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L’AQUAPONIE : UN PROJET MULTIDISCIPLINAIRE NOVATEUR POUR LA JEUNE RELÈVE SCIENTIFIQUE
Guide de l’enseignant et de l’enseignante
Par Bénard-‐Déraspe Marie-‐Hélène Bergeron Josiane Gilmore Solomon Lisandre Juin 2020
TABLE DES MATIÈRES Table des matières ............................................................................................................. ii Remerciements .................................................................................................................. 1 Mise en contexte ................................................................................................................ 2 Introduction ....................................................................................................................... 3 1.
L’aquaponie comme outil pédagogique ..................................................................... 4
2.
Réflexions préalables au démarrage d’un projet pédagogique en aquaponie ........... 6
3.
Quelle est la différence entre aquaponie, hydroponie et aquaculture ? ................... 8
4.
3.1
L’aquaponie ......................................................................................................... 8
3.2
L’hydroponie ........................................................................................................ 9
3.3
L’aquaculture ..................................................................................................... 11
Les composantes du système aquaponique ............................................................. 13 4.1
Les composantes vivantes ................................................................................. 13
4.1.1
Les organismes aquatiques ........................................................................ 13
4.1.2
Le biofiltre et les bactéries ......................................................................... 17
4.1.3
Les plantes .................................................................................................. 18
4.2
Les composantes physicochimiques .................................................................. 20
4.2.1
L’ammoniac et le cycle de l’azote ............................................................... 20
4.2.2
Le pH ........................................................................................................... 22
4.2.3
L’oxygène .................................................................................................... 23
4.2.4
La prise de mesure des éléments physicochimiques .................................. 23
4.3
Les composantes physiques et mécaniques ...................................................... 25
4.3.1 Les types de support de culture en aquaponie ............................................... 25 4.3.2 Les matériaux à utiliser .................................................................................... 27 5
L’installation des systèmes du projet ....................................................................... 28 5.1
Informations générales pour l’installation des systèmes aquaponiques ........... 28
5.2
Les étapes du montage, leur utilité et les pièces requises ................................ 29
Conclusion ........................................................................................................................ 32 Annexe ............................................................................................................................. 34 Bibliographie .................................................................................................................... 42
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REMERCIEMENTS La réalisation de ce projet a été rendue possible grâce à la contribution des partenaires financiers et les collaborateurs suivants : le Ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec (MEI) via le programme de financement Nova Science volet 2 « Enrichissement des sciences et de la technologie au postsecondaire », le Cégep de la Gaspésie et des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine (CGÎ), Merinov, Centre collégial de transfert technologique en pêches (CCTT), Les Jardins du Havre Vert et le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). La réalisation de ce projet a également été appuyée par la grande expertise et la participation des personnes suivantes : Au campus des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine du CGÎ : Madeleine Arseneau, enseignante en chimie; Sylvie Juneau, technicienne en travaux pratiques; Joël Arseneau, enseignant en communication; Odile Dion-‐Achim, enseignante en communication; Lysandre Lapierre, étudiante au DEC en Arts, lettres et communication, ainsi que tous les étudiant(e)s intervenant dans la capsule vidéo et ayant participé aux divers projets pédagogiques. Merci également à Serge Rochon, ancien directeur du campus et Louis-‐François Bélanger, directeur actuel du campus, d’avoir cru au potentiel de ce projet. À l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec (ÉPAQ) du CGÎ: Pierre-‐Olivier Fontaine et Tony Grenier, enseignants en Techniques d’aquaculture; et les étudiant(e)s membres du club d’aquaponie. À Merinov: Madeleine Nadeau, chercheuse industrielle; Yvon Chevarie, ouvrier certifié; François Gallien, technicien maricole; Daniel Leblanc, technicien en génie maricole. Au MAPAQ: Robert Robitaille, agronome. Les Jardins du Havre Vert: Jacques Gaudet et Natalia Porowska, entrepreneurs maraîchers.
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MISE EN CONTEXTE À l’automne 2017, Lisandre G. Solomon et Josiane Bergeron, deux enseignantes de biologie du campus des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine, ont décidé de créer de nouveaux projets pédogogiques stimulants à l’intérieur du programme des sciences de la nature sur la thématique de l’aquaponie. En plus de bonifier les activités pédagogiques du programme collégial préuniversitaire, ce projet a permis l’élaboration d’activités parascolaires permettant le maillage des enseignant(e)s et des étudiant(e)s de deux campus du Cégep de la Gaspésie et des Îles, des entrepreneur(e)s d’une entreprise des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine, et des professionnels d’un CCTT et d’un ministère québécois. Plusieurs présentations grand public ont été effectuées afin de faire connaître aux gens les retombées pédagogiques de l’insertion de cette technologie dans nos cours de sciences. Une capsule vidéo a également été réalisée au sujet de certaines de ces activités pédagogiques. Le projet, financé par le Ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec via le programme NovaScience, s’est déroulé de janvier 2018 à mai 2020. Le présent document constitue un guide pour les enseignantes et les enseignants intéressés par l’aquaponie, et qui souhaiteraient développer leur expertise ainsi que réaliser des activités pédagogiques ou parascolaires en lien avec ce domaine.
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INTRODUCTION En 2015, le Parlement de l’Union européenne a reconnu l’aquaponie comme l’une des dix technologies qui peuvent changer nos vies (VAN WOENSEL et coll., 2015). À une époque où les terres arables de la planète sont menacées par la désertification, l’urbanisation et les changements climatiques, et où la population est en pleine croissance et devrait atteindre 9,6 milliards d’humains en 2050 (FAO, 2016), les systèmes de production agricole intensifs, qui ne nécessitent pas de sols et qui ont un impact réduit sur l’environnement, suscitent de l’intérêt. L’aquaponie, qui est un système de production agricole en émergence combinant la culture des végétaux et l’élevage des poissons dans un système en recirculation, possède justement ces caractéristiques. L’aquaponie possède également un très grand potentiel pédagogique et l’intérêt pour son enseignement est en croissance (JUNGE et coll., 2017). En effet, grâce entre autres à sa nature très interdisciplinaire, de nombreux auteurs reconnaissent la pertinence de l’aquaponie comme outil pédagogique pour enseigner les sciences naturelles, et cela du primaire (CLAYBORN et coll., 2017) jusqu’à l’université (GODDEK et coll., 2019). L’utilisation de systèmes aquaponiques dans le cadre de l’enseignement des sciences au collégial fera l’objet ce document. Il est le fruit de l’expérience et des projets menés par deux enseignantes du campus des Îles-‐de-‐la-‐ Madeleine. Le présent document se veut un outil pour guider les enseignantes et enseignants du collégial qui souhaitent en apprendre davantage sur l’aquaponie et explorer les différentes possibilités pédagogiques offertes par ce type de système. Il définit d’abord ce qu’est l’aquaponie et présente de façon non exhaustive les différentes composantes d’un système aquaponique et divers aspects liés à son entretien. Il présente aussi le potentiel pédagogique de l’aquaponie et il donne des exemples d’activités pédagogiques qui peuvent être réalisées en contexte collégial (voir l’annexe du présent document). La réalisation de projets pédagogiques en aquaponie au collégial présente certains défis et ce guide vise à soutenir les enseignants et enseignantes qui souhaitent se lancer dans cette aventure, afin qu’ils et elles puissent être prévenus pour y faire face.
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1. L’AQUAPONIE COMME OUTIL PÉDAGOGIQUE La pertinence de l’aquaponie comme outil pédagogique pour l’enseignement des sciences naturelles est bien documentée (CLAYBORN et coll., 2017; GODDEK et coll., 2019). Par sa nature interdisciplinaire, l’aquaponie permet d’aborder des thèmes comme le développement durable, les sciences environnementales, l’agriculture et les systèmes agroalimentaires, la pisciculture et la santé (HART et coll., 2013). Cette nature interdisciplinaire est très intéressante dans le cadre de la formation en science de la nature au collégial. En effet, en plus d’offrir de solides bases disciplinaires en sciences, le programme de sciences de la nature au cégep doit permettre à l’étudiant « d’établir des liens entre la science, la technologie et l’évolution de la société, [de] définir son système de valeurs » et de « traiter de situations nouvelles à partir de ses acquis » (MEES, 2017). Dans les universités et les collèges dans le monde, l’aquaponie est généralement enseignée dans le cadre d’une formation en lien avec l’agriculture, l’horticulture ou l’aquaculture (GODDEK et coll., 2019). Le potentiel pédagogique de l’aquaponie va cependant bien au-‐delà des formations en agriculture. Le système aquaponique permet de réaliser des expériences très diversifiées qui permettent aux étudiantes et étudiants de mettre en pratique la démarche scientifique et d’aborder des notions en lien avec la biologie (relations entre les espèces, physiologie des animaux aquatiques et des végétaux, microbiologie, etc.), la chimie (cycles biogéochimiques, pH, chimie des solutions, etc.), la physique et l’ingénierie (conception, automatisation et optimisation des systèmes) et les mathématiques (traitement des données). Le système aquaponique peut donc être utilisé dans le cadre d’une multitude de cours du programme de science de la nature. Au campus des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine, une partie des projets en aquaponie ont été réalisés dans le cadre d’un cours de biologie et d’un cours de chimie. Par exemple, un projet pédagogique comportant un volet pour chacune de ces deux disciplines a été réalisé, et l’évaluation de ce travail comptait pour les cours d’Évolution et diversité du vivant et de Chimie générale. Une autre partie des projets pédagogiques a été effectuée dans les cours d’Activité synthèse de programme (cours porteur de l’épreuve synthèse de programme ESP) pour le profil science de la santé et le profil sciences pures. Les fiches pédagogiques de ces activités sont présentées en annexe de ce document. Il a été possible d’observer de la curiosité et de l’enthousiasme hors de l’ordinaire chez les étudiantes et étudiants participant aux projets en aquaponie dans notre cégep. L’intérêt pour la production alimentaire durable est très important et palpable. Cela permet de croire que les projets pédagogiques sur l’aquaponie ont une influence très positive sur la motivation des étudiantes et étudiants, et contribuent donc à améliorer
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leur engagement envers leurs études. Le Conseil supérieur de l’éducation (MOFFET, 2008) mentionne que « l’engagement de l’étudiant dans la réalisation de son projet de formation est étroitement relié à la réussite de ce projet » et, bien que cet aspect n’ait pas été étudié scientifiquement dans le cadre de ce projet, nous avons pu faire ce constat durant toutes les activités pédagogiques réalisées en aquaponie. Ce projet a également permis de créer des liens avec d’autres départements du Cégep de la Gaspésie et des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine. Par exemple, une capsule vidéo a été réalisée en collaboration avec le département d’Arts, lettres et communication et des échanges ont eu lieu entre les étudiantes et étudiants du programme de Sciences de la nature du campus des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine et ceux et celles du programme de Techniques d’aquaculture à l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec (ÉPAQ) à Grande-‐ Rivière. Un atelier sur l’aquaponie a également été donné conjointement lors d’un rassemblement intercampus par une enseignante du campus des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine et un enseignant de l’ÉPAQ.
