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Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Université Mohammed V
THEME :
L’incivisme fiscaL et Le contrôLe fiscal
Encadré par :
Réalisé par :
M. Abdelmajid STITOU
Akram AIT BENI IFIT Année universitaire 2021-2022
Année universitaire : 20202021
Introduction Le civisme, selon Larousse (2012), « le sens qu'a un homme de ses responsabilités et de ses devoirs de citoyen », Donc le civisme est un état du citoyen qui est conscient de ses responsabilités et qui fait preuve de civilité envers les autres, autrement dit c'est le sentiment qui fait les bons citoyens. L'incivisme se manifeste de multiples façons ; notamment : la perte des valeurs morales, la répression ou le refus de respecter l'ordre établi, le non-respect de l'éthique qui aboutit à diverses formes de dysfonctionnements tels que le détournement ou la détérioration des biens publics, la corruption, la fraude, etc…, l’incivisme fiscal est un véritable entrave au développement du pays. Un système fiscal bien conçu est celui qui est capable de générer suffisamment des ressources intérieures au budget de l’Etat et de s’assurer de la durabilité des dépenses publiques sans créer des distorsions économiques ou de la richesse au sens de Laffer (1980). Or, l’administration fiscale, identifie deux grandes catégories de risque. D’une part, nous avons le risque institutionnel qui se présente lorsque les fonctions de l’administration sont interrompues, suite à des événements intérieurs ou extérieurs. D’une autre part, nous retrouvons le risque d’incivisme fiscal, qui correspond au risque opérationnel ; l’état donc est confronté à des citoyens qui refusent de payer leurs impôts, par conséquent l'incivisme fiscal a un impact négatif sur la richesse du pays, se traduisant ainsi par une raréfaction des ressources pour remplir les obligations régaliennes de l'État (nonpaiement des salaires des fonctionnaires, incapacité à construire plus d'écoles pour l'enseignement, manque de nouvelles infrastructures routières et autres, etc...).
Quels sont donc les facteurs qui influent sur le civisme fiscal ? Quelles sont les mesures entreprises en vue de lutter contre ce phénomène nocif.
1. Civisme et incivisme fiscal : Le civisme fiscal est une question d'état d'esprit de mentalité et de comportement. En fait, il s'agit d'une question de respect spontané des obligations de déclaration et de paiement des impôts. Visant à limiter les fraudes, il se concrétise par un mécanisme d'incitation à l'usage des techniques, qui consiste à " récompenser " ce comportement à la fois en offrant un allègement fiscal et en proposant une assurance " anti-récupération ". La notion de citoyenneté fiscale donc est fondée sur la relation de confiance mutuelle entre les contribuables et les autorités fiscales. Traiter la question du civisme fiscal, c'est faire comprendre aux contribuables qu'au lieu de prioriser les intérêts particuliers, il est préférable de privilégier l'intérêt collectif. Défendre le civisme fiscal consiste à faire passer le message de telle sorte que l'impôt se présente comme le prix d'un service offert par l'organisme qui en bénéficie, au lieu d'être traduit, comme c'est fréquemment le cas, comme l'expression d'un lien de solidarité, voire d'une décision sociale. La notion d'incivisme fiscal peut être appréhendée comme étant l'ensemble des manœuvres utilisés par les contribuables pour échapper au paiement de leurs impôts. Par incivisme fiscal, j'entends le fait de refuser d'honorer spontanément ses obligations fiscales, telles qu'elles sont prévues par la loi. C'est donc le contraire du civisme fiscal, l'incivisme fiscal peut se définir aussi par l'inacceptation de l'administration fiscale, la non-déclaration par le contribuable de son
identité, le fait de ne pas remplir les déclarations fiscales de manière sincère, de ne pas les déposer dans les délais légaux et de ne pas payer les impôts. 2. L’évasion fiscale au Maroc Parler d'évasion fiscale, c'est bien sûr parler de fraude fiscale, mais aussi de fraude légale ou légitime, La fraude, comme le disait Lauré dans son premier ouvrage sur la politique fiscale (1956), est le fait de donner délibérément une fausse représentation de la vérité afin d’échapper à l’impôt. Cette fausse représentation se fait, la plupart du temps, au moyen de la dissimulation matérielle, par les écritures comptables ou encore par une dissimulation juridique. La contrebande est l’exemple type de la dissimulation matérielle ; on évite ainsi les droits de douanes qui, sur certains produits, peuvent s’avérer très lourds. La loi fiscale et ses textes d'application gardent, bien involontairement ou consciemment, une large marge de manœuvre sur certains éléments de l'impôt, ce qui offre au contribuable une pluralité de possibilités pour échapper au prélèvement, ainsi qu'à l'Administration des pouvoirs étendus pour l'empêcher ou, à défaut, le sanctionner. L’économie du Maroc est qualifiée d’un aspect informel, par conséquent la recette fiscale qui provient de la population active se voit être moins importante. De ce fait, le civisme fiscal déjà fragile est mis à l'épreuve par ces structures économiques propices à l'évasion et à la fraude fiscales. Ainsi, La réduction de l'assiette fiscale crée une tendance à l'augmentation des taux d'imposition et, par conséquent, la tentative d'évasion fiscale, d’où l’idée que : « trop d'impôt tue l'impôt » avait été émise par l'économiste américain Laffer, à savoir, à partir d'un certain montant, les prélèvements obligatoires incitent les contribuables, soit à réduire leur activité, soit à frauder.
