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Université Mohammed Premier Faculté des Sciences Juridiques, Sociales et Economiques Oujda
INSURTECH: LA NOUVELLE RÉVOLUTION
Encadré par : Mr. MHAMDI Bekkay
Réalisé par: CHOUGRANI Fayçal & BENAMAR Zaydane Année universitaire: 2018-2019
Insurtech : La nouvelle révolution
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CHOUGRANI Fayçal & BENAMER Zaydane
Sommaire Introduction ........................................................... 2 Qu’est-ce que l’Insurtech ? .................................. 2 Impact des Insurtech ............................................ 5 Insurtech : Valeurs ajoutées ................................ 8 Les Insurtech et leurs capacités d’innovation .. 12 Conclusion............................................................ 18
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Introduction « Le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le nuire ».
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Qu’est-ce que l’Insurtech ? La question de la définition de ce qu’est une Insurtech n’est pas encore clairement résolu, ce terme est apparue très récemment et est de plus en plus répandu et recherché sur les moteurs de recherche. Toutefois, par définition il s’intéresse à la combinaison de la technologie et de l’assurance. En revanche, il faut aller plus loin pour en tirer une définition inclusive qui tienne compte de tous les aspects de l’innovation en cours dans le secteur de l’assurance. Dans ce qui suit, on va tenter de répondre à cette question, on poserait 3 questions fondamentales pour la définir puisqu’il n’y a pas de définition qui est reconnu à l’échelle internationale. Qui ? La notion d’Insurtech regroupe généralement un écosystème de multiples entreprises qui opèrent dans le monde de la technologie pour l’assurance, ils sont : Des « early-adopters1 » : Elles utilisent plus souvent le Big Data, le Machine Learning ou les objets connectés que les acteurs traditionnels de l’assurance. Digitaux par défaut : ils sont moins dépendants de systèmes historiques ou de procédures/processus complexes. Concentrés sur une niche, un besoin, une ligne métier : A ce jour, aucune Insurtech ne couvre plusieurs lignes métier ou segment de client en même temps. En gardant à l’esprit ces aspects, l’entreprise Insurtech peut donc être à la fois la startup, agile ou acteur bien établi et innovant.
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Ce sont les premières entreprises à adopter une technologie
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Quoi ? Les Insurtech viennent bouleverser le business model2 traditionnel des acteurs de l’assurance. Elles ont des propositions de valeur innovantes capables d’attirer et de favoriser l’engagement des clients. Elles proposent également des solutions innovantes pour optimiser l’efficacité opérationnelle en automatisant des processus par exemple. Cependant, le premier objectif commun à toutes est de générer de la valeur, que ce soit pour le client, l’assureur ou les 2. Côté client, en traitant mieux les besoins tout au long du parcours client. Côté assureurs, en apportant des réponses aux irritants du modèle opérationnel. Comment ? Pour définir comment fonctionnent les Insurtech, il faut se baser sur 2 approches : Exploiter les capacités des technologies les plus avancées : Avec une connaissance poussée des technologies à la pointe, les Insurtech peuvent proposer des solutions nouvelles à des situations déjà bien connues. Améliorer l’expérience client en mettant en place une approche customercentric3 : en s’intéressant de manière plus fine à l’expérience utilisateur et ses besoins, on élève toujours plus haut le niveau d’attente des produits d’assurance. D’après tout ce qui a été dit, on peut dire que l’Insurtech est « l’écosystème des entreprises concentrées et basées sur l’innovation, qui génèrent de la valeur pour les
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Le modèle d'entreprise, modèle d'affaires ou business model, est la représentation systémique et synthétique de l'origine de la valeur ajoutée d'une entreprise et de son partage entre les différentes parties prenantes, sur une période et pour un domaine d'activité clairement identifiés. 3 Une stratégie d'entreprise centrée client augmente systématiquement la satisfaction du client. L'un des objectifs de la customer-centricity est de savoir ce que vos clients apprécient ou non, afin d'adapter vos produits pour mieux répondre aux besoins et éliminer les sources d'irritation
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clients et/ou les acteurs traditionnels, en réglant les problèmes de la chaine de valeur 4 de l’assurance à travers l’usage de technologies en suivant une approche Lean 5 et Orientée vers le client.
