di-šù al-e 11 nin -me-en an-ni nam -mu-un-tar ga-e ma[k-dji-me-en
12 ' En -lil-li nam -gal ma-an -tuh é-gi-a -ni(")me-en 13 dingir-ri-ne mean-ki-a šu -mu-ši mu-gar-ri-eš
5 Le jour où on l'enterre( 0); où l'é-kur est comme en fête, où par son éclat il .. . (1) Son cadavre (?).
(2) Cf. MEISSNER , Stud. assyr. Lexikogr., p. 50 , l. 299 : þul-gál - kispu .
(3) Dans ce contexte , il n'est pas sûr qu'il s'agisse de prières proprement dites.
(6) Ib -ba : agámu. (5) Si l'original permettait de lire ad , au lieu de ab, on aurait ad -du : nissatu (référ. in S .A .I., 2756 ). Donc : au jour des lamentations (rituelles). (6) Peut- être dyl.
(3) Ní-te-a-ni-ta : ina puluhtišu , cf. référ. Delitzscu, Glossar .
(8) Nun -gal, parèdre de "Bi-ir-túm , qui était le "Nergal deMarki. Réſér. in DEIMEL , Pantheon , n° 400 . ( Sur é-gi-a , voir la note de Langdon in 0.C. T., VI, p . 3 , n. 5 . (10) Tabálu , liqú, Enterrern , à cause du sens général du contextę ; d'au tant que ki-túm = kibiru.
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OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
6 où , au lieu du destin , au Fleuve (1) les gens s'assemblent et qu'on se presse,
où , près de 'Nabû (2), le bon se tient, le méchant se tient, où il est
7
jugé , où . . .
8 où le méchant( ) il abat, où, avec soi, dans l'engur, il emporte ,
9 en ce jour-là ,de la Souveraine la majesté, la fidélité puissé je pro clamer.
10 La déesse puissante(s), Ja pure "Nun-gal, du sein de l'orage qui éclate ("), dit :
11. C'est moi la Souveraine , dont an a fixé le destin ; c'est moi ! Celle qui s'avance majestueusement, c'est moi ! 12 “Enlil un grand destin m 'a fait : sa femmen, c'est moi!
13 Les dieux l'oracle du ciel et de la terre en ma main ont placé. 14 ama-uku-mu kù "Nin -ki-gal-la-ge gal-ni- šu unu (7-ni-ba
15 zè-kur "Babbar è-a engur-mah -mu mi-ni-ri 16
é-gal ki-durun-ků nam -lugal-la -gemà-e bar-bime-en
17 Ninni-ra gal mu-un -da-ne sag-gál-la me-en 18 Nin-tu-ri ki-nam -tur-zi-ka nam -da-an-gub-bi 19
gi-dur-kud -da nam -tar-ri-da inim - šá (g)-gi ga-mu-ba
20 nin izkim -zild) 'En-lil-lá me-en nig -ga-manig -gar-gar 21 gal(®)_nu-um -igi- gi-ma a -sir-bad ma-da-tab
99 188ag - zi-tim- mà a-gim-lủ la-ba-ra-an-ba 23 sag-gig -ga igi-mà mu-un-gál en -nu -un im -ag -e (1) On sait depuis longtemps que les textes postérieurs parlent souvent da
Hubur, fleuve de l'Arallu . Cf. K .B., VI, 1, 301-329, spécialement 307-309 (9) Nabû ne figure ainsi dans aucun autre texte semblable. (3) Littér. : son méchant ( = son adversaire).
(1) Ou : il va , il se tient, etc. (5) Ne : emùau. (6) Di : kašádu , aldku .
(5) La graphie ne paraît pas suggérer la lecture he de Witzel.
(8) L'autographie n 'est pas celle de uru.
289
MÉLANGES.
34 im -nam -vi-la šu-màmu-un-gál lú-zi(d)ne-in-gub 25 erim -gub á-ma la -ba-ra-è nig -hul-. . . IV
14 La mère qui m 'a enfanté("), la pure “Nin-ki-gal(?) avec sa grande ( fille) partage sa demeure; 15 déchirant(s) la montagne, 'Babbar sortant dans mon auguste
engur(") a pénétré; le palais , la demeure pure de la royauté - - sa voisine, c'est moi !
16
c'estmoi!
17 A "Ninni la grandeur(6) je dispute : la première , c'est moi (6)
18 A côté de «Nin -tu , à l'endroit où les enfants prennent vie, je me tiens.
19 La prière (accompagnée ) du morceau (") de roseau dur et du sort 20
j'exauce (). La dame attentive et fidèle d ' En - lil, c'estmoi ! Mon trésor est tou
ce qui existe. 21 A ma résidence inévitable un long (9)chemin conduit(10). 22 Que ma compassion , ma grâce , ni esclave( ), ni homme libre n 'émeuvent(12)
(1) Ainsi Nun -gal serait la fille d''Ereškigal, parèdre de "Nergal. (3) Ou Ereškigal.
(3) S'il s'agit de l'Arallu ou d'une partie de l'Arallu , les premiers mots de la ligne désignent sans doute le soleil couchant dans ou par la montagne , et qui continue sa course vers l'Orient.
(W) Coupant, déchirant la montagne (ze : maláhu, malásu . baqamu ) ; MEISSNER, Stud. Lexik ., p . 24 : 287, 289 ; p. 13 : 271-272.
(6) Littér. : comme grande. (6) On ne voit pas bien la liaison qu 'il peut y avoir entre 18 -20 et ce qui précède ou ce qui suit. (7) Littér. : roseau dur coupé.
(8) Littér. : je fais cadeau . Il s'agit sans doute de e prièren accompagnée de charmes.
(0) Littér. : éloigné.
(10) Ou : (?) conduit le pays (ma-da). (11) Littér. : fils d 'esclave, (fils) d 'homme (libre). (12) Qu'ils n 'espèrent pas émouvoir ; littér. : changer . CCXVII .
19 IMPRIMERIE NATIONALR.
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23 Les têtes noires sont sous (mon ) regard ; je fais la garde : 24 le souffle de vie est en (ma)main , (si) c'est un bon qui se pré sente ;
25 (Si) c'est un méchant qui se présente, à mon bras qu'il n 'échappe pas; le châtiment [qu'il n'élude pas!].. Charles-F . JEAN .
MÉLANGES.
291
NOMS SOGDIENS DANS UN TEXTE PEHLEVI DE TURFAN .
Dans la bigarrure ethnique et religieuse de l'Asie Centrale , des noms d'origine très diverse alternent et voisinent( ). On voit ainsi, dans un texte turc de Xojo (2), un religieux toxarien ( toxri) porter le nom purement iranien de Vahmanxyāryazd , où , entre vahman et yazd , on reconnaît pehl. S .- 0 . hiyār « auxi
liaire » , qui répond , avec une aspiration secondaire , à pehl. N .-O .adyāvar, cf. av .ady -t -. Or l'hymnaire pehlevimanichéen , le Mahrnāmay, dont F . W . K . Müller a édité magistralement
un fragment étendu (3), contient une longue liste de fidèles , hommes et femmes, dont les noms iraniens, turcs , indiens ou
chinois révèlent la nature composite de la communauté. Ces noms se joignent parfois en hybridations variées : Tupa-ſuši ( turc et chinois ), Ypar-yazan -Bām ( turc et iranien ), Naveyân Anlāu (iranien et chinois ), etc., sans que l'on puisse les rap porter sûrement à un ou plusieurs personnages. Néanmoins , F . W . K . Müller a correctement interprété une partie de l'ono
mastique iranienne. On peut en expliquer une portion plus large à partir de cette constatation essentielle que les noms
propres iraniens, dans leur ensemble , sont, non perses, comme le croyait Müller ,mais sogdiens. Plusieurs traits dialectaux en montrent la provenance sog
dienne : niyūšak-patanč (1. 127), féminin spécifique de niyā (1) Pelliot, J. As., 1916 , 1 , p . 111 et suiv. ; Aurel STEIN , Innermost Asia , t. II , p. 581 et suiv.
(2) A . von Le Coq , Türk. Manich., I, p. 97, 1. 3 v. (3) F . W . K . MÜLLER , Ein Doppelblatt aus einem manichäischen Hymnenbuch (Maḥrnamag ), Abhand ). der preuss. Akad., 1919. 19 .
292
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
šakpat e chef des auditeurs » , parallèle à sogd. boudd . 'wp's'nch ,
By'npt'nčh , pr’mn’nčh , šmn’nčh (1), à man. niyāšakanč(2) caudi trice » , et au nom de ville Cinanč-kað ee ville chinoise » (3). La
version sogdienne de l'inscription de Kara -Balgasun fournit le féminin Srwenčw pts’k emonument soliden (l. 17) , cf.SB mynču pts’k (1. 23)(4). La forme stw -y'n recent faveurs , (1. 99 ) in dique sogd. satu (bouddh . et chr . stw ; non sato , Müller ) < * satam , avec le traitement régulier - u de -am (5). De même pour
le nom de la lune, māx , dont le - h - intervocalique s'est norma
lement spirantisé. On le retrouve non seulement dans māx-farn a gloire de la lune » (l. 104 ),navê-māx e nouvelle lune» (1. 84), vano -māx e lune victorieuse » ( 1. 60) , mais aussi dans deux
noms que Müller a négligés : māx-yān e faveur de la lune,
(1. 69) [cf. rūgš-yān l. 100, Bām -yān l.123], qui n'a pasde rapport avec skr. mahāyāṇa, lequel est écrit mhy'n (1. 81) ; et wošy-m ’x (1. 57), qui semblerait parallèle à wxšy-frn e gloire de joie» (1. 86 , 116 ), mais répond plutôt, suivant qu'on le lit užše- ou vaxšē-, soit à munj. yumágå, yidg. yomgo, išk .
lömik, zeb . ilmek, sangl. dulmik (d- ?), vax. zəmak, etc., celunes , de *uxšya-māh -ka(6); soit à pašt. wağmaide * vaxša-māh ka (7) e lune» , étymologiquement ce lune croissanten. Il n'est pas douteux que le nõymāx de la ligne 84 doive être rétabli en navē-māx e nouvelle lunen . C 'est évidemment la foimanichéenne qui a placé tant de noms propres sous l'invocation de la Lune
divinisée.
Müller n'a pas reconnu non plus que xwend (l. 138 ) est (1) Cf. Gramm . sogd. , II, p . 88. (2) A . von Le Coq, Türk . Manich ., III , p . 41, n° 27, 1. 6 .
(3) Faussement lu Jinanjkath par BARTHOLD , Turkestan , p. 170 . (6) O. HANSEN, Journ. de la Soc. finno-ougrienne, XLIV, 2 , 1930 , p. 19 et 21.
(5) Gramm . sogd. , II, p. 76 ; Reichelt, Indogerm . Jahrh., I, p. 37.
(6) Cf. Norsk Tidsskrift for Sprogvidenskap , III, p. 298. (7) MORGENSTIERNE, Etym . Vocab. of pašto , p . 69, s. vº spõğmai.
MÉLANGES.
293
l'adjectif sogd. 'yws'nt, 'ywent « content, joyeux» , chr. xwenty' cejoie », qui fournit, en face de pehl. et pers. xursand , un nouvel exemple de la tendance sogdienne à amuir -s - devant
consonne(1). Étantdonnémāx-yān e faveur de la lunen (1. 69), yišā- yān e faveur de Jésus , ( 1. 96 ) , le nom mašiyân (1 .52) peut
être composé avec un nom de divinité comme premier élé ment. Aussi inclinerions-nous à le lire miše-yān e faveur de
Mithran , en tenant mis- pour la même formephonétique de miêr- que dans le nom de mois sogdien miš-Böy « délivrance par Mithra» (2). A la ligne 78 , cwm 'r recouvre sogd. bou yum 'r e consolation , encouragement» (3), comme žw ’nk, (Byy) žw ’n (1. 85 ) font sogd . žw 'n (ºk ) c vie , existencer. L 'origine sog
dienne n'est pas évidente pour byāman (varz-), l. 100, que Müller (p . 33) propose, sans l'interpréter, de couper en be aman, etque nous rattacherions à av. àiwyāma-ce très fort» ;mais elle est manifeste pour « Baye-Birat, (1. 87 ); Müller traduit ceGott findet» , mais l'emploi d'une forme verbale au second
terme de composés n'est usuel que dans les noms sémitiques. Il faut lire Byy-Byrtsobtenu de (ou par) Dieu » ; Byrt, parti
cipe de sogd. bouddh. Byr- «obtenir » , chr. Byr- « trouver ». Purement sogdien est rēž « plaisir , dans rēž-yān (1. 101), non
« Wille und Gnade» ,mais « faveur du bon plaisir (divin ), de la volonté (divine)» , auquel se joint Baye-rėž e volonté de Dieu » (1. 72 ). Cf. sogd. boudd. ryz - pe plaisir » , chr. ryż
cevolonté (divine)» , qui répond à sindhi rījha « plaisir, satis faction (4). Le nom transcrit Bayânôt (1. 117 ) et laissé sans interpréta
tion , doit se couper By =’nwt et contient un second terme iden (1) M .S.L., XXIII, p. 128 , et particulièrement Reichelt, Z.I.I., IV , 1996, p . 241.
(3) Ap. F . W . K . Müller , Sitz. Berl. Akad., 1907, p. 465. (3) V. J., 1115 ; Gramm . sogd., II , p . 168.
(6) TEDESCO , Bull. Soc. Ling., XXIII , p . 116.
294
OCTOBRE -DÉCEMBRE 193,0 .
tique à sogd. bouddh . ’nwth e appui, soutien ; cf. D . 15 : 'krtyh
´yw pr čw ’nwth 'skw ’nt ce sont les actions où se trouvent les
appuis » (traduction Gauthiot à rectifier );ibid., 78 :mw protyh 'nwth « l'appui du Bouddha » ; V. J. 811 : 'pw ’nwtwh ’krtym
a je suis privée de soutien ». Il en a été produit récemment deux attestations nouvelles , restées incomprises des éditeurs ;
dans un texte bouddhique(1) : kd ZK s'n pw yw i'w Bwt pu ’nwth [couper pw ’nwth ] Bwt e quand l'ennemi est sans roi , il est sans soutien n ; dans un texte manichéen (2), Jésus est dit zprttyy 'nwtmappui des saints » . Il ne reste donc qu 'à traduire By- nwt
par rappui de Dieu » . Parmi les féminins, on relèvera comme caractéristiques :
(Byy-)Sy, correctementrendu e servante de Dieu » chez Müller, p. 38 , qui équivaut à sogd. boudd. Syh e servante » , associé généralement à Bntk « serviteur» dans l'expression Syh ny Bntk - Bw &n e parfum , (1. 150); zrywnč e dorée » (1. 151), fém . de zrywn'k ;vnônč-Bâm (1. 197) n 'a rien de commun avec l'étoile Vega, av. vanant (Müller, p. 47) : wnwnč est le féminin de wn’wn'k « victorieux» (3); et wnwně-ß 'm signifie réclat victo rieux ». En revanche, le colophon du Mahrnāmay nous donne le
nom vraisemblablement perse du scribe sous une forme que Müller a transcrite ni.cvarig-rôšan et traduite hypothétiquement
« Lichtkeim » (l. 196, 217, 225 ). La graphie nxwryy doit s'interpréter *nuxvariy, dérivé de nuxvír, qui est lui-même
tiré de * nax" « origine» ( arm . nax) et fait partie d'un groupe de mots étudié dans la Rev. et. arm ., IX , 1929 , p . 5 -7 . De ce (1) REICHELT, Soghd. Handschr . des Brit. Mus. , I , p . 31, 1. 273.
(9) WALDSCHMIDT-Lentz , Die Stellung Jesu im Manich ., p. 23, et F. W . K . MÜLLER , Handschr . Reste , II, p . 100.
(3) Ainsi dans le fragment du Padmacintāmaạidhāraṇīsūtra (Müller , Sitz .
Berl. Akad. , 1926 , p. 2-8 ) , l. 35 : pr wyspu s'n ny pr kynßr wn'wn'k Bel, litt. : sur tous les ennemis et haïsseurs il est victorievın .
295
MÉLANGES.
radical, le Mahrnāmay offre les dérivés (pad ) naxvēn « en pre
mier lieu » ( p. 25 , l. 336 ) et nux (non nôx ) e originel» , de *nax'a-. Vraisemblablement, nuxvarīy-rāšan signifie « lumière originelle ou primordiale ». Il y a lieu de ranger dans le même groupe une autre forme restée inaperçue dansun fragmentturc
manichéen : nogdar(1), qui vaut nuxdār « quidétientla primautén . On y reconnaît le prototype iranien qui avait fourni, d'une part le titre arm . naxarar (* nax'-Sār-), de l'autre Nohodures,
nom d'un noble perse chez Ammien (XIV , 3 , 1 ; XVIII, 6 ,
16; 8 , 3 ; XXV, 3, 13). VENISTB .
(9) A . von Le Coq , Türk. Manich ., III, p. 35 , n° 16 .
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
296
NOTE SUR L’ĀLAMBANAPARĪKŞĀ . On ne peut dire trop de bien du mémoire que notre ami Susumu Yamaguchi, en collaboration avec M4 H . Meyer, a
consacré à ce célèbre petit traité de Dignāga ( Journ. asiat., janvier-mars 1929). Le travail d'éditeur — versions chinoises , version tibétaine — est parfait. La traduction , que les richesses extraites du commentaire embarrassent un peu , est très satis faisante ; les notes et l'index sont utiles. Peut-être les collaborateurs auraient pu lire le Tattvasam graha dans Gaekwad 's Oriental Series, n° 30 , daté de 1926 ,
fallacieusement sans doute, car je viens seulement de recevoir
ce précieux volume. L 'excellent Kamalaśīla , commentateur du Tattvasaņgraha , nous donne, p . 583, le texte de la sixième kārikā de Dignāga :
yad antarjñeyarūpam tu bahirvad avabhāsute so 'rtho [viljñānarūpatvāt tatpratyayatayāpica ||
C'est-à-dire : La forme qui est connue intérieurement el qui apparaît comme si elle était extérieure , c'est là l'objet de la connaissance , parce que, en même temps, elle donne sa forme à la connaissance et est la cause de la connaissance .
Au même endroit, l'auto -commentaire du second pāda de
la kārikā 7 : atha vā śaktyarpaņāt krameņāpi so ’rthāvabhāsaḥ svānurūpakāryotpattaye śaktim vijñānācārām karotītyavirodhaḥ. La lecture vijñānācārām est suspecte , car le tibétain a rten
can (p . 10 ). — La traduction , p. 41, est obscure. La con struction est certaine : « L 'arthāvabhāsa crée une puissance ,
résidant dans le mūla ou alayavijñāna , qui est capable de pro duire un fruit semblable à lui-même. n — śaktyarpana , non
297
MÉLANGES.
pas « s'appuyer sur un pouvoir en puissance» , mais ceplacer, créer un bīja , une puissance » ; le in et le li des versions chi
noises, p .22, et le hjog tibétain , p. 10, laissent peu de doute. Kamalaśīla nous rend un troisième service. Il ne transcrit
pas la première kārikā ; mais il prétend mettre Dignāga en contradiction avec lui-même, et il écrit : « Le Bhadanta lui même a réfuté cela en disant : Quand bien même la partie
connaissable de la connaissance serait la cause de la connais sance sensible , elle n 'en serait pas l'objet, pas plus que l'or gane des sens n'est l'objet de la connaissance , puisque la con naissance sensible n 'apparait pas avec la forme de cette partie
connaissable " : yady apāndriyavijñapter grāhyāmśaḥ karaṇam bhavet | atadābhatayā tasyā nākṣavad vişayaḥ sa tu | Ceci parait bien être une e perversion , de la première
kārikā ; l'expression grāhyāmśa (1) remplaçant le mot paramā navaḥ « les atomesn . On peut lire :
yady apāndriyavijñapteḥ karaṇam paramāņavaḥ |
atadābhatayā tasyā akşavad vișayo na te ||(2). Admettons, si vous voulez , que les atomes sont la cause des repré
sentations sensibles : ils n 'en sont pas l'objet, car la représentation sen sible n 'a pas l'aspect d 'atomes , mais l'aspect de cruche.
LA VALLÉE Poussin. (1) Yamaguchi lit grāhyabhāga, p. 54 , que j'ai de sérieuses raisons de con sidérer comme bon .
(2) Ou nākşavad viņayo hi te.
298
OCTOBRE - DÉCEMBRE 1930.
UN
ÉLÉMENT MÉSOPOTAMIEN DANS L 'ART DE L 'INDE. A Bharhut nous rencontrons, dans la partie supérieure des c railings » , le motif de décoration suivant :
Fig . 1.
Le même ornement a été employé d 'une manière semblable
dans les grottes d'Udayagiri et de Khaņdagiri, en Orissā , où cependant le lotus est traité d 'une manière moins élaborée :
AWAYA Fig . 2 .
A Sānchi, les lotus ne se retrouvent pas ; mais la bordure est la même; on retrouve une fois le créneau ( ) ; quelque
fois ce e bâtiment» possède sept étages (c).
Fig . 3.
Il semble que cet élément décoratif reste un motif commun dans l'art de l'Inde. Nous le verrons même aux temps de l'art
299
MÉLANGES.
gréco-bouddhique, comme par exemple sur deux pièces d'un
& railing , bouddhique réduit se trouvant à présent au musée de Peshawar :
I쎈
MINI VIZUALIZA
ANDRIA
a Fig. 4.
Nous reconnaissons quelque chose de similaire dans la cou ronne d'une sculpture de Sārnāth , conservée au musée de Sārnāth , et à laquelle Herr Bachhofer assigne la date du
11° siècle avant J.-C.(1) :
Fig. 5. Cet élément d'ornementation , consistant en une série de
motifs semblables à des tours à étages , placées l'une auprès (1) L . BacadofER , Early Indian Sculpture , pl. 13, à gauche. Nous doutons de l'exactitude de cette date.
300
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
de l'autre et parfois alternant avec des lotus gigantesques, est
purement mésopotamien d'origine , et largement répandu dans
toutle domaine de l'art assyrien , babylonien et perse. Nous ne citerons ici que quelques exemples typiques . Sur un bas-relief remontant au temps du roi Sennacherib (705 -681 av. J.- C. ), à présent au Musée Britannique, la tente
royale porte la bordure suivante sur la partie supérieure des côtés , au -dessous du toit(1):
MYY . Fig. 6 . On voit la même chose sur un bas-relief de Kuyunjik da
tant du temps d’Assurbanipal (669-6 26 avant J.-C .)(2) :
LY
.
Fig . 7. Le roi Darius est représenté sur le bas-relief de Bisutūn ( environ 510 avant J.- C .) portant une couronne , dont la res semblance avec celle de notre figure 5 est frappante (s) :
Fig. 8 .
(1) British Museum , phot. n° 433.
(2) H . R. HALL , Assyrian Sculpture, etc. , pl. L . (3) SARRE-HERZFELD , Iranische Felsreliefs , fig . 91.
MÉLANGES.
301
Il est très probable que ceci était la forme commune de la
couronne d'un roi (ou d'un dieu ), car nous la retrouvons
maintes fois jusqu'en des temps beaucoup plus récents. Il y en a plusieurs à Naqsh-i Rustem , dont l'une est reproduite ici (1) :
Fig. 9 .
Des représentations similaires peuvent être retrouvées sur des monnaies de Sbāpūr Ier et sur plusieurs autres bas-reliefs .
Même au temps de Khosrau II (590-628 après J.-C.), la cou ronne royale a encore beaucoup de ressemblance avec les
exemples cités plus haut(2). Nous tournantmaintenant vers des temps plus anciens, nous sommes peut-être capables de retrouver les origines de cet élé mentdécoratiſ. Nous proposons de l'identifier avec le zıkkurrat, le temple ancien deMésopotamie , bien connu de sources diffé rentes. Le chaînon qui nous manque entre le bâtiment monu
mental et le dessin purement ornemental peut être trouvé dans
deux stèles commémoratives du Musée Britannique, dont la première représente le roi Shalmanasar II recevant l'ambassa
(1) SARRE-HERZFELD , loc. cit., pl. XIII. Cf. aussi pl. XLI et fig. 24 , 32 et 33.
(2) SARRE-HERZFELD , loc. cit., fig . 102.
302
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
deur et le tribut de Shua , roi de Gozan , Cette stèle date d'en
viron 859 avant J.-C.(1):
RELIEVO
HERE
Fig . 10 .
Il est évident qu'on a imité sur les sommets de ces mémo rials» les temples des dieux , et que c'était cet élément même qui se transforma plus tard en un dessin purement décoratif.
On rencontre une transformation similaire dans l'art boud dhique. On y voit souvent une ne rangée de petits stūpas, alter MT
nant parfois avec des arbres sacrés, laquelle est employée dans un but purement décoratif. Nous pouvons donc affirmer avec sûreté qu'on trouve ici dans l'art de l'Inde un motif décoratif qui vient d'un dessin décoratif similaire de la Perse, et que ce dernier descendait sans doute , en analyse dernière, d'une multiplication de zik kurrat (2). Une identification du point de vue indien ne semble pas possible. Des temples à degrés étaient complètement étran
gers à l'art de l'Inde. D 'autres comparaisons indo-mésopotamiennes seront pu bliées dans mon article destiné aux Mélanges Linossier . Di C . L . FÁBRI. (.) British Museum , phot. n° 401 , 407, 411, 351 B . (2) Existe -t-il une parenté entre le ziķkurrat et les pyramides à degrés de l'Égypte, et lequel des deux est le plus ancien ? C'est une question que je ne
veux pas trancher ici. Je veux cependant remarquer qu'il existe déjà une représentation d 'un ziķkurral à trois degrés d 'Élam datant d 'environ 1100 avant J.-C . Voir Jeremias , Handbuch", p . 135.
CHRONIQUE
ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
PÉRIODIQUES.
Revue des Études islamiques,année 1929 , cahier III : Abstracta islamica , p. 341-394 ; A . SÉkaly. Le problème des Wakfs
en Égypte (suite , p. 395-445 ); A . Vissère. Ouvrages chinois pour l'étude de l'arabe (p . 455 -456 ) ; A . M . Kassim. Comparaison du code civil lurc avec le code civil suisse (p .457-458). Cahier IV :
R . Tresse. L'irrigation dans la Ghouta de Damas ( avec 10 planches hors texte et des figures, p . 459-473 ); P . Marty . Les zaouias maro
caines et le makhzen (avec 10 annexes , p. 575-600) ; A . SÉKALY. Le
problème desWaķfs en Égypte (suite et fin , p . 601-659 ); Le XVIII. con grès des Orientalistes à Leyde en 1931 (p . 661). Errata ; index du tome III (p . 665-676). Rocznik orjentalistyczny wydaje polskie towarzystwo orjen
talistycme. Lwów , tome VI, 1928, paru en 1929. W . Kotwicz. Les tombeaux dits kereksur, en Mongolie ( p. 1-11);
A. Śmieszek und K . Winiewicz. Die Kabiren und die chettitischen Fels reliefs von Jazyly-kaja (p . 12 -60 ); W . Kotwicz . Sur le besoin d'une bibliographie complète de la littérature mandchoue (p. 61-75 );
D . Künstlinger. Die Herkunft des Wortes Iblis im Kurān ( p. 76-83 ); St. Przeworski. Ein assyrisches Reljeffragment aus einer krakauer Samm
304
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
lung (p . 84-88 ) ; N . D . Mironov. Kuchean Studies. I. Indian loan -wards in Kuchean ( p. 89-169 ) ; Mº H . Willman-Grabowska. Les répétitions du
Śatapatha-Brāhmana ( p . 170-190 ); St. Stasiak. Fallacies and their clas sification according to theearly hindu logicians ( p . 191-198 ) ; J. Kury łowicz. Le genre verbal en indo-iranien ( p . 199-209) ; T. Kowalski. A propos du Codex Comanicus, fol. 69', 9-10 ( p . 210 -215 ) ; E . Piekarski
i N . Popow . Przycznkido lecznictwa ludowego u Jakutów (p . 316 -999 , avec résumé en français ) ; P . Kop . Nieznany wiersz wileński Abrahama
Firkowicza (p . 230-234 , avec résuméen français ). Comptes rendus et Cbronique ( p. 235- 276 ).
