Economie Sociale Et Solidaire (4) 1 [PDF]

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Zitiervorschau

Chapitre 1 : contexte générale de l’économie sociale et solidaire Section 1 : approche historique et théorique du concept de l’économie sociale et solidaire I.

Economie sociale et solidaire, concepts et définitions :

Le terme "économie sociale et solidaire" en plus de sa signification propre, il englobe deux autres concepts, à savoir le concept d'économie sociale et celui de l'économie solidaire: -L'économie sociale : qui est un modèle économique qui place la personne avant la maximisation des profits tout en visant la rentabilité. Les entreprises d'économie sociale vendent ou échangent des biens et des services qui contribuent à l'amélioration du bienêtre de leurs membres ou de la collectivité et à la création d'emplois durables et de qualité. En d'autres termes, l'économie sociale comprend toutes les activités économiques menées par des organisations à but non lucratif, des coopératives et des mutuelles en conformité avec certains principes. - L'économie solidaire : elle vise une manière alternative de gérer les entités de production et d'établir les relations entre les agents au sein d'un circuit économique. Elle veut produire, consommer, employer, décider, échanger et créer de la richesse autrement, c'est-à-dire en privilégiant l'utilité sociale, la qualité des rapports entre usagers et producteurs, entre salariés et entrepreneurs, tout en respectant l'humain et son environnement. -L'économie sociale et solidaire quant à elle est sujet à plusieurs définitions. L'Organisation des Nations Unies via son Groupe de Travail Inter-institutions sur l'Economie Sociale et Solidaire (United Nations' Task Force on Social and Solidarity Economy (TFSSE)) défini celle-ci comme étant : "la production et l'échange de biens et de services par une variété d’organisations et d'entreprises qui poursuivent des objectifs sociaux et/ou environnementaux explicites. Elle sont guidées par des principes et pratiques de coopération, de solidarité, d'éthique et d'autogestion démocratique" 1 Pour sa part le Ministère Français de l'Économie, des Finances, de l'Action et des Comptes Publics la défini comme "un ensemble d'entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale 2." 1

UN Task Force on Social and Solidarity Economy. Realizing the 2030 Agenda through Social and Solidarity Economy 2015. P1 2 Définition disponible sur le portail du ministère français De l‘Économie des Finances, de l’Action et des Comptes Publics, www.cconomie.gouv.fr

Au Maroc, le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) dans une autosaisine de 2015, et tenant compte de cette multitude de définitions à l'échelle internationale, propose la définition suivante de l'ESS : L'économie sociale et solidaire est l'ensemble des activités économiques et sociales organisées sots forme de structures formelles ou de groupements de personnes physiques ou morales avec une finalité d'intérêt collectif et sociétal, indépendantes et jouissant d'une gestion autonome, démocratique et participative et où l'adhésion est libre. Font aussi partie de l'Economie Sociale et Solidaire toutes les institutions ayant une finalité principalement sociale, proposant de nouveaux modelés économiquement viables et inclusifs en produisant des biens et services centrés sur l'élément Humain et inscrits dans le développement durable et la lutte contre l'exclusion’’3.

II.

L'évolution historique de l'Economie sociale et Solidaire :

L'Economie Sociale et Solidaire en tant que forme d'exercice des activités économiques basée sur le collectif et l'entraide est une tradition millénaire qui a accompagner l'Homme depuis la Création. Dans sa signification moderne, le concept d'Economie Sociale et Solidaire remonte a la fin du 18 siècle et au début du 19 et a accompagné l'apparition de l'Economie Sociale en tant que champ d'étude économique. Une époque caractérisée par la révolution industrielle et l'essor du model capitaliste. Les historiens considèrent que le premier exemple moderne de l'économie sociale est la création de la Rochdale Equitable Pioneers Society en 1844 à Manchester au Royaume Unie. 4 Cette société été une coopérative créé par 28 ouvriers qui ont mis en place des locaux d'habitats collectifs et où ils exerçaient aussi des métiers pour arrondir leurs fin de mois. Ils ont aussi construit des magasins destinés a la vente des aliments et produits ménagers aux membres de la coopérative a des prix abordables et à une époque de l'histoire britannique connue sous le nom de "hungry fourties" et durant laquelle la classe ouvrière soufrait de la famine et des problèmes de logement à cause de la hausse des prix et de la chute des salaires dans le sillage de la mécanisation des usines et de surpopulation des villes. 5 Au Maroc, la première tentative formelle qui marque l'introduction de l'économie sociale et solidaire fut mise en place à l'époque du Protectorat français par la 3

Conseil Economique. Social et Environnemental CESE. Auto-saisine nº19/2015. P7. Poirier Yvon. Solidarity Economy and related concepts: Origins and definitions. 2012. p2 5 Greater Manchester Co-operative Commission. A co-operative Greater Manchester. People and communities working together to improve the environment, Create good jobs and sustainable growth. A report of the Greater Manchester Co-operative Commission. 2018. P4 4

promulgation en 1924 du dahir sur les Associations Syndicales Agricoles Privilégiées (ASAP). Celui-ci prévoit que des agriculteurs peuvent s'organiser dans une association syndicale libre pour conduire un projet d'irrigation. Après l'indépendance le Maroc a consolider cet édifice en renfonçant l'arsenal juridique en place par l'introduction de textes de lois comme le Dahir de novembre 1958 relatives aux associations, celui de novembre 1969 régissant les mutuelles et la loi n° 24.83 relative aux coopératives promulguée en 1984. L'après indépendance à connue aussi la création, le 18 Septembre 1962, du Bureau du Développement de la Coopération (BDCO), qui va devenir par la suite l'Office de Développement de la Coopération (ODCO) qui a pour mission principale l'accompagnement des coopératives dans les domaines de la formation, de l'information et de l'appui juridique. Généralement, l'ESS a commencé à occuper une place considérable, et significative, dans les programmes de développement économique et social de l'Etat marocain depuis plus de trois décennies. Les plans mis en place sur la période 1988-1992 ont fait de celuici une alternative sérieuse en termes de création d'emplois et de mobilisation des ressources territoriales.6 Cette politique a été consolidée durant les années 90. Mais c'est à partir des années 2000 qu'elle est devenue une priorité de l'Etat avec le lancement en 2005 de l'Initiative Nationale de Développement Humain (INDH). S'en est suit encore une multitude de stratégies sectorielles comme le Plan Maroc Vert pour l'agriculture, Vision 2015 de l'artisanat, Vision 2010 et Vision 2020 du tourisme et le Plan Halieutis 2020 pour la Pêche. Cette économie sociale et solidaire a depuis longtemps existé au sein de la société marocaine sous plusieurs formes traditionnelles, dont les plus répandues sont: - La Touiza : constitue la forme de coopération et de mutualisation de services la plus répandue. Elle concerne différentes activités telles que les labours, les moissons et cueillettes, le forage de puits, l'aménagement de pistes et la construction d'habitats ruraux. Cette pratique solidaire se base sur le principe de l'échange et sur la réciprocité du service entre les membres de la collectivité. L'Agadir : est une forme de grenier réserve, jadis, au sein des tribus marocaines au stockage collectif de denrées alimentaires, notamment les céréales et les fruits secs. Elle s'appuie sur des constructions de type traditionnel battis sur des collines, fortifiées, difficiles d'accès et qui sont surveillé à tour de rôle par les membres de la collectivité. - L'Agoug: en tant que forme d'organisation du partage des eaux d'irrigation, désigne la gestion de l'exploitation collective de l'eau de surface. - Les Khattaras: sont une forme de stockage des eaux souterraines en vue de leur exploitation collective. - Le Chard: est une pratique courante dans le domaine religieux et éducatif visant notamment à embaucher un prêtre et enseignant (le Fqih) par les villageois dans le cadre d'une convention collective observée à tour de rôle et garantissant au Fqih sa nourriture 6

Saddiki.A. International Journal of Scientific& Engineering Research. Volume 9. N° 5.Etat des lieux du cadre juridique et instances de l'économie sociale et solidaire au Maroc. 2018. P1.

quotidienne et lui versant en plus une partie des récoltes de l'année ou une rémunération annuelle convenue d'avance par les deux parties. - L'Ouziaa consiste à acheter en commun une bête en vue de l'abattre et de répartir la viande de manière collective et équitable surtout lors de la fête de l'Aid1 El Kebir.

III.

Les acteurs de l'économie sociale et solidaire :

1. Les coopératives Les entités coopératives constituent la principale composante du secteur de l'ESS au Maroc, tant par le nombre d'emplois crées que par leur participation a l'inclusion sociale et au développement économique. A cet effet, un cadre juridique lui est dédié : la loi n° 24.83 promulguée en 1984définit les coopératives, fixe leur statut juridique et établit les missions de l'office de Développement de la Coopération, l'ODCO. Cette loi est ensuite complétée par la loi N 112-12 qui a été promulguée en décembre 2014 dans l'objectif de dépasser les défaillances et les contraintes qui handicapaient le développement du secteur en général. L'agriculture, l'artisanat et l'habitat restent les domaines d'activités qui regroupent le plus de coopératives. La gestion, la comptabilité et les télécommunications figurent parmi les domaines qui font leur apparition dans le tissu coopératif. Le développement du secteur coopératif fait face à de nombreuses contraintes d'ordre juridique, institutionnel et socioéconomique. Les mesures d'accompagnement de la part de l'Etat dont l'objectif est de permettre aux coopératives de surmonter lesdites contraintes restent insuffisantes.

2. Les mutuelles

C'est le Dahir n 1-57-187 du 24 Joumada I1 1383 (12 novembre 1969) qui définit les mutuelles et précise leurs champs d'activité et leurs objectifs. Ce même Dahir explique le rôle de la société mutuelle, de ses organes et leurs modes de fonctionnement. Au Maroc, le tissu mutualiste est constitué d'une cinquantaine d'institutions qui se répartissent principalement entre les mutuelles de santé, les mutuelles d'assurance et les sociétés de cautionnement. Les mutuelles communautaires constituent une initiative récente. Les mutuelles de la couverture sanitaire constituent la majorité des institutions du tissu mutualiste. Ces structures assurent à leurs adhérents l'accès gratuit ou à cout réduit aux soins offerts, et ont développé une solide expertise en matière de couverture du risque maladie grâce à un réseau d'œuvres sociales élargi. Ces mutuelles ont pu être critiquées pour la faible qualité de services rendus aux bénéficiaires, leur défaut de

gouvernance, la défaillance des dispositifs de contrôle interne et externe et l'absence d'appui institutionnel à cause en particulier du gel dès l'origine du Conseil Supérieur de la Mutualité. Les mutuelles d'assurance couvrent les risques liés à différentes activités. Cette branche est représentée par la Mutuelle Agricole Marocaine d'Assurances (MAMEDA) pour les risques lies aux activités agricoles, par la Mutuelle Centrale Marocaine d'Assurances (MCMA), filiale de la MAMDA, pour les risques non liées au secteur agricole, et par la Mutuelle d'assurances des transporteurs unis(MATU) spécialisée dans l'assurance des transports publics de voyageurs. Les Sociétés de Cautionnement Mutuelles (SCM), qui sont des établissements de crédit. Constitués en sociétés coopératives entre commerçants, industriels, artisans, sociétés commerciales et membres de professions libérales. Leurs objet est d'apporter une garantie bancaire a leurs membres dans le cadre d'investissements professionnels.

