Hommes Et Institutions de L'Italie Normande (Léon Robert Ménager) [PDF]

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Zitiervorschau

Hommes et institutions de l'Italie normande

Variorum Revised Editions and Reprints:

JOSEPH R. STRAYER The Royal Domain in the Baillage of Rouen

OSKAR HALECKI Un empereur de Byzance à Rome Warsaw 1930 edition In the Collected Studies Series:

DAVID HERLIHY The Social History of Italy and Western Europe, 700-1500

PIERRE TOUBERT Etudes sur l'Italie médiévale (IXe-XIVe s.) JACQUES HEERS Société et économie à Gênes (XIVe-XVe siècles)

ANDRÉ GUILLOU Culture et société en Italie byzantine (VIe-XIe s.) ROBERT

S. LOPEZ

Byzantium and the World around it: Economic and Institutional Relations

DAVID JACOBY

Société et démographie à Byzance et en Romanie latine FREDDY THIRIET Etudes sur la Romanie gréco-vénitienne (Xe-XVe siécles) ELIY

AHU ASHTOR

Studies on the Levantine Trade in the Middle Ages

ANTHONY LUTTRELL The Hospitallers in Cyprus, Rhodes, Greece and the West (1291-1440) MICHEL MOLLAT Etudes sur l'économie et la société de l'Occident médiéval (XIIe-XIVe s.)

EDMOND-RENÉ LABANDE

Histoire de l'Europe occidentale. XIe-XIVe

s.

WALTER ULLMANN Scholarship and Politics in the Middle Ages BRYCE LYON Studies of West European Medieval Institutions

L-R Ménager

Hommes et institutions de l'Italie normande

VARIORUM

REPRINTS

London 1981

British Library CIP data

Hommes et institutions de l'Italie normande. —

(Collected studies series; CS136) 1. Normans in Italy 2. Italy — History — Germanic rule, 962-1268 3. Italy, Southern — History

I. Ménager, Léon-Robert II. Series 945'.700441 DG847.14 ISBN 0-86078-082-1 Copyright © 1981 by

Published in Great Britain by

Printed in Great Britain by

Variorum Reprints

— Variorum Reprints 20 Pembridge Mews London W11 3EQ

Galliard (Printers) Ltd Great Yarmouth Norfoik VARIORUM REPRINT CS136

TABLE DES MATIÈRES

i—iii

Préface

La “byzantinisation” religieuse de l'Italie méridionale (1Xe-XIle siècles) et la politique monastique des normands d'Italie

741—114 540

Revue d'histoire ecclésiastique LIII & LIV. Louvain, 1958 & 1959

Il

L'institution monarchique dans les Etats normands d'Italie.

Contribution à l'étude du pouvoir royal dans les principautés occidentales, aux XIe-XIIe siècles

303—331 445—468

Cahiers de civilisation médiévale II. Poitiers, 1959

IE

La législation sud-italienne sous la domination normande Settimane di studio del Centro italiano di studi sull'alto medioevo XVI, Spoleto 1968: I normanni e la loro espansione in Europa nell'alto medioevo. Spoleto, 1969

439—496

IV

Pesanteur et étiologie de la colonisation

normande de l'Italie

189—214

Appendice: Inventaire des familles normandes et franques émigrées en Italie méridionale et en Sicile (XIe-XlIlIe siècles)

260—390

Relazioni e communicazioni nelle Prime Giornate Normanno-Sveve del Centro di studi normanno-svevi, Bari 1973: Roberto il Guiscardo e il suo tempore. Fonti e studi del Corpus membranarum Italicarum, vol. XI Rome, 1975

Additions à l'inventaire des familles normandes et franques émigrées en Italie méridionale et en Sicile

1—17

Variorum Reprints. London, 1981

1—8

Index

Ce volume est composé de 372 pages

PRÉFACE Il était

tentant

au

lendemain

de

la seconde guerre

mondiale

de choisir pour théme d'études par quelles voies la Sicile, terre privilégiée

dominations

du

monde

méditerranéen

successives,

avait

pu

acculturée

servir

de

par

tremplin

tant

de

à la ré-

unification d'une bonne moitié de la Péninsule sous la tutelle agressive de quelques bandes de Normands. Tentant en particulier

d'analyser la méthode selon laquelle une conquéte tantót brutale, tantót insidieusement insinuante, avait pu complaire aux objectifs d'une papauté à la recherche de sa propre grandeur temporelle pour légitimer le pouvoir des vainqueurs. C'est dans ces perspectives que se situent les deux premières études republiées ici. L'une, complétée plus tard par d'autres enquétes!, tentait de réinscrire

sur la base des attitudes concrétement

affirmées les détours par

lesquels les chefs normands avaient conformé leur politique religieuse aux volontés de Rekatholisierung de l'Italie méridionale et de la Sicile exprimées par la curie romaine. L'autre, ancrée dans le domaine proprement institutionnel, essayait de reconstituer les mécanismes par lesquels une dynastie de modestes chevaliers normands avait bousculé les ambitions de ses compagnons de maraude et instauré de bonne heure un duché d'Italie à la tête

duquel

ses membres

se sont

succédé

non sans difficultés, pour

aboutir dans le second tiers du XIIème siècle à la fondation d'un des royaumes les plus puissants de l'Europe chrétienne. Sur les objectifs, les méthodes et les moyens de cette jeune monarchie, les juristes historiens ont depuis longtemps été séduits par la promptitude avec laquelle la cour de Palerme aurait utilisé les techniques et les arguments de la jurisprudence impériale romaine pour dompter l'indocilité des grands féodaux apuliens, anticipant ainsi d'un siècle un comportement qui s'avére avoir été plus à la

mesure de Frédéric II. Pareille attitude, qui prend appui sur un recueil officieux de coincide difficilement

lois attribuées à la royauté normande, avec ce que les documents de la pratique

il

nous enseignent des particularismes locaux prudemment préservés par la cour de Palerme et avec les limites qui s’imposaient aux démarches de la monarchie en matière législative jusqu’à la fin du XIlème siècle. Les contradictions entre ces contraintes et les dispositions prétendues de certaines Assise regum regni Sicilie demandaient à être élucidées par la confrontation des pratiques juridiques connues du royaume italo-normand avec les prescriptions que le recueil de l'époque souabe lui imputait. C'est cette

investigation, présentée aux XVI* Settimane di Spoleto, qui fait l'objet du troisième article republié ici. Mais une politique et les institutions qui l'inscrivent dans le cadre des obligations et des architectures sociales restent dépouillées d'intelligibilité et de leur véritable signification lorsqu'elles sont détachées des hommes dont elles ont été

l'instrument.

Comme

les ruines mises au jour par l'archéologue,

elles nous fournissent des témoignages indispensables. Mais elles nous gratifient de témoins muets et ne nous restituent que des structures mortes. Sans discours sur les hommes qui leur ont

donné

forme

et

à la vie

de

qui

elles ont

participé

l'histoire

s'évapore d'elles. Retrouver les individus qui les ont animées est ici d'autant plus nécessaire à leur compréhension que les conquétes normandes en Îtalie ont été la première entreprise coloniale de l'Europe médiévale. A quel influx et quels mobiles elle a répondu reste une interrogation vaine tant que demeurent ignorés les acteurs de cette aventure qu'en Normandie on était enclin à tenir pour une épopée, mais en Italie pour un drame insupportable. Identifier ces acteurs et leur origine géographique et sociale,

supputer les raisons qui les ont poussés sur les chemins de l'Italie, dater le moment et clarifier les modalités de leur venue, telles ont été les questions auxquelles je me suis efforcé de trouver des réponses pertinentes, autant pour avoir quelque chance de saisir la rationalité du phénoméne italo-normand en lui-méme que pour le situer dans le cadre des autres grandes migrations conquérantes qui ont agité l'Europe extréme-occidentale aux XIèine-XIIème siecles. Au dossier publié en 1975 il m'a semblé utile d'ajouter une

centaine de noms recueillis au cours d'une ultime "campagne" de mise au point d'Italie".

de

mon

"Recueil

des

actes

des

ducs

normands

ill

Considérées rétrospectivement ces études souffrent sans doute des imperfections et des lacunes qui sont le propre de toute

démarche scientifique; l'actualisation dont la dernière d’entre elles est ici l’objet cinq ans après sa parution aurait pu bénéficier aux autres. Mais sans en modifier notablement le dessin. Toutes participent d'un souci de démystification de certaines tendances de l'historiographie, inspirées conscio vel inconscio animo plus par l'idéologie ambiante que par une volonté de réincarner celle de l'époque qu'il s'agit de comprendre.

L. R. MÉNAGER Aix-en-Provence,

november 1980

1

"Les documents calabrais du fonds Aldobrandini et l'histoire religieuse de la Calabre aux XIème-XIlème siècles”, dans Riv. di Storia della Chiesa in Italia, 13, 1959, 55-70; "Les fondations monastiques de Robert Guiscard, duc de Pouille et de Calabre”, dans Quell. u. Forsch., 39, 1939, 1-116,

"L'abbaye

bénédictine

de la Trinité de Mileto en Calabre à l'époque

normande", dans Bull. dell'Arch. Paleogr. Ital., n.s.4-5, 1958-1959, 9.94.

LA

« BYZANTINISATION » RELIGIEUSE DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

ET LA POLITIQUE DES NORMANDS

(IX°-XII° SIÉCLES) MONASTIQUE D'ITALIE

A mon maître, M. Henry Lévy-Bruhl, en hommage de très respectueux attachement, au moment où il quitte la chaire magistrale d’où 1l a tant dispensé.

L'histoire religieuse des états normands d'Italie constitue certainement l'une des pages les plus curieuses et les plus attachantes du moyen áge occidental. Rappelons-en d'abord, en quelques mots, les conjonctures essentielles : à la fin du xi? s. les Normands de la maison de Hauteville ont libéré la Sicile du joug Musulman, la Calabre et la Pouille de la domination byzantine ; dans tout le reste de l'Italie méridionale, ils se sont substitués aux ducs lombards de

Capoue, Bénévent et Salerne. A la conquête a succédé une longue période d'unification. La paix normande a mis alors en présence un complexe exaspéré de populations, de civilisations et de cultures. Pour mettre fin à l'anarchie byzantino-lombarde des quatre siécles passés et réordonner la mosaïque turbulente des mille et un pouvoirs que cette anarchie avait suscités, le génie de Roger Ier et de ses successeurs a été beaucoup plus qu'une simple affaire de po-

litique.

Car cette époque, qui est celle où s'accomplit l'un des tour-

nants les plus aigus du schisme byzantin et qui est aussi celle du

grand élan des croisades, ne semble pas avoir été trés ouverte aux efforts de tolérance religieuse.

Les trois grandes forces idéologiques

du monde médiéval étaient pourtant face à face dans les États italonormands. En Sicile, Palerme est restée la « ville des cinquante mosquées » (3) et, si l'on en croit les récits de voyageurs arabes du (1) Au témoignage de Ibn Gubayr, qui visita la Sicile pendant l'hiver de 1184-1185, les mosquées de Palerme étaient « si nombreuses qu'on ne saurait les

748 xi?

s.

les

chants

du

muaddin

n'ont pas cessé d'exhorter les fi-

dèles à la prière dans maintes villes de l'île, tout au long de la domination normande (!); cela, alors méme que religieux et clercs, grecs et latins, accueillaient des foules de plus en plus nombreuses dans

leurs somptueuses

conquête achevée.

églises, construites

ou réédifiées sitôt la

En Calabre, terre byzantine par définition, si

le culte orthodoxe a subi des fluctuations.sensibles, le « basilianis-

me » (*) a connu sous les princes normands un éclat incomparable. Quant à l’Église romaine, habilement manœuvrée par les nouveaux seigneurs, elle a vite regagné la plupart des terres d’où Byzance et l'Islam l'avaient chassée depuis cinq siècles. Ce qui donne donc un intérêt si particulier à l'expérience religieuse italo-normande, c'est la coexistence heureuse et pacifique, dans un royaume malgré tout

peu étendu, de dogmes qui ailleurs proclamaient leur irréductible hostilité (*). Pareille situation, prolongée durant plus d'un siècle sans heurts notables, est l’un des tableaux les plus apaisants de l'humanité médiévale. Tel

est le cadre

du «climat»

religieux

le détail, hélas, il nous faut aller un

italo-normand.

Dans

peu à l'aventure pour saisir

sa démarche et sa contexture exactes. En ce domaine, nos connaissances les plus claires procédent à peu prés exclusivement des ré-

ompter » Cfr Rahlat al Kinánl, éd. Michele AManti, Biblioteca arabo-sicula. Testo arabo, Leipzig, 1857, p. 92. (1) Ibn Gubayr nous signale l'existence de mosquées nombreuses et actives dans les diverses villes qu’il a visitées : à Termini (loc. cit., p. 87), La Cannita (tbid., p. 88) Alcamo (ibid., p. 93) et Trapani (ibid., p. 95).

— (a) Nous employons dans cet exposé les termes « basilianisme s, « basiliens » comme expression commode pour désigner le monachisme et les religieux grecs par opposition à leurs homologues latins. Mais, d'une part, il est évident que ces religieux obéissaient tant aux préceptes de Théodore Studite qu'à la régle de S. Basile. D'autre part, ces termes que l'on trouve encore sans la moindre réserve sous bien des plumes

modernes,

ne correspondent,

en fait, à aucune

réa-

lité car il est bien connu qu'il n'a jamais existé d'« ordre basilien » (cfr. Hippolyte

DELERHAYE, dans Analecta Bollandiana, 1904, t.

X XIII, p. 488). C'est par pure

fiction que la curie romaine a été amenée à l'inventer, au xvi*s., en pensant aux communautés italo-grecques (C. KonoLEvsxtJ, Dictionnaire d'Histoire et de géographie eccl., t. VI, col. 1182). (2) Citons, entre autres, l'étonnante, mais trés révélatrice inscription arabe de l'église S. Francesco d'Assisi, à Palerme, avec sa traduction latine: Non est Deus, nisi Deus Muhammed apostolus Dei (Salvatore Monso, Descrizione di Palermo antico, Palermo, L. Dato, 1827, p. 259).

4 BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE

749

sultats dégagés pour la Sicile par l'œuvre remarquable de LynnTownsend White (3) et par celle de Mario Scaduto (*). Encore ces travaux ne visent-ils que les données proprement latines et grecques

du probléme,

l'islamisme

sicilien

(dont la véritable importance

pourrait éclairer bien des obscurités) n’ayant jamais été sondé même

par un spécialiste aussi averti que Michele

Amari (*).

Quant à

la Calabre — région- clé des questions cultuelles et culturelles italo-

normandes, — et à la Pouille, elles n'ont jamais fait l'objet que de monographies sommaires, désastreusement

fondées

et presque in-

utilisables (*). La seule recherche valable, si l'on excepte l'ouvrage aujourd'hui bien vieilli de Pierre Batiffol (5, est un article rapide dans lequel Cirillo Korolevksij a seulement évoqué les arétes essentielles du sujet (9). Il ne peut naturellement pas étre question ici d'envisager l'ample débat de la politique religieuse italo-normande. Méme vu de haut, il demande à étre situé politiquement, ce qui exige un long examen

du contexte historique qui, il faut bien l'avouer, n'a jamais été défini. D'autre part, ce qui a été dit et ce que l'on répéte sur les institutions

italo-normandes — trés étroitement liées aux

problèmes

d'ordre

ethnique ouculturel — n'est vrai que du royaume à son état achevé, c'est-à-dire dans la seconde moitié du xii? s. On est alors en pré-

sence d'une architecture complexe, dont les éléments sont quasi indéchiffrables, pour cette raison que leur juxtaposition et la construction

progressive

de l'ensemble

(1) Latin monasticism in Norman n* 31), Cambridge [Mass], 1938.

Sicily

ont été délibérément

(Mediaeval Academy

laissées

of America,

(2) Il Monachismo basiliano nella Sicilía medievale, Rome, 1947. (3) Si l’inestimable Storía del Musulmani di Sicilia contient une vingtaine de pages sur la science coranique sicilienne (III, 2° éd., Catane, 1939, p. 734-757),

elle est totalement dépourvue de développements sur l'importance de la vie cultuelle des musulmans siclliens et sur ses rapports avec le clergé chrétien. Ce terrain d'études est tout à défricher.

(4) Donc inutiles à rappeler ici. Mais on songe, malgré tout, comme exemple classique, au vieux Pietro Pompilio RopoTA, Dell’ origine, progresso e stato presente del rito greco in Italia, Rome, 1758-1763, 3 vol. On ne citera que pour mémoire Domenico-Ludovico RAscHELLA, Saggio sforíco sul monachísmo ítalogreco (n Calabria, Messine, 1925. Nous n'avons pu nous procurer le travail de E. BRNEpRETTI, Il rito greco in Italia. Note dí segreteria, Rome, 1917.

(5) L'abbage de Rossano, Contribution à l'histoire de la Vaticane, Paris, 1891. (6) Art. Basiliens ilalo-grecs et espagnols,

dans le Dictionnaire

de Géographie ecclésiastiques, t. VI (1932), col. 1180-1236.

d'Histoire

et

750 de côté par les historiens. Or, le nœud de tous les problèmes est à leur départ, dans ce xi? s. finissant durant lequel Roger Ier, comte de Calabre et de Sicile (1060-1101), à báti, de part et d'autre du détroit de Messine, la citadelle siculo-calabraise. Peut-étre méme

plus tôt encore, dans la mesure où, sans la résoudre, Robert Guiscard, premier duc normand d'Italie (1059-1085), s'est heurté à une

anarchique convulsion de peuples et de conceptions. En matiére de dogme précisément, c'est alors que naissent les premières frictions, cependant que les troupes normandes, en expulsant de Calabre les milices byzantines, ouvrent la porte à une immigration latine, timide au début, mais plus dense au fur et à

mesure que les nouveaux seigneurs se sont installés au cœur du pays. D'oü des conflits semblables à ceux qu'avait connu la Pouille au siècle précédent ; la Pouille où le culte grec n'a pourtant jamais réus-

si à s'implanter bien fermement (1). Méme situation en Terre d'Otrante, où quelques colonies de moines et de laïcs grecs s'étaient fixées au 1x* s., sur le versant intérieur du Golfe de Tarente. Guiscard, qui s'était assuré assez tót le con-

trôle et méme Ja collaboration des populations marchandes et maritimes de Brindisi et d'Otranto, conserva aux minorités byzantines de la région de Nardo et de Gallipoli toutes leurs libertés, leurs églises et leurs monastères (?). Cependant, un brouillard épais nous

couvre encore l'histoire de ce territoire et nous ne connaissons presque rien des développements atteints par le culte latin, face au culte grec, durant le xri? s. (3). Reste la Calabre, terre considérée jusqu'ici comme profondément hellénisée et qui, tout au long du moyen âge, a continué de recueillir avec fidélité les ondes venues de la métropole (*). Terre, au sur(1) Cfr Carlo-Guido Mon, La lotta fra la chiesa greca e la chiesa latina (n Puglia nel sec. X, dans Arch. Stor. Pugliese, 1951, t. IV, p. 58-64. (2) ANDREAZ DaNDULI CunoNtCON, cap. VII, pars XVI, Rer. Ilal. SS., XII,

245 = Victori papae Stephanus Nonus subrogatur. «oct. 1056- 2 août 1057— cuius tempore Robertus

Hic fuit abbas Casinensis Guiscardi totam occupat

Apuliam, expulsis Graecis, exceptis quibusdam ecclesiis adhuc ritum graecorum tenentibus, (3) Cfr A. et D. PARLANGELI, 7! monastero di S. Nicola di Casole, centro di eultura bizantina in Terra d'Oranto, dans Bollett. Bad. Gr. Grottaferratta, 1951, n. S., t. V, p. 30-45, et M. Lascanis, dans Byzantion, 1951, t. XXI, p. 255-256. (4) Francesco Russo, Relazioni culturali tra la Calabria e l'Oriente bizantino nel medioevo, dans Bollet. della Badia Greca di Grottaferratta, 1953, n. s., t. V IL p. 49-64.

€ BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE

751

plus, où quelques indications éparses nous laissent entendre

que

les questions de dogme avaient la valeur d’un symbole national intransigeant (). Comment, dans ces conditions, les nouveau-venus, ont-ils pu, sans s'aliéner leurs sujets calabrais, réintroduire la primauté latine

et substituer aux évéchés grecs, en un espace de temps relativement court, la hiérarchie traditionnelle des sièges latins soumis à Rome? Cette transformation radicale est-elle le signe d'une abdication de

l'influence byzantine, face à un facteur ethnique lombard beaucoup plus important qu'on ne l'a cru jusqu'à présent (3)? Il n'y a là rien d'impossible et il est en tout cas curieux de noter la profonde pénétration des critères juridiques lombards dans les actesitalo-grecs(?). Nous n'avons cependant à l'heure actuelle que des preuves trés éparses en faveur de cette hypothése (*). Doit-on alors supposer que les Normands ont compensé sur le terrain monastique — les communautés réguliéres ayant toujours été les plus agissantes et les plus influentes sur des populations

essentiellement rurales (*) — ce qu'ils enlevaient aux grecs sur le (1) Cfr GaurREDUs MALATERRA, De Rebus Gestis Rogerii, Calabriae et Siciliae comitis, éd. Ernesto PoNTIERI,

Rer. Ital. SS., nouv. éd., tom. V, Parte

I, IV,

XXII, p. 100 et infra (deuxième partie de cet article). (2) Nous trouvons, dans un passage de L. T. WHITE, une phrase singulièrement évocatrice à ce sujet: « The monks could propagate Greek culture in Italy, but not the Greek race... » (op. cif., p. 28). Or l'iconoclasme des Isauriens s’il a été le principal agent d'émigration des moines byzantins vers le sud de l'Italie et la Sicile, n'a pu avoir les mêmes conséquences en ce qui concerne les populations laïques. | (3) Onpznic VrrAL parle, pour le début du xi* siècie, des desides Langobardi et Graecl Calabriam incolentes (éd. A. Le PnÉvosr, tom. II, p. 53. Cfr infra, p. 759, note 1). L'information est isolée mais vaut au plus haut point d'étre retenue. Les populations lombardes antérieures à la venue des grecs n'ont pu disparaître d'un coup de baguette magique et ont certainement continué à former le fonds ethnographique de la Calabre. Nous en voulons pour preuve les évéchés latins

de Bisignano, Malvito et Cosenza qui se sont maintenus à travers toute la domination byzantine (cfr infra). (4) Cfr L. R. MéNaozn, Notes sur les codifications byzantines et l'Occident Publications de l'Institut de Droit Romain de l'Université de Paris, (Varia, III),

Paris, Sirey, 1957, p. 288-289. (5) Tommaso LEsccisorTT! a parlé avec bonheur de l'« action capillaire » des prieurés bénédictins sur les populations rurales de l'Italie méridionale en général ( Ruggero II e il monachismo Benedittino, dans Atti del Convegno Int. di studi Ruggeriani, t. I, Palerme, 1955, p. 63-72). La formule vaut d’être retenue pour

le « basillanisme + italien de la première époque.

752 terrain ecclésiastique?

D'une manière informulée, c'est la conjec-

ture à laquelle invitent les travaux actuels (1). En dehors de ces deux thèses, il y a peut-être place pour une autre explication

plus satisfaisante de la politique ecclésiastique

italo-

normande. Nous n'entendons pas, répétons-le, aborder ici l'ensemble de cette politique, même sous le seul angle calabrais. Il faudrait au préalable reprendre la question infiniment délicate de tous les diplômes souverains qui, de près ou de loin, touchent à la fondation des évêchés latins de Calabre, diplômes qui ne sont que de grossiéres falsifications (?). Notre propos est simplement de replacer le monachisme gréco-calabrais dans sa trame historique pour tenter d'éclairer les conjonctures propres de sa situation à l'époque normande. Méme en se limitant à cette optique assez étroite, on peut affirmer sans trop de présomption que nous avons là un des problémes

capitaux

de

l'histoire et des

institutions

italo-normandes.

Le

prestige du facteur grec dans la politique et les réalisations nor-

mandes de Sicile est encore pour la doctrine actuelle un à priori qui repose en grande partie sur la haute réputation des travaux de

Pierre Batiffol (3). Deux des auteurs les plus considérables en notre matiére, Ferdinand Chalandon et Jules Gay, écrivaient sous son influence directe. Ce qui explique l'écho amplifié des postulats plutôt contestables de l'auteur des Studia Patristica (*). En deux mots,

pour Batiffol,

l'éclat de la civilisation

byzantine,

tel qu'il

émanait de la société et, surtout, des communautés « basiliennes »

de Calabre, aurait été le ferment le plus actif de la cour normande de Palerme. Cela, précisément, parce que la construction du trés beau royaume de Roger II coincide avec la période de la plus haute renaissance du monachisme italo-grec. (1) Encore que les préoccupations n'aient point encore été clairement orientées vers ces thèmes. L. T. WnuiTE, op. cit., p. 39 est, à notre connaissance, le seu] à s'être prononcé sans ambiguité sur ce sujet. (2) Nous renvoyons sur ce point à notre étude diplomatique sur les actes de la chancellerie comtale panormitaine, à paraître dans le tome I*t, Deuxième

partie, de nos Études sur le Royaume Normand d'Italie. (3) Essentiellement, l'ouvrage cité sur L'abbaye de Rossano. (4) Une trace, entre cent autres: F. CHALANDON, Histoire de la domination

normande en Italie et en Sicile, t. I, Paris, 1907. p. 259, s'appuie sur quelques allusions jetées à la hâte par Batiffol (Mél. d' Arch. et d'Híst., 1890, t. X, p. 99), pour expédier en deux phrases la question de l'organisation du duché italo-normand.

€ BYZANTINISATION * RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE

753

Est-il vrai, d'abord, que le xri* s. ait été une période de « renaissance » du basilianisme italien? Nous ne le croyons pas et nous allons essayer de montrer qu'il en a été, en réalité, exactement l'op-

posé.

Cela n'est d'ailleurs que secondaire.

Ce qui importe avant

tout, est de savoir ce que représente l'élément byzantin, non seu-

lement dans la Calabre des xi9-xi19 s., mais, par voie de conséquence, dans le royaume italo-normand. Les débats de toutes sortes qui se posent à chaque pas de l'enquéte sur l'histoire ou les institutions royales panormitaines, appellent une réponse précise sur ce point, qui n'a jamais été valablement envisagé. Or, isolé dans

le temps,

insaisissable (!?).

le probléme de l'hellénisme médiéval calabrais est

Il a une histoire aux sources de laquelle il est

indispensable de remonter. Par cette voie, la vision se précise, des

réalités nouvelles apparaissent. Effectivement, le monachisme grec yaune part prépondérante, mais point celle que Batiffol avait pressentie. I. — Aux sources de la « byzantinisation » calabraise et

sicilienne.

Jules Gay, au début de ce siécle, a consacré au monachisme italo-grec du x? s. quelques pages fort belles, quoique peut-étre

trop immédiatement

inspirées de la documentation

hagiographi-

(1) En particuller, sur les caractéres généraux de ce monachisme à l'époque normanno-souabe,

nous n'avons absolument

aucune information, tant pour la

Sicile que pour la Calabre. C'est méme un paradoxe que de constater combien les chroniqueurs de la conquête normande, qui étaient gens d'église — Aimé du Mt. Cassin, Geoffroi Malaterra, Romuald de Salerne, pour ne citer que ceux-cl — se sont résolument tus sur cette coexistence de religions et sur les conflits qu'elle a sans aucun doute suscités. (Pour un exemple de ces conflits, cfr Vifa

di S. Luca, vescovo di Isola Capo Rizzuto, éd. Giuseppe Scurno [Istituto Siciliano di Studi Bizantini e Neogreci, Testi, 2], Palerme, 1954, p. 44-51). Nous n'avons

donc d'autre source qu'un matériel diplomatique rare, toujours suspect à priori et, partant, extrémement difficile à manier. Le sort de nos études dépend par conséquent des malgres notices que l'on peut relever, cà et là, pour dresser, monastére par monastère, l'histoire et la carte du mouvement cénobitique sud-

Italien. Cette méthode, est-il utile de le dire, ne peut porter ses fruits que moyennant une publication exhaustive des documents, et des enquétes patientes. Aussi ne pouvons nous présentement que procéder à des évaluations trés frag-

mentaires.

754 que (). Plus tard, il y est accessoirement revenu, bléme de l'hellénisation de l'Italie méridionale (?), les deux problémes sont étroitement liés et qu'il impossible de faire le départ entre l'un et l'autre.

à propos du proC'est qu'en effet est pratiquement Dans un article

récent, Stefano Borsari a bien éprouvé cette difficulté et le titre

méme qu'il a donné à son étude vigoureuse dit assez que, dans le moyen-âge sud-italien anténormand, hellénisme et questions religieuses sont inséparables (°). L'hellénisation de la Sicile et de l'Italie méridionale a été et reste une question trés débattue. Peu nous importe, au fond, l'objet du débat tel qu'on la situé jusqu'ici. Il est à peu prés unanimement reconnu aujourd'hui que dans l'ancienne Grande Gréce, il n'était resté au commencement du moyen-áge aucune trace de la

langue et de la culture helléniques (*). Quand et d’où affluent, en Sicile et en Calabre, les colonies grecques originaires ne nous semble qu'une curiosité sans grande portée. Les documents sont d'ail-

leurs si pauvres et si fragiles que la porte reste ouverte aux options les plus diverses (5). Le centre le plus grave de la discussion n'est pas d'ordre quali-

tatif, mais quantitatif. Bornons-nous pour l'instant à noter cette évidence, que nous croyons d'ordre majeur.

Car il faut aussi poser

les termes géographiques du débat. Que faut-il au juste entendre par Calabre? Le terme KaäaBola dans son acception moderne, paraît bien s'étre substitué à celui de Brutium, au début du huitiéme siècle (, pour désigner une région qui se stabilise au milieu du viri? s. et dont la frontière septentrionale part d'Amantea, à l'Est, pour rejoindre le Crati, avec lequel elle se confond (7). Un

siécle plustard, dans les premiers mois de 849, le traité conclu entre (1) L'Italie méridionale et l'empire byzantin depuis l'avènement de Basile I** Jusqu'à la prise de Bari par les Normands, Paris, 1904, p. 254-286 ; 376-386. (2) Jusqu'où s'étend, à l'époque normande, la zone hellénisée de l'Italie méridionale ?, dans Recueil de travaux dédiés à la mémoires d'Émile Bertauz, Paris,

1924, p. 110-128. (3) La bizantinizzazione religiosa del Mezzogiorno d'Italia, dans Arch. Stor. per la Cal. e la Luc., 1950, t. X IX, p. 209-225 ; 1951, t. X X, p. 5-20. (4) Nous reprennons ici les termes mêmes de J. Gay (L'Ilalie mérídionale..., p. 10-11), dont les résultats d'ensemble nous paraissent demeurer les plus valables

(cfr p. 51-56). Contra : S. Bonsanr, op. cil., p. 215. (5) Nous passerons sur ce dilemme, dont S. Bonsant, op. cil., offre le tableau le plus récent, des théses en présence. Aucune n'est pleinement satisfalsante.

(0) J. Gay, L'Ilalie méridionale., p. 11. (7) Ibid., p. 25.

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE 799 Radelchis, prince de Bénévent, et Sikenolf, prince de Salerne, — traité ratifié par le Carolingien Louis II, — en définissant les points

extrêmes

du dominium

des deux princes lombards,

nous fournit

des données sûres pour l'établissement du tracé calabrais. La part attribuée au prince de Salerne comprenait les villes et gastaldats de Cosenza, Laino-Bruzio, Cassano all’ Ionio (?). Nous ne savons point quel était le ressort approximatif de ces gastaldats, mais le partage de 849 nous restitue à peu prés la ligne byzantine antérieure Aman-

tea-Crati. Un siécle plus tard encore, plusieurs vies de Saints mentionnent comme refuge des moines chassés de Sicile, la région du Mercourion, qu'elles disent située « aux confins de la Calabre et de la Longobardie » (*). Or, nous verrons que le Mercourion était dans le voisinage de Laino-Bruzio. En août 982, le Laino définit encore la frontière entre le thème de Calabre et le territoire lombard (3). Aprés la conquéte normande, — dont rien ne donne à penser qu'elle ait pu apporter des bouleversements sur ce plan,— on dis-

tinguera entre la Calabre, le Val di Crati et le Val di Sinni, ces deux derniers formant deux circonscriptions judiciaires différentes, créées par l'administration normande (*). (1) M.G.H, LL., t. IV, p. 221.

(2) "Er 1fj 106 Mepxovplou énapyla ylveras KaAafolac uevato xal AayoBaçôlas xesuévn (Vie de S. Sabas, p. 46, Studi e Doc. di stor. e. dir., X II [1891]). (3) Chronicon Salernitanum, MGH., SS., t. III, 176; TRovA, Cod. dipl. longobardo, n* 278. (4) Le premier témoignage de l'existence du Val di Crati comme d'une région

différente de la Calabre,

nous

est fourni par Geoffroi Malaterra (qui écrivait

aux environs de 1099). Parlant des désaccords qui surgirent en 1062 entre Robert Guiscard et son frére Roger, le chroniqueur nous dit que les deux hommes se rencontrérent dans ie Val di Crati où ils passèrent une convention pour le parfage de la Calabre : « ... [Dux] in valle Cratensi cum fratre slbi conventionem exe-

cutus, Calabriam

partivit ».

Lib.

II, cap. XXVIII,

éd. E. Ponriert,

p. 39.

Sur la distinction entre Calabre, Val di Sinni et Val di Crati, nous avons d'autres témoignages postérieurs trés importants. Citons, entre autres ANoNYMI CAsIwENsIS Breve Chronicon, Rer. Ital. SS., t. V, p. 70 : « 1184, nono kalend. iunii, ferremotus magnus et terribilis fuit per lotam Calabriam, ín Valle de Grafi et val-

lem de Sinnis; cfr. également une notice de plaid du 16 juillet 1189, où est clairement formuiée la distinction entre les trois régions judiciaires Val di Sinni, Val di Crati et Calabre : L. R. MÉNAGER, dans Byz. Zeitschr., 1957, t. L, p. 352353. Ce document contredit formellement l'hypothése de Miss Evelyn JAMISON (The Norman administration of Apulia and Capua, more especially under Roger II and William I, dans Papers of the british school af Rome, 1913, t. VI, p. 291, note 1), selon laquelle, administrativement, la Calabre aurait englobé les trois régions précitées.

756

Il s'ensuit que la Calabre continuait à désigner tout le territoire compris au sud du bassin du Crati: confirmation non ambigue des frontières établies au début du huitième siècle. Par là méme, nous pouvons étre assurés que la domination byzantine et, partant,

les populations grecques, n'ont jamais franchi cette ligne septentrionale. C'est celà, il nous semble, qu'il importait de fixer avant de parler de « byzantinisation » de l'Italie méridionale. Car, — nous y reviendrons — si des mouvements occasionnels de colonies monastiques ont pu déborder ce cadre, il n'a pu dans aucun cas s'agir d'émigration digne d'étre démographiquement prise en considération, encore moins de colonisation. Hors cela, que l'on ait affaire à une influence culturelle, artistique, ou méme linguistique dans des pays largement plus septentrionaux, cela est possible. Mais ces

pays restaient fonciérement latins et quelques moines érudits, aussi ardents prosélytes qu'ils aient été, n'ont jamaisentaméla substance, ni la structure des terres où ils s'installaient. Au reste, paysans comme villageois lombards n'ont jamais passé pour étre tant soit peu perméables aux influences étrangères : en Pouille, où nous dis-

posons d'un matériel documentaire trés explicite, on voit qu'ils n'ont point cédé un pouce sur le terrain de leurs traditions ni aux grecs, ni aux normands, ni aux souabes. C'est donc sur un territoire d'une superficie assez réduite que s'implantent les premières colonies grecques, dans le courant du virre s. Mais, nous ignorons tout du peuplement calabrais à cette époque;

et nous sommes aussi peu instruits de la forme et du volume qu'a pu revêtir l'implantation byzantine du vii? s. Colonisation administrative et militaire sans doute, ce qui poserait la question du sort fait aux autochtones, encore qu'il y ait tout lieu de douter qu'au

cours de tout le moyen áge Un fait parait en tout cas tine n'a pu étre qu'un fait conjonctures postérieures

la démographie calabraise ait été dense. certain, c'est que l'immigration byzanpurement urbain, au départ, et que les l'ont impérieusement maintenue telle.

Dés 840 en effet, sévissent les incursions terriblement meurtriéres

des sarrasins (!) : de Tarente, où ils arabes ravagent périodiquement tout que les lombards ou les grecs songent sérieuse. L'intervention de Louis II,

(1) J. Gay,

L'Italie méridionale..., p. 50.

s'établissent le sud de la à leur opposer en 867, n'est

solidement, les péninsule sans une résistance qu'un épisode

€ BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE 797 brillant, sans conséquences durables (!) et les byzantins eux-mémes se plaignent de ce que rien ne soit tenté pour maitriser l'invasion arabe en Calabre, en Sicile et en Longobardie (?).

Ce n'est qu'en 880 que le basileus Basile Ier tente un effort puissant, avec la flotte du syrien Nasar, les contingents des thémes d'Oc-

cident placés sous le commandement

du

protovestiaire Procope

et les légions thraco-macédoniennes, sous les ordres du stratége Léon Apostyppos (. Ce que nous savons des résultats de cette

campagne montre clairement que les arabes dominaient fortement toute la Calabre depuis 850. La puissante intervention byzantine a d'ailleurs libéré les cótes du Golfe de Tarente, mais elle n'a pu libérer toute la Calabre, où les sarrasins conservent Santa Severina

et Amantea (‘). Il faudra attendre l'expédition de Nicéphore Phocas, en 886, pour une éviction totale des forces musulmanes. Dans ces conditions, il est extrémement difficile de croire à une

installation stable de populations grecques en Calabre durant le IX* s. Continuellement et cruellement dévastée, offerte, pour ainsi dire, aux convoitises des arabes de Sicile, la « Magna Graecia »

n'a guére connu de répit que durant la décade qui a suivi la campagne de Phocas. Il est donc fort probable qu'avec ce siècle d'incessantes violences, la Calabre s'est vidée de son élément autochtone et qu'une vie ralentie s'est ramassée dans quelques villes privilégiées et bien protégées. A défaut de sources, tout ceci est bien entendu conjectural ; mais peut-on imaginer une autre alternative pour un pays dont l'aridité et la pauvreté sont légendaires et où la vie ne

pénétrait, comme aujourd'hui, que par quelques cités maritimes qui méritent à peine le nom de port? Les succés de 886 valurent d'ailleurs à l'Italie méridionale une accalmie de courte durée. Sans doute la puissance militaire arabe n'était-elle plus capable d'actions en profondeur, soutenues dans le

temps et dans l'espace; mais, renoncant à des efforts de longue portée, les musulmans de Sicile maintinrent une pression mieux adaptée à leur tempérament et à leurs moyens. Sans compter les

razzias et les raids rapides dont les annales ne nous parlent pas,

(1) (2) (3) (4)

Ibid., p. 74-76. TuEoPHANES CoNTINUATUS (Bonn, 1838, t. II, p. 83. CEDRENUS, t. II, 218). J. Gay, op. cít., p. 112-113. Ibid., p. 114.

758 la Calabre du x* s. fut continuellement l’objet d'incursions violentes et sanglantes, marquées par le sac ou la prise de villes comme Reggio, Gerace, Cassano, Cosenza et même Bisignano. Citons les plus importantes : 900, 914 (!, 917, 918 (3), 922 (*), 950-952 (5, 956958 (5), 976, 977, 978-981 (*), 982, 986 (7). Pour conjurer le péril, dés le début du x* s., les grandes cités avaient dû consentir à payer aux

émirs siciliens le paiement régulier d'un lourd tribut (5). Les dates précitées montrent que ce systéme de protection était illusoire. Les incursions ne cesseront que dans le deuxième tiers du xi° s., avec la désagrégation féodale et les querelles intestines qui atteignent la Sicile.

Cet examen rapide des conditions de la vie calabraise, aux 1x°x? s., nous semble pour l'instant imposer une forte présomption: c'est que le peuplement grec n'a pu y prendre que la forme artificielle de toute base stratégique. Des événements douloureusement récents nous ont montré qu'il n'est pas d'implantation possible dans l'insécurité, sans une protection militaire imposante. Or la faiblesse du dispositif byzantin en Calabre est notoire (*). La meil-

(1) J. Gay,

op. cit., p. 156-158.

(2) (3) (4) (5) (6) (7)

202. 206. 212-214. 217-218. 324-325. 337, 368.

Ibíd., Ibid., Ibid., Ibid., Ibid., Ibid.,

p. p. p. p. p. p.

(8) Ibid., p. 202 et 208. Cfr infra, p. 759, note 1.

(9) Le sujet a été récemment

abordé dans quelques pages rapides par BE.

Eickuorr, Byzantinische Wacht{lotillen in Unteritalien im 10. Jahrhundert, dans Byz. Zeltschr.,1952, t. XLV, p. 340-344. Nous trouvons affirmée, au début de cet articulet, la vérité fondamentale du système militaire byzantin, à savoir que, après le triomphe éphémère assuré au gré de rares campagnes par d'importantes forces d'invasion transportées de métropole, «les dromons disparaissaient à nouveau vers leurs bases de la Petite Asie et de la Gréce, ou vers le théatre d'opérations égéen et levantin, abandonnant sans défense les côtes non couvertes de la Sicile et de l'Italie byzantines aux agressions navales des sarrasins » (p. 340) E. Eickhoff croit cependant à l'existence en Italie méridionale de « flotilles de garde » destinées à veiller à la défense des côtes dans l'intervalle des campagnes impériales. Un relevé attentif des sources byzantines et arabes ne nous améne guère qu'à la probabilité de la présence de deux, trois, au plus 7 galères byzantines, en Calabre, au dixième siècle. Encore ces flotilles n'étaient-elles le plus souvent que des forces symboliques mises par la marine impériale à la disposition du stratége local (cfr p. 341 pour 915, p. 342 pour 949) et ne peuvent-elles absolument

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE

759

leure preuve en est bien le paiement régulier du lourd tribut imposé aux villes par les chefs arabes de Sicile (!). L'autre conclusion à

laquelle nous sommes

forcément

conduits,

c'est

l'impossibilité

du maintien de toute forme de vie rurale, sinon dans le périmétre immédiat des citadelles les mieux fortifiées. Il n'y a donc point d'illusion à se faire sur la vie monastique calabraiseaux mémes époques. Quelques silas impénétrables, des sites montagneux à l'écart des voies de pénétration, ont pu servir de refuge à quelques communautés

d'indigénes

ou de byzantins.

Mais

de refuge temporaire

seulement, les foréts montagneuses, les éperons rocheux de l'intérieur, par leur manque de ressources, n'ont jamais autorisé des établissements durables.

Au x* s., ces sortes d'abris temporaires

ont été pratiquées parce que le fléau arabe qui continuait à se déverser sur le Brutium, ne se manifestait plus que par vagues rapides. Mais alors le peuplement calabrais s'est assez profondément transformé, les données du probléme deviennent différentes. Ces données nous sont connues car pour le x? siécle, nous ne nous beurtons plus au mur de silence presque absolu qui fait notre ignorance de la Calabre du haut moyen áge.

Il y a, à notre disposition,

une dizaine de ces vies de saints qu'Amari qualifiait dédaigneusement de candide tradizioni et qui, dépouillées de leurs apparat légendaire, de leur volonté d'édifier, peuvent nous livrer une substan-

pas passer pour des contingents indigènes. D'ailleurs E. Eickhoff nous semble faire une grave erreur en considérant comme calabraises les deux galères qu'Othon II trouva à Rossano en juillet 982. Il ressort nettement de l'aventure que

les marins montant

ces bateaux — l'un des capitaines était slave — étaient

basés en métropole : cfr J.

Gay, op. cit., p. 338.

L'épisode connu de la vie de

Saint Nil (Vita S. Nili, AA. SS., Sept., t. vil, p. 295-297) montre certainement que le catépan Nicéphore a tenté un effort de défense navale autonome en 966 et, peut-être qu'il y avait un arsenal maritime à Rossano. Mais où E. Eickhoff

(p. 344) a-t-il été chercher l'assurance que Reggio, Tropea et Amantea armalent des bateaux avec l'aide financiére des grandes villes de l'Hinterland? Il ne cite aucun texte à l'appui de cette affirmation et, pour notre part, nous n'en connaissons aucun. (1) On trouve chez OnpEnic VirAL, particulièrement bien informé des affaires calabraises à la fin du xi* s. des indications précises et précieuses sur ce

>> papa tribut — Zn sedeapostolica Benedicto «VIII, juin 1012-juin 1024

residente,

Sarraceni de Africa in Apuliam novigio singulis annis veniebant el per singulas Apuliae urbes vectigal quantum volebant a desidibus Langobardis et Graecis Calabriam incolentibus impune accipiebant (Historia ecclesiastica, éd. A. Le PRE-

vosT, t. Il, p. 53).

760

ce documentaire particulièrement riche pour notre sujet. leur large part de pent en effet dans aisé de contrôler. prudente, va nous

Malgré

légende, les récits hagiographiques se dévelopun contexte historique qu'il est le plus souvent C'est ce contexte qui, moyennant une critique permettre de reconstituer dans ses grandes lignes,

à la fois le mouvement cénobitique et la « byzantinisation » suditaliens et siciliens. Ce faisant, on nous excusera de reprendre un matériel que les recherches de plusieurs générations d'historiens ont rendu plus que familier. L'érudition en-soi dont il a jusqu'ici fait l'objet lui confére cependant un aspect statique qui l'abstrait de la réalité complexe oü il convient de le situer et l'écarte en tout cas d'une confrontation dont, précisément, il nous semble tirer

l'essentiel de son intérêt. Nous nous en tiendrons, quant à nous, à un point de vue strictement démographique et, dans une certaine mesure, sociologique ; d'autre part, pour autant que les considérations qui nous occupent ne se creusent qu'à ce prix, nous serons amenés à préciser certains repéres géographiques dont l'im-

portance est primordiale pour restituer aux récits leur véritable fertilité. II. —

Les

données

de l'hagiographie

siculo-calabraise

et le peuplement de l'Italie méridionale par les Grecs de Sicile au X° siècle. Il y a peu à tirer du plus ancien de nos documents hagiographi-

ques, constitué par la Vie de S. Élie le Jeune (ca 820-903) (). Fait prisonnier à l’âge de douze ans par les sarrasins, lors de leur conquête du Val Demone, Élie eut la fortune d’être vendu à un chré-

tien d'Afrique qui se prit d'affection pour lui, fit son éducation et lui donna la liberté. Le jeune homme se rend alors en Palestine et recoit l'habit monastique des mains du patriarche de Jérusalem.

. Sa vie d'homme est faite de longues pérégrinations dans l'Orient byzantin et ce n'est qu'à un âge avancé qu'il éprouve le besoin de revenir dans sa patrie, à la faveur de l'expédition conduite par le

(1) AA.SS. Aug. t., III, p. 489-509, traduction latine du récit grec

original

conservé jadis dans un ms. de la Bibliothèque de S. Salvatore de Messine, aujourd'hui cod. 29, fe 190-204 de la Bibl. dell’ Università di Messina, Cfr. Hip-

polyte DxLxnAye, dans Analecta Bollandíana, 1904, t. XXIII, p. 39.

€ BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE

761

syrien Nasar (879-880). Le pèlerin errant cherche un asile où il puisse, loin des maux de la guerre, embrasser la vie érémitique. Il se rend à Taormine et y trouve un jeune garcon, Daniel, épris du même idéal et qui devient son disciple. Tous deux, apprenant la prochaine arrivée d'une armée arabe, s'embarquent pour le Péloponése, séjournent à Sparte au temple des SS. Cosme et Damien,

puis à Botronto, en Épire, d'où l'hostilité de la population les chasse. Un nouveau périple, par Corfou, les fait revenir en Calabre où ils fondent le monastére S. Pantaleone à Saline, à une vingtaine de

kilométres au sud de Reggio.

Au retour d'un séjour qu'Élie avait

accompli à Rome pour vénérer les reliques de Pierre et Paul, les deux cénobites, effrayés par une attaque arabe contre Reggio, s'enfuient à Patras, en Achale. Puis c'est un nouveau retour en Calabre et la fondation

d'un

autre

temple,

à Aulina (5;

séjour encore

troublé par une attaque sarrasine contre Reggio, qui les force à se réfugier dans la citadelle de Sta. Cristina (3). Plus tard, appelé par

l'empereur Léon le Sage, Élie se rend en Grèce où il meurt, un 17 juillet.

Avec son côté aventureux, la vie d'Élie le Jeune occupe une place à part dans l'hagiographie siculo-calabraise des rx*-x* s. et il serait vain de tirer une déduction quelconque des accidents qui lui sont propres. Malgré sa destinée trés particuliére, elle exprime cependant certains traits marquants de la conjoncture sud-italienne. Par sa jeunesse,

certes,

Élie

avait une sorte de vocation orientale

et nous sentons bien que son premier retour en Sicile était un peu celui de l'enfant prodigue.

Mais il est bien certain que les fuites

successives d'Élie et de Daniel vers l'empire sont provoquées par les

(1) Monte Aulina, ou Monte Sant’ Elia, à 3 kms au sud de Palmi (cfr Giovanni ALESSIO, Saggio di Toponomastica calabrese, Florence, 1939, p. 37, n° 419). Si l'on en croit Antonio Basics, 7 conventi basiliani di Aulinas sul monte S. Elia nuovo e S. Filareto nel territorio di Seminara, dans Arch. Stor. p. Cal. e Luc., 1945, t. XIV, p. 19-36, le couvent de Aulina fut détruit lors d'une incursion arabe, dans la première moitié du x* s. et reconstruit allleurs. A environ un

mille de Seminara fut érigé plustard un monastère, indiqué dans les chartes les plus anciennes sous le nom de S. Elia Nuovo e S. Filareto et qui connut des fortunes

diverses Jusqu'au tremblement de terre de 1783, qui le détrulsit.

C'est dans ce

prieuré qu'A. Basile veut voir l'héritier du metochion construit par Élie le Jeune; ce n'est là, malheureusement, qu'une pétition de principe, soutenue par aucun document formel. (2) Aujourd'hui S. Cristina d'Aspromonte, à 15 kms au S.-E. de Palmi.

762

malversations arabes. Le Péloponèse et l'Épire ont été le refuge . de maints moines ou ecclésiastiques italo-grecs, pressés par la barbarie musulmane : Fantin, saint calabrais du x* s., vécut soixante ans dans les solitudes érémitiques de la Sila ; les incursions arabes

le forcérent à s'enfuir avec ses diciples Vital et Nicéphore. the, Athénes, puis Larissa sont leurs asiles successifs.

Corin-

Fantin meurt

à Thessalonique (!). Élie le Spélatte fuira aussi à Patras les invasions arabes (), de méme

qu'Athanase

de Catane,

qui deviendra

évéque de Métone. «Luc de Taormine va mourir à Corinthe ; un prétre de Reggio, Demetrius, devient évéque de Corfou» (3) Simon, né à Syracuse à la fin du x* s. de parents calabrais, part pour Byzance avec sa famille, à l'age de sept ans (*). L'empire a donc constitué une issue normale aux désastres qui fondent sur les Grecs — non seulement moines et clercs, mais sans aucun doute aussi, lalcs — de Sicile et de Calabre. Nous pouvons tenir pour sür que la démographie grecque de ces deux pays a connu en faveur de la métropole, une dépression trés sensible, dés le 1x? s. et jusqu'à la fin du x* s.

Mais ce long exode par mer ne devait pas étre à la portée de tous. En fait, il semble que les sinistrés aient pratiqué une voie de secours beaucoup plus proche, malgré ses aléas. voie calabraise (©).

Cette voie c'est la

Élie le Spélaite, (ca 865 - ca 960) disciple occasionnel d'Élie le Jeune,

nous en fournit un premier exemple (5).

Né à Reggio

de

riches parents qui lui firent donner une trés solide instruction, Élie, à dix-huit ans, se sent poussé vers la vie ascétique. Il se rend en Sicile, dans la région de San Nicone (7), et, en compagnie d'un céno-

(1) Extraits de la vie de S. Fantin, d’après un Milan, dans AA.SS., Aug., t. VI, p. 623. Sur Fantino juniore e Fantino seniore dí Tauriano, 1942, t. XIE, p. 19 ss. ; p. 143 ss. (2) Cfr AA.SS., Sept. t. III, p. 855, $ 20. (3) J. Gav, op. cit., p. 257. (4) AA.SS., Jun. t. I, p 86. (5) Cf. P. BATIFFOL, op. cit , p. VIII-IX. (6) AA.SS., Sept. t. III, p. 848-887. (7) Prés de Taormina : cfr Mont Sant' Elia, à

ms. grec de l'Ambrosienne de Fantin, voir Antonio BASILRE, dans Arch. Stor. Cal. Luc.,

2 kms à l'Est de Linguaglossa.

Il ne reste aujourd'hui aucun souvenir de S. Nicone dans la topographie de la région de Taormina, mais on en trouve mention dans un diplome de nov. 6602/ 1093 par lequel Roger Ier comte de Sicile et de Calabre, accueillant avec faveur

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE 763 bite de rencontre, il s'intalle dans une église désertée,

Auxence (1).

Peu de temps aprés, son compagnon

dédiée à S.

ayant été tué

par les arabes, Élie avise un navire qui part pour l'Italie et embarque à son bord.

Le navire fait halte

à Rome.

Jeune et inexpéri-

menté, Élie y erre pendant des mois, dénué de tout, mendiant une

misérable nourriture. Au plus profond de son dénuement, il rencontre un moine du nom d'Ignace qui le prend sous sa protection et linitie à la vie monastique. Éduqué et nanti d'un viatique, il regagne sa patrie natale où il reçoit l'habit monastique

d'Arséne,

saint de grand renom, dont il devient le disciple. Les deux saints vivent tout d'abord dans le métochion de Sta-Lucia, situé prés de Reggio, au lieu-dit Mindinon. Ils en sont chassés par un clerc de l'église de Reggio qui, avec le complicité du stratége, se fait attri-

buer le prieuré. Arséne et Élie se transportent alors dans l'église St-Eustache, proche d'Armi (*). Survient une attaque arabe, Âre

séne et Élie prennent la mer et se réfugient durant huit ans à Patras.

À leur retour en Calabre, ils reprennent possession du prieuré

de St-Eustache et vivent alors dans le voisinage d'Élie le Jeune et de son disciple Daniel. Arséne meurt cependant qu'Élie séjournait dans la citadelle de Petra Kaukas (?).

Un nouveau raid de sarra-

sins force Élie à se réfugier dans le xaaréAA«o» ; puis, sur les exhortations de Daniel, il consent à rejoindre la communauté de Salines. Mais il reprend bientôt, dans les monts et les forêts, la vie érémitique qui lui vaut son surnom. Sur les injonctions pressantes de condisciples, il finit pourtant par fonder un monastére, prés de Seminara. C'est là qu'il meurt, entouré de tous ses moines et de Vital, évéque de Taureana.

Ainsi que l'a noté Jules Gay, (*) la vie des deux Élie forme un méme

type de flog,

apparemment

indépendant des fluctuations

dues à la terrible conjoncture de l'époque.

Géographiquement, ces

le projet formé par le moine Blaise de transformer en monastére la grotte erémitique (fovyaorixér arzáAawv) de S. Nicandro, située au dessous du château de S. N{xwvoc lul concéde la terre environnante (ms. Vat. lat. 8201, 92v*-931* et 122 r*). (1) Vita et Conversatio S. Patris nostri Eliae Speleotae, $ 7, p. 850.

(2) xÀgalo»

rov yœplou toë Asyópnevov toU "Apuov : Capo dell’ Armi, près -

de Saline, à 20 kms au sud de Reggio. (3) Sans doute Petrakukkuma, dans le voisinage

810, op. cit., n° 3037, p. 312). (4) Op. cit., p. 261.

de S. Cristina (cfr G. ALss-

764 vies monastiques se situent autour de Reggio, ville qui eut beaucoup à souffrir des milices arabes, mais qui, durantla période en question,

connut plusieurs intervalles de stabilité sans doute acquis au prix de lourds tributs. Qu'on ne s'y trompe point cependant, cetterégion tremblait comme les autres et, sur ce point, le biographe du spélaite est clair : «... Au moment des incursions des sarrasins impies, notre homme, amoureux de la solitude, s'éloignait et se cachait dans les

monts voisins du monastére,...

Lors d'autres malversations de la

province, il partait et se réfugiait dans la citadelle, avec tous les autres, moines et laics, les exhortait à racheter leurs péchés par l'exercice de bonnes œuvres » (?).

Chronologiquement, la vie des deux Élie représente le premier stade de la transplantation siculo-grecque, c'est à dire, avec ses caractéres propres, seulement l'amorce d'un mouvement qui atteint son paroxysme au cœur du dixième siècle et que nos autres documents hagiographiques vont nous permettre maintenant de mesurer, Notre point de départ, nous le trouverons dans les vies de Chris-

tophe de Collesano (*) et de ses deux fils, Sabas et Macaire (?). À quelques variantes prés, les « vies » de Christophe et de Sabas sont d'une frappante similitude et il est à peu prés certain que l'une a été en grande partie écrite d'aprés l'autre. Tous les deux ont recu l'habit monastique de Nicéphore, higouméne du célébre monastére S. Filippo di Agira (*), et se retirent ensuite dans les forêts voisines,

au

temple

de

S.

Michele,

afin de s'exercer à la vie érémitique.

situé

au

lieu-dit

Ktisma (6),

Quant le pays est désolé par

les incursions meurtrières des arabes, ils s'enfuient avec un groupe

de parents et d'amis, passent la mer et débarquent dans la région

(1) Loc.

cit., p. 876, & 69.

(2) Orestes, patriarchae Hierosolymitani, Vita et Conversalio ss. Christophori et Macarii, éd. Giuseppe Cozza-Luz:, dans Studi e Doc. di Stor. e Dir, 1892, t XIII,

p. 375-400 (3) OnEsTES, Patriarcha Hierosolymitanus, De Historia et et Macarii Siculorum, ibid., 1891, t. X 1I, p. 33-56 et 135-168.

(4) Agira, (Sicile), circond. Nicosia, prov. Catania.

laudibus

Sabae

Sur ce célébre sanctuaire

byzantin, transformé en modeste prieuré bénédictin aprés la conquéte normande,

cf. L. T. Wurrz, op. cit., p. 214-224. (5) Aujourd'hui Tisima, Cfr Glovanni Arzssro, L'elemento greco nella toponomastica della Sicilia, dans Bibl, del Centro di Studi Filolog. e Lingutst. Sicil.,

1954, t. V, p. 82.

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE 765 roy xaporit@y (1). Se dirigeant vers le Nord, ils parviennent dans la haute vallée du Lao (3), au district du Mercourion, région de vastes foréts que de nombreux groupes d'hommes et de femmes culti-

vaient en se consacrant à la Christophe — ou Sabas? chel, où les moines affluent réputation du saint. Selon

vie monastique. — y fonde une église vouée à S. Mibientôt en grand nombre, attirés par la le biographe de Christophe, la commu-

nauté s'accroît au point qu'il devient nécessaire de créer un prieuré

prés de Laino : on essarte la forét autour d'une église abandonnée,

jadis consacrée à S. Étienne (3). Au printemps de 952 (*), l'émir Al-Hasan lance une expédition en Calabre ; le patrice Malakenos est tué dans un combat prés de Gerace.

Tout le pays est alors livré aux hordes arabes ; les moines,

terrifiés, quittent le Mercourion, fuient vers le Nord, atteignent la

vallée du Sinni et se fixent aux abords du Latinianon (5).

Ils y

(1) Vraisemblablement Caroniti, à 5 kms, au N.O. de Nicotera (cfr J. Gay: op. cit. p. 262, note 1 et G. ALessio, Saggío,... n° 1821 et 1831 b).

(2) Si l'identification de l'áxagyía

vob Megxovpiovu a jadis soulevé quelques

difficultés (cfr J. Gay, op. cit., p. 263-265),

il n'est plus discuté aujourd'hui que

le Mercourion couvrait la haute vallée du fiume Lao, c'est à dire une terre dont lactuel Laino-Bruzio serait le centre : cfr S.

MEncarI,

San Mercurio e il Mer-

courion, dans ASpCL., 1937, t. VII, p. 295-296; L. MarTEI-CERAsOLI, La badia di Cava e i monasteri della Calabria superiore, dans ASpCL. 1938, t. VIII, p. 175; B. CarPELLI, Il Mercourion, dans ASpCL., 1956, t. XXV, p. 43-62. L'argument essentiel sur ce point nous semble la description méme fournie par Edrisi, le grand géographe de la cour de Roger II: « ... Le wädi Lanïah (aujourd’hui fiume Lao) a sa source en haut du M.rkûri (Mercurion). d’où il descend dans la région qui fait face à Scalea » (Cfr ASpCL, 1937, t. VII, p. 296, note). (3) Vita et Conversatio ss. Christophori..., x1v-xv, p. 391-02. (4) J. Gay, op. cit., p. 214.

(5) I1 est difficile d'identifier cette région, que les vies de Christophe et de

Sabas nomment

éxagyla

(Gertrude RoniNsoN,

voû Aativiavoë.

Un

document

de mai 6549/1041

dans Orientalia Christiania, 1929, t. X'V, p. 138-144) parle

aussi de l'éragyefa toû Aativ(avov mais sans aucune précision topographique. Les deux seules sources dont nous disposions sont les biographies de Christophe et de Sabas. La ville du nom de Latíníanus, qui figure dans le partage de 849 ne nous semble avoir aucun point commun avec le Latinianon car il est dit

dans le traité que le gastaldat d'Acerenza est limitrophe de Latinianus et de Conza (Conza della Campagna, circond. Sant’ Angelo de’ Lombardi, prov. AvelUno), ce qui situerait le Latinianon exagérément au Nord de la région présumée. (MGH., LL., t. IV, p. 222, cap. 9).

L'argumentation de J. Gay, op. cil., p. 264,

est donc à repousser. Ce qui est certain, c'est que le Latinianon était en bordure du Sinni (Vita S. Christophori, xv1, p. 302-393 ; Vila S. Sabae, 1x, p. 49), ce que

766 fondent un nouveau couvent, sur les ruines d'une chapelle S. Lorenzo. C'est là que Christophe meurt, peu après.

Sous la direction de Sabas, le couvent prospére, se peuple de nouveaux moines et essaime à Lagonegro (1), à S. Teodore di Salice (*) et à Sta Maria delle Armi (3). On y reçoit notamment tous les transfuges de Sicile et de Calabre qui, poussés par les armées

arabes, parviennent jusque là, épuisés de faim et de fatigue (*). Aprés un séjour à Rome, Sabas fonde encore un monastére S. Filippo à Lagonegro (5), avant de mourir vers 990, lors d'un nouveau voyage à Rome. Son frére Macaire lui succéde à la téte des monastéres précités ; il meurt à son tour, dix ans plus tard. La destinée tragique des communautés siculo-grecques, sans cesse harcelées par ia pénétration arabe et qui ne trouvent de havre

qu'« aux limites de la Calabre et de la Longobardie », nous la voyons encore mieux illustrée dans le sort fait aux deux Luc de Sicile et à Vital de Castronovo. Léon-Luc, pauvre pasteur de Corleone fit, lui aussi, ses vœux à S. Filippo di Agirà. Mais, et combien ceci est révélateur, c'est à

confirme l'épisode de la vie de Sabas, où il est dit que les alluvions charriés par

le fleuve menaçaient le y&goc to9 Aaviwíavov (Vila S. Sabae, x1t1, p. 55-56). C'est dans cette région qu'essaimérent les moines siciliens, aprés Mercourion ; l'un de leur oratoires, dédié à S. Teodoro, était p. 51. Salice est aujourd'hul une trés modeste bourgade, à Noepoli). Pour nous, c'est de part et d'autre du cours moyen

avoir abandonné le situé à Salice ib., 1x 10 kms à l'Est de du Sinni qu'il faut

chercher le Latínianon : Lagonegro est représenté par nos biographes

comme

une terre étrangère au Latinianon (Vita Sabae, xxiv, p. 150 ; Vita Christophori,

xIx, p. 396).

Le terme occidental de l'éparchle se situerait donc aux environs

de Episcopia, tandis que Campo Latino < hameau situé sur les hauteurs bordant le Sinni, à 10 Kms à Est de Valsinni, et qui est sans doute le seul toponyme

perpétuant le souvenir du Latinianon

> situerait approximativement la fron-

tière orientale. Ainsi défini, le Latinianon englobait Carbone, Teana, Chiaromonte, Noepoli et Cersosimo, villes que les documents des xi* et xi1* s. nous

présentent comme d'une particulière densité monastique, ainsi que nous le verrons plus bas, Nous n'avons pu prendre connaissance des pages ou B. CarPELLI, (L'arle medioevale in Calabria,

dans Paolo Orsi, a cura dell” Arch. Stor.

Cal. Luc., Rome, 1955, p. 286) propose une identification du Latinianon. (1)

Vita Christophori, xix, p. 396.

(2) Vita Sabae, x, p. 51. (3) Ibid., xxxi, p. 158-159. S. Maria delle Armi, monastère immédiatement au sud de Cerchiara : cfr G. ALessio, Saggio,.. n° 359, p. 32. (4) Ibid., x1, p. 53; x1v, p. 135.

(5) Ibid., xxiv, p. 150.

t BJZANTINISATION ? RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE 767

l'instigation d'un saint vieillard de l'abbaye qu'il s'enfuit en Calabre, « parce que notre île est tourmentée par les violentes incursions des sarrasins » ().

Nous sommes sans aucun doute au milieu

du x* s., au moment où les arabes, reprenant la conquête de la Sicile cherchent

à soumettre

totalement les régions

orientales

de

l'île (f). En Calabre, Léon-Luc erre sans se résigner à s'unir à une communauté de moines; il se rend à Rome sur le tombeau de S. Pierre, puis revient finalement s'établir dans un petit monastére des monts, qui vocantur Mulae (5), où il reste six ans, sous la direction de l'abbé Christophe — vraisemblablement Christophe de Collesano.

Ce sont certainement les exactions arabes qui font fuir les deux saints vers le Mercourion, où ils construisent un monastère, puis,

sept ans plus tard, à Vena (*) où ils édifient une nouvelle 4o»fj mirae pulchritudinis et amoenae iucunditatis (5). Dix ans aprés, Christophe meurt en désignant Léon-Luc pour lui succéder ; sous ce nouvel higouménat, la communauté prospére, au point d'atteindre bientôt plus de cent membres (f). Léon-Luc rejoint Dieu, aprés 80 ans de vie monacale, en désignant frére Théodore pour lui

succéder (?).

(1) Vita S. Leonis-Lucae Corilionensis, abbatis Mulensis in Calabria, AA.SS. Mart. t. I, cap. I, par. 4 : «.. in islis locís sanctae conversationis quietem adipisci

non poleris, cum et ínsula nostra violentis agarenorum pro certo christiano habilatore desoletur » (p. 99).

incursibus

agitetur

et

(2) J. Gay, op. cit., p. 263. (3) G. ArEsstio, Saggio.. , p. 269, n° 2647, sub verbo Mula, signale un mont La Mula (1931 m.), à 22 kms au sud-ouest de Castrovillari, c'est à dire non loin de

la région du Mercourion. Et il semble que c'est la méme identification que proposent Girolamo ManrarioTi, Croniche et Antichita di Calabria. Padoue, 1601 p. 278, et Gabriello Barri, De Antiquitate et situ Calabriae libri V, Rome 1737 p. 58. (4) Sans doute Avena, à 5 kms à l'ouest de Mormanno. Le paragraphe 16

nous conte un épisode selon lequel, au temps Léon-Luc

s'était

isolé

prés

du

monastère,

à dire dans les Monts de Mormanno.

de l'higouménat de Christophe,

ín montibus

Miromannorum,

c'est

Cfr également le paragraphe 17, qui im-

plique que le monastère est voisin de Mormanno, (5) Vita S. Leonis Lucae, 1x, p. 100.

(6) Ibid., 14, p. 100. (7) Le ms.B.

IV de Grottaferrata porte un obiit mentionnant

que

Luc, hi-

gouméne du monastère S. Zacharia elc v) Megxoupíoy mourut le 21 novembre 6500/9091 (cfr P. BaATTIFOL, op. cil., p. 88 et 156 et Robert

DEvn&EEssE, Les man-

uscriis grecs de l'Italie méridionale, [Cité du Vatican, 1955], p. 27, note 6).

768 Pour les mêmes raisons que Léon-Luc, S. Lucas, originaire du Val Demone, quitta S. Filippo di Agira où il avait fait ses premières armes, pour recevoir l'enseignement de S. Elie à Reggio (!) Ce que tait son biographe, mais dont nous pouvons étre sürs, c'est que la conjoncture le force à abandonner son maître, à vaguer dans toute la Calabre, avant de se fixer à Noa (5), dans le Val di Sinni, à la basilique S. Pietro (). Durant les sept années qu'il passe ainsi dans le Latinianon, sa réputation lui attire une foule de disciples ce qui le résout à fuir pour trouver la solitude. Il s'enfonce alors dans les terres légérement au Nord-Ouest et trouve prés du Torrente

Armento un monastére S. Giuliano abandonné qu'il reconstruit et qui lui attire à nouveau un grand nombre de disciples. Dans cette terre lombarde, de nouveaux dangers guettent les moines: d'abord les convoitises d'un grand seigneur voisin, Landolf, vassal du prince de Salerne, qui possédait toute la haute vallée de

l'Agri (*) et qui ne devait pas voir d'un bon ceil l'extension rapide des possessions de l’abbaye (5). Ensuite, l'expédition d'Othon (959) ($), — qui atrociter graecorum urbes expugnabat (?) — qui les force à se réfugier dans la citadelle proche où l'hostilité de la po-

pulation les met aussi peu en sécurité : infer seculares homines versari nobis turpe videbat (). Tout ceci en dit long sur l'accueil que les indigènes faisaient aux moines émigrés en cette seconde moité du x? s. dans une région que d'aucuns voudraient nous faire croire

« hellénisée ».

L'inconfort de leur situation force les cénobites à

plier bagage encore une fois et à se réfugier dans un lieu voisin,

natura munitum.

Ce lieu, c'est Armento, où ils édifient une église

en l'honneur de Marie et de Pierre, église assortie d'un couvent dont le biographe nous incite à croire qu'il devint la maison-mére de plusieurs prieurés (?)). A la fin de sa vie, Lucas suscitera même la fondation d'un couvent de moniales, sur les sollicitations de sa sceur

Catherine, récemment réfugiée de Sicile (1. Aujourd'hui

encore,

(1) Vita S. Lucae, abbatis Armenti in Lucania, AA. SS., Oct. t. VI, $3, p. 337. (2) Aujourd'hui Noepoli, à 15 kms au sud-ouest de Colobraro. (3) Vita S. Lucae, $ 5, p. 338. (4) Cf. J. Gay, op. cit., p. 266. (5) Vita S. Lucae, $ 8, p. 338-339.

(6) J. Gay, loc. cit., p. 310-311. (7)

Vita S. Lucae,

$ 9, p. 340.

(8) Ibid. (9) Vita S. Lucae, $ 12-13, p. 340-341. (10) Jbid., $ 14, p. 341.

4 BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE

les environs immédiats

d'Armento

sont peuplés

maisons de moniales ; un mont voisin porte le nache. S. Lucas meurt le 13 octobre 984. Vital, natif de Castronovo di Sicilia (!?), reçut poussée avant de revétir l'habit monastique à où i] passa plusieurs années. C'est au retour compli

à Rome

sur le tombeau

769

de nombreuses

nom de Serra Mo-

une éducation très S. Filippo di Agira, d'un pèlerinage ac-

de S. Pierre, avec d'autres jeunes

moines de S. Filippo, qu'il s'arréte en Calabre, pour vivre en solitaire durant deux ans, dans le voisinage de S. Severina. Puis il revient dans l'ile et se recueille douze ans dans les solitudes érémitiques du Mongibello (— Etna), voisin de son ancienne abbaye. Comme les autres religieux de Sicile, son tour vient de fuir vers le nord, sous la pression musulmane. Maintes foréts, montagnes et

grottes de Calabre l'accueillent avant qu'il se fixe quelques temps dans les dépendances de Cassano, in monte qui dicitur Liporachi (3), ensuite,

successivement,

dans

un

site isolé, qui nunc dicitur Petri

Roseti — où il construit une église en l'honneur de S. Basile, — à S. Chirico Raparo, (5), à Monte S. Giuliano, à Missanello (*), dans le monastére S. Elia, enfin dans une caverne située entre Turri et Armento, où il demeure longis temporibus. Mais la solitude finit par peser à ce spélaite invétéré ; il se décide à construire un monastére sur l'emplacement d'une église abandonnée, dédiée à S. Adrien et à Ste Natalie (5). Les terribles incursions arabes qui sévissent dans la région n'épargnent pas les ceuvres du saint ; avec son disci-

ple Élie, un jeune profés qui venait d'arriver de Sicile, il érige une nouvelle église prés de Turri, puis fonde un couvent, secus flumen,

(1) Castronovo, à 35 kms au S.-SE. de Termini-Imerese. La Vie de S. Vital le Sicilien nous a été conservée par une traduction latine de l'original grec exécutée en juillet 1194 : AA. SS., Mart. t. Il, p. 26-34. (2) Ctr G. ALEssto, Saggio, p. 220, n° 2187.

(3) (4) (5) dans

Circond. Lagonegro, prov. Potenza, à 5 kms au nord de Carbone. Circond. et prov. Potenza, à 15 kms au N -E. de S. Chirico. Cfr Biagio CaPPELLI, Appunti per l'ubicazione di due monasteri basiliani ASpCL , 1937, t. VII, p 280-294, qui pense que le monastère érigé par

Vital, entre 980 et 986, sur les ruines de celui dédié à S. Adrien et Natalie, au-

rait été le prieuré S. Angelo — habité par Vital entre son séjour à S. Chirico Raparo et celui au Monte San Giuliano — situé sur les pentes boisées de Rapero. Sur ce dernier, cfr G. PaLADrINO, La badía di Sant-Angelo a Raparo Basilicata, dans Bollettino Arte Minislero della P. I., 1919, p. 57 sv.

in

770

in partibus civitatis Rapollae (*). C'est là qu'il meurt, un 9 mars, aprés avoir rassemblé un grand nombre de moines à la téte des-

quels il laisse son neveu Élie ; Élie lui-même fondera un autre metochion à Turri (?). Telles qu'elles nous sont données, en faisant la part de l'apologie

et de la légende inséparables de ce genre de littérature, ces vies de saints concordent toutes sur plusieurs points.

Et d'abord sur l'o-

rigine essentiellement sicilienne du monachisme calabrais (?). Nous retiendrons sur ce point, comme capitales, les injonctions adressées à Léon-Luc par le vieux héromoine d'Agira (*). D'autre part, les

débordements ismaélites du x* s. ont sans conteste vidé la Sicile de la plus grande partie de ses habitants grecs. Car, autre point qui se hausse au ton d'une véritable symphonie dans notre docu-

mentation hagiographique, l'exil des moines n'a été en aucune facon un fait spécifique : il est le témoignage d'un mouvement migrateur de populations entières vers le Nord (), mouvement dont on peut penser qu'il a constitué la source la plus importante de la

démographie grecque en Calabre.

Nos saints siciliens sont à peu

prés tous originaïres des régions les plus centrales et les moins ac-

cessibles de l’île, de celles, par conséquent où les minorités hellénes ont pu « tenir » le plus longtemps. Lorsque ces minorités se mettent

(1) Guidés par les rapprochements faciles, les auteurs ont unanimement voulu voir dans cette civitas Rapoliae, la ville de Rapolla, toute proche de Melfi, à l'extréme pointe orientale de la Basilicate. Mais il suffit de lire 1es$ 16-17 et 21-

23 de la Vita S. Vitalis pour volr que, comme précédemment, Vital n'a fait que déplacer son domaine d'action de quelques kilomètres. Ce secus fluvium mentionné par le blographe ne peut que se rapporter à un fleuve de la région dont

il s'est agi jusque là, c.-à-d., selon toute vraisemblance,

affluent le Sauro.

de l'Agri ou de son

Il existe encore aujourd'hui une bourgade du nom de Rapol-

lo, sur les bords du fiume Maglia, affluent de l’Agri ; G. ALESsIO, Saggio, signale aussi plusieurs toponymes voisins, p. 355, n° 3452. Le contexte du B(oc impose formellement que Rapolla ait été proche de Turri.

détruite était située entre Armento

Or, Turri, ville aujourd'hui

et Guardia Perticara (cfr J. Gav, p. 378,

note 1).

(2) (3) (4) (5) point,

Cfr Vita S. Vitalis, $ 21, p. 32. Cela était déjà très bien établi par P. BATTIFFOL, op. cit., p. vir-1x. Cfr supra, p. 13, note 6. Les biographes de Christophe et de Sabas sont les plus explicites sur ce lorsqu'ils nous montrent les deux saints quittant leur province, entraînant

avec eux familiers, compagnons et concitadins : Vita S. Christophorl, ix, p. 386 ;

Vita S, Sabae, vi, p. 45-46.

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE

771

en marche à leur tour, on peut considérer qu'elles ont été précédées des masses de leurs compatriotes géographiquement moins favori-

sés. Que, par ailleurs, la Calabre ait servi d'exutoire aux maux qui ont

atteint l'hellénisme sicilien et, qu'ainsi, elle ait recu un apport qui a repeuplé son sol, nous croyons le saisir à la lumière d'indices non contestables. Presque tous nos moines, nous l'avons vu, dans tou-

tes les régions de la Calabre où ils se répandent, prennent possession de sites et d'églises dévastés, abandonnés, tombant en ruines (?). Voilà bien un signe des prodigieux dépeuplements et des désastres

irrémédiables subis par le Brutium aux 1x° et x? s. Un test significatif aussi que ces terres n'ont repris vie qu'avec les vagues successives de l'immigration sicilienne. Certes, il peut paraître paradoxal que ces vagues aient méprisé le danger à peine moindre qui les attendait en Calabre ; mais il ne faut pas perdre de vue le carac-

tére impulsif, presque aveugle, de tous les exodes.

Au reste, ainsi

qu'on l'a déjà dit, le péril arabe, au x? s., change de forme ; à l'in-

vasion brutale succédent

des incursions soudaines,

de larges périodes d'accalmie.

entrecoupées

C'est à ces havres, méme hasardeux,

que pensaient les tristes cortéges siciliens que nous laissent entrevoir nos récits hagiographiques. D'ailleurs, au gré méme

de ces razzias, l'exode sicilien en Ca-

labre est constamment agité de nouveaux soubresauts. Certains réfugiés, menés par l'idée que les assauts arabes ne peuvent plus étre que passagers, n'ont d'autre ressource à chaque alerte, que de chercher abri dans les citadelles (). Peut-être fut-ce la conduite d'une majorité. Mais c'était une solution

peu heureuse,

aux dires

(1) S. Vital réédifie, prés de S. Chrico Raparo un habitaculum quod iam prldem s. Adriani et s. Nataliae uxor eius, templum ezliterat (Vita S. Vitalis, vit, 12, p. 29). Christophe reconstruit sur les bords du Sinni un naos dédié à S. Ste-

fano, mais abandonné depuis un certain temps (Vita S. Christophori, xw, p. 391-392; Vila S. Sabae, 1x, p. 50). S. Luc trouve un monastère S. Gluliano détruit, prés du fleuve Sarmento, à Noepoli (Vita S, Lucae Armenti,7, p. 338). etc. (2) Vita S. Vitalis, 23, p. 33: «... fugientibus itaque conctis, nitebantur alla par castella, alia per loca natura munita, imminentia pericula declinare » — Vita et Conversatio... patris nostri Nili, (MiaNE, P.L., t. CXX), cap. 29, col. 63-64 : «... et omni ad obvia castella confugiebant ». — Vita S. Sabae, xx, p. 53:

« Beaucoup, fuyaient la main des homicides, cherchaient le salut dans les citadelles, d'autres se cachaient dans les forêts les plus denses ; quelques-uns allaient vers les frontières de la Longobardie ». etc.

772 du

biographe

de

Saint Nil,

pour

qui, hormis

Rossano,

il n'était

point une ville calabraise qui ait échappé à la destruction sarra-

sine (1). Nombreux ont dû être les exilés de Calabre méridionale où de Sicile qui ont éprouvé le besoin de mettre encore plus de distance entre les bandes sarrasines et eux, en quête de terres où toute crainte leur soit définitivement épargnée. C'est ainsi que, poussés de plus en plus vers le Nord, ils se regroupent d'abord dans les forêts du Mercourion et du Latinianum (3). Lorsque ces régions sont à leur

tour la proie de hordes terriblement meurtrières (3), l'exode s'installe dans le Vallo di Diano (*), puis pénétre en Lucanie et se déverse

(1)

Vila Nili, 2, col. 18.

(2) Aux

données

hagiographiques

précitées, qui sont déjà très explicites, on

peut ajouter ceiles que nous donne l'établissement de monastéres grecs.

Nous

verrons plus loin, en étudiant les couvents basiliens convertis au rite latin aux xi*-Xi1* s., un nombre assez considérable de prieurés dont la fondation doit sans conteste étre assignée au dixiéme siécle. Outre les huit monastéres grecs remontant à cette époque et étudiés par Leone MarTEt-CEnRASoLI, La badía di Cava e i monasteri greci della Calabria superiore, dans ASpCL, 1938,

t. VIII, p

167-182, 265-285 ; 1939, t. IX, 279-318, (S. Andrea

di Calvera, S.

Giovanni propre castro Mercurio, S. Nicola di Padula, S. Simeone di Montésano,

S. Maria di Cersosimo, S. Nicola de Nuda, S. Nicola di Cerchlara), on doit citer S. Andrea di Cerchlara fondé par S. Grégoire, (Vita Gregorii abbatis, M.G.H., SS., t. XV, p. 1187 ; sur celui-ci voir Sulla « Víta Gregorii abbatiss, dans Francesco Russo, Scrilti storici calabresi, Naples, 1957), S. Basile di Teana (G. RoBtNSON, dans Orientalia Christiana, 1929, t. XV, doc. n° I, p. 133-137) et S. Ella di Carbone, fondé à la fin du X* s. par Lucas de Carbone, qui avait recu l'habit

monastique de S. Sabas (ibid., n° VII, p. 166-170). (3) Dans un acte de 6567/1059 (ibid.), Lucas, higouméne de S. Anastasio di Carbone, rappelle comment le troisième abbé de son monastère fut fait prisonnier par les agarenoi. Sur les dévastations successives du Mercourion par les armées arabes, cf. Vita Nili, 29-30, col. 63-66 ; Vila S. Sabae, xxit, p. 146.

En 1031, c'est la région de Turri qui est détruite et mise à sac: Vita S. Vitalis, 28, p. 33. Sur l'expédition destructrice qui atteint méme Armento: Vila S. Lucae, 10, p. 340.

(4) L'installation de colonies grecques dans le bassin du Tanagro s'est manifestée par l'érection de nombreux

monastéres basiliens:

S. Nicola di Padula

et S. Simone presso Montesano, (fr. supra, note 2), S. Biagio di Salviato (Arch. dell' abbazia di Cava, arm. F. 48), Sta Caterina di Polla (cfr Paul GUILLAUMB, Essai historique sur l'abbaye de Cava, Cava, 1877, p. LXXXID, S. Arsenio del

Vallo dí Diano (ibid., p.

LX X XI), Sta Maria di Bussico, (ibid., p.

Nicola de Scalzanis(ibid., p.

LX XXIV), S,

LX X: X VIT) Sta Maria di S. Arsenio (ibid.), S. Pancra-

zio di Atana et S. Pietro di Auletta (ibid.) ; Sta Maria di Pertosa (F. TRINCHERA Syllabus graecarum membranarum, Naples, 1865, n° LIV, p. 71):

Auletta (ibid., no CIV-CV, p. 136-138),... etc.

S. Andrea di

€ BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE 773 alors un peu partout dans les gastaldats campaniens. De ce courant septentrional, de sa direction et de ses points de chute, nous avons la trace indiscutable dans maints prieurés grecs installés par les exilés du dixième siècle ; (!) dans le Cilento (53), à Vietri (?), à Gallocanta,

près de La Cava (*), à Pontecorvo (*) et méme à Capoue (9). Sabas,

lui-même, fuira à Amalfi (7). Éléments d'information plus précis encore sont les manuscrits grecs copiés par les moines dans leur terre d'exil. C'est un scribe originaire de Mili (circond. et prov. de Messine), Cyriaque, qui copie à Capoue,

entre

991

et 993, les mss.

Vat. 2138 et 2020 (*). Le ms. Leningrad. 71 et le Paris. Suppl. 343 sont copiés entre 1018 et 1020, l'un à Salerne, l’autre prés de Gaéte (*). Le travail de librairie qui est ainsi accompli subit, bien en-

tendu, l'influence ambiante et présente des caractéres spécifiques. Son importance est telle que M. Robert Devreesse peut parler de manuscrits gréco-lombards et de manuscrits « campaniens » pour un certain nombre d'œuvres réalisées du milieu du x° s. à la fin du xre s. (1).

L'émigration grecque a donc largement brais ; mais, apparemment,

au delà de

débordé le cadre cala-

la Lucania,

le mouvement

(1) Jules Gay avait déjà relevé l'existence de ces prieurés (L'Italie méridionale

et

l'empire

byzantin,

p. 378-379 ; Jusqu'où

s'étend, à l'époque normande,

la zone hellénisée de l'Italie méridionale?, p. 126) ; ce dossier a récemment été repris par Silvano Bonsant, barda, dans Arch, Stor. Cal, (2) S. Maria di Terricello S. Venere di Corneto (ibid.). une obédience de la célèbre

Monasteri bizantini nell" Italia meridionale longoLuc., 1951, t LXXI, p. 1-16. (S. Bonsanr, op. cit , p. 10) S. Maria di Pazzano et Il faut y ajouter Sta Maria di Rofrano, qui deviendra abbaye de Grottaferrata (cfr Paolo CoLLuRA, Ap-

pendice al Regesto dei diplomi di re Ruggero compilato da Erich Caspar, tiré à part des Attí del Convegno internazionale di Studi Ruggerian!, Palerme, 1955, p. 30-31). De méme, l'ecclesíaque dicilur sancta Maria de li Greci, entre Agropoli

et Castellabate, mentionnée encore dans un document de mars 1187 (Archivio della Badia di Cava, arm. L. 21). (3) S. Bonsani, op. cit., p. 8.

(4) Ibid., p. 9. (5) Ibid., p. 10-11. (6) Ibid., p 10. (7) Vita S. Sabae, xxtt, xxxvi, p. 146 et 160-162. (8) Robert DEvREESSE, Les manuscrits grecs de l'Italie méridionale. toire, Classement, Paléographie (Studi e Testi, 183). Cité du Vatican, P. 11 et 31.

(9) Ibid., p. 29. (10) Ibid., p. 30-33.

(His1955

774 perd de sa densité et se dilue.

Au stade campanien, nous n'avons

plus affaire qu'à l'éclatement des derniers rameaux.

Cela étant, ce débordement a-t-il modifé la structure démographique, politique et méme religieuse des régions d'Outre-Calabre oü les grecs se sont pressés les plus nombreux?

Certains l'ont pen-

sé ; Jules Gay allait méme jusqu'à prétendre qu' « ainsi, une grande partie de la Lucanie devient presque aussi grecque que la Calabre» ()) Quantitativement nous n'avons pas la moindre base pour évaluer le volume des divers courants migrateurs. C'est pourquoi il y a peut-étre quelque excés dans la position prise par Gay.

Plus tard, d'ailleurs, le grand historien devait revenir sur ce postulat et poser en termes infiniment plus prudents l'extention probable de l’hellénisme en Italie méridionale (?). I] reste néaninoins que l'installation de colonies grecques en Lucanie a servi de prétexte à des revendications de Byzance et que, prises au sérieux, ces revendications ont pu étre de nature à promouvoir une extension vers le nord des prétentions impériales. Il nous faut considérer cette question, trop approximativement débattue jusqu'ici, à ce qu'il semble (3). Paris.

(à suivre)

(1) L'Italie méridionale et l'empire byzantin, p. 268. (2) Jusqu'ou s'étend... ?, p. 125. (3) Cfr en particulier F. CHALANDON, op. cit., t. I, p. 21-22, qui dresse un état

vraiment trés confus de la question.

LA

« BYZANTINISATION » RELIGIEUSE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

(X*XII*

DE

SIÉCLES)

ET LA POLITIQUE MONASTIQUE DES NORMANDS D'ITALIE

*

(suite et fin)

III. —

La « byzantinisation » lucanienne.

La seule source que l'on songe à utiliser pour invoquer des prétentions byzantines

sur les terres situées au nord

du Crati, est un

passage de la Relatio de legatione Constantinopolitani due à Liutprand, évéque de Crémone. Le prélat latin y rapporte les décrets soumis au patriarche de Constantinope, Polyeucte, par Nicéphore II

en 968 (). Exécutant les consignes impériales, Polyeucte aurait concédé à l’évêque d'Otrante, pouvoir de consacrer cinq évêques nouveaux — qui ad consecrationem domni apostolici pertinere videntur

—,

parmi

lesquels

ceux

d'Acerenza et de Tursi ®).

Per-

sonne n'a jamais songé à s'arréter bien sérieusement sur ce texte ; son contenu

est trés largement sujet à caution et, d'une maniére

générale, le décret du basileus est à juste titre considéré comme un thème de propagande (?) Il faut lui reconnaître cependant qu'il traduit une belle continuité dans les objectifs byzantins : la diaty(*) Voir RHE, 1958, t. LIII, p. 747-774. (1) Cap. 61, p. 217.

(2) Ibid., p. 218. et écrivait

un

peu

Liutprand lui-même contestait d'ailleurs ces prétentions plus loin : « Scimus, immo

videmus,

constantinopolitanum

episcopum pallio non uti, nisi sancti patris nostri permissu ». (3) J. Gav, L'Italie méridionale et l'empire byzantin, Paris, 1904, p. 352-353.

6

posis de Léon le Sage, notice officielle des sièges épiscopaux rédigée à Constantinople vers 900 faisait d'Acerenza un siège suffragant de Santa Severina (1). Les manœuvres constantinopolitaines visant à faire d'Acerenza un évéché grec n'aboutirent pas plus en 900 qu'en 968. Une bulle de Jean XV du 24 mars 994 confère à Grimoald,

archevêque de Salerne, autorité sur six sièges, dont Acerenza et trois sièges calabrais, Bisignano, Malvito et Cosenza (?).

(!)

Cfr Louis

Ducagsne,

Les évéchés de Calabre, dans Mélanges Paul Fabre.

Études d'Histoire du Mogen-Age, Paris, 1902, p. 9-10. (3 JaArrÉ-LoEWENFELD, n° 3852. Cfr P. F. Kun, Italia Pontificia, t. VIII, Berlin, 1935, p. 346, n° 11 et 12. Acerenza et les trois sièges calabrais de Bisignano, Malvito et Cosenza figurent comme suffragants de Salerne dans toutes les bulles

pontificales de la fin du dixième et de la première

moitié du xi* s. (cfr ibid.,

p. 346-350). En mars 1058 (J. L. n° 4386. Cfr P. F. KEun, op. cit., p. 350, n° 21), Étienne IX y ajouta Martirano, autre siège calabrais. Au reste, la soumission

effective d'Acerenza au rite latin nous est attestée par le fait qu'en 1024 c'est bien un prélat latin, Étienne de Matera qui tenait l'évéché de cette ville (LuPUS PRoTOSPATARIUS, M. G. H., SS., t, V, p. 57). Il mourut le 4 mal 1041, prés de Montemaggiore, sur les bords du flume Ofanto, dans un combat entre les troupes normandes et byzantines ( Annales Barenses, M. G. H., SS, t. V, p. 55). Le bulle précitée J.L. n° 4386 du 24 mars 1058 pose cependant un probléme. Cosenza y figure encore comme simple suffragant de Salerne alors que dés 1056 Loup Protospathaire désigne son titulaire, un certain Pierre, comme archevéque : Hoc anno obiit Petrus, archiepiscopus Cosentinus (loco cit., p. 59). A Pierre

succéda

Arnold, qui est mentionné

comme

archevéque

et vicaire de l'Église

Romaine au concile de Melfi d'aoüt 1059 (JarrE-LówENrELD, Regesta Pontificum romanorum, t. I, p. 560; Ph. Jarre, Monumenta Bambergensia | Bibliotheca Rer. Germanicarum t. V], p. 45) et au synode de Bari, de 1063: « anno 1063, ind. I, venit Arnolfus archiepiscopus, vicarius pape Alexandri et fecit synodum foras in S. Nícolao » (ANONYME DE Bani, Rer. Ilal. SS., t. V, p. 152). L'élévation de Cosenza au titre métropolitain serait donc antérieure à 1056,

ce qui impliquerait une interpolation dans la bulle J.L. n° 4386.

Celle d'Ace-

renza se situe entre 1058 et août 1059, puisqu'à cette dernière date c'est un certain Godanus qui participe comme archiepiscopus Acherontinus au concile de

Melfi (JarrÉ-LOwENFELD,

loc. cif.).

Nous

lui

connaissons

comme successeur

le célèbre Arnaud, qui fut consacré en avril 1068 par Alexandre II (J. L. n° 4647), et qui souscrit peu aprés un décret synodal d'Alexandre II concernant

l’église de Ferrare (J.L. n° 4651). — Le 1** oct. 1071, il assiste à la dedicatio trés solennelle de la basilique de Montecassino. (Chronicon Casinense, auctore Leone, lib. III, cap. 29, P.L., t. CLXXIII, col. 751). Il est mentionné comme coepiscopus Acheruntinus en mars 1076, dans une lettre de Grégoire VII (J.L. n° 4982). En 1079-1080, c'est lui qui découvrit le corps de S. Canion et fit construire la

cathédrale S. Maria di Acerenza (Lupus PROTOSPATARIUS, loc. cit., p. 60 et RoMUALDUS

SALERNITANUS,

éd. C.A.

GARUFI,

p. 191).

Le

16 mai

1082, 11 con-

€ BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

7

Quant à Tursi, nous ne le voyons mentionné dans aucune des notices byzantines de Parthey antérieures au x11 s. (3), alors méme que nos maigres notices sur cet évéché concordent toutes pour faire de son titulaire un prélat latin (). Par contre, le biographe de S.

Vital mentionne, aux environs de 1030 (3), un certain Jean, évéque de Turri (5), siège dont nulle part ailleurs il n'est question et qui pa-

raft n'avoir pas survécu à la conquête normande (5). sacralt l'abbaye S. Eustache de Matera (Lupus, p. 61). En déc. 1084, il concédait diverses églises au monastère S. Lorenzo di Aversa (Regii Neapolitant Archioi Monumenta, V, n° CCCCXXXVIII, p. 104-105) ; plus tard, il souscrit la confirmation de ces concessions, accordée en 1093 par Geoffroi,

comte

de

Conversano

(ibid., ne CCCCLXX,

p. 185-186).

Il mourut en 1101

et eut pour successeur un certain Pierre, élu en mai 1102 (Lupus, p. 63). La pleine lumière ne sera faite sur la chronographie des prélats d'Acerenza, aux Xx1*-Xi1* s., que lorsque aura enfin été publié le fonds de l'Archivio Capitolare di Tricarico, riche en documents émanés des archevêques d'Acerenza et

des comtes normands de Tricarico. (1) Cfr L. DucHESNE, op. cit. (2) Il n'y a aucune preuve que l’évêque Michel mentionné dans un acte de janvier 6558/1050 (TRINCHERA, op. cit., n° X XVII, p. 45) soit titulaire du siège de Tursi, comme le voulait J. Gay, loc. cit., p. 546, note 4. Engelbert, prélat

latin, nous est attesté en 1065 (JL. 4580) et souscrit en avril 1068, au Latran, un décret synodal

d'Alexandre II concernant l’église de Ferrare (J.L. n° 4651).

On lui connaît pour successeur Simon, qui souscrit une charte de mars

1074

(G. RosiNson, dans Orientalia Christiana, XV,2, n° 53 [juin-juillet 1929], doc. n° IX, p. 178) puis, avant 1102, Léon (ibid., doc. n° XVI, p. 207-212). Viennent ensuite, le siège de Tursi ayant été transféré à Anglona, Pierre, qui souscrit une charte de juillet 1110 comme Anglonensis episcopus (Camillo MiNIERI-RiCCIO Saggio di codice diplomatico..., t. I, Naples, 1878, doc n° XIV, p. 19), puis Jean de Tremarchi, mentionné en juillet 6629/1121 (Arch. della Badia di Cava, Arca Sup., arm. 2. n° 25, mal édité dans F. TRINCHERA, Syllabus graecarum mem-

branarum,

Naples, 1865, n» LXXXVIII,

un acte d'aoüt 1146

(mêmes

p. 116) et qui est encore présent à

archives, arm. H.1.).

(3) Vita S. Vítalis, $ 22, p. 33. (4) Turri, petite ville aujourd'hui disparue, entre Armento et Guardia

Per-

ticara : cfr J. Gar, op. cit., 376, note 1. (5) La question des évéchés grecs de Calabre, abordée par Jules Gay, Les diocèses de Calabre à l'époque byzantine, dans Rev. d'Hist. et de Litt. Relig., 1900, t. V, p. 247-261 et reprise par L. DucHESNE, op. cit., vient d'être réétudiée par Francesco Russo, La metropolia di S. Severino, dans ASpCL., 1947,

t. XVI,

p. 1-20, mais dans une perspective malheureusement

trés restreinte.

Voir également I martirl Argentanesíi e le origine del vescovado di S. Marco Argenlano, deux articles du méme auteur, dont l'un paru dans l'ASpCL, 1955, t. XXIV, p. 125-141, réunis dans Scritti storici calabresi, Naples, 1957.

Sur le plan ecclésiastique, la mobilité des limites calabraises n'est donc qu'un mythe ; et il est superflu, de se poser la question sur le plan militaire ou administratif. Car rien n'a changé, au seuil du xi* s., dans l'équilibre fragile qui s'était établi depuis deux siécles entre les forces ou, pour mieux dire, entre les faiblesses byzantine et lombarde. A peine peut-on discerner, dans le dernier tiers du x* s. une modification dans la tactique adoptée. à Byzance pour ce qui touche à l'Italie méridionale: c'est l'abandon délibéré de tout système de défense de la Sicile et de la Calabre, abandon que trahissent 'e transfert du gouverneur byzantin à Bari et le remplacement de l'ancien stratége de Longobardie par un officier nouveau, le catépan, auquel est soumis le stratége du thème de Calabre (1). Désormais l'organisation et l'effort militaire des grecs se concentrent en Pouille. La Calabre, quant à elle, continue à subir au xi* s. les mémes vicissitudes que par le passé. 1006, 1009, 1020, 1029-1030, juin 1031, marquent les principales expéditions arabes, qui atteignent et ravagent le nord du pays (f. Durant tout ce premier tiers du xi* s. il n'y a pratiquement aucune réaction à ces raids du coté byzantin. C'est seulement en 1028 que le protospathaire Oreste débarque en Italie, à la téte d'une armée qui se joint aux forces locales commandées par le catépan Basile Bojoannes. Ce dernier restaure la ville de Reggio en lui donnant de fortes murailles ; mais une expédition lancée en Sicile se solde par un lamentable échec (3). En

1032-1033, Romain

Argyre, dans une tentative louable, parvient

tout au plus à maîtriser les forces navales arabes qui paralysaient

toutes les relations avec le sud de la péninsule et qui étaient, en tout cas, l'instrument essentiel des dévastations musulmanes en Calabre

et en Pouille (). Cette victoire permet en 1035 à Michel IV de négocier avec l'émir de Sicile Al-Akhal (5. En réalité, ce sont surtout les révoltes internes qui affaiblissent la puissance militaire insu-

(1) Cfr J. Gay,

op. cil., p. 343-349

dont les vues

sont toutefois assez incer-

taines. Nous avons repris la question dans Karezávo, Zroarryôs. Sur la dévaluation de deux fonctions byzantines, à paraître prochainement. (2) J. Gav, op. cit., p. 368-369, 417, 433, 434 ; F. CuALANDON, domination normande en Italie et en Sicile, t. I, Paris, 1907, p. 89.

(3) J. Gay, op. cit., 128-429. (4) J.

Gay, op. cit., 434-435.

(5) F. CHALANDON, op. cit., t. I, p. 89-90.

Hisloire de la

t BYZANTINISATION

+ RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

9

laire. Désormais, le croissant est sur la route du déclin qui s'achévera en 1072 par la prise de Palerme : on ne connaît plus de raids sur le continent, passé 1031. Quant

Maniakés

aux

Grecs, on sait comment

(1038-1040)

la brillante campagne

se termine sans le moindre

de

bilan positif.

Nous sommes à un tournant de l'histoire siculo-calabraise ; la désagrégation des forces arabes et byzantines prépare et annonce la conquéte normande. Comment, dans un tel climat, peut-on imaginer le débordement de la frontiére septentrionale calabraise par

des éléments grecs organisés?

La Lucanie a pu servir de refuge à

de larges communautés de siciliens ou cune facon elle n'a été « colonisée » ou par elles. C'est ce que Jules Gay, sur proclamer en déclarant: « il n'est pas

de calabrais du sud, en auméme seulement « modelée » d'autres plans, finissait par vraisemblable qu'en un sié-

cle et demi une transformation radicale de la langue et de la liturgie ait pu s'opérer sur une trés vaste zone » ()). Si l'on considére qu'aucun rempart naturel ne protége la Lucanie, la raison profonde d'une certaine communion qui a sans aucun doute uni les régions des confins lucano-calabrais, il faut la chercher

dans les raids arabes dont les vagues extrémes se poursuivent au delà du Sinni jusqu'en 1030. Passée cette date, le péril musulman conjuré, Lucanieet Calabre du nord n'ont guére connu qu'une tréve

de courte durée : quinze ans plus tard, ce sont les bandes normandes qui s'abattent sur elles. Au reste, cette conquête

normande, comment se présente-t-elle

sous l'angle spécifiquement calabrais?

La question vaut d'étre

posée en ce qu'elle nous semble achever la véritable définition de

l'hellénisme calabrais.

IV. — La conquête normande de la Calabre et de la Sicile et le reflux des communautés grecques

exilées.

En 1044, Guillaume Bras-de-Fer est le premier normand à faire une apparition dans le Nord de la Calabre ; il s'empare du castrum

(1) J. Gay, Jusqu'où s'étend à l'époque normande la zone hellénisée de l'Italie méridionale ?, dans Recueil de travaux dédiés à la mémoire d' Émile Berteaux,

Paris, 1924, p. 115.

10 Stredule «Stratolo?-— (!), mais ce n'est encore qu'une aventure de hasard. C'est seulement en 1048 que les normands commencent à se tourner vers la vallée du Crati: Dreux, aprés sa victoire sur les troupes grecques à Tricarico, lance son jeune frére Robert Guis-

card en Calabre (3).

Les débuts de Guiscard furent difficiles.

A

la tête d'une maigre troupe, il piétine lamentablement au point que, sans argent pour payer ses soudoyers — il avait avec lui, selon

Malaterra (3), une soixantaine de slaves — il rejoint son frère (*). Dreux, inflexible, le renvoie en Calabre ; Guiscard, rebuté par l'at-

mosphére insalubre de Scribia, s'installe alors à San Marco Argentano (6). Mais, sans moyens, il n'a d'autre activité que celle d'un brigand, pillant et saccageant sans scrupule ce qu'il avait à portée de la main (). L'alliance avec Girard, seigneur de Buonalbergo, en mettant fort opportunément une troupe de 200 chevaliers à la disposition de Guiscard, permet aux normands d'élargir leur domaine d'action (^). Les Calabrais, pour se libérer de leurs exactions, concluent avec eux un traité semblable à ceux qu'ils avaient jadis conclus avec les arabes : Guiscardus ... Bisinianenses, Cusentinos et Mariuranenses... secum foedus inire coegit, tali pacto ut, castra sua retinenles, servitium tantummodo et tribuía persolvere hoc sacramentis el obsidibus spoponderent (2). La premiére campagne véritablement organisée est largement postérieure à tous ces maraudages. Elle date de 1057, peu aprés que Guiscard ait succédé à son frére Onfroi, à la téte des normands d'Italie. Robert se sentait alors assez fort pour mettre à sa merci le réduit byzantin. Quelques mois à peine lui suffisent pour franchir le territoire de Cosenza-Martirano et, aprés une halte sur le bords

du fiume Amato (?), pour s'emparer de Squillace, Maida et Canalea (1). (1) G. ArEssio, Saggio di Toponomastica calabrese, Florence, 1939, p. 396, n? 3821. (2) « Robertum vero Guiscardum ín Calabria posuit, flrmans ei castrum in

valle Cratensi, in loco qui

Scribla

qui adhuc in Calabria rebelles erant. (3) Ibid., I, xvi, p. 16. (4)

Kal. (5) (6) (7) (8) (9) (10)

AIMÉ

Du

MoNT

CassiN,

dicitur,

«d

debellandos

+ (MALATERRA,

III, 9, éd.

V.

DE

Cusentinos

et eos

I, xi1, p. 14).

BaARTHOLOMEIS

[Istituto

Stor.

per il Medio Evo. Fonti per la Storia d'Italia, 76], Rome, 1935, p. 122. MALATERRA, I, xvi, p. 16. F. CHALANDON, op. cil., t. I, 119-120. Aimé, III, 11., éd. cit., p. 125-126. MALATERRA, I, xvii, p. 18. Le flumen Lamila de Malaterra (cfr G. ALESSIO, op. cil., p. 210, n° 2100). MALATERRA, I, xvtt1, p. 18.

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

li

En 1058, sollicité par des campagnes en Pouille, Guiscard fit avec son jeune frère Roger, — qui arrivait de Normandie — ce que Dreux avait fait avec lui: il l'envoya avec soixante chevaliers en Calabre oü celui-ci obtint rapidement la soumission de tout le Val

de Saline, prés de Reggio, puis se fortifia dans le castrum quod Nichifola dicitur (). Ce nom de Nichifola, on le retrouve dans le traité auquel Roger contraignit Guiscard en 1058, à la suite de discordes intervenues entre les deux frères. Instruit par l'expérience de son aîné, Roger ne voulait pas attendre que Guiscard füt mort pour jouir de ses propres conquétes; sous la pression de conjonctures diverses, il obtint de lui medietatem totius Calabriae a jugo montis Nichifoli et

montis Skillacii, quod acquisitum erat vel, quousque Regium, essent acquisituri (?).

Sans entrer dans le détail des opérations conjugées de Robert et de Roger, il suffit de constater qu'en 1060 la conquéte de la Calabre était pratiquement achevée (?). Il ne s'agissait point d'une conquéte factice ou superficielle : les deux hommes sentaient leurs arrières

suffisamment assurés pour se lancer d'ores et déjà à la conquéte de la Sicile. Ainsi donc, trois ans (1057-1060) avaient suffi aux normands pour conquérir la pointe de la péninsule ; il y a de quoi faire réfléchir sur l'état de la puissance grecque au milieu du XI* S.1 A aucun moment, la lecture des chroniqueurs ne nous donne l'impression que les campagnes ont été marquées de batailles furieuses et les contingents de Roger (t) étaient, à peu prés, ceux

dont il disposa par la suite pour ses premiéres campagnes siciliennes, c'est-à-dire peu de chose (5). (1) Jbid.,

I, xix-xx, p 19.

(2) Il est question de !'dotv Ntngógov et du orgarnyés Nixngdgou dans une vente immobilière conclue en novembre 1204 par un certain Roger, fils de Staulus roó Aouiynxou< Domanico, 10 kms au S.-O. de Cosenza > (F. TRINCHEAA,

op. cil., n° CCLIX,

p. 352).

On

trouve également

mention

de la

6éiaxoátnoi; ' Póxxac Nixngwgov dans un acte apocryphe du duc Roger Borsa (Ibid., n° LXVIII, p. 85-86). Mais l'endroit est inidentifiable par ailleurs. L'acte de 1204 permet toutefois de circonscrire Niceforo dans le triangle Cosenza,

Fiumefreddo, Martirano. (3) F. CHALANDON, op. Cíl., t. I, p. 174. (4) 60 chevaliers, nous l'avons dit (cfr MALATERRA, I, xix, p. 19). (6) Sur l'évaluation très précise de ces effectifs, cfr D. P. WALEY, « Combined

operations + in Sicily A.D. 1060-1078, dans Papers of the British School at Rome, 1954, t.

XX II, p. 118-125.

Les expéditions contre Messine, en 1060 et au prin-

12 Il est important de noter que la résistance grecque s’est unique-

ment manifestée autour de quelques villes, ce qui confirme, d’une part, l'absence de contingents militaires byzantins en Calabre, d'au-

tre part, le fait que les cités calabraises, livrées à elles-mêmes, n'avaient d'autre protection que leurs remparts et des milices urbaines de formation spontanée. La seule ville oà nous puissions croire à la présence d'une garnison militaire semble avoir été Squillace, dernier noyau de résistance byzantin en Calabre. Mais cette protection était bien illusoire: voyant que les Normands s'apprétaient à organiser le blocus de la ville, la garnison s'embarqua pour Constantinople (1). Nous avons vu précédemment comment Bisignano, Cosenza et Martirano s'étaient affranchies des menaces de Guiscard.

Nicastro,

Maida et Canalea agirent de méme (3) et plus tard aussi les cités et forteresses de la région de Vibona (?) et de Saline. (. En somme

l'invasion normande n'a suscité qu'une opposition sporadique.

Le

pays, livré à lui-méme, parait avoir accueilli les nouveaux conquérants avec la méme résignation que, dans les siècles passés, les Arabes.

Seuls, l'évéque de Cassano et le prosope de Gerace songent à résister ; en 1059, ils réunissent quelques troupes et s'emparent de la place forte de San Martino (5). Reggio, aussi, ne cédera qu'à un siège en règle (. Mais ces tentatives inorganiques, tout comme la brève

révolte des gens de Nicastro (?), ne font que souligner l'extréme faiblesse de la Calabre et son abandon délibéré par les byzantins. temps de 1061, furent conduites avec 160 chevaliers; pour le dernier assaut contre Messine, Roger amena 200 hommes, puis un renfort de 250 hommes (loc. cit., p. 123-124). (1) MaLATARRA, I, xxxvir, p. 24; SkvLrrzks, dans CébnRÉNus, II, 722. (2) « Redeunti Neocastrum, Maia et Canalea, pacem facientes, sese dederunt » (MALATERRA, I, xviii, p. 18) (3) Vibo-Valentia, aujourd'hui Monteleone (cfr G. ALessro, op. cif., n° 4120, p. 432.) (4) *... omnes civitates et castra illius provinciae (montium Vibonentium)

et totius vallis Salinarum, territi omnes, legatos qui pacem postulent mittunt : munera plurima dantes, fortissima castra enerviter reddunt in juramentis et obsidibus foederantur » (MALATERRA, I, xix, p. 19).

servitutem,

(5) San Martino, 3 kms à l'Ouest de Taurianova (cfr {bid., I, xxxit, p. 22). (6) Ibid., I, xxxiv, p. 23. (7) A Nicastro, les habitants refusent de payer le tribut et d'exécuter les services qu'ils avaient consentis ; en 1058, ils massacrent les 60 soldats normands qui gardaient la citadelle. Malaterra (I, xxviii, p. 22) donne comme raison de cette rebellion

la perfidie

des Grecs

(Calabrenses, genus semper perfidissimus)

4 BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE

Tels sont les faits marquants

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

de la conquête calabraise.

13

Nos

sources, cela est certain n’en donnent pas tout le détail, mais la pro-

pension constante d’un Malaterra à prendre appui sur le moindre événement pour glorifier Roger et son frère, nous fournit une très

solide assurance qu'il n'aurait point passé sous silence le moindre combat digne d’être noté. On a donc tout lieu de penser que la pointe de la péninsule a été absorbée à peu de frais, ce qui, méme en tenant compte de la trés facheuse réputation des grecs en matiére militaire — gens deliciis ac voluptatibus, potiusquam belli studiis ex

more dedita, dit Malaterra(!), à quoi Guillaume de Tyr ajoutera plus tard que Li Grieu rien ne valent en bataille (*) — éclaire tout de

méme

d'un jour trés particulier l'hellénisme calabrais anté-nor-

mand. Qu'ont pu devenir nos moines grecs durant ce temps? Nous manquons à peu prés totalement de renseignements à ce sujet. Il n'est point douteux qu'ils ont eu à souffrir, au début du siécle, des der-

niéres déprédations venues du sud (3), puis, à partir des années 50, de celles venues du nord (*. Mais il est probable que, méme diminué dans sa force ou ses membres, le monachisme grec s'est maintenu en ses points d'exil.

On doit méme supposer que l'accalmie du deuxième tiers du xe s. lui

a

permis

de

se

perpétuer.

L'hagiographie,

hélas, ne nous

a laissé aucun monument et les actes de la pratique, chartes ou notices,

antérieurs à 1060, sont extrêmement

rares.

Y

a-t-il lieu

qui profitérent de la querelle où étaient engagés Robert Guiscard et son frère Roger. Des révoltes de ce genre, parties de trois ou quatre villes, ont agité la Calabre pendant les cinq années qui suivirent la conquête. En 1064, Roger dépensa quatre mois de siège à máter Alello et Rogliano (íbid., II, xxxvir, p.

47). Meslano, castrum quod melius in ipsa provincia dux habebat, profita aussi de la dissension entre Guiscard et Roger pour se révolter (ibid., II, xxvii, p. 39).

Mention

spéciale doit être faite

pour

Stilo,

dont

Malaterra

(II, xLiv,

p. 52) nous dit que pendant six ans elle entretint un état de révolte permanent contre l'autorité ducale. (1) III, xim, p. 64.

(2) XVIII, vitz, éd. PAuLIN Panis, t. II, p. 205 : il s'agit de la campagne des byzantins en Pouille, en 1155. (3) Cfr supra, 1958, t. LIII, p. 772, note 3. (4) Cfr G. RoniNsOoN, op. cít, n° VIII, p. 171-175,

un

acte de 6579/1071,

où Jean, spatharo-candidat, rapporte comment toute la région de Carbone a été occupée par les « hordes payennes s, toutes choses tombérent complètement en

ruines et tout fut chaos.

Pour S. Andrea di Calvera, cfr infra, p. 22, note 5.

14 de s'étonner de cette carence? Peut-être pas, si l'on y voit un signe sincère de la vie « en veilleuse » du monachisme grec, jusqu’au jour

de son réveil, lorsque les normands ont rétabli l'ordre et la paix. Nous avons laissé Robert Guiscard et son frère Roger, au mo-

ment de la prise de Reggio.

Depuis 1060 vraisemblablement, Roger

a reçu de son aîné et seigneur le titre tout platonique de « comte de Calabre et de Sicile » ()}.

Dès qu'il eût atteint l'extrême pointe ca-

labraise, Roger n'eut plus qu'un but, celui de se lancer à l'assaut de la Sicile. Aidé de façon très intermittente par Robert, que d'autres soucis appelaient en Pouille, Roger a mené dans l’île des cam-

pagnes incessantes qui aboutissent en 1072 à la prise de Palerme, en 1091, avecla prise de Noto, àlaconquête du dernier bastion arabe.

Même affaiblie par plus de cinquante ans de querelles intestines, la Sicile musulmane, on le voit, a donné infiniment plus de mal aux

normands que la Calabre (*). Nous laisserons de côté pour l'instant les épisodes de cette conquête, pour nous préoccuper des retentisse-

ments qu'elle a eus dans les terres ainsi acquises. Un point doit tout d'abord étre souligné : c'est que la méthode infiniment sûre et prudente de l'action militaire de Roger Ier n'a donné à aucune faction la possibilité de s'exprimer ou de remettre

en question l'autorité comtale (5). matées

Hormis les rebellions trés vite

d'Aiello, puis d'un vassal imprudent,

Ingelmar à Gerace,

le comté a connu dés le lendemain de l'installation normande,

une

paix et une stabilité totales. A nos moines, et à la population grecque en général, habitués depuis tant de générations aux pires malversations, il n'est pas douteux que cette sécurité a dû paraître comme un bienfait à peine croyable ; et ce n'est pas trop présumer

que de voir là une raison — la raison — très justifiée de leur ralliement à la cause normande. Or, depuis Lenormant, c'est une opinion traditionnellement ad-

mise que de présenter la paix normande et, par contrecoup, la poli(1) Notre unique source est ici Geoffroi Malaterra.

Alors que dans tout son

Livre Ier il ne désigne Roger que par son prénom, dés les premières lignes de son Livre II, et sans aucune justification, il le nomme comes Calabríae et le mentionne

désormais comme + comte » (été 1060). (2) Encore doit-on tenir compte de ce que les premiéres campagnes de Roger en Sicile ont été menées pour «jauger» le potentiel militaire arabe, et avec des

effectifs trés limités. (3) Cfr sur ce point nos Études sur le Royaume normand d' Italie, t. I.

€ BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE

tique religieuse des me un instrument c'est ce à quoi nous de vue comporte un

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

15

nouveaux maîtres de l'Italie méridionale, comde renaissance du monachisme grec. Mais, et faisons allusion au début de cet exposé, ce point hiatus évident : car sur le plan de la hiérarchie

religieuse, cette renaissance n'a pas été accompagnée de ce qui aurait dà étre sa conséquence normale, à savoir le maintien et méme le renforcement des évéchés grecs. Malgré le caractére résolument apocryphe des diplómes connus relatifs à la réorganisation ecclésias-

tique calabraise (!), il est à peu prés certain que Ja politique normande a consisté au contraire dans une latinisation rapide des siéges

épiscopaux.

Ainsi donc, l'historiographie actuelle aboutit à faire

de l'action religieuse de Roger Ie un paradoxe étiré dans deux directions presque opposées. Cela n'est pas concevable et nous allons essayer de montrer que cela n'a pas été. Dans

l'état présent de notre documentation,

nous

des vues infiniment fragmentaires sur Ja question;

n'avons

que

cela n'exclut

point cependant les points de repére exempts de toute ambiguité.

Malaterra nous conte que lorsqu'ils entrérent à Palerme, les normands trouvérent un archiepiscopum qui, ab impiis dejectus, in paupere ecclesia S. Cyriaci — quamvis timidus et nalione graecus — cultum christianae religionis pro posse exequebatur, revocantes restituunt (*). Il serait intéressant de connaître le sort exact fait à cet archevêque. Malheureusement, Malaterra est le seul à nous parler de ce métropolite grec. Ce qui est sür, c'est que l'archevéché fut

effectivement

reconstitué

avant

le 21

avril

1073 — (Robert

et

Roger avaient fait leur entrée dans Palerme le 10 janvier 1072) — : dans une bulle adressée du Latran,

le 2 avril 1123 (?), Callixte

II

confirmait en effet à Pierre, archevêque de Palerme, omnem liber(1) Sur le plan diplomatique, la question ne se pose que pour le sigiilion d'octobre 6595/1086 portant fondation de l'évéché de Mileto

(L.R. MÉNAGER,

Ca-

talogue des actes de Roger I, comte de Calabre et de Sicile, n°16) et pour le diplôme de 1096

(sept.-déc.),

ind.

v. (ibid., n° 67)

reconstituant l'évêché de Squillace.

L'un et l'autre sont, à des titres divers, des falsifications grossières.

Mais ce qui

rend sí difficile l'étude de l'architecture ecclésiastique calabralse aux x1*-xtI* s., c'est le caractére apocryphe avéré, ou sinon fortement présumé, de la plupart des

actes et bulles jadis invoqués par Fernando

Ughelli

dans

son J{alia Sacra.

Nous reprendrons l'argument en son entier dans le tome II de nos Études sur le

Royaume normand d'Italie.

(2) Éd. Ernesto PonTieni, II, xLv, p. 53. (3) J. L., n° 7045.

16

latem et omnem dignilalem que a predecessoribus nostris sancte memorie, Alexandro secundo, Gregorio septimo et Paschale secundo, ro-

mane ecclesie pontificibus, predecessoribus tuis Panormiíanis archiepiscopis, Nicodemo el Alcherio, et per eos, Panormiíane ecclesie

concessa dignoscitur.

La mort d'Alexandre II (21 avril 1073) nous

fournit un ferminus ad quem pour la restauration de l'archevéché de Palerme, en des mains que la bulle pontificale nous désigne com-

me étant celles d'un certain Nicodéme (!). Nicodéme (Ntxóónuoc) fait évidemment partie de l'onomastique grecque et il y a de fortes

chances pour que ce personnage soit celui auquel Malaterra fait allusion.

Cela dit, la consécration

d'un métropolite

grec par le

pontife romain pose déjà un certain nombre de problémes. D'autre part, l'acte de Robert Guiscard et de Roger demeure difficilement explicable car il est hors de doutequ'en1072,ce qui restait de grecs à Palerme ne pouvait sérieusement motiver une telle restauration du rite grec. Acceptons cependant ces données fragiles. Cette survie du culte orthodoxe, si survie il y a eu, n'a pas été de longue durée : le successeur de Nicodéme est un latin et son nom seul, Alcher, fleure une bonne souche normande ou bretonne. Par une

bulle du 15 avril 1083 (5, Grégoire VII lui concédait le pallium, ainsi que tous les droits et prérogatives de la dignité archiépiscopale. Autre exemple du postulat romain de la politique ecclésiastique normande, le cas assez énigmatique de Catane.

Une charte grecque,

sans aucun doute remaniée à la fin de l'époque normande (3) mais qui repose sur des bases sincéres, nous présente un acte du 20 mai 6611/1103 par lequel un certain évéque Jacques donne à Anchier, évéque

de Catane,

l'église s. Giovanni

di Fiumefreddo,

restaurée

et améliorée par lui, avec tout son ténement et ses dépendances ;

(1) Une exécrable traduction latine du 31 mal 1309 nous a conservé le texte d'un sigillion du 14 nov. 6601/1092 par lequel Roger 1°", pour satisfaire aux priè-

res de Nicodéme, archevéque de Palerme, donnait à l'église archiépiscopale de cette ville le casal calabrais de Lago, avec une quarantaine de villains. Ce que nous avons vu de la chronologie des archevéques

miner le caractère apocryphe

du

document.

panormitains

suffit à déter-

Mais il est probable que l'acte

n'a pas été forgé a nihilo et qu'il avait pour base une notice authentique relative à l'archevéque Nicodème.

(2) J. L., n° 5258. (3) Cfr L. R. MÉNAGER,

Notes

critiques sur quelques diplômes

normands

de

€ BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

17

cette église et ces terres lui avaient été données par le comte Ro-

ger. Qui est cet éxíoxozoc 'Iáyofoc?

Nous ignorons tout de lui.

Sous la domination byzantine, Catane était le siège d’un archevêché autocéphale () et l'on a supposé avec quelque vraisemblance (?)

que Jacques était le vestige tout nominal de cet ancien titre. La donation dont notre document fait état autorise à croire que Roger I avait reconnu Jacques et, par lui, le culte grec. Pourtant ce que nous savons par Malaterra — qui ne souffle mot de tout cela, bien que trés informé des choses de Catane, puisqu'il dédia son ouvrage à l'évéque Anchier lui-méme — donne tout lieu de croire

que la création de l'évéché catanais, entre 1086 et 1088, fut opérée a nihilo. Jacques pourrait donc avoir été le vestige, peut-étre honoré mais sans siège, de l'ancienne métropole byzantine ; en tout cas, le silence de Malaterra Ôte toute vraisemblance à l'hypothése selon laquelle Jacques, survivant d'un siége byzantin, y aurait été maintenu aprés la conquéte normande jusqu'à la reconstitution de l'évêché latin (?).

Nous n'entrerons pas ici dans le débat relatif à la fondation rogérienne des diocèses siciliens (f), quaestio vexata par excellence ; bornons-nous ici, en nous tenant aux propos de Malaterra, à noter

que Roger I institua à Troina (1080-1081), Syracuse, Mazara, Catane et Agrigente (1086-1088) des évéchés latins à la téte desquels il placa des clercs originaires de France: Gerland, de Narbonne, à Agrigente ; Étienne, de Rouen, à Mazara ; Roger, de Provence, à

Syracuse, le breton Ansgerius à Catane et Robert à Troina-Messine. En Sicile, par conséquent, il n'y a pas de place pour le culte grec ; ce néant dans lequel le premier souverain normand l'a tenu, pour

l'Archipio Capitolare di Catania, dans Bullettino dell” Arch. Paleogr. Italiano, 1956-1957, nouv. sér., t. II-III, Numero speciale in memoria di Franco Barto-

loni, parte II, p. 145-174. (1) Cfr Jules Gay, Notes sur l'hellénisme sicilien de l'occupation arabe à la conquéle normande, dans Byzantion, 1924, t. I, p. 219-220.

(2) L. T. WurrE, Latin monasticism

in Norman

Sícily, Cambridge

(Mass.),

1938, p. 109, note 6.

(3) En juillet 1071, sitôt Catane prise, Roger ordonna qu'on y fit bâtir une citadelle et une église dédiée à S. Grégoire: « Et encontinent comanda que soit faite la rocche, et comanda que soit faite l'églize à l'onor de saint Grégoire ». (Aimé DE MoNT Cassin, VI, xiv, éd. V. Dr BARTHOLOMABIS, p. 276).

(4) Nous l'avons abordé pour le seul siége catanais dans l'article précité, Notes critiques sur quelques diplômes normands...

18 agir résolument en faveur de l'église latine, est un test intangible des conceptions des nouveaux dynastes. En Calabre, certains sièges grecs ont été maintenus pour d'irréductibles raisons politiques et parce qu'ils étaient soutenus par une densité suffisante de fidèles. En

Sicile, les normands

n'en

ont maintenu

ou restauré

aucun,

et sans aucun doute pour les mêmes raisons. Dans l’île, il est vrai, ils avaient le champ plus libre qu'en Calabre : il suffit de confronter, sur ce plan, la situation dans les deux parties du comté pour s'en persuader. Car Roger I était un fin politique et s'il a agi ainsi, c'est que l'élément grec devait peser le poids d'une plume.

Dans cet ordre d'idées, nous pouvons, ici aussi, nous

affranchir d'un préjugé qui consiste à présenter les régions inté-

rieures de l'ile comme le refuge inviolé d'une ample population byzantine, Deux textes ont essentiellement servi de base à cette opinion (!) : d'une part, celui de Malaterra qui exalte l'aide apportée par les (1) L. T. Warre, op. cit., p. 34-35 y ajoute trois témoignages : Celui de Simon de Tréves (AA. SS. Jun., t. I, p. 86), né à Syracuse d'une mére calabraise et d'un père grec et qui, agé de sept ans, s'enfult à Byzance avec sa famille, « under no compulsion, it seems », ajoute White, qui fonde sur cette hypothèse l'idée

d'une vie byzantine maintenue

sous l'occupation

musulmane!

Vient ensuite

le témoignage de Jeanl'Italien, tiré d'un passage inintelligible d'Anne Comnéne (cfr Georgina BuckLer, Anna Comnena, Londres-Oxford, 1929, p. 166-168), où il est parlé de la jeunesse sicilienne du grand dialecticien Constantinopolitain. Enfin, celui de Philaréte le Jeune, saint du onziéme siécle, qui mérite que l'on s'arréte sur son Bios (AA.SS. April, t. I, p. 606-618; cfr H. DELEHAYE, dans Analecta Bollandiana, 1904, t. X X III, p. 33). Philaréte naquit en Sicile en 1020 :

son biographe nous dit en effet (cap. II, 10, p. 608) qu'il avait 22 ans lors de l'expédition de Maniakes. La réaction sarrasine qui suivit l'échec de l'expédition byzantine, força Philaréte et sa famille à fuir en Calabre. Ils débarquent à Reggio, passent à Aulinas et se fixent à Sinopoli (II, 14, p. 609). C'est alors que Philaréte décide de se vouer à la vie monastique et se rend au monastére de S.

Élie le Jeune, où il reçoit l'habit des mains de l'higouméne Oreste (III, 19-20, p. 610).

Au bout de peu de temps,

Philaréte reçoit Ja « préfecture des bœufs

et des chevaux », ce qui est pour lui l'occasion d'une vie ascétique dans les pátures de la montagne. Lorsqu'il revient au monastére, on lui confie la charge de jardinier (IV, 34, p. 614). Il meurt en 1070, aprés une vie exemplaire. Tels sont les sommets de ce Bios à peu prés totalement dépourvu d'intérét, consacré à l'un de ces saints paysans propres à illustrer la parabole « Heureux les simples... v. Or ce que White en tire, c'est que « although his father was a peasant, the boy

learned his letters from a priest In Sicily » (op. cít., p. 35). arète est-elle le témoignage d'une dans les monastères de l’île ».

« certaine

Ainsi la vie de Phil-

activité intellectuelle maintenue

t BYZANTINISATION

? RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

19

chrétiens aux troupes normandes dans le Val Demone (!), dans la région

d'Agrigento

et de Troina () et à Petralia (*) ; d'autre

part, le testament de Grégoire, higouméne de S. Filippo di Fragala (9, qui atteste l'existence d'une vie monastique encore active dans ie Val Demone au début du onziéme siécle, puisque lui-méme y avait fait ses voeux. L'interprétation donnée à ces documents nous semblefaire montre d'un optimisme trés exagéré et dépasser singuliérement les faits rapportés. Grégoire, parlant de son enfance, ne fait nullement allusion à une « vie monastique intense». C'est seul, ayant décidé de se retirer du monde, qu'il a rejoint le monastére de S. Filippo « désert et épavéotatoç ». La providence de Dieu aidant, il y est resté ferme, combattant pour rendre sa prestance à l'œuvre disparue, ce qui lui a valu de souffrir de nombreux sévices ózó và» à0éwy cagax5vóv. Ce que nous atteste donc la óia0:jx5 de Grégoire c'est la vie d'un ermite qui, avec toute l'ardeur de sa jeunesse, s'était attaché à maintenir les vestiges d'un saint lieu, sans doute abandon-

né par ses moines à la fin du dixiéme siécle. Quant au témoignage de Malaterra,

il n'est certes pas question

de remettre en question des propos qui concordent parfaitement avec ceux d'Aimé

du Mont-Cassin

(5) sur la présence de colonies

grecques dans l'intérieur de l'Île et méme dans la région d'Agrigente. Mais il est peu probable qu'elles aient atteint une réelle im-

(1)

II, xiv, p. 33: « Inde in crastinum ad Fraxinos «; Frazzano, 27 kms. N.O.

de Randazzo > perveniunt et a Fraxinis ad Maniaci pratum« Campo di Maniace 8 kms. N. de Bronte >. Hic christiani in Valle Deminae manentes, sub sarracenis tributarii erant s. (2) *... ante natalem domini —106012.. usque ad Agrigentinam urbem, totam patriam sollicitans, praedatum vadit. Christiani vero provinciarum, sibi cum laetitia occurrentes, in multis subsecuti sunt. Inde Traynam «Troina» veniens, a christianis civibus, qui eam incolebant, cum gaudio susceptus, urbem intrat » (ibid., 1I, xvii, p. 35). (3) « A Catania itaque, per legatum Bethumine sarraceno arcessito, secum ducens, Pretralejum < Petralia, 27 kms. SSE Cefalù — obsessum vadit. Porro cives, ez parle chritiani et ex parte sarraceni, consilio inpicem habilo, pacem cum comite facientes, castrum seseque ditioni suae dedunt » (ibid., 1I, XX, p. 35). (4) S. Cusa, op. cil., n° 21, p. 396-400. Fragala est précisément tout proche de Frazzano. (5) Ces derniers n'étant fort probablement, il est vrai, que l'exacte traduction de ceux de Malaterra : voir, dans l'édition V. Dg BARTHOLOMAREIS, lib. V,

cap. XI, X

p. 239; cap. XXV, p. 244.

20 portance numérique : cela démentirait singulièrement tout ce que nous apprennent les vies de saints du x° s.

Au reste, à quelle sorte de « chrétiens » eurent affaire les premiers normands qui pénétrérent en Sicile?