Hespéris , 1 " trimestre 1929 :
P. De Cénival. La cathédrale portugaise de Safi (p. 1-27, avec 5 fi gures et 6 planches ); F. de La Chapelle . Une cité de l'Oued Dra' sous le protectorat des Nomades : Nesrat ( p . 29-42 , avec une carte ) ;
G . S. Colin. Le parler berbère des Gmāra (p . 43-58 , avec une carte ); J. Herber. Peintures corporelles au Maroc. Les peintures au Harqūs
(p . 59- 77, avec la planches ); G . Marcy. Une tribu berbère de la confé
dération Ait Warain : les Ait Jellidasen (p . 79-142, avec 6 figures et 4 cartes ). Bibliographie (p . 143- 144). 2 -3° trimestres 1929 : R . Montagne. Un magasin collectif de l'Anti - Atlas : l'Agadir des Ikounka (avec 25 figures , 7 planches et 2 cartes , p . 145- 266 ; très
importante monographie , qui est une sorte de modèle des travaux
ethnographiques de ce genre ). 4º trimestre1929 :
Roland Lebel. Le Maroc dans les relations des voyageurs anglais aux xvi°, xvii et xvimº siècles (p . 269 -294 ) ; Robert RICARD. Publications portugaises sur l'histoire du Maroc. Notes bibliographiques ( p . 295
301) ; lieut. P. Dupas. Note sur les magasins collectifs du Haut-Atlas
occidental (avec 12 figures , 1 carte et 1 plan , p. 303-321 ); J. HERBER. A propos de deux pétroglyphes du musée H . Basset ( p . 323- 324 ). Bibliographie marocaine 1928-1929 par C . Funck -Brentano ( p . 325 394 ) ; supplément aux années 1921-1927 ( p. 395-414 ). Tome X , 1930 , fascicule 1 : F. KRENKOW . Deux nouveaux manuscrits arabes sur l'Espagne musul
mane acquis par le Musée britannique (p. 1-5 ); L. Brunot. Topogra
305 CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES LUDS .. phie dialectale de Rabat (p. 7 -13); R. BLACRÈRE. Un pionnier de la
culture arabe orientale en Espagne : Şā'id de Bağdād ( p. 15- 36 ) ; E . Laoust. Au sujet de la charrue berbère (avec 11 figures , p. 37-47);
E . Lévi-PROVENÇAL. Notes d'histoire almohade, III : un nouveau frag ment de chronique anonyme (p. 49-90 , avec index ); G .-S. Colin . Notes de dialectologie arabe, I : les trois interdentales de l'arabe hispa
nique; II : sur l'arabe marocain de l'époque almohade (p. 91-120); E . Lévi-PROVENÇAL . A propos du « pont du cadi, de Grenade (p. 120 );
G .-S. Colin. Autour du Jåma' el-fna de Marrakech ( p. 122-123); La fausse e plaine du preux, des traducteurs de Léon l'Africain (p. 123 124 ); Etymologies magribines , III (p. 125-127). Institut français d'archéologie orientale du Caire. Tome XXI des Mémoires publiés par lesmembres de la Mission archéo logique française : Émile Chassinat. Le temple d'Edfou, t. IV , gr.
in-4°, 1929 (avant-propos , p. III-VII; extérieur du Naos, F', p . 1-326 ; extérieur du Pronaos , Gʻ, p. 327-392; index des titres des tableaux, p. 394-406 ). La présente édition a été établie au moyen des copies prises sur
place par M . Chassinat au cours des hivers 1924 et 1926 ( p. v ). , Bulletin de l'Institut français d'archéologie orientale, tome XXVIII , petit in -4°, 1929, avec 17 planches contenantles articles suivants : Émile Chassinat. Une nouvelle mention du pseudo-architecte du temple d'Horus à Edfou (p. 1-10 , avec 3 figures ); Henri HENNE. Papyrus Graux, nº 3 à 8 et papyrus du Caire , n° 49427, additions et corrections (p. 11-14 ); Jean-David Weill. Textes épigraphiques (arabes ) inédits du Caire (p. 15-24 ); L. SAINT-PAUL GIRARD. Adversaria coptica (p. 25-32, collation nouvelle du manuscrit copte de Paris 12945, folio
39 rº et suiv.); Geo. Nagel. Set dans la barque solaire (p. 33-39 , avec 1 figure); Bernard Bruyère. L'enseigne de Khabekhnet (p. 41-48 , avec 4 figures ); Ludwig Keimer. Sur quelques petits fruits en faïence émail lée datant du moyen Empire (p. 49-97, avec 11 figures et des indices hiéroglyphique, copte , hébreu , arabe, grec , latin et botanique); L . Saint-Paul GIRARD. Adversaria coptica : la formule NETMOYAON
(p. 99-102);Charles Kuentz. Sur un passage de la stèle de Naucratis : la lecture du signe
(p . 104 -106 ); Charles Kuentz. A propos de
Westcar 6 /7 (p. 107-111); Charles Kuentz. Quelques monuments du culte de Sobk ( p. 113-172, avec 11 figures); J.-J. CLÈRE. Monuments CCXVII.
20 INPRIMERIE NATIONAL . .
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930. inédits des serviteurs dans la place de vérité ( p . 173-201, avec 5 fi gures ). 306
Gabriel FERRAND.
S. M . Nădir Snā . Le 15 octobre 1999 , Mohammed Nadir Khān , vainqueur de l'aven lurier qui avait un instant usurpé le trône laissé vide par le départ d’Amān -Oullāh , puis du frère aîné de ce dernier, 'Ināyat-Oullāh , a été proclaméroi d'Afghanistān. Le nouveau souverain n'appartient pas seu lement par son père au clan des Mohammedzaï (ou Bārakzai ) qui est
aussi , depuis Dost Mohammed Khān (1829-1863), celui des cinq pré cédents Emírs; il se rattache encore par sa mère à l'ancienne dynastie
royale des Sadouzaï, celle qu'Abmed Shāh Dourrāni fonda, en même
temps que le royaume, en 1747. Son père, Sirdār Mohammed Yoũsouf Khān , et son oncle Sirdār Mohammed Asaf Khān , étaient, au temps de
l'Émir Habīb-Oullāh ( 1901-1919), lesdeux colonnes del'empire et leurs nombreux fils occupaient sous Amăn -Oullāh les plus hautes charges de l'État.
Le roi Mohammed Nādir Shāh est né en 1885. Après avoir fait de brillantes études, il embrassa la carrière militaire avec le grade de colo nel. Dès 1906 , il était général de brigade. L'année suivante , il accom pagna l'Emir Habīb -Oullāh dans son voyage aux Indes. En 1919 , la prompte répression d'une rébellion de tribus lui valut le titre de Näib
Sālār (adjoint au généralissime). Enfin il était généralissime (Sipah Sālār ) quand éclata en 1919 la dernière guerre anglo-afghane. On sait qu'à la dénonciation par Amān-Oullāh, dès son accession au trône, du traité quiavait établi sur l'Afghanistān une sorte de protectorat britan nique, l'Angleterre répondit par l'invasion du pays : mais d'une part elle ne disposait que de régiments fatigués et d 'un matériel en mauvais état.
ramenés de Mésopotamie ; et, c’autre part, au lendemain de la guerre mondiale, le vent ne portait guère à une politique de conquêtes. C'est un fait que les envahisseurs ne dépassèrent pas Dakka, c'est-à-dire la première étape sur la route de kāboul, et que les pourparlers de Rawal-Pindi aboutirent très rapidement à la reconnaissance de l'indé pendance afghane. Renommée et popularité en rejaillirent sur le géné ralissime, et une colonne commémorative , érigée à Bāboul, porte cette
inscription :« A la gloire du grand patriote Mohammed Nādir Khăn qui,
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
307
par la vaillancede son épée, conquit contre l'Angleterre l'indépendance du pays."
Au lendemain de cette guerre de ţibération , Nādir Khăn prit le Minis tère de la Défense nationale et se consacra à la réorganisation de l'armée . En 1994 , il accepta le poste d'envoyé extraordinaire et ministre pléni potentiaire à Paris , où sa courtoise affabilité lui créa de nombreuses
amitiés. En octobre 1926 , il démissionna pour raisons de santé et alla se rétablir sous le climat de la Côte d'Azur. C'est là qu'il reçut en jan vier 1998 la visite de son royal cousin Amān-Oullāh , lors du voyage
de ce dernier en Europe; et c'est là aussi qu 'en février 1929 les événe ments vinrent le chercher pour rétablir l'ordre en Afghanistān. En dépit de son absence d'ambition , la renommée des services rendus par lui à
son pays et son prestige personnel ont fait qu'il n'a pu se dérober au trône. Les gouvernements l'ont aussitôt reconnu , et de son côté , il s'est
engagé à remplir les traités et conventions conclus avant son avènement. Son altrayante personnalité , sa générosité naturelle , sa culture (il parle
cinq langues : le persan , le poushtoū, l'hindoustani, l'anglais et le fran . çais) , la connaissance du monde qu'il a rapportée de ses longs séjours à l'étranger, son esprit libéral et sagement 'réformateur, son dévoue ment à son peuple et le souci qu'il a toutde suite marqué de développer l'instruction publique , l'agriculture et les travaux publics, tout fait pré
sager une heureuse période de calme et de progrès dans l'histoire si troublée de l'Afghanistān . S . M . Mohammed Nădir Shāh a épousé une de ses cousines. Son fils aîne est malheureusement mort de maladie en France, où il faisait ses éludes ; il a encore cinq enfants vivants , le prince Mohammed Zāher, aujourd 'hui âgéde quinze ans, et quatre filles. De ses quatre frères l'un , S . A . Mohammed Hāchim Khān , est président du Conseil etministre de l'Intérieur; un autre, S . A . Shāh Mahmoūd Khān , est ministre de la Guerre et commandant en chef; et le troisième, S . A . Shāh Vali Khān est ministre plénipotentiaire à Londres . René GrousSET. À PROPOS D 'UNE EXPLORATION AU YÉMEN ,
MONSIEUR LE PRÉSIDENT(!), J'ai lu avec un vif intérêt la note sur une Exploration au Yémen
publiée récemment par le Journal asiatique (juillet-septembre 1920, (1) Le Journal publie volontiers l'intéressante lettre suivante adressée à 20 .
308
OCTOBRE - DÉCEMBRE 1930 .
p. 141-155). L'auteur, M . Carl Rathjens y donne des indications curieuses et inédites sur quelques points d'archéologie et d'ethnologie , et on ne saurait trop le féliciter d'avoir réalisé tant d'observations nou velles au cours de son excursion dans ce pays. Toutefois , il me paraît
ignorer quelque peu l'@ uvre de ses devanciers , tout au moins au point de vue géographique, et en particulier celle de nos compatriotes. Je crois pouvoir, quoiqu'il s'agisse d'un domaine un peu à côté de celui qui est propre au Journal asiatique,mepermettre de vous signaler quelques-unes des omissions faites à ce sujet par M . Rathjens et de rectifier certaines assertions qui me paraissent erronées ; non que je veuille en aucune
façon lui en faire grief: je sais très bien, et lui-même nous en prévient, qu'il s'est rendu au Yémen sans préparation suffisante, alors que son projet était de visiter l'Asir ; il n'a pu faire, sans doute , les recherches bibliographiques nécessaires , et, comme tous les voyageurs insuffisam
ment préparés, a cru qu'il découvrait , alors qu'il parcourait des itinéraires bien connus. ~ Exploration , est un bien gros mot, peut-être, lorsqu 'on l'applique à un territoire traversé et étudié auparavant par de nom
breuses personnes ( ). Ce me semble être un bien gros mot ici surlout, alors qu'existe , de la moitié du secteur visité , une excellente carte en
couleurs au 1 /50.000 avec courbes de niveau (2); et, du reste , une bonne carte d'ensemble au 1/250.000 . C'est qu'en effet, depuis Niebuhr et Forskal, à l'æuvre desquels on ne peut que rendre hommage, tant cette æuvre apparaît, encore même à notre époque, de la plus complète exactitude, bien des voyageurs ont été attirés par l'étrangeté et le mystère de l'Arabie Heureuse. I n 'y a pas lieu , certes, de rappeler ici les beaux travaux faits par des Français en ce qui a trait aux questions archéologiques et épigraphiques : les voyages absolument extraordinaires d'Arnaud (3) et de Joseph Halévy.
notre Président, qui constitue un excellent complément à l'article de M . Carl Rathjens.
(1) Faire le voyage d'Hodeïdah à Sanaa est en effet devenu , depuis quelques années, presque banal. Le voyageur qui s'est rendu par cet itinéraire à Sanaa et a réalisé quelques excursions aux environs de la capitale ne pos
sède guère plus le droit de parler d 'exploration du Yémen que celui qui a
pris à Djibouti le train d'Addis-abbeba ne possède celui de parler d'explora tion de l'Éthiopie. Depuis notre dernier voyage, qui a pris fin en juin 1929, une demi- douzaine de nos compatriotes , au nombre desquels se trouve l'écri vain bien connu J. Kessel, a suivi ce même itinéraire. (9) OEuvre de H. Lange (dressée en 1911, publiée à Bucarest en 1912). (3) Journ. asiat., 1845 .
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 309 Quant aux questions de géographie et de géologie, qu'on veuille bien me permettre de ne point laisser passer sans les relever des phrases
comme « les résultats géologiques obtenus permettent d 'apercevoir pour la première fois la stratigraphie et le caractère tectonique de l'Arabie méridionaler. C'estmatériellement inexact, non moins d'ailleurs que les prétentions d'un ingénieur américain , qui, de son côté , assure aussi être le premier à donner des renseignements géologiques sur le Yémen ).
Si les Russes et les Italiens, qui opèrent aussi là -bas, affichent la même
revendication de priorité , nous assisterons à une réjouissante querelle. Mettons les choses au point. Jusqu'en 1912 , aucune étude de géo
graphie physique ou de géologie n'a été faite sur le Yémen ( ). Les courtes notes publiées, celles de C . A . Tenne et de A. Lacroix par exemple (3), ne concernent que l'examen microscopique d'échantillonsde roches rapportées par des voyageurs non spécialisés.
En 1912 , un ingénieur roumain , M . G . Botez(") publie le résultat d'observations faites par lui sur l'itinéraire Hodeïdab -Sanaa , c'est-à-dire précisément celui qu'a examiné M . C . Rathjens. C'est un travail sommaire
et rapide ,qui renfermede multiples erreurs : mais enfin c'est le premier ouvrage sur la question , et on n'a pas le droit de ne pas le citer en parlant du Yémen . Vers la même époque, notre compatriote A. Beneyton fait paraître sa remarquable carte géographique au 1/250.000ʻ, fruit de trois années
d 'étude etde levers(5). C'est le premier travail cartographique véritable, car auparavant on n'avait fait que des levées d'itinéraires : il n'apparaît (1) K . S. TwitchELL , A Singular Mission for a Mining Engineer. One that illustrates that the seeker for minerals is the pioneer of civilization the
world around and throughout the ages . Mining a. Metall., New -York , jan vier 1929 , vol. 10 , nº 265 , p. 7- 9 , une planche. (2) Nous ne parlons pas ici des travaux relatifs au volcan d 'Aden et au protectorat anglais de l'hinterland d'Aden , dont beaucoup sont antérieurs à 1910 .
(3) Tenne , Gesteine aus dem Lande Yemen (Zeitschr. d. Deutsch. Geol. Ges., Bd XLV, p. 468-476 , 1893) ; A. Lacroix , Sur les granites et syénites quartzi
fères à ægyrine , arſvedsonite et ænigmatite de Madagascar (C. R. Acad . Sciences, t. 130 , 1900 , p. 1208-121 1).
(1) Rapport définitif sur les études géo-hydrologiques faites en Jemen ( Arabie ), Bucarest , Universala , 1912 , 78 pages , 10 figures , 6 planches hors texte et 5 pièces annexes. Les matériaux rapportés par M . Botez ont été étudiés par M . Rotman Roman .
(5) Yémen . Chemin de ſer Hodeidah - Sanaa , Paris, Goury, 1913.
310
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930. certes ni complet, ni parfait , et nul ne s'étonnera que cette ceuvre con sidérable appelle des retouches . M . C . Rathjens en apporte , et d 'excel
lentes, pour la région avoisinant Sanaa. La petite carte publiée par lui dans le Journal asiatique, comme celle qu'il a insérée dans le Zeitschr.
Ges. f. Erdk. Berlin (Sanaa, 1929 , n " 9-10, p. 329- 353 ) mérile des éloges pour son exactitude, quoiqu'il reste quelques rectifications de détail à y introduire , notamment en ce qui concerne la position des appareils volcaniques. Il n 'en reste pas moins que c'est à Beneyton que revient l'honneur d 'avoir mené à bien le gros æuvre et exploré la majenre
partie du Yémen ; les voyageurs qui, comme M . Rathjens ou comme moi, n'ont fait que séjourner quelque temps au Yémen ne peuvent que s'incliner devant lui.
Pendant la guerre , ainsi qu'on le sait, le Yémen s'affranchit de la tutelle turque et demeure dans un complet isolement. Les Anglais y font une mission secrète, laquelle , croyons-nous, ne réussit pas à dépasser Taëz. Puis , limidement, quelques personnes se risquent à gagner Sanaa. Deux d'entre elles y réussissent : ce sont des Français, M . Cherruan , d'une part, et M . Sicard , d'autre part. Il ne s'agit d'ailleurs que de ten
tatives commerciales et non de recherches scientifiques. Un peu plus
tard, sous la conduite de M . Cherruau , deux ingénieurs américains, MM . Ely et Mac Govern , etmoi-même, partions pour Sanaa via Mokha ( Hodeïdah étant alors occupé par un parti eonemi) , et faisions du Yémen
la première étude géologique générale. Nous revinmes ensuite par Aden . Ce parcours assez long nous mit à même de nous rendre compte de la
structure du pays. Je ne crois pas que mes confrères américains aient rédigé autre chose que des rapports non publiés sur leur voyage, mais
demon côté ,j'ai fait paraître un certain nombre de noles préliminaires !) concernant la géologie et la géographie de ce pays, notes qui renferment, je crois , tout l'essentiel. Revenu en France avec un vif désir de retour
ner au Yémen , je manquai longtemps des moyens matériels nécessaires et ne pus mettre mes projets à exécution que beaucoup plus tard , el ce , grâce à l'aide bienveillante de S . A . le Khédive Abbas Hilmi II. Je profitai de sa haute recommandation et de son influence auprès du souverain du Yémen , l'imam Yahya Mohammed de Sanaa, pour obtenir (1) Observations géologiques sur l’ Yémen ( C . R . Acad. Sciences , t. 176 , 3 avril 1923, p . 956 ); Note préliminaire sur la structure de la région du
Yémen (Arabie ) (C. R. Somm . Soc. Géol. France , n° 6, 19 mars 1923, p. 61); L 'Arabie heureuse : le Yémen (Géogr., t. XLII , 1924 , p . 1-23); Le volcanisme dans le Yémen (Bull. vulcanologique, 1925 , 4 pages ).
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
311
la permission de visiter des parties du territoire demeurées inconnues ( pays de Khoban ) ou fortmal connues ( pays de Haggeh) , pays extrême. ment curieux, fort beaux et relativement riches , qu'on avait jusque-là
soigneusement cachés , pour de multiples raisons, aux étrangers. Les observations géographiques relatives à ce dernier voyage ont paru dans
la Géographie, tandis que les résultats géologiques sont consignés dans un mémoire de la Société géologique de France. J'ai pu dresser deux cro quis topographiques au 1 / 250 .000°, deux cartes géologiques dont l'une emprunte la base topographique fournie par M . C . Rathjens avec
quelques retouches, et un index des nomsgéographiques avec leur ortho graphe arabe. Je n 'entends en aucune façon introduire ici une revendication de prio
rité. Je n'ignore nullement que M . G. Rathjens, au moment où il est venu parler devant la Société asiatique, ne connaissait ni mon voyage, ni mes publications et je ne doute pas qu'en raison de sa parfaite cour
toisie, que j'ai pu apprécier depuis , il n 'eût hésité à mettre lui-même les choses au point et ne le fasse dans l'avenir. Plus heureux que moi, il a pu retourner récemment au Yémen et j'espère qu'il en rapportera encore nombre d 'observations intéressantes.
Je lui souhaite plein succès et m 'en félicite d'autant plus que, tout à fait incompétent en épigraphie et archéologie , j'ai dû à mon vif regret lais ser de côté les problèmes si passionnants que recèle encore à ces titres l'Arabie Heureuse.
Il est unedernière remarque que je tiens à faire avant de terminer, parce qu 'elle présente une portée générale, et s'étend à d'autres
domaines que celuide la géographie naturelle. C'est qu'on doit se garder de porter un jugement sur le Yémen en se basant sur des observations
faites sur le seul itinéraire Hodeïdah - Sanaa . Ce que je sais du Yémen m 'autorise à dire que cetitinéraire n'est en aucune façon typique et qu'au contraire il présente un cas particulier ne comportant aucune possibilité
de généralisation et par conséquent ne pouvant servir d'exemple. Aussi mettrai-je en garde contre les descriptions des voyageurs qui ne con naissent que ce secteur : il en est de fort intéressantes (J. KESSEL , Matin , juin -juillet 1930 ; R . MONTAGNE , Nlustration , 14 juin 1930 ) mais
auxquels il ne faut attribuer qu'une valeur de récit de voyage et une portée limitée. Les itinéraires Aden -Sanaa, Mokha-Sanaa, Lobeial -Sanaa par Hagguh , pour ne parler que de ceux que je connais bien , se
montrent plus caractéristiques à tous les points de vue. En ce qui con
312
OCTOBRE -DÉCEMBRÉ 1930.
cerne les antiquités himyarites , c'est , je crois , dans la région de Damar et de Yerim qu'il faudrait surtout pousser les recherches, sans négliger, bien entendu, dès que ce sera possible , la région de Mareb . On doit avouer, d'ailleurs, qu'en dehors de quelques itinéraires habituels et rela
tivement praticables, le Yémen demeure absolument inconnu , et ce , pour deux raisons : la première est qu'à part les quelques pistes aména gées — bien médiocrement,mais suffisamment pour les caravanes et les cavaliers — lesquelles pistes correspondent précisément aux itinéraires
principaux, il n 'existe que des sentes trop souvent impraticables pour les montures , et même fort pénibles pour les piétons. La seconde rai son découle de la méfiance , pas tout à fait injustifiée d'ailleurs , de
l'Imam Yahya vis-à-vis des étrangers. Ce souverain permet qu'on vienne lui rendre visite , et pousse même l'amabilité jusqu'à considérer tout voyageur comme son hôte. Mais cette autorisation ne vaut que pour le trajet du port à la capitale. L'Imam comprend mal la curiosité désinté ressée du chercheur et redoute que le but scientifique allégué ne soit qu'un prétexte. Reconnaissons d'ailleurs que la nation qui est sa voisine la plus immédiate a quelquefois agi de façon à motiver des soupçons.
Aussi, depuis que les Turcs ont quitté le Yémen, il n'est pour ainsi dire pas un étranger qui ait été libre de se rendre où il le désirait. L 'exception qui a été faite en ma faveur n'a été due qu'à la protection
de la haute personnalité que j'ai citée plus haut et au fait que l'on me
connaissait depuis assez longtemps. Je dois ajouter que j'ai tout lieu d'espérer que l'attitude de méfiance de l'Imam vis-à - vis de tous ceux
qui, comme moi, aiment le Yémen et dont les travaux scientifiques ne servent à dissimuler aucun but moins avouable, ira se modifiant peu à
peu de la façon la plus heureuse. L 'Imam a auprès de lui, comme con seillers et secrétaires , deux personnes fort distinguées : je suis entré plus particulièrement en relation avec celui des deux qui s'occupe des Affaires étrangères , cadi Ragheb , lequel est d 'origine turque et parle
très correctement le français : esprit fin et cultivé, il comprend fort bien ce dont a besoin le Yémen pour se développer, et favorise autant qu'il
est en son pouvoir les entreprises utiles des Européens. L'Imam se montre lui-même fort désireux d'améliorer le sort de ses sujets , mais ,
comme le Négus Taffari en Éthiopie , il se heurte à la routine et au mauvais vouloir ,non pas tant du peuple , que de la classe qui équivaut à la noblesse et à certaine partie de la bourgeoisie. Il y a là-bas un parti ultra -nationaliste , qui voit en tout étranger un espion , et , s'ima
ginant qu'il a tout à perdre à un changement, est plus conservateur que le roi.
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
313
Voici,Monsieur le Président, les quelques réflexions que m 'a suggé
rées l'article de M . Rathjens.Je ne puis que déplorer qu'un Allemand trouve ainsi les fonds nécessaires à ses voyages , alors qu'un Français
ne peut que très difficilement obtenir des subsides de son gouvernement
ou de ses compatriotes. Mais c'est là , nous ne le savons que trop , le
sort commun des recherches scientifiques en France. Et, pour rentrer, en terminant,dans le domaine qui est propre à votre Société, j'expri merai mon vif regret, qui est certainement le vôtre aussi, de voir la France abandonner à d'autres les ruines de Saba , qu'Arnaud et Halévy découvrirent les premiers et où ils sont encore presque seuls à avoir été au prix d 'efforts inouïs. Saluons sans rancune l'énergie de nos concur rents étrangers, mais ici comme ailleurs , ne nous laissons pas trop facilement enlever nos titres de priorité. M . LAMARE.
ESSAL DE BIBLIOGRAPHIE DES TRAVAUX DE J . MARKWART.
(9-911-1864 — 4-11-1930.)
L'énumération qui suit des ouvres de J. Markwart (1) doit compléter les paroles que j'ai eu l'occasion de prononcer à la séance du 14 février 1930 comme nous venions d'apprendre la disparition prématurée du grand savant qui a marqué d'une empreinte si personnelle et si pro fonde tous les domaines où il a promené son
extraordinaire érudition ,
et sur lesquels il a projeté les éclairs « d'une véritable divination 7, selon l'expression de P. Pelliot ( Journ. as., avril 1920, p. 129 et 185).
1 a . Die Assyriaka des Ktesias , Philologus , Supplementband VI/2 , Göttingen , 1891-1893, p. 501-658 (?). 1. Die Vorlage von Diodor B 1-34. II. Die echtktesianischen Bestandtheile bei Diodor und in anrlern Frag menten .
(1) Un premier état provisoire de la présente note a paru, avec un assez grand nombre d'errata , dans le Bulletin of the School of Orient. Studies , Londres , 1930 , V , 40 partie. Il doit être tenu pour nul et non avenu. (3) Cet ouvrage, dont les deux premières parties ont été écrites en 1889 et la troisième en 1891, a été présenté en février 1893 comme thèse de doc
torat à l'Université de Tübingen . (Voir plus bas , Addenda, nº 1.]
314
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
III. Die Quellen des Ktesias und die Art ihrer Benutzung. Exkursus 1. Zur Seite 507.
Exkursus 2. Die Chronol. der Inschrift von Behistān . Exkursus 3. Die griechische Wiedergabe der persischen au , wa und wi. Exkursus 4 . Die ursprüngliche Heimat der Perser.
Exkursus. 5 Eine assyrisch-babylonische Königsliste bei Ja'qubi und Mas 'üdi.
2. Beiträge z,Geschichte und Sage v. Ērän , Z.D .M .G ., XLIX , 1895 ,
p. 628-673. Erån.
Pahlau . Hyrcani-Wirk ', Iberen . Ariš.
Tiridates u. Spandijāt , Artabanos und Kai Xusrau. Gotarzes I und Orodes I. Die Listen d . ērān , und arm . Arsakiden.