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2. RÉFLEXIONS PRÉALABLES AU DÉMARRAGE D’UN PROJET PÉDAGOGIQUE EN AQUAPONIE Bien que les bénéfices pédagogiques de l’utilisation de l’aquaponie soient nombreux et bien documentés (GODDEK et coll., 2019), se lancer dans une telle aventure requiert une bonne préparation de par la mise en disponibilité de ressources humaines et matérielles particulières. Ce type de projet nécessite également une certaine souplesse au niveau des horaires de laboratoire car les activités de laboratoire ne peuvent pas toujours se dérouler selon un horaire prédéfini et durer moins de deux périodes, comme c’est souvent le cas pour les activités de laboratoire réalisées au niveau collégial. La première étape à effectuer pour un enseignant ou une enseignante qui désire se lancer dans des projets pédagogiques en aquaponie est d’acquérir des connaissances sur ce domaine. Depuis les cinq dernières années, plusieurs ouvrages ont été publiés sur l’aquaponie (voir bibliographie de ce document) et certaines formations ont vu le jour. Par exemple, l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec (EPAQ) offre un cours complémentaire en aquaponie (http://www.epaq.qc.ca/futurs-‐etudiants/formation-‐ collegiale/aquaculture). Pour débuter un projet pédagogique en aquaponie, il est également nécessaire d’avoir l’espace et les équipements appropriés. Le document suivant présente certaines composantes du système aquaponique qui pourront vous guider dans le choix de systèmes qui répondent à vos besoins pédagogiques (voir section la section 4 de ce document). Il Figure 1. Les systèmes aquaponiques doivent permettre est cependant important de le travail simultané d’un groupe d’étudiantes et garder en tête que le ou les d’étudiants (crédit photo: Josiane Bergeron). systèmes choisis doivent idéalement permettre le travail simultané d’un groupe-‐classe d’étudiants et d’étudiantes. Les systèmes doivent aussi offrir une certaine flexibilité dans l’aménagement pour permettre une diversité de projets et il faut choisir un système de
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type permanent ou temporaire (qui se monte et se démonte facilement), en fonction de l’utilisation qui est prévue d’en faire (GODDEK et coll., 2019). Un contrôle automatisé de certains paramètres permet de diminuer le temps de suivi et d’entretien des systèmes, mais est plus dispendieux qu’une trousse d’analyse physicochimique. Un autre aspect important à considérer avant de se lancer dans l’aventure de l’aquaponie est le soutien technique qui est nécessaire. Selon Hart et coll. (2013), les difficultés techniques, le manque de connaissances et l’entretien des systèmes durant la fin de semaine et les vacances sont parmi les défis les plus importants rencontrés dans les projets pédagogiques en aquaponie. Est-‐ce qu’il y a des techniciens compétents dans votre établissement qui peuvent vous soutenir dans la mise en place des systèmes aquaponiques? Est-‐ce qu’il y a des ressources professionnelles externes qui peuvent vous aider? Lors de la planification financière du projet, il faut réserver des montants pour ces ressources essentielles. Finalement, la réalisation de projets pédagogiques en aquaponie nécessite un engagement à long terme de la part de l’enseignant ou de l’enseignante. En général, il faudra compter plusieurs semaines pour le démarrage d’un système et entre un et deux ans avant d’obtenir un système aquaponique mature. Il est cependant possible de réaliser des projets pédagogiques même si le système n’a pas atteint sa pleine maturité. Maintenir l’intérêt et la motivation des enseignantes et enseignants sur le long terme est donc un aspect important à considérer pour assurer le succès des projets pédagogiques en aquaponie (HART et coll., 2013; CLAYBORN et coll., 2017). Il peut être plus difficile de réaliser ce type de projet lorsqu’il y a beaucoup de roulement de personnel chez les enseignants et des techniciens.
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3. QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE AQUAPONIE, HYDROPONIE ET AQUACULTURE ? 3.1 L’aquaponie L’aquaponie est un système de production agricole en émergence qui combine la culture des végétaux et l’élevage des poissons dans un système en recirculation. Les déchets azotés produits par les animaux aquatiques sont transformés par des bactéries en nutriments disponibles et assimilables par les plantes (WONGKIEW et coll., 2017). C’est donc dire que les déchets produits par les animaux servent de nourriture pour les plantes. Ces dernières « nettoient » l’eau de ces déchets toxiques pour offrir un milieu de vie adéquat pour les organismes aquatiques tels que des poissons ou des crustacés d’eau douce. Cette collaboration ne serait toutefois pas possible sans la pierre angulaire de tous les écosystèmes, les bactéries. Cette pratique combine les méthodes utilisées en aquaculture et en hydroponie, sans avoir besoin d’utiliser de système de filtration pour l’eau ni de fertilisants pour les plantes. L’aquaponie utilise très peu d’eau puisque cette dernière est constamment recirculée à l’intérieur de ses systèmes et les fertilisants proviennent des déchets des poissons/crustacés. Selon la FAO (s.d.), les systèmes aquaponiques produisent des aliments avec moins de 10% de l’eau requise en culture conventionnelle. C’est donc une méthode de culture ayant moins d’impacts sur l’environnement que certains systèmes de production plus conventionnels. L’aquaponie est donc un intermédiaire intéressant entre l’aquaculture et l’hydroponie puisqu’elle crée une symbiose entre les organismes aquatiques et les plantes via des processus bactériens présents naturellement dans les milieux aquatiques. Elle cumule donc tous les avantages des deux types de cultures mentionnées précédemment, tout en supprimant leurs effets négatifs (BERNSTEIN, 2011; BITON, 2017). Voici quelques avantages supplémentaires de la culture aquaponique : • L’aquaponie peut être pratiquée partout et valorise complètement tous les intrants du système. • Elle consomme peu d’énergie, prend peu d’espace et ne pollue pas l’environnement.
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• Depuis 2018, l’aquaponie peut être reconnue comme production biologique au Canada (GOUVERNEMENT DU CANADA, 2018), car elle n’utilise ni pesticides, herbicides, hormones ou autres additifs chimiques. Les pratiques de production doivent cependant suivre des normes strictes. L’utilisation de produits chimiques est généralement nuisible pour l’un ou l’autre des composants de l’écosystème aquaponique. Puisque les moyens de lutte contre les ennemis des plantes sont très limités en aquaponie, Bittsansky et coll. (2016, cités par JUNGE et coll., 2017) suggèrent de mettre l’accent sur la prévention afin de limiter les entrées de pathogènes et d’insectes. • Elle utilise beaucoup moins d’eau que la culture en sol ou en hydroponie, car le circuit d’eau est fermé et elle n’a donc pas besoin d’être renouvelée. Dans la culture en sol, l’eau percole et l’arrosage doit constamment être répété, tandis que dans les systèmes hydroponiques, l’eau doit être remplacée afin d’éviter l’accumulation d’éléments toxiques, ce qui n’est pas le cas en aquaponie. Il suffit simplement d’en ajouter périodiquement pour compenser la perte par évaporation et l’absorption par les plantes. Cela représente une économie en eau de 90% par rapport à la culture en terre ! • En aquaculture, les déchets doivent être disposés de manière convenable et peuvent poser problème, tandis qu’en aquaponie, ces déchets produits par les animaux aquatiques sont indispensables au système. Les déjections des animaux sont transformées par les bactéries puis converties en minéraux utiles aux plantes. Ce sont donc des fertilisants naturels. • Les plantes qui utilisent ces minéraux contribuent à purifier l’eau, offrant ainsi aux poissons un milieu de qualité. • Pour la même quantité de ressource initiale (nourriture pour poissons), on a deux produits : les poissons et les plantes.
3.2 L’hydroponie La culture hydroponique consiste à faire pousser des végétaux sans substrat, en utilisant seulement l’eau et des engrais chimiques. En Amérique du Nord, plusieurs plantes sont cultivées de cette manière, dont les tomates, les fraises, le basilic, la laitue et, plus récemment, les plantes à usage récréatif. Un des avantages de cette méthode de culture est qu’elle permet d’optimiser les rendements des végétaux en leur fournissant des nutriments facilement assimilables en quantité.
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Dans un système hydroponique, tout comme dans un système aquaponique, les racines des plantes baignent dans une eau riche en oxygène et en nutriments. Comme il n’y a pas de compétition au niveau des racines, les plantes accèdent facilement aux nutriments dissous dans l’eau, ce qui fait en sorte que les taux de croissance sont généralement beaucoup plus élevés que pour les cultures en sol. Ces plantes peuvent par le fait même, supporter un entassement plus grand qu’en agriculture en sol. Les types de supports où poussent les plantes en système hydroponique peuvent être similaires à ceux utilisés en système aquaponique. Un autre avantage de la culture hors sol est que les plantes sont moins susceptibles d’être attaquées par des prédateurs ou des parasites en provenance du sol, ce qui permet de limiter l’utilisation de pesticides. L’hydroponie nécessite l’utilisation d’engrais chimiques liquides très coûteux. De plus, certains ingrédients utilisés dans ce genre de produits sont devenus difficiles à acquérir, ce qui fait en sorte que les produits deviennent de plus en plus coûteux. L’aquaponie, quant à elle, n’a pas besoin de ces produits. Elle les remplace plutôt par de la nourriture pour les organismes aquatiques qui est beaucoup moins chère. À titre comparatif, un gallon de solution hydroponique peut coûter de 30 à 60$ et produira quelques tomates, tout au plus. Un sac de 50 livres de nourriture pour tilapia coûtera quant à lui un prix similaire, mais permettra d’avoir 38 livres de tilapia mature, ce qui permet de soutenir la production de 8 plants de tomates (Bernstein, 2011). Un autre inconvénient de l’hydroponie est que l’eau doit être changée périodiquement pour éviter l’accumulation de nutriments à un niveau qui pourrait devenir toxique pour les plantes. En effet, dans un système de culture hydroponique, entre 15% et 50% de l’eau amendée est rejetée, causant une source de pollution non négligeable (CIDES, 2008). L’endroit où disposer convenablement de cette eau pose problème, car elle ne peut pas être évacuée n’importe où. Dans un système aquaponique, l’eau n’a jamais besoin d’être changée, car les éléments qui pourraient devenir toxiques pour les plantes servent de nourriture à une autre composante de l’écosystème : les bactéries. La consommation d’eau pour ce type de système est donc moindre que dans un système hydroponique ou dans un système aquacole traditionnel (MAPAQ, s.d.). Le suivi des paramètres physicochimiques du système hydroponique a besoin d’être réalisé très fréquemment, soit à tous les jours ou au moins quelques fois par semaine. En aquaponie, un certain suivi doit être effectué, mais comme l’écosystème a tendance à s’équilibrer par lui-‐même après quelques mois, les paramètres tels le pH et l’ammoniaque peuvent être vérifiés une fois par semaine seulement et les autres tests, comme le taux de nitrates, peuvent être vérifiés à tous les mois (Bernstein, 2011).