Malaterra permet d'ex-

primer des vues trés claires à ce sujet. Pour une certaine part, il semble bien qu'il se soit agi d'un résidu, que toutes les exactions arabes n'avaient pas décidé à partir, de ces minorités comme toutes les époques en ont connu et qui, pour conserver leurs biens, préférent les compromissions, voir le pire des esclavages, à l'exil. Que nombre de ces Grecs aient pactisé avec les occupants arabes, cela est certain : aux dires de Malaterra, les citoyens (cives) de Petralia étaient

pour partie chrétiens (entendre « grecs »), pour partie sarrasins ; la reddition de la ville fut précédée d'un conseil qu'ils tinrent entre eux sur les conditions de leur deditio. La paix conclue, Roger avait tellement confiance en eux qu'avant de partir, castrum pro libito suo firmans, militibus et stipendiariis munivit (!). Dans le Val Demone,

les offrandes et les excuses présentées par les grecs aux

conquérants normands sont trop transparentes pour qu'on ne per-

çoive pas l'ironie avec laquelle Malaterra les décrit (5). La duperie de ces gens permet seule d'expliquer l'hostilité marquée des normands, hostilité dont Malaterra se fait l'écho à diverses reprises (?). Mais là n'était point la seule source de l'hellénisme insulaire au moment de la conquête normande. L'hagiographie des 1x9 et x* s. parle

fréquemment,

nous

l'avons

vu,

des

nombreuses

réductions

(1) II, xx, p. 35, cité supra, p. 19, n. 3. (2) II, xiv, p. 33: « De christianorum adventu gavisi, illis occurrerunt, mul-

taque exenia et donaria obtulerunt : hanc excusationem contra sarracenos assumentes, quod, non causa amoris, sed ut seipsos et quae sua erant tuerentur, hoc facerent... ». | (3) Cfr ibid., II, xxix, p. 40: «... Graeci vero et Sarraceni, quibus omnis patria favens pro libito patebat, plurima replebantur abundantia » et surtout,

ibid., : « Graeci vero, semper genus perfidissimum...».

La permanence de cette

hostilité n'est pas attestée que du cóté latin. Le biographe de Lucas, évéque grec d'Isola Capo Rizzuto, nous conte (Vita di S. Luca,... éd. G. ScuiRo, p. 90) que le saint, tout en excluant la Sicile de son aspostolat, ne répugna cependant

pas à parcourir « cette terre peu süre en raison des ennemis athées qui y habi-

taients.

Dans ces

&deoc éy0goi,

G. ScHrRO a clairement démontré (ibid., p.

46-48) qu'il fallait voir, non les musulmans, mais les nouveaux maîtres de l’île. Or ce voyage doit se situer en 1105, époque à laquelle Lucas rédige le testament de Grégoire, abbé de S. Filippo di Demenna : S. Cusa, op. cíl., p. 400 et 402.

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE DE L'ITALIE MÉRIDIONALE

21

en servitude pratiquées parles arabes lors de leur progression dans l’île. De leur campagnes sur le continent calabrais, campanien

ou apu-

lien, ils ont aussi ramené de longues cohortes d'esclaves. C'est certainement de ces éléments serviles que parle Malaterra, lorsqu'il nous dit de certains chrétiens du Val Demone qu'ils étaient « sub sarracenis tribularii » (). De méme pour ces Grecs de Troina qui eam incolebant (?) et, sans doute aussi, des christiani provinciarum Agrigentinae. C'étaient là les dzimmi des répertoires fiscaux ara-

bes (?). Vis-à-vis de ces populations serviles grecques, les Normands n'ont pas agi avec plus de mansuétude que leurs prédecesseurs. Les Grecs, à cóté des Arabes, continueront de former l'essentiel de

la population servile siculo-normande (4). À leur arrivée dans l'île, les Normands n'ont donc trouvé dans les

résidus de population grecque aucun support démographique ou politique. C'est seulement du jour où Roger Ier a songé à modifier les rapports de force ethniques existant dans ses états et à dissoudre

le caractère monolithique — ici arabe, là grec — des deux parties du comté (caractère qui, sur le plan politique, risquait d’avoir les développements les plus dangereux), que des mouvements de po-

(1) (2) (3) zione

Cfr Cfr Cfr del

supra, p. 19, note 1. supra, p. 19, note 2. Andrea FinoccutARo-SARTORIO, Gizyah e Kharag. Note sulla condivinti in Sicilia durante la dominazione musulmana, dans Archivio Giu-

ridico, 1908, t.

LX XXI, p. 37-40 du tirage à part.

(4) Nous n'irons pas jusqu'à prétendre, comme

Francesco GIUNTA (Bizantini

e Bizanlinismo nella Sicilia normanna, Palerme, 1950, p. 47) que «le poche platee pervenutoci,.. mostrano villani greci a Patti, Cefalü, Limina e Les longues listes (platee, ÿarayid) de serfs siciliens qui nous ont été portent toutes exclusivement sur des individus arabes. Seul le doute pour quatre serfs de la platea confirmée à l'église de Cefalà en janvier

Corleone ». conservées est permis 6653/1145

(S. Cusa, op. cit., p. 480) et pour quatre autres serfs portés à la fin des « chrétiens de Corleone » dans la longue platea de Monreale de mai 6686/1178 (ibid. p. 146). Encore les noms grecs de ces serfs me paraissent-ils n'étre que des noms de baptéme. Par contre, les 30 serfs de la platea de Nicotera, donnés en 6601/1093 par Roger I à l'église de Palerme et les 150 villains du Val di Tucci, de Mesa, Bovalino et Rimata, donnés en novembre 6603/1094 par Roger 1 à Barthelemy et Demetrios, sont tous grecs (cfr S. Cusa, ibid., n» 81, p. 27 et ms. Vat Lat. 8201, fos 67r»-69r» et 189r»-191v^»). Pour le PsEUDo-FALCAND, en mars 1168, les seuls sujets siciliens soumis à un tribut annuel envers leurs seigneurs étaient les sarrasins et les grecs appartenant à la classe infortunée des villains : « Saracenos autem et grecos eos solum qui villani dicantur solvendis redditibus annuisque pensionibus depututos (esse aiebant) » (éd. G.B. StRAaGUSA, cap. IV, p. 144-145).

22 pulation commencent à être possibles et que, conséquemment, la Sicile se réhellénise (1). L'autorité absolue du « grand comte» n'autorise point à présumer que ces nouvelles migrations, pacifiques cette fois, aient pu avoir lieu sans son assentiment. Alors seulement, les descendants des exilés du dixiéme siécle ont pu songer à regagner leurs lieux d'origine. L'année 1080 nous semble à cet égard une date capitale dans l'histoire de la démographie grecque sud-italienne et sicilienne. Elle constitue, grosso modo, l'amorce d'un tournant décisif. Un à un, peut-étre méme par groupes, les prieurés grecs de Campa-

nie, (*) du Cilento (3), du Val di Diano (*), du Latinianon (5) et méme

(1) C'est un autre aspect de cette politique, mais toujours inspiré par un souci d'équilibre, qui a poussé Roger Ier à doter ses fondations calabraises de possessions siciliennes et, réciproquement, de possessions calabraises, ses fondations siciliennes. On peut en citer des dizaines d'exemples pour le seul genre de béné-

ficiaires que nous fournit notre documentation : abbayes et églises.

Mais on

pourrait trouver quelques cas semblables de concesslons accordées à des fidéles du comte. Les principes de cette pratique apparaissent de trés bonne heure : ainsi, en 1076, lorsque Roger déporta en Calabre la population féminine du village de Judica (prés de Caltagirone) : MALATERRA, III, x, p. 62. (2) S. Pietro di Foresta, prés de Pontecorvo, est donné à l'abbaye de Monte-

cassino en 1093 (S. BonsAnt, Monasteri bizantini.., p. 16) ; S. NicoLaA di Gallocanta, entre dans l'orbite de la congrégation de La Cava en 1087 (ibid.). (3) Sta Maria di Terricello, Sta Maria di Pazzano et S. Venere di Corneto sont passés dans le temporel de La Cava entre 1080 et 1100. Nous consacrerons ailleurs une notice à ces trois modestes maís très intéressants prieurés. (4) S. Nicola de Padula est donné à La Cava en novembre 1086 par Hugues d'Avena (L. MaATTEI-CERASOLI, 0p. cil., p. 176-177), de méme que S. Simone presso Montesano. S. Biagio di Salviato n'échouera à La Cava qu'en 1135 (P. GUILLAUME, op. cit., p. LXXXI), S. Arsenio del Vallo di Diano à peu prés à la méme époque, (ibid.,) comme S. Maria di S. Arsenio, (ibid., p. LXXXV); St Maria di Pertosa n'appartient de facon süre à La Cava qu'en septembre 1121 (F. TriNcHERA, op. cil., ne XC, p. 118-119) et S. Andrea di Auletta qu'en décembre 1129 (ibid., n° CIV-CV, p. 136-138). Mais S. Caterina di Polla est donné à La Cava dés mai 1086 (P. GuiLLAUME, op. cit., p. LXXXII, Sta Maria di Bussico en 1105 (ibid., p. LXXXIV), S. Pancracio di Atana, en mars 1091 (ibid., p. LXXXVIT), S. Pietro di Atana, en 1100 (ibid.) et S. Pietro di Auletta, en

avril 1100 (ibíd., p. LXXXVIIE). (5) S. Giovanni in loco Layta, prope castrum Mercurio est donné en novembre 1086 par Hugues d'Avena à la SSma Trinità di Cava (L. MATTEI- CERASOLI, op. cil., p. 176-177). C'est certainement à une époque voisine que la méme congrégation s'enrichit du prieuré de S. Nicola di Tremoli (ibid., p. 177-178) et de

celui de S. Nicola de Mercurio ou di Scalea (P. GUILLAUME, op. cít.,

p. LX XXVII).

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

23

du Mercourion (D, sont abandonnés par leurs moines « basiliens ». On ne perçoit que de facon imprécise et fragmentaire les pulsations de ce courant nouveau, mais il paraît atteindre son accélération maximum

durant

les

deux

dernières

décades

du

xi*

s.

Indéniablement, nous sommes là en présence du reflux de la marée sicilienne des 1x* et x* s. Reste à savoir quel en est le terme. Notre matériel documentaire

relate, entre 1090 et 1100 un certain nombre de fondations ou de restaurations d'abbayes « basiliennes + en Sicile (f). Peu, ou pres-

(1) Le monastére des SS. Maria e Teodoro di Cersosimo fut donné à La Cava par Hugues de Chiaromonte, en novembre 1088 (L. MaTTEI CERASOLI, arf. cit. ASpCL, 1938, t. VIII, p. 275-276). S. Andrea di Calvera, monastère aban-

donné et détruit 7@ç xparduer aütóv goáryxov fut donné à La Cava dès 6561/ 1053 pour qu'il soit restauré et rendu au culte (PF. TRINCHERA, n° XL, p. 49-51).

S. Michele di Favali (presso Castrovillari, cfr G. ALEssto, op. cit., n° 1316) est donné à La Cava en juin 6602/1094 (F, TRINCHERA, n° LV, p. 72). S. Onofrio di Noepoli est accordé à Sta Maria di Cersosimo par Alexandre et Richard de Chiaromonte en sept. 6603/1094 (ibid., n° LVIII, p. 75-76). S. Nicola di Peratico < Peratico était dans le ténement de Colobraro (cfr F. TRINCHERA, n9 CX, p. 144145), iuxta flumen Signi, c.-à-d. prés du fiume Sinni (L. MarrEI CERASOLI, loc. cit., p. 276-278)» , dont les titres sont venus grossir le chartrier de La Cava (perg. greche n» 21 ; TRINCHERA n** LXXXIV, CX,... etc.), fut donné à Sta Maria di Cersosimo en juillet 1122 (L. MaTTEI CERASoLI, p. 278-279). S. Georgio di Episcopia est abandonné à La Cava en 6651/1143 (TRINCHERA, n° CXXIV, p. 177-178) tandis que d'autres mefochia «basiliens» enrichiront encore les prodi-

gieuses possessions de la fondation salernitaine, sans que l'on pulsse préciser à quelle date : ainsi pour S. Angelo di Battipledi

(cfr F. TriNcHera, n° LXXIT),

S. Nicola de Cofina, presso Oriolo (ibid., n°: CXII, CXVI et CCXXXV), S. Fantlno presso Cerchiara (ibíd., n° CCII, CXXI, CCXXIII, CCXXVI) et S. Anania, presso Orsolo (ibid., n. XV).— Ajoutons à cela une donnée de pur fait en 6601/ 1093, le prieuré des SS. Quaranta dei Schiavi « presso Brienza, prov. Cosenza >

achève

de tomber en ruines : G. RogiNson, op. cit, doc. n° XIV,

p. 200-201.

(2) La liste des fondations «basiliennes» de Roger Ier établie par L. T. WHITE, op. cit., p. 41-43, contient plusieurs erreurs qu'il convient de rectifier. En outre, il est nécessaire de prévenir contre le caractère trés peu sûr des diplômes cidessous allégués (nous renvoyons, sur ce point à l'Étude diplomatique qui précéde notre Cafalogue des actes de Roger I, comte de Calabre et de Sicile). S. Michele Arcangelo di Troina se veut fondé en 1081, ind. IV (cfr. notre Catalogue, n? 14), mais l'acte est une grossiére falsification : cf. W. HoLTzMANN, dans Byz. Zeitschr., 1928, t, XXVIII, p. 44. n. 2. En 6592/1084, s. Angelo di Brolo était

déjà restauré (cfr notre Catalogue, n° 15). Quant aux autres fondations grecques de Roger I*r les diplómes nous proposent les dates suivantes : S. Filippo di Fragalà, 1090 (sic! 1087, sept. - 1088, août), ind. XI (ibid., n° 20); Sta Maria di Mili, 6598/1090, déc. (ibid., n° 26) ; couvent de moniales S. Giovanni del Greci,

24 que pas, en Calabre (!). Encore convient-il de faire sur ce matériel les plus expresses réserves, car dans quelques cas où la diplomatique peut s'exercer pertinemment, il apparait que la fondation par Ho-

ger Ie" d'une maison déterminée, n'est qu'une fable forgée par les moines du x111° s. pour donner plus de prestige à leur couvent (7). Mais, cette réserve faite, l'établissement de communautés

monas-

tiques en Sicile dans les dernières années du xi*? s. répond autant au reflux des moines de Canipanie, Lucanie et Calabre septentrionale, qu'à la logique politique à laquelle nous avons fait allusion. Roger I** paraît avoir été peu disposé à voir la partie continenta'e du comté se grossir d'éléments grecs, doués d'une forte culture, animés d'un prosélytisme byzantin naturel et d'autant plus périlleux que le clergé grec — comme tous les clergés— disposait d'un ascendant puissant sur les populations urbaines ou rurales (?)). En Sicile, au contraire,

ment

aux

perdus

dans la masse

desseins

de Roger,

arabe,

ils contribuaient

d'augmenter

parfaite-

démographiquement

la proportion non-musulmane de ses sujets (*). Cette considération 6600/1092 (ibid., n° 39) ; S. Michel di Troina, 6601/1092, sept. (ibid., n° 40) ; S. Pietro d'Itala, 6601/1092, déc. (ibid., n° 45) ; S. Salvatore di Placa, méme date (ibid., n° 46) ; S. Nicandro di S. Nicone, 6602/1093, nov. (ibid., n° 52) ; S. Angelo di Lisico, in Val Demone, 1092, avril, (ibid., n° 37) ; S. Elia di Ambola, 6602/

1094, (ibid., n° 62) ; S. Georglo di Triocala, 6606/1098, (ibid., n° 81) ; Sta Maria di Mandanici, 6608/1100 (ibid., n° 89) ; S. Filippo Grande di Messina, méme date (ibid., n° 90). D'autres fondations « basiliennes » sont mentionnées durant les mémes années. Mais il est impossible de les prendre en considération sur le plan

diplomatique et, croyons-nous, sur le plan historique car elles résultent uniquement d'assertions incontrólables d'érudits du xvir* ou du xvii? s. Ainsi, par exemple, pour S. Giovanni dei Greci à Messine dont, aux dires de Giuseppe Bonfiglio, un fragment de diplôme de Roger I*' aurait assigné la création en dé-

cembre

1091

(1) Tout

(cfr M.

Scapuro,

au plus peut-on

op. cil., p. 156).

considérer

comme

acte de fondation

le privilége

trés suspect accordé en mai 6598/1090 par Roger I à Nicodéme, higoumène de S. Maria di Teretti et de s. Nicola di Calamizzi (ibid., n° 23). (2) Sur les faux établis pour faire croire à la fondation de s. Filippo di Gerace par Roger Ier, cfr L. R. MÉNAGER, dans Byz. Zeilschr., 1957, t. L, p. 18-30;

et sur le diplóme forgé entre 1266 et 1282 par les moniales de S. Michele di Mazara pour assigner la fondation de leur couvent à Roger dans Revue Bénédictine, 1933, t. XLV, p. 238-240.

II,

cfr L. T. WuiTE

(3) C'est l'évéque de Cassano, ne l'oublions pas, qui suscite en 1059, la révolte des gens de Gerace, de Cassano et S. Martino : cfr supra, p. 12, note 5. (4) En Sicile, malgré la masse de serfs arabes dont Il disposait, Roger parait

avoir éprouvé d'impérieux besoins de main d'ceuvre ; c'est du moins ce que nous

€ BYZANTINISATION

? RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

25

seule, on va le voir, nous permet de comprendre les complexités et les apparentes contradictions de la politique italo-normande à la fin du xi? et au début du xri? s.

Avant tout, cependant, il est nécessaire de se poser la question des raisons qui ont poussé les moines grecs à refluer vers le Sud. Car la paix que les normands rendent à la Calabre et à la Sicile ne justifie ni n'explique que les religieux aient abandonné délibérément, avec tout ce que cela implique sur le plan matériel, des terres sur lesquelles ils étaient installés depuis un ou deux siécles. C'est bien d'abandon qu'il s'est agi, en effet, et c'est comme res derelictae qu'ont été considérés tous leurs biens immeubles, puisqu'ils nous apparaissent postérieurement dans la propriété du duc ou de seigneurs qui en disposent à leur gré en faveur de divers établissements bénédictins (?). L'unanimité du reflux et ses conséquences supposent des motifs plus impérieux, de la part de gens qui, pour la plupart, devaient tout ignorer des régions vers lesquelles ils se porteient. Ces motifs, nous croyons qu'il faut les trouver dans l'hostilité trés

nette de la politique ducale envers le clergé grec (3). Or cette hostilité, nous la voyons s'affirmer très tôt ; sa démarche transparait

d'abord

assez nettement

dans les fondations latines de Robert

Guiscard à Mileto, Sant' Eufemia et Mattina,

semblablement

Calabre (). des

qui remontent vrai-

aux principes de l'établissement des normands en

Même disparates, ces témoignages, qui se réfèrent à

établissements

pourvus

d'un

temporel

considérable,

ont

une

portée que souligne l'absence totale de soutien accordé aux abbayes grecques de Calabre. En fait, la logique seule de la conquéte

donne à penser qu'en l'occurrence l'attitude des normands ne pou-

croyons pouvoir déduire de sa conduite envers les prisonniers musulmans qu'il fit à Malte en août 1091. Outre la liberté, il leur offrit de construire à ses frais une villa dans le lieu de leur choix, villa libre de tout tribut et de toute exaction servile ; il y ajouta des champs, le matériel agricole et la liberté de circuler

dans tout le comté.

La seule condition était qu'ils acceptent de venir travailler

en Sicile (MALATERRA, JV, xvi, p. 95-06). Ces conditions économiques prédisposaicnt favorablement Roger à accueillir des colonies monastiques. (1) Cfr supra, p. 22-23, notes, et ínfra, p. 29 sv.

(2) L'idée n'est point nouvelle, elle est affirmée, en deux mots, par P. BATIFFOL, 0p. cit., p. X XV et, à sa suite, par F. CHALANDON, op. CÍf., t. II, p. 584-585, L. T. Wire, op. cit., p. 52, n. 1 et M. Scapuro, op. cil., p. 16.

(3) La dedicatio de Sta Maria

della Mattina

remonterait,

soi-disant au 31

26 vait guère être différente. Ilsuffit de rappeler que l'empire byzantin a été le seul obstacle vraiment constant et dangereux à la carrière italienne de Guiscard, qu'il a été à la source de toutes les difficultés rencontrées par le duc normand dans l'établissement et le maintien

de son autorité. Là ne sont pas les moindres raisons des entreprises normandes contre l'empire grec, en 1066 (), en 1081 et en 1084. En tout cas, cela suffit à motiver le ressentiment

ducal contre ce

qui restait de grec en Calabre (*. A quoi s'ajoute que les normands, comme les latins d'une facon générale, n'étaient par nature nullement portés à la sympathie envers les « griffons » (?). Ces dominantes nous semblent bien éclairer la pragmatique nor-

mande, non seulement vis-à-vis des réguliers, mais aussi à l'égard des séculiers gréco-calabrais.

organisation

ecclésiastique

Si l'on considére en effet, que la ré-

calabraise est essentiellement l’œuvre

de Guiscard et que celui-ci n’a point eu les raisons qui s’imposeront

mars 1065 (cfr notre Catalogue des Acies des ducs de Pouille, n° IX), mais le diplôme guiscardien est falsifié (cfr W. HotTzMANN, Das Privileg Alezanders II.

fir S. Maria Matlina, dans Quell. u. Forsch., 1054, t. XXXIV, p. 65-87.) la fin du xr* s. cependant, l'abbaye était soumise à l'immédiateté.

Dès

H. W. Krr-

wiTz, Die Anfänge der Cistercienserordens im normannisch-sizilischen Kónigreich dans

Studien

und

Mitteilungen zur

Geschichte

des

Benediktiner-Ordens,

1934,

t. LII, p. 242. La date exacte de la fondation par Guiscard de la SSma Trinità di Mileto est difficile à établir (cfr L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques de Robert Guiscard, duc d'Italie et de Calabre, à paraître prochainement). Pour celle de Sta Maria di Sant’ Eufemia, W. HorTzMANN, loc. cit., p. 77-79, postule

l'année 1062.

Par des chemins différents, nous avons été conduits à préférer

(cfr art. cité) l'année 1064, c.-à-d. de toutes façons, trés peu de temps apres la conquéte de la Calabre. (1) Sur cette entreprise avortée, cfr F. CHALANDON, op. cit.,t., I, p. 183. (2) Cela explique, entre autres, le paradoxe apparent des importantes réduc-

tions en servitude pratiquées en Calabre par les normands, alors qu’il est bien connu que dés cette époque, dans leur Normandie natale — comme dans tous les pays lombards où, d'ailleurs, le servage était exceptionnel (cfr L. R. MÉNAGER, C. R., dans Rer. Hist. de Droit Frangais et Étranger, 1958, p. 623) — ils ne pratiquaient à peu prés plus aucune forme de servitude: cfr Pierre PETorT, Les fluctuations numériques de la classe.servile en France, du XIe au XIV* s., dans X. congresso int. di scienze storiche, Relazioni, t. VII, Florence, 1955, p. 189190, et R. CARABIE, La propriété foncière dans le trés ancien droit normand, Caen, 1943, p. 219-219. (3) Les témoignages abondent, dans les annales ou chroniques des x1*-xtt1* s. sur ce dédain assez hostile des latins pour les grecs, qui finalement aménera la

«déviation» de la IV* croisade sur Constantinople, Pour l'Italie méridionale, cfr supra, p. 13.

€ BYZANTINISATION

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DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

27

plus tard à Roger Ie’ de ménager les susceptibilités grecques, on comprend que cette réorganisation ait été uniquement le résultat d'une

politique de force dirigée contre le clergé grec.

Suggérée dés avant

1066, à propos de la latinisation du siège de Tropea (1), l'action de Guiscard paraît avoir atteint son sommet au cours de l'automne

1078, lorsque le duc expulsa sans ambages Basile, le métropolite de Reggio, pour le remplacer peu aprés par un prélat latin (*). Cet acte, accompli avec un mépris si désinvolte pour le chef de tout le clergé grec sud-italien, donne le ton de la politique ducale et ne laisse aucun doute sur la liberté avec laquelle ont dû être « liquidés » les autres titulaires des anciens siéges byzantins. Pour nous, 1078 paraît devoir être légitimement considéré comme le ferminus ad quem de la latinisation autoritaire des évéchés jusque là soumis au patriarche constantinopolitain (?). Sans doute désinvolte, l'action de Guiscard ne doit cependant point étre tenue pour inconsciente. Le duc n'ignorait pas en effet,

quelle erreur c'eüt été de négliger certaines réalités peu propices à une action indifférenciée. Voilà pourquoi il a dû se résoudre à ne porter aucune atteinte aux zones irréductibles de l'hellénisme ca-

labrais : Sila Greca, (avec le siége de Rossano), Marchesato, (avec les sièges de S. Severina, Crotone, Isola-Capo-Rizzuto et Belcastro),

et Aspromonte

(Oppido-Mamertina, Bova,

formant le roc le plus méridional,

Gerace)

cette derniére

celui où la grécité s'accrochera

jusqu'au xvi? s. (*).

(1) En

novembre

6575/1066,

un

sigillion attribué

à Guiscard

nous présente

la latinisation de Tropea comme antérieure de quelques années. Sur le plan diplomatique, il n'y a rien à retenir de ce grossier spurium ; mais des falsifications de ce genre sont rarement le fruit intégral de l'imagination des faussaires

et comportent, historiquement,

des bases proches de la réalité. Cfr notre Cata-

logue, n° 10. (2) Cfr. W. HoLTzMANN, Die Unlonsverhandlungen zwischen Kaiser Alexios I. und Papst Urban II. im Jahre 1089, dans Byz. Zeitschr., 1928, t. XXVIII.

p. 43-46. (3) Seule exception, la réduction des sièges de Tauriana et Vibo, opérée par Roger Ier, au bénéfice de la constitution de l'évéché latin de Mileto. Mais les deux anciens sièges grecs sont présentés dans le diplôme rogérien comme désertés ; sans doute la population de ces deux cités maritimes avait-elle cruellement souffert des incursions arabes. Peut-étre méme Vibo et Tauriana étaient-elles abandonnées lors de l’arrivée des normands; ce qui aura dispensé Guiscard d'une « reconversion * inutile. (4) L'évéché grec de Bova persistera jusqu'en 1573 ; à Gerace et Oppido, il fut supprimé officiellement, le 2 mars 1480 par Athanase Chalceopyle, évéque

28 Au reste, un épisode connu montre bien à quels impératifs était soumise la politique normande dans ces régions. L'archevéque grec de Rossano (!) étant mort en 1093, le duc Roger Borsa, maigre héri-

tier des fortunes guiscardiennes, crut bon d'en profiter pour nommer à sa place un archevéque latin, malgré l'opposition des grecs qui eidem urbi maxima ex parte principabantur (3). L'émotion causée par ce geste politiquement absurde fut à son comble lorsque Guillaume de Grantmesnil, mettant à profit une grave maladie du duc, s'empara de la ville, arguant qu'elle revenait de droit à sa femme

Mabilia, sœur de Robert Guiscard.

Les gens de Rossano, pour se

venger de Borsa, entrérent résolument dans le jeu de Grantmesnil, si bien qu'une fois rétabli, le duc n'eüt d'autre moyen de rentrer en

possession de la forteresse inexpugnable que de concéder aux habitants ut de sua gente archiepiscopum sibi graeci pro libitu eligant (3). Ce qu'à Reggio Robert Guiscard avait adroitement réussi, il ne convenait point que son fils le reéditàt à Rossano. L'affaire est une illustration

trés

claire des

contingences,

auxquelles les normands devaient se plier.

bien

vues

par

Guiscard,

Elle l'est aussi, tout aussi

nettement, de la persévérance des tendances ducales anti-grecques qu'affirme encore un diplóme de 1086-1087 par lequel Borsa soumettait à Gautier,

évéque latin de Malvito, tous les prétres grecs du

diocèse et omnia que ad solam religionem ecclesiarum pertinere nos-

cuntur (*).

Or, ces tendances n'ont pas été moins accusées sur le

terrain du monachisme. À notre sens, c'est dans la méme perspective que la tentative rossanienne et comme test également signicatif de la politique religieuse ducale qu'il convient de placer la dona-

tion du monastére S. Adriano di Rossano — (un des hauts lieux du « basilianisme » calabrais, puisqu'il avait été fondé par S. Nil de Rossano (5) — faite par le méme duc à la congrégation de La Cava,

de Gerace. Cfr Gérard GanirrE, Une lenlalive de suppression du rite grec en Calabre en 1334 dans Miscellanea Giovanni Mercati, t. III, Cité du Vatican, 1946 [Studi e Testi, 123], p. 31-40. (1) Sans doute s'agit-il de Romanos, que nous voyons souscrire deux diplómes ducaux

en août

1088 : cfr notre Catalogue,



55 et 56.

(2) MALATERRA, IV, xxitt, p. 100. (3) Ibid. (4) Cfr notre Catalogue, n° 54, (5) Sur ce monastère, cfr. l’abondante bibliographie donnée par Marie-Hyacinthe LAURENT, dans Rev. d'Ascelique et de Mystique, 1949, t. XXV, p. 345-346, note 54.

4 BYZANTINISATION ? RELIGIEUSE

en août 1088 ().

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

29

Cette donation n'est nullement isolée, elle entre

dans le cadre trés large des nombreuses

soumissions

grecques à des couvents

déjà,

latins:

Guiscard,

d'abbayes

avait fait don

à

Montecassino des abbayes S'*^ Anastasia di Follocastri et S. Nicola di Bisignano (9), cependant qu'il offrait au monastère jerosolimite Ste Marie du Mont-Sion le prieuré de S. Teodoro de Barellis, situé

en Calabre méridionale dans le territoire de Sinopoli () ; la SSma Trinità di Venosa fut enrichie des monastéres S. Elia di Brahalla

(*), S. Fantino di Pretoriati (5) et S. Nicola

di Morbano (*). À La Cava échurent les prieurés de S. Pietro di Altomonte (79, SS. Cosma e Damiano di S. Mauro (9), S. Giovanni di Vetrano (), S. Maria di Fico (19), S. Mauro di Oppido-Mamertina (1), S. Nicola di Scalea (15), S. Pietro di Scalea, S. Pietro di Ollano presso Oppido (?9), etc. L'ampleur de la sollicitude dont a bénéficié l'ordre bénédictin, ou clunisien, aux dépens du monachisme grec ne peut laisser aucun doute sur les sentiments de la cour salernitaine, à la fin du xi? et

au début du xir? s, (19). La véritable cause de la nouvelle migration grecque des années

(1) Cfr notre Catalogue, n° 55-56.

(2) Ibid., n° 57. (3) Cfr notre Catalogue, n° 37, b.

(4) Ibid., n* 42. (5) Cfr F. TRINCHERA, op. cíf., n° CXXI, p. 161-162. D'un acte non daté ibid., Appendice, n° XV, p. 557), il résulte clairement que Pretoríati 5tait dans la région de Mammola et de Grotterila (cfr également ibid., CCLXIV, p. 361). Ailleurs (n° CCXXX, p. 310) le fleuve dit Praitoríaton est situé dans l'éparchie de Gerace.

(6) Liber censuum de l'Église romaine, éd. P. FABRE, I, 26. (7) S. Pietro de Brahalla est donné en septembre 1117 par Mabilia, veuve de

Guillaume de Grantmaisnil : F. TRINCHERA, op. cít., n° LXXXIII,

p. 108-110,

mais un acte de janvier 1114 (ibid., p. 99-100) implique qu'à cette date S. Pietro

est déjà un simple mefochion de La Cava. (8) Cfr Bulle J.L. n° 5410, du 21 septembre 1089. (9) Cfr P. GuILLAUME, op. cil., p. LXXXIIT.

(10) (11) (12) (13) (14)

Ibid., LXXXIV. Ibid., LX XXVI. Ibid., LXXXVII. Ibid., LX XXVIII A quoi s'ajoutent les libéralités accordées dés la fin du xi* s, aux or-

dres jérosolimites par les ducs de Pouille et leurs fidéles. L'abbaye Sta Maria di

Giosafat, située dans les dépendances de S. Mauro, près de Rossano

(cfr C. A.

30 1080-1120 c'est donc là qu'il faut la chercher. Naturellement, dans un état aussi anarchique que l’est le duché de Pouille entre les mains du faible Roger Borsa, la situation faite à une masse déterminée

de la population n'est pas forcément celle qui correspond à l’optique ducale, telle que nous venons de la déterminer. Encore que les obligations résultant des liens féodo-vâssaliques paraissent avoir revêtu une certaine fermeté dans la partie proprement ducale de la Calabre (), l'exacte position du clergé grec demande à être également définie en fonction de l'attitude adoptée à son égard par les différents seigneurs calabrais. Notre seul champ d'investigation se limite, en fait, à l'ancienne éparchie

du

Latinianon ; mais

nous

pensons que les résultats dégagés pour cette région valent, dans leurs grandes lignes, pour l'ensemble des régions plus méridionales (3). GaRUFI,

J documenti

p. 46),

maison-mére

Josaphat, fut

inediti dell” epoca

calabraise

construite

sumptu

des

normanna

prieurés

ipsorum

de

ín Sicilia,

Ste-Marie

fratrum

Palerme,

1899,

de la Vallée

(ibid., p. 68).

Mais elle

de re-

cut de bonne heure d'importantes concessions en Calabre, consistant en anciens couvents grecs abandonnés. (Voir la liste de ces couvents ibid., p. 68-69). Lors de son voyage en Calabre, durant l'automne

1190,le

roi d'Angleterre

dans deux des plus importants prieurés de l'ordre, le 19 septembre

séjourna

(ROGER DE

HovEDEN, éd. W. Srusgs, III, p. 54). Le premier, S. Michele di Giosafat, à Fuscaldo, avait été offert par Sica, veuve d'Onfroi de Bohun, en avri] 1110 (C. A. GARUF1, op. cit., p. 46). Le second, S. María de Fossis, est dit par Hoveden

situé prés du castellum quod dicitur S. Luchee, c'est à dire étant donné l'itinéraire suivi par Richard, prés de l'actuel S. Lucido. 1l avait été offert en 1105 par Dreux, comte de Montalto-Uffugo et sa femme Sibille (ibid., p. 47). Autre bénéficiaire des donations ducales en Calabre, le monastére du S. Sé-

pulcre et de Ste Marie du Mont-Sion à Jerusalem. Guiscard

l'abbaye

S. Teodoro

di Borelli,

dans

Ce dernier reçut de Robert le territoire

de Sinopoli

(cfr

Bulletin des Antiquaires de France, [1887], t. XLVIII, p. 38-52). De la méme facon, c'est de dépouilles du basilianisme calabrais que seront parées les fondations bénédictines en Sicile. Ainsi, S. Bartolommeo dei Lipari reçoit confirmation, en avril 1134, de trois monai situées dans le territoire de Stilo : S. Parasceve, S. Nicola de Valle et S. Nicola de Salto (L.T. WniTE, op. cit., p. 81, n. 1; sur la dernière de ces trois obédiences, cfr G. ALESs310, Saggio..., p. 365, n. 3538).

(1) On peut en donner comme exemple la cession du casale de S. Apollinare et sa destination au monastére du Patir di Rossano qui ne nécessitérent pas moins de quatre autorisations: celle d'Hugues de Chiaromonte, seigneur de Foulques de Bassonger (le vendeur), ms. Vat., Chigi E. VI., 182, n° 10), de Richard Sénéchal, bailli ducal, du duc Guillaume, seigneur d'Hugues et de Richard, enfin de Roger II, comte de Calabre et de Sicile (cfr L. A. MuRATORI,

Antiquitates Italicae medii aevi, 11, Dissertatio X XVIII, col. 785-787). (2) Quelques allusions trés précises des biographes de S. Cyprien de Calamizzi (Giuseppe Scuiro, Vita di S. Cipriano, dans Bull, Bad. Greca Grottoferr., t. IV,

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE

DE L'ITALIE MÉRIDIONALE

31

Or, évidemment, attendre des dynastes locaux une action cohérente, semblable à celle promue par la cour ducale, serait un postulat

peut-être excessif.

Mais, malgré ses désordres, l’action seigneuriale

a mené à un bilan sensiblement analogue àcelui que traduit l’action des ducs de Pouille. Ce qui a survécu des anciennes communautés grecques du Val di Sinni après la conquête

normande,

s’est groupé autour de deux

centres importants : Sta Maria di Cersosimo, d’une part, S. Elia di Carbone, de l'autre. Ces deux centres, précisément, représentent les deux póles d'attraction opposés, proposés à l'action des conquérants. En effet, alors que Cersosimo est dévolue dés novembre 1088 à la congrégation salernitaine de La Cava (!), autour de Carbone se regroupent les prieurés qui échappent à la mainmise latine. Ce double courant s'accomplit essentiellement sous l'impulsion ou, du moins,

avec l'accord des seigneurs de Chiaromonte,

grands maîtres

de la région. Chez eux donc, apparemment, point de préjugés résolument anti-grecs. De toutes façons, les réguliers grecs sont les grands perdants de l'aventure, car les quelques églises qui échoient

à S. Elia (3) n'ont d'intérêt que par la consistance du patrimoine qui les accompagne et qui est le plus souvent absorbé par les frais considérables de réédification des cellae dévastées. Ainsi en décembre 6600/1091, lorsque Hugues de Marchese donne à Blaise, higoumène de Carbone, les terres de S. Nicola di Venegio et de S. Zaccaria, 94) et de S. Lucas d'Isola (Giuseppe Scuimo, Vita dí S. Luca citée, p. 60-61) évoquent, pour des contrées pourtant trés hellénisées, les dommages que les moines grecs eurent à souffrir, au début du xi1* s. tant de la part des seigneurs,

que de leurs sujets latins. On peut évoquer encore les fondations d'abbayes latines réalisées en Calabre par quelques seigneurs normands. Ainsi pour S. Maria di Corazzo, fondée aux environs de 1090 par Roger de Martirano. Cfr la bulle J. L. n° 7377 et le diplôme du 11 avril 1195 par lequel Henri VI confirme tous les biens du monastère, entre autres ceux qui lui furent offerts ez oblatione Rogerii de Marturano, fundatoris eiusdem monasterii, et Riccardi, fratris eius. Francesco Pouerri, Carte delle abbazie di S. María del Corazzo..., dans SDSD,1901,t. X X II, doc. n° VII, p. 281-282. Roger de Martirano est sans doute le père du personnage

du méme nom, surtout connu comme l'instigateur du meurtre de Maion de Bari, le grand ministre de Guillaume Ier: cfr F. CHALANDON., op. cit., t. II, p. 184, 269, 280. (1) Cfr Leone

MaTTEi-CERASOLI,

arf.

cit,

dans

Arch.

Stor.

Cal.

e Luc.,

1938, t. VIII, p. 275-276. (2) S. Filippo di Teana: G. Rosinson, op. cit., doc, n° XI, p. 185-189; Nicola zc rQUzag: ibid., n° XX, p. 224-229.

S.

32 c’est pour en reconstruire les églises détruites (!) ; de méme pour le monastére des SS. Quaranta dei Schiavi (3) et celui de S. Nicola di

Pertosa,

à Mormanno (5). En sorte que Carbone se présente comme

le maigre bénéficiaire des dépouilles grecques du Latinianon.

Face à Carbone se dresse Cersosimo, qui récolte un temporel apparemment beaucoup plus considérable, assorti d'une dizaine de prieurés : S. Andrea di Calvera, S. Michele di Favali, S. Onofrio di Campositto presso Noepoli, S. Nicola di Peratico presso Colobra-

ro, S. Nicola di Cofina presso Oriolo et S. Georgio di Episcopia (*). Mais du jour oü l'abbaye est cédée à La Cava, elle fait nettement figure de liquidatrice du passé basilien. La langue grecque que l'on emploie encore une fois sur dix pour rédiger les chartes de Cerso-

simo n'est plus que le vestige d'une antiquité révolue. Théophylacte, qui en janvier 1050 recoit de Théodore la succession à l'higouménat de Cersosimo (5), exerce encore sa charge en 1062-1063 (9), ce qui signifie que les moines et le culte grec y sont encore pré-

sents. Mais en 1112, il n'est plus question que d'un gubernator du nom de Guillaume, ce qui, de toute évidence, prouve que le passage au rite latin est depuis longtemps consommé (7). Quelle que soit l'impulsion qu'il ait subie, méme

livré au libre

empirisme seigneurial, le basilianisme calabrais des années 10801120 nous apparait en définitive voué à la méme déchéance. Or, si l'on examine les mobiles strictement politiques de l'action ducale, on peut à la rigueur en trouver les fondements dans le formulaire

(1) Ibid., n° XIII, p. 195-199. (2) Ibid., n° XIV, p. 200-201. (3) Ibid., n° XVII, p. 213-219. (4) S. Andrea di Calvera est donné à La Cava en 6561 (sept. 1052 -août 1053), ind. VI : F. TRINCHERA, 0p. cit., n° XL, p. 49-51. En juillet 1186, ce prieuré, que La Cava avait placé sous la dépendance de S. Maria di Cersosimo, devait être dans un état médiocre. Juncata, dame de Calvera, qui s'y retire comme moniale, déclare le recevoir de Petracca, prieur de Cersosimo, pour le commutare de bono in melius et fortiter confirmare. L. MaArTEI-CERASOLI, loc cit., p. 173-174. S. Michele di Favali, presso Castrovillari, est offert à La Cava en juin 6600 (sic! 6602/1094), ind. II: F. TrINCHERA, n? LV, p. 72. S. Onofrio di Noepoli est offert à S* Maria di Cersosimo par Alexandre et Hichard de Chiaromonte en sept. 1094 (ibid., n° LVIII, p. 75-76). Pour les autres prieurés, cfr supra, p. 23, note 1.

(5) Ibid., n° XXXVII, p. 45-47. (6) Ibid., ne XLVI,

p. 60-61.

(7) Ibid., n° LXXIV, p. 96-97.

4 BYZANTINISATION

* RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

33

du serment prêté au souverain pontife, formulaire qui reste identique de 1059 à 1120 (1). Le penchant assez net des dynastes normands envers les communautés latines n'a méme pas cette source. D'un certain point de vue, l'optique de la politique religieuse ducale, congue de Salerne et à peu prés uniquement limitée aux anciens duchés lombards, pouvait sans trop d'aléas se détacher des

vicissitudes calabraises. Pouille favorable

On ne connait aucun acte d'un duc de

à un monastère grec, mais on n'en connaît aussi

que trés peu adressés à des monastères latins de Calabre (2). Si l'on considére maintenant la partie de la Calabre soumise au

comte de Sicile, une optique semblable a de quoi surprendre de la part de Roger Ier, pour qui l'extrême pointe de la Péninsule avait une importance vitale. Il faut pourtant bien se résigner à cette évidence que nous n'avons de lui qu'un diplóme susceptible d'étre retenu en faveur de basiliens calabrais (). Négative ou inexistante

en ce qui concerne les établissements grecs, la politique religieuse de Roger Bosso a été, au contraire, infiniment favorable au monachisme latin en Calabre. Non seulement les chartreux lui sont rede-

vables de la fondation de S. Stefano dal Bosco, enrichie d'un temporel considérable (, non seulement les chanoines augustiniens lui doivent

celle de S** Maria

di Bagnara,

dotée

de riches

biens en

(1) Une clause de ce formulaire engageait le duc à omnes ecclesias que in mea persisiunt dominatione cum earum possessionibus dimittere in (ua potestate et defensor esse illarum ad [fidelitatem sancte ecclesie romane. Cfr P. F. K&Hh, Italia Pontificia, t. VIII, n** 20, p. 13, 47, p. 18, 107 et 112, p. 31. (2) Encore peuvent-ils être légitimement considérés comme des

forgeries:

c'est le cas pour la plus grande partie des diplômes ducaux en faveur de la SSma Trinità di Mileto (cfr L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques de Robert Guiscard,...) et pour St* Maria Mattina (cfr L. R. MÉNAGER, Catalogue des Actes des ducs de Pouille, n° IX, XCV, et CX XIII). Sur les donations du duc Guillaume au monastère de Sta Maria di Macchia (diocèse de Bisignano), cfr ibid., n° CKXVII, et sur S. Sebastiano di S. Mauro (diocèse de Rossano), ibid.



CX XXIII (3) Cfr supra, p. 24, note 1. (4) Il est difficile, présentement, de dire ce qu'il convient de retenir de l'ef-

frayant chaos d'apocryphes qui nous est parvenu des établissements de chartreux calabrais, car, mise à part la tentative fragmentaire de F. CHALANDON, op. cit., t. I, p. 304-306, aucune étude sérieuse n'a encore été tentée sur ce char-

trier. L'abondance des documents souverains donne cependant difficilement à penser qu'ils solent tous des forgeries intégrales.

34 Sicile (?), mais encore, et surtout les bénédictins de la SSma Trinità di Mileto ont recu de lui des possessions immenses. C'est à un hasard des traditions archivistiques que nous devons aujourd'hui de pouvoir donner de ces possessions un tableau aussi complet que révélateur. Dans l'état présent de notre documentation, la moisson d'inédits relatifs à la SSma Trinità, si axée qu'elle puisse étre sur des préoccupations sans doute postérieures à leur époque présumée, ne s'en trouve pas moins, par comparaison et assez paradoxalement, notre meilleure voie d'accés vers les tendances religieuses du grand comte en matière religieuse (?). A sa fondation, ou dans les premiéres années de son existence, l'abbaye

Miiétienne fut dotée de six prieurés: S. Nicodemo di Grotteria, monastère

basilien connu, (?) dont l'origine remonte

milieu du xi* s. ; S. Giovanni di Allaro,

au moins

au

autre moné « basilienne »

de réputation ($, Sta Maria de Melicano, S. Nicola di Cannidati, prés de Caulonia, une abbaye non nommée à Bruzzano-Zeffirio,

enfin l'église S. Nicola di Cerenzia.

A ces obédiences calabraises

étaient jointes cinq églises ou abbayes abandonnées de Sicile (5). A la fin du xi? s, le temporel de S. Angelo s'accroit —

ou se veut

accru — de quatorze nouvelles obédiences calabraises ( et de quatre siciliennes. Finalement, les bulles et documents divers de la seconde moitié du x11? s., avec leur souci visible de constituer la liste synthétique des prieurés qui sont passés, à une époque ou à une autre, par les mains des moines de Mileto, énumérent un total de trente-cinq églises ou metochia en Calabre et de douze établissements similaires en Sicile. La plupart de ces maisons n'ont laissé aucune trace: assurément, à quelques exceptions près, il s'agit ou bien de chapelles sans importance, ou bien d'anciens établissements grecs confiés au grand centre milelese, mais dont il n'a pas (1) Cfr L. T. WniITE, op. cit., p.184-188. (2) Nous publions et critiquons les pièces normandes du chartrier de la SSma

Trinità di Mileto dans notre étude précitée, Les fondations monastíques... (3) Cfr entre autres P. BaAriFFOL, L'abbaye de Rossano..., p. 113.

(4) Cfr F. TRINCHERA, 0p. cít., n° CCLX XXVIII, p. 397-399. (5) SS. Innocenzi et S. Filippo di Mistretta ; S. Basile, S. Michele et Sant” Angelo, dans le Val Demone. (6) S. Filippo di Terrati ou di Aiello, S. Leone, S. Antonio et S. Mercurio di Gerace ; S. Nicola di Regina ; Sta Maria di Medima ; S. Nicola di S. Gregorio ; S. Georgio di Briatico ; S. Giovanni di Bracchio ; Sta Maria et S. Clemente di

Arena ; Sta María di Stilo ; S. Giovanni di Cerenzia et S. Martino di Squillace,

4 BYZANTINISATION » RELIGIEUSE

réussi a assurer la survie.

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

35

Peu importe méme si dans le détail la

liste précitée procéde de falsifications intégrales, elle nous démontre, grosso modo, et la tendance normande à faire des monastéres latins les liquidateurs du passé basilien, et une désagrégation trés nette

du rite grec en Calabre (1). Cette double constatation, imposée par une documentation dis-

continue et fragmentaire, a bien entendu la valeur toute relative des sources sur lesquelles elle repose. Des découvertes nouvelles pourraient peut-étre la modifier; nous ne croyons pas toutefois

qu'elles seraient de nature à la contrarier.

Il y a, vis à vis des « ba-

siliens calabro-grecs » une continuité normande qui défie la loi des

nombres.

S. Filippo di Gerace mis à part, le matériel diplomatique

beaucoup plus considérable portant sur tout le xr1€s., s’il nous transmet le texte de quelques donations, ne nous révéle aucune fondation

de couvents grecs en Calabre (?). Il est inutile de souligner, compte tenu des conjonctures fondamentalement différentes des États italonormands à cette époque, en quel contraste ce comportement place la situation des moines grecs de l'ancien Brutium. Il est devenu

classique de dire l’hellénophilie du grand souverain qu'a été Roger II ; élevé dans l'ambiance strictement arabo-grecque de Palerme, authentiquant, à la maniére byzantine, d'un élégant monocondyle

tous les actes expédiés par sa chancellerie, qu'ils soient rédigés en grec, en arabe ou en latin, Roger II a laissé de lui l'image d'un prince plus oriental que latin. Extérieurement, pareille représen-

tation est peut-étre vraie. L'invoquer pour rendre compte des conceplions et de l'action politiques, juridiques ou, plus largement (1) Il y a, bien sür, quelques sursauts isolés, comme la fondation du Patir di Rossano, à l'époque de la minorité de Roger II. Cela n'entame pas, nous le pensons, la substance de nos observations et Barthélemy, le fondateur de la Nea Odegitria, sera lui-même appelé en Sicile. (2) Les privilèges ou faveurs accordés par Roger II aux monastères grecs de Calabre sont connus et, d’ailleurs, limités. Ils concernent S. Gerusalemne di

Catona

(E. Caspar,

op. cit, reg. n° 17), S. Bartolommeo

di Trigono

(lbid.

n^* 18, 24, 26 et 39), S. Nicola di Vioterito (cfr A.F. Panisr, dans Arch. Stor. per la Cal. e Luc., 1956, t. XXV, p. 334-336), S. Opolo, couvent de moniales dans le ténement de Mileto (cfr P. Corruna, dans Affi del Convegno Int. di Studi Ruggeriani, p. 62-64 du tirage à part), Sta Maria dei Greci di Reggio (E. CASPAR, op. cíL., reg. n° 27. a.), S. Nicola di Drosi (ibid., n° 27), Ste Maria di Ter-

reti (ibid., n° 28, 41), Sts Maria di Valle Giosafat (ibid., n° 37). On remarquera que tous ces diplômes datent de la jeunesse de Roger Il et qu'aucun ne dépasse l'année 1120.

36

culturelles du premier monarque italo-normand risque de mener à de singulières bévues (1). En tout cas, elle laisse énigmatique la question de son attitude à l'égard de l'hellénisme calabrais. En vérité, jusqu'à son accession à la royauté, il n'y a pas un geste

de Roger II qui sorte des perspectives purement « rogériennes s, entendons de celles élaborées par son pére, le «grand comte» Roger Ier.

La protection bienfaisante qu'il accorde aux communautés « basiliennes » de Sicile n'est que poursuite des efforts dépensés par Bosso pour amoindrir la prépondérance démographique arabe dans l'ile, l'appel aux populations grecques de la Calabre étant le seul moyen de cette politique jusqu'en 1128. En certaines parties de l'ile, les

moines bénédictins ont tenté une entreprise remarquable pour attirer à eux des agriculteurs lombards (5), sans que leurs offres aient eu, semble-t-il, un écho trés favorable.

L'époque est celle ou l’Ita-

lie méridionale comme tout le reste de l'Europe occidentale (?), souffre d'un énorme besoin de main d'ceuvre et il n'y a aucune raison de croire que les seigneurs lombards aient été, moins que d'autres, touchés par ce mal endémique (*). Il est superflu, par conséquent, de se demander s'ils ont été disposés à voir leurs terres se vider d'une main d’œuvre sollicitée par la Sicile. Mais du jour oà Roger II recueille le duché de Pouille, en tant que succession de son cousin, le duc Guillaume (juillet 1127), les données

démographiques

nouvelles

bouleversent radicalement les axiomes

politiques panormitains. Car lorsque Anaclet IT fait poser la couronne royale sur la téte de Roger, le 25 décembre

1130, il consacre son

autorité sur un ensemble de sujets dont la majorité devenait latine. Sur le plan religieux, d'autresfacteurs ont pu intervenir pour modifier

(1) Ce qui aboutit au singulier « en religion comme en politique, c'est l'influence byzantine qui domine et régle toutes les autres », de F. CHALANDON, op. cil., t. II, p. 721. (2) Ctr C. A. Ganurr, Le isole Eolie a proposito del « Constitutum » dell abate Ambrogio del 1095, dans ASSO, 1912, t. IX, p. 159-197 ; du méme : Memoratoria, Charlae el instrumenta divisa in Sicilía nei necoli XI a XV, studi diplomalici, dans Bull. dell” Ist. Stor. Ital., n° 32, 1912, p. 67-127. (3) Cfr L. GÉNIcoT, dans Cahiers d'histoire mondiale, 1953, t. I, p. 446-462. (4) Nous ne pouvons ici nous étendre sur ce point, que nous développerons dans le tome deuxième de nos Études sur le Royaume normand d'Italie. Qu'il nous suffise de dire que nous possédons en nombre des chartes de franchises accordées par des seigneurs ecclésiastiques des régions lombardes, chartes trés explicitement conçues pour retenir leurs hommes, sinon en attirer d'autres sur leurs terres. La conduite des seigneurs laïcs n'a pu être différente.

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

37

les axes de la pragmatique normande (1), il n'en reste pas moins que la royauté panormitaine devait désormais concevoir son action non

plus en termes

byzantins,

ou accessoirement

arabes,

mais

de

plus en plus en termes lombards. Sur un rythme qui ira s'accélérant après Roger II, la Sicile est dorénavant conduite vers une latinisation qu’un siècle à peine suffira à rendre à peu près complète.

Ce qu'a pu devenir le facteur grec insulaire, privé de son rôle politique, il est aisé de le deviner. Quant aux moines, Mario Scaduto exprime bien, en un raccourci saisissant, que « désormais commence un déclin rapide de toutes les communautés fondées jusqu'a-

lors» (*) La soi-disant «renaissance basilienne», dont on voit clairement qu'elle n'était en fait qu'une démarche artificielle des implications de la politique « coloniale » normande, n'aura méme pas duré une trentaine d'années. Trois ans à peine aprés le couronnement panormitain, le mona-

chisme grec est déjà en péril. Roger y répond en créant à Messine l'archimandritat du S. Salvatore, qu'il place à la téte de trente abbayes de Sicile et de Calabre, « a desperate effort to check

dissolution of count Hoger's work of restoration » (). laume

II, des monai

sont à nouveau

abandonnées,

the

Sous Guil-

d'autres sont

mises sous tutelle latine (5) ; quant à la Calabre, l'érection prétendue de Carbone, en janvier 1168, comme maison-mére des. monastéres grecs de Lucanie et de Campanie, si elle pouvait jusqu'ici passer

pour une mesure symétrique à celle visant le S. Salvatore di Mes-

(1) Cfr L. T. WitrE,

op. cíit., p. 46.

(2) Op. cit., p. 75. (3) L. T. WHiTE, op. cif., p. 45.

Cette expression n'est d'ailleurs que l'exacte

traduction de ce qu'écrira, quelques cinquante ans plus tard, l'impératrice Constance : R. RrEs,

lin Heinrichs

Regesten der Kaiserin Constance, Kônigin von Sizilien, Gemah-

VI. ( Quellen und Forschungen, 1926, t. XVIII), n° 37.

(4) L. T. Wurrz, ibid., p. 45-46, cite quelques exemples. Cfr également p. 140 pour S. Nicola de Campo, p. 139 pour S. Salvatore de Mertello ou di Calomeno (presso Sambatello, cfr G. Arzssro, op. cit., n° 877, p. 83) et S. Giovanni d'Ocaliva (— Calivi, presso Sta Cristina, ibid., n° 1780, p. 175) ; p. 178-179, avec les précisions apportées par C. A. Garurt, dans Arch. Slor. per la Sicilia, VI,

(1940), p. 12-17, pour Sta Maria de Lígno et p. 217, 223 pour S. Nicola di Lampada, presso

Almantea,

S. Pietro

di Tauna

(15 kms, S.-O. de S. Giovanni in

Fiore) et S. Elia in Calabria, soumis à S. Filippo di Agira par Henri VI, le 30 décembre 1194.

38 sina, elle ne doit plus désormais être considérée que comme fable vraisemblablement forgée à l'époque souabe (1). *

Revenons,

pour

conclure,

aux

*

une

*

conséquences

essentielles

de ces

quelques notes. L'historiographie actuelle, abusivement soumise aux contingences de la tradition documentaire, tend à restituer de

la Calabre médiévale une image exclusivement byzantine qui satisfaisait peut-étre le sentimentalisme des hellénistes italiens ou méme

français des xviri® et xix? s., mais que n'autorisent plus les exigences modernes de la critique historique. Que la culture grecque ait trouvé refuge dans quelques couvents, ne doit pas nous faire

oublier le caractére ésotérique et nécessairement fermé des communautés basiliennes (3) et ne peut en aucune facon laisser préjuger ni du cadre démographique, ni du cadre religieux dans lesquels elles s'inséraient. Pays ingrat, difficile d'accés, situé hors des grandes voies de pénétration, seule la Calabre de la Sila, du Marchesato et

de l'Aspromonte pouvait leur assurer les conditions d'une survie sans contexte. L'implantation

grecque des vim-ix* -s. n'y a pu être que

su-

perficielle et l'émigration sicilienne du x* s., diffusée dans tout le sud de la péninsule, sinon dans l'empire byzantin lui-méme, n'a pas dà aboutir à une densité de population remarquable. Et le reflux du xi? s., nous l'avons dit, s'est essentiellement accompli au profit de la Sicile. En

somme,

analysée

(1) Cfr Alessandro PRATESI,

objectivement,

la

conjoncture

Arch. Paleogr. Ital., vol. XIV,

de

toute

fasc. 61, tabl.

29-30, pour la critique diplomatique. Il convient de préciser qu'en juillet 1181, Roboan, évêque d'Anglona, concédait au monastère de Sta Marla di Monreale,

la grandiose fondation de Guillaume II, fus benedictionis et totum ius episcopale et quodcumque ius predicta ecclesia Anglonensis in monasterio Carbonis et cellis et obedientiis el possessionibus eius hactenus habuisse dignoscitur : C. A. GARUFI, Catalogo illustrato di S. Maria Nuova in Monreale (Palerme, 1902, p. 17, n° 29) (2) Le Patir, comme S. Adriano di Rossano, peuvent servir d'exemple trés

explicites de la situation géographique de la plupart des monastéres grecs qui nous ont été conservés.

On peut lire dans J. Gay, St-Adrien de Calabre, le monas-

tère des basiliens et le collège des Albanais, dans Mélanges de Littérat. et d' Hist. Religieuses publiés à l'occasion du jubilé épiscopal de Mgr de Cabriéres, t. I, Paris, 1899, p. 291-305,

à quelles randonnées

sportives contraignalent et con-

traignent encore la visite de leurs sites quasi inaccessibles...

€ BYZANTINISATION » RELIGIEUSE

DE

L'ITALIE

MÉRIDIONALE

39

cette époque n'a point été de celles qui auraient permis un peuplement grec conséquent.

De toute facon, elle n'a pas, non plus que

l'installation grecque, réduit l'élément lombard qui peuplait le pays antérieurement à l'occupation byzantine. Sur ce point aussi, si délibérément omis par tous les historiens de la Calabre, nous avons

des témoignages qui, pour rares qu'ils soient, n'en sont pas moins irrécusables (!). D'un autre côté, si ce que nous croyons est exact, l'immigration grecque, favorisée dans l’île par les deux premiers princes normands, implique conséquemment un effort pour combler

en Calabre le déficit qu’elle provoquait.

On a, certes, quelques tra-

ces formelles (*) de l'installation de colonies musulmanes en terre calabraise. Il serait cependant imprudent, à partir de ces quelques indices, de conclure à une émigration organisée ou systématique d'éléments musulmans.

Rien n'interdit, par contre, de croire à une

« lombardisation » active, au moins en ce qui concerne la partie proprement ducale, c'est-à-dire la moitiéseptentrionale de la Calabre. Si, pour une raison qui nous échappe encore, le Catalogus Baronum — registre des fiefs de l'Italie normande, rédigé par un office finan-

cier de la cour à partir de 1154 (*)— a écarté de ses enquêtes les régions situées au sud du Val di Sinni, ce qu'on peut reconstituer de la carte féodale des pays calabrais montre que ces terres ont été tôt distribuées à quelques hauts barons normands et que,à la diffé-

rence des autres États normands, la Calabre a connu un type de féodalité exclusivement laïque. Que, parconséquent, la contribution des indigènes, peu sûrs, étant exclue, ces régions ont été soumises de (1) Cfr supra, 1958, t. LTIT, p. 751. note 3, D'autre part, les luttes que Lucas, évéque grec d'Isola Capo Rizzuto, eut à soutenir contre les habitants latins de son

propre

diocése

au

sujet

de

l'usage des azymes,

montrent

que cette région, bien que digne d'étre considérée comme en raison

du maintien de son évéché,

était amplement

de surcroît

de peuplement grec

latinisée.

Or, cet épi-

sode se situe peu avant la mort du saint, qui advint en décembre 6623/1114. Cfr G. Scuinó, Vita di S. Luca..., p. 106 et 52-53. (2) Outre le texte de Malaterra, invoqué supra p. 22, note 1, on peut rappeler que, dés mars 1074, on rencontre un castellum sarracenum, dans les environs de Carbone : c'est l'actuel Castelsaraceno, à 8 kms, au Nord de Latronico (cfr

G. RoBiINSON, op. cil., doc. n° IX, p. 176-178). La toponomastique calabraise révèle par ailleurs huit toponymes qui évoquent sans aucun doute le souvenir de quelques colonies arabes installées au début de l'époque normande : cfr G. ALESSIO, 0p. cif., p. 368, n° 3566 et p. 8, n° 58.

(3) Cfr le t. Is de nos Études sur le royaume normand d'Italie, de parution prochaine.

40 bonne heure,

et énergiquement,

à la trés caractéristique action

« capillaire » de la société féodale, inconcevable sans un apport très

conséquent d'éléments non-grecs et, considération prise des structuTes trés particuliéres de la féodalité lombarde, d'éléments non-lombards. Mais, encore une fois, ]a volonté de prouver ne doit pas nous

conduire à l'excés contraire de celui que nous nous sommes appliqué

à dénoncer.

L'exacte

configuration physique de la Calabre

médiévale appelle encore des réponses à bien des questions qui n'ont méme pas été posées. Si l'on définit un pays par sa culture, la Calabre, dés le x? s., a certainement été byzantine, parce que cer-

tains centres privilégiés se sont appliqués, dans une terre d’où toute culture était absente, à maintenir les hautes traditions

du

mona-

chisme grec. Mais si l'on considére que leurs activités restent celles d'agents isolés, alors l'hellénisme calabrais peut étre réduit à ses véritables proportions (!). Paris.

(1) A la thèse présentée

sieurs témoignages

dans ces quelques

complémentaires

dans

une

pages nous

longue

avons

récension

apporté

plu-

(à paraître

dans la Riv. di Stor. della Chiesa in Italia) de l'ouvrage d'Alessandro PRATESI — paru durant la publication du présent article: Carte latine di abbazie calabresi provenienti dall" Archivio A ldobrandini, [Studi e Testi, 197] Cité du Vatican, 1958, ainsi que dans Les fondations monastiques de Robert Guiscard, duc de

Pouille et de Calabre, étude en cours de publication dans schungen, t. XXXIX (1959).

Quellen und For-

Il

L'institution

monarchique

dans

les États normands

d'Italie

Contribution à l’étude du pouvoir royal dans les principautés occidentales,

|

aux XI*-XII* siècles En

hommage à noire maître,

M.

Pierre Paloi *

Toute une littérature récente, puisée aux sources d'une trés riche diversité, s'est attachée à réaf-

firmer la permanence du concept de souveraineté, méme aux époques où Ja plus sombre déliquescence du pouvoir central pouvait laisser à penser que, sans support réel, il avait déserté la conscience publique jusqu'à une résurgence inséparable de la renaissance du droit romain (1). Reste à savoir si une telle continuité de principes a bénéficié à la conception du pouvoir royal que l'on entretenait dans le temps qu'au sortir des graves désordres du x* siècle, les monarques occidentaux repartaient à la conquête du pouvoir. Alors méme qu'aux X1? et X11? siècles paraît s'organiser le triomphe de la féodalité par le fait qu'elle pose ses régles et se définit, un peu partout — y compris en Alle-

magne où pourtant l'entité impériale est restée égale à elle-même — l’idée d'un pouvoir royal supérieur à celui des grands feudataires s'affirme dans les faits : d'Henri Ier à Philippe Auguste, de Guillaume le Conquérant à Henri II Plantagenet, d'Henri IV à Frédéric II, autant de régnes par lesquels se manifeste une éclatante renaissance « temporelle » des principaux trónes médiévaux. Assurément, la reprise de conscience de l'autcrité royale, qui s'est imposée par la conjoncture, n'a pu se développer sans que se forme dans les esprits une conception, toute pragmatique soit-elle, que puisse appréhender l'analyse juridique. C'est là tout le probléme de la nature et du contenu du

pouvoir royal, avant que les juristes romanisants de Philippe le Bel ou de Frédéric II ne cherchent à faire entrer dans des schémas précis une institution reconstruite dans l'imprécision. À ne considérer que la France et à dire d'historien,ily a une impossibilité majeure d'accéder à un tel probléme, en ce que l'institution royale « ne s'est jamais définie elle-même, pas plus qu'elle n'a défini la nature de son pouvoir (2) ». Force nous est bien, d'ailleurs, de reconnaitre que, malgré * Post scriptum aux « Études d'histoire du droit offertes à Pierre PRTOT ». et

1) E. H. KANTOROWICZ, « Laudes regiae », À Study in Liturgical Acclamations and Mediaeval Ruler Worship, Berkeley Los Angeles, 1946 (« Univ. California Publ. History», 33). — W. ULLMANN, The Development of the Mediaeval [dea of. So-

vereignty,

dans

« Engl.

s mbolth,

Beitrá d 24

Hist.

Rev. », t. LXIV,

1949, p. 1-33.



M. DAVID,

Le

serment

du

sacre

du

[X* au

XV*

siicle,

contribution à l'étude des limites juridiques de la souveraineté, Strasbourg, 1951. — F. Carasso, 1 glossatori e [a teoria della sovranild..., 2*éd., Milan, 1951. — P. E. SCHRAMM, Die GeschicMe des mittelalterlichen Herrschertums im Lichte der Herrschaftszeichen, dans « Histor. Zeitschr. », t. CLX XVIII, 1954, p. 1-24, article préliminaire à : Herrschaftszeichen und Staatser M.G.H. »,

n.

(2)

I.

ier

, E13).

GeschicAle vom dritlen bis zum secheehnten Jahrhundert,

Stuttgart,

1954/56,

3 vol.

(« Schriften

F. Lor et R. FAwTIER, Histoire des instlitulions françuises au moyen dge, t. 11: Les institulions royales, Paris, 1958, p. 9,

I]

les belles recherches de Percy-Ernst Schramm (3), les travaux dont on dispose parviennent peu à former une opinion claire de la fonction royale et des cheminements de sa renaissance. Pour autant qu'elle a obéi à l'impulsion de phénomènes voisins, la monarchie anglaise, infiniment mieux

connue (4), donne certains termes, valables pour la couronne française, de l'évolution générale dans laquelle cette dernière s'est inscrite. Par ailleurs, on sait les difficultés que la royauté française éprouvera à se définir au XIIIe siècle par rapport à la papauté et à la cour impériale germanique (5), situation qui concourra notablement à préciser les contours de l'institution royale, mais dont les éléments, encore que confusément, sont déjà posés au xi? siècle (6). D'ores et déjà, il se dégage

des études actuelles qu'aux x1*-X1I1? siècles entre les structures et les postulats des royautés occidentales il existait des Jiens multiples qui faisaient d'elles, sur le plan juridique, un tout presque impossible à dissocier pour l'intelligence de la théorie royale médiévale. Une évidence de cet ordre

nous paraît devoir être particulièrement vérifiée en confrontant avec les grandes royautés européennes la monarchie normande d'Italie, monarchie « excentrique » considérée jusqu'ici comme une sorte d'abstraction constitutionnelle au siècle d'or de La féodalité (Staat ais Kwnstwerk). Historiquement, ethniquement et culturellement contraint par des impératifs étrangers à tout ce sur quoi reposaient les grands thémes de la souveraineté carolingienne, le royaume italo-normand a pourtant rejoint le camp occidental. D'un large point de vue, il préte ainsi à des observations de prix qui sont autant de tests des forces irréversibles ayant mené l'histoire institutionnelle des

formes du « droit féodal » (Lehnsrecht) à celles du « droit d'État » (Staatsrecht). D'autre part, situé au confluent de sources d'inspiration aussi opposées que celles des sociétés:l]ombarde des trois duchés campaniens (Salerne, Capoue, Bénévent), byzantine du comté siculo-calabrais, arabe de l'ancien émirat kalbite de Sicile et, par surcroit, peut-étre influencé par le droit romain renais-

sant — comme tendraient à le faire croire les « Assises » dites du royaume de Sicile qui, sur soixantedix paragraphes, en comportent une vingtaine tirés textuellement du Code et du Digeste, — le royaume normand apparait soumis à des pressions caractéristiques dont il importe de savoir ce qu'il a retenu et ce qu'il a rejeté. L'attrait d'un tel sujet est, on le voit, multiple ; ajoutons que,

par chance, nous disposons d'un éventail exceptionnellement large de textes nous permettant de saisir les tenants et aboutissants du systéme. *

*

*

Ces textes, quels sont-ils ? D'abord une trame serrée de chroniques écrites par des témoins directs, mais reflétant des courants de pensée exprimés à des distances et à travers des cultures souvent fort diverses, en sorte qu'elles autorisent des confrontations pleines d'enseignements, non seulement entre elles, mais aussi avec nos autres sources. C'est-à-dire surtout avec ce que les actes éma-

nés de la chancellerie nous permettent d'appréhender de la doctrine royale, complexe de références généralement ignoré des historiens des institutions malgré l'évidente fertilité de ses informations. Enfin avec une compilation factice, conservée par deux manuscrits du début du xirIe siècle dont l'un porte le titre abusif d'Assise regum regni Sicilie, et qui a jusqu'ici été considérée comme le

recueil de décisions promulguées à Ariano, en 1140, par le roi Roger II (7). Celle des deux copies (3) (4)

P. E. ScHRAMM, Der Kônig von Frankreich, Das Wesen der Monarchie vom 9. sum 16. Jahrhundert, Weimar, 1939. Outre l'ouvrage, ancien mais toujours remarquable, de R. W. et A. ]. CARLYLE, 4 History of Mediaeval Political

Theory in the West,

Londres, 1903 /15, ct. J. DicKtNsON,

as Developed in the « Policraticus » 0 I^ tory " p

1135), 5)

Lay

(o 7)

304

English

Corgnation, Oxtord,

nceton, 1958.

W. ULLMANN, The Growth Power, Londres, 1955.

of Papal

T he Mediaeval Conception of Kingship and Some oj Its Limitations

of Salisbury, dans « Speculum », t. I, 1926, P. 308-337:

1937

; N. F. CANTOR. Government

Church,

in Middle

Kingship

Ages,

a Study

and

Lay

P. E. SCHRAMM, 4 His-

Investiture

in the Ideological

in

England

Relation

F. OLIVIER-MARTIN, Histoire du droit français des origines à la Révolution, Paris, 1948, p. 204-206. Cf. infra: Appendice. — Dans le t. I de nos Études sur le royaums normand d'Italie (sous presse],

(1089-

of Clerical fo

nous avons

I]

L'INSTITUTION MONARCHIQUE

DANS LES ÉTATS NORMANDS

D'ITALIE

qui passe pour restituer le plus fidèlement le texte des prétendues « Assises » rogériennes, s'ouvre par un long préambule expliquant les intentions du législateur, l'esprit et le but des textes promulgués. Ce Proemium, conjoint à diverses propositions, éparses dans la codification elle-même, fonde toute une conception du pouvoir royal italo-normand, conception remarquablement exposée dans plusieurs travaux récents d'Antonio Marongiù (8) et de Michele Fuiano (9). Par cela seul, mais encore du fait du caractére défectueux des publications existantes, nous ne croyons pas inutile d'en donner une édition critique en appendice. Mais, à supposer que ce texte doive étre tenu pour absolument digne de foi, il est bien certain qu'il ne peut constituer qu'une base de départ, bien fragile si l'on s'en rapporte à la valeur généralement reconnue aux dispositions contenues dans les préambules de ce genre (10). En toute hypothése, les prétentions qui y sont émises demandent à être éclairées dans leur contexte propre et confrontées avec ce que nous pouvons reconstruire de la réalité historique et institutionnelle. Point de départ donc, mais qui doit étre entendu en tant que tel, ce qui nous aménera à des propositions éloignées du texte des « Assises », Trois idées gouvernent essentiellement ce discours préliminaire dans lequel la doctrine récente veut voir «l'allocution de Roger II à ses proceres », prononcée lors de l'assemblée féodale d'Ariano (11). La première s'exprime en actions de grâces rendues à Dieu pour les bienfaits octroyés, pour la paix revenue et la victoire obtenue sur les ennemis. La deuxiéme s'étend longuement sur la nécessité d'user de l'autorité tenue de Dieu pour réformer les lois et la justice. Puis le roi proclame qu'il convient d'agir dans tout ce qui précéde avec bienveillance et modération, autant par précepte divin qu'en considération de l'inhumanité à laquelle conduit l'oubli de la miséricorde. Aucun de ces thémes n'est d'une originalité bien marquée et ne peut servir à caractériser un régne quelconque dans la géographie ou la chronologie de l'Europe médiévale. Il s'agit là plutôt du vieux

fonds de vertus auquel, depuis Justinien, maints princes ont puisé pour orner Je frontispice de leurs lois. Le principe de répondre aux libéralités dispensées par l'Éternel à la personne méme du souverain et au royaume par une conduite exemplaire, et de consacrer la paix revenue à une réformation du droit et de la justice, est issu en ligne directe des trois grandes constitutions justiniennes promulguant le Digeste, le Code et les Institutes (12). Quant à la Jenitatis ambitio, c'est-à-dire le souci de légiférer avec clémence et miséricorde, elle est considérée depuis l'antiquité chrétienne comme une des vertus premiéres du prince et du législateur et, comme telle, nous la retrouvons tant dans

les constitutions théodosiennes (13) que valentiniennes (14) ou honoriennes (15), dans l'Eclogé byzantine de Léon III (16), la « Lombarde » de Liutprand (17), les lois anglaises de Henri Ier ou celles de Knut (18). étayé, par une exégèse externe et interne du texte des « Assises », notre conviction que cette compilation avait été com par un clerc de l'époque souabe travaillant sur les reconstitutions de lois normandes déjà établies par l'empereur Frédéric II pour servir de base à ses propres Constitutiones regni Sicilie d'août 1231. (8) A. MARONGID, Lo spirito della monarchia normanna di Sicilia néli'allocurione di Ruggero II ai suoi grandi, dans « Atti Congresso intern. diritto romano e stor. diritto », t. IV, Milan, 1953, p. 313-327. repris avec quelques compléments, sous méme titre, dans « Arch. stor. Sicil. », 3* s., t. IV, togo/51. P. 415-431, puis dans Concerions della sovranità di Ruggero II, dans « Atti Convegno intern. studi Ruggeriani », t. I, Palerme, 1955, p. 213103. (9) M. Fuiano, La fondarione del « Regnum Siciliae » nella versions di Alessandro di Telese, dans « Papers Brit. School Rome », t. XXIV, 1956, p. 65-77: 10)

11} 12)

.

(13)

Cf. entre autres, G.

MARONGIdù, op. cit. Cf. Code Justinien C

Code Théodosien,

IX,

RECOURA, Les Assises de Romania,

édition critique, Paris, 1930, p. 19-23.

J.]1. L 17, ny. et fr. 1 et $ ; — I, 17, 2, pr. et const. Imperatoriam maiestatem, 1. 1, 18;



IX,

4, 1. Cf. G. FERRARI

DALLE

SPADE,

Znfilirarioni occidentali mel diritto greco-

italiano della monarchia normanna, dans « Riv. storia diritto ital. », t. XII, 1939, p. 30, n. 3. 14) C. ]., L, 14, 9. 13 C. I: L, 3. 18. 16) FERRARI, of. cif., p. 29-30. 17) On comparera utilement au Proemium des « Assises » les prologues de l'édit de Rotaris (éd. F.BevarLa, Die Ge setse der Longobarden, Weimar, 1947, p. 3), de l'édit de Liutprand (ibid., p. 168) et de celui de Grimoald (ibid., p. 160) qui parle également de : « ad meliorem statum et clementiorem remedium corrigere ». (18) R. BzsNIER, La coutume ds Normandie, histoire externe, Paris, 1935, p. 227.

305

Il

Toute influence réelle de ces précédents étant exclue — à la seule exception des textes du Code de Justinien dont certaines expressions sont passées directement dans le discours du Proemsum (19), — il apparaît que l'auteur de ce morceau s'en est tenu à une tradition immuable et devenue presque banale, sauf, en donnant libre cours à certaines tendances alors trés affirmées par les canonistes (20), à insister à coup d'extraits bibliques sur le dernier des trois concepts ci-dessus. Certains traits toutefois échappent à la platitude générale du propos, moins par leur contenu intrinsèque que par le prolongement qu'on leur peut donner pour évoquer les conceptions rogériennes du pouvoir royal.

I. — LA CONCEPTION CHARISMATIQUE

DU POUVOIR ROYAL.

L'origine exclusivement divine du pouvoir royal trouve son expression trés claire en certains endroits, non seulement du préambule (21), mais des « Assises » proprement dites (22), en sorte que la compilation donne du pouvoir royal une conception charismatique préfigurant d'un siécle ]e rex in regno suo est imperator (23) des monarchies féodales (24). L'émancipation du regnum vis-à-

vis du sacerdotiwm, implicitement formulée ici, est l'une des plus précoces affirmations de l'autodétermination royale que l'Europe ait connues ; tous les auteurs italiens récents, et des plus éminents (25), ont contribué sur ce point à élaborer une doctrine désormais bien fixée. Qu'y a-t-il pour l'assurer fermement ? Assurément peu. La mosaique du couvent panormitain de la Martorana, qui représente Roger II recevant sa couronne de Dieu (26), est un document de portée vraiment peu juridique et qui, d'ailleurs, ceuvre d'un artiste grec, est issue de la seule iconographie byzantine (27) comme, un peu plus tard, la mosaïque du domo de Monreale qui reproduit le méme tableau avec une étonnante

similitude, mais cette fois pour Guillaume II (28). En d'autres termes, ces représentations idéales du monarque doivent étre jugées pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire des ceuvres artistiques, telles

qu'elles pouvaient s'imposer à des mosalstes byzantins œuvrant d'après les sources et les formes de leur art propre, selon un mode de représentation unanimement

adopté dans l'Empire grec depuis

le 1x? siècle (29), et non sur un thème soumis aux conceptions juridiques du souverain sicilien. A tout prendre, d'ailleurs, l'image royale de Ja Martorana, couvent de moniales grecques fondé par (19) Comparer !' « interpretari benignius » du Proemium avec Digeste, I, 3, 18 : « Benignius leges interpretandae sunt, quo voluntas earum conservetur. » Et surtout : « Volumus igitur et iubemus ut sanctiones quas in presenti corpore sive promulgatas a nobis, sive compositas nobis facimus exhiberi, fideliter et alacriter recipiatis » avec le paragr.

1 in fine de la

const. /mperatoriam maiestatem : « ... omnes vero populi legibus iam a nobis vel promulgatis vel compositis reguntur. » (201 H. NizsE, Die Geselzgebung der normannischen Dynastie im « Regnum Siciliae », Halle, 1910, p. 46-48. (21) * Divinis beneficiis quibus valemus... Hoc... inspiramentum accepímus... dicente ipso : per me reges regnant et conditores legum decernunt iusticiam. » (22) Assise II : «... gladio materiali nobis a Deo concesso », cliché littéraire que l'on retrouve sous mainte plume médiévale et qui est fréquent dans les préambules des diplômes royaux, entre autres dans un diplôme de Guillaume I*r, daté d'aoüt 1156, en faveur de l'archevéché de Brindisi: « ... gladio nobis celitus commisso, illius nomine invocato qui docuit manus iustorum» (G. M. Mowri, Awntbale De Leo, Codice diplomatico brindisino, t. I, Trani, 1940. p.'32-33, n9 17). Sur

le 1&s gladii entendu dans le sens d'ensemble des tâches gouvernementales qui incombent au souverain, cf. Davip, La souveraineté el les limites juridiques du pouvoir monarchique, Paris, 1954, p. 32. (23) F. Carasso, Origini italiane della formola « Res in regno suo est imperator », dans « Riv. storia diritto ital. », t. 1II, 1930, p. 213-254. 24) CARLYLÉ, A History of Mediaeval Political Theory in tha West, t. V, 1928, p. 39:350. (25)

CaLasso,

Gli

ordinamenti

giuridici

©. DzMus,

The Mosaics o] Norman

del

rinascimento

Concerions della sovranitd di Ruggero IT, p. 215-216. 26)

Sicily, Londres,

medievale,

1949, pl. 58 a.

2* él,

Milan,

1940,

p.

162-164

; MARONG1à,

2) Ibid., p. 302-303 ; A. GRABAR, L'empereur dans l'art byzantin, recherches sur l'art officiel de l'Empire d'Orient, Paris, 1936, p. 114-122. Sur le méme thème, des artistes limousins ont exécuté pour la cathädrale de Bari un couronnement de Roger II par saint Nicolas: cf. H. Pierce et R. TvLagn, Three Bysantine Works of Art, Cambridge Mass., 1941 (« Dumbarton Oaks Papers », 2), pl. 13, p 4 et ss. 28)

o)

306

LEMUS, op. cit., pl. 76 a.

Cf. ibid. et GRABAR, loc. cif., p. 4, n. 16.

II

L'INSTITUTION MONARCHIQUE

DANS LBS ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

un Grec de Syrie, est cent fois moins assujettie aux volontés du monarque que celle de l'abbaye de Monreale, œuvre de la dilection toute particulière de Guillaume II. Il ne nous paraft guére plus justifié d'invoquer dans un sens analogue la rigidité des formulaires de chancellerie, grecs, latins ou arabes, qui s'insérent dans une tradition et une orthodoxie extérieures par essence aux postulats siculo-normands. Dei gratia, Dei nuiu, per Dei gratiam et autres équivalents, qui constituent ce que les diplomatistes nomment la formule de dévotion, s'attachent depuis le haut moyen áge aux titulatures les plus modestes et « ne renferment qu'un humble aveu

de la dépendance de toute créature par rapport à l'Etre souverain (30) ». Cet aveu, est-il besoin de l'ajouter, dépourvu d'implication politique, est une simple marque de piété dont les seigneurs chrétiens ont abusé pour exprimer que toute autorité est une manifestation terrestre de la sollicitude divine. Nombreuses sont les formes de cette « simple marque de piété et d'humilité » qui parfois s'enrichissent de recours aux paroles sacrées, en particulier au verset 15 du titre VITI des Proverbes : Per me reges regnani ei polentes scribunt iustitiam, comme c'est le cas dans notre Proemiswm. Justinien, déjà, en usait dans ses Constitutions (31) : on nous accordera qu'une telle citation, même si elle émane d'un des princes les plus exempts de toute dépendance séculière, ne peut en aucune manière déboucher sur une théorie politique. À nous en tenir au monde limité de l'Italie méridionale médiévale, on s'apercoit que Prov. VIII, 15 a aussi inspiré d'autres plumes qui, à l'inverse, n'ont jamais mis en question leur dépendance étroite envers saint Pierre. Parmi les quatre ou cinq types exclusifs d'arenga que l'on rencontre dans les diplômes expédiés par les trois générations des ducs normands de Pouille — et dont les rois normands de Sicile useront eux-mêmes à de nombreuses reprises (32), — il en est un trés caractéristique à cet égard: Convenit omnes in regimine constitulos dominicis obedire preceplis alque ei ber quem regnant colla subjicere ut regns illius mereantur esse participes, quod fine caret, quod semper sine iactura, sine merore durabit (33). La méme idée de la

dépendance immédiate du pouvoir royal par rapport à la majesté divine est occasionnellement

reprise par Roger II dans les préambules de ses diplômes (34), mais il est juste de reconnaître qu'elle inspirera beaucoup plus les « harangues » de Guillaume I*r (35) et de Guillaume II (36), (30) G. TzssiER, 4 propos de ses actes toulousains du [ X* siècle, dans « Recueil... C. BRUNEL » (Paris, 1955), t. II, p. 568. Sur l'interprétation exacte de la formule de dévotion, voir P. De FRANCISCI, Árcana imperii, t. III, 2* p., Milan, 1948, p. 122, et l'ample bibliogr. citée n. 2. i Cf. par ex. C. J., I, r, 8 et I, 17, 1, pr. qui ajoute : « ... imperium quod nobis a caelesti maiestate traditum est... » 2)

1120, 5 octobre

p. $04-505, Do 69) e P- 525, n? 100) ; .

(E. Caspan,

1134, 21 juillet

Roper II und

die Gründung

(15id., p. 526, n° 101

der normannisch-sicilischen Monarchie,

Innsbruck,

1904.

[avec la fausse date 1134, 12 août); — 1134, 27 juillet (ibid.,

3 C£. nos Études sur la royaume normand d'Italie, t. II, Étude diplomalique et catalogue des actes des ducs de Pouille

(1059-1127). à parattre prochainement. (34) 1127 (: 1126), 9 juillet : diplôme en faveur de San Filippo di Agira : « Ad disponente Domino materiali gladio concimur, ut eius ecclesiis et servis auxilium et tuitionem postulantibus subvenire nostra protectione efficaciter deberemus s, ans CASPAR, op. cif., n? 4 ; cf. W. HoLTZMANN, dans « Quell u. Forsch. », t. XXXV, 1953: p. 65-66. — Dans une charte de donation rédigée par la section grecque de la chancellerie royale, en présence et avec l'assentiment du roi, Roger II

eat dit « très saint roi couronné par Dieu » : « féraros Beoarenrés BhE » (S. Cusa, I diplomi greci ed arabi di Sicilia, Palerme, 1868 /82, p. 19:6649 [1141, février). Ces qualificatifs sont repris dans d'autres diplômes grecs de novembre 1144

(CasPAn, n° 182) et de juin 1149 (n? 219) : * +05 évOéou (ou Seoarérrou) xpérous fjn&v ». — Cf. encore le diplôme latin d'avril 1145 en faveur de Cefalà : « Deus, qui nobis et honorem contulit et nostrum nomen lauderegíia decoravit» (R. PrRRO, Sicilía sacra, Palerme, 1733. p. 800). (35) 1155, mars, notice de plaid royal : « Consideratione officii nobis, a Deo iniuncti et pacem inter discordantes componimus » (À Mzncari, Le pergameno di Melfi all'Archivio segreto valicano, dans « Miscellanea... G. MERCATI », t. V, Vatican, 1946, p. 285). — Diplôme d'août 1156 en faveur de l'archevéque de Brindisi, cf. supra, n. 32. — Diplóme de mai 1157 en

faveur de

Montevergine : « Ad honorem illius per

quem reges regnant et principes dominantur...

Nos autem... habendo

Deum pre oculis, per quem vivimus et regnamus » (A. MASTRULLO, Montsvsrgine sagro, Naples, 1663, p. $33. — 1157, dé-

cembre, donation du fief de Brucatum à l'archevêque de Palerme : «

Reges gentium et

principes

nationum ea

demum ratione

iuste regnant et rectissime principantur si illi summo principi se subiectos esse intelligant per quer reges regnant et potentes, ut Salomon ait, scribunt iusticiam, nec alio modo nos habenas regni nobis celitus commissas recte administrare credimus » (PIRRO, op. cit , t. I, p. 97). . (36) 1167, août, donation à l'église de Salerne de la citadelle de Montecorvino : « Commissi nobis a Deo regiminis cura nos ammonet... » (G. PAESANO, Memorie per servira alla storia della Chiesa salernitana, t. 1I, Salerne, 1852, p. 175). — 1167, 4 décembre, t aux officiers royaux à propos de San Leonardo di Lamavolari : « Cum omnis potestas a omino Deo

307

Il

et dans des termes nettement plus voisins du préambule des Assises, On peut cependant se demander si les péroraisons des clercs de la chancellerie royale, sur un thème rabâché, méme dans la littérarature historique (37), méritent d'être élevées, comme dans notre Proemiwum, au rang de théorie juridique. Le débat a un écho dans l'élaboration m&me du principe monarchique italo-normand, et c'est à ce seul titre qu'il nous semble justifié. Le terrain sur lequel l’a placé la critique contemporaine, très influencée par l'optique des canonistes du xri? siècle (38), est celui des rapports entre le jeune

État normand et le pouvoir pontifical ou, si l'on veut, de l'autonomie au temporel du roi de Sicile.

C'est, avant la lettre, attribuer à Roger II l'adage recueilli dans la seconde moitié du XIII siècle par les Établissements de saint Louis : «le roi ne tient de nului fors de Dieu et de lui », sans tenir compte de ce qu'au temps de saint Louis cette maxime n'est nullement dirigée contre le pape et

qu'on ne l'utilisera en ce sens que sous Philippe le Bel (39). Sur l'essence méme de la discussion,

on anticipe donc de plus d'un siècle et l'on pose le dilemme en des termes qui n'auront vraiment leur pleine signification qu'au xiv? siècle. La sujétion de la Couronne sicilienne au souverain pontife a provoqué des réactions qui, certes, situent assez bien la position des souverains normands. Mais ces réactions correspondent au tem-

pérament des divers rois normands face à une situation politique donnée, et non à une question de principe qui ne s'imposera que beaucoup plus tard aux consciences des juristes. C'est à une conclusion semblable qu'est bien obligé d'en venir Michele Fuiano (40), tant il est vrai que la part événe-

mentielle dans la soumission féodale des États sud-italiens à saint Pierre est prépondérante. II. — LE PROBLÈME DE LA SUJÉTION DU ROI VIS-A-VIS DU PAPE, AU TEMPOREL.

En 1047, c'est de l'empereur Henri III que Dreux de Hauteville avait recu l'investiture du duché d'Italie, entité territoriale absolument

nouvelle et d'ailleurs trés fragmentairement

réalisée au

moment de la concession impériale (41). Encore que le fondement juridique d'une telle concession ne paraisse point trés évident, spécialement pour la Pouille alors aux mains des Byzantins et sur laquelle le domaine éminent de l'empereur germanique ne s'était jamais clairement manifesté, le geste d'Henri III pouvait à la rigueur trouver une lointaine justification dans le traité lothairien

de 824 (42). L'empereur était un souverain bien lointain auquel les ducs lombards n'avaient jamais éprouvé une quelconque gêne de préter, de décade en décade, un serment d'allégeance. En fait, les premiers chefs normands d'Italie n'ont été que des dynastes locaux, prompts, pour des raisons d'opportunité, à se soumettre de bonne heure au pouvoir voisin de l'Etat pontifical (43), seule sit, nos qui ad fastigia regni eius misericordia nobis preparata existimus et regia feliciter potestatc regnamus » (G. Der Giupice, Codice die omalico del regno di Carlo I « II d Angie, t. I, Naples, 1863, appendice I, p. xxx, n° 13). — 1168, 7 janvier, diplôme en faveur de Sant'Elia di Carbone : «... Nec nostra parum intererit, si illius templa regere et gubernare studuerimus, cuius munere in regni fastigium ascendimus, per quem regnantes, regimur et gubernamur » (W. HOLTZMANN, dans « Quell. u Forsch. », t. XX XVI, 1956, p. 67). — 1176, août, diplôme de fondation du monastère de Monreale : « ... Supernus rex... de cuius dextera diadema suscepimus... » (PIRRO, op. cit, t. I, p. 521 | | (37) Cf. par ex. RiccARDO DA SAN GERMANO, Chronica, éd. C. A. GARUFI, p. 4 : « Sed licet tot et tantis eum [regem Guillelmuni secundum) ditaverit et dotaverit bonis per quem reges regnant et principes dominantur, feceritque illum pre cunctis terre regibus gloriosum ... » — Sur la fréquence de ce thème dans le langage diplomatique, cf. K. A. KEHR, Die Urkunden der normannisch-sicilischen Känige, Innsbruck, 1902, p. 271. | . (38) CaLasso, I glossafori e la teoria della sovranitd..., 2* éd., p. 144-147: S. MocRt-OxoRY, Fonti canonistiche dall'idea moderna dello Stato, Milan, 1951, p. 13-16. 39) OLiVIER-MARTIN, Hisfoire du droit français... p. 206.

40)

Fuiano, La fondazione del « Regnum Siciliae », p. 7577.

|

u

41) E. JAutsoN, The Norman Administration of Apulia Capua, more Especially under Roger II and William I, dans « Papers Brit. School Rome», t. VI, ira p.22 (42) ]. GAY, L'Italie méridionale et l' vpire byzantin depuis l'avènement de Basile I** jusqu'à la prise de Bari par les Normands E olio Paris, 1994. chap. I I. fassim. (43) P. F. KEHR, Jialia pontificis, t. VIII, Berlin, t935, p. 9-to, n? 6, et p. ro, n? 7.

308

IT

L'INSTITUTION MONARCHIQUE

DANS LES ÉTATS NORMANDS

D'ITALIE

force politique apte à s'imposer au-dessus de l'anarchie sud-italienne de la première moitié du XI* siécle. C'est, avec leur réalisme politique, ce qu'ont compris Richard de Capoue et Robert Guiscard lorsqu'en 1059, recevant leur investiture de Nicolas II, ils faisaient du pape leseigneur de terres sur lesquelles celui-ci n'avait rien de plus tangible à invoquer, comme fondement de son pouvoir, que «]es donations de Constantin et de Charles ». Des deux côtés, pourrait-on dire, une fiction, mais une fiction qui assurait à Guiscard, alors peu sür de sa domination — tant sur un territoire presque aux trois quarts à conquérir que sur ses rivaux immédiats, — un prestige qui légitimait ses campagnes futures, notamment pour arracher la Sicile à la domination

arabe (44). Que la reconnaissance du pontife comme dispensateur du pouvoir souverain sur l'Italie méridionale et la Sicile se soit faite fer investituram..., hominto et [idelitate ab ei (Roberto Guiscardo ] suscepta (45)

dit assez de quel côté venaient J'inspiration et la conception des nouveaux rapports créés entre la papauté et les États normands. Le texte m&me du serment prété par Guiscard — si négligé par les historiens de la féodalité (46), — inconcevable de la part de la chancellerie pontificale (47), est

peut-être l'un des plus anciens formulaires de $uramentum fidelitatis qui nous aient été conservés : d'où pouvait-il être élaboré sinon à partir des usages normands ? En tout cas, pour le Normand qu'était Robert Guiscard, l'hommage et Ja fidélité étaient des actes graves ; en la forme où ils étaient prétés, ils instauraient un état de droit qui pesait sur toute la destinée de l'Italie méridionale,

puisqu'il était prévu qu'ils seraient renouvelés aux successeurs de Nicolas par Guiscard et ses héritiers. Ils le furent sans réticence, en 1062, pour Alexandre II (48), non sans difficultés en juin 1080, pour Grégoire VII (49). Guiscard mort, son fils Roger Borsa compensera le retard de son investiture solennelle (50) en offrant à Urbain II une subordination renforcée par les liens de la ligesse (5r). Est-il besoin de dire que l'étroitesse supplémentaire, parfaitement inutile, des rapports entre le

pape et le jeune duc n'a d'autres sources que le sentiment chez ce dernier de la fragilité accrue de son autorité ? En août 1100, il s'empressera dese porter homme lige de Pascal II (52), tandis que son

fils Guillaume ira fléchir quatre fois le genou devant le pontife, « en humble homme sien » : en octobre 1114 devant Pascal II, en mars 1118 devant Gélase II, en octobre 1120 devant Calixte II,

en 1125 enfin devant Honorius II (53). Autant dire que Roger II, lorsqu'il recueillit iure successionis le duché de Pouille (54), se trouvait

en face d'une tradition juridique bien établie ; il n'est pas permis de douter de son désir sincère de s'y conformer. Quelle qu'ait été la conscience — justifiée — qu'il avait de sa supériorité militaire sur son cousin Roger Borsa ou sur le duc Guillaume, il n'est pas contestable que, tenant son comté d'eux, il avait dà leur préter hommage et se reconnaitre leur homme (55). Plié à une subor(44) P. F. Kaum, Die Belehnungen der suditalienischen Normannenjürsten durch die Papste, dans « Abhandl. d. preuss. Akad. d. Wissensch., philol. bist. Kl. », t. I, 1934, p. 1-12. Dans les pages qui suivent nous renvoyons implicitement à cette trés belle étude pour tout ce qui concerne l'aspect historique du probléme. 43) Liber pontificalis, éd. DUCHESNE, t. II, p. 358. . . . ) Etencore plus par K. JoRDax, Dos Eindringen des Lehnstoesens in das Rechisleben der ramischen Kurie, dans « Archiv { rkundenforsch. », t. XIL 1931, p. 13-110. — A notre connaissance, ULLMANN, The Growth of. Papal Government. P- 337, 0. 2, est le seul à avoir noté que « Kobert Guiscard's oath... formed the model for later feudal oatha... » 47) Nous nous référons au schéma de l'introduction des principes de la féodalité à la cour romaine dressé par JORDAN, op. cil. et, accessoirement, par ULLMANS, loc. cit, p. 331-343. (t KzHR, Italia pontificia, t. VIII, p. 13, n° 20. 49 (531)

Ibid. P. 19, n° 49.

|

Metfi, 1089, septembre : cf. ibid., p. 23-24, n? 72. ROMUALD

DE SALERNE,

Chronicon,

éd. A

noh.

.

P. 199 : « Anno dominice incarnationis

m? lxxxx,

MEM

indictione

"

xiii,

mense septembris, Urbanus papa sinodum in civitate Mellia celebravit, in qua Roggerius dux Higgins homo eius effectus, promittens sc iureiurando fidem servaturum

Romane

ecclesie et eidem

accepit vexillum ab eo terram cum ducatus honore. » (52) Ken, Jlalia pontificia, t. VIII, p. 26, n°v 84-85. (53) Ibid., p. 29-33, n°4 99, 106-107, 111-114, 120.

pape eiusque successoribus canonice intrantibus,

|

4) ROMUALD DE SALERNE, Chronicon, p. 214 ; FALCON DE BÉNÉVENT, Chronicon, P. L., CLXXIIT,



Frrese, éd. Dei Re, p. 01, 03 (55) Dans un acte de mat 66522 t 114, Roger

1195 : ALEXANDRE

. | , I dit des Edvot du monastère de San Nicola di Droso qu'ils ne sont pas re-

309

I]

dination hiérarchique absolument conforme à l'éthique juridique du temps, il n'y a aucune raison de penser qu'il ait été rebelle à l’idée de reconnaître tenir du pape les terres que trois générations de ducs avaient contribué à mettre dans les mains de saint Pierre ; et cela d'autant plus queson accession au duché impliquait un effort militaire que la reconnaissance pontificale était susceptible

de simplifier notablement. C'est pourquoi, d'août à octobre 1127, on le voit multiplier les sollicitations et les dons en or et en argent, pour convaincre Honorius II de recevoir son obédience (56). En fin de compte, l'hostilité pontificale vaincue, c'est avec allégresse que Roger, répondant aux instructions d'Honorius II, se rendit à Bénévent en août 1128 pour recevoir de lui l'investiture ducale et lui prêter l'inévitable serment de fidélité et d'hommage lige (57) : iggiwm hominium fecit el iuramenium prestitst (58). Pourquoi en aurait-i] été différemment, deux ans plus tard, lorsque Roger II, profitant de la dépendance dans laquelle Anaclet II était vis-à-vis de lui, concut de promouvoir le duché en royaume ? Par ailleurs, seul ou presque en Europe à soutenir l'antipape contre Innocent II, le duc de Pouille était lié de l'extérieur à Anaclet par la rébellion apulienne qui militait du méme cóté que l'empereur germanique et attisait le feu du schisme (59). Les termes du double traité dont procéde la promofio regni échappent d'ailleurs à toute ambigulté. A Avellino, en septembre 1130, Roger vint « humblement se prostrer aux pieds d'Ánaclet et le reconnut comme son légitime seigneur, selon la coutume de ses prédécesseurs (60) ». Legilisnum dominum suum, pracdecessorum suorum more, recognovit ne nous semble pas pouvoir traduire autre chose que la prestation formelle de l'hommage lige et de la fidélité au saint Pére par Roger II. Et sur ce point le propos de Romuald de Salerne (qui Anacletus cum per nuntios suos prephatum regem sepe rogasset ut cum eo haberet colloquium et et de more hominium faceret, ibse utpote vir astutus et sapiens el precavens in futurum ab eius se colloquio et aspectu subtraxit) [61], chronologiquement déplacé, comme le sont de nombreu-

ses informations de l'archevéque pour l'époque antérieure à la sienne propre, n'en est que plus incongru (62). Dans sa bulle du 27 septembre 1130, détaillant les termes et les conditions de la concession de la dignité royale à Roger, Anaclet spécifie bien pour le roi et ses successeurs «4 homagsum et fidelitatem turent (63). Selon la féodalité « classique » d'entre Loire et Rhin, fidélité et hommage sont inséparables et emportent des liens sur lesquels aucune transaction n'est concevable. Ces liens, certes, sont délicatement passés sous silence par les chroniqueurs contemporains, presque tous gens d'Église, que le schisme troublait profondément et qui, plus ou moins, désapprouvaient la légitimité dans laquelle Roger II tenait Anaclet (64) ; mais leur existence nous paraît comprouvée avec une netteté particuliére par la procédure de l'investiture qu'Innocent II fut finalement contraint d'accorder à Roger II en juillet 1139. Le roi avait alors soumis avec la derniére rigueur les ultimes foyers de rébellion, en sorte qu'il censés « sur les contrôles de notre seigneur le duc» : lv «otc dxpootolyotc toU abüévrou Suv o0 Souxóc (Vat. lat. 8201; LE 27. 124). ROMUALD DE SALERNE parle d'autre part de « Roggerium [secundum) comitem Sicilie, liggium hominem ducis tni » (op. cil., p. 213). 39 Rae. ial pontificia, t. VIII, p. 33-34. n° 122, 125 et références citées. 57 Ibid., p. 35-36, n°9 130-131. . ) ROMUALD DE SALERNE, 0f. cif., D. 217; ALEXANDRE DE TELESE, 0f. cif., p. 96. 59)

JAMISON, of. cif., E

244-245.

.

(60) Cf. les bulles nos 8413 et 8414, selon les terrnes cités par JarrÉ-LORWENFELD, t. I, p. 917 et CASPAR, of. cif., p. 95, n. 4. Hn ROMUALD DE SALERNE, p. 220. | 62) Cf. ce que disent à ce propos Ken, J/alia pontificia, t. VIII, P 36-37. n? 135, et CASPAR, of. Cil., p. 93-95. 63) Kznun, Die Belehnungen..., p. MP ; Italia pontificia, t. VIIL, p. 37, n° 137. 64) Le sentiment de FALCON DE BÉNÉVENT à l'égard de l'antipape n'est pas douteux; cf., par ex., col. 1203 : « Sed Anacletus, ut erat viperei cordis... » Celui de Pixrre Dracre, reflétant l'opinion du Mont-Cassin, est conforme à la tradition cassinese, toujours favorable à l'Empire et, par conséquent, à Innocent IT : cf. Chronicon Casinense, P. L., CLX XIII, 919. ROMUALD DE SALBRNE est d'une objective froideur : cf. Chronicon, p. 222 et 224.

310

I]

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS

LES ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

pouvait désormais considérer son autorité comme définitivement assise dans tout le royaume ; le pape lui-même était à sa merci, l’armée royale l'ayant fait prisonnier, entre Gallucio et Mignano, le 32 juillet. Roger, dans ces conditions, pouvait se borner à exiger purement du souverain pontife la reconnaissance du regnum. Les tractations qui étaient intervenues entre eux, à la mi-juillet,

avaient mis en évidence que la seule source de litiges les opposant portait sur le principat de Capoue (65). Innocent prisonnier, Roger triompha aisément sur cet article ; pour le reste, on s'en

tint à ce sur quoi l'accord s'était déjà fait avant la capture du souverain pontife et c'est ainsi que,

le plus naturellement du monde, Roger II, comme par le passé, vint porter hommage et fidélité à son captif (66) ; une fois encore, c'était la ligesse, c'est-à-dire la forme de vassalité la plus abso-

lue (67), qui définissait la dépendance de Ja Couronne de Sicile par rapport au Saint-Siège et, à pareille époque, il n'y a nul doute sur Ja pureté de la conception même d'homme lige, telle que, de Normandie, elle était venue en Italie (68). Ce qu'au fond des historiens comme Michele Fuiano ont cherché à atteindre en voulant diminuer la portée du lien féodal noué entre la Curie romaine et le roi normand, c'est à dégager la souveraineté rogérienne de toute tutelle pour faire de lui le monarque privilégié par le charisme divin que nous restituent Jes « Assises ». C'est pourtant un fait incontournable que le roi normand de Sicile tenait Sa couronne de saint Pierre. Mais autre chose est de penser que « sa souveraineté était en quelque sorte viciée par l'investiture féodale » (69), ce qui est, à notre sens, distinguer dans la souveraineté royale des concepts que l'analyse juridique sera fort longue à dégager. Au XrI* et au XIIIe siècle,

selon la conception des monarchies que l'on appelle « féodales », la souveraineté est un tout qui ne se dissocie pas (70). Nous n'en voulons pour preuve que les affirmations de Jean d'Ibelin, l'un des pius fins juristes de ce temps, pour qui «le rei dou roiaume de Jerusalem ne tient son roiaume que de Dieu », ce qui est poser l'intégrité du principe monarchique, alors que le royaume de Jérusalem, comme celui de Sicile, est tenu du pontife (71). En France même, l'axiome « le roi ne tient de nului fors de Dieu et de lui » se corrige par cet autre adage, des Établissements de saint Louis : « Li roi n'a point de souverain es choses temporiex (72). » Il nous apparait toutefois comme trés probable que les tendances royales aient subi, dés aprés Roger II, une inflexion touchant aux formes mémes de la dépendance vis-à-vis de la papauté. En juin 1156, Guillaume Ier se donne encore comme l'homme lige d'Hadrien IV (73). Avec Guil65) FALCON Dk BÉNÉVENT, of. cil., col. 1251. 66) ROMUALD DE SALERNE, 0ÿ. cif., p. 225: « Dominus papa... regem in gratia sua recepit et recepto ab eo sacramento et hominio, ipsum per vexillum de regno Sicilie et de ducatu Tpuiie investivit. » FALCON DE BÉNÉVENT, of. cif., col. 1253: « Kex ipse et dux, filius eius, ... per evangelia firmaverunt beato Petro et Innocentio pape eiusque successoribus canonice intrantibus fidelitatem deferre ceteraque que conscripta sunt. » Dans la bulle d'investiture, Innocent 11 spécifie bien : « ut reges pontificibus romanis liyium homagium faciunt » (JAFFÉ-LORWENPELD, n? 8405). (e ) M. Brocu, La société jéodale, la formation des liens de dépendance, Paris, 1939. p. 331-333. 68) F. L. GANsHoF, Feudalism, Londres, 1952, p. 93 ; H. Mirreis, Lehnrecht und Staatsgewalt, Weimar, 1933, p. $58. — Fu1ANO, of. cil., p. 71-72, tente d'établir une discrimination entre les formes d'hommage prètées par Roger E souverain ntife. Sclon lui, il s'agirait d'une « procédure hybride », une « espéce de compromis entre les coutumes féodales ranco-normandes suivies généralement par la Curie pontificaie depuis le siècle précédent ct les coutumes lombardes qui donnaient au fond une valeur différente aux divers éléments constitutifs des rapports féodo-vassaliques mettant en relief le bénéfice et en second lieu la dépendance personnelle », Absolument rien n'autorise une telle interprétation des formes du contrat féodo-vassalique, non plus que l'hypothèse d'une influence quelconque des formes lombardes sur le serment vassalique de l'Italie normande. Nous possédons le texte de plusieurs serments prétés au roi ou à de simples seigneurs à l'époque rogérienne : ils répondent tous à la plus stricte orthodoxie de la ligesse normande. Cf. C. CAHEN, Le régime féodal de l'Italie normande,

Paris, 1940, p. 44-47.

152 L'expression est de FUIANO, p. 66. 70) Ce nou: paraît ètre avec quelque excès que J. ELLuL, dans son Hisloire des institutions, t. II, Paris, 1956, p. 163, pose que « À terme de souveraineté ne doit pas etre compris dans le sens moderne : il n'y a pas de concept de souveraineté au moyen âge ». (71) J. La Monte, Fewdal Monarchy in the Latin Kingdom of. Jerusalem, 1100 Lo 1291, Cambridge Mass., 1932, p. 203209.

(72) Éd. P. VrotirT, t. IT. p. 370.

(23)

KEuR,

[alia pontificia, t. VILE, p. 48, n° 186, bibliogr. et sources citées.

ji

II

laume IT, la question est beaucoup plus complexe. Bien que couronné en 1166 (74), le petit-fils de Roger II ne manifesta jamais la moindre impatience de recevoir l'investiture pontificale, ses rapports avec le pape demeurant pourtant d'une parfaite harmonie. En novembre 1165, quelques mois avant sa mort, Guillaume Ier avait reconnu Alexandre III comme « son père et seigneur », avouant

bien qu'il tenait de lui son royaume (75) ; d'hommage et de fidélité, point question. Méme subordination de la part de son fils, en 1188, auprés de Clément III, en des formes plus solennelles (76). Le pape, cette fois, souleva la quaestio vexata ; lettre morte, semble-t-il, malgré plusieurs repré-

sentations faites à Guillaume II par l'organe de légats pontificaux (77). Curieux revirement donc que celui de la cour panormitaine sur le point particulier de sa subordination au siège romain selon les formes traditionnelles de l'hommage vassalique, alors méme, répétons-le, que le roi ne paraît point avoir nié tenir sa couronne de saint Pierre et que l'entente entre les deux cours s'est presque constamment affirmée (78). Cette considération ne semble pas avoir retenu l'attention des historiens, bien qu'à notre sens elle soit de nature à révéler un aspect tout à fait nouveau des conceptions de la souveraineté royale chez Guillaume II. Elle est, croyons-nous, à mettre en relation avec une autre réaction trés significative du roi lors

des tractations qui précédérent son mariage avec Jeanne, fille d'Henri II,roi d'Angleterre. Au mois d'août 1176, Guillaume reçut à Palerme les envoyés du souverain anglais venus lui demander de ratifier sous serment les conventions intervenues entre Jes deux cours au sujet de l'union pro-

jetée. Le roi répliqua qu'il garantissait les promesses jurées par les ambassadeurs qu'il avait luiméme mandés à la cour anglaise, mais que pour sa part il n'entendait préter aucun serment, ce qui serait contraire aux traditions du royaume et de ses prédécesseurs : quod, quia regno nostro semper

et nostris [uil progenitoribus insuelum personaliter iurare, non duximus expedire (79). Singulière prétention, que contredit d'ailleurs le serment prété quatre ans plus tót par le jeune roi en des circonstances identiques, lors des projets avortés d'union avec Marie, fille de l'empereur Manuel Ier

Comnéne (80). Peu importe, le propos du roi est significatif d'une tendance nouvelle, sans doute postérieure à 1172, mais d'où résulte clairement une conception très entière de la majesté royale, inconnue, pour autant que ]'on sache, des monarchies occidentales des x11? et x111° siècles.

Cette prétention, à laquelle n'avait pas songé Roger II, tend à esquisser du pouvoir royal sous Guillaume II une image en quelque sorte « extra-séculiére » qui n'est pas sans rappeler le refus que, dés le début du siécle, le roi de France opposait catégoriquement de préter hommage à un autre seigneur. En tant que roi, le « souverain fieffeux » s'abstrait des cadres et des régles de la féodalité (81) et c'est sans doute dans la méme ligne que s'inscrit l'épisode de 1176, la susceptibilité royale sicilienne s'irritant à la seule perspective de s'engager par serment. Au niveau de l'hommage dà en contrepartie de l'investiture pontificale, il n'apparaît pas possible d'expliquer l'opposition willelmine autrement que par une transposition sicilienne des prérogatives de la royauté frangaise. 74)

ROMUALD

75) 76)

Keur, Italia pontificia, t. VIII, p. 50-51, n? 194. Ibid., p. 55, n? 220 ; p. 56, n? 222.

DE SALERNE, p. 254 ; Anonymi Cassinensis breve chronicon, RR. II. SS., V, 68.

1,

Londres, 1876, p. 413-414).

77) 1Hbid., p. 55, n° 218. | . 75) En 1174, Guillaume refusa la proposition que lui faisait l'empereur d'épouser sa fille, « sciens hoc matrimonium Alexandro pape plurimum displicere » (ROMUALD, p. 265-266) et, en 1176, c'est « consilio pape » qu'il entama des négociations avec la cour d'Angleterre, en vue du mariage qu'il devait conclure avec Jeanne, fille d'Henn II (i5id., p. 268). L'€troite communion de la cour de Palerme avec la cour pontificale dans les tentatives de paix avec l'empereur est d'autre part longuement attestée par le récit de l'ambassade de Romuald (ibid., p. 269 et ss.). (79 uillaume II à Henri II, roi d'Angleterre, Palerme, 23 août 1176 (RAourL px DickTO, Opera omnia, éd. W. STUBBS, t.

(80) RoMUALD DE SALERNE, p. 261 : « Et simile iuramentum ex parte regis et suorum familiarium de filia imperatoris recipienda prestitum est et iuratum. Quo facto, rex Willelmus, utpote vir legalis et Deum metuens, iuramentum suum observare desiderans... » (81)

]. FLAcH, Les origines de l'ancienne France, Xe-XT

Paris, 1994. P. 320; 1950, p. 266.

312

L.

siècles, t. III, La renaissance de l'État, la royauté et le

HALPHEN, La piace de la royauté dans le système féodal, dans À travers l'Aistoirs du moyen

incipat,

âge, Paris,

II

L'INSTITUTION MONARCHIQUE

DANS LES ÉTATS NORMANDS

D'ITALIE

Sous Roger II, le respect de l'intégrité du principe monarchique n'était point allé aussi loin, ce qui est assez dire que, peu soucieux de plier les rapports extra-nationaux à l'intransigeance des conceptions romaines, le roi s'en tenait alors au stade empirique des principes qui émanaient des royautés féodales. Il est à peine besoin d'ajouter que dans un tel état doctrinal, aussi peu construit que possible, Roger II s'écartait tout autant de la tradition byzantine, peu distante de celle que Justinien avait parachevée (82). En cela se dessine absolument la contradiction entre l'ambiance b

tine de la cour panormitaine à l'époque comtale, et celle qui s'y établit aprés la réunion des

tats normands de culture latine au comté byzantino-arabe, et la fromotio regni résultant de cet agrégat. Ce que les conseillers grecs de Roger avaient pu inspirer au jeune prince, nous en avons une idée dans le préambule d'un diplôme de juin 1122, certainement rédigé dans le scriftorium du

Patir de Rossano, l'un des plus hauts foyers de culture grecque de l'Italie méridionale : « De même », y déclare Roger II, « que le soleil brillant fait surabonder ses rayons sur toutes choses, illumine et réchauffe ceux qui sont prés de lui comme ceux qui en sont éloignés, de méme sais-je louer avec

splendeur l'illustre piété et la montrer à l'égal du très splendide soleil (83). » On reconnaît là, presque textuellement, l'un des thémes favoris de la dialectique eusébienne (84), appliquée à Constantin pour adapter aux schémes de l'ancienne Rome païenne les idées chrétiennes qui faisaient de l'empereur le Sonne und Christus de la loi théologique (85). L'assimilation du jeune comte qu'était Roger, à l'époque de ce diplôme, à celui que les Écritures annoncent comme le soleil de la justice et la lumière de la sagesse qui éblouit toute autre lumière, donne le ton de l'instruction prodiguée

à Roger durant son adolescence par ses conseillers byzantins. Mais l'accession au trône et Ja domination effective sur une population lombarde dont l'énormité numérique laissait loin derrière elle les modestes colonies grecques de l'ancien comté, imposaient au roi d'aligner sa conduite sur des conceptions beaucoup plus modestes de sa souveraineté, et d'oublier les divagations byzantines de son adolescence panormitaine. Le préambule de juin 1122 est d'ailleurs une piéce isolée, et les harangues composées pour les diplómes de la période royale par la chancellerie grecque répondent à une orthodoxie trés réservée sur la personne royale, conforme au langage tenu par les clercs de la chancellerie latine.

III. — LA NATURE SACERDOTALE DU POUVOIR ROYAL.

Il n'en reste pas moins, pour ce qui concerne le théme-clé du Proemium des « Assises », que cipe selon lequel tout pouvoir civil procéde de l'autorité divine ne saurait étre regardé ici destiné à servir une propagande d'émancipation vis-à-vis du représentant de Dieu sur il obéit simplement à une tradition maintenue sans coupure depuis saint Paul dans la chrétienne (86).

le princomme terre ; pensée

52 Dx FnANcIscI, Arcana Imperii, t. II], 29 p., p. 229-238. sal igillion de juin 6630 /1122 en faveur de la Nea Odegitria de Rossano ; conservé dans une trad. ital. du xv* siècle (L. K. AGER, dans « Byzantin. Zeitschr. », t. L, 1957, p. 336-3 i. . (84) Cf. le Tpiaxovr puxéç dans Eusènz, Werke, Pi i À. Huixez, t. I, 5, p. 201, $7 : « De mème que le soleil disla lumière, de même l'Empereur envoie ses rayons dans les régions les plus lointaines de l'Empire... »; cf. également 13 et surtout Vita Constantini, 1, 1, ibid., p. 7: «De même que le soleil qui domine la terre fait bénéficier tous les hommes

e ses rayons, de méme Constantin, lorsqu'il

apparaissait avec le soleil naissant devant son peas. avec son front irradiant,

répandait sur tous ceux qui en contemplaient le visage, la splendeur de sa magnificence. » œuvres d'Eusébe figuraient en bonne piace dans les bibliothèques « basiliennes » de l'archimandritat de Messine qui était, on le sait, une émanation du Patir de Kossano. Cf. l'inventaire des manuscrits du Saint-Sauveur de Messine, dressé en 1563 par le P. Francesco di Napoli : « Item Eusebii episcopi sermonem in sanctum Sylvestrum papam Romae de dogmate rabbinorum et in miracula et medelas Constantini imperatoris » (P. BArirroL, L'abbaye de Rossano, contribution à l'histoire de la Vaticans, Paris, 1891, 37: n° 89) ; "n aussi (ibid., p. 138, n° 93) : « Item Eusebii episcopi Alexandrini in secundum adventum Domini » .142, n9 149) . !1

x FRANCISCI, Arcana I

4$, t. III, 2*

p.,

CanLYLE, À Hiístory..., t. I, The Second Lo

p. 932-94.

9^ to the Ninth, Londres, 1903, p. 147-160;

H.

LiLIENPELD,

Die

313

Il

Les clercs attachés à l'exaltation de l'idée impériale en déduisirent assez tôt un schème proche de l'hiérocratisme primitif, fondant l'idée de l'origine divine du pouvoir impérial dans celle de sa dignité sacerdotale : pour les prélats du concile de Constantinople de 448, Théodose II était déjà l'ápxieptóc Baotaróc, Deux siècles plus tard, Maxime le Confesseur aura beau démontrer l'absurdité de toute tentative directe pour plier l'ordo Melchisedech du psaume 110 aux conceptions impériales, le thème du pouvoir sacerdotal exercé par le souverain byzantin fera son chemin dans la

dialectique publiciste chrétienne (87) ; Charlemagne, hanté par le désir de poursuivre les plus hautes destinées de l'Empire romain, reprendra à son compte l'idée byzantine du « roi-prétre » (Priesterkónigtum) [88] que la royauté mérovingienne, pour sa part, n'avait pas méconnue (89). Mais le rex et sacerdos d'Alcuin ou de Paulin d'Aquilée était le point de départ d'une théorie agnostique susceptible d'étre lancée comme un bélier contre les portes de l'autorité pontificale. Force nous est bien de reconnaitre que pareille optique n'a jamais servi que l'apologie impériale des clercs de la curia,

comme

elle servira plus tard celle

de Frédéric

II,

dans ses manœuvres

contre

Innocent IV (90). L'esprit dans lequel Charlemagne invoquait Ja nature sacerdotale de son pouvoir n'était nullement celui-là (91). Si à certaines époques le gouvernement

carolingien, se considérant comme

investi

d'une mission religieuse, a pu revendiquer certaines prérogatives touchant à l'organisation de

l'Église dans l'Empire, il n'a point agi en tant que muni d'un véritable office sacerdotal avec la dignité qui y est attachée. L'idéal des écrits soumis aux mêmes critères à proposer la réalisation terrestre du royaume divin, sur le modéle de telle qu'elle avait pu étre incarnée par David ou Salomon, nullement melchisedechienne, unique illustration de la notion de roi-prétre dans

qu'Alcuin visait peut-être la hiérocratie juive (92), sur celui de la théocratie l'Ancien Testament (93).

De Jonas d'Orléans à Yves de Chartres, la conception ecclésiastique du pouvoir royal, à Jaquelle

Charlemagne s'est tenu, a gardé une continuité parfaite. La fonction du souverain, l'officium regale,

garde son aspect sacerdota] en ce qu'elle est confiée par Dieu à une double fin: pour le maniement de la chose publique et surtout l'utilité des églises (94). On voit à quoi nous en voulons venir : la notion de Priesterkünigtum, avec son substrat byzantin et son orthodoxie franque, portait en elle deux tendances antinomiques que les polémiques du xii? et du xive siècle portérent à un degré exacerbé (95) et sur lesquelles précisément le Proemium des « Assises » ouvre les aptitudes Jes plus larges. Non point, certes, que le pouvoir royal y soit défini, dans sa nature sacerdotale, avec la méme rigueur que chez les apologistes impériaux du Ix* siècle, mais parce que des propositions, éparses Anschauungen von Staa! und Kirche im Reich. der Karolinger, dans « Heidelb. Abhandl. » t. I, 1902, p. 26-32: De FRANCISCI, op. cit., t. TII, 2* p., p. 121-135, 340-343. . . (87) G. ManriN1I, Regale sacerdotium, dans « Archiv. Deputaz. romana storia patria », t. LXI, 1938, p. 92-97 ; F. KAMPERS, Rex el sacerdos, dans « Histor. Jahrb. », t. XLV, 1925, p. 502, 505-510. La thèse développée par ICAMPERS (sur l'origine de la notion de Priesierkónigtum dans les doctrines philosophiques grecques et dans les civilisations sumérienne ou iranienne) a été très justement réfutée par MARTINI, of. csf., p. 112-116. 88) KAMPERS, p. 503-504. 89) MARTINI, of. cil.. p. 108-109. . .

90)

W. ULLMANN, Frederick 11s Opponent Innocent

IV as Melchisedeh, dans « Atti Convegno intern. studi Federiciani »,

Palerme, 1952, p. 53-81. 91) KAMPERS of. cit.. p. 9? ; MARTINI, 0f. cit., p. 108-110. 92) Sur l'idéal biblique de a royauté davidienne que Charlemagne prétendait incarner, KANTOROWICZ, « Laudes regiae »..., p. 56-64, a récemment apporté toute une série de preuves trés convaincantes ; cf. aussi DAvID, Le serment du Sacre..., p. 24-26 et passim. 93 Kaubers, op. cil., p. 500-501 ; MARTINI, of. cié., p. 112-113. . 94) MARTINI, p. 108 ; OrtvizR-MARTIN, of. cif., p. 205; SCHRAMM, Der Kénig von Franhreich..., p. 188-192, très peu explicite sur ce point. . . 95) Cf. MARTINI, p. 132-166, pour l'essentiel ; S. Mocut ONORY, La crisi federiciana del sacro romano Impero : il « corpus saecwiariwm principum » a le imperium spiriiuale » del fice, dans « Atti Convegno intern. studi Federiciani », p. 10-29.

Sur l'état

el de la question, cf. B. TiuRNEY, Some

* Traditio », t. X, 1954, p. 594-625.

314

Recent Worki on tha Political

Theories oj the Medieval Canonlsis, dans

H

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS

LES

ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

dans le ms. Vat. lat. 8782, insinuent des compléments trés tendancieux aux affirmations génériques du Préambule. En offrant à Dieu la miséricorde et la justice que le roi applique à l'exercice de son gouvernement, celui-ci, est-il dit, revendique pour son officium regni le privilège sacerdotal. L'am-

biguité de l'expression est aussitót atténuée par un rappel au propos attribué à Celse — quidam sapiens legisque peritus — dans le passage bien connu du Digeste (I, 1, pr. et I) : nam, ut eleganter Celsus definit, us est ars boni et aequi. Cuius merito nos sacerdotes appellet. Le sacerdoce dont il s'agit ne paraît donc pas viser directement l'office royal, sinon en ce qu'il lui incombe de dire le droit de maniére bonne et juste. Et la suite du texte confirme que c'est parce que l'autorité royale tient de Dieu pouvoir de dire le droit et de faire les lois (ruris et legum auctoritatem) qu'elle doit en user avec miséricorde et bonté. En toute hypothèse, si le Proemium parle d'offscium regni, les réminiscences romaines dont il se prévaut aboutissent à restreindre la Priesterküniglum à un sacerdoce juridique (turis sacerdotes), ce qui est remettre les pieds sur un terrain tout laïque. Or il est bien connu que c'est une règle propre à l'éthique royale frédéricienne — opposée en cela aux dissertations des canonistes (96) — que de poser parmi les premiers devoirs de l'officium regale celui de legem et sus condere (97). Inutile de souligner ce qu'aurait de singulier une telle position prise par

le premier roi normand d'Italie, qui se révélerait ainsi comme l'inspirateur immédiat d'un théme dont on sait, plus que d'évidence, que Frédéric II a été chercher la source dans le droit de Justinien. En définitive, si les théoriciens de l'absolutisme impérial, comme Matteo da Caramanico, glosent

à leur aise sur le regns officium quoddam sibi sacerdotii vendicat privilegium de notre Préambule, c'est pour attirer à leur moulin une argumentation tendancieusement puisée dans les précédents normands et pour donner à la sacra maiestas frédéricienne une source non suspecte aux yeux du

Saint-Siége. Contrairement à ce qui a été écrit par certains auteurs (98), absolument rien ne donne à penser que Roger II ait jamais assumé Je titre de « majesté sacrée », avec les séquelles d'une pareille titulature (99). Méme si les mots devaient avoir valeur de dogme, prétention qui risquerait de mener fort loin, en tout cas fort Join de Ja vérité médiévale, nous arriverions à des conclusions

inattendues aux yeux de ceux qui songent à les invoquer, comme si jamais la forme a pu laisser préjudicier du fond. Aller sans ambages de l'emploi du terme de regia maiestas dans les documents royaux à déduire un « idéal monarchique impérialistique » (100) chez le roi italo-normand, tourne court devant le fait que ce titre est communément employé à pareille époque à propos de souverains aussi divers que Guillaume le Conquérant, Pierre II d'Aragon, Philippe Auguste ou Alphonse IX (107). Quant à parler de « conception impérialistique du pouvoir royal » parce que les Assises (96) Mocu1 ONORY, of. cil., p. 157-161. (97) ManoNGID, Concerions della sovramitd ed assolutismo di Giusliniano e di Federico II, dans « Atti Convegno intern.

studi Federiciani », p. 36-37.

linn

(os) CALASSO, I glossatori..., p. 150-151 ; Origini italiane della formola..., p. 234-238. 99) CALASSO, dans Origini..., p. 236. n. I? fondait sa démonstration sur la base d'un document, non de l'époque rogérienne, mais de celle de Guillaume II, publié p. M. CAMzRA, Memoris storico-diplomaticha dell'antica cili e ducato di Amalfi, t. I, Salerne, 1876, E 364-367. Le passage invoqué est extrait d'une notice de plaid émanée de Gautier de Modica, datée du 23 juillet 1177 : «... Et dum hoc totum sacre regie maiestati senatus consulto valde placeret ei et ipsi Atranenses viderentur defecisse in probatione, decrevit nostra sacra maiestas ut Ravellenses ab hac appellatione absolveremus. Quod nos statim sanctum regium mandatum a predicta appellatione absolvimus (sic). » Ce long document a été publié par ERA d' une en forme « publique » établie le 22 avril 1308, et qui, ainsi que l'a montré E. M. JAMISON (Admiral Eugenius of Sicily,

Londres, 1957, p. 336-3 2a

droits, singuliérement douteuse.

apporté nombre de corruptions et

d'erreurs à un texte dont l'authenticité est,

Nous ne pensons pas possible de fonder une théorie sur un texte qui, notamment

en-

dans le

passage invoqué Calasso, a fait l'objet de reconstitutions dénaturées. Dans ses œuvres postérieures le grand historien talien ne s'en est d'ailleurs plus prévalu. Par contre, dans un document daté de juillet 1182, les six juges ordinaires de Salerne, parlant d'un mandat royal (1182, 15 mai) qui leur a été communiqué et qu'ils vidiment, disent : sacras regias litievas ou sacrum precepiwm ragium (K. A. KEHn, Dis Urhunden der normannisch-sicilischon K&nige, append. n° 26, p. 449. 451). Mais ceci peut tout au plus servirà soutenir notre thèse des modifications intervenues dans la conception de la majesté à l'extrême fin du règne de Guillaume II.

(100) CALASSO, Origini..., p. 236. De cette étude dérivent les affirmations répétóos par l'auteur dans ses nombreux autres

ouvrages : / qlossatori..., p.

151 ; Gli ordinamenti giuridici..., p. 162-164, etc.

(101) A. MARONGID, Concesione della sovranitd, p. 231, n. 69.

315

I

accordent au roi l'exercice du pouvoir judiciaire ou le droit de faire les lois et qu'elles parlent d'un

fiscus regius (x02) ou de crimen lese maiestatis alors que, tout au moins dans Je dernier cas, il s'agit d'un vocable de pure inspiration romaine (103), c'est transcender une simple terminologie qui, quant au fond, s'appliquait à des pouvoirs normalement reconnus aux autres souverains de l'Europe occidentale (104). Nous nous trouvons en fait devant l'un des modes accentués de la position prise par la critique moderne pour rendre compte du fait, certes assez exceptionnel, que constitue, en ce milieu du XII? siècle, l'autorité affirmée, et peu sensible à la contradiction, du roi normand d'Ttalie. Dira-t-on assez que cette position doit étre nuancée et, en tout cas, replacée dans son exact cadre institutionnel, qu'avant de se Jaisser conduire par la fagade brillante de l'autoritarisme rogérien, il con-

vient d'analyser scrupuleusement le mécanisme beaucoup plus contradictoire qu'elle dissimule ? On en prend nettement conscience à propos de ce qui a été récemment dit au sujet des laudes regiae, écho non fallacieux de la majesté royale dans les chants d'Église solennels. Qu'il s'agisse d'un simple chant liturgique ne doit pas faire oublier, comme le remarque E. H. Kantorowicz (105),

qu'il représente la survivance liturgique des acclamations offertes aux empereurs romains,et que les changements apportés du viri? au Xi11? siècle à la forme classique que les laudes avaient reçue

dans l'Église gallo-franque du vie siècle, reflètent les modifications adoptées dans les concepts théocratiques du pouvoir séculier et spirituel. En tant que pièce liturgique chantée le jour du couronnement, les laudes, par la partie pour nous essentielle de leur formulaire — les acclamations suivant l'Exaudi Domine et saluant le nom du nouveau souverain — ont une « valeur crypto-

constitutive » (106) ; à quoi s'ajoute que, sacralisées et introduites dans la « section laudatoire » du chant, les acclamations populaires consacrant le nouveau prince font apparaitre les laudes comme l’ « antitype » ecclésiastique des acclamationes séculiéres (107).

Par malheur, bien que ]'Italie méridionale apparaisse comme l'un des premiers pays à avoir répandu hors de la stricte liturgie la triade caractéristique Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat qui ouvre la « cesarean litany » (108), aucun texte de laudes ne nous a été conservé pour l'époque de la domination normande (109) en Italie. Il est aussi certain qu'une laus regis a été chantée au

moins le jour du second couronnement de Guillaume II, lors des cérémonies de son union avec Jeanne d'Angleterre (110). Le seul type connu de laudes regiae italo-normandes nous a été trans(102) C'est la vieille notion du fisc lombard, teile qu'elle s'impose dans les clauses pénales des nombreux actes souverains expédiés par la cour ducale salernitaine ou capouane : c'est aussi le gaxé£AXov, le Bsandprov ou encore le £nuéaov byzantin qui est qualifié de Ban AMxdv, à l'époque byzantine comme à l'époque normande ; cf, par ex., L. R. MÉNAGER, dans « Byzantin.

(103)

Zeitschr.

», t. L, 1957,

p. 20, n. 2 et les actes cités.

.

