Dossier - Les Adolescents Face Aux Réseaux Sociaux [PDF]

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Zitiervorschau

Université de Tunis El Manar École Nationale d’Ingénieurs de Tunis

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Dossier : Les adolescents face aux réseaux sociaux

Liste des documents Document 1 : Pascal Hérard, « Les réseaux sociaux sont comparables à l'alcool : doit-on les interdire aux moins de 16 ans ? » dans TV5 Monde [en ligne], mis en ligne le 13 septembre 2021. URL : https://information.tv5monde.com/info/les-reseaux-sociaux-sont-comparables-lalcool-doit-les-interdire-aux-moins-de-16-ans-425595 Document 2 : Elodie Gentina, « Facebook, Snapchat, Instagram: les réseaux sociaux font aussi du bien aux adolescents » dans The Conversation [en ligne], mis en ligne le 11 mars 2020. URL :https://theconversation.com/facebook-snapchat-instagram-les-reseaux-sociaux-fontaussi-du-bien-aux-adolescents-132887 Document 3 : « Interdire les réseaux sociaux aux adolescents est contre-productif », dans Slate [en ligne], article repéré par Vincent Manilève, mis en ligne le 29 avril 2017. URL : http://www.slate.fr/story/144765/interdire-reseaux-sociaux-adolescents-contre-productif Document 4 : Le HuffPost [Youtube], 4 alternatives à l’interdiction des réseaux sociaux pour les ados, une vidéo mise en ligne le 7 février 2019. URL : https://www.youtube.com/watch?v=1o2npPIKzOc&t=334s

Document 1 Les réseaux sociaux sont comparables à l'alcool : doit-on les interdire aux moins de 16 ans ? Des États-Unis à la France, ce sont deux tribunes qui viennent coup sur coup sonner l'alarme sur un fait de société important et inquiétant mais pourtant passablement ignoré par les responsables politiques : les effets délétères des réseaux sociaux sur les enfants et les adolescents. Ce 17 septembre 2021, le spécialiste américain des technologies et des médias, Derek Thompson, a publié un article (en anglais) dans le journal The Atlantic, intitulé : "Les réseaux sociaux sont l'alcool de l'attention". A la suite de Derek Thomson, le philosophe et essayiste français Gaspard Koenig s'est fendu d'une chronique au titre sans équivoque dans Les Echos : "Interdisons les réseaux sociaux aux ados". Dans les deux articles, les auteurs jettent une lumière crue sur un problème que les parents d'enfants ou d'adolescents n'osent souvent pas aborder et qui se résume à une phrase : l'addiction aux réseaux sociaux de leurs progénitures. Un problème qui est passé du stade individuel, familial, à celui d'un phénomène de société.

Hashtag #Anti2010 Gaspard Koenig débute ainsi sa chronique : "Ma fille, née en 2010, rentre en sixième. Ces derniers jours, j'ai reçu toute une série d'alertes pour me mettre en garde contre le 1

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"cyberharcèlement" dont était victime la "génération 2010". Cette affaire de harcèlement envers les élèves rentrant en 6ème au collège, via le réseau social TikTok en particulier — très prisé par les plus jeunes — est remontée jusqu'au ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Celui-ci a réagi en déclarant "complètement stupide" cette vendetta numérique et proposé en réponse… des hashtags #bienvenue2010. Ces hashtags de bienvenue sont censés "contrer" les #anti2010, #anti2010nul, #anti2010cancers ou encore #brigadeanti2010, qui se déversent sur les plateformes depuis la rentrée, avec par exemple des appels à "afficher les tenues des 2010 les plus moches". Pas certain que l’hashtag du ministre change quoi que ce soit à ce harcèlement numérique massif. Au final, c'est la plateforme TikTok qui a banni le fameux hashtag #anti2010, qui a été rapidement contourné avec d'autres mots-clés… Mais le harcèlement en ligne n'est pas en réalité le fond du problème dans cette affaire, plutôt une conséquence — très inquiétante — d'un phénomène plus large, comme le souligne le philosophe dans sa chronique : "Au-delà même de la question du cyberharcèlement, je constate l'effet pervers de l'accoutumance aux réseaux sociaux lorsque j'enseigne à des étudiants "digital natives" (jeunes gens nés à l'ère d'Internet; ndlr), de plus en plus dépourvus d'une faculté de concentration élémentaire (…) Rester un livre à la main pendant une heure, sans like ni retweet, est devenu pour certains une impossibilité physiologique". Et c'est à la suite de ces constats que la comparaison avec l'alcool survient.