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Finalement, la culture hydroponique est réalisée dans un environnement complètement stérile où l’humain y ajoute des produits chimiques, ce qui permet souvent d’atteindre des rendements très importants. Ces rendements sont difficilement atteignables dans les systèmes aquaponiques. L’aquaponie repose quant à elle sur des processus plus naturels. Il n’est pas possible d’ajouter des pesticides classiques dans un tel système, puisque les animaux aquatiques en souffriraient. Certains pesticides biologiques peuvent cependant être utilisés tels que des savons acides. Il ne faut pas non plus donner d’hormones ou d’antibiotiques aux animaux, car ce serait nuisible pour les plantes.
3.3 L’aquaculture L’aquaculture est la culture d’animaux ou de plantes aquatiques, principalement des poissons, des mollusques et des algues, dans un système naturel ou contrôlé en eau douce ou salée. En raison de la surexploitation des océans, l’aquaculture effectue une croissance fulgurante au niveau mondial et, en 2016, 47% de la production halieutique dans le monde provenait de l’aquaculture (FAO, 2018). Les récents développements en aquaculture font en sorte qu’il est maintenant possible d’élever des densités élevées d’organismes aquatiques n’importe où dans des bassins fermés. Cependant, ces méthodes d’élevage intensifs nécessitent beaucoup d’argent et d’énergie, puis comportent de nombreux risques. Ces organismes ont notamment besoin de beaucoup d’oxygène qui elle, dépend de l’électricité. Comme ils sont maintenus à de très grandes densités, une panne d’électricité de quelques minutes peut faire chuter le taux d’oxygène dans un système de production aquacole et être fatale pour les animaux qui y sont élevés. Comme les densités de poissons dans les bassins d’élevage sont très grandes, d’importantes quantités de déchets sont générées, dont une grande partie est constituée d’ammoniaque, principal déchet métabolique produit par le système respiratoire des organismes aquatiques et excrété par les branchies. Ce composé est hautement toxique pour les animaux lorsqu’il est présent en grande quantité. Les poissons produisent aussi des déchets solides issus de la digestion. De plus, les aliments non consommés qui coulent au fond des bassins constituent une autre source de déchets du système. Pour pallier à ces problèmes, les systèmes en recirculation sont munis de filtres (mécaniques, chimiques et biologiques) qui ont pour fonction principale de retirer les déchets. L’aquaculture nécessite également un renouvellement d’eau constant plus ou moins important, afin d’éviter l’intoxication des animaux qui sont
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élevés. L’aquaculture en circuit ouvert consomme donc de grandes quantités d’eau. L’eau rejetée, polluée par les déjections des animaux de ces systèmes, peut contribuer à l’eutrophisation des cours d’eau avoisinants. Afin de remédier à cette situation, des systèmes d’élevage en système partiellement fermé ont été développés, mais cela ne règle pas totalement le problème. En aquaponie, ces déchets indésirables sont des ressources indispensables de nutriments qui sont utilisés pour la croissance des plantes (BERNSTEIN, 2011).
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4. LES COMPOSANTES DU SYSTÈME AQUAPONIQUE Voici un résumé du cycle de l’eau dans un système aquaponique simple. Les organismes aquatiques, qui vivent dans les bassins d’aquaponie, consomment de la nourriture et défèquent dans l’eau. Cette eau viciée est pompée vers un filtre physique (éponge, sac, poche, cartouche) avant d’être traitée par le filtre biologique (bactéries nitrifiantes) et d’atteindre le bac de culture contenant les plantes. Les déchets solubles dans l’eau sont transformés par des bactéries du biofiltre en éléments minéraux accessibles et assimilables par les plantes. Les plantes poussent donc dans des bacs de culture hors sol en puisant les nutriments qui sont dissous dans l’eau. Par le fait même, elles contribuent à purifier l’eau, qui est renvoyée aux poissons. Idéalement, tous les nutriments qui sont introduits dans le système sont utilisés par les plantes. Afin que l’écosystème soit équilibré, stable et productif, il faut bien en connaître toutes les composantes et comprendre toutes les interactions entre elles. Ces dernières sont détaillées dans les sections ci-‐dessous. Quoi qu’il en soit, on note trois exigences communes aux composantes qui vivent en symbiose dans le système aquaponique: • une eau de qualité; • de l’oxygène en quantité suffisante; • une température relativement stable et adaptée aux espèces utilisées (Biton, 2017).
4.1 Les composantes vivantes 4.1.1 Les organismes aquatiques Les poissons De nombreuses espèces de poissons peuvent être utilisées en aquaponie comme la truite, le tilapia et la carpe. Certains crustacés comme les écrevisses peuvent également être utilisés et il existe même, aux Etats-‐Unis, des fermes avec des systèmes aquaponiques qui utilisent des alligators! Avant toute chose, il importe de bien évaluer nos besoins et nos moyens puisque l’espèce choisie dépendra de : • sa disponibilité locale en juvéniles. Il est plus facile de se procurer des espèces de pisciculture qui seront disponibles à l’année, que des espèces sauvages qui ne
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sont pêchées qu’en saison. Certaines espèces domestiques disponibles en animalerie peuvent aussi convenir à de petits systèmes à vocation pédagogique. La taille du système. Plus le système sera grand (volume d’eau important), plus il y aura de plantes à nourrir et plus il faudra de poissons ou de crustacés. Les températures possibles. La température de l’eau doit être relativement stable. Comme les organismes aquatiques sont des animaux à sang froid, ils s’ajustent à la température dans laquelle ils baignent. Des variations de température rapides et de grande ampleur leur provoquent un stress, ce qui peut affaiblir leur système immunitaire. Le degré de tolérance aux variations de température est différent d’une espèce à l’autre. Son aptitude à vivre en groupe assez dense. La densité de poissons ou d’organismes aquatiques doit être relativement élevée afin de produire assez de nutriments pour les plantes. Il faut compter au moins 20 kg de poissons par mètre cube d’eau. Il n’existe toutefois pas de norme universelle et les densités optimales sont propres à chaque espèce. La qualité de l’eau qu’elle exige. Selon l’espèce choisie, les besoins en oxygène et la tolérance à la pollution peuvent varier. L’eau doit être propre et bien aérée, car les poissons sont très sensibles aux pollutions chimiques de l’eau puisqu’ils la filtrent en permanence pour en retirer l’oxygène. Il ne faut donc pas qu’il y ait d’accumulation de matières organiques qui dégagent des gaz toxiques pour les poissons. De plus, le système d’aération doit être adéquat afin que la quantité en oxygène dissous dans l’eau soit suffisante pour supporter les densités élevées d’organismes. Leur mort peut être très rapide si les conditions optimales ne sont pas respectées. C’est pourquoi le système doit être stable et la circulation d’eau doit être adéquate. La réglementation. Il existe de nombreuses lois et normes à respecter concernant l’élevage d’organismes aquatiques. Celles qui s’appliquent aux poissons ne sont pas les mêmes que celles qui concernent les crustacés. Il importe donc de bien s’informer à ce sujet. Pour l’aquaculture commerciale au Québec, la liste des espèces autorisées est assez limitée et constitue un des facteurs limitant le développement de l’aquaponie dans la province. Les espèces permises sont essentiellement des espèces indigènes, à l’exception de la truite arc-‐en-‐ciel (LÉGIS QUÉBEC, 2017). Plusieurs établissements scolaires ont des comités d’éthique et de règles entourant les bonnes pratiques à appliquer avec des animaux vivants. Il est préférable de s’informer sur les normes en place au sein de son propre établissement avant de débuter un projet. Le conseil canadien de protection des animaux (CCPA) possède beaucoup d’informations sur la réglementation de la culture et des projets de recherche avec les poissons. 14
Il est important de consulter leur site internet avant l’introduction des poissons dans un système aquaponique. • Le caractère invasif ou non. Un des principaux vecteurs d’introduction d’espèces aquatiques envahissantes est l’élevage d’organismes hors de leur aire de répartition habituelle. Bien qu’habituellement, les individus soient confinés dans un milieu d’élevage, il est possible qu’ils s’échappent et colonisent le milieu naturel, faisant rapidement compétition aux espèces locales. Il faut donc éviter d’utiliser des espèces exotiques et privilégier les espèces indigènes, surtout si les organismes élevés dans le système aquaponique ne sont pas destinés à la consommation lorsque leur quantité deviendra trop grande (BITON, 2017). Le MAPAQ possède des listes de poissons autorisés selon les différentes régions du Québec. Finalement, il est essentiel d’avoir un plan établi afin de disposer des animaux morts en toute sécurité pour ne pas favoriser la propagation de maladie. Comme la nourriture est le principal apport en nutriments dans le système, il faut qu’elle soit de qualité, tant pour la santé des poissons que pour la croissance des plantes. La plupart des espèces de poissons domestiques et d'élevage au Canada ont une moulée spécialisée pour combler leurs besoins particuliers. Chaque espèce a des besoins très spécifiques afin de ne pas développer des carences et des problèmes de croissance. L'utilisation de ces moulées comporte plusieurs avantages. La densité de la moulée est calculée pour flotter ou couler afin de convenir aux habitudes alimentaires de l'espèce. Tous les composants utilisés pour produire la moulée sont sécuritaires pour l'espèce. Le profil de goût et d’odeur est aussi soigneusement choisi afin d’être appétant pour l’espèce. Certaines espèces comme les truites peuvent être très capricieuses. La composition de la moulée est régulière et finement détaillée. Cette dernière caractéristique vous permettra d'analyser plus précisément l'apport qui sera disponible aux plantes. Ces moulées sont parfois disponibles à l’animalerie. Dans le cas contraire, vous pouvez toujours vérifier avec le fournisseur avec qui vous vous êtes procuré vos organismes aquatiques. Il est fortement conseillé de maintenir les poissons dans un bassin sous un filet et à l’ombre afin d’éviter qu’ils ne s’échappent et pour leur procurer une sensation de cachette. Les poissons n’aiment pas nécessairement la lumière et vivent très bien dans la pénombre. De plus, il faut éviter les dérangements tels les bruits, les vibrations, etc. Les crustacés (écrevisses) Les espèces aquacoles qui ont été utilisées pour les projets d’aquaponie du Cégep de la Gaspésie et des Îles sont l’écrevisse à pinces bleues (Orconectes virilis) et l’écrevisse