Enfin, les mutuelles communautaires, initiées au niveau de certaines communes, œuvrent pour pallier au déficit du système sanitaire dans le milieu rural et combler le manque d'assurance par les mutuelles classiques de santé au profit des populations de ce milieu. 3. Les associations Les associations sont régies par le dahir n°1-58-376 du 15 novembre 1958 qui réglemente le droit d'association. Ce texte a subi de nombreuses modifications à travers des Dahirs ou des Décrets. Le nombre de création d'associations s'est remarquablement accéléré depuis le lancement de l'INDH et ces dernières années les associations ont fait preuve d'une vive dynamique dans la mobilisation participative de différentes catégories de la population et dans leur capacité d'intégrer des domaines très variés. Les associations sont devenues un partenaire reconnu des pouvoir publics, que ce soit au niveau local ou national, pour la réalisation des objectifs de développement durable et pour leurs actions de lutte contre la précarité, l'analphabétisme, et les déficits en matière de santé, d'habitat, d'infrastructure locale et d'équipements de base. Les fondations, qui se distinguent des associations par le fait qu'elles résultent d'un acte d'apport, que ce soit de biens, droits ou ressources, irrévocable de la part des fondateurs de cette organisation a la réalisation d'une œuvre d'intérêt général et à but non lucratif, existent au Maroc sous plusieurs formes, mais sous statuts d'associations. Le tissu associatif bénéficie de deux principales sources de financement le budget de l'Etat et les fonds internationaux. A cela, s'ajoute aussi les cotisations des 4 adhérents, les dons et les subventions du secteur privé.

Conclusion

Malgré ce dynamisme, le tissu associatif fait face à des contraintes qui limitent son développement, dont la difficulté d'accès au financement, le manque de locaux et d'équipements, la difficulté de mobilisation de bénévoles et de ressources humaines qualifie

Section 2 : les difficultés et les contraintes de l’économie sociale et solidaire Le secteur coopératif fait partie du paysage socio-économique du Royaume depuis plus d’un demi-siècle. Selon l’année 2012, le secteur coopératif marocain a atteint 10.616 coopératives dont 7001 prédominantes dans le secteur agricole, 1437 coopératives dans le secteur de l’artisanat, et enfin 1084 coopératives pour le secteur de l’habitat. Le secteur génère un chiffre d’affaires dépassant 12 milliards de Les coopératives sont en majorité de petites tailles. En termes de capital mobilisé, l’habitat est le secteur le plus capitalistique avec 75% du capital global. Les coopératives de transformation représentent environ 12,2%, quand aux autres domaines d’activités restent très peu représentés. Le secteur de la pêche artisanale, malgré le potentiel dont dispose notre pays, reste encore peu organisé et comprend 84 coopératives. A part le transport qui compte 54 coopératives, les différents types de services (artisanat de service, services à la personne, services aux entreprises,) sont encore inexploités. Les coopératives de jeunes diplômés sont au nombre de 211 soit à peine 6% du tissu coopératif national dont la majorité sont des coopératives d’éducation. Exercés actuellement d’une manière informelle, ses services constituent un vivier important pour l’économie sociale et solidaire, mais elles souffrent d’un certains nombres de problèmes qui sont essentiellement : d’ordre juridique et organisationnel, d’ordre matériel ayant trait à l’insuffisance des moyens financiers dont elles disposent. Parmi leur contraintes juridiques : difficultés de création des coopératives de jeunes caractérisées par l’accomplissement de plusieurs formalités auprès des différents intervenants dans la procédure de création d’une coopérative : autorités locales, délégation du ministère, ODECO. Des efforts louables ont été entrepris par les autorités concernées en vue de faciliter et surtout d’accélérer le processus de création des coopératives de jeunes a été ramené moins de trois mois. Par ailleurs, la quasi-totalité des coopératives de jeunes souffrent de faiblesses et de défaillances patentes d’origines diverses en matière d’organisation. Ces 163 insuffisances peuvent être regroupées comme suit : faiblesse de formation des dirigeants et des adhérents en matière d’organisation et de gestion, la quasi impossibilité pour elles de recruter des employés expérimentés en raison de leur couts très élevé par rapport aux moyens dont elles disposent, le manque de rigueur dans la tenue et le suivi du dossier juridique : pas de tenue régulière des réunions du conseil d’administration, pas

de tenue régulière des assemblées générales, absence de sanction à l’égard des dirigeants qui ignorent les dispositions légales. Absence d’organigramme et l’inexistence de tout règlement intérieur ou manuel e procédure, l’absence d’une comptabilité régulière et l’inexistence de journaux et de livres légaux, la confection et la présélection de bilans et de situations ne reflète nullement pas la réalité des opérations de la coopérative et de son patrimoine. Au niveau de l’organisation commerciale 7: Les jeunes qui procèdent à la création des coopératives, disposent le plus souvent une formation technique et font souvent preuve d’une méconnaissance totale des techniques de vente et de marketing. Leurs efforts en la matière se limitent à des contacts à l’échelle du marché local dont les potentialités sont souvent très limitées. Aussi, leur gestion commerciale souffre le plus souvent de : l’absence de toute stratégie commerciale avec une politique et des objectifs bien définis, à court, moyen et long terme. Par ailleurs, la structure financière des coopératives de jeunes8, qui ont pu démarrer leur activité reste caractérisée par : la faiblesse des capitaux propres, l’insuffisance de la capacité d’autofinancent, la faiblesse du fonds de roulement, difficultés d’accéder aux crédits bancaires en raison de l’absence ou de l’insuffisance des garanties par rapport aux exigences du système bancaire, l’absence de gestion prévisionnelle des ressources, emplois et de la trésorerie, enfin la restitution matérielle précaire des adhérents qui les oblige à puiser une rémunération sur les recettes de la coopérative.. Une réflexion profonde, sérieuse et efficace doit être engagée entre les différents partenaires concernés par la promotion et le développement des coopératives de jeunes, pour trouver les solutions appropriés au financement des projets porteurs. Parmi les défaillances également du secteur de l’économie sociale et solidaire : le non disponibilité des études basées sur une étude approfondie du marché, Un environnement institutionnel complexe et non favorable: une multiplicité des institutions dont certaines missions et actions se chevauchent et un manque de coordination entre eux, déficit en matière d’outils de suivi et de pilotage. Des défaillances dans les mécanismes d’appui : peu de communication sur les démarches d'accès à l'appui, un rôle des autorités et des instances locales jugé trop administratif et peu axé sur l'orientation et l’encadrement notamment en terme d'assistance et de conseil sur le choix des activités et sur le montage et la gestion de projets . Faiblesse de la documentation portant sur les composantes de l’économie sociale, Des initiatives de formation et de renforcement de compétences des acteurs du secteur insuffisantes et disparates, Inadaptation du système financier aux besoins et aux spécificités des coopératives (conditions d’accès au crédit, garantie, ), l’insuffisance et l’irrégularité des ressources financières ce qui réduit sensiblement les projets et rend difficile la planification des actions, Faiblesse quantitative et qualitative des ressources humaines.

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Les coopératives de jeunes au Maroc : Etat des lieux : Etudes coopératives n°10, Ministère de l’économie sociale des PME et de l’artisanat chargé des affaires générales du gouvernement en collaboration avec l’ODECO. Avril 2002 (P : 35-36). 8 Les coopératives des jeunes diplômés : une expérience d’auto emploi qui s’affirme par Hayat Zouhir. Revue marocaine des coopératives (P : 35) 164

Non organisation d’une manière permanente des caravanes, foires, salons et manifestations pour faire connaître les particularités des produits de l’économie solidaire, les avantages qu’elle présente et les principes sur la base desquels fonctionne au niveau de chaque région, problèmes de qualité et de certification des produits pour leur valorisation, non organisation des trophées annuels pour les meilleurs projets, manque des programmes d’alphabétisation fonctionnelle. Le secteur associatif à son tour présente plusieurs faiblesses qui risquent de limiter l’ampleur et l’efficacité de son action en tant qu’accompagnateur du développement local, parmi ses faiblesses : des associations qui se créent souvent sans objectifs de développement précis, à la recherche des projets en fonction des financements disponibles, faibles compétences managériales : manque de professionnalisme par rapport à la gestion des associations à cause d’un manque en matière de profils dédiés au travail associatif, des conditions de travail défavorables : peu d’associations sont propriétaires d’un siège et d’un local avec des équipements nécessaire pour accomplir leurs missions dans les bonnes conditions, insuffisance et irrégularité des ressources financières ce qui handicape sensiblement leurs projets et rend difficile la planification de leurs actions. Manque en matière de mobilisation du travail bénévole, absence de synergie avec le secteur coopératif : exercice des activités lucratives direct avec des individus souvent dans l’informel, quand au secteur mutualiste il est dominé par les mutuelles publiques , animé par une cinquantaine d’institutions, la moitié de celles-ci sont des mutuelles de couverture sanitaire dont 8 publiques regroupées dans la CNOPS . Les associations présentent un profil spécifique d’acteurs responsables, différent des autres instances politiques ou économiques et des organisations traditionnelles. Premièrement la présence féminine est importante, la part des femmes dans l’encadrement associatif atteint 23 %; soit 222 associations présidées par des femmes. Cette participation n’atteint pas cependant l’égalité du genre, et l’on note par ailleurs que la part des femmes dans l’encadrement associatif diminue avec l’élévation du poste de responsabilité. Deuxièmement, les trois quarts des membres de bureau ont moins de 45 ans, ce qui illustre à la fois le renouvellement et continuité par rapport aux associations créées sous le protectorat ; cependant les jeunes de moins de 25 ans ne sont représentés que par 8% au sein de l’encadrement associatif, sans rapport avec leur poids démographique réel du pays. Troisièmement, près d’un responsable sur deux est universitaire, ce qui distingue l’encadrement associatif et en fait un secteur qui concentre en importance des compétences estimables en nombre et en qualité. 9 Quatrièmement, le mouvement associatif reflète une distribution en classes et catégories sociales quasi parfaite et identique à la composition de la société marocaine. La moitié des associatifs se recrute dans la catégorie des cadres moyens.

