En Finir Avec La Candidose - E.lorrain [PDF]

  • 0 0 0
  • Gefällt Ihnen dieses papier und der download? Sie können Ihre eigene PDF-Datei in wenigen Minuten kostenlos online veröffentlichen! Anmelden
Datei wird geladen, bitte warten...
Zitiervorschau

Dr Éric Lorrain, phytothérapeute

En finir avec la candidose

À mon épouse Catherine, mon amour de toujours et pour toujours. À mes enfants, Aurélie, Matthieu, Thibault et Héloïse, et à leurs conjoints. À mes petits-enfants. À ma famille.

INTRODUCTION

La candidose… la petite bête qui monte, qui monte…

Cela pourrait être un simple jeu d’enfant. C’est en vérité un problème croissant chez de nombreux adultes (mais les plus jeunes ne sont pas exemptés), et un calvaire pour certains d’entre eux. De quoi parle-ton  ? De la candidose, bien sûr. Au petit jeu «  Et si c’était vous  ?  », vous pourriez vite vous apercevoir que la question du rôle de son agent pathogène, le candida, pourrait bel et bien vous concerner. La candidose est une maladie infectieuse due à la multiplication de champignons de type levure du genre Candida, dont le plus fréquent est le célèbre Candida albicans. Dans sa forme la plus courante, l’infection s’exprime surtout par une atteinte de la peau ou des muqueuses buccales (muguet) ou génitales (vulvo-vaginite), mais en pratique elle peut affecter toutes les zones corporelles comme la peau, les ongles, les muqueuses externes ou internes (œsophage, estomac, intestins). Dans certaines circonstances, rares mais plus graves, l’atteinte candidosique devient profonde et touche les viscères. Naturellement présent en faible quantité sous la forme de spores de forme ronde reposant à la surface des muqueuses, C. albicans peut

devenir pathogène lorsque survient un changement dans la composition du microbiote (terme employé en médecine pour désigner la flore bactérienne). Il va alors prendre une forme filamenteuse (le mycélium), se développer de manière agressive et entraîner une irritation locale avec des manifestations cliniques variables en fonction de sa localisation.

Comment la candidose se manifeste-telle ? À première vue, cette maladie semble facile à diagnostiquer. Un premier épisode de candidose peut être simple à traiter, et vous laisser tranquille pour un certain temps. En apparence, seulement, car ce champignon en forme de levure est à redouter plus que jamais. Petit à petit, il fait son nid, profitant des conditions favorables créées par votre mode de vie, vos habitudes thérapeutiques et les perturbations de votre système immunitaire, qu’il contribue à détériorer progressivement, au fil du temps. Son camp de base est le système digestif, notamment l’intestin, d’où il peut commettre ses méfaits, parfois au grand jour, le plus souvent de manière sournoise et masquée. Peu à peu s’installe, à votre corps défendant, une maladie chronique. La reconnaître n’est pas chose aisée, d’autant que les perturbations engendrées par C. albicans sont multiples et variées, peu spécifiques, d’intensité variable, de caractère récurrent.

Une véritable épidémie

Au fur et à mesure que se développe une meilleure connaissance de l’écosystème intestinal, on comprend l’importance de cette véritable épidémie silencieuse qu’est la candidose intestinale chronique. Sousestimée, elle l’est sûrement. Dans le pays de l’oncle Sam, plus d’un quart des Américains en souffrirait. En France, on parle d’un tiers de la population, majoritairement féminine, mais cette maladie est peu étudiée chez nous, et son dépistage au sein de la population est en réalité particulièrement ardu. La candidose chronique pose aussi le problème du manque de reconnaissance et de compréhension, non seulement d’une grande partie de la population, mais aussi du corps médical, qui en minimise l’impact. Il est vrai que, de façon générale, la formation hospitalière des médecins complique leur tâche lorsqu’il leur faut avoir une vision globale de la santé et qu’ils doivent prendre en charge des pathologies fonctionnelles et des troubles chroniques, d’autant que les traitements proposés se cantonnent habituellement aux médicaments remboursés par la Sécurité sociale. Or, ceux-ci traitent les conséquences et non la cause. Les patients entendent de plus en plus parler de C. albicans, dont les faits d’armes vont bien au-delà du système digestif. Légitimement, ils veulent aller au-delà du traitement symptomatique.

Êtes-vous concerné ? Peut-être, vous aussi, êtes-vous concerné par la candidose, soit que vous en ayez fait la pénible expérience, soit que, au final, vous vous rendiez compte que certains troubles inexpliqués dont vous souffrez peuvent être en relation avec cette levure malfaisante. Surtout, ne fonctionnez pas comme ces personnes qui, quand elles ont un

problème, y pensent toujours sans en parler jamais. Si c’est votre cas, vous allez devoir remplacer ce mode de fonctionnement par un aphorisme amené à devenir votre nouveau mot d’ordre  : «  Y penser toujours, en parler au plus vite. » Une fois que la candidose est reconnue, sa prise en charge n’est pas forcément simple, comme en témoignent les difficultés rencontrées par de nombreux patients. Pour une atteinte vaginale rapidement combattue par un ovule salvateur, combien de formes récidivantes nécessitant des traitements fréquents et répétés  ? Pour une mycose anale ou un muguet buccal traités avec un succès apparent par le biais d’un traitement antifongique, combien de candidoses chroniques avec des manifestations systémiques mettant à rude épreuve la bonne volonté des prescripteurs de tout poil ?

Quels traitements existent ? Les traitements conventionnels à base d’antimycosiques de synthèse sont utiles et soignent la majeure partie de la population présentant des manifestations aiguës de la maladie, mais pas tous. De plus, sontils suffisants et adaptés pour traiter les récidives ainsi que le réservoir intestinal, base arrière de C.  albicans  ? C’est à ce niveau qu’il faut mener la mère de toutes les batailles, et cela requiert un tout autre arsenal thérapeutique. Comprendre le fonctionnement de l’écosystème intestinal et ses relations avec le système neuro-immuno-hormonal permet de mieux comprendre ce qu’on appelle la physiopathologie (de l’état normal à la situation de maladie) de la candidose chronique. Où, pourquoi, comment  ? On est au cœur de la démarche clinique, qui permettra d’utiliser à bon escient et prioritairement les outils de la

micronutrition (parmi lesquels les fameux probiotiques) et de la phyto-aromathérapie, en association avec certains produits naturels, avec l’indispensable éducation nutritionnelle et avec les nécessaires améliorations des modes de vie. Compte tenu des conséquences souvent majeures sur la santé et sur la qualité de vie des patients, les enjeux sont considérables… Il convient d’y voir clair en matière de diagnostic et de stratégie thérapeutique, afin que vous puissiez, si C.  albicans vous fait des misères, trouver les solutions à vos maux, emprunter le chemin de la guérison et recouvrer une pleine santé.

CHAPITRE I

La candidose, un simple mot pour de grands maux

Le cas de carole : d’un problème banal à une vie compliquée… Quelque chose clochait dans la vie de Carole, 38 ans. Elle ressentait un mal-être, une fatigue récurrente qui ne la lâchait pas, et une accumulation de petits problèmes de santé — sans gravité, selon son médecin traitant  —, dont la persistance finissait par ajouter de l’inquiétude au désarroi. Comment expliquer l’inconfort de ses muscles et les douleurs dans ses chevilles, ses épaules, ses mains, sa nuque  ? Pourquoi cette digestion difficile, cet abdomen sensible et ballonné, ces spasmes qui la faisaient se plier en deux  ? Seule une diarrhée salvatrice la délivrait de la douleur. Que penser de ces moments d’énervement contre tout et rien, mais aussi contre ses enfants, ce qu’elle ne se pardonnait pas a posteriori  ? Que dire des cystites à répétition, qui survenaient quasiment à chaque occasion d’intimité avec son époux ?

C’était alors la cure d’antibiotiques, qui s’enchaînait avec une mycose vaginale, traitée par un ovule, jusqu’à la suivante ! Si encore elle pouvait dormir correctement… Ne parlons pas des 7 kilos qu’elle avait gardés après ses grossesses, de son rhume des foins coutumier des mois d’avril et de mai, des petites plaques d’eczéma qui lui rendaient visite de temps à autre au pli des coudes, de ces boutons de fièvre devenus de douloureux compagnons de route lors des rhumes qu’elle attrapait à la première occasion… Chaque trimestre apportait son lot de nouveautés, au point que son entourage avait fini par lui conseiller, avec un brin de commisération, d’aller voir un bobologue ! « Rien de méchant, tout ça », lui avait répété le docteur X, sollicité après son confrère Y et sa consœur Z. « Un peu de surmenage, tout au plus  ! Vos bilans sont normaux. Il faut prendre des vitamines, vous reposer et traiter les problèmes au cas par cas.  » Elle sortait de la pharmacie avec tout un tas de médicaments. Si encore cela réglait ses problèmes… De soulagements éphémères en échecs décevants, d’effets indésirables en dépenses inutiles, Carole sentait le désespoir l’envahir et sa bonne volonté l’abandonner. Elle tournait en rond, vivait un tourment que personne ne comprenait. Elle luttait, cherchait, essayait de bien faire… Mais, peu à peu, son sentiment de mauvaise santé dégradait sa qualité de vie. Un constat s’imposait : les choses semblaient bien mal engagées pour Carole, et l’étiquette « hypocondriaque » commençait sérieusement à lui coller à la peau, au point qu’elle n’osait plus se plaindre. Fort heureusement, la fin de son histoire fut plus joyeuse  ! Se sentant seule, elle finit par chercher sur la Toile, d’abord des explications, ensuite des solutions. Bien sûr, elle pensa à la maladie de Lyme, à la fibromyalgie, aux intolérances alimentaires, aux métaux lourds, et même à la sensibilité à l’histamine. Si elle ne vit pas la possibilité d’une hypothyroïdie fonctionnelle, elle se reconnut

dans le diagnostic de fatigue chronique, et tilta sur la problématique de la candidose chronique, à la lecture d’un article 1 intitulé «  La candidose chronique : une maladie insidieuse et mal diagnostiquée ». Elle finit par consulter un médecin micro-nutritionniste et phytothérapeute, qui lui permit de tirer les choses au clair. Grâce à son approche globale, il fit le lien entre ses différents symptômes, et, après quelques bilans complémentaires, confirma l’intuition de Nicole. Il y avait bel et bien une candidose chronique, avec des localisations intestinales et vaginales. Le médecin le lui avait confirmé : oui, cette affection participait grandement à la genèse de ses problèmes de santé. Oui, cela avait entraîné des dérèglements de son immunité et favorisé un déséquilibre de ses systèmes de régulation, au niveau nerveux, au niveau hormonal et au niveau digestif. Oui, il y avait des facteurs favorisants qu’elle avait fini par comprendre et sur lesquels elle désirait travailler. Oui, il y avait des solutions efficaces, pas forcément simples, mais finalement à sa portée, qu’elle allait mettre en œuvre le plus rapidement possible. Au fil des consultations, Carole décrivait l’amélioration de son état et, lorsqu’elle refit le point avec son médecin à la date anniversaire de sa première consultation, elle fut heureuse de pouvoir conclure  : « J’ai recouvré la santé, je vais bien. Je reste vigilante et je continue de traiter mon terrain en adaptant mon alimentation et en prenant bien ma phytothérapie et mes compléments alimentaires. J’ai changé mes habitudes et je fais de la prévention, car je tiens à conserver mon équilibre de vie. J’ai conscience que c’est encore fragile et que je dois prendre des précautions, mais franchement, ça n’a plus rien à voir avec la situation que je vivais il y a un an. Quel changement ! »

L’HISTOIRE DE CAROLE, UN CAS D’ÉCOLE ?

L’histoire de Carole est peut-être la vôtre ! Son acteur principal peut passer inaperçu ou sembler anodin  : quelques rares colonies de Candida albicans retrouvées à l’occasion d’analyses de selles (coproculture) ou sur un prélèvement vaginal  ; des pertes blanches vaginales deux ou trois fois dans l’année, souvent au décours d’une antibiothérapie  ; un antécédent de muguet buccal imposant un traitement antifongique local ; la mise en évidence de Candida sur un prélèvement œsophagien au cours d’une œsophago-gastroscopieduodénoscopie… D’autres fois, le diagnostic est plus aisé, surtout chez les dames  : le tableau est «  bruyant  », avec des localisations génitales ou cutanéo-muqueuses à répétition (dermite des plis, anite), et le prélèvement local est fortement positif pour C.  albicans. Mais, lorsqu’on est confronté à des manifestations indirectes, comme de la fatigue, des troubles nerveux, des signes fonctionnels digestifs, des troubles de l’immunité (allergie, infections à répétition), des anomalies métaboliques (prise de poids ou de ventre), des dérèglements hormonaux (cycle menstruel perturbé, thyroïde faible), il est souvent nécessaire de batailler pour retrouver le coupable  : analyses de selles répétées, bilan immunitaire, recherche de traces directes ou indirectes à l’aide d’explorations plus ou moins sophistiquées. Encore faut-il penser à une candidose chronique devant une situation médicale complexe, multisymptomatique, d’évolution chronique ou récidivante, d’interprétation délicate.

Qu’est-ce qu’une candidose ? Comment passe-t-on d’une modeste mycose vaginale à un état de santé médiocre  ? Gros plan sur cette infection fongique qui, finalement, est tout sauf banale.

UNE LEVURE PAS COMME LES AUTRES La candidose se déclenche dès lors qu’un candida, le plus souvent C. albicans, se développe dans l’organisme. C’est une levure, c’est-àdire un champignon unicellulaire, mais elle est différente de celles qui permettent au pain de lever, aux raisins et aux céréales de fermenter pour donner du vin ou de la bière. Microscopique, habituellement inoffensif, le candida est un hôte naturel de nos muqueuses. Il est isolé chez 20 à 40 % des sujets sains (80 % dans le duodénum), et 10 % des femmes l’hébergent au niveau vaginal sans aucun symptôme (on parle de portage sain), un chiffre qui passe à 30  % en cas de grossesse. En tant qu’organisme saprophyte, cette levure est capable de se nourrir de matière organique en décomposition, qu’elle transforme en matière minérale. Au nom de cette coopération symbiotique, on se dit qu’elle sert probablement à quelque chose. Mais est-ce si sûr ? Car on la dit « commensale », ce qui veut dire qu’elle tire une partie de sa nourriture de son hébergeur, en l’occurrence l’être humain, mais qu’elle n’offre aucune contrepartie évidente à ce dernier. D’un point de vue scientifique, en tout cas, les effets bénéfiques de ce commensalisme sont parfaitement inconnus. Il faut se rendre à l’évidence, tout le profit est pour la levure, le plus souvent tout de blanc capée : C. albicans entre en scène et va sortir le grand jeu !

UN AGENT PATHOGÈNE AUX MULTIPLES FORMES La cohabitation se complique quand, en présence de facteurs favorisants locaux ou généraux, le candida passe du statut de bel endormi à celui de grand perturbateur. Il passe alors de moins en moins inaperçu et devient pathogène, se transformant en redoutable

prédateur. C’est le début des problèmes  : voici venir le temps de la candidose, qui se développe opportunément dès que les conditions locales et générales le permettent, en relation avec des causes très variées. Parmi les deux cents espèces de candida connues, près d’une vingtaine sont responsables d’infections humaines et peuvent se rendre coupables de nombreux méfaits, partout où ils le peuvent. Le plus connu, C.  albicans, est ainsi responsable de 50  à 55  % des candidoses. Dans 16 à 17 % des cas, pourcentage qui va croissant, le pathogène est une variété de levure volontiers résistante aux traitements, C.  glabrata (anciennement Torulopsis glabrata). Habituellement non pathogène, et habitant les mêmes lieux que C. albicans, il fait partie de la flore normale de nombreux sujets en bonne santé, mais lui aussi peut devenir agressif et pathogène. Ainsi, il a pris la deuxième position dans la genèse des candidoses du fait de l’utilisation accrue de médicaments antifongiques et immunosuppresseurs.

Le saviez-vous ? Dans près de 15 % des cas, on a affaire à C. parapsilosis, une levure fréquente de la peau mais pas du tube digestif, qui expose au risque de contamination par les mains (manuportée). Citons aussi les 8 à 9 % de C. tropicalis, et précisons que de nombreuses espèces de candida existent dans l’environnement humain et peuvent pénétrer, comme C. krusei (près de 2 % des cas), par ingestion accidentelle dans le tube digestif. Dans certaines situations d’immunodépression ou d’agression des muqueuses, ces espèces sont susceptibles d’entraîner exceptionnellement des infections fongiques.

Il est difficile de rester indifférent à C. albicans et à ses confrères : 75 % des femmes feront une candidose vaginale au moins une fois dans leur vie. La candidose orale touche 90 % des sujets au stade du

sida. Les infections mycosiques systémiques nosocomiales (c’est-àdire se développant en milieu hospitalier et affectant l’ensemble de l’organisme) sont au quatrième rang de la mortalité la plus élevée, atteignant les 40 %, malgré les progrès dans la prévention et la prise en charge. Le coût des traitements antifongiques est supérieur à celui des antibactériens (par exemple, leur coût s’élevait à 7 millions d’euros au CHRU de Lille en 2014).

LE CANDIDA TOUCHE TOUS LES TISSUS En superficie Le candida peut sévir en superficie, sur la peau et les muqueuses, et causer des troubles dommageables mais qualifiés de bénins : même si la gêne est maximale, le pronostic vital n’est pas engagé. Sa remarquable capacité d’adhésion aux cellules de la couche superficielle de la peau et des muqueuses, son aptitude à former des filaments à la surface des tissus colonisés et son formidable potentiel de développement sont à l’origine des lésions cutanéo-muqueuses inflammatoires qu’il provoque, que cela soit en surface au niveau de la peau, des seins ou des ongles, ou bien dans une cavité naturelle (oro-pharyngée, digestive, génitale). Lorsque la candidose superficielle se déclare, la colonisation de la peau et des muqueuses se traduit par une irritation de la zone touchée, qui devient inflammatoire, avec sensation de chaleur ou de brûlure. Cela procure une gêne, des démangeaisons, voire des douleurs. Aimant particulièrement l’humidité, la chaleur, l’acidité, le candida peut toucher toutes les muqueuses du tube digestif (bouche, pharynx, œsophage, intestin, marge anale) et de l’appareil génital féminin, au niveau vulvo-vaginal (source de pénibles vulvo-

vaginites). Moins fréquemment, l’atteinte est masculine, et concerne alors le gland (entraînant une balanite), le sillon balano-préputial et l’anneau préputial. En profondeur Plus rarement, le candida peut agir en profondeur et provoquer des candidoses dites «  systémiques  » touchant des organes profonds de patients très fragilisés, le plus souvent hospitalisés. Dans certains cas, chez des patients porteurs d’un cathéter intravasculaire par exemple, la levure provient d’une contamination exogène, la transmission du pathogène se faisant par le contact manuel ou le produit de perfusion. On est alors dans le cadre des infections nosocomiales. Dans d’autres cas, le candida provient du sujet lui-même : il passe dans le sang, car les muqueuses sont fragilisées par une chimiothérapie et/ou des traitements antibiotiques répétés ou prolongés, principalement dans les services de réanimation et de chirurgie. L’infection fongique peut toucher un ou plusieurs viscères, comme les reins, les valves cardiaques, le cœur, les poumons. Parfois, elle concerne l’appareil ostéo-articulaires, le système nerveux, les yeux. Ces candidoses profondes sont favorisées par le déficit immunitaire (baisse des globules blancs, greffe de moelle, corticothérapie, chirurgie lourde, notamment digestive). De fait, elles se rencontrent plus fréquemment chez les prématurés, les patients en réanimation et les grands brûlés. En France, comme le rappelle l’Institut Pasteur, c’est encore C.  albicans qui est incriminé dans près 50  % de ces cas d’infection nosocomiale, suivi par C.  glabrata, C.  tropicalis et C.  parapsilosis. Redoutables, ces candidoses profondes relèvent d’une prise en charge hospitalière spécialisée.

Le mode d’action du candida Nous abordons un point qui peut sembler technique, mais dont la compréhension est essentielle pour déterminer comment survient la candidose, ce qui permettra ensuite de mieux la prévenir et la combattre.

TRANSFORMISTE ET OPPORTUNISTE Le candida, C.  albicans le plus souvent, est un transformiste. Une sorte de docteur Jekyll et mister Hyde. Ne vous fiez pas à l’apparence inoffensive de ses spores arrondies (en forme d’ellipse, si l’on a un bon microscope pour l’apercevoir), disposées çà et là à la surface des muqueuses. Ces petites billes agglomérées ou dispersées, dont la taille peut atteindre 10  µm (micromètres ), échappent à la vision directe. Après grossissement, on s’aperçoit qu’elles apparaissent géantes au milieu des bactéries, de 1 à 4 µm, de la flore environnante (le microbiote). Dépourvue de capsule, la levure se reproduit par bourgeonnement asexué. Sous cette forme saprophyte, elle trouve sa place dans la jungle microbiotique intestinale dès les premiers mois de la vie humaine. Opportuniste, le candida profite de tout l’espace laissé disponible par les bactéries environnantes. La compétition est rude, mais, en situation normale, l’équilibre se maintient dans le tube digestif, car son développement est inhibé par les lactobactéries et les bifidobactéries du microbiote intestinal. C. albicans se plaît dans un milieu acide, au pH compris entre 2 et 4, mais il peut survivre dans un environnement alcalin jusqu’à un pH de 9, ce qui explique une autre de ses qualités  : sa grande adaptabilité, qui participe à sa puissante résilience.

Dotée de huit paires de chromosomes, cette levure a une profonde intelligence de son milieu. Elle se distingue par sa capacité à adhérer aux cellules de son hôte et à s’y attacher solidement. Grâce au grand nombre de récepteurs situés à sa surface, les adhésines, elle reconnaît les lieux d’ancrage propice et s’y fixe  : sur les cellules épithéliales (notamment des muqueuses), les cellules endothéliales (situées à la face interne des vaisseaux sanguins) et certaines protéines (collagène, fibrinogène…). Cette qualité est d’une grande utilité au candida pour se maintenir dans ses lieux de prédilection en toutes circonstances, contre vents et marées.

UN RÉSEAU TENTACULAIRE Dès que l’occasion se présente, le candida se transforme en mister Hyde. La levure se met à croître, non plus par simple clonage bourgeonnant (produisant des spores agglomérées mais unicellulaires), mais par addition bout à bout de nouvelles cellules (c’est la filamentation), afin de devenir une structure multicellulaire formant de très minces fils pouvant atteindre plusieurs centimètres de long. Larges de quelques micromètres seulement, ces filaments restent invisibles à l’œil nu quand ils sont isolés, mais deviennent visibles lorsqu’ils sont réunis en cordons suffisamment gros, formant ce qu’on appelle un mycélium. La levure est devenue un hyphe tentaculaire, qui va envahir et terroriser les habitants bactériens du voisinage. Sous cette forme, elle pousse comme le lierre le long des murs. Le mycélium candidosique peut alors migrer et coloniser d’autres milieux que son réservoir initial, exploitant à fond ses capacités d’adhésion. Tout comme les bactéries Escherichia coli (à l’origine des infections urinaires) ou Helicobacter pylori (responsable de gastrites et d’ulcères

duodénaux), C.  albicans est un «  pathogène velcro  »  : il «  se fixe  » solidement et, dès qu’il a déployé son réseau de filaments mycéliens, il est très difficile de le détacher. De la même façon que des fils de soie savamment agencés constituent de robustes tissus, la prolifération filamenteuse de la levure, devenue agressive, constitue sur les surfaces qu’elle recouvre une couche très adhésive, appelée «  biofilm  », qui se développe notamment aux dépens des bifidobactéries. Cette perturbation du microbiote environnant suffit déjà pour générer des troubles digestifs gênants.

UN BOUT DE SUCRE VIVANT À ce stade de la description de C. albicans, jetons un coup d’œil sur sa structure cellulaire : de 80 à 90 % de sa paroi est composée d’hydrate de carbone, autrement dit de sucre (glucides). Il s’agit essentiellement de polysaccharides constitués de chaînes de molécules glucidiques  : chitines (morceaux de glucosamine), glucanes (bouts de glucose) et mannanes (éléments de mannose mélangés à des protéines). Alors que les deux premiers composés permettent le maintien de la forme levure, les mannanes jouent un rôle majeur dans l’adhésivité du candida à la paroi intestinale. La forme mycélienne de C. albicans est presque exclusivement constituée de mannanes, ce qui explique la difficulté à venir à bout de l’adhésivité des biofilms mycosiques une fois qu’ils sont constitués. Pour simplifier, on peut considérer le candida comme un minuscule « bout de sucre vivant ». Cela explique pourquoi les aliments sucrés accélèrent sa croissance  : le sucre appelle le sucre !

DE LA CONTAMINATION À L’INFECTION Devenu moisissure du fait de sa transformation en mycélium, le candida exploite au mieux son pouvoir pathogène. Dans sa variété la plus fréquente, il est qualifié d’albicans, « blanchâtre », du fait de la couleur blanche ou crème qu’il revêt lorsqu’il prend ses aises sur les muqueuses apparentes (sur la langue et les joues dans le muguet du nourrisson). Mais, alors que sous forme de levure il faisait tapisserie, se contentant de se répandre sur la muqueuse, notre C.  albicans filamenteux ne fait pas que développer des biofilms pathogènes. Dès qu’il le peut, il pénètre dans les tissus, notamment digestifs, où il peut à loisir poursuivre son action délétère. Au niveau intestinal, cela entraîne un état inflammatoire chronique et une perte d’étanchéité (porosité) de la muqueuse qui altère sa fonctionnalité. Dans certains cas, il peut même passer dans la circulation lymphatique et sanguine, et se disséminer dans l’organisme. Peu à peu, on passe de la contamination à l’infection  ; les conséquences sur l’état de santé se font générales.

UN GRAND PERTURBATEUR À ce stade agressif, le candida sécrète de redoutables toxines, en grand nombre  : au moins trente-cinq pour certains auteurs, plus de quatre-vingts pour d’autres, en réalité toute une gamme d’enzymes qui vont dégrader leur environnement. Sus aux structures cellulaires et tissulaires qu’elles vont rencontrer en chemin, pas de pitié pour les malheureuses protéines qui leur feront obstacle, et surtout attaque en règle du système immunitaire, qui va en prendre pour son grade et subir de nombreuses perturbations (voir ici), dont les conséquences seront considérables.

La plus connue de ces toxines est la candidine, une substance neurotoxique. Il y a aussi l’acide tartrique, qui interfère avec l’acide malique, principal acteur des réactions métaboliques au sein des cellules de l’organisme, notamment celles impliquées dans la production de l’énergie (cycle de Krebs) par l’intermédiaire de l’ATP, substrat énergétique indispensable au système nerveux, aux muscles et autres tissus. En cas d’agression massive, il peut en résulter une grande fatigue physique et psychique. Le candida fabrique également de l’acétaldéhyde à partir de la transformation des sucres en alcool. Cette substance perturbe l’activité de la dopamine, un neurotransmetteur cérébral majeur qui fait circuler l’information entre certains neurones. La dopamine est impliquée notamment dans l’activité psychique et motrice. Son altération par l’acétaldéhyde engendre manifestations dépressives, fatigue, troubles de l’attention et de la mémoire, et hyperactivité motrice. Cette même toxine contribue à affaiblir le système immunitaire en baissant l’activité d’une catégorie de globules blancs, les lymphocytes T, ce qui entraîne une plus grande vulnérabilité aux infections et favorise l’émergence de manifestations allergiques, de maladies auto-immunes et d’intolérances alimentaires (plus particulièrement au gluten). En perturbant le fonctionnement cérébral, le système immunitaire et, de façon générale, tous les autres systèmes de l’organisme (notamment digestif, mais aussi articulaire, musculaire et hormonal), ces toxines réalisent un véritable empoisonnement chronique. Les conséquences sur la santé de ce dernier se font sentir peu à peu, à mesure que se diffusent les toxines dans l’organisme, diffusion facilitée par la porosité de la muqueuse intestinale, dont le candida est également responsable.

LE CANDIDA EST-IL CONTAGIEUX ?

Oui et non. L’essentiel des infections émane de la flore microbienne endogène (gastro-intestinale, vaginale et oropharyngée). Le plus souvent, la contamination provient du contenu du tube digestif, qui constitue un véritable réservoir intestinal, à destination des muqueuses génitales féminines ou des zones cutanéo-muqueuses. Dans la mesure où le portage sain (le fait d’héberger la levure sous forme de spores sans aucun symptôme apparent) est fréquent, le premier contaminant est souvent « soi-même » ! Comme tout agent infectieux, C.  albicans peut se transmettre d’une personne à l’autre, en particulier de muqueuse à muqueuse : de la mère à l’enfant (accouchement), d’une personne à l’autre en cas de contact sexuel répété (génital, génito-anal, génito-oral), ou d’un objet vers les muqueuses. Encore faut-il que le receveur présente des conditions favorables pour se laisser envahir par la levure : conditions d’hygiène de vie défavorables, baisse des défenses immunitaires ou perturbations de l’écosystème local. En pratique, la transmission au niveau génital est uniquement sexuelle chez l’homme alors que, chez la femme, elle peut se faire par simple contact avec des vêtements, des tissus ou des objets souillés, voire par autocontamination à partir de selles, c’est-à-dire en dehors de tout acte sexuel. Pour autant, un rapport intime peut aggraver et révéler une mycose latente et non déclarée, alors même que la transmission n’est pas systématique en cas d’atteinte de l’un des deux partenaires. De fait, on considère malgré tout que la candidose n’est pas une infection sexuellement transmissible, même si celle-ci reste possible. Au niveau cutané, la transmission est beaucoup plus rare, mais elle reste possible, en particulier au niveau des extrémités (mains et pieds) en milieu humide associé à des conditions de macération. Précisons cependant que C.  albicans peut survivre pendant

45  minutes sur les paumes et jusqu’à 120 jours sur les surfaces inanimées. On a pu l’isoler à partir de literies et de cuvettes employées en pouponnière. Il peut survivre à un séchage de 1 heure à la lumière et de 5 heures dans l’obscurité. En milieu hospitalier, la transmission nosocomiale est rare. Cependant, on a signalé des cas secondaires à une contamination des surfaces inanimées et des mains des professionnels de la santé, de même que des cas de transmission entre patients 2. Concrètement, un simple contact de courte durée de peau à peau (saine) est très difficilement contaminant, et on peut sans risque cohabiter avec une personne souffrant de mycose locale ou de candidose chronique, à condition de respecter les règles sanitaires de base.

Bon à savoir Il existe un risque de contamination de candidose invasive chez des personnes immunodéprimées porteuses d’un cathéter (utilisé pour la perfusion de solutés ou de médicaments intraveineux).

Quels sont les facteurs favorisants ? Le passage de la forme levure à l’état agressif de mycélium se fait dès que l’environnement lui en laisse l’opportunité. Le candida sait la saisir à la moindre occasion, et en profite alors pour étendre son territoire.

LES PERTURBATIONS DU MICROBIOTE (DYSBIOSE)

La première opportunité, la plus fréquente, est fournie au candida à l’occasion d’un changement quantitatif et qualitatif de la flore intestinale (le microbiote). Normalement en équilibre, les 100  000  milliards de micro-organismes de cette dernière vivent en bonne intelligence avec l’homme. Une de leurs qualités est de réprimer les levures et de les empêcher d’exprimer leur pathogénicité. Ils colonisent le tube digestif, et exercent leur activité principale dans l’intestin grêle et, surtout, dans le côlon, où ils sont particulièrement abondants. Certaines circonstances peuvent entraîner un changement dans la composition ou la stabilité des populations bactériennes de l’intestin (on parle alors de dysbiose), au détriment de la flore dominante, formée à 90  % de Bacteroidetes (dont font partie les bactéries de la famille des bactéroïdes) et de Firmicutes (comprenant notamment des lactobacilles et du clostridium), et à 10  % d’Actinobacteria (parmi lesquelles les bifidobactéries). La flore sousdominante, composée de streptocoques, d’Escherichia coli et d’entérobactéries, peut en tirer parti et augmenter son influence, ce qui risque de provoquer des troubles fonctionnels intestinaux. Il existe un microbiote dit «  de passage  », très polymorphe, composé notamment de bactéries lactiques et, surtout, de nos fameux champignons. À la première dysbiose venue, les levures en profitent pour coloniser leur environnement et constituer des biofilms pathogènes très adhésifs. Alors que Candida était toléré dans l’écosystème initial, il fait sa mue pathogène et devient un grand perturbateur. C’est alors que les problèmes commencent. Les médicaments, facteur aggravant Les perturbations du microbiote sont favorisées par des facteurs environnementaux, le principal étant la prise de médicaments.

Les antibiotiques, en détruisant la flore intestinale acidophile (pénicilline et dérivés) ou en « ratissant large » par leur action (les cyclines, par exemple), sont de véritables carburants du candida. Leur utilisation prolongée et répétée est le facteur favorisant numéro un. Après un traitement, il faut deux à trois mois pour que le microbiote retrouve son équilibre antérieur. Un recours excessif à l’antibiothérapie favorise l’émergence de C. albicans et affaiblit indirectement les défenses immunitaires, ce qui fait le lit de l’infection suivante et favorise la valse des antibiotiques. La contraception orale œstroprogestative et le traitement hormonal substitutif de la ménopause. Les corticoïdes, notamment la corticothérapie locale utilisée dans l’asthme. Les antidépresseurs tricycliques, les diurétiques, les médicaments à action anticholinergiques. La dysbiose peut être provoquée par une gastro-entérite virale ou bactérienne, surtout si elle est sévère (par exemple, diarrhée du voyageur) ou en cas de parasitose intestinale (souvent présente dans la candidose). Même constat en cas de grossesse, de syndrome prémenstruel, de diabète, de tabagisme, d’alcoolisme chronique ou de chirurgie digestive. La fragilité des personnes en début et en fin de vie Les deux extrémités de la vie favorisent également le déséquilibre du microbiote intestinal. Chez le nourrisson, en raison de l’immaturité du microbiote, qui s’implante dès la naissance sur un intestin stérile. Il suffit de conditions de naissance défavorables à sa mise en place physiologique, comme une prématurité, une naissance par césarienne, l’absence d’allaitement maternel (ce qui prive le

nouveau-né de ses propriétés naturellement anti-infectieuses, antivirales, antifongiques, antiseptiques, calmantes, hydratantes et cicatrisantes), l’utilisation d’antibiotiques à la naissance ou durant les premiers mois de la vie, pour favoriser le développement de C. albicans et déclencher un muguet. Chez la personne âgée, on constate des changements progressifs du microbiote, caractérisés notamment par la baisse de la population des bifidobactéries, entre autres du fait des modifications des modalités et des conditions d’alimentation. Ajoutons à cela la polymédication et l’addition des pathologies, et la dysbiose s’installe, d’où la plus grande incidence de candidose chronique chez les personnes vieillissantes.

LA BAISSE OU LE DÉRÈGLEMENT DU SYSTÈME IMMUNITAIRE La deuxième opportunité pour le candida de se développer et de se transformer en moisissure est l’affaiblissement des défenses immunitaires. Notre profiteur professionnel ne se fait pas prier pour sauter sur l’occasion, ce qui enclenche, de par son pouvoir pathogène, le cercle vicieux de l’aggravation de la défaillance immunitaire. L’un des premiers symptômes du sida est justement l’apparition de candidoses buccales. Une étude 3 de 2009 portant sur trois cents patients porteurs du VIH a montré que 39 % d’entre eux ont présenté des lésions buccales, avec une prédominance des candidoses dans 59,1 % des cas. Véritable faillite du système immunitaire, le cancer ouvre une voie royale au candida. Ainsi, la maladie peut provoquer des brèches ou des ulcérations au niveau des muqueuses digestives, constituant une porte d’entrée pour la levure (par exemple, cancer du côlon). Le cancer du sang (leucémie) abaisse directement les défenses

immunitaires. Ces dernières sont également affaiblies au cours de la chimiothérapie ou de la radiothérapie, traitements agressifs qui peuvent enflammer les muqueuses, favorisant ainsi les infections fongiques. La baisse des polynucléaires neutrophiles, une variété de globules blancs impliqués dans l’immunité cellulaire, est le principal facteur favorisant des mycoses au cours du cancer. Inversement, C.  albicans favorise des lésions précancéreuses, comme la leucoplasie orale, qui connaît une transformation maligne dans 1 % des cas. L’association des substances toxiques du tabac et du candida favorise les cancers de la bouche. L’utilisation d’immunosuppresseurs lors d’une greffe de moelle et d’une transplantation d’organe solide fait courir le risque de mycoses profondes gravissimes 4. Leur usage au cours des maladies autoimmunes induit un risque infectieux important, qui concerne particulièrement le candida. L’affaiblissement du « terrain » favorise la candidose De façon générale, toute situation de baisse des défenses de l’organisme favorise les mycoses  : troubles de l’adaptation au stress, surmenage, syndrome d’épuisement professionnel, chimiothérapie, exposition aux métaux lourds, dépendance à l’héroïne, maladies rares, voire orphelines, ainsi que certaines maladies générales. C’est le cas du syndrome métabolique (caractérisé par une résistance à l’insuline, la principale hormone de régulation du sucre sanguin), du prédiabète et du diabète, du syndrome de Cushing (excès de sécrétion du cortisol par une ou deux des surrénales), de l’hypothyroïdie (thyroïde faible, notamment par carence en iode). Les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) favorisent également la candidose intestinale, qui contribue en retour à les

aggraver. Parmi elles, on retrouve la colite collagène, la maladie de Crohn et la rectocolite ulcéro-hémorragique.

Le rôle de l’alimentation Les déséquilibres alimentaires constituent une autre situation propice à la transformation de la levure en sa forme parasite pathogène. Ils favorisent les carences nutritionnelles, notamment en vitamine A ou en fer, souvent associées à une candidose chronique (le mécanisme n’est pas encore élucidé). De même, un régime pauvre en fibres favorise l’appauvrissement en bifidobactéries et l’émergence des souches candidosiques pathogènes. Une alimentation non adaptée contribue à la perturbation du microbiote, et peut directement favoriser la croissance du candida. Ainsi, nous avons vu que sa structure glucidique s’enrichit d’une alimentation sucrée.

LE PIÈGE DU SUCRE Ne nourrissez pas la levure immonde en vous gavant de ces hydrates de carbone dont elle raffole  ! Cela revient à souffler sur les braises. Pas étonnant que le feu intérieur vous embrase, dès lors que vous l’alimentez consciencieusement de sodas, de jus de fruits, de sucreries, de gâteaux et autres aliments riches en sucres rapides. Rien de tel pour attiser la candidose que l’abus de fruits sucrés, de produits laitiers fermentés, de graisses saturées et de viande provenant d’animaux traités lourdement par des antibiotiques (bovins, veau, poulets). En outre, une alimentation hypercalorique et trop

abondante constitue également un facteur favorisant : la capacité de digestion risque d’être débordée, surtout si elle est déjà en état de faiblesse et accompagnée d’une mastication déficiente.

ATTENTION AU TERRAIN ACIDE ! Les mycoses se développent en milieu acide. Une alimentation « acide », c’est-à-dire riche en protéines animales (viandes, poissons, fromages, œufs) et pauvre en fruits et en légumes, favorise l’acidose métabolique latente, que les naturopathes ont popularisée sous l’appellation «  terrain acide  ». On comprend que le rétablissement d’un bon équilibre acido-basique dans le corps sera une condition indispensable quand il s’agira de combattre C. albicans.

FAUT-IL INCRIMINER LE GLUTEN ? Concernant le gluten, la discussion est ouverte. Le gluten fait partie des 10 % de protéines que contiennent certaines céréales (blé, orge, seigle…). Il donne à la farine sa fluidité. Il permet au pain de lever pendant la cuisson en lui apportant élasticité, cohésion et rétention gazeuse, à l’origine de la mie. Il sert de liant et confère une texture moelleuse aux aliments, non seulement au pain, à la brioche et autres productions boulangères, mais aussi aux plats préparés et aux sauces. Du fait de sa médiatisation et des modes alimentaires, ce complexe de protéines insolubles est incriminé à tout-va, et nombreuses sont les personnes qui le réduisent ou le suppriment de leur propre chef sans que sa responsabilité soit réellement documentée à l’échelle individuelle. Au sens propre comme au sens figuré, le gluten est mis à toutes les sauces ! Cette mise à l’opprobre

est-elle véritablement justifiée, du moins en ce qui concerne le problème des candidoses, notamment digestives ? D’un point de vue clinique, on a constaté depuis longtemps que l’éviction du gluten améliore les troubles intestinaux liés à la candidose et certains troubles du système nerveux. Les publications des dix dernières années confortent cette idée et lui donnent une base biologique. Dès 2009, une étude 5 montrait que la candidose chronique cutanéo-muqueuse pouvait entraîner une élévation des anticorps anti-gliadine, la gliadine étant la fraction protéique présente dans le gluten du blé. Les perturbations de la flore bactérienne associées à l’inflammation de la muqueuse digestive provoquée par la présence de C.  albicans sont à l’origine d’une hyperperméabilité intestinale qui permet aux grosses molécules, comme celles du gluten, d’entrer en contact avec le système immunitaire sous-muqueux, ce qui favorise la production d’anticorps anti-gliadine. D’autres études scientifiques étayent le lien entre candida et gluten. En mars  2017, le Dr  June Round, chercheuse à l’université médicale d’Utah à Salt Lake City expliquait au Quotidien du médecin 6  : «  Nous avons découvert que la présence intestinale de Saccharomyces cerevisiae aggrave la colite chez la souris. » Rappelons que les levures S. cerevisiae (constitutives de la levure de bière et de boulanger) font partie de la même classe que C.  albicans. Des anticorps (les ASCA ou anti-Saccharomyces cerevisiae antibodies) dirigés contre les glycanes, des composés majeurs de leur paroi, ont été découverts dans le sérum de patients atteints de pathologies autoimmunes ou de la maladie de Crohn. L’étude de ces anticorps dirigés contre la levure S. cerevisiae a d’ailleurs permis d’établir dès 2009 un lien qui n’avait jamais été suspecté auparavant entre C.  albicans et cette maladie 7. Nous reviendrons dans le chapitre III sur le cousinage

étroit entre le gluten et C. albicans, mais il est désormais démontré que le premier favorise le second.