L'assise XVII est une copie de é J. IX, 8,5, pr. et 1, et les paragraphes suivants sont issus de 1X, 8, 6, pr., puis

de Digeste 48, 4, 11; et si Hugues

Falcand parle, jul aussi, de crimen maiestatis, c'est le fruit de sa culture romanistique

ct. E. BEsTA, Il « Liber de regno Siciliae » e la storía del diritto siculo, dans « Miscellanea... A. SALINAS », t. II, Palerme, 1907,

:

P- 299-300, 303.

(104) Pour le pouvoir judiciaire, les « cas royaux » et le crime de lèse-majesté, cf. J. YVER, Contribution à l'étude du développement de la compétence ducale en Normandie, dans + Ann. Normandie », t. VIII, 1958, p. 139-183.

(105) KANTOROWICZ, « Laudes regiae »..., p. Ix. 106) Iiid., p. 76. 107) Ibid., p. 81, 82-84. 108) Ibid.. p. 10. — D'autres témoignages peuvent être ajoutés à ceux-ci : par ex. une ceinture tissée d'or, ayant appartenu à un roi normand de Sicile, porte le motif Christus regnat, Christus imperat (cf. F. PorTINO, Le veste vegali normanne dette dell'incoronarione, dans « Átti Convegno intern. studi Ruggeriani », t. I. p. 282 et pl. V). . . (109) Les preuves de landes chantées à Roger II ne manquent pourtant point. En juillet 1134, le roi « a preordinata clericorum totiusque populi [ Capuani] processione honorifice, prout debebat, suscipitur atque ad archiepiscopium usque, cum hymnis et laudibus, perducitur ». De méme, quelques jours auparavant, «in cenobio Telesino cum hymnis et laudibus suscipitur » (ALEXANDRE DE TELESE, of. cif., 633. En juillet 1135, à Bénévent, Roger 1I «ab archiepiscopio ad monasterium usque Sanctae Sophiae cum hymnis et laudibus clericalis ondo rocesserit... » bd. 635). En septembre 1135, « rex,

ab monachis susceptus, Deo laudes concinendo in ecclesiam Sancti Salvatoris Telesini usque introducitur » (ibid., 639). De

même, en mai 1139, «clerus omnis et populus Salernitanus laudibus multis hymnisque sonantibus regem illum suscepit » (FALCON DE BÉNÉVENT, op. ci., 1249). En septembre 1140 encore, les prêtres et le clergé de Capoue « regem hyinnis et

laudibus ad astra levatis civitatem introduxerunt » (sbid., 1258). (110) KANTOROWICZ, op. cil., p. 166.

316

I]

L'INSTITUTION MONARCHIQUE DANS LES ÉTATS NORMANDS D'ITALIE mis par une copie trés tardive des Archives capitulaires de Palerme qui a été traditionnellement assignée, à tort semble-t-il (x11), au couronnement de Frédéric II. D'indéniables influences rouennaises et l'extréme probabilité que les rois normands de Palerme aient continué les traditions des cours lombardes de Capoue, Bénévent ou Salerne — où les [audes étaient fort connues — rendent à peu prés süre la longue démonstration (112) au terme de laquelle E. H. Kantorowicz croit pouvoir établir que le formulaire des laudes du manuscrit panormitain est d'origine italo-normande. Or ce chant a pour trait frappant, sans précédent ou paralléle, de comporter une triple acclamation au roi, comme dominus (113), comme rex (114), puis comme rector et gubernator (115), et de s'abste-

nir de toute mention du pape, d'un membre de la hiérarchie, ou de toute autre personne. Analysée sur son plan propre, cette composition des laudes panormitaines trahit une exclusive suprématie frédéricienne dont, à notre sens, l'empereur souabe était encore loin lors de son sacre comme simple roi de Sicile. « There is no haggling over a suppressed or granted a Deo coronatus or over other symbols of spiritua] or secular supremacy. Here the state has engulfed the Church (116). » C'est la déduction logique de l'une des personnalités les mieux placées pour juger des conceptions frédériciennes. Mais logique, cette affirmation l'est beaucoup moins lorsque Kantorowicz ajoute : « We

feel the spirit of Norman statesmanship. » Car on perçoit mal ce qui permet de considérer que l'adresse exclusive des acclamations au « roi Frédéric » repose sur une assise normande. Le serait-elle qu'elle défigurerait absolument l'image en tout harmonieuse que nous avons des rapports du royaume sicilien avec la papauté sous les derniers souverains normands et, singulièrement, de l'entente à peu prés constante de Guillaume II avec Alexandre III. La structure exceptionnelle du chant

panormitain suppose un état de soumission également exceptionnel de l'Église au roi, éclipsant

tout rapport avec la hiérarchie pontificale. Tout compte fait, une telle exclusive n'apparaît possible que sous le règne de l'empereur souabe (117). « Le fait que le roi », dit-on encore (118), « exerce le pouvoir élevé et prestigieux de légat perpétuel du pape lui confére en quelque sorte un caractére sacré ; il peut dicter légitimement et i] dicte

en effet des lois, méme en matière ecclésiastique, comme il prétend que les évêques eux-mêmes

se prosternent jusqu'à terre devant lui et l'adorent.» Cette derniére proposition est pour le moins imméritée, mais qu'en est-il des autres ? Les litiges qui ont soulevé, au xvrI* siècle, les polémiques les plus passionnées autour du privilège de la légation apostolique revendiqué par le roi de Sicile, ont sans conteste contribué pour une notable part à créer Je préjugé universel de J'historiographie moderne touchant au caractére absolu

de la monarchie rogérienne. En juillet 1098, aprés des pourparlers laborieusement poursuivis de part et d'autre, Urbain II concédait à Roger Ier, comte de Sicile et de Calabre, et à ses successeurs, qu'il n'enverrait plus de légat dans le comté siculo-calabrais sans l'accord du comte et que ce der-

nier agirait vice legati dans les cas où Urbain aurait normalement à en envoyer un (119). I] s'engageait d'autre part à faire passer par l'entremise du comte les convocations au synode et lui accordait de n'y envoyer que les évéques qu'il voudrait. 111)

KaNTOROWICZ, op. cif., p. 166.

112) 113)

Ibid., p. 159-166. EM . MM « Domi nostro regi Friderico, magnifico et triumphatori ac invictissimo, vita

115) 116)

« Pacifico rectori et piissimo gubernatori regi nostro Friderico, lux indeficiens et pax eterna | » KANTOROWICZ, of. cil., p. 160.

114) 117)

* Regi nostro Friderico, glorioso et triumphbatori, Sauf à considérer l'état de fait qui s'est

sempiterna ! »

.

perpetua

| »

prolongé durant le pontificat d'Innocent II (1130-1 143) ; mais il paraît

dif ich de conjecturer que la contexture des panormitaines, en admettant qu'elle remonte se figer de telle manière et rester inchangée sous les régnes des deux Guillaume et de Tancréde.

à

époque, ait pu

(118) A. MARONGID, L'héritage normand ds l'État da Frédéric II de Souabe, dans « Studi... A. DE STEFANO », Palerme, 1956,

P- 345. 119)

. radi

iic | d'É. JogDANx, La politique L ecclésiastique e Nous nous rangeons ici à l'interprétation da Rogor I*t st les origines de la sicilienne », dans « Moyen âge », t. XXXIV,

1923, p. 51-59.

317

Il

Ce privilège a donné lieu à des interprétations divergentes ; sous Roger Ier déjà, Malaterra y apportait une note qui était probablement celle de la cour panormitaine (120). Pascal IT, protestant contre une intelligence extensive de ]a bulle d'Urbain de la part de Roger II, mit en mouvement des chicanes qui ne furent au fond dissipées que par le concordat de Bénévent, conclu en 1156 entre Guillaume I*r et Hadrien IV (121). I] n'en reste pas moins que le privilège pontifical était une splendide épine. L'authenticité en a méme été jadis discutée de façon excessivement vigoureuse, dans

ce que Erich Caspar appelait avec justice « le plus grand bellum dipiomaticum qu'on ait jamais livré » (122). Sur sa portée et son sens exacts, il s'en faut de beaucoup que la doctrine actuelle soit parvenue à une entente définitive, aprés des travaux qui, comme ceux de Giordano (123) ou de Sentis (124), ont contribué à obscurcir le débat plus qu'à le mener vers des voies nettes. Pour nous, il semble que le long et trés raisonné mémoire d'Édouard Jordan ait fait justice de la conception traditionnelle, développée par Caspar et à laquelle la doctrine contemporaine, malgré les plus claires évidences, paraît curieusement attachée. Deux points ont été nettement et définitivement établis par Jordan. Le premier, que tout en laissant à Roger I*r les pouvoirs ordinaires d'un légat, Urbain II a soigneusement évité de lui en donner le titre : la bulle pontificale parle de vice legati, qu'il est tout à fait arbitraire de traduire par légat. Ainsi est effacé Je mythe de la « légation pontificale » de Roger dit Bosso. Le second, qu'en agissant ainsi, le pape n'a fait à bien des égards que consacrer une situation de fait dont Roger I*t jouissait depuis de longues années avec son assentiment ; et, une fois consacrée juridiquement, cette situa-

tion ne différait nullement de celle qui était reconnue à pareille époque aux souverains allemand, hongrois, espagnols ou anglais (125). Roger II n'a donc nullement hérité d'une position privilégiée. Un autre exemple vient bien poser Jes limites réelles que Roger II, le soi-disant « tyran sicilien », s'est imposées dans ses prétentions à l'égard du Saint-Siége. Cela avait été un désir constant des souverains siciliens que de rendre à l'église de Lipari-Patti son antique dignité épiscopale (126) et, en 1132, Roger II érigea à Cefalù une église qu'il souhaitait d'autant plus voir élever au rang épisco-

pal qu'il y avait fait préparer son propre tombeau et celui de son fils ; en fait, c'est avec l'accord de l'archevéque de Messine qu'il avait lui-même procédé à cette fondation épiscopale. Mais ni pour Lipari, ni pour Cefalü les pontifes n'éprouvérent le sentiment de céder aux supplications siciliennes. Roger II, sans renoncer jamais à ses ambitions, déféra aux volontés des princes de l'Église, et les prélats des deux sièges restèrent jusqu'en 1169 de simples € élus », bien qu'il eût été parfaitement licite au roi de trouver un prélat consécrateur (127). On pourrait — on peut — trouver d'autres témoignages significatifs des réserves et du respect dont Roger a fait preuve dans son action vis-àvis du Saint-Siége. Nous pensons suffisant, pour l'instant, d'invoquer ceux-là qui mettent l'accent sur le ton pondéré des objectifs royaux, comme sur le caractère uniquement laïque de la monarchie italo-normande. Assurément, en cela comme en tout le reste, elle n'a nullement outrepassé les frontières en deçà desquelles se maintenaient les autres monarchies occidentales. Tout ceci au fond n'était affaire que de pragmatique, et la royauté n'agissait à l'égard de la Cour romaine qu'au gré de fluctuations politiques dont les données, c'est le moins qu'on puisse dire, ont influé de manière très sensible sur J'une comme sur l'autre. 130 121 122

ORDAN, of. cil., Ren . ur ce traité, cf. Kznn, Italia

mE pontificia, t. VIII,

. . p. 48-49, n° 188 et bibliogr. citée.

E. Caspan, Die Legatengewalt der normannisch-sicilischen Herrscher, dans «

Quellen u. Forsch. », t. VII, 1904, p. 189.

123)

GIORDANO, Nwovo contributo alla delerminarione dei rapporti tra Stato « Chiesa in Sicilia al tempo dei

2

F. J. SexTis, Dis « Monarchia sicula », eina hisiorisch-canonistische Untersuchung, Fribourg, 1869.

dans « Archiv. stor. siciliano », n. s., t. XLI, 1916, p. 25 et ss.

318

.

ORDAN, 0b. cil., dans « Moyen âge », t. XXXIII, 1922, p. 262-267 ; t. XXXIV, bid., t. XIII, 1922, p. 247. Ibid., t. XXXIV, 1923, P. 34-37.

.

1923, p.

3-95

Normanns,

Il

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS

LES

ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

Ni sur le point de la légation apostolique, ni sur celui des laudes regtae nous ne pouvons réellement atteindre au probléme de l'aspect religieux propre à la monarchie sicilienne. Avec le fond du débat, qui est d'ordre dogmatique, à défaut de tout autre élément d'appréciation, il ne serait guére possible de renouer que par le biais de l'onction royale si nous possédions sur elle quelques précisions utiles, ce qui, hélas ! ne semble pas étre le cas. Selon une théorie qui avait longtemps servi de base aux prétentions royales, que ce soit en Angleterre (128) ou en Allemagne (129), le saint chréme séparait le roi de ses sujets et élevait sa dignité au rang de sacerdotium. Recevant le méme chréme qu'un évéque, l'onction J'abstrayait de la simple laïcité et justifiait les pouvoirs du souverain sur les églises de son royaume. À la fin du xi® siècle, la réforme grégorienne, par une subtile distinction entre la nature et la forme des chrêmes, avait

considérablement diminué la portée de l'onction royale, mais le roi anglais comme le roi français continuaient à fonder sur elle, l'un le pouvoir de sauver les âmes et d'absoudre les péchés, l'autre

celui de guérir les écrouelles (130). Leurs prétentions, en tout cas, transposées sur le plan de la nature sacerdotale du pouvoir royal, ne faisaient que continuer une longue tradition carolingienne (131) ; nous ignorons si l'onction conférée à Roger II et à ses successeurs a pu servir de base à des revendications de cette sorte. C'eüt été toutefois remonter un courant qui commençait à s'imposer

un peu partout en Europe (132). Des résurgences locales manifestaient quand méme que toute résistance aux restrictions pontificales n'était pas éteinte. L'une d'elles mérite fort que nous nous y arrétions parce que, bien qu'élevée au profit du roi d'Angleterre, elle émane d'un auteur dont les liens avec la cour italo-normande avaient été étroits.

Pierre de Blois, archidiacre de Bath, qui finit sa vie à la cour d'Angleterre aprés avoir été tuteur du roi sicilien Guillaume II et avoir vécu à la cour de France, constitue à la fin du x11 siècle l'un des

rares échos de l'ancienne théorie. Dans une de ses lettres, on le voit soutenir l'idée que l'onction royale a fait d'Henri II le détenteur de pouvoirs surnaturels dont les manifestations ont été éclatantes et que cela seul justifie la nature extra-laïque de son autorité, sa sainteté et sa qualité de christus Domini. « Du point de vue ecclésiastique, cette idée était monstrueuse, mais elle venait

à point pour cautionner le principe légal dont le roi avait besoin pour promouvoir sa politique ecclésiastique (133). » Égarée dans cette deuxième moitié du x11? siècle anglais, pareille prise de position a de quoi surprendre, venant par surcroît d'un ecclésiastique. On peut augurer, comme paraît le suggérer Schramm, qu'elle a été inspirée à Pierre de Blois par les idées alors élaborées en France, encore qu'une telle origine apparaisse un peu précoce (134). Il n'est pas extravagant, par contre, de penser que Pierre l'a puisée à la cour sicilienne avec laquelle ses rapports sont demeurés longtemps actifs. Hypothése, certes, mais qui ne mérite point tellement d'étre négligée compte tenu du systéme de gouvernement, à certains égards assez surprenant, instauré par Guil-

laume II et surtout parce que le propos de Pierre de Blois est une paraphrase à peine déguisée de celui qu'Aimé, moine du Mont-Cassin, puis évêque de Capaccio (135), tenait déjà à la fin du xr1e siècle : « Quaren molt d'escripture li rois et Ji prestre se clament «christe », pour ce que sont onté de chrisme (136). » (128) H. BoEHMER, Kirche und Staat in England und der Normandis im XI. und XII. Jahrhundert, Loipzig, 1899, p. 227-219. 129) C. TELLENBACH, N Liberia » : Kirchs und Waltordnung des Investitursireites, Stuttgart, 1936 (« Forschungen z. ben- u. Geistesgesch. », 7). (3e SCHRAMM, À History of the English Coronation, Oxford, 1937, p. r2) Der Konig von Franhreich..., p. 145-155. 131) M. BrocH, Les rois thawnalurges, étuda sur le caractère surnafurel attribué à la puissance royale, iculidrement en Francs si en Angleterre, Strasbourg, 1924 («Publ. Fac. Lettres Univ. Strasbourg», 19); J. de PANGx, Le roi très chrétien, Paris, 1949. 132 SE

133) 134) I35 136)

RRAMM,

loc. cit.

SCHRAMM, À History of the English Coronation, p. 126. SCHRAMM, Der K &nig von Franhreich..., p. 147-148. A. LzNTINI, Ricerche biogra/icha su Amato ds Montscassino, dans « Benedictina », t. IX, 1955, p. 183-195; AMATO DI MONTE CassiINO, Storia dei Normanni, éd. V. DE BARTROLOMAEIS, Rome, 1935, p. 3. — Sur tout ce pro-

3I9

Il

En tout état de cause, quelles qu'aient été ses incidences, l'onction conférée aux rois italo-normands

nous permet d'accéder à ce qu'a pu être l'institution monarchique créée à Palerme, question absolument écartée jusqu'ici et dont il est utile de préciser les contours pour tenter de cerner, sur le plan juridique, la véritable nature du pouvoir monarchique établi par les souverains normands en Sicile.

IV. — L'ÉTABLISSEMENT ET LA LÉGITIMITÉ DU POUVOIR ROYAL.

I] est bien connu qu'à l'aurore de l'établissement du principe monarchique médiéval, du x* au xure siècle, la légitimité du pouvoir royal repose sur une base qui oscille essentiellement entre l'élection et la reconnaissance par une représentation « populaire » plus ou moins large. La conception d'un droit strictement héréditaire à la monarchie n'est pas une conception médiévale et, bien que la France et l'Angleterre aient connu assez tót le principe de la succession au tróne au bénéfice d'une famille, il n'est pas douteux que l'aptitude simplement héréditaire au tróne ait dà étre complétée

par une procédure de reconnaissance effective (137). Quelquefois fondues et concomitantes, l'electio et Ja collaudatio n'en demeurent pas moins les deux formes caractérisées qui fondent la consécration légale du souverain. L'adoption de l'une ou de l'autre était affaire de pure adaptation aux

circonstances, et c'est pourquoi nous allons les voir indifféremment employées en Ttalie sous la

domination normande.

A) La Principeuté de Capous. La question est simple pour la principauté lombarde de Capoue qui ne connaissait, depuis plusieurs siècles, que le principe de la succession héréditaire, à cela près que la conquête ou l'empereur germanique avaient maintes fois imposé un candidat hors la lignée princière. Les renseignements dont nous disposons ne nous fournissent aucune précision sur la participation éventuelle du peuple à la consécration du souverain, consécration qui paraît pourtant bien avoir été de règle si l'on se référe, par prétérition, aux procédures de l'époque normande. Richard, fils d'Anquetil, qui avait été fait comte d'Aversa de la volonté et alegresce de lo $wepie (138), entreprit dés 1057 d'attirer à lui Je principat de Capoue auquel le Lombard Landolf venait d'accéder à la mort de son père Paldolf IV (139). Encerclant la ville, il mit quelques mois pour venir à bout de Ja résistance des Capouans qui, en juin 1058, cedente Landulfo, recipiunt hominem ct sacrant 15 principem (140). Il paraît hors de doute ici que le peuple de Capoue a été sollicité pour une collasdatio qui donnait au nouveau prince sa légitimité ; ce qui n'empéchera pas Richard, pour de simples raisons d'opportunité politique, de solliciter l'investiture pontificale et de se reconnattre l'homme lige du pape à trois reprises (141). Un tel exemple montre plus qu'il n'est nécessaire que la concesvi cf. Rn EICHMANN, Kónigs- wnd Bischofsweihe, dans « Sitzungsber. bayet. Akad. Wissensch., philol, hist. KJ. », t. VI, 19 p. 85. M 7) ARLYLE, A History of Mediaeval PoliticalT. vut m Londres, 1915, p. 150-155 ; SCHRAMM, À History of sh Coronation, P.141-145; Der Kénig von Fr 7-111. ut EA pi Monte CasstNo, III, 12, éd. citée, p. 127; 1 aussihi fao OsTiensis, II, 66 (P. L., CLXXIII, 673) : « Aver-

sani sibi

comitem statuerunt. »

M: 39) h$ AY, L'Italie méridionale oi L'Empire mare by 0 OSTIENSIS, III, 15 (éd. citée, [pasce

Pp

13. mis

en doute

par

H. W.

KLzwrirz

(dans

« Archiv f. Ur-

enforsch. », t. XIV, 1936. VR 414-453) parc parat douteux que les ns aientsi facilement fait de Richard 4. Aversa leur prince, alors quela soumission dé nitiveRe de la ville ne date effectivement que de 1062. Il faut, selon nous, Observer que n'obtint sa consécration qu'en reconnaissant aux gens de Capoue la garde des es et des tours d'enceinte (Leo OsTrENSs1S, loc. cif.) ; c'est sur ce point que leur résistance fut vive, et Richard n'obtint satisfaction qu'en 1062.

(141) Kaun, Italie pontificia, t. VIII, p. 205-206, n** 21, 33, 28.

320

Il

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS

LES

ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

sion romaine était parfaitement indépendante de la légitimité du titre porté par le souverain. L'évidence de cette constatation s'impose encore plus pour Jordan qui, aprés avoir succédé — sans difficultés semble-t-il — à son père Richard, sollicita en 1082 l'investiture impériale d'Henri IV,

après avoir obtenu celle de Grégoire VII en 1080 (142). À la mort de Jordan (20 novembre 1090), les Capouans refusérent de reconnaître son fils Richard, puis se révoltèrent et résistèrent à tous les assauts. Richard fut contraint de réclamer J'aide du duc Roger, et c'est seulement aprés un long siège qu'en juin 1098 la ville se rendit et que Capuam, necessitate coactis, praedicto Richardo mumtiones reddunt eumque recipientes, sibi in brincipem consacrant (143). La collaudatio populaire paraît donc bien un fait acquis en ce qui concerne l'accès des barons normands au trône lombard de Capoue. A l'analyse, la constitution du prince par le peuple apparaît cependant incomplète, considération prise de l'indispensable participation du clergé à toute electio médiévale, pour rendre pleine et entiére, par la consécration, l'autorité nouvellement acquise. C'est ce que nous confirme Falcon de Bénévent à propos de l'accession de Robert, fils de Richard II. Le 5 mai 1120, prenant acte de l'invalidité à laquelle la vieillesse avait réduit le vieux prince, les Capouans « constituérent » à sa place son fils Robert. Cela fait (ef eo constituto), l'archevêque de Capoue, aprés avoir convoqué Roffred, archevéque élu de Bénévent, et leurs suffragants respectifs en méme temps que les notables de Ja cité, consacra le prince (144). Ce qui est clairement dire que le droit de consacrer et d'oindre le souverain appartenait au prélat de Capoue, sans doute en vertu de traditions plus anciennes que la domination normande (145). La double cérémonie dut être renouvelée quelques jours plus tard en faveur de Jordan II, frère de Robert, celui-ci étant mort le 15 mai (146). Tout ce processus nous est du reste attesté de maniére trés explicite par le méme Falcon lorsqu'il nous décrit l'accession de Robert II, le 30 décembre 1127. La mort de Jordan II, le 19 décembre 1127, survenait peu aprés que Roger II eut acquis la succession de Guillaume au duché de Pouille. Honorius II, qui ne craignait rien tant que de voir Roger attirer aussi à lui la principauté de Capoue, se rendit sur place et hâta les événements. Arrivé dans la ville le 30 décembre, iJ enjoignit aux archevéques et aux abbés de se rendre sur-le-champ à Capoue pour participer à l'onction du nouveau prince. Puis, archiepiscobus Capuanus, iuxla predecessorum suorum privilegium, praesente lanto ac tal pontifice Honorio, cum turba virorum religtosorum quae convenerat et episcoporum. conveniu, pracdicium Robertum in principatus honorem insnxit et confirmavil (147). Le caractére parfait et accompli que seule l'onction du prélat consécrateur pouvait conférer au prince élu, nous est à nouveau mis en évidence à propos d'Alphonse, fils de Roger II. En septembre I130, Anaclet II avait reconnu à Roger le principat de Capoue avec toutes ses dépendances, tel que les princes de Capoue l'avaient jusque-]à tenu (148) ; l'acte pontifical faisait ainsi passer Robert, alors prince de Capoue, de Ja vassalité du Saint-Siége dans celle du roi de Sicile, promotion qui n'était pas sans précédent puisque, en 1098, Richard Ier avait reconnu le duc Roger Borsa pour son

seigneur, en compensation de l'aide que celui-ci lui avait apportée pour reprendre possession de Capoue. Mais dans la lutte que Papauté et Empire entreprirent pour arracher l'Italie méridionale à J'emprise de Roger II, Innocent II et Lothaire parvinrent à amener dans leur camp le prince Robert II qui, par la suite, fut Jeur plus fidèle allié. Roger paraît néanmoins avoir réagi avec modé142 KEHR, p. 208, n° 31-33. 143 Chronicon Casinense auctore Petro, IV, 10 (P. L., CLXXIII, 832). 144 FALCON DE BÉNÉVENT, P. L., CLXXIII, 1179 : «... Capuanus archiepiscopus, convocatis episcopis, aliisque viris prudentibus et Roffrido Beneventano electo, die ascensionis Domini, quinto die ipsius maii stante, principem illum consecravit. » 145) KANTOROWICZ, « Laudes regiae »..., p. 163.

140)

FALCON DE BÉNÉVENT, loc. cit.

147)

Ibid., 1196.

145)

Kxun, /talia,... t. VIII, p. 211, n? 52.

321

II

ration devant la trahison de son vassal et, en 1134, aprés avoir reconquis la principauté, il offrit à Robert le choix entre deux options, choix qui, s'il avait été accepté, aurait restauré l'intégrité

de l'ancien État lombard. Le prince crut bon de refuser, ce qui amena Roger à confier temporairement au chancelier Guarin et à l'émir Jean le gouvernement et Ja défense de Ja principauté. Durant l'hiver 1134/35, les troupes royales durent céder devant les forces conjuguées des rebelles ; mais

aprés avoir reconquis la principauté à l'automne de 1135, le roi se décida à réformer l'organisation de cette partie du royaume (149). Il opta, entre autres, cwm [favore optimaiwm militumque omnium (150), pour la concession du principat à son fils Alphonse, et s'il ne put immédiatement faire entériner sa décision, c'est que Capoue était alors démunie de pasteur, l'archevéque Pierre, jadis consacré par l'antipape Anaclet, venant d'être déposé par Innocent II (151). C'est seulement quel-

ques jours plus tard, lorsque les Capouans eurent procédé à l'élection d'un nouveau prélat, que Roger se présenta dans la ville. On procéda à l'installation du nouvel archevéque Guillaume, aprés quoi le peuple et le clergé introduisirent solennellement leur jeune prince (152).

Méme si elle s'explique par la pression des événements extérieurs (153), la conduite de Roger II en pareille occasion manifeste un trés rée] respect des traditions juridiques. I] serait intéressant de savoir si, toute influence externe absente, la légalité a été aussi scrupuleusement observée lorsque, à la mort d'Alphonse (10 octobre 1144), son frére Guillaume lui succéda, ou lorsque, ayant associé celui-ci au trône en 1151, Roger principalum Capuanum propriis manibus retinuit (154) ; tout renseignement fait, hélas ! défaut sur ce point. Ou encore si les couronnements de Guillaume Ier, de Guillaume II et de Tancréde comme « rois de Sicile, du duché de Pouille et de Ja principauté de

Capoue » ont été suivis de l'élection et de la consécration traditionnelle par le peuple et l'archevéque de Capoue. I] eüt fallu pour cela que ces princes acceptassent de se rendre dans J'ancienne capitale lombarde, ce qui n'est jamais arrivé. En sorte que Roger II, volontiers représenté comme

un autocrate foulant aux pieds toute légalité propre à diminuer son prestige, paraît bien avoir été le seul à avoir tenu la main au respect des formes constitutionnelles, tout au moins en ce qui concerne

la principauté capouane. B) Le duché de Pouille. Le duché de Pouille, réalisation normande, était par cela méme apparemment exempt de toute tradition italienne quant à la base et aux formes selon lesquelles il était tenu. Nous disons apparemment, car il est difficile de déterminer dans quelle mesure les ducs de Pouille n'ont pas cherché à rattacher 'honor ducaius à des fondements plus tangibles, à une réalité italienne en laquelle Jeurs

sujets lombards pussent retrouver un pouvoir familier ; nous voulons parler du duché de Salerne qui, avec Guaimar V et Gisolf IT, avait acquis depuis le début du xi? siècle une prépondérance de fait sur les autres principautés Jombardes (155). Le mieux, semble-t-il, est de suivre la progression de la notion ducale au fur et à mesure de la

conquéte normande. Encore convient-il de remarquer que si Je duché de Pouille était, dans le domaine des faits, une œuvre normande, il ne l'était pas quant à la conception. L'idée d'un duché (149) (150) 151)

Pour tout ceci nous suivons E. M. JAMISON, The Norman Administration..., p. 249-250. ALEXANDRE DE TzLEsE, III, 27 (p. 639). Ken,

lfalia pontificia, t. VIII,

p. 225, n^ $1.



.

.

|

M 52) ALEXANDRE DE TELESZ, III, 31 fp. 640) : *... Regis filio... Anfuso clerus et populus, singulas processiones facientes, in urbem introduxerunt. Ubi scilicet omnes principatus Capuani proceres convenientes, novo principi submissi, hominio suo fidelitatem juravere, salva tamen regis filiique eius fidelitate, qui ei in regnum successurus erat. » (153) Comme parat le suggérer JAMISON, loc. cit. 5 ROMUALD DE SALERNE, p. 231. 155) GAY. op. cit., p. 465-466, 475, 484, 505.

322

II

L'INSTITUTION MONARCHIQUE

DANS LES ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

de Pouille semble plutôt née dansle sud de la péninsule de la désagrégation de la puissance byzantine et de certaines conjonctions que l'imprécision de notre matériel documentaire ne permet pas encore d'éclairer complètement.Le titre de dux Afulie et Calabrie apparaît pour la première fois au début de l'année 1043, assumé par Guaimar V, prince lombard de Salerne, à l'apogée de la domination qu'il a réussi à établir sur l'Italie méridionale, gráce à l'appui des premiéres bandes normandes et à une savante diplomatie à l'égard de l'Empire germanique et de l'Empire byzantin (156). Titulature d'ailleurs éphémére et sans conséquences, que Guaimar ne revét déjà plus en 1047 (157) ;

mais l'idée paraît avoir fait son chemin puisqu'en mars rosr, Argyros, gouverneur des États byzantins d'Italie, débarque en Pouille investi d'une autorité nouvelle (158) et du titre jusque-là

inconnu

de uávwrpoc

l'innovation

Béornçe

guaimarienne

xal 8066

suggérée

"IraMa recouvrant chez les Byzantins

'iraMae,

Kaïa6pias

xal XuxeXMaq (159).

par la cour germanique une

entité

géographique

Réplique

grecque

à

? C'est vraisemblable, le terme identique à l'Afulia

italienne

(160). En tout cas, il reste le seul titulaire de la dignité de duc d'Italie et de Calabre jusqu'au moment où Robert Guiscard, aprés avoir succédé à son frère Onfroi à la tête des comtes normands d'Italie, reçoit en août 1059 de Nicolas II l'investiture du duché de Pouille (161). Du point de vue

formel, Guiscard se présente donc comme l'héritier d'un titre récent et d'un contenu d'autant plus vague que ni Guaimar V, ni Argyros n'avaient exercé un pouvoir suffisant pour le justifier ; c'est au Normand qu'il allait incomber de le concrétiser, méme si, au moment où il le recevait du pape, la domination de l'Italie méridionale restait aux trois quarts un programme d'action. L'investiture pontificale d'août 1059 est d'ailleurs totalement indépendante du pouvoir juridiquement dévolu à Robert Guiscard, ce que souligne parfaitement l'unanimité des chroniqueursqui s'abstiennent de mentionner l'acte de Nicolas II et ne font procéder l'homor ducatus que d'une promotion sur la nature de laquelle ils se taisent et qu'il nous faut maintenant tenter de déterminer. En février 1042, s'étant brouillés avec Atenolf, prince de Bénévent, les seigneurs normands qui n'étaient alors que des chefs de bandes mercenaires, se donnèrent pour chef Argyros, fils de Melo, leur premier maitre (162). Mais, quelques mois plus tard, Ja trahison de celui-ci les incite à choisir parmi eux le seigneur que leur fortune naissante rend nécessaire. C'est alors qu'ils élisent pour (156) Codes diplomaticus Cavensis, t. VI, p. 225, n° 1019. Cf. GAY, of. cil., p. 472-475. Peut-être, comme le pensait E. MavEn (ltalienische VerlassungsgeschicMe von der Gothenreit bis rum Zunfthorrsthaft, Leipzig. 1909, t. II, p. 13. n. 59). le titre a-t-il été conféré à Guaimar par Conrad II. (157) MAYER, loc. cit. En jener Io js les clercs de la chancellerie lombarde reconnaissent encore à Guaimar et à son fils le titre de pps pulias et tard (ibid., p. 28).

Kalabriae 1 od. difi. Cavensis, t. VII, p. 26) : ce titre disparaît de leurs actes deux mois plus

{ 53 GAY, op. cil., p. 479 159) Surcetitre, cf. F. TRINCHERA, Syllabus graecarum membranarum, Naples, 1865, p. 53, n° 42: sigillion de mai 6562 ros ; G. ROBINSON, dans « Orient. christ. », t. XV, 2, 1929, p: 160, n? 5: sigillion de juin 6562/1054. (160) M. ScutPA, Le « Italie » del medio evo ; per la storia del nome d'Italia, dans « Árch. stor. prov. napolet. », t. XX, 1895, : 395-441. . . : . .

P (161) n février 1047, c'est du comté de Pouille qu'Henri III investit Dreu (AMATO DI MONTE CassiNo, III, 2 p. ( 117] ; Lxo OsrtiENsis, II, 78 [éd. cit., 684). Nous avons montré (Les fondalions monastiques de Robert Guiscard, art. à par. dans

«Quell. u. Forsch. », t.

XXXIX, 1959), comment

le diplôme de date incertaine en faveur de la Trinité de Venosa dans lequel

Dreu prend le titre de dux e! magister Italie devait être considéré comme falsifié. En 1048 Dreu est

de comes Apuliae (Chronicon Casin., III, 15

[éd. cit., 728]). A la mort de celui-ci (9

blérent avec Guaimar pour pourvoir à sa succession : « Et fut fait conte Umfroi,

six0,

111, 22

(p. 138]).

Postérieurernent,

il n'est jamais

question de Onfroi que

qualifié par Léon d'Ostie

août 1052) les

chefs normands

comme

de

s'assem-

e de Drogo » (AMATO DI MoNTE « conte

Puille

CAS-

» (ibid., III,

43, P- 159) ; celui-là mort (1057), « Robert son frère ut l'onor et la cure de estre conte » (sbid, IV, 2, p. 181). Sur le fait que les trois premiers chefs normands n'ont jamais porté d'autres titres que celui de comte de e, cf. Breve chronicon Norimannicum, RR.ILSS., V, 278 : « ...Duce Guillelmo Ferrebrachio, qui intitulatus est primus comes Apuliae (1045)... et fuit Drogo dux eorum, qui fuit secundus comes Apuliae qos , Anno ML VI. Mortuus est Humphredus et intravit comes Apuliae Robertus, qui dictus est Guiscardus. Anno MLIX. Robertus comes Apuliae factus est dux Apuliae, Calabriae et Siciliae a papa Nicolao. » Selon Amato (IV, 3(p. 184]). dont il semble que l'on doive suivre le récit, c'est en juin 1059, après la prise de Reggio, donc en dehors de toute inspiration pontificale, que Guiscard fut u au rang ducal. Ct. égalemen MALATERRA (I, 35 [p. 231), Lao Osriansis (III, 15(728]). RoMUALD DE SALERNE (p. 154). ss" e

AMATO D! MONTE

4, IX, 1, 430.

NO, IT, 28 (p. 91) ; GUILLAUME DX

POUILLE, Gesla Roberti Wiscardi, éd.

WiLMANS,

M.G.H.,

333

Il

comte Guillaume Bras-de-Fer, fils de Tancrède de Hauteville (163). Conscients de leur force et

soucieux de donner à leur domination une assise terrienne qu'impliquait normalement le comté reconnu à Guillaume, ils se rendirent auprès de Guaimar V qui ne pouvait que déférer à leur Jégitime désir, et exigérent qu'il fût procédé à un partage des terres « aquestees et a aquester ». Chacun des douze chefs normands reçut en domaine du prince salernitain une ville avec ses terres environnantes, aprés quoi Guaimar fut reconnu comme suzerain des terres ainsi concédées (164). Telle est la base de l'établissement des Normands en Italie : congue sur le mode des rapports féodovassaliques, inconnus jusque-là de ces régions méridionales, elle apportait au moins à Guaimar un appui auquel les serments d'hommage conféraient une solidité et une sûreté que la puissance princiére avait toujours ignorées. Cela ne pouvait aller sans singularités : lorsque Rainolf, comte d'Aversa, mourut sans héritier en juin 1045, les Normands d'Aversa se rendirent auprés du prince

Guaimar pour lui demander de pourvoir à sa succession. Le geste normand était orthodoxe, puisque c'est de Guaimar que le défunt tenait ses terres ; la réponse du prince le fut moins et témoigne d'une réaction peu conforme à l'ordre nouveau introduit par Jes Normands. Il pria ceux-ci de lui désigner l'homme qu'ils désiraient voir succéder à Rainolf. On s'accorda ou, plus exactement, les Normands élirent Anquetil, neveu de Rainolf ef a lui confermerent qu'il lo vouloient servir. Guaimar se rendit à Aversa oü, au milieu de l'allégresse générale, il investit solennellement le jeune comte (165). Cet épisode curieux montre à tout le moins que, méme à l'échelle du comté, l'élection constituait le mode normal de constitution d'un pouvoir hiérarchique (166). Cela étant, la première forme donnée par les Normands à leur établissement en Italie, d'un dessin encore peu net, a tous les caractéres d'une politique de transition destinée à réserver l'avenir sans dresser aucune susceptibilité. I] est hors de doute que chacun des douze « pairs » normands s'est vu élever au rang de comte (167), ce qui entraînait la création d'autant de comtés dans des régions où la puissance byzantine n'avait jamais autorisé le moindre morcellement territorial. Couronnant cette pyramide, Guillaume Bras-de-Fer est reconnu par ses compagnons comme chef de la communauté avec le simple titre de coste de Puille (168), ce qui fait de lui le suzerain qui investit et confère la chevalerie à ses fidèles (169): le comté d'Aversa, premier centre de ralliement des Normands,

paraît d'autre part être tenu à l'écart de l’ensemble apulien : tenu du prince de Salerne (170) — alors que nous ne sommes nullement certains des rapports liant le comte de Pouille à Guaimar, — son titulaire reçut en janvier 1047, au même titre que Dreu, l'investiture de ses États de l'empereur

Henri III (171). Quoi qu'il en soit, l'élection qui caractérise si nettement l'élévation au comté des seigneurs d'Áversa (172) demeure, avec une assise sans doute plus définie, l'unique fondement du pouvoir conféré au comte de Pouille : cela est sans discussion, durant l'été 1046, lorsque Dreu (163)

AMArO..., IT, 29 (p. 9395! : * ... Et ordenerent entre eaux ensemble de faire sur eaux un conte... Et quant li Nor-

mant orent ensi fait et ordené

T4

165) 166) volonté (167) vitas

Ibid., IL, 31

(p. 95-96).

lor conte, iis lo mistrent a se devant... Et li Normant li obedirent coment servicial. »

Ibid.. II, 32 (p. 97-98). Rainolf mourut quelques semaines plus tard ; Guaimar le remplaça par Raoul, fils d'Eudes Chapel, qui « o grant de lo pueple fu fait conte de Averse » (ibid., p. 99). GUILLAUME DE PoviLLE, I, 245 et ss. : « [Normanni] omnes conveniunt et bis sex nobiliores, /Quos genus et moram decorabat et aetas / Elegere duces: provectis ad comitatum / His alii parent ; comitatus nomen honoris /

o donantur, erat. »

(68

AMATO DI MONTE CassiNo, II, 35 (p. 101).

169) Ibid., p. 103 : « Li conte de Mars [es], li potent fil de Burielle et tuit li grant home liquel habitoient entor lui, se faisoient chevalier de sa main et recevoient gran dons. » 170) Cf. supra pour Rainolf I*t, Anquetil et Raoul. Lorsque Raoul Trincanocte, élu par les Aversains, est substitué à ul Chapel, il est appelé devant Guaimar V à qui il prête hommage et de qui il reçoit l'investiture de son comté : « Et encontinent qu'il fu clamé, il vint et sub sacrament se mist sous la seignorie de lo prince. Et ensi fu investut de la main de lo prince o confanon et molt de domps » (AMaro, II, 39 [p. 1061). Pourtant, l'année suivante, en janvier 1047. Dreu et Rainolf sont es

tie de leur comté par l'empereur Henri LIT

(ibid., III, 1 [p. 117]

; Leo OsrtsNsis,

II, 78 (684

]).

171 . D. 170, in fine. 172) Ct. textes cités dans les notes précédentes ; par Auerseni il n'y a pas de doute que nous devions entendre les cheers normands du comté.

324

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succède à son frère Guillaume (173) et en août 1051, après l'assassinat de Dreu, pour son frère Onfroi (174). Cela l'est tout autant en x057 lorsque, à la mort d'Onfroi, Robert Guiscard rechwt l'onor de la contéet la cure de estre conte (175).

C'était donc au moins une tradition bien établie que celle de l'élection du chef normand lorsque la mort de Guiscard, survenue inopinément à Céphalonie en juillet 1085, posa le probléme de sa succession. La fin prématurée du grand héros normand advenait à un moment difficile de la campagne entreprise contre l'Empire grec ; elle en provoqua la conclusion forcée, ce qui est assez dire quelles soucis majeurs qu'elle souleva furent d'abord d'ordre militaire (176). Les conséquences de la mort de Robert Guiscard étaient dramatiques quant à l'avenir des États normands d'Italie, car l'unité territoriale, difficilement acquise, avait reposé sur les seules épaules

de Guiscard et, si le comté siculo-calabrais était d'ores et déjà fortement assuré entre les mains de son frère Roger dit Bosso, le duché de Pouille tenait encore trop, au dehors comme au dedans, au

seu] prestige guiscardien. Et surtout les revendications longtemps réprimées des grandes vassalités apuliennes n'attendaient que la moindre opportunité pour s'exprimer pleinement, sans compter une rivalité possible entre Bohémond, fils d'un premier mariage avec la normande Auberée, et Roger dit Borsa que soutenait de toute son ambition J’ardente duchesse Sikelgalte. Sans doute à son instigation, prévoyant les difficultés que n'aurait pas manqué de soulever la succession ducale si on y avait différé jusqu'au retour en Italie, et profitant de ce que Bohémond, malade, avait dû être évacué au printemps de 1085, Roger Borsa, sitôt informé de la mort de son père, se rendit au camp ducal pour y annoncer l'événement et, sans plus attendre, sollicita de l'armée qu'elle consacrát ses droits à la succession paternelle. La réponse lui fut favorable et les chefs vinrent prêter serment au nouveau duc (177). Aucun chroniqueur ne souffle mot de l'accueil que Borsa reçut des populations italiennes à son retour dans la péninsule. Bien sûr, l'atné évincé n'entendit point se plier devant le fait accompli et entraîna avec lui un certain nombre de mécontents (178). Peut-être même la menace de boulever-

sements profonds se fit-elle un moment grave, au point que Borsa dut faire appel au comte de Sicile (179) et que, pour prix de son aide, il lui accorda les concessions si considérables que l'on

sait. Mais il est intéressant de voir que, sur le fond, aucune querelle ne paraît avoir été agitée, ce qui permet de conjecturer que l'opposition de Bohémond avait pour raison la part, trop modeste à son gré, de l'hérédité paternelle qui lui était laissée. De toutes façons, nous constatons que Bohémond ne tarda pas à se réconcilier avec son frére (180). Trés vraisemblablement considérée comme insuffisante pour soutenir les prétentions de Borsa à la couronne ducale, la consécration militaire de Céphalonie fut complétée par une assemblée représentative des grands vassaux italiens, tenue ira) AMATO DI MONTE CASSINO, II, 35 "a 193). . . 174 Ibid. HI, 22 (p. 138) : « Et s'asemblerent li Normant puiz la mort de Drogo, et Guaymere. Et fu fait conte Umroi, frere de Drogo. » (175) 1bid. IV 2 (p. 181). Cf. MALATERRA, I, 18 (p. 18) : « Susceptus a patriae primatibus, omnium dominus et comes in loco fratris effecitur. s | (uo F. CHALANDON, Essai sur le règne d'Alexis Comnène, Paris, 1900, p. 93. | | D. | 177) La seule source que nous puissions utiliser ici est GUILLAUME DE PoutLLE, V :« Castra Rogerius adit patris, interitusque paterni / Notitia populum communicat anxius omnem / Consiliumque petit, privandum namque fatetur | Ni redeat propere, se iuris honore paterni / Haeredem cuius pater hunc indixerat esse : / Illi promittunt omnes se corde fideli / Sicut servierant patri servire paratos, / Sitque coadiutor transgressibus aequoris illis / Unanimes rogitant, populo favet ille ,

roganti. »

a 78) M 79) certe in n 80) de

la

CHALANDON, Histoire de la domination normande... t. I, p. 389 et sa. 2. | MALATERRA, IV, 1 (p. 85) : «Igitur Rogerio comite nepotis utilitatibus, ut eum plenius in ducatu Calabrensi vel Principatu et dominatiône Apulie contra volontatem aemulorum suorum solidarat, intendendo preoccupato... » C'est chose faite en mai 1086 (MALATERRA, IV, 4 [p. 22! et les deux frères souscrivent le méme diplôme cn faveur

Trinité de Venosa oü leur pere avait été inhumé (cf. notre

Catalogue des actes des ducs de

Powille,

à paraître

prochai-

nement, n? 49). La paix définitive n'a toutefois été établie qu'en 1089 (CHALANDON, op. csl., t. I, p. 295), après des luttes assez dures. Jusqu'à cette date, Roger ne s'intitule dans ses actes que ducis Roberti filius ; ce n'est qu'après le traité conclu à Melfi en septembre 1089 qu'il prend le titre définitif de Robberti mapnifici ducis heres ef filius.

326

IT

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS

LES

ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

dans le courant de septembre 1085 (181); on y procéda sans doute à une slecñio en bonne et due forme, puisque c'est à cette date que s'établit le point de départ du comput de l'annss ducatus (182). Intervenue dans des conditions beaucoup plus paisibles, la succession de Borsa, au bénéfice de son fils Guillaume, en février 1x11, s'est accomplie sans le moindre dilemme et paraît avoir été con-

sidérée par les contemporains comme tellement normale qu'aucun annaliste n'en donne le commentaire. Romuald de Salerne, Je plus loquace, se borne à noter que Willelmus, filius eius, in honore

ducatus eius successit (183). La régularité du principe successoral faisait-elle apparaître l'élévation

de Guillaume comme un droit acquis, exclusif de toute autre forme constitutive ? En ce début du xii1? siècle, il serait bien hardi de l'affirmer, alors que, nous l'avons vu, la principauté capouane,

où l'hérédité paraît de règle, maintient encore la tradition de la collaudatio et de la consécration ecclésiastique. Il est bien plus probable que Guillaume a dû se plier aux formes procédurales de la promotio ducalis, et sur ces formes les péripéties de la prise de possession du duché par Roger II, en 1127, éclairent l'exégèse de façon très pertinente. Alexandre de Telese nous a conservé à ce sujet un rapport dont la précision fait l'une des plus belles pièces du dossier que l'on peut former sur l’élaboration constitutionnelle des principautés médiévales. « Lorsqu'il apprit que le duc Guillaume venait de mourir à Salerne, Roger fut grandement attristé d'avoir été tenu dans l'ignorance de ce décés et du fait que le duc, étant encore en vie, avait établi

qu'il ne constituerait pas d'héritier s'il décédait sans enfant (184). » C'est pourquoi, sans retard, i] se fit conduire à Salerne par bateau. Approchant de la ville, il dépécha des envoyés aux habitants pour que ceux-ci consentissent à se soumettre à ]ui, arguant que c'était à lui plutót qu'à tout autre qu'il appartenait de recevoir la cité ture successionis (185). Avec une mauvaise foi évidente (186),

les Salernitains répondirent qu'ils ne se soumettraient en aucune fagon à Roger II parce qu'ils avaient déjà éprouvé suffisamment de mal sous le gouvernement du duc Guillaume et de ses prédé-

cesseurs ; et comme les envoyés comtaux s'étaient irrités d'une telle diffamation, Jes Salernitains tuérent l'un d'entre eux, nommé Sarlon (187). Roger, réprimant avec une extrême patience la colére provoquée par la réponse et ce geste absurdes, renvoya une autre ambassade adjurant les habitants quatinus quod sibi justum ad habendum erat, non denegarent. De quelque façon que l'on analyse Ja situation, il est impossible de ne pas reconnaître le bien-fondé de la requête de Roger, car, s'il est un fait que Guillaume paraît n'avoir point songé volontairement à pourvoir à sa succession — à défaut d'enfants, Jes circonstances, l'époque et le jeu des traditions constitutionnelles ne J'eussent certainement pas permis, — il n'en reste pas moins que le comte de Sicile était le plus proche parent du défunt et qu'en tant que tel il était bien le mieux autorisé à exciper d'un fus successionis au duché de Pouille. Le jeune comte a-t-il chargé ses ambassadeurs

d'une mission impérative, assortie de menaces éventuelles pour le cas où les SaJernitains neserendraient pas à ses raisons ? L'abbé de Telese n'en parle pas mais c'est fort improbable, à en juger par la manière avec laquelle les gens de la ville repoussérent les envoyés comtaux. I] est remar(181)

CHALANDON, t. I, p. 287.

182]

Cf. l'étude diplomatique

183) 184)

RoMUALD DE SALERNE, ALEXANDRE DE TELESE,

qui précède notre Calalogue des actes des ducs de Pouille, à paraître. CAronicon, p. 206. I, 4 (RR 1LSs.. V, 615).

18s) Dans le chapitre V de sa chronique, ALEXANDRE DE TELESE contredit ce qu'il vient de dire lorsqu'il fait déclarer par Roger 11 « quod et Guillelmus dux si ex conjuge nato cariturus esset haerede, vivens ci concesserat [dominatus eiusdem civitatis] », alors qu'il ne peut faire de doute que, dans le chap.

I, 4, si Roger II a été affligé du retard avec lequel lui est

parvenue la nouvelle de la mort du duc, c'est que « ut sibi vivens statuerat dux, si filium non haberet, se [comitem Rogerium ] haeredem non fecisset ». La version officielle, rapportée quelque 70 ans plus tard par ROMUALD DE SALERNE (p. 214): * Comes vero Roggerius, audita morte Willelmi ducis, qui eum heredem instituerat », est en contradiction avec tout ce que nous savons par ailleurs. (186) Cf. le portrait que RoMvALD trace de Guillaume, cors et a suis bominibus multum dilectus » (p. 214).

« humilis, benignus et patiens, affabilis omnibus,

pius et miseri-

(187) ALEXANDRE DE TELESE, I, 5 (p. 617).

327

Il

quable aussi de voir avec quelle discrétion Roger est venu faire ses représentations, dépourvu de tout appareil militaire. L'armée sicilienne, qui avait été à plusieurs reprises d'un secourssi efficace dans les affaires ducales, était alors sans conteste la plus puissante de l'Italie méridionale, sinon de l'Italie tout entière, et l'assaut de Salerne n’eût point été pour elle une épreuve si considérable.

Négligeant tout autre argument (188), le comte de Sicile est venu dans l'ancienne capitale lombarde pour faire simplement reconnaítre son bon droit. La constance et la modération avec lesquelles il a pratiqué en cette occasion ne sont point de l'autocrate que l'histoire contemporaine a si tendancieusement vu jusqu'ici en lui. Les Salernitains eux-mêmes, aprés bien des tergiversations (swfer hoc sterum aique iterum multipliciter secum conferentes) et tirant parti de l'avantage quileur était donné, finirent par demander qu'en échange de leur reconnaissance le comte leur concédât la garde des fortifications de Torremaggiore. Roger accéda à leurs exigences et, aprés avoir reçu le serment de fidélité de tous les citoyens (189), il entra dans la ville (190). Quelques jours plus tard, il fut consacré dans la cathédrale où il reçut l'onction princière des mains d'Alfan, évêque de CapaccioPesto (191). Cette consécration, précisément, qui contrairement à toute attente n'a pas été administrée par Romuald Ier, le grand prélat salernitain, mais par le modeste évêque d'une petite cité

voisine, doit attirer notre attention sur l'acte constitutionnellement gros d'importance, accompli par Roger II en juillet 1127. Encore que ceci ait été une opération de haute politique, puisque sans

coup férir elle Jui valut d'obtenir toute la région salernitaine, Amalfi et méme Bénévent (192), il convient de se demander la raison profonde qui a poussé Roger à venir réclamer à Salerne plutót qu'ailleurs Ja succession du duc Guillaume et, plus encore, ce qui l'a conduit à le faire avectant de diplomatie. A cette dernière question, la réponse paraît simple : c'est sans doute, comme nous l'avons laissé entendre, que les titres légitimes du comte de Sicile, et Ja force qu'il aurait pu employer pour les faire reconnaître, n'étaient pas suffisants pour l'imposer légalement comme duc de Pouille ; il y fallait l'élection populaire et la consécration ecclésiastique. Aussi bien la démarche de Roger doit-elle s'analyser en premier comme déterminée par le souci de respecter les formes constitutionnelles. Mais pourquoi collaudatio et consecratio salernitaines ? Pour répondre à cela, il faut vraisemblablement chercher sous la « façade » ducale, telle qu'elle avait été assumée par Roger Borsa et son fils Guillaume, une réalité plus modeste. Et tâcher d'estimer à quelle sphère s'étendait exactement le pouvoir ducal. Or pour obtenir l'assentiment résigné de son frère Bohémond, Borsa avait dû lui reconnaître la possession du principat de Tarente et d'une région qui s'étendait de Conversano à Brindisi (193) ; il n'est pas douteux, non plus, que le jeune duc avait dû payer l'electio féodale de septembre 1085 d'une indépendance à peu prés totale laissée à ses cousins, maîtres des immenses fiefs de Loritello, Trani, Conversano, etc... Nous savons, par ailleurs, que les ducs Roger et Guil-

laume avaient été contraints de se dessaisir peu à peu de toute la Calabre,au profit du comte de Sicile (194). Si l'on retranche encore de l'influence ducale le principat de Capoue, tenu du Saint-Siége (195), i] ne reste plus au pouvoir des débiles héritiers de Guiscard que Bari et les «urbes ducales enre(188) Contrairement aux propos forcément tendancieux du représentant de l'hostilité bénéventaine qu'est FALCON DE BÉNÉVENT (of. cif., 1 194) : * Navigiis septem paratis (in armis siquidem et omnibus necessariis, Salernum advenit). » (189) Ibid., 1195 : « Cives illi, consilio communicato, civitatem Salerni eius sub fidelitate commiserunt. Sacramentis civium omnium diligenter firmatis pollicentes suam nusquam deserere dilectionem. » Le discours que FALCON (1194-1195) fait tenir par Roger aux Salernitains, et les pourparlers auxquels il fait rapidement allusion, correspondent au récit d'ALEXANDRE DE TELESE q 6-7 [p. 617)) qu'ils complètent sur certains points. 190)

Cf. supra, n. 189.

192)

FALCON

191)

ROMUALD DE SALERNE, p. 214: « Qui in eadem civitate ab Alfano, Caputaquensi episcopo, est unctus in principem. » D& BÉNÉVENT,

loc, cul,

193) MALATERRA, IV, 4 (p. 87): Bohémond obtient Oria, Tarente, Otrante, Gallipoli et les domaines tenus par Geoffroi de Conversano. Cf. ALEXANDRE DE TELESE, I, 12 (p. 618) : en 1128, Tarente, Otrante, Brindisi, Oria sont « urbes Boamundi iuris ». (124) Sur ce point, cf. les détails que nous avons donnés dans : « Amiraiws-Ay noc », l'émirat ef les origines de l'Amiraufé,

Paris,

1959.

(195) En mars 1118, le prince Robert, en méme temps que d'autres barons, avait fait hommage à Gélase II (Keën, Jíalia

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Il

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MONARCHIQUE

DANS LES ÉTATS NORMANDS

D'ITALIE

gistrées par Alexandre de Telese en 1127, c'est-à-dire Salerne, Troia, Melfi et Venosa (196). La

conjoncture et la faiblesse des ducs ont ainsi réduit, à peu de choses près, l’État constitué par Robert Guiscard aux dimensions de l’ancienne principauté lombarde de Salerne. Les ducs eux-mêmes paraissent avoir largement consacré cet état de choses et, par les rares aspects de leurs gouvernements qu'il nous est aujourd'hui possible de saisir, ils se présentent à nous comme les stricts continuateurs de la longue lignée des princes lombards de Salerne, à Salerne dont ils ont fait Jeur capitale et le siége permanent de leurs activités (197). Leur chancellerieet ]a diplomatique de leurs actes ne marquent pas la moindre solution de continuité par rapport à celles de leurs prédécesseurs lombards (198), à l'image desquels ont été fidélement conservés leurs coutumes et principes d'action (199). Au bout de cette route, sinon Roger Borsa, du moins Guillaume n'était plus finalement qu'un modeste dynaste dont le titre de dux Apulie était une simple fiction. Et c'est peut-être par cette

constatation que l'on parvient le mieux à reconstruire l'édifice politique et juridique empiriquement institué en Italie méridionale par les Normands, durant le premier siécle de leur domination. Ce qu'à Salerne Guiscard et ses successeurs ont reçu par la collaudatio, c'est la modeste approbation du peuple au principat lombard dont leur ville était la capitale ; si en 1127 Roger II a regu

l'onction de l'évêque de Capaccio-Pesto — l'antique Paestum jadis capitale de la principauté, — c'est en vertu d'une trés ancienne tradition qui faisait de l'as£istes capaccien le prélat consécrateur des princes de Salerne (200). Toute différente était la promotion au duché de Pouille qui, politiquement comme juridiquement, ne pouvait procéder que d'une élection des vassi normands. Guiscard l'avait reçue à Reggio, aprés la conquête de Ja Calabre, en juin 1059 (201) et rien ne s'oppose à ce que son fils Borsa y ait aussi entendu les acclamations de ses vassaux lors de l'electio féodale de septembre 1085 ; en tout cas, c'est aussi à Reggio que Roger II alla chercher sa promotion ducale, quelques jours aprés son « couronnement » salernitain (202). Durant ce début de l'été 1127, les démarches successives qu'il a accomplies ont donc été celles d'un individu se pliant trés

simplement à une procédure nettement fixée. Si bien qu'il convient de se demander quel a été le chemin suivi dans la dissociation du duché de Pouille et du principat de Salerne. A Guaimar V, assassiné en juin 1052 par la conjuration amalfitaine à laquelle s'étaient associés les parents de sa femme (203), avait succédé son fils Gisolf II, qui dés 1074 soutint le parti pontifical contre les Normands (204). Le serment prété par Guiscard au Saint-Siége en 1059 et en 1062 n'avait

fait aucune mention des limites imposées au pouvoir ducal de Salerne, mais lorsque Guiscard s'empara de la cité en décembre 1076, il ajouta à l'ire grégorienne, qui entendait maintenir la division traditionnelle aux frontiéres de l'État pontifical. Aussi bien, encore qu'acceptant les données ac-

tuelles de la domination guiscardienne, en juin 1080, Grégoire VII investissant le duc de Pouille fontificia, t. VIII, p.210, n? 12. remettant ainsi en question la vassalité dans laquelle Richard II s'était mis vis-à-vis du duc Roger en juin 1098, en éc e de l'aide apportée par celui-ci à la reconquête de Capoue (ibid., n° 41). (196)

(ron 193)

ALEXANDRE DE TELESRE,

I, t (p. 616).

.

Ceia est trés net à la seule lecture du catalogue des actes expédiés par eux. Cf. notre Étude diplomatique des actes des ducs de Pouille.

(199) Un ex. entre beaucoup d'autres : en août 1092, Roger Borsa, duc de Pouille, en litige avec l'archevéque de Salerne, se prévaut de la consuetudo Longobardorum principum (JAFFÉ-LOEWENFELD, 5466, dans J. von PrLUGK-HARTTUNG, Acia fontificum romanorum inedita, t. II, p. 149-150, n? 184). (200) Cf. la note additionnelle de KEHR à son article Die

* Quellen u. Forsch. », t. XXV, eod!

Belehnungen

1933/34. p. 311-313, et KANTOROWICZ, «

Cf. supra, n. 161.

der sidilalienischen

Landes regiae », p. 163.

Normannen/ürsien,

dans

.

(204) ROMUALD DE SALERNE, p. 214 : « Qui [Rogerius] in eadem civitate [Salerni] ab Alfano, Caputaquensi episcopo, est unctus in principem. Dehinc Regium veniens ibidem in ducem Apulie est promotus .» (203) KEHR, Italia pontificia, t. VHI, p. 333 ; I.. von HEINEMANN, GeschicMae der Normannen in l’nieritalien und Sicilien... Leipzig. 1894,

(204) MEYER

P. 348

VON

p. 131-133

: CHALANDON,

of. cit. t. 1, p. 131 et ss.

2L

NONAU, JaÀrbücher das deutschen Reiches unter Heinrich IV. und Heinrich

2.

V., t. I1, Leipzig, 1901,

et 416-418.

329

H

fit expressément réserver le cas de Salerne, unde adhuc facia non est definitio (205). Gisolf II, après bien des résistances, avait pourtant promis sous serment à Guiscard, en mai 1077, « que

par soi,

ne par autre, mai non cercera lo principée de Salerne » (206). L'accueil méme fait par les Sajernitains à Guiscard lors de la deditio de la cité (207),et un style de datation désormais ininterrompu qui conduit les notaires salernitains à dater leurs actes en fonction de l'annus regni principatus Salern: Roberts ducis (208), ne laissent point de doute sur le couronnement de Guiscard comme princeps Salernilanus en mars 1077 (209). En fait, la definitio pontificale relativement à Salerne ne fut jamais réglée et la cour romaine, auprés de laquelle Gisolf avait trouvé refuge, avait beau continuer à ne considérer celui-ci que comme le seul prince légitime (210), il n'en reste pas moins que Guiscard a été jusqu'à sa mort le seul prince reconnu par les Salernitains. Ceci nous autorise certainement à conclure sans ambiguité en faveur de J'élévation conséquente de Roger Borsa aux titres mêmes que son père avait assurés. La réserve excepta parte Firmanae marchiae ei Salerno atque Amalfi unde adhuc facta non est definitio disparaît du formulaire des ser-

ments prétés par le duc de Pouille à saint Pierre, ce qui n'est peut-être pas la clé du probléme, mais montre quand méme que la question ne s'est plus posée lors des investitures de Roger. En fait, le jeune duc ne saurait avoir songé à faire de Salerne sa capitale sans avoir été consacré par le peuple

de la vieille cité lombarde, en sorte qu'aucune déduction ne parait s'imposer à propos de faits isolés, comme la présence de Gisolf II aux côtés du duc Roger et du prince de Capoue au concile célébré à Capoue en mars 1087 (211), ou Ja récupération éphémére du principat par Gisolf II en juillet 1088 (212).

Nous pouvons donc maintenant mieux comprendre le passage assez sybillin, mais capital, de Malaterra décrivant l'aide apportée par Roger I** au duc Roger Borsa à son retour de Grèce, si eum

[ducem Rogerium] plenius in ducatu Calabrensi vel certe in Principatu et dominatione Apultae contra voluntatem aemulorum suorum solidaret (213). Cette décomposition si nette et si précise des éléments du pouvoir ducal n'est pas venue par hasard sous la plume du chroniqueur, contemporain

des événements et particulièrement bien informé de tout doute ces éléments ne correspondent-ils que d'assez loin peu compromettante dans les diplômes (Roggerius, divina ducis heres et filius), plus grandiloquente dans les sceaux

ce qui touchait à la cour comtale. Sans à ceux de la titulature officielle : assez favente clementia dux, Robberti magnifsci (Rogerius dux Apulie, Calabrie et Sicile).

Mais il n'est pas inhabituel que la prosopographie, aussi inflexible que les formulaires de chancellerie, soit peu adaptée aux modifications apportées par une réalité médiévale souvent fort mouvante. Et c'est d'un formulaire de chancellerie que dépend aussi l'investiture pontificale toute platonique que Gélase II, Calixte II puis Honorius II continuent à conférer au duc Guillaume,en mars 1118, Octobre 1120 et 1125, l'investiture du duché de Pouille, de Calabre et de Sicile.

Ce qu'à son retour de Céphalonie Roger Borsa a obtenu avec le secours de son oncle, c'est d'abord le duché de Calabre — auquel Guiscard avait été promu à Reggio, que Borsa a sans aucun doute été aussi chercher à Reggio dans le courant de ]'été 1086 (214), comme le fera Roger II en août 1127,

— puis le principat de Salerne et un pouvoir sur la Pouille que le soulèvement provoqué par Bohémond incite prudemment Malaterra à qualifier de « domination ». Toutes transpositions écartées, (205)

KEHR,

op. cif., p. 18, n»* 47:48.

(200)

AMATO DI MONTE CAssINO, VIII, 30 (p. 371).

(207)

Ibid., 24 (p. 364-360).

(209)

GARUF1, Joc. cif,

(213)

MALATERRA,

208) C. A. GARUFI, Sullo strumento notarile t. XLVI, 1911, p. 72-75.

nel Salernitano

mel scorcso del secolo XI, dans « Arch. stor. ital. », $* a.,

(210) KEHR, of. cit., p. 338, n?* 23-25. (211) Chronicon Casinense auctore Par, III, 68 (P. L., CLXXIII, 805). (212) ScniPA, 11 Mezzogiorno d'Italia anteriormente alla monarchia, Bari, 1923, p. 194. iV, 1 (p. 85).

(214) En août 1086, le duc Roger expédie trois diplômes de Palerme où il est accompagné par Guillaume, archevêque de Reggio : cf. notre Calalogus..., n9?* 44-40.

330

Il

L'INSTITUTION MONARCHIQUE DANS LES ÉTATS NORMANDS D'ITALIE en janvier 1128, Roger II prend le titre de princeps, de dux Apulie et de Sicilie et Calabrie comes (215), cependant que quatre mois plus tard le diplôme expédié aux gens de Saone est daté de la première année du ducatus et principatus domini gloriosi Rogerii ducis (216) ; dans les diplômes suivants, il n'est plus fait mention que du duché apulien et la titulature de l'ancienne principauté salernitaine disparaît à tout jamais des actes royaux. I] ne paraît pas, d'ailleurs, que les rois normands aient jamais cherché par la suite à solliciter du peuple salernitain la concession du titre princier. Quant au duché de Pouille, qui demeurera l'un des trois termes de la titulature royale (rex Sicilie, ducatus. Apulie eb principatus Capue), sa transmission était bien entendu implicite à l'autorité royale dont il nous faut maintenant examiner rapidement la promotion. (à suivre) 215) Mr

CASPAR, op. cif., n9 53. Ibid., n° 54.

331

II

L'institution monarchique dans les États normands d'Italie Contribution à l'étude du pouvoir royal dans les principautés occidentales, aux XI*-XII* siécles (fin)

C) La promotion royale. Une fois investi légalement du pouvoir ducal, Roger II allait devoir réduire à l'obédience les grands feudataires apuliens qu'un demi-siécle d'abandons avait menés à une quasi-sécession et à une souveraine indifférence vis-à-vis de l'autorité ducale. Aux frontières septentrionales, il lui fallait

aussi combattre les oppositions suscitées par l'État pontifical et, singuliérement, l'hostilité romaine exacerbée par la sentence d'excommunication rendue en août, puis en novembre 1127 (217) par Honorius II, promu au rôle de chef de la coalition anti-sicilienne. Très habilement, Roger choisit

de réduire militairement la téte de l'opposition ; triomphant des armées pontificales, i] recevait

peu aprés du pape, en août 1128, l'investiture du duché (218) et par là méme faisait tomber la

résistance du prince de Capoue qui ne tardait pas à venir lui préter hommage. Isolée,la rébellion apulienne cédait à son tour et en septembre 1129 les optimates Apuliae, réunis à Melfi, venaient jurer fidélité et hommage au nouveau duc ainsi qu'à ses fils Roger et Tancréde (219) ; en même temps, ils s'obligeaient à s'abstenir entre eux de toute guerre privée, et à déférer à la cour ducale tous auteurs de méfaits et de rapines (220). Au cours de l'été 1130, après une courte campagne destinée à réduire quelques foyers de révolte, Roger revint en Sicile et tint un colloque de familiers (saefissima ac familiaris collocutio) au cours duquel , à l'instigation de son oncle maternel, Henri, comte de Montegargano (221), fut agitée à plusieurs reprises la question de Ja fromotto ad regnwm. Avec la paix, Roger avait restauré au duché J'intégrité qui était sienne à la mort de Guiscard ; le prince de Capoue, le magister militum, gouverneur napolitain, et toute une région s'étendant jus-

qu'aux limites d'Ancóne lui étaient soumis, marquant une unité que les États normands d'Italie n'avaient encore jamais connue. Aussi est-ce tout naturellement que les conseillers du duc lui suggéraient sé ifse... nequaquam uli ducalis, sed regit sllustrari culminis honore deberet (222). 217) 218) 219)

Kun, j'talis ficia, t. VIII, p. 33-34, n** 121, 124. Ibid., p. 35-36, n? 131. Ct. l'interpo teur de ROMUALD, éd. GARUFI, p. 217, n. 12.

220)

ALEXANDRE DE TELESE, I, 21 (p. 620).

221)

CASPAR, of. cil.,

333)

ALBXANDRE DE

p. 92 et 162.

TELESE, Il, 1 (p. 622).

I!

Roger hésita quelque temps, puis, soucieux d'avoir cerium ef ratum consilium, il revint à Salerne où il convoqua quelques ecclésiastiques ferifissimi et personnes compétentes, ainsi que quelques princes, comtes, barons et autres probafiores viri auxquels il s'ouvrit du projet agité par ses proches. « Ceux-ci, approfondissant la question avec sollicitude, répondirent d'une seule voix, unanimement, qu'ils approuvaient, concédaient, décrétaient et, mieux, qu'ils s'attachaient vivement à ce que le duc Roger düt étre promu à la dignité royale à Palerme, métropole de la Sicile (223). » Tel est le rapport, bref, mais précis et circonstancié, qu'Alexandre de Telese fournit de la procédure suivie pour élever Roger II à la dignité royale. Rapport important, sur lequel C. G. Mor a été Je premier à attirer récemment l'attention (224) et qui est, à n'en pas douter, celui d'une des personnalités présentes au colloque de Palerme comme à

l'assemblée élective de Salerne. Témoignage

de haut intérét donc, sur un événement qui ne l'est pas moins : la création d'un royaume, à l'apogée dc la féodalité, n'a guére de correspondant qu'en Terre Sainte oü l'idée d'un « royaume de Jérusalem » ne s'est imposée qu'assez longtemps aprés l'élection de Geoffroi de Bouillon comme « roi de la Latinité de Jérusalem (225) ». Encore qu'il s'agisse d'un phénoméne juridique assez exceptionnel, il ne paraît pas que, dans l’un et l'autre cas, son élaboration ait soulevé des problèmes d'une

nature spécifique. Geoffroi de Bouillon ne tenait pas à se considérer comme roi, sans doute parce que la démarche des barons francs préjugeait un peu trop de l'avenir de ce qui n'était alors qu'une conquête inorganisée (226). Mais en Italie, comme en Palestine, la constitution d'une terre conquise en royauté différait peu, par ses adéquations, de ce qu'elle eüt été au simple rang d'une principauté, comme ce fut le cas à Antioche. Ducale ou royale, la couronne du chef de l'État ne

semble pas avoir impliqué de différences substantielles sur le plan de la souveraineté du pays qu'elle régissait. Il suffira ici d'invoquer la motivation purement externe des participants aux colloques panormitains d'août 1130 : c'est parce que Roger II s'est rendu maître de territoires aussi vastes que la Sicile, la Calabre, la Pouille et les régions confinant avec Rome qu'il convient de le décorer de l'honneur d'un degré royal, et non plus seulement ducal (227). À Jérusalem (228), comme en Sicile, il dépendait seulement des barons et du peuple de promouvoir la royauté et ce droit était apparemment de méme nature que celui d'où résultait le choix du souverain. Or, tout au moins sur ce dernier plan, il est clair que nous avons affaireà un système qui fait bloc avec celui qui est pratiqué à pareille époque dans tout l'Occident. Si l'on s'en tient au schéma remarquablement dégagé par Schramm pour la procédure des élections royales en Allemagne, en Angleterre et en France, aux x*-X1* siècles (229), la fromotio s'accomplissait en trois degrés :

la question soumise aux magnales de savoir qui était le mieux apte à régner ; l'assentiment des mêmes magnats ou consensus ; enfin la datio. À lire Alexandre de Telese, le plan traditionne], ce qui nous paratt établir royale. Le laudant, concedunt, decernunt (23

ALEXANDRE

DE TELRSE,

reconnaissance de cette décision par le peuple ou de l'elecito de 1130 a été strictement conforme à ce la parfaite légitimité de l'élévation de Roger à la des prélats, comtes, barons et autres frobatiores

collasschéma dignité viri de

II, 2 (p. 623).

224) C. G. Mon, Roger II et les assemblées du royaume normand dans l'Italie méridionale F r. communic. à Semaine de droit normand, Caen 11-13 juin 1956], dans « Rev. hist. droit fr. et étr. », 4* s., t. XXXVI, 1958, p. 147. Dans le lawdant, concedunt, decernunt des icipants à l'assemblée, Mon soupconne « des pourparlers, des concessions réci proques,

enfin une limitation plus ou moins étendue du pouvoir royal ».

.

.

(225) "Nen MONTE, op. cít., p. 4-5 ; J]. RICHARD, Le royaume latin de Jérusalem, Paris, 1953, p. 32-33.

(226)

MoNTE, loc. cit.

(227) ALEXANDRE DE TELESE, II, 1 (p. 622) : «... Coepit suggeri... ut ipse qui tot provinciis Siciliae, Celabriae, Apuliae, caeterisque regionibus quae poene Romam usque habentur, Domino cooperante, dominabatur, nequaquam uti ducalis sed regii illustrari culminis honore deberet. » 22 LA MONTE, of. cil., p. 3. . 229) SCHRAMM, À History P. 143-145 ; Die Kronung in Deutschland bis rum Begin des salischen Hauses, dans s Zeitschr. d. Savigny-Stift. f. Rechtagesch., Kanonist, Abteil. », t. XXIV, 1935, p. 184-332 ; Der Kemig von Frankreich ; Wal, Krenung, rbfolge und Konigsides vom Anjang der Kapstinger (987) bis zum Auscangdes M , $bid., t. XXV, 1936, p. 228-260.

446

Il

L'INSTITUTION MONARCHIQUE DANS LES ÉTATS NORMANDS D'ITALIE l'assemblée salernitaine définit trés exactement la designatio et le consensus — toujours susceptibles de concomitance — qui marquaient en France, en Angleterre et en Allemagne les deux premiéres étapes de l'élection royale. Nanti de cette approbation sans réticences, il fallait passer à la troisième étape. Roger II voulut que la collaudatio populaire fût la plus large possible. Rentré en Sicile, il manda à ses sujets detoutes Jes provinces, de quelque dignité, pouvoir ou honneur qu'ils fussent (omnes cuiuscumque dignitatis vel Doteslatis seu honoris essent), de se rendre à Palerme pour assister aux cérémonies du sacre, le

jour de la Nativité. Le 25 décembre (230) une foule sans nombre de gens de toutes conditions (sstiversi ili predicti mandati simulque et de populis pusilli el magni absque numero) se pressa dans la capitale. On lui soumit les mémes questions que celles qui avaient été posées aux magnats à Salerne (231) ; le résultat positif de Ja collaudatio (Heri omnino decernitur promotio) est interprété par le chroniqueur comme une potentia virisiis décernée pour exercer la punition des mauvais et la conservation de la justice (232). Conduit more regso à la cathédrale, le roi y reçut l'onction sacrée des mains de Conte, cardinal-prétre du titre de Sainte-Sabine, et la couronne de Robert, prince de

Capoue (233), dans un extraordinaire décor d'apparat (234). Ainsi donc, ici encore, pas la moindre trace d'arbitraire, mais un respect intransigeant des formes constitutionnelles consacrées par un usage commun à la plupart des royaumes occidentaux, alors méme que, soumise ethniquement et culturellement à des pressions ou byzantines ou arabes, la cour panormitaine aurait pu tirer parti de sa position exceptionnelle pour se laisser aller à certains particularismes privilégiés propres à rendre sa domination absolue. Dans cet ordre de problémes, on a beau invoquer tous les prétextes qui auraient pu servir Roger pour écarter les difficultés que ne manquait pas de susciter l'observation des normes constitutionnelles, il faut se rendre à cette évidence qu'il s'en est toujours tenu aux traditions les plus rigides. On le voit tout à fait bien à la maniére dont Roger a pourvu à sa propre succession, et, par delà les obstacles qu'elle suscitait du côté de la curie romaine, à ce qu'Édouard Jordan appelait très justement la « liberté du couronnement ». Par la bulle du 27 décembre 1130 qui reconnaissait

à Roger

la couronne du royaume de Sicile, Anaclet II avait concédé que le roi et ses successeurs pourraient &tre couronnés par un archevéque de leur choix et de leurs États (235) ; mais il n'est pas douteux que la reconnaissance de Roger II par Innocent II en juillet 1139 instituait un régime sensiblement différent qui rendait caduques toutes les dispositions particuliéres prises par l'antipape. L'absence de toute clause relative au couronnement, dans la bulle du 27 juillet 1139 (236), posait un problème qui devait un peu plus tard figurer parmi les plus graves préoccupations de la cour sicilienne comme, du reste, pour d'autres raisons, de la cour anglaise (237). A tort ou à raison, l'idée s'était développée de la nécessité d'obtenir du Saint-Siége la nomination d'un prélat consécrateur ; elle était liée, chez le souverain sicilien, au dessein longtemps entretenu d'obtenir pour l'archevêque de Palerme (230). MARONGIÜ (Concerions della sovranitd di Ruggero I1, p. 218) voit dans cette date — « nella notte di Natale, come

pet o Magno ! » — un symbole délibéré. Dans la grande majorité des cas il est cependant frappant que les fêtes du couronnement coincidaient avec l'une des grandes fêtes de l'année liturgique, fort certainement pour permettre un plus grand concours de foule. A ne considérer que la Sicile, seul le couronnement de Guillaume II a eu lieu un jour ordinaire de la semaine, mais parce qu'il est intervenu dans des circonstances difficiles (cf. 5#/ra,p. # et CHALANDON, 0$. cit., t. IL, p. 317); Guillaume Ier « Laudes

re

fut CENT) »...,

D. 1

le jour de Pâques, Henri VI le jour de Noël et Frédéric II

le jour de la Pen

te (KANTOROWICZ,

"

(231) «.. Huiuscemodi iterum causa sollemniter diligenterque investigata atque tractata, ab omnibus eodem modo uo supra, ad gloriam Dei siusdemque Ecclesiae augmentum in urbe regia Panormitana fieri omnino decernitur promotio...» ALEXANDRE DE TELESE, II, 3 DP. 2}. . (232) Ibid. — RouvuALD Dx SALERNE se borne à signaler (p. 218) que Roger « baronum et populi consilio apud Panormum se in regem Sicilie inungi et coronari fecit ». 233) FALCON DZ BÉNÉVENT, 1204. 234) ALEXANDRE..., II, 4-6 (p. 622-623). 233 Ken, Italia pontificia, t. VIII, p. 37, n9 137. 230) lbid., p. 42, n° 159. 237) JORDAN, of. cit., dans « Moyen áge », t. XXV, 1923, p. 39-40.

447

:

II

le pallium et des suffragants, ce qui laisse assez voir que, dans son esprit, c'est au prélat dela capitale qu'il appartenait de coiffer le diadéme sur le chef de ses successeurs. Aprés une longue période de brouille avec le Saint-Siége, Roger obtint d'Eugéne III, en juillet 1150, satisfaction sur le premier point de ses suppliques. Le souverain pontife accordait le pallium au nouveau métropolitain, mais maintenait

le refus romain

de lui donner des suffragants. Quant

au prélat consécrateur,

Eugène III rappelait qu'il appartenait normalement aux évêques siégeant dans les cités principales des pays et munis de privilèges pontificaux de sacrer les princes dans leur nation (238). Roger II était fondé à considérer cette explication comme une réponse favorable à ses sollicitations les plus pressantes (239). Imitant Ja pratique franque du rex designatus (240) qu'Henri I*t allait reprendre peu aprés en Angleterre (241), il mit en application l'autorisation implicite des lettres pontificales pour faire sacrer son fils Guillaume, le 8 avril 1151 (242), avec lequel il régna de concert jusqu'à sa mort, le 26 février 1154.

En recourant à la designatio de son fils, Roger ne faisait que reprendre un procédé connu des Ottons (243) et érigé en systéme depuis le début du siécle passé par les Capétiens, pour éviter les périls des successions difficiles. Pour Je faire, il.avait prudemment attendu l'avis du Saint-Siége. Rien que de légal en tout cela. L'acte royal, méme si, en fait, il réduisait l'electio des grands feudataires à une

pure formalité, ne leslésait en rien deleur aptitude normale à instituer le souverain. C'est ce que nous confirme Romuald de Salerne lorsqu'il nous rapporte très brièvement qu'après la mort de son père, Guillaume convoqua les magnats du royaume, aprés quoi il fut stlennellement couronné le jour de Pâques de 1154 (244). Il faut donc entendre que les magnates furent appelés à donner leur

assentiment au couronnement du rex designaius et que le sacre royal fut précédé de la collaudaiso populaire. Comme les choses en étaient au point où Roger les avait laissées, il est à présager que l'onction royale, en 1154, comme en 1151, a été administrée par l'archevêque de Palerme. La question ne fut définitivement vidée que par le concordat de Bénévent, intervenu en juin 1156 entre

Hadrien IV et Guillaume Ier, Pour l'avenir, le pape reconnaissait que le roi de Sicile aurait toute liberté de choisir parmi ses métropolitains un prélat consécrateur pro suscipienda corona (245). Cette faculté n'entra en application que lors du couronnement de Guillaume II, le 17 mai 1166. C'est (238) Réponse d'Eugène III rapportée par JEAN DE SALISBURY, Historia pontificalis, 33 (éd. W. ARNDT, M.G.H., SS., XX, 538-539) : « Tercii [episcopi] vero hoc "pallium recipiunt, quia principalibus aliquarum gentium civitatibus president et freti privilegiis Ecclesie romane principes in gente sua creare possunt. » (230)

1 Le roi

JEAN DE SALISBURY

(loc. cit, 34

[p. 532]) rapporte l'affaire selon l'optique trés tendancieuse de la curie

de Sicile, dit-il, entendant la troisième clause

fils Guillaume,

sans consulter le pontife romain.

» Ce

romaine.

de cette disfinctio, se réjouit et en prit prétexte pour faire consacrer son qui n'était qu'un

manque

de déférence à l'égard du Saint-Siège sou-

leva la colère d'Eugène III et prosoqua un échange de protestations dont Jean de Salisburv nous donne quelques échos. De iure, prétendit-on à Rome, Roger n'est nullement fondé à agir de la sorte {entendons : de faire consacrer son fils) parce que toute la Sicile appartient à l'Église romaine. Allégation absurde, car de l'hommage et de la fidélité prétés par Roger à saint Pierre ne découlait en aucune maniére un droit de propriété sur l'Île; c'est ce que Roger II dut fort légitimement répliquer au souverain pontife, en faisant observer ques l'Église de Dieu avait perdu la Sicile durant plusieurs siècles, à la suite dela conquête musulmane, et que c'était grâce À la vertu de ses prédécesseurs et la sienne que l'ile avait été rendue à la foi chrétienne ». La prétendue donation de Constantin et de Charlemagne, dont l'Éylise romaine se prévalait volontiers pour prétendre au domisirum sicilicn, avait perdu toute efficience du fait de la conquéte arabe, et le seul droit de propriété qui pât être reconnu était celui des Normands. Roger fit donc consacrer son fils par l'archevéque de Palerme et, à lire Jean de Salisbury, il semble bien que Faffaire en resta là. Eüt-il subsisté la moindre ombre d'argument canonique pour frapper de nuliité le couronnement de Guillaume 1°, qu'Eugéne ITI n'aurait pas tardé à le sanctionner : en toute hypothèse, le scul prétexte invoqué contre l'acte du roi sicilien tombait à faux, ce qui est la meilleure preuve du bien-fondé dela procédure obsetvée par Roger IL (240) OLIVIER-MARTIN, of. cit., p. 208-209 ; J. DHONDT, Élection el hérédité..., dans « Rev. belge de philol. et d'hist. », XVIIL, 1930, p. 935-951. (241) SCHRAMM, À History, p. 160-161. (242) ROMUALD DE SALERNE, p. 231 : « Biennio autern antequam moreretur, Willelmum filium suum, Capuanorum px em, in regem Sicilie fecit inungi et secum iussit pariter conregnare. » HUGo FALCAND, Liber de regno Sicilie, éd. . B. SiRAGUSA, Rome, 1897 (« Fonti per la storia d'Italia, Scrittori », 22), p. 7 : « regium diadema pater imposuit regni-

que fecit K (243)

participem ». — Cf. CASPAR, of. cit., H. MirTE!Is, Die Krise des deutschen

l. », t. VIII,

1950.

p. 573, n? 226 a. Komigswahlrechts, dans « Sitzungsber. bayer. Akad. Wissensch., Philol.-hist.

(244) RomuALD.., p. 237 : « Hic [Wilhelmus] autem post mortem Pascha est solempniter coronatus. » (245) KEun. //alia pontificia, t. VIII, p. 45-49. n9* 188-189.

448

patris, convocatis magnatibus regni sui, proximo

II

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS

LES

ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

alors à Romuald II, archevéque de Salerne, que revint l'honneur d'oindre et de couronner le jeune roi (246), nullement en raison d'un choix qui pourrait être interprété comme portant atteinte au privilége naturel de l'archevéque de Palerme, mais comme conséquence d'une conjoncture particulière : essentiellement, sans doute, parce que le siège panormitain n'était alors pas pourvu (247) et ensuite parce que Romuald, étroitement mélé aux délicates opérations qui suivirent la mort de Guillaume Ier, se révélait être, en fait sinon en droit, le prélat tout désigné pour l'opération. Guillaume Ier n'avait pas pris la sage précaution de son père ; lorsqu'il fut surpris par une grave maladie, à peine âgé de 46 ans (248), il n'eut pour ultime ressource que de prévoir dans son testa-

ment le conseil de régence qu'entrainerait nécessairement sa mort, son fils aîné, Guillaume, n'ayant alors que douze ans. En présence des magnates curieet des archevéques de Salerneet de Reggio (249), il disposa que Guillaume lui succéderait et que Ia reine-mére exercerait fofius regi curam et administralionem, que vulgo balium appellatur (250). Pareille disposition, enregistrée sans contradiction parles magnats dela cour, peut à la rigueur étre assimilée à une destgnatio. Elle ne pouvait devenir définitive qu'autant que le rex designalus recueillerait le consensus de l'assemblée féodale compétente et la collaudatio populaire (251). C'est pourquoi, le surlendemain de la mort du roi, sur semonce de la reine, fut réuni un consilium archiepiscoporum et episcoporum et baronum et populi au cours duquel le jeune Guillaume II fut in regem bromolus. « Puis, avec la plus grande gloire et l'apparat royal, venant à l'église SainteMarie de Palerme, en présence de plusieurs archevéques, évéqueset barons, il fut oint et couronné par RomualdII, archevéque de Salerne (252). » A lire ce récit trés fidéle, donné par le prélat consécrateur lui-même, il parait donc que consensus et collaudatio se sont déroulés — comme cela est toujours possible (253) — en une seule opération, lors du « conseil » du 17 mai, gráce à l'adjonction

d'un élément populaire (consilio... $ofuli) à l'ordinaire assemblée des prélats et des barons. Un troisième et dernier épisode vient bien montrer ce qu'avait de sage l'opération à laquelle Roger II avait procédé en 1151. Guillaume II mourut le 18 novembre 1189 sans descendance légitime, laissant le royaume en état de trouble et d'effervescence. Henri, second fils de Guillaume Ie”, titulaire du principat de Capoue (254), était mort en juin 1172 (255) ; il ne restait comme descendant de la

branche royale de Hauteville que trice, fille du comte de Rethel (256) rousse, par Guillaume II lui-même périls que réservait sa succession,

Constance, fille d'un et qui avait été unie (257). A Troia (258), Guillaume II avait

troisiéme mariage de Roger II avec Béaen 1183 à Henri VI, fils de Frédéric Barbeà une époque indéterminée, conscient des fait promettre sous serment par tous les

comtes du royaume que, s'il décédait sans enfants, ils transmettraient le royaume à Constanceet

à son mari Henri, roi d'Allemagne (259). Intéressante du point de vue juridique, parce qu'elle (246) ROMUALD DE SALERNE, p. 254. . 2. (247) Depuis la mort d'Hugues, survenue entre l'assassinat de Maion (10 novembre 1160) et a sédition panormitaine du 8 mars 1161 (cf. H. FALCAND, p. 49), le siège était vacant et il ne fut pourvu qu'en 1167 (ROMUALD, p. 255). (248)

ROMUALD,

254) 255)

ROMUALD, ROMUALD,

p.

253.

249) FALCAND, p. 88. . 2L | . 250) Ibid. — C'est le bail, ou garde, du droit normand qu'il n'est pas peu curieux de voir ici appliqué, s'agi t d'une régence. RoMUALD (loc. cit.) parle d'une manière analogue de la reine-mère que Guillaume «totius regni et filiorum suorum tutricem et gubernatricem ordinavit ». mu (251) C'est ce que FALCAND explique lorsqu'il déclare que, par crainte de troubles, on dissimula au peuple la mort du roi « donec ad curiam proccribus evocatis, que ad coronandum regem putabantur necessaria prepararent » (p. 88). (252) ROMUALD DE SALERNE, p. 254. 253) SCHRAMM, À History..., p. 143. 256) 257) 258) (359)

p. 233: p. 261.

FALCAND,

p. 86.

Ibid., p. 231. RiccARDO DA Sax GERMANO, Chroníca...., p. 6. Amnales Casinenses, R.I.S., V, 7o. . RiccARDO DA SAN GERMANO, loc. cif. : « Quo etiam procurante

factum

mE est ut, ad regis ipsius mandatum,

omnes

449

IT

montre bien le pouvoir constitutionnel des barons, cette disposition, livrant le royaume aux mains de son ennemi-né, l'Empire germanique, était une grave erreur politique commise, À ce qu'il semble — comme celle du mariage de Constance, — sous l'influence de l'anglais Walter Ophamil, archevêque

de Palerme (260). À la mort du roi, de graves dissensions opposérent les comitles regni qui, oblsts iurisiurandi quod fecerant, et tout en refusant d'exécuter les desseins de Guillaume II, ne purent se mettre d'accord sur un remplaçant (261). Plongeant le royaume dans la plus grave des incertitudes (262), les deux factions rivales de la cour — l'une soumise à Walter Ophamil et l'autre suivant Mathieu d'Aiello, vice-chancelier (263) — tergiversérent durant de longues semaines avant de faire l'accord sur Tancréde, comte de Lecce, fils naturel de Roger, duc de Pouille, atné de Roger II

(264). De ces pénibles et périlleuses divisions, le parti du vice-chancelier, soutenu par la cour pontificale (265), sortait vainqueur. Contre le parjure ainsi consommé par Jes comites regni, il appartenait normalement au Saint-Siège de sévir ; Clément III préféra couvrir le délit en entérinant ]a décision prise avec son accord par l'assemblée féodale panormitaine (266). Cela étant, l'electio de Tancréde n'en demeurait pas moins pleinement valable puisque, méme dans Je cas d'une dessgnatio, Je rex designatus devait à nouveau être l'objet d'une élection favorable aprés la mort du roi, Jes magnats restant toujours maîtres de Jeur pouvoir constituant. C'est au cours du mois de janvier 1190 qu'intervint l'electio magnatum regni ; Tancréde, informé en hâte de cette décision inattendue, se rendit à Palerme où il fut couronné Je 18 janvier (267). Par qui ? La lutte d'où l'archevéque de Palerme sortait vaincu rend fort improbable que Walter Ophamil ait pu officier en tant que prélat consécrateur, mais le propos de Richard de San Germano, selon lequel Tancréde fut per cancellarium in regem (268), n'est sans

doute qu'une indication sur le résultat politique du couronnement, à moins d'entendre par ]à qu'à l'image de Robert, prince de Capoue, lors des cérémonies de Noël 1130, c'est le chancelier

qui imposa la couronne sur la téte de Tancréde. Quoi qu'il en soit, l'ordo de janvier 1190 ne nous ayant point été conservé, ce détail reste négligeable au regard de J'incontestable légitimité de la

$romolio de Tancréde. Devant les attaques difficilement repoussées des forces impériales et Jes revendications réaffirmées de Constance et de Henri VI (269), on comprend le souci constant du nouveau roi à l'endroit desa

succession. Dans le courant de l'année 1192 (270), Tancréde fit couronner Roger, son fils aîné, qui mourut le 24 décembre de l'année suivante (271). Sans désemparer, Tancrède fit procéder à *CORRIGENDUM: apres (268) outer coronatus. co regni comites sacramentum ipsum abeque. liberis mori contingeret, ammodo de facto regni tameius. » quam fideles ipsi sue amite eite ec et dicto dict S eel Alatannie 260) jr pe 6 DA SAN GERMANO, p. 6. 261 Ibid., à

Jason, mira ] Eugenius...,

163

p. 80-82.

Sur celui-ci, d ROMUALD DE SALERNE, p. 231 ; RICCARDO..., p.

: « MCXC. Tancredus iste ducis Roggerli filius

t naturalis cuius pater Roggerius primus | regno Sicilie regis sortitus est nomen, et hac de re quia bunc habebat Étolom quod de ndisset, inter alios regni comites eat electus in regem. » ES à«Romana in hoc curi dante assensum » (RICCARDO, loc po

wnales Casinenses, loc. cil.:

. Tancredus comes Licii qui apud dur Tuam ioa duitusdam alii juraverat fide-

ten. Constantia uxori Henrici regis T tonicorum et filiae quondam regis Rogerii, Panormum, vocatus a magnatibus par PP de assensu ct favore curiae romanae, coronatur in regem mense ianuarii. » e. Cf. la note du Ms. Vat. gr. 1574, fol. 4, signalée par M. ScADUTO, 1l monachismo basiliano nella Sícilia modisP

Ri 1947, p. 131.

RICCARDO DA SAN GERMANO, pi 269) T. Tozcux, Kaiser Heinrich VI., Lip, tub 2 312-315; Ortanponr, Die Peine der beiden listen ormannenk onigs , Tanhrods wnd Wilhelms II whnd 1hra po Pf erit Heinrich VI 899, E MIN Avant septembre Le diplóme royal de septembre 1192 en faveur de veuve de Giullus de Amato preer à porter une datatio exprimée en fonction de l'annus :regmi quoque... Rogerii... ve 4 awno primo (P. : "PALOMSO,

eu etti di Tancredi e. Guglielmo III di Sicilia, dans « Atti Convegno frtera.

"a

450

Ruggeriani», t. i P. 530-531.

Nocrologium Licionse, 64. WIWERLMANN, dans « Forschungen s. deutsch. Gesch. », t. XVIII, 1878, p. 476.

IT

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS LES ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

la designatio de son second fils, Guillaume (272), qui succéda effectivement à son père, aprés la mort de ce dernier, survenue le 20 février 1194 (273), et fut couronné en mars 1194 (274). Le jeune souverain, encore soumis à la tutelle de sa mère, eut un règne bien court : en de trop faibles mains, le royaume n'allait pas tarder à succomber sous les coups répétés des armées impériales. Le 20 novembre 1194, Henri VI faisait son entrée à Palerme et, au terme de conventions passées

avec la reine-mère Sybille, le dernier des rois normands venait quelques jours plus tard déposer la couronne royale aux pieds du Souabe en signe d'abdication (275). C'en était fini de la domination normande en Italie et, avec elle, d'une éthique juridique liée aux normes traditionnelles de la féo-

dalité. On le voit bien à la maniére dont Henri VI expédia les formalités du couronnement panormitain cinq jours seulement après la deditio de la capitale. Le jour de la Nativité, fresentibus et consentientibus archiepiscopis el episcopis et principibus regni, l'empereur et son épouse reçurent la

couronne royale (276) à quelques heures d'une curia generalis à laquelle assistaient plusieurs magnats et comtes du royaume, en méme temps que l'ex-reine et son fils, cour réunie par le Souabe pour y faire entendre le jugement prononcé par Pierre, comte de Celano, contre divers prélats et barons

accusés d'avoir ourdi un complot contre le vainqueur (277). Nombre d'entre ces derniers furent brülés ou pendus ; les autres (278) furent déportés quelques jours aprés à la forteresse allemande de Trifels. Les uns et les autres constituaient l'élite ecclésiastique, administrative et féodale de la société italo-normande ; leur absence dut rendre l'assemblée, résignée à la promotion royale de Henri VI, bien peu fournie et, en tout cas, guére représentative des iorces politiques du royaume dont l’electio tirait sa valeur constituante. Les apparences étaient néanmoins sauves puisque les formes constitutionnelles — toutes dérisoires qu'elles aient pu apparaître aux régnicoles (279) — avaient été respectées. Mais il n'est pas douteux qu'elles aient été suggérées au roi germanique par l'un de ses partisans normands, à voir le caractére parfaitement abstrait des dispositions visant le royaurne de Sicile dans le testament rédigé par Henri VIen septembre 1197. Ilest manifeste dans ce document que l'unique source du pouvoir royal] et, par conséquent, des destinées de la couronne, réside dans la volonté de l'empereur, qui n'a que faire de l'approbation d'une quelconque fraction

de ses sujets. Voilà pourquoi il se croyait fondé à décider qu'au cas où sa femme prédécéderait, le royaume de Sicile devrait revenir secundum ordinationem à son fils Frédéric et que, si celui-ci mourait sans enfants, le royaume serait déféré à l'Église romaine, sauf l'hypothése où Constance, encore vivante, tiendrait le royaume sa vie durant (280). Il est à peine besoin de dire comment ainsi triomphe une antinomie totale dans les conceptions (272) RiccARDO DA SAN GERMANO, p. 16 : « Rex ipse in Siciliam remeavit, ubi ordine nature prepostero Rogerius, filius eius, qui coronatus in regem fuerat, viam est universe carnis ingressus et frater eius Guillelmus in regem successit eidem » ; Tnona Tuscus Gesta imperatorum et pontilicum, M.G.H., SS., XXIL, 498 : « Hic Tancredus naturali prudentia preditus valde litteratus fuit habuitque uxorem Sybillam, pulcriorem dominam orbis secundum multorum opinionem, de qua genuit duos filios et tres filias. Primus dictus est Rogerius qui vivente patre rex coronatus defunctus est, secundus Guillelmus iunior qui, vivente patre, rex effectus et mortuo patre aliquamdiu tenuit regnum » ; RocgR DE HovEsDEN, Chronica, M.G.H.,SS., XXVII, 170: « Eodem anno Rogerus, filius Tankredi regis Sicilie quem pater suus coronari fecerat, in regem Sicilie,

qui etiam filiam Chursae imperatoris

Constantinopolitani in uxorem duxerat, obiit. Quo defuncto, Tankredus

rex

fecit Willelmum, filium suum, fratrem predicti Rogeri in regem Sicilie coronari et paulo post predictus Tankredus obiit. » g Annales Siculi, publ. p. E. PoNTIERI en appendice à son éd. de MALATERRA, rebus gestis Rogerii, Calabriae et Siciliae comitis, p. 116. V f GopxrROY DE VITERBE, Coniinuatio Funiacensis aet Eberbacensis, M.G.H., SS., XXII, 336. Cf. Togcnz, Heinrich »» P. 323, D. 4. 15 Annales Cassuenses, R.IS., V, 73. 276] RoczR pz HovEDEN, of. cil., 171 : « Deinde imperator fecit se et Constanciam imperatricem, uxorem suam, coronari in civitate Panormi, presentibus et consentientibus archiepiscopis et episcopis et principibus regni. » 27 À RICCARDO DA SAN GERMANO, D. 17. 278) Liste rnibcatif qe op. cit., 346-349.

379)

Il est significatif qu'aucun

niqueur sud-italien ou sicilien ne fasse allusion au couronnement du Sousbe et,

bien plus encore, que Riccardo da San Germano, qui mentionne la cour réunie le 25 décembre pour la condamnation des personnalités fidèles à la cause normande, fasse le silence le plus complet sur la promolio ad regem et le couronnement de enri VI. L'événement ne nous est connu que fes le seul annaliste anglais Roger de Hoveden. (280) Pour le « testament » de Henri VI, cf. R, of. cif., p. 61, n. 245.

451

II

du pouvoir royal et combien cette révolution implique de profonds bouleversements dans l'ordre méme de la société édifiée par la conquéte normande. La conception « impérialistique » du pouvoir royal, que jamais les souverains normands n'avaient pour leur part en rien assumée, prenait ainsi tout naturellement corps au moment où les empereurs d'Allemagne associaient la couronne sicilienne au diadème impérial. La cassure, qui apparaît ici encore plus nettement qu'ailleurs, montre quel singulier renversement c'est de mettre au compte des rois siculo-normands des tendances abso-

lutistes dont on voit clairement, à l'analyse, qu'elles ne correspondent ni à la réalité de l’histoire nià

celle de la structure juridique.

Par des tests différents, la vieille théorie persiste pourtant à inspirer toute l'école allemande qui,

avec Eichmann et Schramm, s'est donné pour tâche de puiser dans le cérémonial et les symboles extérieurs à la personne des souverains une définition complémentaire et plus réaliste du pouvoir royal. Les bases d'enquétes de ce genre, d'une évidente fertilité pour ce qui touche aux lignes directrices du concept de souveraineté, à ses filiations et aux influences des grands courants occidentaux, laissent quand méme infiniment délicates les conclusions auxquelles, dans certains cas, elles donnent lieu. La forme, souveraine au moyen Âge, demeure souvent en elle-même d'une interprétation scabreuse ; en certaines matiéres et dans certains pays, carrefours d'influences diverses, elle ne

nous paraît que travestir une réalité dont le fond est d'une essence parfois fort diverse. On devine

que c'est évidemment le cas pour la Sicile. V. —

LES INSIGNES DE LA ROYAUTÉ, LE PROTOCOLE ET LE CÉRÉMONIAL DU COURONNEMENT.

DU PALAIS

Avec les insignes de la souveraineté royale il n'est nullement certain que nous pénétrions dans un domaine nécessairement déduit des concepts juridiques. De même que les ordines du couronnement sont la transposition sur le plan liturgique du protocole et du cérémonial attachés aux manifestations extérieures de la souveraineté, de méme les symboles matériels de la royauté en sont la traduction sur le plan artistique. Du moins les spécialistes qui travaillent aujourd'hui sur la valeur des symboles extérieurs de l'État sont-ils réduits à prendre en considération des documents qui sont, au premier chef, des représentations artistiques. Or, même si l'intransigeance des Normands avait été jusqu'à souhaiter que les artistes de leur pays d'origine apportassent leur collaboration

à l'œuvre accomplie dans les régions les plus méridionales de l'Europe, il reste à se demander quelle aurait pu être la part originale de leur collaboration en cette matière, face aux artistes grecs dont la prépondérance s'étendait alors jusqu'à la cour germanique. Une hypothèse de ce genre — en l'occurrence superflue puisqu'il n'existe pas la moindre trace d'un apport artistique nordique dans l'ancien royaume italo-normand — montre quand méme la quasi-impossibilité d'une représentation figurée des idées que les Normands ont pu apporter à la réalisation de leur propre souveraineté.

En revanche, étant donné que tout ce qui touchait à l'apparat royal naissait à Palerme dans ]e second tiers du xrI* siècle, voit-on quel art et quelle culture auraient été susceptibles de supplanter ceux de Byzance qui régnaient non seulement à Ja cour mais dans l'tle et, pour bien des domaines, dans l'Europe tout entiére ? La haute administration panormitaine était aux mains de sujets grecs ou arabes. A qui Roger II, qui avàit passé toute sa vie surla Conca d'Oro, dans un bain d'orientalisme, et qui n'avait jamais mené ses pas plus haut que le Mont-Cassin, aurait-il été demander un modèle extérieur de royauté différent de celui que Jui imposaient son entourage, l'ambiance et les habitudes de l'ile ? Bref, tout un réseau de contingences commandait une Sfasissymbolik largement byzantine. Mais on sent bien que la matérialité des ornements royaux n'auto453

I!

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS LES ÉTATS NORMANDS

D'ITALIE

rise en aucune facon à préjuger de ce qu'a pu être la mentalité souveraine de Roger II et de ses successeurs. De pareilles évidences pourraient suffire À notre propos pour démontrer le caractère nettement autonome des représentations figurées de la royauté sicilienne et leur totale indépendance vis-à-vis des traits proprement juridiques de l'institution royale italo-normande. L'abondance des thèses favorables à la théorie classique d'une royauté imitée des schémes byzantins, nous incite toutefois à nuancer la rigueur de ces conceptions et de leur démarche. À) La couronne royale : regnum, mitra, tiara ou kamelaukion ? Selon l'état Je plus récent des recherches, les rois normands de Sicileont été crédités d'une étonnante

variété de couronnes, ce qui est peut-être Ja marque la plus caractéristique de l'éventail aussi large qu'arbitraire des positions prises par les érudits à propos de la royauté italo-normande. Les

types de couronnes qui pouvaient orner les chefs d'autorités laïques ou ecclésiastiques au x11 siècle oscillaient entre cinq ou six formes encore assez anarchiquement distribuées à cette époque, laquelle

est une époque de transition. La tiara, haute coiffure qui s'ouvre en deux sommets de forme conique et qui se substitue à la fin du x1* siècle, dans le vocabulaire ornemental, au terme regnum pour désigner le couvre-chef extraliturgique porté par le pape à l'intérieur du Vatican (281), a été attribuée à Roger II et à Tancréde sur Ja base d'une minuscule — et par conséquent difficilement déchiffrable — représentation minia-

ture du ms. Bernens. 120 et d'une interprétation amphibologique, parle numismate Arthur Engel, de deux monnaies brindisiennes de Roger II et de Tancréde (282). Or,sur ces deux derniers témoignages au moins, on peut nettement poser l'affirmation contraire : la présence de « pendeloques gemmées » latérales définit sans ambiguïté ces insignes comme camelauca. Eît-elle été justifiée qu'une telle attribution serait restée sans conséquence quant à sa portée. I] n'en va pas de méme pour la mitre, ornement pontifical par excellence, dont la signification liturgique est grosse d'importance (283). Et, cette fois, l'attribution de la mitre

à Roger II procède non

d'un document artistique (284), mais d'un texte historique qui s'insére dans la trame des rapports assez fluctuants établis entre la cour romaine et Ja cour sicilienne durant l'année 1149 (285). Eu-

gène III, de retour d'un voyage en France, avait été contraint de marquer le pas à Tusculum devant l’hostilité que lui portaient les Romains. Réduit par sa politique intransigeante à un isolement presque total, il ne dut qu'aux troupes sud-italiennes de pouvoir rentrer dans la capitale (286). Le détail des tractations intervenues alors entre Eugéne III et Roger II nous échappe compléte-

ment. Seule une lettre du sénat romain au roi d'Allemagne Conrad III (287) vient prétendre qu'un traité de paix serait intervenu entre les deux ennemis de la veille, assurant au pape un secours appréciable en argent, moyennant quoi Roger aurait obtenu les insignes pontificaux (virga, anulum, dalmatica, mitra et sandalia) et le privilège de ne recevoir dans ses États aucun légat qui n'ait au préalable obtenu son assentiment. Quel crédit mérite ce rapport, manifestement dirigé par des 281 282

28

ULLMANN, The Growth. a

311, D. 1

. Daér, De Kaiserornat Frisdrichs 1I., Berne, 1952, p. 22, n. 82.

par plusieurs istes de l'art sud-italien, en dernier lieu par S. H. STRINBERG uL 294), Une tradition pops $ Sicilia, dans ER. « stor. d. too ie Pie t XXXIX, 1937 P. 4649). vorait dans un nnage sculpté sur le candélibre pascal de la Chapelle palatins tre drisogaló à deu matique, er II. Duén (op. cit., p. 25. 8) et ZurtoUt ScaxAMM (i err ^ t. I, ) ont démbatré la fausse de cette attribution, iul GCHRAMM,An ^ P.or Kaus,s

79

dia ponifizie, p t. VIII, p. 45, n° 172.

453

I]

comparses aux abois, soucieux de provoquer une réaction immédiate du souverain allemand (288) ?

IJ donne d'abord un profil anarchique à l'évolution des événements et perd absolument toute signification face aux conventions intervenues à Ceprano en juillet 1150, conventionsauxtermes desquelles le roi de Sicile reconnaissait aux églises de son royaume une totale liberté dans le choix de leurs évéques, et au souverain pontife le droit de sanctionner selon son libre examen les élections

faites et non entérinées. Sur l'émancipation des églises à l'égard de l'autorité royale, principa] point de friction entre « saint Pierre » et la cour panormitaine depuis une quinzaine d'années, Roger II cédait donc sur toute la ligne, et cela pour obtenir la consécration des prélats du royaume, systématiquement refusée depuis la mort d'Anaclet (289). Par contre, si l'accord de Ceprano aplanissait les différends sur le terrain du spirituel, il les Jaissait entiers au temporel: Eugène III se refusa à recevoir l'hommage du souverain sicilien et à confirmer la reconnaissance accordée par Innocent II en juillet 1139 (290). Malgré des représentations répétées, le pontife resta inflexible sur les divers

abcés qui restaient à crever pour obtenir un accord complet (291). A l'encontre des intérêts mujtiples qui pouvaient pousser Jes deux hommes à se rapprocher, Eugène III continuait à tenir rigueur à Palerme des longues années de discordes entretenues par le jeune royaume. Tout ceci dit bien l'incongruité des propos tenus par le sénat romain dans sa lettre à Conrad III, car Jes sacrifices auxquels Roger avait consenti à Ceprano pour que ses prélats fussent consacrés sont formellement contradictoires avec Ja concession d'insignes pontificaux qu'il aurait soi-disant reçue en 1149. Retenons simplement que, tenues pour fermes, les concessions de 1149 auraient assuré à Roger

une position renforcée vis-à-vis des églises de ses États et que, dès lors, il n'aurait nullement

eu besoin de recourir une seconde fois à l'autorité pontificale, les conditions purement matérieljes

de Ja paix entre les deux hommes étant par ailleurs implicitement réglées. Au lieu de cela, que voyons-nous ? En juillet 1150, aux dires de Jean de Salisbury, témoin consciencieux et parfaitement informé de la conjoncture romaine, le roi normand a sollicité et obtenu d'Eugéne III un colloque qui s'est tenu à Ceprano, aux limites des deux États, et qui a porté exclusivement sur la liberté totale dont les chapitres devraient jouir dans Ie choix de leurs évéques et sur la plus large latitude laissée au pontife dans l'examen et la consécration de ces élections. C'était là un chapitre préliminaire à toute reprise des négociations entre les deux parties (292) et cela, on le sent bien, exclut toute possibilité d'entente antérieure sur leterrain ecclésiastique. Quelque temps aprés, Roger fut d'ailleurs obligé de rappeler au pape ses promesses, pour ]e prier instamment de conférer Je pallium à Hugues, archevêque de Palerme. Eugène III s'exécuta, mais refusa d'accorder les suffragants sollicités pour le siége panormitain (293). En fait, à quoi aurait tendu le privilége pontifical allégué par les Romains ? Non point, certes, à donner à Roger la qualité de légat ; il s'agissait seulement pour le pape, aux dires des informateurs de Conrad III, ne ullum mittat in terram. [Sicilie regis] legatum, nisi quem Siculus petierit. En d'autres termes, c'était un retour aux concessions jadis faites par Urbain II à Roger I* et confirmées le 1er octobre 1117 par Pascal II à Roger II Jui-même (294). En somme, rien qui puisse justifier le port par le Sicilien de l'anneau, de la dalmatique, des sandales et, surtout, de Ja mitre, insigne qui — bien qu'accordé à plusieurs princes depuis le milieu du x1* siècle (295) — restait 288)

W. BaRNHARDI, Konrad LIT. 1883 (« Jahrbücher d. deutsch. Gesch. », 2), p. 749.

291)

ROMUALD DE SALERNE, p. 230 : «... Frequenter rex Rogerius legatos ad eum [papam Eugenium] de pace compo-

289) 290)

CASPAR, op. cil., p. 411-412. lbid., p. 413 ; CHALANDON, of. cif., t. IT, p. 120-122.

nenda transmisit, sed impetrare non potuit. »

E

KrzHm, of. cil.,p. 45, n? 174. Ibid., NN id 74

A

sim.

e t.

LAN DE SALISBURY, Historia pontificalis, 32 (338).

293) 294)

454

E. EICHMANN, Die Kaiserhronung im Abendlande, t. 1I, Würsburg, 1942, p. 145; SCHRAMM, Herrschaftszeichen...,

I]

L'INSTITUTION

MOMARCHIQUE

DANS

LES

ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

quand même un symbole pastoral capita] (296). Si Frédéric IT a pu s'enorgueillir du port de la mitre — une msfra clericalis, avec tout le poids d'une telle spécification dans le champ de la Priesterkónigtum (297) — et, après lui, les rois angevins (298), il n'y a donc aucunement lieu de reconnaître ce prestige à Roger II, et l'iconographie italo-normande nous le confirme amplement (299). Il en est du caractére tendancieux de l'information transmise au roi d'Allemagne ce qu'il en est du récit fait en juillet 1132 par Henri, évéque de Sant'Agata, aux vicaires d'Innocent, de la défaite subie par Roger II à Sarno. Dans les bagages saisis par les fuyards, est-il dit, on a trouvé les priviléges par lesquels Anaclet « avait concédé à Roger Rome et toute la terre s'étendant delà jusqu'en

Sicile et l'avait établi avoué de l'Église romaine et patrice des Romains » (300), interprétation manifestement fausse et plutót subversive de la bulle J. L. 8411. Mais le caractére déformé du rapport fait en 1149 par les sénateurs romains s'éclaire encore mieux par l'écho que lui donne, un demi-

siècle plus tard, Raoul le Noir, autre représentant du parti germanique, dans la description caricaturale qu'il fournit des événements : Roger II, en 1149, aurait obtenu du pape rien moins que sa propre mitre et la confirmation de ses droits sur le royaume (301). A défaut d'attributs sacerdotaux, les rois italo-normands ont porté ceux qui sont réservés à la majesté royale. La couronne en est le plus prestigieux et, comme tel, le plus riche de signification. Les travaux de Josef Deér sont venus établir que toutes les représentations royales, numismatiques, sphragistiques (302) ou monumentales montrent le souverain pourvu d'un type de couronne

nettement défini et particulièrement aisé à individualiser (303). Dans toutes ces représentations, en effet, la couronne s'orne de pendentifs latéraux sur lesquels sont enfilées diverses perles et pierreries. I] s'agit des épuá8o byzantins, accessoire spécifique du xenæadxov, type de couronne porté depuis le vie siècle par les empereurs byzantins comme deuxième couvre-chef officiel, à côté

du diadéme (304).

La couronne siculo-normande aurait-eile alors été congue pour coiffer le souverain à l'égal et à l'image d'un besileus, ainsi que le déduit unanimement la doctrine contemporaine ? Absolument pas. Le kamelaukion était porté à cette époque aussi bien par le pape que par les cardinaux (305) ; ULLMAXN, op. cit., 13-31 Tb. ns p. do (E 8 PG P 7 P ro . — Par ailleurs, aucun autre témoignage, d ordre littéraire ou artistique, ne faitla moindre allusion 2) port de s insignes, que co soit pour Roger I», après "our Roger IL après 1117, OU pour ses successeurs. P. Jarrt, Monumenta Bambergensia RM "E («Bi . rer. German. », 5}. RabUt LE Notx, Chronica umi davsalis 'M H XXVII, 335: «In Sicilia Rogerius dominatum um adepjuia patrim oniumbeati Petri rapuerat, coronam regal is benedictionis ab Ecclesia romana impetrare non it, quousque. imperatore fugato de prelio et capto pars. romano, adegit Ecclesiam ut dominus papa daret ei mitram suam cum one regali et compositione. Appositis igitur auro et lapidibus preciosis, de mittra fecit sibi et successoribus suis diadema. » Tout ce morceau est pure Tivention: En fait de mitre, il faut noter l'étonnement avec lequel les premiers Normands sen Italie méridionale considérèrent Mélés, riche citoyen lombard de Bari révolté contre l'autorité byzantine et qui les eng pour combattre les troupes impériales : « More viram Graeco vestitum, nomine Melum, // Exulisi potam vestem capit qeeligato/ /Insolitos mitrae mirantur adesserotatus»: GUILLAUME DE PoviLL£, éd. WILMAN, M. G. IX, t, v. r4-1 port de la mitre, fixée par un rouleau pendant en fanous, n'était alocs (début du x1* siécle) en "leas méridionale qu' "une Fnode vestimentaire im de Byzance. (302) Tous les sceaux connus de R I donnent une iconographie identique du roi (cf. A. ENGEL, Recherches sur la numismatique et la sigillographis des Vormands de Sicile ei d' alie. Paris, 1882, pl. I, n*?* 11-14). Elle ne ne change pas sons Guillaume Ir $bid., Rid 1TEM — Excellente T Diplomata photographique eur originale, d'un sceau d'or de RoEs và in diplme de février 1131 (cf. Diplomata regum Slciliae de genie Normannorum, dans « Arch. paleogr23, IV. 1954 2 (f Sreni, duction du sceau de cire rouge de Guillaume II, plaqué sur le repli d'un du 154 1173 ( menos Dz£n,of. cit. 22-23. o4) Ibid., D 20-21. R (p. $7- 9) croit à l'existence de usieurs formes de couronne à la cour panormitaine. Hormis iow, DOus n'avons t témoignage que du ème, forme courante de coiffure royale associée audit Bamelaukion. it nan couronnement d'Henri VI ct de Constance, qui mentionne« regalia insignia scilicet RAN « Neuos Arch. d. Geselisch. f. ait. deutach. Geschichtskrunde », t. EXHL UAE . 19). zi

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des P.

455

I]

dès la fin du x* siècle, les princes lombards de Salerne l'avaient adopté (306), ce à quoi se sont ralliés les ducs normands de Pouille (307), et, vraisemblablement à leur suite, les rois italo-normands.

On voit par là combien il est imprudent d'analyser en termes juridiques les signes extérieurs de la royauté, car il y a un monde entrela souveraineté des princes lombards d'Italie méridionale et celle des empereurs de Constantinople. B) Habits royaux et protocoles. Est-il utile d'aller plus avant dans l'administration de cette évidence ? Dès 1147 l'installation à

Palerme d'un regium ergasterium organisé pour la production d'étoffes de soie grâce à la maind'œuvre spécialisée capturée lors des campagnes navales de Gecrges d'Antioche dans les centres grecs de fabrication de la soie, assurait à la Sicile le monopole occidental d'une industrie jusque-là réservée à l'Orient (308). Quoi de surprenant alors à ce que les vêtements royaux ressortissent dela

plus pure orthodoxie byzantine ? Le contraire seul pourrait nous étonner (309). D'autres aspects extérieurs de la majesté royale sont-ils plus déterminants pour faire d'elle une majesté conçue à l'image byzantine ? Quels qu'ils soient, ils demeurent, nous semble-t-il, peu con-

vaincants (310). Josef Deér (311) se prévaut d'attestations fragmentaires qui, regroupées, pousseraient à croire que le cérémonial de la cour panormitaine aurait été une pure copie de celui de Constantinople : les mains gantées ne sont guére évidentes sur les miniatures du manuscrit bernois de Pierre d'Eboli ; en toute hypothése cela ne s'applique, au mieux, qu'à l'impératrice Constance. Quant au rite de la proskynesis, développée jusqu'à la prosternation des sujets devant le roi avec

baisement X1* siècle selon Ibn Guillaume

des pieds, il est déjà pratiqué à Ja cour lombarde de Salerne tout à fait au début du (312). Rien de bien déterminant dans tout cela, surtout si l'on ajoute, à l'inverse, que Gubayr, voyageur musulman qui séjourna à Palerme à Ja fin de décembre 1184, le roi imitait les rois musulmans « dans la magnificence qui relève la royauté et dans le luxe de

ses ornements (313) ».

La Palerme du xii? siècle offrait à l'observateur un spectacle de paradoxes et de contradictions sur lesquels on ne peut raisonnablement songer à s'arrêter pour se frayer un chemin vers la solution des problèmes juridiques italo-normands : ville où les appels du mueddin (314) répondaient aux psaumes des bénédictins de San Giovanni degli Eremiti et aux chants des basiliens de la Marto-

rana, à deux pas du palais et du harem (315) d'un souverain qui se proclamait « en Christ Dieu, pieux, puissant roi et protecteur des chrétiens (316) ». [306) A. SAMBON, Recueil des monnaies médiévales du Sud de l'Italie avant la domination des Normands, Paris, 1919, n° 11H, 122. (307 DEÉR, of. cif., p. 22. 3 Ibid., p. 15 et bibliogr. citée. | 309) Concernant l'étole royale, croisée sur le buste d'où elle tombe à mi-jambe après avoir ceint la taille, selon la t logie impériake proprement byzantine du Apoc. cf. SCHRAMM, Herrschaftszeichen..., t. I, p. 35-38. — Sur les habits du couronnement, cf. PorTINO, Le veste regali..., p. 277-204. (310) Nous laisserons de côté les influences manifestes de la diplomatique byzantine sur la diplomatique panormitaine. À ne considérer que ce revers de la médaille, on l'isole de tout un contexte beaucoup plus évocateur, La diplomatique siculonormande

a aussi subi l'influence anglaise

(C. H. Haskins,

England and Sicily in the Twellh Century, dans «

Engl. Hist.

Rev. », t. XXVI, 1911, p. 443-447) et pontificale (KEHR, Die Urkunden..., passim). Devrait-on aussi tenir compte du 'alama dont Roger a muni certains diplómes expédiés par la section arabe de sa chancellerie pour affirmer qu'il a ainsi entendu s'égaler au calife de Bagdad

311)

(313)

DEÉR, of. cit., p. 14.

Ibid., n. 20.

?

.

Éd. M. AMARI, Biblioteca arabo-sicula, testo arabo, p. 83.

(314) MÉNAGRR, La « byranlinisation » religieuse de l'Italie m^ridionale..., dans « Rev. d'hist. ecclés. », t. LIII, 1958, . , D. I. P ( e) Sur l'existence d'un harem dans le palais royal, cf. Duér oh. cil., p. 74, 1. 109 et sources citées. Le témoignage capital est celui d'IpaN GuBAYR, éd. AMARI, p. 84 : « Quant aux filles et aux concubines qu'il (le roi Guillaume I1) tient son palais, elles sont toutes musulmanes. »

(316) &v xpuor +6 0e sboc fic xpataióc SRE xal Fév xpurtuxviiv Bonôéc.

456

II

L'INSTITUTION MONARCHIQUE DANS LES ÉTATS NORMANDS

C) Cérémonial À nous en tenir aux caractères externes de Ja coronalio, établie sur des bases beaucoup moins ler de maniére plus déterminante les lignes de L'ordo du sacre porte des marques d'une nature

D'ITALIE

du couronnement. royauté, la partie liturgique du cérémonial de la superficielles que les insignes royaux, devrait révéforce et les cadres des concepts siculo-normands. profonde qui ne sont peut-être pas l'exact prolon-

gement de l'économie des concepts, mais les situent quand méme dans une large mesure, et leur

importance se déduit de la minutie avec laquelle le protocole en est généralement établi. D'autre part, bien qu'élaboré sur un fond relativement fixe, il est assez souple pour s'adapter aux modifications externes que les circonstances mouvantes des x*-x11* siècles pouvaient imposer. Par malheur, un seul ordo du couronnement panormitain nous est parvenu, et privé de toute relation chronologique. Fort cursivement publié (317) d'aprés un manuscrit d'allures bénéventaines que son écriture permet de situer à Ja fin du x11? siècle (ms. Casatan. 614), il a été jusqu'ici assigné

(318) au second couronnement auquel Guillaume II a procédé lors de son mariage avec Jeanne d'Angleterre en 1177. Pareille hypothèse a pour seul fondement Je fait que J'ordo en question est articulé en deux cérémonies successives, la premiére réglant Je couronnement du roi, la seconde celui de la reine. Par Romuald de Salerne, nous savons effectivement que le roi, ayant convoqué

ses Proceres de Sicile et un grand concours de foule, épousa Jeanne dans la chapelle palatine le 13 février 1177, puis se ef cam coronari fecit (319). Par surcroît, ce double couronnement est le seul

qui nous soit forrnellement attesté en Sicile pour l'époque de Ja domination normande. Pour ce qui est de l'ordo lui-même, conçu sur le type des cérémonies solennelles célébrées au milieu du xit? siècle lors des visites du roi Étienne à Canterbury (320), il manifeste vis-à-vis du cérémonial anglais une parenté dont il est logique de voir l'origine dans l'union du roi italo-normand avec une princesse

anglaise. Un premier détail vient cependant contrarier l'hypothèse de Schramm, c'est que les points de ressemblance entre l'ordo du ms. Casatan. 614et l'ordo anglo-saxon ne se recouvrent avec précision qu'à propos de l'ordo institué pour le second couronnement du roi Richard Ier à Winchester,

le 17 avril 1194 (321). D'un autre cóté, pour ce qui concerne les parties proprement Jiturgiques, le protocole sicilien manifeste une parenté d'inspiration assez sensible avec les éléments d'un des plus anciens ordines germaniques

(322). Cette double conjonction nous semble conduire, selon toute

probabilité, à la conclusion que l'ordo du ms. Casatan. 614 a été établi pour le double couronnement de Henri VI et de Constance, célébré, comme

nous l'avons vu, à Palerme, le 25

décembre

1194.

L'important n'est sans doute pas dans cette constatation, mais dans l'orientation anglo-normande des sources du cérémonial siculo-normand. Que cette orientation soit la conséquence de l'union de Jeanne d'Angleterre et de Guillaume II laisse peut-étre entiére la question de savoir à quel póle d'attraction ont cédé les ordines antérieurs ; au moins dégage-t-elle totalement la royauté nor-

mande d'Italie, à son apogée, des sphéres byzantines dans lesquelles on prétendait enfermer jusqu'ici son éthique.

Q Nh t.

ae 1

Reise nach Italien im Herbst 1894. dans « Neues Archiv d. Geseilsch. f. àlt. deutsch. Geschichtskunde »,

pP. 18-22.

quo ScHRAMM, À History... p. 59, sans le moindre argument de soutien. Dans Ordines-Studien, t. I1I, Die Kronung in England (« Archiv 1. Urkundenforschung », t. XV, 1937UE P. 2 x - 5). l'illustre auteur allemand promettait de revenir sur l'argument ; de méme dans Herrscha[lsseichen... 319) ROMUALD DE SALERNE, p. 269. 320) SCHRAMM, Ordines-Studin, t. III, p. 335. 321) Jbid et dans À History... , P- 58-59. 322) L'ordo imprimé par G. WarTz, Die Formeln der deutschen K onigs. und der rümischen Kaïserkrénung, dans « Abhandl. d. kon. Gesellsch. d. Wissensch. zu Gottingen », t. XVIII, 1873, P. 33-48, et que ScHRAMM, Dis Kranung in DeutscMand... P- 309, définit comme « mainzer Ordo ». Dans A History..., P. 36, le méme illustre auteur va jusqu'à écrire : « The german ordo drawn up at Mainz was used in Sicily and in Castile. » Cf. également, du méme, Ordíines-Studien..., t. I1I, p. 303-304.

457

II

VI. — LES « TRIA PRECEPTA », LE SERMENT DU SACRE ET LES PRINCIPES DIRECTEURS DE L'ACTION ROYALE.

En l'absence d'autre document sur le côté extérieur de l'assomption royale, la praxis rogérienne peut se déterminer, toujours en relation avec le couronnement royal mais cette fois de l'intérieur, avec ce qu'il nous est permis de reconstituer du moment juridiquement crucial des cérémonies du couronnement : la professio ou serment du sacre.

C'est une tradition fixée dès l'époque carolingienne, dans ce qu'il est convenu d'appeler la Francia occidentalis (323), que les souverains des grandes monarchies européennes se livrent au moment du sacre à un engagement libellé en trois préceptes (iria frecepta) envers leurs sujets laïques et ecclésiastiques. Que cet engagement, tenu d'abord par simple promesse, devienne serment à la fin du xi1* siècle (324), n'enléve rien au fait que les trois préceptes symbolisent tout le programme

de l'action royale et les devoirs supérieurs du souverain. La prestation du serment indique seulement le triomphe de l'influence du haut clergé sur le gouvernement royal et, peut-étre plus encore, celui des puissances féodales sans lesquelles il n'est ni couronnement, ni action gouvernementale. Ce qui est assez dire que la prestation des fria precepta sous forme de serment marque de la part du pouvoir royal une soumission aux deux ordres politiquement prépondérants de l'État, en d'autres termes qu'elle est le signe d'une royauté située aux antipodes de l'absolutisme. Or il est hautement significatif que ce changement n'intervienne en Angleterre qu'en 1189 (325), en Allemagne qu'en 1190 (326), en France qu'en 1200 (327), alors que la royauté siculo-normande,

si volontiers présentée comme impérialistique — agissant peut-étre sur les traces du précédent établi par Guillaume le Conquérant en 1066 (328), — parait trés fortement avoir préludé au mouvement qui se dessine en Europe à l'extrême fin du x11e siècle. Certes, nous n'avons de preuve formelle de cette innovation juridique que pour un seul roi normand d'Italie, mais elle intervient dans un ensemble qui préte aux considérations les plus édifiantes. Le jour de Pâques 1151, nous l'avons vu, Roger II fit sacrer son fils Guillaume à Palerme

par l'archevêque de la métropole, en présence des prélats du royaume. Mais, avant la consécration, sur les instructions de son père, le jeune prince professa

durant il ferait observer la qu'il respecterait son père confirmée par un serment d'étre qualifié de serment

en audience publique que sa vie

paix et la justice, qu'il se montrerait respectueux de l'Église de Dieu et comme son seigneur, tant que celui-ci serait en vie. Cette professio fut (329). Te] que nous le rapporte Jean de Salisbury, cet acte mérite bien du sacre. Or, entre autres caractéres exceptionnels, il a celui d'avoir

été exécuté sur les instructions paternelles et la fidélité au roi, dernière clause de la professio, ne suffit nullement à le motiver dans son ensemble. D'autre part, rien dans la situation intérieure ou

extérieure du royaume ne postulait en 1151 que le roi se soumette à des engagements susceptibles de limiter son action. À pareille époque, le royaume jouissait d'une $erfecta pax, la féodalité étant soumise au pouvoir royal et liée à lui par un réseau d'obligations strictement respectées. Quant aux relations avec l'Église, clarifiées et nettement définies depuis l'accord de Ceprano de juillet 1150, elles n'avaient rien qui pût placer le roi dans une situation d'infériorité vis-à-vis de son clergé. 323 $24)

25)

326)

327) 32 29)

Davi, Le serment du sacre..., p. 97-102. 1bid.,

p. 181-219.

Ibid. s 223.

Ibid., p. 229.

lbid., p. 236-241. Ibid. P. 202-213. JEAN Dx SALISBURY, Historia pontificalis..., cap. 34, p. 539:

« Solempniter tamen ante consecrationem, patre in

audientia publica dictante, professus est pacem et iustitiam servari faceret in diebus suis, quod Ecclesie Dei reverentiam

exhiberet et quod ipsi patri in tota vita servaret ut domino. Professionem vero, prestito iuramento, firmavit. »

458

Il

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS

LES

ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

Somme toute, en l'absence totale de pressions externes, la frofessio d'avril 1151 n'a d'autre source que la propre détermination de Roger II. Maintenant il est évident que les termes du serment imposé au rex designalus n'ont pu le concerner seul et participer d'une conception du pouvoir royal limitée à Guillaume. I1 y a tout lieu de croire qu'un engagement avait été souscrit par Roger II lors de son couronnement (330), comme il le fut par ses successeurs lors des couronnements posté-

rieurs. Naturellement, à défaut de témoignage formel cette opinion repose sur un raisonnement qui n'a pour lui que sa logique. À y bien réfléchir, cependant, elle nous semble trouver sa justification dans le silence méme des sources littéraires. Car il a fallu un écrivain naturellement porté aux problèmes touchant l'institution royale, comme l'était l'auteur du Polscraticus, pour stipuler,

à l'occasion du couronnement d'avril 1151, un détail que ne mentionne aucun des témoins plus directs de l'événement, tels que Romuald de Salerne ou Hugues Falcand. L'absence de toute allusion à un serment du sacre chez les chroniqueurs italo-normands ne constitue donc à aucun égard un argument contraire à notre point de vue.