9

Etude sur les associations marocaines de développement : Diagnostic, analyse et perspectives, Rapport III synthèse et recommandations (P : 29)

L’association n’est plus cet espace, arrière base ou tranchée, pour s’opposer à l’Etat. Les motivations actuelles relèvent plus d’une opportunité de participation à l’effort de construction du Maroc, en même temps qu’elles représentent une occasion d’exercer ses compétences et d’exprimer ses attentes et prétentions sociales. Ce qui n’enlève rien à l’esprit militant de l’acteur associatif, l’effort de construction implique une implication forte dans la réalisation du projet qui prend le pas sur la lutte et le conflit. L’objectif du nouveau associatif va vers l’action orientée vers le succès et la coordination d’intérêts motivés rationnellement en finalité. Les pratiques des acteurs associatifs se caractérisent par la fermeture des associations au recrutement très rapidement après sa création. Pour adhérer à une association, il vaut mieux se présenter à la création, les trois quarts des acteurs ont intégré leur association dès sa création, ils ont été rejoints par le quart restant au cours de l’année suivante. Ce qui veut dire que très peu, sinon rares sont les associations qui continuent à recevoir de nouveaux membres après une année de leur existence. Deuxièmement, le mouvement connaît une pratique particulièrement fréquente de changement d’association. Ce qui pose le problème du positionnement et de l’investissement au sein des associations.10 Troisièmement, les associatifs appartiennent aussi à plus d’une association en même temps. Les anciens membres créent avec des nouveaux arrivants de nouvelles associations indépendantes, sans attaches avec l’association et sans quitter pour autant l’association d’appartenance première. Les associations de développement sont reliées à travers leurs acteurs aux autres associations politiques et professionnelles. Un tiers des acteurs associatifs a une appartenance politique ou syndicale. 19% des acteurs appartiennent à un parti politique et 17 % font partie d’une organisation syndicale. L’association de développement figure ainsi comme un espace de formation à la participation civique et à la représentation sociale. L’implication et la participation du citoyen, soit individuellement, soit par l’intermédiaire d’associations est une étape obligée sur le chemin de la démocratie 11. La démocratie participative demande donc l’action des citoyens mais également un tissu associatif démocratique à l’écoute de l’intérêt des populations et capable de constituer vis-à-vis des collectivités, une force de pression et de proposition. D’un autre côté, le secteur associatif reconnaît explicitement l’utilisation de l’associatif pour amorcer une carrière politique ; les frontières perméables entre l’associatif et le politique entraîne la dépendance de certaines associations et limite leurs actions12. Les associations au Maroc sont régies par le cadre juridique du Dahir du 15 novembre 1958.L’articlepremier de ce Dahir réglementant le droit d’association définit 10

M. Ahmed LAHLIMI ALAMI, Haut Commissaire au Plan, « Les classes moyennes marocaines, caractéristiques, évolution et facteurs d’élargissement » ; le 6 mai 2009, Rabat. Membres des corps législatifs, élus locaux, responsables hiérarchiques de la fonction publique, directeurs et cadres de direction d’entreprises ; les cadres supérieurs et membres des professions libérales. 11 45 % des acteurs sont actuellement membres de plusieurs associations. 45 % autres acteurs appartenaient à d’autres associations avant d’intégrer celle au niveau de laquelle ils sont enquêtés. 12 Quelle contribution associative à la réduction du déficit de la démocratie locale ; Table ronde 2002

cette dernière comme « la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes physiques mettent en commun d’une façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices ». L’évolution du cadre juridique en relation avec le contexte sociopolitique du pays permet de relever trois dates essentielles : 1958, 1973 et 2002. Actuellement l’appel à participation des associations se déroule toujours dans le cadre des imperfections relevées de cette loi, Il serait temps de revoir la législation organisant l’association pour permettre une meilleure expression des libertés publiques et des libertés d’associations, dans le respect notamment d’un code spécifique des associations. Les récents changements politiques, l’évolution positive des échanges avec l’Etat, la liberté d’action des associations et l’amélioration des accessibilités des espaces pauvres et vulnérables sont perçues comme les principales opportunités favorables au développement du mouvement associatif. Les associations disposent d’atouts non négligeables consistant dans l’importance des compétences de proximité et dans la souplesse et l’adaptabilité de la réponse aux attentes de la population. L’implication des associations dans l’élaboration des stratégies locales de développement est le plus souvent confrontée à la résistance des institutions locales La majorité (80 %) des associations prennent leurs décisions en toute indépendance et autonomie. Le travail associatif comme forme d’engagement sociétal, fondé sur des principes d’actions collectives s’articulant autour du projet ne peut être appréhendé à l’aide des principes de méthodes managériales classiques des entreprises privées et de l’administration publique. Au sein des associations il s’agit plus de confrontation de logique d’action dominante et de logique d’action minoritaire pour impulser l’action collective, aussi bien pour s’organiser que dans le mode d’agir. Les règles de jeu et les pratiques changent avec le changement de logique dominante. Une mutuelle est un groupe de personnes qui s’organise pour faire face, au moyen de leurs seules cotisations, à un risque qui les menace ainsi que leurs familles. Dans 168 certaines régions, comme en Afrique de l’Ouest, ou encore en Asie du Sud, cet instrument est un mécanisme courant de prépaiement des frais de santé. Au Maroc, quelques expériences ont été mises en place depuis 2002. Ces expériences n’ont pas été initiées dans un cadre unifié, elles ne sont pas menées dans une démarche stratégique de réponse aux besoins des populations en matière de financement de la santé. Il s’agit de tentatives ponctuelles de répondre localement à un besoin qui a principalement trait au médicament 13.

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Extrait de la coopération Maroc-France dans le domaine de la couverture médicale de base séminaire sur « bilan et perspectives 12et 13 octobre 2009 ». Atelier réforme de la mutualité par Amal Regyay chargée de mission auprès du secrétaire général Ministère de l’emploi et la formation professionnel 2013 (p : 4

Depuis les années 60 la mutualité a joué un rôle important dans la couverture des salariés, notamment du public, dans un cadre facultatif :70% bénéficient des prestations de la CNOPS ; 4,5 millions de bénéficiaires (1,5 millions adhérents) : la mutuelle des forces armés royal représente MFAR (24%), la mutuelle de gestion du personnel d’administration public représente MGPAP (21%),et la mutuel de gestion d’éducation nationale représente MGEN (20%) , Quand au secteur privé représente (2%). Le secteur mutualiste est confronté à plusieurs difficultés qui trouvent leur origine dans l’Imprécision du Dahir de 1963 (règles de gestion et de contrôle)dispersion sur plusieurs activités nécessitant des techniques et des compétences différentes, Confusion entre les organes élus et les organes exécutifs, Difficultés pratiques dans l’exercice du contrôle de l’Etat, Sanctions inadéquates aux infractions et dérogations commises, Absence de vision claire concernant le secteur, ceci nécessite une réforme institutionnelle axée sur les points suivants : Définition et objet des mutuelles, Clarification des rôles des organes de décision et de gestion, Reformulation plus explicite de l’exercice de la tutelle et du contrôle de l’Etat, Instauration de certaines exigences pour la création et la continuité d’activité des mutuelles, Institution de sanctions adéquates aux infractions commises aux dispositions légales et réglementaire, Institution d’un contrôle interne et d’un contrôle externe, Fixation de règles comptables, techniques et prudentielles d’où la nécessité d’une réforme institutionnelle axé sur la Clarification des rôles des organes de décision et de gestion. Quand aux mutuelles communautaires, la présente étude propose de donner l’exemple concret de deux mutuelles communautaires les plus connus : il s’agit de ZOUMI situé dans la région de chefchaoun et de TABANT situé dans la région d’Azilal. Les mutuelles communautaires pourraient être un élément de réponse à de nombreuses questions qui se posent dans le cadre de la mise en place de l’AMO et du RAMED. En effet, il est certain qu’au moins de manière temporaire, ces deux mécanismes, constituent une avancée indéniable pour le Maroc, n’arriveront toutefois pas, à eux seuls, à la couvrir la totalité de la population marocaine. Pour le moment, les trois composantes (coopératives, associations et mutuelles) de l'ESS sont régies par des textes juridiques qui doivent être révisés pour donner une âme à ce mode de développement économique selon le principe de redistribution des richesses. Les coopératives dépendent de l'Office de développement et de la coopération Les associations dépendent du secrétariat général du gouvernement Quant aux mutuelles, elles sont éparpillées entre les différents départements ministériels. Bref, Tous les acteurs de l'économie sociale au Maroc souffrent d'un manque de gouvernance. Ce déficit transforme souvent ces structures en coquilles vides dont l'intérêt principal reste focalisé sur des intérêts familiaux au détriment des populations locales en difficulté.

I.

Section 1 : Difficultés et faiblesses du secteur coopératif.

Malgré toutes les réalisations enregistrées par le secteur coopératif comme il a été déjà écrit dans la première partie de ce travail, que ce soit au niveau de la diversités de secteurs et de branches d’activités embrassés par l’entreprise coopérative ou au niveau de son ancrage territorial et malgré l’appui multidimensionnel dont le mouvement coopératif marocain bénéficie, ce dernier souffre encore d’handicaps et de contraintes qui l’empêchent d’atteindre le seuil de décollage coopératif. Un seuil de représentation de plus de 6% de la population active occupée et de participation au PIB d’un taux de plus de 3%. Avec une structure humaine et financière particulièrement faible et un environnement extrêmement difficile et en perpétuel changement dans toutes ses composantes physiques et immatérielles, la majorité des coopératives sont 170 confrontées à une multitude de contraintes dont voici les plus apparentes tant au niveau interne qu’au niveau externe. I/ Faiblesses au niveau interne : Faible niveau scolaire voire analphabétisme élevé des membres, ce qui représente un handicap majeur qui retarde le développement du secteur coopératif marocain, le secteur ne bénéficie pas d’un programme d’alphabétisation qui lui est spécialement dédié. Il est bien ressenti au sein des coopératives14 féminines en milieu rural ; manque de la formation continue pour les membres, les dirigeants et les cadres des coopératives et leurs unions ne permet pas d’améliorer la gestion de ces unités. Faiblesse du capital : les ressources financières des coopératives régionales sont insuffisantes et quasi exclusivement constituées par des primes et des subventions. La difficulté d’accès au financement, aussi bien pour pallier au besoin important de fonds de roulement que pour l’équipement en outils de production, constitue un handicap pour l’amélioration de leur productivité et leur compétitivité. Les montants du micro crédit sont estimés par les coopérants de la région en déca de leurs besoins. Elles ne peuvent nullement engager des opérations d’investissement à moyen ou à long terme ou participer à des actions engendrant de bonnes retombées commerciales et économiques. Défaut de bonne gouvernance : un nombre considérable de coopératives de différentes tailles sont mal gérées et présentent des bilans en déca des attentes de leurs membres et de leur partenaires, Certaines fonctionnent sans plan prévisionnel ou stratégie malgré la présence des possibilités financières. D’autres ne respectent pas les statuts en ce qui concerne les réunions de leurs instances dirigeantes sans parler du manque de compétences et de ressources humaines qualifiées. Un très grand nombre de conseils d’administration de coopératives font des transactions commerciales avec des tierces personnes soit pour leurs propre comptes, ou pour le compte de la coopérative, cela se fait souvent sans que les membres de la coopérative ne le sachent, Les acteurs respectent peu, les principes de gouvernance coopérative. Selon la réglementation en vigueur, les coopératives ne disposent pas de registre de commerce ce qui handicape la soumission aux marchés publics et privés, mais 14