Réseaux sociaux : un "alcool de l'attention" Les conséquences de l'utilisation quasi permanente des réseaux sociaux pour les plus jeunes sont des pathologies nouvelles qui inquiètent les professionnels. Au centre du problème de cette surconnexion il y a l'attention humaine, de plus en plus sollicitée par ces outils numériques. Derek Thompson ne dit pas autre chose dans son article lorsqu'il commence à définir le réseau social Instagram : "Voici un produit amusant [Instagram] que des millions de personnes semblent aimer ; c'est malsain à fortes doses ; cela fait qu'une minorité importante se sent plus anxieuse, plus déprimée et pire à propos de son corps ; et que beaucoup de gens ont du mal à utiliser avec modération." Le spécialiste en vient alors à mettre en évidence le parallèle entre les réseaux sociaux et l'alcool : "A quoi ressemble cette description d'Instagram ? Pour moi, cela ressemble à de l'alcool : un lubrifiant social qui peut être délicieux mais aussi déprimant, une expérience populaire qui mêle euphorie à court terme et regret à long terme, un produit qui conduit à un comportement douloureux et même addictif chez une minorité importante. Comme l'alcool, les réseaux sociaux semblent offrir un cocktail enivrant de dopamine, de désorientation et, pour certains, de dépendance. Appelez cela "l'alcool de l'attention".

Des mesures à prendre d'urgence ? Le philosophe Gaspard Koenig fait une analyse similaire du problème : "Les meilleurs neuroscientifiques, débauchés à grands frais par les plateformes, s'emploient à titiller les circuits de récompense de nos cerveaux. Il faut traiter les réseaux sociaux pour ce qu'ils sont : 2

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une drogue distribuée gratos à la sortie de l'école." Il est effectivement prouvé que ces applications sont conçues et améliorées en permanence par les entreprises qui les développent pour capter l'attention des utilisateurs afin de les faire rester le plus possible en ligne. Les cerveaux des plus jeunes sont les plus faciles à toucher par ces techniques — de par leur immaturité — et il en découle une addiction beaucoup plus facile à obtenir et importante chez ces publics : L'analogie entre réseaux sociaux et alcool n'est pas une simple figure de réthorique. Les comportements des adolescents sont similaires dans l'ivresse alcoolique comme dans "l'ivresse créée par les plateformes numériques" : déshinibition, agressivité gratuite, insultes, facilité à la déprime, sensations de cohésion sociale ou à l'inverse d'isolement, euphorie, image dégradée ou surestimée de soi… Gaspard Koenig estime que les réseaux sociaux — en plus de générer des effets psycho-sociaux très négatifs — exposent les individus jeunes à une désinformation dont la société a le devoir de les protéger : "On interdit bien la vente d'alcool aux mineurs (…) Il est temps que le législateur classe les réseaux sociaux dans la même catégorie. Seize ans, c'est l'âge où l'on peut entrer seul dans un bar. Il serait logique d'en faire aussi le seuil légal pour pénétrer dans le grand tripot de la désinformation."

Protéger, éduquer, émanciper A l'heure de la lutte contre les fausses informations, contre l'échec scolaire, les drogues, les discriminations, le harcèlement, l'exposition à la pornographie, il semblerait logique et urgent de débattre de l'interdiction des réseaux sociaux — cet alcool de l'attention — pour les moins de 16 ans. C'est en tout cas ce que Derek Thomson et Gaspard Koenig demandent. Le philosophe justifie d'ailleurs cette nécessité : "Autant l'Etat doit laisser les citoyens majeurs vivre leur vie, autant il a tout son rôle à jouer pour émanciper socialement et intellectuellement les mineurs, y compris par la contrainte. Voilà pourquoi, moi qui n'aime guère les interdits, je plaide sans hésiter pour la fermeture des réseaux sociaux aux moins de 16 ans." Dans sa chronique, Derek Thomson, s'il ne plaide pas pour une interdiction pure pour les moins de 16 ans, amène des solutions, pour peu que les réseaux sociaux soient considérés de la même manière que l'alcool : "Nous devrions apprendre de l'alcool, qui est étudié, étiqueté, taxé et restreint. Des restrictions similaires décourageraient les abus des médias sociaux chez les adolescents. Nous devons continuer à étudier exactement comment et pour qui ces applications sont psychologiquement ruineuses et répondre directement au consensus atteint par cette recherche. Les gouvernements devraient exhorter ou exiger des entreprises qu'elles créent davantage d'outils intégrés aux applications pour décourager la surutilisation." Face à "l'économie de l'attention" créée par les grandes plateformes, peu nombreux sont ceux en mesure de résister. Les États au premier chef. Et si la population adulte — les parents — était la seule à même d'agir ? C'est possiblement le cas. Mais comme d'habitude, avec des inégalités sociales criantes ce que rappelle Koenig : un rapport du Haut Conseil de la santé publique paru l'année dernière a démontré que "plus le niveau d'étude du représentant de 3