Les environnements propices à la prolifération du candida Aux causes générales déjà évoquées, il faut ajouter les facteurs favorisant directement la prolifération des levures.

LA MAUVAISE HYGIÈNE, LA CHALEUR ET L’HUMIDITÉ Les champignons se complaisent dans la chaleur, l’humidité et la macération (contacts répétés avec l’eau, occlusion, transpiration, obésité…). Inutile de leur faciliter la vie par le biais du port de sousvêtements synthétiques serrés ou par une hygiène insuffisante ou inappropriée. Ainsi, s’il faut respecter une hygiène rigoureuse après chaque selle pour éviter de s’autocontaminer en cas d’antécédents de mycose digestive ou génitale, mieux vaut éviter les douches vaginales et/ou l’emploi de produits trop agressifs, qui peuvent blesser les muqueuses, entraînant le résultat inverse que celui escompté. Dans le même ordre d’idées, évitez localement les savons acides et les parfums en cas d’antécédents de mycose cutanée ou des parties intimes.

L’IRRITATION DES MUQUEUSES

De façon générale, toute agression des muqueuses favorise le développement des spores de C.  albicans et sa transformation en filaments mycéliens. La sécheresse vaginale par carence œstrogénique lors de la ménopause. Des rapports sexuels trop fréquents ou inadaptés. Une contraception locale par diaphragme ou par stérilet. Une mucite (inflammation aiguë de la muqueuse) provoquée par de la chimiothérapie ou de la radiothérapie. L’irritation buccale chronique provoquée par les prothèses dentaires, l’alcool, le tabac, les aliments irritants, les morsures et, surtout, la sécheresse buccale (xérostomie). Cette dernière est due notamment à un manque de salive (hyposialie), fréquent chez les personnes âgées ou lors de la prise de certains médicaments, comme les atropiniques prescrits en cas d’instabilité de la vessie. Attention aussi aux boissons brûlantes régulièrement consommées et aux solutions antiseptiques buccales utilisées de façon abusive : elles décapent à la fois le microbiote buccal et la muqueuse. Pour peu que l’hygiène buccale ne soit pas au rendez-vous, le résultat est détonant. Les dentistes qui utilisent le microscope pour examiner le parodonte (tissu de soutien de la dent) sont aux premières loges pour constater la prolifération gingivale du candida et la parodontite qui s’ensuit.

Du symptôme banal à la candidose chronique Au début, c’est une histoire simple. Le diagnostic de la mycose localisée est relativement aisé. Si l’on doute devant des

manifestations buccales, anales ou génitales, un prélèvement local et une analyse mycologique viennent le plus souvent trancher le dilemme. En cas d’incertitude, il est légitime d’utiliser un traitement antifongique local à titre d’essai sur une longue durée (voir ici). La candidose peut frapper partout, mais les localisations les plus courantes concernent la région génitale féminine. Il suffit de constater le marché florissant des ovules gynécologiques pour se convaincre de la bonne fortune des fabricants, qui n’a d’égale que la mauvaise fortune des femmes concernées par le problème. Cette infection est banale, il est vrai. Très pénible, mais banale. Notons d’ailleurs que de 20 à 25 % des femmes hébergent du candida au niveau de la zone vulvo-vaginale sans ressentir le moindre symptôme… jusqu’à ce que notre opportuniste profite de la situation. Attendant patiemment son heure, il sera là quand on ne l’attendra plus. On a vu que de nombreuses situations favorisent C. albicans. Il est fréquent que ces causes se surajoutent, s’associant parfois à des contaminations externes, par exemple par le partenaire, qu’il faudra penser à traiter.

AINSI VONT LES INFECTIONS URINAIRES ET LES PETITS TROUBLES INTESTINAUX

Souvent, les infections urinaires précèdent la mycose, l’antibiothérapie de l’un favorisant l’émergence de l’autre, ou bien surviennent une diarrhée, des gaz malodorants, une crise de ballonnement… Apparaît ensuite le temps des premières intolérances alimentaires. Le sujet étant à la mode, vous avez vite fait d’essayer le régime sans gluten. Et là, curieusement, vous vous sentez mieux. C’était donc ça, c’était la faute à ce satané gluten ! Le réduire, voire le supprimer, fait du bien, mais vous vous rendez compte très vite que

d’autres aliments viennent vous gâcher les plaisirs de la table. C’est alors le moment de tenir une comptabilité précise de ce que vous pouvez manger ou pas. Dans le registre des petits maux digestifs, il y a bien aussi ces démangeaisons anales, résistantes aux vermifuges, cette digestion difficile, ces reflux gastro-œsophagiens et ces maux d’estomac, que l’on ne peut imputer à Helicobacter pylori (un autre pathogène velcro) puisqu’il n’est alors pas retrouvé dans la cavité gastrique.

LES TROUBLES DU CYCLE MENSTRUEL SONT DE LA PARTIE La période prémenstruelle tant redoutée vous met les nerfs en boule et le ventre en vrac. Votre libido est fluctuante, et il faut que votre amoureux vous sorte le grand jeu pour connaître l’extase du septième ciel. C’est seulement après coup que vous ferez le lien entre la candidose et le temps anormalement long qu’il vous aura fallu pour attendre votre petit dernier !

ET LA FATIGUE, N’EN PARLONS PAS ! Ou plutôt si, parlons-en  ! Mise sur le compte des suites d’une grossesse difficile, des réveils nocturnes à cause du bébé ou de la triade infernale métro-boulot-dodo avec de longs trajets, la fatigue est là, attribuée au début à toutes sortes de raisons. Mais elle ne passe pas. Présente dès le matin, elle s’estompe quand la tête est ailleurs, prise dans le maelström de la vie. Elle revient à la première occasion comme pour mieux vous signifier : « Je ne te lâcherai plus ! » Peu à peu, vous sentez l’inquiétude poindre en vous. L’avenir n’est plus rose, l’envie se dilue, la mémoire fout le camp, la concentration se met aux abonnés absents… et vous voici persuadé que vous êtes en

train d’expérimenter l’alzheimer de la quarantaine ! Rien ne presse ! Là aussi, la fatigue va et vient. Au début, le repos vous fait du bien, un congé de fin de semaine à la campagne, des vacances salutaires… Peu à peu, cela ne suffit plus. Le sommeil se dérègle  : il devient superficiel, non réparateur. Tantôt l’endormissement est difficile, tantôt le réveil est trop facile, surtout au milieu de la nuit. Comment se rendormir ? Aucun nuage significatif ne vient encombrer le ciel de votre existence, mais celui-ci est gris ou bien d’un blanc déprimant. Vous avez une impression de vide… La tête lourde, parfois douloureuse, vous commencez à vous dire que cela n’est pas tout à fait normal, que ça ne peut plus, ne doit plus durer…

UN MÉLANGE DE PETITS ET DE GRANDS SYMPTÔMES Au bout de quelques années, vous êtes confronté à un ensemble de petits ou de grands symptômes que vous ne comprenez pas. Pris individuellement, ils ne sont pas forcément graves, mais mis bout à bout ils constituent un tableau clinique complexe, pénalisant, voire invalidant, qui dégrade votre santé et votre vie. Cela peut aller de la récurrence d’un trouble particulier, comme une fatigue chronique persistante, jusqu’à un arrêt de travail prolongé et l’abandon de toute activité professionnelle avec déconnexion sociale. Entre les deux, il existe toute une déclinaison de manifestations cliniques, parmi lesquelles les troubles fonctionnels intestinaux et les perturbations de l’immunité sont de loin les plus fréquents.

Les implications du candida sur la santé

Alors, faut-il considérer que le candida est partout, derrière la moindre pathologie, systématiquement ? La réponse est plus souvent oui que non. À votre insu, il a poussé son avantage, étendant ses ramifications mycéliennes dans toutes les brèches qui s’ouvriront devant lui. Au fil du temps et des conditions favorisantes, la candidose chronique s’est installée, et vous ne le savez pas encore. Tôt ou tard cependant, vous ferez sa connaissance. Il faudra gérer sa présence et les risques santé qu’elle vous fera courir, petits ou grands. Le plus souvent, le problème sera circonscrit et vous apprendrez à vivre avec lui. S’il ne vous affecte que de façon légère ou modérée, vous ne saurez même pas la part qu’il prend dans votre état de santé. Dans d’autres cas, il aura une grande responsabilité dans certains troubles que vous allez développer. Dans d’autres cas encore, votre organisme saura trouver la parade et vous allez le contrôler, sans jamais l’éradiquer vraiment. Voici le message fondamental qu’il vous faudra toujours vous remémorer : ne jamais sous-estimer C. albicans et ses congénères.

PLUS QU’UN TROUBLE, UN SYNDROME La plupart du temps, les personnes concernées par le candida s’en accommodent, avec des symptômes mineurs qu’elles tolèrent, qu’elles ont circonscrits. Le candida est là, contingenté et contrôlé, attendant son heure. Usant d’une stratégie de grignotage, il s’exprime chaque fois que l’occasion lui est donnée, et son pouvoir de nuisance progresse alors d’un cran, jusqu’à ce que les troubles accumulés çà et là constituent un ensemble complexe de manifestations dont le dénominateur commun est le candida. C’est la définition au sens propre d’un syndrome telle qu’elle est donnée par le Larousse  : « Ensemble de plusieurs symptômes ou signes en rapport avec un état

pathologique donné et permettant, par leur groupement, d’orienter le diagnostic. » Au sens figuré, le même terme désigne un « ensemble de comportements particuliers à un groupe humain ayant subi une même situation traumatisante ». Vu l’importance que peut prendre la problématique de candidose chronique, le risque est d’en arriver là. La difficulté du diagnostic et de la prise en charge de la candidose provient de cette apparente simplicité, qui se transforme peu à peu en complexité. Telle une anguille, le candida est difficile à voir et à attraper. Il faut y penser sans en avoir peur et sans tomber dans l’obsession. La compréhension du mode d’action de cette levure permet de contourner ses stratégies et de l’empêcher de nuire. Là est l’essentiel. Apprendre à reconnaître le candida et à lutter contre son développement et ses conséquences est la clé pour en venir à bout.

LA CANDIDOSE N’EST PAS UNE MALADIE INFECTIEUSE COMME LES AUTRES Pas assez méchante à son tout début pour susciter la mobilisation de tous les moyens pour la combattre, elle est redoutable si l’on se contente d’en calmer les manifestations ou si l’on ne veille pas à éviter de favoriser son émergence par la prévention. C’est d’autant plus vrai que le candida n’opère pas forcément seul. S’installant dans la durée, il fait la courte échelle à d’autres agents pathogènes pour prendre d’assaut la citadelle immunitaire, ce qui contribue, par effet d’alliance, à renforcer son propre pouvoir de nuisance. Cette association réalise des co-infections redoutables (voir ici). Pour peu que s’invitent la bactérie Borrelia, le virus d’Epstein-Barr, le cytomégalovirus, le parvovirus B19, le virus de type herpès 6 ou tout autre agent infectieux, le lent travail de sape des fondements du système immunitaire s’accomplit inexorablement. Certaines

personnes sont plus sensibles que d’autres : exposition plus ou moins précoce, capacité plus ou moins grande d’adaptation et de retour à la situation de pleine santé, accumulation d’une pression perturbatrice qui stresse l’organisme au fil du temps… Cela peut déboucher sur des tableaux plus intriqués encore, dont le point commun est une faiblesse de l’immunité, avec altération de ses deux fonctions régaliennes  : la défense contre les agressions et la tolérance de l’environnement et de soi-même. C’est la porte ouverte aux infections à répétition, aux maladies auto-immunes, à l’inflammation cellulaire chronique, aux pertes de capacité de réparation et au vieillissement prématuré du tissu conjonctif de soutien et de protection de l’organisme. Le pathogène faisant tout pour pousser son avantage, la conjonction de facteurs favorisants et de son opportunisme déstabilisent durablement l’organisme. C’est ainsi que l’on passe progressivement du statut de terrain fragile à celui d’état de maladie. Cela se fait à des degrés variables d’un individu à l’autre, et débouche sur un large éventail de troubles, allant du plus simple au plus complexe, latents ou expressifs, permanents ou récurrents, en tout cas durables. Dans l’histoire de chaque individu, un grand nombre d’événements peut venir enrayer le bon fonctionnement du système immunitaire et favoriser l’émergence de C.  albicans, voire le développement d’une candidose chronique.

COMMENT FAIRE FACE AU DÉFI DE LA CANDIDOSE ? L’évolution chronique dans le temps complique la tâche et favorise les retards de diagnostic. Comme toujours en médecine, tout repose sur une démarche clinique bien comprise. Il s’agit de partir des manifestations cliniques pour aller au diagnostic en comprenant les

mécanismes du trouble ou de la maladie. Cette approche physiopathologique est capitale pour mettre en place les bonnes solutions, de façon adaptée aux enjeux. Face à un transformiste comme C. albicans, il ne faut pas être naïf, ni se dire que cela passera tout seul. Il faut lui opposer une stratégie coordonnée à toutes les étapes du parcours : au moment des premières manifestations cliniques traduisant directement son pouvoir pathogène ; en cas de signes indirects de sa présence, qu’il faut savoir suspecter et interpréter, notamment quand les perturbations générales sont peu spécifiques ; lors de la mise en œuvre des solutions thérapeutiques, qu’elles soient conventionnelles et moléculaires, ou bien complémentaires et naturelles. Il faut véritablement considérer la candidose chronique comme un défi à la santé. La question n’est pas de savoir si vous serez confronté au candida, mais comment vous allez le gérer, le circonscrire, le maîtriser et apprendre à vivre avec lui, pour qu’il ne puisse pas nuire. À toute chose, malheur est bon : le candida vous obligera à vous occuper de vous, à mieux gérer votre santé, de façon globale et intégrative. Ainsi, C. albicans peut être la meilleure ou la pire des choses. Dans le premier cas, il amène à un comportement vertueux  ; dans le second, il peut vous faire chuter. En réalité, il conduit le plus souvent à cet entre-deux imparfait qui, sans vous abattre, laisse subsister des incompréhensions et des insatisfactions. Il est grand temps d’approfondir la question, d’apprendre à reconnaître les signes cliniques provoqués par le candida, de débusquer la candidose chronique et de faire de vous le patient de la première situation, celle qui débouche sur une santé recouvrée et préservée.

CHAPITRE II

Comment reconnaître les différentes candidoses ?

Les infections fongiques dues aux levures du genre Candida ont profité de l’accroissement des conditions environnementales favorables à leur expansion, doublant leur fréquence en une génération. Candida albicans, leur principal représentant, est responsable de la majorité des manifestations cliniques. Par opposition aux candidoses profondes ou systémiques, qui se traduisent par des septicémies et des atteintes viscérales potentiellement graves et souvent mortelles, les candidoses dites superficielles représentent les infections les plus courantes. Elles peuvent se classer en deux catégories : les atteintes externes, sur la peau, les ongles, les seins, les muqueuses accessibles au simple examen visuel (les parties génitales, la région anale) ; les atteintes de la muqueuse digestive, c’est-à-dire la bouche, l’œsophage, l’intestin grêle, le côlon.

Les atteintes externes : peau, sein, ongles et parties génitales LES MYCOSES DE LA PEAU, DES POILS ET DES ONGLES Au niveau cutané, C. albicans n’est jamais trouvé à l’état normal, alors qu’il existe à l’état saprophyte au niveau du tube digestif et des muqueuses génitales. Sa présence sur la peau se traduit par des plaques rosées ou rouge vif aux bords irréguliers, souvent entourées d’un pourtour blanchâtre et accompagnées de démangeaisons locales. Parfois, la peau peut peler ou des pustules peuvent apparaître. Les localisations prédominent au niveau des plis, et l’on parle alors d’intertrigo. À ce niveau, le manque d’hygiène, l’obésité, la chaleur, l’humidité, la transpiration et la macération créent des conditions idéales pour la prolifération du candida. Il peut entraîner un intertrigo des grands plis, volontiers accompagné de fissures. Cela concerne les régions inguinale (la racine de la cuisse), axillaire (sous les bras), abdominale, sous-mammaire et inter-fessière. Chez le nourrisson, l’atteinte constitue le fameux érythème fessier que connaissent bien les jeunes mamans. Au niveau des petits plis, la localisation touche les plis interdigitaux des mains, parfois des pieds. À cette extrémité du bas du corps, l’atteinte mycosique peut donner un aspect de peau farineuse et marbrée au niveau de la plante des pieds, ou bien se manifester sous la forme d’une peau suintante fissurée entre les orteils.

Bon à savoir Cette atteinte des petits plis ne doit pas être confondue avec le pied d’athlète, qui est une mycose provoquée par une autre variété de champignons, de la famille des dermatophytes.

Vous risquez la prolifération du candida aux extrémités si vous souffrez de transpiration (hyperhidrose), si vous êtes en contact fréquent avec l’eau (si vous êtes plongeur dans la restauration, par exemple) ou si vous devez, pour des raisons professionnelles, maintenir vos mains ou vos pieds sous occlusion (port de gants, de chaussures de sécurité, de bottes…). Même sanction si vous êtes sportif, en raison de la transpiration et/ou du port prolongé des chaussures de sport (en dehors de la pratique sportive). Des folliculites candidosiques, marquées par une inflammation et une suppuration locale, peuvent exister au niveau des poils. Elles sont notamment retrouvées en cas d’héroïnomanie, et traduisent alors une septicémie à Candida. Au niveau de la barbe et du cuir chevelu, les mycoses se traduisent souvent par des plaques rouges, par des démangeaisons ou par des pellicules. C. albicans peut également contaminer les ongles (onyxis) ou leur pourtour (périonyxis), pouvant aller jusqu’à la tuméfaction douloureuse de la matrice unguéale. Cette localisation est favorisée par l’exposition répétée à l’eau et les agressions mécaniques de l’ongle (par exemple, chez les marcheurs, les coureurs ou les randonneurs, notamment en montagne). La transmission se fait essentiellement à partir de soi-même (de son propre réservoir intestinal), parfois à partir d’objets souillés (gants, chaussures, linge de toilette) ou de surfaces contaminées (sol des piscines par exemple).

Un prélèvement pour examen mycobactériologique peut être nécessaire pour faire le diagnostic différentiel.

LES MYCOSES MAMMAIRES Au niveau du sein, l’atteinte peut concerner le mamelon et les canaux lactifères, entraînant une candidose mammaire, fréquente chez la femme allaitante. Cela se traduit par des douleurs intenses du mamelon et/ou du sein, parfois bilatéralement (bien que le bébé tète de façon correcte), des démangeaisons, des sensations de brûlure, d’élancement pendant toute la tétée, surtout vers la fin, persistant entre les tétées (ce point permet de faire la différence avec une douleur mammaire qui serait due à une succion trop vigoureuse du bébé). Le nourrisson présente souvent un muguet dans le même temps, voire un érythème fessier, la contamination se faisant le plus souvent dans le sens mère-enfant. Prévenir la candidose mammaire en cours d’allaitement est une nécessité, compte tenu du risque de sevrage non désiré. C’est d’autant plus vrai qu’il existe également une mycose vaginale ou une crevasse au niveau du sein, une prise d’antibiotiques, une contraception orale œstrogénique, une fatigue ou une baisse des défenses immunitaires. Enfin, des problèmes d’hygiène peuvent être en cause, soit par défaut, soit par excès de zèle.

LES MYCOSES GÉNITALES En matière de candidose, il ne faut pas hésiter à s’intéresser à ce qui se passe en dessous de la ceinture, où se trouvent la région génitourinaire et la zone d’abouchement du tube digestif. Des manifestations cliniques actuelles ou antérieures de candidose périnéale constituent un facteur de présomption très fort en faveur de

l’existence d’un réservoir intestinal actif de Candida, autrement dit d’une candidose digestive chronique. Concrètement, outre un possible intertrigo de l’entrejambe et des plis inguinaux, l’atteinte mycosique peut concerner le secteur périanal ainsi que la marge anale et le sillon. La candidose ano-rectale se révèle par un prurit anal (cela démange  !), et se traduit visuellement  : la muqueuse est écarlate, érosive et suintante en collerette autour de l’orifice terminal du tube digestif. C.  albicans trouve les conditions idéales pour se développer au niveau génital  : chaleur, humidité, irritation mécanique, contamination… Il peut concerner les muqueuses externes masculines et féminines. Chez l’homme Il provoque une inflammation du gland (balanite), qui se traduit par des rougeurs, un prurit, une sensation de brûlure. Un dépôt blanchâtre peut se retrouver entre le prépuce et le gland, trahissant la présence de C. albicans. Parfois, des petites vésicules sont présentes à sa surface, ainsi que des lésions légèrement saillantes (papules). Dans d’autres cas, c’est un suintement local, voire un écoulement du méat urétral (l’orifice par lequel sort l’urine) qui alerte la victime, étonnée de ces manifestations inhabituelles. Dans ce dernier cas, une urétrite (atteinte du canal urinaire excréteur) peut être suspectée. Chez la personne obèse, l’atteinte peut s’étendre au pénis, au scrotum et jusqu’à l’aine. La candidose génitale masculine est généralement provoquée par un rapport sexuel. De fait, le traitement devrait s’appliquer également aux parties génitales du conjoint. Chez la femme et la jeune fille

Les candidoses génitales sont très fréquentes et provoquées dans 80 % des cas par C. albicans. L’atteinte vulvaire se manifeste par des démangeaisons déplaisantes. Cette vulvite s’accompagne du même type de manifestations que chez l’homme, auxquelles s’ajoute souvent une localisation vaginale sous forme d’abondantes pertes blanches (leucorrhées), à l’aspect de lait caillé. Elles sont désagréables et malodorantes, plutôt acides, et peuvent s’accompagner de démangeaisons (prurit) intenses, avec impression de brûlure. La sensation de chaleur peut être perçue comme douloureuse, voire insupportable, avec une sensibilité accrue par le contact des sousvêtements ou des serviettes hygiéniques, ou en cas de rapport sexuel. La muqueuse génitale, habituellement rose, devient rouge et luisante, parfois écarlate. Des ulcérations peuvent apparaître, ainsi que des petites fissures ou de l’œdème (gonflement), ce qui se traduit par une vulve tuméfiée. Uriner devient douloureux et pénible. À ses débuts, la mycose peut ne procurer qu’un simple inconfort vulvo-vaginal, avec la perception d’une gêne au niveau des parties intimes, entre les petites lèvres, parfois un peu autour de la vulve, et dans le vagin. Si cela ne persiste pas, ce n’est pas obligatoirement lié à la prolifération de C.  albicans, mais peut correspondre à une irritation passagère d’origine mécanique (frottement, relation sexuelle) ou à une sécheresse vaginale liée à un déficit œstrogénique, notamment lors de la ménopause. Cette gêne peut aussi traduire une tentative infructueuse des levures déjà implantées localement de se développer et d’exprimer ainsi leur pouvoir pathogène. Cela signifie que la flore vaginale reprend le contrôle de la situation. Ce même désagrément génital peut aussi traduire un développement agressif du candida. Ne le négligez pas et prenez au minimum des mesures préventives (voir ici et ici). Veillez à vous soigner au moindre doute, surtout en cas d’antécédents candidosiques génitaux. Même bien

traité, C.  albicans repart à l’attaque dès qu’il le peut. Dès lors, une première candidose vaginale risque d’inaugurer une longue série. C’est d’autant plus vrai que l’atteinte fongique génitale renvoie à un probable foyer de candidose intestinale  : il existe une corrélation directe 8 entre les deux (voir ici). Comme pour l’homme, la transmission peut être sexuelle, et il convient de dépister et de traiter le partenaire. L’usage du préservatif constitue une protection possible, mais non absolue  : une contamination cutanée reste théoriquement possible au niveau du périnée (entrejambe). La meilleure prévention reste l’abstinence tant que l’infection n’est pas éradiquée localement. Chez la femme enceinte Au cours de la grossesse, le risque de développer une vulvo-vaginite candidosique est accru 9 du fait de l’imprégnation hormonale intense des tissus. Présents en abondance, les œstrogènes nourrissent la paroi vaginale, tel un engrais, et stimulent la croissance du candida en abaissant la capacité naturelle de la muqueuse génitale à inhiber la croissance de C.  albicans. Ils abaissent le taux d’anticorps anticandida dans les sécrétions vaginales. De même, l’augmentation de la sécrétion de progestérone, autre hormone féminine d’importance pendant la gestation, diminue la capacité de lutte anti-candida de certains globules blancs impliqués dans les défenses immunitaires, les polynucléaires neutrophiles. Œstrogènes et progestérone favorisent également l’augmentation du glycogène, un sucre complexe, dans le vagin, ce qui constitue un excellent carburant pour les levures. Résultat : au cours d’une première grossesse, on retrouve C. albicans dans 40  % des cas, un chiffre qui monte à 60  % au cours des grossesses suivantes. Il peut être asymptomatique, c’est-à-dire sans signes apparents. La mycose vulvo-vaginale touche malgré tout trois

quarts des femmes au moins une fois au cours de leurs différentes grossesses. Plus la grossesse se rapproche du terme, plus le risque est augmenté, culminant au cours du dernier trimestre, pendant lequel les épisodes mycosiques sont trois fois plus fréquents. Prévenir, dépister et traiter une éventuelle infection génitale à candida dans un contexte de gestation est une préoccupation constante des gynécologues et des sages-femmes compte tenu du risque accru d’accouchement prématuré et de contamination néonatale. Il s’agit d’éviter une candidose congénitale du nouveau-né, caractérisée soit par une atteinte cutanée, soit plus rarement, mais de façon plus redoutable, par une dissémination systémique (touchant alors les organes internes). L’infection fongique à la naissance est également plus fréquente en cas de grande prématurité (moins de 32 semaines de gestation), de petit poids de naissance (moins de 1,5 kg). La prise en compte de cette éventualité est devenue un enjeu de santé publique puisque la Haute Autorité de santé (HAS) a émis en 2001 des recommandations 10 sur la prévention anténatale du risque infectieux bactérien néonatal précoce, qui concerne également le risque de mycose vaginale. En pratique, un prélèvement vaginal à visée diagnostique est souvent réalisé en cours de grossesse. Celui-ci n’étant pas forcément positif, même en cas de propagation du candida, le traitement curatif doit se faire sans attendre, dès que le diagnostic clinique du médecin est posé, en tenant compte des spécificités de la grossesse. On en revient toujours à la prévention pour minimiser le risque.

EST-CE BIEN UNE CANDIDOSE VAGINALE ? Toute vaginite n’est pas infectieuse —  elle peut être traumatique ou mécanique  —, et toute infection vaginale n’est pas mycosique,

d’autres agents pathogènes pouvant être responsables. Lorsque les manifestations ne sont pas franches, il est facile de se tromper. N’oublions pas que des pertes blanches, même abondantes, ne sont pas anormales si elles sont fluides et transparentes. Elles sont présentes juste avant l’ovulation, en cas de grossesse ou de port de stérilet (par stimulation de la production de glaire cervicale par le fil sortant du col cervical). Non pathologiques, ces pertes ne s’accompagnent d’aucun des désagréments décrits précédemment, et la muqueuse génitale est parfaitement normale. D’autres causes pathologiques peuvent affecter la zone vulvo-vaginale ; elles relèvent alors, une fois le diagnostic posé, de traitements spécifiques. Comment faire la différence ? La crise d’herpès génital Dans certains cas, l’inflammation de la muqueuse peut être provoquée par une crise d’herpès génital : la brûlure est intense, des vésicules suintantes apparaissent, puis des croûtes se forment. La guérison survient en huit à dix jours. Des récidives sont possibles. L’infection sexuellement transmissible Une infection sexuellement transmissible (IST) doit être évoquée, notamment en cas de partenaires sexuels multiples. Comme elle peut passer inaperçue ou donner des troubles locaux plus ou moins intenses, son diagnostic n’est pas forcément facile, d’où l’intérêt d’un prélèvement local avec analyse mycobactériologique pour faire la part des choses. Le pathogène peut être un parasite. Voici venir Trichomonas vaginalis. Qui est-il  ? Cet organisme unicellulaire flagellé, très contagieux, est responsable de l’infection sexuellement

transmissible non virale la plus répandue dans le monde. Cette infection, souvent silencieuse chez l’homme, sans signe apparent chez 50  % des femmes, peut donner de redoutables complications  : stérilité masculine, inflammation de la prostate (prostatite), atteinte de l’utérus (endométrite) et/ou des trompes (salpingite), infertilité féminine. Lorsque T.  vaginalis s’exprime cliniquement, il provoque d’épaisses pertes jaunâtres ou verdâtres, parfois nauséabondes. Dans d’autres circonstances, le vecteur de l’IST est une bactérie, et entre alors en scène Chlamydiae trachomatis, responsable de la chlamydiose. C’est la maladie bactérienne sexuellement transmissible la plus fréquente entre 16 et 24 ans, surtout chez les femmes. On la redoute d’autant plus qu’elle ne donne aucun trouble la plupart du temps et qu’elle est également une source fréquente de stérilité pour les deux sexes. Elle peut également provoquer des brûlures, un écoulement trouble par la verge, l’anus ou le vagin, parfois de la fièvre ou une douleur dans le basventre. Les affections dermatologiques Certaines affections dermatologiques peuvent également affecter la région génitale féminine. Un eczéma peut atteindre la vulve, qui devient érythémateuse et sensible, mais avec peu ou pas de pertes génitales. Cela traduit alors une irritation ou une allergie de contact. Le ou les coupables  ? Protections hygiéniques, tissu synthétique ou contenant des colorants agressifs, produit d’hygiène intime irritant ou inadapté (par exemple trop acide), réaction au latex du préservatif… La solution passe par l’éviction du contact litigieux.

Un psoriasis génital peut affecter la région vulvaire (chez monsieur, l’atteinte du pénis peut concerner le gland). Il touche de 30 à 40 % d’entre eux, se traduisant au niveau de la muqueuse par un épaississement rouge, peu ou pas squameux (absence de fines lamelles de peau morte) à cause de l’humidité naturelle de la zone, et une possible évolution vers une sécheresse, voire une surinfection. Plus rarement, il s’agit d’un lichen scléro-atrophique. Cette atteinte chronique non infectieuse se traduit par une irritation prurigineuse rougeâtre de la muqueuse génitale, d’aspect variable, bien délimitée, un peu indurée, voire suintante. La lésion peut déborder parfois sur la peau avoisinante, où elle prend un aspect sec, pâle, parfois nacré, et devient progressivement plus épaisse et indurée. Le diagnostic, visuel, sera effectué par un médecin expérimenté. La vaginose La vaginose mérite d’être considérée à part, dans la mesure où elle constitue le principal facteur favorisant des infections génitales féminines, plus particulièrement de la candidose vaginale, avec laquelle elle ne doit pas être confondue.

De la vaginose à la vaginite Comme au niveau de l’intestin, la paroi du vagin est normalement recouverte d’un biofilm bactérien protecteur constitué de façon dominante (à 95  %) par ce qu’on appelle la flore de Döderlein, qui est composée de lactobacilles, des bactéries lactiques, essentiellement

Lactobacillus crispatus, L. gasseri, L. jensenii, et L. iners. En produisant de l’acide lactique ainsi que du peroxyde d’hydrogène (H2O2), et grâce à leur pouvoir d’adhésion aux surfaces cellulaires vaginales, ces lactobacilles s’opposent au développement de bactéries anormales et pathogènes, et exercent des actions antibiotique, antimycosique et antivirale directes par la production de biosurfactant protecteur. Cette flore lactobacillaire normale laisse peu de place à la flore sousdominante (qui ne représente que 5  % du total), dans laquelle on peut retrouver Escherichia coli ainsi que C. albicans à l’état de spores. Le microbiote vaginal peut se déséquilibrer (dysbiose), soit du fait d’une diminution quantitative des lactobacilles, soit parce que ces derniers connaissent une baisse qualitative les rendant moins efficaces (moindre adhésivité, moindre sécrétion en H2O2 ou en acide lactique). Le microbiote normal est alors remplacé par des bactéries anaérobies (qui peuvent se développer en l’absence d’oxygène), responsables de pertes vaginales adhérentes et malodorantes. Il en résulte une inflammation chronique de la paroi interne de la cavité vaginale. Cela traduit ce qu’il faut malgré tout considérer comme un état infectieux, même si celui-ci ne présente pas le caractère de gravité des vaginites à Trichomonas ou à Chlamydiae. On estime qu’elle représente de 50 à 60 % de toutes les infections de la vulve et du vagin. Si vous êtes enceinte, soyez vigilante, car la dysbiose vaginale, avec ou sans mycose, favorise l’accouchement prématuré et un poids de naissance insuffisant chez le bébé. La vaginose n’est pas considérée comme une IST. Elle se caractérise par une profonde modification de la flore habituelle du vagin, une quasi-disparition des lactobacilles et le développement anormal d’une flore polymorphe, dont Gardnerella vaginalis (dans 95  % des cas) et différents types de bactéries anaérobies, comme

Mycoplasmes. Dans ce contexte, C.  albicans a toute latitude pour se développer ! Entre 10 et 20  % des femmes découvrent les patronymes inquiétants de ces bactéries à l’occasion d’un prélèvement vaginal destiné à confirmer le diagnostic de vaginose. Celle-ci est probablement sous-estimée, car asymptomatique dans la moitié des cas. Sa guérison n’est pas forcément simple  : 30  % de récidives à quatre semaines, 82  % à trois mois 11. Son traitement conventionnel passe par la prise d’antibiotiques spécialisés, les imidazolés, parmi lesquels le métronidazole (Flagyl®) ou le secnidazole (Secnol®). Avec eux, les chiffres ne sont pas plus encourageants, car, si l’on constate 70 % de guérison immédiate, la récidive est de 66 % trois mois plus tard… Lutter contre le candida ou ces bactéries anaérobies qui ont pris le pouvoir passe aussi par la restauration d’une flore de Döderlein normale, ce qui suppose notamment l’arrêt des facteurs favorisants de la dysbiose vaginale (antibiothérapies à répétition, douches vaginales, produits d’hygiène féminine, bains moussants, chlore des piscines) et le recours à des probiotiques locaux. Encore faut-il penser à la vaginose et la diagnostiquer. En effet, celle-ci peut toucher toutes les femmes, y compris celles qui n’ont pas de rapports sexuels, et elle accroît le risque d’infections urinaires et de vaginite à Candida ou à d’autres germes.

Le calvaire des candidoses vaginales à répétition Le problème des infections génitales qui émaillent le parcours génital de nombreuses femmes est qu’elles génèrent des traitements, locaux ou généraux, qui augmentent le risque de dysbiose intestinale et

vaginale. D’antifongiques en antibiotiques, le microbiote de la filière génitale n’a pas toujours les possibilités de se reconstituer et de retourner à l’équilibre, surtout en cas de persistance des facteurs favorisants ou de traitement inadapté ou trop court. En cas de persistance de la dysbiose vaginale, le risque de récidive reste élevé, aboutissant aux très pénibles mycoses vulvo-vaginales récidivantes, ou candidoses génitales récidivantes chroniques, définies par la survenue d’au moins quatre épisodes par an. Certaines femmes en développent un épisode presque tous les mois, notamment en période périmenstruelle, d’autres après chaque rapport sexuel. On parle alors de formes sévères. Récidives fréquentes plus primo-infections à Candida expliquent que la recherche du candida concerne 20 % des examens pratiqués en laboratoire d’analyses médicales. Les mycoses vaginales sont particulièrement pénibles dans leurs manifestations aiguës répétées, et restent souvent handicapantes le reste du temps. Il suffit de parcourir la Toile et de lire les témoignages sur les forums de discussion pour s’en convaincre.

Témoignages Une anonyme raconte : « J’en souffre énormément ; je ne vais plus à la piscine, je ne peux plus faire de vélo et même quand je m’assois, ça me brûle, je ne sais plus quoi porter tellement tout m’irrite. » Une autre personne témoigne : « J’ai tout essayé ! Antibiotiques durant un an (ce qui m’a encore plus détruit je pense  !), huiles essentielles, crèmes, reconstituants de flore, canneberge… J’ai changé plusieurs fois de gynéco ! Durant deux ans, prise de sang et frottis toutes les semaines… pour qu’à chaque fois on me dise que je n’ai rien, mise à part que j’ai la flore vaginale détruite et que je suis sujette aux mycoses et cystites. Tous les traitements n’ont donc jamais servi à rien ! Je pensais que tout était dû aux rapports (avec un seul partenaire), mais ça fait cinq mois que je n’ai plus d’activité sexuelle et j’ai toujours aussi mal, dedans, dehors, je ne peux même plus me laver ou m’essuyer sans souffrir. C’est horrible. »

Du fait de la dysbiose vaginale sous-jacente et/ou de la persistance locale des levures et des filaments mycéliens, l’inflammation de la muqueuse peut perdurer de façon chronique de façon latente, entraînant au minimum de faibles démangeaisons, un fond plus ou moins permanent de douleurs et des sensations de brûlure. L’intensité et la persistance des symptômes génitaux peuvent vite tourner au cauchemar  ! À ce stade, faire un bon diagnostic et confirmer la candidose chronique est primordial, pour éviter une automédication sauvage qui peut au final compliquer les choses, et afin d’apporter une réponse personnalisée adaptée à la situation de chacune.

Les localisations digestives

Les localisations génitales s’alimentent le plus souvent à partir d’un réservoir intestinal de candida. C’est en effet dans les entrailles, et plus précisément tout au long des six mètres de l’intestin grêle (iléon) et du mètre soixante du gros intestin (côlon), que les levures vivent à l’état endémique, attendant une occasion favorable pour essaimer. C’est dès l’entrée du tube digestif que les champignons unicellulaires peuvent commettre leurs méfaits.

LE MUGUET Quoique portant le nom de la célèbre fleur du premier mai, cette candidose buccale ne porte pas chance et il faut s’en débarrasser. Elle est fréquente chez le nourrisson, la maturation de son système immunitaire n’étant pas achevée, et elle se traduit par un aspect pseudomembraneux de la muqueuse, qui se couvre de taches blanchâtres, à l’aspect de lait caillé, adhérant fortement. Elles croissent sur la langue et la paroi interne des joues, affectant parfois tout le palais et les gencives. Pour ne pas confondre le muguet avec des traces de lait caillé chez le tout-petit, on frotte la zone concernée à l’aide d’un écouvillon  : en cas de muguet, les plaques de couleur blanc-crème auront du mal à se détacher. Par ailleurs, elles peuvent s’accompagner de lésions rougeâtres et de zones dépapillées sur la langue. Au début de l’infection, les signes peuvent être moins francs. Il faut aussi suspecter un muguet si le bébé devient grognon, maussade, s’il a du mal à téter ou à manger, et naturellement en cas de candidose mammaire s’il est nourri au sein. Chez l’adulte, un muguet peut également être retrouvé. En l’absence de traitement, il peut s’étendre au pharynx et être responsable de troubles de la déglutition. Il concerne plus particulièrement les personnes traitées

par antibiotiques à large spectre, comme les cyclines, en cas d’immunodépression (sida par exemple).

LA STOMATITE L’atteinte buccale par le candida peut être moins évocatrice et se présenter sous une forme érythémateuse atrophique  : la muqueuse devient rouge, brillante, vernissée. Cela traduit une inflammation aiguë ou chronique de la muqueuse buccale, la stomatite. On retrouve l’impression de sécheresse de la bouche, la sensation de chaleur, la perception d’un goût métallique. Parfois limitée à la surface de la langue, l’infection fongique donne un tableau d’inflammation de la langue (glossite), avec impression de langue cuite, plus ou moins rouge et dépapillée. Dans d’autres cas, la muqueuse de la paroi interne de la joue et de la langue se couvre de plaques blanc jaunâtre. Cette forme, dite hyperplasique, peut se confondre avec un lichen ou une lésion précancéreuse (leucoplasie), et pourra nécessiter l’avis d’un médecin dermatologue.

LA PERLÈCHE La perlèche, uni- ou bilatérale, parfois discrète, toujours persistante et gênante, est un intertrigo de la commissure labiale  ; le pli devient rouge, plus ou moins suintant, fissuré. La lésion, discrète à son commencement, peut s’étendre à la peau adjacente et au reste de la lèvre. On se gardera de la confondre avec un eczéma et d’y appliquer une crème corticoïde, qui a la particularité de faire flamber la mycose locale. La perlèche peut être le siège d’une surinfection bactérienne à staphylocoque doré ou à streptocoque, et se transformer en impétigo,

nécessitant un traitement antibactérien local et non pas seulement antifongique. De plus en plus de chirurgiens-dentistes découvrent la présence du candida à l’occasion d’un prélèvement au niveau du sillon gingivodentaire, c’est-à-dire entre la dent et la gencive, dans le cadre du bilan des parodontopathies (maladies du parodonte, le tissu de soutien de la dent, comprenant l’os et la gencive). L’examen direct au microscope se fait en temps réel au cabinet dentaire. La détection du candida est un marqueur de dysbiose buccale amenant à traiter localement, par exemple à l’aide de probiotiques spécialisés, d’huiles essentielles et d’extraits de plantes (voir ici).

L’ŒSOPHAGITE Plus bas dans l’organisme, on trouve les candidoses de l’œsophage. Elles aussi cohabitent souvent avec une infection par le VIH, au point qu’elles en constituent le principal marqueur. S’il y a bien un virus qui déroule le tapis rouge devant le candida, c’est bien le virus de l’immunodéficience humaine. Aux premiers temps de la découverte du sida, quand le dépistage n’était pas organisé comme il l’est désormais, la maladie se manifestait souvent en premier lieu par une œsophagite à candida. Cela peut être encore le cas de nos jours chez les patients qui échappent au dépistage. Souvent associée à une atteinte buccale, cette localisation est aggravée par la consommation de tabac et d’alcool. Elle se traduit par une déglutition difficile et des douleurs situées juste en arrière du sternum, au niveau du thorax. Hors sida, l’atteinte œsophagienne peut se rencontrer chez des patients se plaignant de reflux en provenance de l’estomac, avec sensation de brûlure ou de gêne rétrosternale. Cela peut être aussi des aigreurs d’estomac ou bien la sensation d’être rassasié au bout de

seulement quelques bouchées de nourriture. C’est parfois au cours d’un examen endoscopique que le médecin gastro-entérologue fait le diagnostic de candidose, soit à l’examen visuel direct, soit à l’aide d’un prélèvement et d’un examen en laboratoire.

