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Les barrages et les digues de protection
Article L.211-7 du code de l’environnement : « I – […] Les collectivités territoriales et leurs groupements ainsi que les syndicats mixtes créés en application de l’article L.5721-2 du code général des collectivités territoriales et la communauté locale de l’eau sont habilités à utiliser les articles L.151-36 à L.151-40 du code rural pour entreprendre l’étude, l’exécution et l’exploitation de tous travaux, ouvrages ou installations présentant un caractère d’intérêt général ou d’urgence, dans le cadre du schéma d’aménagement et de gestion des eaux s’il existe, et visant : 1°) l’aménagement d’un bassin ou d’une fraction de bassin hydrographique ; 2°) l’entretien et l’aménagement d’un cours d’eau non domanial, y compris les accès à ce cours d’eau ; 3°) l’approvisionnement en eau ; 4°) la maîtrise des eaux pluviales et de ruissellement ; 5°) la défense contre les inondations et contre la mer ; 6°) la lutte contre la pollution ; 7°) la protection et la conservation des eaux superficielles et souterraines ; 8°) la protection et la restauration des sites, des écosystèmes aquatiques et des zones humides ainsi que des formations boisées riveraines ; 9°) les aménagements hydrauliques concourant à la sécurité civile. »
Article R214-1 à R214-111 du code de l'environnement Application de la loi sur l'eau et les milieux aquatiques Article R 214-1 "Nomenclature" : Rubriques 3.1.1.0, 3.1.2.0, 3.1.4.0, 3.1.5.0, 3.2.2.0, 3.2.5.0 et 3.2.6.0 Article R214-112 à R214-151 du code de l'environnement Dispositions relatives à la sécurité des ouvrages hydrauliques (modifications apportées par le décret n° 2007-1735 du 11 décembre 2007) Arrêté du 1er février 2008 relatif à l’organisation et aux modalités de fonctionnement du comité technique permanent des barrages et des ouvrages hydrauliques. Arrêté du 29 février 2008 fixant des prescriptions relatives à la sécurité et à la sûreté des ouvrages hydrauliques. Arrêté du 12 juin 2008 définissant le plan de l’étude de dangers des barrages et des digues et en précisant le contenu.
Mise à jour 07/09
Code rural : les articles L.151-36 à L.151-40 précisent et définissent les conditions de réalisation de certains travaux pouvant être conduits par les départements, les communes et leur groupement, les syndicats
Guide de l’eau • Les barrages et les digues de protection
Les barrages et les digues de protection
Les classes des barrages de retenue et des ouvrages assimilés, notamment les digues de canaux, ci-après désignés "barrages", sont définies dans le tableau ci-dessous : Classe de l'ouvrage A B C D
Caractéristiques géométriques H ≥ 20 Ouvrage non classé en A et pour lequel H2 x √V ≥ 200 et H ≥ 10 Ouvrage non classé en A ou B et pour lequel H2 x √V ≥ 20 et H ≥ 5 Ouvrage non classé en A, B ou C et pour lequel H ≥ 20
Les classes des digues de protection contre les inondations et submersions et des digues de rivières canalisées, ci-après désignées "digues", sont définies dans le tableau ci-dessous : Classe de l'ouvrage A B C D
Caractéristiques de l'ouvrage et populations protégées Ouvrage pour lequel H ≥ 1 et P ≥ 50 000 Ouvrage non classé en A et pour lequel H ≥ 1 et 1 000 ≤ P < 50 000 Ouvrage non classé en A ou B et pour lequel H ≥ 1 et 10 ≤ P < 1 000 Ouvrage pour lequel soit H < 1, soit P < 10
barrages et les digues Guide de l’eau • Les protection de
On entend par : "H", la hauteur de l'ouvrage exprimée en mètres et définie comme la plus grande hauteur mesurée verticalement entre le sommet de l'ouvrage et le terrain naturel à l'aplomb de ce sommet ; "V", le volume retenu exprimé en millions de mètres cubes et défini comme le volume qui est retenu par le barrage à la cote de retenue normale. Dans le cas des digues de canaux, le volume considéré est celui du bief entre deux écluses ou deux ouvrages vannés.