Quant au fond, il serait vain de nier que les principes supérieurs de gouvernement, synthétisés dans les traditionnels éria frecepta, ont servi de base, de facon constante, à la pragmatique royale italonormande. Protection de la sainte Église et observation de ses lois, application au peuple d'une droite justice, préservation de la paix, abolition des mauvaises coutumes et respect des lois, tel est le contenu généralement donné aux £ria frecepta, qu'il s'agisse de l'Angleterre (331), de la France (332) ou de l'Allemagne (333) ; on retrouverait les mêmes conjonctions et les mêmes principes dans Je royaume latin de Jérusalem (334). La professio panormitaine de 1151, trés intimement liée à la professio

ducale normande et à celle des rois anglais du x11*siécle (335), laisse apparemment de côté certains de ces principes pour s'en tenir aux deux premiers. Pourtant la promesse du sacre, surtout dans le cas du roi sicilien, n’était nullement un formulaire abstrait prononcé sans conviction le jour du couronnement. Elle caractérise vraiment les constantes du gouvernement royal et, dans la mesure

où ces constantes peuvent être reconstituées à la lumière du legs carolingien, que la Sicile normande a assumé en droite ligne, nous retombons trés exactement sur l'orthodoxie dictée par les trois préceptes du sacre et sur la théorie qu'elle entraîne des limites éthiques et juridiques du pouvoir souverain. Car c'est bien, dans la pensée dominante de l'époque, de loi quasi constitutionnelle

qu'il s'agit lorsqu'on parle des devoirs du souverain, et nos chroniqueurs italo-normands, jugeant l'action de leurs princes, se réfèrent avec une remarquable fidélité aux trois thèmes de la frofessio consecrationis : Aimc du Mont-Cassin les reconnaît déjà à propos de Robert Guiscard (336) et (330) C'est ce qu'íncite à penser le propos d'Alexandre de Telese, rapporté plus bas, n. 361. L'analyse que le chroniqueur donne de la fonction royale correspond bien, en tout cas, aux trois termes de la professio ducale normande : « Ad Dei

ecclesiae augmentum,... ad exercendam malorum vindictam,... ad conservationem iustitiae » (cf. infra, n. 335). 331) SCHRAMM, 4 History... p. 18, 47, 195-197 ; DAVID, op. cil., p. 202-203 et 224-228. 332) DaviID, p. 237, 239, n. 56. ]

333)

Jbid..

p.

190.

|

.

.

3 34) IC ARLYLE (A History of Mediaeval Political T heory..., t. ITI, p. 39) cite fort à propos le serment du sacre rapporté par ean in. ( 3 5) Comparer surtout avec le serment du sacre du duc de Normandie, tel qu'il nous est rapporté à la fin du xri* siècle par le Très ancien coutumier de Normandie, éd. TARDIF, t. I, 1, p. 1 : « Quando dux Normanniae in ducem recipitur, sacramento tenetur Ecclesiam Dei deservire et ca que ad eam pertinent, et bonam pacem tenere et legalem iusticiam » {sur ce serment, cf. L. VALIN, Le duc de Normandie et sa cour (912-1204), éude d'histoire ruridique [Paris, 1909], p. 43-44). 1l nous semble bien être là en présence du modele de la professio sicilienne de 1151. Cf. néanmoins le serment prononcé par Ri-

chard I** en 1189 en Angleterre : « Iuravit quod ipse omnibus diebus vite sue pacem et honorem atque reverentiam Deo et sancte Ecclesie et eius ordinatis portaret. Deinde iuravit quod rectam iusticiam et equitatem exerceret in populo sibi commísso... ^ (J. WickHam Lecc, English Coronalion Records, p. 49). | . (336) AMATO DA MONTE CASSINO, of. cit., p. 222 : « Et non fust nulle, tant pouvre, fame, vidue ou petit garson, qui ne lo peust prendre a conseil et conter lui tout son conseil et sa povreté. Justement judica toute gent qui avoient a faire devant lui ; et jugeant par droit et par justice, metoit il la pardonance et la pitié. Li rector de l'Evlize honora et adresa et conserva lor possession et de lo sien lor dona. Et li evesque et li abbé avoit en reverence et timoit Crist en cels qui sont membre

so£s. »

459

II

Geoffroi Malaterra (337), comme Romuald de Salerne (338), à propos de Roger Ier et du duc Roger Borsa. Bien des témoignages montrent de quelle maniére Roger II et ses successeurs se sont conformés dans leur régne aux devoirs traditionnels des monarques occidentaux. 19 « Ecclesie Dei reverentiam et defensionem. exhibere. » Insérée dans le cérémonial d'une solennité toute liturgique, concuet dicté par des clercs, il est normal que la promesse du sacre ait comporté comme premiére et fondamentale obligation le respect de

l'Église et la protection de ses biens. Cette préoccupation, les notaires de la chancellerie palatine

l'ont inscrite bien souvent dans les préambules des diplómes royaux accordés aux divers établissements ecclésiastiques du royaume. Encore que Ja fréquence de ce thème ne doive pas

faire illu-

Sion — le matériel diplomatique qui nous a été conservé étant d'origine à peu prés exclusivement ecclésiastique, — l'ampleur des bienfaits accordés par les princes normands d'Italie à leurs églises

et à leurs monastéres manifeste néanmoins une fidéle application du devoir de respect et de protection assumé par le roi. Rien d'étonnant donc à ce qu'on le trouve péremptoirement affirmé dans l'une des prétendues Assise regum regni Sicilie (339), d'une manière d'ailleurs trés proche de celle qu'emploient les divers discours diplomatiques rédigés à la chancellerie (340). Pépin déjà s'intitulait defensor Ecclesie et l'on sait qu'il découlait normalement du pouvoir carolingien une mission de protection à l'égard de la cassa Petri (341). Sur cette base, tous les rois francs ont considéré

leur dignité souveraine comme un office quasi ecclésiastique leur imposant tutelle de l'Église et défense de la foi ; tout cela est trop connu pour que nous songions à y insister (342). Si bien que

Roger II était justifié à tenir son titre de «àv xpumavàv foz8&, non de sa position géographique vis-à-vis des Infidéles, laquelle depuis les premières décades du xrr® siècle avait cessé d'étre tenue pour une avant-garde du monde chrétien, mais d'une conscience quelque peu emphatique de son róle comme continuateur des traditions occidentales. 29 « Viduis ac fufsllis et universo populo legem et pacem facere. »

« As veves et as orfelins justise ferai », jurait le roi des États croisés au patriarche de Jérusalem (343) : le deuxiéme précepte du sacre s'ouvrait sur un engagement de justice et de charité sociales, souci qui a marqué profondément, plus qu'aucune autre, l'époque médiévale et qui n'est nullement resté (337) MALATERRA, of. cit., p. 88 : « Comes... coepit Deo devotus existere, iusta iudicia amare, iusticiam exequi, veritatem amplecti, ecclesias frequentare cum devotione, sacris hymnis adstare, decimationes omnium reddituum suorum sacris ecclesiis attribuere, viduarum et orphanorum, sed et moerentium cum ratione consolator. » 338)

RoMUALD

DE SALERNE, op. cit., p. 202 : « Hic autem fuit... iustitie tenax, suis suorumque opibus studens, suos enim

ditabat. Fuitque pau m nutritor, pius, in elemosinis largus, ecclesiarum Dei atque sacerdotum consulens. » (339) Assise II : « Noverint ergo omnes nostre potestati subjecti quoniam in voto nobis semper fuit et erit ecclesias Dei, pro quibus Dominus Iesus sanguinem suum fudit, protegere, defensare, augere modis omnibus, sicut et proienitores nostri consueta liberalitate id ipsum facere studuerunt. » . (340) Nous ne citerons ici que quelques ex. caractéristiques. Diplôme de 1150 (sic ; 1155 ?), mai : « Ad nostram spectat providentiam et sollicitudinem Dei ecclesías ab ipso defensi defcndere, earum possessiones augere, perturbantes ipsos potenti brachio conterere » (A. MONGITORE, Monumenta historica sacrae domus mansionis sanctae Trinitatis, Palerme, 1721, p. 186-187). — 1167, décembre : « Ideoque constitutas per regnum nostrum sacrosanctas ecclesias et loca venerabilia sacris misteriis dedicata, optentu divinitatis sub protectione nostri culminis, duximus confovenda et eis ad quietem,

simul et indempnitatem volumus favore regio benignius providere... » (G. De Givpice, of. cit, t. I, appendice I, p. xxxXXXI, n? 13). — 1171, mars : « Decet regiam maiestatem ecclesias Dei diligere, earum possessiones augere, ipsarumque preiatis ad pias causas nobis supplicantibus aures non minus benignas sumus et regni gaudemus gubernacula suscepisse » (C. A. GARUFI, /

quam efficaces porrigere illius intuitu per quem reges documenti inediti. dell'epoca normanna in Stcilia, Pa-

lerme, 1899, p. 127, n? (£e — 1178, 25 avril : « Divine maiestatis intuitu, in cuius nomine vota nostra dirigimus et omnem regiam dispositionem feliciter communimus, sacrosanctas ecclesias, monasteria et loca venerabilia per regnum nostrum undique constituta, dignum ducimus reverenter colere, rationes earum defendere, iura fovere et ipsarum paci et quieti misericorditer providere » (E. de ROZIÈRE, Cartulaire de l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, Paris, 1849, p. 310, n° 172). 341) P. De FnaNcisci, Arcana Imperii, t. III, 2, p. 283-288. 342) Da FRANCISCI, of. cit., P. et ss., avec abondante bibliogr. . . . 343) Le Livre de Jean d'Ibelin, it dans Assises de Jérusalem, éd. BEUGNOT (+ Rec. des historiens des croisades, lois », I), P. 31.

460

Il

L'INSTITUTION

MONARCHIQUE

DANS

LES ÉTATS

NORMANDS

D'ITALIE

étranger à la monarchie normande de Palerme. De bonne heure, Roger IT s'en prévaut en déclarant dans un diplôme de mai 6622/1114 : « Ii est bien mieux appréciéde Dieu et approuvé de tous de tendre une main secourable aux prisonniers, aux sans logis, aux veuves et aux orphelins, de les tirer des épreuves de toute son énergie et avec tous ses moyens, et de verser son sang pour eux, selon la parole divine (344). » On trouve aussi trace de dispositions favorables aux veuves et aux orphelins dans les coutumes de la terre de Corleto-Monforte, réglementation scrupuleusement conforme"à la législation royale, confirmées sur mandat du roi en mai 1172 (345). Et c'est sans doute

un statut analogue, promulgué par le roi normand en faveur des pupilles, des orphelins et des veuves (346), que les rédacteurs de prétendues « Assises » ont tenté, avec beaucoup d'incertitude, de reconstituer dans un texte (347) qui, par la suite, ma] entendu par Frédéric II (obscuritatem legis divi regis Rogerii, avi nostrs, de restituendis mulieribus editam declarantes...), lui a néanmoins servi de

base pour ressusciter au bénéfice des mêmes personnes l'in isdegrum restitutio romaine (348). De telles mesures visant à la justice sociale entraient dans le propos beaucoup plus large d'assurer au royaume bonam facem et legalem iusticiam ou, pour reprendre les termes du serment anglais du sacre de 1189, « droite justice et équité », «£ per iusticiam suam firma pace gaudeant universi (349). Sur la ferme volonté manifestée par Roger II dés 1129 de rendre à l'Italie méridionale paix

et sécurité, après les tentatives infructueuses du duc Roger (350) et de l'Église (351), il ne sera point nécessaire d'insister ici, car, tout naturel qu'il soit de l'inscrire dans un cadre de tentatives communes

à une bonne partie de l'Europe d'alors (352), elle procédait de nécessités trop impératives pour avoir d'autre source que Ja conjoncture elle-méme. Mais, sans vouloir approfondir un sujet sur lequel nous reviendrons ailleurs, il n'est pas inutile de signaler sur le plan juridique ce qu'a de particulier la « paix du roi » italo-normande, dont l'élaboration et les conséquences multiples ont été déjà soigneusement étudiées (353).

Sur ce terrain, les États européens les plus avancés ne sont parvenus à assurer la paix et la sécurité publique que par le moyen de serments prétés à la personne du souverain, ce qui donnait à Ja notion de paix un caractére « contractuel » nécessairement générateur de larges zones d'abstraction. C'esi à une technique de ce genre que Roger II a eu recours d'abord lors des assemblées de barons du duché tenues à Melfi en 1129. Dès qu'il eut affermi sa position à l'intérieur du royaume, le souverain sicilien passa à l'élaboration politique et administrative d'un système beaucoup plus absolu, dans lequel la paix publique était une base intangible. Et comme l'exercice d'une saine justice et (344) * xal Mav Oeopadarepov xal roic máaw érmverév alyuakdros xal

6e pr

ofxou,

(sic)

xfipsc t€ xal ópeavoto

kxopértw. Bor Oelac xetpa... » (Vat. lat. 8201, fol. 124 r9). Seepe x (345) G. Dt. Giupice, of. cit., t. I, p. Lvt, n° 27 : « Vidue ab omnibus redditibus libere esse debent. Orfani, donec ad plenam etatem pervenerint, a redditu curie liberi esse debent. » (346) Statut que l'on a voulu identifier avec une mesure peut-être édictée par Roger IT en faveur dela femme lomberde, mais qui n'a aucun rapport avec une disposition favorable aux femmes en tant que miserabiles personae.

(347) Vat. lat. 8782, fol. 92 : « De pupillis et orphanis. Pupillis et us confirmata, pro qualitate temporum quibus absolverint (sic in bilis non est, favorabiliter commendamus. Mulieribus nichilominus jegum equitatem sectantes tam per nos quam per officiales nostros

orphanis, pietatis intuitu, multa privilegia priscis legiultimo delegamus nostris iudicibus ubi iactura tolleraubi non modice lese sunt, propter fragiliorem sexus, ex pietatis visceribus subveniendum decrevimus, sicut

1349 onsliluliones regni Siciliae, II, 41-44, éd. A. HuiLLARD-BRáHOLLES, dans Historia diplomatica Friderici 17, t. » I* p., p. I12-114. (349) Serment du sacre, rapporté par BRACTON, De legibus et consuetudinibus Angliae, éd. G. WoopBiuz, New Haven 1915 /42 (« Yale Hist. Publ. Manuscr. and Texts Ju

p. 9, n. 2.

(350) « Anno 1089 facta est synodus omnium liensium, Calabrorum ac Brutiorum episcoporum in civitate Melfie, ubi affuit etiam dux Rogerius curn universis comitibus Apulie ac Calabrie et aliarum provinciarum. In qua statutum est ut sancta travia

retineretur

ab

omnibus

Subjectis » (LUPUS

PROTOSPATA,

Chronicon,

R.

I. S., V, 46).

Sur

ce

synode,

célébré à Melfi, du 10 au 15 septembre 1089, cf. KEHR, Jéalia pontificia, t. VIII, p. 23. n° 71. (351) FALcoN ps BÉNÉVENT, of. cil., 1166-67 et 1174. (352) R. BoNNAUD-DELAMARE, Fondement des institutions de paix au XI* siècle, dans « Mélanges... L. HALPHEN », Paris, 1951, p. 19-26 ; J. YvzRn, L'interdiciion ds la guerra. privée dans le très ancian droit normand, extr. de « Semaine droit normand, Guernesey, mai 1927 », Caen, 1929.

(353) Nizsz, op. cit., p. 19-36 ; Jauisow, The Norman Administralion..., p. 339-243 ; CABEN, of. cit., p. 107-110.

461

Il

d'une fiscalité équitable était le pivot essentiel d'une vie sociale harmonieuse, il créa une organisation judiciaire et financière destinée à maintenir avec fermeté la paix du royaume (354). La paix devenait ainsi une loi absolue, au respect de laquelle veillait, dans le nom du souverain, toute une

hiérarchie administrative sévérement contrólée par la cour. Là ne s'arréte pas l'institution italo-normande. Son trait marquant est d'avoir souligné l'intangibilité de son principe en la concevant comme un attribut fondamental du souverain. La paix italonormande est, plus proprement, la fax regis (355) et celui qui y porte atteinte attente par là même à Ja personne du roi. De là à décréter le bris de paix comme crime de lése-majesté, il n'y avait qu'un pas qui est franchi dans les Assise regum regni Sicilie (356). Ce pas n'a peut-être pas été accompli sous le premier roi italo-normand, mais, méme postérieur à la moitié du x1ie siècle, il est néanmoins fort en avance sur l'évolution générale accomplie partout ailleurs en Europe. Quoi qu'il en soit, pour des raisons qui tiennent aux mémes fondements, puisqu'une droite justice est précisément considérée par la monarchie sicilienne comme l'une des plus süres clés de la paix sociale, les décisions que les tribunaux ou la cour royale prennent dans le nom du roi doivent être reçues avec le respect le plus parfait. Toujours en vertu des mémes considérations, discuter ces décisions équivaut à rompre Ja paix du roi et, par là, à agir contre la majesté royale (357). Paix et justice indissolublement liées dans la personne du souverain ne sont point toutefois des innovations dans la conception de la fonction royale. L'éthique politique médiévale n'a pas cessé de proclamer en ce sens les hautes nécessités du gouvernement royal, telles que déjà les pères de l’Église ou saint Augustin les énongaient, et telles que Jean de Salisbury les réordonne dans son Policraticus (358). Toute la littérature politique des x1*-X11* siècles répète à satiété que du principe de l'origine divine du gouvernement découle nécessairement le devoir, pour le souverain, de maintenir l'équité et la justice dans ses États (359), et que dans l'exercice de ce devoir il doit être guidé, non par des sentiments de rigueur, mais par un souci de bienveillance et de miséricorde. Les diplómes des rois normands d'Italie donnent un écho trés fidèle de ces enseignements (360) et Alexandre de Telese proclame, on l'a vu (361), que la promotion royale confére une puissance essentiellement décernée pour punir les mauvais et maintenir une saine justice. Sur le point particulier de l'impératif de miséricorde, le soi-disant Proemium des « Assises » insiste d'une façon telle que la miseri(354) ROMUALD DE SALERNE, p. 226 : « Rex Rogerius, in regno suo perfecte pacis tranquillitate potitus, pro conservanda pace Camerarios et iustitiarios per totam terram instituit, leges a se noviter conditas promulgavit, malas consuetudines e medio abstulit. » (355)

San Germano,

1180, 29 avril. Bérard et son neveu Roger, seigneurs de Montemillio, ont été accusés

par les hommes

de San Pietro de Avella de s'étre emparés d'eux, de les avoir fouettés, de les avoir détenus en prison, d'avoir dévasté leurs biens et d'avoir souvent chevauché en armes sur les terres de San Pietro afin d'accomplir les foríaits susdits. En raison de ces actes, perpétrés contra pacem domini regis, ils ont été cités devant la cour du comte Tancrède, maltre justicier (E. GaTTOLA, Ad hisloriam abbaltae Cassinensis accessiones, Venise, 1734, p. 266). (356) Vat. lat. 8782, fol. 92 v? : « De crimine maiestatis [8 1 ]. Quisquis cum milite uno vel cum pluribus, seu privato, scelestem inierit factionem, aut factionis dederit vel susceperit sacramentum, de nece etiam virorum illustrium qui consiliis et concistorio nostro inter(sunt],

cogitaverint

et

tractaverint,

eadem

severitate

voluntatem

sceleris qua

effectum

puniri iura voluerunt ; ipse quidem utpote reus maiestatis gladio feriatur... [$ 4]. Hoc crimine tenentur omnes quorum consilio fugiunt obsides, armantur cives, seditiones moventur, concitantur tumultus... » (357) FALCAND, op. cit., p.141 ; Assise regum regni Sicilie, XVII, 1, qui est La copie textuelle de C. IX, 29, 2. | (358) J. DicxiNsoN, The Mediaeval Conception of Kingship and Some of ts Limitations as Developped in the « Policraticus » of John oj Saiisbury, dans « Speculum », t. 1, 1926, p. 308-337. (359) CARLYLE, À Hislory..., t. III, p. 125-146, 181. . (360) Dipióme de 1143, novembre : * Regie maiestatis est atque clementie iusticiam poscentibus aures pietatís accomodare et altercantium lites, vel legali iudicio, vel competenti concordia terminare » (Der C1UDICE, of. cit., t. I, appendice I, p. xix, 0° 6). — 1148, février : « ... Controversias et querelas multas... sepe et diu in civitate Messana et in diversis locis ventilatas, non rigore iusticie sed solo equitatis beneficio, cum beneplacito utriusque partis in hunc modum sedavimus... » (KEHR, op. cit., p. 429, appendice n? 13). —

1155, mars : « Nichil enim est,

quod

tantum deceat regiam maiestatem, quan-

tum omnium ordinata concordia et discordes ad concordiam revocare » (MERCATI, of. cif., p. 285). — 1172, après avril : « Vere magnificencie nostre gloriam favorabilibus titulis adornamus, si ad regni nostri gubernacula iuris rigorem per misericordie favorem propentius exibemus... » (KEHR, op. at., p. 441, app. n? 22). | . (361) «... Ad gloriam Dei eiusdemque Ecclesiae augmentum in urbe regia Panormitana fieri omnino decernitur promo tio, cui etiam adeo tanta concessa est virtutis potentia, ut ad exercendam malorum vindictam et ad conservationern iustitiae ipsum genus suum ampliori terrarum adquisitione iam superexcedere videatur » (ALEXANDRE DE TELESE, 1l, 3 (p. 622] ).

462

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NORMANDS

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cordia se hausse au rang le plus haut des dogmes royaux (362). Hans Niese, qui a longuement insisté sur ce thàme(363), y voit la marque d'une influence prépondérante des canonistes des x*XII* siècles dont l'axiomatique est toute dominée par le binôme susticia et misericordia. Pour notre part, dans la mesure oü ce prologue mérite d'étre considéré comme ayant un rapport quelconque avec les doctrines de la cour normande de Palerme, nous serions beaucoup plus enclin à rapprocher ce texte de ses homologues anglais et notamment du serment du sacre, dans lequel le binóme

sushicia d misericordia tient aussi une place capitale (364). Du moins peut-on puiser dans tout ce chapitre la conviction que la source profonde de l'action royale penormitaine était, là aussi, en compléte harmonie avec l'orthodoxie occidentale. Elle l'était, plus encore, sous l'aspect du second volet de la pensée politique médiévale. Une fois posé le principe que la fonction éminente de l'organisation sociale est éthique, qu'elle doit tendre au maintien de la justice et de l'équité, il s'agit de le traduire en termes d'action. Depuis Abbon de Fleury, les auteurs de traités politiques sont unanimes à déduire de la premiére face du diptyque le principe de Ja suprématie de la loi « as the complete embodiment of justice » (365). Il est dans l'ordre des choses que l'État se confonde avec la loi, et gouverner justement, c'est gouverner en accord avec la loi (366). Mais de quelle «loi» peut-il s'agir aux X1*-X11* siècles ? Le troisième pré-

cepte du sacre donne à tout cet aspect de l'éthique royale un contenu trés précis.

39 « Malas leges ei consuetudines delere, bonas custodire et condere. »

Tenant compte de certaines contingences externes, nous considérerons ici deux variantes essentielles de ce lertiwm preceptum. En Angleterre, le roi achève Je serment du sacre en jurant quod malas leges ei consuetudines berversas, si que in regno suo inducte sunt, deleret et bonas leges conderet et sine fraude ei malo ingenio eas custodiret (367). Le roi du royaurne latin de Jérusalem jure pour

sa part : « Les privileges des beneurés reis mes devanciers et les assises dou roiaume de Jerusalem garderai ; et tot le peuple crestien dou dit roiaume, selonc les costumes ancienes et aprovees de ce mesme roiaume, et selonc les assises des devant dis rois en lor dreis et en lor justises garderai,si come roi chrestien et fei] de Dieu le doit faire en son roiaume (368). » Ces deux types de formulation du troisiéme précepte offrent une rédaction particuliérement compléte et développée du dernier chef d'obligations incombant au souverain. Jean d'Ibelin, qui nous rapporte le second, écrivait dans le deuxième tiers du x11 siècle (369) et la critique n'a pas encore tranché la question de savoir à quelle époque interviennent les transformations qu'accuse notre troisième clause de la professio anglaise (370). Traditionnellement, il ne s'agissait pour le roi que de s'engager à proscrire les rapacitates e omnes iniquitates, et la prescription de s'opposer aux mauvaises coutumes, jointe à celle de

condere et custodire bonas leges, est une innovation du serment anglais qui ne s'étend guère aux autres professiones européennes avant la fin du xri siècle (371). Néanmoins, même si une telle base de comparaison peut paraitre prématurée pour juger des devoirs impartis au roi sicilien du XII* siécle, il n'est pas inutile de s'en référer à ces formes nouvelles du fertium preceptum, ne serait-ce que pour marquer les termes de l'évolution à l'intérieur de laquelle s'inscrit la royauté siculo-normande. 62)

3 364) mens " 5 366} en

Voir injra, appendice.

Ni1zsk, of. cil., p. 46-48. « Tertio ut in omnibus iudiciis aequitatem praecipiat et misericordiam, ut indulgeat ei suam misericordiam misericors Deus, e ut iustitiam suam firma pace gaudeant universi » (BRAcTON, De legibus..., 111, 9, 2). RLYLE, 0f. cit, t. I f, p. 183. Pour le dévéloppement HÉstorique de cette thèse, cf. ibid., t. T, cap. 18-19, et III, cap. 5. Davip, Le serment du sacre..., p. 224. Le Livrs de Jean 4'Tielin, VII, dans Assises de Jérusalem, loc. cit. ; cf. supra, n. 343. 69) M. GRANDCLAUDE, Etudes critique swr les Livres des « Assises de Jérusalem », Paris, 1923, p. 140-142. 379) DAVID, of. cit., p. 224-227. 371) ScuRAMM, À Hiísfory..., p. 196-200.

cle-

463

Il

D'autre part, que ce soit par l'influence probable exercée sur la cour panormitaine, ou pour le parallélisme des conjonctures imposées par la constitution politique du royaume, serment anglais et serment jérosolimite représentent deux tendances majeures des devoirs du souverain, telles qu'elles ont pu peser sur Ja conception sicilienne. Quoi qu'il en soit, nous arrivons avec elles à une triple sujétion du roi vis-à-vis du droit : abolition des mauvaises coutumes, conservation des bonnes

lois et, éventuellement, promulgation de lois bonas et sanas. Or, raison majeure de notre confrontation avec les régles anglaise et jérosolimite, on trouve accidentellement, dans une des « Assises », une affirmation à peine différente de celle qui est contenue dans la professio anglaise dite de Richard Ier : Quoniam ad curam et sollicitudinem regni pertinet leges condere, bopulum pubernare, mores instruere, pravas consuetudines extirpare. (372). On rejoint

ici la prétention exprimée dans le Proemium : Iure itaque, [nos] qui iuris et legum auctoritatem per ipsius graliam oplinemus, eas in meliorem statum parlim erigere, bartim reformare debemus. Il est

difficile de ne pas reconnaître dans ces diverses propositions une correspondance intime avec les devoirs que la loi constitutionnelle anglaise a été la premiére à inscrire dans le serment du sacre. L'abolition des mauvaises coutumes et la réformation du royaume ont été parmi les préoccupations constantes de la cour de Palerme. Déjà aux environs de 1140, selon le témoignage de Romuald de Salerne, sitôt aprés avoir rétabli l'ordre et la paix, Roger II malas consuetudines de medio abstulit (373). L'expression malas consuetsdines, toujours susceptible d'interprétation ambigué, ne doit cependant pas faire illusion ; consuetudo doit ici étre entendue dans son sens premier — et Je plus communément employé encore à cette époque (374), — c'est-à-dire celui de droit ou taxe, la mala consuetudo étant alors assimilable à l'exaction fiscale. De cela nous avons une longue suite de preuves dans les diplómes par lesquels les rois siciliens ont accordé à divers monastéres et églises que soit abolie toute « mauvaise coutume » qui aurait pu étre imposée à leurs biens, hommes ou possessions (375). C'est de tâches de cet ordre que parle sans conteste le souverain normand Jorsqu'il déclare, par exemple, dans le préambule de son édit de réformation de l'automne 1144 : Ad nostram spectat sollicitudinem.

cuncta in meliorem. staium reducere (376). En cela il s'agit toujours

de justice et

de paix sociales et, plus simplement encore, de répondre à l'un des soucis dominants des hommes de ce temps, souci qui se mesure à la précaution que prennent toujours les communautés rurales ou

urbaines de faire inscrire en bonne place la nature des taxes et services dont chacun sera redevable envers le seigneur, dans les « chartes de coutumes » dont ces communautés obtiennent la rédaction

officielle dans le courant du xr1* siècle. Comme dans tout le reste de l'Europe médiévale, la coutume est la souveraine régulatrice des situations juridiques ; elle régne rigoureusement sur tout ce champ-clos des rapports entre indi-

vidus qu'est le droit privé, ce qui explique qu'aucun souverain ne s'y soit hasardé, sinon pour consacrer une institution déjà reconnue par un usage non contredit (377). Le respect des coutumes, à quoi s'engageait le souverain dans le troisième précepte du sacre n'était que la reconnaissance 372) Vat. lat. 8282, fol. 93 r9, De coniugiis legitime celebrandis (Assise, XXVII). 373) Cf. supra, n. 354. . . | 374) ). F. LzMARIGNIRR, La dislocation du « pagus » el le problème des «consuetudines », dans « Mélanges... L. HALPHEN », . 401-410. P G75) Diplôme du 16 octobre 1133 la Trinité de la Cava (CASPAR, of. cit., n° 88) ; — 24 octobre 1133 pour l'évéché de Tarente (ibid., n° 91) ; — 21 juillet 1134 pour Santa Sofia de Bénévent (ibid., n° jon; — 24 août 1135 pour Santa Maria di Melenico (ibid., n° 105) ; — 18 mars 1170 pour San Modesto de Bénévent (F. BARTOLONI, Le pin antiche carte deil'abbaria di San Modesto di Benevento, Rome, 1959. P. 35-37, n? 12) ; — 10 mars 1176 pour Santa Maria di Cinque Miglia G. CgL1DONIO, La diocesi di Valva e Sulmona, 111, Dal 1100 al 1200, bordino, 1911, p. 82-85) ; — 7 mai 1176 pour Ein iovanni in Lamis (DEL GIUDICE, of. cif., p. XXXVIII-XL, appendice I, n° 17). [376 Cf. H. GRÉGOIRE, dans « Ann. Inst. philol. et hist. d. Univers. libre Bruxelles », 1932 /33. p. 93-94. 377)

464

P. PrrOoT, L'ordonnance du 1** mai

1209, dans « Recueil... C. BRUNEL

», t. II, Paris,

1955, p. 379.

Il

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NORMANDS

D'ITALIE

d'une tradition juridique à peu prés immuable. Dans l'Italie méridionale, c'était par surcroît une nécessité politique que tous les souverains normands ont bien comprise et à laquelle ils ont sagement tenu la main (378). L'une des meilleures illustrations qu'on en puisse donner est ce mandat de Guillaume II ordonnant à Pierre, abbé du Mont-Cassin, que quiconque sera constitué

juge de la cité de Sant'Angelo in Teodice, devra jurer sur les Évangiles de juger justement et

raisonnablement secundum leges quibus vivelis et iuxla et consueludines ferre vestre (379). La diver-

sité des peuples soumis et la faiblesse numérique des conquérants imposaient aux Normands, lors de leur établissement, la reconnaissance et le respect des traditions locales. Cet impératif de la conquéte est resté une régle d'or de la domination normande, qui s'est manifestée par un strict régime de personnalité des lois (380). Dans l'Italie méridionale du xxre siècle, un facteur politique donnait donc une raison d'étre particuliére et supplémentaire à l'un des chapitres essentiels du serment du sacre. Intervenait-i] avec le méme poids pour limiter toute initiative du souverain en matière législative, tout au moins sur le plan du droit privé ? On serait tenté de le croire. Des prérogatives de ce genre sont rarissimes à cette époque dans les monarchies dites féodales (381). A quoi s'ajoute qu'un édit à caractére général se serait présenté dans les États italo-normands comme un bouleversement aux usages établis, faisant J'unité sur un point particulier dans des systémes juridiques aussi différents que le droit lombard, le droit byzantin et le droit arabe. À vrai dire, nous n'avons que deux indices d'une intervention de ce genre et ils sont peu probants. Ils concernent deux dispositions de Roger II modifiant je régime des émoluments successoraux et la capacité de la femme à aliéner ses propres. Or les actes de la pratique dressés postérieurement à la promulgation de ces textes attestent de la facon la plus formelle Je maintien absolu des régles traditionnelles dans Jes matiéres visées par la législation royale, au point qu'on est tout naturellement conduit à considérer les deux dispositions en question comme des manifestations gratuites de l'aptitude royale à légiférer dans le champ du droit privé (382). Que ces manifestations soient restées isolées et qu'elles paraissent en tout cas étre

intervenues dans les derniéres années du régne de Roger II montre avec quelle prudence on doit accueillir les propos consignés dans les prétendues « Assises ». Guillaume II, dont l'activité législative a été beaucoup plus prolifique, loin d'intervenir à l'encontre des coutumes de ses sujets, a au contraire veillé attentivement au maintien de l'autonomie juridique des diverses populations du royaume. Il] y a, par conséquent, une marge assez considérable entre la latitude très étroite du souverain dans le domaine le plus expressif de son activité législative et l'asctoritas iuris et legum revendiquée pour lui par l'auteur du Proemium, auctoritas qui par la subtilité toute romaine de sa distinction est, à pareille époque, à peu prés dépourvue de signification. Les exemples que nous, venons de donner soulignent ce qu'a d'excessif cette position de la doctrine moderne qui revendique pour ce qu'elle appelle « l'absolutisme rogérien » un pouvoir législatif sans limites, «premier signe de vie d'une monarchie programmatiquement absolue », ce qui est placer le roi sicilien sur un sommet que l'empereur d'Orient ou d'Occident ne songeait sans doute plus, ou pas encore, à assumer (383). D restait évidemment un large domaine ouvert à la législation royale : celui du droit public et celui qui régissait l'organisation des rapports, publics ou privés, nés de cette forme de société, nouvelle pour l'Italie, qu'était la société féodale. Incidemment, dans ce dernier ressort, les pouvoirs du

roi pourront être discutés à propos d'une disposition coutumiére — d'ailleurs antérieure à la créa8) Cf. La 4

iom des peuples soumis et lo principe de la personnalité des lois, t. I, chap. I de

royaumes ee orient d Lais, à patate i2 GATTOLA, 0f. cif., p. 383. Ménacen, cf. supra, n. p 1) Manonotá, Concerione sovramniiá..., p. 225-226,

UP

un

Études

in

le

| Ct. les développements sur le royaume nor mand d' Italo, t. 1, à paraître. que nous avons consacrésà ce point particulier dans nos Études (383) Manonaïd, op. cif., dans

« Atti Convegno intern. studi Ruggeriaui », t. I, p. 225-229.

465

I!

tion des liens féodaux — soumettant à l'autorisation royale le mariage des vassales ou des filles de vassaux (384). Le prince n'en tint nul compte, estimant qu'en cela comme en matière fiscale

ou dans tout ce qui touchait l'organisation judiciaire, politique et administrative de l'État, discuter son pouvoir était porter atteinte à l'un des attributs les plusinséparables de la majesté royale.

Or ces attributs avaient l'étendue que lui conférait l'aptitude du roi à les faire respecter : c'était ]à le fondement pragmatique que connaissait l'Occident depuis la renaissance carolingienne, en attendant que le droit romain vint reconstruire les structures du pouvoir souverain. Dans ces

sphéres de l'action royale, l'État normand d'Italie n'apportait donc aucune solution neuve, il continuait encore la plus simple et la plus logique des traditions occidentales. * .,€

Lorsqu'on essaie de retracer dans le détail la genése de la constitution du pouvoir royal normand, de sa structure et de son contenu, il surgit certaines évidences majeures qui imposent l'assimilation de l'institution sicilienne aux concepts hérités par l'Occident de la grandiose expérience carolingienne. Qu'un tel effort d'analyse ait jusqu'ici fait défaut explique seul l'unanimité d'une position

doctrinale fondée sur des apparences. Mais celle-ci tient peut-être aussi à ce qu'on a trop délibérément négligé la place tenue à la cour panormitaine par cet élément constant des cours européennes qu'est J'élément féodal et ecclésiastique. A nous en tenir aux souscriptions des personnages présents

aux diplómes expédiés par Roger II durant son adolescence et jusqu'à son accession à la royauté, le jeune souverain se présente à nous pendant toute cette période entouré d'un conseil de prélats et de barons franco-normands parmi les plus constants desquels figurent Robert

Avenel

(385),

Raoul de Beauvais (386), Robert Borel (387), Renaud de Tiron (388) et Robert de Bassonville (389). Nous ignorons le rôle joué par ce quinquevirat, mais il n'y a pas lieu de douter de l'influence déterminante qu'il a dà exercer sur le prince. Or un tel conseil ne pouvait orienter l'esprit de Roger II que vers des tendances résolument opposées aux postulats de l’absolutisme romanobyzantin. Et du côté ecclésiastique, ce vers quoi l'inclinaient les clercs de sa cour, comme un Alexandre de Telese, c'était une monarchie davidienne, idéal biblique qui inspirait Jes palais de l'Occident depuis Ja chute de l'Empire romain (390). La monarchie italo-normande n'a donc été, comme celle d'Angleterre, qu'une monarchie importée et cela montre bien la force avec laquelle s'imposait, émanation des schémes présidant à l'organi-

sation des rapports sociaux, la structure juridique féodale, méme aux confins du monde oriental. À cette structure Jes architectures savantes du droit romain étaient étrangères, et le plus grand

bénéfice que l'on puisse retirer de l'étude de l'institution royale sicilienne, c'est la constatation Gi FALCAND, op. cit, D. 64. 2. (385) Robert Avenel souscrit les diplômes suivants : 1107, juin-août (L. T. WhirE, Latin Monasticism in Norman Sicily, Cambridge Mass., 1938, p. 250, app. n? 7) ; —— 1110, février (CASPAR, op. cif., n? 13) ; — 1117, juin (ibid., n° 35) ; — 1117 (B. Txowny, torta eritico-cronologica diplomatica del patriarca san Bruno e del suo ordina cartusiano, t. III, p. cxxxvi1t, app. I, n° 26) ; — 6630/1122, juin (MÉNAGER, dans « Byzantin. Zeitschr. », t. L, 1957, p. 3 i3. n° 2); — 1124 (CASPAR, 0p. cil., n° 45) ; — 1125, décembre {fbid., n° 48) ; — 1126, juin (ibid., n° 49) ; — 1130 ü ., n° 66). (00)

1107, juin-août

Enn

388)

1110, janvier

(WHITE, loc. c$f.)

(CASPAR,



; —

1110, février (CASPAR, op. ctf., n9 13)

I2) ; — 1111 (fbid., n» 19) ; —

; —

1117 (TROMBY, loc. cit.).

1119, septembre (15bid., n° 38).

Sur celui-ci, cf. MÉNAGER, dans « Byzantin. Zeitschr. », t. LI, 1958, p. 311, Dd,

.

350) 6630 /1122, juin (MÉNAGER, of. cit., t. L, 1957. p. 335-339, n° :j: — 1130 (CASPAR, op. cil., n° 66). . 390) ALEXANDRE DE TELESE, Alloquium ad regem Rogerium, R.IS., V, 543 : «€. Veniat denique ad memoriam David, sanctus rex, eiusque imitator fieri studeas... » Toute cette allocution de l'abbé de Telese est pleine d'enseignements

sur les aspirations et les

tendances du clergé sud-italien, dans les premiéres années du règne de

Roger II. Programme poli.

tique et admonestation sur les règles supérieures de l'État, le propos de l'abbé Alexandre rejoint les maximes essentielles du gouvernement contenues dans les professions 1. nous avons examinées ; il est sur ce point une vive exhortation à la suppression des iniquités, au régne de pix et de la justice : « Regnum igitur bene recteque administrare est, cum utrum-

que tempus et belli et pacis gubernatur, dum et per legum tramites rerum iniquitates expellas atque armis, victis hostibus, triumphator. Memento itaque te idcirco regis nomine censeri, ut omnea sub ditione tua positi et lusticiac censura et pacis vinculo regantur » (ibid., 644).

A

466

li

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NORMANDS

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de la permanence et d'une certaine universalité des principes sur lesquels se sont báties et continuaient simultanément à se bâtir les grandes monarchies européennes. Dans cette matière comme dans toutes les autres, ce n'est point détaché du concert des États de l'Europe « féodale » que doit être considéré le royaume sicilien, mais comme

partie intégrante d'un tout à la compréhension

duquel l'étude de ses institutions apporte une contribution d'une précision souvent exceptionnelle.

APPENDICE Proemium des Assise regum regni Sicilie (1) Ms. : Vat. lat. 8782, fol. gr. Éd. : a) Johannes MERKEL, Commentalio qua iwris siculi sive assisarum regum regni Siciliae [ragmenta ex codicibus manuscriptis proponuniur, Halle, 1856, p. 15-16, éd. du Proemium du Vat. lat. 8782. — b) Isidoro LA LuMIA, Storia della Sicilia soto Guglielmo sl Buono, Florence, 1867, p. 370-372, appendice I, éd. d'après a. — c) Francesco BRANDILEONE, Ji dirillo romano nelle legg$ normanne e sveve del regno di Sicilia, Turin, 1884, p. 94-96, appendice, éd. d’après le Vat. lat. 8782. — d) Max HoFMANN, Die Stellung des Kónigs von Sizilien nach den Assisen von Ariano, Münster, 1915, p. 179-180, éd. d'après c. — e) Gennaro-Maria Montt, Ii festo e la storia esterna delle Assise normanne, dans « Studi... C. CALISSE », Milan,

1939, t. I, p. 309-310, éd. critique reprise et améliorée dans un article du méme titre paru dans Lo Stato normanno-svevo ; lineaments e ricerche, Trani, 1945, p. 83-84.

Dignum et necessarium est, o proceres, si q(uid) de nobis et universi regni nostri statu meritis« que » non presumimus, « quos > a largitate divina g(rati)a consecuta recepimus, divinis beneficiis quibus valemus obsequiis respondeamus, ne tante gr(ati)e penitus ingrati simus (a). Si (er)go sua mi(sericordija nob(is) D(eu)s pius, prostratis hostibus, pacem reddidit, integritatem regni tranquillitate gratissima tam in carnalibus quam in sp(irit)ualibus reformav(it), reformare cogimur iustitie simul et pietatis itinera u(b)i videmus eam et mirabiliter esse distortam. H(oc) (e)n(im) ipsum quod ait inspiram(en) de munere ipsiuslargitoris accepimus, dicente ipso: « per me reges regnant et condi(a) Cette première phrase est incompréhensible et assurément lacuneuse, ce dont aucun éditeur ne paraît cependant s'être jusqu'ici soucié. Il est clair, en effet, que, le verbe recepimus étant dépourvu de complément, la seconde proposition ne se rattache ni à la première, ni À la seconde proposition. L'intention du rédacteur nous paraît étre d'avoir rattaché recepimus à maritis ; la ponctuation du manuscrit implique donc la présence d'un quos en tête de la seconde proposition qui devient ainsi une relative. La construction de l'incidente postule alors entre stafu et meritis une conjonction. trauction du début de ce Proemium peut, dans ces conditions, s'établir ainsi : « Il est digne et nécessaire, 6 barons, — si

nous ne présumons pas trop de nous, de l'état de notre royaume tout entier et des mérites

que nous avons reçus d'une libé-

ralité procédant de la grâce divine — que nous répondions par le respect aux bénéfices divins qui font notre afin que nous ne soyons pas totalement ingrats pour tant de gráce. »

puissance,

[p On entend par Assise regum regni Sicilie un recueil juridique transmis par deux manuscrits du x1n1° siècle (Vat. lat. 8782, ff. 91 r9-v? ; Casin. 468, (t 43 1?-44 v?) dont les leçons diffèrent assez sensiblement tant sur le nombre que sur la teneur des textes composant le code. De ces deux compilations, seule celle du manuscrit du Vatican est pr ée d'una introduction ; celle-ci figure, sans titre et sans aucune distinction, à la suite des 7asfifutes de Justinien, copiles par le même scribe aux ff. 79- 91 r°. C'est ce prologue que, depuis sa découverte par Merkel en 1856, l'on désigne du nom de Proemium ou de Adiocutig regis ad proceres regni. Les éditions qui en ont été données procèdent toutes plus ou moins fondamentalement de l'édition princeps donnée par Merkel. Ce n'est qu'après l'exégèse textuelle à laquelle se livra Raffaele PERLA (Le assiss da' ve di Sicilia; saggio storico-giuridico, Caserte, 1882) que Gennaro-Maria MoNTI entreprit une édition critique, publiée d'abord dans un état typographique assez désastreux, puis, malgré des amendements assez considérables, avec

des imperfections encore

plus graves.

Áucun des textes proposés ne mérite d'étre tenu pour définitif ; nous nous abstien-

drons donc de nous y référer dans le court extrait ci-dessous. — Nous suivrons, dans l'édition du généralement pratiquées de l'Emplos des signes critiques (1938), adoptées par les éditeurs d'actes MERLE,

Règles d suivre pour l'édition des actes byzautins,

dans « Rev. ét. byzantines », t. X,

présent texte, les règles byrantins (cf. Paul Lz-

1952. P. 124-128) et latins (cf.

Alessandro PRATESI!, Una questione di matodo : l'edirione delle jonis documantarie, dans « Rassegna Archivi ái Stato », t. XVII,

3, 1957, P- 1-24).

A

467

II

tores legum decernunt iustitiam (2). » Nic(h)i(I) (e)n(im) gratius D(e)o esse putamus, quam si id simpl(icite)r offerimus, quod eum esse cognovimus, m(isericord)iam s(cilicet) atque iustitiam. In qua oblatione regni officium quoddam si(bi) sacerdotum vendicat privilegium. Unde quidam sapiens legisque peritus iuris interpres (5) iuris sacerdotes appellat. Iure itaque « nos » qui iuris et legum auctoritatem per ipsius g(rati)jam optinemus, eas in meliorem statum parti(m) erige(re), partim reformare debemus et per (c) mi(sericord)iam consecuti sumus in omnibus eas tractare misericordius, interpretari benignius presertim u(b)i severitas earum quandam inhumanitatem inducit. Neque hoc ex supercilio q(uas)i iustiores a(ut) moderat-i-ores nostris predecessoribus in condendis legibus interpretandisve nostris vigiliis arrogamus, set quia in multis delinquimus et ad delinquendum procliviores sumus, parcendum delinquentibus cum moderantia nostris t(em)poribus apta conveniens esse censemus. Nam et ipsa pietas ita nos instruit dicens : « Estote misericordes sicut et pater vester misericors est (3). » Et rex et proph(et)a : « Universe vie Domini (misericord)ia et veritas » (4) ; et proculdubio tenebimus, quia iudicium sine m(isericord)ia erit ei qui iudicium fecerit sine m(isericord)ia. Volumus ig(itur) et iubemus ut sanctiones quas in presenti corpore, sive promulgatas a nobis (d), sive compositas [nobis! facimus exiberi, fideliter et alacriter recipiatis. ) Lapsus calami pour interpretes. €) Le ms. porte qui, ce qui ajoute à l'incertitude déjà grande du texte. La relative qui... optinemus postule un antécédent qui ne peut être que nos, mais qui informulé rend la phrase obscure ; cela étant, le second pronom relatif qui est un non-sens qui ne peut s'expliquer que par une erreur de lecture du scribe, qui a vu ÿ pour p = per. (d) Le ms. porte vobis. (2) Paraphtase de : Per me reges regnant et boteules scribunt iustiliam (PROv., VIII, 15). (3) (4)

Luc, VI, ys. PsALM., XXV, to.

III

LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

SOUS LA DOMINATION

NORMANDE

Tout ce qui est fait juridique dans l'Italie méridionale des xie-xrre siècles a procédé de contingences particulières et d’une substruction ethnique assez exceptionnelle. La conjoncture tenait son originalité de ce que la conquéte — Calabre et Sicile exceptées — n'a pas été une opération militaire « colonisatrice », brutale et massive, mais

une lente et persévérante insinuation de minorités agissantes, menée autant l’épée à la main qu'avec les armes les plus convaincantes de la diplomatie: l'argent et les mariages. Quant au substrat, il avait ceci d'original qu'il participait de trois types de civilisation aussi hétérogénes que les sociétés

lombarde,

byzantine

et

arabe,

établies

sur

des territoires latins, réunifiés sous l'égide de conquérants nordiques eux-mémes assimilés depuis peu aux normes franques. Ces quelques indications laissent suffisamment entrevoir la diversité de l'horizon et des mécanismes juridiques dans l'Italie méridionale médiévale. A la source des difficultés soulevées par cette diversité, trois systémes juridiques que l’unification territoriale mettait au contact les uns des autres et que les normands allaient soumettre à l'épreuve dissolvante, moins de leur propre tradition coutumiére que de leur propension à inclure les hommes et les biens de ces pays dans le réseau des liens féodo-vassaliques.

I

440

Il y avait là un jeu de forces centrifuges que, dés sa création, la monarchie panormitaine ne pouvait s'appliquer qu'à réduire afin d'infléchir la vigueur des particularismes locaux. Dans cette lutte, le droit romain renais-

sant ótait une arme offerte à l'action de souverains volontaires, tels que Roger II ou Guillaume II, comme elle allait l'étre un peu plus tard à Frédéric II et, un

siécle

aprés, à la cour frangaise. Laquelle de ces tendances & triomphé? Peut-on móme

considérer qu'à la fin du xm? siècle l'issue du combat était claire? C'esb par ces questions que se définit le mieux, selon nous, la matiére du débat suscité par l'examen de la législation sud-italienne sous la domination normande. Ce débat, nous n'entendons pas ici l’aborder au fond,

mais seulement sous quelques-uns des aspects extérieurs qui paraissent le mieux situer son centre de gravité. Quelle était, tout d’abord, la situation institutionnelle de l’Italie

méridionale au moment où les premiers normands arrivèrent sur le théatre de leurs futurs exploits? Voilà une première interrogation qui en appelle immédiatement une seconde: quelle a été, au fur et à mesure qu'ils assuraient leur emprise sur le pays, leur attitude vis-à-vis de cette situation. Enfin quelle a été, non plus la pragmatique, mais la politique législative de la royauté italo-normande ?

1) LA CONJONCTURE

INSTITUTIONNELLE DE L'ITALIE MÉRI-

DIONALE PRÉ-NORMANDE. Au moment de l’arrivée des normands, l'Italie continentale restait, en gros, soumise au tripartisme qu'avaient instauré, au vin? siécle, la formation de l'Etat Pon-

tifical et l'incorporation à l'empire franc du royaume lombard de Pavie:

Italie franque - maintenant

impériale —

II LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

441

au Nord, Italie Pontificale au Centre et Italie lombarde au Sud, représentée par les trois duchés de Capoue, Bénévent

et Salerne.

À

quoi

il faut ajouter

la quatrième

force vacillante qu'était Byzance, confinée en Calabre, en Terre d'Otrante et en Pouille, depuis que les arabes l'avaient expulsée de Sicile. Aucun trait commun,

on le devine, entre les régimes,

la culture, l'organisation et la cohésion interne des divers groupes de territoires auxquels les normands se sont successivement attaqués. De plus, comme cela a été remarquablement noté par Claude Cahen, «il se trouve qu'au moment où nous les envisageons, chacun de ces groupes territoriaux est dénué de profonde personnalité et constitue, au contraire, une dépendance extérieure de l'une ou l'autre de trois. civilisations, la lombarde, la byzantine et la musulmane » 1, D'une manière générale, les institutions propres à chacune de ces trois civilisation, aux x* et xr° siècles, sont encore trés imparfaitement connues, ce qui pose, entre autres, le probléme particuliérement délicat

de savoir, lorsqu'elles nous sont révélées par notre documentation

sud-italienne

ou sicilienne,

si ces institutions,

hors de leurs métropoles respectives, n'ont pas subi d'altérations graves du fait des nécessités ambiantes. Ces réserves faites, nous pouvons quand méme évoquer dans leurs grandes lignes les régimes juridiques des trois groupes territoriaux sud-italiens, et en premier, celui des pays lombards. Le maintien du droit lombard en Pouille, malgré la longue et pesante occupation byzantine, & été trés pertinemment affirmé par Jules Gay ?, qui y voyait comme rai(1) Le régime féodal de l'Italie normande, Paris 1940, 21. (2) L'Italie méridionale et l'empire hyzantin.. (Paris 1904) 570-571; Bari, cf. F. Nivm D1 Viro, Le pergamene di S. Nicola di Bari. Periodo Bari 1900, p. x-xi et G. B. Nirro pe Ross: e F. NrvTI Di Viro, Le

pour Greco, perga-

mene del Duomo di Bari, Y Bari 1897, p. xix-xx; pour Conversano, DoMENICO

IH 442

son fondamentale le fait que les populations apuliennes sont, en grande majorité, restées latines, quelle qu'ait été la diversité de leurs origines. Dans les mêmes perspectives, il convient aussi d'évoquer l'attachement intransigeant ?* des lombards à des traditions fort éloignóes et, en tout cas, peu assimilables aux concepts byzantins *. Tout au long de leur présence en terre italienne, les gouverneurs grecs ne pouvaient, assurément, que se plier à l’intangibilité d'une telle situation. C’est oe que manifeste, par exemple, un acte du catépan Eustathios Palatinos qui, en décembre 1046, concédait au juge Bysantios, en récompense de sa fidélité à l'Empire, le pouvoir de juger seul les habitants de la citadelle de Fugliano, « selon la loi des lombards » 5. Dans ces conditions, il est

superflu de s'interroger sur ce que pouvait étre le droit en vigueur dans les régions qui ont échappé à l'emprise byzantine, méme dans des contrées qui, comme les Abruzzes, vivaient hors de l'orbite des duchés lombards de Capoue,

Bénévent

ou Salerne*.

Là,

comme

ailleurs ?, la loi

MonkA, Il Chartularium del monastero di S. Benedetto c4 Conversano, Montocassino 1892, 6.7, n. b; 10.11, n.b. et passim. (3) Miomarx BERZA, Sentiment national et esprit local chez les lombards aux

1X*-X* siècles, dans Rev. Hist. du Sud-Est Européen, 19 (1942), 362-370. (4) Ce qui n'exclut pas une possible perméabilité à certains usages d'importation byzantine: P. S. LEICHT, Influssi bizantini eu alcuni documenti pugliesi, dans SDHI,

13-14

(1947-48),

289-299.

A le force de pénétration

de

certaines

pratiques civiles ou militaires (comme la strateia) a pu s'ajouter celle de règles religieuses véhiculécs par le clergé, dont les prélats 6taient de langue et de culture grecque. Il semble bien, par exemple, que ce soit eux qui aient imposé en Pouille le mariage in facie ecclesie, en application de la Novelle 89 de Léon Le Sage: H. E. FEINr, dans Zeitschr. für Rechtsgeschichte, Kanon. Abt., 31 (1942). 58-72 et W. HoLTZMANN, Der Katepan Boioannes und die kirchliche

Organisation der Capitanata, dans Nachrichten der Akad. der Wissenschaften in Góttingen, I, philol.-hist. Klasse, 1960, 19-39. (5) F. NiTTI Di VrTo, Le pergamene di S. Nicola di Bari. Periodo Greco, Bari

1900,

(6) Sur

doc.

n.

32,

l'application

p.

607-08.

du

droit

lombard

à Sulmona:

NumNzio

FARAGLIA,

Codice diplomatico sulmonese, Lanciano 1888, xxii-xxv. (7) Les nombreux parchemins qui nous ont 6t6 conservés à Montecassino, à La Cava (cf. Cod. Dipl. Cavensis) ou à Montevergine (cf. GiovauNI MONOELLI,

IH LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

443

unanimement observée, c'était la « lombarde », telle qu’elle

avait été fixée par l’Edit de Rotaris, avec les amendements postérieurs apportés par Liutprand et Aréchis. Il n'y à pratiquement aucune différence, ni sur le fond, ni quant à la forme, entre les actes passés dans le Volturno, dans

la Pouille, à La Cava ou au Mont-Cassin et c’est probablement la seule unité profonde qui se puisse concevoir en Italie méridionale au moment de la conquête normande. +

*

+

D'autres territoires jadis peuplés de latins ont cependant subi, du vin au xi* siècle, les vicissitudes ondoyantes et tourmentées de la domination byzantine et les turbulences dévastatrices des musulmans de Sicile. Au vine siècle, l'implantation militaire des byzantins en

Calabre

avait

été

parcimonieusement

mesurée,

mais

au cours des deux siècles suivants la présence hellène s'était notablement accrue d'une partie des colonies grecques de Sicile que la violence de la conquéte arabe avait conduites à l'exil. Dans l'antique Brutium méme, les incursions meurtriéres des musulmans provoquérent un immense chaos et soulevérent de nouvelles vagues d'émigration grecque vers la Lucanie et la Campanie. La plupart des cités ne durent de subsister qu'au lourd tribut qu'elles

acceptaient

arabes.

Dans le pays, désolé et livré à l'aventure, c'est

autour

d'elles

que

de

verser

réguliérement

c'est maigrement

stait de vie. Finalement,

ramassé

aux

émirs

ce qui re-

aprés deux siècles et demi

d'in-

cessants ravages, la Calabre n’a connu de trêve qu'à la Abbazia di Montevergine. Regesto delle Pergamene, Ministero dell'Interno. Pubbl. degli Archivi di Stato, xxv, Indice 1v, p. 347-48, sub verbis « Launegild s, « legge longobarda », « Morgengab ») ne laissent pas le moindre doute eur le strict respect de la législation lombarde dans la trés large zone environnant ces abbayes.

JT] 444

faveur des graves dissensions internes dont la Sicile musulmane

fut le théatre,

dans

le deuxième

tiers du

xr°

siècle, c’est à dire durant la période qui a immédiatement précédé la venue des normands. Telle qu'on peut l'évoquer dans ses lignes essentielles, cette physionomie de la Calabre pré-normande comporte de larges zones d'ombre; sur ce que l'on peut aujourd'hui identifier de façon à peu prés sûre, nombre de points ne S'éclairent que grâce à des sources de trente à cent ans postérieures. La fragilitó de nos connaissances autorise néanmoins, dans le champ des disciplines institutionnelles, quelques postulats solides: l'activité culturelle et juridique des quelques citadelles où s'est maintenue la présence grecque ressemble fort à celle que nous connaissons dans le monde byzantin à la même époque. Le tabellionat y observe judicieusement les prescriptions de forme que lon voit suivre un peu partout dans l'empire; il n'y à apparemment pas de question que le fond ne donne une image identique?. Et les couvents dans lesquels on n’a jamais cessé de compiler les traités de droit venus de la mére-patrie ? semblent avoir été les gardiens sûrs d'une tradition juridique orthodoxe. Il est difficile de préciser jusqu'à quel point la situation de la Sicile, qui en 969 s'était érigée en émirat indépendant 1, mérite d’être traitée en parallèle. Aucune source diplomatique ?! ou juridique ne nous est parvenue de l’époque de la domination arabe. Là aussi nous som(8) GiaNNINO FrrRani, 7 documenti greci medioevali di diritto privato della

Italia meridsonale e loro attinenze con quelli bizantini d'Oriente, Byzantiniaches Archiv,

Heft

4 (Leipzig

1910).

(89) Cf. par ex., L. R. MÉNAGER, Notes sur les codifications byzantines et l'Occident, dans Varia. Etudes de Droit Romain. Institut de Droit Romain de l'Université de Paris, XVI, Paris 1958, 261-254. (10) MIcHELE AMARI, Storia dei Musulmani di Sicilia, Il, Catania 1936, 275.

(11) L. R. MÉNAGER, de Sicile et de Calabre,

Une

dana

ordonnance

Arch.

arabe

apocryphe

de Roger I, comte

Stor. Sicil., ser. iij, 8 (1956),

335-336.

IH LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

445

mes réduits à raisonner sur les données fournies par le

très mince normande.

matériel

documentaire

datant

de

l’époque

Mais oe n’est assurément pas trop présumer

que ce que l'on y observe au xir siècle vaille aussi pour les décennies antérieures à la reconquête chrétienne. Le fait que le katib, le häkim et le Q&di concourent tou-

jours à maintenir le respect des régles du droit musulman dans les contrate stipulés entre sujets arabes, voire entre sujets arabes et latins, à des dates échelonnées entre 1113 et 1196,

permet,

sans risque de parachronisme,

de con-

clure à une fidélité certaine de l'émirat à l'égard des normes juridiques arabes tout au long du xr siècle !*, *

+

*

Contre cette trichotomie juridique, les normands ne pouvaient rien et, en bons politiques, il est fort douteux qu' ils aient jamais songé à une unification institutionnelle dont, en toute hypothése, on voit d'autant mal sous quelle égide elle aurait pu être conduite que, face à ces trois systémes de droit trés bien et depuis longtemps élaborés, les préceptes

coutumiers

normands

commengaient

à

peine

à se fixer ?, A ces nécessités déjà impérieuses s'associaient les conditions mêmes de la conquête qui n’a jamais été une invasion massive, mais qui s’est réalisée d’abord sous la forme d'une lente insinuation assortie d'alliances matrimoniales, puis au gré d'une aventure audacieuse menée avec des effectifs réduits !*. Numériquement donc, avec (12) Cf. GagraNo TnovaTo, Document: arabo-siculi del periodo. normanno, Monreale 1949, 25.36. (13) Cf. KARL Von AwtRA, Die Anfánge des normannischen Rechte, dans Hist. Zeitschr., 39 (1878), 241-268.

(14) Sur les forces très inodestes

des normands

lors de la conquête de la

Calabre et de la Sicile, nous nous permettons de renvoyer à notre article déjà cité, dans PH E, 54 (1959), 10-13; cf. également D.P. WaALEY, « Combined ope-

IH 446

toutes les conséquences que cela implique, les normands n'avaient de moyen de se maintenir qu'en ménageant

les susceptibilités de races et surtout de clans sur lesquelles se fondait leur pouvoir. Avec l'établissement de la monarchie et l'affermissement du pouvoir central, ces impératifs ont pu quelque peu s'estomper, mais ils n'ont

jamais été tout à fait oubliés. Le régime de la personnalité des lois se présente ainsi comme la conséquence logique d'évidentes nécessités politiques avec, pour corollaire, la reconnaissance des particularismes « nationaux » dans une démarche concertée de consécration des coutumes locales. 2) LE RÉGIME

DE LA PERSONNALITÉ DES LOIS.

En ce qui concerne, tout d'abord, le régime de la personnalité des lois et pour ce qui touche les pays lombards, il s'agit d'une évidence que toute notre documentation impose immédiatement à l'esprit: les normes qui gouvernaient la vie juridique ont continué d'y étre exactement les mémes que celles des temps passés. Trois exemples caractéristiques peuvent suffire à convaincre de la force avec laquelle cette nécessité pesait sur la conduite des conquérants. En avril 1089, Geoffroi, comte de Conversano, l'un des plus puissants seigneurs de la Pouille, in-

voque et cite dans un de ses diplómes un chapitre de l'Edit de Liutprand !5, tandis que trois ans plus tard Roger Borsa, duc de Pouille, en litige contre l'archevéque

de Salerne,

se prévaut de la consuetudo Longobardorum principum * et rations » in Sicily, À. D. 22

(1954),

1050-1079, dans Papers of the Brit. School at Rome,

123-124.

(15) Domenico

Monkxa,

1l chartularium

del monastero

di S. Benedetto

di

Conversano, I, Montecassino 1892, n. 53, p. 118-119. (16) J. L. 5466 dans J. Vou PrnLva&g-HARTTUNO, Acta pontificum romanorum inedita, lI, Stuttgart 1884, n. 184, p. 149-150.

I! LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

447

qu'à Sulmona un certain Hugues, fils de Gerbert, de genere

francorum, va même jusqu'à déclarer vivre secundum legem Langobardorum !. Enfin l'un des principes les plus constants des coutumes urbaines ou locales dont nous parlerons plus loin est le droit partout reconnu aux habi-

tants d’être jugés selon leur droit, c'est à dire selon le droit lombard, et en aucun cas par un juge étranger à la cité 5. Nulle affirmation de ce genre ne nous est attestée pour les Grecs de Calabre et notre documentation est assurément

trop

clairsemée

pour

supporter

avec

perti-

nence l'idée que les normands ont usé dans cette région du méme nécessaire libéralisme qu'en terre lombarde. Au reste, dans maintes contrées calabraises la pénétration latine a modifié de facon déterminante le dessin et le contenu de bien des institutions de droit privé byzantin !?. Le phénomène n'est sans doute pas général: la perméabilité des actes de la pratique aux concepts lombards ou francs est restée faible dans les zones où la densité et la cohésion de la population grecque étaient notables: Sila, Aspromonte,

Marchesato.

Là,

sans

nul

doute,

pour

les

mémes irréductibles raisons politiques, les simples données démographiques déterminaient les normands à laisser entières les croyances et les traditions indigènes ?9. En Sicile, nous trouvons des manifestations parfois trés explicites et, en tout cas, beaucoup plus limpides de cette conduite. C'est ainsi qu'à Messine l'autonomie (17) NuNzio FARAGLIA, Codice diplomatico sulmonese, Lanciano 1888, n. xvi (Valva, avril 1092). (18) In/ra, n. 43 et n. 44. (19) L. R. MÉNAGER, Notes sur les codifications byzaniines..., 288-289.

(20) Les gens de Rossano, qui eidem urbi maxima er parte principabantur, s'associèrent à la révolte de Guillaume de Grandmesnil afin d'obtenir le maintien de leur archevêque de rite grec, auquel le duc Roger avait prétendu substituer un prélat de rite latin (MALATERRA, IV, xxii, p. 100). Voilà un cas typique de reconnaissance forcóe des croyances en pays de forte implantation grecque.

III 448

juridique de la communauté grecque a sa marque indiscutable dans l'existence de xpirai rüv ypaoxdv que l'on voit exercer de 1137 à 1188 2. A Catane, elle est impliquée dans le principe de personnalité des lois proclamé par l’évêque Jean qui, en décembre 1168, confirmait aux ressortissants des quatre grandes communautés de la cité le droit d’être jugés selon leur loi: Latini, greci, $udei et

saraceni latins,

wnusquisque aux

grecs,

iuxta suam

aux

juifs,

legem

et cela

iudicetur 9; aux

allait de

soi,

aux

arabes. Pour ce qui concerne ces derniers, cela avait été vu de trés bonne heure par Robert Guiscard et Roger I. Lors de la reddition de Palerme, en janvier 1072, les deux

chefs normands consentirent aux conditions posées par les édiles de la capitale, à savoir « que leur loi ne serait violée en aucune façon et qu'ils ne seraient pas contraints ou écrasés par des lois injustes et nouvelles » *. Les quelques actes arabes du xire siècle qui nous ont été conservés expriment clairement que ce statut a été maintenu à tous

les sujets musulmans de l’île tout au long de la domination normande.

Ibn Gubayr,

grand voyageur arabe qui nous

a laissé la relation d'un séjour qu'il fit en Sicile durant l'hiver 1184, bien que peu suspect d'enthousiasme à l'égard

des « Latins », reconnaît que «les musulmans ont à Palerme un Qàdi qui juge leurs procès » **; ailleurs, il nous parle (21) Cf.

mes

ces références

Notes

sur

les

codifications

byzantines...,

p.

290,

n.

2; à

il convient d'ajouter Basile Boukoulouménos, juge des grecs à

Messine en 1185, 1187-88 et 1188: S. Cusa, op. cit., p. 338 et A. GurrpLov,

actes yrecs de S.

Maria

di Messina,

Palermo

1963, p.

Les

117.

(22) Grovaxnr-BarrisTA DE Grossrs, Catana Sacra, Catania 1054, p. 88-89. (23) MALATERRA, IJ, xlv, p. 53. (24) MicneLE AManr, Biblioteca arabo-sicula, Testo arabo, p. 92; nous

connaissons le nom de quelques-uns d'entre eux. Ainsi, en 1138, le &ayb Abü al-Qüsim ‘abd ar-Rahman ibn Ragáh, qádi de Sicile, intervient pour donner son autorisation à la vente de biens dans lesquels dea mineurs ont leur part: S. Cusa,

I diplom

greci ed arabi di Sicilia, Palermo

1868-1882,

n° 54, p. 62;

le 8ayh Abü al-Fadl ibn Raÿäh, jurisconsulte et qädi intervient dans les mêmes

III LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

449

du häkim (juge) de Trapani déterminant les cérémonies officielles des musulmans de la ville #, Le régime de personnalité des lois accordé aux populations soumises s’appliquait également aux conquérants. Mais

là,

tout

au

moins

durant

le

xie

siècle,

l'attitude

des hommes a été diverse et parfois équivoque. Nous avons parlé, au début de cet exposé, de diplomatie du mariage, mais il y avait aussi la politique de l'assimilation personnelle ou, pour reprendre une terminologie plus Actuelle, la politique de l'intégration. Le chroniqueur Orderic Vital nous dit de Guillaume d'Echauffour, chevalier

normand qui partit en Italie à la fin du xr° siècle, qu'aprés avoir épousé une noble lombarde qui lui donna plusieurs enfants, il vécut honorablement quarante ans en Pouille où il finit par oublier totalement ses origines normandes **, Quelle importance attacher à son cas ? Elle est à la mesure du personnage qui n'était pas de petite envergure puisqu'il avait reçu en fief d'un de ses parents une trentaine de châteaux et de citadelles 27. Tout aussi révélateur est le cas déjà cité de cet Herbert, de genere Francorum, qui en avril 1092 déclarait vivre secundum legem Langobardorum **. Documentairement, de tels exemples apparaissent cependant isolés. C'était dans la logique méme d'un systéme depuis fort longtemps pratiqué en Italie 3? que la reconnaissance de la personnalité des lois s'appliquát aussi aux nouveaux venus. Les quelques actes conditions à un acte de vente

en Sicile au xin? (1966), 03. (25)

daté de 1161:

Ibià., n. 102, p. 101. Sur le Qádt

siècle, of. Dixrer Grino&gNSOHN, dans Quell. u. Forsch., 45

MicRELxk

AManr,

loco

cit.,

06 ot

07.

(26) Historia ecclesiastica, éd. A. Le PnEvosT, tom. Il, p. 109. (27) Cf. Historia Ecclesiastica, loco cit., et Evelyn JawisoN, The norman

of

kingdom

in

the Brit. Acad., (28)

Supra,

n.

the

mind

of anglo-norman

contemporaries,

dans.

Sicilian Proceed.

24 (1938), 244. 17.

(29) L. Srovurr, Etude sur le principe de la personnalité des lois depuis

$nvasions barbares jusqu'au X11 siècle, Paris 1894, 19-22.

les

IH

450

sud-italiens de la première moitié du xr siécle*? où S'exprime une profession de nationalité se situent certainement dans la trame d'une tradition trés ancienne. Ce qu'il est important de noter, c'est la persistance du systéme tout au long du xir siécle; jusqu'à la fin de la domination normande, les actes abondent qui nous

montrent, face au juge ou au notaire lombard, un

sujet

revendiquant qu'il vit «selon la loi des francs »!, Sur le plan individuel, de tels documents incitent donc à croire à un trés fort conservatisme juridique de la part des diverses nationalités. Au niveau des communautés rurales ou urbaines nous allons en trouver le prolongement dans un puissant courant de consécration des coutumes locales. 3)

LE TRIOMPHE

DES COURANTS

COUTUMIERS.

Antérieures à la conquéte ou nées du particularisme que favorisait toujours plus ou moins la dislocation féodale, des communautés d'amplitudes variables nous apparaissent,

dés

la deuxième

moitié

du

xr

siècle,

pour-

vues d'usages qu'elles revendiquent comme propres. Sans qu'il soit possible de fixer la genése et l'exacte consistance (30) Le

plus ancien

que nous connaissions oet celui par lequel, en décembre

1034, le comte Raoul, qui sum ex genere Francorum, préside à la procédure d'un litige entre Arestis, &bbé de S. Maria de Terricello, et Braucati, abbé de S. Geor-

gio Ad

Duo

Flumina : Cod.

(31) En mars GIERI, Pergamene

Dipl.

Cavensis,

VI,

17.

1157, Lanceus,...lege francorum vivens (RroCcARDO FI1LANdi Barletta. .., n. 18, p. 30), comme Jean de Châteauneuf,

en juillet 1164 (Ibid., n. 21, p. 34) et Marie, en juin 1172 (Ibid., n. 27, p. 42). À Terlizzi, en août 1182, Pulzella, fille du chevalier Payen, dispose de ses biens

sans le consentement d'un mundoeld, quia francorum lege vivo et judicor : FRANCESCO CARABELLESE, Le pergamene della cattedrale di Terlizzi, Bari 1899, n. 143, p. 166. De méme, en mai 1190 encore, à Barletta, Marie lege francorum vivens, s'offre, elle et ses biens, à la cathédrale 8. Maria di Barletta: F. Nrver

DI Viro, Le pergamene di Barleita. Archivio Capitolare, n. 162, p. 208. La liste de telles déclarations serait longue, sans être pour autant limitative; voir par exemple celles citées par C. CAHEN, op. cit., p. 39, n. 2.

II] LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

451

des unanimités dont elles se prévalent, des coutumes se font jour dans le cadre d'une classe, d'une ville ou d'une contrée. Des textes de dates trés diverses parlent alors de consuetudo burgensium **, urbis 9, loci #, ou encore ter-

re 5. L'apparition des consuetudines, dans leur conception premiére d'expression des droits seigneuriaux, avant d'avoir acquis le sens et la valeur beaucoup plus larges d'« usages », & récemment été décrite pour une période à peu prés contemporaine de l'histoire du droit français comme liée à l'émiettement de la puissance publique ?*. La premiére question qui se pose consiste à savoir si le phénoméne « consuétudinaire » qui nous est révélé en (32) Cf. à titre d'exemple

une

charte

de novembre

1145

par laquelle

le

estépan de Brindisi, agissant vice dominé regis, concède à deux habitants de la ville un terrain vague avec le droit d'en jouir secundum morem novorum burgensium : D.

(33)

MOREA.

Voici

dant: en août

op.

quelques

cit., n. 94, p.

cas,

choisis

1165, Morelianus,

187.

dans

doyen

un

matériel

de Salpi,

donne

documentaire

abon-

garantie à son cróan-

cier 4uxta morem civium Tranensium : R. FILANGIERI, op. cst., n. 22, p. 35-36; en juillet 1176, Ourson de Ulita, chambrier de la Terre d'Otrante, annule une taxe instituée contra bonos mores ipaius civilatia (il s'agit de la ville de Castellaneta): G. DeL GrupicrE, Cod. Dipl. del regno di Carlo I e II d'Angió, Parte Prima, I, n. XXVI,p. li-lü; le prêtre Dunnellus et ses frères promettent à Foul-

que Cainat de donner en dot à leur sœur

Formosa un certain nombre de biens

secundum usum dolium nostre cimitatis (il s’agit de Molfetts) (mai 1184): Jb1a., n. xxii, p. xlv-xlvi; enfin en août 1231, Frederic IT parle des privilegia quibus-

dam

locis à nobis

vel predecessoribus

nostris indulta

necnon

consuetudines

$n

locis svsis obtentas, velut. Messane, Neapoli, Averse, Salerni, vel aliis quibuscumque...,: À. HuILLARD-BREHOLLES, Historia diplomatica Friderici II,

tom.

IV, pars I, p. 72. (34)

En

septembre

1162,

Renaud,

abbé

de

Montecassino,

accorde

aux

hommes de Castellione, près de Troia (uf) secundum legem et usum et longam consuetudinem illius loci homines nostri vivant rt judicentur : E. GATTOLA, Ad Historiam abbatiae Cassinensis Accessiones, p. 261-262. (35) En mars 1132, Robert II, princo de Capoue, concède

au monastère

de Montecassino la faculté de recevoir sur ses terres tous ceux qui voudront y habiter et licence de recevoir de quiconque des donations pour eause de mort, secundum justiciam et consuetudinem terre : Ibid., p. 245-246. En décembre

1169

Jocelin, comte de Loreto, concède au monastère S. Maria di Picciano que les hommes soumis à sa juridiction é£urta consuetudinem terre facere valeant : C. MiwxiERI-Raccio, Saggio dé codice diplomatico, I Napoli 1878, n. xvii, p. 21-24. (36) J-F LEMARIGNIER, La dislocation du « paque » et le problème des « coneuetudines s, dans

Mélanges...

Louis

Halphen,

Paris

1051,

401-410.

[II 452

Italie méridionale normande répondait à des sollicitations analogues. Dans la mesure où les tendances à l'affirmation de coutumes différencióes se sont exprimées dans des communautés rurales fraîchement ou faiblement urbanisées, il semble bien que l’on puisse répondre par l’affirmative. Tout autre est le cas des grandes cités dont la puissance économique, la cohésion politique et une tradition juridique souvent fort ancienne constituaient en. principe un frein au mouvement centrifuge accéléré par le triomphe

de la féodalité et dont les consuetudines ont été la oonséquence institutionnelle. Bien que le nombre des documents

sur lesquels nous raisonnons

soit restreint et trés

diverse la conjoncture de leur promulgation, la discrimination entre les deux types de coutumes s'impose avec une vigueur particuliére. Si nous nous penchons sur les coutumes urbaines, nous constatons qu'elles ont procédé tantôt d'une simple reconnaissance des libertés et priviléges dont les villes de l'Italie méridionale jouissaient «de toute antiquité » ??, tantôt d'un statut particulier accordant aux habitants le maintien de leurs garanties judiciaires ou civiques et de leur organisation traditionnelle, en dérogation et au dé(37) Au début d'août 1127, Roger II confirma aux salernitains leurs tenimenta, possessiones et antiquas consuetudines : ROMUALDI ÜSALERNITANI Chronicon, éd. C. A. Garufi, p. 214. Salerne avait alors une importance considérable: elle était la capitale de la vieille principauté lombarde, dont la mort du due Guillaume faisait de Roger l'héritier naturel. La reconnaissanoe des coutumes salernitaines, après de laborieuses négociations, fut le prix que Roger dût payer pour entrer dans la ville et y recevoir de l’évêque de CapaocioPeeto la couronne princióre: cf. L. R. MÉNAGER, L'institution monarchique dans les états

normands

d'Italie, dana

Cahiers

de

Civilisahon

Médsévale,

2

(1959),

326-329. Les habitants conservaient la garde du cháteau de Torre-maggiore et ]e duo nouvellement intronisé dut en outre jurer certaines garanties en matière judiciaire et en matière de service d'ost: FALCON DE BENEVENT, 6d. J. P. Mi16NE, dans Patr. Lat., cLxxirm, col. 1195. Quelques jours plus tard, dans des

conditions semblables, libertés: ALEXANDRE

la ville d'Amalfi obtint de Roger confirmation de ses DE TELESE, éd. Del Re, p.

92.

IH LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

453

triment du droit commun du royaume 9, Toutes ces consuetudines ont néanmoins un trait commun: les unes et les autres ont été octroyées par la royauté sous la pression de nécessités politiques et au gré de contingences qui faussent sensiblement l'optique que nous pouvons avoir

de leur contenu. Considérées dans leur contexte « conjonctural»,

ces coutumes

se révélent

tissées dans

une

trame

ancienne et préservent avant tout — au moins sur le plan

du droit public — des survivances qu'il serait par conséquent

périlleux

de

choisir,

comme

on

l’a fait souvent,

pour base d'une étude cohérente de l'organisation urbaine italo-normande. Elles ne préservaient pas cependant que des structures politiques: le maintien des situations acquises passait inéluctablement par celui des statuts individuels et des possibles usages discordants que l'obscurantisme social et intellectuel du x* siécle avait suscités. Ces évidences apparaissent avec une netteté encore (38) En juin 1132, les ambassadeurs du roi passèrent avec la ville de Bari

un traité aux termes duquel ils jurérent, en son nom, qu'il ne serait porté atteinte à aucune des lois et coutumes quas iam quasi per legem tenetis : ERIOH Caspar, Roger II una die Gründung der normannisch-sicilischen Monavchie, Innsbruck

1904, 514-515, Reg.

Nr.

77. Ce traité 8e présente, lui aussi, comme

une stricte mesure d'opportunité: E. JAMISON, The norman administration of Apulia and Capua. .., London 1913, 246-247. De même, en juin 1139, lorsque le fils du roi s’engagen, dans le nom de Roger IT, à ne pas transgresser les legea et consuetudines

(énoncées dans le traité:

cf. E. CasPAR,

op.

cit., p. 535,

Reg.

Nr. 123) de la cité de Trani et lorsqu'en septembre 1140 le roi lui-même confirma leurs

libertés

aux

napolitains

(Fancow,

loco

cit., col.

1268),

libertés

dont

le

traité passé dix ans auparavant par le duc Serge nous donne quelque idée: cf. P. S. Lx1onm, Storia

del diritto

italiano.

Le

Fonts,

Milano

1947,

doc.

n. xiv,

p. 254-255. Les concessions de septembre 1140 intervinrent après la « troisième coalition sud-italiennes

(E. JAMISON,

op. cit., 251-255),

elles avaient pour but

évident d'assurer au roi la fidélité de villes qui avaient étó les centres nerveux de la révolte. Enfin, en avril 1190 avec Barletta, en juin de la même année aveo Naples et Sessa, puis en juillet 1191 avec Gaeta, les larges concessions de Tancrède ne furent qu'un effort désespéré pour sauver le royaume d'une ruine inévitable: of. P. F. PALUMBO, Gli atis di Tancredi e Guglielmo III di Sicilsa, dans Ati$ del convegno internazionale dé studi ruggeriani, II, Palermo 1955, p. 514, n. 1, 516-517, n. 4; 517, n. 5 et 521-622, n. 12.

Ill 454

plus grande dans les coutumes accordées à une douzaine de communautés rurales — nous évitons à dessein le terme de « villes » — à des dates qui courent tout au long de la domination normande et dans des rógions disséminées aux quatre coins de l'Italie méridionale, mais toutes lombardes ??, Contingence particulière, procédant des heurs de la

tradition archivistique, les actes dans lesquels ont été consignées ces consuetudines ont dans la presque totalité des cas pour auteur un seigneur appartenant au monde de l'Eglise. Les prudentes précautions dont on entoure d'habitude, surtout pour ce qui touche aux questions de régime féodal ou domanial, l'utilisation des documents d'origine ecclésiastique paraissent ici superflues. D'abord (39) Voici, chronologiquement, la liste de ces coutumes: à Traetto, elles ont été accordées en juin 1061 par Didier, abbé de Montecassino: Codex diplomaticus Caietanus, II, Montecassino

1891, n. ocxiii, p. 37-39. Celles de Suio ont

été accordées par le même personnage en octobre 1079: Ibid. n. coliii, p. 124126. Les coutumes de S. Severo ont 6t6 rédigées par Adenulf, abbé de Torremaggiore en avril 1116: Regis Neapolitani Archivi Monumenta, tom. VI, doc. n. 564, p. 17-19; celles de Trois le furent par le pape Honorius II en décembre 1127: P. F. KenB, Papsturkunden in Benevent und der Capitanata, dans Nachrichten. von der kónigl. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gottingen, Philol. Hist. Klasse aus dem Jahre 1898, Anhang nr. 10, p. 76-79. Les coutumes de la Torre d'Eboli ont été établies par Nicolas, comte du Principat en novernbre 1128:

L.

R.

MÉNAGER,

Les

fondations

monastiques

de

Robert

Quell. u. Forach., 39 (1959), doc. n. 33, p. 105-107. Septembre

Guiscard,

dans

1162 est la date

à laquelle furent rédigées par Renaud, abbé de Montecassino, les coutumes de Castellione: E. GATTOLA, op. cit., 261-262. Celles de Teramo ont pour auteur Gui, évêque de la cité, en août 1165: N. PALMA, Storia ecclesiastica e civile della

regione piu settentrionale del regno di Napoli, I, Teramo 1832, p. 182-183. En mai 1172, les coutumes de Corneto sont confirmées aux habitante par Florius de Camerota et Lucas Guarna, justiciers royaux de la principauté de Salerne: Giuserre

DEL

Grub10E,

op. cit., I, 1, n. xxvii, p. lvi-Ivii. Suivent,

auteur et leur date, les coutumes

de Castellana, par Benoit, abbé

avec

leur

de S. Be-

nedetto di Conversano, en décembre 1172: D. MOoREA, op. cit., n. 122, p. 237-240; de Montecalvo, par Jean, abbé de Sant'Elene, en janvier 1190: ALBERTO MaGLIANO, Consideraziont storiche sulla città di Larino (Campobasso 1895), n. 11, p. 397-401; de Pontecorvo, par Roffred, abbé de Montecassino, en février 1190: E. GATTOLA, op. cit., 207-268; d’Atina. par le même, en fevrier 1195: Luiei TosTi, Storia della badía di Montecassino, II, Napoli 1843, 203-206;

enfin de Sant'Angelo ia Teodice, également accordées par le même personnage, entre 1189 et 1205: Ibid., 201-203.

III LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

455

parce que le plus généralement la domination abbatiale, quand elle n'est pas issue de celle d'un baron normand de peu antérieur, n'est de toute facon que la continuation d'une domination laïque *?, l'une et l'autre étant étroitement déterminées par les usages des générations antérieures. Ensuite parce que malgré la discontinuité de notre

documentation

certains témoignages directs de

la fóo-

dalité laïque, confrontés à ceux que nos coutumes peuvent nous donner des pratiques de la féodalité ecclésiastique,

permettent sans ambiguité de conclure, sans nette ooupure, de l'une à l'autre. Ainsi en est-il dans deux cas précis, parmi les coutumes précitées. Francesco Carabellese faisait justement remarquer “ qu'en concédant leurs statuts aux

qu'approuver eux-mémes.

originale seigneur est que suite de En

gens de Troia en

1127,

Honorius

II n'a fait

un texte qui avait été écrit ou Quant

aux

coutumes

dicté

de Corneto,

par

la teneur

en avait été fixóe par Simon de San Fromundo, du lieu, et le texte que nous possédons n'en la confirmation par deux justiciers royaux, à la contestations judiciaires postérieures. fait,

toutes

ces

coutumes

se présentent

en

trés

grande partie sous la forme de simple statuts domaniaux, (40) La charte de Pontecorvo a pour fondement les bone consuetudines et tuste et omnes alias libertates quas antecessores vestri habuerunt a tempore domini Gualgani Rodelli usque ad tempus suprascripti abbatis. Le Gualganus Rodellus en question, seigneur de Pontecorvo, eût pour successeurs deux barons également originaires de Normandie, Guillaume de Grosseville et Richard de Laigle

(cf. E. GATYTOLA,

op. cit., 226),

S. Benedetto di Conversano, dans

M.G.H.SS.,

XIX,

avant

que la cité ne fut acquise

par l'abbé Oderisius, en

1104:

Anonym.

p. 60, Castellana fut offerte à S. Benedetto

pour

Casin,

di Conver-

sano par Geoffroi, comte de Conversano qui, lors de sa donation, précisa en faveur des habitante du village certains pointa de la coutume octroyée 74 ans plus tard par l'abbé: D. MonEA,

op. cit., n. 60, p. 131-134. Traetto,

siège d'un

ancien comté lombard, figurait dans le quart du comté donné à Montecassino en janvier

1058 par Marin, comte de Traetto: Cod. Dipl. Caietanus, II, n. 204,

p. 17-19, et Suio fut donnée au même monastère par Jordan, prince de Capoue, en

1078:

E. GATTOLA,

(41) L'Apulia

op.

cit.,

187...

ed il suo comune

etc.

nell'Alto

Medio

Evo,

Bari

1905,

417.

II

456

analogues en cela à la plupart des « chartes de franchise »

françaises de la même époque. On y trouve un large fond commun répondant aux préoccupations majeures des hommes de ce temps, bourgeois et paysans, c’est-à-dire le montant des redevances et services dûs au seigneur, les garanties et sanctions en matière judiciaire, les conditions dans lesquelles chacun pourra disposer de ses biens, entre vifs ou à cause de mort, enfin les modalités selon lesquelles

les individus sortir.

Par

pourront

là s'affirme

entrer dans

la seigneurie

la permanence

ou en

de la conception

première des consuetudines qui, au XIe comme au XI* siècle, relèvent toujours essentiellement des droits

seigneuriaux: droits de la puissance publique, droits de justice, droits de nature économique **. Emanation assurément authentique et directe du milieu rural ou moyennement urbanisé dont elles régissaient la vie quotidienne, ces coutumes nous restituent le tableau d'une réalité politique, sociale et économique encore pleinement soumise aux forces désagrégeantes de la féodalité. Elles s'inscrivent par conséquent en faux de la maniére la plus flagrante contre les textes allégués par la doctrine moderne pour célébrer les mérites de l'unification autoritaire menée à bien par la monarchie normande. Notons

bien,

d'autre

part,

qu'aucune

des entités ter-

ritoriales auxquelles elles étaient destinées, exception faite peut-étre de Pontecorvo et Teramo, n'était de formation trés ancienne. Entendons par là que leur émancipation

d'un pouvoir plus large, comme celui des ducs lombards, était trop récente pour qu'il y ait une distance notable entre le droit privé des pays qui les entouraient et celui qu'elles nous définissent. Ce à quoi répondait d'ailleurs un des soucis les plus graves de ces communautés, qui (42)

J. F. LEMARIGNIER,

op.

cit., 402.

III LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

457

était d’être jugées selon la loi lombarde et en aucun cas par un juge étranger à leur localité #, Ainsi donc, en méme temps qu'elles attestent explicitement d'institutions coutumiéres qui, sur le plan du droit privé, n'étaient qu'une expression géographiquement limitée du droit lombard pratiqué partout ailleurs, nos consuetudines marquent avec vigueur qu'à quelque échelle que ce soit l'action de la monarchie normande se heurtait à une puissante tradition juridique devant laquelle elle ne pouvait que céder le pas. La subtilité byzantine et les sinuosités arabes n'ont absolument pas infléchi le réalisme normand en ce domaine d'action qui, encore une fois,

était de portée essentiellement politique. Les preuves en sont nombreuses, qui nous viennent des diplómes par lesquels le souverain prescrivait aux officiers ou juges royaux d'agir dans le respect total des coutumes locales **. Qu'au

reste

(43)

Traetto:

la

coutume

ait

été

en

Italie

méridionale,

extraneum sudicem sine vestra voluntate super vos non ordina-

mus, quem veram legem vobis sudicare in omnibus precipimus. Suio: concedo vobis legem et iustitiam facere et non propono vobis supra legem, $udicem vel vicecomitem extraneum non vordinabo supra vobis, sed tantum de terra vestra, cum vestro consilio. San Severo: Et nemo nostrorum cogatur a sensoribus vel or-

dinatis de hac terra exire ad iusticiam faciendam sed iudicetur a su[dice] de terra n{ostra].

Castellione:

secundum

legem

et usum

et longam

consuetudinem

sllius

loci, honWnes nostri vivant et iudicentur. Pontevorvo: concedimus vobis habere iudicem... de terra vestra. Troia: (concedimus) ut nullus in eadem civitate ab extraneo iudicetur. ... Sant'Angelo in Teodice: Juder inter vos non constituatur nios de castro vestro : tudez vester per legem longobardorum cum consilio bonorum hominum sententiam dicat... (44) Voici quelques exemples: en juin 1132, le traitó conclu sur mandat de Roger II par des envoyés royaux avec la ville de Bari prévoit que... de lege vestra et consuetudinibus vestris, quas iam quasi per legem tenctis... $udicem vobis

extraneum

non

ponet : F.

UcBELLI,

Jtalia

Sacra,

VII,

612-613;

en juin

1139, le fils du roi Roger s'engage dans le nom de son père à ce que les habitanta de Trani nullum sudicem seu notarium nisi suum concirem super se habeant : À. PROLOGO, op. cit., n. xxxvii, p. 96; à une date indéterminée, mais entre mai 1174 et juillet 1186, Guillaume II mande à Pierre, abbé de Mon-

iecassino, que tout juge nommé à Sant'Angelo im Teodice devra jurer sur les Evangiles quod, salva conscientia. secundum leges quibus vivetis et surta usus et consuetudines terre vestre, juste et rationabiliter iudicabit : E. GATTOLA, Ad Hi-

storiam

abbatiae

Cassinensis

Arcessiones,

p. 383.

IH 458

comme dans tout le reste de l'Europe médiévale, la souveraine régulatrice des situations juridiques, il n'est pas permis d'en douter. Le temps et l'exercice public et paisible d'un droit y constituaient l& meilleure des justifications légales: en février 1159, Henri et ses fils opposent au ca-

tépan de Cecali, devant lequel ils comparaissent dans un procès en revendication d'ótat, que mec avi, nec paires nostri, nec nos fecimus angariam, nec dedimus adiutorium aliquando, quia liberi homines de ecclesia S. Petri de Scaphati sumus 55,

Tout ceci, bien entendu, pour les régions lombardes de l'Italie méridionale. C’est en vain que l'on cherche, dans

toute

notre

documentation

le moindre texte coutumier.

Nous

calabraise ou sicilienne,

possédons,

en tout et

pour tout, deux statuts domaniaux pour la Sicile: ils se prononcent exclusivement sur les conditions de l'exploitation du domaine **. Cette obscurité documentaire pourrait mener à des conclusions négatives, justifiées par des contingences extérieures bien connues: la Sicile dans sa totalité et une notable partie de la Calabre, soumises par une conquête rapide à la forte domination de Roger I, puis de son fils Roger II, n'ont pas eu l'opportunité de céder aux pressions dissolvantes de l'anarchie féodale. (45) Ibid., 260.261. Constante est, dans les actes de la pratique, la justification d'un droit sur la seule base de son exercice paisible durant une ou deux générations. (46) « Constitutum » d'Ambroise, abbé de S. Bartolommeo di Lipari, accordé le 9 mai 1095 aux habitants de Lipari et confirmé, avec quelques variantes, en mars 1133, par Jean, évêque de Lipari: C. A. Gancrr, dans Hull. dell'Istituto Stor. Ital., n. 32 (1912), Appendice I, p. 119-120: RosARIo GREGORIO,

Considerazioni sopra la storia di Sicilia, Palermo 1831, I, p. 199. Le même abbé Ambroiae édicta un « constitutum » à peu prés semblable pour les habitantas de Patti, en mai 1095. Le texte originaire nous a été conservé, trés mutilé, mais il fut vidimé, en janvier 1133, par le roi Roger II: Giovanni ScrAocA, Patti e l'amministrazione del comune nel medio evo (Palermo 1907), 220, n. 1 et 217.220.

IIl LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

459

La carence documentaire ne constitue cependant pas

un argument: l'archivistique calabraise et sicilienne est fort loin d'étre en quantité et en qualité informatrice comparable à celle des autres régions du regnum normannicum. Dans l'hypothése présente, se laisser gagner par les ten-

tations de son silence conduirait à une bévue. Il est indéniable, en effet, qu'hors du milieu grec ou arabe, l'élabo-

ration spontanée de coutumes parfois inspirées d'usages propres aux immigrants des xr et xrr siècles a fait, ici comme ailleurs, son œuvre. Les preuves n'en sont

peut-étre pas nombreuses, mais elles valent surtout par leur pertinence. Nous avons, par exemple, une quinzaine d'actes échelonnés de 1101 à 1258 et portant transfert de propriété, qui définissent le titre du cédant par la qualité optima de la possession qu'il à pu exercer sur le bien cédé durant un jour et une nuit *. Nulle qualification du titre de propriété par un procédé de ce genre n'est connue dans toute l'Europe médiévale et aucune explication satisfaisante n’a pu encore lui être proposée. En toute hypothèse, il s’agit là d'un phénomène coutumier spécifique-

ment siculo-calabrais, ignoró avant la conquéte normande et qui parait l'un des plus appropriés pour soutenir notre propos.

Ce témoignage n'est pas isolé, bien au contraire: nous possédons le texte d'à peu prés toutes les consuetudines

des

villes (47)

Le

siciliennes.

premier

document

Rédigóes tout au long connu

est un

diplóme

de

Roger

des xime I en date

de

septembre-décembre 1101: L. R. MÉNAGER, L'abbaye bénédictine de la Trinité de Mileto, dans Bull. dell'Arch. Paleogr. Ital., n. s. 4-5 (1958-69), p. 44; aux actes que j'ai cités sur cet argument dans Amiratus-' AumoXs. .., Paris 1960, P. 178 et 180, il convient de citer un diplôme de Guillaume II en date de juillet 1156

publié par H. Nresk

novembre

dans Quell. u. Forsch.,

9 (1906), p. 242, un acte de

1197 dans nos Actes latins de S. Maria di Messina

(Palermo

1903),

n. 11, p. 113, un acte cité par MATTEO GAUDIOSO dans ASSO., 30 (1934), p. 71 et trois actes de vente, datés de 1253 et 1258, publiés par le même auteur dans

I diploms inediti relativi all'ordinamento della proprietà fondiaria, nn. xx, xxiii, xxvii et xxx.

IH

460

et xIve siécles, la plupart se prévalent d'usages qui remontent souvent au règne de Guillaume II #. Pour ce qui concerne plus particulièrement la coutume de Messine, qui passe pour avoir été rédigée entre 1290 et 1320, la premiére référence jusqu'ici connue à la consuetudo civitatis Messane date d'aoüt 1181 4, époque que des documents inédits devraient permettre de reculer encore. L’exacte genèse de ces coutumes est pour notre propos de peu d'importance. Ce qui est essentiel, c'est leur existence même et les preuves non contestables qu'elles apportent de l'autorité immanente de la consuetudo en tant que source unique de formation du droit régissant les rapports entre individus, dans toutes les couches sociales et sur toute l'étendue du royaume normand d'Italie. Pareil monopole n'est en rien surprenant, il était alors le fait de toute l'Europe Occidentale. Dans le préambule des Constitutions promulguées à Melfi en aoüt 1231, Frédéric II, imprégné par l'idée de continuer l’œuvre de Justinien 59,

affectera une souveraine volonté de «casser» toutes les coutumes contraires à ses propres décisions 5; vaine prétention sitôt démentie au fil des constitutions 9*. (48) WILHELM VON BRONNECK, Siciliens muittelalterliche alten. Drucken und Handechriften Halle 1881.

(49) L. R. MÉNAGER, 1963, n. 8, p. 97. (50)

THEA

BUYKEN,

Les actes latins de S. Maria Das

rômische

Kôln 1960, 8-9. (51) Ed. A. HurLLARD-BREHOLLES, IV,

1, Paris

Recht

in den

Stadtrechte

di Messira,

Constitutionen

nach

Palermo von

Melfi,

Historia diplomatica Friderici Secundi,

1854, p. 4: « Presentes nostri nomints sancttones in regno nostro Si-

cilie tantum volumus obtinere, quas, cassatis $n regno predicto legibus et consuetudinibus his nostris constitutionibus adversantibus quasi iam antiquatis, inviolabiliter ab

omnibus

inspiration

in futurum

identiques

precipimus

participe

observari »; d'une

incontestablement

attidude

le préambule

et d'une

des

préten-

dues « Assises d'Ariano », contenu dans le Cod. Casin. 468, f. 43 r9: « Leges a nostra mai1estate noviter promulgatas generaliter ab omnibus precipimus observari, moribus, consuetudine et legibus non cassatis, nisi forte his nostris sancttonibus

adversari quid in eis manifeste videatur ». (62)

Constitutiones

regni

Siciliae,

ed.

cit., I, xlvii,

p.

52:

« ...

secundum

regni nostri obtentas consuetudines. . »; I, Ixxix, p. 55: les juges et notaires de-

il

LA LÉGISLATION SUD-ITALIENNE

461

La suprématie du fait coutumier opposait donc une considérable force d'inertie aux initiatives royales en matière législative, que les pratiques elles-mêmes coutumières

de la féodalité oonfinaient dans un domaine d'action extrémement limité *, Ce cadre de la législation royale italonormande étant ainsi posé, nous pouvons maintenant aborder le probléme de savoir comment l’historien peut aujourd'hui le remplir.

4) PROBLÉMATIQUE NORMANDE.

DE

LA

LÉGISLATION

ROYALE

ITALO-

L'étude d'un ensemble législatif suppose des exégèses multiples. S'agissant, en particulier, de l'époque médiévale,

les incertitudes

de la tradition documentaire incli-

nent l'esprit soucieux d'une certaine rigueur scientifique à assurer des bases saines à son raisonnement en travaillant sur des textes solidement établis. La résolution des problémes formels de pure critique textuelle précéde donc nécessairement celle des questions de dialectique juridique. Mais trancher les uns sans répondre aux autres se révéle dans bien des cas arbitraire et, par conséquent, spécieux: l'examen

au fond

- c'est à dire la nature de telle loi, ses

sources, ses causes et le divorce éventuel entre ses dispo-

sitions et celles qui étaient effectivement observées dans la vie quotidienne — porte à proposer des conjectures qui ne sollicitent valablement l'esprit que dans la mesure où elles correspondent aux modes de pensée et d'expression vront être in peius loci consuetudinibus instructi, Y, Ixxiii, répété dana la nova

constitutio I, xcv, p. 188: les juges devront entendre les causes à eux soumises furia

iura

et consuetudines:

I, cvi,

p.

72...,

etc.

(53) C'est ce que nous sommes efforcé de démontrer dans un long mémoire sur L'institution monarchique dans les états normands d'Italie, dana Cahiers de Civilisation Médiévale, 2 (1959), 303-331 et 445-468.

IH

402

de la didactique et de la pratique juridiques contemporaines. Notre propos, ici, n'est pas d'envisager un débat aussi

large sur la législation italo-normande. Nous entendons simplement aborder, de l'extérieur, une question préjudicielle à l'examen approfondi de toute la thématique juridique sud-italienne normande et souabe. Cette thématique, en effet, repose pour une trés large part sur les

premiers

linéaments

législatifs

(1130-1154) au royaume qu'il donc de connaître le contenu ments pour savoir si l'on peut, tenir pour la base authentique méridionale au milieu du xir

donnés

par

Roger

II

venait de fonder. Il s'agit et la valeur de ces linéasans réticence aucune, les des institutions de l'Italie siècle.

Comment, d'abord, connaissons-nous les dispositions législatives prises par le premier souverain de Sicile ? Extrémement peu par les sources littéraires ou diplomatiques, absolument pas par des documents plus spécifiquement juridiques comme des notices de plaids, des recueils de notables et d'arréts ou des commentaires de juristes. Au témoignage du chroniqueur Falcon de Bénévent, Roger

II

rendit

à

Ariano,

dans

les premiers

jours

de

septembre 1140, un edictum terribile interdisant dans tout le royaume l'usage de la monnaie dite romesina et introduisant

de nouvelles

espéces

qualifiées de ducat

et

de follaris *. Durant l'année 1146, à la requête d'Hugues, archevêque de Palerme, il prit une mesure réglant l'admi-

nistration du temporel celui-ci resterait sans

des églises du rovaume au cas oü maitre par suite de vacance du

(54) Chronicon, éd. J. P. MIGXE, Patr. Lat., t. 173, col. 1258. Sur cet édit, cf. HANS NIESE, [ne Gesetzgebung der normannischen Dynastie im Regnum Siciae (Halle 1910), 106-108.

IIl LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

463

pouvoir épiscopal 55. Dans un domaine très différent, le roi fit communiquer, en juin 1150, à ses juges de Calabre et du Val di Crati un édit (xp6otaërç) statuant sur la quotité des partages successoraux, édit rédigé en grec qui nous est parvenu par deux copies du xtre et du xxx siècle dont l’une est présentée par son scribe comme extraite des «novelles de l’illustre et très pieux roi Roger » 5. (55) Rooco PraRo, Sicilia Sacra, I (Palermo 1733), 93: « Urgente Hugone, archiepiscopo panormitano, id inter cetera decrevit rez, anno 1146 : Quia omnes ecclesias, inquit, regni nostri et specialiter $psas quae pastoribus carent, in manu et protectione nostra habemus, nolentesut res ecclesiarum sllarum in aliquo minuantur vel defraudentur, statuimus et sancimus ut deinceps si quis archiepiscopus vel episcopus regni nostri decesserit, res ipsius ecclesiae in custodia trium de meliofibus et fidelioribus necnon et sapientibus $peius curiae committantur ». Ce sont les mêmes termes qu'emploie le roi Guillaume II dans le mandat qu'il expédie le 15 mars

1167 à l'archevéque de Trani: ARCANGELO

PROLOGO,

Le carte che si

conaervano nello Archivio del Capitolo metropolitano della csttà di Trané (Barletta 1877), n. 57, p. 128-129. Ils sont textuellement repris par Frédéric II dans le lib. III, tit. xxxi des Constitutiones. Regni Siciliae, constitutions que certains manusorites attribuent au roi Guillaume, tandis que d'autres leçons lui donnent Roger II ou l'empereur Frédéric II pour auteur: J. L. HutiLLARD-BREROLLES, Historia diplomatica Friderici Secundi, IV, 1 (Paris 1854), 140, n. 1. Hans NiESE, op. cit., 187, sur la base d'arguments spócieux repris par G. M. Mom, Le leggi normanne

tramandate

attraverso la sola

codificazione

sveva,

dans

Stu-

di... Guido Bonolis, II (Milano 1945), 71, suivait l'attribution traditionnelle à Guillaume II, malgré les remarques pertinentes de F. CHALANDON, Hist. de la domnation normande en Italie et en Sicile, II (Paris 1907), 325, qui, compte tenu de l'impossibilité dans laquelle aurait 6t6 Guillaume II, mineur à l'époque du mandat adressé au prélat de Trani, de promulguer un texte de cette portée, pensait qu'il fallait ranger cette mesure parmi celles prises par le chancelier Etienne

du

Perche,

durant

cette

même

année

1167,

pour

diminuer

l'impor-

tence des attributions des fonctionnaires locaux. L'édit de 1146 mentionné par Pirro et dont le texte complet est conservé à l'Archivio di Stato di Palermo, Lab. Reg. Mon., vol. I, [ Biblioteca, Manoscritti, vol. 56], fol. 241 r9-v?, rend in-

discutable l'attribution de cette mesure à Roger II. Il est important de noter que la cour panormitaine a eu pour ce texte un respect fort mouvant: en septembre 1178, Alexandre HI tançait le roi de Sicile d'avoir concédé à l'archidiacre

de Cosenas,

durant

la vacance

du

siège de Catanzaro,

les revenus

de

cette dernière église qui, selon le pape, auraient dû être mis en réserve pour le futur évêque:

Bulle J. L.

13101.

(56) Ex 1Àv vexpüv toU

dáotBluou x«l edarBéorarou pryés

’Poyeplou.

L'édit nous a été conservé par une copie du xr1* siècle, (B): VENEZIA, Cod. Marc. 172 (ce ms. est daté par son copiste de juillet 6683/1175) et par une

copie

de

le fin du

xir? ou

du début du xri?

siècle, comportant

quelques

variantes, mais identique quant au fond (C): BrBL. VaT., Cod. Vat. Graec. 845, fo 102. Les éditions ont ótó nombreuses: a) K. E. ZAOHARIAE VON LINGENTHAL,

III 464

Sur la fin de son régne, d'autre part, il promulga une mesure destinée, semble-t-il, à libérer la femme lombarde de

la tutelle étroite qui limitait tous ses actes de disposition sur

son

patrimoine ?.

Sans

doute

convient-il,

enfin,

de

mettre à l'actif de Roger II une décision imposant la célébration du mariage $n facte ecclesie, décision à laquelle font allusion trois contrats matrimoniaux passés par des gens de Ruvo et de Bari 9, Une mesure restreignant la validité des unions matrimoniales, deux lois portant réforme en matiére de droit privé, un édit sur la monnaie et un sur le temporel ecclé-

siastique, tel est le peu abondant matériel législatif rogérien dont mention nous est faite par les sources non juridiques. La discrétion de l'écho fait à la législation royale par la littérature historique et les actes de la pratique de l'époque est un premier sujet d'étonnement. Elle semble en effet contradictoire avec l'activité législative impliquée par l'allusion plus haut citée du scribe grec du Cod. Marc. 172 et par celle que fait le chroniqueur Romuald de Salerne aux leges a se noviter conditas (et quas» promulgawi. . . Compte-rendu de E. HerwBAcH, ’AvéxSora, t. II, dans Heidelberger Jahrbücher der Literatur, 34 (1841), 564-650, d’après B. b) B. CaPAsso, Novella di Ruggiero, re di Sicilia e di Puglia, promulgata in greco nel 1150, dans Atti dell’ Accademia Pontaniana, 9 (1867), éd. et trad. latine d'après B et C. c) W. Von BRUNNEOK, Siciliens Mittelalterliche Stadtrechte, I, Anhang, p. 240-243, d'après b. d) F.

BBANDILEONE,

Frammenti

di legislazione normanna e di giurisprudenza bizan-

tna. nell'Italia meridionale, dans Rendiconti della R. Accad. des Lincei, Classe di Sc. Mor., Stor. e Filol., 1886, 277-281, éd. critique d'après B et C, reéditée dans Scritti di Storia del Diritto Italiano, I (Bologna 1931), 78-83. e) Canro

CASTELLANI,

La

novella di Ruggero

auccessioni, ridotta alla

I [sio !], re di Sicilia e di Puglia, sulle

sua vera lezione

e annotata,

dans

Att

del R.

Ist.

Ve.

neto dé Sc. Lett. ed Arts, 53 (1894-1895), 348-351, 6d. et trad. italienne, d'aprés B. (57) Mai 1107. Savina, désireuse de vendre une maison qui lui appartient ture successionis, requiert Melipezza, juge royal de Bari, qui lui en donne licenoe, éuzta preceptum et auctoritatem quam noster dominus... rex Rogerius... in auo tempore noviter promulgavit et statuit : G. B. NrrTOo DE Rossi, Le pergamene

del Duomo

(58) Cf. mee

dé Bari,

n. 60,

p. 96-98.

Notes eur les codifications byzantines déjà citées, 299.

II! LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

465

rer Rogerius in regno suo, perfecite pacis tranquillitate po-

titus 5, Bien que ce témoignage soit étrangement esseulé dans toute la documentation dont nous disposons ®, il ne convient pas de dissimuler l'importance de son affirmation relativement à la promulgation par Roger II d'un ensemble de lois. Nous possédons effectivement un recueil de lois, classiquement attribuées à ce souverain sur la base de l'assertion romualdienne et dont on a voulu trouver les circonstances de la promulgation dans un colloque féodal tenu à Ariano, en septembre 1140. Les deux problèmes sont étroitement

liés; nous voudrions

tenter de leur pro-

poser des solutions différant sensiblement de celles auxquelles on s'est jusqu'ici attaché. A) La prétendue assemblée

législative d' Ariano.

Dans lune des versions du recueil de lois qu'il est aujourd'hui convenu d'appeler les « Assises d'Ariano », le (59)

Romuald

Salermtars

Chronicon,

6d.

C. A.

GaBRUm,

p.

226.

(60) On a volontiers allégué, en faveur de l'existence d'un corps de lois émanées de Roger II, un diplôme du 12 décembre 1147 par lequel le roi, répondant aux prières de Renaud, cardinal de la sainte église romaine et abbé de Montecassino, recevait sous sa protection et confirmait tout ce qui appartenait au saint établissement, secundum predecessorum nostrorum statuta et... secundum usus et consuetudines à nobis in nostro regno positas : Arch. dell'Abbazia

di Montecassino,

capsa

xiii, n.

28,

éd.

E.

GaTrTOoLa,

Accessiones...,

p. 255. L'expression est surprenante: elle contredit tout ce que nous observons à cette époque, tant dans l'Italie méridionale que dans le reste de l'Europe, sur les modes spontanós de formation des usus et consuetudines. Replacée dans le cadre de la thèse classique qui attribue à Roger II la paternité des « assises

ment

un

d'Ariano », elle est encore

tel contre-sens

juridique

plus

aurait

aberrante

pu

être

car

on

commis

conçoit

dans

mal

com-

l'entourage

d'un souverain à qui l’on n'hésitait pas à attribuer des lois copiant textuellement ou paraphrasant des fragments du Digeste ou des constitutions impé riales tirées du Code de Justinien. Il convient donc de rejeter le témoignage de cet acte, au reste dénoncé comme fort suspect depuis longtemps: cf. H. BnessLAU, Handbuch der Urkundenlehre für Deutschland und Italien, 1 (Leipzig 1912), 427 et F. CHALANDON, dans Mél. d'Arch. et d'Hist., 20 (1900), 185.

Il] 466

texte est précédé d'un exorde adressé à des proceres et au cours duquel il est fait état du devoir imposé au roi de répondre aux bienfaits de la paix par une réforme de la justice: « Si donc Dieu bienveillant nous a rendu la paix par sa miséricorde, une fois nos ennemis terrassés, et a rétabli l'intégrité du royaume par une tranquillité très précieuse, tant dans les choses corporelles que dans les spirituelles, il nous faut réformer le cours de la justice en méme temps que de la piété, là oà nous la voyons extraordinairement contrefaite » °1, L'historien allemand Otto Hartwig fut le premier à voir dans ce passage une identité de vue avec le témoignage de Romuald de Salerne, selon lequel Roger II avait publié les lois qu'il venait d'élaborer «aprés s'étre rendu maître de la tranquillité d'une paix parfaite ». Cet argument lui parut suffisant pour attribuer à Roger II le «corpus sanctionum » dont cette phrase constitue l'une des considérations introductoires **, Cela posé, la sérénité et l'indépendance dont le roi se prévalait ici définissaient, aux yeux d'Hartwig, une période trés précise de l'histoire du royaume italo-normand. Les bienfaits de la paix n'avaient pu étre acquis qu'une fois le danger souabe écarté et la révolte des féodaux apuliens matée. Au spirituel, il fallait que Roger fut lavé de l'anathéme et de l'excommunication fulminées contre lui par Innocent II en juin 1135 et avril 1139. Enfin l'intégrité du royaume impliquait que la principauté

de Capoue,

reconnue

par

la

recouvrée

cour

aprés de durs combats,

pontificale

comme

légitimement

tenue par la couronne de Sicile, conformément (61) Cod.

fut

à la con-

Vat. Lat. 8782, fo 91, republió dans Cahiers de Civilisation Médsé-

vale, 2 (1959), 467. (62) Beitráge zur

20 (1868), 13-15.

Geschichte Séciliena im

Mittelalter, dans

Hist.

Zeitschr.,

IH LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

467

cession faite par Anaclet II en septembre 1130 9. C'est tout cela à la fois qu'obtint Roger, le 27 juillet 1139, par l'acte dans lequel le souverain pontife lui accordait le regnum Sicilie, quod utique, prout in antiquis refertur historis, regnum fuisse non dubium est %#, C'est donc aprés cette date seulement que peut se

situer la promulgation des lois préfacées par le préambule dont le passage précité est extrait. Tout au début de ces mémes considérations préliminaires, une autre indication permet de proposer une date encore plus précise. Le discours s'ouvre en effet sur une interpellation adressée aux grands du royaume: Dignum et necessarium est, o proceres... Àux yeux d'Hartwig, cette interjection impliquait une communication faite directement et oralement,

c'est à dire une assemblée de barons convoquée dans ce but aussi solennel que particulier. Or Roger II n'a pas volontiers pratiqué des réunions de ce genre; en vingtquatre ans de règne il y procéda seulement trois fois $5. La date et les mobiles des deux premiers congrés dissuadent de les considérer comme susceptibles de remplir les conditions posées par la conjecture d'Hartwig **. En revanche nous savons qu'au cours du troisième, tenu à (63) P. F. Kann, Itaka Pontificia, VIII pp.

39,

41

(Berlin 1935), nn. 146,

155 et 137,

et 37.

(64) P. F. Ken, Itala Pontificia, VIII, p. 42, n. 159. (65) Il faut réserver le cas des cours de justice, assemblées solennelles de

barons et de prélats tenues dans diverses places des états continentaux du royaume (en 1142 à Silva Marca, en 1143 à Capoue, en 1147 à Salerne, en 1150 à Balerne et Sessa) à la fois pour surveiller l'administration de la justice et

contrôler l'exécution des levées fóodales dues par les vassaux: Evelyn JAMISON, The norman administration of Apulia and Capua..., School

at Rome,

6 (1913),

dans Papers of the Brit.

257-58.

(66) En septembre 1130, ce fut pour recueillir l'adhésion de ses partisans au projet, agité par ses proches, de la promotion de Roger à la dignité royale: FaALOON, op. cit., 1204; ALEXANDRE DE TELESE, De rebus gestis. Rogerii, Sicilae regis, II, 2: cf. L. R. MÉNAGER, article cité dans Cah. Civil. Méd., 2 (1959), 446. En septembre 1135, à Capoue, ce fut pour que les proceres du Principat prêtent serment à Alphonse, fils de Roger II, qui venait d'être reconnu prince de Capoue: ALEXANDRE DE TELEsE, III, xxxi.

II]

468

Ariano en septembre 1140, Roger de innumeris suis bus tractavit. Cette notice due à Falcon de Bénévent, succincte qu'elle soit, a longtemps paru accréditer faitement l'hypothése selon laquelle les lois que auteur demandait,

à la fin de son exorde,

actipour parleur

à ses proceres

de «recevoir fidèlement et avec allégresse », ont été publiées au cours d’un colloque féodal. Ce colloque aurait donc été tenu à Ariano, en septembre 1140, à la diligence de Roger II qui serait, par conséquent, l’auteur des lois en question. L'argumentation d'Hartwig a paru si convaincante qu'elle s’est imposée comme thèse classique, rarement et en tout cas peu sérieusement contredite. Les trois plus grands spécialistes de l'histoire de l'Italie normande, Erich Caspar *', Ferdinand Chalandon 9 et Evelyn Jamison ** l'ont reprise à leur compte et toute la doctrine postérieure l'a entérinée sans discussion. Il est tentant, aisé et confortable de céder aux évidences, même les plus ténues, lorsqu'elles sont garanties par des cautions considérables et une longue tradition. Mais il a suffi à Héraclite de se mettre à marcher pour prouver l'erreur du théoréme jusqu'alors indiscuté de l'impossibilité du mouvement. *

*

—*

Reprenons la thèse à son point de départ. En supposant que l'exorde compilé dans un seul des trois manuscrits contenant le texte des soi-disant «assises» ait authentiquement émané de Roger II, peut-on raisonnablement considérer le propos retenu par Hartwig comme (67) Roger

II

und

die

Gründung

(Innsbruck 1904), 237.241. (68) Histoire de la domination 1907). (09)

The

norman

der

normanrusch-sicilischen

normande

Monarchie

en Italie et en Sicile, I (Paris

administration. .., 255-256.

HI LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

469

une indication ayant une valeur événementielle, procédant d’une conjoncture réelle, identifiable et datable ? Je ne pense pas que l’on puisse sérieusement le prétendre. Des considérations aussi générales sont objectivement impuissantes à caractériser une époque plutôt qu'une autre dans l'histoire tourmentée de la monarchie italo-normande.

prenant

une

Cela est si vrai que G. B. Siragusa,

hypothése

déjà avancée

kel??, se reposait sur les mémes

par Johann

re-

Mer-

éléments d'appréciation

qu'Hartwig mais pour les mettre en paralléle avec la situation du royaume aprés la répression du soulévement féodal de 1155 et le triomphe des armées de Guillaume Ier sur la coalition germano-pontificale, soutenue par les armées byzantines . Le retour de la paix fut, ici encore,

conclu par un traité passé à Bénévent, en juin 1156, entre Hadrien II et Guillaume. Le texte de l'accord souscrit par le roi fait lui aussi état des bienfaits de la tranquillité restaurée et de la paix retrouvée, aprés que les ennemis du royaume aient été vaincus pour la plus grande gloire de Dieu *, La thése de l'attribution des « Assises » à Guillaume Ier devait être reprise quelques années plus tard par Enrico Besta, à partir d'un point de vue nouveau. Au témoignage du Liber de regno Siciliae, les prélats auxquels fut confié, dans les premiers mois de 1168, le soin de dé-

cider ce qu'il convenait de faire à l'encontre d'un haut baron coupable d'avoir contesté le jugement prononcé

contre lui par la cour royale, décidèrent $uxta constitu(70) Commentatio qua iuris Siculi sive Aseisarum regum regré Siciliae fragmenta ex codicibus manu scriptis proponuntur, (Halle 1856), p. 13.

(71) G. B. Smaausa, 7l regno di Guglielmo I in Sicilia, II, Palermo 1886,

1) Arch. Segrato Valicano, AA. I. XVIII, n. 4421; reproduction photographique par Franco BARTOLONI dans Arch. Paleogr.

Ital., fasc. 60, dispensa

ix (Avril 1954), tav. 5-6; 6d. Angelo MERCATI, Raccolta d$ concordati su materie

ecclesiastiche tra la Santa Sede e le autorità civili (Roma

1919), n. iv. a, p. 20-22.

IIl 470

tiones regum Sicilie que la personne et les biens du coupable seraient livrés à la miséricorde royale. Le sentiment exprimé par l’un des comtes palatins sur la même affaire était que l’iniuria commise par l'auteur du crime retombait non sur ceux qui avaient prononcé le jugement, mais surtout sur la téte du roi: dicens iniuriam hanc non in eos qui vudicaverant, sed in caput regum principaliter redundare ??. Ce considérant rejoint trés exactement celui de l'« assise » X XXV: ... ipsis (iudicibus) autem facta iniuria non ad ipsos dumtaxat, sed eliam ad regie dignitatis spectat offensam. La coincidence est tellement irréfutable qu'elle inclinait Besta à y voir une preuve certaine de l'attribution des « Assises » au second roi normand de Sicile. Mais pour lui ce n'était pas à la période de paix consécutive au traité de Bénévent que devaient être assignées les diverses propositions préliminaires des « Assises » insistant sur la sollicitude, la providence ou l& piété royales et sur la nécessité d’adoucir les âpretés du droit par la clémence. Pour Besta, la seule période qui, par sa conjoncture et le contexte de son éthique politique et sociale, pouvait s'adapter aux

intentions manifestées dans

l'exorde

celle qui suivit la révolte féodale dans laquelle de Loritello et les grands feudataires exilés en 1156 entrainé la Calabre et tout le Sud de la Péninsule Si l'on néglige les suggestions plus extrémistes, celle tendant

Robert avaient ^t. comme

à attribuer les « Assises » à Guillaume

(73) Liber de regno Siciliae, 6d. G. B. SrRAGUSA,

était

II *5,

cap. liii, p. 141.

(74) IT * Liber de regno Siciliae » e la storia del déritto siculo, dans Miscellanea

di Archeologia, di Storia e di Filologia dedicata a A. Salinas, (Palermo 1907) 302-304. (76) Istpono La Lusia, Storia della Sicilia sotto Guglielmo il Buono (Firenze 1867), 364-367, pour qui les arguments tirés du prologue des « Assises » par Merkel convenaient beaucoup mieux à l'époque qui suivit le traité de paix passé à Venise, en juillet 1177, avec l'empereur Frédéric (P. F. KEexe, Italia Pontificia, VIIL, p. 53, n. 208). L'argument tombe ici à plat étant donné qu'au-

cun conflit ouvert n'avait opposé les foroes germaniques et siciliennes.

I! LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

471

les deux thèses que nous venons de rappeler alléguaient des arguments qui les rendent aussi plausibles que celle

d'Hartwig.

Leur faiblesse commune

est d'attribuer une

évidence historique à des propos qui n'en ont pas. Quelle période est-elle plus propice à la promulgation de lois que celle qui suit le tumulte des combats et la défaite des ennemis? Justinien déjà publiait le Digeste, victis hostibus,... nostris vicloriis a caelesti numine praestitis "*, tout comme plus tard Knut et Henri Ier le feront pour leurs Leges ". Quant à consacrer la paix revenue à une réforme du droit et de la justice, ce fut au long des siècles un objet de soucis tellement constant, en tout cas tellement affirmé

par les législateurs, que l'on s'étonne de ne pas le voir explicitement formulé dans le préambule des recueils législatifs?*. Celui des « Assises » est dans le droit fil de traditions vénérables, non dans celui de conjonctures particuliéres. Lorsqu'on en vient à la déduction que l'on tire du fait que le prologue commence par une interjection adres-

sée à des proceres, pour prétendre que ce discours préliminaire était destiné à une assemblée de barons, on ne peut qu'étre saisi par le caractére aussi gratuit qu'arbi-

traire d'une telle démarche intellectuelle. Tout d'abord parce qu'on saisit mal les raisons qui auraient poussé le souverain à convoquer ses barons pour leur notifier des textes législatifs dont presque la moitié ne les concernait en rien ??, D'autre part, nombreux sont les diplómes royaux (70) Const. Imperatoriam (71)

RogBgzRT

BESNIER,

La

matestatem, coutume

pr. et I.

de Normandie.

Histoire

Externe

(Paris

1935), 227. (78) Cf. L. R. MÉNAGER, op. cit., dans Cah. de Civil. Méd., 2 (1959), 306. (79) Témoignage dee évêques et des clercs devant les instances royales (Ass. Vat. VIII, 1-2); ordination des serfs (X, | et 2); rapt des vierges et des nonnes (XI); apostasie (XIII); mimes et prostituées (XIV et XXX, 1-2); simonie (XVI); célébration du mariage $n facie ecclesie (X XVII); adultére (X XVIII), 1-5; XXIX, 1.4; XXXI, 2; XXXII et XXXIII); exercice de la médecine (XXXVI); vente de poisons ou de substances toxiques (X LIII, 1-2).

III

472

portant des décisions qui ont été prises residentibus nobis $n palatio nostro... cum comitibus et magnatibus aliisque baronibus nostris 9. On ne voit nullement pourquoi le roi se serait déplacé pour une proclamation qu'il pouvait parfaitement faire à s& cour.

Se peut-il néanmoins que l'assemblée tenue à Ariano, en septembre 1140, ait été à cet égard privilégiée? Relisons Falcon de Bénévent qui est, sur ce sujet, notre source unique: « Il (Roger) vint à Ariano et là, ayant réuni une cour de barons et d'évéques, il traita d'innombrables affaires (ibique de innumeris suis aclibus, curia procerum et episcoporum ordinata, tractavit). Entre autres dispositions

qui furent prises par lui (Znfer caetera etenim suarum dispo&itionum), il promulgua un édit terrible applicable à toutes les parties de l'7talia, édit assorti de sanctions voisines de là mort et de la privation des biens. Par cet édit, il interdisait à toute personne vivant dans le royaume d'accepter des romesine ou de les mettre en circulation sur la

marché.

Puis, conseil pris de gens du peuple, il créa sa

monnaie,

(à savoir) une (pièce) à laquelle il donna le nom

de ducat et la valeur de huit romesine, en disposant qu'elle devrait être titrée plus en cuivre qu'en argent. Il introduisit également des follares de cuivre, appréciés au tiers des romesine. Ces horribles monnaies réduisirent tout le peuple de l’Ifalia à la pauvreté et à la misère; opprimé par elles et par les actes générateurs de mort de ce roi,

il souhaitait sa mort et la fin du royaume. (80)

La liste en serait exagérément

longue et fastidieuse.

la plupart des diplômes expédiés du 14 octobre menti inediti dell'epoca normanna..,

1144

Aprés avoir Ce sont, en gros,

(C. A. Ganurr, I docu-

n. xix, p. 45) à septembre

1146 (F. TANSI,

Historia cronologica monasterii S. Michaelis Archangeli Montis Caveosi, dix, n. xix, p. 160) et correspondant aux régestes de Caspar nn. 171 Mais des diplomes postérieurs portent encore la méme formule (par UantELi, 7talia Sacra, I, 378: novembre 1147), qui sera fréquemment

Appenà 207. ex. F. reprise

par la suite dans les diplômes de Guillaume

op. cit.,

IX,

451-452 de janvier

1155).

Ier: cf. par ex., UGBELLI,

IH LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

ainsi introduit ses édits et monnaies

mortels

473

(Quibus ita

mortalibus edictis et monetis inductis), le roi rassembla ses

chevaliers et regagna Naples »*!. Dans tout ce passage, deux expressions seulement peuvent solliciter l'hypothése d'une promulgation de lois: ibique de innumeris suis actibus tractavit et Inter caetera etenim suarum dispositionum, edictum terribile induxit. La première revient ailleurs sous la plume du chroniqueur pour indiquer que Roger procéda simplement à l'expédition d’affaires courantes 9, Quant à la seconde, également familière à Falcon %, elle repose sur le terme dispositio, qui,

employé seul, n’a jamais le sens de « loi » ou « édit », mais seulement celui que la terminologie actuelle donne au mot « disposition », simple décision matérielle ou règlementaire. L'adjectif mortalibus, portant conjointement sur edicta e& monele, implique nommément que les édits en question furent ceux qui venaient d'étre décrétés sur les monnaies. Il faut singuliérement forcer le sens de ce témoignage pour lui faire dire, à la suite d'Hartwig, ce à quoi il ne fait manifestement aucune allusion. Plus généralement, peut-on croire qu'un témoin tel que Falcon, dont la doctrine classique oublie fâcheusement d'indiquer qu'il était juge de sa cité, aurait signalé

par

prétérition

que la publication

un

événement

aussi

considérable

d'un corps de lois, pour n'en retenir

qu'un texte qui, au reste, est absent de toutes les versions (81) FALOo

BENEVENTANUS,

éd.

citée,

col.

1258.

(82) Cf. par ex., Ibid., col. 1256: rez... Salernum adivit..., ibique de negoHis auis et actibus tractarst. (83) Cf. par ex., Ibid., col. 1237: « Cardinalis... Girardus, sussu praedicti

apostolscs, in Beneventana civitate moratus est et confestim sacrum beneventanum palatium ascendens, civitatis utilitates, data pace circumquaque, operabatur. Inter caeteras eius. dispositiones, praecipue pacem tenendam, viribus (otis, ore et corde, praedicabat ». (84) Cf. Ibsd., col. 1222: Falcon, scribe du palais pontifical, fut nommé

juge de Bénévent en 1133 par le cardinal Gérard, recteur de la ville.

IT] 474

connues des « Assises »? Une lecture objective de la conclusion de ce passage porte au contraire à penser que l'essentiel des mesures prises à Ariano concernait exclusi-

vement le domaine monétaire. La présence de nombreux prélats et barons du royaume se justifiait par l’importance économique des décisions que Roger II s'apprétait à

prendre.

Il avait besoin

assurément

d'une large assise

consensuelle pour l'émission de monnaies nouvelles d'un aloi douteux, prévoyant l'hostilité trés forte à laquelle ces espéces allaient se heurter parmi les populations de l'Etat pontifical, en particulier à Bénévent et Capoue 55. Rien, dans le propos de Falcon, n'autorise à écrire qu'il ait profité de ce congrés, d'un objet aussi difficile que limité, pour lui donner communication des lois qu'il venait d'élaborer. Si Roger a promulgué des lois, ainsi que Romuald de Salerne incline à le penser, ce ne fut certainement pas lors de l'assemblée d'Ariano.

Pouvons-nous,

d'ailleurs,

concilier

la

date

de

cette

assemblée avec les dires de l'archevéque de Salerne? Son rapport des faits est bien connu: Rex autem Roggerius in regno suo perfecte pacis tranquillitate politus, pro conser-

vanda pace camerarios et vusticiarios per totam terram instituit, leges a se noviter conditas promulgavit,

malas con-

sueludines de medio abstulit 99. Pour dater cette notice, le seul procédé possible consiste à la replacer dans son contexte. Romuald la donne à (85) Cf. Ibid., col. 1259-1260. (86) Chronicon, éd. C.A. GARUFI, p. 226, que nous avons collationné la version fournie par le Paris. Lat. 4933, f? 158 ro.

avec

[TI LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

la suite de divers événements survenus de l'année 1139 9. Puis viennent:

475

dans

le courant

— le retour de Roger II à Palerme (le 5 novembre 1139) 5, cum triumpho et gloria..., inimicis et proditoribus suis superalis pariter et destructis et regnum suum in summa pace et tranquillitate poss(idens); — le retour 1139) 89;

d'Innocent

II

- Non mulio post lempore, Lothaire (4 decembre 1137) 95;

à Rome

(2 septembre

la mort de l'empereur

— Celle de Louis VI le Gros (1° août — l'institution totam terram

de

chambriers

et de

1137) *!; justiciers per

(1135-1136) ?*;

- la promulgation des lois récemment élaborées et la suppression des mauvaises coutumes; - la campagne sicilienne contre Bone, Suse, Gabés (septembre-octobre 1135) ** et Sfax; (87) La suite chronologique est ici observóe: la mort de Renaud, comte d'Alife, (Troia, 30 avril 1139: FALoON, éd. cit., ool. 1249) l'éruption du Vésuve (28

mai

1139, selon FALooN, col. 1250; du 29 mai au 29 juin 1139 selon les Annales

Cavennes, M.G.H., SS., III, p. 186); la venue du pape à Bénévent où Roger II l'accueillit satis honorifice, ce que l'on doit situer après le traité de Mignano, in-

tervenu le 27 juillet; la prise de Troia (fin juillet-début septembre: FALCON, col. 1250), enfin celle de Bari, dans les premiers jours d'octobre, et non le 19 octobre comme l'indique par erreur F. CHALANDON, Hist. de la Domination normande II, 92, puisque le 6 octobre, Roger était de retour à Salerne, selon FALOON, col. 1255-1256. (88) FALcCOo BENEVENTANUS, (89) Ibid., col. 1254.