COLITES, RECTITES… Allons plus bas encore, à la rencontre de la candidose digestive, l’originelle, la primordiale, celle qui concerne l’intestin. Elle peut aller de l’estomac jusqu’à l’extrémité du côlon et au rectum, en passant par l’intestin grêle, quand elle ne déborde pas au niveau anal. Que cela soit sous forme d’entérite, de colite, de rectite, voire d’ano-rectite, elle ne se constate pas de visu, sauf au niveau du côlon et du rectum en cas de recto-coloscopie. Elle peut rester longtemps silencieuse, sournoisement discrète. Souvent, la présence active du candida s’exprime par des troubles fonctionnels intestinaux non spécifiques d’intensité variable, qui peuvent devenir gênants, voire invalidants  : ballonnements, douleurs abdominales, spasmes intestinaux, perturbations du transit avec selles molles ou liquides, épisodes de diarrhées profuses ou alternance de diarrhée et de constipation. Ces troubles peuvent aussi bien commencer ou se réveiller à l’occasion d’un traitement antibiotique ou d’une gastro-entérite virale. Ils peuvent s’ajouter à des troubles digestifs d’origine haute (mauvais fonctionnement du foie et de la vésicule biliaire, insuffisance sécrétoire pancréatique ou gastrique) ou d’origine basse (intolérance et sensibilité à certains aliments, perturbation de la motricité intestinale, déséquilibre du microbiote…). Là est toute la difficulté : la traduction clinique de l’activité intestinale du candida ne porte pas sa signature. Tant qu’il n’y a pas d’extériorisation de la levure pathogène en dehors du tube digestif, celle-ci reste invisible et est

présumée innocente. Cela ne doit pas empêcher de la suspecter, car la candidose intestinale devient facilement chronique. Vous pouvez en être atteint sans le savoir, et attribuer à d’autres causes la responsabilité de vos troubles digestifs.

De l’épisode isolé à la candidose chronique Un épisode de candidose digestive ne signifie pas pour autant que l’engrenage inéluctable de la maladie infectieuse chronique est enclenché. Un déséquilibre du microbiote intestinal, une baisse des défenses immunitaires ou des facteurs alimentaires donnent l’occasion à la levure de sortir de sa posture attentiste. Si ces facteurs sont corrigés, pour peu que la flore se reconstitue dans de bonnes conditions à la surface de la muqueuse digestive, le candida sera empêché de pousser plus loin son avantage, et retournera peut-être même à son réduit d’origine, d’où l’intérêt de renforcer la résilience naturelle de l’organisme en traitant le terrain (voir ici). Perturbateur immunitaire de premier ordre, le candida exerce d’autant mieux son pouvoir pathogène qu’il tire le meilleur parti de la dysbiose locale, de l’inflammation à bas bruit de la muqueuse digestive et de la porosité intestinale qu’il contribue à provoquer et à entretenir. Il crée les conditions de sa survie et de son développement en même temps qu’il saisit toutes les opportunités pour renforcer ses positions. La candidose digestive peut prendre tout son temps pour s’installer et devenir chronique, d’autant que ses signes cliniques sont souvent banalisés ou non reconnus. C’est particulièrement vrai pour les symptômes extradigestifs, comme l’apparition d’une fatigue chronique, de troubles nerveux, allergiques ou métaboliques, et de

toute une kyrielle de manifestations fonctionnelles diverses et variées. Pris individuellement, chacun de ces symptômes peut être considéré comme sans gravité, mais leur accumulation et leur persistance font tout le drame de la candidose chronique, autant que l’épineux problème de sa non-reconnaissance. Toute la difficulté est de faire le lien entre tous ces troubles et C. albicans. C’est à cette condition que l’on peut ensuite envisager une prise en charge efficace et une résolution de l’infection fongique. En attendant, un mot d’ordre s’impose : la suspicion.

CHAPITRE III

La candidose chronique

Les critères de suspicion : candida estu là ? La caractérisation d’une candidose chronique est d’abord un diagnostic de suspicion. Il faut y penser, et, devant un faisceau d’éléments qu’il faut rechercher et rassembler au sein d’une synthèse clinique, déclencher un certain nombre d’examens complémentaires. Ce qui importe n’est pas de dire que chaque patient est porteur du pathogène fongique, de nombreuses personnes vivant avec le candida sans développer la maladie. De même, présenter un épisode isolé de candidose aiguë sous forme de muguet buccal ou de mycose vaginale n’implique pas forcément de se retrouver entraîné dans la spirale infernale de la colonisation fongique.

UN PARCOURS CHAOTIQUE La plupart du temps, notre organisme retrouve son équilibre en utilisant ses moyens de défense immunitaire et ses capacités de

réparation tissulaire. Le microbiote local se reconstitue, pour peu que l’on évite de le contrarier par une hygiène de vie inadaptée, mais c’est sans compter l’opportunisme du candida. Il est capable de se saisir de la moindre occasion pour pousser son avantage, profitant des modifications intempestives de son écosystème, de la complicité éventuelle d’autres agents infectieux, de la défaillance de notre immunité, de conditions alimentaires défavorables et, de façon générale, de l’intrication de causes multiples, pas forcément majeures quand elles sont prises individuellement, mais dont l’accumulation finit par modifier le rapport de forces en sa faveur. Le parcours de Candida albicans est chaotique, tout comme celui d’Homo sapiens sur cette planète. Les forces et les interactions en jeu sont nombreuses et complexes. Leurs variations, même faibles, peuvent aboutir à des résultats très différents. Comment s’écrit l’histoire de C.  albicans  ? Doit-on la comparer à un phénomène météorologique, la mycose n’étant qu’un simple orage qui ne ferait que passer  ? Comme l’écrit avec brio le professeur d’histoire Yuval Noah Harari dans son brillant opus 12  : «  Il existe deux formes de systèmes chaotiques. Le chaos de niveau un est un chaos qui ne réagit pas aux prédictions le concernant. [L’auteur prend justement l’exemple du temps qu’il fait pour l’illustrer ce premier état.] Le chaos de niveau deux est un chaos qui réagit aux prédictions le concernant, et qui se dérobe à toute prédiction exacte.  » L’historien illustre ce deuxième état par l’évolution du cours du pétrole, des régimes politiques et, de façon plus générale, d’Homo sapiens dans l’histoire de l’humanité. À l’échelle individuelle, comment évolue C. albicans ? À première vue, le niveau un pourrait décrire son parcours. Il suit sa trajectoire infectieuse de manière opportuniste, au sein de l’environnement complexe du corps humain, et il évolue dans des directions très différentes en fonction des forces à l’œuvre et des

interactions, selon leurs variations et leur niveau d’ajustement. Dans la pratique, les patients atteints de cette infection chronique optent volontiers pour le niveau deux : les troubles ressentis, leur vie même, tout est devenu chaotique ! Dans la majorité des cas, fort heureusement, la maladie infectieuse chronique se manifeste également au niveau local par des signes cliniques directs touchant les muqueuses visibles (bouche, parties génitales, région anale) ou internes (tube digestif, avec notamment des troubles fonctionnels intestinaux). En soi, cela constitue un argument fort pour incriminer Candida. Cependant, dans son évolution chronique, la candidose peut parfaitement se traduire par des manifestations fonctionnelles, extradigestives et polymorphes, en tout cas peu spécifiques de la maladie, comme l’a illustré l’histoire de Carole (voir ici).

L’IMPORTANCE DU QUESTIONNAIRE MÉDICAL En médecine, l’interrogatoire est au centre de la démarche clinique. Il s’agit de recueillir auprès du malade ou de son entourage les données du passé médical (les antécédents) et de la candidose (l’anamnèse classique, qui collecte les renseignements sur l’histoire de la maladie ou les circonstances qui l’ont précédée). Devant des signes digestifs ou généraux non spécifiques, il est possible de recourir à un questionnaire d’évaluation 13 pour renforcer la présomption de candidose chronique. Celui que propose le Dr  Philippe-Gaston Besson 14 est un outil de dépistage pertinent pour vous autoévaluer. L’aspect pratique et la standardisation des questions font que ce questionnaire constitue une étape utile sur le chemin du diagnostic de candidose chronique. Des réponses positives sont des éléments d’orientation qui doivent vous amener à rechercher, dans un second

temps, une confirmation de l’infection. Lorsque plusieurs groupes de symptômes coexistent (au moins trois) ou lorsque, de façon générale, vous souffrez de troubles fonctionnels diffus et d’évolution erratique touchant une ou plusieurs parties de votre corps de façon chronique ou répétée, affectant un plusieurs systèmes (nerveux, immunitaire, digestif…), et dès lors que vos symptômes sont pénibles ou invalidants, il faut certainement avoir le réflexe de mettre en avant l’hypothèse C.  albicans. Pensez-y même en l’absence d’un point d’appel local apparent, compte tenu de ce que vous connaissez du pouvoir de nuisance de cette levure. La placer sur la liste des suspects est prioritaire. Certes, cela ne doit pas empêcher d’évoquer d’autres responsables. Et vice versa. Ne passez pas à côté du candida, car il est vrai qu’un train peut en cacher un autre. Et si cette dépression était aggravée ou entretenue par une candidose digestive  ? Et si cette fatigabilité et ces douleurs articulaires n’étaient pas dues qu’à une possible maladie de Lyme ou à une éventuelle fibromyalgie  ? C. albicans joue-t-il un rôle dans cette maladie auto-immune qui vient de se déclencher ? Comment savoir ! En réalité, il est utile de reprendre l’historique de l’état de santé depuis le début. Peut-être retrouverez-vous le souvenir d’une ou de plusieurs mycoses locales, auxquelles vous n’accordiez plus d’importance. C’est alors le moment de raccorder les points ensemble, et de faire le lien entre un état général perturbé et de tels antécédents, qui peuvent constituer les prémices des manifestations générales. Toutes les personnes ayant fait un épisode isolé de candidose ne vont pas forcément évoluer vers la maladie (encore que cela puisse se faire à des degrés divers), mais tous ceux qui souffriront des désagréments de la candidose chronique auront probablement développé des manifestations fongiques locales, même minimes, ressenties cliniquement ou non, reconnues ou non,

négligées ou non. Que les symptômes soient généraux ou seulement circonscrits à la sphère digestive, il ne reste alors qu’à poursuivre l’instruction du dossier afin de démontrer effectivement la responsabilité du candida dans la genèse des troubles. La poursuite de l’enquête est forcément malaisée, car c’est un agent pathogène sournois qui avance masqué, usant de nombreux stratagèmes pour brouiller les pistes. Son caractère ubiquitaire, à l’extérieur et à l’intérieur du corps, et ses capacités opportunistes et transformistes font de lui cet agent double dont on ne sait jamais vraiment s’il est inoffensif ou au contraire dangereux, si sa présence avérée ou non joue un rôle accessoire ou bien si elle est associée au déclenchement de toute une série de perturbations (la pathogénicité) qui expliquent les symptômes ressentis.

LES TROUBLES QUI PERMETTENT DE SUSPECTER UNE CANDIDOSE CHRONIQUE

Le diagnostic médical de candidose chronique est évoqué devant un faisceau de signes cliniques généraux qu’il faut savoir regrouper pour faire le lien avec des antécédents de mycose buccale, génitale, cutanée ou unguéale. Fatigue et troubles neuropsychiques Ils sont au premier rang des signes de candidose chronique. Parmi eux, on trouve : les troubles du sommeil, avec endormissement difficile, réveils nocturnes, nuits agitées ; l’anxiété diffuse ou accompagnée de somatisations cardiovasculaires (palpitations, perception anormale des bruits du cœur,

hypertension artérielle labile, c’est-à-dire survenant à la moindre émotion), digestives (spasmes intestinaux, douleurs) ou tendinomusculaires (crampes, contractures, douleurs musculosquelettiques) ; les troubles de l’humeur  : de la simple déprime à la dépression constituée, avec développement d’une hypersensibilité au stress et aux stimuli sensoriels (bruit, lumière, toucher…), le changement fréquent d’humeur, allant de la démotivation à l’irritabilité, de l’apathie à l’irritabilité et à l’agressivité, des troubles de comportement aux difficultés relationnelles en passant par un risque accru d’addictions ; les perturbations cognitives  : concentration difficile, mémoire défaillante, attention déficiente, rendement intellectuel amoindri ; la fatigue chronique, avec installation progressive d’un état de désadaptation au stress et une fatigabilité pouvant conduire au syndrome d’épuisement professionnel (ou familial), une véritable épidémie médiatisée sous le terme anglo-saxon burn-out (le surmenage consume à petit feu), dont l’aboutissement japonais est le karoshi (littéralement, la mort par excès de travail). Le déni de ce syndrome est fréquent, ce qui rend très utiles les questionnaires de dépistage, comme celui de Freundenberger 15. À ce stade, l’ensemble des troubles neuropsychiques se cumule et relègue la possibilité d’une candidose au second plan. Il faut pourtant s’en préoccuper et la prendre en charge. Troubles immunitaires Parmi les signes de candidose chronique, on compte le développement d’allergies en tout genre à l’âge adulte (aggravation d’un état ancien ou apparition de nouvelles manifestations), comme l’asthme, l’eczéma ou l’urticaire, les intolérances et les

hypersensibilités alimentaires, les infections à répétition (ORL ou bronchiques, herpès, cystites, mycoses externes, bien sûr, et développement de co-infections), le développement de maladies auto-immunes (avec entre autres la thyroïdite de Hashimoto). Troubles alimentaires Les troubles alimentaires font aussi partie des signes de candidose chronique, notamment ceux avec problèmes de poids (prise inexpliquée, amaigrissement difficile, poids insuffisant) et perturbations du comportement face à la nourriture (boulimie, compulsions de sucres, d’alcool, de graisses). Douleurs musculaires et articulaires Parmi les signes de candidose chronique, on relève aussi les tendinites et les blessures fréquentes, le surentraînement chez le sportif, les manifestations de type fibromyalgique. Divers autres symptômes Les autres signes d’une possible candidose chronique vont de l’aggravation d’un syndrome prémenstruel (règles douloureuses, cycle irrégulier, rétention) aux migraines, en passant par l’acné, l’irritation des gencives, la baisse de la libido et l’infertilité.

ET EN CAS DE TROUBLES DIGESTIFS CHRONIQUES ? Quels autres éléments peuvent permettre d’accuser le candida ? Il est certain, par exemple, que la simple existence de signaux digestifs, comme des troubles du transit intestinal (selles molles, alternance

diarrhée-constipation), des ballonnements ou des spasmes abdominaux douloureux (colite spasmodique), est un bon élément d’orientation. Leur caractère répété ou chronique devrait vous mettre la puce à l’oreille, car, en la matière, il vaut mieux être un peu parano  : «  Candida, es-tu là  ?  » Or, autant le diagnostic des localisations externes est relativement aisé (données de l’interrogatoire, examen visuel, éventuellement un prélèvement pour analyse biologique), autant les manifestations digestives chroniques sont plus délicates à interpréter. Près de 20  % de la population en souffre quotidiennement, plus souvent des femmes, surtout avant 30 ans. S’agit-il de troubles fonctionnels intestinaux (TFI) et, si oui, le candida est-il impliqué ? Bien sûr, devant des symptômes persistants, la démarche médicale classique vise à éliminer une maladie organique, telle qu’une rectocolite, une maladie de Crohn ou une pathologie abdomino-pelvienne, en particulier si les symptômes sont récents et si le sujet est âgé. Dans ce cas, échographie, scanner de l’abdomen et recto-coloscopie peuvent être proposés. Sinon, la question se posera d’analyser les selles s’il existe une suspicion de candidose, surtout en cas de diarrhée ou de selles molles. Qu’en est-il du lien entre candidose et maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique  ? Malgré l’existence de nombreux indices mettant en cause le candida dans la survenue des MICI, peu d’études avaient exploré la part fongique (composée de champignons et de levures) du microbiote intestinal. Une étude de 2016 16 a analysé la composante fongique du microbiote de patients atteints de MICI et a ainsi constaté un ratio Basidiomycota/Ascomycota plus important, une proportion plus forte de C.  albicans et une présence plus faible de Saccharomyces cerevisiae que dans le microbiote de sujets en bonne santé. Ces travaux ont également mis en évidence une perturbation

du réseau de connexions entre bactéries et champignons dans leur intestin. L’étude du microbiote fongique est devenue une nouvelle cible dans le traitement des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin 17. De fait, des antécédents de MICI doivent faire suspecter une candidose chronique.

LES FACTEURS ALIMENTAIRES : LE SUCRE ET LE GLUTEN Revenons sur le rôle de l’alimentation. Nous sommes confrontés à un problème de troubles fonctionnels intestinaux, et nous recherchons des indices de la présence du candida. Deux éléments en relation avec le mode alimentaire doivent être évoqués  : l’aggravation des symptômes lors de la consommation d’aliments sucrés et une hypersensibilité au gluten. Le rôle du sucre Son rôle est facile à comprendre, compte tenu de la nature « sucrée » du pathogène. La question mérite d’être posée systématiquement  : vos troubles s’aggravent-ils lorsque vous consommez beaucoup d’aliments sucrés, comme des jus de fruits, des boissons sucrées, des gâteaux ? Ressentez-vous alors des signes généraux, comme un malêtre, de la fatigue ou de la fatigabilité, de la nervosité ? Vous sentezvous mieux lorsque vous faites une pause de plusieurs jours ou de plusieurs semaines sur ces produits, et, a contrario, ressentez-vous à nouveau les mêmes manifestations quand vous les réintroduisez ? Le gluten

Le gluten est un facteur favorisant de la candidose (voir ici). Ce complexe de protéines insolubles peut également entraîner de grands désordres digestifs, comme la maladie cœliaque ou l’hypersensibilité au gluten. Comment faire la part des choses ?

La maladie cœliaque Cette pathologie doit être mise à part. Provoquée par le gluten, cette maladie autoimmune se traduit par une destruction des villosités intestinales, ces petites structures en forme de tapis-brosse permettant l’absorption de la majeure partie des nutriments, des vitamines et des minéraux apportés par l’alimentation et digérés par l’appareil digestif. Notons quand même que des anticorps anti-levures Saccharomyces cerevisiae sont présents dans la maladie cœliaque chez plus de 30 % des patients au moment du diagnostic, plus souvent chez les adultes (61  %) que chez les enfants (18 %) 18.

Il faut clairement distinguer la maladie cœliaque des troubles digestifs engendrés par une mauvaise tolérance au gluten, de plus en plus fréquente. En réalité, on parle plutôt de sensibilité au gluten non cœliaque. Ce trouble a connu une croissance exponentielle au cours des vingt dernières années : une véritable épidémie. Son émergence est sans doute liée à une meilleure reconnaissance, à sa surmédiatisation, à un meilleur dépistage et à une meilleure compréhension de ses mécanismes. Elle toucherait de 3 à 6 % de la population, mais sa prévalence est mal définie compte tenu de la grande fréquence de l’autodiagnostic qu’aucun avis médical ne vient confirmer. Elle se traduit par des symptômes digestifs (diarrhées, douleurs, ballonnements…) semblables à ceux de la maladie cœliaque et des troubles fonctionnels intestinaux. Le gluten est associé à ces deux affections autant qu’à la candidose digestive

chronique. En 2011, une étude 19 chez trente-quatre patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable sans maladie cœliaque montrait l’amélioration de leur score de qualité de vie après adoption d’un régime sans gluten. Les troubles fonctionnels intestinaux et les signes généraux correspondant à cette sensibilité non cœliaque au gluten font curieusement penser à ceux rencontrés au cours de la candidose digestive chronique. D’ores et déjà, retenons qu’une alimentation riche en gluten peut être considérée comme pro-inflammatoire. Pour peu qu’elle soit associée à d’autres facteurs perturbateurs de l’écosystème intestinal (stress, prise d’antibiotique, gastroentérites…), elle est susceptible à elle seule de provoquer une sensibilité au gluten avec inflammation, hyperperméabilité de la muqueuse intestinale et troubles de l’immunité. Ainsi, une association très significative existe entre l’intolérance au gluten et les thyroïdites auto-immunes (maladie de Basedow et thyroïdites de Hashimoto). Autant d’éléments qui peuvent favoriser la candidose. L’explication du lien de causalité entre le gluten et C. albicans nous vient du Pr Daniel Poulain (PU-PH émérite, unité INSERM U995, université de Lille 2). Il a montré 20 que les anticorps dirigés contre les protéines Hwp1 spécifique de Candida sont significativement associés à la maladie cœliaque, provoquée, on l’a vu, par le gluten. De même, les anticorps anti-gliadine sont significativement associés aux candidoses. Il existe une réactivité croisée révélant un lien entre l’infection fongique et la pathologie auto-immune qu’est la maladie cœliaque. En clair, le système immunitaire ne fait pas la différence entre la gliadine du gluten et les protéines situées à la surface du candida. Le Pr Poulain conclue  : «  Ce mimétisme moléculaire induisant une réaction anti-gliadine à la suite d’une candidose pourrait être le facteur déclenchant la maladie cœliaque, même après des années de consommation de gluten, si elle survient chez des

individus génétiquement prédisposés.  » Nous reviendrons sur cette notion de prédisposition (voir ici). Certes, ces explications sont complexes, mais elles permettent de comprendre comment a été scientifiquement démontré, il y a peu, le lien formel entre gluten et candida. Il ne s’agit donc pas d’une rumeur ou d’une mode alimentaire. Certes, la maladie cœliaque se distingue clairement de la sensibilité au gluten non cœliaque, mais cette dernière doit systématiquement faire suspecter une candidose digestive chronique.

De la présomption à la preuve Peut-on condamner C.  albicans en se fondant uniquement sur la conviction qu’il est responsable d’une candidose chronique expliquant l’état de santé de la victime  ? Sûrement, lorsqu’il existe un faisceau d’arguments cliniques associé à des antécédents de mycose superficielle aiguë dûment diagnostiquée par un médecin. Cependant, il y a certainement pléthore de diagnostic par excès, comme il y en a plus encore par défaut. Comment l’éviter ? Lorsque la suspicion est forte, il est possible d’envisager un traitement d’essai. On parle de «  test thérapeutique  ». C’est la preuve par l’expérimentation. La guérison ou la nette amélioration conforte l’hypothèse de la responsabilité du candida. Là aussi pourtant, l’interprétation peut être délicate, s’agissant de manifestations fonctionnelles. Et si ce n’était qu’un trouble psychosomatique ? Dans ce système d’interactions complexes qu’est le corps humain, comment savoir qui a fait quoi ? Une approche rationnelle s’impose donc pour éviter de dériver vers un ensemble de croyances qui nous coupe des fondements de la médecine. Recherchons la ou les preuves.

L’ANALYSE DE SELLES En cas de doute, notamment devant des troubles fonctionnels intestinaux avec diarrhée, l’analyse des selles avec examen mycoparasito-bactériologique (coproculture) permet de le confirmer le diagnostic ou d’orienter vers un autre pathogène infectieux (bactérie de type Clostridium difficile, salmonelle ou Escherichia coli entéropathogène). Cette recherche vise à caractériser la présence du candida sous forme de levure ou de filaments mycéliens, soit par examen direct, soit par mise en culture. La moindre trace doit alerter, et être corrélée aux symptômes. Il faut comprendre cependant les limites de l’exercice. Autant l’examen des selles est utile pour diagnostiquer certaines diarrhées infectieuses (notamment bactériennes), autant cet examen n’est positif que dans les formes cliniques franches de la candidose intestinale. On peut parfois noter la présence de rares colonies de C. albicans ou de quelques filaments mycéliens. Pour autant, cela n’emporte pas forcément la conviction du clinicien, qui peut n’y accorder qu’une importance relative. En effet, en l’absence de symptômes, une culture positive à C. albicans ne traduit pas nécessairement une candidose digestive chronique, puisque celles-ci sont un micro-organisme saprophyte de l’intestin qui peut être présent à l’état naturel. La mise en évidence, à l’examen microscopique direct, de quelques filaments mycéliens (traduisant sa transformation en moisissure) est malgré tout un indice important à ne pas négliger. Par ailleurs, une coproculture négative n’innocente pas pour autant notre présumé coupable : sauf si sa concentration est très élevée, le candida ne s’extrait de l’intestin que très difficilement. Ses extraordinaires capacités d’adhésion à la muqueuse font qu’il peut très bien rester accroché à la paroi intestinale et exercer ses méfaits sans être emporté par le courant des selles qui transitent tout au long

du tube digestif. Il est cependant conseillé de pratiquer cet examen coprologique trois fois en cas de résultat négatif.

LE FÉCALOGRAMME Lorsque la suspicion est forte, notamment lorsque les troubles fonctionnels intestinaux résistent aux traitements antispasmodiques et aux habituels pansements intestinaux, il est utile de rechercher une perturbation du microbiote intestinal (dysbiose). Il est alors possible de faire pratiquer, auprès de laboratoires spécialisés, un fécalogramme, un examen spécial des selles qui mesure les résidus de la digestion et quantifie l’importance des différentes populations de bactéries de l’intestin afin de caractériser l’importance du microbiote dominant et sous-dominant, notamment la proportion des lactobactéries, des bifidobactéries. Le fécalogramme permet aussi de repérer la présence de C.  albicans avec plus de précision qu’une simple analyse myco-parasito-bactériologique de selles, tout en gardant à l’esprit que des résultats faussement négatifs sont loin d’être exceptionnels. Même dans ce cas, la mise en évidence ne seraitce que d’une dysbiose intestinale par le biais de ces analyses de selles est un élément indirect d’orientation en faveur d’une infection fongique chronique.

L’EXPLORATION IMMUNITAIRE Lorsque l’examen microbiologique est infructueux, difficilement réalisable ou à l’interprétation délicate, on peut rechercher des traces indirectes de sa présence et interroger l’immunité par l’intermédiaire d’une prise de sang. Plusieurs bilans sont disponibles. Vous comprendrez cependant, à la lecture de ce qui va suivre, que l’activité

pathogène du candida est impossible à déceler biologiquement de manière certaine. La négativité des bilans n’exclut donc pas le diagnostic de candidose chronique, et il faudra s’en remettre au sens clinique pour s’en convaincre.

Le système immunitaire Il peut réagir à la présence d’un intrus, notamment par ce qu’on appelle une «  médiation humorale  » via la production d’anticorps, les immunoglobulines (Ig). On recherche alors une hypersensibilité allergique. Celle-ci est une réponse immunitaire disproportionnée face à un intrus dangereux pour l’organisme (bactérie, virus, toxine d’origine externe ou interne, allergène). Classiquement, la réaction commence par une phase de sensibilisation (premier contact avec l’antigène, c’est-à-dire le motif moléculaire permettant de reconnaître l’intrus). Elle est suivie d’une phase de latence, au cours de laquelle la réaction immunitaire se met en place. En cas de deuxième contact avec l’antigène, survient alors la phase lésionnelle, qui se traduit par une réaction inflammatoire locale ou générale.

La recherche des IgE spécifiques Il est tout d’abord utile de rechercher des IgE spécifiques du candida. On peut les rencontrer dans l’asthme ou la rhinite allergique. Leur spécificité est modeste, dans la mesure où d’autres allergènes (notamment d’autres moisissures) peuvent également être incriminés. La recherche d’anticorps anti-Candida albicans La recherche par un test immunologique (analyse non remboursée par la Sécurité sociale) d’anticorps anti-Candida albicans est plus intéressante. La découverte de ces immunoglobulines de type G, voire de type M ou A, traduit un contact plus étroit (et donc une brèche au

niveau de la muqueuse intestinale) entre d’une part les cellules spécialisées de l’immunité, situées sous la muqueuse intestinale, et d’autre part les motifs antigéniques (les structures situées à la surface de l’antigène) installés à la surface du champignon. Elles peuvent aussi traduire son passage dans la circulation sanguine. Il est préférable de préciser la technique souhaitée lors de la prescription. Par défaut, si rien n’est spécifié, les laboratoires d’analyses biologiques utilisent le plus souvent une méthode d’agglutination suivie d’une immuno-électrophorèse à la recherche d’un arc de précipitation caractéristique d’une infection systémique par le candida. Par manque de sensibilité, les résultats obtenus par cette technique reviennent souvent négatifs si l’on suspecte une candidose digestive avec altération de la muqueuse intestinale ; elle est surtout intéressante dans les candidoses invasives touchant le reste de l’organisme. En première intention, on peut plutôt recourir au test Candia 5, qui utilise une technique d’immuno-chromatographie, mais il n’est pas très spécifique et présente un risque de faux positif. En cas de suspicion de candidose chronique, mieux vaut privilégier un test immuno-enzymatique très spécifique et sensible, comme le test ELISA (acronyme pour enzyme linked immunosorbent assay), à la recherche d’IgG anti-Candida. Signalons également le test Ridascreen®, de R-Biopharm, qui détermine quantitativement (également par dosage immunoenzymatique) trois types d’anticorps : les IgG, les plus importants, les IgM, les premiers à être produits en cas de contact récent avec l’antigène, et les IgA, spécifiques d’une infection excessive des muqueuses.

Bon à savoir Certains laboratoires d’analyses spécialisés, comme le laboratoire Barbier à Metz ou Zamaria à Paris, proposent ce type d’examen.

Ces recherches sérologiques peuvent être malgré tout décevantes. Chez les sujets âgés ou les individus atteints de pathologies multiples, il peut exister une immunodépression, grandement favorisée par la candidose chronique elle-même. Dans ce cas, les patients fabriquent peu d’anticorps. D’autre part, C. albicans étant un commensal du tube digestif, toute personne saine peut posséder des anticorps antiCandida à faible taux. Être colonisé ne signifie pas forcément être infecté (c’est-à-dire que Candida est passé au stade pathogène). L’interprétation de ces tests peut être délicate, mais il est certain qu’une franche positivité est un argument fort en faveur de la candidose. L’exploration des réactions retardées Les hypersensibilités non IgE dépendantes sont dites «  retardées  ». Elles impliquent d’autres cellules de l’immunité, les lymphocytes. Le test d’activation des lymphocytes (TAL), qui est pratiqué à Limoges par le laboratoire Astralab (non remboursé par la Sécurité sociale), emploie une technique utilisant la cytométrie en flux. Elle mesure la réactivité retardée de type cellulaire aux antigènes liés aux moisissures. Le résultat est accompagné d’un compte rendu précisant la positivité ou la négativité du test vis-à-vis de C. albicans.

LES AUTRES TESTS

Le bilan de parodontopathie La découverte de Candida par le chirurgien-dentiste lors d’une analyse mycobactériologique locale effectuée dans le cadre du bilan des parodontopathies traduit une dysbiose buccale. Recueillir cette information est utile, car si la levure est active au niveau du parodonte, il est légitime de suspecter qu’il en est de même plus bas dans le tube digestif. Le test de sensibilité à la candidine Au niveau cutané, le test de sensibilité à la candidine (non remboursé par la Sécurité sociale), une des nombreuses toxines sécrétées par C. albicans, fait partie d’un multitest qui évalue le niveau des défenses immunitaires cellulaires, indépendamment de la fabrication des anticorps. Une forte réaction locale est un signe d’orientation significatif vers une candidose chronique. Le profil urinaire Une autre méthode, de type indirect, vise à repérer la présence en trop grande quantité dans la flore intestinale de divers microorganismes pathogènes par l’identification dans l’urine de produits spécifiques du métabolisme de ces micro-organismes intestinaux : les métabolites organiques urinaires (MOU). Ce profil urinaire à onze paramètres (non remboursé par la Sécurité sociale) est indiqué pour rechercher une dysbiose intestinale, en particulier lorsque les coprocultures sont négatives, ainsi qu’une infection fongique ou parasitaire chronique (après échec du traitement antifongique, par exemple). Ce test permet notamment d’identifier les marqueurs fongiques suivants : le tartarate, le citramalate et le D-arabinitol, un

sucre-alcool produit par C. albicans. Leur présence en excès constitue un bon argument pour suspecter une candidose aiguë (cas des personnes immunodéprimés). Cependant, ce profil urinaire sert surtout pour confirmer ou non une candidose chronique en cas de négativité des autres examens. D’autres tests très indirects visent à identifier une éventuelle dysbiose intestinale, facteur de risque majeur de candidose intestinale chronique. Le test à l’indican Il consiste en la recherche (non remboursée par la Sécurité sociale) dans les urines d’indoxyl sulfate et mesure la décomposition du tryptophane intestinal par la flore intestinale de putréfaction, la mettant ainsi en évidence. Le test respiratoire à l’hydrogène expiré Certains services hospitaliers d’explorations fonctionnelles digestives proposent un test respiratoire à l’hydrogène expiré après ingestion de lactose ou de fructose. Le taux d’hydrogène dans l’air expiré est d’autant plus élevé que la malabsorption des sucres est importante (traduisant une intolérance au lactose ou au fructose). Il indique également une quantité de bactéries élevée ou anormale dans des localisations de l’intestin grêle où il ne devrait pas y en avoir, y compris dans les endroits où les sucres sont normalement présents. Cela traduit alors une pullulation microbienne évocatrice de dysbiose intestinale. Le dosage sanguin d’IgG spécifiques d’aliments

Un dosage sanguin d’IgG spécifiques des aliments les plus courants permet de suspecter une sensibilité alimentaire, évoquant alors une dysbiose ou une souffrance à bas bruit de la muqueuse intestinale. La Société française d’allergologie (SFA) met en doute la signification de ces tests et les déconseille 21. Dans la pratique, cependant, les médecins nutritionnistes peuvent être amenés à les utiliser dans les bilans de troubles fonctionnels intestinaux, car ils renseignent sur le statut immunitaire fonctionnel vis-à-vis de certains aliments. Leur interprétation doit rester médicale, et être corrélée à l’interrogatoire médical, aux symptômes digestifs et extra-digestifs présentés par le patient, ainsi qu’aux autres tests précités afin d’éviter les évictions alimentaires inutiles, voire préjudiciables à la santé.

EN RÉSUMÉ Compte tenu de leur faible spécificité et de leur caractère sophistiqué et coûteux, la plupart de ces techniques sont peu utilisées en pratique quotidienne. Le sens clinique du médecin, une bonne démarche médicale et les tests de base, comme les prélèvements urétrovaginaux et les analyses de selles, suffisent dans la majorité des cas pour faire un diagnostic de candidose chronique. Néanmoins, dans certains cas d’interprétation difficile, il est utile de connaître ces tests et de s’en servir à bon escient, car ils rendent de grands services.

Le test de la salive À défaut, vous pouvez vous tourner vers le test de la salive, à pratiquer à jeun, avant le dîner ou plus de trois heures après une prise alimentaire ou médicamenteuse. Il consiste, après vous être rincé une fois la bouche, à laisser tomber un peu de salive à la surface d’un verre d’eau distillée. La lecture se fait immédiatement, dans les 60 secondes au maximum. Tout va bien si la salive s’étale lentement et forme de toutes petites bulles. Si de grosses bulles se surajoutent et que l’eau se trouble légèrement, cela signe un déséquilibre de votre flore intestinale (dysbiose) avec présence possible de Candida. Si des filaments visqueux descendent en tournant au fond du verre, cela évoque la présence de candida sous sa forme mycélienne pathogène. Si des filaments épais descendent rapidement au fond du verre, avec de minuscules points blancs à leur extrémité, cela traduit la présence de parasites. Ce test n’a qu’une valeur d’orientation, mais il a l’avantage d’être simple et gratuit.

L’impact sur le microbiote et le déséquilibre de la flore intestinale (dysbiose) Au total, face à des manifestations cliniques digestives ou extradigestives, l’idée générale est de mettre en évidence un déséquilibre du microbiote intestinal, la dysbiose, en se basant soit sur des critères cliniques, soit sur des examens directs ou indirects. Lorsqu’on sait l’importance du microbiote dans de nombreuses fonctions physiologiques, il est capital de s’y intéresser.

Le rôle du microbiote intestinal Il interagit avec le bol alimentaire en permettant de métaboliser les nutriments non digérés par les enzymes gastriques et pancréatiques. C’est le cas de la cellulose, du xylane, de la pectine. Le microbiote intestinal fermente notamment la partie non digérée, les fameux FODMAP (fermentescible oligosaccharides disaccharides monosaccharides and polyols), qui comprennent entre autres le lactose, le fructose et les fructanes. Il fabrique également certains nutriments que les enzymes de la digestion ne savent pas synthétiser (vitamines, acides gras à courte chaîne, comme le butyrate, etc.). Il détoxique les composés nocifs contenus dans l’intestin grêle et le côlon. Il détoxique les composés nocifs contenus dans l’intestin grêle et le côlon. Il limite la prolifération de micro-organismes pathogènes, par effet barrière et sécrétion de substances microbicides. Il favorise la croissance et le renouvellement des cellules de la muqueuse intestinale, et par leur intermédiaire agit sur la régulation métabolique de l’organisme (en particulier l’insuline). Enfin, il est indispensable à la maturation du système immunitaire.

L’ALTÉRATION DU MICROBIOTE La dysbiose entraîne une altération des fonctions du microbiote intestinal. Tout d’abord, les cellules épithéliales constitutives de la muqueuse (entérocytes) remplissent moins bien leur rôle immunitaire local, comme la sécrétion de protéines antimicrobiennes (défensines, lectines) chargées de limiter la prolifération des bactéries pathogènes et commensales. La production locale de mucus, qui recouvre la muqueuse d’un voile protecteur, est affectée, de même que les anticorps locaux (IgA) produits par les cellules immunitaires de la paroi intestinale.

Toute dysbiose intestinale entraîne une rupture de l’équilibre entre la flore bactérienne et les antigènes alimentaires, d’une part, et les mécanismes de défense et de tolérance qui caractérisent la fonction du système immunitaire, d’autre part. Il en résulte une réaction inflammatoire locale et des modifications de la perméabilité de la muqueuse par lésion des jonctions serrées qui assurent l’étanchéité entre les entérocytes. C’est l’hyperperméabilité intestinale, source de nombreux désordres locaux et généraux.

QUAND LA MUQUEUSE INTESTINALE S’ENFLAMME ! La dysbiose intestinale encourage la propagation des germes intestinaux opportunistes, au premier rang desquels les spores de Candida présentes à l’état réprimé à la surface de la muqueuse. Sous cette forme de levure, Candida tapisse la muqueuse et peut déjà l’irriter, occasionnant inflammation et hyperperméabilité, lesquels favorisent sa diffusion. La dysbiose facilite également la transformation des spores en moisissure pathogène, capable de traverser la muqueuse digestive et de passer dans la circulation lymphatique et sanguine. De fait, les perturbations du microbiote intestinal constituent une des principales causes de candidose chronique. C.  albicans constitue lui-même un puissant perturbateur de l’écosystème digestif. En effet, il contribue à une atteinte de la muqueuse par des sécrétions d’enzymes de dégradation 22. Leur action complète les puissantes capacités de la levure à adhérer, à se transformer et à sécréter d’autres enzymes destructeurs, comme des aspartyl-protéinases et des phospholipases 23.

Ce faisant, C. albicans favorise en retour les facteurs d’irritation de la muqueuse et de dysbiose, et facilite les intolérances alimentaires (elles-mêmes aggravées par une nourriture riche en sucres), au premier rang desquelles la sensibilité au gluten. Complice objectif, ce dernier aggrave la situation en passant la barrière de la muqueuse intestinale et en faisant réagir le système immunitaire. S’il le peut, d’autres molécules le peuvent aussi, comme des fragments alimentaires mal digérés, issues de grosses protéines comme la caséine du lait ou l’albumine du blanc d’œuf. Dans la candidose chronique, on retrouve souvent une sensibilité à plusieurs types d’aliments, sans que l’on sache vraiment quel a été le premier des perturbateurs. C’est ainsi que, par un enchaînement de causes à effets, un nombre croissant de personnes se retrouve avec un intestin irrité et poreux. Le candida est l’un des principaux déclencheurs de ce phénomène auto-aggravant, au cours duquel, avec le temps, plusieurs perturbateurs de l’écosystème intestinal parviennent à coopérer pour générer des troubles digestifs locaux ainsi que des manifestations extradigestives.

Quelles conséquences sur le système immunitaire ? Nous avons vu précédemment les éléments de preuve incriminant C. albicans dans la survenue des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Qui peut le plus pouvant le moins, il est certain qu’il n’y a pas besoin d’un envahissement majeur de l’intestin grêle ou du côlon pour générer de l’inflammation et une hyperperméabilité de la muqueuse à un niveau moindre que dans les MICI. Le candida peut

alors non seulement se répandre à la surface de la muqueuse au gré de son développement mycélien, mais aussi pénétrer dans la muqueuse, atteindre le système immunitaire sous-jacent et altérer son fonctionnement.

LES PRINCIPALES PERTURBATIONS On constate diverses perturbations : une baisse de la réponse de certains globules blancs actifs dans l’immunité cellulaire, les lymphocytes  T, les macrophages, ce qui abaisse la capacité de défense de l’organisme ; une réaction inflammatoire (notamment au cours des mycoses vaginales chroniques), qui renforce l’immunodépression ; une augmentation des conditions favorables au développement des anticorps attaquant les cellules personnelles (en raison de la perturbation des macrophages), avec risque de maladies autoimmunes ; un accroissement des médiateurs de l’allergie (IgE totaux, histamine). Au total, le candida réussit le tour de force de mobiliser le système immunitaire tout en l’affaiblissant.

Une découverte récente explique l’impact immunitaire complexe du candida Citons le rôle, désormais démontré dans l’immunité antifongique, d’une variété de globules blancs spécialisés, les lymphocytes Th17 24. Leur activation est dans un premier temps protectrice vis-à-vis du candida. Cependant, des études montrent qu’au cours de la candidose digestive chronique la stimulation de ces lymphocytes Th17 peut freiner ou empêcher la résolution de l’infection, ou faciliter des maladies dues à des perturbations immunitaires (psoriasis, polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaques, maladie de Crohn, asthme non atopique). Des anomalies immunitaires touchant ces lymphocytes Th17 sont corrélées à des mutations des gènes STAT3 et CARD9, caractérisant, si elles sont retrouvées, une prédisposition génétique à la candidose 25. En résumé, le rôle de ces lymphocytes Th17 est ambivalent  : ils jouent un rôle positif dans la résolution des infections fongiques, mais ce sont également des cellules pro-inflammatoires, impliquées dans de nombreuses maladies autoimmunes.