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géante (Cambarus robustus), car celles-‐ci présentent de nombreux avantages. Il est possible d’alimenter les écrevisses simplement avec des légumineuses (riches en nutriments essentiels aux plantes) et leurs seuils de tolérance à des variations de pH et de déchets azotés sont assez élevés. Par ailleurs, les écrevisses peuvent généralement tolérer des températures qui permettent la croissance des plantes (environ 20°C), ce qui en font également de bonnes espèces à utiliser pour les systèmes aquaponiques. Figure 2. Des abris construits à partir de tuyaux en PVC L’utilisation des écrevisses collés permettent aux écrevisses de se protéger (crédit permet également de photo : Pierre-‐Olivier Fontaine). valoriser une espèce sous-‐exploitée au Québec. Finalement, comme les expériences ont eu lieu aux Îles-‐de-‐la-‐Madeleine (milieu isolé où le temps de livraison des spécimens peut être assez long), le choix des écrevisses s’est avéré judicieux, car elles supportent bien quelques jours de transport, à condition d’être maintenues dans une glacière avec des linges humides. Les écrevisses sont cependant des espèces cannibales et compétitives qui ont tendance à se battre et se manger entre elles. Leur élevage exige donc Figure 3. Dispositif empêchant les écrevisses de des abris pour qu’elles puissent s’échapper du système (crédit photo: Lisandre G. se protéger (figure 2). De plus, Solomon). les écrevisses ont la capacité
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d’escalader très efficacement différentes structures et ont tendance à vouloir fuir le système aquaponique. Une grille est donc nécessaire pour limiter les évasions (figure 3). 4.1.2 Le biofiltre et les bactéries Un biofiltre colonisé par des bactéries doit être utilisé dans les systèmes aquaponiques afin de transformer les déchets azotés (ammoniaque) produits par les animaux aquatiques en nitrites puis en nitrates. Ces dernières jouent donc un rôle essentiel dans le fonctionnement des systèmes. Le type de bactéries utilisées en aquaponie sont dites nitrifiantes puisqu’elles transforment l’ammoniaque, soit excrétée par les poissons, soit issue de la décomposition des matières organiques, en nitrates très peu toxiques pour les animaux et servant de premier nutriment pour les plantes (BERNSTEIN, 2010; WONGKIEW et coll., 2017). Elles effectuent en quelque sorte un compostage humide. Les plus importants groupes de bactéries impliquées dans le processus de transformation de l’ammoniaque sont les bactéries oxidatrices d’ammoniaque et les bactéries oxidatrices de nitrites (Munguia-‐Fragozo et coll., 2015). Ces groupes de bactéries oxidatrices d’ammoniaque appartiennent généralement au genre Nitrosomonas alors que les bactéries oxidatrices de nitrites appartiennent au genre Nitrobacter. D’autres types de bactéries peuvent également être impliqués dans le processus de nitrification. Afin de proliférer, ces bactéries ont besoin d’un substrat pour s’accrocher. Elles se multiplient rapidement, si la température de l’eau n’est pas trop froide, pour occuper toute la surface qui est mise à leur disposition. Elles forment un film sur toutes les composantes du système : bassin, tuyaux, filtres, etc. De plus, elles colonisent le substrat supportant les racines des plantes. Elles ne tolèrent pas bien la lumière et ont besoin d’humidité, c’est pourquoi elles colonisent très peu les surfaces éclairées et sèches. Afin de maximiser leur efficacité tout en conservant la propreté du système, il est nécessaire de fabriquer un biofiltre. Le biofiltre est une section d’un système, oxygéné et à l’obscurité, dans lequel les bactéries peuvent proliférer en raison de la grande quantité de substrats pour les accueillir. Vous pouvez remplir ce biofiltre de substrat spécialisé ou encore avec des éléments du quotidien. Certains biofiltres artisanaux sont remplis de billes de plastique pour fabriquer des colliers ou encore de blocs lego. L’important est d’avoir une grande quantité de surfaces auxquelles les bactéries peuvent venir se fixer. Il est essentiel de toujours placer votre biofiltre après le filtre physique de votre système afin de ne pas colmater votre biofiltre avec de la
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matière organique et de ne pas attirer, par le fait même, des bactéries qui feraient le chemin inverse de la nitrification en produisant de l’ammoniaque. Les bactéries nitrifiantes sont aérobies. Elles ont donc besoin d’oxygène pour fonctionner. En s’assurant d’une bonne oxygénation du système, ces dernières prennent facilement le dessus sur les bactéries anaérobies, souvent néfastes. De plus, elles ont besoin d’une certaine température pour proliférer suffisamment. Bien qu’elles soient actives sur un large éventail de températures, leur température optimale se situe entre 15°C et 35°C et idéalement au-‐dessus de 20°C (SOUTHERN et KING, 2017). Leur activité diminue en fonction de la température. L’apport en « nourriture » (ammoniaque) doit être constant afin de maintenir les colonies bactériennes. C’est pourquoi si le système est arrêté durant une période de temps, il faudra reprendre progressivement l’alimentation des animaux aquatiques afin que le biofiltre redevienne efficace. De plus, certaines choses sont à éviter pour bien conserver la colonie bactérienne. Par exemple, l’eau chlorée directement sortie du réseau public, la matière organique trop abondante, les antibiotiques et le manque d’oxygène dissous dans l’eau peuvent nuire grandement aux bactéries d’un système aquaponique (BITON, 2017). 4.1.3 Les plantes De nombreux types de plantes peuvent être cultivées en aquaponie, mais il est important de se renseigner sur les besoins spécifiques de chaque espèce avant de se lancer dans la culture de celles-‐ci. Le document suivant ne présentera pas toute l’étendue des cultivars possibles. Il dressera plutôt un portrait des éléments à prendre en considération dans le choix des plantes. Un des principaux facteurs limitants pour les plantes est la lumière. Cette dernière est essentielle pour la bonne croissance des plantes et la luminosité est un critère très important à prendre en compte lorsque l’on installe un système aquaponique. L’idéal est d’installer un système aquaponique dans une serre pour bénéficier de la lumière du soleil ou encore sur le bord d’une fenêtre, mais lorsque ce n’est pas possible (comme c’est souvent le cas en milieu scolaire) il est tout de même possible d’utiliser un éclairage artificiel. Des lumières DEL ou des fluorescents peuvent faire l’affaire. Des boutiques spécialisées en matériel pour les cultures maraichères ou hydroponiques pourront vous conseiller sur le choix des lumières selon vos besoins. En fonction du type d’éclairage sélectionné, il pourra être préférable d’opter pour la culture de plantes qui sont moins exigeantes en lumières comme la laitue, l’épinard, le chou kale, la bette à carde, les fines herbes, etc.
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Les plantes ont besoin de plusieurs éléments essentiels généralement puisés dans le sol. Les éléments cruciaux dans la culture aquaponique sont l’azote, le phosphore, le potassium, le calcium, le magnésium et le fer (SOUTHERNE et KING, 2017). D’autres nutriments sont essentiels, mais en très petites quantités. Ces derniers servent de catalyseurs pour certaines réactions chimiques. On les appelle les oligoéléments ou micronutriments. Parmi ces derniers, il y a le bore, le chlore, le cuivre, le manganèse, le molybdène et le zinc. Les plantes ne sont pas capables d’absorber les grosses molécules organiques. Ces dernières doivent avoir été « cassées » pour se retrouver sous leur forme minérale puis dissoutes dans l’eau. Dans un système aquaponique, la source initiale de tous les nutriments est la nourriture des poissons et leurs déjections, car c’est le seul intrant du système. Lorsqu’on observe certaines carences, il est cependant possible d’ajouter certains éléments. C’est souvent le cas pour le calcium, le potassium, le fer et occasionnellement le magnésium (SOUTHERNE et KING, 2017). Pour les ajouts de fer, il est essentiel que celui-‐ci soit chélaté pour être accessible aux plantes (RAKOCY, 2007). Pour la plupart des plantes, une température d’au moins 18°C est nécessaire pour assurer une bonne croissance (BERNSTEIN, 2011; BITON, 2017). Plusieurs variétés de plantes à feuilles comme les laitues, le chou kale et les bettes à cardes tolèrent une vaste gamme de températures. Par contre, certaines espèces préfèrent des températures plus élevées comme les tomates, les aubergines, les poivrons, etc. Ces plantes à fruits seront également plus exigeantes aux plans des éléments nutritifs et de l’éclairage. De plus, comme leur temps de culture est plus long, elles sont moins adaptées au contexte pédagogique que les légumes qui poussent plus rapidement. Enfin, certaines plantes sont moins adaptées à la culture aquaponique, comme c’est le cas pour les légumes racines tels que les carottes et les pommes de terre. Afin d’optimiser la production de vos plantes, il est aussi crucial de concevoir le système (voir section 4.3.1) en fonction de l’espèce visée. Les plantes à feuilles tolèrent généralement les systèmes à radeaux. Les plus grands plants (tomates, arbustes voire même bananiers) préfèrent des lits de billes d’argiles profonds pour leur croissance. Certaines espèces ont des exigences particulières comme les fraisiers qui préfèrent un système reproduisant les marées où leurs racines ne baignent pas continuellement dans l’eau. Il est préférable d’acheter vos semences dans des serres et des magasins spécialisés. Des souches sélectionnées pour croître de façon plus efficace dans des systèmes hydroponiques et aquaponiques ont été développées par des semenciers spécialisés.
