Introduction Lutte Blanchiment Capitaux CEMAC - 3.4 [PDF]

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Zitiervorschau

BANQUE DES ETATS DE L'AFRIQUE CENTRALE

----------Services Centraux -----------B. P. 1917 – YAOUNDE République du Cameroun ----------------Direction de la Formation ------------------

CENTRE DE FORMATION ET DE PERFECTIONNEMENT PROFESSIONNELS « COURS INTERNES BEAC »

INTRODUCTION A LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX DANS LA CEMAC (Trois leçons)

Ce cours a pour objet de présenter : -

le dispositif juridique mis en place dans la CEMAC pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ;

-

le règlement COBAC relatif aux diligences des établissements de crédit en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et de ressortir les principaux outils de surveillance mis en place par la COBAC.

Sommaire : LECON1 : PRESENTATION DU DISPOSITIF JURIDIQUE DE LA CEMAC EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME

I- Contexte international et régional avant l’adoption du corpus juridique de la CEMAC 1. 1. Contexte international 1. 2. Contexte régional

II- Présentation du corpus juridique de la CEMAC 2.1- le Corpus juridique du point de vue normatif 2.2- le corpus juridique au plan institutionnel

LECON 2 : PRESENTATION DU RÈGLEMENT COBAC RELATIF AUX DILIGENCES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME

I- Objectifs et ossature du règlement COBAC 1.1- Objectifs du règlement COBAC 1. 2. Ossature du règlement

II- Mise en œuvre concrète du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux 2.1- Le contrôle sur pièces 2.2- Le contrôle sur place EXERCICES D’APPLICATION

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LECON 1 PRESENTATION DU DISPOSITIF JURIDIQUE DE LA CEMAC EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME Le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ont des effets néfastes sur les économies. Il participe en effet de l’accroissement du risque de réputation, mettant ainsi le pays au ban de la communauté internationale (cas des pays non coopératifs). Le blanchiment des capitaux fait du crime et de la corruption une activité rentable et dissuade les investisseurs étrangers, portant ainsi préjudice aux activités licites du secteur privé. Il y a là une distorsion économique qu’il introduit, rendant, par la même occasion, complexe la mise en œuvre d’une politique économique. Le blanchiment des capitaux est susceptible de provoquer une déstabilisation des marchés financiers, avec des effets sur les taux et les cours des actifs sur lesquels les blanchisseurs réinvestissent leurs fonds. Au vu de tous ces effets négatifs sur les économies, la communauté internationale a pris une série d’initiatives qui se sont traduites par des traités et résolutions (Conventions de Vienne, de Palerme et celle sur la suppression du financement du terrorisme, résolutions du conseil de sécurité). La création en 1989 du Groupe d’Action Financière sur le blanchiment de capitaux (GAFI), avec pour mission d’examiner les techniques et les tendances du blanchiment, d’analyser les actions menées au plan local et international et d’énoncer les mesures supplémentaires à adopter, s’inscrit dans la même logique. Les pays en développement ne sont pas à l’abri des actes de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme. Conscients de cela, ils adhèrent, depuis quelques années, aux idéaux et initiatives mondiales de lutte contre ces fléaux.

I- Contexte international et régional avant l’adoption du corpus juridique de la CEMAC

1. 1. Contexte international La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme constitue une préoccupation à l’échelle mondiale (Nations-Unies, GAFI, …). Plusieurs initiatives ont été prises, dont celle du GAFI qui a publié « Les quarante (40) recommandations sur le blanchiment des capitaux », ainsi que « les neuf (9) recommandations spéciales sur le financement du terrorisme ». Les 40+9 recommandations du GAFI ont été reconnues par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale comme normes internationales en matière