« Les coopératives et le tissu coopératif » publication de l’agence de développement social, département des activités génératrices de revenu. 2010 insertions sociales par l’économique.

aussi, et surtout l’impossibilité pour les coopératives d’engager leur fonds de commerce et leur matériel en vue d’obtenir des crédits auprès des organismes financiers. En dépit des recommandations et instructions données à ce jour, la plupart des secrétaires greffiers des tribunaux continuent à refuser l’inscription des coopératives au registre de commerce. D’autres dispositions présentaient des limites de gouvernance liées à l’absence de sanctions dissuasives contre le non-respect de la loi 24-83, ce qui a favorisé beaucoup de dérives et a suscité un bon nombre de tentions à l’intérieur des coopératives condamnant ainsi leur croissance et la réalisation de l’objectif pour lequel elles ont été créés. Il y a également d’autres dispositions qui sont devenues vétustes et complètement inadaptées au nouvel environnement coopératif et aux nouvelles attentes des porteurs de projets. L’enquête nationale des coopératives réalisée par la FAO 15 en 2000, dans le cadre du projet de restructuration du mouvement coopératif, a exposé les problèmes suivants : 40% des coopératives ne tiennent pas leurs assemblées générales d’une façon régulière, rare sont les coopératives disposant d’un manuel de procédure, le degré de structuration des coopératives dans le cadre des unions de coopératives et groupement d’intérêt économique est faible16. II/ Faiblesses au niveau externe : Contraintes du marché : la plupart des petites coopératives aux possibilités limitées sont incapables de faire face aux aléas du marché et à ses exigences en terme de qualité et de quantité indissociablement liées :aux difficultés d’accès au financement externe à défaut de présence de garantie ou d’organismes de cautionnement mutuel ou coopératif, beaucoup de coopératives n’accèdent pas aux crédits bancaires . De même, le secteur coopératif enregistre des insuffisances juridique et organisationnel inadéquat: les dispositions de la loi 24-83 et de son texte d’application qui ont présenté des aspects lacunaires d’ordre procédural qui ont été à l’origine de beaucoup de blocage à la création des problèmes entre les membres et les dirigeants à travers l’évolution de la coopérative. Des lacunes qui ont effectivement freiné la dynamique du secteur coopératif et amenuisé le rôle qu’il devait jouer en faveur des petits producteurs, des porteurs de projets générateurs de revenus et des couches les plus démunies de la société.

Inadaptation au nouvel environnement : le nouvel environnement du secteur coopératif a été depuis 2005, marqué par l’émergence d’une vague de mesures et de projets de grande importance Ainsi , depuis 2005 années de l’assujettissement des coopératives à l’impôt et au lancement de l’INDH , une ère nouvelle s’imposait au secteur coopératif, en effet, les grandes qui opèrent dans la transformation à une échelle avancée dégagent une valeur ajoutée industrielle et une plus-value capitalistique similaires à ce qui se fait au niveau des entreprises privées, autrement dit, ces coopératives doivent revoir leurs structures, leurs système de fonctionnement et leur rapports internes avec les différentes composantes du marché, de l’amont à l’aval. 15 16

Organisations des nations unies pour le développement des coopératives agricole 2000. Le secteur coopératif au Maroc 2012 Année internationale des coopératives REMACOOP (P/14)

Actuellement, les grandes coopératives comme la coopérative laitière COPAG 17 sont soumises aux mêmes impôts que les sociétés privées et supportent des charges d’où il est impérativement nécessaire de revoir les textes en vigueur pour une équité fiscale. D’autre part, le lancement de l’INDH en tant un projet de société d’importance majeure pour une mise à niveau de l’action sociale et solidaire contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion a déclenché une dynamique sans précédent au niveau du secteur coopératif 18. La dynamique et l’engouement des porteurs de projets pour la constitution des coopératives aussi bien dans les secteurs classiques que dans de nouveaux créneaux ont malheureusement été ralentis pour ne pas dire bloqués par la lourdeur de la procédure de la multiplicité d’intervenants à ce niveau. L’entrave est concrétisée par le nombre des déclarations de création adressées à l’ODECO entre 2005 et 2010 qui sont de 7597 contre un total des créations effectives à la même période qui est de 3220. Ceci explique, bien clairement, l’inadaptation de toutes les dispositions juridiques relatives à la procédure de création des coopératives. D’où la nécessité d’un projet de loi modificatif la loi 24-83. Le secteur connaît également des violations des dispositions légales au niveau de l’organisation, de la gestion et du respect des principes coopératifs. Ainsi, les coopératives ne respectant pas la législation en vigueur représentent 79% de l’ensemble des coopératives actives actuellement d’où la réforme de la loi 24-83. Manque de coopératives horizontales destinés à fournir des services aux autres composantes du secteur dans les domaines de la comptabilité, la communication, l’épargne, le financement, la garantie, le social, la gestion : les unions coopératives ne couvrent pas tous les secteurs d’activités jusqu’à présent, ce qui a des incidences négatives sur la représentation, l’organisation et l’encadrement des coopératives opérant dans plusieurs secteurs sans aucun soutien. Absence de créativité et d’innovation et propension à la duplication des activités déjà existantes, Faibles compétences en matière de montage de projets (établissement des objectifs, élaboration de plans d’affaires) Une faible ouverture des acteurs au partage, à la mutualisation et au partenariat ; Une gouvernance pas toujours respectueuse des valeurs et principes fondateurs de l’économie sociale et solidaire. Compétences faibles voire inexistantes pour les activités de gestion généralement limitées au savoir-faire du métier de base, le sous équipement techniques de production souvent rudimentaires. Déficit en matière de conception de conditionnement et d’emballage, inexistence de politique marketing ; Difficultés d’accès aux circuits de commercialisation, au système de financement classique et absence de mécanisme de financement plus adéquats. Le non tenu d’une comptabilité correcte et conforme aux règles et procédures légales, et la faiblesse du contrôle interne. Le Cadre juridique contraignant et concurrence du privée, Absence d’aides et subventions, Manque d’infrastructure, marché limité. L’adhésion des personnes physiques et morales aux coopératives est faible, l’indiscipline des membres des coopératives affaiblit le tissu coopératif et le rend vulnérable. Manque de personnel qualifié ; Cherté des matières premières. Des contraintes climatiques 17

COPAG : Taroudant, L'un des principaux employeurs, qui salarie aujourd'hui près de 2000 personnes dont 700 femmes, est également l'une des plus emblématiques coopératives en terme de réussite économique, après une entrée discrète sur le marché en 1987 - une fois la libéralisation des agrumes adoptée. 18 - Le mouvement coopératif marocain bilan et perspectives. Ministère du tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale, Département de l’artisanat. Octobre 2004 (P : 23)

défavorables: Méconnaissance des procédures administratives, contraintes et manque d’encadrement : 98% des coopératives n’ont pas de directeurs et comptent beaucoup sur l’assistance des services administratifs et techniques (agriculture, artisanat, eaux et forêts, pêche maritime….), cette assistance a eu un impact catastrophique sur plusieurs coopératives dont les audits ont montré l’ampleur, les causes et les coûts. Le manque de stratégies de fusion, de partenariat avec les autres acteurs socioéconomiques, et d’ouverture sur la coopération internationale minimise les chances du secteur coopératif de s’insérer dans le processus de restructuration et de mise à niveau de l’économie marocaine et de profiter des fonds alloués à ce processus, et des mesures visant à inciter les différents acteurs à s’y insérer. La multiplication des intervenants publics dans le secteur coopératif, les manières avec lesquelles s’effectuent leurs interventions, et le manque de coordination entre les administrations ayant la tutelle sur le secteur, voire leurs conflits de compétences, perturbent son développement et renforcent la tendance à s’intégrer dans sa gestion 19. Non investissement des excédents : beaucoup de coopératives décident, lors de leurs assemblées de répartir les excédents réalisés au lieu de les réinvestir, Cela est fait soit par inconscience et manque de visibilité, ou par besoin de récupérer de l’argent en fin d’exercice considéré comme fruit ou récompense de l’effort fourni ou bien uniquement par manque de confiance au dirigeant de la coopérative , manque d’intégration des fonctions, une faible valeur ajoutée crée et un déficit en matière de valorisation des produits réalisés ont été observés aussi bien auprès des coopératives agricoles et d’élevage centré sur la collecte et la commercialisation qu’auprès des coopératives artisanales centrées sur la production. Pour ce qui est des facteurs exogènes explicitant les problèmes vécus par les coopératives au niveau régional, ceux-ci se ramènent à : la limitation des canaux de distribution pour l’écoulement des produits, principalement pour les provinces de Boulemane et Séfrou. Absence des fédérations nationales ou régionales des coopératives pour favoriser l’émergence des circuits de commercialisation structurés. Le faible potentiel productif de la coopérative, en l’absence de telles fédérations, se trouve dans l’incapacité de répondre aux grandes commandes, principalement celles émanant de donneurs d’ordre étrangers, la faible intégration de toutes les provinces de la région dans le cadre des visions de développement sectoriel. Le tissu coopératif des autres provinces n’a pas été directement impliqué dans la dynamique de développement crée à travers les plans de développement. La forte dépendance des coopératives envers un seul ou un groupement de clients à l’échelle locale ou régionale, le faible niveau de coordination entre les acteurs locaux (Délégations provinciales de l’agriculture, division de l’action sociale relevant des différentes provinces de la région, antennes de l’entraide Nationale) pour le développement du tissu coopératif. La multiplicité des intervenants et le manque de communication sur les mécanismes et dispositifs de soutien de l’économie sociale contribuent à exacerber les porteurs des activités coopératives. Toutefois, le nouveau 19

Revue marocaine des coopératives» Remacoop » n°1 édité par l’ODECO ». Edition Okad 2011 (P : 17)

chantier de l’INDH20 a commencé à favoriser la convergence entre les différents intervenants institutionnels, l’absence des initiatives de formation susceptibles de pallier aux défaillances des acteurs concernés. Enfin, le secteur public et les associations jouent un rôle limité en matière de renforcement des capacités intellectuelles et de gestion des coopératives. Cette situation entrave l’accès à certains circuits de commercialisation dont notamment la soumission aux appels d’offres publics. Les coopératives de services (plâtre, construction, et bâtiment, électricité…) sont les plus concernées par ce handicap. Faiblesse d’infrastructures : l’absence d’infrastructure routière et de moyens de communication et de désenclavement de plusieurs zones pose des difficultés couteuses au niveau de l’approvisionnement et l’acheminement de la production, ce qui condamne beaucoup de coopératives de ces zones à la stagnation et à l’inactivité.