On entend par : "H", la hauteur de l'ouvrage exprimée en mètres et définie comme la plus grande hauteur mesurée verticalement entre le sommet de l'ouvrage et le terrain naturel du côté de la zone protégée à l'aplomb de ce sommet ; "P", la population maximale exprimée en nombre d'habitants résidant dans la zone protégée, en incluant notamment les populations saisonnières. Distinction réglementaire entre barrage et digue Le barrage est destiné à contenir un volume d’eau (est donc considéré comme une retenue un étang, un canal,…) alors que la digue est destinée à soustraire une surface à l’inondation. En conséquence, un merlon (= butte de terre) retenant l’eau d’un étang n’est pas à considérer comme une digue mais comme un barrage et doit être classé en conséquence si sa hauteur est supérieure ou égale à 2 mètres.
6.1
Les barrages et les digues de protection Des ouvrages soumis au code rural et au code de l'environnement Dans le cadre de la prévention du risque d’inondation, les collectivités peuvent être amenées à créer des barrages ou des digues de protection pour des zones déjà urbanisées. Ces ouvrages : Sont soumis aux dispositions du code rural et du code de l'environnement. Doivent être compatibles avec les dispositions des SDAGE de la Lorraine et notamment du SDAGE Rhin-Meuse qui prévoit : « Dans les zones inondables déjà urbanisées, de limiter les aménagements de protection à la stricte nécessité de la protection des personnes et, le cas échéant, de certaines constructions existantes, sans aggraver en quoi que ce soit les conséquences des crues à l’amont ou à l’aval. Dans les secteurs urbanisés et non protégeables, fixer des prescriptions particulières liées au niveau d’aléa. » mais aussi « d’envisager la reconstitution des zones d’inondation ou constituer des zones de stockage par des aménagements orientant de façon optimale des volumes d’eau vers les zones les moins vulnérables, au besoin en mettant en œuvre un dispositif contrôlé d’écrêtement et d’épandage des crues. Examiner ces possibilités dans le cadre d’une approche globale sur le bassin versant, en conciliant notamment des aspects liés à l’hydraulique et les questions relatives au fonctionnement des écosystèmes. » Nécessitent généralement une procédure de Déclaration d’Intérêt Général et/ou de Déclaration d’Utilité Publique, en cas d’expropriation (Cf. thème 3) A noter que la loi du 16 octobre 1919 relative à l’utilisation de l’énergie hydraulique s’applique de même, dès lors qu’un usage énergétique existe comme la production d’électricité.
Lorsqu’aucune autre solution n’est techniquement envisageable (suppression de goulet d’étranglement dans le lit majeur, surinondation en zone naturelle d’expansion de crue), il peut être envisagé, pour protéger des zones déjà urbanisées particulièrement menacées, de créer des ouvrages spécifiques de protection, tels que : • barrage d’écrêtement de crue amont (bassin écrêteur), • digues parallèles au cours d’eau. Les incidences hydrauliques, environnementales, etc. , de tels ouvrages étant multiples et complexes, un dossier « loi sur l’eau » sérieusement étudié est nécessaire à l’instruction de la demande. Du fait des impacts potentiels sur la sécurité des biens et des personnes en cas de rupture, des obligations relatives à la sécurité des ouvrages s'imposent aux maîtres d'ouvrage à la fois pour la conception (maîtrise d'œuvre agréée, étude de danger…) et le suivi des ouvrages (surveillance, auscultation, visites techniques...). L’importance des enjeux et des impacts conduit généralement à mobiliser plusieurs rubriques de la nomenclature « Eau » soumettant le projet à Autorisation. s A noter : l’enquête publique est conjointe avec celle nécessaire à la Déclaration d’Intérêt Général (DIG) des travaux et à la Déclaration d’Utilité Publique (DUP).