3. L’impôt entre la régularité des pouvoirs fiscaux et les droits des contribuables : Le contribuable est très sensible à la manière dont l'argent public est géré, il se voit beaucoup plus comme un client que comme un usager d'un bien collectif. Selon l’article 14 : «Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée ». C'est pour cette raison que l'Administration fiscale doit lui faire comprendre que c'est pour le bien collectif que l'impôt doit être collecté, en effet, pour pouvoir bénéficier des différents avantages que lui offre l'Etat, à savoir la sureté, la quiétude et la paix sociale, la consolidation de l’infrastructure et son évolution…, il doit obligatoirement payer son impôt. 4. Comportements qui entravent une fiscalité optimale : - Déviance du contribuable : La théorie de la déviance se fonde sur l'idée que le contribuable refuserait systématiquement de payer des impôts sous quelque forme que ce soit. En effet, plusieurs études ont abouti à la conclusion que le contribuable mal instruit serait « indiscipliné et frondeur, moins socialisé que d’autres populations » (Barilari, 2007), Cela reflète l'attitude incivique de certaines catégories de personnes, notamment dans le domaine de la fiscalité. - méfiance de l’Administration fiscale : le secret de l'Administration et son désir d'autonomie fiscale la mèneraient à rejeter toute interférence en son sein, reflétant une méfiance institutionnelle.
La relation entre le contribuable et l’administration fiscale est jugée donc comme négative se basant ainsi sur une vision mal comprise compromettant les deux parties ; par conséquent, le contribuable tente de plusieurs manières frauduleuse le rejet de l’impôt, tandis que l’administration fiscale, pour contrecarrer le rejet, se voit éditée des mesures draconiennes pour obliger l’imposition.
5. Les sanctions de l’Administration : Sanctions spécifiques à la taxe sur la valeur ajoutée : Lorsque la déclaration est déposée en dehors des délais prescrits, mais ne comportant pas de taxe à payer ni de crédit de taxe, le contribuable est passible d’une amende de cinq cents (500) dirhams. Lorsque la déclaration visée au I ci-dessus est déposée en dehors du délai prescrit, mais comporte un crédit de taxe, ledit crédit est réduit de 15%. Une amende de cinq cents (500) dirhams est applicable à l’assujetti lorsque la déclaration du prorata n’est pas déposée dans le délai légal. Sanctions pour défaut ou retard dans les dépôts des déclarations du résultat fiscal, des plus-values, du revenu global, des profits immobiliers, des profits de capitaux mobiliers, du chiffre d’affaires… Des majorations de 5%, 15% et 20% sont applicables en matière de déclaration du résultat fiscal, des plus-values, du revenu global, des profits immobiliers, des profits de capitaux mobiliers, du chiffre d’affaires et des actes et conventions, dans les cas suivants : 5% :
dans le cas de dépôt des déclarations, des actes et conventions, dans un délai ne dépassant pas trente (30) jours de retard ; dans le cas de dépôt d’une déclaration rectificative hors délai, donnant lieu au paiement de droits complémentaires ; 15% : dans le cas de dépôt des déclarations, des actes et conventions, après ledit délai de trente (30) jours 20% : dans le cas d’imposition d’office pour défaut de dépôt de déclaration, déclaration incomplète ou insuffisante. Un effort de cohérence des dites sanctions a été amorcé avec le Code général des impôts (CGI). Cependant, certaines sanctions sont qualifiées de trop sévères ou de dérisoires par rapport aux infractions constatées et aux résultats attendus. Un équilibre doit ainsi être atteint entre l'encouragement des contribuables à se conformer à leurs obligations fiscales et le fait de ne pas pousser une partie ou la totalité de l'activité de certaines entreprises vers le secteur informel.
Conclusion Afin d’obtenir de bons résultats en matière de civisme fiscal, les contribuables doivent être avisés de tout ce qui concerne l’impôt. L’Administration fiscale doit œuvrer à l’encadrement des contribuables, éventuellement les sensibiliser sur le bien-fondé des impôts. L'administration fiscale doit concourir de manière plus efficace à l'amélioration de sa relation avec le contribuable. Il convient essentiellement à inciter le contribuable à ne plus concevoir l'impôt comme une charge à éluder, mais plutôt comme un devoir civique qu'il doit être fier d'accomplir en toute fidélité. La lutte contre le sentiment d’infériorité du contribuable face à l’Administration fiscale est l’une des clés de l’amélioration de leurs relations, la réciprocité en dépend. Destinée à améliorer les relations entre l’institution et ses usagers, elle doit passer par une plus grande lisibilité des formulaires fiscaux. La participation du contribuable consiste en l’action directe de ce dernier sur le système en relayant ses remarques ou critiques d’ordre général et en sollicitant son avis sur des projets qui le concernent directement. Toute politique fiscale visant à convaincre les citoyens d’un usage utile des contributions doit impérativement inclure la transparence et l’équité fiscale pour instaurer une justice sociale, ce qui est primordial pour le développement d’un civisme fiscal fiable et efficace chez le contribuable.