Section 2 : Difficultés et faiblesses du secteur Associatif et Mutualiste.

L’association est abordée comme une forme d’organisation, « ayant des frontières identifiables » constituant une unité de décision élémentaire, dotée de ressources et moyens qui lui permettent d’atteindre des objectifs partagés par ses membres, fonctionnant de façon relativement continue dans un environnement sociopolitique et institutionnel plus ou moins contraignant. Le fonctionnement des associations est abordé comme celui d’une microsociété qui connaît une situation sociale complexe dont la dynamique se fait sentir quotidiennement dans toutes ses activités et rejaillit sur ses résultats. La performance de l’association passe par la découverte de sa manière sociale particulière de mobiliser, fédérer et associer ses membres dans une série d’efforts collectifs dont dépend, en fin de compte, sa capacité d’adaptation et sa réactivité sociale. Par ailleurs, il est nécessaire de prendre en compte tous les associatifs pour penser l'organisation du travail au sein de l’association, en considérant à la fois leurs capacités objectifs et leurs affects dont la reconnaissance est susceptible de déterminer la performance de l’association. Les associatifs vivent l’association comme un lieu de culture et de socialisation qui les conduit parfois à substituer des conduites stratégiques par des conduites centrées sur la construction d'un lien social, avec les autres acteurs et surtout avec les partenaires publics et privés ; ils investissent ainsi dans les rapports humains à la quête de la reconnaissance sociale 21. Le tissu associatif au Maroc témoigne une expansion significative. Il a contribué à la réalisation de plusieurs exploits en matière de la vie économique, sociale et politique. En revanche, il fait face à plusieurs défis et obstacles qui entravent sa mission et handicapent sa contribution au développement durable. 20

Plate forme INDH extrait du site du Ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social. Mars 2007 21 Le tissu associatif marocain : mémoire Saritta 1990, 24 Aout 2011.Etude sur les associations marocaines de développement : Diagnostic, analyse et perspective rapport III (P : 7)

Tout au long de ce chapitre, on va essayer d’identifier les différentes particularités du tissu associatif au Maroc, ainsi que les problèmes qu’il rencontre, les ambitions de futur et les plans d’avenir en matière de son développement. Il présente plusieurs faiblesses qui risquent de limiter l’ampleur et l’efficacité de son action en tant qu’accompagnateur du développement local. Parmi ses contraintes nous citerons ce qui suit : I.

Limites du secteur associatif.

Le cadre juridique des associations n’est plus adapté aux situations économique et sociale actuelle du pays et à l’évolution moderne : Depuis 1973 l’Etat contrôlait ainsi la création des associations. Le Dahir du 23 juillet 2002, portant promulgation de la loi n° 75-00, exige de l’administration la délivrance immédiate d’un récépissé provisoire aux associations en, attendant le définitif dans un délai de soixante jours. Sur ce point précis, les associations ont salué l’ouverture accordée par le législateur à la création des associations. Depuis cette date, le champ associatif s’est enrichi régulièrement de plusieurs textes réglementaires et de procédures : Loi n° 07-09, loi relative à l’appel à générosité publique, les fondations et l’INDH ont produit des manuels de procédures spécifiques d’échange et de partenariat avec les associations. Tout cet effort de réglementation ramène les associations à une dépendance vis-à-vis des structures de l’Etat. L’évolution des associations est plus rapide que la réforme du texte juridique qui encadre ce secteur. Le dispositif réglementaire mis en place de manière unilatérale par l’Etat pour délimiter les bornes et contours du champ associatif induit automatiquement une obligation d’adaptation des associations. Les multiples changements dans le texte introduisent une déréglementation dans la pratique, dans les habitudes de travail de la société civile en général et des associatifs en particulier. Certaines dispositions des textes en vigueur cadrent judicieusement avec les logiques du travail administratif, mais se trouvent en contradiction avec la logique même du travail associatif (à but non lucratif) 22. Dans la pratique la difficulté d’accès, de connaissance, de compréhension et d’application des textes législatifs et réglementaires, constitue une réelle pression sur le travail associatif, et nécessite de la part des associations une réactivité continue et une adaptation régulière quitte à y perdre ses idéaux et symboles. L’écrasante majorité des associations trouve les textes de lois et de réglementations fiscales applicables aux associations très difficiles d'accès et incompréhensibles. La quasi-totalité des associations estime que le système fiscal applicable aux associations n’avantage pas leur essor et jugent les obligations fiscales que supportent les associations marocaines pas avantageuses par rapport à d'autres 22

Etude sur les associations marocaines de développement, diagnostic, analyse et perspectives Rapport III, synthèse et recommandations. (P : 29)

pays. Par conséquent, les associations sont en attente d’une loi pour clarifier leur situation comptable, fiscale et la responsabilité des gestionnaires. A/ Cas de l’association marocaine pour la promotion de la femme rurale « AMPFR » :(ONG), apolitique et à but non lucratif ; Statut: Ordinaire et réglementé elle dispose d'un règlement interne qui arrête les dispositions auxquelles doivent se conformer le Bureau National, les Bureaux Provinciaux et Locaux ; Ses secteurs d’intervention sont : L’agriculture et l’élevage, l’aide d’urgence, le développement rural, les droits de la femme rurale, l’éducation, l’environnement, la santé, la formation, les technologies appropriées, la conception et la mise en œuvre des projets générateurs de revenus. Ses objectifs :Lutte contre l'analphabétisme, Encouragement de la scolarisation de la petite fille rurale, Renforcement du respect des droits de l'Homme chez les femmes et les filles, Elaboration des projets générateurs de revenus pour la femme et la jeune fille rurale, Sensibiliser la femme rurale sur l’amélioration de ses conditions de vie et du travail ;Promouvoir toute action sociale, économique et culturelle au profit de la femme rurale ;Faciliter l’insertion de la femme rurale dans des métiers adaptés à son environnement socioéconomique ,Soutenir la femme rurale à s’organiser en coopératives, associations ou autres; Représenter la femme rurale auprès des pouvoirs publics et des organisations publiques et privées nationales ou internationales elle souffre des dysfonctionnement au niveau des ressources humaines, au mode de gestion et au management 23 , rares sont les associations qui appliquent des techniques de planification stratégique ou qui font appel aux services de spécialiste en matière de gestion ou de comptabilité. Les difficultés matérielles et les compétences des ressources humaines impactent sur la réactivité et le rendement des associations. Nous relevons notamment que les techniques de travail rudimentaires et les défaillances fonctionnelles que vivent ce genre d’associations empêchent la mise en place de formes d’organisations et de coordination de travail adaptées au champ associatif et par conséquent sa capacité d’action et de réaction : le diagnostic lorsqu’il est réalisé, il se fait surtout de manière informelle et sur la base de données peu fiables, la priorisation des actions se fait en fonction de la commande publique, parfois en contradiction avec les objectifs de l’association, la programmation est à très court terme, la majorité des associations naviguent sans baromètre, donc avec une visibilité très réduite. Problèmes au niveau des aspects financiers : face aux besoins sans cesse croissant, les moyens de financement dont disposent les associations sont très limités. Ils proviennent particulièrement de dons et de subventions d’organismes nationaux et internationaux. La majorité des associations ont un budget très modeste. Ce dernier est dépensé principalement ou en totalité pour couvrir les frais de gestion de l’association (loyer, eau, électricité, téléphone, achats de fournitures, déplacements, etc). Par ailleurs, elles emploient très peu de salariés, les trois-quarts (75 %) des associations consacrent moins de 25 % de leur budget à la masse salariale. Les associations déclarent consacre la plus grande partie de ce budget au profit des bénéficiaires. Les pratiques comptables des 23

Association marocaine pour la promotion de la femme rurale « AMPER » date de création le 19 Avril 1995, siège social : résidence Ichrak secter 13 hay riad rabat [email protected]

associations laissent apparaître plusieurs défaillances le plus souvent dues à la méconnaissance de la réglementation et des procédures comptables applicables au secteur associatif. Cependant très peu nombreuses des associations, confient leur comptabilité à des professionnels, preuve qu’elles sont conscientes de l’obligation de rendre des comptes. Des associations créées souvent sans objectifs de développement précis, à la recherche de projets en fonction des financements disponibles. Faibles compétences managériales : manque de professionnalisme par rapport à la gestion des associations à cause d’un manque en matière de profils dédiés au travail associatif. Des conditions de travail défavorables : peu d'associations sont propriétaires d'un siège et d'un local avec des équipements nécessaires pour accomplir leurs missions dans de bonnes conditions. Manque en matière de mobilisation du travail bénévole. Absence de synergies avec le secteur coopératif : exercice des activités lucratives directement avec des individus souvent dans l'informel. Les associations ne disposent pas de structures reconnues de représentation ou de coordination locales ou nationales, hormis la fédération nationale des micro- crédits. Cependant, des espaces et groupements d’associations régionaux ou par domaine d’activité commencent à se développer à savoir Espace Associatif, Réseau maillage- Maroc) sous forme d’instances de coordination, de 184 fédérations, de groupement, de réseaux ou de maillage. Certains de ces réseaux associatifs ouvrent à l’échelle nationale alors que d’autres se limitent à l’échelle régionale ou même provinciale124. Le poids et le degré de représentation de ces espaces et réseaux regroupant parfois jusqu’à cinquante associations, restent limités. Incohérence des rapports état -associations de développement : Différents départements publics, ont des rapports de « partenariat » technique et financiers avec des associations spécifiques. Chacun de ces départements, veille à ce que les associations s’inscrivent dans la stratégie qu’il s’est donnée. Les départements publics coordonnent rarement leurs rapports avec les associations et plusieurs associations sont inscrites dans les actions de plusieurs départements. Les rapports entre les deux parties manquent de cohérence globale et de visibilité interministérielle. D’autre part, le mouvement associatif souffre d’une absence d’unité25. Il perd énormément en reconnaissance et en représentativité. Les tentatives multiples et variées impulsées par l’Etat et certaines associations arrivent difficilement à prendre racine en l’absence de dénominateurs communs et d’éléments symboliques fédérateurs. Les associations de développement n’intègrent formellement aucune structure de décision. Et pour cause, dans une table ronde organisée par les associatifs, ces derniers soulignent que l’implication et la participation du citoyen, soit individuellement, 24