  Au cours de la candidose chronique, surtout si la charge mycosique est importante, le système immunitaire lutte bel et bien contre l’infection. Le candida finit cependant par se faire accepter par lui tout en l’affaiblissant et en déréglant sa belle mécanique. Il s’ensuit des perturbations immunitaires en cascade, qui favorisent d’autres maladies. Les conséquences cliniques Elles se manifestent sous différentes formes. On trouve par exemple : les réactivations virales (herpès), par dépression de l’activité de certaines cellules immunitaires spécialisées 26 ;

les manifestations allergiques tardives (rhinite allergique, asthme, eczéma, urticaire) ; la survenue de co-infections (maladie de Lyme, infections virales…) ; le syndrome de fatigue chronique, par activation de molécules modifiant l’immunité (les cytokines) et la libération de nombreuses toxines ; le développement de maladies auto-immunes (par exemple, la maladie de Crohn, la thyroïdite de Hashimoto, la polyarthrite rhumatoïde…) par perte de la fonction de « tolérance du soi » par le système immunitaire, qui se traduit par la production d’anticorps dirigés contre certains tissus de son propre corps, entraînant lésions et destructions.

Le problème des co-infections C. albicans, très opportuniste, profite donc à la fois des perturbations de l’écosystème intestinal et des faiblesses du système immunitaire pour se développer et enclencher le cercle vicieux qui favorise son implantation, sa pérennité et sa pathogénicité. Tout ce qui renforce ces deux principales conditions favorisantes ne peut que jouer un rôle de complice objectif en faveur du candida. C’est plus particulièrement le cas d’autres agents infectieux de type bactérien, viral ou parasitaire, qui peuvent dérouler le tapis rouge aux moisissures. Si le diagnostic de candidose chronique n’a pas encore été posé, la découverte de ces co-infections doit nous le suggérer.

UNE GUERRE INTESTINALE

La surface de l’intestin fait l’objet d’incessants affrontements avec des micro-organismes infectieux, dont certains finissent par pénétrer dans l’organisme, soit en raison de leur virulence, soit en raison d’une baisse des défenses immunitaires favorisée par la candidose. Ces agents pathogènes peuvent aussi s’introduire dans le corps par voie respiratoire ou cutanée (piqûre de tique, par exemple). Certains d’entre eux provoquent des co-infections chroniques. On parle d’«  infections froides  », dans la mesure où ils génèrent une inflammation permanente mais modérée, à bas bruit, par opposition à l’inflammation aiguë d’un épisode infectieux (comme celle rencontrée au cours de la grippe).

Liste des maladies dont se rendent responsables les co-infecteurs Rickettsioses, néo-rickettsioses (chlamydias et mycoplasmes) Infections à Helicobacter pylori Infections à Escherichia coli Borrélioses Malaria Toxoplasmoses Infections virales (virus d’Epstein-Barr, cytomégalovirus, varicelle/zona, herpès, parvovirus B19, virus de type herpès 6…) Trypanosomiases Babésioses Bartonellose Fièvre Q Brucelloses Ehrlichiose Bilharzioses Amibes Leishmanioses Candidoses

POUR QUELS TROUBLES ? Candida est en bonne compagnie au sein de ces pathogènes. Ils s’y prennent à plusieurs pour altérer le système immunitaire de manière inhibitrice ou hyperstimulatrice, causant inflammations, douleurs et perturbations des capacités de défense et de réparation (au niveau cellulaire et tissulaire). Ces micro-organismes infectieux génèrent des co-infections multiples, dont les conséquences cliniques sont liées à l’installation d’une inflammation chronique de la muqueuse intestinale avec hyperperméabilité intestinale. Tout comme dans la candidose chronique, les co-infections peuvent provoquer des troubles fonctionnels digestifs coexistant avec des signes généraux non spécifiques, comme la fatigue chronique, les troubles neuropsychiques, les allergies, les douleurs articulaires et musculaires… Avec le temps, ou en fonction des facteurs favorisants génétiques et/ou environnementaux, elles peuvent également déboucher sur des affections constituées complexes, comme la fibromyalgie, le syndrome de fatigue chronique, les maladies autoimmunes ou neuro-immunitaires.

L’INFECTION URINAIRE (PAR ESCHERICHIA COLI) De manière assez banale, la plus courante des co-infections est l’infection urinaire. Son principal responsable (dans 80 % des cas) est le colibacille, alias Escherichia coli. Nous avons vu que ce pathogène velcro peut être présent, tant au niveau digestif qu’au niveau génital, réprimé et maintenu sous contrôle par le microbiote dominant. Si une dysbiose s’installe, E. coli en profitera pour s’échapper de son territoire initial, en même temps que C. albicans. Les deux fugitifs ont le même talent, à savoir une fantastique capacité d’adhérer à la

paroi de la muqueuse et de constituer des biofilms pathogènes. Le colibacille ressemble à une gélule recouverte de poils adhésifs (les pilis) et prolongée de petits flagelles qui l’aident à se déplacer. Il agit comme les boules épineuses de la bardane : il s’accroche, et il est très difficile de le déloger. Il colonise les voies urinaires pour aller s’implanter à la surface de la muqueuse de la vessie, où ses exploits vous seront contés sous forme d’infections urinaires volontiers récidivantes. Si l’un est présent, il y a de grandes chances que l’autre ne soit pas loin. De facto, on retrouve souvent chez les patientes une histoire commune d’infections urinaires à répétition et de candidoses récidivantes, le traitement antibiotique des premières provoquant souvent l’émergence des secondes dans la foulée. En d’autres lieux, C. albicans peut rencontrer un autre pathogène adhésif, Helicobacter pylori. Cette bactérie hélicoïdale en forme de seiche s’ancre avec ses flagelles sur les cellules épithéliales de l’estomac grâce à des adhésines. Le travail d’agression de la muqueuse digestive d’H.  pylori profite au candida, comme pour E. coli. Tous trois procèdent avec le même mode opératoire, à savoir mettre le grappin sur la muqueuse et coloniser les territoires alentour, générant de l’inflammation et des perturbations immunitaires. Il est donc utile de prendre en compte la découverte d’H. pylori dans l’estomac, que cela soit par examen direct sur du matériel de biopsie gastrique prélevé à l’occasion d’une gastroscopie ou que cela résulte d’une positivité du test respiratoire 27 Helikit© (ou équivalent) de diagnostic in vivo de l’infection pratiqué au laboratoire d’analyse. Il n’est pas interdit, en pareille situation, de penser à la présence concomitante de Candida au sein du tube digestif et de le rechercher.

LES AUTRES CO-INFECTIONS

De façon générale, la problématique des co-infections est importante au cours de la candidose chronique. Elles peuvent l’aggraver ou donner un tableau clinique similaire (d’où l’importance du diagnostic différentiel). C’est le cas de certaines infections mal connues du grand public, comme la babésiose (causée par un parasite qui infecte les globules rouges) ou la bartonellose (provoquée par des bactéries du genre Bartonella). C’est également le cas de la mononucléose infectieuse, due au virus d’Epstein-Barr (EBV), qui peut persister toute la vie dans l’organisme en alternant périodes de latence et périodes de réactivation. La maladie de Lyme La plus connue de ces infections froides est la maladie de Lyme, ou borréliose, maladie infectieuse non contagieuse causée par une bactérie du complexe Borrelia burgdorferi senso lato (principale espèce pathogène en Europe avec B. afzelii et B. garinii), transmise à l’homme par la piqûre d’une tique infectée 28, qui peuvent également transporter et transmettre le parasite Babesia. Cette infection émergente est répandue dans le monde entier  ; en France, on dénombre officiellement plusieurs milliers de cas par an. Compte tenu des difficultés de diagnostic formel au cours des deuxième et troisième phases de la maladie, ce nombre est probablement très sous-estimé. La borréliose est une pathologie complexe, polymorphe, très difficile à cerner. En ce sens, elle n’a rien à envier à la candidose chronique. Borrelia est un pathogène intracellulaire, alors que les bactéries se développent habituellement en dehors des cellules du corps humain. Lorsque l’infection n’est pas traitée, elle peut rester tapie pendant de très longues années sans générer de signes cliniques évidents  ; elle provoque des symptômes chroniques extrêmement

variés, impliquant notamment le système nerveux, à la faveur d’un stress, d’une autre infection ou d’une baisse des défenses immunitaires. Pour quels troubles ? Parmi les troubles exprimés, on retrouve fatigue, céphalées, arthralgies migratrices, troubles cognitifs, dépression et insomnie, syndrome d’épuisement… Autant de symptômes désespérants, que certains 29 ont résumé de façon lapidaire : signes multiples, diagnostic flou, traitement néant en quatre lettres : L-Y-M-E. Lyme ou candidose ? Maladie de Lyme ou candidose chronique, la problématique est la même. Comment faire la part des choses  ? On comprend alors l’importance de disposer d’éléments tangibles, tant cliniques que biologiques, pour incriminer l’un ou l’autre, ce qui n’est pas facile. Cela met souvent le corps médical en difficulté, d’autant que les deux infections coexistent fréquemment, notamment dans les régions, de plus en plus nombreuses, touchées par la propagation de Borrelia. Le Dr  Richard Horowitz 30, directeur de l’Hudson Valley Healing Arts Center, clinique intégrative de Hyde Park, à New York, est reconnu comme l’un des spécialistes mondiaux de la maladie de Lyme et des co-infections. Il a proposé le terme MCIDS, pour multiple chronic infectious disease syndrome, ou syndrome de maladie chronique à multi-infections, qui permet d’appréhender la borréliose, ses co-infections et ses cofacteurs, en abordant notamment le terrain du malade, les biotoxines et les allergies alimentaires, parmi d’autres facteurs favorisants.

LA RECHERCHE DES CO-INFECTIONS Elle est nécessaire chaque fois qu’une candidose chronique est mise en évidence, et vice versa. Les bilans sérologiques (recherche de marqueurs immunitaires de la présence des agents infectieux) permettent dans la grande majorité des cas de faire la part des responsabilités. Si la plupart des pathogènes décrits précédemment permettent, selon le stade de la maladie infectieuse, une réponse thérapeutique spécifique, comme la prise d’antibiotiques, dans d’autres cas (mononucléose infectieuse, infections chroniques…), il n’y a pas de traitement conventionnel, ou celui-ci n’est pas consensuel au sein du corps médical (maladie de Lyme dans sa phase chronique, par exemple). Cela peut laisser les personnes infectées quelque peu désorientées, surtout en cas de persistance des symptômes. Ce qui est certain, c’est que la prise en compte du terrain sera tout aussi importante dans la prise en charge des co-infections que dans le traitement de la candidose chronique elle-même.

La candidose chronique : un risque global sur la santé Il faut bien admettre que, dans un certain nombre de cas, la candidose chronique est partie prenante d’un désordre plus grand encore qui affecte le patient dans toutes ses composantes, physiques, psychiques et adaptatives. Lorsque l’infection fongique se chronicise et s’intrique avec d’autres co-infections et d’autres pathologies préexistantes, aboutissant à une symptomatologie polymorphe (elle prend en effet de nombreuses formes  !), le médecin clinicien a souvent des difficultés pour les démêler. Il se trouve alors face à des

causes multiples de perturbations sur un être humain dont la nature complexe n’échappe à personne. En ce XXIe  siècle débutant, compte tenu de l’état actuel de la recherche scientifique, on commence à peine à comprendre l’étendue des interactions entre le candida, les facteurs coresponsables et toutes les composantes de la santé. L’état des lieux est difficile à faire. Le ou les diagnostics sont incertains. Tant que les mécanismes individuels des anomalies présentées par le patient ne sont pas analysés et compris, tant que la démarche physiopathologique (du fonctionnement normal au dysfonctionnement) n’est pas affinée et personnalisée, tant qu’une vision globale et intégrative n’est pas assurée, que peut faire le médecin (ou les médecins, tant les intervenants finissent par se multiplier au fil des mois et des années devant la diversité des troubles exprimés dans la candidose chronique) ? Fort heureusement, toutes les situations ne parviennent pas à un tel degré de complexité, tant pour le diagnostic et l’état des lieux que pour la mise en place de solutions thérapeutiques. Le plus souvent, les mycoses superficielles (qu’elles soient externes ou internes) se soignent simplement, pour peu que le système immunitaire récupère ses capacités opérationnelles. Encore faut-il s’en assurer et ne pas considérer que tout ira forcément bien. On peut être raisonnablement optimiste sur la résilience du corps humain sans négliger pour autant de lui donner toutes les chances pour retrouver son équilibre.

AGIR VITE ET TÔT Candida n’est pas votre ami. « Connais ton ennemi et connais-toi toimême, même avec cent guerres à soutenir, cent fois tu seras victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même,

tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par les défaites.  » Que de sages paroles de Sun Tzu, issues de son ouvrage l’Art de la guerre, le premier traité de stratégie militaire écrit au monde ! On ne le répétera jamais assez : ne sous-estimez pas l’adversaire, et ne banalisez pas un muguet buccal ou une mycose vaginale. N’attendez pas la récidive. Le risque, avec C. albicans, c’est qu’il ouvre la boîte de Pandore. On a vu qu’il est capable de se faire accepter par le système immunitaire, profitant de sa moindre faiblesse, de l’affaiblir et de le perturber. N’attendez pas que Candida plonge en profondeur et agisse à votre insu. Prenez la mesure du risque et intervenez préventivement, pour restaurer l’ordre bactérien au sein de l’intestin, le principal réservoir naturel de C. albicans. Lorsque les choses sont prises à leur tout début, la gestion des problèmes est simplifiée. De même qu’une cotisation d’assurance semble inutile tant qu’il ne s’est rien passé, vous pourriez considérer comme excessif de «  dramatiser  » le risque lié à la candidose. Dans la mesure où les moyens préventifs ne sont pas disproportionnés, cette approche est légitime, eu égard au risque final, tellement pénalisant, et pour le coup, réellement dramatique dans certains cas. C’est d’autant plus pertinent que cette prévention passe le plus souvent par une bonne hygiène de vie, des recommandations alimentaires et l’usage des moyens simples, comme des probiotiques 31 ou des extraits végétaux. A contrario, bien plus complexe est la prise en charge d’une situation que l’on a laissée dégénérer, par ignorance, négligence ou excès de confiance, pour autant qu’on finisse par identifier le coupable. La progression de la candidose chronique se fait au gré des circonstances, chaotique, alternant périodes calmes et épisodes cliniques caractérisés. Alors que le retour à la normale se fait chez de

nombreuses personnes, la rupture d’équilibre est consommée pour d’autres, pour peu que s’accumulent facteurs favorisants et coinfections. Cela survient sur une échelle de temps qui amène naturellement à baisser la garde : qui peut être en permanence sur le qui-vive  ? Dans bien des cas, on ne sait plus qui fait quoi et on n’y comprend plus rien. Il faut alors beaucoup de méthode et de rigueur pour progresser dans la compréhension de la situation clinique et dans la mise en place d’un ensemble de solutions thérapeutiques. Une chose est certaine, la candidose chronique, souvent mésestimée et sous-diagnostiquée, fait courir un risque global sur la santé. Si elle ne tue pas, comme la tuberculose le faisait jadis, elle n’en est pas moins redoutable, de par son apparente banalité au départ, de par son caractère délétère dans la durée. Elle affaiblit l’organisme et favorise une situation de désadaptation au stress, que ce dernier soit lié au simple processus de vie et de vieillissement ou qu’il soit lié aux interactions avec l’environnement.

La prise en compte du terrain QU’EST-CE QUE LE TERRAIN ? L’infection chronique à Candida constitue un puissant modificateur de terrain. Mais qu’est-ce que le terrain ? Ce terme englobe tout ce qui prédispose un individu à développer certaines maladies, ainsi que la manière d’y faire face, en fonction de ses prédispositions d’origine génétique, de son mode d’adaptation à la vie et de ses modes de réaction physique et psychique. Cette vision de l’être humain prend en compte ses dimensions physique, physiologique et psychologique.

Elle incite à ne pas considérer seulement les causes d’une maladie, mais aussi les circonstances qui la favorisent ou l’entretiennent. C’est une notion déjà ancienne, que les jeunes médecins diplômés connaissent peu à l’issue de leurs études hospitalo-universitaires, tout occupés qu’ils sont à combattre les maladies et à traiter les symptômes. Certes, soulager la souffrance est la première mission du corps médical, mais — et c’est sans doute l’époque qui veut cela — la culture de l’immédiat prime sur celle du temps long. L’expérience d’une vie de médecin permet de mieux comprendre la célèbre phrase attribuée à Louis Pasteur, chercheur, chimiste et physicien de formation, pionnier de la microbiologie, au moment où le rideau s’apprêtait à tomber sur une brillante existence : « Antoine Béchamp avait raison, le microbe n’est rien, le terrain est tout.  » On lui attribue, à tort ou à raison, la phrase « C’est Claude qui a raison », un hommage tardif à Claude Bernard, médecin physiologiste considéré comme le père de la médecine moderne, de la recherche clinique et de l’expérimentation animale. Malgré la technicité de la médecine moderne, il faut savoir relire les anciens. L’œil rivé sur son microscope, Pasteur défendait la théorie du microbisme qui considérait que le microbe, un micro-organisme vivant invisible à l’œil nu découvert depuis peu, était au cœur des maladies. Son contemporain Béchamp, médecin, chimiste et pharmacien, soutenait que celles-ci sont toujours des processus de sauvetage ou de réparation et de vie. Elles ne sont graves que lorsque le milieu est déficient, c’est-à-dire lorsque le terrain est propice au développement des «  microbes  ». Entre un Béchamp humaniste et idéaliste pour qui «  le “microbisme” est une doctrine fataliste monstrueuse qui suppose qu’à l’origine des choses Dieu aurait créé les germes des microbes destinés à nous rendre malades » et un Pasteur pragmatique, célèbre pour son esprit de synthèse, la bonne approche

est certainement quelque part entre les deux. Chaque thérapeute, au gré de sa formation et de son parcours professionnel, sera plus enclin à combattre l’agent infectieux proprement dit ou à traiter les perturbations de ce fameux terrain. Même la médecine moderne le prend désormais en considération au travers de l’étude de la génétique, de l’épigénétique 32, de l’étiopathogénie 33 et des facteurs psychosociaux dans la santé 34.

COMMENT TENIR COMPTE DU TERRAIN LORS D’UN TRAITEMENT ? En pratique, comment prendre en compte le terrain tout en combattant activement C. albicans chaque fois qu’il pointe le bout de son nez  ? En tenant compte non seulement de son retentissement local, mais aussi de son retentissement sur les mécanismes adaptatifs chargés de maintenir un état de santé équilibré et optimal.

Bon à savoir Les cinq grands systèmes de régulation de la santé sont impliqués dans la candidose chronique : les trois systèmes de l’ensemble immuno-psycho-neuro-hormonal ; le système double de soutien structurel et fonctionnel de l’organisme.

Pour comprendre l’importance de ces systèmes de régulation dans le maintien d’une bonne santé, on ne se contentera pas de la définition de celle-ci par l’OMS 35  : «  État de complet bien-être physique, mental et social, et [qui] ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.  » La bonne santé est le résultat d’un équilibre homéostatique et allostatique.

Quelques définitions Homéostasie  : processus de régulation dynamique par lequel l’organisme maintient stable et en équilibre les différentes constantes (que l’on devrait d’ailleurs appeler des variables) du milieu intérieur, intracellulaire et extracellulaire (ensemble des liquides de l’organisme), entre les limites des valeurs normales. Allostasie : processus qui vise à ajuster les fonctions de l’organisme en réponse aux conditions externes et internes (les stresseurs, c’est-à-dire les stimuli qui déclenchent une réaction de stress). L’allostasie est caractérisée par des efforts d’adaptation constants et se traduit par des changements physiologiques ou de comportement. Un certain nombre de systèmes de l’individu maintiennent la stabilité générale de l’organisme, tout en étant eux-mêmes très variables. Contrairement à l’homéostasie, l’allostasie ne vise pas à maintenir en équilibre la valeur d’un paramètre biologique, comme la température corporelle, mais à optimiser le bon fonctionnement des systèmes internes, comme la régulation de la pression artérielle. Charge allostatique : notion qui réfère aux conséquences négatives du stress sur l’organisme, qui s’accumulent avec le temps. Une réponse initialement bénéfique devient néfaste et dommageable. Elle représente le coût physique et émotionnel pour faire face à des conditions de stress sur une longue période.

Comprendre les différents mécanismes physiologiques en jeu Face à la candidose chronique, il est certes impératif de répondre à la plainte exprimée, c’est-à-dire aux symptômes (démangeaisons génitales en cas de mycose vaginale, sensation de brûlure en cas de muguet buccal…) et à la problématique du moment (troubles fonctionnels intestinaux, fatigue, troubles de l’humeur…), mais il est tout aussi nécessaire d’agir sur le terrain du patient. Cela implique de comprendre les mécanismes physiopathologiques impliqués dans son état de santé fragilisé ou perturbé. Concrètement, cela nécessite de prendre en compte d’une

part la spécificité de l’organe concerné par les symptômes (muqueuse vulvo-vaginale, langue et parodonte dans la bouche…) et d’autre part les cinq grands systèmes de régulation de la santé, afin de rechercher leur degré d’implication dans la genèse, la pérennisation ou le risque évolutif de la candidose. Trois d’entre eux sont bien connus du grand public  : outre le système immunitaire, dont nous avons déjà parlé, on retrouve les systèmes nerveux et endocrinien. Ils fonctionnent en synergie, de manière intégrée, l’un retentissant sur l’autre. Le cerveau communique avec le système immunitaire via le système nerveux autonome et les facteurs neuroendocriniens. Les systèmes immunitaire et endocrinien retentissent sur le fonctionnement du système nerveux et périphérique. Cette notion de psycho-neuroimmuno-endocrinologie est déjà ancienne, puisqu’elle date des années 1970. Depuis, le concept a bénéficié des énormes progrès accomplis par l’immunobiologie et les neurosciences dans la meilleure compréhension des mécanismes intimes de l’immunité et du fonctionnement cérébral. L’interaction des systèmes physiologiques d’adaptation en cas de stress Pour comprendre ces interactions, prenons l’exemple de l’exposition à un stress extérieur répété, par exemple le bruit et la mauvaise ambiance au travail. Le système endocrinien réagit en sécrétant davantage de cortisol, l’«  hormone du stress  », ce qui permet de mieux mobiliser les ressources énergétiques de l’organisme. En situation de stress, il régule les sucres (glucides), les graisses (lipides), les protéines (protides), les minéraux et l’eau dans le corps. Ce faisant, il maintient le taux de glucose (sucre sanguin) dans le sang pour nourrir les muscles, le cœur, le cerveau. Cependant, si cette

situation perdure, elle risque d’épuiser les réserves de l’organisme et d’altérer ses capacités à les reconstituer. Par ailleurs, le cortisol, immunostimulant à concentration physiologique (c’est-à-dire à l’état normal, en dehors de tout stress), devient immunodépresseur lorsqu’il se maintient à des taux élevés. Cela finit par abaisser les défenses de l’organisme et favoriser la survenue d’infections, comme des mycoses vaginales ou une candidose digestive, elle-même source d’inflammation. Or, tout état inflammatoire perturbe le système nerveux et favorise l’anxiété et la dépression, ce qui rend plus vulnérable au stress environnemental, comme le bruit et la mauvaise ambiance au travail. La boucle d’auto-entretien est enclenchée, et il faudra une intervention spécifique pour interrompre ce cercle vicieux.

LA PERTURBATION DES PRINCIPAUX SYSTÈMES D’ADAPTATION PAR LA CANDIDOSE À l’inverse, prenons le cas d’un état infectieux chronique, provoqué par exemple par un champignon de type C. albicans. Caractérisé par des mycoses vaginales à répétition, sur un fond de candidose intestinale chronique, il génère un état inflammatoire modéré mais permanent au niveau des muqueuses génitales et digestives, qui sollicite sans cesse le système immunitaire, avec les spécificités que nous avons vues. Cela entraîne également une augmentation de la sécrétion de base du cortisol, lequel finit par altérer les neurones de l’hippocampe 36, cette structure du cerveau jouant un rôle essentiel dans les capacités d’apprentissage et de mémorisation. À cela s’ajoute le problème des microlésions et de l’hyperperméabilité de l’intestin qui permettent le passage de grosses molécules d’origine alimentaire dans la circulation générale. Celles-ci fonctionnent comme de véritables exorphines (par opposition aux endorphines, cette

morphine endogène qui procure une sensation de bien-être, voire d’euphorie, et qui calme la douleur), en provoquant les effets inverses  : elles génèrent sensibilité accrue à la douleur, fatigue, irritabilité, mal-être… Ajoutons l’effet propre des neurotoxines sécrétées par la levure pathogène (candidine, acide tartrique, acétaldéhyde…), et on comprend que le cerveau va souffrir et que le système nerveux, malgré ses immenses capacités d’adaptation, longtemps sollicitées, va finir par dysfonctionner. Peu à peu, aggravés par des facteurs extérieurs que l’on prendra pour des causes alors qu’ils ne sont souvent que des déclencheurs ou des éléments d’aggravation, vont s’installer des troubles de l’adaptation plus ou moins invalidants : dépression, anxiété, troubles du sommeil, fatigue, troubles cognitifs (mémoire, attention, concentration). Dans chacune de ces situations, le trio psycho-neuro-immuno-endocrinien se dérégule peu à peu, favorisant la propagation du candida, notre champignon transformiste et opportuniste au tempérament de colonisateur. Inversement, les perturbations endocriniennes vont rejaillir à leur tour sur les autres grands régulateurs et augmenter les troubles ressentis au cours de la candidose chronique. C’est le cas lors de l’altération du fonctionnement de la glande thyroïde et des ovaires. Les troubles de la thyroïde aggravent les symptômes La thyroïde mérite toute votre attention. Il s’agit d’une glande en forme d’aile de papillon située à l’avant du cou. Une faiblesse fonctionnelle de cet organe reflète une hypothyroïdie fruste (c’est-àdire légère à modérée) ou avérée, dont il faudra chercher la cause (auto-immunité, déficit en iode, en fer, en zinc ou en sélénium, vieillissement de la thyroïde).

Or, une partie importante des symptômes qu’elle engendre ressemblent étrangement à ceux de la fibromyalgie, du syndrome de fatigue chronique ou de certaines manifestations de la candidose chronique  : fatigue, mal-être, troubles de l’humeur, douleurs articulaires et musculaires, perturbations intestinales (constipation) et métaboliques (prise de poids)… Par conséquent, évaluer la fonction thyroïdienne fait partie du bilan de ces symptômes, tout autant que la recherche active d’une candidose digestive chronique, d’autant que, dans ce cas-là aussi, les pathologies peuvent s’intriquer. La fameuse thyroïdite de Hashimoto (la plus fréquente des maladies auto-immunes) est souvent liée à l’intolérance au gluten, dont on a vu qu’elle-même est souvent liée à C. albicans… Par ailleurs, les carences ou déficits en iode sont légion, et il serait plus rapide de dénombrer les personnes qui n’en sont pas dépourvues ! Un simple examen, l’iodurie, effectué sur les premières urines du matin ou celles de 24  heures, permet de dépister un manque d’iode et d’envisager une supplémentation avant que la thyroïde ne soit durement atteinte. Le manque d’œstrogènes est un facteur défavorable Les œstrogènes jouent un rôle nourricier sur l’organisme, plus particulièrement au niveau de l’intestin. En participant à sa nutrition et à sa croissance, ces hormones contribuent habituellement à son bon fonctionnement. Au cours de la période d’activité génitale féminine, il peut exister des situations d’hypo-œstrogénie, c’est-à-dire d’insuffisance d’imprégnation en hormone sexuelle féminine (anorexie, dénutrition, raisons constitutionnelles). Cet état s’accentue lors de la périménopause et devient permanent une fois la ménopause installée. Cela exerce un rôle aggravant sur la candidose

chronique et sur les troubles fonctionnels intestinaux fréquemment associés. Pourquoi surveiller le foie, les reins et l’intestin en cas de candidose ? Deux autres systèmes de régulation jouent un rôle plus discret mais capital dans les capacités d’adaptation de l’organisme. Ils constituent ce que l’on peut appeler le « système de soutien » du corps humain. Il s’agit, dans sa partie fonctionnelle, du foie, des reins et de l’intestin, et, dans sa partie structurelle, du tissu conjonctif. Ils peuvent être affaiblis par les antécédents médicaux ou par le vieillissement, et sont fortement sollicités au cours de la candidose. Il est nécessaire de les évaluer pour mieux les renforcer si besoin est. Du côté du foie Détoxiquer étant devenu le mot d’ordre de tout adepte de la santé naturelle, vous savez qu’il faut régulièrement « nettoyer » son foie et favoriser la transformation et l’élimination des toxines, qu’elles viennent de l’extérieur ou de l’intérieur. Le foie possède de nombreuses autres fonctions, notamment de stockage et de synthèse, ainsi que de fabrication des acides biliaires qui constituent la bile, nécessaire à une bonne digestion et à un bon transit intestinal. Le foie lui-même interagit avec le système immunitaire. Toute inflammation entraîne une baisse de ses capacités de détoxication, ce qui favorise une mauvaise tolérance des médicaments de synthèse. La candidose impose de soutenir le foie et de renforcer ses fonctions, d’autant que l’inflammation à bas bruit de l’infection digestive chronique affaiblit la fonction hépatique.

Les reins Ils fabriquent l’urine et éliminent les déchets de l’organisme. Habituellement ignorés par les patients, ils accomplissent en silence leur mission fondamentale de régulation des volumes liquidiens de l’organisme et des minéraux (principalement le sodium, le potassium, le chlore et le calcium), tout en régulant l’équilibre acide-base (pH du sang), auquel les naturopathes se réfèrent quand ils parlent de terrain acide. Favoriser l’élimination rénale et l’équilibre hydrominéral est important au cours de la candidose. L’intestin Le Dr  Catherine Kousmine en avait eu l’intuition au milieu du e XX   siècle  : «  En effet, c’est au niveau de l’intestin que tous les désordres membranaires auront les plus graves conséquences.  » Malgré tout, l’intestin est certainement l’organe que l’on comprenait le moins jusqu’à ces dernières décennies. On sait déjà qu’il sert à poursuivre la digestion des aliments et permet l’assimilation des nutriments, mais ce n’est pas tout. Loin d’être un simple tuyau collecteur et évacuateur, il exerce une action métabolique équivalente à celle du foie. Ses fonctions et ses troubles, notamment immunitaires et neurobiologiques, sont mieux décryptés, de même que les dysfonctions du trio constitué par la muqueuse, le microbiote et le système immunitaire (on y retrouve de 60 à 70  % des cellules de l’immunité). On prend mieux en compte le système nerveux contenu dans l’intestin —  200  millions de neurones, autant que dans le cerveau d’un chien  —, qui communique avec le contenu de la boîte crânienne. C’est ce qui a fait qualifier nos intestins (grêle et côlon) de «  second cerveau  ». On sait maintenant qu’ils sont au centre de la genèse de nombreuses maladies chroniques ou récidivantes

(infections, allergies, troubles du comportement, maladies autoimmunes, cancers, colopathies). L’intestin est concerné au premier chef dans la candidose chronique : il constitue le réservoir principal de Candida. C’est à son niveau que se développent l’inflammation et les microlésions de la muqueuse, qui le rendent poreux, et que surviennent les perturbations du système immunitaire. En fonction de degré de nuisance du candida, les conséquences locales et systémiques se feront sentir, par le biais des interactions entre l’intestin, le foie et le système immuno-psycho-neuro-endocrinien. L’implication du tissu conjonctif Relativement solide et plus ou moins fibreux, le tissu conjonctif protège les organes qu’il entoure ou constitue leur trame. Présent partout dans le corps, il est impliqué dans les fonctions de soutien, de protection, de nutrition, de liaison, de réparation des tissus, de mouvement, de réponse immunitaire, de croissance et de stockage. Au cours de la candidose chronique, il est indispensable de le réparer, de le renforcer et de le protéger, notamment au niveau de l’intestin (voir ici).

POUR UNE PRISE EN CHARGE INTÉGRATIVE DES TROUBLES L’activité pathogène de C.  albicans sollicite l’ensemble de ces cinq grands systèmes de régulation, entraînant peu à peu des difficultés croissantes d’adaptation au stress (charge allostatique  ; voir ici) sur l’organisme, et contribuant à l’apparition progressive de symptômes variés et intriqués. Comment en dénouer les nœuds  ? La bonne stratégie thérapeutique pour combattre le candida consiste non

seulement à agir sur la levure elle-même par des traitements antifongiques, mais aussi à restaurer les capacités d’adaptation et de régulation du corps humain perturbé par la candidose. Cette manière d’appréhender le problème de la candidose chronique n’est pas spécifique à ce type d’infection, même si, finalement, cette maladie est emblématique de ce que l’on peut faire en la matière. Comprendre et traiter le terrain autant que les symptômes est une attitude que l’on peut adopter pour prendre en charge les co-infections accompagnant la candidose, les manifestations aiguës et/ou chroniques qui s’y rattachent, tout comme l’ensemble des problèmes de santé.

NATUROPATHES VERSUS MÉDECINS Cette approche a souvent tendance à être préemptée par les naturopathes plutôt que par les médecins. Finalement, ils ne font que profiter du vide béant laissé par le corps médical « institutionnel ». Ils « font le boulot » grâce à leur vision globalisante et systémique de la santé et leur recours systématique à des solutions naturelles. Ils n’ont peut-être pas tort quand ils citent le Dr  Georges Armand Muri 37  : « Nous faisons tous, de la naissance à la mort, une seule et une même maladie, dont les maladies du Larousse ne sont que des épisodes. » Mais les naturopathes ne détiennent qu’une partie de la clé qui déverrouille la situation complexe de la candidose chronique. Le corps médical détient l’autre, par sa capacité à diagnostiquer, à faire un bilan et à prescrire certains médicaments de synthèse qui restent indispensables dans la lutte contre le candida. Il faudra bien que tous apprennent à travailler ensemble ! Sinon qui, pour occuper l’espace entre les deux  ? Il y a bien les médecins phytothérapeutes, homéopathes, micronutritionnistes et

nutritionnistes, qui ont de longue date intégré une approche globale de la santé, mais ils ne sont pas assez nombreux. L’évolution de la médecine et des conditions socio-économiques de son exercice ne permettent pas au médecin en fin de carrière que je suis d’être optimiste en la matière. L’horizon s’éclaircit peut-être du côté de certains jeunes médecins fraîchement installés en médecine générale. Ils ne manquent souvent que d’une bonne formation complémentaire pour développer un regard global sur la santé et exercer tous leurs talents. Au sein des DIU (diplômes interuniversitaires) de phytothérapie médicale, ils cohabitent déjà avec les nombreux pharmaciens qui développent assidûment le conseil officinal. À travers le vaste réseau de pharmacies, ces derniers s’adressent à l’ensemble de la population et peuvent mettre en place les fondamentaux de la prise en charge de la candidose chronique, au travers de conseils hygiéno-diététiques, de recommandations nutritionnelles et diététiques, et de certaines solutions naturelles. Quant aux dentistes, qui sont aux premières loges, si l’on peut dire, de la pathologie, ils pourraient avoir un plus grand rôle à jouer en sensibilisant leurs patients aux problématiques du microbiote buccal et de l’éventuelle présence locale de candida dans le suivi des parodontopathies. Ne mettons pas de côté les kinésithérapeutes ostéopathes, les infirmières et autres membres des professions paramédicales (podologues, psychologues, diététiciennes), de plus en plus actifs dans l’accompagnement chronique des patients et dans leurs soins. Leur rôle de dépistage et d’information est plus que jamais nécessaire pour ne pas passer à côté du problème de la candidose chronique.

ET SI LE MEILLEUR MÉDECIN, C’ÉTAIT VOUS ?

Soyez à votre écoute, informez-vous et développez votre compréhension des enjeux d’une bonne santé. Ces critères constituent la base des qualifications nécessaires pour vous soigner vous-même. C’est tout à fait possible, et même souhaitable en ce qui concerne les solutions naturelles. L’automédication n’est pas un gros mot tant qu’elle reste accompagnée, soit par un ouvrage de référence, soit par l’intervention ponctuelle d’un professionnel de la santé. N’hésitez pas à demander des conseils et des explications, à poser des questions et à vous faire aider dans votre démarche, mais faites-le avec rigueur et méthode, en évitant croyances et interprétations approximatives. Cet ouvrage est justement fait pour vous aider. En cas de besoin, parlezen à votre médecin, qui reste votre interlocuteur privilégié en toutes circonstances.

UNE PRISE EN CHARGE EN CINQ ÉTAPES Que la candidose soit ponctuelle ou qu’elle s’installe dans la chronicité, la même vigilance s’impose. Une première manifestation de l’activité pathogène du candida doit suffire pour se sentir concerné et enclencher toutes les mesures nécessaires pour éviter la récidive et les perturbations de terrain qui peuvent survenir dans le temps. On guérit de la candidose quand on s’occupe du global autant que du local. Agir à tous les niveaux de manière intégrative est le mot d’ordre, à toutes les étapes du traitement… 1. Savoir incriminer Candida face à des troubles inexpliqués autant que devant des symptômes évidents, en le considérant comme un ennemi potentiel jusqu’à preuve du contraire. 2. Combattre la levure par une association de traitements antifongiques (chimiques et/ou naturels) quand elle devient pathogène.

3. Traiter l’intestin, à la fois réservoir du candida et théâtre des opérations pour la candidose, en restaurant l’écosystème intestinal (microbiote, muqueuse et système immunitaire). 4. Évaluer le terrain en analysant les grands systèmes de régulation de l’organisme. 5. Améliorer leur fonctionnement chaque fois que nécessaire en fonction des perturbations rencontrées, et favoriser les capacités globales d’adaptation au stress et à l’environnement altérées par la candidose chronique. Franchir les trois premières étapes constitue l’essentiel pour améliorer grandement votre état de santé. Dans ce cadre, faire de la prévention reste incontournable. Des mesures simples appliquées régulièrement suffisent assez souvent pour éviter le passage à la chronicité. Entre les erreurs à ne pas commettre et les actions de bon sens à entreprendre, il y a déjà de quoi faire. De nombreux moyens naturels sont à votre disposition, même s’il faut utiliser des médicaments de synthèse pour traiter des épisodes aigus chaque fois que la situation clinique l’exige. Pour autant, ne négligez pas les deux dernières étapes, qui constituent le travail de fond. Certes, la démarche est plus longue et plus complexe, mais elle concerne le cœur même de votre état de santé. Hippocrate disait  : «  Devant la maladie, cherchez la cause et ôtez-la, mais cherchez aussi la cause de la cause et ôtez-la ; cherchez enfin la cause de la cause de la cause et ôtez-la. Telle est la véritable guérison. » Une fois intégrée cette démarche clinique, il est désormais possible d’aborder dans le concret le détail des solutions thérapeutiques, pour en finir avec la candidose.

CHAPITRE IV

Les traitements conventionnels

Il est important de replacer le destin du candida dans la perspective du temps et de l’espace, et de tenir compte de sa résilience et de son caractère expansionniste. Il ne s’agit pas tant de l’éradiquer que de circonscrire son territoire et son influence à un écosystème contraignant, de façon que cela vous dérange le moins possible. Vous connaissez désormais le pathogène et vous savez de quoi il est capable. Dès la première manifestation, apprenez à réagir et à y faire face. Le plus souvent, un traitement antimycosique local et ciblé a de bonnes chances d’être suffisant. Dans certains cas, la prise de médicaments antifongiques par voie orale est nécessaire.

Les antimycosiques d’action locale Les traitements locaux conventionnels sont le plus souvent indispensables dans les atteintes mycosiques superficielles externes (peau, ongles) et internes (localisations vaginales, buccales). Certes, leur efficacité à court terme ne doit pas nous faire oublier de régler la maladie sous-jacente, comme nous le verrons dans les chapitres

suivants, mais il ne faut pas les redouter  : dans la très grande majorité des cas, ils sont efficaces et bien tolérés. Au-delà des symptômes initiaux, il importe avant tout de détecter tous les foyers de Candida albicans à traiter simultanément pour éviter les récidives 38. Pour un premier épisode de candidose localisée ou pour des récidives espacées, on ne saurait se dispenser, en première intention, des médicaments antifongiques modernes. Ils agissent pour l’essentiel au niveau de la membrane cellulaire des champignons, contrairement aux antibiotiques, qui agissent sur plusieurs structures différentes des bactéries. En dégradant cette membrane cellulaire et en faisant des trous dedans, ils rompent l’intégrité des levures et provoquent leur mort. Parmi les antifongiques locaux actifs sur le candida, plusieurs familles moléculaires sont délivrées en pharmacie, sur ordonnance, et remboursées partiellement par l’assurance maladie. Désormais, de nombreux traitements antifongiques d’action locale sont délivrés sans ordonnance. Néanmoins, l’automédication ne devrait concerner que les mycoses déjà diagnostiquées et bien connues par le patient (essentiellement les récidives). Privilégiez malgré tout la consultation médicale, pour bénéficier d’un diagnostic de certitude et d’une prescription en bonne et due forme.

En cas d’automédication Si vous vous soignez par vous-même avec un traitement allopathique, c’est-à-dire à base de molécules de synthèse, suivez les recommandations suivantes. Lisez attentivement la notice explicative placée dans la boîte du médicament. Elle contient des informations précieuses sur les précautions d’emploi, les risques d’effets secondaires et la conduite à tenir en cas de problème. Conservez-la toujours dans la boîte, car vous pourriez avoir besoin de la relire. Si, après avoir lu la notice, vous avez toute autre question ou un doute, demandez plus d’informations à votre médecin ou à votre pharmacien. Attention, certains produits sont contre-indiqués chez la femme enceinte et allaitante. Même délivré sans ordonnance, le médicament correspond à une indication bien précise. Ne le donnez jamais à quelqu’un d’autre, même en cas de symptômes identiques, cela pourrait lui être nocif. Si l’un des effets indésirables décrits dans la notice devient grave ou si vous remarquez un effet indésirable non mentionné, parlez-en à votre médecin ou à votre pharmacien.