Buzurg Kūšān- Šāh. Der Stammbaum d. Būjiden . Bau .
Die Suffixe č , 2 , či, zi. Enclit. -ān = aw .nõ. Altper. franah = farr .
Neuper, izad = Jazata .
Zu den Inschriften d. Artax. Il v. Susa und Hamadán .
3. Fundamente israelitischer und jüdischer Geschichte, Göttingen , 1896, in -8°, 75 pages. 1. Das Lied der Debora. 2. Z. Liste der Edomiterkönige, Gen . 36 , 31. 3. Die Stammbäume des Samuel und Saul. 4 . D . Verzeichniss von Davids Helden , 2 Sam ., 23 .
5 . Zur Panammu-Inschrift. 6 . Davids Familie .
7 . Done .
8 . Tetpduvnolos (Tplunolos) = Tabnēt. 9. D . Organis. d. jud. Gemeinde nach dem sogenannten Exil.
10. Zu d. Apokryphen Daniel und Esther.
4 . Historische Glossen zu den alttürkischen Inschriften , W .Z.K .M .,
1898 , XII, p. 157-200. 1. [Der Ursprung der alt-türkischen Schrift.] 3. [Der Manichaismus der Toyuzyuz.]
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
315
3 . [ Die Westtürken : einige Daten .] 6 . [ Der Ursprung der Chazaren.] Nachträge.
5 . Die Chronologie der alttürkischen Inschriften . Mit einem Vorwort
von Prof. W . Bang , Leipzig , 1898, in -8°, 112 pages. Exkursus I : Sogdiana , p . 56-72, Exkursus II : D . bulgar. Fürstenliste , p . 72-99. Anhang : [Kök-türkisch ), p. 99-109.
6. Chronologische Untersuchungen, Leipzig , 1900 , 86 pages (= Philo logus, Supplementband VII, p. 637-720).
Berossos und die babylonische Königsliste. Zur Chronologie der Hyksos . Die Exodusberichte des Manetho und Chairemon. Die XVIII. und XIX . Dynastie nach Manetho. Die Chronologie der Aethiopen und Saiten.
7. Untersuchungen zur Gesch .v. Eran , I, Göttingen , 1896 , 72 pages ( Philologus, Bd 54 . 489-527, Bd 55 , 212- 240 ). Diodors Nachrichten über das pont, und kappad. Fürstenhaus. Das Verhältniss des Trogus z. Diodor, Die angeblichen Zariadrismünzen und die Fürsten v. Sophene. Zur assyrischen u . medischen Königsliste des Ktesias. Zur Kritik des Fauslos v. Byzanz (1). Hazārapet. ( )
Der altpersische Kalender, Åpraão . Erymandus.
Haraiwa. Nachträge.
8 . Erānšahr nach der Geographie des Ps. Moses Xorenaci, Berlin ,
1901 (Abh. Gesell. Wiss.zu Göttingen , Phil.-hist. Klasse, Neue Folge , Band III. N° 2), 358 pages. Erster Teil : Das Provinzenverzeichniss.
Zweiter Teil : Länderbeschreibung nach Ptolemaios. (1) Trad. arménienne dans le Handes Amsorya , 1897, p. 5- 9 , 183-186 . (2) Ibid ., 1898 , p . 316-33o.
316
1 . OCTOB - DÉCEM BRE 930 RE Exkursus I. Die armenischen Markgrafen (1). Exkursus II. Z . hist. Topographie v . Kermān und Mukrān. Exkursus III. Toxaristān (1. Tocharer und Ta-hia . 3 . Toxaristān unter den
Wei und T'ang. 3. Toxaristān in der Steuerliste des 'Abdallāh b. Tāhir. 4 . Ober- und Unter-Toxaristān. 5 . Itinerar von Balı nach Ober-Toxaristān . 6 . Xottal und Cayāniyān nach d . Itineraren Iştaxri's. 7. Itinerare in Trans oxiana. 8 . Das Gebiet v. Balx südlich v. Oxus nach Ja 'qubi. 9. Die fünf hih hóu -Provinzen der Jüeh -či. 10. Kābul. 11. Das Gebiet nördlich v. Oxus nach Ja’qubi).
9. Osteuropäische und Ostasiatische Streifzüge, Leipzig , 1903, 557 pages. Vorwort. Bělaweža-Itil.
Die Bekehrung der Chazaren zum Judentum .
Die ältesten Berichte über d. Magyaren . Der Raubzug d . Magyaren gegen Konstantinopel im Jahre 934 . Das Itinerar des Mis'ar b . Muhalhil nach d . chinesischen Hauptstadt.
Masʼūdi's Bericht über die Slawen . Analyse d . Berichte des Gaihanī über die Nordländer. D . Reisebericht des Hārūn b . Jahjā .
Exkursus ). Zur Bekehrungsgeschichte d . Chazareo . Exkursus II. Der Stammbaum d . Abdoritenfürsten .
Exkursus III. Mas'udi's Bericht über die Russen und d. Ursprung des Namen Rös.
Exkursus IV . Der Ursprung d . iberischen Bagratiden (2). Exkursus V. Gaihani's Bericht über die Slawen .
10. Untersuchungen z. Geschichte v. Ērān , II, Leipzig , 1905, 258 pages (Philologus, Supplementband X ,Heft I). Die Namen d. Magier. Alexanders Marsch v. Persepolis nach Herāt. Ilapazodopas, llapotavisáda , Paradāta . Uber einige skythisch-iranische Völkernamen . Über einige Inschriften aus Kappadokien . (1) Ibid ., 1903 , p. 1-5 , 111-119, traduit par P. Th. Ketikian , tirage à part, Vienne, 1903, in -8°, 39 pages. [Nº 43 de la National Bibliothek. ) (2) Cet Exkursus (avec des additions de l'auteur ) a été traduit en arménien
par P . M . Hapozian . Handes Amsorya , 1912 , p. 333-339, 519-531, 719 730 ; 1913, 160-167, 210-221, 281-293, 463-475 , 659. Tirage à part , Vienne, 1913 , in-8°, av + 150 pages. [Nº 73 de la National Bibliothek . ]
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 317 Die Chronol. d . Kambyses u. d. Lügenkönige und d. alt-pers. Kalender. Zusätze (1).
11. Kaputra doux , der reskytische , Name der Maiotis, Keleti Szemle, XI, 1910, p. 1-25 . 12. Die nicht-slavischen (altbulgarischen Ausdrücke in der bulgarischen Fürstenliste , l'oung Pao , 1910 , XI, p. 649-680.
13 . Die alibulgarischen Ausdrücke in d . Inschrift v. Catalar und in der altbulgarischen Fürstenliste , Izv . Russ. Archeol. Inst, v Konstantinopolė , XV, 1911, p. 1- 30 .
14 . Armenische Streifen (1. Historische Data z. Chronologie der Vokalgesetze ; 2 . Nachtrag z. Ērānšabr : Sahastaninoknoy und zur Liste
der Provinzen v. Chorāsān ), Huschardzan (Festschr. d . Mechitaristen Congregation), Wien , 1911, p . 291-302. 15 . Ueber einige Dolche und Schwerler mit arabischen Inschriften aus
Nord-Africa (mit 5 Tafeln ), Internat. Archiv für Ethnographie, t. 20 , 1911, p. 103-108.
16 . Über d. Ursprung d .armenischen Alphabets in Verbindung mit der Biographie d. h . Mašťoc', Handes Amsorya, (allemand) 1911, 530-543 ,
673-683; ( allemand etarménien ) 1912, 11- 54 , 199-216 ; ( arménien ) 657-666 ; (allemand ) 742-750 (9) 17. Die Benin -Sammlung des (Niederländischen ) Reichsmuseums für
Völkerkunde in Leiden. Beschrieben und mit ausführ. Prolegomena z. Gesch.der Handelswege und Völkerbewegungen in Nordafrika versehen , Leiden ( Brill) , 1912 , in - folio , CCCLXVII + 132 pages. (Veröff. d . Reichs museums f. Völkerk . in Leiden , II , 7 .) Vorwort, p. 9-12. I. Teil. Prolegomena, p . 1-cccLxvII. (1) La note additionnelle , p. 218-2 10 , a paru en traduction arménienne dans le Handes Amsorya , 1906 , p . 33-44 , sous le titre Une page de la plus ancienne histoire des Arsakides arméniens.
(2) Tirage à part en arménien ( P . A . Vardanian ), Vienne, 1913, in-8°,
vil + 59 pages; en allemand , Vienne, 1917, in -8°, 60 pages.
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930. Die allen Berichte über Benin .
318
1.
II. Der Ursprung der Beninkunst.
III. Altere Beziehungen Benins zum afrikanischen Binnenlande ( 7 Ex kursus
11 . Die politischen und Verkehrsverhältnisse im Sudan im 9 . Jahrhundert [16 Exkursus).
V. Entdeckungs- und Islamisirungsgeschichte des alten Guinea (des Hinterlandes v. Marokko) ( 9 Exkursus).
VI. Überblick über die Geselichte von Ġāna [22 Exkursus). VII. Auf d. Spuren der Ogane : Die nubischen Reiche ;
Abessinien [ 23 Exkursus ). JI, Teil. Beschreibung der Sammlung : p. 1 -133 et 14 planches.
Cartes : Der westliche Sudan in der Blütezeit des Reiches Maili ( x1v .Jahrh.).
Der Sudan im 9 -11. und im 19-16. Jahrhundert,
18, Guwaini's Bericht ü, d. Bekehrung der Uiguren , S. B.B.A., 1919, I. Halbjahr, p. 486 -502. 19. Studien zumn Widsif , Festschrift Vilhelm Thomsen , Leipzig , 1912,
p. 98-110. 20. Südarmenien u . die Tigrisquellen nach griechischen und arabischen
Geographen , Handes Amsorya, (allemand et arménien ) 1913, 79-100 , 357 -366 , 525-535 ; (allemand ) 1914 , 41-52, 106 -117, 177-183 ;
1915 , 126-135 ; 1920 , 103-110. [Voir plus bas , nº 36 .]
21. Über d. Herkunft und d. Namen d. Russen , Baltische Monatsschr., Riga, B . 76, Heft 10 , oct. 1913, p . 264- 277. 22. Über das Volkstum der Komanen , Osttürkische Dialectstudien , Abh . Gesell.d. Wissensch . zu Göttingen , N. F., Band XIII , N 1, Berlin ,
1914 , p. 25-238 (1). $ 1 . Uzen u . Komanen . S 2 . Komanen u . Qün, $ 3, Komanen u . Qypiaq. $ 4. Tatar u . But-kat. S 5 . Tatar u . Kinäk . $ 6 . Kīmäk u . Qypčaq . 57. Qyp
čaq u . Komanen . S 8 . Qangly, Kimak u . Qypčaq. °) Voir deux analyses importantes de ce travail : P . PELLIOT, A propos des Comans , Journ. A& ., 1920 , avril-juin , p. 125-185 ; et BARTHOLD, Noviy trud o
Polovtsax , Russ. istorič, žurnal, 1921, t. VII, p . 138-156
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
319
Anhang 1. Kritik d . bisherigen Erklärungsversuche d . Namen « Falben , u . Komanenn. Anhang 2. Über die Herkunft d. Osmanen .
Anhang 3. ( Der Zug d . Chytai nach Westen .]
Anhang 4. Die Bedeutung d. historischen Topographie f. d. Textkritik des Schah -nāma.
Nachtrag : [D. Chronologie d. Qara-Qytai.]
23. [ - und Groot), Das Reich Zābul und der Gott Zūn , Festschrift
f. E. Sachau , Berlin , 1915, p. 243-292. 24. Mipherqētund Tigranokerta , Handes Amsorya (allemand), 1916 ,
p .68-135. [Voir plus bas, n° 36 .] 25. Die Entstehung und die Wiederherstellung der armenischen Nation ,
Potsdam , 1919 ("). 26 . Skizzen zur geschichtlichen Völkerkunde von Mittelasien und Sibi
rien , Ostasiatische Zeitschrift, 8. Jahrgang , Berlin , 1919-1920 , Verlag Oesterheld und Co., p. 289-299.
27. Woher stammt der Name Kaukasus ? , Morgenland, Nº 1, Berlin , 1922, Verlag Naher Orient, p. 3 -8. 28. Ein arabischer Bericht über d . arktischen (uralischen ) Länder aus
d. 10. Jahrhundert, Ungar. Jahrbücher , Berlin , IV , Heft 3-11, Dezember 1924 , p . 261-334 (?).
29. Np. aðina e Freitag ”, Festgabe J, Szinnyei, Ungar. Bibliothek , Nº 13 , Berlin , 1927, p. 57 -89.
30. Skizzen z . historischen Topographie und Geschichte von Kaukasien . Das Itinerar von Artaxata nach Armastica auf d. römischen Weltkarte. Handes Amsorya , 1927, Nº 11, col. 825 -866 (également comme tirage à part, Vienne , 1928 , in -16 , 66 pages ). (1) Traduction abrégée de Marie Basmadjian , L 'origine et la reconstitution
de la nation arménienne , Paris, 1919, in-8°, 36 pages. (2) A partir de cette publication , le professeur Marquart a changé l'ortho graphe de son nom en Markwart.
320
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930 .
31. Le berceau des Arméniens, Revue des Études arméniennes , Paris, 1928 , t. VIII, fasc. 2 , p . 210- 245.
32. Kultur - und sprachgeschichtliche Analekten , Ungarische Jahrbücher, IX /1, April 1929, p. 68-103. 1. Die Namen der Wochentage bei den kaukasischen und den Wolga Völkern (68-79 ). 2 . Das Alter des bulgarischen Wandels des alttürkischen $ > r (79-81).
3. Historische Zeugnisse für anlautendes alttürk . ď > j (81-88 ). 4 . Chronologische Data für d . bulgarisch -türkischen - Rhotazismus» (88 -95).
5. Geographische Namen als Appellativa (96-100 ). Anhang 1 . Tien -tze.
Anhang 2. Čol. 33. [ - und BAUER .) Vebersetzung aus Moses Kalankajivac'i und d.
armenischen Chronik vom Jahre 6861687 bis zum Ende der Kaiserliste , dans Hippolytus, Werke, Bd IV, Leipzig , Hinrichs, 1929, p. 393-558. 34. Woher stammt der Name Kaukasus? Caucasica, fasc. 6 , 1. Teil ,
1930, p. 25-69("). 35 , Die Genealogie der Bagratiden und das Zeitalter der Mar Abas und
Ps. Moses Xorenac'i, Caucasica , fasc. 6 , 2. Teil, 1930, p. 10-77 (écrit en 1927 , cf. ibid ., p. 10 ).
36 . Südarmenien und die Tigrisquellen nach griechischen und arabis chen Geographen , Vienne, 1930, Mechitaristen -Buchdruckerei, 16°, 125 pages (Einleitung) + 648 pages ( édition posthume)( ). Annexes, p. 453-554. 1. D . Fürsten von Südarmenien im Jahre g40 n . Chr. 2. Stammtafel d . Fürsten v . Taraun und Mokk'. 3. Stammtafel d. Gaḥbāfiden .
4 . Stammtafel d. Kajsikk' von Manazkert.
5 . Stammtafel d . Fürsten v. Waspurakan und d . Herren von Anzavac'ik ' aus d . Hause d . Arcrunier.
6 . Die Herkunft d. Fürsten v . Sasunk' im 11. und 12. Jahrhundert. (1) Édition revue et complétée du n° 97 . (2) Edition complétée des nºs 20 et 24 .
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 7. Die lacóvia .
321
8 . Oủadapoexounohis .
37. Der Erste Kapitelder Gāthā uštavali (Jasna 43), édition posthume de J. Messina, Rome, 1930 , in -4°, 8 + v + 80 pages. Publié comme nº 50 de la série Orientalia du Pontificio Istituto Biblico.
38. Die Bekehrung Iberiens und bie beiden ältesten Dokumente der
iberischen Kirche, Caucasica , fasc. 7, 1931, p. 111-167 ( terminé le 13 juin 1928 )
39. Historische Data z. Chronologie d. Vokalgesetze im Armenischen , Caucasica , fasc. 7, 1931, p. 10-27 " ). 40. Iberer und Hyrcanier, à paraître dans Caucasica , fasc. 8 , 1931. Voir également : Amedroz , Notes on two articles on Mayyafāriqin , J. R.A .S., 1909, p. 170- 176 (traduction d'une lettre personnelle de Marquart concernant les dynasties des Kaisik , Rawwādi et Sallārī) et
Herzfeld , Am Tor von Asien , Berlin , 1920 , p. 39, 155 , 180 (citations de lettres personnelles de Marquart concernant le moyen -persan ). Ouvrages annoncés mais qui n'ont pas vu le jour : a. Geschichte und historische Ethnographie des Daghestan (cf. Erān šahr, p. 95 , . 1). 6. Wehrõt und Arang ( cf. Über d . Volkstum d . Komanen , p. 38, n .6 ). De ce travail, 165 pages ont été imprimées par la maison Brill (Leide) , notamment les chapitres : 1. Ochos = Wabu (Weh ) als Flussname. 2. Osos und Weh-röt. 3 . Oxus und Indus.
4 . Wehrot , Wanubi, Dāyitya und Ranha. 5 . Die Raňha.
c. A la colonne 983 du numéro 11 du Handes Amsorya, 1927, on trouve une lettre de J. Markwart, où il annonce l'envoi de huit articles (1) Édition revue du n° 14 . 1. CCXVII. IMNINERIR NATIONALE .
322 OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930 . et exprime l'intention de les faire paraître en volume avec une dédicace en arménien signée de Hovsep Bdešxakan ( = Joseph Markwart). Les
articles inclus étaient: 1. Iberer und Hyrkanier, mit Anhang 1. : Li-Kap. 2 . Die Sigynnen , mit Anhang 3. : Die iranische Völkerliste des Plinius VI,
48 , und ihre Verwandten . 3. Kapuatadoúyx , der skytischen Name der Maiotis. 4. Armenische Streifen , mit Anhang : Über das Schiksal der Endvokale .
5. Was bedeutet der Name Kaukasus ? 6. Mytische und skytische Völkernamen .
7. Das Itinerar von Artacata nach Armazi-cʻiche (sic !) auf der römischen Weltkarte. 8 . Die iberische Königsliste bis zum Ende des 4. Jahrhunderts.
D'après l'obligeante communication de M . P. N . Akinian ( Vienne , 24 mai 1930), tout cet envoi (à l'exception du n° 7 = nº 30 de notre
liste ) a été ensuite repris par le professeur Markwart. Comme on peut le voir, les nº 1, 3 , 4 , 5 et 7 de cette liste correspondent aux nºs 40 , 11, 39 , 34 et 3o de la présente bibliographie. Les nº 2 , 6 et 8 restent inédits .
d. Armenische Urgeschichte des Mar Abas ( écrit en 1905 ), cf. Cau casica , VI/2 , p. 18.
e. M . J.Messina, dans sa nécrologie (voir plus bas ),mentionne parmi l'héritage littéraire de Markwart : quelques articles prêts (einige fertige Abhandlungen ), des matériaux, tels que des traductions des écrivains arméniens anciens, et une traduction incomplète des Gāthās. NÉCROLOGIES DE J. MARKWART.
H. H . Schäder, Ungarische Jahrbücher, X/1-2, avril 1930, p. 113 119 ;
A . Abeghian , Handes Amsorya , 1930, n° 1, p. 115-194; cf. ibid., p . 114 ( portrait ); J. Messina, en tête du n°37 (voir plus haut) , p. 1-7 (avec portrait et indicationsbibliographiques ). W . Barthold , Izvestiya Akademii Nauk , 1930 . P, Pelliot, l’oung Pao , 1930, 27, nº 2-3 , p. 236 -237,
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. COMPTES RENDUS DES TRAVAUX DE MARKWART
323
.
Ad 1 a. P. Krumbholz , Rein. Mus. f. Philol., 1895 , 50 , p. 205-940.
Pielehrte Anzeigen,J.RAS., 1897, 5 9 . M.G., 4. 3. Wellhausen , Götting. Gelehrte Anzeigen , 1897, 8 , p. 606 -608;
Ad 2. Hüsing , Z .D .M .G ., 54 , p . 124-129.
Ad
Meinhold , Theol. Rundschau , 1897, 1, p . 69-71; J.R .A.S., 1897, p . 672; J. Halévy, Rev. sémit., 1897, 5 , p. 377 ; Siegfried , Deut. Litteraturz., 1898 , 3 , p. 116 .
Ad 5 . Katanov, Izv. obšč. archeol., 14 , p. 698 ; Houtsma, Gött. Gel. Anz. , 1899 , 51 , p. 384 -390 ; Winkler, Litt. Centralb., 1899 , 19, p . 662; Drouin , Rev.crit., 1899, 5 , p . 61-63. Ad 6 . Rost, O .L .Z ., 1900 , 3 , p . 215-218 ; Justi , Berl. phil. Woch. , 1900, p . 1074 -1077.
Ad 7. Justi, Berl. phil. Woch ., 1897, p. 1172-1177 Ad 8 . Chavannes , Journ . as. , 1901, série IX , t. 18 , p . 550-558 ( un
modèle de large et forte éruditionn); Schlegel, l’oung Pao, 1901, sér. II, vol. 2 , p . 389-451; De Goeje , W .Z . K .M ., 1902 , XVI, p . 189-197; Bang , Keleti Szemle , 1902 , 3 , p. 230-241; Justi, Berl. phil. Woch., 1902, 22, p . 1487 -1492 ; Hübschmann , Litt. Centralbl., 1909 , p . 317 ; Nõldeke ,
Z . D .M .G ., 1902, 56 , p . 497-536 (« glänzender Scharfsinn» ); Vetter, Theol. Quartalsch., 1909, 84 , p . 162 ; S . Lévi, Rev. crit., 1902, 43 , p . 321;
Chabot, ibid., 43 , p. 363; Kētikian, Handés Amsorya , 1903, 16, p. 1105 408 ; Hommel, Byzan. Z ., 1907, 16 , p. 319- 321. Ad 9 . M . Hartmann , D . Litt. Z., 1904 , p. 2104 -3108 ; Litteraturz., 1904 , p. 1327 ; Helmolt , Allgem . Litt. Bl., 1904 , p. 108 ; Chavannes, T’oung Pao, sér. II , vol. 5 , p. 214 -216 ; Gerland , Berl. phil. Woch., 1905 ,
25 , p . 927-930; J. Kulakovsky, Novyie domysly o proishož. imeni Rus', Uni vers. Izv ., Kiev , 1908 , 46 , 6.
Ad 10. Chavannes , l’oung Pao , sér. II, vol. 6 , p . 512-515 ; Litteraturz., 1906 , p . 1356 ; Justi, Berl. phil. Woch ., 1906 , 26 , p . 1058-1062; G . Mas pero , Rev . crit., 1906 , 1, p. 24 ; Klauber, Allgem . Litt. Bl., 1908 , 17, p . 173 ; Teuss , Jahresb. Fortsch . d . klass . Altert., 1909 , 142 , p. 7 -9 . ADDENDA .
1. nav = ephraimisch
220 , Zeitschr. f. Alttestam . Wissensch ., 1888 ,
1, p. 151-155. (Cette note paraît être le premier travail publié de Mark wart. ]
(1) Cette mise au point est exclusivement basée sur les données de l'Orien lalische Bibliographie , jusqu'à l'année 1911 (dernière disponible ). 21
324
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930 .
16. Nachwort, dans A. Wirth , Aus orientalischen Chroniken , Frankfurt a. M ., 1894. 8 a. Comptes rendus de Markwart des travaux suivants : Visser, De Grae corum diis non referentibus speciem humanam , Leiden , 1900 , dans Intern . Arch. f. Ethnogr ., 1901, 14 , p. 34 -40; de Jong , De Apuleio Isiacorum myste
riorum teste, Leiden , 1900 , ibid ., p. 133-137 ; Caland , Altind. Zauberritual, ibid ., p. 243-246 ; W . Schmidt, Dre Sprache der Sakei, ibid ., 1909 , 15 , p . 68 -72.
: 86. The genealogies of Benjamin (Num ., xxvi, 38-40; 1 Chron ., m , 6 ; vili, 1 ), dans Jewish Quart. Rev. , 1902 , 14 , p . 343-351.
9 a. Zur älteren Chronologie von Kasmir, dans Album Kern , Leiden , 1903, in -4°, p . 341-348. 37 a. Das Naurõz, seine Geschichte und seine Bedeutung , dans J. J. Modi Memorial Volume, Bombay, 1930 , p. 708-765. Ad 40. Die Anfänge d. Christentums in Georgien , annoncé dans la Zeit
schr. f. Kircheng., 49 ( N. F. 12 ), 1930 , p. 98; paraît correspondre à notre nº to.
P. S. Je tiens à remercier MM . Akinian , Benveniste , Deeters , v. Farkas , Hadank et Messina pour leurs aimables indications.
V. MINORSKY.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE. SÉANCE GÉNÉRALE DU 12 JUIN 1930. La séance est ouverte à 3 heures, sous la présidence de M . Sylvain Løvi, président. Etaient présents : M . Lévy et STCHOUPAK; Mes Cuisinier, Gallaud, Lalou; MM . Bas MADJIAN, BÉRIDZÉ, BESSIÈRES, BOUVAT, A .- M . Boyer , Burot, CABATON , DELAPORTE, DURR, FADDEGON, FAVRE, FERRAND, Finot, Follet, GAUDEFROY
DEMOMBYNES , Graffin , GrenaRD , HANNIBAL , Kawasé, I. Lévy, LOURETTE , Mauss , Massignon , Meillet,MINORSKY,NAU,NIKITINE , Pelliot, PRZYLUSKI,
SAKISIAN , SIDERSKY, Vosy-BOURBON , VIROLLEAUD , WARE, Weill , membres ; BenvenisTE , secrétaire. Le procès-verbal de la séance du 13 juin 1929 est lu et adopté. Le rapport de la Commission des Censeurs, n 'ayant pu être fait à temps, sera lu à la séance de novembre . Sont élus membres de la Société :
MM . Allen, présenté par MM . Lévi et BenvenisTE; CHATIBAT , présenté par MM . Cohen et GAUDEFROY-DEMOMBYNES;
Sugimoto , présenté par MM . Pelliot et PrzyLUSKI ; WINZER , présenté par MM . S . Lévi et GOLOUBEW .
M . Merllet faitune communication sur les archaïsmes indo-européens en indo-iranien . Il montre que ces archaïsmes , dont plusieurs se retrouvent en hittite , indiquent que les populations aryennes se sont séparées à une date relativement haute du fonds indo- européen . A la
lumière de cette constatation et de plusieurs autres , les principaux pro blèmes de la dialectologie indo-européenne devront être repris. M . GAUDEFROY-DEMOMBYNES, au nom de M . Deny absent, résume les
trouvailles que celui-ci a faites dans les archives turques du Caire et
326
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
qu'il a consignées dans un récent volume intitulé :Sommaire des archives turques du Caire . M . GOLOudew étudie au point de vue artistique et archéologique les figures des nagas de Sambor. M . Cavagnac donne un bref aperçu de ses recherches sur différents points d'histoire hitlite , à propos de sa publication des Annales du roi Supiluliuma. M . Mauss saisit la Société d'une proposition tendant à créer an sein
de la Société un organisme de qui relèveraient spécialement les ques tions ethnologiques sur le domaine asiatique.
Le Président propose et fait adopter par la Société le principe du ré tablissementdela souscription à vie dontles modalités sont: 1.600 francs
jusqu'à 35 ans; 1 .400 francs de 35 à 50 ans, et 1,200 francs à partir de 50 ans. On peut s'acquitter en quatre annuités .
Il est procédé au dépouillement des votes concernant les membres sortants. Par 35 voix contre une, ils sont réélus. La séance est levée à 5 h . 30.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
327
RAPPORT
DE LA COMMISSION DES CENSEURS SUR LES COMPTES DE L 'ANNÉE 1929.