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de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. L’appréciation du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme fait ainsi partie intégrante de l’évaluation du système financier dans le cadre des programmes d’évaluation du système financier menés par les institutions de Bretton-Woods. Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire a, en octobre 2001, publié un document présentant un ensemble de principes devant être observés par les banques pour qu'une connaissance satisfaisante du client soit assurée aux fins de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. 1. 2. Contexte régional Jusqu’en 2002, aucune législation nationale n’existait dans la CEMAC en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Il y avait-là un risque de voir les territoires des États de la CEMAC être utilisés par les délinquants financiers. En 2000 et 2001, le dispositif de supervision bancaire de la CEMAC avait été évalué par le FMI et la Banque Mondiale dans le cadre du programme d’évaluation des systèmes financiers. A l’issue de ces évaluations, le dispositif avait été jugé globalement non conforme en ce qui concerne la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Prise de conscience par les Autorités de la sous-région des menaces liées à l’absence d’un cadre législatif et réglementaire. Conscientes que le blanchiment des capitaux constitue une menace sérieuse pour l'intégrité du système financier et peut compromettre durablement la gestion publique et la lutte contre la corruption, les Autorités de la CEMAC ont fait adopter par le Comité Ministériel de l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale (UMAC) un règlement portant prévention, détection et répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme. II- Présentation du corpus juridique de la CEMAC Dans la CEMAC, la lutte contre le blanchiment des capitaux (LAB) a été insufflée par la Déclaration solennelle de la Conférence des Chefs d’Etat du 14 décembre 2000, par laquelle les Chefs d’Etat expriment leur volonté commune de tout mettre en œuvre pour lutter contre le blanchiment d’argent dans les Etats membres de la CEMAC, notamment par l’adoption d’une législation harmonisée et la mise en place de structures spécialisées. L’adoption d’une législation harmonisée s’est matérialisée par la publication, en avril 2003, par le Comité Ministériel de l’UMAC du Règlement CEMAC n°01/03CEMAC/UM/CM portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et du

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financement du terrorisme. C’est un instrument juridique à portée communautaire qui s'intègre dans le dispositif international de lutte contre le blanchiment. Le cadre de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme dans le CEMAC s’articule autour d’un dispositif normatif et d’un dispositif institutionnel. 2.1- le Corpus juridique du point de vue normatif Du point de vue normatif, le dispositif comprend: a)

l’Acte Additionnel n°9/00/CEMAC-086/CCE du 14 décembre 2000 portant création du GABAC ;

b)

le Règlement n°02/02/CEMAC/UMAC/CM du 14 avril 2002 portant modalité d’organisation et de fonctionnement du GABAC ;

c)

le Règlement n°01/103-CEMAC/UM/CM du 04 Avril 2003 portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme ;

Le Règlement N° 01/03 prévoit en substance des diligences précises en matière de prévention et de répression des opérations de recyclage de fonds d'origine illicite. Il répond ainsi à l'une des observations formulées lors l'évaluation du système de supervision bancaire dans la CEMAC par la mission conjointe FMI-Banque Mondiale en 2000. d)

le Règlement COBAC R-2005/01 relatif aux diligences des établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme en Afrique Centrale.

Du point de son contenu, ce dispositif est caractérisé par une approche extensive du blanchiment de capitaux ; l’érection du blanchiment en une infraction générale et autonome ; la mise en place d’une politique de prévention ; la consécration d’un volet répressif prévoyant la coexistence de mesures de type administratif et disciplinaire d’une part et des sanctions pénales d’autre part ; et, enfin, la reconnaissance de la responsabilité pénale des personnes morales. 2.2- le corpus juridique au plan institutionnel Au plan institutionnel, la lutte contre le blanchiment des capitaux a pour cadre opératoire : -

le GABAC, dont le rôle essentiel consiste, d’une part, en la définition des typologies des actes constitutifs d’infraction et, d’autre part, en la conduite d’exercices d’évaluation dans les Etats membres ;