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4.2 Les composantes physicochimiques 4.2.1 L’ammoniac et le cycle de l’azote L’azote est un élément très important pour les plantes, car il est un constituant essentiel des protéines, des acides nucléiques, des hormones, de la chlorophylle et d’une foule de composés chez les plantes (HOPKINS, 2003). On le retrouve sous plusieurs formes dans le système (Figure 4). Tout d’abord, les poissons sont nourris avec une nourriture organique qui contient de l’azote sous forme de protéines. Après l’avoir consommé, les organismes aquatiques excrètent des déchets azotés sous forme d’ammoniaque dissous. Il est important de comprendre qu’en milieu aquatique, l’ammoniaque existe simultanément sous sa forme non-‐ionisée (NH3) et sa forme ionisée (NH4 ). L’équilibre entre les deux formes dépend du pH et de la température (PETITET-‐GOSGNACH, 2017). Ceci étant dit, c’est la forme non-‐ionisée qui est particulièrement nocive pour les organismes aquatiques (Environnement et ressources naturelles Canada, 2015). À très faible dose, cette substance peut être tolérée par les animaux, mais elle peut rapidement s’accumuler si elle n’est pas contrôlée et devenir toxique. C’est pourquoi on utilise des bactéries afin de maintenir la concentration en ammoniaque totale (NH3 + NH4+) sous la barre de 0,5 ppm (BITON, 2017). L’ammoniaque sert de nourriture à un premier genre de bactéries (Nitrosonomas) qui la transforme en nitrites (NO2-‐) en présence d’oxygène. Les nitrites sont également toxiques (0,5 ppm) pour les animaux puisqu’ils perturbent leur capacité à absorber l’oxygène, alors un autre genre de bactéries entre en jeu : Nitrobacter. Ces dernières dégradent les nitrites en nitrates (NO32-‐), qui eux sont très peu toxiques. C’est la forme sous laquelle l’azote est directement assimilable par les plantes (TYSON et coll., 2008). Les éléments du système aquaponique peuvent tolérer des concentrations de nitrates allant de 100 à 1000 ppm sans nuire aux productions aquacoles, mais les plantes maintiennent généralement les nitrates à une concentration inférieure à 500 ppm (SOUTHERNE et KING, 2017). Les plantes puisent les nitrates directement dans l’eau, qui est retournée aux animaux avec une quantité de déchets azotés diminués. Selon GRABER et JUNGE (2009), 69% de l’azote généré par les poissons dans un système aquaponique est converti en végétaux. De cette manière, l’eau peut être recirculée continuellement sans problème dans le système. +
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Avant d’ajouter les poissons et les plantes dans un système aquaponique, il faut s’assurer que les colonies de bactéries soient bien établies et efficaces. Comme elles ont un développement lent, il faut prévoir environ 8 semaines pour qu’elles colonisent bien le système (BITON, 2017). La vitesse de colonisation est cependant fortement influencée par la température du système. Bien que les bactéries soient présentes dans l’environnement et puissent coloniser par elles-‐mêmes un système aquaponique, il est recommandé d’apporter une source de bactéries nitrifiantes au système afin d’accélérer le processus de cyclage. Pour ce faire, on peut simplement prendre un échantillon de substrat d’un autre système aquaponique ou d’un aquarium en bonne santé, puis les transférer dans notre nouveau système. Il est également possible de se procurer une solution de bactéries nitrifiantes en animalerie. ATTENTION ! Avant d’ensemencer les bactéries, il faut s’assurer que les conditions propices à leur développement soient atteintes, c’est-‐à-‐dire que l’eau ne contienne plus de chlore et qu’elle soit bien oxygénée. De plus, on doit leur apporter de la nourriture (de l’ammoniaque) afin qu’elles puissent bien se développer. Cet apport en nourriture peut se faire sous plusieurs formes. On peut introduire, dès le début du cyclage, les poissons afin qu’ils excrètent des déchets azotés après les avoir nourris. Toutefois, comme le filtre biologique n’est pas encore efficace et que l’ammoniaque est toxique, cela nécessite de changer une partie de l’eau lorsque la quantité d’ammoniaque est trop élevé afin d’éviter que les poissons ne s’empoisonnent. Cette méthode n’est donc pas adaptée à un gros système. Il est aussi possible d’ajouter de l’ammoniaque pur, souvent vendu en poudre, directement dans l’eau ou encore de la nourriture en décomposition qui, au bout d’un certain temps,
Figure 4. Cycle de l’azote dans un système aquaponique.
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générera de l’ammoniaque. Cette dernière option amènera cependant un apport considérable de matière organique dissoute dans l’eau et peut amener la colonisation par des bactéries autres que les bactéries nitrifiantes, ce qui rend la filtration biologique moins efficace. Il est difficile de déterminer la quantité d’ammoniaque à ajouter au système. Cela dépend de la concentration de la source d’ammoniaque ainsi que du volume d’eau. Il faut donc y aller petit à petit en ajoutant l’ammoniaque et en mesurant la concentration un jour plus tard, une fois le système équilibré. L’objectif est de maintenir une concentration se situant entre 0,5 et 3 ppm. Le suivi doit être fait à tous les jours, jusqu’à ce que le système soit cyclé, c’est-‐à-‐dire que les colonies de bactéries soient matures et puissent transformer l’ammoniaque en nitrates. Au départ, les quantités d’ammoniaque sont élevées. Au fur et à mesure que Nitrosomonas le consomme, on voit apparaître un pic de nitrites. Cette concentration élevée fera intervenir les bactéries du genre Nitrospira et Nitrobacter qui vont se développer et transformer les nitrites en nitrates. À ce moment, les concentrations en ammoniaque et en nitrites resteront basses puis les nitrates seront augmentés. Cela indique que le système est cyclé. 4.2.2 Le pH Tous les organismes de l’écosystème aquaponique ont un pH optimal auquel est adapté leur métabolisme. Comme cet optimum est différent pour les bactéries, les poissons et les plantes, il faut rechercher un compromis. Un pH adéquat pour l’aquaculture se situe généralement entre 6,5 et 8,5 alors que le pH idéal pour la culture des plantes se situe généralement entre 5,5 et 6,5. Ces valeurs favorisent l’assimilation des nutriments par les plantes. Le pH influence la forme chimique sous laquelle se trouvent les molécules, les rendant accessibles ou non pour les plantes. Par exemple, si le pH est trop haut, certains nutriments comme le fer se présentent sous une forme qui n’est pas assimilable par les plantes. Ces dernières se retrouvent donc avec des carences (BITON, 2017). Le pH idéal pour favoriser la nitrification est cependant de 8,5 (MUNGUIA-‐FRAGOZO et coll., 2015; ZOU et coll., 2016). La transformation de l’ammoniaque en nitrites et en nitrates peut cependant s’effectuer à des valeurs de pH beaucoup plus basses. TYSON et coll. (2011) suggèrent de favoriser un pH qui permet d’optimiser la nitrification de l’ammoniaque plutôt que la croissance des végétaux, car la nitrification de l’ammoniaque est l’élément essentiel de l’équilibre d’un système aquaponique. SOUTHERNE et KING (2017) mentionnent quant à eux qu’il est préférable de maintenir le pH à des valeurs optimales pour les végétaux (environ 6,5), ce qui favorise la croissance des plantes, nuit peu à la croissance des poissons et
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permet une nitrification satisfaisante de l’ammoniaque. Il ne faut toutefois pas oublier l’espèce animale dans l’équation. En bref, le maintien d’un pH entre 6 et 7,5 semble adéquat, mais devrait être ajusté en fonction de l’espèce choisie pour trouver une zone de compromis.
4.2.3 L’oxygène L’oxygène est essentiel pour toutes les composantes vivantes du système aquaponique, il est donc important de bien le gérer. Le taux d’oxygène diminue lorsque la température augmente. En effet, à 5°C, le taux maximal d’oxygène dans l’eau est de 12 mg/L. À chaque 5°C de plus, le taux de saturation diminue, c’est-‐à-‐dire qu’à 10°C, le taux maximal d’oxygène dans l’eau est de 11 mg/L; à 15°C, il est de 10 mg/L, et ainsi de suite (PETITET-‐GOSHNACH, 2017). La consommation d’oxygène par les organismes aquatiques augmente quant à elle avec l’augmentation de la température. Puisque les animaux des systèmes aquaponiques sont poïkilothermes (à sang froid), leur métabolisme augmente avec la température. L’utilisation de compresseurs et de soufflantes d’oxygénation (diffuseurs à air) est souvent nécessaire pour oxygéner le système adéquatement. Ces composantes doivent être situées juste avant le déversement de l’eau dans le réservoir à poissons et dans le biofiltre. Plusieurs recherches ont aussi documenté qu’une bonne oxygénation sous les racines pouvant stimuler la croissance des plantes (PADE, 2008; RAKOCY, 2007). Le suivi de la quantité d’oxygène dissout dans le système doit être fait régulièrement. Une sonde à oxygène permet d’effectuer ce suivi. Lorsqu’on ajoute de l’eau dans le système, il faut compter plusieurs heures afin que le taux d’oxygène revienne à la normale. 4.2.4 La prise de mesure des éléments physicochimiques Plusieurs types de tests existent afin de bien suivre tous les éléments chimiques mentionnés précédemment, ainsi que d’autres. Il est toutefois important de se procurer des tests adaptés au système aquaponique. Par exemple, il est inutile d’avoir un test de pH avec une échelle allant de 0 à 14 si l’eau se situe entre 6 et 8. Assurez-‐vous également que vos tests sont conçus pour l’eau douce. Pour suivre l’évolution des éléments physico-‐chimiques du système dans le temps, il est recommandé de tenir un petit cahier spécialement pour cet usage. Voici quelques exemples des tests qui peuvent être effectués :
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Les bandelettes Les bandelettes sont les tests les plus simples puisqu’il suffit simplement de tremper la bandelette dans l’eau puis l’égoutter. Après un certain temps de réaction, la couleur de la bandelette est comparée à une échelle de couleur qui permet de déduire la concentration de la substance en question. Le pH, les nitrites et les nitrates peuvent être mesuré à l’aide de bandelettes, mais les résultats ne sont pas toujours très précis. Les tubes et gouttes Pour ce type d’analyse, il suffit de prendre en échantillon d’eau à l’aide d’un petit tube marqué afin d’avoir la bonne quantité nécessaire pour le test. On y ajoute un nombre précis de gouttes, puis on attend un certain temps de réaction, qui variera selon le type de test effectué. Par la suite, comme pour les bandelettes, la couleur de la solution obtenue est comparée à une échelle de couleur qui permet déduire la concentration de la substance mesurée (Figure 5). Ces tests sont souvent plus précis que les bandelettes, mais plus longs à réaliser. Pour les projets réalisés au campus des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine, des tests des marques Nutrafin de Hagen (utilisés en aquariophilie) ont été utilisés.
Figure 5 L’analyse des différents nutriments a été réalisée avec des trousses d’analyse avec tubes et gouttes (crédit photo: Josiane Bergeron).