L'exercice 1929 se caractérise par deux chiffres exceptionnels : Le montantde la cotisation : 47.187 fr. 80. Cette rentrée , de beau coup supérieure à la normale , tient à ce que le nouveau trésorier, enfin pourvu d'un service de comptabilité organisé , a reçu , avec les cotisations de l'année courante , celles de 1926 , 1927 et 1928 qu'on n'avait pas
réclamées en leur temps. Nous devons l'en remercier, etaussi lesmembres de la Société qui se sont acquittés avec bonne grâce. Mais il va de soi
que, pour l'avenir, on ne peutfaire fonds sur un pareil chiffre. Le montant des frais d 'impression : 93.031 fr. 47. Cette dépense est aussi exceptionnelle ; car le Journal Asiatique avait pris un retard consi dérable . La publication a été remise à jour. D'autre part, la réimpression
d'un volume nécessaire pour compléter une collection a exigé une forte somme. Les dépenses sont donc hors de la normale, comme les recettes. Mais les frais d'impression ne cessent de monter; et d 'autre part, on ne peut considérer comme une probabilité à nepas renouveler, des dépenses
pour impression d 'ouvrages . De ces deux faits , il résulte que le reliquat d'exercice est seulement de 9.684 fr. 14. Encore ce reliquat comprend-il 2.462 fr. 91 provenant d'un remboursement de titres , et quelques cotisations perpétuelles ; il y a là de quoi faciliter la trésorerie , non de quoi fournir à des dépenses. On doit considérer que l'exercice 1930 ne reçoit à peu près rien de l'exercice précédent.
Il importe donc que le bureau cherchedes ressources complémentaires. Sinon , il n'y aurait d'autre recours que de restreindre l'activité de notre Société , à laquelle le nouveau bureau a donné une si forte impul sion. Il faut espérer que ce malheur sera évité.
328
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
Il a été procédé à un inventaire des titres de la Société , et tout le
portefeuille a été pointé , d'accord avec la Société Générale , au 21 dé cembre 1929.
Le legs Senarta été placé ,en rentes 4 p. 0% 1925 pourla plus grande partie.
Les comptes sont en règle ; la situation financière de la Société est claire.
Nous vous proposons donc, sous le bénéfice des observations pré
sentées , d'approuver les comptes de la Société pour 1929. A . MBILLET. R . DUSSAUD.
SOCIÉTÉ ASIATIQUË.
329
COMPTES DE L'ANNÉE 1929.
DÉPENSES.
Mémoires de l'Imprimerie nationale, 1929...
........
Dépenses Librairie P. Geuthner, 1929 .. . ..
71.014 16
12.806 go 91.744 92
Frais généraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . TOTAL . . . . .
105.565 28
RECETTES.
Encaissements coupons sur titres. . . . . .
24.011' 78 2.462 91
Remboursement d'obligations .. .. . Subventions .. . . .. . .. ... . .. . . .. .
5 .700 00
Cotisations . . .
47.187 80
Ventes P. Geuthner .. . . .. . . .. . .
35.030 00
Intérêts et agios .. . .
856 93
TOTAL. . . . . . .
115.249 42 VU ET APPROUVÉ :
au nom de la Commission des fonds, GAUDEFROY-DEMOMBYNES.
330
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
BILAN AU 31 DÉCEMBRE 1929.
DOJT. 236 .151 '34 4 .813 ho
Espèces en banque . . . .. Espèces en caisse . . . . . . . Portefeuillo titres.. . . ... . Débiteurs divers . . . . . . .
566.042 06 28.688 g
Librairie P. Geothner . . .. .. .
. . . .. . ..
26 .330 03
856 .925 74
TOTAL .
AVOIR .
Capital . . . . . . . . . . . . Legs M . Senart. . . . . . . Imprimerie nationale . . . .
566.042 '06
151.078 35
89.831 46
Divers . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Résultats Exercice 1929 . . Résultats antérieurs . . . . . .
6 75 . ....
9.684 14 40.282 98
49.967 19 TOTAL . . . . . . .
856.925 78
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
331
PROJET DE BUDGET POUR L'ANNÉE 1931. DÉPENSES. 2400' 00
Honoraires du bibliothécaire... .. . Secrétariat et bibliothèque. . .. . .
3.317 65
Contributions .. . . . .
476 801
Assurance contre l'incendie . . .. . . .
155 653
Réserve statutaire.... . . . . . .
Frais d'impression du Journal asiatique... . Indemnité au rédacteur. . . . . . . . . . .
632 35 1.400 00 56.500 00 1.800 00
Honoraires des auteurs... . .. . . .. . . .. . . Sociélé generale (droits de garde, timbras , etc.)...
1.500 00
Honoraires des agents comptables . .
2.700 00
Total des dépenses... .. ..
150 00 70.200 00
RECBTTX8 .
Cotisations,. . , . . . ,
Abonnements et vente des publications de la Société lotérêts dos fonds placós. . . . . . . . . . . . . . . . . .. Souscription du Ministère de l'Instruction publique. . . . . Crédit de l'Imprimerie nationale.. . . Total des recetlos . . . . .. .
13.500' 00 26.500 00 25 .000 00 2.000 00
3.200 00 70, 200 00
OCTOBRÉ -DÉCEMBRE 1930.
332
RAPPORT SUR LA BIBLIOTHÈQUE POUR L'ANNÉE 1929- 1930 .
La Société a pris possession , en octobre dernier, du legs de son regretté président, M . Émile Senart. Les ouvrages qui le composent ont été déposés provisoirement rue de Lille , 4 ; dès que les circonstances le permettront, ils seront installés dans notre salle des séances et catalo gués . La famille GÉRARD nous a donné un nouveau témoignage de son
intérêt en prenant entièrement à sa charge les honoraires de M . GUÉRI Not, chargé par la Société , d'accord avec la famille, de faire le tri des
ouvrages qui devaientnous revenir ; ce travail, long et minutieux , a pris plusieurs mois.
En dehors du legs Senart, la Société a reçu , à titre de don ou d'échange, environ 150 volumes et 70 plaquettes , plus 68 impressions siamoises du Royal Institute of Literature, Archaeology and Fine Arts
deBangkok et 10 ouvrages chinois donnés par l'Institut de sinologie de l'Université de Lyon ; M . Vosy-Bourbon a bien voulu se charger de cata loguer ces derniers. Parmi les nouvelles entrées , les ouvrages d'art et d'archéologie tiennent une place importante : nous citerons les derniers volumes d ’Ars Asiatica , les publications de MM . BALTRUŠAITIS , BLOCHET, SAKISIAN , STCHOUKINE , etc. L'échange avec la revue The Man in India a
été décidé. La Société a complété sa collection des Mémoires et du Bulle
tin de la Société de linguistique; les volumes manquants ont été acquis au prix de faveur consenti à ses membres par la Société de linguistique.
Une sommede 300 francs a été versée comme suite à une souscription d'avant-guerre. Le transport des livres de M . Senart a coûté , au total, 439 fr .50. La Société a acquis de M . G . Roustan , éditeur, les étagères et casiers qu'il avait fait installer dans nos nouveaux locaux de la rue de Lille , le tout pour une somme de 3.300 francs , bien inférieure à leur valeur réelle . Le Bibliothécaire :
Lucien Bouvat. Vu :
Gabriel FERRAND.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
333
Fondation De GORJE EN 1930. Communication. 1 . Le bureau de la fondation n 'a pas subi de modifications depuis le mois de novembre 1928, et est ainsi composé : C . Snouck Hurgronje
(président), M . Th. Houtsma, Tj. De Boer, J. J. Salverda de Grave et C. Van Vollenhoven (secrétaire-trésorier ). 2 . Depuis quelques mois le bureau s'occupe de la publication éven tuelle de deux travaux dans le domaine de la littérature arabe.
3. Des huit publications de la fondation il reste un certain nombre d 'exemplaires, qui sont mis en vente au profit de la fondation, chez
l'éditeur E. J. Brill, aux prix marqués : 1. Reproduction photogra phique du manuscrit de Leyde de la Hamásah de al-Buậturf (1909 ), fl. 96 ; 2. Kitab al-Fåkhir de al-MUFADDAL , éd . C. A. Storey (1915 ),f.6 ; 3. Streitschrift des Gazáli gegen die Bâținijja- Sekte , par I. Goldziher (1916 ) , fl. 4 ,50 ; 4. BAR HEBRA EUS 's Book of the Dove, éd . A. J. Wen sinck (1919 ), fl. 4 ,50 ; 5 . De Opkomst van het Zaidietische Imamaat in
Yemen , par C. Van Arendonk (1919 ), fl. 6 ; 6 . Die Richtungen der Isla mischen Koranauslegung, par I. Goldziher (1920 ), fl. 10 ; 7 . Die Epi
tome der Metaphysik des Averroes, übersetzt und mit einer Einleitung und Erläuterungen versehen, par S. Van den Bergh (1924 ), fl. 7,50 ; 8 . Les « Livres des chevaux ,, par G . Levi della Vida (1928), fl. 5,
COMPTES RENDUS.
Walter Eugene Clark, The ARYABHAȚĪya or ĀRYABHAȚA, an ancient Indian work on mathematics and astronomy, translated with notes. - Chicago
(Illinois), The University of Chicago press , 1930 ; in- 12 , 90 pages.
Hendrik Kern, l'illustre indianiste de Leyde, a publié en 1874 le texte de l'Aryabhatīya. Rodet en traduisit en 1879 la section mathéma tique dans le Journal asiatique , dont Kaye fil une nouvelle traduction en 1908 dans le Journal of the asiatic Society of Bengal. M . G . en donne
dans ce petit volume la traduction intégrale, soigneusement annotée. Le savant professeur de sanskrit à l'Université de Harvard a naturellement
utilisé tous les travaux parus depuis cioquante ans (cf. liste des abré viations, p . XXVII- XXIX ) , à l'exception de la traduction de l'Aryabhatiya
de Prabodh Chandra Sengupta , qu 'il n 'a pas pu se procurer à temps pour la mettre à profit. De l'aveu même de l'auteur ( p. vii) , la présente traduction n 'est que provisoire : the present translation , with its brief notes , makes no pretense at completeness. It is a preliminary study
based on inadequate material. Of several passages no translation has been given or only a tentative translation has been suggested . A year's
work in India with unpublished manuscript material and the help of compelent pundits would be required for the production of an adequate
translation . . . .. Telle qu'elle est, cette traduction sera utile , car elle attirera l'attention des indianistes sur les problèmes que soulève ce texte ( p. vn ). D 'après un passage de l'Aryabhatiya ( p. 54 ), ce texte aurait été
rédigé en 499 de notre ère. C 'est ainsi l'un des plus anciens textes ma thématiques et astronomiques sanskrits. Ce serait même le plus ancien , si nous pouvions dater exactement les Sürya-, Paulisa-, Romaka- et Vāsi
sthasiddānta .
L'ouvre d'Aryabhața a été connue des Arabes, mais je crains bien que le nom seul du mathématicien hindou leur soit parvenu , et qu'ils n'aient pas possédé l'Āryabhațiya. Bīrūni le cite dans son Histoire ( cf, Alberuni's India , éd , el trad. Sachau ), Abū’l-ķāsim Sā'id bin Ahmad
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930 .
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bin Sā'id l'Espagnol en fait égalementmention dans son Tabakāt al-umam Ples catégories des peuples» ( éd . Cheikho , Beyrouth , 1912 , in -8°).
Celui-là écrit paſ le nom de l'astronome bindou , en rendant le bh du sanskrit; celui-ci aj!, leçon fautive pour majl Arjbar ; l'une et l'autre transcription représenlant assez fidèlement l'Aryabhața sanskrit.
Le texte des Tabaķāt al-umam dit d'abord que les doctrines astrono miques de l'Inde sont bien connues , mais ajoute : Il ne nous est par
ence d' duaprèsindhind venu une connaissance précise quene dela s les ang=essiddhānta inta stdoctrine m i a u f R ( cf.mon article sur Les grands rois du monde, dans Mélanges Rapson actuellement sous presse) . J'ai l'impression , d'après les passages que j'ai rencontrés dans les textes, que l' existence d’Aryabhața a été révélée aux Arabes , mais que son traité ne fut pas traduit et leur est par con séquent resté inaccessible. En fait, les transcriptions at et al
représentent le nom de l'auteur, et non celui de son œuvre, l'Āryabha tiya.
La traduction de M . C . sera utile aux indianistes , aux arabisants et aux mathématiciens et astronomes non orientalistes. Elle sc termine par
un double index : index général et index sanskrit. On ne peut que lui en savoir gré. Gabriel FERRAND.
Mm. R. L . DevonSHIRE , EIGHTY MOSQUES AND OTHER ISLAMIC MONUMENTS IN
CAIRO. – Paris , Maisonneuve frères , 1930 ; in -12 , 64 pages , 8 planches et un plan indiquant la situation des monuments du Caire.
Mme D . avait publié en français un guide du Caire à l'occasion du Congrès international de géographie qui eut lieu en mars 1925 dans
cette ville. La présente brochure en est une édition anglaise revue et augmentée. Ce nouveau guide prévoit des tournées touristiques pen dant un séjour d'un jour, de deux jours, trois jours et quatre jours.
Elles ont été établies avec soin par l'auteur, qui connaît admirablement la capitale d 'Égypte et s'attache à la faire visiter intelligemmentăpar les
touristes qui n'y font qu'un court séjour. Sur chaque monument sont donnés les renseignements indispensables. Un index des noms propres
cités, une bibliographie des ouvrages en anglais sur l'Égypte et le Caire , enfin et surtout l'excellent plan indiquant la situation des monuments
rendent ce guide très pratique, et c'est le plus bel éloge qu'on en puisse faire .
Gabriel Ferrand.
COMPTES RENDUS.
337
Giuseppe GABRIELI, MANOSCRITI E CARTE ORIENTALI NELLE BIBLIOTECHE E NEGLI ARCHIVI D'ITALIA ; dati statistici e bibliographici delle collezioni, loro storia
e catalogazione. – Florence , Leo S . Olschki; 1930 ; petit in -4°, 89 pages , avec 4 fac-similés.
La Biblioteca di bibliographia italiana deCarlo Frati publie des sup pléments périodiques à la Bibliofilia de Leo S. Olschki, dont le présent
livre est le dixième. Les noms des villes italiennes, métropolitaines et coloniales, qui possèdent des manuscrits orientaux dans leurs biblio thèques, sont rangés par lettres alphabétiques. Un index des langues
dans lesquelles sont rédigés lesmanuscrits , avec renvoi à la ville où ils se trouvent, permet de s'y retrouver aisément.
Les manuscrits et documents orientaux dont il s'agit sont les sui vants :
Manuscrits africains en langues chamitiques (3 );
Manuscrits arabes : 547 à la bibliothèque universitaire de Bologne ,
311 à la Laurentienne de Florence, 118 à la Magliabechiana et à la Nationale , 25 à la bibliothèque universitaire de la Faculté des Lettres de la même ville ; environ 400 + 1.790 à l'Ambrosienne de Milan , 16 à la Trivulziana de la même ville ; 23 à l’Estense de Modène; 103 à la Nationale et 20 à l'Institut oriental de Naples ; 29 à la Nationale de Palerme; 40 à la Palatine de Parme; 10 au Museo Civico de Pavie; 16 à l'Angelica , 57 + 4 à la Casanatense , 18 à l'Institut biblique , 162 aux Lincei , 1.628 à la Vaticane, 38 à la Vittorio Emanuele de Rome, 36 à la Nationale universitaire, 41 à la bibliothèque du Roi, 8 à l'Académie des sciences de Turin ; environ 100 à la Kutub -khaneh al awķāf de Tripoli; 77 + 23 mixtes à la Marciana de Venise , et quelques autres en petit nombre dans d 'autres bibliothèques ;
54 et quelques autres diplômes arabes à Florence (46), Gènes, Mo dène, Pise, Palerme(?) , Tripoli (?) et Venise (?). Manuscrits arméniens : plus de 2.000 à Venise chez les Mekhita ristes , 136 à la Vaticane, 24 à la Casanatense de Rome, 10 à l'Am brosienne de Milan , 10 à la Nationale de Naples ; Manuscrits chinois et japonais : environ 70 à la Vaticane; Manuscrits coptes : à Florence, Milan , Naples, Rome, en tout près de 300 ; Manuscrits hébreux : à la bibliothèque universitaire de Bologne (27) , à la Nationale de Florence (35 ), à la Laurentienne de la même ville (200 ), à la communauté israélite de Mantoue ( 84 ou 170 ? sic ), à
l'Ambrosienne ( 901), à l'Estense de Modène (50), à Naples (12), à la Palatine de Parme (1765 ), à la Casanatense (231), à l'Angelica (64), CCXVII .
22 INRINERIR NATIONALE .
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OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
à la Vaticane de Rome (747) ; à la Capitulaire de Vérone (15 ) et dans quelques autres bibliothèques ;
Papyri égyptiens ( hiéroglyphiques , hiératiques et démotiques ): une dizaine environ ; Manuscrits éthiopiens ; 35 au musée de la mission catholique de Cheren ; 265 à la Vaticane, 20 à la Société de géographie de Rome et
quelques autres (il s'agit de manuscrits en gees et en amharique); Manuscrits géorgiens : 34, dont 15 à la Vaticano et 15 à Torre del Greco :
Manuscrits indiens (tamuls , mais surtout sanskrits ) : 87 à l'Institut des Études supérieures, 416 + 389 à la Nationale Centrale de Flo rence; 110 à la Vaticane, 15 à la Vittorio Emanuele de Roma et quel ques autres;
Manuscrits indochinois (manuscrits du Tonkin ) : 93 à la Vaticane; Manuscrits malais . Javanais etmadurais :6 à la bibliothèque univer sitaire (Faculté des Lettres) de Florence ;
Manuscrits mexicaine : à Bologne, Florence et Rome (Vaticane); Manuscrits persons : 54 à Bologne, 44 à la Laurentionne de Florence ; 48 aux Lincei, 138 à la Vaticane de Rome, 27 + 10 mixtes à Venise , 13 à Turin ; Manuscrits samaritains : 6 à Rome;
Manuscrits syriaques : 45 à Gênes, 689 à la Vaticane et quelques autres ;
Manuscrits turks : 193 à Bologne , 51 de la Laurentienne de Flo rence , 98 à Gênes , 13 à Naples ; 16 à la Casagatense , 19 aux Lingei , 20 à la Nationale , 239 à la Vaticane de Rome; 29 à Turin ; 38 + 18 mixles (dont 1 en djagatai) à la Marciana de Venise. D 'autres manuserits orientauxsont indiqués en appendice (p. 71- 76 ).
En appendice également figurent d'autres manuscrits georgiens (p. 87 89 ).
Pour beaucoup d 'entre nous, ce catalogue sera une révélation , et op ne peut que savoir gré à M , G . de l'avoir rédigé, Gabriel FARRAND
Ludwig FEKETB. - BinPÜHRUNG IN DIE OSMANISCHTÜRKISCHE DIPLOMATIK DER
TÜRKISCHEN BOTMÄSSIGKEIT IN UNGARN ( Introduction à l'étude de la Diplo, matique ottomane durant la domination turque en Hongrie ), [ Publications
des Archives royales hongroises sous la direction du docteur Desiderius
COMPTES RENDUS. 389 Csánki; imprimé à l'imprimerie de l'Université royale hongroise à l'occasion de son 350° anniversaire : 1577-1927 ). Budapest, 1926 ; in-folio , xvid
35 pages avec 16 planches de fac-similés. Si les archives officielles avaient été conservées plus scrupuleusement par les Turcs et leurs anciens sujets qu vassaux , si elles n'avaient pas souffert des incendies et des injures du temps comme aussi de l'incurie
et même de la malveillance, on y aurait trouvé matière à refondre l'histoire de la Turquie. Du moins est-il indispensable de publier ou exploiter ce qui en reste dans ce pays et ailleurs, et il en reste malgré tout suffisamment pour que cette tâche soit encore considérable. Il faudra cortes plus d'une génération pour la mener à bien , mais il est réconfortant de songer qu'elle a été commencée et qu'elle est continuée dans de bonnes conditions, grâce à des travaux de plus en plus nom breux en Allemagne et en Hongrie. L 'impulsion , et c'est l'un des rares
avantages de la récente (?) conflagration mondiale , a été donnée surtout par la Grande Guerre. Le raid audacieux de deux cuirassés à Constan tinople , au terminus de cette voie ferrée que la défaite de la Serbie et l'entrée en lice de la Bulgarie devaient bientôt dégager, a ouvert la Turquie non seulement à l'emprise militaire , mais aussi à la pénétration scien tifique de l'Europe centrale. Le fait que Constantinople a servi pendant plusieurs années de soupape à la pression exercée par les Alliés sur les
pays du Mittel-Europa a créé un appel d'air si puissant vers l'Est, que malgré le recul du germanisme et l'avènement du kémalisme, ouverte ment hostile à une alliance offensive avec ces pays, les effets de cette
solidarité de guerre se font encore sentir. On sait que l'Université turque
a été organisée pendant la guerre par des professeurs allemands. L'orien talisme germanique a pris en même temps une forte teinte de turcologie ,
si l'on peut dire : les sémitisants (arabisants ), poussés soit par un inté rêt national, soit par le désir de profiter de facilités jusque là inconnues , s'engagèrent de plus en plus délibérément sur un domaine nouveau , celui des langues turco-tartares. Ils n'hésitaient pas à consacrer ainsi, entre deux disciplines différentes, l'arabe et la turque, un cumul qui n 'est certes pas appelé à se perpétuer utilement dans l'avenir , mais que l'état pen avancé des études turques pouvait, plus encore que la com
munauté de civilisation musulmane, justifier. Pour les Hongrois, ce rapprochement avec les Turcs a pris une véri table valeur sentimentale , qui chez les plus ardents s'inspire d'un atou ranisme, plus ou moins vague, mais que les modérés expliquent non sans raison , par un voisinage plusieurs fois renouvelé des deux peuples.
Aussipeut-on lire ces lignes dansl'avant-propos que M . Desiderius Csánki, 22 .
340
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
directeur général des archives d'État de Hongrie, a écrit pour l'ouvrage de M . Fekete : Les peuples turcs (Bulgares, Khazars, Petchenègues, Comans, Osmanlis, etc.) ont exercé sur la vie de la nation hongroise une influence décisive qu'on ne saurait vraiment comparer qu'à celle du christianisme, et dans une mesure moindre à celle du germanisme. .. Dans la cruelle lutte séculaire que leur imposait la mission ingrate de défendre l'Ouest contre les Turcs , les Hongrois ont perdu beaucoup de leur force morale
et matérielle ()., A ces raisons, il en faut joindre une fort importante , c'est que la Hongrie a fait elle-même , à un moment donné, partie de l'Empire otto man. Les Hongrois ontdonc conservé dans leur pays des archives admi. nistratives turques , et en les étudiant aujourd'hui, ils apportent une contribution ulile à leur propre histoire.
L 'avant-propos déjà cité nous donne sur les publications hongroises de documents turcs des renseignements bibliographiques que nous ne croyons pas inutiles de reproduire ici, lout en complétantcertaines indi cations de titres et de dates principalement d'après Walther Björkmann , Ofen zur Türkenzeit, vornehmlich nach türkischen Quellen , Hamburg , 1920, gr. in -8°, 78 pages (Hamburgische Universität, Abhandlungen aus dem Gebiet der Auslandskunde : Fortsetzung der Abhandlungen des Hamburgischen Kolunialinstituts, Band 3; Reihe B , Völkerkunde , Kul turgeschichte und Sprachen , Band 2). Peu après l'achèvement de la 2° édition de l'Histoire ottomane de Hammer (1834 -1836 ; la 15e édition est de 1827-1833), Antoine (An
tal) Gévay, archiviste privé de la Maison impériale et royale de la Cour, juge (Stublrichter ) au comital de Györ, publia les ouvrages suivants : Az 1625 -diki május' 26 - dikán költ gyarmati békekötés' czikkelyei, deákúl, magyarul és törökúl (les clauses du traité de paix conclu à Gyar mat le 26 mai 1625 , en latin , hongrois et turc), Vienne, 1837. (1) Sur la sympathie qui se serait maintenue entre les deux peuples malgré les haines de religion , voir Robert Gragger, Türkisch-ungarische Kulturbezie hungen , p . 2 , dans Literaturdenkmäler aus Ungarns Türkenzeit, nach Hands schriften in Oxford und Wien bearbeitet von Franz Babinger, Robert Gragger,
Eugen Mittwoch und J.-H.Mordtmann , Berlin et Leipzig , 1927, in -8°, 231pages (Ungarische Bibliothek herausgegeben von Ungarischen Institut an der Uni versität, Berlin , Erste Reihe, n° 14 ). — Nolons en passant qu'il existe un ouvrage français sur la question : Albert LeFaivre, Les Magyars pendant la
domination ottomane en Hongrie (1526 -1722), Paris, 1902 , 9 vol. in -8°.
COMPTES RENDUS. 341 Az 1627 -dik évi september 13-dikán költ szönyi békekötés' czikke
lyei, etc. (les clauses du traité de paix conclu à Szöny le 13 sep tembre 1627, etc. ), mêmes lieu et date.
Urkunden und Aktenstücke zwischen Österreich , Ungarn und der Pforte im 16 . und 17. Jahrhundert, l-II , Vienne , 1838-1842 (inachevé).
Le plan et l'@ uvre de Gévay furent repris, après une préparation d'une quinzaine d 'années, en 1863, par la collection - Török Magyar
kori Történelmi Emlékek , kiadja a Magyar Tudományos Akadémia törté nelmi bizottmánya (Monuments historiques de la période turco-hongroise , publiés par la section historique de l'Académie hongroise de Sciences).
La première partie (Első osztály ) de cette collection , intitulée okmánytár (documents) , comprend neuf volumes parus entre les années 1863 et 1872, où l'on trouve les documents traduits par Aaron (Aron ) Szilády (ou Alexandre Szilágyi), pasteur à Halas. Les deux premiers volumes (Budapest , 1863) sont intitulés : Okmánytár a hódoltság történet éhez Magyarországon . Nagy -Kőrös , Cegléd , Dömsöd, Szeged , Halas levéltá raiból (Recueil de documents pour l'histoire de la région de la Hongrie occupée . Archives de Nagy-Kőrös, . . . et Halas ). Le dernier volume est
intitulé A defterekről(Extraits des Defters), Budapest, 1872 ( ). Indépendamment de cette collection , la même Académie a publié en
turc ou en hongrois , des registres ( defter ) importants pour l'histoirede l'administration financière et douanière de la Turquie : Magyarországi
török kincstári defterek , kiadja a M . Tud . Akadémiai történelmibizottsága, fordította Dr. Lászlófalvi Velics Antal, bevezetéssel ellátta és sajtó alá ren
dezte Kammerer Ernő (Registre du fisc turc en Hongrie publié par la Section historique de l'Académie hongroise des Sciences, traduit par le D ' Antoine Velics de Lászlófalú , accompagné d 'une préface et mis en en ordre pour l'impression par ErnestKammerer ). Tome 1" , 1543-1635 ,
Budapest, 1886 ; tome II : 1540- 1639, Budapest , 1890. (1) On publia plus tard ( Budapest, 1893 à 1916) , en cinq volumes , la deuxième partie de cette collection , intitulée Irók ( Auteurs» , qui contient
les traductions des extraits d'historiens turcs se rapportant à la Hongrie , tra ductions dues d'abord à Joseph Thúry, professeur au gymnase de Nagy-Körös , puis à Emerich (Imre ) Karácson , prêtre catholique. Seize historiens turcs ont été utilisés ainsi : Nešri, Tursun , Sa'd -ed-din , Kemālpašazāde, Rūznāme de
Soliman, Lutfi paša , Ferdi, Jelālzāde Mustafa , Sinān Čauš, K 'ātib Mehemed , Quči bey, Evliya Çelebi, Ibrāhīm Pečevi , K'ātib Celebi , Na'imā. Le tome III parut après la mort de Karácson en 1916 , vu et 446 pages ; il concerne les années 1566 à 1659 (préface de Szekfű ). - Sur Karácson , voir la note sui vante .