(90) BERNHARDI, (Leipzig 1883), (91) SuGER,

Konrad

1.3. Vie de Louis

col.

1256.

III, dans

Jahrbücher der deutschen Geschichte,

VI le Gros, 64. H. WAQUET,

p.

196.

(92) Les chambriers sont une institution déjà répandue en 1136-1136 M. JaMISON, The administration. .., 383,

(Ibid., (93)

345, 375 et Calendar,

nn.

397

1

(E.

et 412), de même que les justiciers

4-6).

MicHELE AMARI, Storia dei Musulmani.., III, 406; nous n'avons aucune

indication sur la date des autres campagnes

africaines.

IH

476

— Eo tempore, la mort de Jean II Comnéne (8 avril 1143) **, suivie de pourparlers matrimoniaux entre Manuel I Comnéne et la cour sicilienne (1142-1143) *5;

— l'écheo de ces tractations, prétexte d'une expédition menée par Roger II contre Corfou, Thèbes (septembre 1147-fevrier 1148) **.

Corinthe

et

La chronologie de tout ce passage est, on en conviendra, extrémement chaotique. On y trouve rapportés péle-méle des événements donnés comme contemporains alors qu'en fait sept ou huit années les ont parfois séparés. Il se révéle par conséquent vain d'assigner une date a cette promulgatio legum, telle que Romuald de Salerne la signale et,

plus encore, de rattacher cette promulgation au colloque d'Ariano. En l'état présent de notre documentation, il faut se résigner à tenir la publication des lois rogériennes pour intemporelle. Reste à savoir si nous sommes en mesure d'en connaitre le contenu. B) Les « Assise tion à Roger II.

regum

regni Siciliae » et leur attribu-

En 1786, Gaetano Carcani publiait ? en appendice aux constitutions impériales promulguées par Frédéric II en

aoüt 1231 un bref recueil de textes législatifs qu'il avait trouvé dans un manuscrit

du Mont

Cassin

(Cod. Casin.,

n. ant. 468, mod. 869, p. 83-86), compilé à la suite d'une version de la Loi Lombarde et de trois lettres de Frédéric II, datées de 1221 95. Ce recueil, écrit pour la plus grande (94) (95)

GEORGES OsTrRoconskv, Hist. de l'Etat. Byzantin F. CHALANDON, op. cit., II, 129.

(96) Ibid., IT,

(Paris

1956),

401.

137.

(97) Constituttones regum regni utriusque Siciliae... per Petrum de Vinea... concinnatae (Neapoli 1786), 227-232. (98) Le texte des « Assises » est immédiatement suivi de statuts encore iné-

dits accordés par un certain H. aux hommes de Pontecorvo. Contrairement aux

II! LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

477

part d'une main de la fin du xtr siècle ou du début du xime à été

ultérieurement

chargé

d'additions

intercala-

res et glosé par deux mains différentes. Précédé d'un bref préambule, il se compose d'environ 70 fragments ou paragraphes, répartis en quarante et un titres, lesquels ont tous été ajoutés par l'interpolateur ou le glossateur, qui a en outre donné à l'ensemble le titre d'Asstse regum regns

Sicil(iae) ?9. Carcani, qui connaissait certaines de ces « Assises » pour les avoir trouvées reproduites dans les constitutions de Melfi, assimila ce recueil à la législation impériale et le publia comme tel. C’est seulement soixante-dix ans plus tard que, confrontant ce recueil avec un document du même ordre contenu dans un manuscrit acheté en 1844 par la Bibliothèque Vaticane, le canoniste Johann Merkel devait attribuer les « Assises » à un roi normand de Sicile, plus précisément,

comme

nous

l’avons vu 1%, à

Guillaume Ier. La version du manuscrit de la Bibliothèque Vaticane (Cod Vat. Lat. 8782, ff. 91 ro — 94 vo) diffère sensiblement de celle du Cod. Casin. 468. Sans titre, précédée d'un long exorde, elle comporte soixante huit fragments disposés sous quarante et un titres. Trés belle et d'une seule main de la fin du xrre ou du début du xrrre assertions de ViNCENZO FEDERIOI, Jl regime ammarustrativo di Pontecorvo durante à secoli XII-XV, dans Casinensia, 2 (1929), 549-553 et de Lu1G1 FABIANI,

La terra di S. Benedetto. Studio storico-giuridico sull'abbazsa di Montecassino dal-

UVIII al XIII secolo, I (Montecassino 1950), 188 ces statute n'ont rien à voir avec les capitula Pontiscurii accordés par l'abbó Roffred, le 22 fevrier 1190 et publiés par E. GATTOLA,

Accessiones,

267-268.

((99) Il est important de noter que toute la partie supérieure de la p. 83, soit environ treize lignes d'écriture, a été noircie sur toute sa largeur par un produit chimique qui a méme partiellement fait disparaitre le haut de la très belle majuscule Z de Leges par laquelle s'ouvre le texte. Pourquoi et à quelle époque &-t-on détruit ces treize lignes, c'est là une question à laquelle il est difficile de répondre. Il semble en tout cas que ce barbouillage ait été perpétré de bonne heure et que ce soit lui qui ait inoliné l'interpolateur à inscrire, dans le peu d'espace resté disponible, le titre d'Assise regum regné Siciliae. (100) Cf. supra, n. 70.

IH

478

siècle, la copie suit celle d'une version des Institutes de Justinien et précède un traité du glossateur Bulgarus, De arbitris, dédié au chancelier pontifical Albert de Morra (1186-1187), le futur Grégoire VIII.

Tels étaient les manuscrits jusqu'ici connus des Assise. On pourra désormais y ajouter une troisiéme version, différant peu de celle du Mt Cassin et qui voisine dans un Codex parisien du xrr siècle (BrBrL. NaT., Nouv. Acq.

Lat. 2285, ff. 344-346) avec une copie des Constitutions de Melfi 101, Nous avons vu par quelles voies la doctrine historique avait conduit à attribuer la compilation ainsi transmise à Roger II ou Guillaume Ier. Elle disposait, à vrai dire,

d'un

autre moyen

d'identification,

partielle

mais

appa-

remment plus déterminante, à savoir que sur les soixante-

huit paragraphes de la version du Cod. Vat. Lat. 8782, trente-six ont été repris dans les Constitutiones Regni Sicihae

d'août

1231,

soit textuellement,

variantes, sous un titre qui à Roger II. En fait, toutes de Melfi ont publiées sous le figurent, avec un texte plus

soit

avec

quelques

les attribue trés précisément les lois que les constitutions nom du premier roi normand ou moins identique, dans les

Assise regum regni Siciliae. Certains ont vu là un argu-

ment tout-à-fait convaincant, propre à confirmer la thése d'Hartwig attribuant les Assise à Roger II. Cependant, il faut nécessairement faire observer que la force de cet argument réside dans la valeur que l'on peut attribuer au certificat de paternité ainsi délivré par le rédacteur du Liber Augustalis. Or sur ce point le scepticisme grandit au fil de la lecture, lorqu'on constate que sur les trente-six (101) Aucune des éditions des « Ássises » dont nous disposons jusqu'ici n'est

vériteblement valable, ni critique. Gráce à l'apport de ce nouveau manuscrit, nous pensons proposer très prochainement lité dee recherches à venir.

une

nouvelle

édition,

pour l'uti-

IT] LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

479

lois soi-disant rogériennes accueillies dans les constitutions de Melfi, huit sont des reproductions littérales de rescrits d'empereurs romains ou de fragments de jurisconsultes sévériens puisés dans les Livres I et IX du Code de Justinien ou dans le Livre XLVIII du Digeste, et dix une copie plus ou moins approchante de textes issus des mêmes Sources. Ceci pose au moins deux problémes: l'un, que l'on peut à bon droit s'étonner de n'avoir jamais vu soulever et qui est celui de la transmission à la cour souabe des sources juridiques de l'époque normande. L'autre, qui est celui de l'influence du droit romain à la cour normande de Palerme. C'est seulement de la solution que l'on peut donner à ces deux problémes que dépend, à notre avis, la réponse au numquidnam rogérien des Assise. *

*

*

Dans le champ de l'histoire événementielle, il est avéré que ce qui existait en fait d'archives royales normandes & sombré une premiére fois, lors du désastre subi à la bataille du Sarno, en juillet 1132!9?, une deuxième fois lors de la révolution

de Palerme,

en mars

116199,

Aux

bouleversements consécutifs à ces sinistres, la royauté panormitaine a tenté de remédier par diverses mesures. C'est ainsi que durant l'automne de 1144 Roger II publia un édit ordonnant «le renouvellement et la confirmation de tous les priviléges des églises et des autres fidéles de notre (102) Lettre d'Henri, évêque

de Sant’Agata aux vicaires d'Innocent

datée de juillet 1132: Philippus JAFFÉ, Monumenta

Bambergenaia

II,

(Berlin 1869)

(Bibl. Rer. German., tom. V], n. 259, p. 442-444: « ... Tentoria ducts (Rogerii) et propria capella cum omnibus

ustensilibus et scriniis capta fuere. In quibus in-

venta sunt privilegia in quibus Peirus Leonis ipsam Romam et ab inde usque Siciliam totam e$ terram concesserat... ». (103)

Cf. RouvALDI

Chronicon,

éd. C. A.

GanurI1,

Falcandi Liber de Regno Sicilie, p. 56-57 et 69.

p. 246-247

et Hugonis

Ill

480

puissance » 1%, Il est vraisemblable que cette mesure a été dictée par le souci de reconstituer valablement les régistres de la chancellerie royale. Mais l’ampleur des destructions de 1161 fut sans comparaison avec le sinistre subi sur les bords du Sarno car, toute à la fureur du sac,

la populace qui envahit le palais royal ne fit aucune distinction dans ce qui lui tombait sous la main. Quelques jours plus tard, les membres du nouveau conseil royal furent plongés dans le plus cruel embarras en mesurant l'étendue des pertes: la disparition de l'état des fiefs et des terres, ainsi que des livres d’impositions, leur ignorance des usus et instituta curie rendaient impossible tout acte d'administration et de gouvernement; on en fut réduit à extraire de sa prison l'un des membres les plus actifs de l& contre-révolution, le notaire Mathieu, dont on pensait que l'expérience et la mémoire permettraient

de parer au plus pressé !05, Ce que fut le travail de Mathieu d'Aiello, nous l'ignorons, mais la faiblesse et l'apathie du roi reclus qu'a été Guillaume Ier durant ses derniéres années, la période d'extréme incertitude qui à marqué la minorité

de

Guillaume

II,

donnent

tout

lieu

de

croire

qu'aucune reconstitution d'ensemble n'a été tentée jusqu'au cap des années 1175. En toute hypothése, le régne non dépourvu de grandeur de Guillaume II n'a laissé aucune trace de réformation comparable à celle de 1144; il faut attendre pour cela Frédéric II et la Constitutio de resignandis privilegiis de 1240. De toutes ces conjonctures,

on ne peut

tirer jusque

là que de fortes présomptions relativement à la perte du texte de la législation rogérienne. D'ailleurs un texte peut toujours se reconstituer, ne serait-ce qu'en recourant à la (104) Cf. C. A. Garuri, Censimento e catasto. .., dans Arch. Stor. Sicil., n. s., 49 (1928), 60; E. CaspaR, Roger II..., 320-323.

(105) H.

FALCAND,

op. cit., p. 69.

III LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

481

tradition orale; ce n'est plus l'exacte rédaction originale, mais le fond subsiste dans une relative intégrité. A-t-on

quelques raisons de penser qu'une telle entreprise ait été tentée aprés la révolution panormitaine de mars 1101? A ne considérer que les seules perspectives politiques, cela

apparait fort douteux,

sinon invraisemblable.

Ce qui a triomphé avec la sédition, c'est avant tout une lourde hostilité entretenue par divers éléments de la population du royaume: hostilité urbaine accumulée depuis les derniéres années de Roger II par les restrictions aux libertés et aux priviléges des grandes cités, restrictions que le souverain avait multipliées à la fin de son régne: amertume contre une fiscalité alourdie par les luttes constantes contre les ennemis du dehors et du dedans; opposition d'une noblesse insatiable, perpétuellement entretenue dans son agitation par des courants venus de Rome, de Byzance ou de la cour impériale germanique. Enfin une résistance tenace à l'absolutisme royal instauré par Roger, maintenu par Maion de Bari, le grand « émir des émirs», mais qui, celui-là disparu (10 novembre 1160), n'a pas trouvé la main ferme dont il devait étre l'instrument. Ce sont toutes ces tendances anti-autocratiques qui triomphent au lendemain du 9 mars 1161 et auxquelles Guillaume Ier & cédé. C'est sur elles &ussi que, plus ou moins consciemment, la reine Marguerite a modelé son gouvernement durant les six années de sa régence, s'appuyant sur les grands féodaux du royaume. Une telle redistribution des rôles ne pouvait se faire qu'en sacrifiant les offices hérités de la haute administration rogérienne — auxiliaires sûrs de l'autorité royale —, ceux qu'à tort ou à raison l'élément féodal avait toujours considérés comme

les complices de son écrasement politique 1%, Guillaume (106) Cf. L. R. MÉNAGER, de l'Amirauté, p. 67 et suiv.

« Amératus-”Aunoûs ». L'énurat et les origines

"n 482 II, parvenu à sa majorité, aura tout ce courant à remonter

difficilement, pour asseoir l'autorité royale compromise par vingt années de faiblesse et de stérilité. Dans ces conditions, il est impensable que l'on ait songé à reprendre en considération et à ressusciter les textes rogériens, qui concrétisaient ce contre quoi s'étaient

levées les puissances que la cour de Palerme était tenue d'économiser. Guillaume II lui-méme ne rejoindra jamais son aïeul sur le terrain de l'absolutisme royal et les postulats de son régne seront beaucoup plus mesurés. Voilà essentiellement pourquoi nous ne croyons pas à la reconstitution de la législation royale perdue lors du sac de mars 1161: c'eüt étó renouer avec un passé que nul ne songeait à invoquer.

Cela ne signifie point que les destinées des lois rogériennes aient été définitivement épuisées. Au siècle suivant, elles retrouvaient en Frédéric II un continuateur à leur exacte mesure. Encore convient-il de distinguer au moins deux phases dans la subtile politique italienne de l'empe-

reur souabe. Lorsqu'en avril 1220 Frédéric eüt attiré à lui la succession de l'ancien royaume normand, le pays était encore dans la pitoyable anarchie à laquelle il était retourné depuis l'invasion allemande. Lors de la lente remise

en

ordre

des

réalités

sud-italiennes,

Frédérie

prit

habilement pour base la législation pondérée de son cousin Guillaume II. Toute une série de dispositions édictées de 1220 à 1228 s'en réclament expressément 19. Passé (107)

En decembre

1220, lors d'une curia generalis tenue à Capoue,

rio II publia une série de vingt assises (RICCARDI DE S. GERMANO éd. C. A. GARUFI, p. 88; cf. thid., p. 84: suas assisias promulgavit, gints capitulis continentur) dont le texte nous a 6té transmis par 8. Germano (/bid., p. 88-93). Ces «sanctions +, pour reprendre le

Frédé-

Chronicon, que sub viRichard de terme em-

HI LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

483

1230, l'étreinte pontificale desserrée, c'est une toute autre direction que prend le nouveau César, successeur en droite ligne des empereurs romains !99, Si à San Germano, en juillet 1230, il avait dà fléchir le genou devant Grégoire IX, la législation qu'il préparait pour son royaume

de Sicile, il la concevait comme un moyen d'affirmer ce que les juristes romanisants de son entourage soufflaient à son oreille. Mais comme il était encore tenu de respecter les susceptibilités pontificales, il lui fallait trouver des cautions valables. C'est alors qu'il entreprit d'exhumer les textes de son grand-père normand, Roger II. Si, comme on le croit généralement, les dispositions rogériennes avaient été fidélement conservées, le travail de

documentation

de

l'empereur

souabe

aurait

été

des

plus simples. Ce ne fut nullement le cas et la procédure entamée à cette occasion constitue une confirmation indiscutable de ce que nous avons avancé,

relativement

à la

perte des régistres de Roger II. Préparant ses constitutions, Frédéric II en fut réduit, en effet,

à mander à ses

justiciers de choisir dans leur circonscription quatre des ployé par le chroniqueur, sont encore sous Guillaume II. La première pose royaume doivent se conformer « aux ils étaient habitués de vivre au temps

tout imprógnóes du système en vigueur d'ailleurs en régle que tous les sujets du bons usages et coutumes selon lesquels du roi Guillaume +. Huit des autres cha-

pitres (cap. ii, iv, ix, x, xiii, xvii, xviii, Xix) renvoient trés fidélement &ux con-

euetudines regis Guillelme. En 1225, convoquant les prélats et barons du royaume de Sicile à une assemblée devant se tenir à Foggia au mois de mai, il s'enquiert des dommages que certains ont pu subir du fait d'agissements perpétrés contra libertates et approbatas consuetudines quaa ecclesie, tempore felicis memorie regis Willelmd secundi, habuerant. (RICHARD DE S. GERMANO, op. cit., p. 121).

Enfin, dans les instructions £n modum

testamenti qu'il adressa aux prélats et

eux grands du royaume, en avril 1228, à la veille de partir pour la croisade, il

prescrivait «t omnes de regno, tam prela quam domani et omnes eorum subditi $n ea pace et tranqwuillstate viverent et manerent, que esse et vivere erant soliti, tem-

pore Gwillelmi secunds. (Ibid., 151). (108) Pour l'influence du droit romain dans l'empire allemand sur les Hohenstaufen et plus particulierement sur les Constitutions de Melfi : HERMANN KRavusE, Kaiserrecht und Rezeption, dans Abhandl. der heidelberg. Akad. der Wissenschaften, Philos.-Hist. Klasse, Jahrgang 1952, 31-48; Thea BuvxEN, Das rómische Recht in den Constitutéonen von Melfi (Kóln 1960).

IH 484

hommes les plus anciens qui sciant assisias regis Rogerii, avi nostri, wsus quoque et consuetudines tempore Rogerii et

Guillelmi secundi, consubrini nostri... generaliter in partibus ipsis ostentas; ces prudhommes devaient être envoyés à la cour impériale sans le moindre délai 1%, Ensomme, indépendamment de l'emploi très instructif que ce document

fait du terme assisie 119, nous tirons du mandement

(109) Evuanp bruck

WINKELMANN,

Acta imperi

1880), iii, Acta Sicula, n. 761,

p.

inedita saecul$ XIII, Y (Inns-

605.

(110) Frédério parle d'« assises » du roi Roger, tout comme le cod. casin. 468 parle d'Assise regum regni Sicilie, ce qui serait de nature e justifier que la lógislation rogérienne ait été débattue en cour de barons. On sait, en effet, ce qu'il faut entendre par « assises »: d'une manière générale, co terme annonce un établisaement ou une ordonnance prise par le roi ou par un seigneur en cour de barons. (Cfr. MAURICE GRANDOLAUDE, Etude critique sur les livres des assises de Jerusalem, [Paris 1923], p. 7-8; M. PLANIOL, L'assise au comte Geffroi, Nouv. Rev. Hist. de Droit, 1887, p. 120). Or ce terme parait avoir été inconnu de l'Italie méridionale normande; on ne le rencontre jamais sous la plume des chroni-

queurs contemporains et parmi les milliers d'actes que nous avons dépouillés, deux seulement l'emploient, à la fin du régne de Guillaume YI. L'un, dans un sens assez confus, mais qui s'assimile sans doute à celui de réglement comtal. (20 août 1184. Notice de plaid de Roger de Campomarino, chambrier du comté de Fiorentino. Le prieur de s. Leonardo di Siponto accuse les bayles de Fiorentino de s'étre emparé indüment des animaux du prieuré de S. Maria di Olicina, à l’occasion du paiement de l'herbage et de l'aquage, alors que Olicina nihsl per assisium inde $uste dare debeat: G. Dec GUDICE, op. cit., parte prima, vol. I, ap-

pendice I, n. xxiii, p. xlvii). L'autre, d'un poids beaucoup plus considérable, fait mention de six regie assiste dont quatre au moins semblent se rapprocher de diverses lois de Guillaume II (Il s'agit des Coutumes de la Terre de Corneto citées supra, note 39, dont on doit observer que le texte qui nous les a conservées est un vidimus de mars 1189). Deux textes ne suffiseht sans doute pas à fi. xer une opinion, mais ils autorisent à formuler l'hypothóae que le mot « assises » n'a fait que très tardivement son apparition dans le Sud de la Péninsule. A l'époque

souabe,

il est au contraire

très

fréquent:

Richard

de

S8. Germano,

nous

l'avons vu, l'emploie pour désigner lea vingt dispositions prises à Capoue par Fródéric II, en decembre 1220. A la fin d'avril 1220, le móme empereur promulgua à Messine une série d'ascisie contre les joueurs de dés, les juifs et les prostituées, (RvccARDI DE S. GERMANO, Chronicon, éd. C. A. Garur1, p. 94-97), puis à S. Germano,

en octobre

1232,

un court

texte

portant

réforme

des

divers

droits

et taxes perçus par la cour dans le royaume, texte qui est encore qualifié par Richard de S. Germano d'imperiales ascisie ($bid., p. 183). Enfin,

c'est du même

terme « assises » qu'usent les Constitutions de Melfi à sept reprises: conira... que in nostris et regum assisiia continentur, (I, Ixxii, HB., p. 44); Que... predeceasorum nostrorum assisiis comprehensa,. ..

assisiam curie, (II, x, 1, HB., I, Ixvi,

HB.,

p.

201;

(I, xliv,

HB, p. 47);

...secundum

p. 84); of. également I, 1x, pars 2, HB.,

II, vii, HB.,

p.

82;

III, liii, HB.,

p.

157.

p.

Lorsque

197; les

III LA

LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

485

impérial une des certitudes les plus solides sur les sources du travail préliminaire aux Constitutions de Melfi; ce recours à la tradition orale dit assez à quoi en était réduite

l'information frédéricienne. Le résultat des consultations populaires prescrites aux justiciers impériaux est en tout

cas fort éloquent: comme nous l'avons déjà noté, dix-huit des textes que les Constitutions attribuent au roi Roger sont une copie plus ou moins textuelle de fragments du Digeste ou du Code de Justinien. Curieuse conséquence, en vérité, que celle de ces «enquétes par turbes» qui aboutissent à une reconstitution des compilations justiniennes. Ce paradoxe, précisément, est encore plus évident lorsqu'on confronte les reconstitutions prétendues de la législation rogérienne avec les lois authentiquement émanées de Guillaume II et reprises par le code de Melfi. Non pas que ces lois soient nombreuses, mais cette rareté méme

nous

parait

significative,

tout

comme

dont elles sont parvenues à la connaissance

la maniére

du souverain

souabe. D'un mandat abondamment diffusé aux églises du

royaume sous le régne de Guillaume II !!! et qui concédait rédacteurs souabes

précités parlent d'« assises », cela est à entendre d'un

ter-

me générique à leur époque, qu'ils emploient le cas échéant — comme le fait Frédéric II dans son mandat de 1230 — pour parler des textes imputés à Roger

II. Cela étant, le mode selon lequel toutes les dites assises impériales furent publiées (à la seule exception des vingt chapitres de Capoue edits... habita cursa generali pro facto regni, mais la cour n’était

là qu'une

émanation

de

la cour

impériale elle méme; à leur propos, Richard de S8. Germano emploie d'ailleurs aussi bien le terme assiste que celui de sanctiones : cf. p. 84 et 88) dit assez que le terme asaisia avait considérablement dévié de son acception première et n'était plus qu'un synonyme de constitutio ou de sanctio. (111) A l'église de Trani, par mandat du 16 mars 1170, (A. PRoroco, cit, n. Ixi, p. 134-135); à celle de Valva, par mandat du 31 mai 1172, (Cod. lat. 3555, ff. 64-66); à l'abbaye S. Clemente di Casauria, par mandet du 12 1172, (Chronicon Casaursense, L. A. MunRATORI, Rer. Ital. SS., II, 2, col. 907); à l'archevéche de Palerme, par mandat du 15 avril 1172, (R. PrRRo, cilia Sacra, I, col. 109). D'autre part, un diplome de Frédéric II, daté de

op. vat. juin 906. SiNu-

remberg, juin 1219, (E. WINKELMANN, Acta inedita,... II, n. 10, p. 11-12) confirme à l'église de Brindisi le juridiction sur les délits d'adultére, iuxta mandatum et ordinationem. . . regis Willelm4 secundi. À quoi s'ajoute un mandat du 22 mars 1175 pour le diooóse de Minori. (F. UcxezLi, talia sacra, VII, col. 300-301).

II] 486

à la juridiction épiscopale la connaissance du délit d’adultère et de tous les délits commis par les clercs, Pier della Vigna, en qui certains voient le rédacteur des constitutions impériales, à fait trois titres du recueil melfitain 1, Relativement nombreuses sont les archives ecclésiastiques qui ont conservé jusqu'à nos jours l'original de ce mandat et il n'est pas déraisonnable de penser que c'est dans l'une d'elles que Frédéric II à puisé les trois titres précités, tout comme le titre Lxt du livre I, reproduisant un mandat de date indéterminée traitant des biens des individus morts intestats!?. Certitude identique encore, pour la constitution

III,

xxxi,

à l'origine de laquelle

nous

trou-

vons un mandat du 15 mars 1167 dirigé à l'archevéque de Trani. Or dans ce cas précis, il est avéré que Frédéric II ne pouvait tenir ce texte des archives royales, ni méme des archives du chapitre de Palerme parce qu'alors, ainsi qu'on l'a vu 14, il n'aurait pas attribué la loi en question à Guillaume II, mais à son véritable auteur, c'est à dire à Roger II. Ainsi donc, par cette circonstance fortuite mais

d'une

précision

les rédacteurs

incontestable, souabes

il nous

ne disposaient

chives royales normandes

paraît méme

établi

que

pas des ar-

de l'époque willelmine. * *

*

Il est inutile, bien entendu, de souligner que les textes législatifs de Guillaume II repris par le Liber Augustalis ou qui nous sont parvenus par d'autres voies, ne présentent pas le moindre rapport, tant dans le fond que dans la forme, avec les prescriptions du droit romain. Entre (112) Lib. I, tit. xlv; lib. III, tit. Ixviii et Ixxzxiii. (113)

Sur celui-ci, cf. nos Notes sur les Codifications byzantines

p. 297-299. (114) Cf. supra,

note

656.

et l'Occident,

IH

LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

487

les lois de Roger II - ou soi-disant telles — et celles de ses

successeurs, il y a donc sur ces points un fossé sans fond. Une telle différence de caractére entre la conscience juridique des premiers rois normands serait totalement inex-

plicable. Autant dire, même, qu'elle apparaît absurde. Autre incidence notable: si, comme le professent les auteurs allemands et italiens, les Assises sont le résultat

du colloque féodal d'Ariano, ou méme du seul roi Roger, comment expliquer l'absence totale d'unité dans les quelques quarante titres de la compilation? Les Assises sont tantôt rédigées sous la forme impersonelle, tantôt sous celle d'un ordre impératif (Scire volumus, . Sancimus, . . Decrevimus,..). Il ne peut y avoir d'autre justification à ces contradictions internes que la dualité d'inspiration des compilateurs: la dictée impersonnelle étant celle du Digeste, le style impératif, celui des constitutions du Code de Justinien. Méme lorsqu'ils ne se sont pas bornés à une copie littérale de fragments de ces codifications — copie consommée dans 18 des 67 paragraphes du manuscrit de la Vaticane, et dans 22 des 68 paragraphes du manuscrit du Mt. Cassin !$ — les rédacteurs des Assises, pénétrés de culture juridique romaine, ont usé d'un vocabulaire et d'une langue directement puisés aux sources justiniennes. Ce qui, en soi, ne constitue pas un phénoméne à priori aberrant, mais pose quand méme tout le probléme de la renaissance du droit romain en Italie méridionale. (115) Le relevé des sources utilisées montre que les compilateurs ont eu principalement recours aux livres I et IX du Cod. Just., ainsi qu'au livre XLVIII

du Digeste. On a voulu y voir le signe que la royauté siculo-normande n'aurait connu du droit romain que cea trois livres, par l'intermédiaire d'un abrégé limité à ces seules parties des codifications justiniennes. (E. CASPAR, op. cté., p. 247-249; La MANTIA, op. cit., p. 89; F. CHALANDON, op. cit., I, xviii). L'hypo-

thèse est totalement gratuite, pour des foules de raisons, qu'il est inutile d'évoquer ici. D'ailleurs, à s'en tenir au rédacteur des Assises, on constate qu'il a aussi utilisé le livre XII du Cod. Just., (cf. Assise 31) et les Novelles de Justinien.

(Cf. Assises x, 2 et xxviii, 2). C'est ailleurs qu'il faut

de cette exploitation restreinte du droit romain.

chercher les raisons

IIl

488

I] ne s'agit pas de reprendre ici un théme de discussions qui a, voici un demi-siècle, suscité bien des polémiques 11?, La thèse favorable à un prolongement de l'école bolognaise dans le sud de la péninsule par l'intermédiaire des érudits venus en Sicile avec Adélaide, niéce de Boniface

del

Vasto — et, par conséquent, cousine de la comtesse

Matilde, protectrice d'Irnerius! — est une pétition de principe mentaire laisserait pu jouer dont les relevant

qui n’a jamais trouvé le moindre support docu!!?, Aurait-elle une ombre de vraisemblance qu'elle entiére la question du róle effectif qu'aurait le droit romain dans le comté siculo-calabrais problémes de toutes sortes — si l'on excepte ceux de l'organisation féodale où il n'avait que faire —

ne pouvaient

se poser

qu'en

termes

grecs et arabes,

et

cela jusqu'à l'agrégation du comté au duché de Pouille. En d'autres termes, l'introduction des principes romains dans cette région de l'Italie, ne pouvant s'expliquer qu'ac(116) Cf. l'ample bibliographie du sujet oitée par ALDO ALBERTONT, Per una eeposizione del diritto bizantino con riguardo all' Italia, (Imola 1927), p. 199 et 200-202. (117)

FEDELE

Le généalogie d'Adólaide, assurée par plusieurs travaux, entre autres

Savio, Jl marchese Bonifazio del Vasto e Adelasia, contessa di Sicilia,

dans Ati della r. Accad. delle Scienze di Torino, xxii, (1886-87),

87.112,

C. A.

GaAnur1, Adelaide, nipote di Bonifazio del Vasto e Gofiredo, figliuolo del Gran Conte Ruggiero, dans Rendiconti e memorie della r. Accad. di Scienze, Lett. ed Arti dei Zelanti di Acireale, Classe di Lettere, 39 serie, iv, (1905), 185-216 et ERNESTO PoNTIERI, La madre di re Ruggero; Adelaide del Vasto, contessa di Sicilia, regina ds Gerusalemme, Atti del Convegno Int. di Studi Ruggeriani, II, 331-332, & été

contestée assez pauvrement

par RAFFAELE

PERLA,

Del diritto romano giusti-

n4aneo nelle provincie meridionali d'Italia prima delle Assise normanne, ASPPN

x, (1885), 173-176, pour faire piéce aux argumenta de Brandileone. (118) La thèse avait été énoncée la première fois par F. BRANDILEONE, Il

diritto romano nelle leggi normanne e sveve del regno di Sicilia, p. 113 et fut assumée par Haws NiesE, Die Gesetzgebung der normannischen Dynastie im Regnum Siciliae, (Halle 1910), p. 88-94, sans la moindre réticence. Pas plus l'un

que l'autre n'ont cependant donné — et pour cause — une quelconque justification à cette idée, qui demeure une pure vue de l'esprit. On peut en dire autant

de l'allégation de NikesE, $bid., p. 94 qui trouve dans les propos de Malaterra sur Ancher, premier évêque catanais après la restauration normande, (... Porro ille ecclesiam minus cultam,... Marthae iuris studiis primo studiosus inhaerens, ...) (IV, vii, p. 90) la preuve qu'il a existé une école de droit canon à Catane.

NI LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

489

complie ou favorisée par les conquérants, aurait ce caractère paradoxal d’avoir été l’œuvre de gens dont tout démontre l’absolue fidélité aux règles de leur pays d’origine. En tant que postulat, et à défaut de toute trace d’argumentation, cela ne peut être objectivement pris au sérieux.

Cela ne l'est guère plus en ce qui concerne les pays de formation lombarde. Même si dans des villes traditionnellement

«excroissantes»,

comme

Gaëte

et Naples,

il

subsiste quelques traces évanescentes de la «lex romana »!1?, qui ne permettent en rien de préjuger de la profondeur, ni de l'exactitude des références au droit romain

relevées cà et là dans quelques chartes !??, aucune preuve valable n'a jamais été donnée d'une quelconque survivance juridique autre que lombarde dans les états constituant le duché de Pouille 11, En tout cas, l’hypothèse (119) Cf. F.

BRANDILEONE,

Jl diritto greco-romano

sotto la doménazsone normanna, dans Arch. Giurid., xxxvi,

Gay, L'Italie méridionale et l'empire byzantin,... fio

romano

giustinianeo,...

nell'Italia meridionale (1186), 85.89; JULES

572-573; R. PERLA, Del di-

153-156.

(120) En ce qui touche plus particulièrement Gaëte, l'exacte nature des références à la « loi romaine » figurant dans certains actes de la pratique avait été très justement ramenée à une stricte orthodoxie lombarde par F. ScHUPFER, Gaeta e il suo diritto, dans Riv. Ital. per le scienze giur., liv, (1914), 35-109 et 199-234. Cet article devait donner lieu à une longue polémique entre son auteur et F. CICCAGLIONE sur la réelle influence du droit romain en Italie méridionale avant l'arrivée des normands: 71 diritto in Sicilia e nelle provincie bizantine italiane durante l'alto medio-evo, ASSO, xii, (1915), 11-46 et 267-305; L'Italia bizantina, il diritto germanico e un... « compilatore » della storia del diritto, ASSO,

xiii, (1916),

281-315; Le leggi locali napoletane e siciliane del basso medio evo e le

pretese tracce di diritto germanico, ASSO,

xiv, (1917); I giuristi napoletans e si-

ciliani dal sec. XII al XVIII e $l preteso contributo del dirilto germanico alle loro

produzioni,

ASSO,

xv,

(1918),

42.73.

Dans

cette

longue

série

d'écrite,

Ciocaglione s’est laissé aller, fort loin du point de départ, à des contestations dépourvues de tout fondement contre une réalité aujourd'hui bien établie. Cf. C. Mon, Storia politica d'Italia. L'Età Feudale. (Milano, Vallardi, 1952), 430-431. (121) Le jugement rendu, poue, en juillet 1014, entre le Leo OsTrENSsIS, II, 35, éd. J. Dipl. Caietanus, I, n. 130),

tam ex romania legibus, quam ex longobardis, à Cacompte de Traetto et l'abbaye du Mt. Cassin, (cf. P. MIGNE, Patr. Lat., CLX XIII, col. 625 et Cod. s'explique sans doute par l'observation du droit

propre à chacune des parties; mais des deux plaideurs il est certain que seul le

Mt. Cassin pouvait songer à revendiquer le bénéfice du droit romain.

IH

490

avancée par Raffaele Perla de l'existence d'une école de droit romain à Salerne au xre siècle reste à ce jour dépourvue de toute justification scientifique !*, Est-ce à dire que l'Italie méridionale est restée étrangère ou indifférente aux bouleversements de la renovatio iuris qui s'opérait un peu plus au Nord? Le probléme nous semble se poser avant tout sur le plan de la culture, dont la science juridique n'est qu'un aspect et dont le droit romain renaissant n'a été, au départ, qu'un instrument. Or tout au long du xr» siècle, et même au x11 siècle encore, la langue des documents de la pratique trahit sur le plan culturel, chez les notaires et chez les juges de l'Italie méridionale latine, une insigne médiocrité qui incite mal à concevoir chez ces gens, par surcroit tenacement attachés à leurs institutions, une curiosité quelconque pour les subtilités des codifications justiniennes. Mais il y avait dans ces mémes pays un ordre dans lequel les activités intellectuelles avaient toujours été maintenues à un haut niveau et pour lequel le droit romain n'était pas qu'une spéculation de l'esprit: dés le xr* siècle, accomplissant les

degrés d'une démarche générale en Occident !#, nous voyons le clergé des régions les plus proches de l'Etat Pontifical revendiquer son rattachement au régles du droit romain dans les litiges qui opposent ses membres aux laïcs 4, I] était par ailleurs normal que les écoles monas(122)

Dans

une ode qu'il dédia à un certain

Romuald,

avocat (causidicus)

salernitain, Alfan I, archevêque de Salerne (1058-octobre 1085) salue son deStinataire de « gloire inaltérable du droit entre tous les avocats », (Inter omnea causidicos perennem gloriam iuris), ce sur quoi Perla fonde que Salerne, dés le XI siècle, « molto prima della scuola di Bologna, aveva già un collegio di avvocati e una giurisprudenza colta » (op. cit., p. 165-167). Sur la valeur des citations de la « lex et consuetudo romanorum + dans les chartes salernitaines, cf. FRANCESCO CALASSO, Introduzione al diritto comune, (Milano 1951), p. 268-277. (123) Cf. H. D. HazELTINE, Roman and Canon law $n the middle ages, in The

Cambridge (124)

Mediaeval History,

tom.

V, p. 697-764.

Cf. les chartes du Cod. Dipl. Cavensis, VI, nn. 914, 944, VII, p. 54 dans

lesquelles plusieurs clercs salernitains déclarent vivre selon le droit romain, et

IH LA LÉGISLATION

tiques,

sièges d’un

constant

SUD-ITALIENNE

exercice

des

491

activités

de

l'esprit, prit une part prépondérante dans le mouvement de renaissance juridique qui se propageait un peu partout en Europe. L'Italie méridionale n'y a pas échappé pour sa part et parmi les ouvrages que Didier, abbé du

Mt. Cassin, — futur Victor III — fit copier par ses moines au milieu du x1* siècle, Pierre Diacre recense les Instituta

Justiniani et Novellam eius 5, tandis que Pierre Diacre lui-méme, lorsqu'il compilera son Registrum, au début de 1137, insérera plusieurs constitutions impériales prises au

Code de Justinien !?*, Il reste néanmoins que, dans l'état actuel de nos connaissances, et pour l'époque antérieure à l'établissement de la monarchie,

Salerne et Cassino restent en cette ma-

tière des cas isolés, même en la renaissance bolognaise dans tiques de l'Italie méridionale. attendre la deuxième moitié quelques témoignages — mais lés et sporadiques 7? — de la

ce qui concerne l'écho de les seuls milieux ecclésiasLe comble est qu'il faut du xrir* siècle pour avoir toujours inorganiques, isoconnaissance du droit ro-

le plaid de mai 1089 au cours duquel les moines de La Cava appuient leurs prétentions sur la lex romana, qua ipsum monasterium ef suprascripti fratres vivunt. (R. PERLA, Del diritto romano giustinianeo... p. 158-161). (128) Chronicon Casinense, III, 63, éd. J. P. MioNz, Patr. Lat.,

CLXXIII,

col. 800; à quoi il faut ajouter la copie des neuf premiers livres du Code de Justinien, exécutée au douzième siècle et encore conservée aux Archives de Montecassino: cf. R. PERLA, loco cit., p. 167, n. 1. (126)

Cf. AmBroaro

88-97. EnicH

(Berlin (127)

CasPAR,

ManucoNE,

Il « Registrum Petri Diaconi », dans Bullet.

Peirus Diaconus und die Monte Cassineser

Fálschungen,

1909), p. 27. En 1165, Eustache, abbé de S. Benedetto di Conversano, considère qu'il

est conforme aux lois romaines et lombardes que les prélata des églises puissent échanger les biens de celles-ci: Quoniam romanorum ac longobardorum legibus licet ecclesiarum prelatos res earum... commutare. (D. MOREA, op. cit., n. 108, p.

209-211). Dans une supplique non adressée par les chanoines de Cefalà

datée (mais vraisemblablement de 1169) au jeune roi Guillaume II, on cite comme

regia constitutio un passage textuellement tiré du Cod. Just., I, 14, fr. 5, 1: Nam regali constitutione aperte sancitum. est, e£ suxta legis definitione decretum (est) ut ea que contra legea fiunt, non solum inutilia, sed etiam pro imperfecta habenda sint.

IT]

492

main dans le regnum normannicum ; le comble parce que, contrastant avec la soi-disant législation rogérienne si immédiatement inspirée des textes justiniens, les rares indices que l’on pourrait avoir d’une renaissance très limitée du droit romain en Italie méridionale coincident avec la période durant laquelle la législation royale est apparemment détachée des contingences juridiques romaines. Encore ces indices émanent-ils toujours des milieux ecclésiastiques et nullement de la cour ou des offices de l'administration royale, dont les actes nous sont donnés en nombre suffisant pour affirmer de la maniére la plus catégorique

qu'ils sont absolument

imperméables

à

toute influence du droit savant. Au reste, compte tenu de la pénétration intime des textes de Justinien dont Roger II fait preuve dans les soi-disant Assises, il serait impensable que le langage des diplómes royaux ne porte point quelques empreinte, méme occasionnelle, de cette toute puissante inspiration. Or C. À. GanurI, I documenti inediti,... n. xlvi, p. 106-107. (Cf. C.I., 14, fr. 5, 1: Hoc est et ea quae lege fieri prohibentur, ai [fuerint facta, non solum inutilia, sed pro infectis etiam habentur). Une charte de Richard d'Acerra, datée de septem-

bre 1171, — d'ailleurs trés suspecte — invoque le principe Actor enim forum res sequi debet. (F. SOANDONE,

L'alta

Valle del Calore, n. viii, p. 171-173). Hors ces

témoignages assez disparates, H. NiESE, op. cit., 128-135 a invoqué pour la période allant de la mort de Roger II à la chute de la domination normande, quelques personnalités qui par leur haute réputation dans le champ des études juridiques seraient les garante de l'influence grandissante du droit romain dans le royaume

italo-normand.

Que

le cardinal

Laborans,

éminent

été chanoine à Capoue ct qu'il ait dédié certaines de ses œuvres Bari

ou

à Hugues,

archevéque

de

Palerme,

ne

saurait

canoniste,

ait

à Maion de

raisonnablement

étre

tenu pour un test de l'activité juridique du royaume, tout autant que lo fait, pour Charles de Tocco ou Simon de Bisignano, d'être nés l'un prés de Capoue, l'autre en Lucanie. Et il est pour le moins abusif de considérer l'anglais Gervais de Tilbury — qui séjourna à la cour de Guillaume II — comme un transfuge de l'école bolognaise. (Cf. C. H. HASKINS, Studies in the History of Mediaeval science, 2d edition, Cambridge 1927, p. 188). Le seul exemple pertinent d'écrivain pénétré de culture juridique romaine (cf. H. NigsE, p. 131 et surtout E. BEesTA, Il « I4ber de Regno Sicilsae s e la storia del diritto siculo, Miscellanea di Storia e di Filologia

dedicata

a A.

SALINAS,

p.

299-301)

est celui de l'auteur

du

Liber de

Regno Sicilie, dissimulé sous le nom d'Hugues Falcand et qui écrivait son ouvrage à la fin du x11* siècle.

III LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

493

l’exégèse très stricte des actes de la chancellerie italonormande à laquelle nous ont contraint l'étude diplomatique et le catalogue de ces actes est extrémement concluante sur l'indépendance totale des diplómes royaux vis-à-vis des concepts ou de la phraséologie juridiques romains. À trois exceptions prés, qui concernent un pri-

vilége octroyé à l'église de Palerme en mars 1144, acte trés explicitement connu comme faux fabriqué dans la seconde moitié du treizième siècle :#, un édit promulgué par Guillaume II, le 16 avril 1187 1%, et un diplôme de Tancrède daté de juillet 1193 1%,

En fait, toutes ces inconséquences pèsent peu encore,

au regard de celles que l’on découvre dans le contenu singulier des Assises. Sur 67 paragraphes, il en est TREIZE, c’est à dire le cinquième, qui sont consacrés à l’adultère, comme si ce délit avait été la grosse affaire de la royauté normande, ou un sujet de prédilection pour une assemblée féodale comme celle d’Ariano. Même proportion incohérente -— le DIXIÈME — pour les textes visant la prostitution. Mais rien, en revanche, sur le régime féodal, qui fut pourtant (128) Sur la parenté entre ce diplôme ot le Proemium des Assises, cf. F. BRANDILEONE dans Arch. Giur., 36 (1886), 281 n. 1. Sur la falsification du diplôme,

K. A. Kxgn,

Die

Urkunden

der normanrwsch-sicilischen

Kónige...,

317-

318. (129) Constitution

supprimant

les droits de passage

dans le royaume

et

qui, imitant le formulaire des constitutions impériales du Bas-Empire, commence

par les mots:

Hac edictal

lege perpetuo

valitura, sancimus. ..: C. Mr-

NIERI-R10010, Saggio d$ Codice diplomatico, Supplemento, Parte Is, n. xr1, p. 20.

(130) Le roi accorde aux bénéventains: « ... e$ homunes noatri contra benevenianos uii prescriptions velint, tricennaria tantum prescriptions utantur, nisi in prescriptione minoris temporis benevendane civitatis consuetudo repugnet, ealvo iure ecclesiarum que quadragenaria se debent prescriptione tueri »: BsMEVENTO, Arch. Comwnale, Diplomate regum et imperatorum, vol. III, n. 2.

III 494

l'une des plus grandes préoccupations de la cour panormitaine; et si l'on prend en considération l'opinion trés justifiée de Hans Niese, pour qui les institutions de paix ont revétu une importance considérable sous Roger II, on constate qu'en fait d'attentat à l'ordre public, le seul crime réprimé est celui de l'épilation de la barbe. Aucune

disposition non plus sur toutes les difficultés qu'a pu entrainer le régime de la personnalité des lois, mais un titre sur les mimes et les prostituées qui se vétent d'habits sacerdotaux. Rien encore sur le servage ou les garanties judiciaires, alors que les Assises se préoccupent du rapt des nones, de la falsification des testaments, de la vente

des saintes reliques et des titres requis pour exercer la médecine,

etc.

Et

tout

cela dans

un désordre

qui pous-

sait Caspar à qualifier les prétendues Assises de Mosaikarbeit 19, Compilation artificielle, imbue d'objets et d'une inspiration qui n'étaient manifestement pas le fait de la cour sicilienne sous Roger II, les Assise regum regni Siciliae, à ne les considérer que de l'extérieur, nous conduisent immanquablement à une réalité sud-italienne beaucoup plus souabe que normande. Car l'éthique royale souabe, toute prompte à se reconnaitre dans celle des empereurs romains, est la seule à expliquer ce recours au droit romain pour des arguments que Frédéric II imputait à Roger II dans ses Constitutions de Melfi. Il est parfaitement clair que les Constitutions du Liber Augustalis et les Assises sont portées par le même

courant et forment un

méme bloc. Sur le plan formel, les deux ensembles législatifs offrent les preuves les plus manifestes d'une étroite soumission

commune à

la terminologie

et aux préceptes

juridiques romains. Or, répétons-le, il n'y à aucune trace (131)

Roger

II...,

p.

259.

III LA LÉGISLATION

SUD-ITALIENNE

495

d'influence ni de l'une, ni des autres dans la diplomatique royale italo-normande avant l'extréme fin du régne de Guillaume II et le gouvernement de Tancrède #?, D'autre part le premier emploi du terme assisie en Italie méridionale date de 1184 !3?, II y a là une réalité documentaire qu'il est impossible de nier et qui interdit de considérer les lois connues

sous le nom

d'4seise regum

regni

Siciliae, dans la forme sous laquelle elles nous sont parvenues, comme l’œuvre de l'un ou l’autre des deux premiers rois normands de Sicile. Les préoccupations, l'ordre et la distribution des Assise peuvent suggérer une hypothése. Les préoccupations, tout d’abord: elles sont dans leur grande majorité celles d'hommes appartenant au monde ecclésiastique. Je ne crois pas que le rapt des nonnes (Ass. Vat. xi), la vente des saintes reliques (Jbid., v), le subterfuge des mimes et prostituées utilisant des habits religieux (xiv), la prostitution (xxix, 1; xxx,

1-2) aient été des crimes ou des délits

me-

nacant la sécurité de l'Etat, même dans l'Italie méridionale et la Sicile du xtr siècle. Il s'agissait d'atteintes à la morale

xxix,

publique

1-4; xxxi,

qui, comme

l'adultére

(xxviii,

1-5;

1-2; xxxii et xxxiii: treize lois!), sollici-

taient l’inquiétude de l'Eglise, non celle de la cour. Il est fort probable que les clercs de Montecassino, pressés par Frédéric II, comme le furent les justiciers du royaume, de fournir à l'empereur la documentation dont ils disposaient pour aider à l'élaboration des Constitutiones Regni Siciliae, ont profité de la situation pour « reconstituer » une législation rogérienne conforme à leurs soucis. L'ordre

et la distribution,

ensuite:

le manuscrit

Va-

tican, dans ses titres xix à xxv et surtout dans les textes

relatifs aux délits sexuels et au divorce (xxviii, 2 à xxxii), (132)

Cf. supra, notes

126 et 127.

(133) Cf. supra, n. 110.

II

496

est disposé dans l’ordre exact où les lois ont été reproduites dans le Liber Augustalis (III, lix-Ixviii et IIT, Ixxiv à Ixxxii). Il serait vraiment prodigieux que Roger II ait, entre 1140 et 1154, publié un code de lois disposées selon la plus grande fantaisie et que Frédéric II ait éprouvé le respect de suivre pieusement. Nous avons là, semble-til, une preuve assez pertinente de l'immédiateté des rapports unissant la récolte « documentaire » faite par un clerc de l'époque souabe et les Constitutions Impériales. Aussi claire soit-elle, cette conviction ne peut cependant mener à aucun résultat notable dans le strict domaine juridique. Les critéres de pure forme ne sauraient, en effet, déterminer le crédit que méritent les « Assises » en tant qu'expression plus ou moins authentique de la législation italo-normande. La rédaction souabe des Assisie ne peut en rien préjudicier de l'époque effective à laquelle le fond des textes en question est susceptible d'étre assigné. Seule une confrontation entre les fragments des assises, pris individuellement, et l'état oà en étaient les institutions visées à l'époque normande et à l'époque souabe, d’après ce que les sources littéraires et diplomatiques nous permettent de savoir, est de nature à déterminer scientifiquement la véritable nature des institutions royales italo-normandes.

IV

PESANTEUR ET ÉTIOLOGIE DE LA COLONISATION NORMANDE DE L'ITALIE

À aucun

moment

ou déclenché

le duché

des opérations

d'Italie méridionale.

de Normandie

de guerre

Cette constatation,

n'a inspiré, tramé

ouverte

contre

qui à première

les états vue

relève

du truisme historique, prend une signification toute particulière lorsqu'elle est confrontée à des affirmations du genre de celle qu'implique

la titulature

de comes

Normannorum

totius Apulie

atque

Calabrie prise en 1053 par Dreu, dux et magister Italie, ou celle de Normannorum... Apuliensium, Calabriensium atque Siculorum dux qu'Urso, notaire ducal, donne à Robert Guiscard en juillet

1079 et aoüt

1080(1). Dans la prosopographie des actes comtaux

ou ducaux pareille mention de Normianni est en vérité exceptionnelle. Pourtant les sources littéraires qui constituent l'essentiel de

notre

documentation

siécle imposent

sur la conjoncture

sud-italienne

du XIème

l'idée que la dissolution de la puissance byzantine

en Pouille et en Calabre, la subjugation de l'émirat kalbite de Sicile et l'élimination des principautés lombardes de Capoue et de Salerne ont été le fait d'une conquéte, au sens plein du terme, et que cette conquéte fut l'oeuvre exclusive de chevaliers normands. Ce point de vue s'est imposé à toute l'historiographie classique sans la moindre réticence quant à l'aspect phénoménal de ses

diverses

implications.

Si,

en

effet,

nous

devions

suivre

lement cette vision des événements, il nous faudrait admettre l'établissement de la domination nordique s'est opéré par sorte de tropisme de la part d'un noyau d'immigrés dont les miers succés auraient par la suite poussé nombre de leurs

(1) L. R. MÉNAGER,

Les fondations

Badia di Cava, arm. B. 11 et B. 13.

monastiques...,

p. 83, n. 1;

Arch.

tota-

que une precom-

della

IV

patriotes à venir grossir les rangs d'un flux constant, ordonné et nécessairement considérable.

Assurément, dans la longue histoire des entreprises coloniales, celle-ci occupe une place tout à fait originale. Mais sa plus grande singularité lui vient du fait que, tenue au delà des Alpes pour une « réussite » normande, elle n'est jamais entrée comme un exploit national dans les annales neustriennes, sinon comme une somme de performances individuelles. Guillaume de Jumiéges, qui écrit aux environs de 1073, n'y fait aucune allusion et Guillaume de Poitiers, qui rédige ses Gesta Guillelmi dans le méme temps, y consacre tout juste une incise de sept mots (2). Il faut attendre Orderic Vital pour obtenir d'un historien normand des propos moins laconiques sur l'épopée sud-italienne. Or précisément les informations très circonstanciées de l'Historia ecclesiastica ne traitent pas l'aventure apulienne de certains de ses héros sur le mode lyrique, mais plutót comme un exil résultant d'impératifs politiques ou économiques. Rien, en tout cas, dans ces dossiers n'évoque la surrection continue ou concertée de contingents armés partant à l'assaut de la Pouille, de la Calabre ou de la Sicile. Toujours il s'agit de démarches individuelles ou familiales. Si l'on se tourne vers les actes italiens de la pratique pour trouver les traces d'un agrégat franc, la quéte est trés insignifiante et sans portée (3). A Aversa, cité qui passe pour avoir été fondée par des immigrés normands et pour avoir été un important foyer d'implantation normande, les seules marques laissées dans les sources diplomatiques par cette présence étrangère sont les titres de Francorum comes ou principes pris à deux reprises par les

(2) Huius (principis devicere

Siciliam,..

(3) En

Blaise, qu'il a la terre mannis



Guillelmi)

II, 32, éd.

1095-1096,

R.

Alexandre,

milites Normanni

Foreville,

gendre

p. 228.

d'Hugues

possident

Apuliam,

de Chiaromonte,

céde

à

abbé de S. Anastasio di Carbone, Je monastère des Quarante Saints trouvé abandonné lorsqu'il a reçu de son seigneur, le susdit Hugues, de Cerchiara. Cette concession est faite concedentibus fidelibus Noret probis hominibus Circlari (— Cerchiara di Calabria) rianentibus.

Or les témoins

de l'acte sont Hugues

dc Cerchiara,

Nicolas,

frére du

dona-

teur, Osmundus milex, Michael de Renda (— Rende, prov. Cosenza), Guillelmus de Favale (= Favali, près de Castrovillari), Aldibertus Francesius, Gottifredus et Goffredus Gualtardus: W. HOoLTZMANN, dans Quell. u. Forsch.,

36 (1956),

44-45.

Seul

parmi

ces

huit

souscripteurs

le chevalier

Osmundus

peut être présumé normand. En mai 1112, une charte d'Hugo Infans, chátelain de Torrecuso et Torrepalazzo (Falco BENEV. éd. J. P. Micxe, col. 1200), en faveur

de

S.

Benedetto

di

Monteccassino,

Notum facimus omnibus nostris fidelibus Reg. Petri Diaconi, n. 580, fol* 242 r°.

190

s'ouvre

par

Normannis

la notificatio

atque

suivante:

Longobardis,..:

IV maîtres du lieu(4). Parmi les chevaliers qui, entre 1068 et 1074, revendiquent encore l'honneur d'appartenir à la milice féodale pri-

mitive d'Aversa, l'un par son seul prénom se définit certainement comme issu d'un maison normande, mais deux autres se disent « francs » et un quatriéme était originaire du comté de Blois (5). D'aprés ces quelques données il apparait donc déjà que le postulat de la « conquéte » de l'Italie méridionale par les seuls Normands appelle au moins quelques nuances et mérite d'être éprouvé. Si une préoccupation de cet ordre est restée absente de

la littérature historique

c'est parce que cette « conquéte » a été

essentiellement conçue comme une page de l'histoire italienne et que ses protagonistes ne suscitaient l'intérét qu'à partir du moment oü ils apparaissent dans l'horizon italien. Chercher à situer leur provenance, géographique et sociale, et supputer les sollicitations ou les pressions auxquelles leur exil a

cédé donne à la colonisation de l'Italie méridionale et de la Sicile une dimension tout autre. Cette problématique la fait entrer dans le cadre de l'histoire française comme un phénomène dont il importe de savoir s'il a été d'ordre démographique, économique ou politique. L'élaboration du dossier documentaire était une premiére difficulté à vaincre pour ouvrir une telle enquête. Il a fallu pour cela recourir à une méthodologie dont on a tenu à définir les cri-

teres avant d'en exposer les résultats. La substance des informations recueillies, faute de pouvoir étre fournie en notes, appelait un apparat qu'il a semblé nécessaire de donner en appendice.

(4) Une Aversa

est

per urbem

donation datée

iam

Aversum:

faite en olim

1050 par

anno

Guillaume

vicesimo

À. GALLO, n. XLVI,

Barbot

residente

p. 392. Un

gente

à S. Biagio

di

Normannorum...

acte passé

à Aversa

en

février 1070 est daté de la huitième année du comitatus domini Riccardi, Francorum comes, in urbe Aversa (RNAM., V, n. 410, p. 41) et un acte d'avril 1074 est souscrit par Richard de Capoue et son fils Jordan comme Francorum atque Langobardorum principes (Ibid., n. 420, p. 64). Sur Aversa, fondation normande, cf. A. GALLO, Aversa normanna (Napoli, 1938), 5-8.

(5) Cf.

Franco

Appendice

et Rainaldus

III,

de

Turoldus

Argenzia;

Musca;

Appendice

Appendice

VI,

9,

CoNaN

VI,

7,

Aldoyno

(Aldoynus

de).

191

IV

I Le Problème de l'identification des immigrés en terre italienne. Vue de ce côté des Alpes, l'étude de l'émigration normande repose avant tout sur les informations recueillies par Orderic Vital et consignées aux environs de 1109 dans ses interpolations à Guillaume de Jumièges (6), puis entre 1124 et 1137 dans son Historia ecclesiastica (7). L'abbaye de Saint Evroult à laquelle il apparte-

nait avait été fondée par Guillaume Geroie et son beau-frére Robert de Grandmesnil, dont plusieurs fréres, enfants ou neveux participèrent à l'aventure italienne. C'est d'autre part à Robert II de Grandmesnil, fils du co-fondateur et deuxiéme abbé de St Evroult (1058-1061), que Robert Guiscard confia l'abbaye de S. Ma-

ria di Sant'Eufemia ainsi que deux autres trés importantes fondations normandes, la Trinité de Venosa et la Trinité de Mileto (8). Orderic précise que de son temps l'Uticensis cantus était encore chanté dans les trois monastéres italiens qui étaient régis par la régle monastique de St Evroult. Que ce soit par le canal laique ou par celui de moines ébrulfiens (9), les informations d'Orderic

Vital sur ses compatriotes établis en Italie ont été puisées à de bonnes sources. Les renseignements que nous lui devons sont donc de premier ordre. Malheureusement ils ne concernent qu'une quinzaine de noms. Le matériel documentaire fourni par la diplornatique est encore moins riche. Pour l'ensemble de la Normandie il nous livre en

tout

et pour

tout

cinq

dossiers

trés

inégaux

de

départs

pour

la Pouille. D'une enquéte étendue aux pays voisins du duché Lucien Musset a naguère recueilli la trace de quatre départs analogues: ils furent le fait de deux chartrains, d'un angevin et d'un manceau (10). Poursuivies dans d'autres régions françaises —Bre-

(6) GUILLAUME de JUMIEGES, Gesta par Jean Marx (Paris, 1914), p. xxvi.

(7) Hans

WoLrER,

Ordericus

Vitalis.

normannorum

Ein

Beitrag

ducum,

zur

éd.

kluniazensischen

Geschichtsschreibung (Wiesbaden, 1955), 69-71. (8) L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques,.. 4-19, (9) Comme Renaud d'Echauffour qui se rendit deux

4447 et fois en

femia: H. WOoLTER, op. cit., 102-104. (10)Actes inédits du XIème

Ant.

propter utilitatem Uticensis ecclesiae et séjourna trois ans auprès de son cousin, Guillaume du Tilleul, abbé de S. Maria (1961-62), 28 - 29.

192

siècle,

dans

Bull.

Soc.

critique | 58-59. Pouille

en Calabre di Sant'EuNorm.,

56

IV tagne, Flandre, Beauvaisis, Picardie notamment— des recherches de ce genre apporteraient peut être une contribution appréciable à la connaissance du phénomène dont nous entreprenons ici

l'étude. Le champ d'investigation nons, pour l'heure, à le signaler.

est immense;

nous

nous

bor-

A défaut de pouvoir être conduite de manière exhaustive dans les pays d'origine potentielle, l'entreprise devait étre tentée au point d'aboutissement du mouvement migratoire. Les sources diplomatiques italiennes, considérées comme matériel documentaire

de l'histoire normande,

recélent en effet une somme

appréciable

d'indications. Pour les mettre au jour nous avons utilisé une méthodologie qui procède de quatre critères. Les deux premiers consistent tout naturellement à assigner

une origine normande aux personnages qui font suivre leur prénom du surnom Normannus ou qui revendiquent expressément étre ex genere Normannorum. Cependant, contre toute attente les déclarations d'origine se révelent peu fréquentes (douze cas) et le cognomen «Le Normand » semble avoir été peu porté (quatorze cas). Cette récolte décevante incitait donc à pousser l'enquéte dans d'autres directions.

Les

recherches

d'anthroponymie

les matériels documentaires par Jean

Adigard

des Xéme

des Gautries

scandinave et XIème

effectuées

dans

siècles normands

et celles de Gillian-Fellows

Jensen

dans les archives du Lincolnshire et du Yorkshire ont permis de fixer des repéres trés sürs de l'implantation normannique dans ces régions. Le raisonnement qui a permis là d'utiliser l'onomastique spécifiquement noroise comme révélateur de la présence scandinave nous a paru pouvoir étre légitimement employé en Italie méridionale et en Sicile comme test d'une présence au moins normande. C'est donc sur la voie ouverte par ces travaux que l'on a engagé une part importante de la recherche. Avant d'en exposer les résultats, il convient cependant d'indiquer les limites auxquelles elle a été soumise. L'inventaire des anthroponymes normanniques auquel nous nous sommes livré dans les sources littéraires et diplomatiques de

l'Italie méridionale et de la Sicile couvre la période allant de l'arrivée des premiers

immigrés

(1018) à la chute

du dernier

roi nor-

mand (1194). Il faut toutefois préciser que nos dépouillements des actes inédits affectant cette période, tant aux archives de Montecassino qu'à celles de La Cava, Bénévent et Capoue, n'ont été que 193

IV

fragmentaires.

D'autre

part

le but

assigné

étant

d'identifier

les

origines de lignages, nous avons généralement écarté les moines et les clercs de nos relevés.

Cela dit, l'utilisation de l'onomastique noroise dans les pays oü les scandinaves se sont établis préte à un certain nombre de considérations restrictives sur lesquelles il est bon d'attirer l'attention avant d'en utiliser les méthodes aux territoires sud-italiens. G.F. Jensen note en effet (11) qu'il est possible de démontrer dans certains cas que dès le XIème siècle les porteurs de noms scan-

dinaves ont été d'ascendance anglaise. De son cóté, J. Adigard des Gautries observe que l'arrivée des derniers éléments nordiques en

Normandie n'étant pas postérieure au début du XIème siècle incline à conclure que les porteurs de noms normanniques, aprés 1066, « ne sauraient tout au plus être d'origine scandinave qu'à la seconde génération » (12). Il est bien évident que la présence d'anthroponymes normanniques dans des documents italiens, à des dates qui dans 95% des cas sont postérieures à 1050, ne peut préter à aucune déduction quant à l'origine proprement ethnique des individus qui les portent.

Dans

trois

cas

au

moins

leurs

porteurs

précisent

méme

quils sont d'ascendance franque(13). Cependant notre souci a moins été d'identifier l'appartenance ethnique des immigrés que leur provenance géographique. Or à cet égard on peut sans grand risque d'erreur poser en régle générale que le nom scandinave dont un personnage est porteur dans une région sud-italienne ou sicilienne, au XIème siècle et dans une large mesure encore au

XIIème siècle, est un indice sûr de souche normande. On en verra une première preuve dans le fait que les noms normanniques rencontrés le plus fréquemment dans le Sud de la Péninsule —Asketill,

Thorsteinn,

Asmundr,

Asbiorn,

Thorgisl,

Thoraldr—

sont

précisément ceux qui, en Angleterre, « durent presque certainement

(11) Scandinavian personal penhagen, 1968), p. xxiii.

names

in

Lincolnshire

and

(12) Les noms de personnes scandinaves en Normandie (Lund, 1954), p. ii. (13) Osbern, filius Ardoini, ex genere francorum (juin

dus, filius quondam Asgocti vicecomitis, qui fuit ex (février 1070): il se peut que nous ayons affaire ici à un

Yorkshire

(Co-

de 911 à 1066 1129);

Rainal-

genere francorum anthroponyme issu

du franc Ansgaud plutôt que du scandinave Asgautr (cf. J. AnIGARD des GaAUTRIES, Jbid., 183.186); Rainaldus Musca, petit neveu de Turoldus Musca, se dit de genere

194

francorum.

Cf. pour

tous

ces noms

infra, Appendice

III.

IV leur popularité après la conquête à l'influence normande » (14). Sans doute est-il impossible d'exclure totalement l'hypothèse d'un phénomène italien d'imitation analoque à celui qui, en

Grande-Bretagne, a joué en faveur de la diffusion de certains noms scandinaves. Néanmoins dans quatre-vingt cas sur cent soixantequatre nous connaissons le père, le frère ou le fils des individus désignés

d'un

nom

normannique;

soit franc, soit nordique.

le prénom

Le phénomène

de

ces

parents

est

d'imitation, si tel est le

cas, a donc joué en milieu immigré et non parmi les autochtones. D'autre part, lorsqu'on dresse le tableau des porteurs de noms

scandinaves par périodes de vingt-cinq ans, l'une des données les plus caractéristiques que l'on peut en dégager est la disparition trés rapide de l'onomastique noroise dans la seconde moitié du

XIIème siècle:

entre 1150 et 1175 il n'y a plus que dix individus

qui relévent d'elle et seulement quatre de 1175 à 1200. Si le phénomene d'imitation a produit quelque effet au sein de la population lombarde, byzantine ou arabe, cela n'a donc pu étre que de façon éphémère. A

cette

donnée

le Catalogus

Baronum

en

associe

une

autre

beaucoup plus déterminante. Ce document, rédigé dans les dernières années du règne de Roger I1(15) —ce pour quoi il a paru préférable d'en reporter les prénoms normanniques dans la tranche

1125-1150—

comporte

en

tout

et pour

tout

vingt

quatre

anthroponymes scandinaves sur un total de plus de 1400 noms (16).

(14) G. F. JENSEN, op. cit., p. ix.

|

(15) Evelyn JaMisoN, Norman feudalism in Southern Italy, with special reference to a new edition of the « Catalogus Baronum », dans Huitième

Congres Int.

des

Sc.

Historiques,

Zurich,

1938.

Communications,

1 (Paris,

),

92. (16) Guimundus tient à Lecce un fief d'un chevalier (p. 19); Osbernus tient à Ostuni (prov. Brindisi) un fief d'un demi chevalier (p. 20); à Ripacandida (prov. Potenza) Robertus Guismundi tient deux serfs (p. 29); Raynerius filius Guimundi et son frere Brierus tiennent à Montefusco (prov. Avellino) un fief d'un chevalier, de même que Guimundus filius Pagani (p. 43, 44). Dans le Principat, Robert, fils de Trogisius de Grutta, tient avec sa mère S. Giorgio, fief de deux chevaliers et Ascatinus de Sicignano (prov. Salerno) y tient un fief d'un chevalier (p. 46); dans le méme Principat, Florius de Camerota tient le fief de deux chevaliers que Niel de Pissocta tenait auparavant de lui (p. 48); à Satriano, Trogisius tient un fief d'un chevalier (p. 51), à Montesano (prov. Salcrno), Testaynus (sic) Buccanus tient en fief vingt serfs (p. 56), à Policastro, Aschettinus quatre serfs (p. 58), à Polla (prov. Salerno), Osbernus huit serfs (p. 61); à Buccino (ibid.), Asclitiinus trois serfs (p. 62); Aschettinus de Aymo tient en fief six serfs à Auletta, dix

à Muro-Lucano

Guimundi

et

tient en

à Bella

(p. 63);

à Bella

fief six serfs

dix

(p. 64);

à Gesualdo

également, (prov.

Rogerius

Avellino),

filius

Guido

195

IV

Même a été Sicile, toire

en tenant compte du fait que le Catalogus, tel qu'il nous conservé, n'a enrégistré ni les fiefs de Calabre, ni ceux de ce chiffre constitue à notre avis l'argument le plus péremppour soutenir l'idée que —au moins dans la classe des

chevaliers— la diffusion des noms

mement

d'origine nordique a été extré-

modeste. A fortiori a-t-il dû en être de méme

en milieu

indigène. Ces noms, quels sont-ils?

A l'exception de Geirmundr

(Guimundus)

des Gautries n'a dénombré en Normandie

dont J. Adigard

que six porteurs entre

911 et 1066(17), les cinq noms normanniques les plus fréquemment rencontrés en Italie méridionale et en Sicile figurent parmi ceux qui étaient aussi les plus usités en Normandie au Xéme et dans les deux premiers tiers du XIème siècle(18): Asketill (le plus souvent transcrit, comme en Normandie ou en Angleterre, sous les formes Anschetillus, Aschettinus, Ascittinus, Asclettinus, Askettinus) (19), Thorsteinn (Tostanus, Torstenus, Tristainus, Trostainus, Trustainus) (20), Hysmundus) (21), Asbiorn

Asmundr (Osbern,

(Asmundus, Osmundus, Osbernus, Osbertus) (22),

Thorgisl (Torgisius, Trogisius, Turgisius) (23). Viennent ensuite, par ordre décroissant de fréquence:

Niall

filius Trogisii de Scapito tient un fief de deux chevaliers (p. 67); Guillaume, fils de Tristaynus tient la moitié d'Atripalda (prov. Avellino: Ibid.) Ascutinus de Maddaloni (prov. Caserta) tient à Maddaloni un fief d'un chevalier (p. 89) tout comme Aschetinus filius Roberti (p. 91); Guimundus de Bussono tient Marzano (prov. Caserta) (p. 94); Guimundus Ruffus tient Aliano (prov. Matera, p. 97) et Riccardus Trogisii tient de Bohémond, comte de Manoppello, S. Valentino (prov. Pescara), S. Vito Chietino et Corvaro (p. 102); enfin les fils de Guasmundus de S. Cruce tiennent la moitié de S. Croce di Magliano (prov. Campobasso, p. 152). |

(17) Op. cit., 209. Tout en observant que «les cinq qu'il est possible de localiser apparaissent dans des contrées riches en noms normanniques

(Pays de Caux, Vallée de l'Andelle) », J. Adigard des Gautries s'est refusé à tenir Germundus pour un nom totalement scandinave, arguant qu'il peut s'agir du franc Germund. G. F. JENSEN, op. cit., 99 statue sans hésiter en fa-

veur de l'origine normannique, (18) (19) (20) (21) (22)

(23) AbicARD

196

attitude que nous adoptons

J. ApiGARD des GAUTRIES, Ibid., 253. Ibid., 81-84; G. F. JENSEN, 25-32. AprGARD des GauTRIES, 167-169; JENSEN, 313-317. ApicaAnD des GAUTRIES, 86-88; JENSEN, 34-35. AbrIGARD des GAUTRIES, 78-81; JENSEN, 18-19.

des GAUTRIES,

158-160;

JENSEN,

305.306.

ici.

IV (Neelis, Niel, Nieles, Niellus) (24), Thoraldr (Taraldus, Toral. dus, Turoldus)(25), Asgautr (Angottus, Ansgottus, Asegottus, Asgoctus) (26), Frey mundr (Framoudios, Fraymundus) (27), Gamall (Gamelinus) (28), Haraldr (Araldus) (29), Thormundr (Tormundus) (30) et Stigandr (Stigandus) (31). Comparés à ceux que l'on peut tirer des dépouillements analogues effectués en Normandie ou dans le Lincolnshire et le Yorkshire, les résultats de cet inventaire paraissent plutót modestes. Ils révèlent surtout un éventail onomastique réduit: certains des noms scandinaves les plus populaires en Normandie ainsi que de part et d'autre de l'Humber —Asfridr (Ansfrid, Anfredus), Asulfr (Osulfus),

Thorulfr

(Turulfus,

Torulfus),

Torketil

(Torchetillus)—

sont totalement absents en Italie méridionale et en Sicile. Pourtant les données fournies par cette enquéte, quelque

ap-

proximatives qu'elles puissent étre, autorisent plusieurs constatations non négligeables. Cent soixante quatre porteurs de noms normanniques (32)

durant

deux

siécles,

c'est

un

chiffre

un

peu

déconcertant par sa discrétion pour un pays dans lequel une longue tradition historiographique prédispose à trouver une présence

normande assez dense. Toutefois ce nombre

est déjà doué d'une

certaine consistance, que des dépouillements plus poussés (à La Cava notamment) enrichiront peut-étre. D'autre part, lu sous for-

me de diagramme par le moyen du tableau ci-dessous, il fournit des indications dignes d'intérét sur la chronologie du peuplement normand en Italie du Sud. Répartis par ans d'apres la date des documents dans

périodes de vingt-cinq lesquels ils nous sont

signalés,

apparaissent

les

anthroponymes

scandinaves

fréquence accentuée dans les deux siécle, puis chutent trés rapidement demi-siècle qui suit.

avec

une

premiers quarts du XIIéme vers un quasi néant dans le

(24) Iro-Norvégien: cf. L. Mussrr, Naissance de la Normandie dans Histoire de la Normandie publiée sous la direction de Michel de Boüard (Paris, 1970), 122. (25) AbprGARD des GAUTRIES, 171-173; JENSEN, 296-300. (26) Cf. J. ApicanD. des GAUTRIES, 183-186 qui tient Ansgotus, Angoht pour un nom normannique douteux, bien qu'il considere que le vieux scan-

dinave Asgautr a exercé en Normandie une influence beaucoup plus considérable que le franc Ansgaud; ces réticences sont absentes de l'exposé de G. F. JENSEN, 20-22. (27) De Freyr—, préfixe désignant le dieu du méme nom (G. F. JENSEN, 343)

et —mundr,

suffixe

qualifiant

un

élément

protecteur

(Jbid.,

350).

pose le probléme de la possible importation scandinave du toponyme

Ceci

S. Fra.

197

IV Enfin — et c'est là le plus important —, malgré sa discrétion, linventaire des noms scandinaves donne un support désormais plus concret au dénombrement des normands dans l'Italie méridionale des XIéme-XIlIéme siècles. D'autres indices ressortissant à lonomastique peuvent étre utilisés conjointement dans le méme

but. Ainsi, par exemple, l'emploi de la forme Fil, Fils (Irl., Fitz) devant le nom du père, prélude à la création d'un patronyme où Fil entre comme préfixe (33). Mais en définitive des indices de ce genre accroissent peu la statistique des individualités repérables comme normandes. Ces ressources ne sont toutefois pas les seules dont on dispose pour identifier les immigrés en terre italienne. Nombre d'entre eux portent des noms à qualificatifs géographiques qui situent leur origine résolument hors de l'aire italienne. Mais nous avons là affaire à des indices beaucoup plus difficiles à repérer que les indices anthroponymiques.

La premiére difficulté tient aux scribes qui ont rédigé les do-

mondi

(Guardia

en ce sens

Sanframondi,

la notice

que

nous

prov.

avons

Benevento)

donnée

Il

faudrait

ci-dessous

donc

rectifier

relativement

à S.

FROMOND. Le toponyme normand vient du germanique Frodmundus dont Marie-Thérése MonLET, Les noms de personne sur le territoire de l'ancienne

Gaule du

Vième

au

XIlème

siècle,

Y (Paris,

1968).

89-90,

relève

trés

peu

‘emplois.

(28) G. F. JENSEN, 89-96. On rencontre en Normandie cet anthroponyme sous la forme Carli ou Gamli: M. FAUROUX, n. 60, p. 184 et n. 61, p. 187, note u. (29) J. AprcarD des GAUTRIES, (30) G. F. JENSEN, 350.

103-105.

(31) Cf. J. ApiGARD des GAUTRIES, 315. (32) Aux noms normanniques inventoriés dans l'Appendice III ci-dessous il nous faut ajouter: 1*) les vingt-quatre anthroponymes fournis par le Catalogus Baronum (supra, n. 16); 2) Asgautr d'Arques (Infra, Appendice IV, 1° sous « Arques »); 3) Geirmundr de Moulins (/bid., sous « Moulins »); 4°) Gamall Gastinel (infra, Appendice V, sous « Gastinel»); 5°) en septembre

1098 un certain Asegottus

est désigné

comme

senior de Castelluzzo,

c'est à

dire vraisemblablement de Castelluccio (prov. Potenza, à 65 kms au S.O. de Pisticci): F. UGHELLI, VII, 28; 6°) en février 1147, Simon comte de Policastro

donnait à l'Hópital S. Jean de Jérusalem à Messine tous les biens d'Osbertus de Sagona: J. DELAVILLE LE RouLx, Cart. général de l'ordre des Hospitaliers, X

(Paris,

1894),



172,

p.

134;

7°) enfin

en

juillet

1167,

Segelguarda,

veuve

de

Raymond, comte de Loritello, donne à l'église S. Cristoforo di Deliceto (prov. Foggia), in Bivario, un jardin jouxtant la vigne d'Osbernus de Panfilia: C. À. GARUFI, / documenti inediti, n. 42, p. 97. | |

(33) Ainsi Oÿüfoc (= Hugo) vièc TiAAleAuou QUA" ‘PevéAëou qui soucrit

en septembre

1125 une charte

Anastasio di Carbone:

d'Alexandre

“PouBéproc d^ ‘Paou est au nombre Palerme: S. Cusa, n. 12, p. 357.

198

de Chiaromonte

en faveur de S.

F. TRINCHERA, n. XCVII, p. 128; de méme,

en avril 1099,

des archontes de la cour comtale de

IV cuments

sur lesquels nous travaillons. Scribes grecs ne disposant

parfois pas des phonèmes romans qu'ils avaient à transcrire, scribes latins qui traduisaient en langage savant des noms de lieu dont nous ne savons que les formes romanes. Tant que nous disposons des actes originaux, cette difficulté ne se présente qu'au premier degré. Mais dans de nombreux cas nous devons nous contenter de copies ou de traductions, oeuvres d'intermédiaires qui ont fréquemment ajouté leurs propres modifications à celles du texte qu'ils utilisaient. Enfin à cette somme de « transformations » s'ajoutent parfois celles des éditions exécrables qui nous ont con-

servé le texte altéré de documents dont les originaux ont disparu. Reste alors à acquérir la conviction que le toponyme auquel nous avons affaire est insusceptible de s'appliquer à une localité italienne, recherche toujours longue et laborieuse. Lorsque le résultat de ces investigations est positif, c'est tout l'océan des toponymes frangais qu'il faut interroger étant donné qu'à de rares exceptions prés les documents sud-italiens ne fournissent aucune indication propre à situer le pays dans lequel il convient de cher-

cher le lieu en cause. La quéte est d'autant plus ardue que c'est de toponomastique médiévale dont il s'agit, discipline récente qui ne nous a jusqu'ici fourni que trés fragmentairement les moyens de répondre à coup sür aux questions posées par des démarches analogues à la nótre. La logique procédant d'une longue tradition historique incline à chercher d'abord en Normandie la localisation des lieux étrangers à la choronymie italienne, lieux servant de cognomen aux individus concernés. Par chance, c'est précisément la seule région frangaise pour laquelle les travaux de J. Adigard des Gautries ont mis à notre disposition d'incomparables instruments de travail. Grâce à ses répertoires datés des noms de lieux normands, dans l'orthographe et l'appellation contemporaines de celles des documents italiens, il est possible de proposer des identifications

dotées d'une trés solide assise scientifique. Mais cette chance, à défaut d'autres coordonnées documentaires, ne confère pas pour autant une certitude toujours absolue. Maulévrier, en Seine Maritime, que nous savons exister dès 1024 et nommé sous des formes analogues à celles que nous rencontrons dans les actes italiens, était aussi le nom d'une seigneurie chátelaine de l'Anjou (Maine et Loire, ar. Cholet, c. Cholet-Ouest) ayant 199

IV pour siège un castrum édifié dès 1057 (34). Bonneville-sur-Touques, attesté

dès

sances,

la

1014, est sans

meilleure

doute, en l'état présent

identification

que

nous

de nos

puissions

connais-

proposer

pour le lieu d'origine de Willelmus de Bonavilla, commensal italien de la veuve de Bohémond d'Antioche. Mais, faute d'indications

complémentaires, nous ne pouvons étre totalement assuré de l'authenticité de ce choix parmi les neuf communes françaises qui portent encore ce nom. A vrai dire nous n'attirons l'attention sur ces deux cas que pour souligner les écueils d'une entreprise de ce genre et justifier les précautions dont nous l'avons entourée en séparant dans un régistre annexe douze toponymes que leurs caractéristiques’ situent en pays normand sans que l'on soit en mesure de déterminer parmi plusieurs homonymes celui qu'il convient de choisir. En revanche pour quatre-vingt-douze noms de lieux, soit que leur localisation procéde d'une source normande suffisamment indicatrice, soit qu'elle bénéficie d'éléments contingents qui la précisent, nous pouvons tenir l'identification proposée pour avérée.

Les cognomina géographiques n'épuisent cependant pas les possibilités d'identification des immigrés rencontrés au fil des documents italiens. Les surnoms que certains personnages ont continué de porter au delà des Alpes ont parfois une consonnance « neustrienne » qui les rattache indubitablement aux lignages plus ou moins considérables que les annales et les sources diplomatiques normandes nous font connaître. Certains sont notoires (Crispin, Fils Erneis, Giroie, Malet, Taisson, Talebot); la renommée d'autres a été plus modeste mais non moins certaine (Avenel, Carbonel, Fraisnel,

Gastinel,

Maucouronne,

Malconvenant,

Paganel)

Cette

liste n'est nullement exhaustive. Des yeux plus familiers avec l'hi-

stoire normande des XIéme-XIIéme siècles décèleraient sans doute d'autres patronymes spécifiquement normands. Sur ce point comme sur les autres il ne s'est agi ici que d'ouvrir une voie.

La méme

remarque

(34) Olivier GurLLor, siècle, Y (Paris, 1972), 460.

200

vaut pour une autre méthode

Le

comite

d'Anjou

et

son

entourage

d'enquéte

au

XIème

IV qui s'est imposée que l'horizon du gnait de plus en rence du relevé Herveus,

à la lecture des documents, au fur et à mesure pays d'origine des personnages rencontrés s'éloiplus des limites normandes. Il s'agit en l'occurdes anthroponymes typiquement celtes (Brienus,

Morvanus,...

etc.,) (35) ou

de

caractéristiques

onomasti-

ques celtes, telles que le préfixe Ab— ou Ap— (= « le fils de ») (36). Pour qui est habitué

aux données

modernes

de la statistique,

les résultats glanés en parcourant ces diverses voies de recherche risquent fort d'apparaitre comme dérisoires et ils le sont assurément, tout autant que provisoires. Mais pour l'historien du moyenâge, qui doit presque toujours se satisfaire d'indices, notre récolte constitue un ensemble d'ordres de grandeur qui permettent d'ouvrir le champ des connaissances sur des réalités jusqu'ici diff cilement perceptibles. Réalités géographiques d'abord, réalités sociologiques surtout.

(35) A ce titre on ajoutera à la liste nullement systématique de l'Appendice VI, 4? un Erveus di souscrit en mars 1065 un diplôme ducal en

faveur de S. Maria della

mentionné

Matina (A. PRATESI, p. 12); un ‘Apuñc Bpirobvne

dans une charte de mars

1198 comme

ayant

tenu de la cour un

fief dans la région d'Aieta, prov. Cosenza (F. TRINCHERA, n. 243, p. 329); un Herveus scriptor, rédacteur de deux chartes en faveur de S. Maria della Matina en 1142 (A. PRATESI, p. 36, 38); un Herveus de Torano mentionné en 1199 et 1200 par son fils et sa veuve Sicilgayta; il avait des terres à Moccone, fraz. di Spezzano della Sila, prov. Cosenza (Ibid. p. 145, 146); enfin un Brienus, magnatus du seigneur de S. Severina (prov. Catanzaro) en novem-

bre 1118 (Ibid., n. 8, (36) Avec les

bretons

en

Ab—,

p. 27). rves

Ap—,

formulées

« Fils

de..»,

par

dans

F.

GounmviL

3ème

Congrès

Noms Int.

de

de

famille

Toponymie

et d'Anthroponymie, III (Louvain, 1951), 744-755. Une donation ducale de juin 1080 à Montecassino est souscrite par Marcus qui Abbamonte dicor, filius (ducis) et par Abbaielardus: Arch. di Montecassino, Reg. Petri Diaconi,

n. 420, f° 182 r°. Selon Orderic Vital (t. III, p. 171 et 486), le nom de Bohémond était Marcus Boamundus; quant à Abagelardus, il était fils d'Onfroi de

Hauteville

(MALATERRA,

III, 4, p. 59);

sans

doute

Abélard

n'étaitil

aussi

que son surnom. Ces indices celtes dans la famille d'Hauteville doivent étre rapprochés d'autres indications: c'est ainsi Que l'un des fils de Guillaume de

Hauteville s'appelait

cité, infra,

de

Robert

n. 45). D'autre

Guillaume

de

Hauteville,

Raino Brito, connétable Radulfus Brictus).

Brito (K. A.

part Guillaume,

ducal

avait

pour

R, p. 412 et diplôme

comte oncle

du

Joel

Principat

de

S.

Agata,

bien connu (cf. infra, Appendice

de

1094

et petit-fils fils

de

VI, 4, sous

201

IV II L'origine

géographique

et sociale

des

immigrés.

Si nous considérons tout d’abord les immigrés dont on connait sans ambiguité la provenance normande (en tenant compte du siège principal avéré de quelques lignages, comme les Crispin, les Taisson,

les

Malet

ou

les

Talebot),

nous

dénombrons

vingt-qua-

tre (37) personnages ou familles originaires du Calvados, seize de l'Eure, vingt-sept de la Manche, quatorze de l'Orne et dix-huit de la Seine Maritime. A ce total il convient d'ajouter les ressortissants de neuf lignages authentiquement normands et les porteurs de douze noms à qualificatifs géographiques de localisation incertaine mais à peu près certainement normande (Appendice IV, 2°), plus cent-soixante-quatre porteurs d'anthroponymes normanniques. Ceci porte à deux cent soixante quatorze le total des individus ou familles établis en Italie méridionale aux XIéme-XIIéme siècles et dont l'origine normande est assurée. Face à ce bloc « neustrien » l'investigation onomastique et toponomastique permet d'identifier onze angevins (38), quatre beau-

(37) Le chevalier Guillaume Pantoul, dont la terre propre était à Noron-L'Abbaye (Calvados, ar. Caen, c. Falaise-Nord: Omp. VITAL, t. III, p. 220), se rendit en Pouille en 1077 avec Robert de Grandmesnil, Robert de Cordey et d'autres praeclari milites. Robert Guiscard le reçut avec honneur

et promit de lui donner trois villes s'il restait avec lui en Italie. Nous ne savons pas la suite qui fut donnée à cette proposition mais le séjour de Guillaume parait avoir été fructueux puisqu'il en rapporta une dent de S. Nicolas et d'autres reliques dont il fit don en 1102 à la basilique St. Pierre de Noron (Jbid., 221) et diverses piéces de soie brodées d'or qu'il offrit à St Evroult (Jbid., t. II, p. 433). La nouvelle du meurtre de Mabilie de Belléme

par Hugues d'Igé (5 décembre

1082) le poussa à rentrer en Normandie.

C'est

sans doute, en effet, lhostilité de la puissante dame —laquelle avait fait main-basse sur le cháteau de Peray (Sarthe, ar. Mayenne, c. Marolles) que Guillaume avait reçu en don— qui avait contraint Guillaume Pantoul à

fuir la Normandie. Celle-ci disparue, il n'avait plus de raison de prolonger son exil. Mais la haine de Mabilie le poursuivit au delà de la mort: con juguée avec l'étroite amitié qui avait lié Guillaume à Hugues d'Ige, elle

fut un prétexte suffisant à Roger de Montgommery —époux de Mabilie— et à ses fils pour s'emparer de toute sa terre et réclamer sa mort. Guillaume eut l’heur d'être soutenu par les moines de St Evroult et par de puissants amis et il obtint de se disculper en cour royale. Après la mort du roi (septembre 1087), Guillaume se rendit à nouveau en Pouille d'oü il ramena à nouveau des reliques de St Nicolas. II mourut en 1102, pe aprés en avoir fait don à St Pierre de Noron (/bid., t. II, p. 431-433; t. III, p. 220-221).

(38) Cf.

Appendice

VI,

1°. Une

notice

émanée

de

Rannulfe,

Saint-Maur-sur-Loire (1105-1120) nous fait savoir qu'après tes, Geoffroi de Treviis (Tréves-Cunault, Maine et Loire, ar.

nes)

202

et

sa

femme

Agnès,

résidant

dans

le

château

de

abbé

de

plusieurs dispuSaumur, c. Gen-

Doué-la-Fontaine,

IV vaisins,

trois

bourguignons (39),

trente

et

un

bretons (40),

deux

champenois (41), quatre chartrains (42), cinq flamands, sept manceaux et huit individus ou lignages provenant de diverses régions

avaient fini par concéder à Pierre, prédecesseur de Rannulfe, l'eau de la Loire tout au long de la terre du monastére en direction de Le Thoureil et ils avaient convenu de faire confirmer cette concession par leurs enfants. C'est ce que font par le présent acte, Caufrido in Apulia existente, la susdite Agnès et son fils Aimeri, lequel a été mis en possession de la succession paternelle: P. MancHEGAY, Archives d'Anjou, 1 (Angers, 1843), n. XLVIII, p. 389-390. Geoffroi de Tréves avait succédé à son pére en mai 1089. L'accord

passé

avec

l'abbé

Pierre a dû être

postérieur

à mars

1096, date

à laquelle

S. Maur cesse d'être un prieuré de Saint Maur des Fossés pour devenir une abbaye: cf. O. GUILLOT, op. cit., II, 228, n. C. 364. Sur les vicissitudes du château de Trèves dans la seconde moitié du XIème siècle, Ibid., t. I,

343.346. Sire Fulcodius, frére d'Amelin de l'Ecluse, dum rediret de Apulia, prit l'habit monastique à St Martin de Marmoutier. Avec l'accord de son

frère il donna à St Martin la terre d'Availle (Mayenne, ar. et c. de Mayenne, commune d'Oisseau), lors du colloque tenu avec Hamon de Laval (1079-1085): E. LAURAIN, Cartulaire manceau de Marmoutier, II (Laval, 1945), n. VI, p. 5. En 1095, Fulcoius de Exclusa assiste comme témoin à un accord entre les

moines

de Marmoutier

et ceux

de la Couture:

des dix angevins ainsi recensés il succéda à son père Freymundr et à en Calabre: cf. infra, Appendice IV, E. LAURAIN, op. cit., II, n. ii, p. 60),

cháteau duc

situé dans

le comté

de

/bid., n. XI, p. 84. En

plus

faut compter Guillaume de Loudun qui son oncle Renaud dans le fief de S. Mauro 1? sous DUN. Loudun (Losdunum [1067]: Vienne, ar. Châtellerault, ch.-l. c., était un

Poitou

et que

le comte

d'Aquitaine: O. GUILLOT, op. cit., I, 284. (39) A Burgundio senescalcus et Iohannes

d'Anjou

Burgunionus

tenait

signalés

du

infra,

Appendice VI, 3°, il convient d'ajouter ‘Porépros Bipyobviac qui souscrit (1072-1075) une charte de Guillaume Culchebret en faveur de S. Michele de Raito (Arena, prov. Catanzaro): L. R. MÉNAGER, dans Byz. Zeitschr., 50 (1957), . (40) Les vingt-six de l'Appendice VI, 4° et les cinq de la note 35 supra. (41) Raoul

de

Brienne

fait (infra, Appendice

IV,

(infra,

1°, sous

Appendice

VI,

BUEIL).

(42) À Simon

d'Anet

(infra, Appendice

de la maison

du prêtre Brientius

IV,

5°) et Robert 1° sous

ANET)

de

Premier-

et Hugues

du

Puiset (infra, Appendice VI, 9 sous LE PUISET), il convient d'ajouter les personnages mentionnés dans les deux actes suivant: 1°) Une area située prés

et qui appartenait

à St Père de Char-

tres, avait été concédée à Gilduin, préposé aux clôtures (separius). A mort de celui-ci, son fils Roger en reçut possession; sed et illo hinc

la in

Apuliam recedente ibique demorante, personne n'a versé à St Père le cens de la dite area pendant quarante ans et plus. L'area a donc fait retour au monastère (B. GUÉRARD, Cartulaire de l'abbaye de St Père de Chartres, II (Paris, 1840], n. XLIV, p. 298). Cette notice a été rédigée par l'abbé Pierre (1101-1129); les faits relatés se situent donc approximativement entre 1060

et

1090.

2°)

Le

Noir,

a eu

Hildegarde, deux

praenomine

fils qui,

parvenus

Franca, à l'áge

veuve

du

d'homme,

chevalier

s'en

sont

Geoffroi

allés

(ad)

incognitas terras Apuliae. L'un d'eux, nommé Foulque, lui a laissé le bébé qu'il avait eu d'une jeune fille, bébé qu'elle a nourri comme le sien propre mais

qu'elle

a mancipé

à St

Pere

lorsqu'il

a atteint

l’âge de huit

ans

(/bid.,

t. I, p. 221-222). La notice est datée de 1080; le départ des deux fils d'Hildegarde se situe donc aux environs de 1070. Quant à Geoffroi le Noir, il est mentionné dans un acte non daté (JIbid., p. 195) comme partie à la vente que vicaria à Mittainvilliers (Eure-et-Loir, ar. Chartres, c. Courville-surure).

203

IV françaises (43). A quoi s'ajoutent trente-six personnages qui, par leur surnom, leur déclaration d'origine ou leur profession de loi, se disent « Francs », sans qu'il soit possible de préciser de quel endroit ou de quelle région ils provenaient (44). *

*

*

Lorsqu'on totalise ces chiffres, on s'aperçoit que la population d'immigrants établis en Italie méridionale et en Sicile, aux XIémeXIIème siècles, se composait d'environ trois normands pour un ressortissant des autres régions de la France actuelle. Donner à ces proportions une valeur statistique serait cependant fallacieux étant donné que la couche d'individus dont nous pouvons identifier la provenance est documentairement discriminée par le hasard des fonds d'archives parvenus jusqu'à nous et par la nature méme des sources impliquées, donations pieuses, contrats divers, aux-

quels ne participaient qu'une catégorie sociale économiquement privilégiée. En induire qu'au moins à l'intérieur de cette catégorie la présence normande

était largement

prédominante

risquerait,

d'autre

part, de conduire à des idées spécieuses: le document sicilien du XIème siècle qui nous livre la liste la plus importante de person-

(43) Infra, Appendice VI, 9*: Pierre d'Aups, Audouin de Conan, Arnaud de Fontcouverte et Richard de Montcenis. Nicolaus de Monclaro souscrit en mai 1111 une charte d'Hugues de Chiaromonte: F. TRINCHERA, n. LXXIV, p. 96. Mais s'agit-il de Monclar-d'Armagnac, Monclar-sur-Losse (Gers) Monclar d'Agenais (Lot et Garonne) ou Monclar de Quercy (Tarn et Ga-

ronne)? Outres des immigrés

originaires de Paris naguére signalés par C. A.

GaRUFI dans ASSO., 10 (1913), 345-350, il faut noter Hugues de Paris, prieur de S. Pietro di Castronuovo (prov. Palermo) en février 1101 (P. CoLLURA, dans Atti dell'Accad. di Sc., Lett. ed Arti di Palermo, serie 4, 15 [1954-55],

332) et un Jannoctus de Parisio qui souscrit en juillet 1110 une charte d'Um-

baldus, seigneur de Petrolla (prov. Matera): C. MiNiERI-RiccIO, I, n. xiv, p. 19. Il faut encore mentionner Ansoldus, fils aîné de Pierre de Maule (Seine et Oise, ar. Mantes, c. Meulan), parti en Italie où il milita dans l'armée de

Robert tin

Guiscard;

et, peu

épousa

il participa en 1081 à la campagne

après,

Odeline,

t. II, p. 447). On

sur

les

instances

fille de Raoul retiendra

de

son

Mauvoisin,

encore

un André

pere,

chátelain

contre

il revint

l'empire

en

de Mantes

de Limoges,

connu

byzan-

Gaule

(Onp.

comme



il

VITAL,

stra-

tège de Messine en 1168-1170 et 1176 (L. R. MÉNAGER, Les actes latins..., 41) et un Renaud de Limoges, juge de la même cité en février et septembre 1176:

S. Cusa, nn. 124-126, p. 371-375 (44) Cf. infra, Appendice VI, 7^ et pour

les professions

de loi, C. CAHEN,

Le régime féodal de l'Italie normande

(Paris, 1940), 39, n. 2-4; L. R. MÉNAGER,

dans Settimane di Studio (1969), 450, n. 31.

Ital.

204

del Centro

di Studi

sull'alto

Medioevo,

XVI

IV nages hétérochtones se trouvant à un moment

donné dans un lieu

donné est un diplóme par lequel le comte de Calabre et de Sicile confirmait en 1094 le temporel du monastère S. Bartolomeo di Lipari. Trente deux laics(45) intervinrent comme témoins de cet

acte confirmant leurs propres donations ou celles de huit autres seigneurs (46). On peut donc tenir cette quarantaine de chevaliers pour l'essentiel des barons composant la cour comtale de Palerme dans eux

les dernières seulement

années

sont

du

XIème

reconnaissables

siècle.

Or

comme

quatorze

d'entre

normands (47).

En définitive la seule donnée objective que l'on puisse recueillir de toute cette enquéte consiste dans le fait que pour cent cinquante et un immigrés désignés d'un cognomen toponomastique, on peut en compter cent cinq originaires de la Normandie et quarante huit d'autres régions frangaises. Lorsqu'on compare ce qui est comparable, il en résulte que la présence normande n'était pas douée de l'écrasante pesanteur généralement admise, mais seulement d'une confortable majorité. Le probléme est de savoir quelle valeur on peut attacher à ce pourcentage, ce qui porte à rechercher si les individus en cause

sont représentatifs d'un milieu déterminé et, par là, suffisamment

(45) Rogerius

de

Barnauilla,

Rogerius

Marchisi

filius, Robertus

Borel-

lus, Robertus de Surdaualle, Petrus de Moritonio, Radulfus Bonnellus, Guiglelmus Senescallus, Rogerius de Toscheto, Aquinus, Hugo Rufus filius Guiglelmi de Altauilla et Robertus Britto frater eius, Toraldus stratigotus, Goffridus stratigotus, Robertus de Mineruino, Berengerius Maledoctus, Guiglelmus filius Helie, Hugo de Putholis, Martinus faber, Radulfus de Angamarra, Goslenus Bonnellus, Rannulfus Tabanus, Rogerius Haveronus, Radulfus Pothonus, Galterius de Canna, Harduinus Paramentarius, Drogo Sarracenus, Rogerius Colchebreth, Ildebrandus Lonbardus, Nicholaus camber. lanus, Goffridus Senescallus, Robertus de Gabreto, Raimundus Hastarius:

Parri, Arch. Capit, R. PinRo, II, 771-772.

(46) Guiglelmus

Brocato

(=

I,

Broccato

n.

ant.

Malus

13,

mod.

leporarius,

castello,

prov.

54,

désastreusement

Goffridus

Palermo),

Borrellus,

Goffridus

dus Bonnellus, Odaldus de Calatasibet (— Calascibetta, gerius de Surdaualle et Hamelinus Gastinell.

(47) Roger

Mortain,

Roger

de

du

Barneville,

Touchet,

Robert

Hugues

le

et

Roger

Roux,

fils

publié

par

Robertus

de

Enna),

Ro-

de Sageio, prov.

Ricar-

de

Sourdeval,

Pierre

de

Guillaume

de

de

Haute-

ville et son frère Robert Le Breton, le stratège Thoraldr, Hugues de Pucheuil, Raoul de Longuemare et Robert de Gavray; Guillaume de Maulévrier, Geof-

froi de; Sées le chambrier

et Gamal Gastinell. Ildebrand se présente comme lombard et Nicolas, bien connu par ailleurs (cf. L. R. MÉNAGER, « Amiratus-

’Aunp&c », 39-40), était un grec de Calabre.

Sans

doute

convient-il

de tenir

Roger Colchebreth —dont la famille était établie en Calabre: L. R. MÉNAGER, dans Byz. Zeitschr., 50 (1957), 329-330— pour issu d'un lignage breton, son nom (Colc—Brith ou Brait — «couteau tacheté » ou « fourbe ») ayant une

incontestable couleur celte.

205

IV

révélateurs d'une réalité sociologique pour qu'il soit permis d'extrapoler les données

numériques

qui

les concernent.

Nous

péné-

trons là sur le domaine de l'origine sociale des immigrés. Dans la plupart des cas le surnom toponomastique, gráce auquel nous pouvons identifier la provenance géographique de ces cent cinquante deux personnages, est le seul élément dont nous disposons pour les situer socialement. Faible assise que ne consolide aucune étude raisonnée sur les pratiques onomastiques de cette époque et qui laisse à peu prés entière la question de savoir si, dès le XIème siècle, il existait un lien entre la dénomination d'un individu et son « statut » social(48). Seuls, ici et là quelques

points de repére initient à l'idée qu'à partir de 1050 le surnom géographique, dans la classe chevaleresque, prend valeur de patronyme « qui devient la propriété du lignage et que tous les héritiers revendiquent » (49). Au début du XIème siècle, Giroie, déscendant d'Aboin le Breton, seigneur de Courcerault, ne se prévaut onomastiquement

d'aucun des fiefs du lignage: Montreuil, Echauffour, Glos, Hauterive et Verneuces (50). Mais à la génération suivante, qui est celle des premiers départs pour l'Italie, tous ses fils portent le surnom géographique d'un des domaines paternels et le transmettent à leurs

fils;

de

méme

en

est-il

de

ses

gendres,

Wascelin

de

Pont-Echanfray et Robert de Grandmesnil. Les quinze exilés qu'Orderic Vital désigne par leur cognonien toponomastique, lorsqu'il nous conte leur aventure italienne, appartenaient tous sans conteste

à des

maisons

migrés normands

« nobles » (51),

comme

sur lesquels nous possédons

(48) C'était l'un des blesse (1962),

tout

thèmes

d'enquête

onze

autres

im-

par ailleurs des in-

proposés

par

L. GÉNiCOT,

La

no-

au Moyen-Age dans l'ancienne « Francie », dans Annales, E.S.C., 17 12; pour autant que nous sachions cette suggestion n'a jusqu'ici

inspiré aucune

recherche.

(49) G. Dusy, La sociéte aux XIème et XIléàme siècles dans la région mâconnaise (Paris, 1953), 244 ct 265; quelques propositions du méme ordre dans K. ScHMib, Zur Problematik von Familie, Sippe und Geschlecht; Haus und Dynastie beim mittelalterlichen Adel, dans Zeitschr, f. die Geschichte des Oberrheins, 105 (1957), 1-62. "NE VaucEoIs, Histoire des «ntiquités de la ville de Laigle (Laigle,

(51) Les Igé,

Saint-Céneri

206

Anet,

Merlerault,

Carreaux,

Montfort,

et La Tanaisie:

Cordey,

Montpincon,

Echauffour, Montreuil,

cf. infra, Appendice

Grandmesnil, Norrey,

IV,

1°.

Hauteville,

Pont-Echanfray,

IV formations complémentaires (52). I1 semble donc que lorsque le gros de la vague normande s'est déversé en Italie méridionale l'usage des noms à qualificatif géographique impliquait une ap-

partenance au milieu chevaleresque. Il est en tout cas permis d'affirmer que cet usage s'est imposé comme tel avec les immigrés dans leur pays d'adoption. C'est en effet une règle qui souffre peu d'exceptions que, dans le Sud de la Péninsule et en Sicile dés le milieu du XIéme siécle et en milieu rural, le cognomen toponomastique désigne toujours le domaine foncier, siége principal d'un lignage féodal. La force de cette norme était telle que dans plusieurs cas probables (Clermont—Chiaromonte, Hauteville—Altavilla, Laigle— Aquila, Lucy—Luzzi) et au moins dans un cas sürement (Moulins—

Molise)

les porteurs

d'un

anthroponyme

à surnom

géographique

ont entendu en perpétuer la justification en donnant au lieu italien de leur établissement le nom de leur terre d'origine. D'amples présomptions concourent donc à nous assurer que lexil en terre italienne a surtout touché la chevalerie et qu'au sein de cette catégorie sociale il a été le fait de deux normands pour un miles des contrées adjacentes. Nous savons cependant que dans l'Europe féodale le titre de chevalier recouvrait un agrégat socioéconomique trés diversifié. Il s'agit donc d'affiner ce profil sociologique vague pour essayer de percevoir sur quelles couches de cet agrégat le phénoméne migratoire a pesé. Avec

Guillaume

d'Evreux,

peut méme

Busac,

c'est au milieu

comte

comtal

d'Eu,

que

et Arnaud,

nous

avons

fils du

comte

affaire et l'on

considérer qu'avec Guillaume Gerlenc, comte de Mor-

tain et petit-fils

de

Richard

I, c'est

le niveau

le plus

élevé

de

la

pyramide féodale qui a été concerné. Les grands chátelains, dont l'altitude sociologique n'était guère inférieure, semblent avoir été plus que d'autres sollicités par l'aventure: que ce soit dans le comté d'Anjou avec Geoffroi de Tréves (53) ou dans le duché normand

avec les Bohon,

Crispin,

Laigle, Moulins, Moyon, Taisson, Tosny et les descendants ou alliés de Giroie. Foulcoi de l'Ecluse qui possédait la terre d'Availle (54), Raoul

(52) Les

Moyon,

Bohon,

Pucheuil,

Eu,

Tosny,

Evreux,

Fierville,

Vassonville:

(53) Cf. supra, note 38. (54) Ibid..

Lingevres,

cf. Ibid..

Montbray,

Moulins,

207

IV Fils Avenie,

propriétaire

de l'alleu

de

Billemont (55)

ou

Herluin

de Fierville, qui quittait un fief considérable à l'Ouest de l'Orne (56), se situaient dans la catégorie des titulaires de trés honorables puissances foncières. Tout autres étaient sans doute Raoul Malregart (57) qui engagea, puis dut vendre sa terre avant de partir, les

douze fils de Tancréde

de Hauteville qui devaient

pouvoir vivre

du fief paternel de dix chevaliers (58) ou Foulque, fils du chevalier

Geoffroi Le Noir, qui choisit de laisser à sa mère le soin d'élever

l'enfant qu'il venait d'avoir, plutót que d'épouser la jeune fille qui le lui avait donné (59). L'émigration a donc poussé au Sud du Tibre tous les degrés de la militia féodale. Mais pas seulement eux. Roger, fils de Gilduin, modeste clóturier des moines de St Pére de Chartres (60), n'appartenait certainement pas à l'ordre des spécialistes du métier des armes et si nous ignorons d'oü venait In-

gelmar, dont Roger I, comte

de Sicile, fit l'un de ses chevaliers

quamvis inferioris generis esset (61), du moins sommes-nous fondés à croire que, faute de moyens suffisants pour entreprendre seul le voyage italien, il avait dû, tout comme ceux qui accompagnérent Richard, fils d'Asketil de Carreaux (61 bis), s'insinuer dans la suite

de quelque seigneur. Ingelmar et le fils de Gilduin sont les deux seuls cas qui attestent la présence de gens appartenant à la classe humble parmi ceux qui émigrérent en Italie. Qu'ils soient mentionnés dans le flot de sources documentaires qui ne s'attachent généralement qu'aux personnages confortablement nantis nous parait toutefois exemplaire. Ils semblent prouver que les immigrés appartenaient à de trés larges pans du tissu social. A quels motifs a donc pu répondre le départ de gens de conditions si diverses?

(55) (56) (57) (58)

Cf. Appendice IV, 1°, sous BILLEMONt. Cf. L. MussET, dans Bsan., 56 (1961-62), 26. Cf. infra, Appendice IV, 1°, sous St Jean-le-Thomas. MALATERRA, I, xl, P 25.

(59) Cf. supra,

(60) Ibid.

(61) MALATERRA,

note

III, xxxi,

(61bis) Il arriva en ple »: AIMÉ, II, 44, p. 110.

208

4 p. 76.

Italie

« secuté

de

molt

de

chevaliers

et

de

peu-

IV IT]

L'Etiologie de l'Emigration en Italie méridionale. À la lecture des chroniqueurs qui exposent de manière explicite les causes de l'émigration de quelques personnalités normandes, il apparaít vite que le bannissement et l'exil prononcés par

le duc ont constitué le mobile majeur des départs en Italie méridionale (62). Historiquement c'est effectivement l'exil qui est à l'origine des premiers départs normands en Italie. Exil provoqué par la colere ducale dans le cas de Robert de Tosny (1017) « qui emmena avec lui tous ceux qu'il put réunir » (63); exil pour échapper aux conséquences du meurtre de Guillaume Repostel dont s'étaient rendus coupables au méme moment Osmundr Drengot, Gilbert Buatère

et leurs

trois

frères (64). Un

meurtre

aussi,

celui

de Ma-

bilie de Belléme (5 décembre 1082), lance les quatre fils de Robert d'Igé sur le chemin de l'Italie. Exil encore ou bannissement ont fait suite

à une

rebellion

(Guillaume

Busac,

comte

d'Eu)(65),

à

un vol (Asketill de Norrey), à des violations

réitérées de l'ordon-

nance

de Moulins).

prohibant

les guerres

privées

(Robert

L'Italie

méridionale s'est-elle donc emplie de hors-la-loi? Ces départs ont-ils tous été la marque d'une autorité soucieuse de mettre fin à l'anarchie féodale et aux exactions inspirées par la

volonté de puissance ou l'activisme de hobereaux locaux ou porte-telle l'empreinte

d'une

sorte

d'ivresse

monocratique?

Les

accusa-

tions fallacieuses qui poussérent Robert de Grandmesnil à fuir son monastère,

les

calomnies

de

(62) Cf. L. Musser, Autour

Robert

de

des modalités

Montgommery

complai-

juridiques de l'expansion nor-

mande au XIème siècle: le droit d'exil, dans Rev. Hist. du Droit Francais, 51 (1973), 561-562 qui dénombre dans les sources diplomatiques et narratives une vingtaine de cas précis d'exil prononcés par le duc avant 1066: nous n'avons

pu

pour

notre

part

en

recenser

que

quatorze,

compte

non

tenu

des quatre fréres d'Osmundr Drengot, des trois fréres d'Hugues Budnell et d'un jeune chevalier nommé Mathiellus qui, exilé pour une raison in-

formulée,

mourut

en Pouille: Onp. ViTAL, t. Il, p. 437.

(63) Cf. infra, Appendice IV, 1°, sous Tosny. (64) Ibid., sous Carreaux. (65) Le fait, fortement mis en cause par David Doucia4s, dans EHR, 61 (1946), 154-156, n'est pas remis en question par Suzanne Deck, Le comté d'Eu

sous les ducs, dans Ann. de Norm., 4 (1954), 101.

209

IV samment écoutées par le Conquérant et qui contraignirent Arnaud

d'Echauffour à abandonner

sa terre natale, les ragots favorable-

ment accueillis à la cour contre Guillaume Busac inclinent volon-

tiers à préférer

la seconde

interprétation.

Orderic

Vital qui

la

suggère sait que Guillaume le Bátard a laissé pour ces raisons un souvenir mêlé qui a particulièrement páti des nombreuses peines

prononcées à la fin du régne:

« Selon ce qui fut par la suite rap-

porté en Normandie, la nouvelle de la mort du roi, survenue à Rouen (le 9 septembre 1087), se répandit le jour méme parmi ceux

qu'il avait dépouillés de leurs biens et qui avaient échoué à Rome ou en Calabre » (66).

Le Sud de l'Italie a donc été la terre de refuge de nombreux féodaux qui, pour un raison ou pour une autre, avaient déplu ou

cessé de plaire au monarque ou, comme Guillaume Pantoul, à l'un des

puissants

de

son

entourage.

Mais

cette

raison

qui,

initiale-

ment, a pu pousser les premières vagues de migrants vers le midi italien n'a sürement pas été la seule à guider tous ceux qui, à leur

suite, ont pris le méme chemin. Le jeune chartrain Foulque a peut-étre voulu fuir un mariage auquel le vouait l'enfant né, malgré lui, de ses oeuvres (67). Raoul Maucouronne,

le cinquiéme fils de Giroie, s'établit

à Salerne, avide

de parfaire ses connaissances médicales(68). Raoul, fils ainé de Geirmundr de Moulins, s'en est allé entre 1040 et 1050 avec ses

huit fréres (69), abandonnant l'espoir de succéder à un patrimoine apparemment

considérable,

sur

lequel

ne pesait

aucune

menace.

Le départ de toute cette descendance masculine ne laisse place, quant à ses mobiles, qu'à une hypothése: il a sans doute été inspiré par la jeunesse de Geirmundr qui repoussait trop loin dans le temps le moment où ses fils pourraient être maîtres de leur destin et d'une terre conforme à leur statut social. Un raisonnement qui fut vraisemblablement aussi celui qui porta Ansoud de Maule, ainé de huit enfants, à se joindre aux troupes de Robert Guiscard aux environs de 1080 (70).

(66) Onp. VrTAL, t. III, p. 249. (67) Supra,

note

42.

(68) Onp. VITAL, t. II, p. 70. (69) Ce qui est démontré par les biens du lignage ont été IV, 1°, sous MouLins. (70) Supra, note 43.

210

le fait qu'aprés

transmis

par

la mort

les femmes:

cf.

de infra,

Geirmundr Appendice

IV Dans

raire

ces

ou

quelques

échantillons

diplomatique

quelques-unes

nous

des nuances

que

permet

la documentation

d'évoquer,

nous

infinies de la casuistique

litté-

saisissons de l'émigra-

tion, telles qu'elles ont dà effectivement se réaliser. Pourtant un dénominateur

commun

parait

les unir toutes, c'est la finalité in-

spiratrice de leur détermination. Ces gens sont partis à la recherche de ce qu'ils n'avaient pas, n'avaient plus ou ne pouvaient plus

avoir et qu'ils comptaient

trouver au delà de la Via Salaria:

di-

sons, grosso modo, une terre source de promotion sociale. Pourquoi donc, aux environs de 1040, Raoul Fils Avenie a-t-il

vendu « pour une forte somme en deniers, en pallia et en chevaux » son alleu de Billemont, si ce n'est avec l'espoir de se procurer en Italie, avec l'aide soldée de quelques manieurs d'épée, un domaine plus vaste que celui qu'il laissait en Normandie? Les sources documentaires sont unanimes sur la promesse de terres riches dont se nourrissaient tous ceux qui, au long du XIéme siècle, partaient pour la Pouille. Dès les premières décennies du siécle, aux

dires

d'Aimé

du

Mont-Cassin,

«en

tant estoit cressute

la multitude de lo peuple (normand) que li champ, né li arbre non souffisoit a tant de gent

de porter lor necessaires

dont

peüssent

vivre. Adont par diverses parties del munde s'espartirent ça et là, c'est (à dire) en diverses parties et contrées » (71). A quelques variantes prés, tous les témoignages recueillis à la fin du siécle font un rapport identique des sollicitations auxquelles cédérent les contingents d'aventuriers touchés en 1017, puis en 1030, par la bonne parole de Normands qui avaient déjà éprouvé les possibilités offertes par la Pouille ou la Campanie: « Rentrés dans leur patrie, ils engagèrent leurs proches à les suivre en Italie. Ils leur disaient la fertilité de la Pouille et l'indolence naturelle de ses habitants... Beaucoup se laissèrent tenter et se résolurent à partir: les uns parce qu'ils étaient peu ou prou dépourvus de biens, les autres pour accroitre leur avoir; tous par

désir de s'enrichir » (72). La simplicité du propos donne une vision

(71) Storia dei Normanni, éd. V. De Bartholomaeis, I, 1, p. 10. (72) GUILLAUME DE PouILLE, I, 29-38, qui met peu après les mêmes

pos dans qu'il

eût

et riches

la bouche

ceint

Aversa

arrivèrent

des messagers de

murailles:

nombreux,

que Rainolf envoya « ..Sur

les uns

pour

la foi

de

en Normandie

ces

se soulager

discours,

du

pro-

lors.

pauvres

faix de l'indi-

nce, les autres dans l'espoir d'accroitre leur fortune»: ZJbid., I, 180-187. e facon plus ramassée, AIMÉ, I, xix et LÉON d'OSTIE, I, 37 concordent avec

211

IV globale des mobiles. Dans ses interpolations à Guillaume mièges,

Orderic

Vital

nous

a

rapporté

une

de Ju-

conversation

haut-

ement révélatrice de l'ambiance dans laquelle les départs du milieu du siécle se sont produits. Il s'agit du projet que Robert Bigot vint confier à son frére utérin et seigneur, Guillaume Gerlenc, comte de Mortain: «La pauvreté me presse, seigneur, et je ne peux obtenir dans cette patrie le nécessaire que je réclame. C'est pourquoi je vais me rendre en Pouille où je pourrai vivre hono-

rablement ». A quoi Guillaume répondit:

« Si tu veux me croire,

reste ici avec nous. Avant quatre vingt jours tu auras en Norman-

die une occasion telle que ce qui t'apparaitra comme nécessaire, tu pourras t'en emparer impunément ». Robert acquiesca aux con-

seils de son frère et, effectivement, peu de temps aprés, grâce à son parent Richard d'Avranches, il fut admis dans l'entourage du duc (73). Cet épisode, qui se situe aux environs de 1055 (74), comporte deux enseignements.

Il tend d'abord à démontrer qu'à cette date il était encore possible de se faire une place au soleil en Normandie à coups d'épée, pour

peu que l'on eàt de puissantes

relations. A fortiori

doit-on considérer que cette éventualité était encore plus largement offerte au cours des deuxième

et troisième décennies,

durant

les-

quelles les premiers contingents d'émigrants se mirent en branle vers l'Italie.

Mais il semble que la confidence de Robert Bigot éclaire encore mieux ce que représentait ce départ pour la petite chevalerie normande: le Sud de la Péninsule lui était alors une promesse de vastes domaines faciles à acquérir. Plus qu'une promesse méme, elle était une tentation pour le surcroit de population que l'essor démographique faisait parvenir à l'âge d'homme dès les environs

cette maniére de voir. De méme, Arnulfe de Milan, dans ses Gesta archiepiscop. Mediol., I, 17, éd. Wattenbach, dans M«u.ss., 8, 10-11: « En ce temps survint

la

premiére

arrivée

des

Normands

princes du pays qui subissait d'innombrables

en

Pouille,

à

la

requéte

des

oppressions des Grecs. Ceux-ci

ayant été repoussés et contraints de fuir les terres de labour, les Normands, bien que peu nombreux, considération prise de l'ndolence des habitants et de la richesse du pays en toutes choses, envahirent une partie de la pre vince. Puis ils dépéchérent des envoyés dans leur patrie pour appeler d'autres gens à les rejoindre. Peu à peu leur nombre s'accrut au point qu'ils

emplirent toute la Pouille... ». (73) Ed. J. Marx, p. 171-172. (74) D. DoucLas,

Age, 58 (1952), 256.

212

dans

EHR.,

61 (1946),

141;

J. Bovussanp,

dans

Le

Moyen-

IV de 1030. Les neuf fils de Geirmundr de Moulins, de même que les quatre fils de Pierre de Maule, voulaient sans doute jouir du même pouvoir et du méme statut social que leur père; ils savaient que

la Normandie

leur refusait

restitue le raisonnement

cet espoir.

que, comme

Geoffroi

Maleterre

nous

les onze

frères

eux, tenaient

puinés de Serlon de Hauteville: « Comme ils voyaient, à la mort de leurs vieux voisins, leurs héritiers se disputer entre eux pour l'héritage et la partie laissée par le père au seul aîné ne pas suffire à chacun, une fois celle-ci divisée entre eux, ils se mirent à réfléchir sur ce qu'il fallait faire pour que rien de semblable ne leur arrive. Et ainsi, aprés s'étre concertés, jugeant que le premier áge forti-

fiait encore plus parmi les jeunes gens ceux qui se décidaient les premiers,

ils

s'empressérent

cherché fortune vinrent

les armes

enfin, Dieu

de

quitter

à la main

les guidant,

en

leur

patrie;

aprés

en divers endroits,

avoir

ils par-

Pouille » (75).

Nous touchons ici la cause profonde de la colonisation normanno-franque: l'Italie méridionale a été le déversoir du trop-

plein de population qui encombrait les premières régions de France à avoir surmonté l'anarchie féodale des dark ages, Normandie, Flandre, Anjou, Maine, Bretagne, Bourgogne. Le Midi italien et la Sicile ne pouvaient cependant suffire à ce róle d'exutoire. La conquéte de l'Angleterre, certainement due pour une large part aux besoins nés de l'expansion démographique

normande, semble bien n'y avoir satisfait que trés imparfaitement. Dans

les

régions

voisines,

la pression

exercee

par

les

nouvelles

générations arrivées à l’âge d'homme était encore plus difficilement contenue. C'est ce dont la papauté parait avoir eu une claire con-

science au moment Sépulcre,

oü grandissait l'idée de reconquéte du Saint-

idée au service

de laquelle

il était

tentant

de pousser

ce surcroit de forces vives. L'appel fut lancé sans ambages

par

Urbain II à Clermont-Ferrand, en novembre 1095: « Cette terre que vous habitez, dit-il à l'adresse des habitants de la Gallia, cernée de toutes parts par les mers et les hautes montagnes, est encore rétrécie par la densité de votre population; elle ne regorge pas de richesses et ses ressources ne suffisent pas à pourvoir en subsistances ceux qui la cultivent » (76).

(75) I, V, éd. E. PONTIERI, p. 9. (76) Robert Le Moine, Hist. Occid., III, 728.

Hist.

Iherosolymitana,

dans

Rec.

Hist.

Crois.,

213

IV On sait l'écho que ce discours ne tarda pas à avoir. Il est sin-

gulier de constater que ces propos mobilisèrent aussi, dès l'été 1096, un ample contingent de Normands possessionnés en Italie méridionale et en Sicile (77), preuve que la belle époque de la colonisation était passée et que l'apétit de terres faciles à conquérir n'y

était plus satisfait. Robert de Moulins, banni de Normandie pour avoir

enfreint

(septembre

l'ordonnance

1106),

choisit

royale encore

la

prohibant

les

Pouille

comme

guerres

privées

terre

d'asile;

mais il erre d'une auberge à l'autre jusqu'à sa mort sans trouver un toit pour s'établir(78). En

1107 Robert

de Montfort,

convaincu

d'avoir violé son serment de fidélité, est le premier exilé à ne plus diriger ses pas vers l'Italie, mais vers la Terre Sainte (79). L'Italie méridionale avait fait le plein d'outlaws et de colons en quéte d'espoir.

(77) E.

e la prima

JaMisoN,

crociata,

1964), 361-408. (78) Cf. infra,

Some

dans

notes..;

Tra

Appendice

IV,

(79) Onp. VirAL, t. IV, p. 240.

214

Ernesto

i Normanni 1*, sous

PonNTIERI,

nell'Italia

MouLins.

] Normanni

Meridionale

d'Italia

(Napoli,

IV

6€

8c

c l

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IV

APPENDICE

INVENTAIRE DES FAMILLES NORMANDES ÉMIGRÉES

EN ITALIE MÉRIDIONALE (XI* — XII* SIÈCLES)

ET FRANQUES

ET EN SICILE

I



Le cognomen + normannus*

261

Il



Déclaration d'une origine normande

264

II]



Identification de normands d’après l'onomastique

267

scandinave IV

-—

Identification de normands d’après leur « cognomen toponomasticum *

1^) 2^)

Identifications sûres Localisations incertaines

V



Lignages normands

VI



Ultramontains provenant de pays autres que la

296 352 358

oO Dan 4 O2 t3 — o o 0 0 o0 0 O o e e uS S e. S

Normandie

Angevins Beauvaisins Bourguignons Bretons Champenois Flamands Francs Manceaux Divers

368 371 . 372 372 376 376 377 379 382

Rectification

386

Ouvrages cités en abrégé

387

IV

Dans

les

indications

fournies

par

les sources

diplomatiques

et littéraires mentionnant des personnages ressortissant à la présente enquéte, on a retenu essentiellement les données susceptibles de situer la provenance géographique ainsi que le lieu et la date d'établissement en terre italienne des individus concernés.

| - LE COGNOMEN

« NORMANNUS »

ANGERIUS NORMANNUS fait donation au monastére S. Quirico di Atrani d'une piéce de terre en février 1087. L'acte est passé à Nocera (prov. de Salerno):

R. FILANGIERI, Cod. dipl. Amalfitano, I (Napoli, 1917), n° LXXXIII, p. 133/134. En 1111, février, le duc Roger offre à la Trinité de Cava le castrum de S. Adiutore, proche de la ville de Salerne, tel que le tenaient auparavant Angerius normannus et son fils Robert: Arch. della Badia di Cava, arm. E. 18. BER(N]ENGERIUS

FILIUS NORMANNI

souscrit à Troia, en juillet 1067, un diplóme ducal en faveur de S. Pietro di Torremaggiore (: K. A. KEHR,

Urkunden, n° 32, p. 462)

puis en 1074 un autre diplóme ducal en faveur de la Trinité de Venosa (L. R. MENAGER, Fondations monastiques, n° 10, p. 90, où il convient de rectifier ainsi le texte, aux lignes 11/12: Berengerio filio Normanni, Hermanno de Ambras, ...) et en 1080 les dernières

dispositions de Guillaume, comte du Principat (ibd., p. 92). GOFFRIDUS NORMANNUS A Corato (prov. Bari), en mai

1077, Erbertus et Goffrida, ger-

mani, filii Goffridi normanni et Guarinus filius Roberti normanni, 261

IV qui sumus

fideles domini Petri, imperialis vestis et comitis nor-

mannorum (— il s'agit de Pierron, comte de Trani) confirment à Maraldus, recteur de S. Eustasius de loco Granara la donation faite par lui en avril 1074 à cette église et pour leur part donnent à celle-ci une maison

avec le terrain attenant:

G. BELTRANI,

Z docu-

menti storici di Corato: 1046-1327 (Bari, 1923), n° VIII, p. 15-17. GULIELMUS QUI DICITUR DE PARISIUS (sic), FILIUS QUONDAM GUILLELMI NORMANNI fait en avril 1155 une donation à la ss.ma. Trinità di Cava: Arch: Cava, arca XXIX, n. 536. Son pére était sans doute le Guillielmus

Normandiae qui souscrit en 1141 une charte émanée d'Henricus Olliae regalis iustitiarius: E. M. JAMISON, dans Papers of the Brit. School at Rome, 6 (1913), doc. n° 11, p. 415.

NORMANNUS, sa femme Adeliza et son gendre Robert donnent à la Trinité de Cava, pour le repos de l’âme de Geoffroi d'Aieta (prov. Cosenza), le monastère S. Nicola di Tremoli (à 7 kms à l'ENEÉ. de Scalea, prov. Cosenza), l'église S. Zacharie située au bord de la mer en-dessous d'Aieta et toute une terre sise à Falconara.

L'acte n'est pas daté mais son écriture l'assigne à la fin du XIéme siècle — L. MATTEI-CERASOLI dans ASpCL., 8 (1938), 177/178. Sur ce document, cf. B. CAPPELLI, Il monachesimo basiliano ai confini calabro-lucani (Napoli, 1963), 219-223. ROBERTUS, FILIUS QUONDAM NIGELLI NORMANNI (juin 1114): cf.

cidessous Robertus qui dicitur de Eboli. RiccARDUS NORMANNI FILIUS soucrit en septembre 1091 une charte d'Henri, comte de Montesantangelo, en faveur de S. Sofia

di Benevento — A. PETRUCCI dans Bull. dell'Ist. Stor. Ital., n. 72 (1961),

177.

ROBERTUS NORMANNUS, fidelis Petri comitis normannorum: supra, Goffridus normannus.

cf.

RICCARDUS QUI DICITUR DE NORMANDIA En janvier 1118, Roggerius Scannacaballu, fils de Landon, comte de Calvi, fait don à S. Benedetto di Montecassino du casale S. Andrea situé en Sicile à Milazzo (prov. de Messina) et qui est

pris sur le fief que Richard, qui dicitur de Normandia lui:

tenait de

E. GATTOLA, Accessiones, 237.

ROBERTUS QUI DICITUR DE EBULI (= Eboli, prov. Salerno), FILIUS QUONDAM GUILLELMI NORMANNI concède en juin 1114 que désormais aucun moine de La Cava n'aura à payer de droit de passage en traversant le fleuve Sele. Pour garantie de cette concession, il 262

IV constitue

comme

fidéjusseur

Rogerius

filius

quondam

Asclettini

qui dictus est da lu Pestellione et Robertus filius quondam Nigelli Normanni = Arch. della Badia di Cava, arm. E. 35. Trois mois auparavant, Robertus Ebulensis dominus est mentionné dans un

acte par lequel Roger de S. Severino, filius quondam

Turgisii nor-

manni donne à La Trinité de Cava le casale de S. Mauro

situé aux

confins du Cilento. (Zbid., E. 30). Robbertus Ebulensis soucrit en aoüt 1116 et en avril 1117 (Robertus de Evulo) deux diplómes ducaux en faveur de la Trinité de Cava — Arch. della Badia di Cava, arm. E. 50 et F. 2. Ses premiéres donations à la Trinité de Cava datent de septembre 1105: Zbid., arm. D. 51. STEFANUS NORMANNUS

figure parmi les membres comte

de Loretello, pour

du jury constitué à Troia par Robert, trancher

le conflit opposant

Guillaume

de Hauteville à l'abbaye S. Nicola di Troia. Il souscrit le record de plaid dressé à l'initiative du comte F. CARABELLESE, L'Apulia, p. 544/545. UMFREDUS CRASSUS NORMANNUS

à Troia

en nov.

1120

=

souscrit diplóme ducal de février 1085 en faveur de l'archevéché de Bari:

G.B.

NirTO

DE Rossi,

Le perg.

del Duomo

di Bari,

I,

n? 29. B, p. 52-56. Peut-étre

faut-il

qui cognominatur

voir en lui un

Crassus

parent

du

Landolfus

et que le duc Roger —

comes,

confirmant

à

l'archevéché de Salerne les terres et les serfs donnés par celui-ci et qui étaient tenus du duc, prés de Melfi — appelle en mai 1101

delectus fidelis et parens

noster.