Impact des Insurtech D’après PwC6 , la meilleure évaluation des risques grâce à l’analyse data est ainsi le deuxième domaine dans lequel l’Insurtech aura l’impact le plus fort, juste après la création de nouvelles offres à destination des clients.
Mieux anticiper les risques grâce à la technologie De quoi parle-t-on précisément ? La force de l’Insurtech réside dans sa capacité non pas à réinventer l’assurance de A à Z mais, au contraire, à la modifier par petites touches successives, en absorbant les innovations qui gravitent autour d’elle. L’Insurtech innove au pas de course dans 4 domaines en particulier : Télémesure et Internet des Objets7 : La collecte et la transmission de données dans le cadre de la santé connectée (rythme cardiaque, températures…) ou encore de la domotique permettent d’avoir une meilleure connaissance des assurés et de leur environnement.
La chaîne de valeur est l'ensemble des étapes déterminant la capacité d'un domaine d'activité stratégique (DAS), d'une entreprise ou d'une organisation à obtenir un avantage concurrentiel. 5 Le Lean est une approche systémique pour concevoir et améliorer les processus en visant un état idéal centré sur la satisfaction du client 6 PricewaterhouseCoopers est un réseau d'entreprises spécialisées dans des missions d'audit, d'expertise comptable et de conseil à destination des entreprises. C'est l'un des quatre grands cabinets d'audit et de conseil avec Deloitte, Ernst & Young et KPMG. 7 L'Internet des objets, ou IdO est l'interconnexion entre Internet et des objets, des lieux et des environnements physiques. L'appellation désigne un nombre croissant d'objets connectés à Internet permettant ainsi une communication entre nos biens dits physiques et leurs existences numériques 4
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ADAS (Advanced Driver Assistance Systems) 8 : Le monitoring de la conduite manuelle et la réduction du risque humain grâce à la conduite autonome offrent de formidables perspectives dans le secteur automobile. A travers son offre YouDrive, Direct Assurance évalue le style de conduite de ses clients par l’intermédiaire d’un boîtier connecté. Les plus prudents bénéficient de rabais pouvant atteindre 50% du coût de leur assurance auto. Analyse Big Data : L’analyse data permet de personnaliser l’offre à l’extrême et de proposer des produits d’assurance "à la demande" assortis d’une tarification sur-mesure. Machine
Learning
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(apprentissage
automatique)
et
Intelligence
Artificielle : L’accélération technologique des dernières années et, plus encore, celle qui se profile à l’horizon vont permettre de passer à un modèle prédictif (en matière de vols, de risques de santé, de risques climatiques). Des algorithmes complexes vont permettre d’élaborer des scénarios capables de prédire l’avenir… toujours dans l’objectif de mieux évaluer le coût des risques encourus.
Des ressources mieux utilisées, des primes en baisse Meilleure protection, tarification adaptée au profil de l’assuré et connaissance approfondie des risques ne sont pas les seuls atouts de l’Insurtech : Du point de vue du client, cette évolution est synonyme de plus grande réactivité dans le traitement des dossiers (déclaration de sinistre à distance…) et
Une aide à la conduite automobile est un système de sécurité active d'information ou d'assistance du conducteur pour : éviter l'apparition d'une situation dangereuse risquant d'aboutir à un accident ; libérer le conducteur d'un certain nombre de taches qui pourraient atténuer sa vigilance 9 L'apprentissage automatique (en anglais machine learning, littéralement « l'apprentissage machine ») ou apprentissage statistique est un champ d'étude de l'intelligence artificielle qui se fonde sur des approches statistiques pour donner aux ordinateurs la capacité d' « apprendre » à partir de données 8
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d’optimisation de l’expérience. L’assurance pourrait même devenir automatique, comme l’illustre le contrat intelligent lancé par AXA en partenariat avec la plateforme d'assurance paramétrique Fizzy. Ce contrat déclenche un remboursement aux passagers dès que le retard d’avion est de 2h ou plus. Du point de vue de l’assureur, l’automatisation d’un certain nombre de tâches ou l’autonomisation du client lui-même (actualisation des informations personnelles, simulation d’assurance, démarchage commercial…) permet de recentrer les équipes sur le cœur de métier, à savoir le conseil et l’accompagnement. Pour finir, cette meilleure utilisation des ressources devrait faire baisser les primes d’assurance et permettre aux assureurs d’être plus compétitifs, selon une enquête de l’organisation professionnelle IAIS10.