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OCTOBRE- DÉCEMBRE 1930.
C'est encore l'Académie des Sciences qui a fait paraître les documents sur Rákóczi recueillis par Karácson sous le titre A Rákóczi-emigráció török ir atai, 1911.
Gabriel(Gabor ) Bálint, d'abord employé des douanes turques à la
frontière persane, puis professeur de langues ouralo- altaïques à Kolos zvár, a fait paraître également des documents turcs (Budapest , 1875 ).
On doit enfin à la St. Stephangesellschaft, entre autres publications, le recueil de Karácson (1) intitulé Török-magyar Oklevéltár 1633-1789. A konstantinápoli levéltárákban gyüjtötte és magyarra fordította néhai Karácson Imre. A magyar kir. ministerelnökség megbizósábol szerkesztet ték Thallóczy, L., Krcsmárik J., Szekfű Gy. (Recueil de documents turco-hongrois 1533-1789. Recueillis dans les archives de Constanti nople et traduits en hongrois par feu Emeric Karácson. Rédigé par L . Thallóczy , J. Krcsmárik et Gy. Szekfű , sur ordre de la présidence
du Conseil des Ministres royaux), Budapest, 1914 , 416 pages. Cette liste est incomplète , ajoute M . Csánki, mais suffit pour montrer comment, « poussés par une ardeur active , un véritable sentiment du
devoir , les différents milieux intellectuels de la Hongrie ont réalisé ,mal gré l'absence d'une direction , un grand effort de volonté pour s'orga
niser en vue d'un travail fructueux dans ce domaine assez étranger aux préoccupations du grand public s. M . Csánki fait remarquer qu'il lui serait d'ailleurs impossible d'épu
murer les nombreuses contributions à ces études , disséminées dans les revues spéciales.
Cette observation ne peut s'appliquer qu'à la période postérieure à la déclaration de la Grande Guerre (M . Fekete écrit , p . ix , 0 . 1, qu'avant la guerre, on ne disposait que des articles de C . Truhelka et G . Jacob ).
Cependant, si l'on consulte la bibliographie de guerre et d'après-guerre (1) Voir une notice nécrologique de Karácson par Neğib 'Aşim , dans la Revue historique turque, I , p . 516 -520, et une autre par nous dans le Jour nal Asiatique de juillet-août 1911, p. 183-186 . Nous trouvons dans la préface de M . Fekete quelques détails que nous ignorions : Karácson serait mort (le 2 mai 1911) d'un empoisonnement du sang occasionné par le maniement des archives turques en décomposition . Son carnet de notes ( Tagebuch ) est con
servé au Musée National hongrois. Il y serait question des # chicanesn de toutes sorles que suscitèrent d'abord les bureaucrates turcs d'alors et certains
particuliers. M . Fekete ajoute que le mérite scientifique de Karácson réside non seulement dans ses publications, mais aussi dans l'intérêt qu'il a réussi à susciter chez les Turcs pour leurs archives.
COMPTES RENDUS.
343
de M . Jules Moravcsik (Ungarische Bibliographie der Turkologie und der
orientalischen Beziehungen 1914-1925 , in Körösi Csoma-Archiv du 31 décembre 1986), que nous n'avons nulle raison de croire incomplète , on constate que la liste des études consacrées aux documents d'archives turcs n 'est pas d 'une longueur démesurée. Voici celles que nous extrayons de cette bibliographie (p. 227 à 230) , on y comprenant les articles où il s'agit de documents rédigés en hon grois :
Fekete L . (l'auteur de l'ouvrage qui fait l'objet de ce compte rendu), Török iratok a gróf Zichy-család birtokában (Documents turcs appartenant à la famille des comtes de Zichy ) in Levéltári Közlemények (Revue des
Archives d'État) , 2 (1924 ), 70 -85. - Debrecen város levéltárának török oklevelei (Documents turcs des
archives de la ville de Debrecen ), ibid ., 3 (1995), 42-67. - A török oklevelek nyelvezete és forrásértéke (Le style des documents turca et leur valeur comme sources), ibid. , 3 (1925 ) , 6061224.
Mehmed Chalife « Tarich -ja as 1625 -1664 , évek eseményeiről
( L'bistoire des événements de 1625 à 1664 pár Mehemed Halife) in Hadtörténelmi Közlemények (Revue de l'histoire de la guerre ), 26 (1925 ) , 887-427. Kárffy Ö , Kászon basa levele Miskoloz városához (1663) ( Lettre de K . pacha à la ville de Miskolos de l'an 1663 ), ibid., 17 (1916 ), 289-933.
Hamzabek János levelei a jolsvai és rátkai bírónak (Lettres de Jean Hamzabek aux juges de Jolsva et de Rátka, du xvi° siècle ), ibid .,
17 (1916 ), 451. *** Levelek a török hódoltság korából (Lettres datant de la domination turque, 1559 , 1660 , 1669 et 1684), ibid ., 17 (1916 ), 199-196. Merényi L ., Ibrahim egri påsa levele a kassai főkapitányhoz (Lettre
du pacha d'Egri au capitaine de Kassa , 1632), ibid., 17 (1916 ), 1950 197 .
Takáts S ., Bárátságajánló török levelek (Lettrès turques avec propo sítion de paix ), Az Ujság , 1915, n°54. - Ungarische und türkische Berufsschreiber im 16. und 17. Jahrhun dert, in Ungarische Jahrbücher, 1 (1921), 204-214 .
Takáts S ., Eckhardt F., Szekfű Gy., A budai basák magyarnyelvű levelezése (La correspondance en langue hongroise du Pacha de Buda pest) , I , 1553-1589 , publié par la Commission linguistique de l'Aca
démie des Sciences , Budapest, 1915, vi-546 pages. ( Cité en note par M . Fekete , p . xv).
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OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
Zsinka F ., Dömsödi török oklevelek (Documents turcs de Dömsöd ) ,
in Kőrösi Csoma-Archivum , 1 (1921), 115 -129. - Die türkischen Urkunden der Wiener Sammlungen , ibid., (1924 ) , 321 -324 .
R -r., Egy török levél 1666-ból (Une lettre turque de 1666 ), Horto bágy, 1922 , n° 32 (Lettre d 'Oglar (?) Beg , commandant turc de la place forte de Sikula ).
Ajoutons qu'un turcologue allemand bien connu , M . Georg Jacob, s'est également occupé d'unemanière active des documents turcs dont
il a publié des spécimens à Kiel à l'usage du Séminaire oriental de cette ville , où il a enseigné pendant la Guerre. Cette publication était
faile aux frais de la Doktor - Hermann - Thorning -Gedächtnis - Stiftung, Türkische Urkunden aus Ungarn , Kiel, 1917, gr. in-8°. Fac-similé de documents conservés à Vienne , Erlangen , Ulm , Münich , à l'Institut
Marsigli de Bologne. M .Georg Jacob a aussi fait paraître ,aux frais de la même fondation , à Kiel , des documents turcs extraits d 'un manuscrit n° 137 conservé à
la Konsular-Akademie de Vienne qu'il a élaborés et traduits avec ses élèves (Deutsche Übersetzungen türkischer Urkunden herausgegeben von der Doktor -Hermann-Thorning -. . .- Stiftung durch das Orientalistische Seminar zu Kiel, Kjel, 1919 et années suivantes. (Les documents relatifs à la Hongrie sont contenus dans les quatre premiers cahiers, 1919-1920 ). On a retrouvé dans les papiers de Bebrnauer des traductions d'extraits du manuscrit nº 137 qui ont été confiées à Jacob , et qui sont, paraît-il, inexactes.
M . Jacob a publié également un article sur les documents hongrois dans Der Islam , VIII, p. 237-251 (avec un fac-similé ). La même revue a publié des articles analogues de Hubert Neumann (VII , p. 286 -298 et VIII , p. 113-133 , avec fac-similé) et de Faik Bey-Zadé ( IX , p. 100 105 ).
Il serait également injuste de ne pas mentionner ici le nom de l'excel lent turcologue du xvue siècle , Mesgnien de Meninski, qui a donné le lexte et la traduction de quatre documents datés des années 999 à
1004 de l'hégire, dans ses Institutiones linguæ turcicæ , Vienne, 1756 , t. II, p. 169-178. Tels sont les ouvrages , relativement nombreux, qui concernent les documents turcs de Hongrie ("). (1) En France même, on pourrait trouver des éléments pour une publica
tion de documents turco-hongrois. La Bibliothèque Nationale de Paris possède
COMPTES RENDUS.
345
Quant à ceux qui concernent les documents turcs ayant également subi la domination ottomane conservés dans les autres pays, ils sont très dispersés et souvent difficiles à trouver. Aussi n 'avons-nous pas la prétention d'en donner ici une liste complète . Qu'il nous suffise d'indi
quer en quelques mots ce que nous savons de la situation des archives
turques de chacun de ces pays. Crimée. — Les archives des kbans de Crimée ont beaucoup souffert
de la destruction et del'incurie. On peut espérer que beaucoup de docu ments ont été conservés à Constantinople . On a du moins l'assurance
que les Archives centrales ( Ileatpapxub ) de Moscou en sont abondam ment pourvues. Veliaminov-Zernov en a publié un assez grand nombre (MatepiAjbi AAA acropiu Kpbmckaro xauctoa, Saint-Pétersbourg , 1864 , ouvrage qui nécessiterait malheureusement une révision d'après les ori ginaux ). V . Smirnov a publié des firmans relatifs à la Crimée dans ses
Obraztsi (Chrestomathie ottomane, en russe), Saint-Pétersbourg, 2° édit., 1903, p . 204-207, 210-211; voir aussi la 1" édition . On trouve de-ci de-là des documents isolés, notamment à Odessa (Berezin , Yarliki (1) krimskih hanov Mengli-Gireya i Muḥammed -Gireya, en russe , dans les Mé moires [Zapiski] de la Société d'Histoire el d'Antiquité d'Odessa), à Kiew (j'en possède des copies faites avant la Guerre ) et à Ialta ( voir un article deGORDLEVSKI dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences de l’U . R . S. S ., 1917, p . 219 à 224 ). Cf. aussi des contributions comme
celles de T. Kowalski et J. Dutkiewicz, Un « Yarlyk , tatar de 1763 (se trouvant à Cracovie ), in Rocznik Orientalistyczny de Lwów , II , p. 213 219 , ou de Kraelitz -Greifenhorst , Aufforderungs- und Kontributions
schreiben des Tataren - Hans Murād Giraj vom Jahre 1683 an Wiener
Neustadt, Mitt. zur osm . Gesch . de Vienne, I, 1921-1922, cahier 4 , p. 223-231. BULGARIE. — Jan Grzegorzewski (dontle nom est écrit Gržegorževsky dans l'ouvrage recensé, p . vii) a publié en 1912, cent vingt-neuf docu ments des archives de Sofia , relatifs à la campagne de Vienne, 1091 1096 de l'hégire ( Z sidżyllatów rumelijskich . .. Lwów , 264 pages de
un qanûn-ndme (ms. suppl. turc, 76 ) relatif à la région de Szegedin , Hatvan etNeograd , auquel nous consacrerons une petite notice. (1) Pour la bibliographie des yarläk des han tatars de Russie , voir Samoy
lovitch dans le Bulletin (Izu'estia ) de l'Académie russe des Sciences, 1918 , p . 1109 : cf. aussi son étude « Sur le mot paiza -baisa dans l'oulous de Djou tchin , en russe , même Bulletin , 1926 .
346
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
texte polonais et 144 pages de texte turc. Cf. LačÜYEV, Kirjalitie (en bul
gare ), in Sbornik na narodni umotvorenya , XXII /XXIII , 1" section , Sofia , 1906 - 1907. Voir des renseignements bibliographiques par Jacob
dans Der Islam , VII , p. 178 , n. 2. YOUGOSLAVIE . – Les archives turco -bosniaques ont fait l'objet de
quelques études isolées dans les Wissenschafiliche Mitteilungen aus Bos nien und der Herzegovina, herausgegeben vom Bosnith -herzegowinischen Landesinuseum in Sarajevo , II (Vienne , 1894 ), III (1894 ) , IV (1899 ) : articles de K . Hörmann , Ali Efendi Kadič et Safvet Beg Bašagić (pour plus de détails , voir Franz BABINGER , in Mitteilungen zur Osmanischer Geschichte, I, 1921-1922, cahier 2- 3 , p . 171). On trouvera des contri
butions plus importantes dans les années 1911, 1919 et 1916 du Glas nik zemaljskog muzeja u Bosni i Herzegovini, Sarajevo , 1889-1916 , organe du même musée . Les archives turques de la république de
Raguse , qui contienõent, d 'après M . Kraelitz (Osm .-Urkunden , p. 5 ), plus de mille documents , ont été abordées également (C. Truhelka , Tursko-slovjenski spomenici dubrovačke archive , in Glasnik de 1911 : üne partie en fut transportée, lors des guerres napoléoniennes à Vienne ,
d'où elle a été acheminée récemment en Yougoslavie (voir D ' Friedrich KRAELITZ -GREIFENHORST, Osmanische Urkunden in türkischer Sprache aus
der zweiten Hälfte des 15. Jahrhunderts. Ein Beitrag zur Osmanischen
Diplomatik ,avec 14 planches, Vienne, 1922, in Sitzungsber. d. Ak. d . W . in Wien , phil.- hist.KI., t. 197, 36 parlie ; contient vingt-quatre docu ments de la secondemoitié du xv siècle : du 5 rejeb 860 ( 9 juin 1456 )
à la première décade demoħarrem go3 ( 30 août - 8 septembre 1497). GRÈCE.
Kambouroglou et Philadelfevs se sont principalement occu
pés de la Grèce sous la domination des Turcs.On trouve quelques docu ments turcs traduits dans le Deltion . A moins d'une chance inattendue , on ne peutavoir que peu d 'espoir de retrouver des archives turques importantes dans un pays où le souvenir de la domination ottomane était généralement honni.
SYRIE. — J'ignore si notre Haut-Commissariat en Syrie possède des archives turques. Il y a tout lieu de croire que le Patriarcat maronite et les autres chefs de communautés religieuses détiennent des documents au moins isolés , en langue turque. Un chercheur actif, le docteur Essad
Rouslom , professeur à l'Université américaine de Beyrouth , a réuni un certain nombre de documents datant de la domination turque du
COMPTES RENDUS.
347
début du xix° siècle, dont quelques-uns en turc ; mais cette trouvaille a été faite en Egypte!
PALESTINE. — Un ami anglais ,bien placé pour le savoir, m 'a parlé de documents turcs conservés au Patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem . EGYPTE. — Ce pays possède un fonds ture fort riche, quoique relati vement peu ancien .Grâce à l'intelligente initiative du roi actuel , on a tout lieu d'espérer que ces documents , qui ont été déjà reconnus en gros, seront régulièrement mis à jour. Il existe deux fonds principaux :
celui de la Citadelle , ou du Defterhäne construit par Mehemet Ali en 1244 de l'hégire , et celuidu palais d'Abdine. Ce dernier contient uni quement des archives de l'ancien Cabinet vice-royal (aujourd'hui royal ); · le premier, les autres archives du même service, plus celle des différents autres dīwan pour la période des années 1805 à 1914. Pour le diwan
du Rouzdāma (service du Journal des allocations en terre , en espèces et en nature, devenu aujourd 'hui le service des pensions), ces archives très abondanles et fort importantes pour l'histoire administrative de l'Égypte , remontent au xvii siècle. Les deux fonds mentionnés plus haut con tiennent environ trois mille registres et trois cent mille documents détachés en langue turque.Un inventaire sommaire rédigé par le signa
taire de ce compte rendu est sous presse au Caire. ALGÉRIE . — Sur les archives turques d'Alger, dont une partie semble avoir disparu pendant la conquête , on trouvera des renseignements dans la Revue africaine (articles de Devoulx et du signataire de ces
lignes ). J'ignore s'il a été conservé des archives ottomanes dans les pays sui vants : Caucasė, Roumanie!", Albanie, 'Iraq , Arabie , Chypre, Rhodes , Tripolitaine, Tunisie .
Quant aux archives turques conservées en Turquie, nous ne pouvons en parler dans ce compte rendu déjà trop long ("). Bornons-nous à dire qu'elles ont fait l'objet de nombreux articles dans la Revue hislorique
turque, par Safvet (mort le 13 décembre 1913), feu ‘Abd-ur-Raḥmān (1) Cf. cependant l'article de M . N. Bånescu dont il est question plus bas , p . 348 , 1 . 1.
(2) Voir sur les archives turques notre article « Turquien dans Histoire et historiens depuis cinquante ans , recueil publié à l'occasion du cinquantenaire
de la Revue historique, Paris, Alcan , 1927, t. 1, p. 438 à 454.
348
OCTOBŘE-DÉCEMBRE 1930.
Šeref, Mehemed 'Ārif, Halīl Edhem , Ahmed Refīķ , Mükrimin Halil, 'Osmân Ferid et Mehemed Gālib. En résumé, c'est la Hongrie qui a fait le plus pour l'étude des docu
ments turcs.(") Aussi était-il naturel qu'un Hongrois tentât une synthèse dans ce domaine. C'est ce qu'a fait M . Fekete.
Cette synthèse est renfermée dans les 67 pages de la partie théorique
( Theoretischer Teil)de l'Einführung in die osmanich-türkische Diplomatik , le reste de l'ouvrage étant intitulé Urkunden (Documents ). Cette partie théorique comporte elle -même l'avant-propos (Vorwort) déjà cité de
M . Csánki (p. v et vi); une préface de M . Fekete ( vui à ıx ); une Palão
graphischer Teil (1 à xxvm ) qui comprend les subdivisions: Das Papier (x à xil), Die äussere Einteilung der Urkunden (XII à xm ), Die Schrift
(xu à XXII), Die Schreibwerkzeuge ( xsi à xxV ), Verzierung der
Schrift ( xXIV à xxv), Die Abkürzungen ( xxv à xxvi), Das Siegel (xxvi à XXVII), Das Verpacken der Schriftstücke (xxvii à xxvi ); une Diploma tischer Teil, dont nous reproduisons la table des matières : Allgemeines über die Urkunden .. .. .. 1. Weltliche URKUNDEN . . . . . . . . . .
.. .
XX
Die Sultansurkunden .. . . · a . Der Name- und Hükmtypus . . b. Der Berāt. . . . . . . . .
a . Der Telhīs. . . . . . . . . . . . . . .
XLVI XLVII XLVII
b. Der Mektūblypus; die Erlässe.. ... . .
XLVIII
Die Schrifstücke der Oberbeamten der Zentralregierung . Schriftstücke der Beamten mit besonderen Befugnissen . Schriftstücke der Bejlerbejs. .. . .. .. .. . a. Die amtlichen Sendbriefe der Bejlerbejs . . . .. . . . . . .
LI LII LII
(1) Jacob a donné une bibliographie des publications européennes relatives
aux documents turcs dans son Hilfsbuch , Berlin , 1917, p. 54-56. Voir aussi
douze titres ajoutés à cette liste par Babinger dans les Mitteil. zur osm . Geschischte , I (1921-1922), p. 171-172 (relatives à des publications de docu ments turcs en fac-similé) ; on peut y ajouter : 1° Jan GRZEGORZEWSKI, Dwa fermany z w. XVI z dziejów handlu polsko-tureckiego (Deux firmans du Xviºsiècle relatifs au commerce turco -polonais ), Cracovie , 1917, 39 pages, extrait du Rocznik orientalistyczny ; 2° V . Smirnov, Obraztsi... (Chrestomathie
ottomane en russe ), Saint-Petersbourg , 1891, 15e édit., fac-similé d'un firman de 1558 relatif à la Crimée ; 3° N . Banescu , Opt scrisori turcesti ale lui
Mihnea II « Turcitul, , București, 1926 (Academia Romana, Memorüle Sec tiunii istorice , Seria III , t. VI, Mem . 8 ), 15 pages et 8 planches : huit docu ments de 1584 provenant des archives de Venise et traduits en roumain par
D . G . logu ; 4° BABINGER , Aus Südslaviens Türkenzeit, Berlin , 1927.
COMPTES RENDUS. b. Die Verordnungen ; der Bujuruldu .. ... .
349 LIV
Die Schriftstücke der niedrigeren Provinzbehörden .. .. . .
LV
Die Kopien . . . . . . . . . . . . . . . . . .. Der Defter.. . . . .
LVII LVIII
Die Bittschriften , Eingaben, Meldungen. ..
LIX
Die Sendbriefe von Privatpersonen . .. . Schriften der tatarischen Hāne. .. II. GEISTLICHE URKUNDEN. . . .. . . .. .
LX LXI
LXII LXII
Die Schrittstücke der ķādīs . ... Der Vakf-nāme le .. .. .. . .. .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Das Fetvā . . . . . . . . . . UNDEN .. . STIL UND AUFBAU DER URKUNDEN
LXIII LXIII
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
......
LXVI
Cette table des matièresmontre que M . Fekete a essayé de composer unesynthèse assez vaste. Si, comme semble d'ailleurs le faire l'auteur lui
même (p. vui à 1x ), on considère l'étendue de la tâche qui attend encore les érudits dansce domaine, une semblable tentative est forcément appelée
à se périmer dans l'avenir, mais ce n'était pas une raison pour ne pas l'entreprendre . Aussi l'Einführung sera-t-elle la bienvenue, ainsi que les travaux de M . Kraelitz qui l'ont précédée (").
M . Fekete s'en est tenu, avec raison, à la diplomatique ottomane, mais il va de soi que quand celle-ci sera mieux connue, il faudra élor gir le sujet par des comparaisons avec les diplomatiques auxquelles elle a fait beaucoup d'emprunts, c'est-à-dire la persane et l'arabe. On sait que pour cette dernière nous possédons un traité et un répertoire excellent
dans le Subh-el-A'šā de Qalqašandi, 14 vol. gr. in -8°, le Caire, 1913 1918. Sans aller si loin , l'auteur aurait pu signaler un modeste mais hono rable prédécesseur dans Herbin ( Essai de calligraphie orientale, formant
appendice à ses Développemens des principes de la langue arabe moderne, (1) En dehors des Osmanische Urkunden déjà cités , nous devons à ce der nier des articles parus dans les Mitteilungen zur osm . Geschichte : Die Tugra der osmanichen Prinzen (I, 167-170); Legalisierungformeln in Abschriften osmanischer kaiserlich Erlässe und Handschriften (II, 137-146 ); Die Handfeste (Penče) der osman. Wesire (II, 257-268). C'est également lui qui a publié d 'après un manuscrit de Berlin les documents ottomans les plus anciens connus (ceux qui ont été édités par Feridun Bey étant apocryphes ) : ce sont quatre berát émanant des premiers princes osmanlis et datés des années 759 , 787, 788 et 865 de l'hégire (dans la Revue historique turque, 50 année, p. 242 à 250 ).
350
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
Paris, Baudouin , 1803, p. 291 à 250, avec planches ). Cet ouvrage aurait dû être au moins ajouté à la liste figurant p. II , a , , 1, de même que l'ouvrage de Reinaud sur les Monuments arabes, persons et turcs du cabinet de Blacas (Paris , 1828 , 2 vol.) aurait dû être cité dans
la note sur les cachets (p. XXVII,a , n . 1). M . Fekete a utilisé par contre plusieurs sources inédites, comme des manuscrits du Musée national hongrois, des archives de Vienne et de la Bibliothèque (Millet) de feu Ali-Emiri à Stamboul, Les titres de ces
derniers sont seuls indiqués. Ce sont : n° 1101/2162, Meimū'a-i-akval i-ahar ve mürekkeb ve kyaġid boyalarï Traité sur l'empois , l'encre et
les couleurs de papiers ; nº 1096, Hüşn -i-ha !t risālesi a Traité de calli graphien ; nº 1108/2129 , Tezkere-i-hattațān.
Les elķāb ou formules d'appel et de titulature sont reproduits d'après
le Qanūn -nāme de Mehemed II publié dans la Revue historique turque, comme supplément, en 1330 (1911- 1918 ),mais pourraient être com
plétés soit d 'après les documents eux-mêmes , soit d 'après d'autres listes
qu'on trouve dans d'autres qānūn et dans les recueils d'inšā . Quant aux vingt et un documents déjà publiés dans le premier fasci
cule et qui sont le commencementde l'ouvrage proprement dit, ils sont datés des années 1536 à 1575 (l'ordre chronologique n 'est pas stricte ment observé). Les numéros 2, 5 et 6 sont des écrits de Soliman le Magnifique à Ferdinand ler d'Autriche, Le numéro 13 , du même à Maximilian 14 , Les autres signataires sont : le grand -vizir Ayas pacha , divers Beylerbeyi de Bude, Sandjak bey (ou mīr-livā) et qādi de Hongrie.
Ces documents se classent ainsi par leur provenance : neuf sont aux Archives de Vienne (nº 1 -3 , 5 -8 , 12 et 13), sept à celles de Debrecen
(n” 10, 11,14 , 15 , 17, 19 et 90 ), quatre à Gyöngyös ( n° 4 , 9 et 21), un à Budapest (nº 16 ) et un à Jászberény (nº 18). Ils sont publiés avec le plus grand soin , décrits avec précision et annotés. Les particularités et les défaillances de l'écriture et de l'ortho
graphe sontminutieusement relevées. La disposition typographique est élégante et claire et la traduction allemande, pour la plus grande commo dité du lecteur, est placée en regard du texte turc , en deuxième colonne sur la même page. Les fac- similé de tous ces documents figurent sur seize belles planches volantes,mais réunis dans un carton.
Les difficultés du déchiffrement ont été surmontées avec succès et les noms propres hongrois et occidentaux qu'il est souvent si malaisé
d'identifier sous l'écriture arabe, ont été soigneusement restitués . Aussi , dans l'ensemble , je ne crois pas qu'il y ait aụcune critique
COMPTES RENDUS.
351
importante à formuler et je me bornerai à quelques observations de détail.
L'auteur, qui relève régulièrementen note les négligencesdans l'ortho graphedesmots arabes , aurait dû signaler également les graphies comme
Jäsel (p .5 , 1. 17 "")), Astail ( ibid. I. 1), au lieu de Jäsl, dood . 11 a par contre trop tendance, peut-être, à corriger l'orthographe turque. Elle n'a jamais été assez fixe pour autoriser les notes ou correctifs commençant par le mot richtig (l'auteur semble d'ailleurs s'en être rendu compte, puisqu'il n'a pas tardé à remplacer ce mot par stått, moins affirmatif).
Il n'est donc pas expédient de corriger les scriptiones defectivae est, Dyj! ( p. 7 , 1. 3 , 8 , 9 ), jäl ( p . 8 , 1. 12), yus ( p. 8 , 1, 14 ) an scriptiones plenae (ou phonetische [1] Schreibform , comme dit l'auteur, p . 11, n . 1 ).
La correction proposée p . 5 , n . 1 (1" document) introduit même une erreur grammaticale là où il n'y en avait point: il faudrait, si l'on sui vait M . Fekete ,mettre dans le texte le passif ble au lieu de l'actif love (cf. p. 6 , 1, 19 : lola ). Par contre , la graphie ) اكيدكp . 17, l. a ) pour ( آكلادق ) اكندقast une fauto , incontestablement , même pour une orthographe mal fixée, et aurait dû être signalée comme telle. P . 7, D. 2 : il est normal qu'on sépare la conjonction ki de la préposi tion qu 'elle introduit ( cf, notre Grammaire turque, $ 956 ). P . 10 : la note 3 manque de précision.