Les sondes Il existe également certains outils spécialisés qui permettent de connaître avec précision la valeur de certaines composantes chimiques du système (figure 6). Par exemple, le pH-‐ mètre est une sonde que l’on plonge tout simplement dans l’eau afin d’avoir la valeur exacte du pH. Il existe également des sondes pour mesurer la quantité d’ammoniaque. Ces dernières sont toutefois plus complexes, car elles sont couplées avec des réactifs qui doivent être ajoutés à l’eau. Les sondes sont bien sûr beaucoup plus dispendieuses que les bandelettes et les gouttes, mais plus précises. Cela peut valoir la peine lorsque les systèmes sont de plus grande envergure. Les sondes peuvent aussi être un bon outil
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pour permettre aux étudiants et étudiantes affectés par le daltonisme de participer à l’analyse de la composition chimique du système.
4.3 Les composantes physiques et mécaniques Jusqu’à présent, il existe peu d’entreprises qui offrent de systèmes aquaponiques prêts à assembler et les systèmes qui existent ne répondent pas toujours aux besoins de l’enseignement collégial. Il vaut mieux connaître toutes les options qui s’offrent à nous afin de construire un Figure 6. Prise de mesures physicochimiques à système qui répond bien à nos besoins. l’aide d’une sonde (crédit photo: Josiane Bergeron) L’important est que le système soit simple, robuste, efficace, stable puis facile à entretenir et réparer (BITON, 2017). Le Club d’aquaponie de l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec offre un service de conception et d’accompagnement pour concevoir des systèmes aquaponiques. Il est possible de les contacter à l’adresse suivante: club-‐[email protected] pour obtenir plus d’informations. 4.3.1 Les types de support de culture en aquaponie Il existe quatre types de supports de culture plus fréquemment utilisés en hydroponie et en aquaponie: les gouttières horizontales, les tours verticales, les radeaux en eau profonde et la culture en bac de substrat. La culture en gouttières horizontales Dans ce type de système, les plantes sont irriguées par un mince film d’eau contenu au fond de la gouttière. Les racines ne sont donc en contact que partiellement avec de l’eau, ce qui permet une bonne oxygénation des racines. Par contre, l’utilisation de ce type de système est moins bien adapté aux cultures de gros plants qui nécessitent beaucoup de temps de croissance, car les racines peuvent bloquer la circulation de l’eau dans les gouttières. Il faut donc vérifier régulièrement la taille des racines et les tailler au besoin si elles deviennent envahissantes. Ce type de système a été utilisé pour les
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projets pédagogiques au campus des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine. Il permet notamment de faire pousser plusieurs plants dans les mêmes conditions pour avoir plusieurs réplicats lors des expérimentations. La culture en tours verticales Dans ce type de système, l’eau est amenée aux plantes par le haut via des goutteurs puis elle percole au travers un substrat inerte où sont placés les végétaux. Ce système est particulièrement adapté dans les endroits restreints. Cependant, comme l’eau y circule très peu (comme c’est le cas pour la culture en gouttière), cela peut être néfaste puisque la qualité d’eau peut s’y dégrader plus rapidement. De grandes pertes de chaleur peuvent aussi être causées par ce type de système. La culture sur radeaux en eau profonde Les plantes sont installées dans de grands bacs sur des radeaux. Les racines baignent directement dans une eau oxygénée. Comme l’eau est toujours en mouvement grâce aux diffuseurs à air, ce type de système est idéal pour des installations à plus grande échelle. Dans certains cas, les espèces aquatiques peuvent être élevées directement sous les plantes, mais il est préférable de les garder dans des bassins séparés. La culture en bac de substrat Dans la culture en bac de substrat, les plantes sont installées dans un bac rempli de substrat inerte (ex. billes d’argile expansée) que l’on irrigue régulièrement. C’est ce genre de bac que l’on utilise dans les systèmes de tables à marée où le substrat est inondé, puis drainé de façon régulière. Il peut aussi être inondé en permanence. Dans ce type de système, les plantes sont installées comme si on les plantait en sol. Il n’y a pas de petits espaces réservés pour chaque plant. La profondeur du bac doit permettre d’offrir un volume de développement suffisant aux racines. Idéalement, elle devrait être comprise entre 20 et 30 cm. Le bac ne doit pas non plus être trop large afin de favoriser l’accès aux plantes en tout temps. Si on y accède seulement d’un côté, la largeur maximale devrait être de 80 cm et si on peut y accéder des deux côtés, elle devrait être de 1,20 mètre (BITON, 2017). Il est possible d’installer les bacs sur des pieds ou au sol. Toutefois, le fait de les surélever sur des pieds permet une position de travail beaucoup plus ergonomique. Dans ce cas, il faut s’assurer que la structure qui supporte le bac soit très solide, car le tout est très lourd. Pour les plantes qui nécessitent d’être palissées, comme les concombres et les tomates, il est préférable d’utiliser des bacs près du sol afin d’éviter que les plantes soient trop hautes.
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4.3.2 Les matériaux à utiliser Afin d’éviter que des substances en provenance des matériaux utilisés s’accumulent et contaminent l’eau ainsi que les organismes du système aquaponique, il est important d’opter pour des matériaux non toxiques (BERNSTEIN, 2011). Il est même recommandé d’utiliser des matériaux certifiés de qualité alimentaire. Tous les types de métaux sont à éviter puisqu’ils peuvent relâcher certaines particules dans l’eau. Ceci est particulièrement important à considérer dans un système aquaponique puisque le pH légèrement acide favorise la dégradation du métal. Le zinc et le cuivre peuvent être toxiques pour les organismes aquatiques, même à faibles quantités. Il faut donc éviter d’utiliser des bacs en acier galvanisé et des tuyaux de plomberie métalliques (BITON, 2017; BERNSTEIN, 2011). Le plastique est le matériel à favoriser, mais pas n’importe lequel puisque certains peuvent relâcher des substances toxiques, surtout lorsqu’ils sont exposés au soleil. Les meilleurs plastiques à utiliser sont ceux identifiés par les pictogrammes 2 et 4 (polyéthylène) puis 5 (polypropylène). Tous les autres sont à éviter, à l’exception du PVC-‐U (PVC réticulé) qui est certifié pour l’eau potable (BITON, 2017). Il est également fortement recommandé d’utiliser des colles et des silicones de grade alimentaire, afin de ne pas contaminer le système avec des produits chimiques qui pourraient être néfastes pour les organismes vivants.
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5. L’INSTALLATION DES SYSTÈMES DU PROJET 5.1 Informations générales aquaponiques
pour
l’installation
des
systèmes
Les systèmes d’aquaponie utilisés pour les projets pédagogiques au campus des Îles-‐de-‐ la-‐Madeleine ont été montés par un groupe d’étudiants du profil sciences pures du cours Activité synthèse de programme (360-‐293-‐GA) (voir fiche pédagogique #4). Ils ont été accompagnés d’un technicien aquacole de Merinov pour l’installation. Il n’est pas conseillé d’installer ces systèmes dans une classe ou un laboratoire, car il peut y avoir des fuites d’eau causées par des bris sur la tuyauterie et par les manipulations lors de la réalisation des projets. Un entrepôt, un garage ou une serre peuvent très bien convenir à l’installation de ce type de système. L’alimentation en eau douce est également à prévoir pour le remplissage et le nettoyage des systèmes. Les systèmes utilisés lors du projet au campus des Îles-‐de-‐la-‐ madeleine ont été faits sur mesure par un consultant en aquaponie (voir figure 7). Toutefois, il est définitivement possible de concevoir ces systèmes soi-‐même avec des ouvrages de référence, un bon technicien, un peu de Figure 7. Systèmes aquaponiques utilisés lors des projets débrouillardise et les réalisés au campus des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine (crédit photo: ressources financières Lisandre G. Solomon). nécessaires. Les types de systèmes utilisés dans ce projet-‐ci sont pour la culture en gouttières horizontales.