Vers l’émergence de nouveaux modèles Quel peut être l’impact à plus long terme de l’Insurtech sur l’activité des sociétés d’assurance ? La conséquence la plus probable est un déplacement de leur périmètre d’intervention. De la gestion de sinistres, le rôle des assureurs devrait progressivement se déporter vers la prévention. A quoi bon encourir le risque de devoir financer, du moins en partie, un séjour à l’hôpital s’il est possible de l’éviter, en aidant l’assuré à prendre soin de sa santé ? Dans ce système, tout le monde est gagnant. Et c’est peut-être pour cela que l’Insurtech suscite autant d’optimisme.
L’Association internationale des contrôleurs d’assurance est une organisation volontaire de contrôleurs et de régulateurs d’assurance, établie sur la base de l’adhésion et dirigée par les membres de plus de 190 pays et dans plus de 140 pays. 10
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Insurtech : Valeurs ajoutées Le panorama présenté ci-dessous n’a pas la prétention d’être exhaustif mais présente 3 modèles de fonctionnement disruptifs, comparativement aux modèles assurantiels traditionnels.
Le modèle du Data Caractéristiques : Fondé
sur
la
récupération
et
l’exploitation des données Anticipe les besoins des clients Propose une offre adaptée en fonction des données analysées
OSCAR : "Pay as you walk"
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Le principe : modèle de prévention basé sur le quantified-self (automesure de ses variables de santé via des objets connectés tels que les bracelets tracker d’activité). La prime du contrat d’assurance est modulée selon le comportement de l'assuré. Modalités : l'application mobile d'Oscar permet d’acheter un bracelet connecté grâce auquel elle enregistre quotidiennement le nombre de pas effectués. Dès qu’un seuil défini par Oscar est franchi (en fonction du profil de l’adhérent et du minimum défini par les algorithmes de l’entreprise), l’assuré est récompensé par des bons d’achat. Si le modèle d’OSCAR fonctionne très bien aux Etats-Unis où l’assurance-santé est individuelle, le fait de récompenser les « bons comportements » liés à la prévention est une idée déjà reprise par certains assureurs français (ex : Axa avec son offre Modulango). O SEVEN TELEMATICS: Pay how you drive Le principe : plateforme d’assurance basée sur le comportement automobiliste. La prime d'assurance est calculée en fonction de la conduite de l’assuré au volant et a pour objectif d’encourager les « bons » comportements au volant. Modalités : un boîtier placé dans la voiture enregistre les données relatives à la conduite de l’assuré (nombre de km effectués, fréquence d’utilisation du véhicule, force des freinages et des accélérations, façon de prendre les virages…). L’analyse de ces éléments permet de noter la conduite de l’assuré et de le faire bénéficier d’une remise sur sa prime d’assurance. Autres exemples : Zendrive propose une offre à destination des professionnels de l’assurance. La start-up utilise les capteurs des smartphones pour évaluer les comportements des conducteurs, et aider les assureurs à mieux mesurer leurs risques.