SALERNO,

Arch.

della Mensa

Arcivescovile, Arca 1a, vecchia segn., n? 50, nuova, n? 33. UMFRIDUS

NORMANNUS,

DOMINUS

GRAVINE:

G. LUCATUORTO, Umfrido normanno Gravinensis dominus, dans Arch. Stor. Pugliese, 20 (1967), 100-109, publie deux doc. latins de

1080 et 1092 par lesquels Umfredus normannus, seigneur de Gravina (-in-Puglia, prov. Bari) donnait divers biens à l'église s. An-

gelo de Frasineto et à la cathédrale. UNZOLINUS

NORMANDUS

souscrit en juillet 1110 la donation qu'Umbaldus, Petrulle dominator, (= Petrolla, à 5 kms au Sud de Pisticci, prov. Matera), fait du casal d'Andriace (au diocèse de Tricarico) à S. Maria di Banzi = C. MiurERI-Riccio, I, n? XIV, p. 17-19.

IV Il

- DECLARATION ARNALDUS

ODDONI Teano

quil

ORIGINE

COGNOMENTO

NACIONE

S. Giovanni

D'UNE

(prov.

DE BUSCIONE

NORMANNUS

de Clusa

d'une

Caserta)

tient par don

seigneur le comte

et

AC FILIUS

BONE

MEMORIE

fait don en octobre

1098

à l'église

piéce de terre qui

du comte

Robert:

NORMANDE

dépendait

Rainulfe

située aux des

terres

confins et

de

cháteaux

et par concession

E. GATTOLA, Historia, 44/45;

de son

en 1107,

Rogerius de Boscione confirme à S. Benedetto di Montecassino toutes les donations de son pére et les siennes propres, en particulier S. Maria ín Cingla:

Reg. Petri Diaconi, n° 627, ff. 256 v°-257 r°.

« BUSCIONE, trés probablement l'un des trés fréquents "Le Buisson " (ou " Le Bisson "), mais lequel?... » m'écrit M. J. Adigard des Gautries. GILIBERTUS,

FILIUS

QUONDAM

ERIBERT(I),

EX

GENERE

NORMAN-

NORUM, vassal de Richard, comte de Caiazzo (prov. Caserta), fait en avril 1070 des donations au monastère S. Maria di Cingla

Historia, p. 42; peut-étre le méme

=

E. GATTOLA,

que Gilibertus Normannus

qui

en aoüt 1086 fait donation à la Trinité de Cava d'une piéce de terre située à Roccapiemonte (prov. Salerno) — Arch. della Badia di Cava, arm. C. 14. IEFFRIDUS

RIDELLUS,

NORMANNUS

ET

DUX

GAIETE,

COMESQUE

PONTISCURVI

donne en février 1076 à S. Benedetto di Montecassino le monastére S. Erasmo ad Molas situé dans les dépendances de Gaeta (prov. Latina) et S. Pietro de Foresta, situé sur le territoire de Pontecorvo

(prov.

Frosinone):

Cod.

dipl.

Caietanus,

II,



CCXLIX,

p. 116/117.

Il a pour fils et successeur Raynaldus:

Ibid., n? LXVI, p. 149.

151. OLDOINUS

1130,

octobre:

Roger,

seigneur

du

castellum

de

Lapio

(prov.

Avellino) et fils du seigneur Oldoinus qui fuit ortus ex genere nortmannorum, offre une église, dédiée à Marie et située prés du fiume Calore, à S. Maria di Montevergine: G. MONGELLI, p. 69, n° 189. Rao En février 1102, Richard, seigneur du castellum de Monteforte

(—

Irpino, à 5 kms

à l'Ouest

d'Avellino), filius cuiusdam

Raoni

qui fuit ortus ex genere Nortmannorum, concède aux deux fils du prétre Iaquintus une terre située en dessous du castellum de 264

IV Summonte (prov. Avellino): F. SCANDONE, doc. n° XXVII, p. 104. Nous possédons quatre autres chartes de lui, datées de mars et septembre 1102: G. MonGELLI, nn. 98, 100, 101 et 102. Dès janvier 1110 (cf. infra, sous Turgisius de Rota, la notice relative à

Roger de S. Severino, dont Richard, puis Guillaume sont les vassaux pour

le castrum

dicitur Carbone,

qui

de Montoro),

lui succède

c'est son

comme

fils Guillaume,

seigneur

du

qui

castellum

de Monteforte. Dans un acte de mars 1112, il se dit filius quondam Riccardi qui fuit ortus ex genere Normannorum = F. SCANDONE, n? XLV; il eut pour fils et héritier Richard (juin 1130 — G. Mon-

GELLI, n? 187, p. 68) à qui succéde son fils Guillaume (décembre 1153 - février 1162 RICHARD,

=

COMTE

Jbid., n° 319, p. 104 et n° 410, p. 124). DE SARNO

(20

kms

au

S.O.

d'Avellino)

En janvier 1115, Richard, comte de Sarno, filius quondam domini Riccardi qui fuit comes, ortus ex genere nortmannorum — F. ScANDONE, Abellinum Feudale, II, i, doc. n° LI, p. 114. ROBERTUS, COGNOMENTO CURTERAY, QUI SUM DE GENERE NORMANNORUM vend en décembre 1094 une vigne sise à Conversano et qui dépend

des biens qu'il tient de son seigneur le comte Geoffroi = D. MOREA e

F.

Muciaccia,

1943),



1, p. c.

ROBERTUS

CONSTANTI

pergamene

1-2. Curteray

tuelle commune au-Perche,

Le

di

dont

Conversano,

le nom

est

Seguito

conservé

(Trani,

dans

l'ac-

de Saint-Aubin-de-Courteraie, Orne, ar. Mortagne-

Bazoches-sur-Hoéne. COMES,

ET QUI

QUI

SUM

SUM

DE

GENERE

SENIOR

NORMANNORUM

ET DOMINATOREM

ET

FILIUS

DE CIVITATE

DEvVIA (sul Monte d'Elio, prov. Foggia) offre en mars 1054 deux piéces de terre à l'église S. Maria iuxta mare, dépendance du monastere S. Maria di Tremiti: Armando PETRUCCI, II, n? 51, p. 160; Robertus, Constantini filius (décembre 1081): Ibid., n? 84, p. 252. ROBBERTUS QUI VOCOR DE BELLO PRATO Robbertus qui vocor de Bello prato sumque normannus, habitant de Pontecorvo (prov. Frosinone), avec l'assentiment de son

seigneur, Geoffroi Ridell, consul et duc de Gaeta, donne à S. Benedetto di Montecassino une église située à Pontecorvo (avril 1077 — E. GaTToLA, Historia, 313) et l'église S. Giovanni in Poto: Petri Diaconi, n° 433, fol 187 r°.

Registrum

SANSGUALLA, DOMINUS PLANISI (— Sant'Elia a Pianisi, 20 Kms. à l'E. de Campobasso) QUI SUM EX GENERE NORMANNORUM 265

IV

donne en juin 1118 une pièce de terre au monastère S. Pietro di Pianisi — A. PETRUCCI dans Bull. dell'Ist. Stor. Ital. per il Medio Evo, n. 70 (1958), 506-508. UBBERTUS

En avril 1095, Robbertus de castello qui dicitur Furino, filius Ubberti qui est ortus ex genere Nortmannorum, offre à l'église S. Basilio di Mercogliano une terre située à Mercogliano (5 kms à lO. d'Avellino) — F. SCANDONE, Abellinum Feudale, II, 1, doc. n? XIX, p. 101. UMFREDUS,

COMES

MoNTiIs

ScaBios1

(—

Montescaglioso,

prov.

Matera) se qualifie de Normannorum genere ortus dans trois chartes d'octobre 1077, février 1082 et janvier 1083 en faveur de S. Michele di Montescaglioso = S. TANs1, Appendix, n° 2, 3 (= RNAM., VI, Appendix,

n? 5, p. 154/155),

4 et 5. (1) Il est comte

de Montesca-

glioso depuis au moins janvier 1065 (S. TaNsi, Appendix, n° 1, p. 127/128) jusqu'en octobre 1092 (ibid., n° VII, p. 138-140). Rao Machabeus,

fils cadet

d'Onfroi,

succède

à son

père et à son

frère

aîné, Geoffroi, défunts, en novembre 1098 (ibid., n° X, p. 144/145 — RNAM,, VI, Appendix, n° XIII, p. 169/170. On sait que Geoffroi de Montescaglioso suivit Bohémond en Terre Sainte et qu'il fut

tué à la bataille de Dorylée, le ler juillet 1097 — Hist Anon. Premiére Croisade, p. 50; ORD. VIT., tom. III, p. 511). I] avait deux frères, Guillaume et Robert (RNAM., VI, Appendix, n° XII, p. 168);

le premier, dans

seigneur

le Sud

de Saponara

de la Lucania

(?), possédait

(C. A. GaRuFI,

Polla et Brienza,

dans ASSO.,

9, 1912, Ap-

pendice n? let 4, p. 348/349 et 352). La

descendance

d'Onfroi

a

donné

lieu

à

plusieurs

études,

parmi lesquelles il convient de retenir C. A. GARUFI, Miscellanea diplomatica. II. I conti di Montescaglioso, dans ASSO., 9 (1912), 324-340 et Giovanni ANTONUCCI, Goffredo, conte di Lecce e di Mon-

tescaglioso, dans ASpCL., 3 (1933), 449-459.

(1) Il est déjà question d'Umfreida, ex genere Normannorum dans une charte datée de Giovinazzo, septembre 1058 (= 1055), ind. IX, et mentionnant quil a reconstruit une église S. Maria au lieu-dit Cesano = RNAM,, V,

n* 398, p. 14-15.

266

IV Ill - IDENTIFICATION DE NORMANDS D'APRES L'ONOMASTIQUE SCANDINAVE AÁLAINUS, FILIUS QUONDAM

TORGISII

1129, aoüt: Alain, seigneur de Taurasi, fils du défunt Torgisius, offre à S. Maria di Montevergine le siége d'un moulin situé dans le territoire de Taurasi (prov. Avellino): G. MoNGELLI p. 67, n? 179. ANGOTTUS, REGIUS BRUNDUSII NOTARIUS (juin 1168): A. De Leo, Cod. dipl. Brindisino. I, éd. G. M. MoNTI

(Trani, 1940), n? 23, p. 46. ANSCHETILLUS DE NokRIO (1055-1057): ANSCHETILUS DE MUSEL

cf. NORREY-EN-BESSIN.

souscrit deux diplómes de Roger I (5 février 1091, l'autre est dépourvu de date) en faveur de la Trinité de Mileto:

L. R. MENAGER,

L'abbaye bénédictine..., p. 27 et 43. ANSCRETINUS

souscrit en 1122/1123 une charte de Guillaume, évéque de Messine, en faveur du couvent de S. Maria di Messina: L.R. MENAGER, Les actes latins..., 70. ANSGOTUS, ARISGOTUS, ASGOTTUS DE PUTEOLIS (1063-1093): cf. PUCHEUIL, infra, p. 85. ANSKETINUS PORCELLUS souscrit en 1095/1096 une donation

du

comte

Robert,

fils de Ro-

bert Guiscard, à S. Maria della Matina — A. PRATESI, Carte latine, n° 4, p. 18. En novembre 1111, Foulque de Basungerio concède à

l'émir Christodule le casale de S. Apollinare (Serra S. Apollinare, prov. Cosenza) quod fuit Kiccini (sic) Porcelli, cependant qu'à la méme date Berthe, comtesse de Loretello, concédait à l'émir Christodule le naon de S. Apollinare avec ses terres et depen-

dances, (L.R.

telles que MENAGER,

les possédait

aupravant

Amiratus-’Aunp&s,

Askettinos

Appendice

II,

Portzélles

doc.

nn.

7/8,

p. 175-180. Le don du village de Sant'Apollinare sicuti Aschitinus Purcellus in una nocte et in una die ibi tenuit, don fait par Fulco de Bassengerius à l'émir Christodule, fut confirmé en mars 1112 par Hugues Vat.,

Cod.

de Chiaromonte Chigi

E.

VI

182,

et son frère Alexandre: n?

10).

Sur

cet

Asketill

RoMa,

Bibl.

« Porcelet»

que j'avais cru pouvoir identifier avec un seigneur de Porcile (fraz. di Altilia, prov. Cosenza), cf. Byz. Zeitschr., 50 (1957), 346 et Riv. di Storia della Chiesa in Italia, 13 (1959), 69, n. 55. ANSQUITINUS

FILIUS

souscrit en sept-déc.

ROBERTI

1092 une donation

de Robert

Borrell à San267

IV tAngelo di Mileto: L. R. MENAGER, L'Abbaye bénédictine, p. 34. ARALDUS DE MODETA: cf. infra, LE MoLay, p. 328. ASCHETINUS

Nicolas, comte du Principat, fait donation à la Trinité de Cava, entre les mains de l'abbé Simon d'un molendinum quod fuit Aschetini, avec son cours d'eau et toutes ses dépendances, moulin situé dans le bourg de Tuscianum (cf. F. Tusciano et Torre Tusciano, à 10 kms

au S. E. de Salerno):

mai

1137. Transumpt

de

février 1168 exécuté sur les instances de Centurio, moine de La Cava, dans une copie du XVIIème siècle: Salerno, Archivio della Mensa Arcivescovile, Registro II, p. 18-19. ASCHETTINUS

DE CASSANO

souscrit en 1074 un Trinité de Venosa: ASCHETTINUS DE souscrit en 1060 un

diplóme de Robert Guiscard en faveur de la L.R. MENAGER, Fondations monastiques, p. 90. GENZANO diplóme de Robert Guiscard en faveur de la

Trinité

(L.R.

de

Venosa

p. 87), ce pour quoi avec

Genzano

di

MENAGER,

il semble

Lucania,

Les

préférable

à 25

kms

au

fondations

monastiques,

d'identifier le toponyme S.E.

de

Venosa,

plutót

qu'avec Genzano, prov. L'Aquila. Asclitine, seigneur de la ville de Jezane, nous est d'autre part connu par Aimé du Mt Cassin qui indique qu'après la mort d’Asketill, c'est son frère Sarule qui lui succéda à la tête de Genzano (II, XLV, p. 111/112). Asketill avait un autre frére, prénommé Dreu, dont un vassal, Baudouin,

souscrit en juin 1063 un diplóme ducal en faveur de S. Maria di Banzi: (NaPoLr,

Balduinus

homo

Bibl. Nazionale,

Drogonis ms. XC.

fratris

Askatinis

1, p. 66). Sans

de

doute

Genciano faut-il voir

dans Asketill de Genzano le méme personnage que l'Asclittinus qui regut la cité voisine d'Acerenza lors du partage de 1042 effectué à Melfi entre les douze premiers barons normands d'Italie: Leo Osr. II, 66, éd. Migne, col. 672; AIME, II, XXXI, p. 96 indique à tort qu'Asclettine reçut Acerra (prov. Napoli), ce qui est un non-

sens manifeste. ASCHETTINUS

VICECOMES

souscrit un diplóme de Drogo, dux et magister Italie, comesque Normannorum totius Apulie atque Calabrie en faveur de la Trinité de Venosa: L.R. MENAGER, Fondations monastiques, p. 83, n° 1 (1053, janvier-aoüt). ASCETINUS

souscrit 268

en

VICECOMES

aoüt

1117

une

donation

d'Auberée,

dame

de

Colo-

IV braro Cava:

(prov. Matera) et de Policoro, en faveur de la Trinité de Leone MATTEI-CERASOLI, dans ASpCL., 8 (1938), 276-278.

ASCITTINUS,

BARENSIS

MILES,

souscrit à Bari, en avril 1155 une notice de plaid de Guillaume de Théville et de Robert, sénéchal, justiciers royaux:

F. NrTTI di Vrro,

Perg. di S. Nicola di Bari, Periodo normanno (Trani, 1904), n° 112. ASCLETTINUS DE SICIGNANO souscrit en 1085 une donation

de Robert, comte

du Principat, à

la Trinité de Venosa (L. R. MENAGER, Les fondations monastiques, p. 94, n° 19); en mai 1086, Asclittinus, comes de Siciniano fait donation à la Trinité de Cava de l’église S. Pietro située dans le

tènement de Polla: Arch. della Badia di Cava, arm. C. 1. (Sicignano degli Alburni et Polla, prov. Salerno, sont deux villages aux confins de la Lucania et du Cilento, sur les bords du fiume Tanagro). ASCLETTINUS QUI DICTUS EST DA LU PASTELLIONE = cf. supra, Ro-

bertus qui dicitur de Ebuli (dans la liste des personnages portant le surnom

« Normannus »).

ASCLITTINUS,

ANSCHETILLUS

DE

QUADRELLIS

(1017-1022):

cf.

CARREAUX.

ASCLITTINUS QUI COGNOMINATUS EST COMES JUVENIS (PRIMOGENITUS FILIUS ASCLITTINI DE QUADRELLIS, deuxième comte d'Aversa, en 1045): cf. CARREAUX, infra, p. 304. ASEGOTTUS souscrit, de février 1082 à septembre 1110, toutes les donations des maîtres successifs de Montescaglioso (prov. Matera) au monastère

S. Michele di Montescaglioso — quatre d'entre elles émanent d'Umfredus, comte de Montescaglioso (février 1082 - octobre 1093: Asegottus, Assegottus, Asgottus); trois sont l'oeuvre de Radulphus

Machabeus, Ysgottus,

seigneur Ansgottus)

de Montescaglioso et

la

dernière

(mai

d'Emma,

1099

- nov.

veuve

du

1099: comte

Onfroi. Elle est souscrite par Asgottus miles — S. TANSI, Appendix, nn. III, V, VI, VII, VIII, IX, X et XI.

"Aeckmnívoc souscrit en mars 6653/1145 et en aoüt donation de Lucie, dame de Cammarata l'église de Cefalû

=

S. Cusa,

nn.

6654/1146 deux actes de (prov. AG.) en faveur de

80 et 83, p. 616

et 619. - Sans

doute est-ce le méme personnage que celui dont il est question dans un acte de mai 6656/1148 par lequel Roger, gendre du défunt Askettinos, avec Anne sa femme, son fils Guillaume et 269

IV

Marie, fille d'Askettinos, vend à Léon le Calabrais une vigne que le

dit

Askettinos

avait

citadelle de Messine,

achetée

vigne

à

Téwékne,

commandant

située prés du torrent

de

la

de Cateratti:

S. Cusa, n? 86, p. 620-621.

"AokntThvos chevalier de Tarsia (prov. de Cosenza) et sa femme Altourda vendent un champ situé au lieu-dit Cisterna: 6636/1128, mars. ind. VI:

L.R.

MÉNAGER,

dans

"Ackettivos bvoképakos (—

Byz.

Zeitschr.,

50 (1957),

339-341.

Caputasini)

souscrit en juin 6610/1102 un diplôme de Tancrède en faveur de l'église de Catane:

de Syracuse

S. Cusa, n° 18, p. 551; le document

est également souscrit par ’AîA&p5oc ‘Ovoképæhos (sic pour 'Avcápboc); ce

dernier

dans dix

une

(Attardus

charte

villains

à

Caput

de

Asini)

Tancréde

l'évêché

de

de

est

mentionné

Syracuse

Syracuse

(=

comme KR.

en

aoüt

ayant

PIRRo,

1105

donné

II,

1243) et en 1124, dans un diplóme de Roger II comme donné douze villains à S. Maria di Bagnara (ibid., 1243). AICARDUS ONOCEPHALUS

1242-

ayant

souscrit en juin 1092 un autre donation de Tancréde de Syracuse à l'évêque de Catane: Giovanni-Battista (Catania, 1654), 58-59. WILLELMUS CAPUTASINI

souscrit le 25 aoüt de Montevergine: ERBERTUS

QUI

DE GRossis, Catana sacra

1137 un diplóme royal en faveur de l'abbaye C.A.

GaRUFI,

DICITUR

7] diplomi

CAPUTASINI,

purpurei..., 29-37.

FILIUS

QUONDAM

ERBERTI,

est avec Ugo qui dicitur de Silgia, l'un des deux fidéjusseurs que Roger, seigneur de S. Severino, filius quondam Turgisii, constitue en garantie de l'échange qu'il fait en novembre 1116 avec le prieur de la Trinité de Cava, puis en juin 1121 il souscrit une donation du méme personnage à la Trinité de Cava: Arch. Cava, arm. E. 33 et F. 18. - Peut-être l'Erbertus père du compagnon d'Hugues de Sigy, s’identifie-t-il avec Hereus (sic) Caput Asini qui figure parmi les fondateurs de S. Maria della Valle di Giosafat di Messina dans une charte expédiée en 1091: Angelo Lt Gorr1, dans ASS., série 3°, 8 (1956), 85. '"Aeknvtivoc Zuapxnc

souscrit en septembre 1126 une charte de Theogno, veuve de Grégoire Trasimoundos, en faveur de S. Giovanni di Caloveto (prov. Cosenza) — F. TRINCHERA, n? XCIX, p. 131. ’Ackntrivoc, 6 Eni

vend 270

en

1152 un

mete cob ’Appou

domaine

situé au

lieu-dit

Montepardi,

prés

de

IV Caggiano (prov. Salerno): F. TRINCHERA, n° CXLVIII, p. 195. "Agknttivos 6 vo) &nrorxouuévou l'ouAu£)q1ou 5e Bpooi ulèc voir à Brix, Manche (1188), infra, p. 302. ASKITINUS DE PERERE: cf. infra, sous PERIERS. ASKETTINOS

Le

chevalier

’Aockrwæerivos (ou

’Ackntîivec),

surnommé

«le

vio-

lent », seigneur du château de Faraclos, dans la région de Chiaromonte (prov. Potenza) donne son fief au monastère de Carbone (mars 1121 = l'acte est souscrit par son fils Hugues) et souscrit, en mai 1135, une charte d'Alexandre, seigneur de la terre de Chiaromonte:

G. ROBINSON,

n? XXIII, p. 237-239 et XXXIV,

p. 16-19.

ASKITTINUS, témoin, avec son frere Willelmus, à une vente de

biens sis en Calabre, prés de Cocchiato (V. di Cocchiato, affluent du Crati, à 7 kms en amont de Tarsia), en janvier 1179 = A. PnaTESI, n? 30, p. 77. "Acuodvôoc 8e xabax souscrit en mars

de Lucie, dame

de Cam-

marata (prov. Agrigento) en faveur de l'évéché de Cefalü: n? 80, p. 616. "’Aouoëvôoc ouveokéÀkoc

S. Cusa,

souscrit

une

Culchebret

6653/1145

charte

non

une donation

datée

(peu

en faveur de Sant'Angelo

avant

1075)

de

Guillaume

de Raito, dans le ténement

d'Arena (prov. Catanzaro): L. R. MENAGER, Byz. Zeitschr., 50 (1957) 322, et comme uaveokéAkos une autre donation (1075/1076) du méme au méme établissement: ibid., p. 324. ASMUNDUS

souscrit en nov. 6614/1105 une donation (prov. Catania) à Ambroise, abbé de Lipari:

d'Achinus de Vizzini L. T. WHITE, Appendix

n? VI, p. 249.

Le document est également souscrit par le celte Morvanus. ASMUNDUS SENIOR CISILIANI (= Cirigliano, prov. Matera) souscrit en 1105 une donation de Raoul Machabée, seigneur de

Montescaglioso, à S. Maria

di Pisticci:

UcHELLI, VII, col. 28-29.

ASQUIETINUS, pére de Rogerius, lequel est mentionné comme ayant possédé une terre passée par la suite dans la possession du monastère de S. Pietro di Moccone (fraz. di Spezzano della Sila, prov.

Cosenza): ASQUITINUS

1163,

sept., Luzzi:

A. PRATESI,

n° 21, p. 57.

souscrit une donation de Lucia, dame de Cammarata (prov. Agrigento) en faveur de l'évêché de Cefalù (mai 1141): L.T. WHITE, Appendix, n? XVI, p. 259. 271

IV FRAYMUNDUS mentionné en novembre 1118 parmi les protoiudices magnatum S. Severine (= S. Severina, prov. Catanzaro): A. PRATESI, p. 29. FRAYMUNDUS, PHRAMOUDIOS (cf. DUN).

FROMUNDUS

FOLLEVILLE (1178):

cf. FOLLEVILLE, infra, p. 315.

GALTERIUS OSMUNDI FILIUS Souscrit en 1159 une concession de terres faite par Robert Malconvenant, seigneur de Calatrasi (près de Corleone, prov. Palermo): C. A. GARUFI, / documenti inediti, n? XXXV, p. 84. TtAlavoc utóc Oofépvou 'Apveun souscrit

en

6687/1179

sée par Richard, n° CXCIV, p. 256. GISLEBERTUS accorde en 1081

Roccapiemonte

une

vente

fils de

de

Guillaume

FILIUS OSMUNDI à la Trinité de

(prov.

Salerno):

maison

située

à Mesa,

Nopuavôekloc:

Cava

F. TRINCHERA,

le monastère

P. GUILLAUME,

sur l'abbaye de la Trinité de Cava (Cava,

et pas-

S. Maria

Essai

di

historique

1877), 70.

GOSFRIDUS FILIUS OSMUNDI souscrit en 1105 une donation de Raoul Machabée, seigneur de S. Severo (prov. Foggia) à la Trinité de Venosa: L.R. MENAGER, Fondations monastiques, p. 101. louAtéAq10c 6 vide Dpauoublou est opposé à Richard d'Amigdalia (— Mendola, prov. Palermo) en 6607/1099,

avril,

ind.

VII,

au

sujet

des

limites

des

ténements

de

Bóo et d'Amigdalia: S. Cusa, n? 12, p. 357-358. Toukékuoc, chevalier de Stilo (Stilo, prov. Reggio Calabria) et fils de Tpwtvocg souscrit en mars 6692/1184 un acte de vente passé à S. Severina (prov. Cosenza) F. TRINCHERA, n? CCXVIII, p. 287. GUIDO, DOMINUS SERPICI et fils du défunt Trogisius, donne en juillet 1179 une piéce de terre située dans le castellum de Lapio (prov. Avellino) — G. MoNGELLI, n? 649, p. 180. GUILLIELMUS

est en question

FILIUS

dans

un

ASCLETTINI

litige où

iudicis, est également partie:

sa mère

mars, 1148:

Sibilla, filia Riccardi

G. MoNGELLI n? 288, p. 96.

Guimundus, quatriéme fils de Guidmundus de Moulins 1080): cf. MOULINS-LA-MARCHE. GUIMUNDUS DE SICCAVILLA (1123): cf. SECOUEVILLE.

GuiMUNDUS 272

MONTIS

ILARIS, REGALIS JUSTITIARIUS

(1053-

IV en mai 1151 et décembre 1156 (E. JAMISON, Calendar nn. 31, 37 et 45, p. 428, 432 et 440). Le Catalogus Baronum nous le montre exercant la connétablie d'une large zone comprenant la Basilicate, la Capitanate et une partie de la terra Beneventana: cf. ibid. 354-357. HOSMUNDUS ASTEL

souscrit en 1074 un diplôme de Robert Guiscard en faveur de la Trinité de Venosa: GUISMUNDUS

L. R. MENAGER, DE CAPRILE

Fondations

souscrit

en

1072

monastiques, une

p. 90.

donation

d'un

comte Richard à la Trinité de Venosa: G. CRupo, p. 135. Huco Farroc ou Fallucca, père de Nielis. Hugo Fallucà faisait partie du groupe de vingt-quatre normands que l'empereur Henri II laissa en renfort aux neveux de Melo, 1022:

investis par lui du comté de Comino (prov. Chieti), en juin Leo Osr., II, 41, éd. MIGNE, col. 632. Vingt-trois ans plus

tard, c'est lui (Hugo, loquel avoit souprenom Fallacia: AIMÉ, II, XXXIV, p. 99) que Guaimar V, prince de Salerno, fit incarcérer à Torremaggiore avec Raoul Trinquenuit lorsqu'il voulut imposer Raoul, fils d'Oddo à la téte du comté d'Aversa (cf. infra, la notice consacrée à CaRREAUX). Mais les deux hommes réussirent peu apres à s'évader.

Nous

savons qu'aux

environs

de 1075 Hugo

Falloc reçut de

Robert Guiscard le commandement d'une des trois forteresses édifiées par le duc pour faire le blocus de S. Severina, en Calabre, tandis que son frére Herbertus était préposé à l'une des deux autres,

conjointement

avec

Tustinus

le

Barde,

frére

de

Renaud

de Semilly: MALATERRA, III, V., p. 59. A Hugues succède son fils aîné, Mihera, qui reçoit haereditaliter les fiefs paternels comprenant Catanzaro et Rocca (— Fallucca ou Rocca de Cathantiaco, que fuit Ugonis Falluce, qui figure parmi les biens constituant la dotation de l'évéché de Squillace dans le

diplôme de fondation délivré par Roger I en sept.-décembre 1096, ind. V: RNAM. VI, Appendix n? XI, p. 164-167. Selon Giovanni ALESSIO, Saggio di toponomastica calabrese [Firenze, 1939], p. 126,

n? 1333, cette citadelle était située « presso il fiume Corace ». Le F. Fallaco,

affluent

du

Corace

En 1087, Mihera s'empara dans

en

conserve

sans

doute

le nom).

de Maida (prov. Catanzaro) et se mit

l'allégeance de Bohémond

lors des combats

qui opposérent

celui-ci à son frère Roger, duc de Pouille: MALATERRA, IV, IX, p. 90-91. A la suite du projet de réconciliation conclu entre le duc 273

IV et Bohémond au /ucus Calupnii, près de Rocca Fallucca, Mihera restitua Maida au duc. Ce geste ne suffit pourtant pas à le faire rentrer en grâce: Roger I et Raoul de Loretello, que le duc Roger avait appelés à l'aide contre Bohémond, envahirent ses terres. Mihera refusa le combat et laissa ses fiefs à son fils Adam, comptant sur le soutien de ses beaux-parents pour permettre à son fils de résister ou d'obtenir la réconciliation ducale. Quant à lui, il se retira dans un monastére de Bénévent. Les espoirs de Mihera Se révérérent vains. Adam fut contraint d'abandonner la lutte en 1088. Roger I et Robert de Loretello se partagèrent ses terres (MALATERRA, VI, XI, p. 91-92); aprés la mort de ce dernier, Rocca Fallucca, Tiriolum (= Tiriolo) et Lamatum (= S. Eufemia) passèrent dans

le dominium de son frére, Guillaume de Hauteville (Cronica Trium Tabernarum, éd. E. CasPan, p. 41). De

son

mariage

avec

dame

Rocca,

Hugues

Falloc

eut

trois

autres fils que les échecs de Mihera conduisirent sous la bannière d'Hugues de Chiaromonte. L'ainé d'entre eux, Alexandre, épousa Avenia, fille d'Hugues le Borgne, et reçut de lui la région de Cerchiara et de Senise dont nous le voyons investi dés 1095/1096 (cf.

ci-dessous,

Hugo

Monoculus,

actes

f et

h).

De

Nicolas,

son

puiné, nous ne connaissons que la souscription qu'il apporte à l'une des chartes de son frère (acte f). Quant à Nielis, il reçut en

fief de son

aîné

Castronuovo

di Sant'Andrea

et Calvera

(ibid.,

actes k, l et m).

En juin 1127, Alexandre de Senise et Robert de Grandmesnil étaient à la téte des barons calabrais qui s'opposérent par les armes

aux

tentatives

de

mainmise

de

Roger

II

sur

les

marches

septentrionales de la Calabre (ROMUALD SALERN, itp. p. 215). Il semble probable qu'Alexandre fut assez sérieusement blessé durant

ces combats puisque ce fut son fils Geoffroi qui vint solliciter la paix de Roger II (ibid., 217). Mais cette paix ne fut qu'une tréve: l'année

suivante,

Geoffroi

et

Richard

de

Chiaromonte

résistaient

victorieusement aux assauts de Roger II contre Brindisi (ibid., 218 itp.). Alexandre de Senise et son frére Niel survécurent à la

tourmente au moins jusqu'en 1108 (cf. Hugo Monoculus, acte 1n); mais Niel dut mourir au cours des années suivantes sans laisser de descendance; aprés 1128, en effet, la terre de Calvera fit retour au lignage Chiaromonte (ibid., actes v et x). HUGO,

FILIUS

ANSCHITILLI

souscrit en 1084 une donation de Payen, seigneur de Forenza (prov. Potenza) à la Trinité de Venosa: L.R. MENAGER, Fondations monastiques, p. 94.

274 |

EV Huco ACTES

MoNOCULUS,

RELATIFS

- a) 1074, mars,

di Carbone,

AUX

PÈRE

(?) D'ASKETILL

« CHIAROMONTE »:

Chiaromonte:

à la requête

de Blaise,

Ugo Clarimontis et sa femme

à ce monastère: p. 41-42.

DE CHIAROMONTE

W.

HOLTZMANN,

dans

abbé

Gimarga

Quell.

de S. Anastasio

concèdent une terre

u. Forsch.,

36 (1956), nr.

1,

- b) 1085, juillet, Céphalonie: Hugo monoculus de Claromonte figure parmi les parents, alliés et magnats que le duc Robert Guiscard appela à son chevet pour les entretenir de la succession au duché: Omp. ViTAL, VII, 7, éd. Lg PREvVOST, III, 183. - c) 1087:

lors

du

conflit

opposant

Bohémond

à

son

frère

Roger,

Hugo

Claromontis, qui Cusentinos in sua fidelitate retineat, était aux cótés de Bohémond. Lors de l'accord conclu en avril-mai entre les belligérants, Cosenza et Maida furent reconnus à Bohémond; mais par la suite, Bohémond

donna

Cosenza

au duc

pour

recevoir Bari

en échange:

MALATERRA, IV, X, p. 91. - d) 1088, novembre, 15. Hugues de Chiaromonte, pour le salut de l'áme de son fils Roger, donne à la Trinité de Cava l'église S. Maria di Cersosimo (prov. Potenza à 15 kms au S.E. de Chiaromonte). L'acte, qui nous a été transmis par un transsumpt de mai 1266, est souscrit par Ascettinus

de

Claromonte:

L.

MATTrI-CERASOLI,

dans

ASpCL.,

8

(1938),

275-216. — e) 6603/1094, septembre, ind III: Alexandre de Chiaromonte et son frère Richard offrent à S. Maria di Cersosimo le monastére S. Onofrio sur-

nommé

«oj Kavmocüpcrou

situé au bord du Sarmento dans les dépen-

dances de Noepoli (20 Kms à l'E.S.E. de Chiaromonte): F. TRINCHERA, n? LVIII, p. 75-76. —- f) 6604/1095, sept.-1096 août, ind. IV: Alexander, filius domine Rocce et gener domini Ugonis Clarimontis, avec sa femme Avenia donne à S. Anastasio di Carbone, hoc enim concedentibus fidelibus Normannis et probis hominibus Circlari (Cerchiara, 32 Kms au S.E. de Chiaromonte) manentibus un vieux monastère dédié aux Quarante Saints Slaves et situé au Nord de sa terre de Cerchiara, qu'il a trouvé abandonné lorsque, par la volonté de son seigneur et beau-père, sire Hugues, il a pris possession de son fief de Cerchiara. L'acte est souscrit par Rao mo-

nachus

de

Chursosimo,

Ugo

de

Circlaro,

Nicolaus

(Alexandri), Osmundus milex, Michael Aldibertus Francesius, Gottidredus et

de Rende, Goffredus

MANN,

une

du

loco

XIIème

cit., n° 2, p. 4445,

d'après

frater

Guillelmus Galiardus:

traduction

latine

domini

de Favale, W. HOLTz-

de

la fin

siècle.

- g) Hugo de Claromonte souscrit en février 1099 une donation à la Chartreuse de S. Maria della Torre: F. TRINCHERA, n? — h) 6608/1100, février, 13, ind. VII1: Alexandre, seigneur de au N.E. de Chiaromonte), avec sa femme Avenia et son

gues de Chiaromonte,

du duc Roger LXVIII, p. 86. Senise (7 kms beau-pére Hu-

tranche un litige entre Blaise, abbé de S. Ana-

275

IV stasio di Carbone, et Robert, prieur de S. Maria di Massanova (4 Kms au S. de Senise), obédience de la Trinité de Venosa: G. ROBINSON, n° XV,

p. 202-206. L'acte est souscrit par Ni£Xos, - hh)

villari) dépendant manno): -

i)

frère du seigneur Alexandre.

1100, décembre, 3, ind. IX: Ugo de Claromonte donne à Sasso, évéque de Cassano, la terra Miromanum (= Mormanno, 20 kms N.O. de Castro. F.

de sa terre de Layno

Russo,

Storia

della

(=

diocesi

di

Laino, 6 Kms Cassano

al

N. de Mor-

Jonio,

IV,

doc.

n* VIII, p. 19-20. 1101, avril, ind. IX:Ugo de Claromonte assiste à la donation du lieudit Orta que Guillaume, comte du Principat, fait à la Trinité de Venosa: L.R.

MENAGER,

Les

fondaiions

monasiiques,



24,

p.

98.

- j) Sept. 1100-août 1101, ind. IX: Ugo de Claromonte et Alexander nepos Riccardi dapiferi souscrivent l'acte par lequel Richard Sénéchal, neveu de Robert Guiscard, donne à l'évéché de Nicastro (prov. Catanzaro) tout

le territoire

Aumburga

situé

possédait

entre

Jusqu'à

Nicastro

et Sant'Eufemia

et que

sa soeur

G. GuERRIERI,

n? XVI,

p. 81-83.

sa mort:

- k) 6610/sept. 1101 - août 1102, ind. X: Alexandre, fils d'Hugues Falluca, et sa femme Avenia, avec l'accord de Simon, évéque (de Tursi ?) et d'Hugues, son seigneur, confirment Clément dans la charge abbatiale

de

S. Anastasio

di Carbone

à laquelle

celui-ci

vient

d'être

porté

à la

suite de la mort de Blaise. Alexandre confie à son frère Nums la garde du saint monastére mais refuse de lui accorder à ce titre toute com-

pensation

pécuniaire,

attendu

que

lorsqu'il

nuovo (di à l'E. de

S. Andrea, 10 kms au N.E. Carbone) cela n'entrainait

Jui

avait

concédé

Castro-

de Carbone) et Calvera (5 aucun droit de percevoir

kms une

Oouhela sur l’abbaye, étant donné que lorsque lui-même, Alexandre, avait reçu Castronuovo, Calvera et le monastère des mains d'Hugues de Chiaromonte — qui les tenait lui-méme de Bohémond — il avait promis d'assurer gratuitement la sécurité de S. Anastasio: G. ROBINSON, n* XVI, p. 207-212. - 1) 6611/1102, firme

sept.-1103 août, ind. XI: Nielis frater domini Alexandri conà l'abbé Clément le monastère de Carbone tel que Blaise, le pré

cédent

abbé,

firme-t-i]

l'avait

les

eu

die

suivants,

situés

monastères

nuovo et de Calvera: de

et possédé

Battifarano

noctuque. sur

le

De

méme

territoire

lui de

con-

Castro-

S. Arcangelo (édifié gráce aux dons des habitants

et de

Castronuovo

sur

une

terre

donnée

par

eux:

cf.

G. RoBINsOoN, n° VII) S. Maria di Coccaro (1 Km au N. de Carbone), S. Pancrazio Ceramida donné à S. Anastasio di Carbone par son frére Alexandre

pour

W. HOLTZMANN, - m)

1108, mars,

le

rachat

et

la

libération

de

l'àme

de

dame

Avenia:

loco cit. n? 3, p. 47-48.

ind. I: Alexander

de à S. Anastasio

di Carbone

de

Sinesio

avec

sa femme

Avenia

concè-

l'église S. Filippo de Palaciis située prés

de Senise. L'acte est souscrit par Nielis frater domini Alexandri predicti: W. HOLTZMANN, loco cit, n° 5, p. 51.52. - n) 6619/1111, mai, 13, ind. IV: Ugo de Claromonte, avec ses fréres Alexan-

dre et Richard, donne une piéce de terre située dans le ténement de Noepoli à S. Maria di Cersosimo pour le salut de l'áme de leurs grandsparents, seigneur Ubus (sic) et dame Gimarcha, de leur pére Alexandre

276

IV et de dame Avenna: F. TRINCHERA, n° LXXIV, p. 96/97, d'après une très mauvaise traduction latine du XVIIème siècle. - 0) 1112, mars, ind. V: Hugo de Claramonte, filius Alexandri et son frère

Alexandre confirment à S. Maria Nea Odigitria di Rossano le don du village de S. Apollinare (Serra et Mass. Apollinare, 5 kms au N.E. de Spezzano Albanese, prov. Cosenza) fait par Fulco de Bassengerius à lémir Christodule: Roma, Bibl. Vat, Cod. Chigi E. VI. 182, n° 10. - 00)

1116,

juin,

22:

Alexander,

frater et heres, domni

Hugonis

Alexandri

de

Claromonte

filius, pour

beate

memorie

le salut de l'àme de son

pére Alexandre et de sa mére (A)venia, offre à l'église S. Maria di Cassano le castellum quod appellatur Tribisaccium (2 Trebisacce, sur

la cóte, à 20 Kms au N.E. de Cassano-Ionio) avec toutes ses dépendances. L'acte est souscrit, entre autres, par Riccardus frater domini Hugonis: F. Russo, Storia della diocesi di Cassano al Jonio, IV (Napoli, 1969),

n* X, p. 23-24.

|

- p) 6625/1116, novembre, ind. V: Alexandre, fils d'Alexandre, seigneur de Chiaromonte, Judith sa femme et Richard son frère concédent à S, Maria di Cersosimo un fonds de terre situé dans le territoire de Noepoli

« pour le salut de leur défunt seigneur et frére ainé Hugues de Chiaromonte, fils d'Alexandre ». Ils confirment également toutes les donations de leur pére sire Alexandre et de leur grand-pére Hugues de Chiaromonte: F. TRINCHERA, n* LXXX, p. 104-106. a) 6629/1121, juillet, ind. XIV: Alexandre de Chiaromonte et son frère Richard donnent à S. Maria di Cersosimo un fonds de terre situé en

bordure du fiume Sarmento n°

LXXXVIII,

r) 1122,

juillet,

p.

115-116.

ind.

XV:

sur le territoire de Noepoli:

Albereda,

dame

de

Colobraro

F. TRINCHERA, et

de

Policoro

(prov. Matera) donne à la Trinité de Cava l'église S. Nicola de Peratico pour le salut de l’âme de ses défunts .. Roger de Pomareda, son défunt mari,

sire

Ugo

Clarimontis,

fratris domni Riccardi, loco cit., 278-279.

domnique

meorum

Alexandri

videlicet nepotum:

Clarimontis

suique

L. MATTEI-CERASOLI,

s) 1123, janvier, ind. I: Ugo de Claromonte donne à S. Maria di Cersosimo l'église S. Costantino située au bord du Sarmento, dans le ténement de Noepoli: ibid., 280. t) 6634/1125, sept. ind. IV:

venant

de

qu'est

venu

confirmer

recevoir leur

à son

Alexandre

Policoro

présenter

monastère

de Nil,

de Chiaromonte

Bohémond abbé

le pont

de

de

et son frére Richard

II, accèdent

S. Anastasio

Policoro

di

aux

prières

Carbone,

et l'église S. Maria

de

di

Scanzano (5 kms au N. de Policoro) ainsi que les chartes de Richard Sénéchal, de sa femme Albereda, leur tante (ÿelx), de Pierre Boitos et

de

Bohémond.

L'acte

est

souscrit

entre

autres

par

Hugues,

d' "’Acklvrtvoc de Chiaromonte: F. TRINCHERA, n° XCVII, p. avec quelques variantes, G. RoBINSON, n° XXIX, p. 262-268.

125-128

fils et,

u) 6638/1130, mai, ind. VIII: le roi Roger confirme à la Nea Odegitria di Rossano les donations faites par Hugues (yoùv) de Chiaromonte et par les deux 'aymioy de celui-ci, Hugues et Alexandre: F. TRINCHERA, n* CVI, p. 139.

277

IV - v) 6639/1131,

avril,

30:

Sur

l'ordre

de

sire

Alexandre

et de

sire

Richard,

les notables de Calvera jurent foi et hommage à Nil, kathigoumène de S. Anastasio di Carbone, en la personne du moine Ilarion venu pour — W)

recevoir la terre de Calvera: G. ROBINSON, n° XXX. 6639/1130, sept., - 1131, août, ind. IX: Richard de Chiaromonte confirme à Nicodéme, higouméne de S. Nicola di Peratico — monastére situé dans

les dépendances - x) 6643/1135,

mai,

de Policoro 16,

ind.

=

XIII:

F. TRINCHERA,

Alexandre,

n? CX, p. 144-145.

seigneur

de

la terre

de

Chia-

romonte, confirme et ratifie l'acte par lequel son frère Richard a vendu la terre de Calvera à Nil, kathigoumène de S. Anastasio di Carbone: G. RoBINSON, n? XXXIV, p. 16-19. - y) Dans les premiers jours d'octobre

apulienne, s'empara de Bari (FALc. BENEV., éd. MiGNE, PL.,

1139,

Roger

II écrasa

une

rébellion

et fit exécuter les principaux conjurés 173, col. 1255/1256). Riccardus de Chiaro-

monte ibi occisus est, Alexander vero, frater eius, in Romaniam recessit: ROMUALD SALERN., éd. GARUFI, 226. - z) 6649/1141, janvier, 24: Michel de Rende (prov. Cosenza) confirme à Hilarion, higouméne de S. Elia di Carbone, le diplóme d'immunité

accordé

par

Alexandre



seigneur

de

Michel



gendre

du

seigneur

Hugues de Chiaromonte au monastére des 46 saints slaves situé dans la partie nord de sa terre de Cerchiara: G. ROBINSON, n° XXXV, p. 20-23.

On

notera

que

Michel

de

Rende

et

souscrit la présente charte — figurent l'acte f ci-dessus, daté de 1095/1096.

Hugues déja

de

parmi

Cerchiara les

Cet ensemble de documents permet de dresser ainsi néalogique du lignage issu d'Hugues de Chiaromonte:

278



lequel

souscripteurs

le tableau

de



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IV

IV Huco MonocuLus, père (?) d'Asketill de Clermont-Chiaromonte. Notre

connaissance

de

Îa

famille

italo-normande

mont-Chiaromonte repose sur une trentaine certains soulèvent quelques difficultés.

de

des

Cler-

documents

dont

1°) Le document oo de juin 1116 émane d'« Alexandre de Chiaromonte, frére et héritier d'Hugues de Chiaromonte de bien-

heureuse mémoire » et Je document une

donation

son

frére

que

ses auteurs,

Richard,

déclarent

p de novembre

Alexandre

faire

de

« pour

1116 est

Chiaromonte

le salut

et

de notre

défunt seigneur et frère aîné, sire Hugues de Chiaromonte ». Pourtant Ugo de Claromonte nous est présenté dans le document s comme l'auter d'une donation faite en janvier 1123, ce qui contredit aussi bien les deux actes précités que les chartes q, t, v et x dans lesquelles Alexandre et Richard agissent comme exergant le condominium d'un territoire dont le plus ágé, Alexandre, est le seul à porter le nom, ce qui est l'expression méme du parage normand. Il faut donc supposer

ou bien que l'acte s est postdaté, ou bien qu'il est le produit d'une falsification, ou bien encore — hypothése beaucoup plus

fragile — qu'il est le fait d'Hugues

fils-Asketill.

2°) Le diplome 4 parle d'Hugues de Chiaromonte et des ses deux &vnbror Hugues et Alexandre; plusieurs de ses éléments internes permettent de qualifier à peu prés sürement ce docu-

ment s comme 50,

1957,

l'auteur d'une donation faite en janvier 1123,

346-347;

A.

PRATESI,

dans

Studi

Medievali,

11, 1970, 232) élaboré à partir d'une acte de juin dont le texte nous est malheureusement parvenu

3* serie,

6630/1122 dans une

exécrable traduction en langue vernaculaire effectuée en juin 1327 (cf. A. PRATESI, ibid., 213-215). Le passage qui nous intéresse porte: konfirmo audem et kwelle ki sonno de kwesto (sic, pour Koun) Kliremundo et li soi dui nepoti [Xoun] et Alessandro:

O.

PARLANGELI,

dans

Silloge

bizantina

S.

G. Mer-

cati (Roma, 1957), 329. Le traducteur a ici donné à évnbtée son sens tardif de « neveu », ce qui est incompatible avec la généalogie des Chiaromonte, telle qu'on peut la reconstituer à l'aide des documents dont nous disposons actuellement.

Cette donnée documentaire laisse place à deux dypothèses: évnbiés

a été ici employé

dans

son

sens

classique

A)

de « cou-

sin»: Hugues de Chiaromonte, cousin d'Hugues et Richard, serait alors l'Hugues, fils d'Asketill de Chiaromonte dont il 280

IV est question

dans

le document

l'un des fils d'Hugues de cet Hugo

t, et Asketill

Monoculus.

de Claromonte

serait

Peut-être

qui fit don

lui-même

alors

s'agirait-il

à S. Maria

di Valle

Josafat, avec l'accord du duc Roger, de son hereditas sise à S. Mauro (Marchesato

[ ?], 20 kms à l'E.S.E. de Crotone), selon

ce que nous apprend, entre autres, la bulle JL 8095 du 18 mai 1140 dont l'original authentique nous a été conservé: F.F. KEHR, Ueber die Papsturkunden für S. Maria de Valle Josaphat, p. 341/342. B) Ou bien l'emploi d'évnnés est le

produit d'un lapsus calami pour viwvés (= petit-fils). Il est singulier qu'aucun des actes que nous possédons n'émane d'Alexandre I comme seigneur de Chiaromonte. *

*

*

Cela étant, la somme de renseignements que les sources diplomatiques et littéraires nous permettent de gláner restituent tant les grandes lignes de la famille issue d'Hugo de Claromonte, surnommé « Le Borgne », que celles du parage normand dans lequel seul, aux yeux du seigneur et des tiers, l'ainé succède aux fiefs, privilège qui s'accompagne de celui de succéder seul au nom (cf. R. GENESTAL, Le parage Normand, Caen, 1911). Hugues le Borgne et sa femme

Gimarga

ont eu au moins

trois fils dont

l'un,

Roger, semble étre mort assez jeune et sans enfants (doc. d). L'acte k, de sept. 1101-aoüt 1102, est la derniére charte en notre possession qui ait été expédiée du vivant d'Hugues I. De son fils et

successeur,

Alexandre

I, aucun

document

ne

nous

a été

con-

servé sinon l'acte e, daté de septembre 6603/1094 et dont les auteurs sont Alexandre de Chiaromonte et son frére Richard. Toutefois si les données de cette charte étaient exactes, elles porteraient: a) à inscrire dans la descendance d'Hugues le Borgne un quatrième fils prénommé Richard ce qu'aucune autre pièce ne confirme;

b)

à inscrire

Alexandre

I comme

seigneur

de

Chiaro-

monte des 1094, ce que contredisent quatre documents de 11001102 dans lesquels c'est Hugues I qui est encore à la téte de l'honneur

de

sortit

Chiaromonte.

à une

époque

En

de

fait,

la

le tandem

généalogie

actes q, r, t, v et x situent entre mai

d'Alexandre

1111,

l'acte

I: Hugues

#7 nous

Chiaromonte

1116 et 1135. I] semble

y ait tout lieu de considérer l'acte En

des

Alexandre-Richard

e comme met

en

que

res-

les

donc qu'il

antidaté. présence

II, qui est l'ainé, Alexandre

des

trois

fils

II et Richard. 281

IV Dès juin 116, le premier est décédé sans enfant puisque c'est Alexandre II qui lui succède et restera à la tête de l'honneur jusqu'en 1139.

C'est vraisemblablement à la suite de la mort d'Auberée, dame de Colobraro et de Policoro, décédée sans enfants, que Bohémond II transmit en septembre 1125 aux neveux de celle-ci les fiefs dont elle était douairiére depuis la mort de son premier mari, Roger de Pomeria(1) Les Chiaromonte contrólaient ainsi la quasi totalité de la vallée du Sinni. Une glose du Cod. Vat. Gr. 1912, fo? 7

(G. Cozza-Luzzi, La cronaca siculo-saracena di Cambridge, p. 88) signale qu'en juillet 1126 la terre de Cassano-Ionio appartenait à Alexandre de Chiaromonte et il faut induire de l'acte o que les possessions des Chiaromonte englobaient un territoire qui au Sud atteignait les environs de Spezzano-Albanese et, vers le N. E. remontait jusqu'à Mormanno et Laino (acte hA). A l'Est, ce territoire bordait le Golfe de Taranto depuis Scanzano (acte t} jusqu'à Trebisacce (acte oo). A peu de choses près, les Chiaromonte étaient donc maitres des « marches» septentrionales de la Calabre et, en tout cas, ils étaient parfaitement en mesure d'isoler la Calabre de la Basilicate et de la Pouille. Lors des conflits soulevés par la succession au duché de Pouile consécutive à la mort de Robert Guiscard, Hugues le Borgne se rangea aux cótés de Bohémond contre le jeune duc

Roger. Il est donc normal dans

la mouvance

que l'honneur de Chiaromonte

de Bohémond

I (acte

Kk), puis

ait été

de Bohémond

II

(acte t). La pesanteur de cette allégeance devait fatalement incliner les Chiaromonte dans le clan opposé au camp sicilien — allié privilégié des ducs de Pouille — et, par conséquent, les pousser à s'opposer

à Roger

la campagne

menée

et vassal

d'Hugues

II. C'est

en juin I de

dans

cette

perspective

1127 par Alexandre

Chiaromonte,

que

que

se situe

de Senise, gendre

Romuald

de

Salerne

cite aux côtés de Robert de Grandmesnil parmi les « comtes » calabrais qui assiégerent le castellum Obmanum (éd. GARUFI, itp., p. 215; sur la date, cf. E. Caspar, Roger II, p. 497) dont les troupes

(1) Auberée fut ensevelie à la Trinité de Venosa, à laquelle elle avait dû faire d'importantes donations, de même qu'Hugues de Chiaromonte, puisque tous deux sont portés au Necrologium Venusiuuni: LR. MENAGER, Les

fondations

monastiques, 32 ct 35. Les origines d'Auberée, qui furent naguère

l'objet de longues toute clarté (actes

282

discussions r et t).

(ctr.

ibid.,

p.

35,

n. 52),

apparaissent

ici

en

IV siciliennes s'étaient emparées en méme temps que Tursi et Pisticci, avant de mettre le siège devant S. Arcangelo. Romuald ajoute

que le siége de S. Arcangelo poussa Geoffroi, fils d'Alexandre de Senise, à composer avec Roger II et à solliciter de lui la paix, ce qui lui fut accordé (ibid., p. 217, itp.). Ce passage interpolé est en

fait assez obscur: il est difficile de savoir à qui il fait allusion lorsqu'il rapporte que Tursi, Obmanum, Pisticci omniaque oppida ac villae circumquaque positae étaient tenus par Judith et son mari Roger. Ce propos donne à entendre trés précisément que Judith était douairière des citadelles citées, c'est-à-dire veuve du seigneur en la possession de qui elles étaient antérieurement. Il est pourtant exclu qu'il puisse s'agir de Judith, femme d'Alexandre II, celui étant encore vivant en 1139 (cf. v, x, y). Cependant, lors des

opérations menées en juin de l'année suivante par Roger II contre Brindisi, la défense acharnée te»

Alexandre

et

Richard,

cerent le jeune duc On ne sait comment maintenir à la téte années qui suivirent. la cause des barons le démantèlement de

opposée par Geoffroi, fils du « comseigneur

de

Chiaromonte

(sic),

for-

à lever le siège de la cité (ibid., itp. p. 218). Alexandre II et son frére Richard purent se de l'honneur de Chiaromonte durant les dix Ce qui est sür, c'est que leur association à apuliens en 1139 devait causer leur perte et leurs possessions. *

*

*

Reste à résoudre un probléme, qui est de celui de l'origine des « Chiaromonte ». Il est un fait que le toponyme Clarus-mons est extrémement rare en Italie, tandis qu'il est commun en France:

dix-sept

communes

y portent

encore

le nom

de

« Clermont ».

Tout comme Molise procéde de fagon avérée du cognomen toponomastique de ses fondateurs normands, il semble bien que Chiaromonte ait dü son nom à la famille franque qui a fait de cette citadelle le siége de son établissement en terre italienne. Le chroniqueur normand Malaterra nous parait fortifier cette hypothèse lorsque, à quelques lignes de distance, il parle du comte de Clermont-de-l'Oise (comiti Claromontis: IV, VIII, p. 90) et d'Hugues I de Chiaromonte (Hugonem Claromontis: IV, X, p. 91)

sans éprouver le moins du monde le besoin de spécifier le premier

cognomen

toponomastique

par rapport

au second.

L'existence d'un Niall et d'un Asketill dans la branche italienne du lignage Clermont indique une souche scandinave, ce 283

IV

qui

n'a

rien

nombreuses

d'exceptionnel familles

vikings

compte-tenu

de

en

cf. R. LORIOT,

Picardie:

l'établissement Sur

de un

toponyme scandinave de Picardie (Beauvaisis), dans Recueil Clovis Brunel, II (Paris, 1955), 185-198. HYSMUNDO

FRANCESE (sic)

cf. infra, sous Torgisi

Neelis, filius Pagani de Gorgis (1110): cf. GORGES. Nu, kalte; Katéves (= Qu'aid de Catania) souscrit en mai 6611/1103 une donation de l'évéque

monastère S. Agata di Catania: Paleogr. En

Ital., nuova

Jacques

au

L. R. MENAGER dans Bull. dell'Arch.

serie, 2-3 (1956/1957),

1150-1152, le justicier royal

Florius

partie 2, p. 168. de Camerota

déclarait

qu'il tenait dans la principauté de Salerne feudum quod Niel de Pissocta de eo tenebat, quod feudum est duorum militum: Catalogus Baronum, éd. C. Borrello, p. 48. NIELLUS En mars 1065, par un acte daté faisait don au monastère de S. Sofia

de Troia, Robert Guiscard di Benevento du castellum

novum édifié par Niellus dans la forét de Ripa Longa, à une trentaine de kms

au N.N.O. de Benevento

=

Bibl. Vat., Cod.

Vat. Lat.

4939, ff^ 177 v^-179 r^. NIELLUS

DE FERLIT

souscrit le 2 aoüt 1099 un diplóme de Roger I, comte de Calabre et de Sicile, en faveur de Bruno, fondateur de la chartreuse de S. Stefano del Bosco: RNAM., V, n° 497, p. 254. Le monastère

S. Petri de Ferlito, concédé à S. Maria di Valle Josafat par Dreu, seigneur de Montalto

(—

Uffugo, prov. Cosenza), était situé dans

la paroisse de Cosenza (C. A. GaRur1, I documenti

inediti, n° XXIX,

p. 69): il s'agit donc de Feroleto, à 12 kms au N.E. de Cosenza. NIELOS, frère d'Alexandre, seigneur de Senise (prov. Potenza):

cf. supra, Hugo Falloc. NIGELLUS

DE ABELLO

souscrit en novembre 1097 une charte de Robert, comte du Principat, en faveur de la Trinité de Venosa: L.R. MENAGER, Fondations monastiques, n? 23, p. 97. OSBERN, d'Avella

concéde

FILIUS ARDOINI, (prov. Avellino)

en. juin

dit Avella:

G. MOoNGELLI,

Cet Osbern 284

1129 quatre

EX

GENERE

FRANCORUM,

piéces de terre situées

dans

habitant

le lieu-

p. 66, n° 174.

est intitulé miles dans un acte de son fils Girar-

IV dus, daté d'Avella, juillet 1188: ibid., p. 135, n° 455 (Girardus miles filius quondam Osberni militis). OSBERNOS En mai 6650/1142, Richard de Kapés et sa femme Olympie donnent au monastére de S. Maria di Lipari une vigne située au

lieu-dit Kodema, qu'ils avaient achetée à Osbern:

S. Cusa, n° 66,

p. 523.

OSBERNOS

possède des terres prés de Maida,

prov. Cosenza:

F. TRINCHERA,

n? CCXXV, p. 298 (mai 6696/1188). OSBERNOS D'AVERSA (= Aversa, prov. Caserta) souscrit à Palerme un acte de vente de 6700/1191, n° 163, p. 86.

déc.:

S. Cusa,

Osbernus advocator Gregorii abbatis monasterii s. Marie de Pesclo: Candela (prov. Foggia) janv. 1066: F. CARABELLESE, p. 476. OSBERNUS souscrit à Conversano, en juillet 1159, une charte d'Eustasius, abbé de S. Benedetto di Conversano: D. Monza, n° 103, p. 201. Osbernus de S. Laudo (1101): cf. SAINT-LO. Osbernus miles (octobre 1093): cf. infra, Tristaynus miles. OSBERNUS NOTARIUS instrumente à Brindisi de 1131 à 1135: A. DE Leo, Cod. dipl. Brindisino, I (Trani, 1940), nn. 13 et 15, p. 25 et 28. OSBERTUS DE BALSAMA souscrit en 1182 l'acte par lequel Jean de Melfi, reçu dans la com-

munauté de la Sainte Croix de Buccheri (prov. de Siracusa), fait donation de plusieurs biens à ce couvent: n? XXXIII,

Appendix,

p. 275.

OSBERTUS

DE

SOREVERA,

BISCONTUS

Le nom a certainement été déformé:

une

L. T. WHITE,

traduction

latine —

il nous est transmis par

effectuée en juin

1270 —

de l'original

grec, contenant une donation faite par Geoffroi Burrel à Ambroise,

abbé

de S. Bartolomeo

di Lipari en 6609/1101

Osbern: L.T. WHITE, Appendix n° IV, p. 247. OSBERTUS FILIUS GODARDI souscrit en avril 1134 une donation qu'Adelicia,

et souscrite par

dame

d'Aderno

(= Adrano, prov. Catania) fait à l'évéché de Catane, avec ses fils Adam et Metilde pour le salut de l'àme de son mari Raynaldus Avenel:

R. PrnRo, 1, 528.

285

IV OSMOUNDOS souscrit en décembre 6622/1113 un acte de Charbertos, fils d'Argyros, juge de Noepoli (prov. Potenza) en faveur de S. Maria di Cersosimo: F. TRINCHERA, n? LXXV, p. 98. OSMUNDUS

souscrit

avec

CARBONELLUS

son

fils

Rogerius

faveur de la Trinité de Mileto:

deux

diplômes

de

Roger

I en

l'un du 5 février 1091 et l'autre sans

date: L. R. MENAGER, L'abbaye bénédictine ..., p. 27 et 43. Un Sarlo Carbonellus souscrit en 1105 une donation de Raoul Machabée, seigneur de Montescaglioso: L. R. MENAGER, Les fondations monastiques, n? 29, p. 101. Sans doute, l'un et l'autre étaient-ils fréres de Toraldus Carbonellus relevé ci-dessous en 1096 et 1098. OSMUNDUS

COGNOMENTO

DRENGOTUS

(1012-1022):

Cf. CARREAUX OSMUNDUS DE GRUTTA souscrit en mars 1074 un diplóme passé à Chiaromonte par Hugues de Clermont et sa femme Giamarga, en faveur de S. Anastasio di Carbone: G. RoBiNSON, n° IX, p. 178, et mieux par W. HOLTZMANN dans Quell. u. Forsch., 36 (1956), 40-42. OSMUNDUS DE MESSANELLO (— Missanello,

prov.

Potenza)

cf. infra, notice Malconvenant, acte de 1077 en faveur de la Trinité de Venosa souscrit par Asmundr de Missanello. OSMUNDUS, seigneur de Ripalta (fraz. Lesina, prov. Foggia) et de Venamaggiore

frères, Guidelmus

(presso

Chieuti,

et Ramfrit,

1060 à S. Maria di Tremiti

prov.

SEVERIANE

avec

ses deux

fils de Gozzolinus, donne en février

l'église S. Andrea

TRUCCI, Cod. dipl. Tremiti, YI (Roma,

OsMUNDUS

Foggia),

de Silpoli:

A. PE-

1960), n? 69, p. 212.

(CIVITATIS)

(—

Montescaglioso,

prov.

Matera)

témoin en juillet et aoüt 1119 d'une charte de la comtesse Emma, dame de S. Severo — Tansi, Appendix, nn. XIII/XIV, p. 149-156. OSMUNDUS MILEX souscrit en 1095/1096,

ind.

IV avec

Aldibertus

Francesius

un

acte

par lequel Alexandre, fils de dame Rocca et gendre de son seigneur Ugo Clarimontis, donne à Blaise, abbé de S. Anastasio di Carbone, un vieux monastére délabré dédié aux SS. Quaranta et qui se trouve

sur sa terre de Cerchiara (prov.

Cosenza).

Cette concession

a été faite avec l'accord d'Hugues de Chiaromonte et des fideles Normanni et probi homines Circlari manentes (W. HOLTZMANN dans Quell.

286

u. Forsch.,

36 [1956], 44-45);

son

gendre,

Nicolas

(Ni-

IV colaus gener domini Asmundi) souscrit en 1103 un acte de Nielis,

frére d'Alexandre, seigneur de Senise:

ibid., 47-48.

OuBos, fils de TRoUsTAINOS, souscrit en nov. 6625/1116 une donation d'Alexandre, fils d'Alexandre, seigneur de Chiaromonte (prov. Potenza) à la Trinité de Cava et à S. Maria di Cersosimo: F. TRINCHERA, n? LXXX, p. 106. Paganus miles, filius Osmundi, figure parmi les notables de

Patti (prov. Messina) qui ont été consultés pour l'établissement du bornage de la terre de Fuchero, en décembre 1142 = C.A. GARUFI,

dans

ASS., n. s., 49 (1928), 91.

RAINALDUS, FILIUS QUONDAM ASGOCTI VICECOMITIS QUI FUIT EX GENERE FRANCORUM, offre au monastère S. Biagio di Aversa, en février 1070 une pièce de terre qu'il tient de son seigneur Ubbertus Francus, lequel consent à la donation: RNAM., V, n? 410, p. 41-42. Rao, fils du seigneur ASKETTINOS, souscrit

en

février

6680/1172,

à

Cerchiara

(prov.

Cosenza)

une

charte de donation de Jean de Pascal: F. TRINCHERA, n° CLXXIX, p. 235, et en février 6683/1175, dans la méme cité, une donation de Geoffroi, fils d'Hugues de Cerchiara: RAOUL (sic) FILIUS ASKETTINI

ibid., n^ CLXXXV,

p. 244.

témoin d'une charte de Raoul Macchabeus, seigneur de Montescaglioso (prov. Matera), en mai 1099: TaNs1i, Appendix, n° VIII, p. 140-141. RICARDUS FILIUS TRUSTAYNI est présent en novembre 1081 à Lucera = cf. infra, OurLLY (Hugues d'). En mai 1092, Riccardus f. Trostaini souscrit une donation ducale à l'évéché de Troia (F. CARABELLESE, L'Apulia, p. 511) et en avril 1093 une autre donation ducale en faveur de l'archevéché

de Cosenza:

F. UcurLL:

IX,

191;

le 23 septembre

1091, Ric-

cardus Tristanii filius souscrit une donation d'Henri, comte de Montesantangelo à S. Sofia di Benevento: A. PETRUCCI dans Bull. dell'Ist. Ital. per il Medio Evo, n. 72 (1961), 177. - Le 25 septembre 1101, Pascal II confirmait, entre autres, au monastére S. Maria

di Banzi: in castello Tulbe (Turbe dans une autre bulle du méme pape délivrée le 2 mars 1105) ecclesiam S. Angeli et villanos quos Riccardus filius Trostaini Mutulensis ecclesie vestre obtulit: P.F. KEHR

dans

s'entend

Gótt.

Nachrichten,

de Mottola,

RICCARDUS

1900,

nr. 2, p. 221-224.

Mutulensis

prov. Taranto.

TURGISI

figure aux cótés de Robert, comte de Teramo

et Oderisius de Pal287

IV laria, justiciers royaux, dans le tribunal qui tranche en avril 1148

le litige opposant l'abbaye de Montecassino à l'évêché de Teramo:

E. M. JAMISON, dans Papers Brit. School at Rome, 6 (1913), doc. n? 5, p. 459; en avril 1155, il est l'objet d'une plainte de la part de Nicolas, abbé d'Ognisanti de Cuti: Nirr1 di Viro, Per. di S. Nicola di Bari. Periodo normanno, n° 112. ROBBERTUS, FILIUS TROSTAINI, et Jean, évéque de Trivento, font donation à S. Benedetto

di Mon-

tecassino de l'église S. Illuminata

au NE.

di Limosano

(12 kms

de Molise), en juin 1109: E. GATTOLA, Historia, 421. ROBERTUS, FILIUS QUONDAM ASCLITINI, HABITATOR DE CASTRO MAGDELONO (Maddaloni, prov. Caserta) fait en nov. 1132 une donation à S. Lorenzo di Aversa: C. MINIERIRiccio, Appendice, n? VIII, p. 231-232. ROBERTO INCLITE COMITE ET FILIUS HISKHITINI fait en aoüt 1065 diverses donations au monastére S. Maria di Tremiti; il s'agit de Robert, comte de Vieste (prov. Foggia): À. PETRUCCI, Cod. dipl. del monastero benedettino di Tremiti, II (Roma, 1960),

n° 77,

p.

231-233

et 78

(Robertus

inclitus

comes

et filius

Scitini), p. 233-235. “Poféproc, uióc Tpuotaivou

Beckéunroc,

souscrit en 6662/1154 une donation de Ranos de Rogka, seigneur de Sicula (près de Francavilla, prov. Potenza) — il s'agit du prieuré de S. Nicola di Venosa — à Sant'Elia di Carbone: G. RoBINSON, n? XLII, p. 56-59. Peut-étre s'agit-il du méme personnage que le Robbertus Trastaini qui, en février 1111, fait donation au

Mt. Cassin d'une église S. Illuminata:

Reg. Petri Diaconi, n? 571,

ff. 238 v°-239 r^. ROGERIUS, FILIUS QUONDAM JToRcGIsIl, seigneur de Grottacastagnara (auj. Grottolella, prov. Avellino), confirme à Iulianus Sellittus en mars 1173 la concession d'un casale situé au lieu-dit Grottezola: G. MoNGELLI, p. 160, n° 556. STIGANDUS est compté per Leo OsrENsis II, 37, seconde version (éd. MIGNE, col. 627, n. 2707) au nombre des praecipui (homines) parmi les normanni

viri...

armis

experientissimi

qui

vinrent

proposer

leurs

services au prince de Capoue en 1017. Cinq ans plus tard, en juin 1022, il faisait partie du groupe de vingt-quatre normands que l'empereur Henri II laissa en renfort aux neveux de Mélo: ibid., col. 632.

288

IV STROSTRAYNUS,

fils de

GuipMuNDus

de

Moulins

(1092):

cf. MOULINS-LA-MARCHE. TARALDUS

est mentionné comme

dans

le diplóme

donateur de la terre de S. Maria di Nicastro

de fondation

de S. Maria

L. R. MENAGER: Fond. mon., 5. TARALDUS CARBONELLUS, souscrit à Squillace le 29 juillet 1098,

di Sant'Eufemia,

en

1062:

un

diplôme

de

Roger

I

tranchant un litige entre les anciens de Squillace et les chartreux de S. Stefano del Bosco:

RNaM., V, n? 494, p. 246. C'est sans doute

le méme personnage que celui qui est désigné sous le nom de Toraldus dans un autre diplóme de Roger I expédié à Melfi, en 1096, en faveur des mêmes chartreux: ibid., VI, Appendix, n° LIII, p. 238-239. Pour son frère Asmundr, cf. supra, Osmundus Carbonellus. TORALDUS

STRATIGOTUS

figure parmi

les témoins du diplóme expédié en 1094, ind. II, par

Roger

faveur

I en

Capit. Patti, Vol.

de

l'évéché

I Fond.,

de

n? ant.

Patti

(prov.

13, mod.

Messina):

Arch.

54.

TORGISI souscrit en 1096 avec Hysmundo Francese une donation d'un certain Malgeri à S. Maria di Tremiti: A. PETRUCCI, Parte III, n° 88, p. 260. TORMUNDO DE RUSIANO souscrit en avril 1093 un diplóme du duc Roger en faveur de l'église de Costanza: F. UGHELLI, IX, 191. TORSTENUS, compagnon de Guiscard dans ses premiéres campagnes en Calabre en méme temps qu'Arenga, reçoit de lui quelques forteresses dans

cette région:

GUILLAUME

de POUILLE,

II, 361.

TOSTANNUS, TROSTENUS, TURSTAN (1096) petit-fils de Guimund de Molise: cf. MOULINS-LA-MARCHE. Touctavos, KaBaïkdpioc Zrükou (Stilo, prov. Reggio-Calabria)

figure parmi les &pxovte; du pays qui aident Philippe, protospathaire et stratège de Gerace, à définir les limites des terres d'Etienne

Maleinos

p. 152-153.

en

octobre

6642/1133:

F.

TRINCHERA,



CXIV,

Tristainos

souscrit en 1075/1076 une donation de Guillaume Culchebret au monastère S. Michele Angelo de Raito, dans le ténement d'Arena

289

IV (prov.

Catanzaro):

L.R.

MENAGER

dans

Byz.

Zeitschr.,

50

(1957),

324.

TRISTAINUS AIROLA souscrit en 1078 une donation de Geoffroi, comte de Conversano, à la Trinité de Venosa: G. CRupo, 146. Sans doute Airola se ré-

fère-t-il ici à la localité du méme

nom, dans la province de Bene-

vento.

est

Tristainus

décembre

miles

de

Airola

mentionné

comme

mort

en

1086 dans une charte de donation à la Trinité de Cava:

Arch. della Badia

di Cava, arm.

C. 10.

TRISTAINUS DE DELICETO fait en 1073 une donation à la Trinité

Deliceto, prov. de Foggia.

Sur ce toponyme,

ASpCL., 1 (1931), 457-460. TRISTAINUS,

FILIUS

HUBBERTI

NERE NORMANNORUM, recoit de Malfridus une vient de lui consentir:

de Venosa:

DOMINI

G. CRUDO,

cf. E. JAMISON,

CASTELLI

SERRE,

piéce de terre en garantie G. MoNGELLI,

135.

dans EX

du prét

GE-

qu'il

p. 91, n? 264.

TRISTANUS

souscrit en décembre 1100, ind. IX, l'acte par lequel Hugues de Chiaromonte donne à l'évéché de Cassano (allo Ionio, prov. Cosenza)

sa terre

de Mormanno

della diocesi di Cassano

(méme

province):

al Jonio, IV (Napoli,

F. Russo,

Storia

1969), doc. n? VIII,

p. 20. TRISTANUS,

COGNATUS

DROGONIS,

COMITIS

ET

DUCIS

APULIE:

à identifier sans doute avec le Tristan qui reçut Montepeloso, en Basilicate, lors du partage opéré à Melfi en septembre 1042 entre les premiers chefs normands: AMATO di MONTECASSINO, Storia de’ Normanni, II, XXXI (Tristainus, dans Leo Marsicanus, col. 672, II, 66); il soucrit en 1052/1053 deux diplómes de Dreu, comte de Pouille, en faveur de la Trinité de Venosa: L.R. MENAGER, Fondations

monastiques,

TRISTAYNUS

p.

83-84.

MILES

souscrit, avec Osbernus miles, en octobre 1093, un diplóme ducal en faveur de S. Maria de Ripalonga, prés de Troia: BENEVENTO, Arch. Prov., perg. ristaurate, n? 82. TRISTENUS FILIUS ASGOT

souscrit en septembre 1126 une donation de Richard, chevalier de Naples, à S. Pietro in Insula Magna di Taranto: dans Rinascenza Salentina, 7 (1939), 8-9.

290

G. ANTONUCCI,

IV Tproriévo raiôæ Aaupevtliou souscrit en 6632/1124 une donation de à la chartreuse de S. Maria della Torre:

Guillaume Carbouneris F. TRINCHERA, n° XCV,

p. 124.

TROSTAINUS

DE DUMo, DE DUNO,

avait donné à S. Maria di Valle Giosafat des terres situées à S. Mauro (Marchesato, prov. Cosenza), donation confirmée par In-

nocent II dans sa bulle authentique du 18 mai 1140 (JL. 8095) et auparavant par Pascal II dans sa bulle du 3 janvier 1113 (JL. 6337). TROSTAINUS DE MILETO

tenait à Troia (prov. Foggia) de Robert Guiscard un ensemble de biens et de villains dont le duc fait pour la plus grande partie donation

à S. Lorenzo

di Aversa

en Janvier

1082 (RNAM.,

tom.

V,

n° CCCCXXXVI, p. 100-110). Tpouoralvos uióg Touktékuou ’EvrouuBp En septembre 6651/1142, Adilasia, veuve du comte

Robert de

Basabullia,

de

fait

donation

au

monastère

des

Ermites

Driana

d'une vigne située dans le ressort de Driena et que son mari de sainte mémoire Giotzoulin de Dinant avait achetée à Tristan, fils de Guillaume

Enkoumbré:

Trustaynus

F. TRINCHERA,

filius Cunsi

CXXXIII,

souscrit

à Troia,

p.

en

176.

novembre

1129,

un acte de vente passé par Bella filia quondam Laidolfi de Falcone Suberino: Troïa, Arch. Capit., Sacco 0.8 (= H. 2). TURGISIUS

souscrit en juillet 1121

la donation

fait à la ss.ma

di Cava

S. Giacomo

Trinità

di Lucera (prov.

4 (1913), 162. TURGISIUS

DE

CAMPORA

rarius Terre Laboris (= 1168 et mars

cf. E. JAMISON, (Turgisius

invoque

terre

que Johel, connétable

d'un

Foggia) (Campora,

territoire voisin

M. MARTINI, prov.

principauté

de

ducal,

de l'église

dans

Salerno),

Apulia, came-

de Capoue) en octobre

1170:

The

norman

(Troie)

le témoignage

administration,

camerarius)

dont

p. 397. Richard

lorsque, accusé en février

- C'est lui de

Mandra

1168, de s'étre

emparé de plusieurs cháteaux de la région de Troia, il répond que ceux-ci lui ont été concédés par Turgisius, ce que celui-ci nie: H. FALCAND, LIII, p. 140. TURGISIUS DE ROTA

Turgisius, curieusement surnommé de Rota (Rota, lieu-dit naguère situé entre Montoro et Mercato S. Severino), nous est

connu par la sentence

d'excommunication

prononcée

contre lui, 291

IV en septembre 1067, par Alexandre II, à la requête d'Alfan, archevéque de Salerne, parce qu'il refusait de restituer les terres possédées par l'archevéché à Rota et dont il s'était indüment emparé

(cf.

P.F.

KEHR,

Jtalia

Pontificia,

VIII

[Berlin,

1935],

339,

n. 1 et 351, n. 24). La sentence fut levée le mois suivant, après qu'il fût venu à résipiscence (ibid., 339, n. 2 et 351, n. 25). Turgisius eut au moins quatre fils qui nous sont connus par

les donations assez considérables qu'ils firent à la Trinité de Cava: 1) Rogerius senior castelli S. Severini (= Mercato S. Severino, prov. Salerno): selon les indications que nous fournissent les

sources

diplomatiques

(1), Rucgerius filius quondam

Turgisii

semble avoir été investi de possessions assez vastes qui comprenaient, d'une part S. Severino, Roccapiemonte, Forino et

Montoro,

c'est-à-dire une bonne partie de ce qu'Aimé

du Mt.

Cassin appelait «le Val de S. Severino », et d'autre part une notable portion du Cilento. A la mort de Guaimar V, prince lombard de Salerne (3 juin 1053), cette vallée de S. Severino

(1) En

novembre

1081, mars

1082 et mai

1083, Rucgerius

filius quondam

Turgisii offre à la Trinité de Cava plusieurs piéces de terre situées à Roccapiemonte et l'église S. Maria qui est construite sur l'une d'elles; l'acte de mars 1082 spécifie que la donation est faite pour le salut de l'àme de son frére Robert: Archiv. della Badia di Cava, Arca B. 18, B. 22 et B. 23. - A

Montoro en janvier 1110, en présence et avec l'accord de Rogerius de S. Severino, filius quondam domini Turgisi de Rota, Robbertus, son fils et vassal

reçoit le serment de fidélité ct l'hommage-lige de Gutllelmus Carbonus, seigneur de Monteforte Irpino (sur celui-ci, cf. supra la notice relative à Rao) et linvestit des ñefs que Richard, père de Guillaume, tenait de Roger de S. Severino, à savoir le Castrum de Forino ainsi que diveises terres situées

dans

le castellum

de Montoro

et dans

les dépendances

de Mercato

verino: RNAM., V, n* DXXXI, p. 325-328. Robert dut mourir dans suivante car en juin 1121, lorsque Roger de S. Severino, pour

San

Se-

la décennie le salut de

l'âe de sa défunte femme domna Sicha, fille de Landolf — l'un des deux fils de Guaimar V, prince de Salerne — offre à la Trinité de Cava six pièces

de terre situées aux confins de Montoro, l'église S. Lucia di Montoro et toutes les terres ayant naguére appartenu au susdit Landolf dans le Cilento au lieu-dit Uliarola, l'acte est souscrit par Enricus, filius et heres domini Roggerii: Arch. Cava, Arca F. 18. - Septembre 1112 et novembre 1116 ne sont guère marqués que par la donation au monastère de S. Mango, dans le Ci-

lento, d'un villain et la contirmation du monastère S. Georgio situé dans le Cilento (Archiv. Cava, Arc. E. 23 et E. 33), mais il faut noter spécialement l'acte par lequel, en mars 1114, en présence de Robert, prince de Capoue, de Jordan, son frére et connétable, de Robert seigneur d'Eboli, de Richard comte

de

Sarno

verino, patruus

firme et garantit

et

de

iamdicti

Rogerius

Rogerii

à la Trinité

de

filius

Turgisii,

Roger

dicitur

Turgisii

Cava

du

la possession

Cilento, casale que le susdit Turgisius, germanus fois offert à la Trinité de Cava.

292

qui

ac filius quondam

de

normanni

casale

de

S.

Se-

con-

S. Mauro

ipsius Rogerii avait autre-

IV

appartenait conjointement à Gui, son fils, et à un certain Guimund qu'on lative dition

(AIME, VIII, XII, p. 332) dans lequel il n'y a aucun doute doive voir Guimund de Moulins (cf. infra la notice reà Moulins-la-Marche). Mais en mai 1077, lors de la redde la citadelle de Salerne, dernière ville qui restait aux

mains

du

Robert

prince

Guiscard,

lombard

le duc

de

Salerne,

normand

Gisolf

obtint

en

II, beau-frére

outre

de

la cession

des domaines des deux frères du prince, Landolf et Guaimar; du premier relevaient le Val de S. Severino — qui avait donc dû échapper entre castro; du second que ces terres ont soit immédiatement diatement, du fait

temps à Guimund de Moulins — et Polirelevait le Cilento. On doit donc supposer été rétrocédédées à Roger, fils de Torgisl, par concession ducale, soit en partie médu mariage de Roger avec Sicha, fille de

Landolf (cf. ci-dessous l'acte de juin 1121 émané

de Rogerius

de S. Severino). A une date qui doit se situer entre juin 1121, époque à laquelle Roger fait encore d'importantes donations à la Trinité de Cava en tant que seigneur de S. Severino, et mars 1123, date à laquelle Henricus, filius quondam Rogerii de S. Severino, qui postmodum in eodem monasterio monachus extitit, confirmait au monastère de Cava ses droits sur Roccapiemonte, Montoro et Rota (Arch. Cava, Arca F. 26),

Roger

de

S.

Severino

douloureusement

frappé

par

la

mort

d'un de ses fils, prit l'habit monastique à la Trinité de Cava (= Vitae quatuor priorum abbatum cavensium, éd. L. MATTEICERASOLI, p. 21) et mourut peu aprés. Il eut son fils Henri pour successeur

jusqu'au

moins

en

mai

1140

(Antonio

BALDUCCI,

L'archivio diocesano di Salerno, I, [ Salerno, 1959], p. 138, n° 38).

2) Silbanus, filius quondam charte de novembre 1081 gerius, germanus

et senior

Turgisii nous est connu par une dans laquelle, en présence de Rucmeus,

il offre à la Trinité

de Cava

plusieurs piéces de terre situées à Roccapiemonte: Archivio della Badia di Cava, Arca B. 19. 3) Robertus, mentionné comme mort dans l'acte de son frère Roger (supra, p. 292, n. 1) daté de mars 1082.

4) En décembre

1099, le duc Roger confirme à son fidéle Manso,

fils d'un défunt habitant d'Atrani (prov. Salerno), tout ce que Tragisius filius quondam Tragisii Normanni vient de donner, ce méme mois à Pierre, fils de Manso: Arch. Cava, Arca D. 36. En octobre 1113, à S. Mauro Cilento, Erbertus miles filius 293

IV quondam Anfredi, pro parte domini Troysi, filii quondam Troysi en compagnie de Petrus qui dicitur de Grifa et d'Ermannus filius quondam Calocuri, vicecomes eiusdem Troysi, assigne à la Trinité de Cava

tous les hommes,

hereditates et ter-

res qui appartenaient à Troysius dans le casale de S. Mauro, à Montecorice et dans d'autres localités du Cilento: ibid., Arca E.27.

Enfin en novembre

1113, Truisius filius quondam

Truisii

normanni qui dictus est de S. Severino, déclare avoir fait don le mois précédent à la Trinité de Cava d'une terre sise dans le Cilento; il lui confirme d'autre part la donation qu'il a faite de l'église S. Pantaleone, sise aux confins du castellum de

Grotta:

ibid.,

(cf. n.

1) nous

E. 28. L'acte indique

que

ci-dessus

indiqué

de

Turgisius

eut

fils prénommé

un

mars

1114

Roger. TURGISIUS

FERRARIUS

vend en juillet 1169 au juge Guarmundus une piéce de terre située dans les dépendances de Montefusco (prov. Avellino): G. MonGELLI, n? 499, p. 146.

Turoldos, fils de Robert DE TERROUN, avec ses frères Robert et Roger, donne en octobre 6663/1154 aux chartreux de S. Stefano del Bosco une vigne et des terres situées à Cucculo (cf. M. Cucco, à 8 kms au N. de Serra S. Bruno, prov. Catanzaro, et Cucolia, à 10 kms au S.E. du méme lieu) et dans les environs du monastère: F. TRINCHERA, nn. CL-CLI, p. 198-200. TUROLDUS souscrit en 1092/1093, une charte de Robert Borrellus en faveur de la Trinité de Mileto: L. R. MENAGER, L'abbaye bénédictine de

la Trinité de Mileto, doc. n? 10, p. 34. TuROLbUS

MusCA

mentionné dans un document de 1073 comme

unus ex magnatibus

Aversanae urbis (= Aversa, prov. Caserta) milicie: A. GALLO, Aversa normanna (Napoli, 1938) 152. I] eut pour fils Rainaldus Musca, l'un des chefs normands à la bataille de Civitate (juin 1053: GUILLAUME DE POUILLE, II, 133, éd. M. MATHIEU, p. 138) qui sou-

scrit ou est mentionné dans plusieurs diplómes des princes de Capoue, en septembre 1080 (M. INGUANEZ, n? II, p. 6-8), mars 1091, avril

1094 (confirmation

qualiter Rainaldus et décembre 1108: 294

par

Richard

II du

casale

Nolitum,

cognomine Muscae in suo dominio tenebat) A. GaLLo, Cod. dipl. norm. di Aversa, nn. V

IV et IX;

M.

INGUANEZ,

Richardus Musca,

n° XI. - En

novembre

1114,

nepos et heres Rainaldi Musce

sce qui lui a succédé:

RNAM.,

V, n? DLVII,

c'est

son

neveu

filii Turoldi Mu-

p. 389. D'avril

1129

à

mai 1163, divers actes nous signalent son fils, Rainaldus, comme seigneur d'Avella (prov. Avellino) et d'Arienzo (prov. Caserta); dans le dernier, il s'intitule curieusement Rainaldus Musca, de genere francorum, filius quondam Riccardi: G. MoNGELLI, n? 173,

p. 65 et n? 424, p. 128; J. MAZZOLENI, Le pergamene di Capua, I (Napoli, 1957), n^ XXVI, p. 65. Rainaldus Musca avait une soeur nommée Cottoarda, qui en novembre 1160 fait donation d'une partie de sa dot à S. Maria di Montevergine:

G. MOoNGELLI, n° 372, p. 116.

Turstinus cognomento Scitellus est cité par Orderic Vital (éd. LE PREVOST, tom. II, p. 54) en tête des normands qui furent les premiers à prendre le chemin de l'Italie méridionale. De méme procède-t-il dans ses interprétations à Guillaume de Jumièges: Primus Apuliensibus iNormannis, dum adhuc ut advenae Waimalchii ducis Salernae, stipendiarii erant, prefuit Turstinus co-

gnomento Scitellus (éd.

J. Manx, p. 188). Benoit de Sainte Maure,

éd. F. MicugL, III, 152, v. 36178, le nomme Torstein Sciteaus. Quant à Aimé du Mt. Cassin (qui l'appelle Trostayne: I, XXXI, p.

42), il en fait le chef des vingt-quatre normands Henri

II donna en aide, en juin

il venait de concéder Comino

que l'empereur

1122, aux neveux de Melo

(prov. Chieti). LEO OSTIENSIS

à qui (II, 41,

éd. J. P. MIGNE, col. 632) le cite (Torstainum Balbum) sur le méme pied que les vingt-trois autres chevaliers parmi lesquels il nomme

Giselbertus, Gosmannus, Stigandus, Gualterius de Canosa et Ugo Fallucca. Sur Torsten le Bègue, cf. M. MATHIEU, La Geste de Robert Guiscard (Palermo,

les exploits doivent

1961), 53, n. 6, qui le tient pour un héros dont

étre en grande

partie tenus pour légendaires

et qui, p. 288, n. 361, l'identifie avec le Trustanus

des diplômes

ducaux en faveur de la Trinité de Venosa. Tustainus quondam magister souscrit à Pescara,

en avril

1148, un

record

de plaid relatif à un

litige entre l'abbaye du Mont Cassin et l'évéque de Teramo: E. M. JAMISON, dans Papers of the Brit. School at Rome, 6 (1913), doc. n? 6, p. 461. TusriNUS

Barpus

(1073-1076):

cf.

SEMILLY.

UGO MILES, FILIUS ASCITTINI MILITIS, ABITANS CASTELLI (=

Luzzi, prov. Cosenza) vend

deux

pièces

LUCII

de terre au monastère

295

IV S. Maria Requisita, prés de S. Marco

Argentano:

A. PRATESI, Carte

latine di abbazie calabresi..., (Città del Vaticano, 1958), n? 19, p. 5152 (juin

1155).

Uvo ASCLITTINI FILIUS souscrit en septembre 1091

santangelo

(prov.

À. PETRUCCI

d'Henri,

comte

de

1148, mars:

Mercogliano

177.

ASCLETTINI

litige opposant

et Willelmus

Monte-

de S. Sofia di Benevento:

dans Bull. dell'Ist. Stor. Ital., n. 72 (1961), FILIUS

un

charte

Foggia), en faveur

WILLELMUS,

relate

part

une

(prov.

Avellino).

Robertus,

filius Asclettini

Un

record

filius laquinti

ainsi

que

de plaid

Cardilli

Sibilia,

d'une

femme

du

susdit Asclettinus au sujet de deux châtaigneraies situées aux lieuxdits Ursiniano et Pretorio:

G. MoNGELLI,

p. 96, n° 288.

IV - IDENTIFICATION DE NORMANDS D'APRÈS LEUR « COGNOMEN TOPONOMASTICUM » 1°) IDENTIFICATIONS SURES ALENGON, Orne, ch.-l. dép. Guilielmus

Alenzonis,

souscrit

en

oct.

1147

une

donation

de

Geoffroi, comte de Tricarico, à Erbertus, évêque de Tricarico: W.

HOLTZMANN,

dans

Quell.

u. Forsch., 41 (1961),

10-11.

ANET, Eure-et-Loir, ar. Dreux, ch..l. c. Simon de Aneto était parti en 1106 pour la Terre Sainte (Oro. Vir., éd.

LE

PREVOST,

tom.

IV,

p. 213).

on le retrouve en Pouille parmi Bohémond d'Antioche pour son

de Constantinople (Zbid., 239):

A

l'automne

de

1107

les contingents réunis par expédition contre l'empire

cf. infra sous PUISET.

ANISY, Calvados, ar. Caen, c. Creully (Anisei [abl] dans une donation de Richard II au monastère de Fécamp [1025]: M. Fauroux, n° 34, p. 130; Gonduinus de Anesi [1069]: L. MussET, dans BsaN., 52 [1952-54],

22). Sarlo ou Serlo de Anesio

de Syracuse:

souscrit

deux

chartes

de Tancréde

l'une de sept. 1102 / aoüt 1103, ind. XI en faveur

de l'évêché de Syracuse (R. PriRRo, I, 619-620) et l'autre en faveur de S. Maria di Bagnara en 1103 (= 1105), août, ind. XIII: Arch. di S. Giovanni Laterano, Q.7.C.8.; Serlo de Anexis 296

IV souscrit

en

un

de Guillaume,

acte

1111

Opolo di Mileto:

(=

1115,

janvier-août),

évêque

Syracuse

Seine

(Arcae, Arcas, Archas: Norm., 6, 1956, 128).

Maritime,

J. ADIGARD

Guilelmo Archino, témoin

des

domino

à mi-chemin

à Barletta,

une

charte

à Syracuse

faveur

de

S.

Canosa de

1158

(Angot ou Angoth de Arcis)

(F.

urbis

UcurgLLI,

c. Offranville.

GAUTRIES,

d'un diplóme

Appendix, n? III, p. 247. Angosto (sic) de Archis, dans

en

ar. Dieppe,

I en faveur de S. Bartolomeo

de

IV

L.R. MENAGER, Les Actes latins, p. 62.

ARQUES-LA-BATAILLE,

Roger

de

ind.

dans

Ann.

expédié en 1098 par

di Lipari: Cannarum

prov. VII,

Bari), 793)

L.T.

WhHrrE,

(=

Canne,

mentionné fut

préposé

à une connétablie qui comprenait

Barletta et Corato et, à ce titre, fut responsable de l'inventaire

des art. 34-52 du Catalogus Baronum (éd. DEL RE, p. 572). AUNOU-LE-FAUCON, dép. Orne, cant. Árgentan Falco de Aln(o) souscrit en 1057 un diplóme de Robert Guiscard à Wilmannus, mari de sa soeur Flodoalde: L. R. MENAGER, Fond. Fulco

mon., 84-86. de Alno souscrit

en

aoüt

1060

à Courdemanche

un

di-

plóme de Guillaume le Bátard (: M. FauRoux, n? 147, p. 329) et il est mentionné dans un diplóme ducal de juin 1066 parmi les auteurs

des

donations

faites

à la Trinité

de

Caen:

Ibid.,

n? 231, p. 443. En avril 1080, Guglielmus de Alno offre à S. Lorenzo di Aversa

l'Eglise S. Nicola située à Saone,

in territorio Calini:

A. GAL-

LO, I, doc. n° 1, pp. 3-4. BAONS-LE-COMTE, Seine Maritime, ar. Rouen, c. Yvetót Ursellus de Baillionis fut mis en 1063, lors de la bataille

de

Cerami (prov. Enna), par Roger I, à la téte de l'un des deux corps de bataille normands, de concert avec Arisgotus de Puteolis et Serlon de Hauteville, neveu du grand comte: MaLATERRA, II, XXXIII, p. 43. Sans faire preuve d'une audace excessive, il semble possible d'identifier ce chevalier investi d'une aussi lourde responsabilité avec Ursellus de Baons, qui souscrit en tant que baron ducal deux diplómes de Guillaume le Bátard en faveur de S. Wandrille: M. FAUROUX, n? 106, p. 265 et 154, p. 338. BARENTON, Manche, ar. Avranches, ch-l. de c. Rao de Barentone avec sa femme Auristella donne à S. Bene297

IV detto di Montecassino l'église de S. Pietro dite In Buda située aux limites de Cosenza au lieu-dit Gaurano

(cf. l'actuel S. Pie-

tro in Gaurano, à 7 kms au N.E. de Cosenza) et l'église S. Martino, située dans le territoire de San Marco: janvier 1123. Reg.

Petri Diaconi, n° 582, ff. 244 v^ - 245 r^. L'acte et souscrit par leurs trois fils: Unfredus, Rao et Robbertus. En janvier 1179, dans la description des confins d'un terrain situé au lieu-dit Mannarinum dans la région de S. Marco Argentano

(prov.

Cosenza),

il est

mini Goffredi Barentonis: BAYEUX,

Calvados,

ch.l.

fait

mention

d'une

terra

do-

A. PRATESI, p. 77. d'ar.

Ranulfus de Baocis est témoin d'une charte d'Hugues de Craon, expédiée en fevrier 1105 en faveur de S. Bartolomeo di Lipari: L. T. WHITE, Appendix, n? v, p. 248. BEAUFOUR,

(attesté

Calvados,

sous

ar. Lisieux,

la forme

c. Cambremer.

de Belfou

n° 184, p. 367; de Belfo en

en

1052-1058:

1042-1066:

M.

FAUROUX,

Ibid., n° 141, p. 321).

Guillelmus de Belfao souscrit deux chartes de Tancréde de Syracuse en faveur de l'évéché de Syracuse: l'une, de septembre 1102—août

1103 (R. PiRRo, I, 619-620); l'autre d'aoüt

ind. xii: RoMa, mus de Belfol). BELLÊME,

Arch.

Orne,

S. Giovanni

d'Hugues

in Laterano,

ar. Mortagne-au-Perche,

Robertus de Belem monte (prov. Potenza),

1103 (=

chi

Q.7.C.8.

1105),

(Willel-

c.

souscrit les chartes suivantes: à Chiaroen mars 1074, un acte de confirmation

de Chiaromonte

délivré

à Blaise,

abbé

de S. Anastasio

di Carbone (W. HOLTZMANN, dans Quell. u. Forsch., 36, 1956, p. 42); en 1102, une donation d'Alexandre, seigneur de Senise, au méme

monastère vembre

(‘Poflépros Békeu:

6625/1116,

une

G. ROBINSON,

donation

n? xvi, p. 212);

d'Alexandre

de

en no-

Chiaromonte

à

S. Maria di Cersosimo ('Pofiépxog BáAXspe: F. TRINCHERA, n° lxxx, P. 106) et en 1118 une donation d'Auberée, dame de Policoro et de Colobraro

à

la

Trinité

de

Venosa

(Robertus

de

Belemme:

L.R.

MÉNAGER, Les fondation monastiques, n? 32, p. 105). Sans doute Robert appartenait-il à limportante maison de Belléme, mais aucune des données documentaires que nous possédons sur celle-ci ne nous permet de préciser le lien qui l'unissait à elle (cf. J. Boussanp, La seigneurie de XIème siècles, dans Mélanges L. Halphen,

méme 298

Belléme aux Xème et Paris, 1951, 43-54). De

nous est-il impossible de définir les rapports possibles entre

IV Robert

de Belléme

et Robertus

Bellismensis,

membre

de la cour

royale, que le juge Salernus, médecin de la cour, fut accusé d'avoir empoisonné à l'automne 1167: H. FALcANDUS, xlvi-xlvii, p. 120-123. BELvaL, Manche, ar. Coutances, c. Cerisy-la-Salle

Robert, seigneur de Barletta (prov. Bari), fils de Guarin, offre à l'église S. Nicola de Casa Iohannis l'église S. Michele di Barletta pour le reméde de l'àme de Raynaldus Vellavalle (Janvier 1102): RNAM., V, n? 507, p. 274.

BEUVRON-EN-AUGE, Calvados, ar. Lisieux, c. Cambremer (Bevro

[1042-1066]:

M.

FaAuRoux,

n? 185, p. 368)

Bernardus de Bero souscrit en mars 1108 une donation d'Alexandre de Senise (prov. Potenza) à S. Anastasio di Carbone: W. HOLTZMANN, dans Quell u. Forsch., 36 (1956), 52. BILLEMONT,

commune

de

la

HAYE-AUBRÉE,

Eure,

ar.

Bernay,

c. Routot. Dans la charte de fondation de l'abbaye Saint Pierre de Préaux, aux environs de 1040, Onfroi de Vieilles et sa femme Auberée indiquent qu'ils avaient acquis Grinboldivilla en échange

de leur alleu de Billemont, alleu qu'ils avaient acheté magno pretio denariorum, palliorum, caballorum a Radulfo filio Aveniae ituro

in

Apuliam:

Arthur

Du

MowsrIER,

Neustria

Pia

(Rouen,

1663), 521. BLÉVILLE,

du

Seine

Maritime,

ar. et c. Le

Havre.

La terra domini Riccardi Bleville, située dans les dépendances bourg de Scala, sur le territoire de Mesoraca (prov. Catan-

zaro:

cf. A. PRATESI, p. 270), est mentionnée

1188 (?):

dans une charte de

A. PRATESI, n° 37, p. 91.

BLossEVILLE, Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Saint-Valéry-enCaux. (Villa que dicitur Blossa [août 1025]: M. Fauroux, n? 34,

p. 129).

En septembre

1103, residente et dominante

in castro Argenti

(2 Arienzo, prov. Caserta), domino Guillelmo Bloseville, Todaldus, Pierre Caldina, Jean Bertranus et plusieurs autres habitants

du dit castrum, membres d'une confraternité, offrent à S. Benedetto di Montecassino un giffum situé in monte de Treguanzano (Registrum Petri Diaconi, n° 545, fol? 230 v^). En 1105, Guilielmus

Blosabille est l'un des barons qui, aux cótés de Richard de Laigle, duc de Gaeta (prov. Latina), donnent securitas à l'évéché de Gaeta pour toutes ses églises et tous ses biens: Cod. Dipl. Cajetanus, 299

IV II, n° 280, p. 175. Dans le serment de fidélité que le méme

Richard

de Laigle préte en 1107 à Oddo, abbé de Montecassino, il lui promet de défendre la cité de Pontecorvo (prov. Frosinone), telle que l'a tenu Gualganus Ridellus, fils de Raynaldus Ridellus, duc de Gaeta, excepto terram quam retinet Guillelmo de Grossavilla

(sic) de supradicta civitate:

Ibid., n? 282, p. 178-180. Ce document

fait donc déjà état de contestations élevées contre les droits exercés par Guillaume de Blosseville sur les terres de Pontecorvo. Un diplóme royal de mars 1155 rapporte que des plaintes analogues furent

exprimées

de

nouveau

sous

le régne

naud, cardinal abbé de Montecassino 1154. A la suite de celles-ci, Roger Blossa villa —vraisemblablement le mier Guillaume de Blosseville— de Montecassino les serfs et terres de dûment:

E.

GATTOLA,

Accessiones,

de

Roger

II par

Re-

— donc entre 1147 et fevrier II ordonna à Willelmus de fils ou le petit-fils du prerestituer à S. Benedetto di Pontecorvo qu'il détenait in-

263-264.

Enfin

dans

une

bulle

du 8 avril 1154 Anastase IV mandait à Iacintus, évéque de Gaeta, ut G. de Blosavilla et uxorem episcopatus,

divina, Pont.

ad

quas

permittas Roman.

devenerint,

audire

Inedita,

talogus Baronum,

atque

matrem

clausis

officia:

J. VoN

III (Stuttgart,

eius in ecclesiis tui

ianuis

et suppressa

voce

PrLuGK-HARTTUNG,

Ácfa

1888), n° 136, p. 145. Au

(éd. BonRELLOo, p. 82) Guillelmus

Ca-

Blassauillanus

est enrégistré parmi les barons de Richard de Laigle, seigneur de Calvi et de Riardo Boon

(St.

(prov.

André

Caserta).

de —,

St Jean

de

—),

Manche,

ar.

St

Ló,

1080], Mém.

Sté

c. Carentan.

(De Bohon, Ant.

Norm.,

Norman

de Bohone, 30,

1880,

institutions,

p.

682;

[janvier

[1070-1081]:

C.H.

HASKINS,

22).

Le lignage italo-normand huit actes suivants:

de Bouhon:

des Bohon

1082, sept.—1083,

nous

est connu

aoüt, Robbertus

par

les

de Buhone

souscrit le diplóme de fondation de S. Maria di Bagnara expédié par Roger I, comte de Calabre et de Sicile (Arch. S. Giovanni Laterano, Q.7.C.1): K. A. KEHR, Appendix, Nr. 1, p. 412. 1092, sept.

—décembre:

Robertus de Buhum

à la Trinité de Mileto

de Regina

L'abbaye

(frazione

le monastère

di Lattàrico,

et sa femme Adeleldis donnent S. Nicola

prov.

de Serra,

Cosenza):

situé près

L.R.

MÉNAGER,

bénédictine..., n° 8, p. 27-28. 1094, septembre:

Robertus

de Bohu(m) souscrit le diplóme par lequel le duc Roger donne à la Trinité de Cava le castrum quod Stregola dicitur, moins ce que 300

IV

Guillaume de Brachala (= Altomonte, prov. Cosenza) possède dans ce même castrum: Arch. della Badia di Cava, arm. D.2. Juillet 1102: Rocca, fille de Dreu, comte de Pouille, presenti nostro domino Robbertus de Bachonis (sic), donne à S. Nicola de Sallettano (— Li Sillitti, 4 kms à l'Ouest de Bisignano), obédience

de S. Benedetto di Montecassino, la nue propriété de terres de son domaine:

Reg.

Petri Diaconi, n° 519, fol» 217 v^ =

G. GUERRIERI,

n? xxii, p. 94-95. 1104, fevrier, ind. xii: Robbertus de Buahone offre à S. Benedetto di Montecassino la moitié de l'église S. Pietro di Feroleto (prov. Catanzaro) avec l'église S. Demetrio qui en dépend. L'acte est souscrit par Goffredus nepos iamdicti domini Robberti: Reg. Petri Diaconi,

que fuerat

n° 526, fole 221

uxor Robberti

r°. En

de Bubun,

una

avril

1110, ind. iii, Sica

cum

filio suo

Unfredo,

avait donné à S. Maria di Valle Giosafat le monastére S. Michele di Fuscaldo

(prov.

Cosenza).

Unfridus

de

Buhun

confirma

cette

donation en septembre 1113-aoüt 1114, ind. vii, et y ajouta les monastéres S. Giovanni et S. Lorenzo di Fuscaldo: C. À. GARUFI, n? xix, p. 46. Cette dernière donation est présentée le 18 mai 1140

par Innocent scoaldo.

II (J.L.

Enfin

en

8095) comme

decembre

l'oeuvre d'Umfredus

1153, Alexander

de

Buhone

de Furestituait

à S. Maria di Valle Giosafat les monastères S. Demetrio et S. Giovanni di Feroleto, naguére donnés par sa mére et son frére et dont il s'est indüment emparé: C. A. GARUFI, n° xxviii, p. 66-67. En Normandie, Bothun) appartient n?

151,

p. 336).

Onfroi de Bohon (Umfredus Buhonensis, de à l'entourage ducal dés 1062 (M. FAUROUX,

Il est

connu

par

une

donation

à St

Amand

de

Rouen, confirmée par Guillaume le Conquérant (Zbid., n° 185, p. 368) et par le témoignage qu'il apporte à la convention passée, entre 1070 et 1081, entre l'abbé du Mt Saint-Michel et Guillaume Paginel (C. H. HaskiNs, Norm. Inst., 22). Sénéchal de Guillaume _(Ibid.,

162),

il souscrit

encore

deux

diplômes

de

ce

souverain

en

janvier et juillet 1081 (H. W. C. Davis, nn. 121 et 125). BONNEVILLE-SUR-TOUQUES, Calvados, ar. et c. de Pont-l'Evéque fréquemment attesté sous la forme Bona villa (en 1014: M. FauROUX, n? 15, p. 95; en 1059: Jbid., n° 142, p. 1063, n° 156, p. 340 et en 1066, n° 232, p. 448) et Bonavilla, en 1035-1066 (Ibid., n° 175,

p. 362). Willelmus

de Bonavilla

souscrit en mars

stance, veuve de Bohémond Maria di Nardo (prov. Lecce):

1115

une

charte

de Con-

I, prince d'Antioche, en faveur de S. F. UcHELLI, X, col. 295. Cf. Giovanni

301

IV GUERRIERI, dans ASpPN,

26 (1901), 309, n. 7.

BRix, Manche, ar. Cherbourg, cant. Valognes (attesté en avril 1042 sous la forme Bruis: M. FAUROUX, n? 99, p. 255) (1). louAtéAuos 8e Bpotïs avait reçu de Maximilla, dame d'Oppido (Mamertina, prov. Reggio-Calabria), un paravant à un certain Marescottus

Guillaume,

en sept.

fief de chevalier concédé auet que Roger II confirma à

1137 lors de son passage

à Tropea:

F. TRIN-

CHERA, n° CCXXV, p. 296-299. La teneur de ce fief étant contestée, Askettinos, fils du défunt Guillaume a recours au justicier royal de Calabre, Jean de Reggio, en mai 6696/1188: F. TRINCHERA, lbid., 294-301. BUEIL, Eure, ar. Evreux, c. Pacy-sur-Eure (Toponyme attesté sous la forme Buellium BEAUREPAIRE,

39], Boolium

en

en

1024

[F.

DE

1264).

En 1151, Geoffroi, fils d'Olivier, rapporte qu'il a plu au roi Roger de lui donner pour femme Galgana, filia Henrici de Buglio, avec Pantargo et Scordia (prov. Catania) En arrivant sur ces terres, Geoffroi a appris qu'avant sa mort son beau-père en avait donné une part aux templiers, donation que Geoffroi de Champigny, préposé aux maisons siciliennes du Temple, est venu lui demander de confirmer. L'acte est souscrit par Willelmus de Insulabona, ..Walterus de Polliaco, Robertus de Primefacto (Premierfait, Aube, ar.

Nogent-sur-Seine,

CARENTAN,

c. Méry-sur-Seine):

Manche,

R.

PiRRo,

II,

933-934.

ar. St Ló, ch.-l. c.

En 1063-1066, le duc Guillaume le Bátard constitue en prébende à Odo Saillultra, second chanoine de N. D. de Cherbourg et chapelain ducal, le tiers de l'église St Pierre de Sainteny et le quart

six

de la terre

vavasseurs

des

que

fils de Constantin,

Nigellus

filius

(= duci) quando ivit in Apuliam: (Les)

CaRREAUX,

commune

c'est

à dire

Constantini

d'un

dimisit

fief de

consuli

M. FAUROUX, n° 224, p. 431. d'Avesnes-en-Bray,

Seine

Mariti-

me, ar. Dieppe, c. Gournay-Ferrières. Osmundr

Drengot

(Osmundus

en cour ducale par Guillaume

(1) Walther

HoLTZMANN,

cognomento

Repostel

Maximilla

regina,

Drengotus),

accusé

d'avoir déshonoré

la fille

soror

Regis

Rogerii,

dans

Deutsches Archiv, 19 (1963), 152. n. 10 voulait identifier Brouis avec Bruis, Hautes-Alpes, ar. Gap, c. Rozans. Le prénom du fils de Guillaume, Asketill, prouve que nous sommes dans une famille normande, ce qui dissuade de chercher Brouis en Haute-Provencc.

302

IV

de ce dernier, tue son accusateur au cours d'une chasse en forêt. Poursuivi pour ce crime, il se réfugie d'abord en Bretagne, puis en Angleterre et enfin en Italie méridionale à Bénévent cum omnibus quae secum ducere poteret. Tel est le récit fourni par Raoul Gla-

ber (III, 3, éd. M. PRou, p. 52-53) et d'une manière

à peu près

identique, par Orderic Vital (éd. LE PRÉVOST, II, p. 53; interpolations à Guillaume de Jumièges, éd. J. Manx, p. 188) qui précise qu'Osmundr fut le premier normand à s'établir en Italie méridionale où le prince de Bénévent le prit à son service et lui concéda une place forte; ceci sous le pontificat de Benoit VIII (juin 1012juin 1024). Selon Aimé du Mt-Cassin (I, xx, p. 25-26), ce n'est pas Osmundr mais son frére Gilbert, lequel estoit clamé Buatere (Giselbertus Buttericus dans Léon d'Ostie), qui aurait été l'auteur du forfait;

il est suivi

626-627)

qui

que nous

par Léon

le copie.

suivrons,

C'est

d'Ostie (II, 37,, éd. J. P. MIGNE,

la version

des chroniqueurs

col.

français

tout en tenant compte des indications complé-

mentaires des chroniqueurs italiens qui ajoutent que Gilbert et Osmundr vinrent en Italie accompagnés de leurs trois fréres Rainulfus, Asketill et Raoul. Ils y prirent contact avec le prince de Salerne puis s'accocièrent à Mélo et combattirent avec lui en Pouille

(AIMÉ,

p. 25-27;

LEo Osr.,

col.

627-628).

Des cinq fréres c'est Raynolfe dont la fortune fut en Italie la plus grande. Gilbert est encore signalé parmi les vingt-quatre chevaliers normands que l'empereur Henri II laissa en juin 1022 au service des trois neveux de Melo qu'il venait d'investir du comté

de Comino

(Leo

Osr.,

II, 41, col. 632);

mais

nous

n'enten-

dons plus parler de lui par la suite. Ranolf, qui lui a semble-t.il succédé à la téte des mercenaires normands à la solde du prince

de Capoue, consolide sa situation au prix d'une première trahison. en passant

ples. En

dans

le camp

adverse, celui de Sergius

IV, duc de Na-

1029-1030, le duc lui donne sa soeur pour femme

vestit du comté

d'Aversa

(AIMÉ,

I, xlii, p. 53-54;

Leo

Osr.,

et l'inII, 56,

col. 652). Mais la jeune femme étant morte peu aprés, Pandolf de Teano,prince de Capoue, trouve sa revanche en attirant de nouveau les normands de son côté par le moyen de sa nièce, fille du patrice d'Amalfi, qu'il donne en mariage à Ranolf (1034). Au cours des années suivantes Pandolf III voit un nouveau rival s'opposer à ses entreprises en la personne de son propre neveu, Guaimar V, prince de Salerne, qu'une expédition de l'empereur

303

IV

Conrad II, en mai 1038, vient fort opportunément favoriser. A l'approche de l'armée impériale, Rainolf s'empresse de se ranger aux cótés du prince de Salerne, ce qui lui vaut de recevoir de Conrad confirmation

de son comté

d'Aversa

et une alliance que les pro-

fits l'inciteront à ne plus quitter (Cf J. Gav, L'Italie méridionale 446). A Melfi, en septembre se donnent les normands et des terres apuliennes « conil reçoit la cité de Siponto

et l'empire byzantin.., Paris, 1904, p. 1042, il est l'un des douze chefs que entre lesquels se conclut un partage quises ou à conquérir ». Pour sa part

et la région du Gargano

(AIMÉ, II, xxx,

Sant'Angelo

avec Monte

p. 95; Leo Osr., II, 66, col. 672). Il meurt en juin 1045 (cf. F. CHALANDON, Hist. de la domination normande..., 1, 109) aprés avoir été

fait duc de Gaeta par Guaimar V en 1040 (AIMÉ, II, xxxii, p. 96). Le

successeur

que

comté

d'Aversa

est l'un

jeune

comte»,

mais

(AIMÉ,

II, xxxii-xxxiii,

il

lui

donnent

de

ses

lui

p. 98;

les

normands

neveux,

survit

Asclittinus

à

LEO Osr.,

peine

à la

téte

du

surnommé « le

quelques

semaines

II, 66, col. 672). Contre

la

volonté des chevaliers d'Aversa, Guaimar V — qui profite du fait qu'Asketill ne laissait ni fils ni frère en âge de lui succéder — investit un étranger au lignage (qu'une glose de la chronique de Léon d'Ostie nomme Rodulfus filius Oddonis: II, 66, éd. WarTENBACH, p. 676, note r) cependant qu'il fait incarcérer Randulfe (2 Raoul Trinquenuit), neveu de Rainolf, et son compagnon Hu-

gues Fallacia. Les deux hommes réussissent à s'évader peu aprés en soudoyant le gardien de la forteresse oü ils étaient détenus et grâce à l'argent fourni par Paldolf III, l'ex-prince de Capoue, Raoul s'introduit de nuit à Aversa où il est reçu avec chaleur par la chevalerie normande qui chasse le comte importun. Par la suite, Raoul

recourt

Guaimar

se

à Dreu,

résout

d'Aversa (AIMÉ,

comte

à

de

investir

Pouille,

le

neveu

sur les instances

de

Rainolf

II, xxxiii-xxxiv, xxxvi et xxxix). Moins

du

de

qui

comté

de deux ans

plus tard, en janvier 1047, Raoul Trinquenuit reçoit l'investiture impériale d'Henri III (LEO Osr., II, 78, col. 684). Il semble qu'il soit mort

peu

après

(Ibid.

II,

75,

col.

681).

Une

charte

expédiée

à

Aversa le 21 mars 1048 porte pour indication chronologique complémentaire: comitante (sic) domino Guilielmo et domino Hermanno in castro Aversac,.. anno primo, et une autre, datée de 1050: Cum esset in comitatu Herimanno puerulo et primo anno domno

Riccardo

diplomatici 304

del

comiti,

regno

eius avunculo

di Napoli

della

(A. Dr Meo,

mezzana

Annali

critico-

età, VII,

Napoli,

IV

1802, 283 et 312). Effectivement, la glose déjà citée de la chronique de Léon d'Ostie porte qu'après Raoul Trinquenuit Aversa eut pour comte Guilelmum Bellabocca de cognatione Tancridi. Deinde Aversani,

expulso

illo, Richardum

filium Aschettini ab Apulia

evo-

cantes, comitem sibi instituerunt. On doit donc comprendre qu'en 1048 Guaimar, soucieux d'éviter les incidents de 1045, fit appel à un fils d'Asketill « le jeune comte » mais que, cet enfant étant en

bas áge, il lui donna

un gardien ou « baillistre » en la personne

de Guillaume Bellebouche, qui appartenait au lignage des Hauteville. En affectant de se conformer aux régles successorales nor-

mandes — ce qui lui permettait de mettre vraisemblablement un homme sûr à la tête du comté durant tout le temps de la minorité d'Hermann — le prince de Salerne agissait en fait contre la volonté des chevaliers normands d'Aversa. En

effet,

le jeune

arrivé depuis peu — en Bénéficiant du prestige Asketill, le jeune homme qui voyaient en lui leur trés vite génant

Richard,

fils

d'Asketill

de

Carreaux,

était

1046, semble-t-il — en Italie méridionale. de son oncle Rainolf et de son frére parait avoir séduit tous les gens d'Aversa futur comte. Le personnage devint donc

pour son cousin,

le comte

Raoul

le pria d'aller chercher fortune ailleurs (ArMÉ, Richard s'en fut alors auprès de Dreu, comte

Trinquenuit,

qui

II, xliv, p. 110). de Pouille, dont

l'accueil fut plutót froid puisque, au bout de peu de temps, Richard fut mis en prison. C'est là que les gens d'Aversa demandérent à Guaimar d'aller le chercher lorsqu'ils eurent expulsé le baillistre d'Hermann auquel le document précité de 1050 donne à croire que Richard fut, dans un premier temps, purement substitué. Contrairement à ce qu'indique Aimé (III, xii, p. 126), il semble bien que l'accession de Richard au comté ait dà étre précédée de la disparition du jeune Hermann. C'est en tout cas aprés la mort du prince lombard Pandolf qu'en juin 1058 Richard devait devenir premier prince normand de Capoue (AIMÉ, IV, xi, p. 190). *

o*

CK

Le caractère obscur des liens généalogiques évoqués dans cette suite de notices incite à tenter quelques éclaircissements. Orderic Vital dit à deux reprises de Richard qu'il était Anschetili de Quadrellis filius (tom. II, p. 54 et 88) et Aimé qu'il était frère du comte Rainolf (II, xxxii, p. 98). Richard était donc aussi le neveu d'Osmundr Drengot, de Gilbert Buatère et de Raoul. Sur 305

IV l'identification de Quadrella, l'accord est difficile à faire. Odolant DEesNos, Mémoire historique sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs,

I (Alençon,

membres du

XIème

1787), 84 voyait dans Asketill et ses frères

des

de la famille Carrel qui possédait dans la seconde moitié siècle

Condé-sur-Sarthe

(Orne,

ar. Alençon)

et

dont

le

nom s'est perpétué dans les toponymes Lignières-la-Carelle et Villaines-la-Carelle (Sarthe, ar. Mamers). Auguste le Prévost quant à lui (éd. d'Onp.

Quadrella

ViTAL, t. II, p. 56, note) avait proposé

avec Carel, bourgade

Pierre-sur-Dives des Gautries,

(Calvados,

Les

noms

située à deux

ar.

Lisieux).

de personne...,

kms

d'identifier

au Sud

Récemment

Jean

de

St

Adigard

288, n. 3 s'est prononcé

sur

ces deux propositions en considérant la première comme très hypothétique et la seconde comme impossible. En se fondant sur le seul critére toponomastique une autre identification est encore possible. Il s'agit de Carolles (Manche, ar. Avranches, c. Sartilly) attesté sous la forme Cadrella dans la seconde moitié du XIéme siècle

(F.

DE

BEAUREPAIRE,

69).

Mais

toute

donnée

documentaire

susceptible de la justifier autrement que par la conformité onomastique fait défaut. En fait la seule indication susceptible d'orienter la recherche nous vient de Léon d'Ostie qui, dans la seconde version

de sa chronique

rant

les premiers

Normanniae

iram

(II, 37, éd. M1GNE

col. 627, n. 2707), énumé-

normands

venus

en

Italie domini

fugientes,

signale

aux

côtés

sui comitis

de Gilbert

Buatère,

Raoul de Tosny, Gosmann, Rufin et Stigandr. Or les mobiles communs de l'exil de ces hommes ne suffisent assurément pas à expliquer qu'ils aient choisi le méme chemin et le méme lieu de refuge. I] faut nécessairement supposer entre eux des relations antérieures dans lesquelles le voisinage avait sans doute une part importante. À cet égard un bourg situé non loin de Tosny attire fortement l'attention et se présente sémantiquement comme une solution encore plus parfaite que Carolles au probléme posé par l'identification de Quadrella: il s'agit de Les Carreaux, à une trentaine de kms. au N. E. de Tosny. *

*

+

Cela posé,il faut clarifier la cascade de successions au comté d'Aversa, consécutives à la mort de Rainolf. Si l'on suit l'ordre dans lequel Léon d'Ostie énumère Osmundr et ses quatre frères (ordre différent

nolfe, 306

de

celui

Ascligine,

d'Aimé,

Osmude

I, xx,

p. 25,

et Lodulfe)

qui

nomme

Gilbert,

il est clair que

Ray-

le premier

IV

comte d'Aversa est mort sans laisser d'enfants en áge de lui succéder. Robert, qui est le seul fils que nos lui connaissions gráce à un diplóme

de cinquante

ans postérieur (1), devait effectivement

étre dans la prime enfance en 1045. Il est clair d'autre part qu'Asketill de Quadrellis devait étre déjà mort puisque ce n'est pas lui qui succéda à son frére mais

son fils ainé, Asketill:

le lien

de parenté est établi sans ambiguité dans un acte du 23 aoüt 1059

par lequel Richard I de Capoue fait don à S. Benedetto di Montecassino du couvent

S. Maria

in Calena « pour le salut de l'àme

de son oncle Rainulfus et de son frère Asketinus » (E. GATTOLA, Accessiones, 161). Aprés l'interméde assuré par Raoul « comte Cap-

pille » étranger au lignage, la succession au comté Raidulfus

Trinclinocte (2) dont Aimé

indique

fut déférée à

qu'il était neveu

de

Rainolf, premier comte, et cousin de Richard I (II, xxxiv, p. 99 et xliv, p. 110). Il était donc fils d'un frère de Rainolf et d'Asketill

de Carreaux, ce qui induit normalement à voir en lui un fils de Radulfus, dernier des fréres d'Osmundr Drengot. Hermann, le successeur que Guaimar V donna à Raoul Trinquenuit, était on l'a vu

l'enfant en bas âge d’Asketill «le jeune comte ». Richard lui succéda — ou se substitua à lui — aprés avoir été son baillistre. Nous connaissons un dernier fils d'Asketill de Carreaux, c'est Robert frere de lo prince Ricchart, dont Aimé nous entretient dans son livre III, xliv, p. 160. L'arbre généalogique des premiers comtes d'Aversa peut donc étre

dressé

de la fagon

suivante:

(V. Tab.)

CAUVILLE, Calvados, ar. Caen, c. Thury-Harcourt. (Calca villa [1028-1049]: baye

de

Fontenay:

donation

L. MussET,

de Raoul

dans

Bsan.,

I Taisson à

l'ab-

56,

22).

1961-62,

Guidelmus Calcavilla souscrit avec Roggerius Barnabilla deux donations de biens calabrais à S. Benedetto di Montecassino par Rocca, dame du castellum Ullano (= S. Benedetto Ullano, prov.

(1) Richard II, prince de Capoue, confirme en renzo di Aversa tout ce qui lui avait été concédé

octobre 1095 à S. Lopar Rannulfus, premier

comte d'Aversa, et par ses successeurs Radulfus Trincanoctus, Richard I Rannulfi comitis Robberto interveniente... expédié et Jordan. Le diplôme est filio: M. INGUANEZ, n° v, p. 14-16. (2) Raidulfus col. 672, n? 3403;

Trincanocte dans la 2ème version de LEO OST,, II, 66, Radulfus Drincanoctus dans GUILL. DE PouILLE, II, 522-523.

En septembre 1088 son petit-fils Roger se dit filius cuiusdam canocte: Arch. della Badia di Cava, arm. C.18.

Guidelmi Trin-

307

IV Cosenza) et fille de Dreu, comte de Pouille:

1102 (—

1094), juillet,

ind. ii (Reg. Petri Diaconi, n? 516, fol? 216 v°, éd. E. GATTOLA, Acces-

siones, 217) et 1105 ( — 1098), fevrier, ind. v: Zbid., n° 518, fol° 217 v°, éd. E. GATTOLA, Ibid., 216. CLINCHAMPS, Orne, commune de Montabard, ar. Argentan, c. Trun. Clinus campus, 1063-66: M. FAunoux, n? 225, p. 434). Rainaldus de Clincampo souscrit une notice de plaid de Roger I, comte de Sicile et de Calabre, datée de Squillace, le 29 juillet 1098:

RNAM.,

V, n? 494, p. 246;

le 2 aoüt

1099

il figure

parmi

les

témoins du diplóme par lequel Roger I donne le monastére S. Giacomo di Montauro (prov. Catanzaro) et le castrum de Montauro aux

chartreux

de S. Stefano

del Bosco

(Jbid.,

n° 497, p. 253-254).

Enfin le 4 juin 1102, Raynaldus de Climpcam souscrit à Mileto la donation que Roger I fait aux mémes de deux-cent-sept prisonniers

faits le ler mars

1099: photo de l'original aujourd'hui disparu au

Deutsches hist. Inst. in Rom, Umschlag Nr. 5, 27-28 (RNAM,,

Photosammlung Richard V, n? 510, p. 278-280).

Salomon,

CoRDEY, Calvados, ar. Caen, c. Falaise-Nord. « En

1077... l'abbé

Robert

de Grandmesnil

(abbé

de

S. Maria

di Sant'Eufemia) regagna la Pouille (sic) oà il amena avec lui Guillaume Pantol et Rodbertus de Cordaio, son neveu, ainsi que d'autres chevaliers insignes. Le duc Robert Guiscard reçut Guillaume Pantoul avec honneur et, lui promettant beaucoup, se dé. pensa sans compter pour le retenir avec lui à cause de sa probité. Le jour de Páques il le retint à déjeuner et promit de lui donner trois villes s'il acceptait de rester avec lui en Italie. » Mais Guillaume Pantoul regagna la Normandie à la suite du meurtre de Mabilie p. 411):

de Belléme, survenu le 5 decembre 1082 (OnRp, t. Onp. VrrAL, V, xvi, éd. LE PREVOST, t. II, p. 431-432.

CROIX-AVRANCHIN,

Manche,

ar.

Avranches,

c.

II,

Saint-James.

(Vicum Crucis [1037-1046]: M. Fauroux, n° 110, p. 270, 271; villam Crucis [1060-1066]: Ibid., p. 26, n° 30)

Guiglelmus de Crois souscrit en mars 1094 un diplóme de Roger I en faveur de S. Bartolomeo di Lipari: PATTI, Arch. Cap, vol. I di Fond., n? ant. 15, mod. 55. Dun, Seine Maritime, ar. Dieppe. En avril 6607/1099, ‘Pouképros 6e Atllou, stratége de Mileto,

avec d'autres archontes, intervient sur l'ordre de Roger I pour trancher un litige qui oppose Guillaume, fils de pepovbBto; à Richard 308

d'Amendola

relativement

aux

limites

des

territoires

de

IV (L0

- SPOT)

ESIQAV.D 2/1402 of innuonbuu] jnoey [noe

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IV

Bova

et d'Amendolea

S. Cusa,

(à 27

n° 12, p. 357-358.

kms

à lESE

Ce Guillaume

de

Reggio-Calabria):

est le Guidelmus

de Los-

dum nomine, filius Fraymundi dont Roger II cédait le fief en septembre 1114 à S. Maria Odegitria di Rossano (prov. Cosenza): Et in pertinentia Rusiane civitatis (= Rossano) (et) in Sancto Mauro

(=

S.

suprascripta,

Mauro

Marchesato,

prov.

sicut tenuit Framundus

Catanzaro)

hec

omnia

et postea frater suus Rinal-

dus et ideo Guidelmus de Losdum qui mihi omnia reliquit (A. PRATESI, dans

Studi Medievali,

3* serie,

11,

1970, 219).

a été transmis par l'intermédiaire d'une traduction (cf. A. PRATESI,

Jbid., 213-215).

Dans

une

Ce texte nous

latine de

traduction

latine

1327

de no-

vembre 1280 le nom de notre personnage est fourni sous la forme Guillelmus de Lasdum filius Fraymundi (Ibid., 233). Les biens de Guillaume en Calabre paraissent avoir été assez considérables (cf. L.R. MÉNAGER, dans Byz. Zeitschr., 50, 1957, 344). Reste à identifier le toponyme Losdum, conjointement sans doute au Dunum

de Trostainus de Duno nom

scandinave

répertorié ci-dessus à Trostainus. Le pré-

du pére de Guillaume

nous

oriente vers

la Nor-

mandie oü, au moins dés 1025, nous est attestée l'existence d'une villa que dicitur Dunus, Dunum, Dun (M. FAUROUX, nn. 31, 34 et 42,

pp.

120,

Dun,

129 et 148).

ar. Dieppe,

taine-le-Dun

nages

et

Le

ch-l.c.; Bourg-Dun,

toponyme La

Chapelle-sur-Dun, ar.

Dieppe,

ci-dessus cités il convient

souscrit

deux

notices

de

se perpétue

plaid:

à S.

Fontaine-le

ar. Dieppe,

c. Offranville.

d'ajouter lune

dans

Aux

c. Fonperson-

Robertus

de Duna

qui

Marco

Argentano,

en

avril 1153, et l'autre à Cassano allo Ionio, en janvier 1157 (A. PRATESI, nn. 18, 20, p. 51 et 55). Il a un fils du nom de Roger mentionné dans un acte d'avril 1196 et qui souscrit une charte de mai 1200 (Ibid., nn. 46 et 59, p. 109, 144 et 146). ECHAUFFOUR, Orne, ar. Argentan, c. Le

Willermus

Geroianus

ou

de

Scalfou

Merlerault.

était

le

fils

cadet

de

Geroius, seigneur de Montreuil-l’Argillé. Par suite de la mort accidentelle de son frère aîné, survenue en pleine jeunesse, c'est lui

qui fut amené à

recueillir l'ensemble de la succession paternelle

et qui, aux dires d'Orderic Vital, « commanda à tous ses frères tout au long de sa vie» (t. II, p. 26). De sa première femme, Hiltrude,

fille de Fulbert de La Bigne, il eut un fils nommé Arnaud qui vint à

la

succession

deuxième

femme,

du

domaine

Emma,

d'Echauffour

fille de

(Ibid.,

Walchelinus

du

II

,p.

27).

Sa

Thenney,

lui

donna au moins deux fils, Guillaume de Montreuil et Geroius (Ibid., II, 27 et 36). 309

IV Nous tenons

savons

d'Orderic

peu

de choses

Vital

que

sur Guillaume

son

fils

aîné,

Giroie

Arnaud

victime des calomnies de Roger de Montgommery Mabilie,

fut

exilé

et

privé

de

ses

biens,

en

mais

nous

d'Echauffour,

et de sa femme

1058

(Jbid.,

II,

81).

Ulcéré par cette injustice, Arnaud passa trois ans à commettre rapines et meurtres dans le pays de Lisieux, aprés quoi il obtint une tréve du duc et se rendit en Pouille ad amicos et parentes suos, qui magnis ibidem opibus pollebant (Ibid., YI, 82-83). Son séjour italien parait n'avoir pas dépassé un couple d'années mais fut assez fructueux pour lui permettre d'en revenir cum ingenti pecunia et avec une palla pretiosa qu'il offrit au duc, recevant en échange l'autorisation d'aller et venir sur sa terre et la promesse de récupérer son domaine (II, 93-94). Mais le duc ne tint pas parole et Arnaud mourut peu aprés (ler janvier 1064), empoisonné par Roger Goulafre, l'un de ses vassaux (II, 106-107).