Comment faire pour réaliser un barrage ou une digue de protection ? Barrages et digues relèvent souvent au titre de la police de l’eau, du régime de l’autorisation préfectorale, après enquête publique et avis du Conseil Départemental de l'Environnement des Risques Sanitaires et Technologiques (CODERST) (voir thème 1). Dans le dossier « Police de l’Eau » devront être étudiés plus particulièrement les points suivants :
1
Conception de l’ouvrage : étude des sols, matériaux de l’ouvrage (matériaux compactés, matériaux drainants), pente, stabilité, étanchéité, ancrage, déversoir (pour les crues exceptionnelles), contre-canal éventuel, piste de service en crête de digue ou sur une risberme côté aval, piste de service en pied de berge, bande libre de végétation ligneuse sur 10 m de part et d’autre des pieds de talus, aménagements contre les mammifères fouisseurs, etc.
2
Dimensionnement du busage de la rivière.
3
Fonctionnement de l'ouvrage pour différentes crues.
4
Simulation en cas de crue exceptionnelle, simulation d’onde de rupture, vulnérabilité à l’aval, aléas et risques.
5
Information du public en cas d’incident.
6
Etude de dangers qui expose les risques que présente l'ouvrage pour la sécurité publique, directement ou indirectement en cas d'accident, que la cause soit interne ou externe à l'ouvrage et définit les mesures propres à réduire la probabilité et les effets de ces accidents.
7
Vieillissement et durée de vie de l’ouvrage dans des conditions de mise en eau ponctuelles.
8
Surveillance (inspection visuelle ordinaire, en crue, post-crue).
9
Entretien (moyen, formation du personnel, description).
10
Diagnostic et réparation.
11
Estimation détaillée du coût de l’ouvrage.
De plus, l’exploitant ou le propriétaire de tout barrage adresse au préfet un programme de première mise en eau conformément à l’article 2 de l’arrêté du 29 février 2008 fixant des prescriptions relatives à la sécurité et à la sûreté des ouvrages hydrauliques. Il assure une surveillance pointue de l’ouvrage tout au long de sa mise en eau. A l’issu et dans les 6 mois, le propriétaire ou l’exploitant remet au préfet un rapport exposant les faits essentiels survenus durant la construction de l’ouvrage et de sa mise en eau (article R.214-121 du CE).
Guide de l’eau • Les barrages et les digues de protection
Mise à jour 07/09
Dans quel but ?
Les barrages et les digues de protection Quelles répercutions pour le propriétaire d’un barrage ou d'une digue de protection existant ? Des délais existent concernant la régularisation des ouvrages existants et notamment concernant l’étude de danger qui doit être produite avant le 31 décembre 2012 pour les ouvrages de classe A et le 31 décembre 2014 pour les barrages de classe B et les digues de classe B et C. Synthèse des démarches et documents à produire pour les barrages et les digues Leur contenu est précisé par l'arrêté du 29/02/2008 et par l'arrêté du 12/06/2008 pour l'étude de dangers. Pour les barrages A
B
C
D
Examen par le CTPBOH du projet ou de la modification
oui
non
non
non
Étude de dangers par un organisme agréé - Actualisation
oui 31/12/2012 Tous les 10 ans
oui 31/12/2014 Tous les 10 ans
non
non
Ouvrages existants : le Préfet notifie l'obligation et le délai
Revue de sûreté par un organisme agréé (après mise en service) - Actualisation
oui 5 ans Tous les 10 ans
non
non
non
Rapport adressé au Préfet. Le Préfet arrête la 1ère échéance pour les barrages existants
Dossier de l'ouvrage
oui
oui
oui