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Plus précisément, le GABAC a pour missions de faciliter et d’encourager les échanges d’expérience en mettant en place un réseau technique d’experts dans les Etats membres ; de développer des analyses de typologie spécifiques à la zone ; et de mettre en place les évaluations mutuelles. -

les Agences Nationales d’Investigation Financière (ANIF), qui sont chargées de la mise en œuvre du volet opérationnel de la lutte contre le blanchiment des capitaux (centralisation, traitement et, le cas échéant, transmission aux autorités judiciaires compétentes des déclarations de soupçon auxquelles sont tenus les établissements assujettis) ;

-

le Parquet, habilité à diligenter les poursuites pénales ;

-

la COBAC, chargée de veiller au respect par les établissements de crédit des dispositions réglementaires relatives à la lutte contre le blanchiment des capitaux et de prononcer des sanctions disciplinaires à l’encontre de ses assujettis.

Il faut rappeler que l'ANIF est un organe central duquel dépend la mise en œuvre des dispositions contenues dans le dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux. En effet, il est chargé de recevoir les déclarations de soupçon des établissements assujettis, lesquelles sont effectuées dans l'un des cas suivants : -

les établissements assujettis ont des raisons de penser que les sommes ou tout autre bien en leur possession pourraient être liées à un crime ou à un délit ou s’inscrire dans un processus de blanchiment des capitaux. Toutes les opérations effectuées sur ces sommes ou biens doivent être déclarées au même titre ;

-

l’identité du donneur d’ordre ou du bénéficiaire reste douteuse, malgré les diligences effectuées en matière d'identification de la clientèle ;

-

l’identité des constituants ou des bénéficiaires de fonds fiduciaires ou de tout autre instrument de gestion d’un patrimoine d’affectation intervenant dans une relation d'affaires avec les établissements assujettis n’est pas connue ;

En matière de prévention des actes terroristes, la déclaration de soupçon porte sur des fonds ou mouvements de fonds pour lesquels les déclarants ont des motifs raisonnables de suspecter qu'ils sont liés ou associés au terrorisme, à des actes terroristes ou à des organisations terroristes, ou encore destinés à être utilisés pour leur financement. De la présentation de ce cadre de lutte, on constate bien que le blanchiment des capitaux est effectivement incriminé dans la Communauté, notamment sur la base du Règlement n° 01/103-CEMAC/UM/CM sus cité.

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Cette incrimination se fonde sur la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite des stupéfiants et substances psychotropes de 1988 (la Convention de Vienne) et la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée de 2000 (la Convention de Palerme) ainsi que le stipule expressément le préambule dudit Règlement. De plus, l’érection du blanchiment en une infraction générale a élargi la base de l’incrimination en l’étendant à tous types de bien, sans considération aucune pour la valeur des biens en cause et sans qu’il ne soit forcement besoin d’établir un lien direct avec le crime. Les termes de l’article 51 du Règlement sont, à cet égard, sans ambiguité : le Règlement s’applique « quand bien même l’auteur de l’infraction d’origine ne serait ni poursuivi ni condamné, … ». Cependant, il y a eu nécessité d’élaboration d’un règlement COBAC applicable aux seuls établissements de crédit, conformément au principe n° 15 du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire.

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LECON 2 PRESENTATION DU REGLEMENT COBAC RELATIF AUX DILIGENCES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME

Pour les établissements de crédit de manière plus spécifique, l'organe de supervision bancaire a élaboré, sur la base du Règlement CEMAC et du document du Comité de Bâle sur la connaissance clientèle1, un texte pour préciser les diligences de ses assujettis dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. La contribution de la COBAC s’inscrit dans le cadre de la promotion de l'adoption par les établissements assujettis des principes internationalement consacrés et consiste en outre à encourager la mise en œuvre des normes exposées dans le rapport du Comité de Bâle. C’est en sa session du 1er avril 2005 que la Commission Bancaire a adopté le Règlement COBAC R-2005/01 relatif aux diligences des établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme en Afrique Centrale. Ce règlement précise les obligations des établissements assujettis dans le domaine de la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, telles que définies aux articles 1 à 3 du Règlement N° 01/03 CEMAC-UMAC portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme en Afrique Centrale.