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5.2 Les étapes du montage, leur utilité et les pièces requises 1-‐ La cuve à poisson (fish tank) ou le lavabo blanc (voir figure 7, figure 9 et figure 10) a été le premier élément à être installé. Cette cuve a une capacité théorique de 70 litres, mais un niveau moindre est conseillé (environ 50 litres au réel). Une mise au niveau minutieuse des pattes du lavabo a été nécessaire lors de cette étape. Un drain en tuyau PVC a également été inséré dans le drain du lavabo. La hauteur du drain détermine la hauteur de la colonne d’eau dans le lavabo. Un filet, un grillage ou un nytex doit être installé sur la sortie supérieure du drain si des écrevisses sont utilisées pour l’expérience, afin d’éviter qu’elles ne s’échappent de la cuve (voir figure 3). L’ajustement de la purge sous le lavabo a également été faite à cette étape. Cette purge sert à vider le lavabo de son contenu en eau lors du nettoyage ou de la vidange finale. Du téflon en ruban a été appliqué sur les parties mâles (treads) de la purge et sur tous les tuyaux du système afin d’empêcher d’éventuelles fuites d’eau. Un autre tuyau relie ensuite la cuve à poissons au bassin de sédimentation. C’est dans ce sens que l’eau circulera. 2-‐ Le bassin de sédimentation (95 L) (en bleu sur les figures 9 et 10; gros bidon bleu sur la figure 7) a ensuite été installé sous les gouttières. C’est lui qui recevait l’eau de la cuve à poisson. Les eaux « usées » provenant du lavabo, chargées en particules à cause des déchets des animaux et des rejets de nourriture, vont atteindre la première étape du bassin de sédimentation. Les eaux déchargées de particules vont ensuite passer vers la deuxième étape du bassin. C’est dans la deuxième étape que la pompe tire l’eau afin de la faire circuler dans tout le système. 3-‐ La pompe Hydor, en noir sur les schémas des figures 9 et 10, est une pompe externe utilisée en aquariophilie. Le model utilisé pour ce projet était Hydor professional 350. Cette pompe possède une capacité de pompage 900 litres/heures et est conçu pour les aquariums de 220-‐350 litres. Elle réalise la filtration mécanique, biologique et chimique de l’eau présente dans le système. 4-‐ Le refroidisseur (pas présent sur les figure 9 et 10, juste après l’étape de la pompe) permettait de refroidir l’eau à la température voulue et surtout, de maintenir cette température stable. Dans notre cas, il était avantageux de maintenir la température de l’eau autour de 18-‐20°C afin d’assurer la survie des écrevisses. La température de l’eau est un facteur encore plus important lorsque des élevages de poissons d’eau froide sont réalisés, le refroidisseur devient donc un élément incontournable dans ce cas. Le modèle utilisé dans ce projet-‐ci (un pour chaque système, donc trois au total) était de marque Coralife. Ses caractéristiques sont les suivantes : il possède ¼ de force, une capacité refroidissante allant jusqu’à 125 gallons et il est doté d’une technologie
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échangeur de chaleur en titanium. Ce petit refroidisseur est compact, ce qui facilite son installation sous les tables où sont posées les cultures en gouttières. 5-‐ Le biofiltre, élément en gris sur les figures 9 et 10 (sur la table). Cet élément a permis de retirer une partie de l’ammoniaque toxique excrété par les organismes (poissons ou écrevisses) dans chaque système. Pour bien comprendre le cycle de l’azote et le cyclage des systèmes, voir la section 4.2 sur les composantes physico-‐chimiques. Chaque chaudière de 25 litres (une pour chaque système, donc trois au total) contenait des substrats d’attache pour les bactéries nitrifiantes (voir point 6 ci-‐dessous) et un diffuseur à air pour l’oxygénation. Les substrats d’attache pour les bactéries sont souvent des billes trouées ou petites formes de plastiques d’un cm de diamètre. Dans ce projet-‐ci, il y avait environ 10-‐15 litres de ce substrat par chaudière. Une partie de l’eau arrivant du refroidisseur a donc pu accéder à la chaudière de biofiltration par le bas et en est ressortie par le haut pour retourner à nouveau dans la cuve à poisson. L’autre partie de l’eau qui arrivait du refroidisseur était quant à elle dirigée vers les gouttières avec les légumes. Deux circuits d’eau ont donc voyagé en parallèle dans les systèmes à ce point-‐ci. 6-‐ Les bactéries nitrifiantes (dans le biofiltre en gris sur les figures 9 et 10). Une solution de bactéries nitrifiantes doit être achetée avant la mise en circulation de l’eau dans les systèmes. On peut se la procurer dans les animaleries ou encore dans les magasins spécialisés en aquaculture comme chez Aquamerik. La solution de bactéries nitrifiantes doit être idéalement ajoutée plusieurs semaines dans les systèmes avant l’ajout des poissons ou écrevisses. Voir la section 3.2 sur les aspects physico-‐chimiques importants pour le cyclage du système. 7-‐ Les gouttières servant à la culture des plantes sont illustrées en noir et gris avec les trous verts dans les figures 9 et 10. Deux gouttières d’une capacité de 10 litres chacune ont été posées côte à côte sur une table de support (au milieu de la figure
Figure 8. Paniers remplis de billes d’argile s emi-‐immergées dans les gouttières. Le plant de basilic a été préalablement cultivé dans un bloc de laine de roche. (crédit photo : Lisandre G. Solomon).
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7). Ces gouttières étaient recouvertes d’un couvercle longitudinal perforé à plusieurs endroits (trous d’un diamètre d’environ 10-‐15 cm) afin de permettre l’installation des paniers servant aux cultures. Chaque panier conique était rempli de billes d’argiles et le semis, qui était préalablement germé sous milieu contrôlé dans un bloc de laine de roche, était installé au milieu des billes dans chacun des paniers (figure 8). Chaque gouttière comportait 10 trous permettant ainsi l’installation des paniers avec les plants. L’eau pouvait ainsi accéder aux racines des plantes, car le panier était semi-‐immergé par son insertion dans la gouttière. Le petit matériel servant à la culture des plantes (billes d’argile, laine de roches, paniers, etc.) a été acheté dans une boutique spécialisée dans le matériel d’hydroponie (https://hydrodionne.com/). Les semis qui ont été testés dans les différents projets pédagogiques sont détaillés dans les fiches pédagogiques présentées en annexe. 8-‐ Les lumières (pas présentes sur les figures 9 et 10) ont été installées par-‐dessus les gouttières. Ces lumières de marque LED Sunblaster 6400 K ont donc été fixées au plafond pour descendre à environ 25-‐30 cm au-‐dessus des plantes. Une barre lumineuse de 96 DEL (48 pouces, 48 W) puis une de 48 DEL (24 pouces, 24 W) a été nécessaire pour couvrir une gouttière complète. Nous avons donc utilisé 6 barres de 48 pouces, puis 6 barres de 24 pouces pour couvrir l’ensemble du système. Vue de coté Vue de devant
Vue de dessus
Figure 9 : différentes vues du système aquaponique utilisé pour les projets pédagogiques au Campus des Îles. ( Réalisation d es s chémas : Daniel Leblanc)
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Figure 10 : système aquaponique complet utilisé au campus des Îles pour les projets pédagogiques. (Réalisation du schéma : Daniel Leblanc)
CONCLUSION L’utilisation des systèmes aquaponiques dans le cadre de l’enseignement des sciences au collégial nécessite de nombreuses connaissances techniques et représente certains défis pour les institutions collégiales. Par exemple, l’accès à du support technique, les contraintes financières, les difficultés d’approvisionnement en équipements ou espèces, le roulement de personnel et l’adaptation des horaires sont des éléments qui peuvent limiter la réalisation de ce type de projet. Une bonne préparation effectuée par une équipe régulière et motivée est donc nécessaire avant de se lancer dans l’aventure de l’aquaponie. Les projets d’aquaponie réalisés dans le cadre du programme de Sciences de la nature au campus des Îles-‐de-‐la-‐Madeleine nous ont permis de constater de nombreux bénéfices pédagogiques pour les étudiants et les étudiantes. Leur motivation et leur intérêt pour la production alimentaire durable sont grands et les a amenés à s’investir de façon remarquable dans ce projet d’études. L’interdisciplinarité qui caractérise les
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projets en aquaponie est selon nous un avantage réel permettant aux étudiantes et étudiants d’intégrer de nombreuses connaissances et d’appliquer plusieurs compétences du programme de Sciences de la nature. Nous espérons que ce guide a pu vous aider à mieux concevoir ce qu’implique de réaliser des projets en aquaponie au collégial et vous a convaincu de leur pertinence.
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ANNEXE FICHES PÉDAGOGIQUES
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Fiche pédagogique #1
Comparaison de différents cultivars de légumes pour la culture aquaponique But du projet Déterminer quels cultivars de végétaux étaient les plus adaptés pour la culture aquaponique. Objectifs pédagogiques Appliquer la démarche scientifique. Utiliser des technologies appropriées de traitement de l’information. Travailler en équipe. Établir des liens entre la science, la technologie et l’évolution de la société. Cours porteurs Évolution et diversité du vivant (101-‐NYA-‐05) et chimie générale (202-‐NYA-‐05). Description sommaire La culture aquaponique permet généralement de fournir un peu moins de nutriments aux végétaux que la culture hydroponique. Les cultivars les plus performants en culture aquaponiques sont donc généralement peu exigeants en nutriments. L’activité qui suit a permis de déterminer quels étaient les cultivars les plus adaptés à la culture aquaponique. Cette dernière consistait à faire pousser, dans un système aquaponique, différents cultivars afin d’en évaluer la croissance durant quelques semaines. La concentration de différents nutriments a été mesurée pendant toute la durée de l’expérience pour analyser la croissance des végétaux à la lumière des nutriments qui étaient disponibles. Temps requis Environ 4 à 6 semaines pour l’expérience avec les étudiants et les étudiantes. Il est à noter qu’un temps de plusieurs semaines est nécessaire pour la mise en place des systèmes aquaponiques et le développement des bactéries. Liste de matériel et montage expérimental • Système aquaponique permettant la croissance de plusieurs végétaux simultanément (voir section sur les systèmes aquaponiques). • Trousse d’analyse de différents nutriments (fer, magnésium, potassium, phosphates, calcium, cuivre, ammoniaque, nitrites, nitrates) • Éprouvettes • Supports à éprouvettes • Pipettes • Thermomètres
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• • •
pHmètre Écrevisses ou autre espèces piscicole selon les permis disponibles Épuisettes Abris pour les écrevisses en tuyau de PVC (si les écrevisses sont utilisées) Semences de différents légumes feuilles et fines herbes (kale, laitues, bette à carde, basilic, coriandre, etc.) Multicellules en laine de roche Support à laine de roche Étagère à semis ou biotronette
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Description détaillée de l’activité Après une brève présentation par l’enseignante de la problématique de la production alimentaire mondiale et des perspectives qu’offre l’aquaponie, la question de recherche a été présentée aux étudiants et étudiantes (quels types de cultivars croissent le plus efficacement en système aquaponique?). Les équipes d’étudiantes et étudiants ont formulé des hypothèses et ont choisi les cultivars qu’ils voulaient expérimenter parmi une liste fournie par l’enseignante. Par la suite, les étudiantes et étudiants ont semé les différents cultivars dans des multicellules en laine de roche (cette étape peut également être réalisée préalablement par le personnel) et ont cultivé les transplants pendant quelques semaines dans une étagère à semis possédant un éclairage suffisant. Lorsque les plants ont été assez grands pour être transplantés (environ 4 semaines), l’expérience a débuté et les étudiantes et étudiants ont installé les transplants dans les systèmes aquaponiques. Ils ont également mesuré les concentrations des différents nutriments dans l’eau et mesuré les plants (hauteur totale et longueur de la deuxième plus grande feuille). Pendant les quatre semaines qui ont suivi, les équipes ont effectué les mesures des concentrations en nutriments et ont mesuré les plants à chaque semaine pour suivre l’évolution de leur croissance. Après quatre semaines, les plants ont été récoltés pour effectuer une mesure de la biomasse produite et les résultats ont été analysés par les étudiantes et les étudiants. Travaux réalisés par les étudiant(e)s • Rapport scientifique • Présentation orale dans le cadre d’un mini-‐colloque scientifique
Figure 10. Des étudiants mesurent des plants pour comparer la croissance de différents cultivars (crédit photo: Josiane Bergeron).