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Le modèle du Peer-to-Peer (P2P) ou l’assurance collaborative Caractéristiques : Collectivisation des risques Personnalisation de l’offre Mise en œuvre de la ré-intermédiation pour optimiser l'expérience client
LEMONADE : se rassembler autour d’une cause commune Le principe : l'argent des adhérents (après déduction des frais, y compris la rémunération de l'entreprise) leur appartient collectivement et ne devient jamais la propriété de l'assureur. Modalités : Hormis la rémunération (20% des primes perçues), les montants sont répartis de façon transparente comme suit : 20% à la réassurance 40% pour les frais administratifs (taxes et autres frais) 40% pour le fonds communautaire destiné à couvrir les indemnisations Si le fonds communautaire n'est pas entièrement utilisé au cours d'une année, le reliquat est versé à des associations caritatives sélectionnées par l'assuré lors de la signature de son contrat. L’aspect Peer-to-Peer est ici : en rassemblant des clients dans des groupes souhaitant contribuer aux mêmes causes lors de la restitution du reliquat. Autres exemples : Otherwise, INSPEER…. pour lesquelles le reliquat est cette-fois ci reversé directement aux assurés. BOUGHT BY MANY : l'achat groupé 10
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Le principe : grouper l’achat d’assurances pour obtenir le meilleur tarif. Modalités : Les internautes ayant un besoin commun d’assurance spécifique sont regroupés et la start-up négocie une police d’assurance aux tarifs avantageux auprès d’un assureur traditionnel La principale valeur ajoutée de la start-up consiste à créer des polices d’assurance spécifiques en fonction du besoin, et répond ainsi à une tendance de personnalisation des offres.
Le modèle des comparateurs augmentés Caractéristiques : Proposent des plateformes de comparateurs intelligents Permettent un choix éclairé sur le prix et les couvertures disponibles Unissent l’aspect conseil et la recherche du meilleur prix
FLUO : la comparaison de valeur Le principe : plutôt que de se baser uniquement sur la comparaison du prix, Fluo effectue une comparaison de « valeur », sur le contenu même de la garantie. 11
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Modalités : grâce à un moteur d'analyse et de diagnostic, FLUO scanne l'ensemble des assurances contractées au sein d’un même foyer (habitation, auto, prévoyance, etc.). L’application repère les doublons et évite ainsi à l’adhérent de ne pas souscrire deux fois aux mêmes garanties tout en assurant un niveau de couverture optimal. KNIP : le conseil augmenté Le principe : application mobile rassemblant l’ensemble de ses contrats d'assurance sur une même interface et facilitant leur gestion. Modalités : KNIP regroupe l’ensemble des polices d’assurance souscrites par l’utilisateur et les compare. Depuis son smartphone, l’adhérent peut donc changer de tarifs ou souscrire à de nouvelles polices. L’application KNIP joue plusieurs rôles à la fois : celui d’agrégateur, de comparateur mais également de « conseiller » puisqu’il aide l’adhérent à mieux gérer et exécuter ses contrats d’assurance. Autres exemples similaires en finance : application LaFinBox, permettant de visualiser les informations relatives à l’ensemble de ses comptes bancaires et les placements effectués dans différentes banques ou organismes. L’application intègrera bientôt un robo advisor, permettant d’optimiser ses placements.
Les Insurtech et leurs capacités d’innovation Nous allons nous pencher dans cette partie sur la capacité des start-up spécialisées dans l’Insurtech à créer de l’innovation en matière d’offres assurantielles. A ce titre, 6 grands champs d’innovation ont été identifiés et vont être illustrés à travers la présentation d’un ou de plusieurs de leurs représentants les plus emblématiques. Ce qui va particulièrement nous intéresser ici se caractérise à la fois par la capacité des Insurtech à générer de l’innovation/novation dans les offres d’assurance mais 12
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également de les inscrire résolument dans une logique d’e-commerce grâce à une optimisation de l’expérience client et une simplification du process de souscription.
L’Assurance préventive Oscar est sans aucun doute le représentant de cette approche le plus médiatique et le plus emblématique. La start-up entièrement digitale renverse la vision traditionnelle de l'assurance en basculant de la curation vers la prévention. Oscar pousse l’utilisation des nouvelles technologies vers de l’auto-prévention en jouant sur la gamification. La start-up incite ses assurés à faire des efforts physiques bénéficiant de récompenses annuelles sous forme de « cash » ou de bons cadeaux Amazon. Dans cette même logique, elle met à disposition de ses adhérents téléconseils et téléconsultations médicales à toute heure, réseau de médecins à proximité géolocalisé, check-up gratuits, accès aux médicaments de base et à certains vaccins sans visite et sans frais. La puissance du modèle réside donc dans l’utilisation des nouvelles technologies digitales combinée à une logique forte de self-care, de prévention et d’accompagnement des assurés. Enfin, positionnée en premier lieu uniquement sur les particuliers, la startup continue de se développer en s’attaquant au segment des entreprises de moins de 100 salariés.