I- Objectifs et ossature du règlement COBAC 1.1- Objectifs du règlement COBAC Le règlement COBAC R-2005/01 relatif aux diligences des établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme en Afrique Centrale a été adopté et publié en vue de mettre à la disposition des banques un cadre réglementaire harmonisé et affirmer davantage la responsabilité prudentielle de la COBAC, laquelle englobe la promotion de l'adoption par les banques des principes internationalement consacrés et à apporter, en outre, son soutien aux normes exposées dans le rapport du Comité de Bâle. 1 Document publié en octobre 2001 et qui reprend de manière plus détaillée, à l'intention des banques, les 40 recommandations du GAFI ainsi que les 8 recommandations spéciales sur le financement du terrorisme.

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Le Règlement COBAC vient renforcer les instruments de surveillance prudentielle pour les superviseurs et contribuer ainsi à l’intégrité du système bancaire. 1. 2. Ossature du règlement Le règlement COBAC indique en préambule aussi bien certains textes de base constituant le socle de l'activité bancaire que les motivations de son orientation ; Il définit les notions essentielles desquelles dépend la compréhension du texte et comprend les principales obligations mises à la charge des établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. a) Identification de la clientèle et politique à l'égard des nouveaux clients - Obligation d’identification de la clientèle avant de toute relation d'affaires Vérification de l’identité et de l’adresse (exiger un document officiel original en cours de validité et comportant une photographie) ; Conserver une copie de ce document officiel (carte nationale d'identité ou passeport des personnes physiques ; statuts et tout document établissant la constitution régulière de la personne morale) ; - Politique d'acceptation de nouveaux clients Obligation d’avoir des procédures claires d’acceptation vis-à-vis de nouveaux clients, notamment les personnes politiquement exposées (PPE) et les clients nonrésidents ; Obligation de se doter d’une procédure de révision périodique des données, notamment à l'occasion d'une grosse transaction, d'une modification substantielle des normes de documentation sur la clientèle ou d'un changement important dans le mode de gestion ; Obligation d’avoir une supérieur hiérarchique ;

procédure d'approbation de nouveau client par un

A l'égard des clients occasionnels, s’assurer dans les mêmes conditions de leur identité et de leur adresse, pour toute transaction portant sur une somme supérieure à un montant défini par le Comité Ministériel ou, à défaut, par l’Etat membre ; Cette identification s'impose systématiquement quand bien même le montant de l’opération serait inférieur au seuil fixé ; Obligation de se renseigner sur la véritable identité des personnes représentées ;

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L'établissement de crédit doit par la même occasion requérir l'identité et l'adresse des représentants ainsi que les documents attestant de la délégation de pouvoir qui leur est accordée ; Les mesures de préservation de la confidentialité des clients et de leurs transactions ne sont pas opposables dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ; Obligation de clôturer les comptes sur lesquels apparaissent des problèmes d'identification insolubles en cours de fonctionnement ; Prévoir des dispositions rigoureuses vis-à-vis des clients qui se présentent sous un faux nom ou exige l'anonymat ; Quant aux comptes à numéro confidentiel, c'est-à-dire ceux dont le nom du bénéficiaire est connu mais remplacé par un code ou un numéro dans la documentation ultérieure de la banque, ces comptes doivent en tout état de cause être soumis aux procédures CC normales ; Obligation de déterminer, à l'égard des personnes morales, la provenance des fonds et d'identifier leurs bénéficiaires ainsi que les personnes qui contrôlent ces fonds ; Devoir de vigilance particulière à l'égard des sociétés dont le capital est constitué d'actions au porteur ou détenu par des mandataires, à l'instar des fiducies ; En ce qui concerne la clientèle recommandée, ne pas faire confiance à des intermédiaires soumis à des normes inférieures à leurs propres procédures CC ou qui refusent de communiquer les informations obtenues dans l'exercice de leur devoir de diligence ; Au sujet des banques correspondantes, obligation de se renseigner suffisamment sur la nature de leurs activités, leurs procédures de prévention et de détection du blanchiment, la finalité du compte, l'état de la réglementation et du contrôle bancaire dans le pays d'implantation, et de ne nouer des relations d'affaires que lorsque ces correspondants sont contrôlés par des autorités compétentes. b) Surveillance particulière de certaines opérations -Opérations importantes portant sur des sommes dont le montant unitaire ou total est supérieur à une somme fixée par le Comité Ministériel ou, à défaut, par des dispositions nationales.