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Fiche pédagogique #2
Comparaison de la productivité des systèmes hydroponiques et aquaponiques But du projet Comparer la productivité et les impacts des systèmes hydroponiques et aquaponiques. Objectifs pédagogiques • Appliquer la démarche scientifique • Utiliser des technologies appropriées de traitement de l’information. • Travailler en équipe • Établir des liens entre la science, la technologie et l’évolution de la société • Définir son système de valeurs. Cours porteurs Évolution et diversité du vivant (101-‐NYA-‐05) et chimie générale (202-‐NYA-‐05). Description sommaire Les systèmes hydroponiques et aquaponiques sont deux types de systèmes hors sol qui ont des caractéristiques différentes, mais également des impacts environnementaux différents. L'activité suivante a permis de comparer expérimentalement la productivité de ces deux types de systèmes et d’effectuer une revue de littérature sur les impacts environnementaux de ceux-‐ci. Temps requis Environ 4 à 6 semaines pour l’expérience avec les étudiants et étudiantes. Il est à noter qu’un temps de plusieurs semaines est nécessaire pour la mise en place des systèmes aquaponiques et le développement des bactéries. Liste de matériel et montage expérimental • 3 systèmes aquaponiques identiques permettant la croissance de plusieurs végétaux simultanément (voir section sur les systèmes aquaponiques). • Trousse d’analyse de différents nutriments (fer, magnésium, potassium, phosphates, calcium, cuivre, ammoniaque, nitrites, nitrates) • Solution nutritive pour hydroponie • Éprouvettes • Supports à éprouvettes • Pipettes • Thermomètres
• • • • •
• • •
pHmètre Écrevisses ou autres espèces piscicoles selon les permis disponibles Épuisettes Abris pour les écrevisses en tuyau de PVC (si les écrevisses sont utilisées) Semences de différents légumes feuilles et fines herbes (kale, laitues, bette à carde, basilic, coriandre, fenouil, etc.) Multicellules en laine de roche Support à laine de roche Étagère à semis ou biotronette
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Description détaillée de l’activité Après une brève présentation par l’enseignante de la problématique de la production alimentaire mondiale et des perspectives qu’offrent l’aquaponie et l’hydroponie, les questions de recherche ont été présentées aux étudiants et étudiantes (Quel est le système le plus productif entre le système aquaponique et le système hydroponique? Quels sont les impacts environnementaux de ces deux systèmes?). Les équipes d’étudiantes et étudiants ont formulé des hypothèses et ont choisi les cultivars qu’ils voulaient expérimenter parmi une liste fournie par l’enseignante. Par la suite, les étudiantes et étudiants ont semé les différents cultivars dans des multicellules en laine de roche (cette étape peut également être réalisée préalablement par le personnel) et ont cultivé les transplants pendant quelques semaines dans une étagère à semis possédant un éclairage suffisant. Lorsque les plants ont été assez grands pour être transplantés (environ 4 semaines), l’expérience a débuté et les étudiantes et étudiants ont installé les transplants dans les systèmes aquaponique, hydroponique et dans un système témoin contenant seulement de l’eau. Un minimum de trois systèmes a donc été nécessaire. Les étudiants et étudiantes ont mesuré les concentrations des différents nutriments dans l’eau des trois systèmes et ont mesuré les plants (hauteur totale et longueur de la deuxième plus grande feuille). Pendant les quatre semaines suivantes, les équipes ont fait le suivi des concentrations en nutriments et ont mesuré les plants à chaque semaine pour suivre l’évolution de la croissance. Après quatre semaines, les plants ont été récoltés pour effectuer une mesure de la biomasse produite et les résultats ont été analysés par les étudiantes et étudiants.
Figure 11. Systèmes permettant la comparaison des rendements des systèmes aquaponiques et hydroponiques (crédit photo : Lisandre G. Solomon).
Travaux réalisés par les étudiants • Rapport scientifique • Présentation orale dans le cadre d’un mini-‐colloque scientifique
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Fiche pédagogique #3
Impact de la densité d’écrevisses sur les rendements de systèmes aquaponiques But du projet Comparer la productivité et les concentrations en nutriments dans des systèmes aquaponiques présentant différentes densités d’écrevisses. Objectifs pédagogiques • Appliquer la démarche scientifique • Utiliser des technologies appropriées de traitement de l’information. • Travailler en équipe • Établir des liens entre la science, la technologie et l’évolution de la société. Cours porteurs Activité d’intégration (profil sciences de la santé) (360-‐283-‐GA). Description sommaire Dans les systèmes aquaponiques, les nutriments disponibles pour la croissance des plantes sont fournis par les déjections des animaux. La densité des animaux influence donc la quantité de nutriments que l’on retrouve dans l’eau. La densité des animaux peut aussi avoir un impact sur le taux de survie de ces derniers. L’activité suivante a permis de comparer les concentrations en nutriments et les taux de croissances des végétaux dans des systèmes aquaponiques présentant différentes concentrations d’animaux. Temps requis Environ 4 à 6 semaines pour l’expérience avec les étudiants et les étudiantes. Il est à noter qu’un temps de plusieurs semaines est nécessaire pour la mise en place des systèmes aquaponiques et le développement des bactéries. Liste de matériel et montage expérimental • 3 systèmes aquaponiques identiques permettant la croissance de plusieurs végétaux simultanément (voir section sur les systèmes aquaponiques). • Trousse d’analyse de différents nutriments (fer, magnésium, potassium, phosphates, calcium, cuivre, ammoniaque, nitrites, nitrates) • Solution nutritive pour hydroponie • Éprouvettes • Supports à éprouvettes • Pipettes • Thermomètres
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pHmètre Écrevisses ou autre espèces piscicole selon les permis disponibles Épuisettes Abris pour les écrevisses en tuyau de PVC (si les écrevisses sont utilisées) Semences de différents légumes feuilles et fines herbes (kale, laitues, bette à carde, basilic, coriandre, fenouil, etc.) Multicellules en laine de roche Support à laine de roche Étagère à semis ou biotronette 38
Description détaillée de l’activité Après une brève présentation par l’enseignante de la problématique de la production alimentaire mondiale et des perspectives qu’offrent l’aquaponie et l’hydroponie, les questions de recherche sont présentées aux étudiants et étudiantes (Quels sont les impacts de la densité d’écrevisse sur les nutriments disponibles, la croissance des plantes et sur la mortalité des écrevisses?). Les équipes d’étudiantes et d’étudiants ont formulé des hypothèses et ont choisi les cultivars qu’ils voulaient expérimenter parmi une liste fournie par l’enseignante. Par la suite, les étudiantes et étudiants ont semé les différents cultivars dans des multicellules en laine de roche (cette étape peut également être réalisée préalablement par le personnel) et ont cultivé les transplants pendant quelques semaines dans une étagère à semis possédant un éclairage suffisant. Lorsque les plants ont été assez grands pour être transplantés (environ 4 semaines), l’expérience a débuté et les étudiantes et étudiants ont installé les transplants dans les systèmes aquaponiques contenant différentes densités d’écrevisses. Un minimum de deux systèmes a donc été nécessaire, mais un nombre plus grand permettrait un plus grand nombre de réplicats ou la comparaison de plusieurs Figure 12. Comparaison des rendements dans des systèmes densités. Les étudiants et contenant différentes densités d’écrevisses (crédit photo : Josiane Bergeron). étudiantes ont mesuré par la suite les concentrations des différents nutriments dans l’eau des trois systèmes et ont mesuré les plants (hauteur totale et longueur de la deuxième plus grande feuille). Pendant les quatre semaines suivantes, les équipes ont fait le suivi des concentrations en nutriments et ont mesuré les plants à chaque semaine pour vérifier l’évolution de la croissance. Quatre semaines plus tard, les plants ont été récoltés pour effectuer une mesure de la biomasse produite et les résultats sont analysés par les étudiantes et étudiants. Travaux réalisés par les étudiants • Rapport scientifique • Communication orale avec une affiche scientifique devant grand public.
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Fiche pédagogique #4
Construction et évaluation des limites d’un système aquaponique aux Îles-‐ de-‐la-‐Madeleine à des fins pédagogiques But du projet Construire des systèmes aquaponiques, vérifier leur bon fonctionnement et déterminer leurs limites afin de sélectionner les bonnes espèces à y introduire. Objectifs pédagogiques • Appliquer la démarche scientifique • Utiliser des technologies appropriées de traitement de l’information • Travailler en équipe Cours porteur Activité d’intégration (profil sciences pures) (360-‐293-‐GA) Description sommaire Il est important de connaître le nombre de cycles d’eau dans les systèmes aquaponiques afin de savoir quels poissons ou crustacés il est possible d’y introduire. Les étudiants des Sciences de la nature profil sciences pures se sont penchés sur la question. Ils ont dû, tout d’abord, construire les systèmes, réparer des bris mécaniques et réaliser leur expérimentation. Temps requis Environ 6 semaines en passant par toutes les étapes de la démarche scientifique, incluant la recherche de littérature au préalable et la communication des résultats en fin de projet. Liste de matériel et montage expérimental • 3 systèmes aquaponiques identiques (toutes les composantes sont détaillées dans la section 5) • Quelques outils et matériel de base (téflon en ruban, ruban à mesurer, vise grip, colle, etc.) • Béchers 5 litres • Chronomètre Description détaillée de l’activité Pour cette activité, les étudiant(e)s du cours Activité synthèse de programme ont eu à construire les systèmes aquaponiques selon les consignes du consultant en aquaponie. Avant tout, ils ont effectué une revue de la littérature sur les types de systèmes aquaponique, de même que leurs avantages et leurs limites. Par la suite, les étudiant(e)s ont pu poser des hypothèses sur nombre de cycles d’eau dans le type de système utilisé afin d’identifier les espèces à y introduire. Ils ont ensuite planifié et réalisé la partie expérimentale pour la récolte des données. Pour la construction des systèmes, ils ont été aidés d’un technicien en mariculture de Merinov pour l’assemblage des différentes pièces et la mise en marche de ces derniers. Ensuite, ils ont dû vérifier le bon fonctionnement des systèmes lors de leur mise en fonction et ont eu à évaluer le nombre de cycles d’eau dans ces systèmes et leur capacité afin de sélectionner les espèces (poissons ou crustacés) à introduire dans la cuve à poissons.
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Certaines espèces de poissons, plus fragiles, nécessitent une qualité d’eau impeccable. Il est donc important de valider cet aspect avant de commencer un élevage. Après quelques heures de mise en fonction des systèmes, les étudiant(e)s se sont aperçus d’un bris sur deux des trois pompes. Ils ont procédé à la réparation de ces dernières avec le technicien en mariculture. Les étudiant(e)s ont ensuite compilé les résultats et effectué une discussion au sujet des aspects importants de leur projet. Ils ont fait un rapport écrit sous forme d’article scientifique et réalisé une présentation orale devant grand public pour présenter le fruit de leur travail. Travaux réalisés par les étudiants • Rapport écrit sous forme d’un article scientifique • Communication orale avec une affiche scientifique devant grand public • Entrevue à la radio communautaire
Figures 13 et 14. Construction du système aquaponique lors de l’activité synthèse de programme du profil sciences pures (crédit photo: Lisandre G. Solomon).
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MERCI AUX PARTENAIRES DU PROJET !
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