P. 15 , 1. 17 : la forme School chino méritait aussi d 'être signalée comme fort curieuse , la combinaison du suffixe -(y )iği ( employé jel, manifestement, comme substitut de -(y)eğek ) avec iken étant rarissime ( je confesse d 'ailleurs ne l'avoir pas mentionné non plus dans la gram maire déjà citée). P. 17, n , 1 : Rim papa est pris ici non dans le sens de pape (de
Rome)" ,mais de eRome, tout simplement. Ce passage m 'engagerait même à être plus affirmatif dans ce sens que je ne l'ai été dans mes
Chansons des janissaires d'Alger (Mélanges René Basset, II , p. 97, n. 1). P . 24 , 1. 8 : Budapest était en effet, avec l'Égypte et Diarbekir, le
seul endroit à fournir des gönüllü (Revue historique turque, 8 année, p . 7 , 1. 5 d'en-bas). P . 30, n. 6 : il n 'est pas exact de dire que le mot gāzi était un r Titel niederen Ranges ». Ce mot correspond au terme laudatif français de guerriers , sans aucune acception de grade. (1) D'après le dénombrement des lignes de l'original du texte turc.
352
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
Les notes 2 de la page 9 et 5 de la page 19 comportent des renvois
à néant (les noms des mois chrétiens qu'elles visent avaient été intro
duits par les Grecs dans l'usage turc pour désigner parfois les mois solaires).
Répétons-le, ces quelques inadvertances ou imprécisions de détail, peu nombreuses d'ailleurs , n'enlèvent en rien de sa valeur à ce très consciencieux travail, dont tous les turcologues et les historiens soubai
teront, avec nous, de voir paraitre la suite.
P . S . – Depuis que ce compte rendu est sous presse, un certain nombre d'ouvrages déjà annoncés ou entièrement nouveaux ont eu le temps de paraître. Tels sont :
Asad Jibrail Rustum , Materials for a corpus of arabic documents rela ting to the history of Syria under Mehemet Ali Pasha , American Press, Beirut, 1930 , vol. I. Political papers for the year 1247 a. b . june 12 , 1831 to may 31, 1832. IX -139 pages in -8° (cf. plus haut, p. 346 ).
Helmuth Scheel, Die Schreiben der türkischen Sultane an die preus sischen Könige in der Zeit von 1721 bis 1774 und die ersten preussischen Kapitulationen vom Jahre 1761. Zum ersten Male auf Grund der im Preussischen Staatsarchiv zu Berlin -Dahlem aufbewahrten Originalur kunden bearbeitet. M .S.O .S., 1930 , 130 pages et 7 fac-similés. Franz Babinger , Bestallungsschreiben Ahmeds III für Chalil Pascha , Stathalter von Tripolis ( Berberei ) vom Jahre 1120/1708 , M .S.O.S., 1930,
8 pages, 1 planche. J. Deny, Sommaire des archives turques du Caire, imprimé par l'impri merie de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire pour la
Société royale de Géographie d'Égypte, 1930 (Publications spéciales sous les auspices de Sa Majesté Fouad Ie"), 638 pages et 56 planches in -8° (cf. plus haut, p. 347 ).
J, Deny,
A . HOHENBERGER . DIE indiscHE FLUTSAGE UND DAS MATSYAPURANA. Ein Beitrag
zur Geschichte der Vişnuverehrung. — Leipzig , 0 . Harrassowitz , 1930; in -8°, XVI-217 pages.
Trois sujets sont traités dans ce livre, l'auteur ayant été porté du premier au troisièmepar le second , véritable centre de son travail , sinon de son intérêt; car le D ' Hohenberger est un missionnaire luthérien
COMPTES RENDUS.
353
soucieux d 'histoire religieuse , et la philologie sanskrite n'a pour lui que la valeur d 'un moyen. Les trois sujets concernent : la légende indienne du déluge, l' exploration du Matsyapurāņa , la religion de Vişņu d'après ce texte .
L 'examen de la légende indienne du déluge, que le titre pourrait faire croire essentiel en cet ouvrage, ne consiste qu'en 25 pages, qui expliquent la curiosité de l'auteur pour le Matsyapurāņa . Plusieurs
excellents travaux ont été déjà consacrés à ce sujet, et il ne restait qu'à indiquer la place du M . parmi les documents qui en traitent. Voici sur ce point la conclusion qui s'impose à la suite des confrontations : la légende du déluge, sans doute empruntée aux Sémites, fut de plus en plus incorporée à la religion de Vişņu . Dans le Çatapatha Brāhmana le poisson , matsya, qui intervient miraculeusement auprès du Noé indien , Manu , n'incarne encore aucun dieu particulier. Dans le Mahā bhārata il se révèle comme Brahmā. Dans le M . le rôle de Brahmā se
borne à exécuter le væu de Manu , mais le poisson est Vişņu lui même ( 24 ).
L'étude critique du M . le situe parmi la littérature purânique, dresse le bilan de son contenu, recherche ses sources et ses connexions avec les principaux ordres de production classique. La rédaction , imputée à Vyāsa , ne saurait être antérieure à la fin du ve siècle de notre ère , car
mention est faite des Huns parmi les dynasties. L 'auteur a procédé avec mélbode et sûreté. La troisième partie comprend toute la seconde moitié du livre ; elle
fournit une contribution importante à l'investigation du Vaişņavisme. A propos des divers aspects de la légende de Vişņu on mesure l'écart qui sépare le contenu des texles antérieurs, des assertions présentées par le purāņa. Entre le Vişņu védique et la systématisation des avatāras qui lui sont attribués toute une évolution s'intercale.Mais la partie la plus neuve de l'ouvrage consiste en l'enquête ouverte sur le culte de Vişņu (137 180) : les vrata , rites et adoration ( religiöse Übungen ); les libéralités au bénéfice des brahmanes, pradānāni ; la confection et la vénération d 'effigies divines : adhivasāna (Einweihung ) , snānā ou snapanu (Baden ),
sthāpana (Aufstellung) de l'idole ; les temples ; les pélerinages; les sortes de prière. La comparaison avec le Çaivisme est partout sous-jacente, l'auleur ayant eu quelquedessein de faire pour le culte de Vişņu ce que le pasteur Schomerus avait effectué naguère pour celui de Çiva. Travail consciencieux et utile. P . MASSON-OURSEL. CCXVII.
23 IMPRIMERIE SATIONALE
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Giuseppe Tucci. Pre-DINNĀGA BUDDRIST Texts on LOGIC FROM CHINESE Sources. (Gaekwad 's Oriental Series , XLIX ). - Baroda, Oriental Institute ,
1929, in -8°, xx + 40 + 32 + 89 + 91 pages.L'exploration de la logique indienneaccomplitderemarquables progrès. Stcherbatsky a vu juste , en signalant dans leur ensemble les connexions entre les théories de brahmanes et de bouddbistes ; par exemple en devi nant le rôle de l'idéalisme mahāyāniste dans la constitution des logiques
tant orthodoxe qu'hétérodoxe. Il restait à descendre dans le détail des textes , pour préciser, à travers simililudes et différences , des filiations. G . Tucci s'y emploie avec autantde succès que de courage. Ce livre est un recueil de travaux sur la base desquels l'auteur a con
struit une explication historique, Buddhistlogic before Dinnāga ( J. R.A .S., July 1929, 651), esquisse de l'évolution logique depuis Nāgārjuna jusqu'à Vasubandhu , avec le 1ve siècle pour centre. Tucci a étudié d'assez près le Tarkaçāstra et l'Upāyahrdaya pour opérer la restitution de leur texte sanscrit. De la Vigrahavyāvartāṇī, composée par Nāgārjuna , il donne d 'après la version tibétaine une traduction anglaise ; et il en
ajoute une du Çataçāstra, dont il avait , dès 1925, publié une version
italienne ( Studi e materiali di storia delle religioni , vol. I). D 'excellentes notes accompagnent ces divers textes. Il résulte des recherches de Tucci que la logique du Grand Véhicule a ses premiers principes dans le Lankävatära et dans la Prajñā Pāra
mitā , puis s'élabora chez Nāgārjuna et Āryadeva dans la lignée mādhya mika, chez Maitreya (personnage historique ) et Asanga dans la lignée
yogācāra, pour aboutir seulement sous sa forme dernière à l'épistémo logie de Dignāga et de Dharmakirti, si bien étudiée par Stcherbatsky.
Des règles de vāda (ou vivāda) s'imposèrent de bonne heure aux discus sions entre écoles ; chaque secte devait posséder les siennes. Le Japonais
Ui a montré quelle étroite connexion relie l'Upāyahrdaya et la samhitā de Caraka ; l'Allemand Ruben a comparé ces textes aux sūtrasdu Nyāya.
A la suite de ces deux « Forschers, et avec une possession très sûre du canon bouddhique chinois, Tucciamorce une critique des sources du Nyāya classique , constitué en partie par greffe sur le vieux tronc vai
çeşika , en partie par réaction contre la logique bouddhique , dont le principal adversaire avoué était le système des Vaiçeşikas. P. MASSON-OURSEL.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
TABLEAU DU CONSEIL D'ADMINISTRATION CONFORMÉMENT AUX NOMINATIONS FAITES DANS L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALB
DO 12 JUIN 1930.
BUREAU. PRÉSIDENT.
M . Sylvain Lévi. VICE- PRÉSIDENTS.
MM. P. Pelliot, W .Mançais. SECRÉTAIRE.
M . E. BenvenisTE. RÉDACTEUR-GÉRANT DU JOURNAL ASIATIQUE.
M . Gabriel FERRAND ; M . R. Grousset, adjoint. BIBLIOTHÉCAIRE. M . L . Bouvat. TRÉSORIER ,
M . J. Bacot. 23 .
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
356
COMMISSAIRES DES FONDS.
MM. GAUDEFROY-DEMOMBYNES, MacLER , GRENARD. MEMBRES ORDINAIRES DU CONSEIL ÉLUS POUR TROIS ANS.
MM . CARRA DE Vaux , FOUCHER , MELLET, PRZYLUSKI, A .-M . BOYER ,
DE Genouillac, H .MASPERO, THOREAU-Dangin , élus en 1928 . MM. Dussaud , J.- B . CHABOT, ALLOTTE DE LA Fuře, MoRET, CONTENAU
Paul Boyer ,Massignon , Deny, élus en 1929. MM . Nau , Calaton , Ferrand, Hackin , Bloch , Isidore Lévy, Massé , N ., élus en 1930. CENSEURS
élus par l'Assemblée générale pour 1930-1931.
MM . Meiller, DUSSADD.
COMMISSIONS.
COMMISSION DU JOURNAL ASIATIQUB.
MM . Sylvain Lévi, Pelliot, Marçais , BENVENISTE, FERRAND, membres de droil ; — Moret, Mellet, THUREAU-DANGIN , FOUCHER, H . MASPERO ,
membres élus par le Conseil parmi ses membres. COMMISSION DE LA BIBLIOTHÈQUE élue par l'Assemblée généralo parmi les membres de la Société.
MM . CABATON, FERRAND, MACLER , HACKIN , Masson -OURSBL , N .
LISTE DES MEMBRES SOUSCRIPTEURS, PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE, À LA DATE DU 31 DÉCEMBRE 1930.
Nota. Les nomsmarqués d'un sont coux des Membres à vio .
M . Abbas Egubal . [1928.] ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET Belles -LETTRES, quai de Conti, 23, à Paris ( vrº). M . ÆŠKOLY-WEINTRAUB. (1927.)
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
357
MM. AHMED ZEKI Pacha ( Sou Exc.), ancien secrétaire du Conseil des ministres, Bibliothèque A. Zeki Pacha , Kubbet el-Ghouri, au Caire (Égypte ). [1991.)
Akashi( E .), rue Vasco-de-Gama,61, à Paris (XV°). [1930 .] *ALLEN ( W . E . D . ), Buckingham Gate , 23 , à Londres. (1930.]
ALLOTTE DE LA Fuïs , colonel du génie en retraite , correspon dant de l'Institut , rue d 'Anjou , 2 , à Versailles (Seine-et-Oise ). [1884.] ALPHANDÉRY (Paul), directeur d 'études à l'École pratique des
Hautes Études, rue de la Faisanderie, 104 , à Paris ( xvi ) [1930.] ARCHAEOLOGICAL COMMISSIONER ( The), à Anuradhapura (Ceylan ). [1927. ) MM . ASSIER DE POMPIGNAN , capitaine de frégale , Villa des Acacias , à Tamaris-sur-Mer (Var ). [1894.) AUTRAN ( C .), rue des Colonies, 14 bis, à Paris (xinº). [1925. ] *Bacot (Jacques ), quai d 'Orsay, 31, à Paris (vnº). (1908.) BAGCAI (Prabodh Chandra ), University of Calcutta ( Inde Britan nique). [1924.]
BAILLET ( Jules ) , agrégé des lettres , ancien membre de l'Institut
français d'archéologie orientale du Caire, rue d'Illiers, 35, à Orléans (Loiret ). [1904 .] BAÏRAKTAREVIĆ (le D ' Fahim ) , à Belgrade (Yougoslavie ). [1923.] Balet (J.-C .), rue du Mont-Cenis , 59 , à Paris (XVIII"). 1931.] *BARTHOUX (Jules ), rue de Jussieu , 39 , à Paris (vº). [1929. ) *BASMADJIAN (K .- J.) , directeur de la revue arménienne Banasér, rue Gazan, 9 , à Paris (XIV°). [1901.]
“Basset (André), professeur à l'Institut des Hautes Études maro caines, à Rabat. [1922.] Baudouin ( Robert), administrateur-adjoint, à Aïn -M ’lila (départe ment de Constantine] ( Algérie ). (1930.]
Becher ( Louis), chef du Service de l'Interprétariat, à la Direction générale de l'Intérieur, à Tunis. [1930. Bel ( Alfred ), directeur de la Médersa , à Tlemcen [ département d 'Oran ) (Algérie ). [1900.]
*BELVALKAR (Shripad Krishna), Assistant Professor, Deccan College, à Poona (Inde Britannique). [1913.) BENHAMOUDA (A .) , chargé de cours à l'École des langues orientales vivantes , avenue de la Grande -Armée , 30 , à Paris ( xvu") . [1926. ]
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930. MM . BENVENISTE ( Émile ), directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études, square de Port-Royal, 11, à Paris( x11"). [1921.] 358
Béripzé ), 1docteur , Paris ).( Béri 53,à(Chalva 893.) dièsplolettres, eans (G me decorisboulevard (13 ) blog dSaint-Germain 153, à Paris (viº). [1923.] M " Berthet (Marie ). [1893.] MM .*BESSIÈRES (René), élève diplômé de l'École du Louvre, rue du
Faubourg-Poissonnière , 155, à Paris ( ox"). [1906 .] *Bézago (Louis), cours d'Aquitaine , 61, à Bordeaux (Gironde). (1920.] BIBLIOTHÈQUE AMBROSIENNE , à Milan (Italie ).
BIBLIOTHÈQUE CANTONALE ET UNIVERSITAIRE , à Fribourg ( Suisse ). (1995.) BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ , à Utrecht (Hollande ).(1876. ]
BIBLIOTHÈQUE DE L 'UNIVERSITÉ Royale , à Lund (Suède ). ( 1925.] BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE , à Alger . [1883.]
BIBLIOTHÈQUE VATICANE , à Rome. (1911.] MM .*BIGARRÉ (René), rue de Bièvre, 28 , à Paris (vº). [1918.] BITON (Lucien ), rue Houdart -de - la - Motte , 8 , à Paris (xvº).
(1929 .) BLACHÈRE (R .), professeur à l'Institut des Hautes-Études Maro caines , à Rabat (Maroc). [ 1931.]
BLAKE (Robert P.), Harvard Library, à Cambridge (Massachu sets ] (États-Unis ). (1923.] BLOCH (Jules ), professeur à l'École des langues orientales , direc teur d'études à l'École pratique des Hautes Études , rue Mau rice-Berteaux, 16, à Sèvres (Seine-et-Oise ). [1908.]
BLONAY (Godefroy Dr ), château de Grandson (Vand) (Suisse ). [1890.] BOGDANOV ( L .), Santiniketan , P. O ., Birbhum Distt., Bengal ( Inde
Britannique). [1927. ] *BOISSIER (Alfred ), LeRivage, à Chambésy , près Genève (Suisse ).
(1892.] BONIFACY (A .) , lieutenant- colonel, avenue du Grand -Bouddha, 73 ,
à Hanoï (Tonkin ). [1906.7 BOReux (Charles ) , conservateur au Musée du Louvre , rue de l'Uni versité, 3, à Paris ( viº). [1929. ) BOROWSKI ( Paul). [1925. ]
Boulos (Michel-Farès), docteur en droit,ancien magistrat, à Tar tous (Syrie ). (1929. ] Bounan ( Sauveur) , diplômé de l'École des langues orientales vi
vantes. [1925 .]
359 SOCIÉTÉ ASIATIQUE. M " BOURBON-ORLÉANS (la princesse Françoise-Marie de ), Windsor Ride, Sandhurst Royal Military College, Camberley, Surrey (Angle
terre). [1928 .] MM . Bouvat (Lucien ), rue de Seine ,63, à Paris (vi'). [1899.] Boyer (A .-M .) , rue du Bac, 114 , à Paris ( vuº). BOYER (Paul ), administrateur de l'École des langues orientales
vivantes , rue de Lille, 2 ,à Paris (Virº).[1907.) M " Boyer (Suzanne), rue Las-Cases , 15 , à Paris ( virº). [1931.]
MM . Bricteux (Auguste ), professeur à l'Université , à Liége ( Belgique ). (1925. ]
BRUNEL (Louis ), contrôleur civil, à Meknès (Maroc ). [1928 .] Me Brull (Odette ), attachée au Musée Guimet, avenue de Messine ,
10 , à Paris ( VIII ). [1931.) MM . Brunot (Louis ), docteur ès lettres , chef du Service de l'enseigne ment des indigènes , à Rabat (Maroc). [1921.]
BUDGE (E. A. Wallis ), Litt. D. F.S. A., Blomsburg Street,48, Bedfort Square , à Londres. (1884.]
Bunot (Jean ), rue Gustave-Zédé, 4 bis , à Paris (XV1°). [1930.]
Burnay , Suriwongse Road , 3594 , à Bangkok (Siam ). [1998.j M " BUTENSCHOEN (A . ) , Vettakollen , par Oslo (Norvège).[1894.] MM . CABATON (Antoine) , professeur à l'école des langues orientales
vivanles et à l'École coloniale ,rue François-Bonvin , 21, à Paris (xv°). [1897.] CADIÈRE ( L . ), missionnaire, à Hué ( Indochine ). (1903.1 CANARD (Maurice), professeur à la Faculté des Lettres , cottage Sainte-Anne , cité Fournier, à Alger. (1923.] CANTINEAU (J. ) , licencié ès lettres , Boustan el-Heboubi, à Damas
(Syrie). (1927.] *Chabot (l'abbé J.-B .), membre de l'Institut, rue de Paris , 127, à Boulogne-sur-Seine ( Seine). (1892.] Chaine (l'abbé Marius ), à Sevignac -sur- Save (Haute -Garonne). [1913.) CHAKRABARTY (N . P.) , 253 Shabanagar Road ,Kalighat, à Calcutta (Inde Britannique). (1925.]
CHAKRAVERTY ( Sukumar ), B . A ., B . Sc., Lincoln 's Inn , 1, å Lon dres. [1929.)
CHAMBARD (Roger ), élève interprète à la Légation de France , à Addis-Ababa (Abyssinie ). [1997.] CHARPENTIER (Jarl), professeur à l'Université, à Upsal (Suède).(1999. )
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
360
MM . Chatila (Khaled ) , boulevard Jourdan , 5 , à Paris ( XIV°). [ 1930 .] CHATTERJI (B . R .), M . A .,Meerut College, à Meerut, U . P . (Inde
Britannique). [1925 . ] CHATTERJI ( Suniti Kumar), professeur à l'Université , Sukea's Road , 3 , à Calcutta ( Inde Britannique ).
Mºe Chauvin (Lucie ), rue Las-Cases, 15, à Paris (VII°). [1931.] MM . CHRÉTIENNE (L .-A.), rue Florian , 5 , à Antony ( Seine-et-Oise ). [1930.]
*CILLIÈRE ( Alphonse ), ministre plénipotentiaire , place des Pré cheurs, 10, à Aix-en -Provence (Bouches-du-Rhône). (1887.) *CLARK ( W . Eugen ), professeur à l'Université de Harvard , Cam bridge,Mass. (États-Unis).
COEDÈS (George ), directeur de l'École française d 'Extrême-Orient , à Hanoï (Tonkin ). [1906.7 *Cohen (Marcel), directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études, professeur à l'École des langues orientales vivantes , rue Joseph - Bertrand, 20 , à Viroflay ( Seine - et - Oise ). (1911. )
Cohn (Mare), rue Vauquelin , 9 , à Paris ( vº). [1927.) *Colin (Georges-S.), professeur à l'École des Langues orientales vivantes,rue de Poissy , 15 , à Paris (vº). (1925.]
COLLÈGE français de Zi-Ka-Wei, par Shanghaï (Chine). [1898.] MM . COMBE (Étienne), avenue du Prince Ibrahim , 95 , Sporting, à
Ramleh (Égypte ). [1905.] CONTENAU (le Di Georges ), conservateur adjoint au Musée du Louvre, place Vintimille , 8, à Paris (ixº). [1913.) *Conti Rossini (Carlo ) , correspondant de l'Institut, dott. comm . , via di Villa Albani, 8 , à Rome (XXXIV). (1909.] *COOMARASWAMY (Ananda ), Museum of Fine Arts , à Boston , Mass .
(États -Unis ). [1921.] Mme Corral (la comtesse de), rue de Vaugirard , 58 , à Paris ( viº).
[1930.] MM . COUR (Auguste ), professeur de la chaire d'arabe, à Constantine
(Algérie ). (1905.] Courant (Maurice ) , consul de France , professeur près la Chambre de commerce de Lyon , professeur à l'Université de Lyon , che
min du Chancelier, 3, à Écully (Rhône ). [1891.] COURTILLIER (Gaston ), chargé de conférences à la Faculté des
Lettres , avenue des Vosges, 67, à Strasbourg ( Bas-Rhin ). [1924.]
SOCIÉTÉ ASIATIQUÊ.
361
M® Croï (la duchesse de ), rue des Marronniers , 14 , à Paris (XVI ). (1929.)
M . CUENDET (Georges ),Miremont, 18, à Genève (Suisse ). [1922.] Mile Cuisinier (J.), rue Robert-Estienne, 5 , à Paris ( v11 "). [1930 .] MM . Cumont (Franz), membre de l'Institut, avenue Kléber, 13, à Paris ( xviº). [1920. ] Cuny ( A . ), professeur à la Faculté des Lettres, rue Raymond
Lartigue, 7 , à Bordeaux (Gironde). (1990.)
*DARRICARRÈRE ( Théodore Henri), numismale , à Beyrouth (Syrie ). (1895.] DAUTREMER ( Joseph) , consul général de France , professeur à l'École des langues orientales vivantes , place de l'Église , 26 , à Bièvres (Seine-et-Oise ). [1919.) DELAPORTE (Louis) , docteur ès lettres , licencié ès sciences , rue Saint-Guillaume, 26 , à Paris (vnº). [1908.]
DEMIÉVILLE (Paul), rue Mignard , 4, à Paris (X VE").[1919. ] Deny (Jean ), professeur à l'École des langues orientales vivantes, rue d'Ulm , 2, à Paris (vº). [1904.]
*Dessus LAMARE-LEENHOFP (A .), villa Minerva, parc Fontaine- Bleue , Mustapha-Supérieur, Alger. [1912.) DESTAING (Edmond ), professeur à l'École des langues orientales
vivantes , voie de Chalais , 47, à l'Hay-les-Roses (Seine). (1906.] M " Devonshire ( R . L .) , El-Maadi, au Caire. [1928. ]
MM . DIEDRICHSEN ( Th .), c/o American Express Co. , rue Scribe, 11,à Paris (1x°). (1926 .)
DILLON (Myles ), professeur à l'Université , North Gt. George's Street , , à Dublin (Irlande). [1927. ) DIVEKAR ( H . R .), Professor, Indian Women's University, Poona ,
rue Du Sommerard , 17, à Paris (vº).[1929.] Doin (Georges) , lieutenant de vaisseau , aux bons soins de M . le docteur Verne, rue de Varenne, 38 , à Paris ( v11"). [1925 . ] DOMASZEWICZ (Michel) , Ministère des Affaires Étrangères , à Var sovie (Pologne). (1929. )
Dorville (G .), consul de France en retraite , rue du Pavillon , 30, à Bordeaux (Gironde). [1917 .] Dossin (Georges ), chargé de cours à l'Université de Liége , rue des Écoles, 20, à Wandre , près Liége ( Belgique). [1926. ] DRIOTTON (l'abbé Etienne) , conservateur adjoint des Musées Na
tionaux, Palais du Louvre, à Paris (16"). [1929. )
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
362
MM . DUBARBIER (Georges ), chargé de cours à l'Institutdes Hautes Études sinologiques , rue Eugène-Carrière, 7 bis, à Paris ( XVIII").[1928.] DuBosco (André), rue des Archives , 9 , à Paris (IV ). [1924 .] Ducournau (Christian ), membre de l'Institut français d'archéo logie , Institut français , ambassade de France, Beyoğlu , à Is tamboul ( Turquie ). (1930.]
Duda(D 'H . W .), B. P. 119,d Istamboul-Galata (Turquie). (1926 .] DUFRESNE (G .) , inspecteur de l’Enseignement en Annam , chez
M .Boudon , avenue de la République, 72, à Montrouge (Seine).
r leve dipla :à Constan professeu a e 0 p , 1 , *Dumézil (Georges ), docteur ès lettres , professeur à la Faculté des (1930.]
lettres, Université turque, à Constantinople.(1925 . ] DUMON (Raoul) , élève diplômé de l'École du Louvre , rue de la
Chaise , 10 , à Paris (vuº). [1896.) Dunan (Maurice ), Mission archéologique française , à Djebail (By blos] (Syrie ). [1922.] DUROISELLE (C .) , Superintendent, Archæological Survey, à Man
dalay (Birmanie ).(1905.] DURR ( Jacques ), docteur en philosophie et lettres de l'Université
de Fribourg, rue d'Ulm , 48, à Paris ( vº). [1929.) *Dussaud (René) , membre de l'Institut, conservateur adjoint au
Musée du Louvre, professeur à l'École du Louvre , rue du Boc
cador, 3, à Paris (VIII"). [1899.] Dutauit (Georges), attaché aux Musées Nationaux, rue César Franck , 12 , à Paris ( xv°). [1930.] Dutt (Nalinaksha ), 91/1 B ., Manicktola Street , à Calcutta (Inde Britannique). [1931.]
Duvignau de Lanneau (Léon ), directeur de l'École Duvignau , an cien membre du Conseil supérieur de l'Instruction Publique ,
rue Raynouard , 21, à Paris (xvi"). (1925 . ] Me Edwards ( E. Dora) , Professor of Chinese at the School of Oriental Languages, London Institution , Finsbury Circus, E . C . 2 , à
Londres. [1931.1 MM . Eisler ( le D 'Robert ), rue de Lille, 55 , à Paris ( v11"). (1925.) Elisséev (Serge), ancien professeur à l'Université de Petrograd et à l'Institut de l'histoire des Beaux- Arts, boulevard Pereire , 75 ,
à Paris ( xvii"). (1991.) ESCARRA ( Jean ), professeur à la Faculté de droit de Grenoble ,
avenue Hoche, 4 , à Paris ( var"). [1927. ]
SOCIÉTÉ ASIATIQUE. 363 MM. FADDEGON ( Joban-Melchior), bibliothécaire de l'Union des Arts décoratifs, rue Georges-Lafenestre , g , à Bourg-la-Reine (Seine).
[1921.] * FaſtLOVITCH (le D ' Jacques ), Negach -Israel Street, 26 , à Tel-Aviv
(Palestine ). [1905.] Farès (Édouard ), licencié ès lettres , P. R . 91, à Paris (vº).[ 1 931.]
Faure-Biquet (le général), avenue des Balives, 29, à Valence (Drôme). (1899.] FAVRE (le lieutenanl-colonel Benoit), avenue des Abbesses, 58 , à
Chelles (Seine-et-Marne).(1925 .] Fazy (Robert) , juge au Tribunal fédéral, à Lausanne (Suisse ). (1930.]