oui
Tenu a disposition du Sce de contrôle
Registre de l'ouvrage
oui
oui
oui
oui
Tenu a disposition du Sce de contrôle
Surveillance et entretien (ouvrage et dépendances)
oui
oui
oui
oui
Vérification du bon fonctionnement des organes de sécurité
Rapport de surveillance
oui Annuel
oui ≤ 5 ans
oui ≤ 5 ans
non
Adressé au Préfet
oui
oui
oui
non *
Dispositif d'auscultation
Observations
* Sauf décision préfectorale pour raison de sécurité
Sauf si la surveillance peut-être assurée efficacement en son absence
Rapport d'auscultation par un organisme agréé
oui ≤ 2 ans
oui ≤ 5 ans
oui ≤ 5 ans
non
Rapport adressé au Préfet
Visite Technique Approfondie
oui Annuelle *
oui ≤ 2 ans *
oui ≤ 5 ans *
oui ≤ 10 ans
* Compte rendu adressé au Préfet
Déclaration au Préfet de tout évènement pouvant mettre en cause la sécurité publique
oui
oui
oui
oui
En fonction du niveau de gravité, le Préfet peut demander un rapport
Possible
Possible
Possible
Possible
oui
non
non
non
Diagnostic de sûreté dit Révision spéciale par un organisme agréé Soumis au CTPBOH
barrages et les digues Guide de l’eau • Les protection de
Sur demande du Préfet en cas de doute sur la sécurité du barrage. Rapport et mesures adressés au Préfet.
6.2
Les barrages et les digues de protection Pour les digues A
B
C
D
Observations Cependant, l'examen peut être effectué à la demande du ministre
oui
Examen du CTPBOH du projet ou de la modification
Obligatoire pour les avant-projets, projets, les modifications, l'étude de dangers et les révisions spéciales
non
non
non
Étude de dangers par un organisme agréé
oui 31/12/2012 10 ans
oui 31/12/2014 10 ans
oui 31/12/2014 10 ans
non
Le Préfet notifie l'obligation de réaliser l'étude de dangers
oui 5 ans après mise en eau 10 ans
non
non
Fréquence
oui 5 ans après mise en eau 10 ans
Effectuée par un organisme agréé ; rapport transmis au Préfet
Dossier de l'ouvrage
oui
oui
oui
oui
Sur support papier. Tenu à disposition du Service de contrôle
Registre de l'ouvrage
non
non
non
non
Surveillance et entretien
oui
oui
oui
oui
Rapport de surveillance Fréquence
oui 1 an
oui 5 ans
oui 5 ans
/
Dispositif d'auscultation
/
/
/
/
Visite Technique Approfondie Fréquence
oui 1 an
oui 1 an
oui 2 ans
oui 5 ans
Compte rendu transmis au Préfet
Déclaration au Préfet de tout évènement pouvant mettre en cause la sécurité publique
oui
oui
oui
oui
Dans les meilleurs délais
Diagnostic de sûreté dit Révision spéciale Soumis au CTPBOH
Possible
Possible
Possible
Possible
Obligatoire
Possible
Possible
Possible
Actualisation Revue de sûreté
Transmis au Préfet
Pas de transmission au Préfet
À tout moment, le préfet peut, par une décision motivée, faire connaître la nécessité d’études complémentaires ou nouvelles, notamment lorsque des circonstances nouvelles remettent en cause de façon notable les hypothèses ayant prévalu lors de l’établissement de l’étude de dangers (article R.214-117 du CE). Le préfet peut également, par décision motivée, modifier le classement d’un ouvrage (est sous-entendu un sur-classement) s’il estime que la prévention adéquate des risques vis-à-vis des personnes et des biens n’est pas assurée, en application de l’article R.214-114 du code de l’environnement.
Mise à jour 07/09
Rappel : Le propriétaire d’un ouvrage est responsable du dommage causé par sa ruine, lorsqu'elle est arrivée par une suite du défaut d'entretien ou par le vice de sa construction conformément à l’article 1386 du code civil.
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