Le choix de l’antifongique par le médecin se fait en fonction de la localisation et du contexte clinique. Dérivés imidazolés  : éconazole (Pevary®), miconazole (Daktarin®), tioconazole (Trosyd®), isoconazole (Fazol®), oxiconazole (Fonx® 1  %, sur ordonnance seulement), sertaconazole (Monazol® 2 %). Polyènes  : nystatine (Mycostatine®), amphotéricine  B (Fungizone®). Pyridones : ciclopiroxolamine (Mycoster®). Allylamines : terbinafine (Lamisil®). Amorolfine (Locéryl®).

EN PREMIÈRE INTENTION

La préférence va aux traitements locaux imidazolés (éconazole, miconazole, tioconazole…), qui ont l’avantage de posséder un large spectre d’activité, puisqu’ils exercent aussi une action sur les bactéries à Gram positif, et d’agir sur plusieurs variétés de champignons microscopiques : Candida, Malassezia furfur (une levure responsable du pityriasis versicolor), dermatophytes (possédant une forme filamenteuse et appartenant à Trichophyton, à Microsporum ou à Epidermophyton, qui sont responsables des teignes, des épidermophyties, des onychomycoses et des trichophyties). On retrouve cette action antifongique pour les pyridones (sauf la teigne), alors que les allylamines ciblent les dermatophytes et les levures. Concernant plus spécifiquement la lutte contre le candida, le choix des molécules dépend aussi des habitudes du prescripteur. La liste complète des médicaments mise à jour 39 peut être consultée sur le site grand public du Vidal 40, le dictionnaire médical qu’utilisent quotidiennement les médecins sous la forme papier ou sous forme intégrée à leur logiciel médical. Cette liste référence les médicaments contenant les molécules citées précédemment sous leur nom commercial d’origine (princeps) ou sous leur nom générique. Le choix de la présentation du médicament (forme galénique) et les modalités d’utilisation dépendent de la localisation de la zone à traiter, ou du caractère humide ou sec des lésions 41.

LES MYCOSES DE LA CAVITÉ BUCCALE (MUGUET, PERLÈCHE, GLOSSITES, GINGIVITES, STOMATITES) On privilégie pour ces types de mycoses sous forme liquide, en l’occurrence une tapisser l’ensemble de la muqueuse et recoins. Les molécules disponibles sont la

des antifongiques locaux suspension, afin de bien d’atteindre les moindres nystatine (Mycostatine®),

l’amphotéricine B (Fungizone®) et le miconazole (Daktarin® gel buccal). Habituellement très bien tolérés, ces médicaments ne franchissent pas la barrière de la muqueuse et n’agissent qu’à l’intérieur du tube digestif. Ils permettent de traiter simultanément l’ensemble du tube digestif. Compte tenu de la probable contamination de ce dernier, trois semaines au moins d’un traitement bien conduit sont nécessaires, sans hésiter à augmenter cette durée d’une ou de plusieurs semaines en cas de récidive, si le terrain est déficient ou s’il existe des manifestations générales faisant penser à une possible candidose chronique. Complétez avec des bains de bouche en utilisant un produit contenant un antiseptique (chlorhexidine) ou du bicarbonate de soude (1 cuillerée à café dans un verre d’eau) pour alcaliniser votre cavité buccale. En cas d’utilisation d’une prothèse dentaire, il convient de la désinfecter régulièrement. La prise en charge d’un manque de salive (hyposialie) passe par une meilleure hydratation, par la suppression du ou des médicaments responsables et par une stimulation de la sécrétion salivaire (en phytothérapie, avec des plantes amères, comme la gentiane ou le pissenlit).

Dans le cas particulier des patients immunodéprimés Les atteintes buccales requièrent le recours au miconazole (Loramyc®)  : 1 comprimé gingival mucoadhésif une fois par jour pendant 8 jours, le matin après s’être brossé les dents. Si cela n’agit pas, il est alors recommandé de passer à un traitement général (ou systémique, voir ici).

En cas d’atteinte de la commissure des lèvres (perlèche), désinfectez avec un antiseptique pendant 15  jours, et appliquez un gel antifongique (miconazole, par exemple) sur les deux bords.

L’ATTEINTE ANALE (ANITE) Elle requiert une crème antifongique azolée locale (voir ci-après) jusqu’à guérison. De plus, vous traiterez le réservoir intestinal avec la nystatine (Mycostatine®), l’amphotéricine B (Fungizone®) ou le miconazole.

LES VULVO-VAGINITES CANDIDOSIQUES Elles bénéficient, s’il s’agit d’un premier épisode, d’un traitement local par des azolés (ovule, capsule ou gel vaginal). Plusieurs molécules sont disponibles  : éconazole (Gyno-Pevaryl®, le médicament d’origine, ou un de ses génériques chez Biogaran, Arrow, Eg, Mylan, Ranbaxy, Ratiopharm, Sandoz, Theva, Winthrop ou Zydus), nitrate de sertaconazole (Monazol®), butoconazole, miconazole, fenticonazole, isoconazole (Fazol®). La prescription est d’un ovule ou d’une capsule à introduire le soir au fond du vagin pendant trois jours ou en une seule prise, selon la molécule. Suivez la prescription de votre médecin. Pour des raisons de commodité, il peut vous proposer en effet une «  forme retard  », qui ne nécessite qu’une seule prise. C’est le cas de l’isoconazole (Gyno-Travogen®), du miconazole (Gyno Daktarin®), du tioconazole (Gynotrosyd®), du nitrate de fenticonazole (Lomexin®) et de l’éconazole (Gyno-Pevaryl® LP). Le traitement ne doit pas être arrêté durant les règles.

Chez la femme enceinte Le traitement conventionnel par crème ou ovule azolé reste possible en cas de grossesse, notamment au cours des deuxième et troisième trimestres. Cependant, même si aucun effet malformatif ou fœtotoxique particulier n’est apparu à ce jour, la fiche pharmacologique de ces médicaments précise que le suivi des grossesses exposées à ces produits est insuffisant pour exclure tout risque et permettre une recommandation d’emploi au cours du premier trimestre, sauf si le médecin considère que c’est nécessaire.

En complément La prise en charge de la localisation vulvaire aiguë passe aussi par une toilette avec un savon à pH neutre ou alcalin et par l’application pendant 3 à 4 semaines : d’une crème azolée, comme bifonazole (Amycor®), clotrimazole (Trimysten®), isoconazole (Fazol®) ou kétoconazole (Ketoderm®) ; OU d’une émulsion fluide, comme éconazole (Pevaryl®) ou isoconazole (Fazol®) ; OU d’un lait à base de molécule azolée. En cas de candidose vulvo-vaginale récidivante Un prélèvement peut être utile pour confirmer la récidive et ne pas passer à côté d’un autre germe. Le protocole conventionnel consiste à traiter pendant 6 mois à raison d’un ovule par jour pendant 3 jours en seconde partie du cycle menstruel (vers le vingtième jour).

Et chez l’homme ? L’atteinte de la muqueuse génitale se traite avec une crème azolée, comme pour la localisation vulvaire féminine. Il est recommandé de faire sa toilette à l’aide d’un savon à pH neutre ou alcalin.

LES MYCOSES DE LA PEAU Les atteintes très localisées Elles se traitent très bien à l’aide d’une crème imidazolée (identique à celles citées pour les atteintes génitales externes). En cas de localisations cutanées multiples Il est judicieux de traiter la totalité du corps à l’aide d’un gel moussant thérapeutique (Ketoderm® 2 %, par exemple). Les atteintes des plis (intertrigos) Les gels et les crèmes (Pevaryl®, Daktarin®, Trosyd®…) font mieux l’affaire. Sur les grandes surfaces La forme solution est bien adaptée, mais elle contient de l’alcool, qui peut être irritant sur les muqueuses ou une peau lésée. Elle peut être remplacée, notamment sur les zones sèches, par une émulsion que l’on applique sur les lésions puis que l’on fait pénétrer par le biais

d’un massage local. Le sulfure de sélénium (Selsun®) est une suspension pour application cutanée indiquée dans certaines mycoses de la peau, au niveau du cuir chevelu. Appliquez ces traitements locaux jusqu’à guérison, sans hésiter à les prolonger quelques jours, par sécurité.

LES MYCOSES DES ONGLES Elles concernent principalement le gros orteil. Elles bénéficient des traitements locaux, sous forme de pommade (Amycor Onychoset®), de crème (Amycor®) ou de vernis (Loceryl®). Il est conseillé de commencer par la pommade locale appliquée avec un pansement occlusif (fermé) maintenu durant la nuit. Protocole de traitement Pendant 21 jours, appliquez quotidiennement la pommade sur l’ongle malade (associé à un pansement local, à poser chaque nuit), puis appliquez la crème pendant encore 21 jours. Le relais se fait ultérieurement avec l’application sur l’ongle d’un vernis thérapeutique. Cette solution filmogène s’applique tous les jours pour Mycoster® 8 %, ou bien une ou deux fois par semaine pour Loceryl®. Des mois de traitement sont nécessaires (patience et constance !), en même temps que l’éradication des mauvaises conditions locales. Un traitement systémique oral peut être proposé par le dermatologue si la base de l’ongle (matrice) est contaminée, en cas de résistance au traitement (après 3 mois) ou si plusieurs orteils sont atteints. Ce type de médicament n’étant pas anodin (risque hépatique, nombreuses interactions médicamenteuses…), de nombreuses personnes hésitent à le prendre pour une localisation

dont la gêne n’est ressentie que sur le plan esthétique. Si c’est votre cas, tournez-vous vers des traitements naturels.

Attention Il ne faut en aucun cas négliger ces atteintes unguéales chroniques, qui constituent un réservoir de Candida dont il vaut mieux se passer.

Les mycoses des espaces interdigitaux des pieds Les crèmes type Mycoster® ou Lamisil® prescrites par le médecin traitent les parties cutanées découvertes, jusqu’à guérison. Ces deux produits existent en poudre, ce qui est mieux adapté pour les espaces interdigitaux et permet de traiter les chaussures et les chaussettes, source fréquente de recontamination. Un talc antifongique contenant du trichlocarban (Cutisan®) peut également être utilisé dans le traitement d’appoint des mycoses des orteils chez l’adulte en cas de transpiration excessive ou de port de chaussures fermées (baskets, par exemple).

L’ÉRYTHÈME FESSIER DU NOURRISSON Favorisées par le simple frottement de la couche, la macération et l’irritation, les fesses rouges du bébé sont une dermite du siège survenant le plus souvent entre 6 et 12 mois. Il ne faut pas la négliger, car sa surinfection par C.  albicans est fréquente, favorisée par les selles acides, une diarrhée ou la prise d’antibiotiques. Adoptez les bons gestes 42 si votre nourrisson a les fesses rouges. Le but est de sécher les lésions et d’éviter les macérations (fesses à l’air, nettoyage à

l’eau et au savon doux à pH neutre seulement, changes fréquents…). Le plus souvent, l’érythème fessier régresse seul en quelques jours, avec des soins d’hygiène et l’application régulière, au moins jusqu’à guérison, d’une pommade à l’oxyde de zinc (Mitosyl®Irritations, crème protectrice pour le change Cattier®), actif considéré comme un composant très sûr, sans contre-indications particulières (concentration comprise généralement entre 15 et 40 %). Si la dermite ne passe pas rapidement, suspectez une mycose et consultez afin que le médecin prescrive une crème antifongique imidazolée en traitement local. En complément, vous n’oublierez pas de traiter le réservoir intestinal par un probiotique approprié.

LA CANDIDOSE DES MAMELONS ET DES CANAUX GALACTOPHORES Elle est favorisée par un recours souvent excessif aux antibiotiques avant, pendant et après l’accouchement, ainsi que par des lésions au niveau des aréoles ou des mamelons qui peuvent survenir, notamment en cas de mauvais positionnement du bébé —  d’où l’importance de veiller à bien le positionner dès la première mise au sein. Le suintement qui survient souvent en cas de crevasses fait passer le candida de sa forme commensale inoffensive à sa forme infectieuse et agressive. Le traitement fait appel à une crème locale azolée, qui sera appliquée sur le sein jusqu’à guérison, et au traitement de la bouche du bébé (même s’il n’y a pas de muguet apparent). Le Dr  Jack Newman, médecin canadien spécialiste de l’allaitement, préconise sur le site de la Lecche league France 43 (une association pour le soutien à l’allaitement maternel) son usage en association avec un onguent d’usage local fait d’une combinaison de

mupirocine à 2  %, de bétaméthasone à 0,1  % et de poudre de miconazole, à faire préparer en pharmacie. La préparation semble naturelle, mais elle mélange un antibactérien, un corticoïde et un antifongique avec du violet de gentiane (un produit très efficace, mais très salissant), qui se révèle être mutagène et cancérigène chez l’animal. Par sécurité, je vous recommande donc de vous en tenir au traitement azolé local classique.

Les traitements par voie orale Au cours des candidoses superficielles cutanées, le traitement dermatologique seul est habituellement suffisant. Dans certains cas, il est nécessaire de recourir à un traitement administré par voie orale pour agir soit localement sur le réservoir digestif, soit de façon systémique sur l’ensemble des tissus du corps.

EN CAS DE LOCALISATION AU NIVEAU DES MUQUEUSES (BOUCHE, RÉGION GÉNITALE) Surtout s’il s’agit d’une récidive, il est généralement nécessaire de traiter non seulement localement, mais aussi l’ensemble du tube digestif par voie orale avec des molécules n’agissant qu’à ce niveau sans passer dans le reste du corps (nystatine, amphotéricine B, miconazole), de façon à agir sur le réservoir intestinal. Sinon, il est également possible de recourir à des traitements de terrain, comme la phyto-aromathérapie associée à la prise de probiotiques. L’important

est de pouvoir choisir en fonction du contexte. Un avis médical est utile afin de faire un choix approprié.

EN CAS DE CANDIDOSE SÉVÈRE ET ÉTENDUE Surtout si la candidose reste inaccessible à un traitement local simple, l’utilisation orale d’un antifongique systémique, c’est-à-dire agissant dans tout le corps, est parfois nécessaire. Il en va de même dans un contexte de déficit immunitaire génétique ou acquis, chez des personnes fragilisées, devant des lésions récidivantes ou résistantes au traitement local, ou dans certains cas au niveau des ongles. Ce type de traitement expose à des effets secondaires fréquents et à des interactions sévères avec de nombreux médicaments. Il faut bien réfléchir avant de s’engager dans cette voie thérapeutique. Cette notion de rapport bénéfice/risque est mieux prise en compte lorsqu’il existe des alternatives thérapeutiques à proposer (voir chapitres suivants). En cas de mycose des ongles Le traitement oral de référence est la terbinafine (Lamisil®), à prendre pendant 45 jours et jusqu’à 6 mois, selon le contexte. Il engendre parfois des effets secondaires bénins, gênants ou sévères. En cas d’inefficacité, il est possible de passer à d’autres molécules (fluconazole, itraconazole), mais le risque de toxicité est accru. En effet, la molécule habituellement utilisée en médecine non hospitalière est un dérivé imidazolé, le fluconazole (Triflucan® et ses génériques), à utiliser pour les mycoses graves ou résistantes. Une surveillance biologique est nécessaire en raison de la possible toxicité hépatique et du risque d’hépatite médicamenteuse, des nombreuses

interactions médicamenteuses et des associations interdites. Cette molécule est contre-indiquée chez la femme enceinte, mais peut être utilisée chez la mère allaitante. Parmi les autres molécules disponibles dans les pharmacies de ville pour traiter les mycoses graves, citons aussi la flucytosine (Ancotil®). Là aussi, ses précautions d’emploi imposent un strict contrôle médical. En cas de candidose buccale résistante au fluconazole Il y a aussi l’itraconazole (Sporanox®) en solution buvable. Cette molécule, également utilisée dans certaines mycoses graves ou résistantes, doit être prescrite la première fois en milieu hospitalier, mais peut être délivrée et renouvelée en dehors de l’hôpital. Une surveillance rapprochée s’y rattache. D’autres molécules spécialisées ne sont délivrées que dans les pharmacies hospitalières. Elles sont réservées aux candidoses profondes, touchant des organes internes, notamment chez des patients immunodéprimés, hospitalisés ou porteurs d’une sonde ou d’un cathéter, traités en service spécialisé d’infectiologie. Le consensus international est de traiter toute candidémie (du Candida retrouvé dans le sang), même isolée. On recommande également d’enlever ou de changer si possible tous les cathéters vasculaires (40 % de mortalité…). À ce stade, Candida ne fait plus de cadeaux.

Les mesures d’hygiène de vie

Nous avons passé en revue les traitements chimiques des différentes manifestations cliniques de la candidose, mais cela n’est pas suffisant. Au cours de la candidose, il n’est pas possible de traiter uniquement les signes cliniques. Ce point capital rencontre l’approbation de tous. Ce consensus est fort bien énoncé par l’Association française des enseignants de parasitologie et mycologie 44 (ANOFEL)  : «  Le traitement antifongique, quelle que soit la gravité des candidoses, ne se conçoit qu’en prenant en compte les facteurs favorisants et en maîtrisant la maladie sous-jacente. » Des mesures simples d’hygiène de vie constituent une étape importante pour éviter les récidives et le passage à la chronicité. Vous connaissez les conditions dont tire profit l’opportuniste Candida pour se développer. La prévention consiste à prendre systématiquement le contre-pied de tout ce qui favorise le développement de la levure et sa transformation en moisissure agressive. Concrètement, il faut rechercher méticuleusement tous les facteurs favorisants et les éradiquer chaque fois que possible.

LES CANDIDOSES CUTANÉES Toutes les précautions nécessaires doivent être prises pour éviter ou réduire les risques de récidive. Il convient notamment d’éliminer ou de combattre les causes locales favorisantes. La toilette quotidienne Séchez-vous bien après votre toilette avec une serviette personnelle, en particulier au niveau des plis et des espaces interdigitaux des pieds.

Soyez vigilant sur le type de savon que vous employez pour votre toilette. Beaucoup d’entre eux modifient le pH naturel de la peau et la rendent acide, milieu qu’affectionne particulièrement le candida. Pour limiter sa prolifération, préférez les nettoyants au pH neutre. L’usage prolongé de savons alcalins peut entraîner d’autres infections. Le port de vêtements et de chaussures Évitez les sources de contamination exogènes, comme le fait de porter du linge sale ou insuffisamment lavé. De fait, évitez les cycles en machine trop courts.

En cas de mycose des orteils Assurez-vous d’une guérison complète avant l’arrêt de votre traitement. Trop de récidives sont dues à un soin incomplet et interrompu trop tôt. Apprenez également à dépister et à traiter sans tarder une récidive (cette éventualité n’est pas rare), en examinant vos pieds très régulièrement.

Évitez tout ce qui peut favoriser la macération. Portez des vêtements amples plutôt que serrés et fuyez les tissus en matière synthétique. Recourez plutôt aux textiles naturels (essentiellement le coton, mais aussi la laine ou la soie). En outre, évitez le port de vêtements humides. Changez-vous au cours de la journée si vous avez trop transpiré, et ne portez pas durablement un maillot de bain mouillé. N’oubliez pas de « traiter » aussi les chaussettes (de préférence en coton) et, surtout, l’intérieur des chaussures, qu’il convient de changer un jour sur deux afin de les laisser sécher et, ainsi, de

combattre l’humidité. De plus, privilégiez celles qui sont dotées d’une semelle intérieure en cuir. Évitez le port de chaussures de sport (sauf en période d’activité sportive) et de bottes (sauf ponctuellement) pour éviter la macération des pieds. Les recommandations sont similaires concernant les mains, notamment en cas de port prolongé de gants en latex ou de gants de ménage. En particulier, ne les lavez pas trop souvent et séchez-les bien. En cas de contact fréquent avec un milieu humide, des protections sont nécessaires, avec des gants spéciaux qu’il convient alors de talquer. Des soins de pédicure et de manucure peuvent s’appliquer, notamment chez les personnes âgées, le vieillissement étant un facteur aggravant (fréquents problèmes de microcirculation). Le linge Soyez particulièrement vigilant avec les serviettes de toilette, qui doivent être changées et lavées toutes les semaines pour ne pas devenir des réservoirs externes de champignons. Ne partagez pas votre serviette, même occasionnellement. Évitez de marcher pieds nus dans des lieux publics comme les vestiaires et les piscines, y compris les douches collectives.

LES CANDIDOSES AU NIVEAU DES MUQUEUSES Les muqueuses étant par nature humides, dotées d’un écosystème bactérien particulier (le microbiote), prêtant facilement le flanc à l’extrême adhésivité de Candida, des mesures préventives particulières s’imposent…

L’hygiène intime Au niveau des parties génitales féminines, les modalités d’hygiène intime doivent suivre des règles simples. Préférez la douche au bain pour éviter que l’exposition prolongée aux produits du bain ne dégraisse trop la muqueuse, aggravant les démangeaisons en cas de mycose, en particulier si votre eau est calcaire ou alcaline ; si vous le pouvez, utilisez un adoucisseur d’eau. Préférez les huiles de bain plutôt que les produits moussants. Évitez les irrigations vaginales et, de façon générale, toute toilette interne (aucun agent nettoyant ou lavant, comme le savon, et pas d’eau, qui ne fait qu’introduire des germes depuis l’extérieur). L’équilibre du microbiote suffit à combattre les agents infectieux. En cas de mycose vaginale, la muqueuse est irritée, et la consigne s’impose plus encore. Fuyez en particulier les produits antiseptiques locaux, qui détruisent le microbiote tout autant que les germes pathogènes, ce qui est la meilleure manière de freiner la guérison et d’augmenter le risque de récidive. Au niveau vulvaire, évitez le gant de toilette, qui se transforme vite en bouillon de culture avec risque de surinfection. Un linge à usage unique ou lavé après chaque emploi peut convenir, à condition de tamponner délicatement plutôt que d’essuyer, et de rincer à l’eau claire. Au cours des mycoses récidivantes ou dès les premières démangeaisons, privilégiez les savons naturels sans parfum au pH basique (alcalin), comme le savon d’Alep ou de Marseille, ou des solutions spéciales (Saforelle®, Hydralin Gyn®, Myleuca® Solution lavante…) pour l’hygiène vulvaire. Le reste du temps, évitez l’usage prolongé de ces derniers, car ils décapent les muqueuses et peuvent favoriser d’autres infections.

Pour nettoyer les cellules mortes et les sécrétions vaginales, préférez le lavage à l’eau claire et un savon liquide à pH neutre (en tout cas, non acide), comme Intima®, Saugella® Poligyn, gel douceur toilette intime de B.concept… Éviter la savonnette, qui se contamine vite. Effectuez un séchage doux sans frotter, par petites touches. L’hygiène buccale Chez le nourrisson La prévention du muguet chez le nourrisson passe par une bonne hygiène de tous les objets portés à sa bouche  : après chaque usage, lavage à l’eau bouillante des tétines de biberon, des anneaux de dentition, etc., puis rinçage dans un mélange contenant de l’eau et du vinaigre blanc à parts égales. Si vous allaitez, lavez vos mamelons après chaque tétée, puis séchez-les bien avant de les recouvrir de compresses stériles sèches, à changer à chaque fois. Tout au long de la vie Évitez la récidive de mycose buccale ou l’aggravation d’une parodontopathie en faisant régulièrement des bains de bouche avec du bicarbonate de soude.

En résumé Les traitements conventionnels basés sur l’emploi de molécules de synthèse et associés à des mesures préventives rendent de grands

services, du moins à court terme. Ils ne sont toutefois pas toujours suffisants pour éviter les récidives, et nous allons voir dans les chapitres suivants qu’il y a beaucoup plus à faire pour traiter la maladie sous-jacente afin d’éviter d’entrer dans le cycle infernal des mycoses à répétition et de la candidose chronique, ou pour en sortir.

CHAPITRE V

Les traitements naturels de la candidose

Du symptôme au terrain : la démarche clinique face à candida albicans Vous connaissez maintenant les manifestations cliniques locales traduisant l’activité pathogène de Candida albicans ou de l’une des autres espèces apparentées. Il faut généralement quelques efforts pour faire le lien entre ces troubles présents dans certaines parties du corps et des manifestations plus globales, du type fatigue chronique ou désordres immunitaires. L’approche physiopathologique consiste à comprendre comment on passe du fonctionnement normal au fonctionnement pathologique. Appliqué au candida, opportuniste, transformiste et expansionniste, cela implique, si l’on veut venir à bout du problème, une analyse à la fois locale et générale de la situation, afin de mettre en place des traitements conventionnels locaux, voire généraux, assortis de recommandations destinées à prévenir le développement local de la levure. Apparemment efficaces, du moins dans un premier

temps, ces actions ne permettent pas toujours d’empêcher le candida de pousser son avantage et d’exprimer son pouvoir pathogène. Si vous baissez la garde, il sait en profiter pour exercer son pouvoir de nuisance sur le plan général, ou tout simplement revenir à la charge un peu plus tard. C’est tout le problème des récidives.

ATTENTION AUX RÉCIDIVES Prenons l’exemple des candidoses vaginales. Même si l’on traite la muqueuse génitale avec un puissant antifongique à intervalles réguliers, cela suffira-t-il pour laisser l’immunité locale se refaire une santé  ? La flore vaginale de Döderlein pourra-t-elle se reconstituer naturellement pour assurer la police locale  ? Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, soit parce que les causes locales n’ont pas été éliminées (hygiène et mode de vie au niveau génital), soit parce que le terrain n’a pas été suffisamment restauré. Les chiffres d’une étude publiée 45 en 2004 sont éloquents : en cas de mycose vulvo-vaginale récidivante, les médecins peuvent proposer un traitement chimique local systématique de six mois (voir ici). Près de 91  % des patientes traitées sont épargnées d’une récidive durant ce laps de temps, contre seulement 40 % en l’absence de traitement. Cela semble prometteur. Pourtant, trois mois après cette séquence curative active de six mois, 28  % des femmes traitées ont une nouvelle mycose génitale, alors que ce chiffre est de 70  % chez les femmes non traitées. L’écart se resserre. Trois mois plus tard, soit un an après le début de l’étude, on passe respectivement à 58  % de récidive dans le premier cas et 80  % dans le second, soit seulement 22 % d’écart entre les deux groupes, pourcentage appelé à se réduire encore ultérieurement. Malheureusement, cette étude n’a duré qu’une année, mais son analyse est malgré tout très instructive.

On voit donc bien que le problème de cette candidose locale se pose dans la durée. Les ovules antifongiques peuvent aider, au moins au début dans la phase aiguë, mais ils ne suffisent pas. Il faut donc renforcer l’immunité locale et générale, et agir sur le réservoir intestinal. L’exemple précédent est valable pour les autres localisations fongiques, notamment buccales et intestinales. Son éclairage prend plus de valeur encore si l’on considère la candidose en tant qu’infection chronique.

PRÉVENEZ ET TRAITEZ LE PLUS TÔT POSSIBLE LA CANDIDOSE CHRONIQUE

Ne l’oubliez jamais  : Candida est un ennemi potentiel ou avéré. Par conséquent, que l’on mette en place ou non un traitement antifongique conventionnel, il est essentiel de mettre en œuvre des dispositions générales visant à restaurer l’ordre naturel au sein duquel il ne pourra plus nuire. Comme dans les sociétés humaines, la notion d’ordre dans le corps implique stabilité et continuité. De temps à autre, Candida profite des changements de son environnement pour évoluer. Il tente de prendre le pouvoir et de changer les règles du jeu. S’il y parvient, le système immunitaire et les grands systèmes de régulation de l’organisme en seront durablement affectés, et il faudra faire avec, sans pour autant renoncer à restaurer un nouvel équilibre allostatique, c’est-à-dire améliorer les capacités adaptatives de l’organisme, qui permettront de limiter l’influence pathogène du candida. Dans les situations de candidose chronique (surtout lorsque la maladie évolue depuis des années), il existe cette fameuse charge allostatique (voir ici), qu’il faut évaluer afin de la réduire au minimum. En effet, même lorsque les traitements sont bien conduits

et la prise en charge, adaptée, la situation ne redevient jamais comme avant. Dès lors que la candidose chronique est diagnostiquée, vous ne vous satisferez pas de quelques victoires faciles, de même que vous ne vous apitoierez pas sur quelques défaites cuisantes. Il faudra lancer toutes vos forces dans la bataille contre cette affection, utiliser tous les moyens nécessaires au combat, les armes conventionnelles comme les actions thérapeutiques naturelles de terrain. L’ennemi est intelligent, ne le sous-estimez pas. Vous vous emploierez surtout à traiter le fond du problème, notamment en agissant sur les facteurs favorisant la propagation du candida, à tous les stades de son développement et de ses transformations. Même dans les formes chroniques, vous disposez d’un ensemble de moyens considérables qui, mis bout à bout, constituent une formidable force de frappe. Faites du temps votre allié et agissez dans la durée. De façon générale, allez au cœur du problème pour ne pas réveiller le candida assoupi. Faites en sorte d’agir sur la cause de la cause de la cause, comme le recommande le médecin et philosophe grec Hippocrate, considéré traditionnellement comme le père de la médecine. Dans le meilleur des cas, un nouvel ordre naturel s’installe, visant à perpétuer la stabilité et la continuité de la santé — en clair, à prolonger la vie —, en tenant compte des modifications induites par la présence résiduelle du candida et cherchant à éviter de manière active qu’il fasse à nouveau des siennes. Vous savez à qui vous avez affaire ! Désormais, surveillez-le comme le lait sur le feu, construisez autour de lui un périmètre de sécurité et renforcez vos défenses naturelles.

COMMENT AGIR ?

Au final, la démarche clinique anti-candida est simple et se résume à la reconnaissance locale et à la prise en compte globale. Il faut agir à tous les niveaux, de la localisation sectorielle au réservoir intestinal, du combat in situ avec les antifongiques de synthèse à l’activation de tous les moyens d’adaptation de l’organisme pour retrouver son équilibre et optimiser ses capacités de protection et de défense de manière durable. La mise en œuvre est plus complexe. Seule une approche systématique utilisant toutes les ressources thérapeutiques est susceptible de venir à bout des situations cliniques récidivantes et/ou chroniques. L’important est d’agir précocement devant les premières manifestations locales pour éviter que le candida ne progresse et ne tapisse peu à peu la muqueuse intestinale sous sa forme mycélienne, aggravant ainsi la dysbiose intestinale, générant inflammation et hyperperméabilité intestinale, provoquant dysfonctionnement et déficience du système immunitaire. Pour agir sur le terrain, on trouve du côté de la nature un certain nombre de solutions qui, mises au service d’une stratégie adaptée, remplissent parfaitement le cahier des charges pour traiter efficacement la candidose chronique, tant sur le fond que sur la forme. En résumé, vous pouvez recourir au traitement «  naturel  » de la candidose pour combattre les manifestations aiguës, empêcher les récidives, prévenir ou traiter la forme chronique de l’infection. Cela passe concrètement par trois étapes : 1. lutter contre l’infection fongique, c’est-à-dire avoir une action anticandida avec la phytothérapie et l’aromathérapie ; 2. renforcer l’immunité et l’état général ; 3. restaurer les fonctions intestinales.

É

Étape 1 : lutter contre l’infection fongique TRAITER LA CANDIDOSE PAR LA PHYTOTHÉRAPIE On ne saurait combattre la candidose digestive chronique, ses causes et ses conséquences sans le recours à la très riche pharmacologie végétale au service de la phytothérapie médicale. Si l’on peut récupérer tous les actifs des plantes (importance de leur qualité, de leur mode d’extraction et de leur conservation), on dispose alors de vrais médicaments. Il n’est pas question d’opposer la chimie de synthèse allopathique à la chimie extractive issue de la nature. Raisonnons plutôt en termes de complément ou d’alternative thérapeutique. Tout est question de stratégie. Administrés par voie orale, certains groupements chimiques ou molécules que contiennent les végétaux ont fait leurs preuves dans la lutte anti-candida. Là aussi, l’automédication est possible, mais n’hésitez pas à demander conseil 46 à un pharmacien formé à la phytothérapie ou à un médecin phytothérapeute. Les principales plantes à action anti-candida Toutes les plantes que nous allons aborder n’ont pas le même niveau d’efficacité, mais leurs actions ont été décrites dans de nombreuses publications scientifiques. Nous classons dans le tableau récapitulatif suivant les plantes «  de la candidose  », en incluant en fin de liste celles qui seront surtout utilisées pour traiter le terrain (voir ici). Pour chaque indication, elles sont citées par ordre d’importance.

Propriétés recherchées et indications

Action antifongique

Immunomodulation inflammatoire

Principales plantes contre la candidose Réglisse, échinacée, noyer, alchémille, pépin de pamplemousse, lapacho, ail, Aloe vera, bardane, busserole, canneberge, cannelle

et

action

anti-

Échinacée, astragale, réglisse, sureau, cyprès, plantain, ginseng, rhodiole, cassis, prêle

Action sur l’intestin (inflammation à bas bruit, porosité, action anti-infectieuse)

Réglisse, curcuma, sureau, noyer, romarin

Action sur le foie et la digestion

Réglisse, curcuma, romarin, noyer, artichaut, pissenlit chardon-Marie, desmodium, fumeterre

Action sur les spasmes digestifs

Mélisse, passiflore, romarin, marjolaine, cannelle

À visée psychique, pour aider l’adaptation au stress et combattre la fatigue

Ginseng, éleuthérocoque, rhodiole, safran, millepertuis, guarana, valériane, passiflore, mélisse, aubépine, bacopa

Action sur la peau

Bardane, pensée fumeterre, radis noir

Action hormonale : régulation du cortisol

Réglisse, cassis, rhodiole, ginseng, Ginkgo biloba

Action hormonale : soutien thyroïdien

Avoine et les algues type laminaire ou fucus

Action hormonale  hormones féminines

:

régulation

des

À visée reminéralisante, alcalinisante et réparatrice du tissu conjonctif de soutien

Comment les utiliser ?

sauvage,

plantain,

Alchémille, sauge, gattilier

Prêle, ortie (partie aérienne), alfalfa, avoine

De préférence sous forme d’extrait de plante fraîche standardisé (EPS, voir ci-après), notamment en début de prise en charge de la maladie, période où une action pharmacologique maximale est recherchée. Concernant les posologies La dose d’entretien est de 5 à 10 ml par jour, sur une période allant de 15 jours à plus de 3 mois, jusqu’à guérison ou tant que l’objectif thérapeutique n’est pas rempli, ce qui implique une réévaluation clinique régulièrement. Cette posologie peut monter jusqu’à 20 ml/jour en deux ou trois prises en traitement d’attaque pendant 8 à 15 jours (début de traitement, symptômes forts), et on peut aller jusqu’à 30 ml/jour en trois prises en situation aiguë pendant quelques jours : c’est le traitement de charge. Qu’est-ce qu’un extrait de plante standardisé ? Les médecins phytothérapeutes disposent, depuis l’an 2000, de véritables médicaments à base de plantes qui répondent aux critères de la médecine moderne, basée sur les preuves. Le procédé d’extraction Phytostandard® est à ce jour le plus abouti pour restituer l’ensemble des principes actifs et utiles de la plante. En agissant sur de la plante fraîche préalablement broyée finement à l’état congelé (cryobroyée), puis soumise à une multi-extraction hydroalcoolique, toutes les molécules nécessaires à l’activité pharmacologique sont disponibles dans l’extrait après évaporation de l’alcool utilisé dans le processus et ajout de glycérine pour assurer la conservation et édulcorer le produit final. On obtient ainsi des EPS sous forme liquide, sans sucre et sans alcool, constituant des matières premières à usage pharmaceutique destinées à la préparation magistrale en officine. Leur richesse moléculaire est maximale, et leur efficacité, à

l’avenant. En les mélangeant, on peut concevoir des remèdes personnalisés, adaptés aux besoins de chaque patient. Les EPS ont révolutionné la phytothérapie médicale depuis près d’une génération. Ils ont leurs équivalents sous forme sèche (Phytostandard®), la glycérine étant remplacée par de l’acacia au sein de comprimés (duo de plantes) ou de gélules (plante unitaire), ce qui peut faciliter l’observance du traitement. La prescription s’écrit de la façon suivante  : EPS ginsengéchinacée ââ qsp 150  ml, par exemple, ce qui signifie que le pharmacien mélange le ginseng et l’échinacée à parts égales (ââ), en quantité suffisante (qsp) pour un flacon de 150 ml. Habituellement, on utilise de une à trois plantes pour chaque préparation. Plusieurs mélanges peuvent être effectués, sur mesure, en fonction de l’analyse des besoins du patient. Les préparations d’EPS se prennent dans de l’eau et peuvent être mélangées dans le même verre. Lutter contre le candida au niveau intestinal Outre l’utilisation de l’aromathérapie (voir pages suivantes), le traitement s’oriente vers des plantes à la fois antifongiques et actives aussi bien sur les symptômes intestinaux que sur les mécanismes qui les provoquent (inflammation, porosité).

Bon à savoir En cas d’infestation aiguë (muguet, diarrhée avec coproculture positive), ces pathologies auront été traitées par la nystatine, l’amphotéricine B et le miconazole, des molécules d’action digestive locale. Si une propagation extradigestive de l’infection fongique est suspectée, un traitement systémique (fluconazole) peut être instauré en première intention. En début de prise en charge, il est utile de les associer simultanément à la pharmacologie végétale.

En première intention : l’association curcumaréglisse La réglisse est la plante antifongique 47 de première intention. Sa richesse en saponosides anti-infectieux et en polysaccharides immunomodulants explique son efficacité sur le candida, ainsi que sa puissante activité anti-inflammatoire et réparatrice sur les muqueuses en général et sur l’intestin en particulier. Le curcuma agit de façon similaire et complète son action, les deux plantes étant également antioxydantes, détoxiquantes et protectrices du foie. ■ Sous quelle forme ? Clairement, mon choix se porte sur les EPS, extraits de plante fraîche standardisés (voir ici). ■ Comment l’utilise-t-on ? Prenez la formule EPS curcuma-réglisse ââ qsp 150  ml à raison de 5  ml dans de l’eau deux fois par jour (en doublant la dose dans les cas sévères).

Attention La réglisse est contre-indiquée en cas d’hypertension artérielle non traitée et non stabilisée, d’insuffisance rénale sévère et de baisse du taux de potassium dans le sang. Elle peut alors être remplacée dans le mélange par le sureau, aux propriétés proches.

Les traitements associés, en fonction des symptômes ou des localisations fongiques

Les troubles fonctionnels intestinaux de la candidose répondent bien à certaines plantes spécifiques… ■ En cas de diarrhée On utilise le noyer, antidiarrhéique puissant, grâce à ses tanins. À ajouter à la préparation précédente ou à prendre séparément sous forme d’EPS (de 5 à 15 ml par jour) ou de gélules (Phytostandard®, par exemple, de 2 à 4 gélules par jour), jusqu’à amélioration. ■ En cas de spasmes intestinaux Ajoutez de la mélisse, soit en gélules, soit en EPS dans une formule mélisse-curcuma-réglisse, soit dans une préparation distincte mélissenoyer ââ qsp 150  ml, à raison de 5 à 10  ml, deux ou trois fois par jour. Le traitement dure 1 mois, renouvelable. Il faut souvent traiter durant plusieurs mois, et assurer un entretien ultérieur, par exemple 5 jours par semaine ou 10 jours par mois, pendant 6 mois, voire plus.

Associez toujours les probiotiques à votre traitement ! Ces mélanges de plantes s’utilisent parallèlement aux probiotiques spécialisés, comme le Lactibiane CND du laboratoire PiLeJe (selon la formule, 5 M ou 10 M, 1 gélule délivre 5  milliards ou 10  milliards de bactéries de la souche microbiotique Lactobacillus helveticus candisis LA 401). La posologie est de 1 gélule 10 M par jour pendant 15 jours à 2 mois, puis 1 gelule 5 M par jour en entretien durant plusieurs mois. En cas de foyer vaginal, complétez par les probiotiques locaux cités ici.

■ En cas de mycoses vaginales récidivantes Le protocole est le même, il faut traiter le réservoir intestinal. Si elles surviennent plutôt en période prémenstruelle, ajoutez une formule EPS alchémille 2/3 + échinacée 1/3 qsp 150  ml, de 5 à 10  ml par jour, en seconde partie de cycle (de 15 jours après les règles jusqu’aux règles suivantes). Pourquoi cette formule  ? Puissant stimulant de l’immunité innée et acquise, l’échinacée est également antiinfectieuse (active sur Escherichia coli et sur C. albicans). L’alchémille est très riche en tanins. Elle est également antimycosique et antihémorragique, et renforce la sécrétion de progestérone, ce qui combat les troubles prémenstruels (rétention, douleurs dans les seins, irritabilité). ■ En cas de mycoses cutanées On propose l’association bardane-échinacée ââ qsp 150  ml, à raison de 10 ml par jour, 5 jours sur 7, en complément du traitement local. Antimycosique, la bardane désinfecte la peau et traite l’inflammation (dermite). Nous verrons plus loin d’autres formulations de phytothérapie utilisées pour traiter d’autres aspects de la candidose, comme le renforcement immunitaire. Autre traitement en phytothérapie Outre les extraits de plante fraîche standardisés, citons ici un autre type d’extrait qui fait partie des remèdes traditionnels de la candidose, bien que son efficacité soit contestée par certains auteurs : l’extrait de pépin de pamplemousse (EPP) 48. Il n’agit pas comme le jus du même fruit. Ce serait un antiseptique naturel, une de ses cibles étant C.  albicans. Attention à sa qualité, car comme il est très à la mode, de nombreuses fraudes ont été signalées. L’EPP a le mérite

d’être 100 % non toxique. Il peut être utilisé en complément des EPS et de l’aromathérapie, mais il est préférable de le réserver au traitement d’entretien ultérieur, par cures séquentielles, pour maintenir une pression antiseptique sur le candida. ■ Comment l’utilise-t-on ? Pour un adulte, diluez 20 à 30 gouttes d’EPP, suivant votre corpulence, dans un peu d’eau et prenez cette dose trois fois, au minimum, dans la journée. Traitez pendant au moins 1 mois. Après une pause de 7 jours, le protocole peut être répété, et ce plusieurs fois.