La promotion des actions du mouvement associatif au Maroc, des réalisations et appréciations à évaluer » par AOMAR IBOURK et FATIHA SAHLI. Chapitre IV les attitudes et les problèmes du mouvement associatif (P : 259) 25 Compréhension du système associatif marocain, Rapport de synthèse et de recommandation de l’étude sur les associations (p : 36).Année 2006

soit par l’intermédiaire d’associations est une étape obligée sur le chemin de la démocratie. Cette dernière demande donc l’action des citoyens mais également un tissu associatif démocratique à l’écoute de l’intérêt des populations capable de constituer visà-vis des collectivités, une force de pression et de proposition. Cette implication trouve ses limites dans les rapports de forces et l’attitude négative des acteurs locaux vis-à-vis des associations locales. Manque de communication impactant la réactivité des associations :

La communication des associations avec l’environnement extérieur est peu structurée, disparate et fragmentée. Elle se distingue par l’intermédiation des médias et par conséquent prend une charge médiatique (intervention des journalistes) qui déforme parfois le message et son intention. L’échange très réduit ou médiatisé des associations avec leur environnement extérieur limite les chances de succès des projets associatifs et restreint les possibilités d’ajustements réactifs des associations. Cas pratique des associations de protection de l'environnement dans le Maroc du Nord groupées autour de Écolo Plateforme Maroc du Nord, dénoncent les graves atteintes portées à l'égard des patrimoines écologiques et paysagers au nom du développement économique et de la promotion touristique et au détriment du développement durable. Pour ces associations de protection de l'environnement, l'attitude et la pression exercées par les lobbies financiers (promoteurs immobiliers, spéculateurs du foncier,..) envers les représentants de l'Etat et les élus locaux est inacceptable et n’a pour but que de leur donner l’occasion de s'approprier tous les terrains domaniaux y compris dans les zones sensibles d'intérêt mondial. L'aire protégée de la Moulouya (Saïdia) en est l'exemple frappant 26. Les Département de l'Environnement et des Eaux et Forêts semblent plongés dans un silence inhérent, et ne sont pas, semble en mesure d'accomplir consciencieusement la mission qui leur est assignée qui consiste à protéger l'environnement et à la sauvegarde des ressources naturelles. «Ces organismes étatiques ne font qu'entretenir l'illusion d'une protection superficielle qui, dans ces circonstances, risque uniquement de servir "d'alibi" aux politiques entravant l'application des droits de l'environnement et du littoral » commente les ONG dans leur communiqué. «Nous rendons responsables le gouvernement marocain de toutes les conséquences que leur politique irrationnelle du développement puisse avoir sur les écosystèmes et sur les conditions de survie des générations à venir». Ces associations de protection de l'environnement marocaines exigent l'arrêt immédiat de la réalisation des trois terrains de golf à Saidia qui selon elles auront des impacts catastrophiques sur les apports d'eau. Elles demandent d’une part au premier ministre de mettre tous les moyens en œuvre pour la réalisation pleine et entière de son mandat de protection et de tirer les conséquences des événements climatiques survenus à Georgia aux USA et en Indonésie, et au gouvernement marocain de respecter les textes nationaux et internationaux ratifiés par le Maroc et l'arrêt 26

Association Homme et Environnement (AHE), Berkane, Espace de Solidarité et de Coopération de l'Oriental (ESCO), Oujda, Association Amis de l’Environnement (AAE), Oujda, Association AZIR, Al Hoceima, Association Thissaghnasse pour la Culture et le Développement (ASTICUDE), Nador, Association Mobadara pour le Développement Durable et le Tourisme. Année 2012

immédiat de toutes actions conditionnées par les pressions d’une élite qui ne cherche que l'intérêt personnel.

Pour terminer, les associations de protection de l'environnement marocaines appellent les partis politiques et le tissu associatif à prendre conscience de la situation et à prendre les mesures nécessaires afin de préserver notre patrimoine écologique et barrer le chemin aux profits élitistes et personnels. Elles appellent aussi le parlement marocain à travers ses deux chambres à stopper toutes mesures et projets destinés à détruire notre environnement et exposer la population à la pauvreté perpétuelle. B/ dysfonctionnements internes du partenariat associatif : En face, la majorité des associations ne dispose pas d’une stratégie de partenariat. Elles sont par conséquent 80 % des associations à trouver des difficultés pour conclure des partenariats. On relève un manque d’expérience important chez les associatifs dans le domaine du partenariat, c’est pourquoi les associations arrivent difficilement à répondre avec succès aux appels à projets des partenaires. Les principales difficultés des associations, résident dans la difficulté à satisfaire les exigences techniques et humaines des cahiers des charges. La majorité des partenaires dispose de diagnostics sérieusement construits, couvrant leur secteur d’intervention dévoilant les attentes et besoins des populations et les opportunités en matière de partenariat et disposent par conséquent de plans d’orientations stratégiques et de plan d’action ficelés. Ils sont motivés par les projets originaux que présentent les associations en premier. Ils souhaitent, chacun dans le cadre de son programme sectoriel, renforcer les compétences locales, soutenir la population et appuyer le développement du pays. Il n’est pas exclu que certains partenaires soient en attente d’un retour de notoriété de leur coopération avec le secteur associatif. Contraintes liées aux infrastructures et aux équipements. Les pratiques des acteurs associatifs se caractérisent par la fermeture des associations au recrutement très rapidement après sa création. Pour être dans 187 une association, il vaut mieux se présenter à la création, les trois quarts des acteurs ont intégré leur association dès sa création, ils ont été rejoints par le quart restant au cours de l’année suivante27. Ce qui veut dire que très peu, sinon rares sont les associations qui continuent à recevoir de nouveaux membres après une année de leur existence. Deuxièmement, le mouvement connaît une pratique particulièrement fréquente de changement d’association. Ce qui pose le problème du positionnement et de l’investissement au sein des associations. Troisièmement, Les associatifs appartiennent aussi à plus d’une association en même temps. Les anciens membres créent avec des nouveaux arrivants de nouvelles associations indépendantes, sans attaches avec l’association et sans quitter pour autant l’association d’appartenance première.

27

Ouvrage : contribution associative à la réduction du déficit de la démocratie locale ; Stiftung – Espace Associatif / 2003

Cas de l’association médecine du sport :Son objectif d’évaluer la place de la médecine du sport dans nos fédérations sportives Marocaines, déterminer l’état des lieux en matière de la médicalisation des fédérations, Définir le profil médecins fédéraux; Déterminer la part des médecins spécialistes en médecine du sport par rapport à l’ensemble des médecins fédéraux, Déterminer le besoin réel en médecins du sport, Parmi ses contraintes :Contacter les fédérations, Trouver les interlocuteurs. Lenteurs des procédures, Absence chez certaines fédérations de vision précise sur le sujet d’où les problèmes de partenariat d’où l’absence de partenariat avec les autres associations médicales. Chaque année, l'Association Régionale de Médecine du sport, Rabat, Salé, Zemmour, Zaer, Organise des journées médicales sous différents thèmes. Elles s’intéressent à la réalité, aux conditions de pratique et aux perspectives d’avenir pour cette discipline incontournable pour le développement du sport dans notre pays. Ces journées sont aussi un point de rencontre des médecins du sport, de la région et d'autres, et les différents acteurs de la scène sportive et médicale du pays 28. Variation de l’environnement sociopolitique : Les changements de l’environnement : alternance politique, nouveau concept d’autorité, appel à la participation civique, la priorité au développement local économique et social, … la participation des associations au niveau des conseils de gestion de l’INDH, à la mise en place des politiques sectoriels, etc. ne manque pas d’amener chez les associations une réappréciation des relations avec les autorités publiques et une adaptation rapide aux nouvelles exigences du travail associatif. Certes, le passif conflictuel des associations « de gauche » avec le pouvoir, les craintes encore présentes des associatifs à cause de certaines résistances aux changements, les obstacles administratifs persistants, la différence de perception du travail associatif au niveau local (autorités, organisations sociales traditionnelles, population, etc.) ne facilitent pas les nouveaux rapports avec l’Etat. L’effort d’adaptation des associations se manifeste dans la présence importante des associations au niveau territoriale et dans la prise en charge et la participation aux programmes des départements sectoriels. Nombreuses associations s’inscrivent directement dans les domaines prioritaires de développement local. Cependant, la fragilité de cet équilibre, ne fait que toute variation de l’environnement. Sociopolitique appelle de la part des associations une adaptation et un ajustement interactif pour améliorer leur réactivité. Les mouvements des responsables au niveau territorial rompent un équilibre très fragile construit sur des relations personnelles. Le changement des responsables à la tête de certains départements publics à vocation social amène dans son sillage de nouvelles règles de jeu et implique une adaptation rapide des associations et une réactivité. La dynamique associative actuelle, provient du niveau local, l’effort d’adaptation des associations locales excentrées, aux règles de jeux en continuelle transformation et en évolution constante, impacte sur leur activité voire sur leursurvie29. 28

Publication des Associations régionales du médecine de sport au Maroc, par Dr khalid Hassoune 2012. M. Ahmed LAHLIMI ALAMI, Haut Commissaire au Plan, « Les classes moyennes marocaines, caractéristiques, évolution et facteurs d’élargissement » ; le 6 mai 2009, Rabat. 29