L’assurance connectée L’Internet des objets (IoT) est un champ en pleine explosion. Il se déploie principalement, dans les domaines de l’assurance, en auto, habitation et santé. Prenons le cas de la start-up Metromile. Son principe est simple, un boîtier présent dans le véhicule permet de déterminer le nombre de kilomètres parcourus et d’adapter le prix de l’assurance en fonction. La logique de tarification proposée par la 13
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start-up se décompose en une partie fixe calculée à partir des données courante comme l‘âge, le type de voiture et la ville et une partie variable en fonction du kilométrage parcouru. Le boitier, très facilement installable par l'assuré, permet de mesurer les KM parcourus et non la manière de conduire. L’application smartphone de Metromile offre en outre aux assurés des informations comme les dépenses d'essence, le temps et la vitesse moyennes des trajets ainsi que la géolocalisation du véhicule.
L’Assurance ajustée Ce champ d’innovation regroupe les start-up proposant 4 grands types de services. Les plus connus sont Fluo et Knip et agissent en tant qu’agrégateur, analyste, comparateur et courtier. Ces applications permettent à un particulier d’optimiser la couverture de ses risques et son budget assurance (rapport qualité/prix, garanties, …). Après avoir agrégé l’ensemble des contrats d’assurance du client, la solution analyse le niveau de couverture des clients, repère les doublons et les trous de garanties bref les leviers d’optimisation de couvertures et d’économies d’assurance. Elle lui transmet de l’information non seulement sur les meilleurs prix mais également sur les meilleurs services et lui propose des offres ciblées. A ce titre, Knip dispose de conseillers consultables par ses utilisateurs. En tant que courtier, ces acteurs sont rémunérés par les assureurs en commissionnement. Fluo propose en outre une solution BtoB en marque blanche permettant à des partenaires d’avoir accès à son moteur, via une plate-forme API, en s'acquittant d'un abonnement mensuel.
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L’Assurance à la demande (on demand) Un des acteurs les plus représentatifs de ce courant est sans doute Trov. Cette start-up australienne, se présente sous la forme d’une application mobile permettant de protéger les objets de valeurs des utilisateurs en quelques clics. Cette application permet à ses utilisateurs d’accéder à des services d’assurance à la demande pour couvrir unitairement des objets. Les utilisateurs peuvent ainsi déterminés la durée de l’assurance, le montant pour lequel le bien est assuré, le montant de la franchise. Ils peuvent sélectionner différents objets (appareils électroniques, instruments de musique ou encore vélo) à assurer au jour ou au mois. L’objectif est de favoriser au maximum les attentes d’instantanéité et de simplicité dans la souscription d’assurance. Cette offre cible les garanties de courtes durées pour des besoins spécifiques : vous partez en voyage avec votre ordinateur portable, vous prêtez votre appareil photo à un ami, … La start-up, qui joue le rôle d’intermédiaire, a signé des partenariats avec des grands noms de l’assurance, à savoir Suncorp Group en Australie et AXA au RoyaumeUni. Le principe de simplification se déploie également dans la gestion des sinistres et le versement des indemnisations. Il suffit de répondre à des questions depuis l’application pour se voir créditer la somme due. La start-up a même développée un « bot » qui serait capable de traiter 90 % des déclarations de sinistres.