Attention ! Tout comme le jus de pamplemousse, l’EPP pris par voie orale interagit au niveau du foie avec de nombreux médicaments, comme les anticoagulants et les immunosuppresseurs. Avant de prendre de l’EPP, demandez conseil à votre pharmacien si vous êtes déjà traité par des molécules de synthèse. N’utilisez jamais d’EPP pur sur les parties génitales ou sur les muqueuses  : en traitement local, vous utiliserez l’EPP impérativement dilué dans de l’eau pure.

TRAITER LA CANDIDOSE PAR L’AROMATHÉRAPIE Les huiles essentielles (HE) sont principalement utilisées pour leur efficacité anti-infectieuse. Elles proviennent d’une distillation par entraînement à la vapeur d’eau de plantes aromatiques. Orientezvous vers des produits bio et chémotypés, c’est-à-dire appartenant à une famille biochimique d’huile essentielle bien identifiée (on distingue par exemple le thym à thymol et le thym à carvacrol, qui

sont deux HE distinctes). L’hydrodistillation douce de type azéotropique apporte un plus, en extrayant davantage les composants aromatiques des plantes. En début de prise en charge, il est conseillé d’associer la phytothérapie et l’aromathérapie afin de faire jouer pleinement la synergie de leurs principes actifs. Ultérieurement, les huiles essentielles sont utilisées en cure chaque fois qu’une nouvelle action antifongique est requise, notamment lorsqu’une alternative aux traitements chimiques de synthèse est recherchée. Les principales huiles essentielles anti-candida De façon générale, on peut les utiliser par voie orale en préparation magistrale diluée à 10 % dans un dispersant type Disper, mais il est préférable de les employer sous forme de capsules prêtes à l’emploi : c’est plus sécuritaire, et cela permet de respecter la posologie à ne pas dépasser. Pour la voie cutanée, les huiles essentielles se diluent de 5 à 15 % dans un gel neutre ou une huile (type huile de pépin de raisin). De plus, certaines HE (comme celle d’origan) sont dermocaustiques et ne doivent pas être utilisées pures, ni sur la peau ni sur les muqueuses. La posologie usuelle est celle indiquée par le fabricant. Les huiles essentielles à utiliser par voie orale dans la lutte anticandida au niveau du tube digestif, en commençant par les plus efficaces (à employer en première intention), sont  : l’HE d’origan (feuilles) à carvacrol, l’HE de giroflier (clous) à eugénol, l’HE de cannelle (écorce) à cinnamaldéhyde et l’HE de citron (zestes). Nous verrons que d’autres huiles essentielles peuvent être employées (par exemple, l’HE de ravintsara), en deuxième intention, en cures séquentielles d’entretien.

L’HE d’origan Cette huile essentielle pointe en tête, car elle contient du carvacrol, puissant composant antifongique qui interfère avec l’activité des enzymes impliquées dans la pathogénicité des levures. ■ Comment l’utilise-t-on ? Choisissez parmi Oléocaps®-1 (de Pranarôm), Azéol® AF (de PiLeJe) et huile d’origan (de Solgar). La posologie recommandée est de 6 capsules par jour pour les deux premiers produits, et une ou deux capsules pour le troisième.

Attention Les huiles essentielles, en particulier celle d’origan, sont contre-indiquées chez la femme enceinte ou allaitante, chez l’enfant de moins de 12 ans et en cas d’ulcère gastro-duodénal.

Les HE de clou de girofle et de cannelle Ces huiles essentielles agissent sur davantage de souches de C. albicans que les antifongiques imidazolés. On a même constaté un effet synergique de leurs constituants pour certaines souches testées lorsqu’elles sont employées avec le fluconazole ou avec l’amphotéricine B.  En fluidifiant et en dégradant la membrane du candida, les HE de cannelle et de girofle facilitent la pénétration et l’activité de ces médicaments. Si votre médecin vous a prescrit un antifongique imidazolé, sachez que vous pouvez associer vous-même ces huiles essentielles, s’il ne l’a pas déjà fait.

Les HE de ravintsara, de géranium, de sauge, de laurier noble, de manuka, de thym à carvacrol et d’arbre à thé Ces huiles essentielles sont également employées avec efficacité. En automédication, il est préférable d’utiliser des associations toutes prêtes. Ainsi, le laboratoire Phytofrance propose un complexe buvable d’huiles essentielles 3D (pour diluées, dispersées et dynamisées) Parafongi®-10.03. D’après Phytofrance, ce mélange d’HE est dilué à 10  %, dynamisé par des ions métalliques d’origine naturelle et dispersé par des liposomes végétaux, ce qui améliorerait son assimilation et son efficacité. Des formules sur mesure peuvent être employées, mais, compte tenu des précautions d’emploi des huiles essentielles et du risque de surdosage, il est conseillé de consulter un aromathérapeute confirmé. ■ Comment les utilise-t-on ? Certaines HE peuvent s’utiliser pures localement ou par voie orale, comme celle de manuka (feuilles), ou arbre à thé australien, ou encore tea tree, à raison de 1 ou 2 gouttes, de une à trois fois par jour, sur un comprimé neutre ou dans du miel. Traitez pendant 1 mois, puis de manière séquentielle, 5 jours par semaine, ou de 5 à 10 jours par mois, en fonction de l’ancienneté et de la gravité de la candidose.

Attention Compte tenu de la toxicité à forte dose de certaines de ces huiles essentielles, leur usage par voie orale doit se faire avec prudence. Les phénols des HE d’origan et de giroflier, en particulier, peuvent être toxiques pour le foie, d’où l’intérêt de les associer à l’HE de citron, également hépatoprotectrice. Demandez conseil à un pharmacien ou consultez un phyto-aromathérapeute.

Certaines formules d’huiles essentielles sont également préconisées dans les soins locaux de mycose Ainsi, la formule suivante, à faire préparer en pharmacie, est conseillée pour une atteinte de la peau et/ou des ongles (onyxis) : HE niaouli, HE arbre à thé, HE sarriette et HE romarin à cinéole ââ 15 % + gel neutre 85  %, qsp 1 pot de 50  ml. Appliquer localement trois fois par jour sur les zones de mycose cutanée et/ou unguéale, dont la matrice.

COMBATTRE UNE ÉVENTUELLE PARASITOSE INTESTINALE La désinfection intestinale contre un excès de flore sous-dominante ou vis-à-vis de pathogènes de passage est souvent utile. L’intérêt de l’aromathérapie est d’exercer une puissante activité antibactérienne, notamment avec les huiles essentielles à large spectre, comme celle de cannelle. De même, il est impératif de traiter d’éventuels parasites intestinaux, souvent présents dans la candidose chronique. Un traitement conventionnel par Fluvermal® ou bien par Combantrin® reste une solution simple, efficace et très bien tolérée. Les deux sont d’efficacité comparable, bien que le Fluvermal® soit le

plus connu et le plus employé. Délivrés avec ou sans ordonnance, remboursés par la Sécurité sociale, ces médicaments chimiques n’agissent que dans le tube digestif et se prennent pendant 3 jours, de préférence à la pleine lune (période d’activité maximale des parasites, au cours de laquelle l’efficacité thérapeutique est la meilleure), à renouveler 3 semaines plus tard et à faire chaque trimestre, voire plus souvent.

Étape 2 : renforcer l’immunité et l’état général EN PHYTOTHÉRAPIE Certaines plantes sont irremplaçables pour renforcer les défenses de l’organisme et faire face aux troubles immunitaires rencontrés au cours de la candidose. L’échinacée et l’astragale Les deux plantes immunostimulantes majeures sont l’échinacée (sauf en cas de maladie auto-immune) et l’astragale (surtout après 50 ans, compte tenu des propriétés spécifiques de cette plante sur le vieillissement immunitaire). Les autres plantes immunomodulantes ou antiinflammatoires Elles permettent de faire du cas par cas  : on utilise la réglisse, le cyprès, le sureau, le plantain, le ginseng, la rhodiole, le cassis et la

prêle. Par exemple, la réglisse est également antivirale. Elle renforce l’immunité innée tout en freinant l’auto-immunité (en ralentissant la production des anticorps dirigés contre soi). Comment les utiliser ? Pour tous (y compris chez la femme enceinte ou allaitante) jusqu’à 60 ans : la principale formule est EPS cyprès-échinacéesureau ââ qsp 150  ml, à raison de 5  ml par jour 5 jours par semaine. Chez l’enfant, la posologie est de 2 ml pour 10 kilos de poids et par jour, 5 jours par semaine. Le traitement se prend en cure de 3 mois, renouvelable en fonction du contexte clinique. L’échinacée renforce l’immunité cellulaire et humorale (production d’anticorps). Le cyprès est un antiviral très puissant. Le sureau est antiviral, anti-inflammatoire des muqueuses, immunomodulant et fluidifiant des mucosités. Chez une personne épuisée  : EPS ginseng-échinacée ââ qsp 150 ml. On en prend de 5 à 10 ml le matin, 5 jours par semaine durant 6  semaines, renouvelable. Le ginseng, lui, est une plante adaptogène (qui favorise l’adaptation au stress et à l’environnement). À ce titre, il améliore la récupération physique et psychique, régule le stress et stimule le système immunitaire. Après 60  ans, en cas d’infections ORL ou respiratoires à répétition : EPS cyprès-astragale-sureau ââ qsp 150 ml, à raison de 5  ml par jour, durant 1 mois renouvelable. L’astragale est la plante pour lutter contre le vieillissement en général (par un mécanisme de protection des chromosomes). Elle est antivirale, immunostimulante et anti-inflammatoire, et elle contribue à protéger contre le risque de cancer et de maladie auto-immune. Pour une personne fatiguée, avec tension artérielle faible et terrain auto-immun (présence d’anticorps antinucléaires dans le

sang ou maladie auto-immune, comme la thyroïdite de Hashimoto) : EPS réglisse-astragale-prêle ââ qsp 150 ml, à raison de 5 à 10 ml par jour, durant 1 mois renouvelable. Les autres produits naturels ou à base de végétaux La gelée royale Elle est recommandée en cas de fatigue, d’épuisement ou de surmenage. Riche en nombreuses substances nutritives, elle est immunomodulatrice 49 et reconstituante. On l’utilise pour renforcer les défenses naturelles de l’organisme. On peut alors la prendre pendant 2 semaines consécutives. À cause de son risque allergisant, commencez par une faible dose que vous augmenterez progressivement. Les autres végétaux Ils peuvent s’employer en traitement de fond de la candidose  : également adaptogènes, ils s’utilisent sous forme de compléments alimentaires, par cures ponctuelles. Le cordyceps de Chine est immunostimulant, il accentue l’endurance et améliore les performances physiques et mentales. Dans le même ordre d’idées, vous trouverez des spécialités contenant de la schisandra, de l’ashwaganda, mais aussi les remarquables champignons adaptogènes reishi, maitake et shiitake, sans oublier le chaga, dont l’aspect repoussant ne doit pas empêcher de le consommer sous forme de décoction, ou cru dans un jus de légumes. Les gélules de reishi, de shiitake ou de maitake sont vendues par le laboratoire Solgar ; on en prend 1 ou 2 par jour.

EN MICRONUTRITION On dispose de nombreux outils pour améliorer l’état de santé et renforcer l’immunité. Les vitamines Il s’agit de la vitamine E, du bêta-carotène et de la vitamine A, des vitamines du groupe B dont la B6, la B9 et la B12, mais il faut penser en priorité aux vitamines C et D. Les apports en vitamine C Pensez à garantir vos apports quotidiens en vitamine  C, que l’organisme ne sait ni fabriquer ni stocker. Antioxydant majeur, la vitamine C est importante pour bien faire fonctionner le système immunitaire  : prenez-la sous forme naturelle, à dose nutritionnelle (80 à 160  mg par jour), seule ou dans un complexe multivitaminé (par exemple, Oxybiane® Cell Protect, de PiLeJe, à raison de 1 ou 2 gélules par jour). Les apports en vitamine D N’oubliez pas la très immunostimulante vitamine D, dont le déficit est extrêmement courant, surtout après 50 ans. Pour vous en convaincre, faites-la doser dans le sang (non remboursé par la Sécurité sociale sauf cas particuliers). La fourchette de normalité est de 75 à 200 nanomoles par litre (nmol/l), et il vaut mieux se situer autour de 150. L’idéal est de coupler sa prise sous forme d’ampoules pas trop dosées (préférez Zyma® D 80, dont l’excipient est naturel) prescrites par le médecin (remboursé SS) et de gouttes (200 UI par goutte) de vitamine D

naturelle. La posologie dépend du taux sanguin, mais tourne couramment autour de 2 000 UI par jour, voire plus. La vitamine A Elle contribue à la cicatrisation de la muqueuse. Posologie : de 400 à 800 µg au maximum en cas de prise prolongée. Prévoyez une cure de 3 mois, renouvelable en fonction de l’état de votre intestin. On lui associe souvent le thé vert, qui aide à protéger et à cicatriser la muqueuse intestinale (voir ici et ici). Les minéraux (zinc, sélénium, magnésium, calcium, potassium…) Le zinc, en particulier, contribue au bon fonctionnement immunitaire. On l’apporte à raison de 5 à 10  mg par jour, les valeurs nutritionnelles de référence (VNR) étant de 10  mg par jour. À cette posologie, qui garantit l’absence de déficit, la prise peut se faire tout au long de l’année, en continu ou 5 jours par semaine. Les acides aminés Certains «  nourrissent  » le cerveau en favorisant la synthèse de ses neurotransmetteurs pour améliorer les fonctions psychiques. C’est le cas de la tyrosine, qui se transforme en dopamine, ou du tryptophane, qui donne de la sérotonine. D’autres, comme la leucine, protègent et renforcent les muscles, et peuvent être apportés en cas d’insuffisance musculaire (sarcopénie). Les acides gras

Il est important de privilégier des apports en oméga  3, comme les huiles de colza, de noix ou de cameline ou comme les huiles de poisson riches en oméga 3 EPA et DHA, et en oméga 6, comme l’huile de bourrache. Ils contribuent à améliorer les fonctions cellulaires, notamment au niveau du système neuro-immuno-endocrinien. Les polyphénols Certaines substances végétales, comme le resvératrol, la quercétine ou la curcumine, par exemple, exercent une action antioxydante, améliorent l’épigénétique (voir ici), abaissent le risque de maladies cardio-vasculaires et de cancer, et régulent l’immunité et le métabolisme. On les retrouve dans plusieurs spécialités de micronutrition (par exemple, Generactive resvératrol+, chez PiLeJe, à raison d’une gélule par jour) pour améliorer le terrain.

Attention Ces compléments ne doivent pas être extraits de levures et ne doivent pas contenir de levures. Leur usage peut se faire en automédication, en restant à des doses nutritionnelles 50 (pas plus de trois fois les apports de base conseillés). Ils s’utilisent en traitement de fond, soit en continu soit en cure séquentielle (5 jours par semaine, ou 1 mois sur 2, ou 3 mois une ou deux fois par an), selon le contexte. Pour une analyse fine et personnalisée des besoins, consultez un médecin micronutritionniste 51.

Étape 3 : restaurer les fonctions intestinales

L’intestin héberge la majorité des cellules immunitaires, en communication permanente avec le microbiote au niveau de la barrière intestinale. Rétablir l’immunocompétence implique de restaurer l’équilibre de la flore et l’intégrité des cellules de l’intestin. Cela est d’autant plus nécessaire que Candida sécrète des enzymes, dont l’aspartyl-protéase, qui dégradent les mucines 52 de l’intestin et de l’estomac (ce qui explique les aigreurs gastriques de nombreux patients). La thérapeutique de fond au niveau intestinal passe par l’apport de plusieurs catégories de produits  : compte tenu de leur mode d’action complémentaire et synergique, ils s’utilisent simultanément, dès le début de la prise en charge dès lors que l’intestin manifeste des signes de souffrance (selles molles ou liquides, douleurs, ballonnements). Les probiotiques sont utilisés pour moduler le système immunitaire et combattre directement le candida. Ils agissent en apportant de bonnes bactéries qui vont améliorer l’écosystème intestinal. Les prébiotiques apportent des substrats énergétiques (en clair, de la nourriture  !), ils alimentent la bonne flore intestinale. En renforçant le microbiote local, ils lui permettent de retrouver un fonctionnement normal, d’agir sur la muqueuse et les processus de digestion-assimilation, et de lutter contre le candida. Les nutriments cicatrisent la muqueuse et réparent les jonctions serrées qui empêchent le passage des fragments alimentaires (zinc, vitamine A, thé vert, glutamine…). Les plantes médicinales permettent de lutter contre l’inflammation et l’hyperperméabilité et contre le candida (réglisse, curcuma, noyer…).

Les huiles essentielles auront pour but de traiter localement la candidose digestive (origan, cannelle…). Surtout après la prise répétée d’antibiotiques ou au décours d’une gastro-entérite virale ou bactérienne (tourista), les priorités sont : de restaurer le microbiote intestinal, dont le déséquilibre (altération de la flore dominante) ne lui permet plus d’exercer son rôle de régulation et de protection vis-à-vis des pathogènes colonisant le tube digestif ; de traiter l’inflammation à bas bruit de la muqueuse et restaurer l’intégrité de la muqueuse, c’est-à-dire de ses cellules superficielles (les entérocytes) et des jonctions serrées qui les relient. C’est la meilleure façon de prévenir le risque de candidose digestive chronique et de réduire ses conséquences immunitaires et générales ; d’agir pour restaurer l’écosystème intestinal (muqueuse, microbiote, système immunitaire) en cas de troubles fonctionnels intestinaux, notamment en présence de selles molles ou liquides. Nous avons déjà abordé le rôle de certains des outils nécessaires pour réhabiliter l’intestin. Une attention particulière doit être apportée aux probiotiques, aux prébiotiques et aux agents réparateurs de la muqueuse.

LE RÔLE CAPITAL DES PROBIOTIQUES SPÉCIALISÉS D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le terme «  probiotiques  » désigne des micro-organismes vivants (bactéries ou levures) et, par extension, les produits alimentaires les contenant, qui exercent un effet bénéfique sur la santé lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, au-delà des effets nutritionnels traditionnels.

Les probiotiques exercent un effet souche dépendant  : chaque souche présente certaines propriétés spécifiques qu’il faut démontrer à chaque fois — qui ne sont pas forcément partagées avec d’autres souches et pour correspondre à l’activité thérapeutique souhaitée, que cela soit une action clinique, comme traiter le syndrome de l’intestin irritable, ou biologique, comme exercer une action anti-candida. Les probiotiques sont également dose-dépendants  : il faut apporter une quantité minimale pour être efficace, au minimum 1  milliard de bactéries, le plus souvent entre 5 et 20  milliards, selon la souche et l’indication.

Attention Dans le cadre d’une candidose (avérée ou suspectée), on évitera tous les produits contenant des levures comme Saccharomyces cerevisiae et sa variante S. boulardii.

Comment les choisir ? Le probiotique idéal est celui qui décline une identité claire et précise, jusqu’au numéro de souche : classement par groupe, puis genre, puis espèce, puis souche. Par exemple, dans le groupe des bactéries lactiques, Lactobacillus rhamnosus GG diminue les diarrhées de l’adulte liées aux antibiotiques et les gastro-entérites aiguës chez l’enfant. On le trouve dans des spécialités comme Lactibiane® Référence et Lactibiane® Enfant (PiLeJe), Ergyphilus® Confort ou Ergyphilus® Plus (Nutergia). Dans la mesure où les gastro-entérites post-antibiotiques ou virales font le lit de la candidose, cet exemple montre un usage préventif utile de certains probiotiques spécialisés.

Des critères exigeants de qualité sont requis : profil génétique bien défini (chaque souche est unique) et sécurité alimentaire (sans danger pour le patient) ; stabilité à température ambiante (pour assurer une bonne conservation dans le temps du produit) ; gastrorésistance (survie dans le tractus digestif pour résister à l’acidité gastrique et aux sels biliaires) ; adhésion prolongée aux cellules épithéliales de l’intestin (pour exercer leur effet).

Bon à savoir L’idéal est que les souches soient enregistrées dans la Collection nationale de cultures de micro-organisme de l’Institut Pasteur (CNCM). Les preuves cliniques de leur efficacité doivent être apportées, avec des tests in vitro et in vivo chez l’animal et chez l’homme.

Les souches qui présentent un intérêt particulier par voie orale Pour limiter les perturbations du microbiote intestinal et la diarrhée liées à la prise d’antibiotiques, on utilise Lactobacillus rhamnosus GG 53. De plus, la prise orale quotidienne de bactéries du genre Lactobacillus favorise le rétablissement d’un microbiote vaginal sain et lutte contre l’implantation génitale de Candida. Lactobacillus rhamnosus adhère plus particulièrement aux cellules du col de l’utérus et combat la vaginose bactérienne 54. Pour accélérer la restauration de la flore intestinale et face à toute situation de dysbiose installée ou déclenchée (après une antibiothérapie ou une préparation colique pour coloscopie totale), une dose de choc pendant 10  jours de 80  milliards (soit 2  gélules) d’un complexe de huit souches probiotiques

différentes 55 de genre lactobacilles et bifidobactéries (Lactichoc®, PiLeJe), naturellement présentes dans le microbiote intestinal des jeunes enfants, permet de commencer la prise en charge par une action initiale de réimplantation microbiotique, avant de poursuivre par des complémentations probiotiques plus spécifiques. Pour renforcer l’immunité et notamment, parmi les globules blancs, stimuler les lymphocytes T de type Th1 (notamment en stimulant la production de substances protectrices comme l’interféron gamma, qui a des propriétés immunomodulantes, antivirales et antitumorales, et en agissant sur certains symptômes, comme la fatigue 56), chargés de lutter contre les pathogènes intracellulaires, comme les virus, et de contrôler C. albicans, on utilise le mélange des quatre souches composant Lactibiane® Référence 57 (PiLeJe). De plus, il a démontré son efficacité 58 pour soulager la douleur et diminuer les symptômes de l’intestin irritable (fréquent en cas de candidose). Ce probiotique généraliste aide à maintenir l’équilibre de la flore intestinale. On en prend 1 gélule ou 1 sachet par jour. Pour agir sur le côlon et les troubles fonctionnels intestinaux, et moduler l’immunité et l’inflammation, la souche Bifidobacterium infantis 35624 exerce également une efficacité démontrée et bénéficie 59 des recommandations de la Société française de gastro-entérologie. On la trouve dans Symbiosys Alflorex® (Biocodex). Pour lutter contre les symptômes d’inflammation et d’hyperperméabilité intestinales (diarrhée, avec ou sans alternance avec de la constipation) et stimuler les lymphocytes T régulateurs (qui contrôlent l’inflammation et l’allergie, se traduisant par de l’asthme, de la rhinite ou des allergies

alimentaires), l’association des cinq souches de Lactibiane® Tolérance 60 a une action démontrée 61. Elles agissent en augmentant la production d’interleukine 10, substance à action anti-inflammatoire et immunomodulante, notamment dans les maladies auto-immunes et dans l’allergie. Pour limiter spécifiquement la prolifération du candida, les souches Bifidobacterium (bifidum, longum, infantis, adolescentis) et Lactobacillus (plantarum, acidophilus, rhamnosus, casei) sont particulièrement adaptées pour lutter contre la candidose digestive 62. La prolifération intestinale de C.  albicans est très significativement réduite par la souche Lactobacillus helveticus candisis LA401, que l’on retrouve dans Lactibiane® CND 5  M ou 10  M (PiLeJe), ou Nergeflore® CND 5  M (LPEV). In vitro, elle inhibe d’un facteur dix la croissance de la levure. In vivo, chez la souris, elle réduit significativement la prolifération intestinale de Candida. Elle peut s’utiliser par voie orale pour agir sur le tube digestif et freiner la diffusion au niveau génito-urinaire. Pour améliorer la flore vaginale, le mélange Lactobacillus acidophilus, gasseri et rhamnosus et de Bifidobacterium bifidum contient un complexe de ferments lactiques (6  milliards par gélule) que l’on retrouve dans Ergyphilus® Intima (Nutergia). On en prend de 2 à 4 gélules par jour. Les souches qui présentent un intérêt particulier au niveau local Au niveau vaginal, dans le même ordre d’idées, la souche Lactobacillus plantarum LA901 s’utilise localement, par exemple avec Féminabiane® Flore vaginale (PiLeJe). Elle est active sur C albicans et C.  glabrata, ainsi que Gardnerella vaginalis et Escherichia coli. Elle

s’utilise pour améliorer la flore vaginale au cours des vaginoses, faciliter la guérison des infections vulvo-vaginales, notamment à candida, et réduire la fréquence des récidives. En intravaginal, la souche de Lactibiane® CND 10 M a les mêmes propriétés antiseptiques que la flore de Döderlein, et, en tapissant la muqueuse, elle empêche la prolifération du candida (effet barrière). Pour l’utiliser, on verse le contenu de la gélule dans la paume de la main, on forme une petite boule avec une goutte d’eau et on l’insère en intravaginal, le soir, 5 jours par semaine, 3 semaines par mois pendant 1 à 3 mois. De façon générale, n’oubliez pas non plus le recours à d’autres probiotiques généralistes à visée digestive, ou d’action plus spécifique (axée sur le renforcement immunitaire, notamment en cas d’infections ORL répétées ou d’herpès récidivant). Il existe de nombreuses marques proposant ce type de produits  : Lactibiane® Référence, Ergiphylus® Confort, Probactiol®, Flore Vital®, Lactophar®, Probactiol®, Probioplex®… Il faut apporter environ 10  milliards (quantité en général indiquée par «  10  » ou «  10  M  » sur les emballages) de bactéries probiotiques par jour pour obtenir un réel bénéfice. Comment les utiliser dans la durée ? Les traitements durent au moins 1 mois et, dans le cas de la candidose, doivent être prolongés sur plusieurs mois pour agir durablement sur l’équilibre de la flore intestinale et vaginale. Il existe plusieurs protocoles thérapeutiques dans l’emploi des spécialités qui contiennent ces souches probiotiques. Elles peuvent s’associer entre elles, et s’emploient dans des durées et à des doses proportionnelles à l’intensité de la candidose et à son ancienneté. Compte tenu de la résilience du candida, 3 mois de traitement sont

un minimum. Il faut généralement agir pendant de longs mois, voire entretenir ultérieurement par des cures séquentielles (5 jours par semaine, 1 jour sur 2 ou 10 jours par mois) tout au long de l’année.

Une souche probiotique d’importance À titre d’exemple, Lactobacillus helveticus candisis LA401, que l’on retrouve dans le Lactibiane® CND 5 M ou 10 M, ou Nergeflore® CND 5 M (PiLeJe), s’utilise au lever ou au coucher (en dehors des repas), par voie orale à 10 M pendant 15 à 60 jours (parfois même après une première séquence à 20 M pendant quelques semaines), puis en entretien à 5  M pendant 3 mois, et enfin, éventuellement, en cures séquentielles. En cas de prise d’antibiotiques (par exemple pour traiter une infection urinaire), il s’emploie à la dose de 20 M pour prévenir le risque de mycose vaginale.

L’INTÉRÊT DES PRÉBIOTIQUES Les prébiotiques peuvent s’avérer utiles pour nourrir les bonnes bactéries intestinales qui peuplent naturellement l’intestin et constituent notre meilleur allié contre le candida. Ils renforcent la flore dominante, notamment les bifidobactéries, dont le rôle nourricier (trophique) est primordial sur la muqueuse, de même que leur action sur le métabolisme du sucre et des graisses, sur la réparation de la paroi intestinale et sur l’assimilation des minéraux et des nutriments. Parallèlement aux prébiotiques, on fait appel aux fructanes, plus particulièrement aux fructo-oligosaccharides (FOS) et à l’inuline 63, contenus par exemple dans la racine de chicorée ou de pissenlit, mais aussi dans l’artichaut, l’ail, l’asperge, le topinambour ou la banane,

pour favoriser la croissance des lactobacilles et des bifidobactéries, et freiner la croissance de micro-organismes pathogènes. On peut les apporter sous forme d’aliments, de compléments alimentaires (1 sachet de Biofilm® de PiLeJe apporte 2,4 g de FOS et autant d’inuline. Prendre ½  sachet par jour pendant 1 mois, puis 1 sachet par jour pendant 2 à 3 mois, voire plus) ou au sein d’extraits de plantes standardisés (pissenlit, piloselle). ■ Comment les utiliser ? Attention au début de leur utilisation  : pour éviter les effets secondaires (ballonnements), introduisez-les progressivement. En cas de troubles intestinaux avec diarrhées, il est même conseillé de les supprimer dans un premier temps pendant 1 à 3 mois (au même titre que les aliments fermentescibles non digestibles, les FODMAP  ; voir ici) avant de les réintroduire peu à peu, en quantité modérée, en testant leur tolérance les uns après les autres, progressivement.

Pour des recettes à base de prébiotiques http://sites.arte.tv/futuremag/fr/prebiotiques-probiotiques-et-nutritherapie-quandlaliment-devient-medicament-futuremag

LES NUTRIMENTS RÉPARATEURS DE LA MUQUEUSE INTESTINALE Ces substances nutritives ont un statut intermédiaire entre l’aliment et le métabolite. Elles n’ont pas besoin de subir de transformation digestive pour être assimilées, et jouent un rôle fonctionnel pour

réparer et cicatriser les tissus abîmés lorsque l’intestin est poreux et les villosités intestinales, altérées. Outre le thé vert, la vitamine A et le zinc, les principaux nutriments utilisés sont  : la L-glutamine, la N-acétylglucosamine, le psyllium blond, l’huile de riz (ou de son de riz) et la chlorophylle. La L-glutamine Issue des protéines de riz, elle répare les joints entre les cellules intestinales et nourrit ces dernières, leur permettant de se refaire une santé : cet acide aminé peut être fabriqué par l’organisme ou apporté par l’alimentation (protéines animales, comme la viande ou le poisson, ou végétales, comme les céréales ou les légumineuses). Outre la réparation intestinale, la glutamine améliore le sommeil et la récupération, renforce l’hormone de croissance et le développement musculaire, soutient le système immunitaire (en cas d’épuisement, ou de surentraînement chez le sportif). ■ Comment l’utilise-t-on ? Pour un bénéfice intestinal, elle peut être apportée sous forme de complément alimentaire, à dose modérée de l’ordre de 2,5 à 3 g par jour.

Attention Respectez cette posologie, car le candida peut métaboliser la glutamine en glutamate, qui est le neurotransmetteur excitateur le plus important du système nerveux central. Bien qu’il soit le précurseur principal du GABA, dont les effets inhibiteurs contrebalancent son action, le glutamate (par ailleurs un exhausteur de goût très présent dans l’alimentation industrielle) est toxique à haute dose pour les neurones. En cas de prise régulière ou à dose plus forte de glutamine, demandez un avis médical, notamment en cas de troubles bipolaires, de prise de médicaments antiépileptiques ou d’insuffisance hépato-rénale.

La N-acétylglucosamine Cette substance naturelle est obtenue par l’hydrolyse enzymatique de carapaces de crabes et de crevettes. Bien tolérée 64, elle freine la dégradation et favorise la réparation des lésions du tissu conjonctif, non seulement cartilagineux, mais aussi digestif 65. Par son action nourricière, elle renforce la mucine, principal constituant du mucus qui recouvre les muqueuses digestives, et exerce une activité antiinflammatoire de fond. Elle favorise l’implantation du microbiote, freinant les capacités d’adhésion de C. albicans. ■ Comment l’utilise-t-on ? Le procédé d’extraction de la firme japonaise Kaneka Pharma permet d’obtenir une qualité maximale. Prenez 1 gélule de 500 mg à chaque repas. À utiliser en seconde intention, en alternative ou en relais de la L-glutamine, en cure de 1 mois renouvelable tant que persistent des selles molles ou un inconfort intestinal. Le psyllium blond

Cette plante médicinale est reconnue depuis 1996 par la Danish Medicines Agency, puis ultérieurement par de nombreuses études, pour son intérêt dans le traitement de la constipation, du syndrome du côlon irritable et de la diarrhée. Il absorbe les toxines produites par le candida, freine l’inflammation et renforce la flore de l’intestin. Dans la candidose, la constipation doit être évitée, car elle favorise l’infection chronique. ■ Comment l’utilise-t-on ? Commencez par 1 cuillerée à café dans un verre d’eau une fois par jour. Augmentez progressivement par paliers de quelques jours jusqu’à, potentiellement, 1  cuillerée à soupe deux ou trois fois par jour. La prise peut-être continue dans le temps ou être réservées aux périodes de troubles du transit, par cures, aussi longtemps que nécessaire. L’huile de riz (ou de son de riz) Elle contient de la vitamine E naturelle et de nombreux autres antioxydants. Elle est riche en gamma-oryzanol, qui améliore le fonctionnement du foie et réduit l’inflammation intestinale. ■ Comment l’utilise-t-on ? Elle agit comme un pansement de la muqueuse : versez-en 5 ml, deux fois par jour sur les aliments. Son usage est de type alimentaire et peut se poursuivre en entretien tout au long de l’année. La chlorophylle

Cette substance est détoxiquante, antioxydante et anti-inflammatoire du foie et de l’intestin. Elle favorise la cicatrisation des microlésions de la muqueuse intestinale causées par le mycélium fongique. On la trouve dans l’alfalfa ou l’ortie partie aérienne (à utiliser de préférence sous forme d’EPS), plantes à visée réparatrice ou reminéralisante au niveau du tissu conjonctif et du squelette. Elle peut être apportée spécifiquement de manière concentrée dans des spécialités, par exemple Chlorophyllum de Sofibio (qui contient aussi de la propolis) ou Chlorophyllea de Nutrixeal®. ■ Comment l’utilise-t-on ? Si elle est contenue dans une plante intégrée dans une préparation comme l’ortie partie aérienne, c’est l’indication reconstituante de celle-ci qui prime (ostéoporose, dénutrition, convalescence…)  : l’utilisation est de 3 mois, en cure renouvelable. Sous forme de spécialités, par cures de 1 mois, surtout au moment des périodes de fragilité intestinale.

LES AUTRES REMÈDES ANTIFONGIQUES NATURELS Nous abordons ici l’usage d’autres produits naturels 66 utiles dans la prise en charge de la candidose chronique. Généralement utilisés en automédication ou conseillés par des naturopathes, ils ne se substituent pas aux traitements précédemment étudiés, dont l’emploi est prioritaire compte tenu des actions recherchées (lutte antiinfectieuse, renforcement immunitaire et réparation de l’intestin). En revanche, ces remèdes naturels viennent utilement compléter la base thérapeutique axée sur la phyto-aromathérapie médicale et sur les probiotiques spécialisés. Leur efficacité est moins documentée, mais l’intérêt pour ces soins complémentaires va croissant.

Leur mode d’action est global, tant sur la levure elle-même que sur l’état général de l’organisme et sur le système digestif. Leur usage est très utile en traitement de fond pour contenir les velléités expansionnistes du candida et renforcer les défenses de l’organisme. On peut les utiliser en association avec les traitements chimiques conventionnels des trois étapes précédemment étudiées (cela allonge la liste des traitements utilisés, ce qui peut se justifier notamment au cours des candidose chroniques sévères), ou en seconde intention, après avoir résolu le plus gros de l’infection fongique. ■ Comment les choisir ? Tous sont potentiellement intéressants, mais vous ne pouvez pas tous les prendre. Dans une approche empirique, le mieux est de les tester vous-même et d’évaluer leur intérêt dans votre cas à l’aide d’un tableau « score-symptômes 67 ». Ainsi, vous déterminerez laquelle des combinaisons est la plus efficace pour vous. Ces produits peuvent s’employer par cures séquentielles de 2 à 4 semaines. Dans le cas de la candidose chronique, ces cures se répètent chaque mois ou chaque trimestre tout au long de l’année. Le gel d’aloe vera (ou, à défaut, son jus) Il est antifongique et renforce l’équilibre du microbiote intestinal tout en luttant contre l’excès d’acidité gastrique et intestinale. ■ Comment l’utilise-t-on ? Prenez 5 à 10  ml par jour de gel à visée alimentaire (attention, certains tubes de gel sont destinés pour la peau seulement) dans de l’eau ou un grand verre de jus. En usage cutané ou muqueux local, le gel d’aloe vera apaise et réduit l’inflammation. Choisissez un produit

bio, à conserver au frais après ouverture. Faites des cures occasionnelles de 8 jours, à répéter à la demande. L’acide caprylique La réputation antifongique de cet acide gras à chaîne moyenne présent naturellement dans de nombreux dérivés de la noix de coco (lait, huile, pulpe) va croissant. On le retrouve aussi dans le lait maternel (difficile de s’en procurer !) et l’huile de palme. Mis en évidence pour la première fois dans du lait de chèvre (d’où son nom), il agirait en altérant la paroi du candida. Il serait aussi antiviral et antibactérien. Outre l’usage alimentaire des produits de la noix de coco, il est utile et surtout plus pratique de se supplémenter en acide caprylique avec des compléments alimentaires, qui permettent d’en apporter régulièrement à l’organisme de plus grandes quantités. Lorsqu’on arrête de prendre de l’acide caprylique dès lors que le candida est sous contrôle, cela n’entraînerait pas d’effet rebond, c’est-à-dire de réactivation des colonies de Candida, contrairement à ce qui pourrait arriver à l’arrêt d’un traitement pharmacologique par la nystatine (Mycostatine®). ■ Comment l’utilise-t-on ? Prenez par exemple le complément alimentaire Cleanse Candida® (de Solaray), qui contient 350  mg d’acide caprylique par gélule, du lapacho, de l’extrait de pépin de pamplemousse et de l’huile essentielle d’arbre à thé. Posologie indicative du fabricant : de 1 à 3 gélules, en cure de 1 mois renouvelable. Vous pouvez aussi prendre Candida Support (Now Foods®), qui contient du lapacho et de l’origan : 2 gélules par jour à prendre pendant un repas, en cure de 1

mois renouvelable. Des pauses thérapeutiques peuvent être effectuées durant les fins de semaine ou durant 1 mois par trimestre. Le lapacho (pau d’arco), ou arbre à l’écorce divine Cet arbre, dont on exploite l’écorce, aurait des propriétés antibactériennes, antifongiques et antiparasitaires. Son action immunostimulante se rapprocherait de celle de l’échinacée ou du ginseng, contribuant à renforcer les capacités de défense de l’organisme. ■ Comment l’utilise-t-on ? Il peut s’utiliser seul, sous forme de teinture mère à raison de 20 gouttes trois fois par jour pendant 6 mois, puis en entretien prolongé deux fois 10 gouttes par jour. On peut l’utiliser en décoction (écorce de l’arbre), à consommer plusieurs fois par jour  : on fait bouillir la plante, contrairement à l’infusion, au cours de laquelle le végétal est mis à tremper dans l’eau après ébullition. Le lapacho se retrouve aussi dans des complexes naturels, associés à d’autres actifs antifongiques naturels, comme Candidapur (Nutrixeal®), qui contient 40 mg par gélule de lapacho standardisé à 1 % lapachol et de l’extrait de graines de pamplemousse, de la feuille d’olivier et de l’acide caprylique. On en prend 1 à 3 gélules par jour, en cure de 1 mois renouvelable. Des pauses thérapeutiques peuvent être effectuées durant les fins de semaine ou durant 1 mois par trimestre. L’ail

Riche en polysaccharides stimulants de l’immunité innée (stimulation des macrophages, cellules tueuses naturelles pour une action antiinfectieuse non spécifique des micro-organismes pathogènes), en fructanes et en dérivés soufrés (l’alliine), cette plante est un antiseptique intestinal — elle est active sur les entérobactéries — et elle est antivirale. Elle est active sur de nombreuses levures, dont C.  albicans. L’ail aide à neutraliser et à éliminer les toxines du candida, et à réduire le biofilm qu’il constitue à la surface de la muqueuse. ■ Comment l’utilise-t-on ? Si vous l’aimez sous forme d’aliment, vous le prendrez à haute dose (au moins 1 gousse crue ou cuite trois fois par jour). Si sa consommation intensive vous pose problème, vous l’utiliserez sous forme de capsules d’ail bio lyophilisé de 300 à 500 mg, trois fois par jour, ou bien utilisez Ail’actif (Nutrixeal®) en gélules, macérat huileux d’ail bio à teneur garantie en principes actifs. Prenez-en 1 ou 2 gélules par jour. Pas de limite dans le temps, tant que votre système digestif le supporte. La berbérine Cette substance est un alcaloïde issu de plantes comme l’hydraste du Canada, le coptis du Japon ou l’épine-vinette. Elle favorise l’activation d’une enzyme, l’APKM, impliquée dans la production d’énergie au niveau cellulaire. Elle régule le métabolisme de base et améliore le profil cardio-vasculaire (graisses et sucres du sang). Elle exercerait également une puissante action antifongique (notamment en cas de prise d’antibiotiques) et antibactérienne  ; elle serait immunostimulante et active sur la dysbiose intestinale. La médecine

ayurvédique (médecine traditionnelle indienne) utilise des plantes très concentrées en berbérine pour combattre C. albicans. ■ Comment l’utilise-t-on ? Choisissez par exemple Berbérine comprimés de 500  mg (Supersmart), à prendre trois fois par jour en cure de 1 mois renouvelable. Des pauses thérapeutiques peuvent être effectuées durant les fins de semaine ou durant 1 mois par trimestre. Pseudowintera colorata De cet arbuste néo-zélandais, également connu sous les noms horopito ou mikoplex, on extrait le polygodial. Cette substance serait aussi efficace que l’amphotéricine B 68. Elle agirait plus lentement que le fluconazole, mais générerait moins de récidives et, selon une étude californienne, serait trente-deux fois plus efficace contre le candida quand elle est associée à Pimpinella anisum (anis épicé d’Amérique du Sud). ■ Comment l’utilise-t-on ? La posologie conseillée est de 350 mg de polygodial associé à 450 mg de graine d’anis. On retrouve P. colorata (horopito) dans les produits Kolorex 69© (soit seule dans Advance Candia Care, 2 à 4 capsules par jour, ou associée à de la canneberge, à la même posologie, soit contenue dans des crèmes d’action locale). La cure est renouvelable une fois par mois pendant 3  mois, à prolonger si nécessaire. Cette plante, citée sur de nombreux sites Internet spécialisés dans la candidose (par exemple, candida-albicans.fr), peut être obtenue par correspondance.