De son mariage avec Emma, eut deux fils, filles Petronille

fille de Torsten Halduc, Arnaud

Guillaume d'Echauffour et Renaud, et deux et Geva (II, 108). Guillaume, parvenu à l’âge

d'homme, s'en fut à la cour du roi de France, Philippe Ier, qu'il servit le temps d'acquérir les armes et l'équipement de chevalier. Il prit alors le chemin de la Pouille où il avait des parentes magnae sublimitatis. Il obtint de Robert I de Loritello, comte de Chieti, l'investiture de trente cháteaux et prit pour femme une

lombarde

de haute noblesse qui lui donna

deux ment

sexes. Oublieux durant presque

Notre

documentation

plusieurs enfants

des

de sa terre normande il vécut honorablequarante ans (ORD., ViTAL, t. II, p. 109).

italienne

nous

confirme

les

informations

d'Orderic Vital: en novembre 1095 Wuilelmus Scalfonus souscrit une charte de Robert I de Loritello en faveur de l'évéché de Chieti (RNAM., V, n? 485, p. 219-221; Antonio Bazpucci, Regesto delle pergamene della curia arcivescovile di Chieti, I, [Casalbordino, 1926],

Appendice III, p. 92-93) et en mai 1101 c'est sur le conseil et avec l'approbation de Guillaume, fils de Taisson, de Geoffroi et Richard,

fils du comte

Pierron, et de Willelmus

Scalfo que Robert

II de

Loritello procédait à la donation du cháteau de Sculcula à l'évéché de Chieti (A. BaLpucci, op. cit., Appendice III, p. 93-94). Sans doute le Catalogus Baronum, aux environs de 1150, désigne-t-il en Guillemus de Scalfo le fils ou le petit-hls de Guillaume d'Echauf-

four et dans les castra tenus de lui certains des trente cháteaux dont parle Orderic Vital. L'identification de ceux-ci est malheureuse310

IV ment obscure; seuls Bisacciam et Pantanellam peuvent correspondre aux actuels Bisaccia, prov. Avellino, et Pantaniello, fraz. di

Sessano, prov. Campobasso (cf. Cat. Bar., éd. C. BoRRELLo, p. 38). Si nous percevons clairement les raisons de l'établissement de Guillaume d'Echauffour en Italie méridionale, nous concevons moins nettement, en revanche, celles de l'exil de son oncle, Guillaume de Montreuil, dit Le Bon Normand. Willermus de Mostarolo

doit avoir fait partie de la seconde génération de Normands

qui

prirent le chemin de l'Italie, entre 1030 et 1050 (ORrD. Vir., II, p. 55). Fait princeps militiae de l'armée romaine, nous dit Orderic, il soumit la riche Campanie, porteur de l'étendard pontifical. La somme de richesses qu'il avait accumulées dés le milieu du siécle parait avoir été assez confortable puisqu'il fit demander aux moines de St Evroult qu'on lui dépéche un messager pour venir chercher les présents qu'il désirait faire à l'abbaye. C'est son propre pére qui, malgré son áge, accepta de conduire la troupe de moines et de chevaliers qui se rendit en Pouille. Aprés avoir pris possession de lingens pecunia donnée par Guillaume de Montreuil, Guillaume Giroie mourut à Gaeta, le 5 février 1055: cf. infra, sous NORREY-ENBESSIN. Au cours de l'anné 1061 Guillaume le Bon Normand accueillit son cousin, Robert

de Grandmesnil.

stilité de Guillaume traint à l'exil avec l'abbé,

le Bátard douze de

résolu à se fixer en

abbé

de St Evroult,

que

l'ho-

avait évincé de sa charge et conses moines. Aux sollicitations de

Italie, Guillaume

répondit

par

la con-

cession de la moitié d'Aquino (prov. Frosinone). Malheureusement, Aquino était encore à conquérir et Robert de Grandmesnil ne pouvait se satisfaire d'espérances. L'abbé poursuivit donc sa quéte aupres du prince de Capoue, puis du duc Robert Guiscard. C'est à peu prés au méme moment (1061) que Willermus de Mostarolo épousa la fille de Richard d'Aversa, prince de Capoue. L'hyménée fut de bréve durée; Guillaume répudia sa femme et se révolta contre

son

beau-père, en

1063.

Pourant

c'est bien

de concert

avec

lui qu'en 1066 Guilelmus qui Mostarolus dictus est fut le seul chef normand

qui

se

prépara

Gottfried, duc de Toscane

nous

ne connaissons

à affronter,

à Aquino,

l'expédition

de

(LEO Osr., III, 23, col. 742). Par la suite

plus de lui qu'une

donation

a S. Benedetto

di Montecassino (Oblatio Guillelmo Mostarolu de S. Costantio et de S. Christofori — Abbazia di Montecassino, Reg. Petri Diac.,

n? 483, ff. 205 v°-206 r°) et la souscription qu'il apporte (Guidelmus de Mostarolo) à Troia, en juillet 1067, à un diplóme ducal 311

IV en faveur de S. Pietro di Torremaggiore (T. LECCISOTTI, 7! « Monasterium

Terre Maioris », Montecassino,

1942, p. 81).

Eu, Seine Maritime, ar. Dieppe, ch... c. (Augum, Aucum: J. ADIGARD des GAUTRIES, dans Ann. Norm., 7, 1957, 141; Robertus Augensis comes [1033]: Cart. du comté d'Eu, Bibl. Nat., ms. lat. 13904, f» 19; Robertus, Aucensis comes [1077]: Oro. Vir., t. II, p. 310). Robertus de Auceto, gener meus signe le diplóme par lequel Roger I, comte de Calabre et de Sicile, fonde en décembre 1092 le monastère S. Pietro d'Itala, à 20 kms au S. de Messine: R. PIRRO,

II,

1035.

En

sept.-decembre

1094,

ind.

iii, Robertus

Aucensis

comes, Guilelmi de Auceto comitis filius, pour le repos de l'âme de ce dernier et pour la guérison de sa femme Matilde — fille de Roger

I et de sa deuxiéme

femme,

Eremburga



donnait

trente

serfs de Patti, Naso, Monte Argiro et Castronovo (villages et lieuxdits de la prov. Messina) à Ambroise, abbé de Lipari. L'acte est souscrit par Guarinus, Roberti Aucensis comitis filius: L. T. Wur-

TE, p. 245. En 1098, il cesse d'étre désigné par son titre comtal et n'est plus que Robertus Manda Guerra: Ibid., Appendix iii, p. 246. Les données du diplôme sicilien de 1094 paraissent à première vue contradictoires avec celles que nous fournit l'historiographie normande. Nous connaissons en effet un Robert comte d'Eu, fils d'un Guillaume, comte d'Eu:

c'était Robert, fils de Guillaume

d'Eu,

bátard de Richard Ier, témoin fréquent des diplómes ducaux depuis 1027/1035 jusqu'à au moins avril 1080 (M. FaAuRoux, nn. 72, 219, 220 et p. 30, n. 55; W. C. Davis, n? 123, p. 32). Cependant

non

seulement nous n'avons pas trace de sa venue en Italie, mais nous tenons d'Orderic Vital qu'entre 1071 et 1080 il reçut du roi Guillaume d'amples terres et revenus en Angleterre (t. II, p. 223). Enfin

sa mort DouGLas,

est survenue The

earliest

un 8 septembre,

entre

norman

dans

counts,

1089 et 1093: EHR.,

61

(1946),

David 140.

Ce n'est donc pas lui que les sources diplomatiques siciliennes nous montrent établi à la fin du XIéme siécle dans la région de Patti et la titulature qu'il y prend semble par conséquent avoir été quelque peu forcéc. En partant de cette derniere constatation nous sommes induits à voir en Guilelmus

de Auceto

comes,

père

de celui qui s'in-

titule abusivement Robertus Aucensis comes, celui que l'annalistique normande nomme Guillaume Busac et que l'on trouve présent dans divers diplómes ducaux échelonnés de 1035/1040 à 1046/47, qu'il souscrit comme Willelmus filius Willelmi (M. Fav312

IV ROUX, n° 93, 1035/1040, p. 245), Willelmus de Ou (n° 96, 1040 circa,

p. 249), Willelmus comes filius comitis Roberti (n° 98, 1041, p. 253) et Willelmus

de Aou

(n° 107,

1046/1047,

p. 266).

Il y a tout

lieu,

semble-t-il, de le tenir pour le cadet de Guillaume Ier d'Eu, dont le fils ainé, Hugues, fut porté en 1050 à l'évéché de Lisieux; l'en-

trée de son ainé dans le clergé porta Guillaume Busac à succéder à son pére(1).

Mais en 1047 il alla grossir les rangs des rebelles ligués contre le jeune duc et s'étant retranché dans son cháteau aprés la défaite de Val-ès-Dunes, il fut contraint à l'exil (S. DECK, Le comté d'Eu sous les ducs, dans Ann. Norm., 4, 1954, 101). Nul ne nous

indique

oü Guillaume Busac alla se réfugier. Les sources italo-normandes donnent à penser que ce fut en Sicile où il maria sa fille au puissant comte Roger I et oü il fut accompagné de son fils Robert. Dans un mandat du roi Guillaume daté de 1082 il est fait mention de Guillaume d'Eu qui (Willelmus Dou) souscrit d'autre part en 1086 parmi les barons ducaux un record de plaid royal (W. C. DouGLas, n? 154, p. 42 et n° xxxii, p. 127). Il semble donc que Guillaume Busac ait fait retour dans sa patrie et qu'il y ait été recu en gráce par son souverain; mais en 1096, impliqué dans une con-

spiration, Guillelmus de Auco fut privé de la lumière et émasculé (Ord. Vital, t. III, p. 411). Peut-être faut-il voir là le motif de l'abandon par son fils de toute prétention au titre d'Aucensis comes dans le diplôme expédié deux ans plus tard par la chancellerie comtale de Palerme. EVREUX, Eure, ch.l. dép. (Ebroicum

[965], M. FAuROUx,

n° 2, p. 70; Ebroicae

[962/996],

Ibid., n° 5, p. 75; [1038], n° 92, p. 243; [1055/1066], n° 208, p. 397). Judith et Emma, filles d'Advisa Giroie et de Guillaume comte d'Evreux avaient pris le voile à St Evroul. « Mais ayant appris que leur frére (utérin) Robert (de Grandmesnil) jouissait passablement d'honneurs (en Italie méridionale) gráce aux puissants du

monde,

alors

(1) C'était par D. Douglas,

lequel Orderic porte

la

qu'elles se considéraient



lhypothese

d'H.Prentout

comme

bien

op. cit., 154-156 qui, de surcroît,

Vital (itp.

rebellion

de

à taxe

misérables

tort

remise

d'erroné

à Guill. de Jumièges, éd. J. Marx,

Guillaume

en

et dé-

question

l'épisode

dans

p. 173, 251) rap-

Busac.

313

IV pourvues

d'appuis, elles prirent le chemin

défroquèrent

et s’adonnèrent

toutes les deux se mariérent étaient vouées à Dieu. Roger, femme; quant à Emma elle blié le nom »: Onp. VIT., t.

de toutes

de l'Italie (où) elles se

leurs

en dissimulant à comte de Sicile, épousa un autre II, p. 91. Judith

forces

au

monde;

leur époux qu'elles accepta Judith pour comte dont j'ai ouet Emma ne furent

certainement pas les seules à dissimuler à leurs maris leur qualité de nonne. Le mariage de Judith fut célébré avec solennité et cum maximo musicorum conventu à Mileto, peu après la Noël 1061, date de l'arrivée de Robert de Grandmesnil et de ses moines en Calabre. C'est trés vraisemblablement à l'occasion de ces festi-

vités

que l'abbé destitué vint solliciter des terres du duc Robert

Guiscard et de son frère Roger (cf. L. R. MENAGER, Les fondations

monastiques..., p. 17). Robert de Grandmesnil ne fut d'ailleurs pas le seul à taire le secret de ses soeurs, que devait aussi partager leur

autre

frere, juvenis

qui combattait

dans

quidam,

l'armée

Arnaldus

du comte

nomine.

Mais

celui-ci,

de Sicile, mourut

l'année

suivante lors du siège de Monteverde: G. MALATERRA, II, xxiii, p. 36. En juin 1127, Roger II confirmait à Anseau, vicomte de Arri, la terre que tenait auparavant Nicolaus de Ebraco: C. A. GARUFI, I doc. inediti, n° VII, p. 17. FALAISE, Calvados, ar. Caen, ch.-l. c. (Falesia [Corbutuo de —, 1050/1060]:

p. 327; Phalesia ( juin 1066]: des GAUTRIES,

dans Ann.

M.

FauRoux,

n?

146,

Ibid., n° 231, p. 445; cf, J. ADIGARD

Norm.,

3, 1953, p. 24).

Guillaume de Falesia est témoin à deux chartes en faveur de la Trinité de Venosa: lune de Robert, comte du Principat, datée de 1085, l'autre de Roger, duc de Pouille, datée de 1088: L.R. MÉNAGER, Les fondations monastiques..., n° 19, p. 95 et n. 20. En mars 1097, dans un diplóme du duc Roger dont nous ne possédons que la traduction

latine, Rogerius

Falisi,

nus, frater eius sont mentionnés à

Sant'Angelo

di

Mileto:

L.R.

Moriella

comme MÉNAGER,

uxor

eius

et Guari-

ayant donné deux serfs L'abbaye

bénédictine...,

p. 37. FAY

(LE), commune

de

St-Quentin-des-Isles,

Eure,

ar.

Bernay,

c. Broglie. (Fait [996/1008]: M. FAuRoux, n? 11, p. 84; Fagetum [1025]: Ibid., n° 35, p. 133; cf. J ApiGARD des GAUTRIES, dans Ann. Norm., 4, 1954, 240). Ugo de Faio souscrit un diplóme ducal de septembre 1094 en 314

IV

faveur de la Trinité de La Cava: FIERVILLE, commune Caen, c. Evrecy. Aux

environs

de

unie

cf. supra, sous BOHON. en

1049, Raoul

1827

à

Avenay,

II Taisson

Calvados,

donnait

ar.

à St Etienne

de Fontenay terram Herluini de Furavilla totam, sicut eam de illo (Radulfo) tenebat ea die qua Nortmanniam dereliquit et in Apuliam abiit..:

L. MussET,

Actes

inédits du XIe

siècle, dans

BSAN.,

56 (1961-1962), 27 et 37. FOLLEVILLE,

Eure,

ar. Bernay,

c. Thiberville.

Gualleranus Folleville dixit quod tenet Andrettam (— Andretta, prov. Avellino): Catalogus Baronum, p. 66; Rogerius Follevilla

dixit quod p. 32. En

tenet Ripam

mai

1178

(=

Ripa Candida, prov. Potenza):

Fromundus

Folleville,

seigneur

d'Andretta,

sait plusieurs donations à S. Maria di Montevergine: DICE, Parte I, vol. I, Append.

Ibid., fai-

G. DEL Giv-

I, n° xix, p. xlii.

GavRAY, Manche, ar. Coutances, ch. - l.c. (Wavreti

[1042]:

F. DE

Robertus de Gabreto

BEAUREPAIRE,

p. 72)

souscrit en 1094 un diplóme de Roger I

en faveur de S. Bartolomeo di Lipari:

PATTI, Arch. Capit., Vol. I

di Fond., n. ant. 13, mod. 54. GoncES, Manche, ar. Coutances, c. Periers. Paganus de Gorgiis souscrit un diplóme bilingue dont

seule

la version

latine

est

datée

[1090

(—

de Roger

1088),

ind.

S. Cusa, n? 34, p. 385; puis un autre diplóme du méme, février 6599/1091, en faveur de l'évéché de Mileto:

I

xi]:

daté de

Vito CAPIALBI,

Memorie per servire alla storia della chiesa miletese (Napoli,

1835),

Appendice xi, p. 140. En 1091 (?), Malgerius de Gorgis et Willelmus de Gorgis souscrivent l'acte de fondation de S. Maria di Valle Giosafat,

oeuvre de l'abbé Hugues:

Angelo

Li GorrIi, dans ASS., serie 3°,

8 (1956), 85.

Paganus de Gorgis souscrit en sept.-decembre 1092 une donation de Pierre de Mortain à l'église d'Agrigente (P. COLLURA, n? 1, p. 7) puis les diplómes comtaux suivants: 15 aoüt 1094 en faveur

p. 211);

des

chartreux

de

S. Maria

della

Torre

1093-1096, juin, relatif aux dimes

(RNAM.,

V, n? 480,

des église siciliennes

(P. CoLLuRAa, n° 4, p. 20); 6605/1097, février en faveur des chartreux de S. Maria della Torre (F. TRINCHERA, n° lx, p. 78). Neelis filius Pagani de Gorgis intervient comme témoin de S. Maria di S. Eufemia parmi les boni homines de Seminara, aux 315

IV côtés de W. de Bussun (sic) et Askitinus de Perere, en janvier 1110

(K. A. KEHR, Anhang, Nr. 3, p. 414); enfin Radulphus Gorgiensis est témoin à un acte privé passé en 1128 dans la région d'Agrigento (P. CoLLURA, n° 11, p. 34).

GRANDMESNIL,

Calvados,

ar.

Lisieux,

c. Saint-Pierre-sur-Dives.

De son mariage avec Hadvisa Giroie Robert —

mort

le 18 juin

1050 à la suite de blessures

combat (Onp. Vir., I, p. 181; II, p. 41) —

de Grandmesnil reçues

dans

un

avait eu trois fils et trois

filles. Avant de mourir il disposa de ses biens en faveur de l'aîné, Hugues, et du cadet, Robert (II, p. 41); on comprend alors les raisons qui incitérent le troisième fils, Arnaud, à partir en Pouille

(Ibid., II, p. 55). Apres

avoir été cinq

bert de Grandmesnil les mois venu

ans

écuyer

de

St

duc

de

prit l'habit monastique

qui suivirent la mort

abbé

du

Evroult,

Normandie,

Ro-

à St Evroult, dans

de son père (Jbid., II, p. 40). De-

on

sait

comment,

victime

d'un

comp-

lot ourdi par Rainier, moine de Conches, il dut fuir la Normandie, le 27 janvier 1061, accompagné de dix de ses moines. Accueilli

en Calabre par Robert Guiscard, il reçut l'abbaye de S. Maria di Sant'Eufemia cembre 1082

qu'il gouverna jusqu'à sa mort, survenue le 13 de(cf. L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques...,

15-19). L'entrée de Robert dans les ordres eut pour effet d'investir Hugues de la plus grande partie des terres paternelles. Il épousa Adélaide, fille d'Yves, comte de Beaumont-sur-Oise, qui lui donna cinq fils — Robert, Guillaume, Hugues, Yves et Alberic — et cinq filles: Adeline, Hadvisa, Rochesia, Mathilde et Agnés (Onp., t. HI, p. 359). En tant qu'aîné, c'est Robert qui succéda à l'honneur de

il mourut

Grandmesnil;

le ler juin

Quant

(Ibid., p. 455).

1136

à Guillaume il fut, nous dit Orderic, trés estimé à la cour du roi Guillaume qui avait pour lui un attachement tel qu'il lui donna

pour femme Mais

par

sa propre

niéce, fille de Robert, comte de Mortain.

la suite, rejetant

le conseil

du

roi et poussé

par

l'in-

constance, il partit pour la Pouille où il arriva, avec Robert Gifard

et

plusieurs

contre

autres,

Durazzo

peu

(juillet

avant 1081)

l'expédition

à laquelle

de

il prit

Robert part

Guiscard

(Jbid.,

t. III,

p. 171). Etabli en Calabre il reçut du duc de Pouille l'une de ses filles, Mabilie, pour femme en méme temps que quinze cháteaux.

Lors de la seconde entreprise italo-normande contre l'empire by316

IV

zantin il faisait partie des parents, alliés et magnats que Robert Guiscard, avant de mourir, appela à son chevet pour les entretenir de la succession au duché (Céphalonie, juillet 1085: On. Vir., t. III, p. 183).

À l'automne de 1096, Guillaume de Grandmesnil vit arriver ses fréres Yves et Albéric dans les rangs des croisés normands (Ibid., p. 484); il fit campagne avec eux en Terre Sainte dans l'ost de Bohémond. Le 10 juin 1098, Guillaume et Albéric, effrayés par l'ardeur

valut p. 545;

des

combats,

s'enfuirent

d'être excommuniés Hist.

Anon.

d'Antioche

par Pascal

de la Première

assiégée,

II en janvier

Croisade,

doute peu aprés que Robert mourut

p.

ce qui

leur

1100 (Ibid.,

126). C'est

sans

en Calabre laissant ses fils

Guillaume et Robert pour héritiers de ses possessions italiennes (OrD. VIT, t. III, p. 455). Les sources diplomatiques italo-normandes nous ont conservé quelques traces de son établissement calabrais. C'est ainsi qu'en mai 1097 le duc Roger confirmait à la Trinité de Venosa les actes par lesquels Guilielmus Grandemanillus avait accordé l'église S. Maria de Roccecta, située dans le ténement de Castrovillari (prov. Cosenza), avec ses hommes et toutes ses dépendances (G. DEL GiIUDiIcE, Appendice I, n? x, p. xxv-xxvii); en janvier 6622/

1114, « Philippe,

naguère

vicomte

et chevalier

de sire FovôtAuoc

lpavreuavr » donnait à S. Pietro de Brahalla (= Altomonte, prov. Cosenza), obédience de la Trinité de La Cava, un fonds de terre situé à Oriolo pour le rachat des péchés de son défunt seigneur, Guillaume de Grandmesnil, qui lui avait fait don de la susdite terre (F. TRINCHERA,

n? Ixxvi, p. 99).

Guillelmus de Grantemasnil, fils aîné de Guillaume et de Mabilie, souscrit en decembre 1114 une donation de Guillaume, duc de Pouille, à ses fidéles Pierre et Guaiferius (Arch. della di Cava, arm. E.44). Avec sa mére la comtesse Mabilie,

Badia dame

d'Ortzoulou, il donnait en septembre 6626/1117 à la Trinité de La Cava l'église S. Pietro di Altomonte, située sur le territoire d'Ourtzoulou (F. TRINCHERA, n? lxxxiii, p. 108-110; G. MOoNGELLI, n? 131, p. 55). Nous ignorons ce qu'il est advenu de Guillaume, mais les

chroniques italo-normandes sont plus loquaces sur son frère cadet Robert, second fils de Guillaume et de Mabilie. Nous le savons engagé parmi les barons calabrais qui s'opposérent en juin 1127 à Roger II, préoccupé de faire valoir ses droits à la succession au 317

IV duché de Pouille (ROMUALD SALERN., éd. C.A. GARUFI, p. 215). Tout comme Geoffroi, fils d'Alexandre de Senise, il est vraisembla-

ble qu'il sollicita et obtint la paix du jeune souverain sicilien. Deux ans

plus

tard,

en juin

1129, nous

retrouvons

Robert

de Grand-

mesnil au siège de Montalto-Uffugo, en Calabre. Alexandre de Telese nous rapporte qu'il sollicita du duc Roger l'autorisation de quitter l'armée et de rejoindre sa patrie normande, arguant que son fief était trop petit pour lui permettre d'accomplir ses prestations militaires. Roger II lui demanda d'attendre que la soumission de la Pouille soit obtenue, aprés quoi il s'appliquerait à lui donner un fief plus grand. Mais Robert refusa toute expectative et quitta l'armée; il est probable qu'il chercha alors à se joindre à la rebellion apulienne. Roger II le rencontra à nouveau à Lagopesole, aprés la prise de Troia (aoüt), et aprés l'avoir semoncé pour sa

désertion lui demanda

de renoncer publiquement à ses fiefs cala-

brais, ce à quoi Robert

déféra. Mais en septembre

Robert

n'était

toujours

jurer qu'il quitterait

pas

parti.

l'Italie (ALEx.

Roger TEL,

1139, à Tarente,

le contraignit I, xvii et xx-xxi).

quant à sa parole, Robert de Grandmesnil, bien loin de états de Roger, avait occupé Oriolo et Castrovillari. Au de 1130, le duc alla l'assiéger et l'obligea à s'éloigner de F. CHALANDON, I, 403. GRAVENCHON (NOTRE-DAME DE), Seine Maritime, ar. c. Lillebonne. (Cravencio

[1082-1087]:

[1050]:

cf. J. ApicARD

con,

M.

FauRoux,

des

alors

n? 234,

GAUTRIES,

dans

« Man-

quitter les printemps l'Italie »: Le

p. 451;

Ann.

à

Havre, Craven-

Norm.,

7,

1957, 151).

Uxor Guillelmi minem

suum,

quod

de Crevenzone tenet

S.

mandavit

Nicandrum

(=

per Benedictum, Sannicandro

ho-

Garga-

nico, prov. Foggia), quod est feudum ii militum (1150-1152): Catalogus Baronum, p. 40. HAUTEVILLE-LA-GUICHARD, Manche, ar. Coutances, c. St. Sauveur Lendelin. Des onze fils de Tancréde de Hauteville qui vinrent s'établir en Italie aucun ne semble y avoir porté le nom paternel. Le patronyme de Altavilla ne fut relevé que par les puinés de Geoffroi, quatriéme (ou cinquiéme) fils de Tancréde et de Muriel. Geoffroi n'arriva en Italie, avec ses demi-fréres Mauger, Guil-

laume et Roger, qu'aprés

la bataille de Civitate, qui eut lieu en

juin 1053 (AIMÉ, III, 43). Aux dires de Malaterra, c'est après avoir 318

IV reçu l'investiture pontificale du comté de Pouille, en 1056, qu'Onfroi conféra deux comtés à ses frères Guillaume et Mauger: au premier il donna le Principat et au second la Capitanate. Mais avant de mourir — peu de temps aprés —, Mauger laissa sa part à Guillaume, lequel la rétrocéda à Geoffroi (MALATERRA, I, xv, p. 16). La Capitanate, créée en 1018 par le catépan Basile Bojoannes (1), comprenait

gonara,

Civitate,

concession

comme

à

un

territoire

Fiorentino,

Mauger,

était

très

limité (Chieuti,

Biccari) encore

(2) qui,

tout

à

au

moment

conquérir.

comte de Capitanate nous ne connaissons

Troia, De

Dra-

de sa Geoffroi

rien d'autre que

la rebellion qu'il eut à mater en 1059 à Chieuti, campagne laquelle

il fit appel

à son

frére

Robert

Guiscard

pour

(MALATERRA,

I,

xxxlii-xxxiv, p. 23).

En revanche nous connaissons bien son fils ainé, Robert, comes comitum de Loritello (1061-1107: A. DE FRANCESCO, dans ASpPN., 35, 1910, 273-281), son fils cadet, Raoul de Loretello, comte de Catanzaro (1088-1098: E. JAMISON, dans ASpCL., 1, 1931, 452-455)

et Guillaume

de

Altavilla,

familier

et baron

de

Roger

I,

comte de Sicile et de Calabre, dont il a souscrit nombre de diplómes, de 1091 à 1101. Sans doute est-ce de son frére Raoul que celui-ci tenait Tiriolo, Sant'Eufemia et Rocca Falluca en Calabre (cf. L. R. MÉNAGER,

Les

Galgana,

Sperlinga

dame

de

Actes

Latins...,

(prov.

p. 72,

n. 2). De

Catania),

sa femme

Guillaume

de Hau-

teville eut trois fils, Ugo Ruffus ou Rubeus qui hérita de Rocca Falluca (Chronica Trium Tabernarum, éd. E. CASPAR, p. 53), bert Brito et Richard (cf. L. R. MÉNAGER, loco cit., 73-77).

Ro-

Mais on connait aussi un autre personnage du nom de Guillaume de Hauteville, qui semble bien n'étre nullement le méme que le seigneur de Tiriolo, Sant'Eufemia et Rocca Fallucca. En février et novembre 1122, ce Guilielmus de Altavilla était seigneur de Biccari (prov. Foggia) concessu comitis Robberti, domini et fratris mei (F. CARABELLESE, n? xl, p. 549 et n? xlii, p. 552). Un document de juillet 1115 identifie le comte Robert en question avec Robert II de Loretello, fils de Robert I comes comitum de Loritello (A. DE FRANCESCO, loco cit., 281-285; le document est publié par

(1) Chron.

Casin., II, 51: cf. V. voN FALKENHAUSEN,

die byzantinische Herrschaft

in Süditalien

(2) Cf. W. HOLTZMANN dans Phil-hist, Klasse, 1960, 25-29.

Nachr.

(Wiesbaden,

der Akad.

der

Untersuchungen

1967), 5657.

Wissensch.

über

——

in Gótt.,

319

IV

F. CARABELLESE,

p. 543).

Ce

deuxième

Guillaume

de

Hauteville,

nanti d'une part de Capitanate, était donc le fils de Robert I, comte de Loretello, et par conséquent neveu de l'autre Guillaume de Hauteville. HOoMMET, Manche, ar. Saint-Lô, c. Saint-Jean-de-Daye. (Trois localités voisines portent ce nom: Hommet, à 2 kms

au N.O. de Le Hommet d'Anthenay, ar. Saint-Lô, c. Saint-Jeande-Daye, et Le Hommet, rattaché à Gorges, ar. Coutances, c. Périers. Le toponyme et Robert, seigneur du lieu, sont mentionnés dans l'acte de fondation de Saint Fromond [996-1026]: L. MusSET, dans BSAN., 53, 1955-56, 483). En decembre 1119, Silvester de Humet souscrit une charte de

Geoffroi de Raguse, fils de Roger I, en faveur de l'église de Catane: R. Prinno, I, 525. IcÉ, Orne, ar. Mortagne-au-Perche, décembre

5

Le

Jalgeio,

ses

de

assisté

Hugo

1082,

trois

c. Belléme.

Budnellus,

frères,

Raoul,

fils

de

Richard

Robertus

de

et Goislenus,

tua Mabilie de Belléme qui s'était indûment emparée du château d'Igé, leur bien paternel. Le meurtre accompli, ils se rendirent en Pouille, puis en Sicile et enfin à la cour d'Alexis I Comnéne, qu'Hugues quitta peu aprés pour s'établir néanmoins en Gréce: Onp. ViTAL, éd. Le Prévost, t. II, 410-411 et t. TIT, 598. LAIGLE

ou

L’'AIGLE,

Orne,

ar. Mortagne-au-Perche,

ch-l. c.

Richardus, cognomento de Aquila, nous apparait pour la premiére fois en septembre 1071: avec Léon et Gérard, consul de Fondi (prov. Latina), il faisait don de l'église S. Onofrio di Fondi à S. Benedetto di Montecassino (Chron. Casin., III, 39, éd. J.P. MiGNE, col. 773; E. GATTOLA, Historia, 259). En 1089 il reçut de l'abbé de Montecassino concession de la citadelle de Suio (fraz. di Castelforte, prov. Latina, à 10 kms à l'ENE de Minturno; Chron.

Casin., IV, 7, col. 829). En

avril

1091, Richardus

qui vocor

de Aquila,.. comes de castello Pica (= Pico, prov. Frosinone, à 25 kms. au N.O. de Minturno), avec le consentement de Renaud Ridell, duc de Gaeta, fait donation à S. Benedetto di Montecassino de quatre monastéres situés sur ses terres, à Falvaterra et S. Giovanni

Incarico (Cod.

Dipl.

Caietanus,

II, n° 263, p. 143-145)

et en

1107 nous avons le serment de fidélité qu'il préta à S. Benedetto di Montecassino aprés avoir reçu concession de la cité de Pontecorvo (Ibid., n° 282, p. 178-180). Dès 1105 au moins il était à la tête du duché de Gaeta et du comté de Sessa (15 Kms à l'E. de

Minturno; 320

7bid.,

nn. 280-281,

p. 175-178).

Sa mort,

survenue

peu

IV avant février 1115 laissa sa veuve, Rangarda, et ses fils mineurs, André, Peregrinus et Geoffroi (Ibid., n° 281, p. 177-178) aux prises avec les convoitises de ses voisins et avec les exigences de l'ab-

baye du Mt Cassin qui, faute d'héritier mále en áge de défendre Suio, était fondée à exercer son droit de reprise sur cette citadelle (Chron. Casin., IV, 54, col. 878-879). De fait, il fallut à Geoffroi, son fils et successeur, attendre 1126 pour reprendre possession de Suio (Jbid., IV, 90, col. 912). Son mariage avec Adélaïde, fille de Rao, Rahelis filius, seigneur de Teano (Cod. Dipl. Caiet., II, n° 329,

p. 262, n? 329 et p. 280-281, n? 363), lui permit de compenser avec

les terres de Teano les pertes subies par l'honneur paternel. A sa mort,

survenue

le

14 janvier

1148

(C. A.

GARUFI,

Il necrologio...,

152, 342, 362), ce fut son fils Richard qui lui succéda et qui déclara au Catalogus Baronum, avec sa mère Adélaïde, les fiefs de Traetto (= Minturno), Suio et Pontecorvo ainsi que Calvi-Risorta (15 kms. au S. E. de Teano) et Riardo (8 kms. à l'E. de Teano; Cat. Baron., éd. DEL RE, p. 582; cf. Albina PALANZA, dans ASpPN., 42, 1917,

68-75), avant

de mourir

le 24 septembre

1152

(C. A. GARUFI,

op.

cit., 124). Les terres sur lesquelles Richard de Aquila avait étendu sa domination étaient donc fort éloignées de la ville italienne d'Aquila. D'autre part la facon dont il est nommé dans ses premières chartes (cognomento de Aquila... qui vocor de Aquila... Richardus

cui cognomen de Aquila inditum est) n'autorisent aucun doute sur l'identification de son cognomen avec la ville normande de L'Aigle. Il n'est pas impossible qu'il ait été le frère d'Ingenulf de L'Aigle que nous voyons souscrire deux diplómes ducaux, en 1055 et 1066: M. FAuRoux, n? 137, p. 314 et 230, p. 442. La généalogie

du lignage de L'Aigle que donne Orderic Vital, t. III, p. 197-199, procéde

seulement

de Richer, fils d'Engenulfus.

LILLEBONNE, Seine Maritime, ar. Le Havre, ch.l. C. (Lilibona [1025]: M. Fauroux, n° 36, p. 140).

Willelmus de Insulabona souscrit en 1151 une charte de Geoffroi, fils d'Olivier:

que

cf. Supra

LiNGEvRES,

Calvados,

Robert

Torigni,

lors

des chefs

de

de

de

sous

ar. Bayeux, abbé

du

c. Balleroy.

Mont-Saint-Michel,

l'attaque

de Roger

II contre

l'armée

sicilienne

qui

voure était un certain Ricardus qui était arrivé récemment

don

Bueil.

du roi Roger le comté

Tripoli,

montrérent

de Linghéve,

du comté

en

le plus

conte

1146,

l'un

de bra-

« excellent chevalier

de Bayeux

de l'ile d'Andros

nous

et avait reçu en

sur lequel le méme 321

IV roi venait de faire main basse au détriment de l'empereur de Constantinople » (The chronicle of Robert of Torigni, éd. Richard Howlett, p. 153). Selon l'historien grec Jean Kinnamos, il joua

un róle important aux cótés d'Asketill, vice-chancelier du royaume, lors de l'offensive de l'armée royale contre les forces d'invasions byzantines débarquées en Pouille, au printemps de 1155. Le mé-

me auteur précise que Richard mourut sous les murs d'Andria à la fin de l'été de cette méme norman

kingdom..,

année

252-253;

The

(cf. E. JAMISON,

norman

The sicilian

administration...,

286).

Robert de Torigni, qui parait avoir été trés bien informé de ces événements, ne place pas, durant cette bataille, Ricardus de Lingevre, comes Andriae du cóté des forces royales. Il déclare au contraire que Robert de Vassonville et Richard, pensant que le roi Guillaume était mort — alors qu'il était seulement malade — se livrérent à des transports furieux à travers toute la Pouille (op. cit., p.

185).

Par

la suite

il ne

mentionne

pas

la mort

du

comte

d'Andria et ne parle plus que de la défaite de Robert de Vassonville qui, privé

de ses biens,

188, 213 et 214). De Richard

trace

que

dans

un

dut

fuir avec

comme

comte

document

d'avril

1155.

ses complices d'Andria

nous

(Ibid., n'avons

Il s'agit d'une

notice

de plaid de deux justiciers royaux rapportant qu'ils avaient enjoint au défendeur de comparaitre devant Asketill, vice-chancelier du royaume,

nétable royal:

et Gilbert

d'Andria

comte

Richard,

F. NrrTI di VITo, Le pergamene di S. Nicola di Bari.

Periodo normanno (Bari, 1902), n° 112, p. 190-192. LoNGUEMARE, commune de Sommesnil, Seine Maritime, Havre, c. Ourville-en-Caux.

(Langomarra

Radulfus

con-

de Balbano,

[1025-1026]:

de Angamarra

ar. Le

M.

FauRoux, n? 52, p. 166). souscrit en 1094, ind. ii, le diplóme

par leque! Roger I confirmait le temporel de l'abbaye de S. Bartolomeo di Lipari: 13, mod. 54.

Lucy,

PATTz,

Seine-Maritime,

Trois personnages

Arch.

ar.

porteurs

Capit,

Dieppe, du

Vol.

I di Fond.

n° ant.

c. Neufchatel-en-Bray.

méme

patronyme

nous

sont

connus par les sources diplomatiques calabraises et siciliennes au cours de la dernière décennie du XI° siècle. Il s'agit d'abord de ‘Pouképioce 8t AwWjou stratège de Mileto (prov. de Catanzaro) en

avril 1099 (cf. supra sous DUN). En second lieu, la dédicace du monastère S. Michele de Raito, dans le ténement d'Arena (prov. cf. Bulle JL. 16872) a été faite par l'évêque Catanzaro: 322

IV 'Incopé 6e Aovttii est-il dit dans une charte de Guillaume Culchebret datée de sept. 1096-aoüt 1097: L.R. MENAGER dans Byz. Zeitschr.,

50 (1957), 325. Arena est à 15 kms de Mileto; l'abbaye était donc située dans le diocèse de Mileto et l'évêque Geoffroi ici mentionné

était bien le Goffredus (Militensis) episcopus documents

de

(1958/1959),

1091

à 1094:

65, n. 4. Enfin

L.R.

MENAGER,

la troisiéme

attesté dans dans

et sans

divers

BaPr.,

n.s., 4-5

contexte

la plus

importante de ces personnalités homonymes est losbertus ou Gosbertus, l'un des barons les plus constants de la cour comtale de Palerme, de 1081 à 1110. Il épousa Muriel, l'une des filles de Roger I, qui lui donna plusieurs fils dont l'ainé paraít avoir été Bartélémy: une charte de juillet 1126 nous apprend qu'il possédait un domaine en Calabre entre Borgorosso et le M. S. Paolo (7 kms à l'Est de Stilo, prov. Reggio-Calabria); le document orthographie son nom $e Aouté (F. TRINCHERA, n? XCVIII, p. 129), qui est égalegment

la

forme

employée

par

un

certain

Aopí(vwog

6e

Aout

lorsque celui-ci souscrit un acte de donation de mai 1142: S. Cusa, n? 66, p. 524. Le grec ne possédant pas le phonème che ou tche (F ou «F), l'exprimait par 5 ou «5; Acutth était donc la transcription

de Lucé.

C. A. GaRUFI,

dans

un mémoire

avait été le premier à identifier ce toponyme

trés perspicace,

avec le Lucy nor-

mand (La contea di Paterno e i De Luci, dans Asso., 10, 1913, 160-180) et H. W. Klewitz esquissa plus tard une étude généalogi-

que de la branche

sicilienne des De Lucy

ments qui la rendaient malheureusemente u. Mitt.

z. Gesch.

der

Ben.

Ord.,

52

sur la base de docutrés conjecturale:

(1934),

236-240.

Stud.

Récemment,

Alessandro Pratesi (Carte Latine.., 21/22, note) est venu contester vigoureusement une telle identification pour ne voir dans Lucium, Luccium, Lutium que le toponyme calabrais Luzzi (prov.

Cosenza).

Pareille contestation s'appuie sur le fait qu'en novem-

bre 1121 le castellum Luzi relevait de Geoffroi, comte de Catanzaro, qui le transmit à son fils, Guillaume (Jbid., doc. n° 6, p. 22 et 26, p. 67). Or ce lignage était tout à fait étranger à celui des Lucy (Ibid., p. XXI-XXVI). Cette critique trés pertinente laisse toutefois

entière la question de l'origine des de Lucé et de l'identification de leur patronyme.

En effet, si les documents

publiés par A. Pratesi

permettent d'établir que le castellum Luci et la terre Lucii étaient bien

dans

le domaine

des

comtes

de

Catanzaro

depuis

1121,

il

n'en demeure pas moins que le lignage sicilien descendant de Iosbertus s'est prévalu du patronyme originaire durant tout le XII** siècle. Comme l'avait bien vu C. A. Garufi, un document 323

IV

fondamental, émané de la chancellerie panormitaine, est passablement explicite à cet égard. Il s'agit d'une sentence rendue par Roger

II

dans

un

procès

soulevé

contre

Muriel,

dame

de

Pater-

rano (kvp& MopwXXa Iladdept vov) relativement à la propriété d'un moulin situé entre Librukes et Ciminna (prov. Palermo). Les témoignages sollicités ont révélé que le moulin en question avait

été construit par le défunt seigneur liooxéptos mari de la défenderesse, et qu'en conséquence il appartient bien à Muriel, dame de Paterrano ou Petteranum (localité aujourd'hui disparue entre Caccamo, Vicari et Sclafani: D. GIRGENSOHN, dans Quell. u. Forsch., 45, 1965, 21, n. 12): S. Cusa, n? 38, p. 471/472. Ce record de plaid permet de relier Josbertus à Anfusus de Peterana (novembre 1170: C. À. GaRUFI, dans Asso., 10, 1913, 175/176) ou de Pet(e)rrano (mai 1194: L. T. WHITE, Appendix, n° XLV, p. 288), Anfusus de Luce regius iustitiarius (août 1176: ibid., n° XXXII, p. 274) ou encore

Anfusus de Lucci, filius Philippi de Lucci, domini regis consanguineus qui, en 1171, donne à l'évéché de Patti l'église S. Maria quam in territorio terre mee Petterrani in domino mio habebam... avec toutes ses dépendances sicut in privilegio quod inde avia mea (domina Moriella) bone memarie fecit: L. T. WHITE, Appendix, n° XXVII, p. 267/268. Ainsi donc il est clair qu'Anfusus était le petit-fils de Muriel et que par conséquent Philippus de Lucci était, avec Barthélémy, né de celle-ci et de Josbertus. Il est par là méme également clair que le patronyme de Lucci s'est maintenu en dehors de tout lien avec la citadelle calabraise de Luzzi et qu'il faut donc lui trouver une autre source d'identification. C'est la première raison qui nous contraint à nous tourner vers le village

normand

Mais

de Luci

(Lucy,

Luccium,

Luci).

il est une autre raison qui conduit, avec une force éga-

le, à la méme conclusion: c'est le choix fait par Roger I de Josbert de Lucy comme mari de sa fille Muriel. En 1080, Mathilde, fille de Roger et de sa seconde femme, Eremburge de Mortain, fut mariée à Raymond IV de St Gilles, comte de Toulouse (MALATERRA, III, XXII, p. 70; devenue veuve, elle épousa Robert, comte d'Eu (cf. supra, sous Eu). Emma, fille d'un premier mariage du comte de Sicile avec Judith d'Evreux, fut unie en 1087 à un comte de Clermont (MALATERRA, IV, 8, p. 90); veuve elle aussi, elle se remaria

à Raoul Machabée,

comte de Montescaglioso (cf. une charte

de Raoul, datée de mai 1099, où elle est mentionnée en méme temps que sa mère Judith: RNAM., VI, Appendix, n? XII, p. 168). En 1096, Maximilla fut mariée à Conrad, fils de l'empereur Henri 324

IV IV (cf. W.

HOLTZMANN

dans

Deutsches

Archiv

für

Erforsch.

des

Mitt., 19, 1963, 149-167). Enfin en 1097, une quatrième fille de Roger I épousa Coloman, roi de Hongrie (MALATERRA, IV, XXV, p. 103).

Le comte de Sicile a donc été trés exigeant sur la qualité de ses gendres, ce qui rend invraisemblable qu'il ait pu donner l'une de ses filles au seigneur d'une petite citadelle calabraise et induit au contraire obligatoirement à voir dans Josbert un membre de la famille de Luci, l'un des plus importants lignages de la Normandie ducale. Cela étant, rien n'exclut

que

le Lucium,

Luccium,

Lutium

ca-

labrais ait été une fondation normande et doive son nom à celui de la terre de Seine-Maritime que Josbert et ses descendants continuérent à utiliser comme patronyme en Sicile et en Calabre.

DOCUMENTS

RELATIFS

À JOSBERT

DE

LUCY

1) 1091, décembre: Goisbertus de Luccio souscrit le diplôme comtal de fondation de l'évêché latin de Catania: L.R. MENAGER, dans BAPI., ns. 2/3 (1956/1957), doc. n° 1, p. 165. 2) 1092, avril: Zosbertus de Luciaco souscrit le diplôme par lequel Roger I dote l'évéché de Catania: ibid., doc. n° 3, p. 166. 3) Messina, 6601/1093, janvier: Gosbertus de Luci souscrit un diplóme comtal en faveur de la Trinité de Mileto: L.R. MENAGER, dans BAPI., n.s., 4/5 (1958/1959), doc. n° 9, p. 32. 4) 1093, mai, 7: Ilosbertus de Luciaco souscrit un diplôme comtal en faveur de Bruno et de ses chartreux: RNAM,, V, n° 466, p. 173 vérifié sur la photographie de l'original dans la coll. fot. P. Collura, n* 366. 5) Mileto,

1092/1093:

Borrell en faveur n° 10, p. 34. 6) 1094

(=

1092,

Zosbertus

de

de la Trinité

sept.-1093,

août),

Luciano

souscrit

de Mileto: ind.

une

charte

L.R. MENAGER,

I: Josbertus

de

de

Robert

loco cit., doc.

Luciaco

souscrit

le

diplóme par lequel Roger I dote la chartreuse S. Maria de Heremo de l'église S. Maria de Arsafia: RNAM., V, n? 478, p. 204-206. 7) 1094, août, 15: Zosbertus de Luciano souscrit un nouveau diplôme de Roger I en faveur de Bruno: coll. fot. P. Collura, n° 375. 8) Sept. 1093-aoüt 1094: Josbertus de Luciaco souscrit un diplóme comtal en faveur de S. Maria di Palermo: PALERMO, Arch. capit. del Duomo, perg.

n° 4.

9) 1095, juin, 22:

Gosbertus

gener

comitis

I en faveur de S. Maria di Roccella-Ionica:

souscrit RNAM.,

un

diplóme

VI, Appendix, n° VIII,

p. 160. 10) 1096, sept-déc: Gosbertus de Luciaco souscrit un diplôme faveur de l'évêché de Squillace: Ibid., n? XI, p. 164-167. 11) Melfi

(1096):

Josbertus

de

Luciaco

souscrit

de

de Roger

nouvelles

comtal

en

libéralités

de

325

IV Roger

I en faveur

des chartreux

de S. Maria

della

Torre:

Jbid., n° LIII,

p. 238/239. 12) 1097,

février:

donation

comtale

de serfs aux

ermites

de Stilo, souscrite

dans sa version latine par Josbertus de Luciaco: orig. jadis conservé à l'Arch. di Stato di Napoli, perg. esposte, n° 7: F. TRINCHERA, n° LX, p. 77/78. 13) 1097, novembre: une charte de Robert, comte du Principat, en faveur de la Trinité de Venosa est souscrite par Gosbertus de Luciaco: L.R. MENAGER, Fondations monastiques, n° 23, p. 97. 14) Squillace, 1099, août: Roger I fait d'amples donations à Bruno, sence de losbertus de Luciaco: RNAM., V, n° 497, p. 249-254.

15) 6609/1101, diplôme

16) 1101, Roger

4/5

juin,

16:

bilingue:

Idem,

pour

d'autres

F.

TRINCHERA,



sept.décembre:

Josbertus

de

I en faveur

(1958/1959),

de la Trinité

donations

LXIX,

pré.

dans

un

diplôme

de

exprimées

p. 87.

Luciaco

de Mileto:

en

souscrit

un

L.R. MENAGER,

dans

BAP., n.s.

n° 14, p. 43.

17) 6609/1101, juin, 16: Roger I donne à S. Maria de Heremo le village d'Aruncio presentibus... Iosberto de Luciaco: TRINCHERA, n° LXIX, p. 87. 18) Sur plainte d'Hubert, abbé de S. Maria di Bagnara, Adélaide, comtesse de Sicile et de Calabre, envoie Robert Burellus, Josbertus de Luci et

le protonobilissime

Bon

pour résoudre

le litige. L'acte est daté de Mes-

sine, 6618/1110, janvier: K. A. Kum, p. 413. 19) La méme comtesse Adélaide, entourée de trois barones, Robertus Borellus, Gosbertus de Licia et Willelmus de Altavilla, concede l'église S. Maria di Roccella à l'évéché de Squillace: Messine, 1110, février:

RNAM, VI, Appendice, n° XVIII, p. 180/181. 20) 1119 (sept.-déc.) ind. XIII: Muriel, filia comitis de

Lucci

et

Bartholomeus,

filius

meus,

cum

Rogerii, ceteris

uxor

filiis

meis donnent une église et dix serfs à S. Maria della Torre: tom HI, Appendix I, n° XXXII, p. CLXVIII.

MALE,

Orne,

ar. Mortagne-au-Perche,

Guisberti

et filiabus...

B. TROMBY,

c. Le Teil :

En 1067, Robert Guiscard fit construire la rocche de S. Marc (= S. Marco Alünzio, prov. Messina) pour desfension... de la multitude de li chrestien, liquel habitoient en un lieu qui se clamoit le Val Demanne (cf. Roccella Valdémone, prov. Messina), ..et pour acquester toute la Sycille. Et la garde de lo castel commist à Guillerme de Male et a ses chevaliers: AIME, V, XXV, p. 245. MANCELLIERE-SUR-VIRE, Manche, ar. Saint-Lô, c. Canisy. (Mansellaria [1055-1066]: M. FAuRoUx, n° 214, p. 405). À Oria (prov. Brindisi), en novembre 1174, Guillemus de Man-

sellera et sa femme Claritia, au terme d'un litige qui les opposait à l'abbesse de S. Maria di Brindisi, se démettent de terres contestées moyennant une compensation pécuniaire. Pour leur défense

ils ont produit un contrat conclu entre Lucie, jadis abbesse du

dit couvent et Raynaldus de Monte Ioi, prédécesseur de Guillaume: 326

IV A. DE Leo, Cod. dipl. Brindisino, I, éd. G. M. MonTi (Trani, 1940), n° 20, p. 38-40. MAULEVRIER, Seine-Maritime, ar. Rouen, c. Caudebec-en-Caux. (Mallevrier

[1024]:

M.

Fauroux,

n° 27, p.

115)

En 1094, ind. II (avant le 6 mars: D. GIRGENSOHN, dans Quell. u. Forsch., 45, 1955, p. 11, n. 3), Roger I confirmait à l'évêché de Patti

l'église

S.

Filippo

di

Agira

(prov.

terres et cinq serfs par Guiglelmus l'acte:

PATTI,

Arch.

Capit.,

Vol.

Enna)

donnée

Malusleporarius

I di

Fond.,

n. ant.

avec

qui 13,

ses

souscrit mod.

54.

Entre 1101 et 1112, un différend oppose Eleazar, seigneur de S. Filippo, au sujet des limites territoriales de S. Filippo di Agira et de Regalbuto: S. Cusa, n? 63, p. 302/303. En mai 6624/1116, Eleazar de Galati (prov. Messina), fils de Guillaume MakkdBper offrait un de ses serfs à S. Maria di Demenna: S. Cusa, n° 32, p. 411/ 412 et en novembre 1123 Eleazar, Guillelmi de Mallevrer quondam filius, faisait donation à S. Maria di Valle Giosafat de l'église S. Anna située sur sa terre de Galati (: H. F. DELABORDE, Chartes de Terre Sainte provenant de l'abbaye de N. D. de Josaphat [Paris, 1890], n? XIII, p. 38-40), donation

JL. 8095 de mai

qu'Innocent

II confirma

dans

sa bulle

1140.

MERLERAULT,

Orne,

ar. Argentan,

ch. l. c.

Hugo clericus, filius Oliverii de Merula, pergens in Apuliam, donne en 1094 ses droits sur l'église de Courtomer (Orne, ar. Alengon):

Cart.

de

St

Martin

de

Sées

(Arch.

Orne,

H.

938,

n° LXXXIV, f^ 51 r?). Il était le frére de Robertus Oison, filius Olivarii de Merula dont Guillaume le Bátard approuve à une date indéterminée les donations de diverses c. Mortrée) à l'abbaye

terres sises à Marcoi (Orne, ar. Argentan, de Cerisy: M. FAUROUX, n° 168, p. 359.

Or nous connaissons un Robertus Osio et un Alberedus Osio qui souscrivent le 6 aoüt 1105 un acte de Tancréde de Syracuse en faveur de l'évéché de Syracuse: Arch. S. Giovanni Laterano, Q.7.C.8

et en

1115

nous

retrouvons

Robertus

Oisum

parmi

les té-

moins d'un acte de Guillaume, évéque de Syracuse: L. R. MENAGER, Les Actes Latins, n° 3, p. 62. Robertus Ovsun souscrit en 1103 un acte du méme Tancrède en faveur de l'église de Syracuse: R. PIrRO, I, 619-620.

Il est bon de rappeler que Geroius, dont tant de descendants s'établirent en Italie, Maria l'une de ses filles à Rogerius de Merula: ORD., II, 26. 327

IV (LE) Mozay, Calvados, ar. Bayeux, c. Balleroy. (Moletus [1032]: M. FAuRoux, n° 64, p. 194; cf. J. ADIGARD des GAUTRIES dans Ann. Norm., 3, 1953, 33).

Araldus de Modeta

souscrit (aprés septembre

1160) une do-

nation de Maalda, veuve de Robert de Cremone à S. Elia di Aderno

(prov. Enna): L. T. WHITE, Appendix n? XXIII, p. 264 (d’après une copie du XVIII? siécle). La prénom scandinave (Haraldr) de ce personnage est un argument complémentaire pour l'identification normande de son cognomen toponomastique. MoNTBRAY, Manche, ar. St Lô, c. Percy: Le Livre Noir de Coutances rapporte que Geoffroy de Montbray, le trés puissant évéque de Coutances (avril 1048-février 1093) entreprit le voyage de la Pouille et de la Calabre pour collecter

les fonds nécessaires à la réédification de sa cathédrale. « Il s'adressa à Robert Guiscard, son paroissien, et à d'autres barons qui étaient ses parents, ses disciples ou des personnes de sa connaissance; il acquit ainsi une grande quantité de richesses en or, en argent, en pierres et vétements précieux ainsi qu'en divers dons pieux. grâce auxquelles il put ensuite enrichir l'extérieur et l'intérieur de son église »: Constantiencis,

Gallia

christiana,

XI, Instrumenta

ecclesie

n? 1, p. 219.

Le Livre Noir n'a pas pris soin de préciser quels étaient les

parents de Geoffroi de Montbray à la générosité desquels l'évéque de Coutances fit appel. Nous en connaissons au moins un en la personne de Rogerius de Molbrarii qui assistait en qualité de témoin à la donation du monastère de Cersosimo faite en novem-

bre 1088 par Hugues de Chiaromonte à la Trinité de Cava: L. MarTEI-CERASOLI,

dans

ASpCL.,

8 (1938),

275-276

(d'après

une

copie

de mai 1266). D'autre part, dans une notice de plaid de mars 6650/ 1142,

il est

rapporté

qu'Adélaide,

labre

avait jadis mandé

(donc

comtesse

entre

1101

de

et

Sicile

et de

1112) Robert

Ca-

Avenel,

Roger de MovBpai et deux autres barons pour trancher un différend entre

Eleazar,

fils

de

Guillaume

de

Maulévrier,

et

Geoffroi,

évé-

que de Troina: S. Cusa, n? 63, p. 303. Trés probablement, Roger de Montbray n'était autre que le Rogerius de Molbrai dont Guillaume le Bátard confirmait en juin 1066 la donation de la terre de Grainville faite à la Trinité de Caen pro filia sua ibi facta monacha

(M.

Rodbertus,

FAuRoux,

Rogerii

(1072/1073-1077/1078)

328

n?

de

231,

p.

Molbraio à la suite

445).

filius, d'une

Plus

connu

s'exila révolte

que

son

pendant contre

cinq

père,

ans

le roi (ORD.

IV ViTAL, t. II, p. 381-382). Rentré en grâces, on le voit souscrire trois

diplômes de Guillaume (Robertus de Moubrai, de Molberaio:

juil-

let 1080, H.W.C. Davis, n? 125, p. 33; 1079-1082: n? 170, p. 47 et 171, p. 47). Entré à nouveau en rébellion en 1095, il fut pris et

incarcéré à Windsor oü il resta dans les fers jusqu'à la fin de ses jours: ORp. VITAL, t. III, p. 406-409. Or Robert de Montbray était le neveu de Geoffroi, évéque de Coutances. Roger de Montbray était donc le propre frère du puissant prélat, l'un des grands offciers du Conquérant. MONTFORT-SUR-RISLE, Eure, ar. Bernay, ch.l.c.: « En 1107, le roi Henri convoqua ses barons et écarta des plaids Robert de Montfort qu'il accusait d'avoir violé son serment de fidélité. Parce qu'il se sentait coupable, Robert accepta

la licence qui lui était offerte de partir pour Jérusalem et fit abandon de toute sa terre au roi; puis il partit avec quelques-uns ses

compatriotes.

En

effet,

Hugues

de

Puiseux,

Simon

de

d'Anet,

Raoul de Pont-Echanfré (= N.D. du Hamel) et son frère Guascelin se trouvaient avec Bohémond, en méme temps que plusieurs

autres

Cisalpins.

De

nombreux

chevaliers

d'autres

nations,

qui

avaient tous choisi de combattre contre l'empereur (Alexis I Comnene) avec le susdit duc, attendaient de prendre la mer; dans

cette expectative ils devaient à la libéralité du duc de recevoir leur nourriture et celle de leurs montures ». Embarqués à Brindisi sur la flotte ducale, ils abordérent Valona le 9 octobre 1107 et se présentèrent

devant

Durazzo

le 13:

MONTJOIE-SAINT-MARTIN,

ORD.

Manche,

VITAL,

ar.

t. IV, p. 240.

Avranches,

c.

Saint-

James.

Raynaldus crit en aoüt

Montis 1135

une

Ioe,

castelli

charte

de Rao

Brundusii Talie,

castellanus,

habitant

de

sous-

Brindisi:

À. DE Leo, Cod. dipl. Brindisino, I, éd. G. M. Monti (Trani, 1940), n? 15, p. 28. Cf. en outre, supra, sous MANCELLIÈRE-SUR-VIRE. MONTPINÇON,

commune

du Plessis-Grimoult, Calvados, ar. Vire,

c. Aunay-sur-Odon. (Montepinchon [1032]: GARD des GAUTRIES,

dans

M. Fauroux, Ann.

Norm.,

n? 64, p. 194; cf. J. Apr3, 1953, 35).

Les libéralités dispensées par la maison de Montpingon au monastére de St Evroult ont inspiré à Orderic Vital une notice généalogique qui nous apprend que Raoul de Montpinçon, écuyer de Guillaume le Conquérant, eut pour fils ainé Hugues, qui épousa Mathilde, fille d'Hugues de Grandmesnil. De cette union naquirent 329

IV Raoul, qui succéda aux fiefs paternels, puis Guillaume et Arnulfus qui partit en Pouille «à la recherche de son oncle, Guillaume de t. II, p. 436-437.

V, XVI,

Gandmesnil »:

Raoul,

second

fils du fon-

dateur du lignage, était entré dans les ordres à St Evroult; il mourut au cours de son pélerinage à Jérusalem — lbid. MONTREUIL-L'ARGILLÉ, Eure, ar. Bernay, c. Broglie: Willermus de Monasteriolo, fils de Guillaume Giroie, ou d'Echauffour: cf. supra, ECHAUFFOUR. MORTAIN, Manche, ar. Avranches, ch.-l.c. : Le premier homme que l'on puisse clairement distinguer comme comte de Mortain fut Guillaume Gerlenc, fils de Mauger, comte de Corbeil, et par conséquent petit-fils du duc Richard Ier (1). Il semble qu'il soit entré en possession du comté dès 1020 et qu'il en ait été encore investi aux environs de 1055, époque à laquelle il souscrivait deux chartes en faveur de St Sauveur-leVicomte. C'est peu aprés, sans doute, que sur la foi de propos rapportés par un vassal du comte, Guillaume le Bátard le et saisit l'honneur de Mortain qu'il chassa de Normandie

son

à

conféra

utérin,

frére

de

Robert

Conteville.

Totalement

dépouillé, Guillaume Gerlenc s'en fut en Pouille, accompagné d'un seul écuyer (Onp. VITAL, t. II, p. 259; t. III, p. 246 et Itp. à Guillaume

de

Jumièges,

éd.

J. Marx,

171-172).

p.

Guillelmus

cogno-

mento Werlengus n'a laissé aucune trace en Italie méridionale, mais c'est sa fille Eremburga que Roger I, comte de Sicile et de Calabre épousa en secondes noces aprés la mort de sa premiere femme, Judith, fille du comte d'Evreux (MALATERRA,

[Zbid., II, XIV, p. 35] était la fille qu'il avait eue d'elle

Judith, qu'il avait épousée en 1061 morte en 1080 lorsque Roger maria au comte de Toulouse:

IV, XIV, p. 93;

7bid., III, XXII, p. 70). Il est vraisemblable

que dans son exil italien Guillaume ne fut pas seulement accompagné de sa fille. Les sources siciliennes de la fin du XI* siécle nous font connaitre trois personnages dans lesquels il est tout-a-fait plausible de voir ses fils. C'est d'abord Goffridus de Mauritania qui souscrit en sept.-décembre 1089 l'acte per lequel Sichelgaita, veuve du duc Robert Guiscard, donnait sixième des taxes sur les juifs habitant

(1) Malgré

les

doutes

exprimés

earliest norman counts, dans EHR., Le comté de Mortain au XI* siécle,

330

sur

ce

à S. Maria di Palermo le Palerme (R. PiRRo, I, 75).

point

par

Davi»

Doucras,

The

61 (1946), 142-143; cf. JACQUES BOUSSARD, dans Le Moyen-Age, 58 (1952), 255-256.

IV C'est ensuite Ricardus de Moretong qui souscrit un diplôme comtal du 6 mars 1094 en faveur de S. Bartolomeo di Lipari (PATTI, Arch.

Capit., vol.

I di Fond.,

n. ant.

15, mod.,

55). C'est

enfin, et

surtout Petrus de Moritonio qui souscrit une dizaine de diplómes comtaux échelonnés de 1090 à 1102 (1) et dont une charte de sept.décembre 1092 permet de situer les -possessions à Agrigente (2). (Le) MoucxeL,

dép. Eure, cant. Lyons-la-Forét, cne Vascoeuil:

«Terra de Moncels super aquam Andellam » dans un diplóme de Richard II en faveur de St Ouen: Marie FAUROUX, n° 53, p. 173. Cette identification de Moncels nous paraít préférable à celle

de

Monceaux,

Monceus,

Mouncels,

de

Moncellis

avec

Mon-

chaux, Seine-Mme, que proposait Lewis C. Lovp, 66-67, sur la base de l'argument suivant: « Monchaux n'est pas loin de Blangy dans les limites du comté d'Eu dont il était un fief. En 1107, Anscher de Moncellis témoignait à une charte d'Henri comte d'Eu pour l'abbaye du Tréport et en 1108, avec ses fréres Guillaume et Raoul,

un autre diplóme du méme pour l'abbaye de S. Lucien de Beauvais (Cartulaire

du Tréport, éd. L. DE

De re diplomatica

Raynulfus

KERMAINGANT,

p. 22; MABILLON,

[1691], p. 594).

de Moncellis

figurait en

1103, ind. XI, parmi

les

barones de Tancrède de Syracuse qui souscrivaient une charte de ce dernier en faveur de l'évéché de Syracuse (R. P1RRo, I, 619-620); Ranulfus de Moncell(is) souscrit le

un diplóme

6 aoüt

1103 (—

comtal en faveur de S. Maria

1105), ind. XIII

di Bagnara

(Arch.

S.

Giovanni Laterano, perg. Q. 7, C. 8 mal publié par R. PrRRo, II, 12421243). Enfin le 10 juin 6610/1102 Tancrède de Syracuse, avec sa femme Muriel, fille de Guillaume de Mountzel fait diverses donations à Ansger, évêque de Catane: S. CusA, n° 18, p. 549-551. L'acte est souscrit, entre autres, par Giroldos Ouascallias, qu'il est

(1) 1090 (?): Petrus de Moritonio:

Petro

de Meroto

(sic):

Vito

CaPrALBI,

RNAM.,

Memorie

V, n° 450, p. 130; 1091, février, per

servire

alla

storía

della

S. Chiesa Miletese (Napoli, 1825), Appendice XI, p. 140; 1092 (— 1091), décembre, Peirus de Moretaneo: Arch. Capit. Catania, perg. n. 2; 1092, avril,

26, Petrus de Moritong: Ibid., perg. n^ 1; 1094, ind. IT, Petrus de Moritonio: PATTI, Arch. Capit, I, n. ant. 13, mod. 54; sept. 1093-août 1094, Petrus de

Moretoign, PALERMO, Arch. Capit. del Duomo,

perg. n° 4; 1093-1096, juin, Petro

de Moretuign: P. CoLLURA, Le pii antiche carte, n° 4, p. 20; 1097, nov. ind. VI, Petrus de Moritone: L.R. MENAGER, Fondations monastiques, n° 23, p. 97; 1068, juillet, Petrus de Moritonio: photo de l'original publié dans RNAM.,

, n° 494, PP 245-246; 1102, juin, Idem, Ibid., n? 510, p. 280. (2) P. COLLURA, op. cit., n° 1, p. 37.

331

IV licite d'identifier Lyons-la-Forêt.

avec

Wascolium

MOULINS-LA-MARCHE,

Guidmundus,

Orne,



ar.

Vascoeuil,

dép.

Eure,

Mortagne-au-Perche,

seigneur du castrum

cant.

ch.-l. c. :

de Moulins, nous est sur-

tout connu par ses libéralités à Saint-Père de Chartres, notamment par celles consignées dans une charte que sa plus récente éditrice date de 1040-1050 (M. Fauroux, n° 117, p. 280/281). L'acte est important en raison de la confirmation qu'y apporta le duc Guillaume et par les souscriptions des fils de Guidmundus: Rodulfus, Rodbertus,

Antonius,

Toresgaudus.

Pourvu

Guimundus,

Hugo,

Alannus,

Guillelmus

et

d'une fortune foncière que cet acte et d'au-

tres donations à St Evroult (cf. ORDERIC VITAL, tom. II, p. 407-408)

inclinent à croire assez considérable, ce lignage paraissait assuré d'une longue et riche destinée. Pourtant ce n'est à aucun des fils de Guimund que devait échoir le castrum Molinis. Par Orderic Vital, nous

savons

que

le duc

Guillaume

donna

Alberada,

fille de

Guimund — qui avait déjà été mariée au puissant Raoul Ier Taisson (cf. L. MussET dans BsAN., 56, 1961-1962, 21) — avec tout l'honneur de Moulins à Guillaume, fils de Gautier de Falaise. Guillaume et Auberée entrérent effectivement en possession de Moulins, qu'ils tinrent au moins jusqu'en 1077, ainsi que l'attestent diverses donations faites par le couple à St Père de Chartres et à St

Evroult

(B.

GUÉRARD,

Cartulaire

de

l'abbaye

de

St

Père

de

Chartres, I, p. 147; Onp. Vrr., tom. 2, p. 407-408; tom. V, p. 189190). Mais à une date inconnue, Guillaume sollicita et obtint le divorce pour consanguinité aprés que sa femme lui eüt donné deux fils, Robert et Guillaume (Onp. ViT., tom. II, p. 408; M. FauROUX, n? 225, p. 434). Auberée se retira dans un couvent; Guillaume, il épousa Duda, fille de Valeran, comte de

quant à Meulan,

que nous voyons agir comme Molinis castri domina en 1092 (Onp. VIT, tom. III, p. 334). Guillaume devait alors avoir disparu et ses fils étaient sans doute encore mineurs. C'est Robert, fils ainé de son union

avec Aubérée,

qui reçut

l'héritage

maternel

et qui pen-

dant une quinzaine d'années se tint honorablement à la téte de l'honneur de Moulins. Mais il encourut l'animosité royale, « enflammée par les accusations trop zélées de dénonciateurs » et ses biens furent saisis sous le prétexte de violations réitérées de l'ordonnance du roi Henri prohibant les guerres privées. « Le roi le bannit de Normandie avec Agnes, fille de Robert de Grandmesnil,

qu'il venait d'épouser ». L'épisode se situe certainement aprés septembre 1106, date de l'ordonnance de paix qu'Henri I promulgua à 332

IV

Lisieux (C. H. HAskiNs, Norm. Institutions, 86; J. YVER, dans Ann. Norm.,'8, 1958, 174). Robert se rendit en Pouille où il mourut quelques années plus tard, après avoir erré d’une auberge à l’autre: per extera mappalia (Onp. ViT., tom. II, p. 408-410). On notera qu'à aucun moment de ces vicissitudes, l'honneur de Moulins n'a fait retour à la descendance masculine de Guimund,

malgré

un demi-siècle pour

durant

les efforts accomplis

le con-

server dans la descendance de celui-ci. Cette constatation a unanimement porté les commentateurs à induire que tous les fils de

mourir



avaient

Guimund

italiennes contredisent

peu

Nos

père.

leur

après

sources

cette hypothèse.

Rodulfus Molinensis,

«le valeureux comte

apparaît

Raoul»,

en Italie pour la premiére fois en mai 1053, déjà titulaire du comté de

Boiano

fredus, et

(prov.

seigneur

168-169).

Campobasso), suivante,

de

côtés

Radulfus

son

beau-père

DE PouiLLE,

(GUILLAUME

de Guardia

L'année

aux

de

Molisio

II,

Ro-

134-135

souscrivait

un

important diplóme de Robert Guiscard en faveur de la Trinité de Venosa (L. R. MENAGER, Les fondations monastiques, n? 4, p. 84). En 1088, en tant que comte de Boiano, avec sa femme Emma, son fils Hugues et ses neveux Roger et Robert, fils de son frère Robert,

il faisait don du castrum de Bagno à le territoire d'Isernia (MONGELLI,

l'église S. Croce située dans

n° 82, p. 43); Raul de Molisi sou-

scrivait à Capoue, en décembre 1089, une notice de plaid de Jourdan, prince de Capoue (Cod. dipl. Caietanus, II, n° 262, p. 142-143); enfin, dans une charte de mars 1092, Rodulfus cognomine de Molisio, comte de Boiano, avec ses fils Hugues et Roger, donnait la susdite église S. Croce à S. Benedetto di Montecassino pour le salut de l'àme de son petit-fils Robert, né de son fils Robert, de son pére Guimund et de sa mére Emma, de ses fils Robert, Raoul et Guillaume, de sa défunte femme Alferada, de ses filles Adeliza et Beatrix et de ses fréres Robert, Hugues, Antoine, Guimund, Alamnus et Strostraynus (E. GATTOLA, Accessiones, 207; MoNGELLI, p. 44, n? 86). A trois noms prés — Guillaume et Toresgaudus, qui ne sont pas ici nommés

y sont remplacés

par Tristan, né peut-

étre d'un autre lit — cette liste des fils de Guimund de Moulins est la méme que celle fournie par la donation de 1040-1050 à St Père de Chartres. Guimund de Moulins avait donc eu neuf fils — sur lesquels trois reçurent, comme lui, un prénom scandinave(1) —: or aprés sa mort, pas plus lors du premier que du (1) A Guimund et Tristan s'ajoute rigot, Thorgotus: JENSEN, 304/305).

Toresgaudus

(scand.

Thorgauth:

Tho-

333

IV second ou du

troisième

transfert

du fief, aucun

d'eux ne fut ap.

pelé à la succession. C'est donc qu'ils étaient tous partis en Italie.

Tel fut sans doute le cas du cadet, Robert, dont nous savons au moins qu'il eut en terre italienne un fils portant le méme prénom

que

lui et qui

vivait

encore

en

1088,

mais

mourut

peu

avant

mars 1092. Le fils de celui-ci, également prénommé Robert, fera donation en décembre 1152 à S. Maria di Montegervine d'un terre située dans les dépendances de Casamarciano (prov. Napoli: MONGELLI, n° 312, p. 103). Tel fut aussi le cas de Guimund, quatriéme fils du tenant en

chef de l'honneur de Moulins: en aoüt-septembre 1067, Gimundus filius Gimundi qui dicitur de Mulisi apparait aux cótés de Guillaume de Hauteville, comte du Principat. Tous deux remettent entre les mains du pape Alexandre II divers biens dont ils s'étaient indüment Italia

emparés

Pontificia,

aux dépens

VIII,

p. 351,

de l'église de Salerne (P. F. KEHR, n° 23);

les liens

qui

unissaient

les

deux hommes étaient suffisamment étroits pour que Guimund tervienne comme témoin aux dispositions de dernière volonté

inde

Guillaume (L.R. MENAGER, Les fondations monastiques, p. 92, n? 14: l'acte est daté de 1080). Sans nul doute en tout cas doit-on

voir dans Gimundus

le méme

personnage

que Guimund

qui, à la

mort de Guaimar V, prince de Salerne, en juin 1053, possédait conjointement avec Gui, fils du prince, la vallée de San Severino (AIME, VIII, XII, p. 352) (1).

Mais les fils de Guimund ne furent pas les seuls à émigrer en terre italienne. L'une de leurs soeurs au moins les y accompagna

(1) Guimund épousa Emma, veuve de Raoul Trinquenuit, quatriéme comte d'Aversa, mort vers 1048. Dc ce mariage, naquit Tristan dont un fils, prénommé Robert (Robbertus filius Trosteni: Leo Osr., IV, 11; Rotbertus filius Tostanni: Hist. Anon. de la Première Croisade, éd. L. BREHIER, p. 20; Roberz li fils Turstan: GUILL. DE Tvn, II, 13), accepta en mai 1096 de suivre les chevaliers normands normands d'Italie qui devaient partir à la conquéte du

Moyen-Orient sous p. 204. Guimundus

la banniere de Bohémond: E. JAMISON, Some notes ..., Molinois (sic) vivait en encore en 1080, date à laquelle

il souscrivait les dispositions de derniere volonté de Guillaume, comte du Principat (L.R. MENAGER. Les fondations monastiques, p. 92). Il dut mourir peu aprés car dans une charte de février 1083, qui émane d'Emma et de ses neveux Roger, Robert et Raoul, celle-ci s'intitule Emma, filia quondam Iof-

frit, quae prius fui uxor domni Raolnisl, qui dictus est Trincanocte de Ebulo, et postea uxor fui Guimundi, qui dictus est de Mulisi. En septembre 1090, lors d'une donation qu'elle fait avec son fils Roger, elle s'intitule Emma de Ebulo .

334

E et

C.

prov. .

Salerno),

filia Joffridi (Arch.

della

Badia

di Cava, arc.

IV et reçut de bonne heure pour mari Pierron, comte de Lesina, filius domini Gualteri incliti comitis, c'est-à-dire de Gautier de Civitate l'un des douze chefs normands qui s'attribuérent en partage une bonne partie de l'Italie Méridionale à Melfi en 1042 (AIME, II, 31, p. 96). En juin 1056 et novembre 1057, on la voit (Adelicza, filia domini Guimundi comitis) faire diverses donations au monastère de S. Maria di Tremiti (A. PETRUCCI, n° 54 et 57,

p. 166-170 et 179-180). Outre les membres de la famille, la troupe d'émigrants devait aussi comporter des vassaux. Tel parait bien étre le cas de Roger Scollandus qui souscrit aux cótés de toute la famille de Guimund

de Moulins la grande donation de 1040-1050 à St Pére de Chartres (M. Fauroux,

n? 117, p. 281, n. h.) et que nous

retrouvons

en mars

1065 parmi les souscripteurs de la charte de dédicace de S. Maria della Matina (A. PRATESI, n° 1, p. 5: Rogkerius Scellandi). Aux dires de Malaterra, II, XXXVII, il périt trés peu de temps aprés avec son neveu Gilbert lors du siège d'Aiello-Calabro (prov. Co-

senza.

Les

Scolcandi,

manuscrits Scotlandi,

comportent Scodandi).

trois

Mais

en

leçons: 1110

Rogerius

il est

filius

fait mention

d'une donation de à ZkouAkévBoc aux chartreux de S. Stefano del Bosco qui, en 1171, regoivent diverses libéralités de Roger, fils du défunt Guillaume ZxovAX&v8oc;, seigneur de la terre d'Aieta (prov.

Cosenza)

'"Poféptog

F.

TRINCHERA,

ZkovAA&v5og

figure

en

nn.

73

juillet

et

178,

p.

6652/1144

95

parmi

et

233.

les no-

tables de plusieurs villes du Val di Sinni: G. RoBIiNSON, n° XXXVII, 30-38. | Le probléme le plus important soulevé par la biographie de tous ces personnages est de savoir les raisons de leur exil collectif.

En 1053, Guimund de Moulins avait fort imprudemment pris le parti de Guillaume, comte d'Arques, contre le duc de Normandie et avait remis

aux mains

du roi de France,

allié des

(en décembre

cháteau dont il avait la garde. La chute d'Arques 1053

selon

David

1969, 64) précipita

C.

DoucLas,

William

la conjuration

dans

the

rebelles, le

Conqueror,

le néant

mais,

London,

selon

Guil-

laume de Poitiers, les conjurés bénéficièrent du pardon ducal, « moyennant une peine légère, voire nulle » (I, 28, éd. FOREVILLE, p. 64). Il paraît donc exclu que cette péripétie ait été source de déchirements

dans

Ja vie familiale

du

chátelain

de

Moulins.

Au

reste, à pareille date, son fils ainé était déjà investi du comté de Boiano et son fils Guimund

de la vallée de S. Severino, ce qui po-

335

IV stule que l'un et l'autre avaient pris depuis un certain nombre d'années le chemin de l'Italie. MussEGRos, Eure, arr. Les Andelys, cant. Fleury-sur-Andelle, c. Ecouis. « Rogerius de Mucegros assistait comme témoin à une charte de Raoul de Conches, fils de Roger de Tosny, pour l'abbaye de St Evroul, circa 1080 (Onp. VrraL, V, 13, éd. LE PREVOST, II, p. 403).

En 1086, Roger était un arriére-tenant de Tosny à Monnington, co.

Hereford et Round l'identifiait avec Roger de Muchegros, notant qu'en 1242/1243, Gautier de Muchegros tenait Monnington de l'honneur de Tosny. Mussegros est à 11 Km C. Lovp, 71. Radulfus

octobre

de

Mucegros

1095 deux

souscrit

diplômes

au NE de Tosny »: LEWIS

à Nocera

de Richard

(prov.

Salerno),

en

II, prince de Capoue, en

faveur de S. Paolo di Aversa (M. INGUANEZ, nn. V-VI, p. 14-18) et en décembre 1108 un diplóme de Robert, prince de Capoue, en

faveur de la méme MovoN,

église (Zbid., n° XI, p. 28).

Manche,

ar. St Ló, c. Tessy-sur-Vire:

(Moyon [1026-1027], M. FaAuROoux, n° 58, p. 182) lTovAtkApog 6c Motouv souscrit une charte non datée (11001120) de Jean de Théville, sollicitant de l'abbé de la Trinité de

Mileto (prov. Catanzaro) le bail d'une terre pour y planter de la vigne:

L. R.

MENAGER,

L'abbaye

bénédictine...,



15, p. 48.

NONANT, Calvados, ar. et c. de Bayeux: (Nonant [1050-1066]: M. Fauroux, n? 194, p. 377)

Umfredus

de Nonanta

souscrivait en 1060 un diplóme

en faveur de la Trinité de Venosa:

ducal

L. R. MENAGER, Fondations mo-

nastiques, n? 6, p. 87.

Ranfred

de Nonant

souscrit en juin

1063 un diplóme

ducal

en faveur de S. Maria di Banzi: Naporr, Bibl. Naz., ms. XC. 1, p. 65. Guilielmus, filius Rainfridi de Nonanta est mentionné dans deux extraits informes d'actes en faveur de la Trinité de Venosa: l'un daté de 1077, l'autre sans date: G. CRUDO, La ss.ma Trinità di Venosa (Trani, 1899), 146; on le retrouve à Palerme, en août 1086,



(W.

de Nonanta)

l'église de Palerme septembre

1091,

il souscrit

(PALERMO,

Henri,

comte

un

diplóme

ducal

en

faveur

de

Arch. Capit., perg. or. n? 2) et en de

Montesantangelo,

confirmait

à

S. Sofia di Benevento quatre églises, dont S. Leone di Fiorentino (12

kms

N.O.

à cette abbaye 336

de

Lucera,

par

prov.

Guidelmus

Foggia),

qui

de Nonanta:

avaient

été

données

A. PETRUCCI,

dans

IV Bull. dell'Ist. Stor. ital., n. 72 (1961), 176. C'est sans conteste lui qui figure à la fin du Necrologium Venusinum parmi les bienfaiteurs

du

monastère:

MURATORI,

Rer.

Ital.

SS., VII,

col.

950.

Enfin Radulphus de Nonanta souscrit en sept.-décembre 1110 une charte de donation de Renaud Avenell à l'abbaye de Lipari: C. À. GARUFI

dans ASS., 6 (1940), 40, doc. n° 2.

NORREY-EN-BESSIN,

Calvados,

ar.

Caen,

c. Tilly-sur-Seulles.

C'est Anschetillus de Noerio, Ascelini filius et Teodelinus de Tanesia que Willermus Geroianus, fils de Giroie et fondateur de Saint-Evroult, fit appeler auprés de lui à Gaeta lorsqu'il sentit sa fin venir. Guillaume Giroie s'était rendu en Pouille avec deux moines de St Evroult et douze honorabiles famuli, à l'appel de son fils Guillaume de Montreuil, lequel avait fait savoir qu'il désirait remettre à un envoyé du monastère les objets précieux et l'ingens

pecunia qu'il avait ammassés pour en faire don à St Evroult. Sur le chemin du retour, Guillaume Giroie tomba malade à Gaeta et mourut peu après, le 5 février 1055 (OrD. VITAL, t. II, p. 57 et 63;

Itp. à Guillaume de Jumiéges, éd. J. Manx, p. 178). Avant de rendre

le dernier soupir il avait confié le trésor dont il était porteur à Asketill

de

Norrey

et

Teodelin

de

La

Tanaisie,

ambo

S.

Ebrulfi

homines. Asketill possédait, par succession paternelle, le tiers du bourg d'Ouche (aujourd'hui Saint-Evroult-Notre-Dame-du-Bois, Orne) outres diverses terres qu'il tenait de l'abbave. Mais Asketill détourna à son profit les sommes d'argent qui lui avaient été

confiées et ne remit au monastère

ébrulfien

que les obiets pré-

cieux dont il était porteur. Dénoncé par Teodolinus et condamné par la cour de Saint-Evroult, il dut au soutien de ses puissants amis de pouvoir néanmoins conserver son fief normand. Peu apres

cependant, il repartit pour la Pouille où il fut tué:

Onp. VrTAt,

t. II, p. 57-60.

Il n'est pas impossible que le Raoul de Norrev aue nous voyons souscrire en Calabre un acte de septembre 1117 ait été son fils: cf. infra, sous VAUX-LA-CAMPAGNE. OnBEC, Calvados, ar. Lisieux, ch.l.c. Guillelmus d'Orbec souscrit en 1084 une donation de Paven. seigneur de Forenza (prov. Potenza) à la Trinité de Venosa (L. R. MÉNAGER. Les fondations monastiques..., p. 94. n° 18).

Guidardus

Orbec

portant fondation

en février 1113 un

souscrit

en

1085

un

diplóme

de Roger

I

de l'abbaye de Bagnara (K. A. KEHR. p. 412) et

diplóme

ducal

en faveur

de l'archevéché

de 337

IV Cosenza (Guidandus de Orber [sic]: F. UcHELL: IX, 192-193). OuILLY-LE-TESSON, Calvados, ar. Caen, c. Bretteville-sur-Laize. (Oillei [circa 1050]: Ord. Vital, t. II, p. 31; Oylley [10501]:

M. FaAuROUX, n? 122, p. 289. Ce document atteste que les Grandmesnil y possédaient des biens et y exergaient des droits, mais le nom méme du village indique assez que celui-ci était essentiellement en la main de la puissante dynastie des Taisson du Cinglais:

En donation

cf. L. Musser, dans BsaAN., 4-5, 1961-62, p. 26).

1072, Riccardus d'Arnoul,

comte

de Ollia et Ugo de

Lavello

de Ollia souscrivent

(prov.

Potenza)

une

à la Trinité

de Venosa: L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques, p. 89, n° 9. Riccardus de Ollia souscrit à la méme date une donation d'un comte Richard au méme monastère: G. CRUDO, p. 135. Ugo, divina opitulante clementia comes (Lavelli), fait donation en 1079 à Pierre, abbé du monastére S. Salvatore, situé dans les faubourgs de Lavello, de l'église Sant'Angelo di Gaudiano (10 kms à l'ENE de Lavello). L'acte est souscrit également par Jordanus de Ollia: L. R. MÉNAGER, op. cit., p. 91, n? 12. L'année suivante, Ugo de Ollia, dominus Lavelli, avec sa femme Muriel, confirme à la Trinité de

Venosa l'église S. Oronzo qui lui avait été donnée

cesseur, Arnulfus, comte de Lavello:

par son prédé-

Ibid., p. 91, n° 13. A Lucera

(prov. Foggia), en novembre 1081, Ugo de Ollia souscrivait, en méme temps qu'Henri, comte de Monte Sant'Angelo et Riccardus filius Trustayni, une donation de Rubertus de Torpo à la Trinité de Cava (cf. infra, sous ToRPS) et à la méme date une donation du méme Henri, comte de Monte Sant'Angelo à S. Benedetto di Montecassino

(Reg.

Petri

Diaconi,

n° 504,

fol»

212

v^)

Enfin

en

1088 et aoüt 1090, Ugo de Ollia ou Ollie souscrivait trois diplómes ducaux: l'un en faveur de la Trinité de Venosa (G. CRUDo, p. 178) et deux autres en faveur de S. Benedetto di Montecassino (E. GATTOLA, Accessiones, 204-205). Il faut ajouter qu'à une date indéterminée Rogeríus comes, filius Ugonis de Ollia fut témoin à un diplóme du duc Roger confirmant un diplóme de son pére Robert Guiscard daté de 1057 ou 1059-1060: G. CRupo, 122-123. Sur Henri de Ollia, justicier royal de 1144 à 1153 et sur son fils

Geoffroi, comte

de Lesina et justicier royal de

1156 à 1182, cf.

C.H. HaskiNs, dans EHR, 26 (1911), notes 122-123; E. JAMISON, The Norman Administration, p. 430 et n. 1 et A. PETRUCCI, nn. 108 et 117, p. 301 et 324-326. PERIERS, Manche, ar. Coutances, ch. c. 338

IV (Periers 962-996: M. FAUROUX, n° 5, p. 76). En janvier 6618/1110, Askitinus de Perere intervient comme témoin de S. Maria di S. Eufemia-Lamézia (prov. Catanzaro) par-

mi

les

boni

homines

de

Seminara

(prov.

Reggio-Calabria)

aux

cótés de W. de Bussun et de Neelis, filius Pagani de Gorgis: K. A. KEHR, Anhang, Nr. 3, p. 414. Le texte de cet acte nous a été transmis par une traduction latine de la fin du XIIéme siécle oü un

certain nombre de /apsus calami n'est pas à exclure dans la transcription

des noms

propres.

C'est ainsi que Bussun

parait

devoir

étre identifié avec Bohon (Bohum, Buhum, Bothun: cf. supra, sous BoHoN), qui est situé à 12 kms de Gorges et à 14 kms. de Periers. PrRov, (Pirou

Manche, ar. Coutances, c. Lessay. 1091: Cartulaire de St.-Martin-de-Sées,

cation

que

veut

bien

me

fournir

M. Jean

selon

ADIGARD

l'indi-

des

Gav-

TRIES)

Willelmus

de Pirolo

apparait

pour

la première

fois en

mai

et octobre 1095 aux cótés de barons normands (Raoul de Mussegros, Hugues de Moulins, Robert de Mayenne, Thomas de Vénables, Renaud Lupin, Ihon de Dol et Renaud de Matalone) qui sol-

licitent ou souscrivent des actes de Richard II, prince de Capoue, en faveur de S. Biagio et S. Paolo di Aversa (A. Dr MEO, XI, p. 6; M. INGUANEZ, nn. v-vi, p. 14-18). Dans un document rédigé à Aversa, le 20 octobre 1097, Robert, comte de Sant'Agata (de' Goti, prov. Benevento),

sur

l'intervention

de

Guillielmus

de

Perolio,

dilectus

noster, concéde à S. Paolo di Aversa quatre églises situées aux limites du territoire d'Aversa dans la terre qui lui appartient et qui fait partie de son fief, mais que dominus Guilielmus de Perolio, ex nostri parte, ad presens tenere videtur: A. GALLO, Parte I, doc. n? x, p. 15-16. En décembre 1108 à Aversa et en mars 1121 il figure toujours parmi les fidéles qui souscrivent les donations du prince de Capoue à S. Paolo di Aversa (M. INGUANEZ, nn. xi et xiii, p. 27-28 et 30-32). Un acte de 1134 nous le présente comme filius quondam Alexandri eiusdem

cognominis,

unus ex baronibus

civitatis Averse;

il s'agit d'une donation de l'église S. Pietro que dicitur ad Pertusum, située sur le territoire de la citadelle de Cuma: F. UGHELLI, VI, 228. Pour les autres chartes mentionnant Guillaume de Pirou, cf. L. R. MÉNAGER, Les actes latins..., p. 87, n. 3. PONT-ECHANFRAY, commune de Notre-Dame-du-Hamel, Eure, ar. Bernay, c. Broglie. (Cf. J. ApIGARD des GAUTRIES, dans Ann.

339

IV Norm., 5, 1955, 18-19).

Giroie donna sa fille aînée, Heremburgis,

à Wascelin de Pont-

Echanfray. De cette union naquirent Guillaume et Raoul qui postmodum in Apulia et Sicilia Rotbertum Wiscardum Calabriae ducem

multum

juverunt

(Ord.

Vital.

t. II, p. 26 et 29-30).

La

pré-

sence de Guillaume de Pont-Echanfray en Italie méridionale nous est effectivement attestée à deux sin. En

1067 (cf. Chron.

manifestement

reprises par Aimé

du Mont

Casin., III, 23, col. 742) dans

Cas-

un passage

mal retranscrit, il nous est dit qu'Azzo, évéque de

Chieti, fut envoyé

par son pére Oderisius, comte

des Marses, à

la cour du prince de Capoue pour solliciter l'aide de celui-ci: ..et lui prometoit de donner mille livre de deniers et prometoit a

lo neveu de Guillerme, qui se clamoit Mostrarole, de donner lui la soror pour moillier, laquelle se clamoit Potarfranda (A1MÉ, VI, 8, p. 268-269). Ce passage a certainement été altéré; des deux personnages ici mentionnés, l'un Guillaume de Montreuil, était non pas l'oncle, mais le cousin de Guillaume de Pont-Echanfray par son père, Guillaume d'Echauffour, frère d'Heremburgis. Il faut donc comprendre qu'Azzo offrit l'une de ses soeurs au jeune Guillaume, cousin du porte-étendard pontifical (cf. supra, sous EcHAUFFOUR). Dans un autre passage qui se situe en 1073, Aimé du Mont-

Cassin rapporte que Guillerme Pontarcefrede, aidé de ses écuyers, délivra Pandolf d'Aquino, fort imprudemment tombé entre les mains de Guillaume Ridell (7bid., VII, 24, p. 316). Le père de Guillaume et son oncle, Wascelin et Raoul de PontEchanfray, se croisérent en 1106 en méme temps que Simon d'Anet, Robert de Maule et Hugues Sans-Avoir (Onp. VrrAL, t. IV, p. 213); au début de 1107, Orderic les signale en Pouille où ils attendirent

sur les terres de Bohémond

le moment

de prendre la mer pour

la Terre Sainte (t. IV, p. 239). En septembre 1108, Hugues de Pusacio, Raoul et Wascelin de Pont-Echanfray ainsi que plusieurs autres chevaliers normands, aprés le traité passé entre Bohémond et Alexis Comnène recurent de nombreux honneurs de ce dernier et quittèrent Constantinople — où la femme de Raoul était morte —

pour

Jérusalem

(Ibid.,

t. IV, p. 242).

Nous

ne

savons

rien

de

ce qu'il advint de Wascelin par la suite. Quant à son frére Raoul, il revint à Pont-Echanfray, fut au service d'Henri Ier en 1118 et périt en 1120 dans le naufrage de la Blanche Nef (Jbid., p. 326, 344 et 417).

PUCHEUIL, 340

prés Envermeu,

Seine Maritime, ar. Dieppe, ch.-l.c.

IV (Puteolis [996-1007]: M. FaAuRoux, n° 10, p. 82). En 1063, lors de la bataille de Cerami (prov. Enna), Arisgotus

de Puteolis fut préposé par Roger I avec Ursellus de Ballionis et Serlo, neveu du grand comte, à la téte d'un des deux corps de bataille normands (MALATERRA, II, xxxiii, p. 43). Conjointement avec

le méme Serlo il reçut en 1071 de Robert Guiscard et de Roger I la moitié de la Sicile (Zbid., II, xlvi, p. 53); enfin en 1079 il se distingua particuliérement lors de l'assaut donné à Taormina par les armées comtales (Ibid., III, xviii, p. 67). Or en janvier 1093 un certain Asgottus souscrit un diplóme de Roger I en faveur de la Trinité de Mileto (L. R. MÉNAGER, L'abbaye bénédictine..., p. 32) et dans un autre diplôme comtal non daté en faveur du méme monastere, Ansgotus, qui souscrit l'acte, est porté comme ayant donné cinq serfs de Filocastro (près de Mileto, prov. Cosenza) Ibid., doc. n? 13, p. 42-43. La présence à ces actes, aux côtés d'Asgautr, de Serlo ou Sarlo, nepos comitis Rogerii, done tout lieu de penser que l'Ansgotus en question était bien Asgautr de Pucheuil. Un autre personnage, porteur du nom de la méme terre, nous est connu par la souscription qu'il apporte à deux diplómes de Roger I, l'un de 1090 (sic, — septembre 1087 - aoüt 1088), ind. ix (Hugo de Puteolis: S. Cusa, p. 385) et l'autre de 1094, ind. ii

(Hugo de Putholis: Parri, Arch. Capit., Vol. mod. 54). Cet Hugo de Puteolis souscrit d'Hugues de Craon datée de février 1105 de Lipari (L. T. WHITE, Appendix, n? v, p.

notice

de plaid

de mars

6650/1142

I di Fond., n° ant. 13, également une charte en faveur de l'abbaye 248); d'autre part une

rapporte

que

la reine

(sic)

Adélaïde avait jadis (donc entre 1101 et 1112) mandé yovv 6é IHovvt56A, Geoffroi de Gagliano et le fBeorrapirns Philippe pour trancher un litige entre Eleazar, seigneur de la citadelle de S. Filippo (di Agira) et Geoffroi, évêque de Troina (S. Cusa, n° 63, p. 303). Le méme

OÙüyw 8£ IloutéwAw

souscrit encore en 6619/1111,

ind. iv un diplóme de la comtesse Adélaide et de son fils Roger II en faveur de S. Bartolomeo di Lipari (Ibid., n° 26, p. 512). Asgautr et Hugues se présentent donc comme des barons de la cour comtale de Palerme, ce qui dissuade d'identifier Puteolum ou Puteola avec Pozzuoli (prov. Napoli), ville qui relevait immédiatement du duché de Pouille. I] faut donc se tourner vers la Normandie ou Puteolis — Pucheuil est attesté aux environs de l'an mille. SAI, Orne, ar. et c. d'Argentan. 341

IV

(Robertus de Sayo [1060]: Ord. Vital, t. II, p. 420; Gaufredus de Sai [1066]: M. Fauroux, n° 232, p. 448). ‘Pofépros 6e Za, collecteur des taxes (rpékrwp) perçues sur les terres de Bohémond, fils de Bohémond, prince d'Antioche, souscrit en janvier 1126 l'acte par lequel celui-ci remet entre les mains de l'abbé de S. Anastasio di Carbone le couvent de S. Bartolomeo di Taranto: G. ROBINSON, n? xxviii, p. 261. Aucun document ne nous permet de définir la parenté qui pouvait unir ce Robert de Sai avec Riccardus de Say, baro vallis Gratis (= Valle del Crati, Calabre, entre Cosenza et Tarsia) qui siège avec d'autres barons au tribunal royal présidé par Carbonell de Tarsia et Guillaume

Fils-Roger

à San

Marco

Argentano,

en

avril

1153

(A.

PRA-

TESI, n? 18, p. 50). En janvier 1157, Riccardus de Say, devenu comestabulus et iusticiarius, tenait cour à Cassano allo Ionio, avec Carbonell de Tarsia et Roger de Sangineto, iustificatores in valle Gratis (Ibid., n° 20, p. 53-55) et dans une bulle de décembre 1188, comes Riccardus de Sai est mentionné comme ayant donné à S. Maria della Sambucina le ténement prov. Cosenza: Ibid., n° 36, p. 87).

SAINT-AUBIN-DE-COURTERAY, Bazoches-sur-Hoëne.

de Castellara (au SE. de Luzzi,

Orne,

ar.

Mortagne-au-Perche,

c.

Cf. supra, p. 265, Robertus cognomento Curteray, qui sum de genere normannorum. SAINT-CENERI-LE-GEREI,

Orne,

ar. Alengon,

c. Alengon-Ouest.

Guillaume Giroie, deuxiéme fils de Geroius, était vassal de Robert de Belléme, de Guillaume Talvas et de Geoffroi de Mayenne. Il détruisit son château de Montaigu (à 2 Kms. à l'O. de St Céneri: OnRDp.

VITAL.,

t. III, p. 420,

n.

1) pour

obtenir

l'élargissement

de

Geoffroi de Mayenne que Guillaume Talvas avait fait prisonnier mais refusait de libérer tant que subsisterait le dit cháteau, qu'il craignait beaucoup. Une fois revenu à la liberté, Geoffroi érigea le château de St Céneri pour récompenser la fidélité de Guillaume Giroie. Orderic Vital qui nous rapporte cet épisode (t. II, p. 27-28), ne dit pas comment St Céneri passa de Guillaume d'Echauffour

à Robert, quatrième fils de Giroie. Il se borne à raconter que Robert tint longtemps St Céneri avec la province environnante, à la satisfaction de Guillaume le Bátard qui lui donna en mariage sa cousine

Adélaide

entre Normands 342

(Jbid., p. 28). Mais

et Angevins



à la suite

Geoffroi

d'un

de Mayenne

grave

conflit

relevait ef-

IV fectivement et son

du comte d'Anjou:

entourage

au XIème

cf. O. GUILLOT, Le comte

siècle, I (Paris,

1972),

457

d'Anjou



Robert

fut amené à tenir le castrum S. Serenici contre le duc de Normandie, durant la vingt-cinquième année du duché de celui-ci (juillet 1059 - juillet 1060); il se suicida durant le siège. Sans doute est-ce ce drame qui contraignit son fils Robert à l'exil. En 1088 le château était aux mains d'un certain Robert Quarrel,

vassal

de

Robert

de

Belléme.

Normands

et

Manceaux

assiégèrent la place et s'en emparérent. Geoffroi de Mayenne manda alors au duc berti Geroiani filius peu revenu dans sa (Ord. Vital, t. III, p. SAINT

FROMOND,

Riccardus de Robert (L. R.

MÉNAGER,

Guillelmus tanzaro),

Robert d'en investir Rodbertus Geroius, Rodqui, aprés avoir vécu en Pouille, était depuis terre natale. Le duc fit droit à cette requéte 297-298). Manche,

de Sancto

comte

du Les

de-

ar.

Saint-Lô,

Framundo

Principat fondations

de S. Fromundo

c.

St-Jean-de-Daye.

est présent

à la Trinité

de

monastiques...,

souscrit en

donation

Venosa, p.

95,

en

n° 20).

1088 Un

1092, à Mileto (prov. Ca-

une

donation

de

Robert

est à 10 kms

de Bohon



à la Trinité de Mileto (L. R. MÉNAGER,

bénédictine..,

p.

28)

L'abbaye

et

de

à une

Bohon

Robertus

— de

Saint S.

Fromond

Framundo

est

présent, en février 1112, à une donation de Guillaume, comte du Principat, à la Trinité de Venosa (L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques.., p. 102, n*30). On connait en de S. Framundo, dominus castelli Corneti

mars 1189 un Symon (= Corleto-Monforte,

prov. Salerno): G. DEL GiupicE, Appendice I, n? xxvii, p. lv-lvi; mais il n'est pas impossible qu'il tienne son nom de la terra S. Framundi, aujourd'hui Guardia Sanframondi, prov. Benevento. SaINT GiLLES, Manche, ar. Saint-Ló, c. Marigny. (Villa que vocatur Sanctus Egidius [1055-1066]: M. FAUROUX, n? 214, p. 406). Guiglelmus de Sancto Egidio souscrit en mars 1094 un diplóme de Roger I en faveur de S. Bartolomeo di Lipari: PATTI, Arch. Capit., vol. I di Fond., n? ant. 15, mod. 55. SAINT-JEAN-LE-THOMAS, Manche, ar. Avranches, c. Sartilly. Radulfus Malregart, dum Appuliam ivit, a engagé sa terre, située prés de Saint-Jean-le-Thomas, à un certain Raoul de Port (1122): Cart. du Mont-Saint-Michel, Bibl. Avranches, ms. 210, fol° 37 v*: cf. L. MUSSET, Actes inédits du XIème siècle, dans BSAN.,

56 (1961-62), 28 n. 62. 343

IV

SAINT-LO, Manche, chef-lieu de département. Osbernus de Sancto Laudo, vir nobilis assiste Guillaume, comte du Principat, dans la donation que celui-ci fait à la Trinité de Venosa en avril 1101: L.R. MÉNAGER, Les fondations mona-

stiques..., p. 98. La villa que vocatur Sancti Laudi est attestée dans un acte ducal de 1056-1066: M. FaAunoux, n° 214, p. 405. SARTILLY, Manche, ar. Avranches, ch.l. C.

Dans Amiratus,

comme

un

diplóme

p. 200,

royal

n° 23),

du

26

février

Guarnerius

de

1133

(L.R.

Sartilleo

MÉNAGER,

est

mentionné

l'un des maiores natu de la rovince de Jato (San Giuseppe

Jato, prov.

Palermo)

qui avaient

assisté l'émir des émirs

Georges

d'Antioche dans la délimitation des terres du village de Mirto. Cette délimitation avait eu lieu en 1114, ind. vii et dans le document de cette date, Garnier de Sartily est simplement porté comme l'un des maiores natu de la province de Jato (San Giuseppe SECQUEVILLE-EN-BESSIN, Calvados, ar. Caen, c. Creully. (Serlo

de

Secavilla,..

L. MussET, Actes [1952-54], 18). Guismundus

de

Fulbertus

inédits

du

Siccavilla

H.F.

volontés

DELABORDE,

d'Adélaide,

Chartes

de N. D. de Josaphat

siècle,

[1058-1066]:

dans

BSAN.,

le 30 novembre

1123

52 une

de Maulévrier, qui exécute les

comtesse

de Terre

(Paris,

Secavilla

XIème

souscrit

charte d'Eleazar, fils de Guillaume dernieres

de

de

Sicile

et

de

Sainte provenant

Calabre:

de l'abbaye

1890), n? 13, p. 40.

SÉES, Orne, ar. Alençon, ch... c. (Burgum Sagii [1025]: M. Fauroux, n? 33, p. 123). Goffridus de Sageio, compté par Roger I, comte de Sicile et de Calabre, parmi

ses barons, est cité dans un diplôme

de celui-ci,

daté de 1094, pour avoir donné à l'église de Patti trois serfs de Càccamo (prov. Palermo), avec l'agrément de sa femme Adélaïde (Parri,

Arch.

Capit.

vol.

I di

Fond.,

n?

ant.

13,

mod.

54).

Sans

doute est-ce lui que l'on trouve nommé à ]a fin du Necrologium Venusinum sous la forme Goffridus de Sal (L. A. MunarTORI, Rer. Ital. SS., VII,

col. 950);

sans

doute

est-ce

lui encore

qui

souscrit

(‘O T'ucopé & Enc) en 1122 (?) une donation de Mathieu de Craon à S. Filippo di Demenna (S. Cusa, n? 36, p. 415). Peut-être est-ce son petit-fils (Riccardus de Saya) que le roi Guillaume envoya en 1162 à la téte de l'armée royale dans la crainte

d'un

soulévement

éd. C. A. GARUFI, 344

des

p. 251). En

barons

apuliens

1167 Riccardus

(Romuald.

de Sagio

Salern.,

vint à Pa-

IV lerme avec sa femme, soeur de Barthélémy de Paris, qu'il désirait

abandonner jeune femme

pour

épouser

la niéce

de

l'archevéque

dont il était tombé amoureux;

de

Capoue,

il soumit la demande

d'annulation de son mariage à une délégation d'évéques et de cardinaux romains qui séjournait alors à la cour sicilienne (H. Falcand, éd., G. B. Siragusa,

p. 105). L'année

suivante, en raison

de

la fidélité intransigeante que Riccardus, Apulie capitaneus et magister comestabulus, avait toujours manifestée au souverain, la reine lui accorda le comté de Fondi, qui avait été confisqué à Ri-

chard de L'Aigle, expulsé du royaume en 1162 (Ibid., p. 106 et 108). En mars 1168, Roger, comte d'Alba et Richardus de Sagio, comte de Fondi, reçurent l'ordre de s'emparer de la personne de Gilbert,

comte de Gravina et de son fils Bertrand. Gilbert se rendit avec ses trésors à Richard, moyennant qu'il puisse partir pour la Syrie avec sa femme et ses enfants (/bid., p. 162; Romuald., p. 257). Ricardus de Say, Gravine comes... magister comestabulus et ma-

gnus

iusticiarius tocius Apulie

tionné dans un document

et terre Laboris

du 12 octobre

est encore men-

1172 (E. JAMISON, p. 289,

n. 11). SEMILLY

(La BARRE

de), Manche,

arr. et c. de Saint-Lô

(Similleyum [1056-1063]: M. FAuRoUux, n° 214, p. 407). Galterius de Similia meurt au cours de l'été 1063 en luttant en Sicile contre les arabes aux cótés de Roger I: MALATERRA, II, xxxv; W. de Simillia souscrit en janvier 1105 un diplóme ducal en faveur de l'évéché de Troia: F. CARABELLESE, p. 525. Pour soumettre Abélard, fils de son frère Onfroi, qui s'était enfermé dans S. Severina (prov. Cosenza), Robert Guiscard fit édifier trois tours destinées à assurer le blocus de la ville. Il confia

la premiere

à Hugo

Falloc,

la seconde

à Rainaldus

de Simula,

la troisieme à Herbert, frére du susdit Hugues, et à Tustinus Baro-

dus, frére de Renaud Romuald

de Simula:

MALATERRA,

III, v, p. 59. Selon

de Salerne (éd. C. A. GARUFI, p. 188), la cité finit par être

prise en 1076, après trois ans de siège. SiGy-EN-BRAY, Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Argueil. (Siggei [1037-1045]: M. FAUROUX, n° 103, p. 261; Sigiacum [1046-1048]: Ibid., n^ 107, p. 266). Ugo qui dicitur de Silgia est l'un des deux fidejusseurs que Roger, seigneur de S. Severino (prov. Salerno), constitue en novembre 1116, en garantie de l'acte qu'il passe avec le prieur de la Trinité de Cava:

Arch. Cava,

arm.

E. 33.

345

IV

SoURDEVAL, Manche, ar. Avranches, ch... c. (Pour la branche anglaise et l'identification, cf. Lewis C. Lovp, p. 99).

Robertus de Surdavalle, Jordan, fils de Roger I, et un sarrasin converti nommé Elie conduisaient la troupe de cent soixante chevaliers qui, en 1081, en l'absence du comte retenu sur le continent, alla assiéger Catania retournée aux musulmans gráce aux manoeuvres de l'émir Ibn 'Abbad: MALATERRA, III, xxx, éd. Pontieri, p. 75. Willelmus de Surdavalle souscrit en 1090 ( septembre 1087 aoüt 1088), ind. xi un diplóme de Roger I en faveur de S. Filippo di Demenna: S. CUSA, n? 34, p. 385. En

1094, ind. ii, Robertus

de

Surdavalle

souscrit

un

diplóme

par lequel Roger I confirme à S. Bartolomeo di Lipari diverses donations, entre autres celle d'un serf offert par Rogerius de Surdavalle:

Parri, Arch.

Capit., vol.

I di Fond.,

n° ant.

13, mod.

54;

le méme

Robertus de Surdovalle souscrit une notice de plaid non

datée (1093 - 1096, juin) relative aux dimes dües à l'église d'Agrigente:

P. COLLURA,

n° 4, p. 20. Il figure sur la liste des chevaliers

d'Italie méridionale et de Sicile qui se croisérent avec Bohémond en juin

de Tyr, Croisade,

1096 (Chron.

Casin., IV, 11, éd. Migne, col. 835; Guillaume

II, xiii, éd. Paulin

Paris, p. 71; Hist. Anon.

I, 4, p. 20) et le 14 juillet

de la Prem.

1098 il souscrivait à Antioche

le diplóme par lequel Bohémond accordait aux Génois un marché avec l'église St Jean et trente maisons à Antioche (H. HAGENMAYER, Chronologie de la première croisade, dans Rev. Or. Lat., 6-12 [1898-1911], n? 300). Samson de Surdavalle est témoin des conventions passées en janvier 1128 entre Roger II, duc de Pouille et Ramon III Berenguer, comte de Barcelone: L. R. MÉNAGER, Amiratus-’Aunpäs, p. 82, n. 3. TANAISIE

(La), commune

de La

Goulafrière,

Eure,

ar. Bernay,

c. Broglie. (Tanacetum [1050]: M. FAUROUX, n? 122, p. 290). Teodelinus de Tanesia (1055): cf. supra, sous NORREY.

THÉVILLE, Manche, ar. Cherbourg, c. Saint-Pierre-Eglise. Hugo de Tivilla souscrit à Messine, en janvier 6601/1093, un diplóme de Roger I en faveur de la Trinité de Mileto (L. R. MÉNAGER, L'abbaye

bénédictine..., n° 9, p. 32). Nous

ignorons

quels liens

unissaient cet Hugues à Jean de TrfiñAka, TeBlila qui, en présence 346

IV de son frère Guillaume, reconnait

dans une charte non datée avoir

reçu en bail à vie de la Trinité de Mileto une terre située près du monastère de Tia

(Zbid.,



16,

p.

48-49)

et son frère Roger, pour

En

1120/1121,

Guillaume

le salut de leur soeur Atru-

lina, donnaient au monastére S. Maria di Candace une vigne et une piéce de terre situées dans la région de Nicastro (F. TRINCHERA, n? 89,

116-117).

Cet

acte

est

qui semble bien étre le méme

1159

une

charte

(prés de Corleone, diti, n° 35, p. 84).

De

de Robert prov.

la branche

des

souscrit

qu'Adam

par Adam

Théville

seigneur

C. A. GARUFI,

fixée

Twins

de Tivilla qui souscrit en

Malconvenant

Palermo:

de

en

Calabre

de Calatrasi

7 documenti

et en

ine-

Sicile

il

semble que l'on doive détacher celle que nous savons établie en Campanie et en Pouille: Simon de Tivilla, filius quondam Radulfi, de genere Francorum, en présence de ses hommes de Verzentino (25 kms. à l'Est de Foggia) et pour l'áme de son frère Robert, fait en mars 1142 diverses donations à une église S. Michele, située prés de la citadelle de Verzentino. L'acte est souscrit

par Simon de Tivilla et par ses frères Endo et Willelmus (F. CaMOBRECO, n? 18, p. 12-13). Or par deux chartes de juin 1147 et juillet 1158, qui mentionnent également sa femme Saracena et ses fréres Endo et Guillaume, nous connaissons Simon de Tivilla comme seigneur de Nusco et Montella (prov. Avellino: F. SCANDONE, L'alta valle del Calore, II, doc. nn. 1-2, p. 165-167). C'est son frère Guillaume qui lui succéda comme seigneur de Nusco, Montella, Oliveto et Volturara-Irpina (Catalogus Baronum, éd. C. Borrello, p. 66); en aoüt 1164, sur l'ordre du roi, il tranchait un litige entre

l'évêque de Nusco et l'abbé de S. Maria di Fondigliano (F. ScanDONE, Op. cit., doc. n° 4, p. 168). Il n'est pas absolument exclu que ce Guillaume de Théville ait été le méme que Wilelmus de Tivilla, justicier royal en avril 1155, et qui est porté au Catalogus Baronum comme tenant un fief de dix chevaliers à Noa, Bitonto et Barletta (E. JAMISON, The norman administration, p. 309 et Calendar, n° 42, p. 437-438). En revanche, nous ne savons pas à qui se rattachait le Robertus de Tuevilla qui tenait un fief de deux chevaliers à Otranto (Cat. Baronum, éd. cit., p. 27). ToRPs, Calvados, laise-Nord.

commune

(Robertus del Torp [1050]:

de Villers-Canivet,

ar. Caen,

c. Fa-

M. FAuROoux, n° 122, p. 292, note).

Rubertus de Torpo seniore de cibitate Acedonea

(=

Lacedo347

IV

nia, prov. Avellino), en présence et avec le consentement comte

de Monte

Sant'Angelo,

son

seigneur,

fait à Lucera,

d'Henri, en

no-

vembre 1081, donation de l'église S. Maria, située au lieu-dit Juncara sur le territoire de Lacedonia, à la Trinité de Cava pour le salut de son frère Asfreda... qui nomen Butelleri (F. CARABELLESE, p. 297-298, nota. La donation de S. Maria fit l'objet d'un autre acte, daté de mai 1085 et émané de Didier, évéque de Lacedonia; dans ce document /uncarico est localisé c'est à dire Roccheta S. Antonio, à 7 kms

« prés de Roccheta », au NE. de Lacedonia:

Arch. della Badia di Cava, arm. B. 35). Peut-être ce Robert de Torps était-il le méme individu que celui qui souscrivait en 1050 la version datée du diplóme par lequel Guillaume le Bátard confirmait diverses donations faites à St Evroult:

M. FAUROUX,

loco cit.

TosNY, Eure, ar. Les Andelys, c. Gaillon. Le nom de Raoul de Tosny est lié au principe de l'établissement normand en Italie. Témoin du traité anglo-normand de 991, chátelain de Tillières-sur-Avre vers 1005, Rodulfus de Todiniaco appartenait à l'un des plus puissants lignages normands (cf. L. MussET dans Documents de l'histoire de la Normandie publiés sous la direction de Michel de Boüard [Paris, 1972], 90-91). En septembre 1014 il appartenait encore au cercle des intimes de Richard II qui souscrivent une donation ducale à Notre-Dame de Chartres (M. FAuROoUx, n? 15, p. 96). Raoul Glaber et Léon d'Ostie

s'accordent pour faire de la colére ducale la raison qui contraignit Raoul de Tosny à l'exil (Raoul Glaber, 1II, 3, p. 52-53; Leo Ost., Chron. Casin., II, 37, éd. J. P. Migne, col. 627). « Avec tous ceux qu'il put réunir » prétend Raoul Glaber, il se rendit à la cour pontificale où Benoit VII les invita à aller prêter main-forte aux seigneurs lombards vassaux de la principauté de Bénévent, auxquels les forces byzantines disputaient les régions septentrionales

de l'Apulie. La troupe d'exilés normands, dont Léon d'Ostie donne à croire qu'elle était fort inquiéte de trouver « quelqun qui les recevrait », fut heureuse de suivre les suggestions du pape. Les sources italiennes datent l'arrivée de ces mercenaires en Italie méridionale du printemps 1017 (Cf. J. Gav, L'Italie méridionale et l'empire byzantin..., 409-410). Les premiéres campagnes de Raoul

et de ses chevaliers furent couronnées de succés et riches de profit, ce qui ne tarda pas à étre su en Normandie oü innumerabilis multitudo etiam cum uxoribus et liberis prosecuta est a patria de qua 348

IV (Rodulfus) egressus fuerat, non solum permittente, sed etiam compellente Richardo, illorum comite (R. Glaber, loco cit.,). Après avoir guerroyé durant plusieurs années, Raoul et quelques-uns de ses

compagnons

regagnèrent

leur

patrie



ils

furent

gráce par le duc Richard, l'année qui précéda la mort

[13 juillet 1024] (Raoul Glaber, III, 4, p. 55). ToucHET

(Notre-Dame-du),

Manche,

ar. Avranches,

reçus

en

d'Henri

II

c. Mortain.

Rogerius de Toscheto, de Tuschet souscrit en 1094 deux diplómes de Roger I en faveur de l'église de Patti: PaTTI, Arch. Capit., vol. I di Fond., n. ant. 12 et 13, mod. 52 et 54. TRÉviERES,

Calvados,

(Treveriae

[1198]:

ar. Bayeux,

ch..l. c.

F. DE BEAUREPAIRE,

p. 66).

Riccardus de Treveris est porté comme témoin du diplóme expédié le 2 aoüt 1092 à Squillace (prov. Catanzaro) par Roger I en faveur de Bruno, fondateur de la chartreuse de S. Stefano del Bosco: RNAM., V, n? 497, p. 249-254. Le méme personnage (Riccardus

de

Strever)

avec

son

fils

Guillaume

(Wilelmus

Maimun,

filius Riccardi de Strevet) souscrit le 22 juin 1095 un diplôme du méme

comte en faveur de S. Maria

di Roccella (Iónica, prov. Reg-

gio-Calabria): Ibid., VI, Appendix, n? viii, p. 160. VACOGNES, Calvados, ar. Caen, c. Evrecy. Robertus de Guasconia souscrit trois diplómes de Roger I en faveur de la Trinité de Mileto, l'un de septembre 1080 - août 1081, le second de février 1091 et un autre de date non précisée (L. R. MÉNAGER,

43). D'autre ayant

assisté

L'abbaye

bénédictine..., nn. 4, 7et

part, Renaldus à une

donation

de Guascolino non

datée

13, pp. 24, 27 et

est mentionné

(mais

antérieure

comme à

1101)

du duc Roger à S. Lorenzo di Aversa (L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques..., n^ 25, p. 99). VASCOEUIL, Eure, ar. Les Andelys, c. Lyons-la-Forét. (Wascoilus [875]: F. DE BEAUREPAIRE, 50]: M. Fauroux, n? 121, p. 286).

Tipól8o; Oback&XXwxe

p. 39;

Wascolium

[10-

souscrit le 10 juin 6610/1102 une dona-

tion de Tancréde de Syracuse et de sa femme Muriel, fille de Guillaume du Mouchel, à Ansger, évêque de Catania (S. Cusa, n? 18, p. 551). VASSONVILLE, Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Tôtes. (Petrus Bassumville, famulus Radulfi Mortemaris = Mortemer, Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Neufchátel-en-Bray [1088]: C. H.

Haskins,

Norman

Institutions,

291)

349

IV Robertus de Vasevilla apparait pour la première fois à Palerme, entre janvier et août

1130. Avec

Robert

Avenell

il assiste Ro-

ger II en tant que baron ducal lorsque celui-ci tranche un litige opposant l'église de Palerme à celle de Patti (R. PrrRo, I, 84-85). Bien que marié à une fille de Roger I, Robert de Vassonville mena,

semble-t-il,

une

existence

très

discrète

jusqu'à

ce

qu'une

crise

grave ne conduise le jeune souverain de Sicile à lui confier un premier róle. C'est en effet parce que Roger II avait eu infiniment

de mal à mater le second soulévement des grands feudataires apuliens conduits par Tancréde de Conversano, en 1133, que la répression fut particulièrement cruelle (cf. E. JAMISON, The norman

administration,

248)

et

que,

pour

conjurer

toute

menace

de

reconstitution de la ligue apulienne, le jeune prince décida de confier l'important comté de Conversano et les terres adjacentes à l'homme ágé et peu encombrant qu'était le mari de sa soeur Judith. Le premier acte délivré par son beau-frére en cette qualité est la donation que Robertus de Basunvilla, comte de Conversano

(son sceau porte la légende Robertus Vasebille, comes Cupersani) fit en avril 1134 au monastére

S. Benedetto

di Conversano

(D. Mo-

REA, n? 80, p. 168-170). Nous n'avons de lui qu'un seul autre document: c'est la donation qu'il fit (Robbertus de Basunvilla, Dei gratia Cupersanensis comes) à la Trinité de Cava, en octobre 1136 (—

1135), ind. xiv, avec son jeune fils Robert, de l'église S. Martino

située sur le territoire de sa cité de Molfetta (C. A. GARUFI, I diplomi purpurei, doc. n? ii, p. 26-27). Robert déclarait faire cette libéralité pour le salut de sa défunte femme, Judith, fille de Roger I. L'union de Robert et de Judith remontait certainement à bien des années car si Robert II souscrit la charte de 1135 comme infans, un autre des fils de Robert

1138 comme

comte

I, Gautier, se présente en juin

de Canne (F. NirrI di VrrTo, Le pergamene

di

Barletta [Bari, 1914], 71-73) et en septembre 1142 sa fille Adélaide était déjà veuve de son mari, Jocelin de Dinan. Judith, que nous

savons avoir été dame de Sciacca (prov. Agrigento: cf. P. COLLURA, p. 302), n'est connue que par un document difficile et fort controversé (cf. P. CoLLURA, dans Atti del Convegno di Studi Ruggeriani, I1 [Palermo, 1955], 557-558) qui ne laisse en rien présumer de la date de son mariage. Quant à Robert I de Vassonville, la charte précitée de son fils Gautier le donne pour déjà mort en 1138,

ce que confirme 350

l'acte par lequel, en septembre

6651/1142, Adé-

IV laïde, fille du

défunt

comte

Robert

BacafX)«a,

faisait don

d'une

vigne au monastére de S. Adriano (presso S. Demetrio Corone, prov. Cosenza: F. TRINCHERA, n? 133, p. 175-176). Robert I eut pour successeur son fils Robert, tumultueux comte de Conversano, puis comte palatin de Loretello, mort en septembre 1192: Armando PETRUCCI, ] documenti di Roberto di « Basunvilla », II conte di Conversano, dans Bull. dell'Ist. Stor. Ital., 71 (1959), 113-140.

VATIERVILLE, Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Neufchátel-en-Bray. Ugo de Gualteri Villa souscrit en avril 1102 un diplóme ducal en faveur de S. Lorenzo di Aversa: NapoLr, Arch. di Stato, Perg. dei monast. soppressi, I (auj. disparu: Coll. Fotografica C.A. GARUFI, n° 241); puis en 1107, ind. I, avec son frère Wido, une donation de Bohémond, prince d'Antioche, à S. Lorenzo di Aversa (RNAM., V, n° 527, p. 314). Ugo Gualtierii Ville assiste en 1115 à une donation de Constance, veuve du dit Bohémond

mars I, en

faveur de S. Maria di Nardo (prov. Lecce: F. UcHELLI, X, 295) puis, en octobre 1119, il souscrit une donation de la méme au monastére S. Pietro, situé in magna insula Tarenti (oggi Isola S. Pietro:

F. TANZI,

136-138).

VAUX-LA-CAMPAGNE,

Calvados,

commune

de

Magny-la-Campa-

gne, ar. Caen, cant. Bretteville-sur-Laize. (Grento de Vals, Radulfus de Vals [1063-1066]:

M.

FAuRoux,

n? 222, p. 424); Rodbertus de Vals donna à Saint-Evroult deux parts des dimes de Berniéres et son fils Roger, aprés la mort de

celui-ci,

p. 403). 'Pofíptoc

confirma

8€ YaXc

cette

souscrit

donation:

Orderic

en septembre

Vital,

6626/1117

lequel la comtesse Mabilie, dame d'Oriolo et veuve de Grandmesnil, fait donation à la Trinité de Cava

t.

II,

l'acte par

de Guillaume du monastére

S. Pietro di Altomonte situé sur ses terres (Cf. L. MATTEI-CERASOLI, dans ASpCL., 8, 1938, 267-268): F. TRINCHERA, n° 83, p. 110. VENABLES,

Eure,

(Malgerius

de

p. 374;

ar. Les

Venablis

Andelys,

c. Gaillon.

[1050-1066]:

cf. J. AbIGARD des GAUTRIES,

dans

M.

Fauroux, Ann.



Norm.,

191,

5, 1955,

29). Thoma

de

Venabile

(ou

de

Avenabule)

appartient

au

cercle

des barons qui entourent le prince de Capoue lors des donations que celui-ci fait à S. Paolo di Aversa en octobre 1095 et décembre

1108 (M. INGUANEZ, nn. v-vi et xi, p. 14-18 et 27-28). A Nola (prov. 351

IV

Napoli), en août 1113, Richardus qui cognominatur de Venabile, ex genere Normannorum, et son fils Geoffroi, avec l’assentiment de

leur

seigneur,

Geoffroi

de

Mayenne,

à l'église S. Severino di Napoli: En

1150-1152,

énonce que le ténement tenuerat de domino rege;

Meo

le Catalogus

diverses

donations

RNAM., V, n° 551, p. 378-379. Baronum,

éd.

C.

Borrello,

p.

89,

Petrus Cacapice, comestabulus Neapolis, tient dans d'Aversa un fief d'un chevalier quod feudum prius Guillelmo de Avenabulo et nunc tenet in capite de cf. également Ibid. p. 83.

de Avenabile,

d'Aversa,

font

donne

fils du

en décembre

défunt 1173

une

Philippe,

l'un

des

piéce

terre

à S. Maria

de

barons

di Montevergine (G. MonGELLI, n? 567, p. 162). Enfin Raulus de Avenabili figure parmi les vassaux tenant fief à Aversa et dont le roi Tancrède confirme les droits en juin 1190, de méme qu'il confirme

aux barons de Naples le feudum

Petri de Avenabili:

Il pactum giurato dal duca Sergio ai Napoletani, (1884), 733-738. VER, Manche,

(Curtis FAUROUX,

que

B. CAPAsso,

dans ASpPN.,

9

ar. Coutances, c. Gavray.

dicitur Ver,

super

fluvium

Sane

[1026-1027]:

M.

n? 58, p. 182).

Normannus de Ver souscrit en juillet 1097 à Aversa une donation d’Zhon Bricto au S. Salvatore in Insula maris: RNAM., V, n? 488, p. 230. Orderic Vital, t. V, p. 52 mentionne un Robertus de Ver (décembre 1135), fils d'Alberic ou de Guillaume de Ver.

IV. IDENTIFICATION DE NORMANDS D'APRÉS LEUR « COGNOMEN TOPONOMASTICUM »

2°) LOCALISATIONS

INCERTAINES

AMFREVILLE ERBERT DE LANFREVILLA figure au Catalogus Baronum. (éd Borrello, p. 27) comme tenant un tief de deux chevaliers à

C.

Otranto (prov. Lecce). Sous réserve que le scribe du ms. angevin ait bien respecté la graphic de l'inventaire original et que l'édition de Carlo Borrello procède d'une lecture correcte, il semble que

Lanfrevilla 73

désigne

l'un des nombreux

« Amfreville » de la terre

IV normande. Huit communes actuelles portent encore ce nom: quatre dans l'Eure, deux en Seine Maritime, une dans le Calvados

et une dans la Manche. Trois

d'entre

elles au

moins

sont

attestées

au

XIème

siècle

sous les formes Anfridivilla ou Asfredivilla; quatre autre au XIIéme siècle, sous les formes Anfrevilla, Ansfrevilla; deux lieux-dits (Anfreivilla, Anfrewilla) s'y ajoutent encore au XIIème GARD

des

GAUTRIES,

Les

noms

de personnes

siècle:

scandinaves,

J. Apr437-438.

BAILLEUL

GOFRIDUS

DE VviCO BALLOLI

passé par Robertus

souscrit en

1131

un acte de vente

Miliacensis et Robert, prieur de S. Sofia di

Vicari (prov. Palermo): L. T. WurrE, Appendix, n° XII, p. 254. Ballolum, dans le territoire de Saint-Ouen, est attesté en 1006-1017: M. Fauroux, n? 19, p. 103. Il s'agit d'un toponyme de l'Eure dont le nom s'est conservé dans celui de trois communes: Villez-sous-Bailleul, Saint-Etienne-sous-Bailleul et Saint-Pierre-deBailleul. « Bailleul », de Balliolum = enclos, cour, est un toponyme fréquent en Normandie. 4 'AXfépeb(m) tñe BéléAMnc) fait don, en septembre 1096-août 1097, de trois serfs au monastère S. Michele de Raito, situé dans le tènement Zeitschr.,

d'Arena (prov. Catanzaro): L. R. MÉNAGER, dans 50 (1957), 325. M. J. Adigard des Gautries m'écrit

Byz. à ce

sujet: « Apparemment l'un des trés nombreux " Bailleul”. Peutétre Saint-Cyr-du-Bailleul, Manche, ar. Avranches, c. Barenton ». BARNEVILLE

En aoüt 1086, Rogerius de Barnavilla souscrivait à Palerme deux diplómes ducaux en faveur de la Trinité de Cava (Arch. della Badia di Cava, arm. C. 5 et C. 6). En juillet 1094, Rocca, fille de Dreu, comte de Pouille, avec le consentement de Roger I sub cuius

dominius me nunc videor esse et cum consensum et voluntatem Rogerii de Bernabilla, gener meus, offrait à S. Benedetto di Montecassino onze hommes du vicus Sallittanus (situé prés de La Sam-

bucina, fraz. Luzzi, le long du Crati:

cf. A. PRATESI, n° 22, p. 59).

L'acte est souscrit par Roggerius Barnabilla, Guidelmus et Guidelmus

Crassus:

Reg.

Petri Diaconi,

Calcavilla

n° 516, fole 216 v'. En

septembre 1093 - août 1094, Rogerius de Barnavilla figurait pàrmi les témoins de deux importants diplómes comtaux en faveur de l'église de Patti. Dans le second de ceux-ci, Roger I confirmait diverses

celles

de

donations

Rogerius

faites à S. Bartolomeo

de Barnavilla

di Lipari,

qui, assentiente

entre

autres

Heluisa,

uxore

353

IV

sua, avait fait don de l'église S. Pietro située dans le territoire de Castronuovo (prov. Palermo) avec des terres et vingt serfs et de l'église de la Trinité de Geraci-Siculo, avec ses terres, des vignes et six serfs: PATTI, Arch. Capit, Vol. I di Fond., nn. ant. 12-13,

mod. 52,54.

A un moment qui se situe dans la méme tranche chro-

nologique (1094, ind. ii), Rogerius de Barnavilla souscrivait un diplóme de Roger I en faveur de S. Maria di Palermo (PALERMO, Arch. Capit. del Duomo, perg. n^ 4). Celui que Guillaume de Tyr, II, 22, appelle Rogiers de Barneville s'embarqua au printemps de 1097 avec le comte du Perche, le duc de Bretagne et d'autres grands féodaux. Le 20 octobre il se distingua lors de combats livrés pour la possession du pont franchissant l'Oronte et il fut l'un des premiers

à entrer

dans

Antioche,

mais

il succomba

le lendemain,

4

juin 1098, lors d'une sortie intempestive (Cf. E. JAMISON, Some notes, 207-208). Il laissa une fille, Rocca, filia Rogerii de Barnavilla, quondam vero uxor Wilelmi de Creun qui, avec son fils Roger, fait don en mai 1142 d'un serf à l'église d'Agrigento; en outre, à la requête des chanoines de l'église, elle ratifie la donation d'un couple de serfs que son pére avait faite lors de la dédicace de l'église, le 13 août

1093

(P. CoLLURA,

p. 36-37). I] s'ensuit donc 1111,

souscrit

une

que

donation

Le più

antiche

carte,



12,

le Roger de IlapvañeÀAkas qui, en de

la

comtesse

Adélaïde

(S.