Le poids économique ne reflète pas la réalité hétérogène des budgets et limite la réactivité des associations : Il n’existe aucune donnée statistique fiable et incontestable sur le financement public des associations. De même qu’il n’existe aucune source crédible pour situer les avoirs et budgets des associations. En l’état actuel des choses, le financement des associations présente une véritable opacité. Les données collectées par l’enquête n’ont qu’une valeur indicative. Elles permettent déqualifier en termes de grandeurs l’assise financière et budgétaire des associations et révèlent sans prétention d’extrapolation, l’importance de la participation du mouvement associatif comme acteur économique à part entière 30. Deux principaux constats s’imposent : 21 % des associations disposent de patrimoine mobilier et immobilier ; le poids économique des associations, en très forte progression depuis quelques années, est de plus en plus important (quatre cents millions de dirhams, pour la dernière action des associations enquêtées). Ainsi, le secteur associatif ne peut plus être appréhendé comme une entité situant en dehors du système productif. Cependant ce poids économique ne reflète que très peu la très grande disparité des budgets gérés par les associations : 40 % ont un chiffre d’affaires annuel moyen inférieur à 25 000,00 DH. Il est aussi peu probable qu’un classement des associations en grandes, moyennes et petites, en fonction de leurs ressources et budgets soit réaliste et durable. Les données de l’étude montrent que d’une année à l’autre, La majorité des associations se caractérise par une faible capacité d’autofinancement. Cas de l’association Anaruz : une ONG qui œuvre dans les domaines culturels, développement durable et à la conservation De l‘environnement. Son exécutif se compose de sept membres et de plusieurs personnes actives dans des commutés: artistique théâtre, musique, peinture...,sociales ;cours de soutien aux élèves du primaire et secondaires, compagnes médicales et sensibilisation est ce en organisant des activités intégrées avec des partenaires nationaux ou internationaux Le financement principale de notre association se compose principalement par les cotisation de nos adhérents qui frôle les 650, les bourses de la municipalité et les retombées des expositions artistiques, ses missions :promouvoir les droits linguistiques, culturels, socio-économiques, la reconsidération de l’identité, la langue et la culture Amazigh via le tissu culturel national, encourager les différentes formes de production et de créativité, promouvoir l’insertion de la langue, la culture, et la civilisation dans les médias, contribuer au développement local31 . Sur le plan économique, socioculturel et solidarité au sein de la population, diffuser l’esprit de coopération, aider et encourager la fille rural dans la poursuite de ses études, Contribuer à l’éducation, à la formation et à l’animation culturelle, S’intéresser au secteur sportif et œuvrer à la découverte dès l’organisation son poids économique ne

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Etude sur les associations marocaines de développement, diagnostic, analyse et perspectives Rapport III, synthèse et recommandations. (P : 36). 31 [email protected] 190 de compétitions et tournois.

reflète pas sa réalité, elle souffre énormément des sources de financement ce qui handicape ses activités et leurs extension sur tout le territoire national. II.

Limites du secteur mutualiste marocain.

Le système de santé marocain est confronté à une multitude de problèmes liés essentiellement à la double transition démographique et sanitaire, à l’insuffisance de la dotation du secteur et à l’inquiété dans le financement des soins. Ce dernier ne concerne que 41% des dépenses globales de santé. Seuls cinq millions de Marocains bénéficient d’une couverture médicale alors que le reste de la population se base sur le certificat d’indigence et ce malgré un système de couverture social mis en place depuis 40 ans. La couverture médicale de base a pris corps, au niveau législatif en novembre 2002, mais avait alimenté de fécondes réflexions tout au long des années 90. En effet, après l’épreuve du plan d’ajustement structurel et dans le sillage du désengagement de l’état, le secteur de la santé s’est trouvé sous équipé sous financé et capable de contenir la pression sociale de la population sur le secteur. La couverture médicale de base est parmi les réponses au déficit des indicateurs sociaux dans le domaine de la santé. Elle a pour objectif d’élargir l’accès des populations défavorisés aux soins de santé de base et le renforcement de la protection sociale par la mise en place d’un régime d’assistance médicale aux personnes économiquement faible (RAMED) et d’un régime d’assurance maladie obligatoire (AMO). Le secteur est dominé par les mutuelles du secteur public, il est animé par une cinquantaine d’institutions, la moitié de celles-ci sont des mutuelles de couverture sanitaire, dont 8 publiques regroupées dans la CNOPS. 43% sont des sociétés de cautionnement mutuel qui opèrent dans les secteurs de l’artisanat, du transport, de la pêche, de la PME et trois mutuelles d’assurances il s’agit de la MAMDA, MATU, et la mutuelle d’assurance sur les accidents de route et de travail 32. Les contraintes des mutuelles peuvent se résumer comme suit : la difficulté de recouvrement des cotisations (auprès des collectivités locales) et leur irrégularité dans l’ensemble. Les bénéficiaires engagent au total 2. 904. 819 milliers de dhs en soins de santé, ils ne sont remboursés que sur 1. 456. 683 milliers de DHS soit 50.15% 33. La part relative des médicaments est excessivement élevée avec un pourcentage de 81% des dépenses, Quelques médicaments non admis, Décalage entre les tarifs de responsabilité et les prix réellement appliqués sur le marché, Non-respect des dispositions législatives et réglementaires du dahir; Difficultés dans l’exercice du contrôle du secteur ; Absence de règles comptables relatives à la gestion des sociétés mutualistes. Dispersion des mutuelles sur plusieurs activités nécessitant des techniques et des compétences différentes : gestion des risques (maladie, décès, vieillesse, invalidité), gestion des œuvres sociales. Retard de remboursement par les mutuelles des soins dont bénéficient leurs adhérents; Mise en place de systèmes d’informations ne facilitant pas l’intégration. Les mutuelles et les sociétés de cautionnement mutuel ne disposent pas de structures uniques reconnues de représentation Les mutuelles de santé ont constitué deux unions : 32

Rôle et perspective d’évolution de la mutualité marocaine à l’heure de l’assurance maladie 1présentation fait par Ministère des finances, direction des assurances et de la prévoyance sociale. 26 mars 2007. 33 L’économie sociale au Maroc : Etat des lieux et perspectives d’avenir, Touhami Abdelhalek. (P : 147)

L’USM : Union des sociétés mutualistes publiques du secteur public et L’UMS : Union des mutuelles des salariés des secteurs semi-public et privé. Contrôle médical inapproprié voire inexistant, Faible performance des établissements de soins publics, qui tient à plusieurs facteurs, notamment : les carences en ressources humaines, une obsolescence des infrastructures et des équipements, l’insuffisance et la mauvaise gestion des ressources financières, l’irrégularité dans l’approvisionnement en médicaments et en consommables, et des comportements individuels peu compatibles avec les intérêts des usagers ainsi le maintien d’un niveau minimal d’hygiène, ce qui implique une certaine iniquité dans l’accès à des soins de qualité; Absence de complémentarité entre l’offre publique et l’offre privée de soins. En effet, faute de carte sanitaire et de cadre réglementaire, l’offre de soins privée est de niveaux hétérogènes et ne correspond pas toujours aux besoins prioritaires des populations ; Faiblesses en matière de régulation, avec notamment l’absence de carte sanitaire ainsi que des déficiences en termes de gouvernance aussi bien dans le secteur public que privé, ce qui implique de grandes disparités entre les milieux urbain et rural, entre les régions. Système de soins connaissant des cloisonnements d’ordre fonctionnel et technique entre les niveaux ambulatoire et hospitalier et une insuffisance notoire en personnel de santé particulièrement les médecins, les sages-femmes et les infirmiers insuffisance en terme de capacité de formation et de recrutement par rapport aux besoins ; Besoins pressants dans certaines spécialités médicales et mauvaise répartition spatiale de la plupart d’entre elles. - Le Ministère de la Santé : dont les missions n'ont pas été redéfinies à l'occasion de la mise en place de l’AMO, continue à jouer un rôle central en matière d’offre de soins, et en particulier pour les plus démunis. Par contre il s’est insuffisamment consacré à l’élaboration, l’adoption et la mise en œuvre des outils de régulation nécessaires à l’utilisation optimale des ressources. L’absence de régulation entrave la maîtrise des dépenses de santé et l’adéquation de l’offre de soins aux besoins de santé de la population 34. La structure de financement des soins de santé globalement inéquitable, en particulier vis-à-vis des populations les plus démunies est aggravée par une insuffisance des financements publics, ce qui contribue amplement à expliquer les difficultés d’accès aux soins en particulier pour ces populations : le paiement direct des ménages intervient pour 52% alors que les ressources fiscales (nationale ou locale) ne représentaient que 28% et l’assurance maladie 16%. De plus, la « socialisation » du financement des dépenses de santé concerne majoritairement les populations les plus favorisées et celles vivant en zone urbaine. La mise en œuvre de la CMB (AMO/INAYA/RAMED) constituerait une opportunité pour augmenter le financement collectif des soins de santé et en particulier dans le secteur public du fait des encouragements et obligations apportés par les réglementations régissant ces couvertures, d’un recours renforcé aux services publics hospitaliers. La couverture médicale de base est une démarche non intégrée due d’une 34

Etude sur le financement des soins de santé au Maroc, Rapport final élaboré par Mmes Fatiha kherbach et Asmae El alami Fellousse .Novembre 2007, Organisation mondiale de santé. (P : 88-89).

part à l’application de la progressivité dans la mise en œuvre de cette couverture au profit des différentes catégories de la population : L’assurance maladie obligatoire de base (AMO) instaurée au profit des salariés des secteurs public et privé (près de 34% de la population marocaine) est entrée en vigueur en 2006. Le régime d’assistance médicale (RAMED) : conçu au profit des personnes démunies (près de 30% de la population marocaine) est en cours de finalisation ; et l’assurance maladie obligatoire de base au profit des travailleurs indépendants et des aides artisans (Inaya) qui concerne près de 30% de la population marocaine et qui est en cours de mise en place dans le cadre de contrats d’assurance ou de mutuelles. Et d’autre part au fait de la décision que cette couverture utilise les structures existantes, ce qui a engendré des contraintes quant à la sauvegarde des droits acquis par les personnes bénéficiant d’une couverture dans le cadre de ces structures, avant l’avènement de la loi 65-00, ce qui a eu pour conséquences des couvertures de différents niveaux dont certaines n’englobent pas la totalité des soins de santé et portent essentiellement sur les gros risques (hospitalisations médicales et chirurgicales )et suivi des affections longue durée (ALD) et des affections longues durée coûteuses Ces contraintes ont généré la fragmentation de la population couverte et la multiplicité des régimes d’assurance avec différents niveaux de couverture (taux de couverture et panier de soins). Ainsi, si la création de systèmes spécifiques de couverture médicale pour chaque catégorie de personnes permet de prendre en considération leurs caractéristiques et notamment leur capacité contributive et facilite l’extension de cette couverture, elle a aussi abouti à un système à plusieurs vitesses et a rendu difficile toute solidarité entre les catégories d’assurés. La pérennité du système est confrontée à différentes contraintes consécutives notamment : au vieillissement de la population, impliquant l’augmentation des maladies liées à l’âge ; à la hausse de la demande de soins engendrée par l’amélioration de l’espérance de vie , au renchérissement du coût des soins de santé dû aux progrès techniques et à l’amélioration de l’accès aux soins de santé ; à la faible croissance des cotisations qui dépend de l’évolution des revenus ; à la croissance du coût des prestations de soins toujours supérieure à celle des revenus ; à la limite de la révision à la hausse des taux de contribution qui doivent rester compatibles avec la capacité contributive des opérateurs économiques tout en maintenant le niveau de couverture actuel35. Quand aux mutuelles communautaires l’étude propose d’étudier deux cas concret :