La biotine, ou vitamine B8 Elle freinerait la transformation des spores de Candida en mycélium. ■ Comment l’utilise-t-on ? Prenez-en 1 000 à 1 500 µg/jour. Par exemple : 1 gélule par jour du laboratoire Solgar (soit 1 000 µg) ou 3 gélules par jour du laboratoire Nutrimea (soit 1 350 µg) pendant 3 mois. Faites une pause de 1 mois avant de recommencer. Deux ou trois cures par an sont possibles. L’huile d’olive L’huile d’olive, qui est riche en acide oléique, doit être vierge, bio et pressée à froid, et est à consommer crue. ■ Comment l’utilise-t-on ? Prenez-en jusqu’à 2 cuillerées à soupe trois fois par jour (mettez-en dans vos salades, par exemple). La propolis Elle est notamment antiseptique et immunostimulante. ■ Comment l’utilise-t-on ? Elle est à utiliser pure sous forme de teinture alcoolique (jusqu’à 50  % d’extrait de propolis pure), notamment en gargarisme dans le muguet de l’adulte : prenez-en 10 gouttes deux ou trois fois par jour par voie orale. Elle s’utilise aussi en application locale sur la peau. Le bicarbonate de soude

Il est fongistatique et alcalinisant. ■ Comment l’utilise-t-on ? Il s’utilise en bain de bouche ou par voie orale (½ à 1 cuillerée à café dans un demi-verre d’eau) en cas de candidose buccale et/ou cutanée. On peut aussi l’ajouter à l’eau du bain en cas de mycose cutanée. On peut l’associer au borate de sodium, ou borax, pour traiter les mycoses des ongles. Ce minéral d’origine naturelle est un fongicide puissant. Mélangez à parts égales le borax et le bicarbonate de soude, et ajoutez de l’eau de façon à former une pâte. Frottez doucement le mélange sur les ongles infectés, préalablement mouillés, deux fois par jour pendant plusieurs semaines. La camomille (Matricaria chamomilla) Riche en polyphénols antibactériens et anti-inflammatoires, elle est dotée de propriétés antispasmodiques et digestives, et elle calme le système nerveux. ■ Comment l’utilise-t-on ? Sous forme d’infusion (3 feuilles par tasse, jusqu’à 4 tasses par jour) à boire. À donner très diluée chez l’enfant. Évitez la voie orale en cas de grossesse ou en cas d’allergie avérée. On peut badigeonner directement l’infusion sur la langue en cas de muguet ou sur les mamelons en cas de candidose mammaire. La camomille peut aussi s’employer en cataplasme sur la région cutanée touchée par le candida (pendant 20 minutes, une ou deux fois par jour). L’acide tannique

Notamment antidiarrhéique, il est extrait de nombreuses plantes, dont l’écorce du chêne, mais aussi le thé. ■ Comment l’utilise-t-on ? Faites bouillir un sachet de thé dans une tasse d’eau, et utilisez après refroidissement en application externe (badigeonnez la zone de mycose cutanée) ou en usage interne (1 tasse à boire plusieurs fois par jour). L’huile d’arbre à thé Cette «  huile  » (fabriquée à partir de Melaleuca alternifolia) est vendue sous cette appellation dans un but antiseptique, pour un usage externe, mais il s’agit bel et bien d’une huile essentielle. ■ Comment l’utilise-t-on ? Pour une atteinte cutanée, on peut en mettre 1 ou 2 gouttes dans le bain ou dans son nettoyant ou son produit hydratant, ou l’appliquer localement à l’aide d’un Coton-Tige après un essai de tolérance. On peut aussi l’utiliser en bains de bouche en cas de muguet, ou en toilette locale pour une localisation vulvaire (appliquer et rincer)  ; comptez alors 1 goutte pour un verre d’eau.

En cas de recrudescence des symptômes… Une dernière précision importante à propos des traitements naturels de la candidose (également valable quel que soit le type de

traitement antifongique utilisé)  : il est possible que vous ressentiez une recrudescence temporaire des symptômes dans les jours suivant vos essais, voire d’en découvrir de nouveaux. C’est la réaction d’Herxheimer. Ce n’est pas un effet secondaire du traitement, cela traduit au contraire son efficacité, due à la libération de déchets et de toxines liés à C.  albicans. Le renforcement de la détoxication hépatique (voir chapitre suivant) permet de réduire cette réaction si elle survient.

CHAPITRE VI

Candidose et terrain : pour une prise en charge globale

Choisir la bonne stratégie À ce stade du traitement de la candidose, nous avons franchi les premières étapes et accompli une bonne partie du chemin. Cela suffitil pour arrêter l’évolution chronique de l’infection  ? Si, au fil du temps, l’équilibre physiologique n’est pas restauré, la candidose s’accompagne souvent de troubles fonctionnels intestinaux avec développement d’intolérances alimentaires et de perturbations immunitaires. Elle fragilise l’organisme, altère ses capacités d’adaptation au stress et le rend plus vulnérable aux contraintes de l’environnement, aux co-infections et à la capacité de gérer le pouvoir de nuisance du candida, générant un cercle vicieux qu’il est parfois très difficile de rompre.

DU PLUS SIMPLE AU PLUS COMPLIQUÉ, DE L’AIGU AU CHRONIQUE, DU SYMPTÔME AU TERRAIN

Une mycose cutanée se traite simplement avec un antifongique chimique local et la mise en place de règles hygiéno-diététiques préventives. Une atteinte des muqueuses, essentiellement buccale, anale et génitale, doit faire penser à l’existence d’un réservoir intestinal de Candida, qu’il faut traiter même s’il n’existe pas de problèmes digestifs. Cela implique de traiter le système digestif, de préférence avec des antifongiques naturels, les formes chimiques d’action digestive locale (amphotéricine B et nystatine) étant plutôt employées en cas d’infestation importante et cliniquement parlante. Dès lors qu’il existe des récidives, il faut considérer que le candida est actif, ce qui implique de traiter non seulement l’infection locale (mycoses vaginales à répétition, candidose buccale, atteinte des plis cutanés…), mais aussi d’agir sur le réservoir de candida et d’enclencher une prise en charge globale.

GARDEZ À L’ESPRIT UNE VISION GLOBALE DE VOTRE SANTÉ Vous savez désormais que la candidose chronique découle des interactions entre le candida et un terrain dans un contexte donné. Dans votre parcours thérapeutique, ne perdez pas de vue les éléments suivants. Concernant votre organisme, tenez compte de la génétique, de la biologie, des lésions préexistantes (notamment au niveau de la muqueuse intestinale). Votre état psychique (adaptation au stress, gestion des conflits) et les facteurs environnementaux (aspects climatiques, existence de co-infections et autres facteurs, comme la nutrition, l’alimentation, l’exposition aux métaux lourds, aux vaccins…) influencent l’ensemble du processus de candidose chronique.

Sur le plan immunitaire, vous avez compris que la candidose favorise les réactivations virales (herpès, mononucléose infectieuse…) et les manifestations allergiques tardives (notamment avec des réactions retardées). Du fait des toxines sécrétées, la candidose participe au syndrome de fatigue chronique. L’essentiel des symptômes généraux de la candidose résulte des perturbations immunitaires qu’elle engendre (répression, activation, toxines agissant comme des superantigènes 70…) et de l’action propre des toxines libérées par le candida. Ils s’expriment sur un fond d’hyperperméabilité intestinale systématique, avec des facteurs alimentaires aggravants (protéines, sucres, sensibilité à certains aliments…). Ils créent une charge «  toxique  » à laquelle le foie doit faire face, plus ou moins bien. En clair, au cours des années, vous pouvez vous retrouver face à une maladie chronique dont la gestion peut devenir compliquée. Dans ce contexte, le travail de votre terrain doit être poussé le plus loin possible. Si cela vous concerne, sachez qu’il faut de la méthode pour analyser toutes les perturbations locales et générales liées directement et indirectement à l’activité de Candida, et pour traiter les troubles fonctionnels des grands systèmes de régulation physiologique d’adaptation.

DE L’AUTOMÉDICATION À L’ACCOMPAGNEMENT MÉDICAL Avec cette approche intégrative, vous entrez de plain-pied dans la complexité du suivi de la santé puisqu’il est dès lors nécessaire de prendre en charge plusieurs dysfonctions s’intriquant les unes avec les autres. Un accompagnement est souvent nécessaire, au moins au début, pour déterminer la bonne stratégie à développer.

Même si de nombreuses solutions relèvent de l’automédication, dès lors que l’on entre dans la pharmacologie végétale (phytothérapie et aromathérapie) et qu’il faut envisager des séquences thérapeutiques successives, associant souvent médicaments issus de plantes et molécules de synthèse, un avis médical est utile, non seulement pour le diagnostic et l’état de lieux, mais aussi pour personnaliser la prise en charge. L’accompagnement médical vous sera d’autant plus utile que le médecin aura été, de par son expérience professionnelle, sensibilisé aux problématiques de la candidose chronique, qu’il adoptera une démarche clinique de terrain, qu’il maîtrisera l’ensemble de la pharmacopée chimique et végétale, et qu’il intégrera les aspects alimentaires et nutritionnels de la maladie. Il saura vous conseiller dans le choix des remèdes et dans la gestion de leurs interactions et de leurs contre-indications (notamment en cas de grossesse ou d’allaitement). Qu’on le veuille ou non, le candida fait partie de votre univers intestinal, et il vous faut domestiquer la bête sauvage qu’il est devenu, apprendre à vivre avec lui. Il vous faut seulement le combattre sans pour autant être radical. L’approche doit être équilibrée et durable. Venir à bout de la candidose prend du temps quand elle est devenue chronique. Le risque, avec les antifongiques de synthèse à répétition, c’est de les employer trop systématiquement, de favoriser les récidives et de passer à côté de l’essentiel : restaurer l’écosystème local, qu’il soit cutané, vaginal, buccal ou intestinal. Inutile de vouloir tuer le candida à coups de doses massives de médicaments ou de remèdes, mêmes naturels. La monothérapie s’accorde mal avec le caractère opportuniste et adaptable du candida, alors mieux vaut jouer la carte de la synergie ou de la complémentarité. Ainsi, les antifongiques de synthèse voient leur action amplifiée par l’ajout d’huiles essentielles. Les probiotiques

complètent l’action de la phytothérapie et d’une alimentation adaptée. Cette dernière doit d’ailleurs faire l’objet d’une attention particulière.

La rééducation alimentaire : le régime anti-candidose Au cours de la candidose chronique, des modifications alimentaires s’imposent pour ne pas aggraver la maladie. Pourquoi faciliter la tâche au candida ? Pourquoi, au contraire, ne pas perturber son mode de vie ? Pour autant, ne passez pas d’un extrême à l’autre. Certes, il vous faut apprendre à manger sainement et vous savez qu’une alimentation riche en sucres favorise le développement du candida, mais inutile de vouloir l’affamer au point de vous créer des carences ! Combien de régimes anti-candida débouchent sur d’authentiques déficits nutritionnels, source d’autres perturbations ! Paradoxalement, cela finit par altérer les capacités de défense et d’adaptation de l’organisme. Le candida étant impossible à éradiquer complètement, le risque en adoptant un régime trop radical est qu’il s’adapte et qu’il survive sous forme de spores au niveau des couches plus profondes des tissus, notamment dans l’intestin. Il sera plus difficile de l’en déloger, et les récidives sont facilitées. Finalement, il vaut mieux l’avoir sous les yeux et le rendre inoffensif sous la pression de «  bonnes  » bactéries de la flore intestinale. Ainsi assagi, le candida restera «  sous surveillance  » dans le cadre d’un écosystème digestif local équilibré.

LES EFFETS SECONDAIRES DES MÉDICAMENTS SUR LA QUALITÉ DU MICROBIOTE Malgré tout, il y a des erreurs à ne pas commettre et des modifications alimentaires à apporter impérativement. Il vous faudra prêter particulièrement attention aux effets secondaires des médicaments, sans compter les antibiotiques, qui perturbent directement le microbiote intestinal. Certains d’entre eux, par exemple les atropiniques (retrouvés dans des antispasmodiques, des bronchodilatateurs ou des antidépresseurs) diminuent les sécrétions et la production de salive, des conditions très favorables pour le candida. De même, certains antiacides (les inhibiteurs de la pompe à protons) pris de façon prolongée pour traiter gastrites et reflux œsophagiens favorisent l’activité du candida. Chaque fois que cela sera possible, ces médicaments doivent être supprimés ou remplacés par des alternatives végétales éprouvées.

Bon à savoir Mastiquez bien vos aliments, c’est la première étape d’une bonne digestion, et pensez à vous hydrater suffisamment tout au long de la journée.

LE RÉGIME D’ÉPARGNE DIGESTIVE L’idée générale, du moins au tout début, est d’aller vers un régime d’épargne digestive adapté à la candidose. 1. Évitez le sucre et les produits industriels !

Veillez autant que possible à ne pas nourrir le candida en vous gavant de sucreries, de jus de fruits, de sodas et autres biscuits sucrés. En clair, réduisez les sucres rapides et raffinés, et freinez votre consommation de nourriture industrielle, pleine de calories vides et pauvre en nutriments essentiels (vitamines, minéraux, acides gras polyinsaturés…). Au début de la maladie, limitez fortement vos apports en sucre, y compris en lactose (lait, yaourts, fromage blanc, desserts à base de lait) et en fructose (fruits frais ou secs et légumes riches en sucres, comme la betterave, la carotte, le maïs, la rhubarbe, le chou de Bruxelles…). Au bout de quelques semaines, réintroduisez-les modérément, en évitant de les prendre en dehors des repas sur un estomac vide. Concernant les fruits, gardez une restriction sur les agrumes, riches en acide citrique (sauf le citron), sur le melon et sur le raisin, et tournez-vous plutôt vers la pomme, la framboise ou la myrtille. Dans tous les cas, privilégiez la consommation de sucres lents pour reconstituer vos réserves d’énergie, c’est-à-dire de glucides complexes, dont l’indice glycémique (la capacité à faire monter le taux de sucre sanguin au cours des deux heures suivant l’ingestion) doit être le plus bas possible. Privilégiez ceux dont l’indice est inférieur à 35. Il existe des tables 71 qui listent les aliments en fonction de ce critère.

Tableau 72 simplifié des principaux aliments et catégorie de leur indice glycémique (IG) IG faible À consommer plus souvent

IG moyen À consommer temps en temps

Pain Grains entiers broyés à la meule Grains lourds mélangés Seigle noir

Pain Blé entier Seigle Pita

Pain Pain blanc Petit pain empereur Bagel blanc

Céréales All-Bran® Gruau cuit Son d’avoine

Céréales Blé soufflé Gruau Gruau à cuisson rapide

Céréales Flocons de son Flocons de maïs Riz soufflé

Produits céréaliers Orge Boulgour Pâtes, nouilles Riz étuvé (précuit)

Produits céréaliers Riz basmati Riz brun Couscous

Produits céréaliers Riz à grains courts

Autres Patate douce Igname Légumineuses Lentilles Pois chiche Haricots rouges Pois cassés Haricots de soya Fèves au lard

Autres Pommes de terre nouvelles/blanches cuites à la vapeur Betterave Maïs sucré Haricots noirs Soupe aux pois

Autres Pommes de terre au four Pommes de terre frites Bretzels Galettes de riz

de

IG élevé À éviter (sauf exception)

Limitez surtout les pâtes et le pain (difficiles à digérer du fait de la perte de l’efficacité enzymatique de l’amylase et des disaccharidases lors de la candidose), bref les céréales qui contiennent du gluten.

On a vu que la sensibilité au gluten est concomitante à la candidose, l’un aggravant l’autre. Au début du traitement, il est donc sage de supprimer complètement les pâtes et le pain, et de réduire les autres sources de gluten sans chercher à les supprimer complètement. La dose faisant le poison, il suffit de réduire les apports de gluten de 80 à 90 % pour améliorer les troubles digestifs liés à la candidose. Apportez les glucides lents sous forme de riz ou de pomme de terre, et privilégiez la cuisson prolongée à basse température. Remplacez la farine de blé par celle de riz, de châtaigne, de sarrasin. Pour des recettes sans gluten 73, pensez aussi à la farine de noix de coco, de millet, de quinoa, de maïs, de lentilles ou de pois chiche. Vous pouvez épaissir vos gratins ou vos purées avec de la fécule de pomme de terre, du tapioca ou de l’amidon de maïs. Si le goût du sucre vous manque, vous pouvez le remplacer par du xylitol de bouleau, en petite quantité (50 g au maximum, mais de 10 à 15  g devraient suffire) et en testant sa tolérance au préalable. Non seulement c’est un remarquable substitut du sucre classique, mais il dispose de propriétés antibactériennes et antifongiques. Vous tenez votre revanche : le candida le digère très mal ! 2. Consommez des aliments fermentés par un processus naturel et traditionnel Il peut s’agir de la choucroute (à petite dose et très cuite) ou du kéfir. Tenez compte de la tolérance individuelle à certains d’entre eux (par exemple, le yaourt, souvent mal toléré en cas de sensibilité alimentaire). Ces ferments naturels agissent comme les probiotiques et viennent réoccuper l’espace de la muqueuse intestinale laissée libre par le candida éradiqué par le traitement antifongique.

3. Détournez-vous des aliments contenant des ferments, de la levure ou des moisissures Cela inclut bien sûr les fromages à levures (comme le bleu) ou fermentés, une nouvelle fois le pain (en particulier la mie), mais aussi les gâteaux et les pâtisseries (par ailleurs riches en sucres), les champignons crus, toutes les boissons fermentées (bière, cidre…), les sauces au soja, les fruits trop mûrs (risques de moisissures). Cette liste n’est pas limitative. 4. Privilégiez les aliments frais et bio, achetés peu de temps avant consommation Agissez ainsi notamment pour la viande, en évitant les produits d’élevage industriel, car ils sont susceptibles de contenir des antibiotiques, néfastes pour le microbiote intestinal. La conservation des aliments doit être optimisée pour éviter le développement de champignons microscopiques. Ne laissez pas de produits alimentaires en dehors du réfrigérateur, qu’il faut régler impérativement à une température inférieure de 4 °C, même si cela vous semble trop froid. Les aliments mal conservés ou laissés à une température trop élevée favorisent le développement du candida. Utilisez des récipients adaptés, plutôt en verre ou en céramique, fermant bien, éventuellement permettant de faire le vide. Évitez de laisser des restes, ou consommez-les sous 24 heures après les avoir gardés dans des conditions optimales. 5. Consommez des aliments qui améliorent le fonctionnement intestinal Consommez par exemple des aliments riches en acide caprylique (noix de coco, huile de coco et lait de coco), et favorisez la

consommation d’ail cru (sans le germe), d’huile d’olive, de thé, de gingembre, de marjolaine, de thym et de rutabaga, autant d’aliments utiles pour combattre la candidose et améliorer le fonctionnement intestinal. En temps ordinaire, consommez des aliments riches en fibres (au moins 30 g par jour) et en prébiotiques. Parmi ces derniers, privilégiez ceux qui apportent beaucoup de fructanes 74, et plus particulièrement des FOS (fructo-oligosaccharides), que l’on retrouve dans des légumes comme l’oignon, l’asperge, l’artichaut ou la banane. Ces recommandations générales sont indispensables à mettre en place dès que le diagnostic de candidose a été porté. On trouve sur Internet plusieurs sites spécialisés 75 qui proposent même des menus 76 ou des recettes 77 (voir carnet d’adresses). N’hésitez pas à vous en inspirer pour établir votre propre programme alimentaire. Vous pouvez également consulter une diététicienne expérimentée pour vous guider dans votre démarche.

Attention Un seul bémol  : ces bons nutriments, qui nourrissent les bifidobactéries et renforcent la flore dominante, sont souvent mal digérés et/ou mal tolérés en cas de troubles fonctionnels intestinaux (TFI), notamment avec diarrhée. Ils entrent alors dans la problématique des « hypersensibilités alimentaires » (voir ci-après).

COMMENT FAIRE FACE AUX INTOLÉRANCES ET HYPERSENSIBILITÉS ALIMENTAIRES ? En cas de troubles fonctionnels intestinaux avec selles molles ou liquides, ou alternance de diarrhée et de constipation, alors même que l’implication du candida est suspectée mais pas encore confirmée,

le régime d’épargne digestive peut s’avérer insuffisant, même s’il améliore les symptômes de manière significative dans la majorité des cas. La candidose favorise les troubles de la digestion ainsi que les intolérances et les sensibilités alimentaires. L’action néfaste du candida peut s’ajouter à une faiblesse fonctionnelle du couple foievésicule biliaire et à une baisse des capacités de digestion au niveau de l’estomac et de l’intestin grêle. Les FODMAP Sur le plan alimentaire, face à des troubles digestifs récurrents, le régime pauvre en aliments fermentescibles non digestibles, les FODMAP 78, a fait ses preuves. Il est désormais recommandé dans un premier temps, afin de mettre l’intestin au repos et de faciliter la résolution de l’inflammation et la réparation des tissus intestinaux.

Le saviez-vous ? Le mot FODMAP est un acronyme anglais désignant un groupe de glucides à chaîne courte présents dans certains aliments. Faiblement absorbés, ils apportent des substances servant à nourrir les bactéries de l’intestin. F = fermentescibles (rapidement fermentés par les bactéries du côlon) O = oligosaccharides (fructanes et galacto-oligosaccharides, ou GOS) D = disaccharides (lactose) M = monosaccharides (fructose en excès du glucose) A = and (et) P = polyols (sorbitol, mannitol, xylitol et maltitol)

Voici un tableau non exhaustif des aliments riches en FODMAP, à éviter ou à limiter pour améliorer le confort intestinal 79.

Oligosaccharides : fructanes

Kaki, melon, nectarine, pêche  blanche, abricot, figue, datte, groseille, pamplemousse, prune et pruneau, ail, artichaut, champignon, racine de chicorée, échalote, oignon, poireau, topinambour, salsifis, chou, y compris de Bruxelles, brocoli, fenouil, blé, orge et seigle consommés sous forme de  pain, de pâte ou de biscuits, boulgour, couscous, barre de céréales, manioc.

Oligosaccharides : galactans

Maïs, asperge, betterave, pois mange-tout, chou de Bruxelles, pois vert, inuline, noix de cajou, pistache, toutes les légumineuses, tisanes (camomille, fenouil, pissenlit), thé chai fort, thé oolong, cacao, houmous, ketchup, sel et mélanges d’épices, qui peuvent contenir ail ou oignon, sauces commerciales.

Disaccharides : lactose

Lait de vache, de chèvre et de brebis frais ou en poudre, crème, glace, fromage frais, yaourt, aliments à base de lait.

Fructose en excès

Baie d’argousier, cerise, coing, figue, goyave, mangue, melon, pomme, poire, tamarillo, jus de fruits fait à base de ces fruits problématiques, fruits en conserve dans du sirop ou jus de fruits contenant du fructose, asperge, artichaut et cœur d’artichaut, topinambour, tomate séchée ou concentrée, miel, mélasse, fructose, sirop de maïs et d’agave, vin liquoreux.

Polyols

Abricot, avocat, cassis, cerise, melon, mûre, nectarine, pêche, poire, pomme, prune, pruneau, brocoli, champignon, chou-fleur, pois mange-tout, maïs sucré, chou de Bruxelles, gommes, bonbons et chocolat sucré contenant, entre autres, sorbitol, mannitol ou xylitol.

Quand on regarde dans le détail, cette diète recoupe en partie le régime anti-candida, mais limite également les fructanes et le xylitol, habituellement recommandés pour lutter contre le candida. La limitation de ces derniers aliments est alors temporaire ; une fois les troubles intestinaux diminués et la phase active de traitement

antifongique intestinal passée, il faudra sûrement les réintroduire progressivement et régulièrement (tous les jours un petit peu). Pour les autres FODMAP, il en sera de même dans un second temps. Il convient de rester prudent cependant sur les aliments riches en gluten. Mieux vaut les limiter durablement, sans pour autant les supprimer complètement. Sur le plan thérapeutique, les moyens décrits pour traiter l’inflammation et réparer l’intestin (voir ici) sont les mêmes que dans le traitement des intolérances aux produits laitiers, au gluten et à tout aliment identifié comme délétère sur le plan digestif. En même temps qu’un régime d’éviction des aliments coupables, le recours aux probiotiques (en particulier aux cinq souches de Lactibiane® Tolérance ou à celle de Symbiosys Alflorex®) et au traitement par les extraits de plante standardisés (EPS) de réglisse et de curcuma s’impose. La réintroduction des aliments perturbateurs se fait également très progressivement, sans précipiter le mouvement. Il faut du temps pour reconstituer l’écosystème intestinal. L’expérience montre qu’après plusieurs mois (parfois années) d’une bonne prise en charge (traitement de fond et nutrition), les patients arrivent à retrouver un mode d’alimentation presque normal, à condition d’éviter les excès.

Soigner le foie et restaurer une bonne digestion Surtout, n’oubliez pas de vous faire plaisir. Courteline ne disait-il pas : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. Ce qu’on mange avec goût se digère aisément.  » Mais comment est-ce possible si le moindre aliment déclenche une tempête digestive ?

Il faut bien sûr vous occuper de votre foie. Détoxiquer étant devenu le mot d’ordre de tout adepte de la santé naturelle, vous savez qu’il faut régulièrement «  nettoyer  » le foie, et favoriser la transformation et l’élimination des toxines, qu’elles viennent de l’extérieur ou de l’intérieur. Comment soigner votre foie ? De la cure de citrons au massage local à l’huile essentielle de menthe poivrée en passant par les infusions d’aubier de tilleul ou de feuilles de romarin et la consommation à jeun d’huile d’olive pendant une semaine, les solutions naturelles ne manquent pas  ! Cela peut ne pas être suffisant. Il faut à nouveau se tourner vers la phytothérapie médicale pour disposer d’une puissante action pharmacologique, qui de plus est démontrée.

LES PLANTES DÉTOX Le traitement de base : artichaut-radis noir Il fait appel au couple de plantes détoxiquantes artichaut et radis noir, la première étant par ailleurs hépatoprotectrice et régulatrice du flux biliaire. ■ Comment l’utilise-t-on ? Prenez des comprimés de plantes fraîches standardisés (Phytostandard®, 1 comprimé une ou deux fois par jour) ou en EPS (extraits fluides à parts égales, 5  ml, une ou deux fois par jour) en cure de 1 mois renouvelable.

Attention En cas de calculs biliaires  : l’extrait de feuilles d’artichaut entraîne une chasse biliaire puissante, ce qui peut occasionner des nausées ou des douleurs de la vésicule si celle-ci contient de la boue biliaire ou des calculs. Si c’est le cas, baissez la posologie ou remplacez-la par une autre plante d’action hépatique. Évitez-la d’emblée en cas d’antécédents de colique hépatique.

Les autres plantes du foie Elles s’utilisent en fonction des autres propriétés de chacune d’elles, ce qui permet de personnaliser le traitement. Toutes peuvent s’associer dans une même préparation (dans ce cas, pas plus de trois par mélange) et/ou sous forme de gélules d’une seule plante utilisées en complément, de façon à favoriser leur effet synergique. Le chardon-Marie Cette plante, également en première ligne, est riche en silymarine et en taxifoline, elle détoxique, régénère le foie, exerce une action métabolique (régulation du sucre) et protège les vaisseaux sanguins. On peut l’associer à l’olivier, dont on oublie souvent que ses feuilles, riches en oleuropéoside, sont d’excellents antibactériens, antiviraux et antifongiques, en plus de réguler la tension artérielle, le cholestérol et la glycémie. ■ Comment les utilise-t-on ? Faites préparer par votre pharmacien la formule en extraits de plante standardisés (EPS) chardon-Marie-olivier, ââ qsp 150  ml. Prenez-en 5 ml deux fois par jour en cure de 3 mois renouvelable.

La réglisse et le curcuma Réglisse et curcuma sont également hépatoprotecteurs et détoxiquants hépatiques (voir ici). Dans le même registre, n’oubliez pas le pissenlit, qui traite également les ballonnements intestinaux et la constipation, ni la fumeterre, régulateur très puissant du flux biliaire, antiallergique et stimulant des sécrétions digestives. Plante de la paix des entrailles, la mélisse est un antispasmodique intestinal, et elle favorise la sécrétion de mucus et la vidange de l’estomac. ■ Comment les utilise-t-on ? La formule EPS fumeterre-pissenlit-mélisse ââ qsp 150  ml est remarquable pour sa triple action hépatobiliaire, gastrique et intestinale. Quand l’organisme est vraiment «  encrassé  », j’ai expérimenté avec succès chez mes patients des doses de charge (10  ml, cinq fois par jour) sur une courte période (6 jours), suivies d’un entretien à raison de 5  ml une ou deux fois par jour. Très efficace ! En cas d’acidité gastrique Les troubles de la digestion sont fréquents, plus encore en cas de candidose digestive. Vous allez agir non seulement sur le foie, mais aussi sur l’acidité gastrique, et vous allez renforcer l’activité du pancréas. En plus du bicarbonate de soude par voie orale (voir ici), de la réglisse (plante antiulcéreuse gastrique par excellence) et de la mélisse, pensez à la bromélaïne (extrait de la tige d’ananas) et à la papaïne (provenant du latex de papaye), qui exercent une action digestive naturelle de type protéase (dégradation des protéines)

similaire à celle des enzymes protéolytiques, trypsine et la chymotrypsine, produites par substances, également anti-inflammatoires et exercent une action favorable sur l’ensemble digestive.

principalement la le pancréas. Ces antispasmodiques, de la muqueuse

■ Comment les utilise-t-on ? Choisissez parmi les compléments suivants  : Extranase® (Meda Pharma), Digebiane® (avec papaïne, mélisse, carbonate de calcium et bicarbonate de sodium  ; PiLeJe)  ; Digestive Enzymes® (avec pancréatine, pepsine, bétaïne ; Solgar). Vous prendrez 3 comprimés par prise après le repas pour les deux premiers produits, ou 1 comprimé pour le troisième. Traitez pendant 15 jours régulièrement, puis à la demande, notamment lors des repas copieux ou hors domicile.

L’approche naturopathique : terrain acide et équilibre acido-basique Que la candidose ne soit que localisée ou qu’elle s’enracine au sein du tube digestif et qu’elle s’exprime également par des signes locaux, son traitement fait appel à des médicaments chimiques et naturels associés à des compléments alimentaires, à des conseils d’hygiène de vie et à des recommandations nutritionnelles et alimentaires. L’élargissement de la palette thérapeutique est rendu nécessaire par les caractéristiques mêmes du candida, qui impliquent à la fois une prise en charge locale, régionale et systémique. Cette approche globale, très médicale dans un premier temps, semble sortir des

chemins battus et emprunter la voie de la naturopathie. Mais pourquoi le corps médical ne s’enrichirait-il pas de l’expérience des naturopathes, et vice versa  ? Il est important de retrouver un continuum entre les différentes compréhensions des maladies et dans tous les aspects de la santé. C’est une chance pour tous les patients exposés à la candidose chronique. Souvent désespérés par une prise en charge morcelée, écartelés entre leurs besoins et leurs aspirations, ces derniers saluent la convergence de la science et de l’humain. D’une certaine façon, ils cherchent la dimension médicale chez le naturopathe et le naturopathe chez le médecin. Synthèse salutaire autant que nécessaire. S’ouvrir à une approche naturelle de la santé n’empêche pas la rigueur scientifique. Il s’agit tout simplement de hiérarchiser les priorités dans la mise en place des moyens thérapeutiques. À un certain moment, vient le temps du «  terrain  ». Nous avons abordé précédemment de nombreuses solutions naturelles mises en œuvre autant par les médecins et les pharmaciens que par les naturopathes. Ces thérapeutes insistent souvent sur la notion de terrain acide, qu’on requalifie en médecine d’acidose métabolique latente.

LE TERRAIN ACIDE, OU ACIDOSE MÉTABOLIQUE LATENTE À quoi correspond cette notion  ? Le pH, ce fameux potentiel hydrogène qui mesure l’activité chimique des ions hydrogènes (H+) en solution, détermine le caractère acide ou basique d’un milieu liquide, par exemple intracellulaire ou extracellulaire (tissus interstitiels et sang). La valeur optimale du pH sanguin est de 7,4. Il doit impérativement rester entre 7,38 et 7,42 —  une fourchette très

serrée  — pour permettre les échanges entre la cellule et son environnement, et les échanges entre cellules. On parle d’acidose en dessous de 7,38 et d’alcalose au-dessus de 7,42. Ainsi, si le pH tombe, c’est la mort par arrêt cardiaque, et s’il monte à 7,7 c’est la tétanie et les convulsions. Le pH est finement régulé par l’homéostasie de l’organisme, grâce à des systèmes de régulation qui compensent l’apport continuel d’ions H+, provenant de l’activité métabolique corporelle, et plus particulièrement de la dégradation des nutriments au cours de la digestion et de leur transformation. L’impact des protéines animales et végétales Les protéines d’origine animale Viande et charcuterie, poisson et fruits de mer, œufs, lait et produits laitiers sont à l’origine de la production d’acide sulfurique, d’acide phosphorique et d’acide urique. Ce sont des acides forts, qui se dissocient en grande partie en libérant des ions H+ éliminables par voie rénale seulement (ce qui sous-entend qu’il faut boire suffisamment et avoir des reins en bon état de marche). Les protéines d’origine végétale Contrairement aux protéines d’origine animale, les protéines d’origine végétale produisent lors de leur dégradation des acides volatils dits «  faibles  », comme l’acide citrique, l’acide oxalique ou l’acide pyruvique, éliminé à 90  % par les poumons (d’où l’intérêt de bien respirer et de faire de l’exercice physique régulièrement). Comment apparaît l’acidose ?

Comme pour n’importe quelle autre substance, la concentration d’ion H+ dans l’organisme ne reste stable (équilibre acido-basique) que si les entrées sont égales aux sorties. Or, l’acidose se développe à partir de l’alimentation, lorsque celle-ci apporte en excès des aliments acidifiants et pauvres en nutriments essentiels. À cela peuvent s’ajouter une faiblesse métabolique et une capacité insuffisante d’élimination des ions H+, dont l’accumulation dans l’organisme engendre un certain degré d’acidose tissulaire. C’est le terrain « acide ». Lorsque les mécanismes de compensation sont dépassés (système tampon), la persistance de cette acidose engendre une déminéralisation du tissu conjonctif, en particulier des muscles, des os, des vaisseaux sanguins et des viscères. Cet affaiblissement structurel se fait très lentement au fil des années. Il fragilise pourtant bel et bien l’organisme, et on n’en perçoit les conséquences que lors des complications visibles (fractures, tendinite, douleurs). Par ailleurs, les échanges cellulaires étant perturbés, le terrain acide favoriserait les maladies dégénératives et de système (arthrose, troubles neurologiques, cancer, maladies cardio-vasculaires).

RESTAUREZ VOTRE ÉQUILIBRE ACIDO-BASIQUE ! Nous avons vu que la candidose se développe en milieu acide. C’est vrai en surface comme en profondeur. En naturopathie, le rétablissement d’un bon équilibre acido-basique dans le corps est une condition indispensable pour combattre C.  albicans. L’enquête alimentaire réalisée auprès d’une personne atteinte de candidose cherche à reconnaître si l’alimentation est « acide », c’est-à-dire riche en protéines animales (viande, poisson, fromage, œufs) et pauvre en fruits et légumes. Cela débouche sur des recommandations

alimentaires qui visent non pas à supprimer tous les aliments acidifiants, mais à les réduire et à les compenser par une consommation accrue d’aliments alcalinisants (fruits et légumes). L’apport en eau bicarbonatée Dans la prise en charge globale de la candidose, la constatation d’un apport malgré tout insuffisant en végétaux alimentaires amène à conseiller une complémentation en eaux minérales bicarbonatées (Hépar®, Courmayeur®, Badoit®, Donnat MG®…). Riches en bicarbonate de sodium (2  989  mg/l pour Vichy Célestins® et 4  368  mg/l pour Saint-Yorre ®), elles combattent les aigreurs, les brûlures d’estomac et les remontées acides sans risque d’hypertension artérielle (contrairement au chlorure de sodium, également acidifiant). Les minéraux Il est également possible d’apporter des minéraux (pour compenser les pertes rénales) sous forme de compléments alimentaires riches en citrates de calcium, de magnésium et de potassium (en matière d’alcalinisation, un citrate vaut trois bicarbonates). Ces ions intracellulaires protègent les cellules et les tissus conjonctifs. ■ Comment les utilise-t-on ? Les traitements reminéralisants et alcalinisants se prennent par voie orale en continu ou 6 jours par semaine (pause le dimanche), pendant au moins 3 mois. Prenez par exemple Enabiane® (PiLeJe) ou Equisantum® fort (LPEV), sous forme de sachet à mettre dans un 50  cl à 1  l d’eau à

boire dans la journée, ce qui améliorera votre hydratation. Si les gélules à avaler ne vous rebutent pas, prenez de 2 à 4 gélules d’Ergybase® (Nutergia) ou de 6 à 9 gélules par jour d’Acido Base Nut® (D.Plantes). Un soin en complément : la détoxication intestinale Citons, parmi les pratiques naturopathiques de détoxication, la possibilité de recourir à l’hydrothérapie du côlon. Ce lavement version moderne consiste à introduire une canule dans le rectum pour acheminer dans le gros intestin de l’eau tiède, à laquelle on ajoute parfois des extraits de plantes ou des probiotiques. Ce nettoyage aurait des vertus positives pour éliminer les toxines intestinales. En pratique, de nombreuses personnes atteintes de candidose digestive en ressentent le bénéfice, à condition de réserver sa pratique à des opérateurs dûment formés et compétents (infirmière, sage-femme, naturopathe spécialisé), et de limiter cette technique à une séance par an, plus rarement deux. Au-delà, il existe un risque réel de déséquilibrer les bonnes bactéries intestinales et d’irriter la muqueuse. Évitez l’oxydation des tissus L’alimentation : un facteur possible d’oxydation Veillez à écarter ou à modérer la consommation d’aliments raffinés, les préparations industrielles, les sodas, les sucreries, les viandes rouges, les abats… En résumé, mangez autant que possible bio et sain, notamment des fruits et des légumes ! Ces derniers sont non seulement alcalinisants et reminéralisants, mais aussi antioxydants, ce qui permet de lutter contre le stress

oxydatif (lié à la production de radicaux libres toxiques pour les cellules), qui agresse les tissus de l’organisme, accélérant leur vieillissement. Outre la complémentation en vitamines, en minéraux et en extraits végétaux antioxydants (voir ici), modifiez votre alimentation dans un but de réduire l’oxydation et non de l’aggraver. Les autres facteurs aggravants à surveiller La naturopathie insiste sur les autres facteurs aggravants, comme le manque de sommeil, le surmenage, le stress mal géré, la sédentarité, l’exposition à des substances toxiques (tabac, alcool, pollution, médicaments, vaccins, métaux lourds) ou à un environnement agressif (bruit, manque de lumière, conflits interhumains), autant d’éléments sur lesquels il est nécessaire d’agir sur le fond. Dans le même ordre d’idées, il ne faut pas négliger les troubles fonctionnels que l’on va analyser et traiter dès leur apparition par des moyens naturels, et traiter le terrain au cours des pathologies chroniques et du vieillissement, de manière à combattre l’acidification et l’oxydation de l’organisme.

Les traitements homéopathiques pour rétablir le terrain Une autre approche de terrain peut vous aider si vous souffrez de candidose chronique  : l’homéopathie, autre mode alternatif ou complémentaire aux médicaments de synthèse, que l’on peut associer (mais certainement pas substituer  !) aux traitements de phytoaromathérapie et de micronutrition. Le grand avantage de

l’homéopathie est son absence d’effets secondaires et de contreindications. Basée sur l’expérimentation et sur le principe de similitude, selon lequel similia similibus curantur, «  les semblables sont guéris par les semblables  », cette thérapeutique ancestrale fait appel à des substances d’origine végétale, animale, minérale ou chimique diluées à dose infinitésimale. L’intention est de traiter l’intégralité des troubles ressentis par le malade en choisissant le remède homéopathique de manière personnalisée. Certaines substances non diluées capables de provoquer des symptômes chez un sujet sain peuvent, à dose infinitésimale, soulager un sujet malade. C’est fondamentalement différent de la phytothérapie, qui n’utilise que les plantes, et seulement à dose pondérale (de l’ordre du gramme ou plus).

LE TRAITEMENT GÉNÉRAL EN CAS DE CANDIDOSE Un remède homéopathique spécifique s’offre à vous pour soulager une poussée de mycose cutanée ou digestive : MONILIA ALBICANS. MONILIA ALBICANS Le remède MONILIA ALBICANS (Boiron®), anciennement prénommé CANDIDA ALBICANS, s’utilise en monodoses croissantes de 5 CH, 7 CH, 9 CH, 12  CH, 15 CH et 30 CH, tous les 15 jours en cas de candidose digestive ou de mycose persistante des ongles et de la peau (en particulier de perlèche et d’atteinte des plis) : une dose de 5 CH, puis, 15 jours après, une dose de 7 CH, etc., sur une durée totale de 3 mois. En cas de muguet, d’atteinte digestive et de candidose génitale, le protocole suivant peut être adopté  : MONILIA ALBICANS D8 ampoules,

une prise trois fois par jour pendant 15 jours, puis deux fois par jour durant 15 jours, puis une fois le matin pendant 1 mois. Gardez en bouche plusieurs minutes pour une meilleure absorption et évitez d’absorber des substances astringentes (café, tabac, camphre, menthe et camomille) dans la demi-heure précédant la prise. Complétez avec la prise du même remède une fois par semaine en dose de 9 CH, puis de 15 CH, pendant 3 mois pour chaque dilution.