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l'enfant est élevé, plus le temps passé devant un écran est faible". Il va sans dire qu'inversement, plus le milieu social est défavorisé, plus l'enfant ou l'adolescent est exposé à l'alcool de l'attention que sont les réseaux sociaux…

Document 2 Facebook, Snapchat, Instagram: les réseaux sociaux font aussi du bien aux adolescents La nouvelle génération d’adolescents est aujourd’hui immergée dans un environnement numérique : Internet, tablettes, et surtout accès constant à leur smartphone. Les jeunes français d’aujourd’hui ne se contentent plus de regarder la télévision ou d’écouter de la musique, mais consomment de plus en plus de médias sociaux. C’est le constat qu’a réalisé l’institut Médiamétrie au travers son étude « L’année Internet 2019 ». Son rapport révèle que 84 % des enfants de 12 ans interrogés disposent d’un smartphone, en vue de rester connectés avec leurs amis via les réseaux sociaux numériques (RSN). Ces adolescents deviennent si accros aux réseaux sociaux que 40 % d’entre eux dorment même avec leur smartphone ! Le smartphone devient une extension de soi, une sorte de doudou numérique pour ces enfants de l’ère connectée, ou « natifs du numérique » qui grandissent et évoluent dans le monde des réseaux sociaux numériques.

Un moyen de vaincre l’isolement Les médias évoquent généralement des réseaux sociaux numériques (RSN) pour en dépeindre les risques et dérives qu’on peut y rencontrer : anxiété, isolement, dépression et addiction… Les mauvaises expériences sont épinglées, dramatisées, généralisées. Pourtant, ce ton alarmant, souvent teinté d’un « c’était mieux avant », n’aide nullement à comprendre ce que les adolescents font et vivent sur la toile. Si la fréquence d’utilisation des RSN peut aggraver les symptômes dépressifs et entraîner une perte d’estime de soi, ils ont aussi des aspects bénéfiques, en permettant de renforcer les liens sociaux au moment de l’adolescence, période charnière dans la construction identitaire. Malgré ces dangers, il est difficile d’empêcher les jeunes d’accéder aux RSN : non seulement parce qu’en être coupés peut être associé à un mal-être, mais aussi parce que les interactions sociales qui s’y tissent contribuent à renforcer les amitiés et peuvent procurer aux adolescents un soutien protecteur contre l’isolement. D’après notre recherche publiée dans la revue Information & Management en 2019, les ados ultra-connectés souffrent autant, si ce n’est plus, de la solitude que les générations précédentes. Notre étude révèle que près de 80 % des natifs du numérique se sentent continuellement seuls. 4

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Alors pour compenser cet état d’isolement, ils se tournent vers les RSN pour tisser des liens avec leurs pairs. Se développent des relations interpersonnelles – certes superficielles – qui créent une illusion d’amitié. Mais les natifs du numérique ont-ils systématiquement recours aux médias sociaux pour tisser des liens avec leurs pairs ? Nous avons réalisé un sondage auprès de plus de 400 adolescents français, âgés de 13 à 18 ans, afin d’estimer leurs capacités d’adaptation. Quel était l’objectif ? Découvrir comment les adolescents réagissent face à la solitude (gardent-ils leur calme ou ont-ils tendance à agir immédiatement ?) et dans quelle mesure ils discutent de leurs sentiments personnels et de leurs angoisses avec leurs amis, sur les RSN et dans la vraie vie. Les résultats ont mis en évidence deux profils d’adolescents : ceux qui adoptent des stratégies d’adaptation actives, en s’attaquant directement au problème, et ceux qui adoptent des stratégies d’adaptation passives, en ignorant le problème. Plus concrètement, les adolescents adoptant des stratégies d’adaptation actives se tournent vers la communication traditionnelle et authentique avec leur groupe de pairs, le plus souvent à l’école. Alors que ceux adoptant des stratégies d’adaptation passives, préfèrent partager leurs émois sur les réseaux sociaux numériques (Facebook, Instagram, Snapchat).