L’Assurance collaborative Cette nouvelle forme d’assurance portée par plusieurs start-up bien connues propose la plupart du temps un mécanisme de protection communautaire fonctionnant 15
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en première ligne de couverture pour les petits sinistres avec des limites de garanties relativement basses. Un des principes fondamental de ce mécanisme est de récompenser les comportements vertueux sous forme de cash back. Chez Friendsurance par exemple, Les adhérents sont ainsi invités à former de petites communautés pour s'épauler financièrement en cas de sinistre - pour de petites sommes - en versant une partie de la prime dans un pot commun pour les risques se référant à l’assurance habitation, la protection juridique ou encore la garantie appareils nomades. Si le coût du sinistre dépasse les limites de garantie de la communauté, l'assureur prend le relais au-delà de ce seuil. Friendsurance encourage les bons comportements en proposant un système de « cash-back ». Si, dans l'année, la communauté n'a pas déclaré de sinistres, ses membres vont récupérer une partie de l’argent mis en commun, jusqu'à 50 % des primes versées. De son côté Inspeer propose de mutualiser la franchise d'assurance d’automobile électrique. Les clients se regroupent et s'engagent à se couvrir réciproquement les montants en cas de petits sinistres. Inspeer se charge ensuite de collecter les fonds auprès des proches qui se sont engagés. C'est grâce aux informations relatives à ces contrats que l'utilisateur transmet à Inspeer que la Start up va calculer un indice de risque de paiement de franchise. Inspeer propose un service qui est complémentaire à l’assurance et qui vise à récompenser le bon comportement de ses adhérant sous forme de « cash-back » également. Enfin, dernier exemple, Guevara crée des communautés homogènes afin de mutualiser les risques en assurance auto. Ces communautés rassemblent des profils de risques similaires. Les primes versées par les membres d'un groupe sont constituées en réserve servant à indemniser les sinistres subis par les membres du groupe au cours de l'année. A l'heure du renouvellement, seule la part « entamée » de ce fonds est reconstituée par les appels de prime. Si les besoins d'indemnisation excèdent les 16
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disponibilités du groupe, un fonds spécial (baptisé « Waterloo Fund »), constitué par Guevara, prend le relais.
L’assurance affinitaire digitalisée Elle propose un parcours de souscription de garanties d’assurance entièrement digitalisé avec une proposition de valeur basée sur la simplicité, la rapidité et le prix. Square Trade par exemple est une plateforme Internet spécialisée dans la distribution d'extensions de garanties concernant plusieurs objets du quotidien comme le mobile, la tablette, l’ordinateur portable ou plus globalement l’électroménager. Squaretrade distribue ses garanties à travers des market place du web tel que Amazon ou Ebay. L’assureur partenaire de Square Trade est la compagnie irlandaise AmTrust International qui s'occupe de porter et de gérer les risques. De son côté, Zen’Up est un courtier qui se positionne sur le marché de l’assurance emprunteurs. Il propose à ses adhérant un parcours 100% digitale, simple et transparent. La solution proposée accélère le processus de souscription grâce à une tarification immédiate, une gestion automatisée de l'équivalence de garanties, une sélection médicale en ligne et une souscription électronique sécurisée. Cette solution est également paramétrable et déployable en marque blanche pour les assureurs, banques, mutuelles et courtiers. La proposition de valeur de Zen’Up est de pouvoir s’assurer dans l’heure (hors complication sur le questionnaire de santé).
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Conclusion Si l’apparition des Fintech a amené les banques à se rapprocher de ces dernières, ce phénomène s’observe aussi dans le secteur des assurances. Face à leur souplesse, leur maîtrise des nouvelles technologies et l’innovation dont elles font preuve, l’investissement dans ces start-up est perçu par les assureurs comme une opportunité de se moderniser et de ne pas manquer le tournant digital. On peut citer l’exemple d’Axa qui a investi 20 millions de dollars dans la start-up One Inc. De leur côté, les Insurtech soumises à la pression des investisseurs et face aux difficultés de financement, peuvent également chercher à trouver une voie de collaboration avec les assureurs. Ces phénomènes de rapprochement s’effectuent en réalité à l’avantage du consommateur, puisque ces synergies donnent lieu à des nouveaux produits et offres innovants, proposés cette fois par les assureurs traditionnels. Un des segments les plus porteurs dans le futur pour les Insurtech est la gestion des risques. Une seconde vague d’Assurtech pourrait même apparaître : plus impactante, plus créative et plus ambitieuse, capable de modifier en profondeur la manière dont les assureurs couvrent le risque. La question est de savoir comment le secteur y répondra. N’en déplaise à Schumpeter, les Insurtech ne seraient-elles pas plutôt le renouveau qui soutient l’ancien ?
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