Cusa,

n? 26, p. 512), était le fils du Roger de Barneville mort en juin 1098. À la suite de M. Ds GERVILLE, Anciens châteaux du département de la Manche, dans Mém. de la Soc. Ant. Norm., 1 (1824), 259. 263, A. LE PREVOST, dans son édition d'Orderic Vital, t. III, p. 503 et E. JAMISON, loco cit., identifient Barnavilla avec Barneville-surMer, Manche, ar. Cherbourg, qui est effectivement attesté sous la

forme Barnavilla en 1023-1026: J. ADIGARD des GAUTRIES, dans Ann. Norm., 1 (1951), 17. Mais cette identification est totalement dépourvue de preuves. Barnavilla, pour Barneville-la-Bertrand est également attesté en 1056-1061 (: M. FAuROoUx, n? 205, p. 394). et Barnevilla pour Basseneville en 1059 (Ibid., n° 144, p. 325). Mais on

peut hésiter méme forme testé à la fin des GAUTRIES,

encore entre Barneville-sur-Seine, attesté sous la en 1078, ou Banneville-la-Campagne, également atdu XIème siècle sous la forme Barnevilla: J. ADIGARD Les noms de personnes scandinaves, 389-390.

BRETTEVILLE RoBERTUS DE BRITTAVILLA est témoin, en 1072, à une charte d'un comte Richard en faveur de la Trinité de Venosa: G. CRUDO,

p. 135. Mais les toponymes 354

« Bretteville » ont été de bonne heure

IV nombreux en Normandie: cf. Henry CHANTEUX, Le toponyme « Bretteville » en Normandie et son origine, dans Rec. de travaux offert à C. Brunel, I, 248-254.

BREUIL (LE) GUIDELMUS DE BROLIO, témoin d'un diplôme ducal de janvier 1082 en faveur de S. Lorenzo di Aversa (RNAM., V, n° 436, p. 101) souscrit d'autre part comme stratège (Guillelmus de Brolio stratigotus) deux diplômes ducaux de mai 1092: l'un en faveur de l'évêché de Troia (F. CaRABELLESE, Appendice, n° XXV, p. 509-510) et l'autre en faveur de S. Lorenzo di Aversa (Widelmus de Broilo stratigotus:

RNAM., V, n° 456, p. 146).

En semptembre 1130, Bertolottus, filius Guillelmi de Broylo, habitant de Troia, léguait à S. Angelo di Orsara (prov. Foggia) deux pièces de terre situées au pied du Monte Calvello (10 kms

à l'ESE de Troia) et qu'il avait héritées de son père:

TRorA, Arch.

Capit., Sacco M. 8 (= A. la). D'autre part un Riccardus de Brolio figure parmi les membres de la cour royale chargés d'arbitrer un

différend entre l'église de Catane et le monastére du S. Salvatore di Messina, tration,



en juin

1143:

E. M. JAMIsoN,

The

Norman

Adminis-

p. 454.

Trois toponymes de ce type sont attestés au XIème siècle, tous dans le département du Calvados — sous des formes di-

verses:

Broil (1025-1026):

M.

Fauroux,

n? 55, p. 176;

(1029-1035):

Ibid., n° 80, p. 220; Brollium (1063-1066): Ibid., n° 222, p. 423; Bruol (996-1008): Ibid., n? 11, p. 84. Cependant, dans la France médiévale, le breuil désignait une forét mise en défens pour l'exer-

cice exclusif de la chasse par le seigneur. A l'heure actuelle vingtet-une communes frangaises et plusieurs dizaines de lieux-dits perpétuent cet usage par leur nom. L'identification du Broilum ici en cause avec l'un des trois villages faire l'objet que d'un présomption. CATILLON

du

Calvados

ne peut

donc

(?)

ARNULFUS DE CASTELLIONE souscrit en février 1104 une donation de Robert de Bohon et de sa femme Sicca à S. Benedetto di Montecassino: Reg. Petri Diac., n° 526, fol? 221 r°. Catillon, commune de Rouvray-Catillon, Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Forgesles-Eaux, est attesté sous les formes Castillon (1037-1045: M. FavROUX, n? 103, p. 261) et Casteillon (1046-1048: Jbid., n° 107, p. 266). Mais Castillon, Calvados, ar. Bayeux, c. Balleroy est également at-

testé au moins

dès

1086 (Castellon:

cf. Lewis

C. Lovp, p. 25) et

355

IV le toponyme est fréquent, aussi bien en France qu'en Italie méridionale. CUVERVILLE Hugo de Cruberevilla assiste comme témoin à une donation de

Bohémond,

futur

prince

d'Antioche,

à

la

Trinité

de

Venosa

(circa 1086): G. CRuro, p. 175. Il est vraisemblable que le scribe qui a rédigé cette charte et transcrit les noms des témoins a cherché à latiniser le toponyme prononcé à ses oreilles et dont il ignorait la formation sémantique aussi bien que l'institution qui lui servait de support, les « culverts » — victimes d'une forme à peine adoucie du servage — étant inconnus en Italie. Culvertivilla... in Vilcassino Normannico (= Cuverville, Eure, ar. et c. Les Andelys) et Culvertivilla... in comitatu Talou (= Cuverville-sur-Yéres, Seine Martime, ar. Dieppe, c. Eu) sont attestés en 1028-1033 (M. FAunRoux, n° 66, p. 200). Mais Cuverville, Calvados

ar. Caen, c. Troarn (Culvertvilla) l'est en 1066 (Ibid., n? 231, p. 445). FLEURY En

1053, Dreu,

duc

d'Italie et de Calabre,

offrait à la Trinité

de Venosa le tiers de la ville de Venosa et propria Gualterii Fluriaci Umfridique nepotis sui, scilicet monasterium sancti Georgi: foris murum aliudque sanctii Georgii monasterium,...: F. UGHELLI, VII, 168.

A

l'heure actuelle dix-neuf communes françaises portent le nom de Fleury. Deux d'entre elles sont situées dans l'Eure, une dans la Manche et une dans le Calvados. GUIVILLE UNFREDUS DE GUIVILLA est porté au Catalogus Baronum (circa 1150-1152: éd. C. Borrello, p. 21) comme tenant un fief de trois chevaliers à Castrum, dans la Terra di Otranto. Sous réserve que

la transcription angevine soit exacte, il semble possible de mettre ce normand d'Italie en relation avec Hugo de Guizvilla, seigneur de Crasville-la Mallet (Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Cany-Bar-

ville), qui figure avec ses fils Robert et Guillaume parmi les bienfaiteurs de S. Georges de Boscherville dans un acte ducal de 10501066:

M. FauRoux,

n? 197, p. 382.

LONGUEVILLE

CANTELMUS

DE

LONGAVILLA

souscrit

une

charte

de

Geoffroi,

comte de Conversano, en faveur d'Evrard, abbé de S. Maria di Nardo, en mars 1092 (F. UGHELLI, X, 292) et, en mai 1119, Cantel-

356

IV

mus filius Rogerii Longaville est mentionné dans une charte expédiée à Conversano

comme

ayant

fait donation

d’un

tenimentum

seu feudum au monastère S. Maria di Nardo (Jbid., 295-296). Aux environs de 1150-1152, le Catalogus Baronum (éd. C. Borrello,

p. 85) porte que Balduinus Longavilla tenet in Aversa feudum unius militis.

Trois

communes

de

Normandie

portent

encore

le nom

de

Longueville: une dans le Calvados, une dans la Manche et la troisiéme en Seine Maritime. S'y ajoutent: Longavilla in vicaria Cin-

galensis, entre Combray

et Placy (Calvados,

ar. Caen, c. Thury-

Harcourt), mentionné entre 996 et 1008: M. FAUROUX, n° 11, p. 84; cf. J. ADIGARD des GAUTRIES, dans Ann. Norm., 3 (1953), 30; : Longavilla, in vicaria

quae

vocatur

Kelgenas

(Manche,

commune

Les

Pieux,

ar.

Cherbourg, ch.-l. c: M. FAunoux, Ibid.,) : Longavilla (commune de Saint-Pierre d'Autils, Eure, ar. Evreux, c. Vernon) attesté des 1001 (L. MussET, dans BsAN,, 54, 1957-58, 35) et 1012:

M. Fauroux, Ann.

n? 14 bis, p. 92; cf. J. ApiGARD des GAUTRIES,

dans

Norm.., 4 (1954), 251. SOTTEVILLE

OU

ETOUTTEVILLE

W. Stultavilla souscrit en 1088 un diplóme ducal en faveur de la Trinité de Venosa (G. CRUDO, p. 178). On connait un Rodbertus de Stotavilla (Etoutteville, Seine Maritime, ar. Rouen, c. Yerville), témoin à une donation fait à St. Evroult entre 1066 et 1089 (Orderic Vital, t. II, p. 399). Robert de

Grandmesnil,

fils ainé

d'Hugues

de Grandmesnil,

épousa

en se-

condes noces Emma, Rodberti de Stotevilla filia (Ibid., t. III, p. 360). Robert d'Etoutteville répondit à l'appel d'Urbain II en 1096;

«il

descendit

en

Italie

avec

les

Normands

et

les Anglais,

reçut la bénédiction du pape et l'hiver passé avec ses parents et amis de Pouille, il s'embarqua à Brindisi à Pâques 1097 »: O. LanNELONGUE,

Hist.

de la maison

d'Estouteville

en

Normandie

(Paris,

1903), 24. Il est cependant difficile d'affirmer que le W(illelmus) Stultavilla d'Italie appartenait à cette famille. Son cognomen toponomastique peut aussi bien se référer à Sotteville-sur-Mer, Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Fontaine-le-Dun (Sota villa [10151: M. Faunoux, n? 18, p. 101), ou bien à Sotteville-les-Rouen, Seine Maritime, ar. Rouen, ch.-l. c. (Sotavilla [1015-1026]: Ibid., n° 42,

357

IV p. 148) ou encore à Sotteville, Manche, ar. Cherbourg, c. Les Pieux (Sottevilla

[996-1008]:

Ibid., n° 11, p. 85).

VILLERS ou VILLIERS Riccardus de Viliers souscrit une charte

de Rocca, veuve de

Guillaume de Craon et fille de Roger de Barneville, datée du

11

mai 1142: P. CoLLURA, n? 12, p. 37. Peut-étre s'agit-il de VILLIERS-LE-PRÉ, Manche, ar. Avranches, c. Saint-James, attesté sous la forme Vilers (1037-1046: M. FauROUX, n? 110, p. 271) ou Villa Vileris (1060-1066: Ibid., n^ 29, p. 26). Mais cinquante deux communes frangaises portent encore ce nom, dont une dans chacun des cinq départements normands. On peut d'autre part noter qu'un Paganus de Vilers souscrit une charte de 1091 en faveur de la Trinité du Mont de Rouen (A. DEVILLE, Cartulaire de l'abbaye de la Sainte Trinité du Mont de Rouen, dans B. GUÉRARD, Cartulaire de l'abbaye de Saint Bertin, III [ Paris, 1840], n? 83, p. 464) et une charte de 1107 en faveur de St Michel du Tréport, charte qui est également souscrite par Odo de Vilers (P. LAFFLEUR de KERMAINGANT, Cartulaire de l'abbaye de SaintMichel-du-Tréport [Paris, 1880], n° v, p. 23). Il s'agit ici de ViLLERS-SOUS-FOUCARMONT,

Bresle; munes

Seine

Maritime,

ar.

Dieppe,

c.

Blangy-sur-

mais il y a encore à l'heure actuelle cent quatorze comdu nom

V. LIGNAGES

de Villers.

NORMANDS

ÁVENEL

Ragnulfus Avenel souscrit un diplóme

de Guillaume

le Con-

quérant daté d'Oissel, le 24 juin 1082: H. W. C. Davis, n? 146, p. 39. On possède, d'autre part, une charte non datée de Guillelmus Avenel, sénéchal du comte de Mortain, qui souscrit aussi un diplóme

de

Geoffroi,

duc

de

Normandie

(1144-1150):

KINS, Norman Institutions, p. 187, n. 179 et p. 139. Ranul (sic) Avenellus souscrit en mai 1092 une

C. H.

donation

Roger, duc de Pouille, à l'évéché de Troia (F. CanABELLESE,

p. 510, En

d'aprés

une

1110, Rainaldus

copie

de

Avenellus,

l'original avec

perdu

expédiée

le consentement

Has-

de

n? XXV,

en

1296).

de sa femme

Fredesenda et de ses fréres Robertus et Drogo — qui souscrivent l'acte — fait donation à l'abbaye de Lipari d'une église située sous son village de Partinico (prov. Palermo):

358

C. A. GARUFI, dans ASpS.,

IV 6 (1940), 74. Renaud Avenel épousa Adélaïde, fille de Raoul Machabée, comte de Montescaglioso, et d'Emma, fille de Roger I; de cette

union naquit Adam

Avenel:

C. A. GARUFI,

dans ASSO.,

9 (1912),

342-362.

Robertus

Avenellus,

frére

de

Renaud,

figure

parmi

les fon-

dateurs (en 1091?) de S. Maria della Valle di Giosafat di Messina (A. Li Gorri, dans ASS., serie 3*5, 8 [1956], 85). Entre

1101

et 1112

il était l'un des membres de la cour que la comtesse Adélaïde avait mandés pour instruire un litige survenu entre l'évéché de Troina et Eleazar, seigneur de S. Filippo di Agira (S. Cusa, n? 63, P. 303). De 1107 à 1126 il souscrit huit diplômes d'Adélaide, com-

tesse de Sicile et de Calabre, et de son fils Roger II:

mars — ler

septembre),

en

faveur

de

en 1107 (25

S. Bartolomeo

di Lipari

(L. T. WHITE, Appendix, n? VII, p. 250); le 20 février 1110, en faveur de l'évêché de Squillace (RNAM., VI, Appendix, n° XVIII, p. 180-181);

le 12 juin

1112, en faveur

de l'archevéché

de Palerme

(R. PriRRO, I, 81); en juin 1117, en faveur de la Trinité de Venosa (G. CRUDo, 206); en 1117 un record de plaid instruit sur mandat de Roger II (B. TROMBY, Storia critico-cronologica.. del ordine car-

tusiano, tom. III, Appendix I, n? XXVI, p. 137); en décembre 1125, en faveur de l'évéché de Catane (L. R. MÉNAGER, dans Bull. dell'Arch. Paleogr. Ital., n. s. 2-3 [1956-57],

171); en 1124(?), en faveur

de S. Maria di Bagnara (R. PrRRo, II, 1240) et le 10 juillet 1126 en faveur de S. Maria Latina di Agira (Pietro SINoPOLI, La badia regia di S. Maria

Latina

in Agira

[Acireale,

1911], 26). En

1130, Rober-

tus Avenellus est encore mentionné comme baron ducal dans une charte de Pierre, archevêque de Palerme (R. PIRRo, I, 84-85). Quant à Riccardus Avenellus, qui est mentionné avec son frère Robert parmi les fondateurs de S. Maria della Valle di Giosafat (A. L1 GoTri, loco cit.,), il souscrit en septembre 1093-août 1094 un diplóme de Roger I en faveur de S. Maria di Palermo (Riccardus Avelellus [sic]: PALERMO, Arch. Capit. del Duomo, perg. n? 4) et figure (en 1093-1096) parmi les témoins d'un diplôme de Roger I relatif

aux

dimes

des

évéchés

siciliens

(P.

CoLLURA,

n? 4, p. 20).

Sur Avenel, dit de Petralia (prov. Palermo), justicier royal de décembre 1150 à janvier 1170, cf. L. R. MÉNAGER, Les actes latins.., p. 84, n. 2. CARBONEL GOoFFREDUS CARBONELLUS souscrit en 1086 un diplôme de Guillaume le Conquérant en faveur de la Trinité de Lessay (H. W. C.

359

IV

Davis, n° 199, p. 54) et un Robertus

Carbonellus

figure

comme

témoin dans un record de cour instruit en présence du roi, en Angleterre (avant 1122: C. H. HaskiNs, Norman Institutions, 96). Sur Osmundr et Sarlon, cf. supra, Osmundus Carbonellus. Sur Turold, supra, Taraldus Carbonellus. En mars 1106, Carbonellus, vir nobilis, offrait à S. Benedetto

di Montecassino les églises S. Gregorio, Tarsia (prov. Cosenza). R. Carbonellus

S. Nicola et S. Agata di souscrit à Squillace, en

1117, un record de plaid instruit sur mandat

de Roger II (B. TRoM-

BY, tom. III, Appendix I, n? XXVI, p. 137). En octobre 6653/1144, Roger II confirmait au monastére S. Bartolomeo di Trigono (prés de Bova, prov. Reggio-Calabria) l'acte par lequel Guillaume Burrel, ses frères Racherius et Robert, et Donisia, uxor quondam Carbonelli, avaient donné au dit monastére, en 6626/1118, l'église S. Barbara de Fella (C. MiNiERr-Riccio, Supplemento, parte 1*. n? IX, p. 12-13).

Pelegrinus, fils de KapBavéikos he Tapoi{ac) souscrivait en juillet 1144 une notice de plaid de Robert Kletzes et de Gibel de Lauria, juges

royaux

(G. ROBINSON,

n? XXXVII,

p. 37).

Carbonellus de Tarsia exergait ses fonctions de justicier royal dans le Val di Crati en juillet 1152, avril 1153 et janvier 1157 (A. PRATESI, nn. 16, 18 et 20, pp. 46-47, 49-51 et 53-55). CRISPIN GILBERT

CRISPIN,

chátelain

de

Tilliéres,

mort

vers

1045,

eut

trois fils: Gilbert II — pére de Guillaume II, bienfaiteur de l'abbaye du Bec —, Guillaume I, seigneur de Neaufles (mort en 1074) et Robert (J. A. RoBINSON, Gilbert Crispin abbot of Westminster, a study of the abbey under Norman rule [Cambridge, 1911], 1-18). Ce dernier guerroya d'abord en Espagne, puis en Italie méridionale (Aimé

du Mont-Cassin,

I, v-viii) et sous

la bannière

de l'em-

pereur de Constantinople, pour qui il combattit notamment à Mantzikert, en 1071. Au XIIIéme siècle, Philippe Mouskes fait de Robert Crispin et de Robert Guiscard les héros qui vainquirent

en Pouille l'un après l’autre en deux jours l'empereur d'Allemagne et l'empereur de Byzance (éd. Reiffenberg, t. II, p. 177-186). Les sources diplomatiques sud-italiennes nous font connaitre

plusieurs précisions

membres qui

de cette

permettent

famille,

mais

de les rattacher

sans

nous

à l'un ou

donner

de

l'autre

des

fils de Gilbert I. Il s'agit d'abrod de Petrus fllius Iohanne Crispo (sic) qui souscrit en octobre

360

1080 un diplóme de Robert Guiscard

IV en faveur de S. Benedetto di Montecassino (E. GATTOLA, Historia, 275-276), puis en mai 1092 un autre diplóme ducal en faveur de

S. Lorenzo di Aversa (Petrus, filius Iohannis Crispi: RNAM., V, n? 454, p. 139). Un Robertus Crispinus souscrit en 1117 une charte latine trés discutée de Guillaume, archevêque de Troina (G. Cozza-Luzi, dans ASS.,

n. s., 15

[1890],

p. 340).

D'autre

part,

en

avril

6663/1155,

Philippe, fils du défunt Guillaume Kpnorñvos faisait donation à S. Maria di Cersosimo d'une terre située dans les dépendances de Noepoli (prov. Potenza) et qui lui était venue par héritage de son père (F. TRINCHERA, n° CLIV, p. 203-204). Enfin frater Robertus Crispinus, moine de S. Maria della Matina, souscrivait en août

1170, un acte d'échange passé par sa communauté (A. PRATESI, n? 24, p. 64). FiLs ERNEIS Les Fils Erneis étaient la branche cadette des Taisson du

Cinglais (L. MussEr,

Actes

BSAN.,

11).

56

[1961-62],

inédits Raoul

du XIème

fils

Erneis,

siècle, IV-V, qui

assurait

dans encore

la sépulture normande de son frére, tué à Haskins en 1066 (L. MusSET,

Ibid.,

p. 27, n. 61),

a du

partir

peu

aprés

pour

l'Italie.

En

effet, Radulfus fiilus Erloini (sic) souscrit en mai 1087 un diplóme ducal en faveur de la Trinité de Mileto (L. R. MÉNAGER, L'abbaye bénédictine.., n° 5, p. 24), puis deux diplômes comtaux destinés à la méme abbaye: l'un en février 1091 (Rodolfus filius Ernigesi: Ibid., n° 7, p. 27) et l'autre à une date non précisée (Radulfus filius Ernegisi: Ibid., p. 43). FRAISNEL Riccardus

Fraisnel

est

indiqué,

dans

une

charte

faussement

datée de 1061, comme ayant donné le quart de l'église de Bolbec au monastère de Bernay (M. FAUROUX, p. 32, n° 9).

Willermus et Robertus, filii Rodulfi cognomento Fraisnel, sont mentionnés dans un diplóme de Guillaume le Bátard daté de 1050

comme ayant vendu à St. Evroult l'église de Notre-Dame du Bois (M. Fauroux, n° 122, p. 291; Orderic Vital, t. II, p. 37). Sans doute

est-ce le premier d'entre eux qui souscrit en 1085 (Guillemus Frainellus) une charte de Robert, comte du Principat, en faveur de la Trinité

de Venosa

n? 19, p. 94). GASTINEL Guillelmus

(L. R. MÉNAGER,

Gastinellus

accorde

Les

fondations

(1066-1089)

monastiques...,

son

consente361

IV ment

à la concession

Evroult

parmi

(Orderic

Vital,

les témoins

de St Evroult;

de

l'église

Guarleinville

t. II, p. 400).

d'une charte

dans

de

Geroldus

de Raoul

cette charte,

faite

à Saint-

Gastinellus

II de Tosny

il est mentionné

figure

en faveur

comme

tenant

de Raoul un hóte à Acquigny (Eure, ar. Evreux, c. Louviers): deric Vital, t. II, p. 402-403; t. V, p. 180-18].

Or-

Amelinus Gastinellus est mentionné dans un diplóme comtal de 1094 comme ayant donné à S. Bartolommeo di Lipari trois serfs du territoire de Geraci (prov. Palermo): PATTI, Arch. Capit., vol. I di Fond., n° ant. 13, mod. 54. Le méme personnage (Kauelvoc Kactivoc) procède avec Renaud de Viers (ou de Biers) et Nicolas,

vicomte de Castronuovo (prov. Palermo) au bornage des terres dont Roger I fait donation au prieuré de S. Pietro di Castronuovo en

6609/1101,

février

(P.

CoLLURA,

dans

Atti

dell'Accad.

di

Sc.,

Lett. ed Arti di Palermo, serie IV, 15 [1954-55], 332). Le 11 mai 1142 Hamelinus Guastinel souscrit avec les plus hauts personnages de la cour une charte de Rocca, veuve de Guillaume de Craon

(P.

COLLURA,

laotivéloc) diplôme

est

Le

più

antiche

mentionné

de Roger

II

dans

[6651/1143],

carte,

le ind.

n?

texte vi:

12,

très

p.

37).

xautwv

lacunaire

P. CoLLURA,

dans

d'un Atti

del Convegno Int. di Studi Ruggeriani, 11 (1955), 611. Enfin dans un acte d'août 6656/1148, xautiv laoteveh et sa femme Laetitia confirment à l'église de S. Icono, rénovée par eux, la terre et la

vigne dont ils l'avaient dotée et y ajoutent la terre dite Chimmesi: G. SPATA, Le pergamene greche esistenti Palermo (Palermo, 1861), 431-432.

nel Grande

Archivio

di

GIROIE

Geroius

obtint en mariage

valier normand

nommé

la fille unique

Helgo, qui lui donna

d'un puissant che-

Montreuil,

Echauf-

four et toute la terre située autour de ces deux citadelles. Helgo étant mort peu aprés, Geroie fut mis en possession de tout l'honneur de son beau-père, qui lui fut confirmé, sur les instances de Guillaume I de Belléme, par le duc Richard lorsque la jeune fille mourut d'une mort prématurée avant méme d'avoir été unie à Geroie (Orderic Vital, t. II, p. 23). De Giséle, fille de Torsten de Montfort, qu'il épousa peu aprés (Guillaume de Jumiège, VII, 11),

Geroie eut sept fils et quatre filles (Orderic, t. II, p. 23-30) qui lui assurérent une descendance dans chaque rameau de laquelle un membre au moins partit s'établir en Italie, à l'exception du fils aîné, Arnaud, mort en pleine jeunesse, et d'Hugues, le sixième 362

IV fils, mort également adolescent. L'indication des membres du lignage établis en Italie figure sous

chacune

laume

des

branches

d'Echauffour,

sous

respectives:

pour

le fils cadet,

« Echauffour »; pour

Guil-

le quatrième

fils,

Raoul Maucouronne, infra, sous Malacorona; pour le cinquième, Robert de Saint-Céneri, sous « Saint-Céneri »; pour la fille aînée, Heremburgis, sous « Pont-Echanfray » et enfin pour la seconde fille, Hadvisa, sous « Grandmesnil » et « Evreux ». Reste à fixer le lien qui unissait à tous ces personnages un autre Giroie que les documents sud-italiens nous montrent fixé en Pouille. En janvier 1082, le duc Robert Guiscard concédait au monastère

S. Lorenzo

di Aversa

totam

causam

quam

Trostainus

de Mileto in Troia a nobis tenuit, exceptis decem villanis et terra pro uno aratro et duobus casis quas domine Fredelscende, uxori Ge[r]oy dedimus (photo de l'original alors conservé à l'Arch. di

Stato di Napoli, n° 436, prise en 1905 par Richard Salomon: Ist. Stor.

virons

Germanico,

de

1150-1152,

Photosammlung

Rogerius

filius

R. Salomon,

Girohy

déclara

RoMa,

3, 2). Aux

tenir

en-

à Bar-

letta un fief de deux chevaliers (Cat. Baronum, Reg. Ang. 242, fol 14, éd.

Giovanni

BELTRANI,

/ documenti

storici

1923], p. 66), tandis que Givanus Rubeus cipauté

uxoris

de

Riccardi,

Baronum,

Le Geroius.

Taranto

Alianum,

filii Giroy,

Tur

quod

et

di Corato

[Bari,

déclara tenir de la PrinGuardia,

tenet

preter

in servicio

dotarium

filiorum

(Cat.

éd. C. Borello, p. 15).

septième Mais

et

Orderic

dernier

fils

Vital

nous

de

Giroie

indique

s'appelait, (t. II, p. 29)

lui que

aussi, dans

sa prime jeunesse celui-ci s'employa à piller les terres de l'église de Lisieux puis que, retourné à Montreuil, il périt dans l'égarement. Ce n'est donc pas lui qui alla s'établir en Pouille, non plus sans doute que Geroius, fils ainé de Fulcoius de Montreuil, troisième fils de Giroie, qui dut hériter de l'honneur paternel, c'est à dire de la moitié de Montreuil, aprés la mort de son père, survenue peu après celle du duc Robert (1035). Il y a donc tout lieu

de supposer que le Geroius émigré en Pouille était le filt cadet de Guillaume d'Echauffour et d'Emma du Thenney (Orderic, t. II, p. 36). MALACORONA Raoul, le cinquiéme fils de Giroie, s'adonna dans sa jeunesse aux exercices de l'art militaire, ce qui lui valut le surnom de Mala

Corona.

Puis

il laissa ces joutes

pour

des

préoccupations

plus 363

IV

savantes; profondir

il parcourut sa

les écoles de Gaule et d'Italie avide d'ap-

connaissance

des

disciplines

les

science de la physique était si vaste, nous

plus

diverses.

Sa

dit Orderic, qu'à Sa-

lerne où se trouvait depuis l'Antiquité une école de médecine de la plus haute réputation, il ne trouva personne qui put l'égaler

dans

l'art médical, sinon une savante

matrone.

Enfin, las de ce

savoir accumulé et « craignant la ruine d'un monde titubant » il se retira au monastére de Marmoutier oü il prit l'habit monastique et mourut sept ans plus tard, peu aprés l'exil de son neveu, Robert de Grandmesnil

(1061):

Orderic

Vital, t. II, p. 28-29, 69-70 et 92.

Nous ignorons si, durant son séjour à Salerne, le commerce qu'il eut avec la matrone qui l'égalait dans ses connaissance médicales fut exclusivement scientifique. Nous ne savons donc pas préciser la nature de liens qui pouvaient l'unir à Pierre Malakourounas, témoin à un acte de vente passé en 1076-1077 dans la région de Mesiano (fr. Filandari, prov. Catanzaro: A. GUILLOU, Les actes grecs de S. Maria di Messina [Palermo, 1963], p. 46) ou à Jean,

fils de Raoul portant

sur

Malakorouna, des

biens

qui

également

souscrit situés

aussi

un

acte

à Mesiano,

en

de vente 1149

(S.

CUSA, n° 88, p. 348). Ajoutons que lors des derniers assauts livrés à Antioche, en juin 1098, Bohémond avait à ses cótés un sergent nommé Mala Corona (Hist. Anon. de la Premiére Croisade, éd. L. Bréhier, p. 104). MALCONVENANT

En 1084, Radulfus Malcovenant est témoin à une charte de donation de Roger d'Aubigny (Le Bourg d'Aubigny, ar. Coutances, c. Periers) en faveur de la Trinité de Sainte-Opportune (Gallia Christiana, XI, 228). Sans doute est-ce à ce lignage qu'appartenait Raynaldus de Malaconvenientia, glioso en faveur

présent à une charte d'Arnaud, évêque de

de Robert de MontescaTricarico (A. ZAVARRONI,

Esistenza e validità de' privilegi conceduti... alla chiesa cattedrale di Tricarico

[Napoli,

1750],

p. 3) et mentionné,

avec

son

fils Ro-

bert, dans un extrait informe d'acte date de 1075 (G. CRupo, p. 139). En

1077,

Reginaldus

Maleconvenientie,

dei gratia

comes

Marsici

(= Marsico, prov. Potenza) donnait à la Trinité de Venosa l'église S. Maria e S. Giovanni Fontium (Ibid., p. 145); un acte sans date nous montre un moine nommé Robert donnant à la Trinité de Venosa, avec le consentement de Rainaldus Maleconvenientie, une église S. Agata; cette donation est souscrite par Robertus filius 364

IV Rainaldi Maleconvenientie Ce

Robert,

fondateurs

nommé

dans

parmi

les témoins

me,

datée

Malus

de S. Maria

Gorri,

ASS., de

1113

(Ibid., p. 146). Conventus

(sic)

della Valle di Giosafat

3* serie, 8 [1956],

d'une

charte

(S. Monso,

figure

di Messina

85) et comme

de Gautier,

Descrizione

parmi

les

(A. Lt

Malconvenant

archevéque

di Palermo

de Palerantico

[Pa-

lermo, 1827], 87-88). En 1108, Guarin, évéque d'Agrigento, rapporte que Robertus cognomine Malaconventio avait mandé qu'une église en l'honneur du Saint Esprit soit édifiée sur sa terre, dans la

paroisse

d'Agrigento.

Cette église fut édifiée par Gilbert, parent

de Robert, après qu'il se fut donné à l'église (P. CoLLURA, Le piü antiche carte..., n° 8, p. 25-27). Avec Robertus Maleconventio, qui souscrit un diplóme royal en décembre 1157 (A. MONGITORE, Bullae, privilegia et instrumenta Panormitanae metropolitanae ecclesiae [Palermo, 1734], 39, nota)

sans doute ne sommes-nous plus en présence du fils, mais du petitfils de Raynaldus. Peut-étre méme avons-nous affaire à une autre branche. En effet, un Stephanus Malaconventio est mentionné dans un diplóme

de

Roger

I, daté

de

1098,

comme

ayant

donné

un

serf

au monastère S. Bartolomeo di Lipari (L. T. WHITE, Appendix, n? III, p. 246). D'autre part, un Gaufredus Malconvenant souscrit un diplóme royal du 25 aoüt 1137 en faveur de S. Maria di Montevergine (C. A. GaRUFI, 7 diplomi purpurei..., 31; il souscrit également un autre diplóme royal en faveur de la méme abbaye, en date du 24 novembre 1140, mais qui est une « crude forgery »: cf. C. H. Haskins, dans EHR., 26 [1911], 439-440, n. 41). Ce Geoffroi eut trois fils: Jean, Robert et Guillaume, attestés par une charte émancée du premier d'entre eux, seigneur de Calatrasi, en avril 1162 (C. A. Ganuri, Catalogo illustrato, Appendice, n° 1, p. 161-163). Quant

au second

fils, Robert,

il eut une fille, nommée

Marie, qui ,en mars 1183, déclare avec son mari, Roger de Tarsia, que le roi leur a concédé de contracter mariage et leur a accordé la terre précedemment tenue par le dit Robertus Malconvenant. L'acte est souscrit par Guillelmus Malconvenant, regie magne curie magister justiciarius (C. À. GARUFI, 1 documenti inediti, n? Ixxvii, p. 190-191), lequel est présent à un acte de janvier 1186 (Ibid., n? Ixxxv, p. 207).

Ajoutons enfin qu'un Guillelmus Malconvenant figure dans le Martyrologium monasterii Venusini (L.R. MÉNAGER, Les fondations monastiques..., 31).

365

IV MALET Guillaume

Malet

(ou

Maleth,

Mallet),

seigneur

de

Graville

Sainte-Honorine, en Seine Maritime (cf. Lewis C. Lovp, 56) est bien connu par le témoignage qu'il apporta à plusieurs diplómes de Guillaume le Bátard. Son fils ainé, Robert Malet, qui succéda

aux terres paternelles en 1071, était grand chambellan laume

Ier (H. W.

sous Guil-

C. Davis, xxiv-xxv).

Ricardus Malet figure (en 1090?) parmi les témoins d'un diplóme de Roger I en faveur de Bruno, Lanvin et leurs compagnons

(RNAM.,

V,

n* 450,

p.

129-130).

En

1098,

le méme

comte

Roger I confirmait à S. Bartolomeo di Lipari les serfs qui lui avaient été donnés par divers personnages, parmi lesquels Guilelmus Malet. Goffredus de (sic) Malet figure parmi les témoins du diplôme (L. T. WHITE,

Appendix, n? iii, p. 246-247). D'autre part en

décembre 1111, daient à Gervais “Pikkaptoc Max Ruggeriani, II, Maletta souscrit

la comtesse Adélaïde et son fils Roger II concéà ’Aix(ñ}; (Malconvenant?) d'épouser la veuve de (P. CoLLURA, dans Atti del Convegno Int. di Studi 595-597). Enfin en novembre 1132 Gervasius de une donation d'Eleazar, fils du défunt Guillaume

de Maulévrier, LEVRIER).

à S. Maria

di Valle

Giosafat (cf. supra,

sous Mav-

PAGANEL

Willelmus

Paganel, qui souscrit une charte

de Guillaume

le

Conquérant en 1074 (H. W. C. Davis, n? 76, p. 20) eut pour fils Raoul Painel, Paganel ou Paganellus, présent à plusieurs diplómes de

Guillaume

II, en

1082,

p. 78, 83 et Appendix En février 1105 d'Hugues de Craon WHITE, Appendix n° SCELLANDUS,

1091

et

1094-1100

(Ibid.,

nn.

299,

319,

Ixxxii, p. 139). un Ricardus Paganellus souscrit une charte en faveur de S. Bartolomeo di Lipari (L. T. v, p. 248).

SCOLLANDUS

Cf. supra, sous MOULINS-LA-MARCHE. TAISSON

Grande Actes

inédits du XIème

Du son

fondateur présent

frère cadet

lignage,

dans

Erneis

cour ducale durant 366

du

inféodée en Cinglais (cf. L. MussEr,

siècle, dans

l'Ancien », naquirent

quemment son

famille angevine

BSAN.,

Raoul

Raoul Ernis

la méme

d'Angers,

Ier Taison,

les diplómes ou

56

période.

de

ou

1025

également

Raoul

21).

surnommé « Tais-

Taisson

ducaux,

Taisson,

[1961-62],

Taxo,

à 1066, et

intime

Ier donna

fréde

la

naissance

IV à Raoul

II dont

la succession

est

exécutée

sur

mandat

du

roi

entre 1070 et 1079 (H. W. C. Davis, n° 117, p. 30-31).

C'est vraisemblablement le cadet ou l'un des puinés de celuici dont la présence est attestée au début du XIIème siècle dans la région de Chieti. En mai 1101. Willelmus filius Tassonis donne, en méme temps que Guillaume d'Echauffour et les deux fils du comte Pierron, son assentiment à la donation que Robert, fils de Robert,

comte

de Loretello, fait à l'évéché

de Chieti (A. BALDUCCI,

Regesto delle pergamene della curia arcivescovile di Chieti, I [Casalbordino, 1926], Appendice iii, p. 93-94). Le 18 juillet 1115, Pascal II confirmant

les biens de l'église de Chieti, fait mention

des

donations faites par Tascio et de celles faites par Guillaume, de celui-ci (Zbid., Appendice iv, p. 97-99).

fils

TALEBOT

Hugo

Talabottus

souscrit un certain nombre

d'actes de Con-

stance, veuve de Bohémond d'Antioche (février et mars 1115, en faveur de S. Lorenzo di Aversa: RNAM., VI, n. 559-560, p. 1-3; dé-

cembre 1117, en faveur de l'archevéché de Bari: F. NiTTI di Viro, Le perg. di S. Nicola di Bari, n. 64, p. 112; octobre 1119 en faveur de S. Pietro dell'Isola Magna

di Taranto:

F. TANZI,

136-138) et de

son fils Bohémond II (Ojo; à Takaflethc en septembre 1124 et janvier 1126 en faveur de S. Anastasio di Carbone: G. RoBINSON, n? xxvi, p. 246-250 et xxviii, p. 257-261; mai 1126 en faveur de S. Pietro de Babania: RNAM., VI, n° 591, p. 85). Enfin, en septembre 1126 Ugo Talabottus miles souscrit une donation de Richard, napolitanus miles, en faveur de S. Pietro dell'Isola Magna di Taranto:

G. ANTONUCCI, dans Rinascenza Salentina, 7 (1939), 8-9.

Lewis C. Lovp, p. 100 distinguait trés justement lc lignage Taillebois (Taillebosc, Talebois, qui a donné naissance à Taillebois, Orne,

ar. Argentan),

originaire

de

Cristot

(Calvados,

ar. Caen)

ct

le lignage Talebot, originaire de Seine Maritime. Il semble que le fondateur de cette deuxième maison ait été Hugo cognomento Taleboth qui (1050-1060) fit don à la Trinité-du-Mont de Rouen de la dime de Sangroy (commune de Touffreville sur Eu, Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Le Tréport: A. DEVILLE, Cartulaire de l'abbaye de la Sainte Trinité du Mont de Rouen, dans B. GUÉRARD, Cartulaire de l'abbaye de St Bertin, YII [Paris, 1840], n? S6, p. 451). L'un de ses fils ou freres, Willelmus Talebot souscrit (1060-1066)

un diplôme de Guillaume le Bátard en faveur de Jumièges (M. FauROUX,

n? 220,

p. 420)

et à une

date

indéterminée,

Robert,

comte

367

IV

d'Eu (1049-1089) confirmait

à Saint Michel

du Tréport

de dono

Willermi Talebot servitium terre Sansogolonis in Gillemercourt (= Guilmécourt, Seine Maritime, ar. Dieppe, c. Envermeu): P. LAFFLEUR de KERMAINGANT, Cartulaire de l'abbaye de St Michel du Tréport

(Paris,

1880), n° 1, p. 5. Vient

ensuite Hugo

Talabot

dont

nous savons, entre autres, qu'il reçut en 1118 le château du Plessis d'Hugues de Gournay (Gournay-en-Bray, Seine Maritime, ar. Dieppe, ch. l. c.): Orderic Vital, t. IV, p. 318. Cet Hugues Talebot n'est donc assurément pas le méme que le vassal de Bohémond d'Antioche, mais sans doute son cousin.

Vl. ULTRAMONTAINS QUE

PROVENANT

DE

PAYS

AUTRES

LA NORMANDIE

1°) Angevins ANGERS,

Maine-et-Loire,

ch. - 1. dép.

Des donations d'Adam Andegavensis à S. Bartolomeo di Lipari sont par

confirmées

par

Roger

I, en

Gaufridus

Andegavensis

lequel

certain

un

à l'évéché de Cefalü. Cenomanensis:

C.A.

1098:

souscrit

Gaimarus,

L.T. WHITE,

en

filius

septembre

Alfani,

L'acte est également GARUFI,

I documenti

BAZOUGERS,

Mayenne,

(Godefridus

de Basogeriis

246-247.

1141

l'acte

des

terres

restitue

souscrit par Gaufridus inediti,

n° xvi,

p. 42.

ar. Laval, c.Meslay-du-Maine. [circa

1090]:

R. CHARLES

et MENJOT

d'ELBENNE, Cartulaire de l'abbaye de St Vincent du Mans

[Le Mans,

1886-1913], n° 383,p . 226; Agnes de Basogers, de Basogeriis [fin du XIème s.]: Zbid., nn. 133 et 135, p. 86; Mainardus de Basogers

[méme époque]: Jbid., n° 699, p. 400; 1130]: Ibid., n° 461, p. 267). QovuAko

toù

Bakowképrou

bert Skallouné,

comte

Camigliano

HOLTZMANN,

(W.

souscrit

de Malvito dans

en

Ango 1083

de Bazogers une

donation

(prov. Cosenza) Byz.

Zeitschr.,

[1078de Ro-

à S. Maria 26

[1926],

di

341);

en septembre 1094 un diplóme ducal en faveur de la Trinité de Cava

(Fulcoy de Basongeris:

Arch. della Badia di Cava, arm. D.2); en

janvier 1105 un diplóme également expédié par le duc Roger, en faveur de l'évéché de Troia: F. CARABELLESE, Appendice n? xxxi, p, 525 (Fulco de Basolger);

368

en novembre

1111, Fulco de Basungerio

IV vend à l'émir Christodule le village de Sant'Apollinare, situé sur son fief d'Altomonte (prov. Cosenza): L.R. MÉNAGER, « Amiratus »,

n° 8, p. 176-180; Hugues de Chiaromonte confirme en mars 1112 la donation précédente, dont il est dit qu'elle a été faite par Fulco de Balsengerius (sic): Ibid., n° 9, p. 180-181; en octobre 1114, Fulco de Basungerio souscrit un diplóme du duc Guillaume en faveur de S. Benedetto di Montecassino (E. GATTOLA, Accessiones, 230). Enfin en juin 1116 (Fulcus de Batoga (sic) et Rogerius de Brugale sic: il s'agit de Brahalla — Altomonte), filius eiusdem domini Fulci, souscrivent une charte d'Alexandre de Chiaromonte: F. Russo, Storia della diocesi di Cassano al Jonio, IV (Napoli, 1969), doc. n° x, p. 24. Nous possédons plusieurs pièces frappées par Fulcui de Basacers; un exemplaire provient de Molfetta et tous les autres de la région de Salerno. La date et le lieu d'émission de ces coins sont incertains: Philip GRIERSON, The salernitan coinage of Gisulf II (1052-1077) and Robert Guiscard (1077-1085), dans Brit. School at Rome, 24 (1956), 43, nn. 52 et 57.

Papers

of the

BLors, Loir-et-Cher, ch. - 1. dép. Goffridus Blessensis souscrit à Oria (prov. Brindisi), en octobre 1092, une donation d'Hugues Arenga au monastère S. Andrea di Brindisi (A. DE Leo, Cod. Dipl. Brindisino, I [Trani, 1940], p. 1416) et la méme

année, à Mileto (Goisfredus de Blesio) une donation

de Robert de Bohon à la Trinité de Mileto (L.R. MÉNAGER, L'abbaye bénédictine..., p. 28). CRAON,

Mayenne,

ar.

Cháteau-Gontier,

ch.-]1.c.

(Castrum Credonense [1047]: Ch. MÉrars, Cartulaire de l'abbaye cardinale de la Trinité de Vendóme [Paris, 1893], n? 76, p. 143; honor

Credonis

[1053]:

Ibid.,

n° 96, p.

176).

Hugo Credonensis échange en février 1105 certains biens avec Ambroise, abbé de S. Bartolomeo

di Lipari;

présent à l'acte (L.T. WurrE, Appendix

Matheus, son frère, est

n° v, p. 248). Mathieu de

Kpouoëv, de la cité de Mistretta (prov. Messina), frère du seigneur Hugues, donne en 1122 avec sa femme Dommalda le monastère

S. Anastasia di Mistretta à S. Filippo di Fragala: P. 413-414

et

n° 36

(Mardaîoc

5e

Kpeoûv),

S. Cusa n? 37,

p. 414-415.

Le

méme

Matheus Creonensis est témoin, en 1123, à une charte de Renaud, fils d'Arnaud, en faveur de S. Bartolomeo di Lipari (L.T. WHITE,

Appendix n? x, p. 252) et en décembre 1125 à un diplóme de Roger II en faveur de l'évêché de Catania (Mathieu 5e Kpouuwv, 8e Kptoov: L.R. MÉNAGER, dans Bull. dell'Arch. Paleogr. Ital., n.s., 2-3 [1956-57], 369

IV

doc. n° 5, p. 170-171). Enfin, le 10 juillet 1126, Matheus de Creona souscrit un diplôme de Roger II en faveur de S. Maria Latina di Agira (cf. supra, V, sous AVENEL). Avant 1056, l'honneur de Craon a fait retour à Geoffroi Martel,

comte d'Anjou, «à raison des forfaits commis par les hoirs de cet honor ». Le comte le plaga alors entre les mains de Robert le Bourguignon, seigneur de Sablé, qui le tint jusqu'en 1070. C'est le fils de celui-ci, Renaud, qui lui succéda — son pére vivant — en épousant Eunoguena, petite-fille de Garin, l'héritier de l'honneur de Craon: Olivier GuiLLor, Le comte d'Anjou et son entourage au XIème

siècle, I (Paris,

fit le voyage

de

1972), 335-338.

Rome

(Bertrand

Entre

1078

de ROUSSILLON,

et

1084,

La

Renaud

maison

de

Craon. 1050-1480 [Paris, 1893], doc. n? 38, p. 41), et nous savons qu'il se croisa en 1097 avec Renaud de Cháteau-Gontier (Zbid., n° 84,

p. 50). Il n'est pas impossible que Mathieu et Hugues aient été ses puinés. MAYENNE,

Mayenne,

ch.l. ar.

Robertus [de] Medania souscrit en octobre 1091 una donation de Raimfredus filius Ugonis au couvent S. Biagio di Aversa (A. Dr MEo, VIII, 331) et en mai 1092 un diplôme ducal en faveur de l'evéché

de Troia

(F. CARABELLESE,

p. 510). Robbertus

de Medania

fait partie des barons qui entourent le prince de Capoue, en octobre 1095 à Nocera, puis en décembre 1108 à Aversa, lorsque celui-ci fait des donations à S. Paolo di Aversa (M. INGUANEZ, nn. v, vi et xi, p. 14-18 et 27-28). FouôéAuos tfjg Meôdvac, seigneur d'Albidona (prov. Cosenza), délivre en août 1099 à Guillaume de Barcelone, higoumène de S. Maria di Stelegrosso, un diplôme d'immunité vis-à-vis de toute

exaction (S. Cusa,

En

des agents Appendice,

du

domaine



13, p. 643-644).

1114, à la requéte

public

du

territoire

de Goffredus de Meduana,

d'Albidona seigneur de

Sessa (-Aurunca, prov. Caserta) et d'Acerra (prov. Napoli), Giraldus,

évéque d'Acerra fait diverses donations à l'église des SS. Serge et Bachus, située dans les faubourgs d'Angers: RNAM., V, n? 390-391. Le méme Gaufridus qui vocor de Medania, seigneur de Sessa, d'Acerra et d'autres lieux, donne en mars 1118 plusieurs terres, églises et dimes à S. Lorenzo di Aversa (Ibid., VI, n° 572, p. 38-40);

deux mois plus tard il ajoute d'autres libéralités aux précédentes (A. GALLO, I, doc. n° 17, p. 25-26). En 370

août

1184,

Riccardus

de

Aquino,

comte

d'Acerra,

donne

IV à la Trinité de Cava l'église S. Giovanni de Gualdo située sur le territoire de Montella (prov. Avellino), pour le salut de l’âme de son oncle SCANDONE,

de bonne mémoire, le comte Roggerius de Medania L'alta valle del Calore, II, doc. n° ix, p. 173-174).

Geoffroi

de Mayenne,

vassal turbulent

du comte

(F.

d'Anjou et

qui entra au moins deux fois dans la vassalité du duc de Normandie, mourut en 1098 aprés avoir été à la téte de l'honneur de Mayenne durant un demi-siècle (cf. R. LATOUCHE, Histoire du comté du Maine pendant le Xème siècle [Paris, 1910], 35-40). Le Robert de Mayenne italien appartenait sans aucun doute à ce lignage. MiLLERONS et c. Angers.

(Les), Maine-et-Loire,

commune

de Juigné-Béné,

ar.

(Cf. O. GUILLOT, op. cit., II, p. 304, acte C. 24). Oùkoc 8€ Mikkcpouv souscrit en 1122 une donation de Mathieu de Craon à S. Filippo di Demenna: S. Cusa, n° 36, p. 415. 2) Beauvaisins ANDEVILLE, Oise, ar. Beauvais, c. Méru. En 1175, Eudes Scarpa donne à la maison

des Hospitaliers de

Messine, présentement sub custodia Gaufridi de Andevilla, la vigne qu'il avait achetée à Giraldus de Mabilia: BEAUVAIS, Oise, ch. |. dép.

Radulfus S. Maria

de Belvasio

R. PIRRO,

II, 934.

souscrit (1091?) l’acte de fondation

di Valle Giosafat,

dressé

à Messine

par l'abbé

de

Hugues:

A. L1 Gorri, dans ASS., serie 3*, 8 (1956), 85. Radulfus Belvacensis souscrit en 1107 un diplóme d'Adélaide, comtesse de Calabre et de Sicile, en faveur de S. Bartolomeo di Lipari (L.T. WHITE, Appendix, n? vii, p. 250). Le 20 février 1110 il figure (Radulfus de Belvaco) parmi les barons de la cour qui interviennent comme témoins au diplóme délivré par Adélaide et Roger II à l'évéché de Squillace (RNAM., VI, Appendix, n^ xviii, p. 180-181). En 1117, il souscrit (R. Belvacentius) un record de plaid instruit sur l'ordre de Roger II (B. TRoMEY, III, Appendix I, n? xxvi, p. 137). En février 1131, Roger II donnait

à la Trinité

de Cava

l'église S. Arcangelo,

située dans

les

dépendances de Petralia (prov. Palermo), jadis construite par Radulfus Belbacensis: A. PRATESI, dans Arch. Paleogr. Ital., XIV, fasc. 61, tavv. 18-19. CLERMONT - DE - L'OISE

Cf. supra, p. 275-284, sous Hugo Monoculus. 371

IV

MiLLY - sur - THERAIN, Oise, ar. Beauvais, c. Marseille-en-Beauvaisis. (Milliaci — les habitants de Milly [1061-1066]: Orderic Vital, t. II, p. 112). Robertus de Miliaco est mentionné dans une charte de Pierre, archevêque de Palerme, datée de 1130, comme ayant fondé une

de Sainte

en l'honneur

église

Sophie

dans

la terre de Termini

(prov. Palermo) (R. PiRRo, I, col. 84-85) et dans la bulle JL. 8095 du 18 mai 1140, comme ayant donné à S. Maria di Valle Giosafat l'église S. Teodoro, située prés de Seminara (prov. Reggio-Calabria). Avant mai 1119 il avait donné au prieuré de S. Maria de Josaphat, situé les

dans

dépendances

de

S. Mauro,

huit

serfs

de Seminara

(C.A.

GARUFI, 7] documenti inediti, p. 46 et 69). En août 1119, Robertus Milliensis et sa femme Florentia donnaient à S. Bartolomeo di Lipari l'église S. Sofia située pres de Vicari (prov. Palermo) avec des terres et vingt-deux serfs. Lucas, filius Annoni Milliensis figure parmi les témoins de cette donation (L.T. WHITE, p. 251). Robertus de

Miliaco et Robertus de Terona, barons de Roger II, sont les garants des engagements pris par ce dernier, en janvier 1128, envers Ramon Berenguer, comte de Barcelone (BARCELONA, Arch. de la Corona de

Aragon, Perg. Ramon

Berenguer III, n? 258). Enfin en 1131, avec

l'accord de sa femme

Florentia et de ses fils, Philippe, Guillaume

et Robert, il vendait

censis:

L.T. WHITE,

une

terre à l'abbé

Appendix

de Lipari (Robertus

Milia-

n? xii, p. 253).

3) Bourguignons

Burgundio Senescalcus souscrit en 1122 un acte de donation d'Henri, fils du marquis Manfred et seigneur de Paterno, à S. Maria della Valle di Giosafat, à Messina: 8 (1956), 89.

A. Lr Gorri, dans ASS., serie 3*,

Iohannes Burgunionus, francus est mentionné en février 1188 comme propriétaire d'une maison sise sur le port de Bari: F. NiTTI di Viro, Le pergamene del Duomo di Bari, Y (Bari, 1897), n° 61, 118-119. 4)

Bretons

Achinus

372

Brito

IV souscrit (en 1091 ?) l'acte de fondation de S. Maria della Valle di Giosafat, à Messina: A. LI Gorri, loco cit., p. 85.

"Aoyépros souscrit en mai 1135 une charte d'Alexandre, seigneur de Chiaromonte (G. ROBINSON, n? xxxiv, p. 19). Boamundus Bructo (ou Brito), regius iusticiarius, en octobre 1148 et juillet

1153:

E. JaMisoN,

The

Norman

Administration,

Ap-

pendix nn. 6 et 10, p. 461 et 467.

Briencius, filius Claudii dapiferi, figure parmi

les témoins

d'un diplóme de Roger

I en faveur

de S. Bartolomeo di Lipari (L. T. WHITE, Appendix, n° iii, p. 247). Brienus comestabulus souscrit en août 1090

deux

diplômes

ducaux

en

faveur

de

Montecassino (Arch. Montecassino, capsa xii, n? 26, mal édité dans B. GATTOLA, Accessiones, 204-205, et capsa x, n? 48) et en décembre 1096 un diplôme ducal en faveur de l'évêché de Melfi (F. UGHELLI, I, 924). En septembre 1112, Orabila, dame du castellum de

S. Mango

sul Calore (prov. Avellino), fille du défunt comte Tasso

et

de

veuve

Briennus

comestabulus,

fait

donation

au

vicomte

lacintus d'une piéce de terre située dans les dépendances

de la

dite citadelle (G. MoNGELLI, n? 120, p. 52). Brienus, magnatus

ducis

est mentionné

ayant

dans

une

charte

de novembre

1118

comme

recu du duc les biens du monastére S. Nicola, situé prés du fiume Tacina (Conv. S. Nicola,

à 2 kms. au NO. de S. Mauro Marchesato,

prov. Catanzaro) et fondé par Nicolas de Grimaldo,

seigneur de

S. Severina (A. PRATESI, n° 8, p. 27).

C'est, semble-t-il, le Brienus comestabulus de Guillaume Pouille et d'Anne Comnéne (cf. M. MATHIEU, éd. de Guillaume Pouille,

p.

325,

commentaires

aux

vers

524-527).

Brienus,

de de tout

comme Briencius, est un nom incontestablement celtique. Brienus, seigneur de Ferrara. Une notice de plaid de juillet 1177 régle le différend opposant Guillaume, seigneur de Biccari (prov. Foggia) et son père, Brienus,

Ferrarie dominus (Ferrara, fraz. di Panni, prov. Foggia) à l'évéché de Troia. L'acte est souscrit par Salomon, catépan royal de Troia: F. CARABELLESE, 7| comune Pugliese durante la monarchia normanno-sveva (Bari, 1924), Appendice, n° viii, p. 170-177. Droardus Bricto souscrit

à Candela

(prov.

Foggia),

en

1096,

une

Robert, comte du Principat, à la Trinité de Venosa: GER, Les fondations monastiques..., p. 96.

donation

de

L. R. MÉNA-

373

IV Erveus souscrit en mars 1065 la charte ducale de dédicace de S. Maria della Mattina (presso S. Marco-Argentano, prov. Cosenza): A. PRATESI, n° 2, p. 12. Erveus, Herveus, est un nom proprement

celtique.

Eviscardus (ou Evisandus), natione Brito, meurt

en protégeant

le comte

Roger

I contre

une

attaque

tempestive de Sclavi, dans la région de Taormina, en 1079:

in-

MaLa-

TERRA, III, xv-xvi.

Goffredus Bretun souscrit à Cefalù, le 14 mars

1121, une donation

de Raoul

(de

Beauvais), seigneur de Cefalü: C. A. GARUFI, dans ASS., n.s., 49 (1928), 90. Goffredus Britannus souscrit le 10 aoüt 1068 une donation de Robert, comte de Montescaglioso (prov. Matera), en faveur de l'évéché de Tricarico: Antonio ZAVARRONI, Esistenza e validità de' privilegi conceduti... alla chiesa cattedrale di Tricarico (Napoli, 1750), p. 3.

Gualfridus de Tresgot souscrit une de Mileto:

toponyme

donation

L. R. MÉNAGER,

de Raoul L'abbaye

est incontestablement

de Montepeloso

à la Trinité

bénédictine..., p. 40, n° 12. Le

breton;

peut-être s'agit-il de Tré-

gon, Cótes-du-Nord, ar. Dinan, c. Ploubalay.

Guarnerius Brito, Agrigentinus, souscrit (en 1091?) l'acte de fondation de S. Maria della Valle di Giosafat, à Messina: A. Li Gorrr, dans ASS., serie 3*, 8 (1956), 85. Guido,

ex genere

britannice, stratège du castellum de S. Mango

Calore (prov. Avellino), vend en 1125 castellum: G. MONGELLI, n? 156, p. 62. Guilielmus Brittonus souscrit à Troia, en mars

quelques

maisons

du

sul dit

1169, une charte du diacre Richard:

A. PROLOGO, n° 59, p. 132. Herbius de Lohec, natus

Brittanie,

qui

nunc

sum

commorator

in civitate

Troia

fait à Troia, en juin 1087, avec sa femme, fille de Landulfus diaconus Gizzi, p. 497). A la S. Benedetto tain Riou de

une donation à S. Angelo di Troia (F. CARABELLESE, méme date, le méme personnage fait une donation à di Montecassino (E. GATTOLA, Historia, 278). Un cerLohac (— Lohéac, Ille-et-Vilaine, ar. Redon, c. Pi-

priac) participa en juillet 1097 à la bataille de Dorylée dans l'armée de Bohémond (Orderic Vital, t. III, p. 507). 374

IV Ihon de Doeli (2

Dol-de-Bretagne,

Ille-et-Vilaine,

ar.

Saint-Malo,

ch-l.

c.)

figure parmi les barons qui souscrivent en octobre 1095 un diplóme de Richard II, prince de Capoue, en faveur de S. Lorenzo di Aversa (M. INGUANEZ, n? v, p. 16), en décembre 1108 un diplóme

de Robert, prince de Capoue, en faveur de la méme mars 1121 un diplóme de Jordan (Ibid., nn. xi et xiii, p. 28 et 32). Ihon, filius Hermenioht, de

genere

Britannorum

juillet

1097

diverses

maris:

RNAM.,

terres

II, également

ortus,

au

habitant

monastère

église et en

prince de Capoue

d'Aversa,

donne

S. Salvatore

en

in insula

V, n? 488, p. 228-230.

Giotzoulin (= Jocelinus) de Dinant (=Dinan, Côtes du Nord, ch.l. ar.) est mentionné dans une charte de septembre 1142 comme premier mari d'Adélaide, veuve en secondes noces du comte Robert de Vassonville. C'est lui qui avait acheté à Tristan, fils de Guillaume Enkoumbré, une vigne dont elle fait don au monastére de S. Adriano (presso S. Demetrio Corone,

prov. Cosenza):

F. TRINCHERA,

n? 133, p. 176.

Thomasius Dinanti, Thoma de Dinanti, baro Vallis Gratis, fait partie du tribunal royal chargé de trancher un procés intenté en avril 1153, puis un autre intenté en janvier 1157 par l'abbé et les

moins de S. Maria della Mattina (A. PRATES1, n° 18, p. 50-51; n° 20, p. 54-55). Milo Brictone atteste une charte d'Hugues en mai 1111: F. TRINCHERA, Morvanus

de Chiaromonte

et de ses fréres,

n° 74, p. 96.

est témoin d'une donation d'Achinus de Vizzini (prov. Catania) à S. Bartolomeo

di Lipari,

en

novembre

1105:

L. T. WHITE,

Ap-

pendix, n? vi, p. 249. Le nom est authentiquement celte. Radulfus Brictus, seigneur de Sant'Agata di Puglia (prov. Foggia) est connu par de nombreux

actes comme

connétable ducal, de 1086 à 1093 (Raino,

ou Ralnolfus, ou Ranulfus, ou encore Raynoldus Bricto, qui vocor Brictone).

Marié

à Ata,

lui succède comme NEO,

Notizie

et jusqu'en avunculus

della

1121. Dans Guilielmi

au

connétable

storiche

cipat, datée d'avril

il eut

città

moins

un

ducal dès novembre di Melfi

une charte

[Firenze,

de Guillaume,

1101, Johel de S. Agatha,

comitis

fils, Johel

Principatus

Britto,

qui

1093 (G. Ana41866],

comte

filius Rainoni

(L. R. MÉNAGER,

p. 208)

du Prinest dit

Les fon375

IV dations monastiques..., p. 98, n? 24). De sa femme Gottehalda il eut au moins trois fils: Raino, Riccardus et Guido (Arch. della Badia

di Cava, arm. F. 19 et F. 36). C'est Richard qui lui succéde comme connétable ducal, d'août 1121 à décembre 1127: Martino MARTINI, Il feudalismo e i monasteri Cavensi in Sant'Agata di Puglia, dans Apulia, 3 (1912), 99-114 et 4 (1913), 137-169. Peut étre doit-on aussi

ajouter

au

nombre

des

fils de

Joël

heres domini Iohelis, connu comme

Thomas

Brittonus,

filius

et

seigneur de Rutigliano et de

Noia (prov. Bari) par trois actes datés de septembre 1133, mai 1134 et mai 1136: F. Nitri di ViTo, Le pergamene di S. Nicola di Bari (Bari,

1900), n° 81-82, p. 139-142 et n? 88, p. 152-54.

Robertus

Brittus,

regalis comes,

seigneur

d'Acquaviva

delle Fonti (prov.

fait un legs sur son lit de mort, en juillet 1136: Op. cit., n? 89, p.

Bari)

F. NirTI di Vrro,

154.

“Pofépros Bpitrloc figure parmi les archontes et chevaliers de la région de Senise (prov. Potenza) consultés par les justiciers royaux pour trancher un différend entre l'abbaye de Carbone et Gilles, seigneur de Calvera, en juillet 1144: G. RoBINSON, n° xxxvii, p. 30-38. Urrione

Brettone

souscrit en septembre 1088 une donation de Riggerius, filius cuiusdam Guidelmi Trincanocte à la Trinité de Cava: Arch. della Badia di Cava, arm. C. 18.

5) Champenois

Raydulphus de Bryenne souscrit en 1074 et 1076 deux diplómes de Robert Guiscard en faveur de la Trinité de Venosa (L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques..., p. 90). À une date non précisée, un Guglielmus Brienus

assiste aux donations faites par le duc Roger (Jbid., n° 25, p. 99). Rogerius de Brihenna souscrit en mai 1092 un diplóme ducal en faveur de l'évéché de Troia (F. CARABELLESE,

n? xxv, p. 510). Enfin

un Radulfus Brihennis figure parmi les notables de Patti qui ont été consultés en décembre 1142 pour l'établissement du bornage des terres de Ficarra (prov. Messina):

49 (1928), 91. Le toponyme Aube, ar. Bar-sur-Aube. 6) Flamands

376

C. A. GARUFI, dans ASS., n. s.

doit s'entendre

de Brienne-le-Cháteau,

IV Eurardus Flamengus figure parmi les notables de Seminara (prov. Reggio-Calabria) entendus par les barons envoyés par la comtesse Adélaïde pour

trancher le conflit opposant l'abbaye de S. Maria di Sant'Eufemia à celle de Bagnara: K. R. KEHR, Anhang, Nr. 3, p. 413415. Guidelmus Flamingus souscrit en 1092 des donations de Bohémond Aversa (R. N. AM. V, n° 459, p. 154 et Il est catépan de Bari, en janvier 1094 et août ViTO, Le perg. di S. Nicola di Bari. Periodo p. 35-36 et n° 22, p. 41-42). lTovyAu&)41oG tfj; AuAkac (= Lille, Nord, ch.-l. souscrit en 1083 une donation de Robertus

I à S. Lorenzo di n° 502, p. 263). 1096 (F. NirTTI di Normanno, n° 18, dép.) Scalone (cf. Marty-

rologium Venusinum, dans L. A. MURATORI, Rer. Ital. SS., VII, 950) à S. Maria di Camigliano, abbaye située prés de Tarsia (prov. Cosenza: F. Russo, dans ASpCL., 20 [1951], 55-67): W. HOLTZMANN, dans Byz. Zeitschr., 26 (1926), 340-341. Rogerius Flandrensis, baro et iudex en novembre

1157, à Barletta:

Norman Administration, Appendix, Secherius Flandrensis

E. JAMISON,

The

n? 14, p. 473.

souscrit le 12 juin 1112 un diplóme d'Adélaide et de son fils Roger II en faveur de l'archevéché de Palerme (R. PIRRo, I, 81), en juin 1117 un diplóme de Roger II en faveur de la Trinité de Venosa (G. CRuDo,

206) et à Squillace, en

1117, une

notice

relatant

l'arbi-

trage rendu par Roger II dans le différend opposant la Trinité de Mileto aux chartreux de Bruno (B. TRoMBY, tom. III, Appendix I, n? xxvi, p. 137). 7°) Francs Aldibertus Francesius

(1095/1096): cf. supra, III, sous Osmundus Bigo Francus Cf. ci-dessous, Rainaldus de Argenzia.

milex.

Aldoyno Franco, unus ex militibus Aversani (sic),

donne en avril 1074 au monastère S. Sebastiano di Napoli l'église S. Nicola, située au lieu-dit Malito (RNAM., V, n? 420, p. 63. 64). En 1087, Aldoynus Franco, comes Abelle (= Avella, prov. Avellino),

unus

ex

militibus

Averse

(=

Aversa,

prov.

Caserta),

377

IV offre à Jacques,

higouméne

de S. Sebastiano

veraie située dans les dépendances

di Napoli,

une

oli-

d'Avella (Ibid., n° 445, p. 119-

120). Rao, filius Willelmi Malerba,

seigneur du castellum de Summonte (prov. Avellino), de mars 1127 à décembre

1146 (G. MoNGELLI,

a pour fils Bohemundus de Summonte,

n? 168, p. 64 et n? 286, p. 96)

Malerba, de genere Francorum,

de juin 1152 à novembre

châtelain

1178 (Jbid., n° 308, p. 102

et n? 640, p. 178). Ugo, filius quondam Girberti, de genere Francorum, fait

à Valva (prov. Salerno), en avril

1092, donation

nastére S. Benedetto à l'église S. Pelino di Sulmona:

d'un

mo-

Nunzio Fa-

RAGLIA, Cod. Dipl. Sulmonese (Lanciano, 1888), doc. n° xvi. Iohannes Francigenna fait en octobre 1164 un acte de vente passé par Gilbert, évéque élu de Patti (L. T. WHITE, Appendix, n? xxv, p. 266). Iohannes Francisius, unus

ex militibus de castello Cigale, fait en mai

1156 une

do-

nation à S. Maria dell'Arco, située à Centura, dans les dépendances d'Aversa (G. MoNGELLI, n? 349, p. 111); il a pour fils Robert, qui concéde une terre à l'un de ses tenanciers, en septembre 1170

(Ibid., n° 517, p. 150).

Iohannes Francus souscrit en janvier

1066 à Candela

(prov.

Foggia)

une

dona-

tion d'Ansererius, vicomte de cette citadelle (F. CARABELLESE, p. 477).

Iohannes Francus, habitant de Mercogliano (prov. Avellino), a pour fille Alferada

qui passe en avril 1094 son contrat de mariage avec Todericus, de Summonte (G. MoNGELLI, n? 88, p. 44).

Raidulfus comes, qui sum

ex genere Francorum,

tranche en décembre

1034, un

conflit entre le monastère S. Maria di Torricelli (sur la basse vallée

de l'Alento) et celui de S. Giorgio, situé aux confins du Cilento et de la Lucania: Cod. Dipl. Cavensis, VI, p. 17-20. Rainaldus de Argenzia (= Arienzo, prov. Caserta, 25 kms. à l'E. d'Aversa), unus ex militibus Aversanae civitatis, possédant de nombreux biens in istis Liguriae partibus, en donne quelques-uns à Richarde, abbesse de S. Biagio di Aversa, en novembre

1073, tout comme

l'avait fait son

prédécesseur Bigone Franco... sicut mos Francorum

est a partibus

nostrae militiae (A. Dr MEo, VIII, 125). Aymo de Argentia souscrit 378

IV en décembre 1108, mai 1116 et mars 1121 deux diplómes de Robert, prince de Capoue et de son fils Jordan (M. INGUANEZ, nn. xi, xii et

xiii, pp. 28, 30 et 32). En novembre 1118, il est signalé comme dominus de castello Cikaliensi (dans les environs d'Aversa) par sa femme Sica, fille du défunt Adenulfus, comte de Pozzuoli (RNAM., VI, n? 573, p. 41-42). Aimo, seigneur de Cicala, filius quondam Radulfi de Argentia donne plusieurs piéces de terre à S. Maria di Montevergine, en mars

1136 (G. MoNcELLI,

n° 227, p. 79).

Tibaldus de genero (sic) francus est mentionné dans une notice de plaid de novembre 1118 comme voisin de S. Maria della Mattina (S. Marco Argentano, prov. Cosenza):

A. PRATESI, n° 8, p. 28.

Ubbertus Francus, cf. supra, III, sous

Rainaldus

filius

quondam

Asgocti

vice-

comitis.

Ugo Dibone, ex genere Francorum, fait en mars 1047 une donation à Richarde, abbesse de S. Biagio

di Aversa:

A. Dr MEo, VII, 252.

Vulfinus, de genero (sic) Francus, est mentionné dans une notice de plaid de novembre mi les notables de S. Severina (prov. Catanzaro):

1118 par-

A. PRATESI, n° 8,

p. 29.

Wigilmus, qui vocatur Pustella, qui fuit natibus de gentis Francorum (sic) et modo sum residente in territorio Alifane civitatis (— Alife, prov. Caserta), septembre

1074:

E. GATTOLA, Historia, 46.

8) Manceaux

Hugo de Gircaea, praeclari generis

a Cenomanensi

provincia (MALATERRA,

III, x).

Il bénéficiait de la plus totale confiance de Roger I qui, après lui avoir donné en mariage

la fille qu'il avait eue de son union avec

Eremburge de Mortain, lui avait donné Catania en fief. En 1075, obligé de se rendre en Calabre, le grand comte lui confia la défense de toute la Sicile; mais Hugues, faute d'observer les consignes de

prudence de son seigneur, tomba dans le guet-apens que lui tendit l'émir Bernarvet. Le toponyme Gircaea n'a laissé aucune trace dans la topono379

IV

mastique de la région mancelle. LAVARDIN, Sarthe, ar. Le Mans, c. Conlie.

Iohannes de Lavardino faisait partie d'une troupe de milites transmontani qui, venant de France, séjournérent à Messine, durant l'automne de 1167, avant de se rendre à Jerusalem.Etienne du Per-

che, chancelier du royaume, dont la vie était de plus en plus me-

nacée par une conjuration de grands féodaux, engagea

plusieurs

de ces chevaliers pour assurer sa protection (H. FALCAND, cap. L,

p. 129). Pour sa part, Jean de Lavardin reçut bientôt en fief les terres confisquées à Mathieu Bonell, puissant seigneur sicilien (Ibid., LV, p. 144). Pour mener à

bien

l'assassinat du chancelier,

maitre tout puissant du royaume, et de ses amis, Roger, comte d'Avellino, et Jean de Lavardin, les conjurés réussirent à obtenir la complicité d'Ansaldus, chef des quatre cents gardes du palais

royal (Zbid., p. 156). Mais leur complot réussit sans qu'il soit besoin de mettre ces projets meurtriers à exécution. Etienne du Perche obtint de quitter sauf la Sicile et sans doute en fut-il de méme de Jean de Lavardin. LE MANS, Sarthe, ch.-l. dép. Gaufridus Cenomanensis Cf. supra, p. 112, sous Gaufridus Andegavensis. Gualterius Cenomannensis souscrit en aoüt 1105 un acte de donation de Tancréde de Syracuse en faveur de l'évéché de Syracuse (Arch. S. Giovanni Laterano, Q.7.C.8, mal édité dans R. PIRRO, II, 1242-1243). En juin 1112

l'atépros 8€ Aou Mévoou souscrit un diplôme du méme personnage en faveur de l'évéché de Catania (S. Cusa, n? 18, p. 551). Oddo de Manso souscrit à Paterno (prov. Catania) en mai 1115 une donation d'Henri, comte de Paterno, à Guillaume le stratège et bayle de toute

sa terre (C. A. GARUFI, dans Centenario della nascita di Michele Amari, I [Palermo, 1910], 67-69). "O«oc 6e Aou Mévocu assiste en octobre 1141 à une donation du comte Simon en faveur de l'évéché

de Catania, en tant qu'homme du comte (S. Cusa, n? 62, p. 548). TENNIE, Sarthe, ar. Le Mans, c. Conlie (Arranus de Tania [1070-1080]: R. CHARLES

et MENJOT

d’Et-

BENNE, Cartulaire de l'abbaye de St Vincent du Mans [Le Mans, 1886-1913], n° 252, p. 154; Fulco de Tania [fin du XIè siécle]: Ibid., n° 478, p. 276; Johannes de Tania: Ibid., n° 364).

Renaldus 380

de Tania souscrit à Palerme, en février 1089 un di-

IV plôme de Roger I en faveur de S. Maria di Palermo (S. Cusa, n° 6, p. 3) et en 1093/1094 la version latine d'un autre diplôme comtal en faveur de la méme église (PALERMO, Arch. Capit., perg. n? 4). THIRON-GARDAIS, Eure-et-Loir, ar. Nogent-le-Rotrou, ch.-l. c. Les documents calabrais et siciliens nomment plusieurs personnages porteurs du cognomen de Terona, de Terroûn, de Tirone

ou de Tiroun, entre lesquels nous avons quelque mal à saisir les liens de parenté. Le plus connu

d'entre eux est certainement

Rainaldus

de Ti-

rone, donateur de l'église S. Maria de Calatahameth, située prés de Calatafimi (prov. Trapani:

certain nombre

L. T. WHITE, p. 213) et qui souscrit un

de chartes et diplómes:

en septembre-décembre

1110, c'était la donation d'une église et de divers biens sis à Partinico (prov. Palermo), par Renaud Avenel à S. Bartolomeo di Lipari (C. A. GaruFI, dans ASpS., 6 [1940], 74); le 12 juin 1112, un diplôme de Roger II en faveur de l'église de Palerme (L. R. MÉNAGER,

« Amiratus-' Aympüs », n° 10, p. 183-184); en 1113, une charte de Gautier, archevêque

de Palerme

(Jbid., n° 11, p. 185); en juin 1117 un

diplôme de Roger II en faveur de la Trinité de Venosa (Ibid., n° 12, p. 187-188);

en

1117, Renaldus

de Tirum

figurait parmi

les barons

chargés par Roger II d'arbitrer un conflit entre la Trinité de Mileto et les chartreux de S. Stefano del Bosco (B. TRoMBY, tom. III, Appendix I, n? xxvi, p. 137); enfin en 1122 il assistait le comte de Sicile

lors de l'élaboration du diplóme de confirmation délivré par celuici à l'abbaye du Patir de Rossano: O. PARLANGELI, dans Silloge Bizantina S. G. Mercati (Roma, 1957), 323 et L. R. MÉNAGER, dans Byz. Zeitschr., 51 (1958), 311, n. 3.

Renaud eut un fils, Elie de Tirone qui, à une date indéterminée

(mais avant 1140), faisait don de divers biens situés prés de Calatafimi à S. Maria de Calatahamet:

C. KoHLER, dans Rev. de l'Orient

Latin, 7 (1899), n? xxiii, p. 132.

Une autre branche du méme Terona,

qui, en janvier

lignage procédait de Robertus de

1128, était

l'un

des

deux

barons

comtaux

sous la garantie de qui Roger II concluait un traité d'alliance avec Ramon Berenguer, comte de Barcelone (BARCELONA, Archivio de la Corona de Aragon, Perg. Ramon Berenguer III, n? 258). Robert eut un fils, également nommé Robert qui, en octobre 1154, avec sa femme Emma et ses fils Roger, Turold et Robert, faisait donation à S. Stefano del Bosco de terres situées prés du monastére, dans la région de Serra S. Bruno (prov. Catanzaro:

F. TRINCHERA,

nn. CL-

381

IV CLI, p. 198-200). L'ainé de ces enfants, Rogerius Tironensis fut substitué à Berenger dans la charge de magister comestabulus du royaume par le chancelier Etienne du Perche, en 1167 (H. FALCAND, p. 120). En décembre 1172 Rogerius de Tirone, regius iusticiarius et sa femme Constance donnaient à l'église de Lipari-Patti une piéce de terre située sur le territoire de leur domaine d'Imbaccari (Mirabella Imbaccari, prov. Catania: L. T. WHITE, Appendix n? xxviii, p. 269-270); tous deux étaient morts en 1182 (Jbid., n? xxxiii, p. 275).

Enricus de Tirron et Arnerius de Tirron, qui interviennent en décembre 1130 Catania: Ibid., de Thiron dont sans doute de

dans une donation de terres sises à Vizzini (prov. n? vi, p. 249) étaient sans doute apparentés à Roger les possessions étaient voisines. De méme en était-il Gutfredus de Tyrone qui participait, en mai 1115, à

la rédaction d'une charte de donation d'Henri, comte de Paterno (prov. Catania): C. A. GARUFI, dans Centenario della nascita di Michele Amari, I (Palermo, 1910), p. 69. Et de méme aussi d'Heruetus

de Terona qui intervient comme médiateur aux cótés de Pierre de Lentini (prov. Catania), en juin 1143, dans un litige opposant l'église de Catania au monastére du S. Salvatore Appendix, n? xviii, p. 260).

di Messina

(L. T. WHITE,

Les prénoms de ces divers membres du lignage italien de Thiron portent une double marque: l'une est bretonne par le prénom authentiquement celte d'Hervetus et l'autre scandinave par celui de Turold, l'un des fils de Robert II de Terroün. Cette double caracté-

ristique est passablement éclairante, compte tenu de la situation de Thiron, dans le Perche, à 30 kms à l'ESE de Belléme et à dix kilométres seulement des limites de l'Orne.

9?) Divers

AuPs, Var, ar. Draguignan, ch.-l c. Petrus de Alpibus aprés avoir servi Robert Guiscard, aux cótés de qui il participa à la canpagne de 1084-1085 contre l'empire byzantin, passa au service d'Alexis Commnéne. En 1097 il fut adjoint

au général byzantin Tatikios, qui était à la téte des troupes impériales accompagnant

les croisés. Le 3 octobre, Tatikios demanda

à

ceux-ci la citadelle de Plastencia, en Asie Mineure, qui venait d'étre

conquise sans coup férir, et la confia à Pierre d'Aups: 382

Baudri

de

IV Bourgueil, I, p. 39; Hist. Anon. de la Première Croisade,

11, p. 60;

Orderic Vital, t. III, p. 515. CoNAN, Loir-et-Cher, ar. Blois, c. Marchenoir.

En janvier 1069, Aldoinus de Conoma

(sic), unus ex militibus

Aversae civitatis donnait au couvent S. Biagio di Aversa une terre sise à Cerbano (Cervino, prov. Caserta) et qu'il avait reque in fegus beneficii (A. Dr MEo, VIII, 86); le 29 mai 1095, Richard, prince de

Capoue, confirmait au méme couvent l'église S. Giuliana qui avait été donnée, par dame Auberée,épouse A. Dr Mko,

IX, 6). Enfin en avril

d'Oldoinus

1096 le méme

de Conamo

(sic:

prince concédait

à

S. Paolo di Aversa toutes les égises situées dans le fief quod olim fuerat Aldoyni cognomine de Conano (M. INGUANEZ, n° vii, p. 18-20). FONTCOUVERTE,

Aude

ar.

Narbonne,

c.

Lézignan-Corbières,

ou

Charente-Maritime, ar. Saintes, c. Saintes-nord, ou encore Savoie, ar. et c. Saint-Jean-de-Maurienne. Arnaldus,

de

Fontana

Coperta

cognominatus,

est

mentionné

dans une notice de plaid de novembre 1118, comme revendiquant des terres dans la région de S. Severina (prov. Catanzaro: A. PRA-

TESI, n? 8, p. 27-30). MONTCENIS,

Saóne-et-Loire,

ar. Autun,

ch... c.

Ricardus de Monte Cenio est témoin d'une charte d'Hugues de Craon en faveur de S. Bartolomeo di Lipari, en février 1105 (L. T. WHITE, Appendix, n? v, p. 248). PUISET (LE), Eure-et-Loir, ar. Chartres, c. Janville. Hugo de Pusacio était en Pouillle, en 1107, aux cótés de Bohé-

mond — fils de Robert Guiscard — lorsque Robert de Montfort, contraint à l'exil, se rendit en Italie avec quelques-uns de ses commilitones. Orderic Vital, t. IV, p. 239, dit bien à ce propos que Robert se réjouit de reconnaitre là-bas plusieurs compatriote, entre autres Hugues du Puiset, Simon d'Anet et Raoul de Pont-Echanfray. Ces trois derniers attendaient en Pouille, en méme temps que nom-

bre de gens d'autres pays, de partir pour l'expédition que Bohémond

préparait contre l'empire de Constantinople.

L'armée

s'em-

barqua à Brindisi, le 9 octobre 1107. 10°) Toponymes

non

identifiés,

Hugo de Aluone souscrit à Messine, le 6 mars

mais

certainement

français.

1094, un diplóme de Roger I en

faveur de S. Bartolomeo di Lipari:

PaTrI, Arch. Capit., vol. I di 383

IV Fond., n° ant. 15, mod. 55.

Hermannus de Ambras souscrit en 1074 un diplôme de Robert Guiscard en faveur de la Trinité de Venosa: L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques..., p. 90. Bovo de Bedic souscrit en août 1105 un acte de Tancrède de Syracuse en faveur de l'église de Syracuse:

RoMa, Arch. S. Giovanni

Laterano,

Q.

7.C.8. Willelmus de Bernaculla, témoin d'un diplóme sans date de Robert Guiscard confirmant une donation de son beau-frére Wilmann à la Trinité de Venosa: G. CRUDO, p. 122-123.

Gofredus de Bonvalet est mentionné dans la traduction latine d'un diplóme grec du duc Roger, en date de mars 1097, comme ayant donné deux serfs à Sant'Angelo di Mileto: L. R. MÉNAGER, L'abbaye bénédictine..., p. 37. Leo de Cublanpis souscrit en mars 1108 une charte d'Alexandre de Senise en faveur de Sant'Anastasio di Carbone: W. HorTzMANN, dans Quell. u. Forsch., 36 (1956), 52.

Robertus de Essarto souscrit le 6 aoüt 1105 la charte ci-dessus citée (cf. Bovo de Bedic) de Tancréde de Syracuse. Trois communes frangaises tiennent leur nom de « Essart » (lieu anciennement boisé, puis défriché et mis en culture), employé au singulier sous la forme Essert. Beaucoup plus nombreux sont les lieux-dits et communes qui conservent le terme au pluriel sous la forme

Essarts.

Parmi

neusses, ar. Bernay,

eux, Les

Essarts, Eure,

c. Broglie, est attesté en

commune

1050:

de Ver-

M. FAUROUX,

n? 122, p. 291.

Ranaldos de Latzéallea, de Latzalla, souscrit, avec Hugues de Millerons, en 1122 deux actes de Mathieu de Craon en faveur de S. Filippo di Demenna: S. CUSA, nn. 37 et 36, pp. 414 et 415. Xapfépvoc roù Mapu X Xov souscrit en septembre 1094 une donation d'Alexandre de Chiaromonte à S. Maria di Cersosimo (F. TRINCHERA, n? 58, p. 76) et en

février 1100 une notice de plaid (G. ROBINSON, n? xv, p. 205).

d'Alexandre,

Orderic Vital, t. II, p. 450 et 463 mentionne

384

seigneur

de Senise

un Hugues, un Al-

IV beric Oise, des trés des ment

et un Goislenus de Marolio (: Mareil-leGuyon, Seine et ar. Rambouillet, c. Montfort-L'Amaury), mais M. J. Adigard Gautries veut bien m'écrire: « Vraisemblablement l'un des fréquents « Maureaux », « Mareil » ou « Maroil », mais non l'un « Marolles », assez fréquents aussi, qui présentent ordinairedes formes anciennes au pluriel ». Radulfus de Monte Cuntur souscrit en septembre-décembre 1092 une donation de Robert Borrel à Sant'Angelo di Mileto: L. R. MÉNAGER, L'abbaye béné. dictine..., 34. Rogerius de Morenvilla souscrit en décembre 1113 une donation de Rodbertus Arenga au monastère S. Maria de Grane, obédience de S. Lorenzo di Aversa:

RNAM.,

V, n? 550, p. 377.

Willelmus de Pincinniaco,

et Samson

de Sourdeval

sont les deux légats ducaux

que Ro-

ger II envoie en janvier 1128 à la cour de Barcelone pour recevoir de Ramon Berenguer les serments relatifs au traité passé

entre la cour de Sicile et celle d'Aragon: cf. supra, SOURDEVAL. Rogerius [de] Pomerota souscrit en 1091 une charte de Bohémond, fils de Robert Guiscard, en faveur de S. Lorenzo di Aversa (RNAM., V, n° 502, p. 263).

En janvier 1095, avec sa femme Auberée, Roggerius de Pomareda offre à S. Maria di Pisticci (prov. Matera) l'église désertée de S. Maria di Scanzano (frazione di Montalbano-Ionico, prov. Ma-

tera): G. GUERRIERI, p. 98-99. Rogerius de Pomaria est aussi connu pour avoir fait don à S. Maria della Valle di Giosafat de l'église S. Maria, située sur le territoire de Policoro (fraz. di Montalbano-

Ionico): cf. bulle authentique JL. 8095 du 18 mai 1140; la bulle JL. 8096 le qualifie de seigneur de Policoro. L'identification de Pomaria,

Pomareda,

Pomerota

avec

La

Pommeraye,

Calvados,

ar.

Caen, c. Thury-Harcourt, ne peut étre que conjecturale. Elie, fils d' 'O«oc «o0 Záccov

souscrit en février 1099 une donation de Robert, seigneur de Caggiano (prov. Salerno) à S. Maria di Pertosa (prov. Salerno): F. TRINCHERA, n? 67, p. 84. Robertus de Sasse, miles, souscrit en

septembre Rossano:

1114 une donation de Roger II à l'abbaye du Patir de A. PRATESI, dans Studi Medievali, serie 3*, 11 (1970), 220.

M. J. ADIGARD des GAUTRIES SacEY, Manche, commune

m'écrit qu'il s'agit peut-être

du canton

de

de Pontorson, ar. Avranches

385

IV (Saceium ou

[1131-1149]:

SassEY,

Eure,

Cart.

ar.

du

Mont-Saint-Michel,

Evreux,

c.

Evreux-Sud

fol

98

(Saceium

r?-v^), [1180]:

Magn. Rot. Scacc. Norm., éd. Stapleton, I, p. 76) ou encore Sassy, Calvados, ar. Caen, c. Morteaux-Couliboeuf (Saceium [1195]: Zbid.,

II, p. 269).

Galterius de Tass(i)s souscrit en septembre-décembre 1106 une donation de Guil. laume Culchebret à S. Angelo de Raito, monastére situé dans le ténement d'Arena (prov. Catanzaro): L. R. MÉNAGER, dans Byz. Zeitschr., 50 (1957), 327. Ezelinus de Triut souscrit en 1060 une donation

ducale à la Trinité

de Venosa:

L. R. MÉNAGER, Les fondations monastiques, p. 87. Guidelmus

de Valverdone

souscrit en juillet 1110 une donation d'Umbaldus, seigneur de Petrolla (5 kms. au S. de Pisticci, prov. Matera), à S. Maria di Banzi:

C. MiNIERI-RicCCIO,

n° xiv, p. 17-19.

Renaldus de Uiers (ou de Biers) procède, avec Hamelin Gastinel et Nicolas, vicomte de Castronuovo

(di

Sicilia,

comte

Roger

prov.

I fait donation

nuovo, entre les mains sement,

Palermo)

en février

bornage

au prieuré

d'Hugues

1101:

au

des

terres

de S. Pietro

dont

le

di Castro-

de Paris, prieur de cet établis-

P. CoLLURA,

dans

Atti dell'Accad.

di Sc.,

Lett. ed Arti di Palermo, serie 4*, 15 (1954-55), 332. ROGERIUS DE USVILLA souscrit en novembre 1172 une donation de Sybilia, veuve de Barthélémy de Garres et dame de Comitini (prov. Agrigento) à S. Bartolomeo di Lipari: L. T. WHITE, Appendix n° xxix, p. 271. Peutêtre Usvilla doit-il s'entendre

d'Houesville, Manche,

ar. Cherbourg,

c. Sainte-Mére-l'Eglise.

RECTIFICATION

Losdum,

(supra,

identifié

p. 308)

lerault, attesté

doit sous

ci-dessus

s'entendre la forme

avec

de

DUN,

Loupun,

Losdunum

en

en

Seine

Vienne, 1067

=

Maritime

ar. ChátelE. LAURAIN,

Cartulaire manceau de Marmoutier, IY (Laval, 1945), n? II, p. 60. 386

IV OUVRAGES

CITÉS

EN

ABRÉGÉ

JEAN ADIGARD DES GAUTRIES, Les noms de lieux de l'Orne attestés entre 911 et 1066, dans Bull. de la Soc. Hist. & Archéol. de l'Orne, 65 (1947), 95-119; JEAN ADIGARD DES GAUTRIES, Les noms de lieux de la Manche attestés entre 911 et 1066, dans Annales de Normandie, 1 (1951),

9-44 ; JEAN ADIGARD DES GAUTRIES, Les noms de lieux du Calvados attestés entre 911 et 1066, Ibid., 2 (1952), 209-228; 3 (1953), 22-36 et 135-148; JEAN ADIGARD DES GAUTRIES, Les noms de lieux de l'Eure attestés entre 911 et 1066, Ibid., 4 (1954), 39-60 et 237-256; 5 (1955), 15-33; JEAN ADIGARD DES GAUTRIES, Les noms de lieux de la Seine Maritime attestés entre 911 et 1066, Ibid., 6 (1956), 119-134 et 223-244: 7 (1957), 135-158; 8 (1958), 299-322; 9 (1959), 151-167 et 273-283. JEAN ADIGARD DES GAUTRIES, Les noms de personnes scandinaves en Normandie, de 911 à 1066 (Lund, 1954); JEAN ADIGARD DES GAUTRIES, Les noms de personnes scandinaves dans les noms de lieux normands, de 911 à 1066, Ibid., 373-469. FRANÇOIS DE BEAUREPAIRE, La toponymie de la Normandie. Méthodes et applications, dans Cahiers Léopold Delisle, 18 (1969), 1-86. F. CAMoBRECO, Regesto di San Leonardo di Siponto (Roma, 1913). FRANCESCO CARABELLESE, L'Apulia ed il suo comune nell'alto medio evo (Bari, 1905). Catalogus Baronum, édition CARLO BoRRELLO, Vindex neapolitanae nobilitatis (Napoli, 1653), Appendice, p. 5-154. Codex diplomaticus Caietanus. Pars Secunda (Montecassino, 1891). PAOLO COLLURA, Le più antiche carte dell'Archivio Capitolare di Agrigento

(Palermo,

1961).

GIUSEPPE CRUDO, La SS. Trinità di Venosa. Memorie storiche, diplomatiche, archeologiche (Trani, 1899). SALVATORE CUSA, I diplomi greci ed arabi di Sicilia (Palermo, 1868-1882). 387

IV H.W.C. Davis, Regesta regum anglo-normannorum 1066-1154. Vol. I (Oxford, 1913). MARIE FAUROUX, Recueil des actes des ducs de Normandie (9111066) (Caen, 1961). ALFONSO GALLO, Codice diplomatico normanno di Aversa (Napoli, 1926). CARLO-ALBERTO GARUFI, / documenti inediti dell'epoca nor. manna in Sicilia (Palermo, 1899). CARLO-ALBERTO GARUFI, Catalogo in Monreale (Palermo, 1902).

illustrato

di S. Maria

Nuova

CARLO-ALBERTO GARUFI, / diplomi purpurei della cancelleria normanna ed Elvira, prima moglie di re Ruggero, dans Atti della R. Accad. di Sc., Lett. ed Arti, serie 3*, 7 (Palermo, 1904), 1-31. CARLO-ALBERTO GARUFI, 7| necrologio del « Liber Confratrum » di S. Matteo di Salerno (Roma, 1922). ERASMO GATTOLA, Historia abbatiae Cassinensis per saeculorum seriem distributa (Venezia, 1733). ERASMO GATTOLA, Ad historiam abbatiae Cassinensis Accessiones (Venezia, 1734). GIUSEPPE DEL GIUDICE, Codice diplomatico del regno di Carlo 1

e II d'Angió (Napoli, GOVANNI

1863-1902).

GUERRIERI,

7|

conte

normanno

Riccardo

Siniscalco

(1081-1115) e i monasteri benedettini Cavesi in Terra d'Otranto (Trani, 1899). CHARLES-HOMER HaskINs, Norman institutions (Cambridge, 1918). MAURO INGUANEZ, Diplomi inediti dei principi normanni di Capua, conti di Aversa (Miscellanea Cassinese, III. Cassino, 1926). EVELYN-MARIA JAMISON, The norman administration of Apulia and Capua, more especially under Roger II and William I, 11271166, dans Papers of the Brit. School at Rome, 6 (1913), 211-481.

EVELYN-MARIA

mind

JAMISON, The sicilian norman

of anglo-norman

kingdom

in the

contemporaries, dans Proceed. of the Brit.

Acad., 24 (1938), 237-285.

EVELYN-MARIA JAMISON, Some

notes on the « Anonymi

Gesta

Francorum », with special reference to the norman contingent from

South Italy and Sicily in the first crusade, dans Studies... presented to M.K. Pope (Manchester, 1939), 183-208. GILLIAN FELLOWS JENSEN, Scandinavian

Lincolnshire 388

and

Yorkshire

(Copenhagen,

personal

1968).

names

in

IV KARL-ANDREAS KEHR, Die Urkunden der normannisch-sicilischen Kónige. Eine diplomatische Untersuchung (Innsbrück, 1902). LEWIS C. Lovp, The origins of some anglo-norman Families, edited

by

C.T.

CLAY

LÉON-ROBERT

and

Davip

MÉNAGER,

origines de l'Amirauté

C.

Douctras

(Leeds,

« Amiratus-Aunpüc »

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1951).

L'Emirat

et

les

1960).

LÉON-ROBERT MÉNAGER, L'abbaye bénédictine de la Trinité de Mileto, en Calabre, à l'époque normande, dans Bull. dell'Arch. Paleogr.

Ital., nuova

LÉON-ROBERT Guiscard,

(1959),

duc

serie, 4-5

MÉNAGER,

(1958-59),

9-94.

Les fondations

de Pouille et de Calabre,

monastiques

dans

Quell.

de Robert

u. Forsch., 39

1-116.

LÉON-ROBERT

MÉNAGER,

Les actes latins de S. Maria

di Messina

(1103-1250) (Palermo, 1963). CAMILLO MINIERI-RICCIO, Saggio di codice diplomatico formato sulle antiche scritture dell'Archivio di Stato di Napoli (Napoli, 1878-1882). GIOVANNI MoNGELLI, Abbazia di Montevergine. Regesto delle pergamene,

I (secc.

X-XII),

(Roma,

1956).

DOMENICO Monza, II chartularium del monastero di S. Benedetto di Conversano, I (Montecassino, 1892). ARMANDO PETRUCCI, Codice diplomatico del monastero benedettino

di S. Maria

di Tremiti

(Roma,

1960).

Rocco Pinngo, Sicilia sacra (Palermo, 1733). ALESSANDRO PRATESI, Carte latine di abbazie calabresi provenienti dall'Archivio Aldobrandini (Città del Vaticano, 1958).

ARCANGELO PROLOGO, Le carte che si conservano nello Archivio del capitolo metropolitano di Trani (Barletta, 1877). RNAM - Regii Neapolitani Archivi Monumenta, vol. V-VII (Napoli, 1857-1861). GERTRUDE RoBINSON, History and Cartulary of the greek monastery of St. Elias and St. Anastasius of Carbone, dans Orientalia Christiania,

XI,

5, num.

44

(Maio

1928), 271-349;

XV,

2, num.

53

(Iunio-Iulio 1929), 121-276 et XIX, 1, num. 62 (Iulio-Augusti 1930), 1-199. FRANCESCO SCANDONE, L'alta valle del Calore, I-III (Napoli, 1911-1920). FRANCESCO SCANDONE, Storia di Avellino, II. Parte 1*. Abellinum feudale. Avellino durante la dominazione de' Normanni (10771195), (Napoli, 1948). 389

IV SERAFINO TANSI, Historia chronologica monasterii S. Michaelis Archangeli Montis Caveosi (Napoli, 1746). FERRANTE TaNzrz, L'Archivio di Stato in Lecce. Note e documenti

(Lecce,

1902).

FRANCESCO TRINCHERA, Syllabus graecarum membranarum poli,

1865). FERDINANDO

UGHELLI,

Jtalia

sacra

sive

de

insularum adiacentium (Venezia, 1717-1722). LYNN TOWNSEND WHITE, Latin monasticism (Cambridge-Mass., 1938).

390

episcopis

(Na-

Italiae

in norman

et

Sicily

IV

Additions INVENTAIRE

des

EMIGREES

en

FAMILLES

ITALIE

à

l'

NORMANDES

MERIDIONALE

et et

FRANQUES

en

SICILE

*

Profitant

de

l'opportunité

qui

m'est

offerte

d'une

mise

à

jour de mon étude sur les points de départ des courants d'immigration qui ont déversé un certain nombre d'"ultramontains" en Italie méridionale, tions

puis en Sicile, complémentaires

il mg paraft expédient de sur la méthodologie d'une

présenter deux observatelle recherche,

L'identification précise du lieu ou du pays d'origine des immigrés, lorsque la volonté de se disjoindre du milieu indigéne les a poussés à conserver nominativement leur attache avec leur terre natale, permet de situer approximativement les régions dont le flux démographi-

que

s'est

épandu

dans

le

sud

de

la

Péninsule

avant

des contingents de la premiére croisade : outre gogne, il faut compter essentiellement le quart

ne

Gallia,

avec

poler

les

tions

apportées

té"

me

nances

un

résultats

paraft

une

apport de

majoritairement

l'"Inventaire"

ci-dessous, conférer

qualité

aux

du

proportions

statistique

qui

normand.

publié

l'ampleur

de

en

Sans

1975

matériel

peut

étre

et

le

et de

des

gros

la Bourl'ancien-

songer ceux

à extra-

des

documentaire

respectives

ne

fournir

la Flandre nord-ouest

diverses

simplement

addi-

"ausculprove-

l'effet

du

hasard, C'est

tion

de

nier

en

se

l'état

fondant

sur

ce

inévitablement

constat,

dont

approximatif,

il

qu'il

n'est

pas

ques-

convient

néan-

moins de considérer l'abondance des noms à configuration franque ou, plus largement, germanique — nettement différenciés de l'onomastique lombarde linguistiquement trés spécifique — dans les sources diploma-

tiques

ou

portance

la

Sicile

Henricus,

des

littéraires de

des

XIe-XIIe

Humfredus,

chartes

pour

l'immigration

étendre

siécles. Guillelmus,

postérieures

dans

ultramontaine

grosso

Je

de

notables

dans

songe

ici

aux

..

etc.,

Robertus

modo

à

1050

proportions

l'Italie

et

qui,

l'im-

méridionale

trés

nombreux

auteurs

au

ou

et

Drogo, acteurs

moins

jusqu'aux

environs de 1075, ne peuvent en aucune fagon étre tenus pour du cru. Faute de pouvoir leur assigner une origine précise, désormais licite de les présumer venus de l'une des contrées cifie l'onomastique de certains de leurs compagnons.

des gens il semble que spé-

Le matériel diplomatique, qui est bien évidemment la source la plus importante des enquétes de ce genre, n'épuise cependant pas toutes les ressources disponibles, Là était sans doute une lacune de

IV 2 mon étude. J'avais en effet négligé les obituaires qui constituent apparemment un ample réservoir de données onomastiques. En fait, dans la mesure où les noms qui y sont consignés sont le plus souvent des prénoms bruts de tout autre signe de personnalisation, ces recueils ont une portée qui ne dépasse pas les limites étroites du petit monde à qui ils étaient destinés. C'est ainsi que sur les 594 moines ou lalcs enregistrés

dans

1108, on ne (1082-1088) peu dus

l'obituaire

attribué

à

Leo

Marsicanus

reléve qu'un Herveus, en l'occurrence !. Sur les 3,682 noms de l'obituaire

postérieur, monachus et

premiers

fléte

sans

rédigé

on trouve en tout et pour tout une mention deux mentions d'Herveus ^, L'obituaire du

Bénévent, commencé en avril 1198 et poursuivi registre qu'un Trogisius de Montemarano et un deux

et

cas

doute

la

rareté

des

l'hostilité

noms

des

1107-

d'un OsmunS. Esprit de

jusqu'au XIVe Tristainus :.

normanniques,

marquée

en

archevéque de Capoue du Cod. Cassin.47, de

classes

celtes

siécle, n'enDans les

ou

dominantes

francs



se

re-

re-

crutaient les pensionnaires de Montecassino à l'égard des immigrés et plus particulièrement des Normands. Pour ce qui concerne le s. Spirito di Benevento l'absence normande et franque apparaît plutôt significati-

ve

du

donc

caractère dire

marquées tuaire

la

fin

Siécle

1.105

que

dans (inédit)

du

suivant,

noms

mundr

XIe de

précaire les

le

temps, du

3,

six

fluctuant

et

Hervé

!"

ces

de

modes

et

des

dans

onomastiques.

données

le milieu

commencé

à

par

quelques

additions

traits

lafcs

la

y note

cinq

un

Yvan

1,

soit

24

noms

au Sur

Asbiorn

5, deux Niall ?, deux Thoraldr et

peut trés

social.

Trinite

caractéristiques,

on

On

nominatives

334,

complété

confirme

clercs

l'espace

Cassin.

et

des

capitalisent

dans

Cod.

siécle

?, huit Asketill

steinn

et

obituaires

*,

de

L'obiVenosa

milieu un

à

du

total

quatre

de

As-

*, trois Thor-

normanniques

et

celtes, ce qui est peu pour une fondation normande et une région présence normande était assurément dense à l'époque couverte par

7

où la l'obi-

tuaire. Mais il faut ajouter que dans leur quasi-totalité les autres noms sont de souche germanique ancienne et portent la marque d'une provenance qui ne peut étre que franque. Malheureusement, à l'exception de quelques personnages connus par ailleurs et nettement individuali-

Sés,

aucun

des

défunts

enregistrés

dans

l'Obituarium

Venusinum

n'est

identifiable, ce qui prive ce recueil de l'essentiel de sa valeur documentaire. Beaucoup plus riche à cet égard mais pourtant tout aussi décevant pour notre propos, le nécrologe du "Liber Confratrum" de s. Matteo di Salerno, dont la premiére partie a été rédigée en 1073 et qui fut continué jusqu'au XIVe siécle, n'a transcrit que quatre personnages

portant

un

nom

normannique

12 *

NOTES

LH, HOFFMANN, "Der 21, 1965, 82-159. A. ZAZO, nevento,

Kalender

des

Leo

Marsicanus",

dans

L'obituarium S. Spiritus della Biblioteca saec. XII-XIV (Napoli, 1963), 55 et 102.

M. IGUANEZ, I necrologi Cassinesi, nese 47 (Roma, 1941), p. 52.

I,

Il

necrologio

Deutsch.

Capitolare del

cod.

Archiv, di

Be-

CassiN

IV 3 Osbernus,

bertus,

p.

p.

1 (5 janvier),

54 (30 sept.),

Osmundus,

p.

p.

septembre).

52

(21

p.

p.

2 (8 janvier),

3 (14

janvier),

p.

48

(31 août);

Os-

57 (16 octobre). p. 18 (deux fois à la date du 30 mars),

*

Anschetino, p. 5 (25 janvier), Anscitillus, p. 37 (3 juillet), Anscitinus, p. 42 (29 juillet), Aschittinus, p. 42 (2 août), Askittinus, p. 44 (12 août), Anscitillus, p. 46 (22 août), Ascitellus, p. 51 (13 septembre), Ascitillus, p. 52 (18 septembre).

7

Nyele, p. 10 (14 février),

*

Turoldus,

p.

Trustenus,

40

p.

(20

14

Nigellus,

juillet),

(10 mars),

p. p.

p. 54 (31 septembre).

55

55

(7 octobre).

(3 octobre),

Trustainus,

p.

70

(décembre). 10

Herveus, p. 26 (6 mai),

11

Yvanus,

p.

2 (8 janvier), p. ^ (20 p. 50 (8 septembre), p. 11

(26

janvier), p. 5 (25 60 (30 octobre).

7; Rogerius,

filius Aschettini,

que Garufi identifiait avec Asclittino; Rogerius filius

éd. C.A. Garufi (Roma, 1922),

mort

un 20 septembre

Rogerius comestabulus qui Turgisii, mort le 16 juin

Torgisius Butromiles, clericus, mort le 31 juillet Garufi identifiait avec le fils d'Itta Butromiles, filius

Turgisii

p.

février).

12 Michael de Asclittino de Ebulo miles, p.

janvier),

Normanni

(sur

celui-ci,

cf.

(p.

138)

et

dictus est de 1169 (p. 84) et

1165 (p. 104), que veuve de Rogerius

l'Inventaire,

p.

292-293).

*

I.

LE

COGNOMEN

"NORMANNUS"

Alduinus Normannus

: cf.

Angerius

: offre

Normannus

Znfra, au

Riccardus monastére

Normannus. s,

Quirico

lerno, à 500 m à l'E. d'Amalfi) une pièce territoire de Staviano ubi Ocelle dicitur dipl. Amalfitano, 9 LXXXIII, p. 133-134 = février, ind. XI.

Doneboldus

filius

quondam

Erberti

de Cava de sa part d'une piéce loco Peccentino : 1106, mars. va, Arca XVIII, M 37.

Erbertus

et

Goffrida

germani,

filii

Normanni de terre Archivio

Goffridi

di

Atrani

(prov.

Sa-

de terre située dans le - R. FILANGIERI, Cod. Nocera. 1087 (= 1088),

: fait

donation

située hors della ss.ma

Normanni

et

à la

Trinité

de Salerne Trinità di

Guarinus

in Ca-

fi-

lius Roberti Normanni : font donation d'une maison et du terrain adjacent à l'église s, Eustasio de loco Granara (Corato 1077, mai): G. BELTRANI, I documenti storici di Corato (Bari, 1923), M 8, p. 15

-17.

4 En

novembre

1081,

ind.v,

Gilibertus

Normannus,

filius

quondam

Osmundi,

faisait donation d'une pièce de terre lui appartenant jure paterno à Roccapiemonte (prov. Salerno) à l'église s. Giovanni Battista di Roccapiemonte. L'acte est souscrit entre autres par.Rao Britto et Rao filius Tristaini Petitti = Arch. della ss.ma Trinità di Cava, B.20. A la méme date le méme personnage faisait donation à la méme église d'une piéce de terre et de tous les serfs qui l'habitaient z

ibid.,

0.30

(Copie

1087 (= 1086), abitator intus capiemonte),

authentique

de novembre

1336).

Enfin

en août

ind.IX, Gilibertus filius quondam Osmundi, qui sum castellum Sancti Georgii de loco Apus Montem (- Roc-

faisait

donation

à

la

Trinité

de

Cava

de

trois

piéces

de terre jouxtait Turgisii donation

situées au même lieu-dit. La première pièce de terre la terra cum arbustis que retinet Silbanus filius quondam (sur celui-ci, cf. l'"Inventaire", p. 293). La présente était faite per licentiam et absolutionem Turgisii nostri

seniori,

filii

Goffridus

quondam

Normannus,

cui

..

Turgisii

cognomen

est

= ibid.,

Plamca

C.14.

Roca,

filius

Rogerii

Nor-

manni, habitant de Terlizzi, achetait en janvier 1094 une oliveraie à Maur, stratége de Giovinazzo, F. CARABELLESE, Le pergamene della cattedrale

di

Guarinus filius mani, filii

Terlizzi,

P

79,

p.

45-46.

Roberti Normanni = cf. Goffridi Normanni.

supra,

Erbertus

et

Goffrida

ger-

Johannes Normannus tenait en octobre 1143 une terre de l'archevéché de Salerne dans les environs de Montoro (prov. Salerno à 15 km au N. de Salerno) : L.E. PENNACCHINI, Pergamene Salernitane (1008-1784), (Salerno,

1941),

p.

144-145.

Normannus, qui fuit de genere Francorum, offre en mai 1088 au monastére S. Stefano di Marsico (prov. Potenza) l'église s. Nicolà di Calvello (prov. Potenza) et la maison de s. Caecina prés de Calvello Roma,

Petrus

qui

manni

Bibl.

Angelica,

dicitur fait

de

ms.

fondo

castello

donation

à

la

S.

antico

276,

Severini,

Trinité

de

Cava

f*

filius d'une

59r*.

quondam piéce

Arnonis

de

terre

Norsise

hors de Salerne in loco Aput Montem et constitue comme fidejusseur Tancridum naturalem filium quondam domini Rogerii Normanni qui fuit dominus predicti castelli (il s'agit de Rota = cf. supra, "Inventaire", p. 292) della ss.ma Trinità di Cava, G.4. Riccardus Normandie Salerno) : Cat.

.. tenet Bar., éd,

Roger, (1130,

fils de Turgisius novembre) = Arch.

villanos viginti sex E.M. Jamison, M 619,

(à p.

Campagna, 112.

de

prov.

Riccardus Normanii filius souscrivait en septembre 1091 une donation d'Henri comte de Monte Sant'Angelo à s. Sofia di Benevento : À. PETRUCCI,

1961,

dans

p.

177.

Bull.

dell'Ist.

Stor.

Ital.

per

il

Medio

Evo,

M

72,

5 Richardus

filius

Normanni

vento)

souscrit

Monte

Sant'Angelo

cassinesi

p.

in

en

de

Castello

novembre

à

une

de

Curte

l'abbaye

Capitanata.

Pagano

1098 I.

Il

(Castelpagano,

donation

: T.

Gargano

prov.

d'Henri,

Bene-

comte

LECCISOTTI,

Le

(Montecassino,

de

colonie

1938),

hM

1,

31-32.

Ríccardus Normannus qui supernomen Delledi, seigneur de Melito (prov. Avellino, à 7 km au S. d'Aversa), village où se trouve une église s. Nicolà qu'il désirait ordinare, s'est vu empêcher de procéder à cette ordinatio par Jacques, abbé du monastére s. Sebastiano, lequel s'est prévalu d'une charte expédiée à Aversa par dominus Alduinus Normannus antecessor meus per largietatem domino Riccardo princeps.

Aucun

de

ces

actes

n'est

daté,

mais

la

mention

qui

est

faite de Richard prince de Capoue comme comes de Aversa qui, avant d'átre prince de Capoue (juin 1058 - 5 avril 1078), a été comte d'Aversa à partir de 1050 = RNAM., VI, Appendix, M 51, p. 236. En

aoüt

1113,

Felsone

Silvano

..

per

filius

quondam

Torgisi

juxionem

seniori

meo

Normanni

Rocgerio

de

offre

castello

une

piéce

terre qui nominatur curtem Castaldi à Roccapiemonte (prov. no) : Arch. della ss.ma Trinità di Cava, arm. XIX, 82. Torstaynus,

Robert

de

Furino,

Maraldus

judex

et

vicecomes

Monte

de

Saler-

noster

assis-

talent en avril 1097 à une concession fils de Turgisius (de Rota) à Jean et

de terre faite par Roger, son frére Robert, fils de

lernus

Cava,

= Arch.

della

ss.ma

Trinità

di

Sa-

D.15.

Yr

II.

DECLARATION

D'UNE

ORIGINE

NORMANDE

Nigello et Raynolfo, qui sumus orti ex finibus Normannia et filii cuidam Torstaini font donation à s. Sofia di Benevento du Castellum Nobum que Néel avait commencé à édifier prés de Ripalonga : 1065, avril. L'acte est souscrit par un Osberno. BENEVENTO,

Arch.

Provinciale

del

Sannio.

Fondo

di

s,

Sofia,

XIII,

32. Raul

Novellu Normannus, qui sum habitator de civitate Ponticurbo (prov. Frosinone) offre à s. Benedetto di Montecassino trois églises (s. Giovanni

del

Pantano,

s.

Lorenzo

di

monte

Casa

Palomba,

s.

Maria

del Colle), la moitié de l'église s. Biagio di Farneto et le quart d'un moulin situé sur le territoire de Pontecorvo, Arch. dell'Abbazia di Montecassino, caps. XII, P 38 (1074, juin).

6 Roggerius qui est ex genere Normannorum assiste à la donation d'une maison et d'un moulin in fluvio Arbi, qui est faite à Jean, prieur d'une

Lat. Ugo

obédience

13490,

de

s.

Sofia

di

Benevento

(1080,

février)

-

Vat.

P 21.

Malmozettus,

nobilis

vir

Normanniae,

magnificus

et

munificentissi-

mus hujus ecclesiae praecipuus benefactor dedit huic monasterio castellum Fellonacum cum tenimentis trium millium modiorum = Chronica Monasterii s. Bartholomaei de Carpineto (Carpineto di Nora, 25 km O. de Chieti), dans F. UGHELLI, X, 2, p. 360. Dans un nastére

d'une lum

il

acte de juillet 1086, ind. IX de s. Clemente a Casauria (20

contenance

quod

dicitur

s'intitulait

de

66

muids

Villamaina

situé

par lequel il donnait au mokm SO. de Chieti) un domaine

dans

les

(Villamagna,

Ubo de g[e]n[er]atione

dépendances

5 km

à

Francorum,

L'ESE.

du de

castelChieti),

habitant

le cas-

tellum quod nominatur Bectorrita et se disait ad legem Langobardorum vivlens] = Paris, Bibl. Nat., Lat. 5411, f? 236 r°. De même, lors des donations qu'il fit en novembre 1091 à s. Bartolomeo di Carpineto, s'intitulait-il Ugo Malmozetta ex natione Francorum : MILANO, Bibl. Ambros., ms. D 70 inf., fol? 60 r*. Cinq

habitants de Giovinazzo, co-propriétaires de l'église s. Cisano, transmettent cette église in potestate Umfreida, Normannorum

F. p.

qui

l'a

relevée

de

ses

ruines

(1040,

Maria de ex genere

octobre,

ind.

IX):

CARABELLESE, Le pergamene della cattedrale di Terlizzi, M IV, 8-9. Peut-être ce personnage est-11 le méme que cet Umfreida

comes avec lequel les gens de Bari traitérent en 1046 = Anon. Bar, dans L.A. MURATORI, Rer. Ital. SS., V, 151. En tout cas en sep-

tembre 1055 Pierre évéque de Giovinazzo donnait à Umfreida ex genere Normannorum liberté et sécurité à raison de l'église s. Maria de

Cisano

que

celui-ci

avait

(re)construite

: RNAM.,

V,

b

398,

p.

14.

III.

IDENTIFICATION DE NORMANDS D'APRES L'ONOMASTIQUE SCANDINAVE

Angoctus miles souscrit en de Gravina à l'abbaye p. 115. En

mai 1109 à quondam noster, les neuf

juillet 1080 s. Angelo de

une donation d'Onfrei seigneur Fraxenito * RNAM., V, M 443,

la requête de son frère Jordan et d'Anskitinus Gerbaldi cappellani, homo ipsius Jordani necnon Robert prince de Capoue confirme à s, Lorenzo di piéces de terre sises aux confins de Maddaloni

frater fidelis Aversa que le

IV

susdit

Anskitinus

Jordan, Alexandre ment

son

III par

a

offertes

seigneur

à

: RNAM.,

s.

V,

Lorenzo

M

532,

avec

p.

l'assentiment

de

329-332.

confirme à l'église s. Giacomo di Caserta, édifiée récemRobert comte de Caserta, toutes ses possessions parmi

lesquelles

quinque

modios

terrarum

quos

Ascitinus

de

Magdalone

(Maddaloni, prov. Caserta, à ? km au SE. de Caserta) cum uxore et filiis vendiderunt = J. von PFLUGK-HARTTUNG, Acta Pontificum Roma-

norum

inedita,

III

(Stuttgart,

M 274

p.

263,

Asclettinus Veteranus et Tristanus Senescallus souscrivent la version latine d'un record de plaid émané d'Hugues de Chiaramonte (février 6608/1100, ind. VIII) et tranchant en faveur de Robert, prieur sa, un De cet témoins éditée

de s. Maria di Massanova, obédience de la Trinité de Venoprocès intenté par Blaise, h gouméne de s, El a di Carbone. acte ne nous ont été transmis que les noms estropiés de ses (noms qu'il convient de confronter avec la version grecque par G. ROBINSON, F XV) = NAPOLI, Bibl. Brancacciana, ms. IV

D 1, £° 344/414 2647, f? r°. Asgottus s. XV

souscrit

r?-v?;

une

ROMA,

donation

Vat.

d'Ugo

Bartolomeo di Carpineto, : MILANO, Bibl. Ambros.,

'Aduovvóog

KnxepéAAng

pendances

de

possédait

Cerchiara,

Asmundus senior de Ceriliano septembre 1100 (= 1099)

7140,

£f?

Malmozzetta

ex

21

et

janvier

1181

TRINCHERA,

M

un

204,

champ p.

Aversa,

en

avril

1111,

dans

Rotbertus

de

Lavalle,

sa

pour le prix de 24 tarins que nuncupatur S. Angelus

ce

est

de

Gualterius

Frogerius

p.

qui

gener

Walterii

femme

un de

filii

Storia … p. CCXXVI.

Marie

et

leur

fonds de terre Pipone en présen-

Tustaini,

RNAM.,

V,

346-347.

filius

quondam

dominus

pro anime

dé-

269.

Tustaini,

unus

ex

militibus

..

Averse

sa £f. Robaisa et leur gendre Rotbertus de Barle, offre di Aversa une pièce de terre sise in territorio ville 1126, mai, ind. IV. = Vat. Lat. 12935, £? 44 r°-v°, Guilielmus

les

à

ind.

(cf. Inventaire, p. 271) souscrivait dés une donation de Raoul (Machabée), seigneur

fils Robert vendent Situé dans la villa P 537,

Lat.

Francorum

novembre, r°.

de Montescaglioso à s. Maria di Pisticci = B. TROMBY, del Patriarca S, Brunone, VIII (Napoli, 1778), BP 137, A

Ottob.

natione

datée de 1093 (= 1091), ms. D.70, inf., fol? 60

en

F.

Lat.

castelli

(81c)

Montis

ejusdem

Truppoaldi,

Tristayni

patris

filius

Sui

à s. Biagio Cupuli :

quondam

qui

avec

Tristayni

in eodem monaste-

rio sepelitus est offre à la Trinità di Cava le jus patronatus sur l'église s. Maria située dans les dépendances du susdit castellum = Archivio della ss.ma TrinitA di Cava, Arca 2 Sup. Arm., P 18 (1174, avril, ind. VII). Hosbernus

de

Coccinus

Barthélémy,

dans

Quell.

u.

souscrit

À

Senise,

archimandrite Forsch.,

36,

de

en

s.

1956,

août

Elia p.

72.

1172,

di

un

Carbone

record

= W.

de

plaia

HOLTZMANN,

IV 8 Jean,

fils d''Aofigpvog, dans le territoire 305,

Maio

filius

Osberni

vend en 6699/1191, ind. IX, une terre située de Colobraro : F. TRINCHERA, BM 228, p. 304-

et

sa

femme

Carismera,

natifs et

habitants

d'Aqui-

no, vendent à Homodei une pièce de terre située dans le territoire d'Aquino, au lieu-dit Cerquita Gradalfi = (1157, mars) = Arch. dell'Abbazia di Montecassino, caps. LXVI, M 14. Niel

filius

Pipini

lino),

Cat.

tenet

Bar.,

fundum

éd.

unius

E.M.

militis

JAMISON,

M

(à Montefusco,

413,

p.

prov.

Avel-

75.

Nielas

Bructo est mentionné dans le diplóme royal de 1172 confirmant à sS. Lorenzo di Aversa toutes ses possessions, comme auteur de la donation de s. Maria de Cesano, église située dans le ténement de

Terlizzi Nielis

: Arch,

miles,

filius

mentionné

dans

son

fils

d'un

acte

: F.

(Bari,

M 59,

de

:

cf.

supra,

di

Le

p.

Cava,

ipsius

comme

J.6.

civitatis

ayant

naguére

pergamene

(Terlizzi)

vendu

della

une

est

mai-

cattedrale

di

84-85.

possédaient

novembre

Niellus de Lavella souscrit comte du Principat, en PENNACCHINI, Pergamene et 160. Osberno

1150

CARABELLESE,

NvéAAog

(acte

Trinità

militis

de

1899),

certain

de Cerchiara

ss.ma

Giliberti

un

à Terlizzi

Terlizzi Les

della

un

1181),

champ

F.

dans

les

TRINCHERA,

P

dépendances 211,

p.

276.

en mai et juin 1098 deux actes de Robert, faveur de l'archevéché de Salerne, L.E. Salernitane (Salerno, 1941), P 27, p. 158

"Nigello

et

Raynolfo,

qui

sumus

orti

ex

finibus

Normannia", Osmundus de lu Circlaro souscrit en février 1098 une donation de biens calabrais faite par Rocca, fille de Dreux comte de Pouille et dame de s. Benedetto Ullano (prov. Cosenza), au monastére de Montecas-

sino

: cf.

supra,

Inventaire,

p.

307-308.

Osmundus miles souscrivait en avril 1129 une charte de Tancréde de Conversano, fils du comte Geoffroi et seigneur du castellum de Rignano (- Garganico, prov. Foggia), en faveur de s. Leonardo Lame Vo-

Jario, En

février

RNAM., 1082

Ioslene

VI, M 605,

(=

était

1083), avec

ind. Rio

p. VI,

Bricto

119. Osmundus au

qui

nombre

des

vocatur

Pancia,

Normanni

et

filius

Langobardi

qui assistaient Emma filia quondam Ioffrit lors de la donation de la moitié de l'église s. Michele prope fluvio Tusciano que celleci

fit

B.

22.

à

la

Trinité

de

Cava,

Arch.

Della

ss.ma

Trinità

di

Cava,

En mai 1110, Rao filius quondam Tristainu, per juscionem domini nostri Robbertí, vendait à Riccardus filius quondam Ursu une maison si-

IV

Rao,

tuée

dans

les

arm,

XIX,

1.

filius

murs

Tristaini

quondam

d'Eboli

:

Petitti

Osmundi.

En

Arch,

: cf.

février

della

supra, 1082

ss,ma

Trinità

Gillbertus

(=

1083),

di

Cava,

Normannus

ind.

VI,

filius

Raulino

fi-

lius Tristainio Petiti (nommé Rao filius Tristainus Petittus dans le corps de l'acte) souscrivait une donation d'Emma, fille du défunt Joffrit à la Trinité de Cava, Arch. della ss.ma Trinità di Cava, B. 22. Raoul

fils

d''Aoxnttüvoc

Cerchiara. En domaine voisin

vrier En

1175

possédait

février 1172 11 de celle-ci (F.

une charte

expédiée

une

vigne

dans

les

dépendances

de

souscrivait l'acte de donation d'un TRINCHERA, P 179, p. 235) et en fé-

à Cerchiara

(1b1d.,

9 185,

p.

244).

1140 Riccardus Turgisii tenait le castellum Sancti Valentini et recut le castellum quod dicitur Abbatejum (prés de Manopello, prov. Chíeti) = PARIS, Bibl. Nat., Lat. 5411, f? 244 r*.

Robbertus notarius, filius Osmundi : J.M. MARTIN, P 49, p. 182 (1125, sept. Troia), P 51, p. 188 (1127, décembre, Troia), 52, p. 190 (1128,

déc.

(1132,

février,

Troia),

(1144,

mars,

54,

p.

Troia),

Troia),

194

P 59,

P 66,

publicus Troianus notarius, sept.); P 94, p. 280 (1145,

p.

(1129,

p.

207

219

nov.

Troia),

58,

(même

date),

M 65,

(1144,

sep.,

Troia);

Osmundi filius : P 67, sept. ind. VIII).

p.

p.

204

p.

217

Robbertus

221

(1144,

Robertus Trogisii est qualifié de potens et accusé d'occuper (en 11131115) les biens de l'abbaye de s. Clemente a Casauria dans le castellum quod dicitur Alanne (Alanno, 17 km à l'OSO. de Chieti) PARIS, Bibl. Nat., Lat. 5411, fol? 244 r*. Rodbertus filius Turstani fut l'un des croísés normands d'Italie qui suivirent Bohémond en 1096 : Hist. anon. de la Première Croisade, éd.

BREHIER,

p.

20;

ORD.

VITAL,

éd.

A.

LE

PREVOST,

III,

488.

était le petit-fils de Guimund de Moulins (cf. Inventaire, note 1) et par les donations qu'il fit — ou auxquelles il tit — à s. Sofia di assez considérables.

(Robertus

qui

dicto

Benevento, il En août 1090

de

Principatu,

apparaft nanti (= 1091), ind.

filius

Il

p. 334, consen-

de possessions XIV dans un acte

Tristani,

BENEVENTO,

Arch. Prov. del Sannio, fondo s. Sofia, XII, 26) renouvelé en décembre 1092, ind. XV (ROMA, Vat. Lat. 4939, ff. 161 v? - 162 r?) Robertus qui dicor de Principatu, filius quondam Tristayni faisait don à s. Sofia du castellum quod nominatur Torum (= Toro, prov,

Campobasso, ind.

II,

à 9 km

Rubbertus

sise au lieu-dit presbiteri, dont

à

l'ENE.

filius

de

Campobasso)

Trostaini

et

concédait

en à

décembre l'église

[1093], s.

Archipresbiteri le castellum quod vocatur le territoire était contigu à celui de s.

Pietro

ArchiGiovan-

ni in Galdo et du castrum Tori (fondo s. Sofia, XII, 23). Enfin en janvier 1094, Robertus filius Tristaini souscrivait l'acte par lequel Huques, comte de Boiano, et son frére Roger donnaient à s,

Sofia

le

castrum

quod

vocatur

Betere

(Vat.

Lat.

4939,

ff?

188

v?

-

IV 10 189 r?*). aprés ses

Sans doute dut-il réintégrer ses possessions italiennes aventures en Terre Sainte puisque en juin 1109 11 fai-

sait donation à s. Benedetto di Montecassino de l'église s. Illuminata di Limosano (MONTECASSINO, Reg. Petri Diaconi, M 571, ff. 238 v* - 239 r°, édité par E. GATTOLA, Historia, 421). Cette

et

notice

annule

Robbertus

Rocgerius

filius

les

Trastaini

quondam

deux

mentions

faites

Turgisiy

dans

Robbertus,

mon

filius

inventaire,

(= Turgisius

p.

de Rota),

Trostaini

288.

gratia

Dei

hu-

jus Muntorii (Montoro Sup'?, prov. Avellino) castri senior, concède à Jean et Robert, fils du défunt Salernus, en présence de Robert de Furino, de Torstaynus, de Maraldus, judex et vicecomes noster et de ses autres fidéles, une piéce de terre proche du susdit castellum

En

(1097,

avril,

ind.

V

=

1097)

: CAVA,

D.

15.

septembre 6639/1130, le prétre Jean, fils de Scholarios Potamites, déclare que son père était intendant de TopóA6og. L'acte se situe dans la région de Mileto : B. DE MONTFAUCON, Palaeographia Graeca

(Paris,

Tristainus

du

1708),

souscrit

duc

della

Roger Soc.

en

à

401.

août

1106

Iannaccius

Romana

di

une

son

Storia

chapelain

Patria,

= V,

27,

p.

dans

veuve

Arch.

508.

vicecomes Defensoris .. domini de castro Vaccaricia confirme Sofía di Benevento la donation du monastére s, Oronzo proche

Turgisius,

gratia

Avellino,

sise vrier

au

13

(1109,

Dei km

lieu-dit

1102,

ind.

avril)

senior au

NE. =

de Cava

de Monte deux

Arch.

En octobre 1113, ind. d'hommes des villages

à la Trinité

Vat.

Lat.

Militi

d'Avellino)

Cebari X)

=

supra

Ala,

FEDERICI,

1904,

cf.

duchesse

Turgisius à s.

castrum

=

la

Senescallus

dit

1100)

de

Tristanus

du

(février

donation

13491,

(= Monte

concéde

piéces della

Asclettinus

de

à

terre

ss.ma

R

10.

Melitto,

l'abbaye

du

Trinítà

Veteranus,

méme di

s.

prov. Nicolà

lieu-dit

Cava,

D.

(fé-

38.

VII, le méme personnage faisait donation de s. Mauro et Fiumicello dans le Cilento

= Ibid.

E.

26. fr

IV.

IDENTIFICATION DE NORMANDS D'APRES LEUR "COGNOMEN TOPONOMASTICUM"

ALLOUVILLE-BELLEFOSSE,

Adelolvilla Umfridus

de

Seine-Maritime,

(1042-1066) Adevilia

:

M.

souscrit

ar.

FAUROUX, en

août

Rouen,

c,

Yvetot.

M

p.

366.

182,

1161

à Troia

une

donation

de

IV 11 terre

faite

l'église

J.M.

par

s.

MARTIN,

AUNOU-LE-FAUCON,

P 78, Orne,

Aversa,

1087,

me

Lorenzo

à

s.

Sabarinus

Giovanni

de

p.

quondam dans

Guillelmi

canistrarii

à

les

dépendances

de

Troia

Cf,

Inventaire,

p.

297.

:

247.

ar.

et

c.

décembre, di

filius

Piczonis,

Argentan.

ind.

Aversa

XI.

les

Richard,

terres,

prince

hommes,

de

Capoue

moulins

et

confir-

cours

d'eau situés dans et autour de Saone que Willelmus de Alno dedit prescripto monasterio, ainsi que les neveux du prétre Bernard donnés par le même Guillaume = RNAM., V, WF CCCCXLIV, p. 116. AURIGNY,

£le

FAUROUX 431). Filius

anglo-normande

(insula

MP 214,

Aurenoium

p.

Guillelmi

407,

de Auregnes

que

dicitur

= 1063-1066

dixit

quod

to, prov. Bari) feudum unlius] milit[is] feudum unlius] militlis] …. Cat. Bar., p.

Aurenoy

:

= ibid.,

tenet

in

1056-1066,

# 224,

Botonto

M,

p.

(= Biton-

et in Betecta (= Bitetto) éd. E.M. Jamison, M 19,

6.

AVENELLES, mes.

Orne,

rattachée

à

Avenela (1050-1100) : M. 1047) : ibid., 9$ 108, p.

la

commune

FAUROUX, 268.

d'OMMÉEL,

M 27,

p.

ar.

116;

Argentan,

c.

Avesnella

Ex-

(1046-

Guillelmus de Avenalia, époux de Villana filia Johannis Fattiti, habitant de Troia (mars 1144 : J.M. MARTIN, M 65, p. 215), souscrit à Foggia une notice de plaid de mai 1151 : E. JAMISON, Norman Adm., Calendar, M» 8, p. 464. Rubbertus de Abenella, prieur de s. Giacomo di Lucera, en juin 1094 (Arch, Cava, arca XVI, M 27, éd. partielle : F. CARABELLESE,

L'Apulia nage que

.., 345-346, n. 1) n'était sans doute pas Robertus de Avenello qui souscrit en 1117

le un

Roger

II

en

faveur

Ottob.

2647,

£f?

54

r°.

BARVILLE,

Orne,

1095

de

(=

ar.

la

Trinité

de

Mortagne-au-Perche,

1094),

Guillaume

de

juin,

de

ind.

Barbilla,

II.

Venosa

c.

du

ROMA,

Lat.

Pervenchéres.

Defensor

seigneurs

=

méme persondiplóme de

et

son

castellum

frère

Richard,

Baccaritia

fils