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- Obligation de déclarer à l’Agence Nationale d’Investigation Financière, tous les paiements en espèces ou par titres au porteur d’une somme dont le montant unitaire ou total est supérieur à un seuil fixé par le Comité Ministériel ou à défaut par des dispositions prises par chaque État membre.

- Devoir de vigilance particulière à l'égard de tous les transferts de fonds, de toutes les opérations en provenance ou à destination d’établissements ou d'institutions financières qui ne sont pas soumis à des obligations au moins équivalentes à celles en vigueur dans la CEMAC en matière d’identification des clients ou de contrôle des transactions, ou qui sont situés dans des pays nonmembres du Groupe d’Action Financière (GAFI) ou dans des pays identifiés comme non coopératifs dans les matières objet du Règlement.

- Obligation d’avoir une bonne compréhension des activités normales et raisonnables sur les comptes de leur clientèle, de façon à identifier les transactions atypiques. Les banques doivent disposer de systèmes permettant pour tous les comptes, de déceler les activités à caractère inhabituel ou suspect, en recourant par exemple à des limites par classe ou catégorie de comptes ; Le devoir de diligence imposé aux banques en ce qui concerne l'identification de la clientèle et la surveillance permanente, s'applique aussi bien aux activités dites suspectes qu'aux comptes à hauts risques ;

c) Gestion des risques au travers de l'adoption d'une organisation et de procédés internes appropriés Obligation de faire figurer les pratiques CC dans leurs systèmes de gestion des risques et de contrôles internes dans la conception de leurs propres programmes de gestion des risques pour leur conférer toute l'efficacité recherchée ; Obligation de disposer de politiques, pratiques et procédures de nature à promouvoir un haut degré d'éthique et de professionnalisme et à empêcher d'être utilisées intentionnellement ou non dans le cadre d'activités criminelles ; Obligation d’élaborer des programmes de prévention du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme. d) Conservation et communication des documents et pièces Obligation de conserver les documents, informations concernant l’identité et le domicile des clients intéressés ainsi que les caractéristiques de l’opération pendant

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cinq ans au moins à compter de la clôture des comptes, de la cessation des relations avec le client ou de l’exécution de l’opération ; Obligation d’indiquer les noms de leurs agents et dirigeants assurant l'interface avec l'ANIF en matière d'échanges d'informations relatives à la lutte contre le blanchiment. e) Déclaration de soupçon des opérations suspectes Obligation de déclaration de soupçon, dans certaines conditions, à l’Agence Nationale d’investigation Financière. Obligation de déclaration de soupçon, à l’Agence Nationale d’investigation Financière, pour des motifs raisonnables des fonds ou mouvements de fonds sont liés, associés ou destinés à être utilisés pour le financement du terrorisme, des actes terroristes ou des organisations terroristes. Protection des agents déclarants : pas de poursuite pénale en cas de bonne foi et pas de responsabilité civile ; Obligation de se soumettre aux termes de la décision de blocage provisoire des fonds, comptes ou des titres concernés par la déclaration, prise par l'Agence Nationale d’Investigation Financière avant l’expiration du délai d’exécution mentionné dans la déclaration. f) Déclaration des fonds et opérations des personnes listées et surveillance particulière de leurs transactions Obligation de déclaration à l’Agence Nationale d’Investigation Financière des opérations, sommes, avoirs ou autres biens des personnes figurant sur la liste établie par le Comité des sanctions des Nations Unies. g) Gel des fonds des personnes listées ou reconnues coupables de financement du terrorisme Obligation de geler les fonds appartenant directement ou non à des personnes reconnues coupables de financement du terrorisme ou à celles figurant sur la liste établie par le Comité des sanctions conformément aux résolutions des Nations Unies relatives à la prévention et à la répression du financement des actes terroristes ou sur celle arrêtée par Comité Ministériel. h) Abstention d'accomplissement des actes répréhensibles Interdiction est faite aux dirigeants ou les agents des établissements de crédit de porter à la connaissance du propriétaire des sommes ou de l’auteur de l’une des