FÉGaali (Abdou ), rue Nicot, 39 , à Bordeaux (Gironde). (1928. ) FeQuali (Ms M .- T .), docteur ès lettres, maître de conférences à la Faculté des lettres , rue Pierre-Duhesme, 36 , à Bordeaux (Gi
ronde). [1920 .] "FBRRAND (Gabriel) , ministre plénipotentiaire, rue Racine, 28 ,
à Paris (vrº). [1884.] FERRARIO (le professeur Benigno) , D . $ . D ., Casilla de Correio, 445 , à Montevideo (Uruguay). [1926. ] FERRIED ( Th. ), commissaire de la marine, à l'Abbaye, à Moissac
(Tarn-et-Garonne). [1905.] FÉVRIER (James), chargé de cours à l'École pratique des Hautes Etudes , avenue de Vaucresson , 17 , à Vaucresson (Seine-et
Oise). [1929. ) FILLIOZAT (le D ' Jean ) , assistant des hôpitaux, rue des Fossés Saint-Jacques , 23 , à Paris (vº). [1931.] *Finot (Louis), professeur honoraire du Collège de France ,directeur d 'études à l'École pratique des Hautes Études, villa Santaram ,
montée Queyras, Sainte-Catherine, à Toulon (Var). (1890. ] *FOLLET (René), licencié ès lettres , rue Raynouard , 9 , à Paris ( XVI°). (1930.] FOUCHER (A . ), membre de l'Institut , professeur à la Faculté des Lettres de Paris , rue du Maréchal-Joffre, 15 , à Sceaux (Seine). [1892 .]
Fukushima (N .), Université Impériale , à Tôkyð . [1929.] GALBIATI ( le professeur DiGiovanni), préfet de la Bibliothèque
Ambrosienne, à Milan (Italie). (1930.]
364
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930. M " Gallaud (Marie), statuaire, avenue de Neuilly, 136 bis , à Neuilly sur-Seine (Seine). (1925.] MM . Gallio (E .) , rue de Sèvres , 10g, à Paris ( vrº). [1927. ] GARDNER (Charles Sidney), Higbland Avenue, 148, à Newton
ville, Mass. ( États-Unis).(1925.] Gaudefroy -DEMOMBYNES (M .), professeur à l'École des langues orientales vivantes, rue Joseph -Bara , 9 , à Paris (vrº). [1891.] GAUTHIER (Léon ), professeur d'histoire de la philosophie mu
sulmane à l'Université , rue Naudot, 4 , à Mustapha (Alger ). [1899.]
GenouiLLAC (l'abbé H . DE ), rue du Cherche-Midi,118, à Paris ( v7"). [1907.]
Gérard (Robert), rue Bayard , 16 , à Paris ( virº). [1929.] M “. Getty (Alice ), avenue des Champs-Élysées, 75 , à Paris ( viº). ( 1913.]
MM . GEUTHNER (Paul), éditeur, rue Jacob , 13, à Paris (viº).[1910 .) GIESELER (le D ' G .), médecin à la Compagnie des chemins de fer du
Nord , rue de Chabrol, 31, à Paris (xº). [1918.] GODART ( A .), architecte , directeur général du Service archéolo gique, à Téhéran. [1924.]
GOLOUBEW (Victor de ) , École française d 'Extrême-Orient, à Hanoi Tonkin , [ 1908. ] *GOMPEL (Robert ), diplômé de l'École des langues orientales vivantes , boulevard Berthier, 23 bis, à Paris ( XVII"). (1905.) GOURDON (Henri), ancien directeur général de l'enseignement en
Indochine, professeur à l'École des Sciences politiques, rue de Bagneux, 16 , à Paris ( vrº). [1927. ) GRAFFIN (Ms"), président de la Société antiesclavagiste de France,
rue d'Assas ,47, à Paris (viº). [1888.] Graner (Marcel), chargé de cours à la Sorbonne, professeur à l'École des langues orientales vivantes, avenue Ernest-Reyer , 12 , à Paris ( XIV°). [1920.]
Gray (Louis H . ), professeur à la Columbia University, à New York (États-Unis ). (1925.] GRÉBAUT (l'abbé S .) , professeur à l'Institut catholique, à Neuf
marché ( Seine-Inférieure). [1926. ] GRENARD ( F .) , ministre plénipotentiaire , quai de Béthune, 18, à Paris (1vº). [1896 .] GRIAULE (Marcel ), rue du Château , 82 , à Boulogne-sur-Seine
(Seine). (1927. ]
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
365
MM ."GRIMAULT (Paul), cour Saint-Laud , 14 bis, à Angers (Maine-et Loire ). [1900.] GROSLIER (George) , directeur des Arts Cambodgiens, à Phnom Penh (Cambodge). [1921.]
GROUSSET (René), conservateur adjoint du Musée Guimet, rue Monsieur-le- Prince , 26 , à Paris (vi'). [1924 .] Goy (Arthur), consulgénéralde France, à Smyrne (Turquie).(1909.] HACKIN (Joseph ) , conservateur du Musée Guimet, rue Debrousse , 2, à Paris (Ivi'). ( 1908.]
HADJIBEYLI (Djeyhoun Bek) , membre de la Délégation de paix de l'Azerbaïdjan, rue des Tennerolles, 36 , à Saint-Cloud (Seine-et Oise ). [1922.]
HAGUENAUER (Charles ), Maison franco -japonaise , à Tokyo (Japon ), via Sibérie. [1922. ] Haidar Bey BAMMATE , ancien ministre des Affaires Étrangères de la République du Caucase du Nord , rue François-Coppée , 4 , à Paris (xv°). [1926.] HAMBIS (Louis ), à Ligugé ( Vienne). [1929.] HAMEL ( G .), ingénieur, à Astillero, province de Santander (Es pagne ). (1901.] HAMET (Ismaël) ,interprète-commandant, directeur d'études à l'In
stitut des Hautes-Études Marocaines , rue de Nîmes, 34, à Rabat (Maroc ). [1905.)
HAMMOUDÉ (le D ' Mahmoud ) , directeur du service sanitaire , à La Mecque (Hedjaz). [1926 . ]
HANEDA ( Toru ), professeur à l'Université Impériale, à Kyðto ( Japon ). [1920.]
HANNIBAL (Arcady), avenue de Versailles, 114 , à Paris (xvi"). (1926.]
Hariz (le D ' Joseph ), rue Mélingue , 31, à Paris (XIX°). [1921.1 HEBBELYNCK (M6 Adolphe) recteur honoraire de l'Université de
Louvain , à Meirelbeke, près Gand ( Belgique ). [1891.] Hekmat, rue Chardon -Lagache , 22 , à Paris (XVI"). [ 1930.]
HENTZE (C .), chargé de cours à l'Université de Gand, rue Pijcke , 60, à Anvers (Belgique). [1927.] *HÉRIOT - Bunoust (Louis ) , Librairie Adrien -Maisonneuve, rue de
Tournon , 5 , à Paris (v1°). [1889.1
HÉROLD (Ferdinand), licencié ès lettres, ancien élève de l'École des chartes , rue Thibaud, 11, à Paris (xivº).(1890.)
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
366
MM .*HILGENFELD ( D ' Heinrich) , professeur à l'Université , Fürsten graben , 7 , à Iéna (Thuringe).
Hilmi ÖMER BEY, assistant à l'Université , Faculté des Lettres, à
Stamboul (Turquie ). [1930.] HOLSTEIN (le major Otto ), Reserve United States Army, Apar tado 1833 , à Mexico . [1924.]
M " *HOMBURGER ( Lilias ), docteur ès lettres , chargée de cours à l'Insti. tut d 'ethnologie, rue Duban , 18 , à Paris (XVI°). (1922. ] MM . Hosokawa (le marquis) , membre de la Chambre des Pairs, Takata Oimatsucho , Koishikawaku , à Tokyo. [1927.)
*Huguet (le D '), rue Barrau , 41, à Toulouse (Haute-Garonne ). [1908 .]
HUMBERT-Hesse (J. - M .), ancien directeur de l'Enseignement au
Cambodge , rue de la Redoute, 14 , à Saint-Cloud ( Seine-et Oise ). [1928.]
HUMBERT ( Paul), recteur de l'Université, avenue Jean -Jacques Rousseau , 4 , à Neufchâtel (Suisse ). [1913. ] Hussein Kuan Alâ (Son Exc.), ministre de Perse , rue Fortuny, 5 ,
à Paris (Ivirº). [1927. ) * Hyde (James H.), Pavillon de l'Ermitage, rue de l'Ermitage, 7, à Versailles (Seine-et-Oise ).[1908.] HYVERNAT (l'abbé Henry ), professeur à l'Université catholique
d 'Amérique , 3405 , Twelfth Street (Brookland ), D . C ., à Was hington. (1898.]
Ikowski (Petko P .), licencié ès lettres, élève diplôméde l'École des Langues orientales , rue E .-Pivot , 23, à Sevran (Seine-et-Oise). (1931.] Institut DE CIVILISATION INDIENNE , galerie Richelieu , à la Sorbonne , à
Paris (vº). [1931.] Institut des Hautes ÉTUDES CHINOISES DE L 'UNIVERSITÉ DE PARIS , galerie
Richelieu, à la Sorbonne, à Paris (vº). [1931. ]
Institut Français, Palais Azem , à Damas (Syrie ). [1931.] Institut SÉMITOLOGIQUE DE L'UNIVERSITÉ TCHÈQUE (M . le professeur Dr. R . Ru žička, directeur), Veleslavinova, 96 , à Prague (Tchéco-Slova quie ). (1924.]
MM. ISMAÏL MÉRAT, directeur de l'Office scolaire de la Légation de
Perse , rue Fortuny, 5 , à Paris (xv11"). [1931.) Itang Hsiu , rueLarrey, 17 ,à Paris (vº).[1931.] JABLONSKY ( Witold ), Skrytka N . 11, Lomza (Pologne). (1930.)
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
367
MM , JANKÉLÉVITCH (Léon ), diplômé de l'École des Langues orientales vivantes, rue de Rennes, 53, à Paris ( v1"). [1928. ] :
JAWORSKI ( Jan ) , chargé de cours à l'Université , rue Smolna, 11, à Varsovie (Pologne). (1928. 1
JEAN (le R . P. Charles-F . ), lazarisle , rue de Sèvres, 95 , à Paris (vrº). [1922.] *JBANBERNAT BARTHÉLEMY De Ferrari Doria (Emmanuel ), docteur en droit , avocat , boulevard Chave, Villa Doria , à Marseille ( Bouches-du-Rhône). [1924 .1
* JOHNSTON ( R . F .), C . M . G ., C . B. E., L . L . D . , Commissionner of Weihawei, Government House , à Weihawei (Chine du Nord ). (1920.]
M * • JOLICLER , avenue Kléber, 75 , à Paris ( xvi"). [1931.1
MM . Joliet (le R. P. Jehan ), Prieuré de Sishan , Shunking , Sechuan , via Sibérie (Chine). [1931.1 JOLY (Denys ), élève-interprète à l'ambassade de France , à Tokyð. (1925 .]
Jouveau-Dubreuil (G.), docteur ès lettres , professeur au Collège. rue Dumas , 6 , à Pondichéry (Inde Française). [1914 .] Kak Ramchandra , Archæological Survey of India , à Simla (Inde Britannique). [1919.) KARLGREN (Bernard ), professeur à l'Université , à Göteborg (Suède).
[1920.) M " *KARPELÈS (Suzanne), conservatrice de la Bibliothèque royale , à
Phnom Penh (Cambodge ). [1921.] " MM . Karst ( Joseph ), professeur à l'Université, rue Ohmacht, 9 , à Stras bourg (Bas-Rhin ). [1919.] Kawasé ( K .) , professeur à l'Université, à Kyoto. [1930.] KELLER ( le comte Michel) , Lumen , Saint-Clair, par Le Lavandou (Var). [1931.1
* Kemal Ali, secrétaire d'ambassade. [1899.) KEUPRULU Zadeh Meumet Fouad , doyen de la Faculté des Lettres , Université Turque , à Istamboul ( Turquie ). [1922.] Klimas (Son Exc. P .), ministre de Lithuanie , place Malesherbes , 14 , à Paris ( vwº). [1930.) Koeculin (Raymond ) , présidentdu Conseil des Musées nationaux ,
boulevard Saint-Germain , 14 , à Paris (vº). [1928.) Kowalski( le D ' Thadeus) , professeur à l'Université , Lokietha, 1 ,
à Cracovie (Pologne). (1929. )
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
368
MM . KRAEMER (H .), à Goudokoesoeman , Djogjakarta (Java) ( Indes Néerlandaises ). [ 1921.] KRAMERS (D : J. H .), Hooglandsche Kerkgracht, 21, à Leyde (Hol lande).[1927.) KROM (le Dr. J. N.), professeur à l'Université , Groenhovenstraat, 9 , à Leyde (Hollande). [1930.1
*Kuentz (Charles ), professeur à l'Université Égyptienne, rue Walda Pacha, 6 , Garden City, au Caire . [1919.) *LABOURT ( le chanoine Jérôme), docteur ès lettres, curé de Saint Honoré-d 'Eylau , rue Boissière, 67, à Paris (XVI°). [1903. 7
LACOMBE (Olivier ) ,rue Pierre-Curie , 24, à Paris ( vº). [1929. ) LAJONQUIÈRE (Lunet de ), chef de bataillon d 'infanterie coloniale .
château de La Tenaille , par Saint-Denis-de-Saintonge (Charente 01 . Inférieure).19 [1901.] Mº. Lalou (Marcelle), rue de Seine, 6 , à Paris (vrº). [1921. MM . Lalov (Louis ), secrétaire général de l'Opéra , place de l'Opéra, à Paris (Ixº). [1923.] LANGLOIS ( Pierre ), avenue de Californie , 53, à Nice (Alpes-Mari times. [1922.] Laoust,Mission archéologique , à Damas (Syrie ). (1928. ]
LARTIGUE (J.), lieutenant de vaisseau , Centre d'aviation mari time, à Rochefort-sur-Mer (Charente-Inférieure ). [1920.] LATIF (Qazi Abdul), M . A ., Cololoolla Street, 11, à Calcutta (Inde Britannique). [1913.] LAUFER (Berthold ), conservateur du Field Museum , à Chicago [ Illinois ] (États-Unis ). [1912.] LA VALLÉE POUSSIN (Louis DE), professeur à l'Université de Gand , avenue Molière , 66 , à Bruxelles. (1890.] Law (N .), Amherst Street , 96 , à Calcutta ( Inde Britannique ).
[1911.] M * LAVERGNE ( M .) , boulevard Saint-Germain , 49, à Paris (vº). (1930.] MM . Le Cerp (Georges ), lieutenant de vaisseau, avenue Malakoff, 15
à Paris (xviº). [1914.] LEceRF (Jean ), professeur au Lycée français (Mission laïque), à Damas (Syrie ). (1922.] LECOMTE (G .), ministre de France , à Guatemala (Centre-Amérique).
Aux bons soins du Ministère des Affaires étrangères , bureau
du départ. [1929 .]
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
369
MM . LEDOULA (Alphonse), consul général de France en retraite, Grande rue de Péra , 390 , à Istamboul. (1883.)
LEPŠVRE-PONTALIS (Pierre ), ministre plénipotentiaire, rue Pierre Charron , 14 , à Paris (xvi'). [ 1886 .
LEGRAIN (L .). curateur du Musée de Philadelphie (États-Unis). (1994.) LE HARDÎ DE Beaulieu (Henri ), avenue Marnix , 16 , à Bruxelles.
(1920.] LEHOT (Maurice), professeur au Lycée , à Aix-en -Provence (Bouches du-Rhône). [1929.) LEIBOVITCA (J. H .) , rue Kassed , 17 , Bab-el-Louk , au Caire.[1925 .]
*LERICHE (Louis), consul de France , à Rabat (Maroc ). [1886.] *LE STRANGE (Guy), Panton Street, 63, à Cambridge (Angle terre ). [1873.] Lévi (Sylvain ), professeur au Collège de France, rue Guy-de-la
Brosse , g, à Paris.(vº). [1884.] M® LÉVY (Esther ), attachée au Musée Guimet, rue La Bruyère , 54 , à
Paris (14°). [1929.) MM . Lévy ( Isidore ), directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études, rue Adolphe-Focillon , 4 , à Paris (x1vº). [1904.] Lévy -PROVENÇAL ( E .) , directeur de l'Institut des Hautes-Études Ma
rocaines , à Rabat (Maroc). [1921.] LIBER (Maurice ), professeur à l'Ecole rabbinique, rue Lafayette ,
110, à Paris ( xº). [1910.]
LIGETI (le D' L.), aux soins de M . le docteur Gyula Ligeti,Balassa gyarmat Ton , 3 (Hongrie ). (1926. ) *LINGAT (Robert), conseiller judiciaire du Gouvernement siamois,
963 British Club Lane, à Bangkok. (1927 .) Lo KIAN-Lun, chargé de mission , c/o National University, à Pékin . [1926 .] *Loisy ( Alfred ), professeur au Collège de France, rue des Écoles , 4 bis, à Paris ( vº). (1890.] Loret (Victor ) , maitre de conférences à la Faculté des Lettres ,
quai Claude Bernard , 10 , à Lyon (Rhône).[1920 .] Lorey (Eustache de ) , directeur de l'Institut français d'archéologie et d'art musulman , à Damas (Syrie ). (1923.]
*Lou (Son Exc. J. Tseng-Tsiang René), abbaye de Saint-André, à Lophem -lez-Bruges (Belgique. (1923.]
Lourette (Louis ), prote de la composition à l'Imprimerie natio nale , place de la Madeleine, 6 , à Paris (vinº). [1929. ) CCXVII.
24 IMPRIMERIR YATIONALR .
370
OCTOBRE - DÉCEMBRE 1930.
MM . LUCE (G . H .), Rangoon University, à Rangoon (Birmanie ). (1997.)
Macler (Frédéric ), professeur à l'École des langues orientales vi vantes, boulevard de Montmorency , 1 bis , à Paris (xvi"). (1902.)
.
*MADROLLE (C .), avenue du Roule , 95 , à Neuilly -sur-Seine (Seine). [1900. ] MAIGRET (Roger ), consul de France , à Djeddah (Hedjaz). [1929.) MaisonNEUVE (Gaston ), libraire- éditeur, rue du Sabot, 3 , à Paris (vrº). [1927.] Maisonneuve (Gustave), libraire-éditeur, rue du Sabot, 3 , à Paris ( vrº). [ 1923 .]
M " MANNEVILLE (DE), rue de Varenne , 63 , à Paris (virº). [1930.] MM . MARÇAIS ( Williain ), membre de l'Instilut, professeur au Collège de
France , boulevard Péreire, 99, à Paris ( XVII°). [1898.] MARCHAL (Henri), conservateur des monuments , à Angkor (Cam . bodge). [1927. ]
*MARGOLIOUTH (David Samuel), professeur d'arabe à l'Université , New -College, à Oxford ( Angleterre). [1893.]
MARGOULIÈS (Georges), avenue Kléber, 98, à Paris ( xvrº). [1922.) MARTINOVITCH (M .), Columbia University, Department of Slavonic Languages, à New -York, U . S . A . [1926. ) MASPERO (Georges) , avenue de Wagram , 149, à Paris (XVII" ). (1921. ]
*MASPERO (Henri), professeur au Collège de France , rue Scheffer , 45, à Paris ( xviº). [ 1918.]
Massé (Henri), professeur à l'École des Langues orientales vi vantes , rue Houdan ( en face de la ruede Bagneux ), à Sceaux ( Seine). [1918. ] M " Massieu ( Isabelle ), rue de Prony, 54 , à Paris (XVII ). [1921.]
MM . MASSIGNON (Louis ), professeur au Collège deFrance , rue Monsieur,
21,à Paris (vilº).[1907.) Masson -Oursel (Paul), directeur d'études à l'École pratique des Univer ,c11lu bis, fra à Paris (ixº). [1920.] ei deMilan M Hautes192Études., Krue
-PA ( 6.1
o
s b r
Matsumoto ( N .) , Keio University, Mita , Shiba, à Tokyo. (1927.[ Matsuo (Kuni ), secrétaire du Club franco-japonais , rédacteur en chef de la « Revue franco -nipponen, rue du Débarcadère , 7 , à Paris (XVII°). [ 1927.] Mauss (Marcel), professeur au Collège de France , directeur
371 SOCIÉTÉ ASIATIQUE. d'études à l'École pratique des Hautes Études, rue Bruller, e , à Paris ( XIV°). [1900. ]
MM . Mawas ( Alfred ), rue Fouad 1“ ,82,à Alexandrie (Égypte ).(1917 ) Mawson (C . O. Sylvester). [1910.] *Mazon (André ), professeur au Collège de France, avenue de Suf fren , 140, à Paris (xv°). [1910. ] MEBRWARTH (A .) , Musée ethnographique de l'Académie des
Sciences , à Leningrad . (1927. ) "MEILLET (A . ), membre de l'Institut , professeur au Collège de France, rue de Verneuil, 24, à Paris (v11"). [1890. ) Merger (Samuel) , Society of Oriental Research , à Grafton , Mass.
(États-Unis ).[1928.] Mercier (Gustave), avocat à la Cour d'Appel, délégué financier,
Parc Gatlif,Mustapha-Supérieur,à Alger. [1922. ] Mercier (Louis ), consul général de France , rue Gustave-Doré, 5 , à Paris (xv11°). [1919.] Mestre (Édouard), Institut des Hautes-Études Chinoises , galerie
Richelieu , à la Sorbonne, à Paris (v"). [1928 .] Meunier (Jean),avenue Burdeau , 4 ,à Neuville-sur-Saône (Rhône). (1993. ] M . Meyer (Henriette ), rue Humblot, 10 , à Paris (XV° ). [1994 .]
MM . Michalski-ISVIENSKI (le D St. F .) , Spilalna , 5, á Varsovie ( Po logne). (1923. ] Millor ( le D' ), professeur à la Faculté de Médecine , avenue du Président-Wilson , 14 bis , à Paris (vii ). [1930.) MINORSKY (Vladimir ), ancien conseiller de Légation de Russie ,
square Desnouettes , 8 , à Paris (xv° ).[ 1920 . ] Misconi (Dominique). (1925.] MITROPHANOW (Igor ) , ancien secrétaire de Légation de Russie, Banque russo-asiatique, à Pékin . [1924. ] MOHAMMED Atiya , licencié ès lettres , rue de Cluny, 11, à Paris ( vº ).
[1930.] Mohammed Torki, chefdu bureau des traductions à l'Administration des Habous, rue Dar El-Djeld , 37, à Tunis. [1922.] MONTAGNE (Robert) , directeur de l'Institut français , à Damas
(Syrie ).(1931.) Monet (Alexandre ), membre de l' Institut, professeur au Collège
de France , directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études , rue Vaneau , 54 , à Paris ( vuº). [1902.]
Me MORGENSTERN (Laure ), rue de la Cure, 4 , à Paris (xviº). [1931.] 24 .
372
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
MM. Mossé ( Jean ), professeur au Lycée Galliéni, à Tananarive (Mada gascar ). [1930.] MUKHERJI ( S.) , aux soins de MM .Grindley and Co., Hastings Street, à Calcutla ( Inde Britannique). [1924 . ] MUKrimin Khalil Bey, bibliothécaire de l'Institut d 'histoire turque ,
Palais de la Préfecture, à Constantinople. [1926.] M " Murat (la princesse Achille ), avenue Montaigne, 51, à Paris ( VIII°). [1928.] MM. *Mus ( Paul), membre de l'École française d'Extrême-Orient, à Hanoï ( Tonkin ). [1925 .] Mžik (D ' Hans von ), bibliothécaire adjoint à la Bibliothèque natio nale , Leopold Müllergasse , 1, à Vienne. (1907. ) "Nao (l'abbé F .) , docteur ès sciences mathématiques , professeur d 'analyse à l'Institut catholique, rue de Vaugirard , 74 , à Paris
(vrº). [1896 . ]
NÉMETH (Jules ), professeur à l'Université , Muzeum Körut, 6 , à Budapest (Hongrie). (1925 .] New York Public LIBRARY, à New York . MM , Nicolas ( A .-L .-M .), consul général de France , rue Henri-Rivière ,
10 , au Perreux (Seine ).(1898.] Nicolas (René) , professeur à l'Université Chulaļānkaraṇa, à Bang
kok. [1995.] NIKITINE (Basile) , consul de Russie , rue La Fontaine, 47, à Paris
(IV°). [1924.] M " Nittı (Luigia ) , rue Duguay - Trouin, 15 , à Paris ( vrº). [ 1930 . ] MM . NYBERG (le D ' Henrik Samuel ),maitre de conférences à l'Univer sité , Repslagaregatan , 16 , à Upsal (Suède). [1928. 1
*Nykl ( Aloys), professeur à l'Université , à Chicago ( États-Unis).
[1930.) OHTANI (Shoshin) , professeur à l'Université impériale, à Tokyo.
[1928 .] OKAMOTO (Kanéi), Kiyoshima-chồ, Asakusa , à Tòkyo . [1927. ) Okazaki (Fumio ), professeur adjoint à l'Université impériale de Sendaï , Préfecture deMiyagi ( Japon). [1926.) OLLONE (le général comte d'), rue Hamelin , 46 , à Paris (XV1"). [1909. )
ORSOLLE ( E. J.), avenue Louis - Lepoutre , 65, à Bruxelles, (1928. )
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
373
MM . Ort -Geutaner (Georges ), boulevard du Montparnasse , go , à Paris (XIV°). [1920 .] OSTROM , rue Mouton-Duvernet , 14 , à Paris (XIV°). [1930. ]
'OSTROROG (le comte Léon ). [1896 .] OUMNIAKOFF ( I. I.), professeur à l'Université , à Tachkent ( Turkes tan , U . R . S. S .). [1929. ) PARANJPE (V . P.) , professeur au Fergusson College, à Poona (Inde Britannique ) (1925. ] * Pelliot (Paul) , membre de l'Institut, professeur au Collège de France, rue de Varenne, 38 , à Paris ( v1°). [ 1897.] Périer (l'abbé Jean ). [1907.) PETITHUGUENIN (Paul) , directeur de la Compagnie Générale des Colonies, rue Octave -Feuillet , 1 , à Paris (XVI°). [1908. ) PFISTER (R .) , rue Jean -Goujon , 21, à Paris ( vu "). [1929.)
PHILIPON (le comle René), avenue Élisée-Reclus , 9 , à Paris. ( vnº). [1929. ] PINASSEAU (Jean ), chef de bureau au Ministère des Finances, rue d 'Ulm , 41, à Paris ( vo). [1925. )
POIDEBARD (l'abbé P. A.), Université Saint-Joseph, à Beyronth (Sy rie ). (1923.]
M - POIRIER ( M .),agrégée de l'Université, rue Montprofit, 4 , à Bourg la-Reine (Seine ). [1911.] MM . Polain (Louis ), rueMadame, 60 , à Paris (vrº). [1919.) Polignac (le comte Charles De), avenue de Villiers, 25, à Paris ( XVII°). [1920.]
Popper (William ), University of California , à Berkeley ( États Unis ).
M " Porée (Guy) , avenue de Wagram , 149, à Paris (XV11"). [1929.)
MM . Posener (Georges ), boulevard Raspail , 280 , à Paris ( xivº). ( 1930.
PRZEWORSKI (le Di Stefan ), Marszalkowska,68 , à Varsovie (Po logne). [1928. ]
PRZYLUSKI (J.), professeur au Collège de France , rue de Luynes, 9 , à Paris ( v11°). [1918.]
RANDER (J.), docteur ès lettres, professeur à l'Université, à Leyde (Hollande). (1925. RAPSON ( E . J.) , professeur de sanscrit à l'Université , 8 , Mortimer
Road , à Cambridge (Angleterre ). [1902.]
OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930. MM , RATCANEYSKI (Paul ), rue de l'École Polytechnique, 1 , à Paris (vº). [1927 .) Requin Safvet Bey, député à la Grande Assemblée Nationale , à Ankara ( Turquie ). (1929.) 374
REIZLeR (Stanislas), bibliothécaire de la Société de Géographie ,
rue Boulard , 20, à Paris (XIV”). [1920 ] M " *Renié (Colette ), archiviste-paléographe, bibliothécaire de l'École des Langues orientales, rue de Lille , 2 , à Paris ( VIT®), (1929.)
MM. Renou (Louis ), directeur d'études à l'École pratique des Hautes Études , rue Pierre -Cherest, 3 , à Neuilly - sur - Seine ( Seine). (1923, ]
.
REUTER (D ' J. N .), ducent de sanscrit et de philologie comparée à l'Université , Museigatan , 15, à Helsingfors (Finlande). [1887.)
*River ( D ' Paul), professeur au Muséum d 'histoire naturelle, rue de Buffon , 61, à Paris (vº). [1928.] RIVIÈRE (Georges-Henri), rue Lepic , 102, à Paris ( XVIII ), ( 1926.] RIVIÈRE ( Jean ) , sous-directeur du Musée d'Ethnographie , boule
vard de Lorraine , 59, à Clichy (Seine), [1929. Rıza Nour Bey ( D "), député de Turquie, ancien ministre , rue Dé pinoy, 4 , à Malakoff (Seine). (1927 )
HOERICH (Georges ), licencié ès lettres del'Université Harvard , Ri verside Drive , 310 , à New York City (États-Unis), (1923.] ROLLAND (François-Grégoire ), rue Félix-Faure , 47, à Enghien -les Bains (Seine-et-Oise ). (1925. ] *RONFLARD (Arsène), consul de France, à Trébizonde ( Turquie ). [1905.)
Ross (Sir Denison ), directeur de l'École des Études orientales , London Institution, Finsbury Circus , à Londres , E . C . [1913.)
RoTours (R. Des), rue Joseph-Bertrand, a, à Viroflay (Seine-et Oise ). [1920 . ]
ROUGIER (Louis) , chargé de cours à la Faculté des Lettres , rue Gambetta , 13, à Besançon (Doubs). [1927.)
*Rouse (W , H . D .) , Headmaster of Perse School, à Cambridge (Angleterre ). (1892.] Roussel ( L .) ,comptable à la Compagnie du Chemin de fer Franco Éthiopien ,à Djibouti, via Marseille (Côte française des Somalis).
[1930.] M " RUTTEN (Maggie ) , attachée au Musée du Louvre , quai de Jean mapes, 94, à Paris ( rº). [1931.]
SOCIÉTÉ ASIATIQUE. 375 M . SAINT-VICTOR (Gabriel De), avenue Mac-Mahon , 23, à Paris (xvu"). (1920 )
M " SAISSET (L.), square Delambre , 1, à Paris (xivº). (1991.) MM , SARAKI (R.), professeur à l'Université, à Kyoto (Japon ).(1909.) SAKISIAN (Arménag Bey ), rue Le Laboureur, 18 , à Montmorency ( Seine-et-Oise ). [ 1929.) Saleh Khan LOGHNAN (Hechmalos - Saltaneh), rue d'Obligado, 11, à Paris (XVI"). [1920 ] SALLES (Georges ), conservateur adjoint au Musée du Louvre , rue
du Chevalier- de-la-Barre , 24, à Paris ( XVIII").[1994 .] Mme San Martino (la comtesse de), Académie Sainte-Cécile, Via Vitto rio , 6 , à Rome(1921.] MM . SAROUKHAN (Arakel) , avenue de France , 64 , à Anvers (Belgique). (1910.]
* SARTON (George), directeur de la revue Isis , Harvard Library, 185 ,à Cambridge, 38, Mass. (États-Unis),[1930.] SAOBIN (l'abbé Ant.), Maison Cousin de Méricourt, à Cachan
(Seine). [1927.] SAUSSEY ( Edmond ), Palais Azem , à Damas (Syrie ). (1923.] SAUVAGEOT ( Aurélien ), professeur au Collège Eötvös, à Budapest (Hongrie ). [1919.)
Sauvaget (J.), Mission archéologique , à Damas (Syrie ), [1928. ] SBATH (le R , P. Paul), B. P . 1905, au Caire. [1925.] M * SCANURRENBERGER ( J.), rue de Vaugirard , 11, à Paris (viº). 1930. )
M . Schuul (Pierre-Maxime), agrégé de philosophie , boulevard Hauss mann , 152 , à Paris (vnurº). [1930.) M® Sahulu (le D '), rue Anatole -France , 56 , à Levallois - Perret (Seine). (1930.) MM , SEIDENPADEN ( le major Erik ), commandant la gendarmerie sia moise, Villa Romsey , Hick's Lane, à Bangkok ( Siam ). (1923.] SKMÁLAS (Démétrios). [1917 ) ShauIduLLAH (Mohammed ), maitre de conférences à l'Université de Dacca (Bengale ] (Inde Britannique). (1927 )
.
SIDDIKI ( le D ' Mohammed Zobeir), H . A ., M . A ., B . L., Ph. D., Sir Ashutosh professor of Islamic Culture, Calcutta University ( Inde Britannique). (1926. ] SIDERSKY ( D .), ingénieur,avenue Pasteur, 46 , à Bécon -les Bruyères (Seine). ( 1912.]
376
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
MM.* SIMONSEN (David ), grand rabbin , Skindergade, 28 , à Copenhague.
[1890.] Sinapian (G .), avocat, rue Isabey, 5 , à Paris (XVI°).[1922.] SIRÉN ( O .), conservateur du Musée National , à Stockholm . [1924.]
Sưu Tchan - P10, Université Aurore , à Changhai (Chine). (1995.)
Smith (Helmer ), Postpack 7098, à Stockholm -7 (Suède).(1925. ] Spire (le D ' Robert) , ancien médecin de la Marine , boulevard du
Temple, 30 ,à Paris (11"). [1931.] Stabc-HOLSTEIN (le baron de) , professeur à l'Université , à Pekin . (1924.]
STCHOUKINE (Ivan ), rue Lamblardie, 16, à Paris (XII°). [1926. 1 M " STCHOUPAK (Nadine), rue Leclère, 7, à Paris (xivº). [1925. ] Sir *STEIN ( M . Aurel ), correspondant de l'Institut, Ph. D . , D . Litt. ,
D . Sc., c/o Dr. P. S. Allen , President, Corpus Christi.College, à Oxford (Angleterre). [1894.] MM . STEINILBER-OBERLIN ( Émile ), docteur en droit, rue de l'Abbaye, 14 ,à Paris (vrº). [1925.] STERN (Philippe), conservateur adjoint du Musée Guimet, bou levard Malesherbes, go , à Paris ( v111"). [ 1919.) * SUGIMOTO ( Naojiro), professeur à l'Université Bundi , à Hirosbima (Japon ). [1931.] S.A .R . SUKRAVARN (le Prince ) , Légation de Siam , rue Greuze , 8 , à Paris (XVI ). [1930.]
MM. Taua (Husseïn ) , professeur à l'Université , au Caire. [1919 .) TakahATA (Kanga ), c/o Dairenji, Shimakitahama, à Tokyo . [1927. Takaichvili (E .) , professeur à l'Université de Tiflis , à Leuville-sur Orge, Château , par Montlhery (Seine-et-Oise ). [1925.]
Tandart (S .), avenue Flora , à Nice (Alpes-Maritimes ). [1928. ] Tarazzi (le vicomte Philippe de ), fondateur-conservateur de la Bibliothèque Nationale, à Beyrouth (Syrie ).[1922.] Taver (Felix ), chargé de cours à l'Université, Prěmyslovska , 5 , à
Prague, XII ( Tchécoslovaquie). (1925 .] TCHANG (K . S .), docteur en philosophie, ex -professeur à l'Univer
sitéde Pékin ,avenue Victor Hugo, 1, à Vanves (Seine). [1929.) Tchou (Kia -Kien ), rue Pélacot, 86, Concession française , à Tien tsing (Chine). [1916 .] Terrasse (Henri ), professeur à l'Institut des Hautes Études Maro
caines , à Rabat. [1926.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
377
M - Thiébaut (Madeleine), boulevard Haussmann, 170 bis, à Paris ( viu '). (1993.)
MM . THION DE LA Chaume (René), quai d'Orsay, 27, à Paris ( vuº). [1922. ]
THOMAS (F . W .) , India Office Library ,Whitehall, à Londres S . W . [1906 .]
THOREAU-Dangin ( F .),membre de l'Institut, rue de Grenelle, 102, à Paris ( vnº). [1895 . ] TomomaTSU (E . ), Université Taisho , Sugamo, à Tokyo. ( 1930. )
TOPTCHIBACHY (Ali Mardan Bek ), président de la Délégation de paix de l'Azerbaïdjan , rue du Calvaire, 35 , à Saint - Cloud
(Seine-et-Oise ). (1925. ] TOUSSAINT (Gustave - Charles), président de tribunal, à Changhaï (Chine). (1909.]
M " TUBINI( B .), rue Blaise-Desgoffe , 2 , à Paris (viº). [1931.] M.
Tucci (Giuseppe ), professeur à l'Université de Rome, bibliothécaire
de la Chambre des Députés , Visvabharati, glo Italian Consul, 18 B Park Street, 9 Stephen Court , à Calcutta (Inde Britan nique). (1993. ]
UNIVERSITÉ OTANI (Shigashi Honganji), à Kyoto. [1931.] MM. VAIDYA ( P. L .), M . A ., Willingdon College, Sangli, à Bombay
(Inde Britannique). (1923.] Vaux (le baron CARRA DE ), professeur honoraire d 'arabe à l'Institut
catholique , rue Aumont- Thiéville , 6 , à Paris (xvirº). VENTURA (M .), licencié és leltres , rue de Noisy, 114, à Bagnolet (Seine). [1926 .]
VERDEILLE (Maurice), rue Testard , 97, à Saïgon (Indochine). [1926.)
VÉROUDART ( Paul ), rue de Béthune , 5 , à Versailles -le-Chesnay (Seine-et-Oise ). [1923. ] Viao ( Jean ), rue Soufflot , 5 , à Paris ( vº). [1922.
VIGNIER (Charles ), rue Lamennais ,4 , à Paris ( vinº). [1928.] Vincent (l'abbé A .) , Château de la Cocove, par La Recousse (Pas de-Calais ). [1926.]
VIROLLEAUD ( Ch.) , ancien directeur du service des Antiquités de Syrie , rue Vauquelin , 15 , à Paris ( vº). [1903.] *Vosy- BOURBON ( H .), rue de Poissy, 31, à Paris (vº). [1923.]
378
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
MM .WARE (James R . ), boulevard Saint-Germain , 173 , à Paris ( 11").
[1926.] *WELL (Raymond) , directeur d'études a rÉcole pratique des Hautes Études , rue du Cardinal-Lemoine, 71, à Paris (rº).
[1898.] Wiet (Gaslon ), directeur du Musée Arabe, place Bab el-Khalk , an
Caire. [1909.] Winzer, Archæological Survey of Ceylon , à Colombo (Ceylan).
[1930 .) Mme WiLMAN-GRABOWSKA (Hélène de ) , professeur à l'Université , à Cra covie (Pologne). (1991.)
MM . "Woods ( James Houghton ), professeur de philosophie à l'Université Harvard , Prescott Hall, 16, al Cambridge (Massachusetts ( États-Unis). [1913.] Woo ( K .) , rue Denfert-Rochereau, 26 , à Paris ( r ) (1931.) XIMÉNEZ (Saturnino ), rue de Richeliau , 18, à Paris ( 1" ). [1924.) YAMADA (Rioju ), à Kyoto ( Japon ). [1926.) Yamaguchi (Susumu ), professeur à l'Université Otani, à Kyoto
( Japon ). [ 1928 . ] Yanni ( G . ), à Tripoli de Syrie. Yusuf Hussain , docteur ès lettres , Jamia Millia Karolbagh , à Delhi
(Inde Britannique). (1997.) ZAYÂT (Habib), à Avallon ( Yonne), (1903.)
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
379
379
LISTE DES MEMBRES HONORAIRES.
MM . DAMRONG RAJANUBHAB (S . A . R . le prince), à Bangkok (Siam ). (1928 . ] ERMAN ( D ' Adolf) , professeur à l'Université , à Berlin . (1905.)
GOLENISCHEF (W . S.) , conservateur au Musée de l'Ermitage, Mu
sée des Antiquités, au Caire. [1905.] GRIERSON (Sir George A .), C . I. E., correspondant de l'Institut, Rathfarnham , Camberley (Surrey) [ Angleterre]. [1905.] Griffith ( F . LI.), professeur à l'Université, Norham Gardens, 11,
à Oxford (Angleterre). [1905.]
Guidi (Ignazio ), membre associé de l'Institut, professeur à l'Uni versité, Botteghe oscure, 24 , à Rome. (1905 .]
Lanman (Charles Rockwell ), correspondant de l'Institut, professeur à l'Université Harvard , Farrar Street, 9 , à Cambridge (Massa chusetts ] (Etats-Unis ). (1905.]
OLDENBURG (Serge d’),ancien secrétaire de l'Académie des Sciences , à Leningrad. (1905.] Pinches (Theophilus Goldrige), conservateur au British Museum ,
Sippara, 10, Oxford Road , Kilburn , N . W . (Angleterre ). [1905.] SCHIAPARELLI (Ernesto ), directeur du R . Museo di antichità , à Turin ( Italie ). [1905. Snouck HURGRONJE (Christian ) ,correspondant de l'Institut, conseiller
du Gouvernement colonial néerlandais, professeur honoraire à l'Université , Rapenburg ,61, à Leyde (Hollande). [1910.] WIEDEMAN (D ' Alfred ), professeur à l'Université, à Bonn (Alle magne). [1905.]
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE TOME CCXVII.
MÉMOIRES ET TRADUCTIONS.
La campagne du printemps de 1929 à Tello (M . H . DE GENouillac).. Transcaucasica (M . V. MINORSKY)........ . . . . . . . . . . . . . . . . . .
1 11
Quelques publications sémitiques récentes (M . F. Nau). . .. ... .. ... 113 Le texte du Draxt Asūrik et la versification pehlevie (E . BENVENISTB ). . 193 Stratification des langues et des peuples dans le Proche-Orient préhisto rique ( E . FORRBR ) . . . . . . . . . . . .
Les mots mongols dans le Korye sd (Paul PELLIOT ). . . . . . . .
...
297
. . . . . . .
253
MÉLANGES.
Note sur une éclipse du temps d'Açoka(?) (M . R. Fazy ).. .. . .... . .. 135 Sur quelques images de någas à Sambór Prei Kủk (M . V.Goloubow ). 137 Les stances d'introduction de l'Abhidharmahrdayaśāstra de Dharmatrāta 267 (Paul Pelliot). .... ... .... .... .. S. A. R. le prince Damrong (Louis Finor).... ..... ...... ..... ...
Un texte grec relatif à l'Asvamedha (Roger Goossens).. . .. .. ... . .. ..
380
Le sort des trépassés dans un hymne à la déesse Nun-gal contempo 286 rain de la dynastie d'Isin (Charles-F. Jean )... Noms sogdiens dans un texte pehlevi de Turfan (E. BENVENISTE )... .. 291 Note sur l'Alambanaparikṣā (La Vallée Poussin )... ... ..... ... ....
Un élémentmésopotamien dans l'art de l'Inde (D ' C. L. Fábri). . .. . 298
382
OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. Octobre-décembre 1930 : Périodiques. .....
303
306 A propos d'une exploration au Yémen (M . LAMARE). .. . . .. ... .. .. . 307
S. M . Nădir Shah (René GrousseT). ... ... .... ..
Essai de MINO bibliographie des travaux de J. Markwart (1864 -1930) RSKY (M . V .
). . . .
. ... .. .
313
SOCIÉTÉ ASIATIQUE. Procès-verbal de la séance du 14 mars 1930.. . . . . .
Procès-verbal de la séance du 11 avril 1930....... .......... .... Procès-verbal de la séance du 9 mai 1930... ... Annexe au procès-verbal : La Géorgie et les lettres françaises( M . Ch. Bé RIDZE ). . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Procès-verbal de la séance générale du 19 juin 1930 ... .. .. . .. . . . Rapport de la Commission des censeurs sur les comptes del'année 1929. . .. . . . . . .. . . . . . Comptes de l'année 1929.. .. .. . Bilan au 31 décembre 1929 ... ... . . . . . .. . . . . . . . . .. . . . .. ..... .. ... Budget de l'année 1931.... Rapport sur la Bibliothèque pour l'année 1929-1930 (M . L. Bouvar)... Fondation de Goeje . .. . . . .
........ ... .
COMPTES RENDUS .
Juillet-septembre 1930 : R. Said-Ruete , Said bin Sultan ; - W . Gort SCHALK , Katalog der Handbibliothek der orientalischen Abteilung : K . Miller , Mappae Arabicae , Arabische Welt- und Länderkarten ; M . Gaudry, La femme chaouia de l'Aurès ; - Y . HUSAYN , L 'Inde mays
tique au moyen âge ; - SUARĂb , Das Kitāb ağă’ib al-akālim as-saba; - Annual bibliography of Indian archaeology for the year 1998 (Gabriel FERRAND ). - TING TCỦAO- TS'Ing , Les descriptions de la Chine par les Français (1650 - 1750); - Tcwan Tsoun-TCHUN , Essai historique et analytique sur la situation internationale de la Chine ,
- Tseo PAK -LIANG, Recherches sur quelques 'minerais chinois de tungstène et de molybdene; - Tsing TUNG-GIUN, De la production
333
TABLE DES MATIÈRES. et du commerce de la soie en Chine (R . des Rotours). – A. Bey
383
SAKISIAN , La miniature persane du xiº au xvue siècle ; - L. DE CAS TANHEDA , Historia do descobrimento da India pelos Portugueses
(1553- 1561); - Ars asiatica ; - Ceylon zur Zeit des Königs Bhuva
neka Bähu und Franz Xavers 1539-1552 (L . Bouvar). – J. Bacot, Une grammaire tibétaine du tibétain classique ; – G . MARÇais, Les faïences à reflets métalliques de la grande mosquée de Kairouan ; Fr. WELLER , Tausend Buddhanamen des Bhadrakalpa ; - E. H . John
ston, The Saundarananda ofAśvaghoṣa (Marcelle Lalou). — L. Dela PORTE, Éléments de la grammaire hittite ; - L. DELAPORTE, Le sylla baire hittite cuneiforme; - H . Fr. Lutz , Old babylonian letters (Ch.- F . JEAN ). – J. BALTRUŠAITIS , Etudes sur l'art médiéval en
Géorgie et en Arménie ( K . J. BASMADJIAN ). – Gabriel FERRAND , In troduction à l'astronomie nautique arabe ; - G . WEIL , Die Königs
lose (J.-M . FADDEGON ). – Ét. Lamotte , Notes sur la Bhagavadgitā ( 0 . LACOMBE ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .
151
Octobre-décembre 1930 : W . E . Clark , The Aryabhatīya of Abyabhata ; - M " R . L . DEVONSHIRÉ , Eighty mosques and other islamic monu ments in Cairo ; - G . GABRIELI, Manoscritti e carte orientali nelle
biblioteche e negli archivi d'Italia (Gabriel FerrAND). — L. FEKETE, Einführung in die osmanischtürkische Diplomatik der türkischen Botmässigkeit in Ungarn (J. Deny). -- A . HONENBERGER, Die indische Flutsage und das Matsyapurâņa ; - G . Tocci, Pre-Dinnāga Buddhist Texts on Logic from Chinese Sources (P. Masson-OURSEL). .. . . . . .. . 335
Liste des membres. . . . . ..
Le gérant-adjoini : René GROUSSET.
.. . 355
Le gérant: Gabriel FerraND.
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER , S. A . et de paraitre :
C . TOUSSAINT PROFESSEUR À LA FACULTÉ DES LETTRES DE L'UNIVERSITÉ D'AIX -MARSEILLE
ORIGINES DE LA RELIGION D 'ISRAËL
L'ANCIEN JAHVISME 'n volume de 24 planches et cartes , 374 pages in-4° couronne, 1931. Prix : 100 fr.
- II. Introduction . Étude critique des documents. Le cadre général : 1. Le pays. – 9. La race. – 3. Le milieu.
Les affinités : 1. La religion des premiers Sémites. – 2. La religion des Sémites d'Orient. La religion des Sémites occidentaux (Amorites, Cananéens ). - 4. La religion des Sémites
Araméens, Arabes). L’Elohisme patriarcal : wi, El-Elyon , El-Olam .
1. Les légendes patriarcales. — 2. Les dieux des patriarches,
Les origines du Jahvisme : 1. Le nom de Jahvé. – 2. La fondation du Jahvisme. - 3. Ori du Jahvisme. Fahvé en Canaan : 1. La conquête de Canaan. - 2. Installation en Canaan . - 3 . Baal et
Jahvé sous les premiers rois : 1. Les traditions de Silo. – 2. L'arche à Jérusalem . - 3. Le de Jérusalem .
Jahvé après le Schisme des dix tribus : 1. Causes ethniques , politiques , sociales etreligieuses
ission . — 2. Jahvé dans le royaume du Nord. - 3. Jahvédans le royaume du Sud. .. Vue d'ensemble sur l'évolution du Jahvisme ancien . s. Bibliographie et index, e ne saurait mieux caractériser les premières étapes de la religion d'Israël durant la période qui va de Moise à du prophétisme hébreu , c'est-à-dire du mº au 1° siècle avant notre ère. A ce stade de son développement reli ne se différencie presque pas de ses congénères sémites et de ses voisins. Jahvé ressemble singulièrement à ikom , et aux Baals cananéens de Tyr et de Sidon . devait devenir le dieu unique et absolu de l'univers n'est encore, pour l'heure , qu'un dieu national, et même le des dieux palestiniens. Le germe de monothéisme qu'il porte en lui, à l'origine, est à peine sensible el ne ore qu'au terme d'une longue évolution , après l'es luttes des prophètes et les épreuves de l'exil babylonien . Jus. -ne dépasse pas de beaucoup l'hénothéisme courant des autres nations; dans son ensemble , il reste polyth- iste el
s plus haut, comme speculations ou pratiques religieuses , que les peuples qui l'entourent. Certes , ce n'est pas li ot entendre, dans leur tenenr actuelle et au sens obvie , les parties de la Bible qu'on nomme historiques, depuis jusqu'aux livres des Rois. A les lire , on est porté à croire que le monothéisme date des premiers jours de l'hu il s'est conservé, au milieu du polythéisme ambiant, grâce à quelques hommes d'élite qui sont les ancêtres du 1 . nation sainte , race d'élection que Dieu a choisie tont exprès pour continuer cette mission et garder au monde eritage , jusqu'à l'heure où sonnerait le retour des esprits à la vérité. Telles sont les idées qui ont cours dans la premiers chapitres de la Genése. A peine, ici et là , quelques débris de textes pour y contredire , mais ces frag nabreux et isolés de leur contexte primitif, sont noyés dans la parration d'ensemble. Tout de même, leis qu 'ils
t soupçonner un état de choses qui n'est pas celui qu 'ont voulu décrire et imposer aux générations à venir les teurs de la Thora. C'est avec ces épaves flottantes que la critique , au prix d'efforts tenaces et de tâtonnements ssayé de rétablir par conjectures ce passé disparu .
que ce travail de reconstitution historique ait des bases solides, il ne suffit pas de de perdre dans des analyses fin , qui aboutiraient à une sorte de scolastique aride et vide de réalité ; il faut se tenir en contact permanent et les progrès de la philologie et de l'archéologie orientales, aussi bien qu'avec les données les mieux établies du
religions comparées. Ex Oriente Lux. C'est à l'assyriologie , à l'égyptologie , à la palestinologie qu'il faut deman res que ne donnent ni les texte de l'Ancien Testament sous leur forme actuelle , ni même les hypo ritique laissée à ses propres moyens. Voilà l'esprit et la méthode dont veut s'inspirer le livre qui a l'intention de umie
u jugement du lecteur désireux de connaître , sans parti-pris d'aucune sorte et sur le terrain de l'histoire , qui
da la théologie, los origines de la religion d'Israël.
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO .
Pages,
Le texte du Draxt Asūrik et la versification pehlevie ( E. Benveniste)... .. . .. . .. .
193
Stratification des langues et des peuples dans le Proche - Orient préhistorique .... ... ... ... .. . .
Lesmots mongols dans le Korye să (P. Pellior)......
23
.
( E . FORRER ) . . . . . . . .
35 .
Mélanges : Les stances d'introduction de l'Abhidharmahrdayaśāstra de Dharmatrāta (P. Pelliot). – S. A . R . le prince Damrong (Louis Finor). – Un texte grec relatif à l'Afvamedha (Roger Goossens). - Le sort des trépassés dans un hymne à la déesse Nun -gal contemporain de la dynastie d 'Isin (Charles-F . JEAN ) . – Noms sogdiens dans un texte pehlevi de Turfan ( E . BENVENISTE). - Note sur l'Alambana
parikṣā (La Vallée Poussin ). — Un élément mésopotamien dans l'art de l'Inde ( D ' C . L. Fábri) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
257
Chronique et notes bibliographiques : Périodiques (Gabrielau Ferrand S. M . Nadir ). — Yémen ).(M -. LAMARE d 'une exploration Shāh (René Grousser). - A propos
Essaide bibliographie des travaux de J. Markwart (1864 -1930) (V . Mikorsky ). . . . 3 Société asiatique : Procès-verbal de la séance générale du 12 juin 1930. — Rapport de la Commission des censeurs sur les comptes de l'année 1929. – Comptes de l'année 1929. – Bilan au 31 décembre 1929 . – Projet de budget pour l'année
1931. – Rapport sur la bibliothèque pour l'année 1929-1930 . – Fondation De . . . . . . . . . . . . .. .. 393 Comptes ren-lus... . . . . . . . . 333 Goeje en 1930 . . . .
W . E. Clank , The Aryabhatiya of Aryahhata; - M ** R . L. DEVONSHIRE, Eighty mosques and other islamic monuments in Cairo ; - G . GABRIELI, Manoscrili o carte orientali nelle biblioteche e negli archivi d'Italia (Gabriel Fernand). – L. FEKETE, Einführung in die osmanischtürkische Diplomatik der türkischen Botmässigkeit in Ungarn (J. DENY ). - - A . Ho
HEYBERGER , Die indische Flutsage und das Matsyapuråna; - G . Tocci, Pre-Dinnāga Buddhist Texts on Logic from Chinese sources (P. Masson-OURSEL ). Liste des membres . . . . . . . . . . . . . . . 353
Nota. Les personnes qui désirent devenir membres de la Société asiatique doivent adresser leur demande au Secrétaire ou à un membre du conseil. .
MM. les Membres de la Société s'adressent, pour l'acquiltement de leur cotisation an nuelle (60 francs par an pour les pays à change déprécié , 120 francs pour les pays à change élevé) au Trésorier de la Société Asiatique, Musée Guimet, Place d'léna, 6 , Paris (xv1"), pour les réclamations qu 'ils auraient à faire , pour les renseignements et changements d'adresse, au Secrétaire de la Société Asiatique, rue de Seine, 1, Paris (v1"), et pour l'achat des ouvrages , publiés par la Sociétéaux prix fixés pour les membres, directement à la librairie PaulGeuthner. rue Jacob , n° 13 (v1 ).
MM . les Membres reçoivent le Journal asiatique directement de la Société. Pour les abonnements au Journal asiatique, s'adresser à la librairie Paul Geuthner Abonnement annuel : go francs pour les pays à change déprécié. – Pays à chadge élevé,
libraire de la Société .
150 francs .
IMPRIMERIE NATIONALE.
JULY 71 ER , N .MANCHEST ANA INDI