LES TRAITEMENTS LORS D’UNE MYCOSE VAGINALE La plupart des remèdes homéopathiques ciblent les atteintes génitales… CANDIDINUM 9 CH Cette dilution de CANDIDA se prend matin et soir (3  granules) en période aiguë de mycose vulvo-vaginale. Relayez avec une dose tous les 15 jours pendant plusieurs mois. HELONIAS DIOICA À prendre en 5 CH, 5 granules deux fois par jour jusqu’à guérison : cet incontournable des candidoses génitales est adapté en cas de pertes vaginales épaisses, grumeleuses et irritantes, avec aspect de lait caillé, surtout dans un contexte de surmenage physique et psychique, grossesse, fausse couche, chez une femme fatiguée et déprimée, obsédée par son utérus (qui occupe autant le corps que l’esprit). SEPIA 5 CH

À prendre 5 granules trois fois par jour jusqu’à guérison  : grand remède féminin, ciblé sur l’utérus et la région génitale, en particulier en cas de sécheresse vaginale, de déficit hormonal ovarien, de pesanteur de la zone utérine, d’intolérance aux traitements hormonaux, de vaginite, de mycose vaginale récidivante. SEPIA convient surtout à une femme maigre, lasse, triste et découragée, alternant hyperactivité et dépression, à la libido en panne, volontiers constipée et migraineuse. On monte la dilution de SEPIA à 15  CH, une fois par semaine en cas de pertes blanches irritantes avec démangeaisons et douleurs lors des rapports sexuels. Ce remède agit également sur les atteintes cutanées. HYDRASTIS 5 CH C’est le remède des infections des muqueuses, notamment génitales, avec sensations de brûlure et présence de sécrétions jaunâtres, épaisses, visqueuses et filantes, surtout en cas de grande faiblesse et de fatigue intense, avec pâleur du teint, maigreur et baisse des défenses immunitaires. À prendre trois ou quatre fois par jour jusqu’à guérison.

LES AUTRES MÉDICAMENTS HOMÉOPATHIQUES À ASSOCIER Voici d’autres traitements qui peuvent compléter les précédents, en fonction de vos symptômes…

Pertes vaginales irritantes au caractère abondant, transparentes, filantes, similaires à du blanc d’œuf cru, avec présence de petites ulcérations blanches (comme des aphtes) au niveau de la vulve.

BORAX 9 CH

5 granules trois fois par jour.

Démangeaisons et œdèmes brûlants.

APIS MELLIFICA 15 CH

5 granules toutes les 30 minutes.

Démangeaisons et brûlures de la vulve. À prendre systématiquement quand la vulve est rouge.

BELLADONNA 9 CH

5 granules de trois à cinq fois par jour.

Lorsque les pertes irritent et démangent, qu’elles sont jaune verdâtre.

MERCURIUS

Congestion vulvaire avec douleurs et brûlures. Également indiqué dans les mycoses cutanées.

MERCURIUS

Pertes de couleur marron, sensation d’épines, ulcération possible avec saignement du col au moindre contact.

NITRICUM ACIDUM 7 CH

3 granules trois fois par jour jusqu’à amélioration.

Envies pressantes d’uriner, démangeaisons avec pertes jaunâtres malodorantes irritant les petites lèvres.

KREOSOTUM

3 granules trois fois par jour.

Pertes vaginales blanches et laiteuses avec prurit intense et sensation de brûlures vulvaires.

SILICEA 30 CH

9

5 granules trois fois par jour pendant la poussée de mycose.

CORROSIVUS

5 granules trois fois par jour tant que le problème persiste.

SOLUBILIS

CH

15 CH

5 CH

1 dose semaine.

par

Selon le terrain et les circonstances, ajouter, à raison d’une dose par semaine durant 3 mois : MEDORRHINUM 15 CH en cas de traitements antibiotiques répétés avec mycoses récidivantes ;

PSORINUM 15 CH, devant des infections urinaires et gynécologiques récidivantes et décourageantes ; PULSATILLA 15 CH, lorsqu’il existe des pertes abondantes mais peu irritantes, dans un contexte de trop grande hygiène, un goût prononcé pour le sucré.

Bon à savoir Les localisations mycosiques cutanées peuvent être soulagées par l’application deux fois par jour de teinture mère de CALENDULA sur la zone irritée.

L’ISOTHÉRAPIE (ISOPATHIE) CONTRE LA CANDIDOSE C’est une branche de l’homéopathie, mais cette biothérapie se différencie par le fait qu’elle traite par l’identique au lieu du semblable. Pour traiter ou prévenir un état pathologique, on utilise, à dose atténuée, la même substance qui est la cause de celui-ci. C’est donc une application particulière de la loi d’identité. Les remèdes correspondants peuvent s’utiliser en complément au cours du traitement de fond de la candidose, par exemple lors d’une pause sur les autres remèdes. Leur usage est laissé à l’appréciation du thérapeute qui les conseille. Ainsi, le laboratoire Sanum 80 propose des traitements de fond isopathiques pour la candidose chronique, à prendre habituellement pendant 3 mois. Le plus connu est Albicansan® D4 capsules, qui contient une trituration de C. albicans dilué à la quatrième décimale : vous en prendrez 1 ou 2 capsules par jour, en une prise. Ce remède existe aussi en gouttes buvables, en ampoules injectables, en gélules, en pommade, et en suppositoires rectaux et vaginaux. D’autres produits sont disponibles :

Pefrakehl® D4 (à base de C. parapsilopsis), pour les atteintes des orifices cutanéo-muqueux ; Fortakehl® D4 (à base de Penicillium roqueforti), pour les localisations vaginales, cutanées et digestives ; Exmykehl® D4 (association des trois préparations précédentes), pour les colites et les vaginites, par suppositoire. Ces préparations sont vendues en Suisse ou en Allemagne. En France, il faut les commander sur Internet. Dans le même ordre d’idée, les auto-isothérapiques peuvent être considérés comme des auto-vaccins. Ils se préparent à partir d’un prélèvement provenant du malade lui-même  : salive, sécrétions vaginales, selles, squames, croûtes… Ils s’utilisent dilués en 5D, 7D ou 9D (la première dilution liquide doit être stérilisée). Ils sont interdits en France depuis l’affaire de la vache folle et du sang contaminé (qui a proscrit les remèdes fabriqués à partir de prélèvements humains ou animaux)  ; certains naturopathes préconisent soit de les commander auprès de laboratoires étrangers, soit de les fabriquer soi-même 81. À titre personnel, je privilégie les traitements distribués en pharmacie et je ne fais pas usage de l’isothérapie.

Optimiser les processus d’adaptation au stress sur le long terme Il est indispensable de s’occuper du terrain non seulement pour combattre le candida, mais aussi pour renforcer les capacités de défense et d’adaptation de l’organisme (allostasie  ; voir ici) et pour limiter les conséquences de l’infection fongique (voir chapitre III). La prise en compte de cette approche ne fait pas seulement appel aux

notions naturopathiques et homéopathiques. Elle touche aux fondamentaux mêmes de toute bonne approche clinique complète et globale, telle qu’on devrait l’appliquer en toutes circonstances en médecine intégrative pour traiter les troubles fonctionnels des grands systèmes de régulation physiologique d’adaptation. Ce travail de fond est accessible à l’automédication (à condition d’être un bon juge de soi-même…) ou avec les conseils du naturopathe, mais reste mieux encadré et conduit sous l’égide d’un médecin formé à la phytothérapie médicale. La pharmacologie végétale règne en maître pour agir efficacement sur ces processus d’adaptation au stress, dont la préservation est capitale au cours de la candidose chronique. Nous avons vu que celle-ci peut entraîner de nombreux troubles fonctionnels, comme des troubles neuropsychiques, de la fatigue persistante, de l’épuisement, des douleurs, des troubles immunitaires (infections à répétition, allergies, maladies auto-immunes) et des perturbations endocriniennes. Inversement, tout déséquilibre sur ces grandes fonctions immuno-neuro-endocrinienne doit être identifié et traité.

RÉGULER L’ACTION DU CORTISOL, L’HORMONE DU STRESS Sur le plan neuro-endocrinien, la priorité est d’agir sur ce que les médecins appellent l’axe corticotrope, c’est-à-dire sur le cortisol sécrété par les glandes surrénales et sa régulation centrale (hypothalamus et hypophyse, deux structures cérébrales). Véritable hormone du stress (sous toutes ses formes), le cortisol est chargé de mobiliser les réserves énergétiques et le système immunitaire, notamment pour réguler l’inflammation, de façon à faire face à toutes les agressions de l’organisme.

Dans le syndrome de fatigue chronique lié à la candidose, il faut agir sur l’excès répété de sécrétion de cortisol (hypercorticisme fonctionnel), qui épuise l’organisme, au risque de se retrouver après des années d’évolution vers une insuffisance de sécrétion, générant fatigabilité et infections à répétition. Pour prévenir l’épuisement : rhodiole, ginseng, éleuthérocoque et ginkgo biloba Entrent en lice les plantes adaptogènes (voir ici), qui régulent cette sécrétion et préviennent le risque d’augmentation excessive de cortisol. La rhodiole, le ginseng, l’éleuthérocoque, le ginkgo biloba sont les plantes phares dans cette indication  : elles protègent le cerveau contre l’excès de cortisol qui dégrade les neurones à petit feu, générant dépression et troubles cognitifs (mémoire, attention, concentration). ■ Comment les utilise-t-on ? Le mélange d’extraits de plantes fraîches standardisés (EPS) rhodioleginseng-ginkgo s’utilise à parts égales à raison de 10 à 15 ml le matin dans de l’eau, à prendre en cure de 3 mois renouvelable. En cas de fatigue profonde : réglisse et guarana Lorsque le cortisol s’est effondré (fatigue profonde, chute de tension artérielle, incapacité de faire face à la vie courante), on retrouve la réglisse. Déjà plébiscitée pour ses propriétés antifongiques, elle amplifie l’action du cortisol, protège et détoxique le foie, réduit l’inflammation, répare les lésions des muqueuses, notamment

intestinales, et régule l’immunité (en particulier en cas de maladie auto-immune). Lorsque la fatigue prédomine, on l’associe volontiers au guarana. ■ Comment les utilise-t-on ? Prenez ces plantes sous forme d’EPS réglisse-guarana ââ qsp 150 ml, à raison de 5 à 10  ml dans de l’eau à boire le matin, en cure de 1 mois renouvelable. En cas de perturbations neuropsychiques : rhodiole et safran Si cela s’accompagne d’une véritable inflammation cérébrale à bas bruit, des perturbations des neurotransmetteurs et des altérations structurelles du tissu conjonctif nerveux, le recours aux extraits de plantes neuroprotectrices et antidépressives s’impose. Dans ce cas, outre la rhodiole, qui répond à ces critères, on fait appel au safran. ■ Comment les utilise-t-on ? Prenez-en à raison de 30 mg (dose requise pour être aussi efficace 82 que la fluoxétine, alias le Prozac®), dans le mélange Phytostandard® rhodiole-safran (2 comprimés le matin) ou mélangé avec du bacopa et du guarana dans la spécialité Mémobiane® Protect (PiLeJe)  : 1 comprimé le matin.

Bon à savoir Le millepertuis, dont la prescription doit être réservée aux médecins afin de gérer au mieux les possibles interactions médicamenteuses (par exemple, il est à éviter avec les anticoagulants ou les médicaments du sida), est la plante de choix pour traiter les signes et les mécanismes de la dépression associée à la candidose chronique.

En cas de perte de vitalité et de motivation : mucuna Lorsque la candidose s’accompagne d’un «  démarreur  » en panne (dopamine faible, avec manque d’envie, de motivation, de plaisir de vivre), le mucuna, riche en L-dopa, précurseur de la dopamine, est la plante de choix, à utiliser seule ou associée à une plante complémentaire. ■ Comment l’utilise-t-on ? Prenez la plante sous forme d’EPS, par exemple mucuna-millepertuis ââ qsp 150 ml, à raison de 5 à 10 ml dans un peu d’eau le matin, en cure de 3 mois renouvelable. En cas de dépression, d’irritabilité et d’anxiété : griffonia, passiflore et valériane Lorsque la dépression ou la mauvaise gestion du stress est principalement en relation avec des freins qui marchent mal (sérotonine faible, avec irritabilité, colère, impatience, impulsivité, état de dépendance notamment aux aliments sucrés), il faut se tourner vers le griffonia (riche en 5HTP, précurseur de la sérotonine). ■ Comment l’utilise-t-on ?

Vous pouvez prendre le griffonia sous forme d’extrait de plante fraîche standardisé, soit en gélules (Phytostandard®, 2 gélules de une à trois fois par jour), soit sous forme liquide en préparation d’EPS, en mélange avec une autre plante de détente nerveuse (active sur l’acide γ-aminobutyrique, ou GABA, un neurotransmetteur qui calme le système nerveux central). On associe ainsi le griffonia avec de la passiflore, plante apaisante, en cas d’agitation anxieuse avec hyperactivité dans la préparation EPS passiflore-griffonia ââ qsp 150 ml, à prendre à raison de 5  ml le soir (voire le matin, le midi et le soir) dans de l’eau, en cure de 3 mois renouvelable. On l’associe avec la valériane (plante tranquillisante, pour traiter les tensions intériorisées et les contractures musculaires) en cas de rumination anxieuse avec angoisse, sensation d’oppression, sommeil perturbé, douleurs tendino-musculaires, dans la formule EPS valériane-griffonia ââ qsp 150 ml, à prendre à raison de 5 ml matin et soir dans de l’eau, voire aussi à midi, en cure de 3 mois renouvelable. En cas de sommeil perturbé : passiflore, valériane et eschscholtzia Passiflore ou valériane peuvent suffire en fonction des symptômes précités. ■ Comment les utilise-t-on ? Sous forme d’EPS, à prendre à raison de 5 à 10  ml le soir, ou de gélules Phytostandard®, à raison de 2 à 4 gélules le soir. En cas de résultats insuffisants ou pour obtenir une action plus forte, n’hésitez pas à ajouter de l’eschscholtzia (pavot de Californie) le soir.

■ Comment l’utilise-t-on ? Prenez de 2 à 4 Arkogélules® (Arkopharma) ou de 2  à 4 gélules de Phytostandard® eschscholtzia (PiLeJe). En cas de désynchronisation des rythmes biologiques : mélatonine Chez les personnes épuisées et désynchronisées, réguler le sommeil est fondamental, de même que favoriser un endormissement à heure fixe et raisonnable. Le recours à la mélatonine est généralement indispensable, surtout après 60 ans, car il y a baisse importante de sa sécrétion de mélatonine après cet âge. ■ Comment l’utilise-t-on ? On en prend généralement de 1 à 2 mg entre 30 minutes et 1 heure avant le coucher. Choisissez parmi les compléments suivants : Circadin® 2 mg (Biocodex), à libération prolongée ; Chronobiane® LP (PiLeJe) 1  mg de mélatonine par comprimé, à libération immédiate et prolongée, avec magnésium marin et vitamines D et E ; mélatonine Nuit Paisible® (Valdispert), 1  mg de mélatonine par comprimé avec citrate de magnésium.

TRAITER UN ÉVENTUEL RALENTISSEMENT DE LA FONCTION THYROÏDIENNE

Toujours sur le plan endocrinien, il est indispensable de traiter le moindre ralentissement de la fonction thyroïdienne (notamment lorsque la TSH sanguine, l’hormone hypophysaire qui pilote la

thyroïde, se trouve dans la partie haute des valeurs normales, entre 3 et 4,2 mUI/l), sans attendre de passer à l’hypothyroïdie décompensée, qui requiert le recours à un traitement substitutif par des hormones thyroïdiennes (Levothyrox®, Euthyral®) relevant de la prescription médicale exclusive. Si cela est nécessaire, ajoutez à votre traitement général un extrait standardisé d’avoine, pour relancer la thyroïde et agir sur la fatigue intellectuelle. ■ Comment l’utilise-t-on ? Sous forme d’EPS avoine qsp 150 ml, à prendre à raison de 5 à 15 ml par jour, en cure de 3 mois renouvelable. En cas de déficit en iode (iodurie basse) : Laminaria digitata L’apport par l’alimentation ne suffit pas, et il faut supplémenter en algues riches en iode : on fait appel à Laminaria digitata. ■ Comment l’utilise-t-on ? Prenez par exemple : Iode Marine (Lescuyer®) ou à I Biane® (PiLeJe), à raison de 150  µg par comprimé, ce qui correspond à l’apport quotidien recommandé. La posologie nécessaire est de 1 à 4 comprimés en fonction de l’iodurie, avec un minimum de 1 comprimé par jour en l’absence de dosage.

Attention Pour favoriser le travail de synthèse hormonale, n’oubliez pas de garantir des apports optimaux en protéines, en fer, en zinc et en sélénium, de façon à éviter tout déficit.

EN CAS DE DÉFICIT EN ŒSTROGÈNES Celui-ci favorise la candidose, tant génitale que digestive. Avant la ménopause : sauge sclarée Soutenez la sécrétion ovarienne grâce à la sauge sclarée. ■ Comment l’utilise-t-on ? Toujours en extrait de plante fraîche standardisé (EPS) : de 5 à 10 ml dans de l’eau, du premier jour des règles jusqu’au quinzième jour du cycle (c’est-à-dire l’ovulation). Cette plante permet en outre de régulariser le cycle. Après la ménopause : alfalfa, houblon et graine de lin Recourez aux plantes riches en phyto-œstrogènes, comme l’alfalfa (également très reminéralisante) ou le houblon (aussi apaisante et très active sur les bouffées de chaleur). ■ Comment les utilise-t-on ? Prenez 5 à 10 ml par jour d’EPS, en continu ou 5 jours par semaine.

Les spécialités à base de graine de lin, riches en lignanes, sont également dignes d’intérêt. ■ Comment les utilise-t-on ? Choisissez parmi Linopause® (LPEV), Triolinum Fort® (Nutreov), Lignalin® (D.Plantes), Graine de Lin Houblon (Vitarmonyl) ou Lin (Phytaflor), à prendre à raison de 1 à 2 gélules ou capsules par jour.   Ces différentes formulations s’utilisent au cas par cas, de manière individualisée, en fonction des circonstances et des besoins de chacun. Elles complètent les associations de plantes déjà recommandées (voir chapitre  5) pour renforcer le système immunitaire, tant sur le plan général que sur le plan local et pour agir sur le couple foie-intestin.

Pour conclure Si vous êtes confronté à un problème de candidose chronique (ou si vous le suspectez), n’hésitez pas à consulter un médecin phytothérapeute (voir carnet d’adresses). Du local au global, de nombreuses étapes sont à traverser pour retrouver le sourire face à C. albicans. Franchissez-les avec méthode et application. Au fur et à mesure des victoires remportées, même si vous concédez quelques défaites (lors de récidives), vous constaterez la véracité de ces vers de La Fontaine  : «  Patience et longueur de temps / Font plus que force ni que rage 83. » À rapprocher d’un autre vers du génial poète : « Plus fait douceur que violence 84. » En matière de traitement de la candidose, on ne saurait dire mieux.

Conclusion

La candidose : il faut surtout y penser, si on veut ensuite l’oublier À l’issue de ce voyage dans les contrées inhospitalières de la candidose, il nous faut conclure, et constater que la candidose n’est pas à prendre à la légère. Quiconque voit sa santé altérée par le développement pathogène du Candida (qu’il soit albicans ou une autre de ses espèces) comprend vite qu’il ne peut négliger ici la menace de récidive, là l’agression permanente qu’il subit. Comme cet agent pathogène avance masqué, vous ne l’avez peut-être pas vu venir, ni reconnu quand il s’attaquait à votre derme ou lorsqu’il colonisait petit à petit vos muqueuses. Par expérience, je sais que le diagnostic de la candidose chronique est souvent tardif, alors que celui de mycose vaginale ou cutanée pose en général peu de problèmes, si ce n’est qu’elle est parfois confondue avec d’autres maladies infectieuses ou dermatologiques. Connaître l’ennemi, déjouer ses tactiques, prévenir le risque, développer des stratégies offensives et défensives, travailler la logistique et renforcer l’arsenal thérapeutique, autant de nécessités qui empruntent à un vocabulaire guerrier, lequel n’a pas d’autre

intention que de vous mobiliser, pour gérer tant le risque que la réalité de l’infection candidosique. Que celle-ci soit faible ou intense, discrète ou expressive, coup de semonce ou début d’une agression durable, isolée ou associée à des co-infections et à d’autres problèmes de santé, vous devez dans tous les cas prendre la mesure du problème et vous donner les moyens pour comprendre les enjeux et mettre en place des solutions concrètes et pratiques pour aller à l’essentiel, sans dépenser plus d’énergie qu’il n’en faut pour venir à bout du problème.

PRÉVENIR, INTERVENIR, CONSOLIDER Employez les moyens nécessaires (les petits autant que les grands) et, par cette médecine que certains qualifient de «  douce  » et que je préfère nommer «  médecine alternative et complémentaire  » (MAC) 85, cessez de vous faire violence par un usage exclusif ou inapproprié de molécules chimiques. Tirez parti du fantastique potentiel de la phytothérapie médicale et de l’aromathérapie, des probiotiques et de nombreux compléments alimentaires modificateurs de terrain. Très utiles en première intention dans un grand nombre de cas, les traitements conventionnels sont indispensables au cours des candidoses systémiques, qui restent grevées d’une lourde mortalité. Efficaces en début de prise en charge au cours des atteintes locales de l’infection fongique, les antimycosiques de synthèse n’ont d’intérêt que s’ils sont relayés par une énergique action de terrain, qui passe par des mesures d’hygiène de vie, des modifications du comportement et de l’alimentation, et la mise en place de solutions efficaces et éprouvées pour renvoyer le candida à son pré carré intestinal d’origine. Vous ne pourrez jamais le détruire, mais lui peut

vous anéantir. Ce scénario catastrophe n’arrivera pas si vous adoptez la « juste attitude » : prévention, intervention et consolidation sont les trois mots d’ordre à retenir. Medicus curat, natura sanat, «  le médecin soigne, mais c’est la nature qui guérit »… à condition de retrouver le génie de la nature et de n’être ni ingénu ni candide face aux risques de la candidose. Finalement, en défiant nos capacités d’adaptation, Candida nous lance un défi  : rien n’est acquis sur cette terre, la bonne santé pas plus que le reste. Préservons-la en restaurant chaque fois que nécessaire l’équilibre de vie, en nous-mêmes et dans la relation avec notre environnement.

ANNEXE

Tous les traitements anticandidose

Le tableau ci-après synthétise l’ensemble des solutions disponibles pour traiter les aspects locaux et généraux de la candidose, tant au niveau des causes qu’au niveau des conséquences. Le détail de ces traitements est abordé au cours des chapitres  IV, V et  VI de cet ouvrage.

Les traitements conventionnels

Les mesures d’hygiène de vie

Les traitements naturels de la candidose (pour  combattre les manifestations aiguës, empêcher les récidives, prévenir ou traiter la candidose chronique)

Antimycosiques d’action locale

Traitements locaux imidazolés

Antimycosiques d’action digestive mais non systémique

Nystatine, amphotéricine miconazole

Antimycosiques systémique

Fluconazole, flucytosine

d’action

B,

itraconazole,

La toilette quotidienne Le port de vêtements et de chaussures Le linge L’hygiène intime L’hygiène buccale Lutter contre fongique

l’infection

Phytothérapie • 1re  intention  : curcumaréglisse • À visée digestive  : noyer, mélisse • À visée gynécologique  : alchémille, échinacée • À visée cutanée : bardane Aromathérapie • 1re intention : origan, giroflier, cannelle, citron • Autres : ravintsara, géranium, sauge, laurier noble, manuka, thym à carvacrol et arbre à thé

Renforcer l’immunité et l’état général

Phytothérapie • 1re  intention  : échinacée et astragale • Plantes associées  : cyprès, sureau, ginseng, réglisse • Autres plantes ou produits naturels secondaires  : gelée royale, cordyceps, schisandra, ashwaganda, champignons adaptogènes Micronutrition

Vitamines (surtout A, C, D), minéraux, acides aminés, acides gras et substances antioxydantes

Candidose et terrain  : pour une prise en charge globale

Restaurer les  fonctions intestinales (inflammation, hyperperméabilité)

• Probiotiques spécialisés • Prébiotiques (FOS, inuline) • Nutriments réparateurs  : Lglutamine, psyllium blond, Nacétylglucosamine, huile de riz, chlorophylle

Autres produits naturels complémentaires d’action globale sur la candidose

Gel d’aloe vera, acide caprylique, lapacho, berbérine, ail, Pseudowintera colorata, biotine, huile d’olive, propolis, bicarbonate de soude, camomille, acide tannique, huile d’arbre à thé

Rééducation alimentaire

• Régime anti-candidose • Régime d’épargne digestive • Régime des intolérances et des hypersensibilités alimentaires (pauvre en FODMAP)

Soigner le foie et restaurer une bonne digestion en phytothérapie

• Artichaut, radis noir, chardonMarie • Curcuma, réglisse • Pissenlit, fumeterre • Extrait d’ananas et de papaye

L’approche naturopathique

• Le terrain acide • L’équilibre acido-basique

Les homéopathiques

• Le traitement général  : MONILIA ALBICANS • Les traitements lors d’une mycose vaginale • Les autres médicaments homéopathiques

traitements

• L’isothérapie (isopathie) Optimiser les processus d’adaptation au stress sur le long terme

• Réguler l’action du cortisol, l’hormone du stress, avec les plantes adaptogènes  : rhodiole, ginseng, éleuthérocoque, ginkgo biloba • Fatigue : réglisse, guarana • Dépression : rhodiole, safran. millepertuis, mucuna, griffonia • Anxiété : passiflore, valériane • Sommeil  : eschscholtzia mélatonine • Ralentissement de la fonction thyroïdienne : avoine, algues • Déficit en œstrogènes : sauge sclarée, graine de lin, houblon, alfalfa

Carnet d’adresses Pour consulter un médecin phytothérapeute Contactez l’Institut européen des substances végétales (www.iesv.org). Cette association (loi de 1901) regroupe plus de huit cents adhérents, tous professionnels de la santé, parmi lesquels de nombreux médecins et pharmaciens. Pour consulter un médecin micronutritionniste Consultez l’Institut européen de diététique et micronutrition (IEDM) : http://www.iedm.asso.fr Pour des idées de menus ou des recettes dans le cadre d’un régime anti-candida Quelques sites spécialisés : www.lyme-sante-verite.fr/fs/Root/ddydsTraitement_candidose_chronique.pdf www.regimesante.net/candida-albican/regime-anti-candidaalbican

http://fr.pinterest.com/explore/recettes-anti-candida939385706721

Notes et références 1. Dr  Thierry Schmitz, «  La candidose chronique  : une maladie insidieuse et mal diagnostiquée », Alternative Santé no 18, novembre 2014. 2. http://www.phac-aspc.gc.ca/lab-bio/res/psds-ftss/msds30f-fra.php (accès le 8-92017). 3. « Prevalence of oral lesions in persons with HIV and associated factors in a southern Brazilian city  », Gasparin AB, Ferreira FV, Danesi CC, Mendoza-Sassi RA, Silveira J, Martinez AM, Zhang L, Cesar JA, Cad Saude Publica, 2009 Jun; 25(6): 1307-15. 4. «  Mycoses profondes et transplantation  », Florence Robert-Gangneuxa, Brigitte Degeilha, Sylviane Chevriera, Claude Guiguena, Jean-Pierre Gangneuxa, Revue francophone des laboratoires, juin 2008, no 403, 41-48. 5. Brinkert F, Sornsakrin M, Krebs-Schmitt D, Ganschow R. «  Chronic mucocutaneous candidiasis may cause elevated gliadin antibodies  », Acta Paediatr., 2009 Oct; 98(10): 1685-8. Epub 2009 Jun 22. 6. Dr  Véronique Nguyen, «  Maladie de Crohn  : une levure aggraverait la maladie via l’acide urique », le Quotidien du médecin, 9-3-2017. 7. Sendid B., « Glycannes pariétaux de levures et anticorps spécifiques », Med Sci (Paris), 25 5 (2009) 473-482. 8. Miles M.R. et al., « Recurrent vaginal candidiasis », JAMA, 1977, 238: 1836-1837. 9. Maleeha Aslam et col., « Vulvovaginal candidiasis in pregnancy », Biomedica, Vol. 24 Jan. Jun. 2008. 10. http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_272118/fr/prevention-antenatale-durisque-infectieux-bacterien-neonatal-precoce (accès le 8-5-2017). 11. EVANS AL and al. : « Prevalence of bacterial vaginosis in lesbians and heterosexual women in a community setting », Sex Transm Infect, 2007 Oct; 83(6): 470-5. 12. Sapiens, une brève histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari, Albin Michel, 2015. 13. http://www.ateliersante.ch/candida1_diagnostic.htm, consulté le 08/05/2017. 14. Je me sens mal, mais je ne sais pas pourquoi  : la candidose chronique, une maladie méconnue, Jouvence Santé, août 2011.

15. http://www.psychologuedutravail.com/wpcontent/uploads/2009/12/Questionnaire-BURN-OUT-Freudenberger.pdf. 16. Harry Sokol1, Fungal microbiota dysbiosis in IBD (Inflammatory bowel disease), http://gut.bmj.com/content/early/2016/02/03/gutjnl-2015-310746. 17. http://presse.inserm.fr/une-etude-met-en-evidence-une-nouvelle-cible-dans-letraitement-desmaladies-inflammatoires-chroniques-de-lintestin-le-microbiotefongique/22399/ (consulté le 10-5-2017). 18. Source : http://www.lab-cerba.com/pdf/0046F.pdf (accès le 10-5-2017). 19. Biesiekierski JR1, Newnham ED, Irving PM, Barrett JS, Haines M, Doecke JD, Shepherd SJ, Muir JG, Gibson PR., «  Gluten causes gastrointestinal symptoms in subjects without celiac disease: a double-blind randomized placebo-controlled trial.  », Am J Gastroenterol., 2011 Mar; 106(3): 508-14; quiz 515. doi: 10.1038/ajg.2010.487., Epub 2011, Jan 11. 20. « Humoral Immunity Links Candida albicans Infection and Celiac Disease », Marion Corouge et coll. (dont Daniel Poulain), PLoS One., 2015; 10(3): e0121776. Published online, 2015 Mar 20. 21. http://sfa.lesallergies.fr/sfa/mise-en-garde-contre-le-dosage-des-igg-anti-aliments (accès le 1-5-2017). 22. Colina A, Aumont RF, Deslauriers N, Belhumeur P, de Repentigny L., “Evidence for degradation of gastrointestinal mucin by Candida albicans secretory aspartyl proteinase”, Infect Immun., 1996; 64: 4514-9. 23. Naglik JR, Challacombe SJ, Hube B., “Candida albicans secreted aspartyl proteinases in virulence and pathogenesis”, Microbiol Mol Biol Rev., 2003; 67: 400-28. 24. CAMBIER L. et Coll., « Rôle des cellules Th17 dans les maladies infectieuses et autoimmunes », Ann. Méd. Vét., 2010, 154, 104-112. 25. Patrice Debré et Jean-Yves Le Gall, «  Le contrôle génétique des maladies infectieuses  : des lois de Mendel au séquençage de l’exome  », bulletin de l’Académie nationale de médecine, 2013, 197, no 1, 157-171, séance du 8 janvier 2013. 26. Les lymphocytes CD4 et CD8C, cellules tueuses naturelles (NK), qui font partie de l’immunité innée, constituent des prédateurs redoutables et hautement sélectifs  ; ils tuent les cellules tumorales ou infectées tout en épargnant les cellules saines. 27. Ce test traduit indirectement la présence d’H.  pylori. Cf.  http://agenceprd.ansm.sante.fr/php/ecodex/frames.php? specid=69494455&typedoc=N&ref=N0219177.htm. 28. http://invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Maladiesinfectieuses/Maladies-a-transmission-vectorielle/Borreliose-de-lyme/Points-sur-lesconnaissances (consulté le 14-5-2017). 29. http://www.reseauborreliose.fr/post/2013/05/13/Signes-multiples,-diagnosticflou,-traitement-n%C3% A9ant…-en-4-lettres-%3A-Lyme.c (accès le 14-5-2017).

30. https://www.lyme-santeverite.fr/Les_specialistes_de_la_maladie_de_Lyme.c.htm#Les_specialistes_de_la_maladi e_de_Lyme.c (accès le 14-5-2017). 31. Définition des probiotiques par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2001 : «  Micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé, au-delà des effets nutritionnels traditionnels. » 32. L’épigénétique (du grec ancien épí, « au-dessus de », et de génétique) est la discipline de la biologie qui étudie les mécanismes moléculaires qui modulent l’expression du patrimoine génétique en fonction du contexte (définition Wikipédia). 33. L’étiopathogénie est l’étude des causes et des facteurs d’une maladie. 34. http://www.inrs.fr/risques/psychosociaux/facteurs-risques.html (accès le 8-5-2017). 35. Préambule à la constitution de l’Organisation mondiale de la santé tel qu’adopté par la Conférence internationale sur la santé, New York, 19 juin-22 juillet 1946. 36. Lupien SJ, Fiocco A, Wan N, et al., « Stress hormones and human memory function across the lifespan », Psychoneuroendocrinology, avril 2005, vol. 30, no 3, 225-42. 37. https://naturavie.eu/index.php/fr/naturopathie/origine-et-fondements/item/3science-et-philosophie 38. http://www.em-consulte.com/en/article/156040 (accès le 8-5-2017). 39. http://eurekasante.vidal.fr/maladies/peau-cheveux-ongles/mycose-peau.html? pb=traitements (accès le 8-5-2017). 40. VIDAL France est une société du Groupe VIDAL entièrement consacrée à l’information sur les produits de santé et la sécurisation de la prescription. 41. http://campus.cerimes.fr/parasitologie/enseignement/candidoses/site/html/cours.pdf (consulté le 23-5-2017). 42. http://www.ameli.fr/assure/sante/themes/erytheme-fessier/reconnaitre-erythemefessier-nourrisson. 43. https://www.lllfrance.org/index.php? option=com_k2&view=item&id=990&Itemid=506 (consulté le 8-5-2017). 44. http://campus.cerimes.fr/parasitologie/enseignement/candidoses/site/html/cours.pdf 45. J.D. Soble et col. Maintenance Fluconazole Therapy for Recurrent Vulvovaginal Candidiasis, N Engl J Med, 2004; 351: 876-883 August 26,2004. 46. www.iesv.org. 47. “Glycyrrhizin improves the résistance of MAIDS mice to opportnistic infection of Candida albicans through the modulation of MAIDS – associated type 2Tcell responses”, Utunomiya T, Kobayashi M, Ito M, Pollard RB, Suzuki F. Cli.Immunol. 2000; 95(2): 14555. 48. Simon Martin, Vaincre la candidose, Modus Vivendi, 2009.

49. Viuda-Martos M, Ruiz-Navajas Y, et al. : « Functional properties of honey, propolis, and royal jelly”. J Food Sci. 2008 Nov; 73(9): R117-24. Review. 50. https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2006sa0359 Ra.pdf (accès le 5-6-2017). 51. http://www.iedm.asso.fr. 52. Colina AR, Aumont F, Deslauriers N, Belhumeur P, deRepentigny L.  Evi- JID 2001; 184 (15 October) Candida and Antibiotic-Associated Diarrhea 1069 dence for degradation of gastrointestinal mucin by Candida albicans secretory aspartyl proteinase. Infect Immun 1996; 64: 4514–9. 53. Gawronska A, Dziechciarz P, Horvath A, Szajewska H. “A randomized double-blind placebo-controlled trial of Lactobacillus GG for abdominal pain disorders in children”. Aliment Pharmacol Ther 2007; 25(2): 177-84 54. Coudeyras S.  et al., “Adhesion of human probiotic lactobacillus rhamnosus to cervical and vaginal cells and interaction with vaginosis-associated pathogens”, Infect. Dis. Gynecol., 2008, 549640. 55. Bifidobacterium lactis LA304, B.  bifidum LA803, B.  lactis LA804, B.  breve LA805, Lactobacillus acidophilus LA201, L. rhamnosus LA801, L.  gasseri LA806 et L.  acidophilus LA807. 56. Action sur la fatigue : “Reversal in fatigued athletes of a defect in interferon gamma secretion after administration of Lactobacillus acidophilus”. Clancy RL(1), Gleeson M, Cox A, et Al. Br J Sports Med. 2006 Apr; 40(4): 351-4. 57. Bifidobacterium longum LA 101, Lactobacillus helveticus LA 102, Lactococcus lactis LA 103, Streptococcus thermophilus LA 104. 58. «  Probiotiques et intestin irritable  : à propos d’une étude randomisée en double aveugle contre placebo sur l’efficacité du mélange de souches Lactibiane® Référence sur les symptômes associés à l’intestin irritable  », Sophie Drouault-Holowacz, Séverine Bieuvelet, André Burckel et Philippe Marteau, Méd. Nut., 2007, 43, 4: 157-160. 59. Le Quotidien du médecin, no 9586, page 7, du 6 juin 2017. 60. Bifidobacterium lactis LA 303, Lactobacillus acidophilus LA 201, Lactobacillus plantarum LA 301, Lactobacillus salivarius LA 302, Bifidobacterium lactis LA 304. 61. S.  Drouault-Holowacz et al.  : “Anti-inflammatory potential of the probiotic dietary supplement Lactibiane Tolerance: In vitro and in vivo considerations”, Clinical Nutrition, 2006; 25: 994-1003 62. Le Grand Livre des probiotiques et des prébiotiques, Danièle Festy, Quotidien Malin, 2014. 63. Gibson G.R. et al.  : “Selective stimulation of bifidibacteria in the human côlon by oligofructose and inulin”, Gastroenterology, 1995, 108: 975-982. 64. Miwa T. Lack of chronic toxicity or carcinogenicity of dietary N-acetylglucosamine in F344 rats. Food and Chemical Toxicology, Volume 47, Issue 2, February 2009, Pages 462471.

65. Bak YK. Effects of dietary supplementation of glucosamine sulfate on intestinal inflammation in a mouse model of experimental colitis. J Gastroenterol Hepatol. 2014 May; 29(5): 957-63. 66. http://candida-albicans.fr/antifongiques-naturels-pour-guerir-du-candida-albicans. 67. Modèle de tableau score-symptômes à consulter ici  : albicans.fr/comment-construire-votre-programme-anti-candida/

http://candida-

68. McCallion et al 1982. Planta Medica, vol 44, pp. 134-138. 69. http://www.kolorex.com/ (accès le 20-7-2017). 70. Les superantigènes sont des toxines de nature protéique capable de stimuler l’ensemble des lymphocytes T, entraînant une augmentation des concentrations en cytokines inflammatoires (IL-2, THNf-alpha, IFN-gamma), jusqu’à des niveaux toxiques. Consultez : http://dictionnaire.academie-medecine.fr/?q=superantig%C3%A8ne. 71. https://www.lanutrition.fr/bien-dans-son-assiette/le-potentiel-sante-desaliments/index-et-charge-glycemiques/tableau-des-index-glycemiques • http://www.centrereveil.com/documents/tableau_index_glycemique.pdf (accès le 5-62017). 72. Adapté pour http://www.diabetesgps.ca/fr/paving-your-path/choosing-the-righttypes-of-carbohydrates (accès le 2-7-2017) avec l’autorisation de : Foster-Powell K, Holt SHA, Brand-Miller JC. International table of Glycemic Index and Glycemic Load Values : AM J Clin Nutr. 2001; 76: 5-76 Yang Y et coll. Glycemic Index of Cereals and Tubers Produced in China. World J Gastroenterol 2006; 12: 3430-3. 73. https://www.valpiform.com/cuisiner-sans-gluten/les-farines-sans-gluten-sontnombreuses-comment-les-utiliser/ (accès le 5-6-2017). 74. http://foodintolerances.org/fr/teneur-des-aliments-en-fructane-et-fructooligosaccharides (accès le 5-6-2017). 75. http://www.ateliersante.ch/candida2_traitement.htm (accès le 7-6-2017). 76. http://www.lyme-sante-verite.fr/fs/Root/ddydsTraitement_candidose_chronique.pdf, ou bien http://www.regimesante.net/candidaalbican/regime-anti-candida-albican (accès le 5-6-2017). 77. https://fr.pinterest.com/explore/recettes-anti-candida- 939385706721 (accès le 5-62017). 78. Plus d’infos sur le site du Centre de recherche et d’information nutritionnelles (CERIN)  : http://www.cerin.org/actualite-scientifique/regime-pauvre-fodmaps-pourreduire-troubles-fonctionnels-intestinaux.html (accès le 5-6-2017). 79. Vous trouverez plus de détail sur  http://www.passeportsante.net/fr/Nutrition/Dietes/Fiche.aspx?doc=diete-fodmap (accès le 5-6-2017).

:

80. https://www.ebi-pharm.ch/fr/unsere-partner/partner/sanum.html (accès le 5-62017). 81. https://gerardleborgne.wordpress.com/depollution-interieure (accès le 5-6-2017).

82. Akhondzadeh S.  et al.  : “Crocus sativus L.  in the treatment of mild to moderate depression: a double-blind, randomized and placebocontrolled trial”. Phytother Res. 2005; 19: 148-151. 83. Le Lion et le Rat, Livre II, Fable 11, Jean de La Fontaine. 84. Akhondzadeh S. et al. : “Crocus sativus L. in the treatment of mild to moderate depression: a double-blind, randomized and placebocontrolled trial”. Phytother Res. 2005; 19: 148-151. 85. http://www.lepoint.fr/sante/les-autres-medecines-qui-marchent-14-10-20101252351_40.php (accès le 5-6-2017).

Remerciements

Je tiens à remercier les éditions Solar de m’avoir donné l’opportunité de réaliser ce travail de synthèse sur toutes les facettes de la candidose et de ses traitements. Ma reconnaissance s’adresse également à Juliette Collonge et à Lama Younès-Corm pour leur lecture très attentive. Merci à tous les professionnels de santé et à mes nombreux patients, qui ont nourri mon expérience au cours de ma carrière. Je remercie plus particulièrement mon épouse Catherine et mes enfants, qui ont supporté mes absences pendant les longues journées passées à rédiger et à corriger cet ouvrage.

Du même auteur Cent Questions sur la phytothérapie, Dr Éric Lorrain, La Boétie, 2013. 50 Solutions plantes pour votre santé au quotidien, Dr Éric Lorrain, Tallandier, 2016.

Direction : Jean-Louis Hocq Direction éditoriale : Suyapa Directrice de collection : Juliette Collonge Édition : Lama Younès-Corm Rédaction : Chloé Chauveau Conception graphique de la couverture : Stéphanie Brepson Illustrations de couverture : Stéphanie Brepson Mise en pages : Nord Compo Fabrication : Céline Premel-Cabic © 2017, Éditions Solar Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. EAN : 978-2-263-15356-3 Code éditeur : S15187 Dépôt légal : octobre 2017 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.