A/ L'expérience de mutuelle communautaire à Zoumi est la première expérience de mutuelle communautaire jamais menée au Maroc. Elle a donc joué le rôle d'expérience pilote. Les réussites, mais aussi les difficultés qu'elle a éprouvées, seront donc utilement utilisées, non seulement par l'UNICEF qui a décidé d'étendre l'expérience à 18 autres communes marocaines, mais aussi par les autres structures d'appui, dont l'OMS, qui désirent s'engager plus avant dans le domaine des mutuelles communautaires 36. D'autre part, la mutuelle a permis de changer la nature du dialogue entre les autorités et la 35

Secteur mutualiste marocain face au défi de la couverture sociale composante et financement. 2010 Organisation Mondiale de la Santé – Bureau du Représentant au Maroc. Les principales expériences de mutuelles communautaires au Maroc mars 2006.par Adrien Renaud Economiste de la santé. 36

population. Il est vrai qu'avant le projet, une grande méfiance semblait régner de la part des habitants envers l'administration, qu'elle soit provinciale ou nationale. Le principal problème que semble rencontrer la mutuelle est celui de la baisse du nombre de ses adhérents : aujourd'hui, avec une moyenne de 6 personnes par foyer, environ 2000 personnes sont couvertes par la mutuelle, ce qui représente 3,5% de la population de la commune. La manière de remédier à ce problème serait de changer la manière dont est vue la sensibilisation par les responsables de l’association. Un autre problème semble se poser : les membres du bureau ne connaissent pas véritablement leurs adhérents. En effet, il leur est impossible, par exemple, de donner le nombre exact de personnes bénéficiant actuellement de la couverture maladie : bien qu'ils sachent le nombre de personnes cotisantes, ils ne tiennent pas un décompte du nombre de personnes inscrites sur la carte. Il est alors impossible, à l'heure actuelle, de connaître des indicateurs qui pourraient être utiles à l'amélioration de la qualité du service rendu par la mutuelle : qui sont les adhérents (sexe, âge), qui sont ceux qui utilisent leur carte de manière intensive, qui sont ceux qui ne l'utilisent pas, pour quels types de services. B/La mutuelle de Tabant située dans la province d’Azilal a débuté ses activités depuis le mois d’avril 2005. Elle a été créée dans le cadre du programme des Besoins Essentiels de Développement mené par le Ministère de la Santé, qui se donne pour objectif d’améliorer l’état de santé des populations en améliorant la qualité de vie des populations, et donc en jouant sur les déterminants sociaux de la santé. Comme dans la province de Zoumi, la mutuelle est donc une initiative des autorités, et non une initiative des populations. La mutuelle a été lancée après la réunion d’une assemblée générale, où deux personnes par douar étaient représentées. Cette assemblée a élu un bureau de 13 personnes, auquel le médecin et le pharmacien étaient associés, sans en faire formellement partie. Des séances de sensibilisation ont été menées par les représentants à partir du mois d’octobre 2004 dans chaque douar. En janvier 2005, les cotisations ont commencé à être récoltées, et le service a commencé à fonctionner le 20 avril 2005. La cotisation est fixée à 200 DH par famille et par an. La garantie comprend, comme demandé par les autorités lors de la réunion où elles avaient incité les habitants de Tabant à se doter d’une mutuelle communautaire, les médicaments non fournis par le centre de santé ainsi que les transferts en ambulance jusqu’à l’hôpital de Chefchaouen. On peut dès à présent noter que, tout comme pour le cas de la mutuelle de Zoumi, le contenu de la garantie n’a pas fait l’objet d’une réelle participation communautaire. La mutuelle compte aujourd’hui 478 adhérents, ce qui représente environ un quart des ménages de la commune. Parmi ses atouts : La mutuelle a bien démarré. En 10 mois d’exercice, elle a réussi à faire adhérer environ un quart de la population, et elle a réussi à roder des procédures qui lui permettent de fonctionner en routine. Elle pourra servir d’exemple aux mutuelles qui vont être crées sous peu dans la province. Elle a d’ailleurs déjà reçu la visite d’une équipe de la province de Chichaoua, où un programme de création de mutuelles communautaires est en cours.

La mutuelle de Tabant37 bénéficie d’autre part de soutiens de la part de la commune, qui met à sa disposition l’une de ses fonctionnaires pour assurer la réception des adhérents, pour viser les ordonnances ; Elle bénéficie également du soutien de la délégation provinciale de la santé, ainsi que de deux organismes internationaux : l’OMS et le FNUAP. Parmi ses contraintes : problème de manque d’attractivité de la garantie qui vient d’être présenté, trois problèmes principaux se posent à la mutuelle communautaire de Tabant: la disponibilité des médicaments au dépôt pharmaceutique, la sensibilisation, et l’existence, parmi la population, d’un courant «anti-mutuelle», auquel quelques membres de la commune ne sont pas étrangers. Des problèmes de rupture de stock de certains médicaments au dépôt pharmaceutique privé de Tabant, partenaire principal de la mutuelle, ont été rapportés. Ces problèmes sont très inquiétants, puisque avec le transfert en ambulance à l’hôpital d’Azilal, les médicaments fournis par le dépôt pharmaceutique sont l’unique garantie offerte par la mutuelle. Après investigation auprès du propriétaire du dépôt pharmaceutique, il s’est avéré que ces ruptures ne concernaient que des médicaments ne figurant pas sur la liste des médicaments que la mutuelle doit rembourser. Ceci trahit un important problème concernant l’application des conventions signées par la mutuelle : il est important pour éviter les risques de dérives, que les conventions soient appliquées à la lettre. Si ces dernières posent des difficultés, il est urgent de les rediscuter, et donc, dans ce cas, de définir une nouvelle liste de médicaments à laquelle toutes les parties prenantes doivent se tenir. Le problème de la sensibilisation est celui qui semble poser la menace la plus immédiate pour la mutuelle. En effet, dans deux mois, les cartes d’adhérents qui ont été délivrées au début de l’activité de la mutuelle arriveront à échéance, et il faudra donc convaincre les mutualistes de renouveler leur adhésion. Or il n’existe pour l’instant pas de réelle stratégie de sensibilisation, les relais dont dispose la mutuelle (deux personnes par douar) n’a jamais été réunie, et aucune campagne de sensibilisation n’est pour l’instant programmée. La sensibilisation de la part de l’association se fait auprès des personnes venant au centre de santé, ce qui a pour effet pervers de ne recruter que des personnes ayant de fortes chances de tomber malades, et donc de limiter la diversification des risques. Le personnel du centre de santé, qui a le sentiment d’être le seul acteur à faire des efforts pour la sensibilisation, craint que le taux de renouvellement des adhésions soit très faible. Le troisième problème est d’ordre politique, Il est ressorti des entretiens menés avec les responsables de la mutuelle, ainsi qu’avec les responsables du centre de santé, que les élus (deux parlementaires et les élus de la commune) ne sont pas très favorables à la mutuelle, car ils y voient une initiative dont les bénéfices politiques leur échappent. Il existe donc un courant anti-mutuel dans la population, si bien que certaines localités entièrement acquises aux élus de la commune n’ont aucuns 197 adhérents à la mutuelle, Ce problème politique pourrait être l’un des principaux obstacles à une sensibilisation de grande ampleur.

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Centre de santé de Tabant est situé à 1800 mètres d’altitude, dans la vallée des Aït Bouguemez, dans le Haut Atlas Central au Maroc, et couvre une population d’environ 30 000 habitants. Il se trouve à plus de deux heures de routes de la ville la plus proche, Azilal. En 2008, son équipe y exerçait une médecine préventive et curative dans des conditions d’isolement important et avec peu de matériel et de ressources. Les soins suivaient les directives des programmes sanitaires mis en place par le gouvernement marocain.

Après avoir présenté ces quelques expériences de mutuelles communautaires au Maroc, il est possible de tirer certains enseignements qui peuvent être utiles pour la suite qui sera donnée à ce mécanisme de financement des soins de santé. On peut tout d’abord constater qu’il existe un défaut dans la définition de ce que l’on attend des mutuelles communautaires. Le caractère largement improvisé, ou plutôt faiblement coordonné, des expériences qui ont été mises en place dans le pays est pour beaucoup. On ressent par exemple cette faiblesse dans la définition de la fonction des mutuelles dans la déception qui est ressentie par les adhérents des diverses communes quant au bénéfice qu’ils retirent de leur adhésion. En effet, beaucoup estiment qu’ils n’ont « pas bénéficié assez » (comme cela a notamment été décrit pour l’expérience de Tabant), et que leur carte d’adhérent a été « inutile ». On se rend donc compte qu’ils avaient compris qu’ils allaient recevoir des soins gratuits d’une valeur supérieure au montant de leur cotisation. Parmi les causes de cette mauvaise compréhension figurent certainement une sensibilisation qui n’a pas su faire passer le message de partage des risques de la mutuelle communautaire, qui prend elle-même ses racines dans l’incertitude des décideurs quant à ce qu’ils attendent de cet outil. On peut également voir un symptôme de cette incertitude dans le choix des sites où sont implantées des mutuelles : certaines d’entre elles sont ou seront en effet situées dans des zones très difficiles, Ceci conduit à admettre la nécessité d’une définition claire de ce que doivent apporter les mutuelles au financement des soins de santé. Cette définition doit porter sur : La nature du mécanisme choisi : opte-t-on pour un mécanisme de solidarité, où chacun adhère pour le bien de la communauté, ou pour un mécanisme d’assurance, où chacun adhère puisque tel est son intérêt ? Les prestations couvertes : les mutuelles se bornent-elles à faciliter l’accès au médicament ou doivent-elles se fixer des objectifs plus ambitieux ? Quelles sont les populations pour lesquelles une mutuelle est un outil adéquat de financement ? Certaines de ces questions, et notamment la dernière d’entre elles, nécessitent des compléments d’informations. En effet, la cible et la garantie exacte des mutuelles ne peuvent être définies que si les outils de la Couverture Médicale de Base (CMB) le sont également, ce qui n’est pour l’instant pas le cas pour le Régime d’Assistance Médicale (RAMED), qui doit prendre en charge les soins délivrés aux plus démunis. Une réflexion intégrée sur le financement de la santé doit être menée dans ce cadre. Une fois la question de la définition de la cible et de la fonction des mutuelles communautaires réglées, il sera plus facile d’élaborer des procédures communes aux mutuelles qui pourraient être créées.