Développer les compétences sociales L’un des résultats les plus frappants est le rôle du genre pour expliquer les différentes stratégies d’adaptation mises en œuvre par les adolescents pour vaincre leur état d’isolement. Les filles tendent à recourir à des stratégies actives en recherchant des interactions concrètes et réelles avec leurs pairs, alors que les garçons ont plutôt recours à des stratégies passives en favorisant le recours aux RSN. Nos recherches permettent enfin d’invalider l’idée selon laquelle le temps passé sur les RSN entrave le développement des compétences sociales. En effet, les résultats d’une étude à paraître que nous avons menée en 2019 auprès de 409 adolescents, âgés de 13 à 18 ans, a montré que l’exposition aux réseaux sociaux renforce au contraire la capacité mentale d’inférer des états mentaux à soi-même et à autrui et de les comprendre. […]. Les réseaux sociaux offrent donc une fluidité dans les liens sociaux. Grâce à eux, ce lien n’est jamais rompu, même après la séparation physique, et peut même permettre d’accroître la capacité à comprendre les intentions d’autrui des adolescents (théorie de l’esprit). Les RSN ne sont donc pas fondamentalement nocifs à l’adolescence, si toutefois ils en font un usage raisonnable et responsable.

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Document 3 Interdire les réseaux sociaux aux adolescents est contre-productif Une étude montre que cela peut même les rendre anxieux et encore plus accros quand ils y retournent. Lors d’un conflit, beaucoup de parents décidaient de priver leur adolescent de sortie avec ses amis. Aujourd’hui, cette privation s’est reportée sur leur téléphone portable, et donc sur leur accès aux réseaux sociaux. Un moyen justifié efficace mais qui, selon une nouvelle étude menée par l’université de Chicago, se révèle inefficace, voire contre-productive. Sur son site, le Washington Post explique que les chercheurs, en partenariat avec Associated Press, ont interrogé 790 adolescents sur les éventuelles privations de réseaux sociaux, forcées ou non. « L’effet secondaire, c’est que ça leur enlève un potentiel soutien émotionnel et l’accès à l’information, note Amanda Lenhart, experte en comportement sur les réseaux sociaux en charge de l’étude. Cela ne concerne pas juste ce qu’il se passe dans la vie de leurs amis, qui est une composante, mais aussi les informations, les événements qui surviennent, ce genre d’informations. » De plus, l’effet, s’il est immédiat, se révèle négatif sur le long terme et que les parents ne réalisent pas forcément. « Les 38% des adolescents qui ont été privés étaient plus à même d’être anxieux du fait de leur éloignement des réseaux sociaux et plus à même d’augmenter le nombre de publications une fois qu’ils ont été autorisés à revenir sur leurs réseaux. » Il est intéressant de noter que ceux qui ont déjà pris la décision eux-mêmes de se priver de réseaux sociaux (65% des 790 adolescents), ont eu tendance à mieux s’adapter à cette cure que si on les avait forcés. « Ils ont estimé que cette pause les avait aidés à se connecter avec les gens importants dans leur vie. » En revanche, seuls 20% de ces adolescents volontaires estiment avoir baissé leur consommation de réseaux sociaux ; 53% expliquent n’avoir pas observé de changements dans leurs usages. Autre problème, un tiers de ces adolescents aimeraient être capable de s’accorder un break de ce genre, mais ils estiment que cela nuirait trop à leur vie sociale, leurs devoirs et leurs activités extra-scolaires. Avec cette étude, et ses prochains travaux, Lenhart espère aider les parents à mieux comprendre ce qu’« arrêter les réseaux sociaux» signifie. « Ce n’est pas simple. Ce n’est pas juste un endroit où les adolescents traînent avec leurs amis. Il y a beaucoup de couches quand on parle de l’utilisation des réseaux sociaux, et c’est important que tout le monde réalise que c’est plus complexe que cela. »

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Document 4 4 alternatives à l’interdiction des réseaux sociaux pour les ados

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