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opérations incriminées, l’existence de la déclaration faite auprès de l’ANIF ou de donner des informations sur les suites qui lui ont été réservées. En somme, le règlement COBAC pose le cadre juridique permettant aux établissements de crédit de se doter d’un outil supplémentaire qui les aidera à mieux détecter les actes de blanchiment et de financement du terrorisme ; En tout état de cause, les établissements de crédit doivent se conformer aux diligences minimales fixées dans le Règlement COBAC, notamment en mettant en place les infrastructures dédiées aux fins de lutte contre le blanchiment des capitaux. Ils doivent en l’occurrence organiser leur contrôle interne de manière à ce que toutes les obligations prescrites dans le Règlement COBAC soient appliquées, notamment l’identification de la clientèle et la surveillance de certains comptes et transactions. II-

MISE EN ŒUVRE CONCRETE DU DISPOSITIF DE LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX

Dans le cadre de la mise en œuvre du Règlement n° 01/03/CEMAC/UMAC portant prévention et répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme en Afrique Centrale et du Règlement COBAC R-2005/01 relatif aux diligences des établissements assujettis en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme en Afrique Centrale, le Secrétariat Général de la COBAC a entrepris de se doter d’outils adéquats pour la réalisation de cette nouvelle mission. A cet effet, il a élaboré un questionnaire et des fiches destinés respectivement au contrôle sur pièces et au contrôle sur place.

2.1- Le contrôle sur pièces Le contrôle sur pièces s’effectue sur la base d’un questionnaire dénommé « ASTROLAB » (Aide à la Surveillance et au Traitement de la Réglementation et de l’Organisation de la Lutte Anti-Blanchiment) adressé périodiquement par le Secrétariat Général de la COBAC aux établissements de crédit. Ce questionnaire correspond à un découpage des règlements CEMAC et COBAC en un ensemble de questions à choix restreints (oui ou non) avec possibilités de commentaires, rempli par les banques et qui renseigne sur l’état du dispositif de LBC/FT en vigueur dans la banque. Les questions font l’objet d’une pondération permettant d’obtenir une représentation graphique sur laquelle apparaissent les points forts et les points faibles de l’établissement dans le domaine de la LBC/FT.

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2.2- Le contrôle sur place Le contrôle sur place a pour objet, d’une part, de s’assurer que les établissements disposent de procédures internes adaptées à leur activité, ainsi que d’un système de surveillance leur permettant de vérifier le bon respect des procédures mises en place et, d’autre part, de vérifier sur un certain nombre de dossiers, à titre de contrôle, que les établissements respectent effectivement la réglementation et font preuve d’une vigilance constante. Au cours des enquêtes sur place, la mission d’inspection procède à la mise en œuvre de trois diligences : -

d’abord vérifier le contenu et la qualité des réponses apportées par l’établissement au questionnaire « ASTROLAB » ;

-

ensuite examiner l’organisation, les procédures internes ainsi que le système de surveillance permettant de contrôler le bon respect des procédures ;

-

enfin vérifier, à titre de contrôle, sur des opérations et des dossiers significatifs, que l’établissement de crédit a respecté les obligations légales en matière d’identification de la clientèle, de conservation des documents et des caractéristiques des opérations, de déclaration de soupçon, de constitution de dossiers de renseignements relatifs aux opérations importantes suspectes et enfin de formation de ses agents.

Ces contrôles différents contrôles visent à vérifier l’efficacité du dispositif et le niveau de vigilance. Ils doivent permettre de détecter les défaillances structurelles ou individuelles. Sur ce point, il y a lieu de souligner que le contrôle des opérations n’aura pas pour objet principal de rechercher les infractions à la loi, mais de s’assurer, sur des dossiers significatifs en matière d’exposition au risque de blanchiment, que les établissements ont apporté toute la vigilance requise par la loi. La mission d’inspection, à travers ses contrôles sur les procédures écrites internes, le système de surveillance, ainsi que sur les opérations et les dossiers qu’elle aura sélectionnés, fait émerger un certain nombre de faits susceptibles d’être considérés par la COBAC comme des manquements à la réglementation en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Les éléments que la mission d’inspection communique à la COBAC doivent notamment permettre à celle-ci d’apprécier si les conditions de l’article 60 du règlement COBAC R-2005/01 sont réunies pour engager contre l’établissement une procédure disciplinaire.

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L’article 60 stipule en effet que « lorsque, par suite, soit d’un grave défaut de vigilance, soit d’une carence dans l’organisation interne de contrôle, un établissement assujetti a omis d’accomplir les obligations mises à sa charge, la COBAC peut engager une procédure disciplinaire sur le fondement des dispositions des textes régissant la profession. Elle en avise le Procureur de la République de l’Etat sur le territoire duquel a été relevée l’infraction aux dispositions réglementaires ». En somme, il convient de noter que les rapports de vérification générale des établissements de crédit effectuée par la COBAC comportent un volet relatif à la lutte anti-blanchiment. Pour mener à bien sa mission, le Secrétariat Général de la COBAC s’est récemment doté d’un questionnaire – dénommé Astrolab - et de fiches destinés respectivement au contrôle sur pièces et au contrôle sur place. Ces outils de contrôle qui permettent de s’assurer du respect de la réglementation en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme participent de l’amélioration de la conformité du dispositif LAB de la CEMAC aux normes internationales.

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Le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme constituent une menace sérieuse pour l’intégrité des systèmes financiers. Pour cela, plusieurs initiatives ont été prises sur le plan international pour lutter contre ces fléaux et limiter leur impact sur la stabilité des systèmes financiers . La CEMAC s’est résolument engagée dans cette lutte en mettant en place un cadre légal qui porte prévention et répression du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme en Afrique Centrale et des institutions régionale et nationales chargées de la mise en œuvre de cette lutte. La COBAC, organe de supervision des établissements de crédit, a mis en place un dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux, composé d’un règlement qui impose certaines diligences aux établissements de crédit dans leur relation avec la clientèle et de certains outils de surveillance.

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EXERCICES D’APPLICATION

EXERCICES NON CORRIGES 1) Que pensez-vous de cette réflexion d’un citoyen d’un pays africain, parlant de la lutte contre le blanchiment des capitaux : « Ce sont les problèmes des riches, ça ne nous concerne pas. Nous avons plutôt besoin de cet argent ici dans nos pays ». 2) Donnez les principales initiatives de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme prises sur le plan international. 3) Présentez le dispositif juridique en vigueur dans la CEMAC dans le cadre de la lutte contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement du Terrorisme sur le double plan des normes réglementaires et des institutions. 4) Donnez, à chaque fois, deux diligences que les établissements de crédit de la CEMAC, en matière de lutte contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement du Terrorisme, se doivent d’accomplir dans les cas suivants : a. Relations avec la clientèle (nouvelle ou ancienne) b. Exécution de certaines opérations. 5) Sur quelle base s’effectue le contrôle sur pièces des établissements de crédit de la CEMAC dans le cadre de la lutte contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement du Terrorisme ? 6) Quelles sont les diligences qu’une mission d’inspection de la COBAC doit mettre en œuvre dans le cadre de la lutte contre le Blanchiment des Capitaux et le Financement du Terrorisme ?

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