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Zitiervorschau

Les Apôtres du Mal 

Les Apôtres du Mal Ce scénario s’inscrit dans la tradition de la littérature fantastique et horrique ; sa nature extrême le destine à un public averti. Un MJ assez expérimenté, déjà familiarisé avec les règles de Crimes, serait préférable pour le diriger. Il lui est conseillé de lire le chapitre 4 du livre de base consacré au système de jeu, et plus particulièrement les paragraphes concernant la sublimation et le sado-masochisme au XIXème siècle (p.111 & 112). L’aventure doit se dérouler après 1897, l’année où Oscar Méténier se rend propriétaire du Grand Guignol, et de préférence après la campagne du livre de base (située en 1899). La présence d’un prêtre exorciste (ou d’un simple chrétien) et d’un dandy parmi les PJ peut influencer le déroulement de l’histoire.

Source : grandguignol.com

« Dans le théâtre des humains, les places de spectateurs sont réservées à Dieu et à ses anges. » Pythagore

Introduction Une fois n’est pas coutume : nos aventuriers de choc vont pouvoir oublier, l’espace d’un soir, l’horreur qui leur est désormais familière ; du moins le croient-ils... Oscar Méténier, directeur du théâtre du Grand Guignol, les a tous invités à la première de son nouveau spectacle : La Beauté du Diable ; or l’endroit n’est pas spécialement connu pour apaiser les angoisses.



Depuis les incidents de La Fée Verte, ce dernier s’est lié d’amitié avec nos investigateurs : sans eux, le Voleur de Visages - qui avait usurpé son identité sans le moindre scrupule - ne serait toujours pas neutralisé ; voilà un problème de réglé susceptible, à terme, de nuire gravement à sa réputation ! L’homme n’est pas ingrat, et compte bien récompenser comme il se doit ses nouveaux amis (si vos joueurs n’ont pas joué la campagne de La Fée Verte, considérez Méténier comme le contact d’un PJ). La représentation est programmée un samedi soir. Le théâtre se trouve à Montmartre, au 20 bis de la rue Chaptal, dans une impasse de Pigalle. Une jeune actrice mystérieuse, « Lihi », a été choisie par Méténier pour incarner le rôle principal. La promotion faite autour de l’évènement a attiré du monde : la foule se presse à l’entrée ; les déambulations des hommes-affiches du Grand Guignol dans la capitale ne sont sûrement pas étrangères à une telle affluence... Soulagement ! D’après les rumeurs qui circulent dehors, la pièce est une farce à caractère érotique : un genre parfois représenté sur la scène du théâtre. Sur les murs, des affiches placardées représentent une jeune femme rousse au décolleté généreux, d’apparence insouciante et frivole ; la pauvresse semble ignorer la terrible silhouette démoniaque qui plane sur elle... Un homme à la moustache fournie surgit alors de nulle part, tel un diable monté sur ressort éjecté de sa boîte. Les PJ les plus nerveux sursautent, répondant malgré eux à l’effet souhaité par notre farceur (+ 1pt de névrose). Apparemment ravi de leur présence, le maître de l’horreur les invite à dépasser la file d’attente pour rejoindre l’entrée, malgré les vives protestations et les noms d’oiseaux proférés par une foule impatiente. Une fois entré, Méténier demande à un ouvreur de réserver des places au premier rang pour ses amis, qui ne doivent rien rater du spectacle. Il invite ensuite les PJ à boire un verre de Bordeaux dans son bureau, où il ne tarit pas d’éloges sur sa nouvelle égérie, Lihi, une jeune Juive recueillie dans la rue alors qu’elle était à deux doigts de se livrer à la prostitution pour survivre. — Quelle drôle d’époque vivons-nous, où de si jolies jeunes femmes en viennent à s’avilir de la sorte ! Il fait alors remarquer aux PJ, non sans amusement, que Lihi signifie « elle est à moi » en hébreu, en croyant bon de jurer ses grands dieux qu’il ne s’agit pas d’un nom de scène, mais de son véritable prénom...

Une Juive en tête d’affiche, en pleine affaire Dreyfus ? Voilà qui traduit bien la personnalité provocatrice de Méténier ! La discussion est ouverte avec les PJ, Méténier étant interprété par le MJ : les joueurs peuvent ici lui faire part de leurs interrogations à ce sujet, mais il semble se désintéresser totalement des affaires politiques. En fait, il n’avait même pas fait le rapprochement entre les origines de sa protégée et l’affaire qui secoue actuellement la France... Malheureusement, il ne peut leur présenter son égérie pour le moment, car il préfère éviter de la déconcentrer avant le spectacle. Il se fera toutefois une joie de les emmener dans sa loge, une fois la pièce terminée. Comblé par son rôle de pygmalion, Méténier compte bien faire d’elle la figure de proue du théâtre. Interrogé sur la nature de la pièce, il se contentera d’afficher un large sourire : – Allons, vous ne préférez pas profiter de la surprise ? Mais le temps passe, et il est temps de s’installer. Le spectacle va bientôt commencer.

Oscar Méténier

En 1897, Oscar Méténier, fonctionnaire de police, achète un théâtre situé au fond d’une impasse pour faire jouer ses pièces refusées par André Antoine, le créateur du Théâtre Libre. Volontiers sanguinolents, les spectacles du Grand Guignol seraient à l’origine de plusieurs avortements dûs à la terreur éprouvée par leurs spectatrices ! Malgré son nouveau statut, on dit qu’il aurait continué à servir la police en tant qu’indicateur…

ACTE I La Beauté du Diable « La femme est le chef-d’oeuvre de Dieu surtout quand elle a le diable au corps. » Alphonse Allais

Au théâtre ce soir... Méténier reste dans son bureau, après s’être préalablement excusé auprès des PJ : il lui reste des affaires à régler avant le spectacle. Il les incite alors à rejoindre le public déjà installé dans la salle, en leur souhaitant de passer une bonne soirée. Comme promis, des sièges ont été réservés au premier rang à l’aide de petites pancartes. La salle commence à se remplir : l’endroit sera bientôt envahi par toutes sortes de personnes, dont une majorité de bourgeois curieux. Une fois tout le monde installé, la lumière s’éteint. Seul reste visible un rideau pourpre, qui s’ouvre verticalement sur la scène du Grand Guignol. Un lit trône sur les planches, juste devant les PJ. Des ricanements émanent de sous les draps, qui ne cessent de s’agiter en tous sens : apparemment, on s’y amuse bien ! Soudainement, le drap tombe à terre et le public découvre, ahuri, une jeune femme rousse aux seins nus accompagnée d’un homme, quasiment nu lui aussi. Murmures de désapprobation des femmes dans l’assistance, rires gênés des hommes : la scène ne laisse pas le public indifférent.

Les PJ avec le tabou « acte sexuel » ou « érotisme » risquent ici de réagir par la fuite, ou en essayant d’arrêter le spectacle dès son commencement. Le MJ devra alors improviser la suite mais la pièce doit se dérouler, et les PJ doivent tous y assister (prévoir, par exemple, un videur musclé présent pour ramasser les femmes du public qui s’évanouiraient, et qui reconduirait fermement le PJ à sa place).

Voir l’acte II du scénario La Fée Verte dans le livre de base, page 247, pour plus de précisions.

 L’Aketa Fantasma (1919)

La scène se poursuit, relatant les aventures libertines de cette femme bien décidée à profiter des atouts de son corps parfait. On peut légitimement s’interroger sur l’intérêt d’une telle pièce au Grand Guignol, si ce n’est pour combler les fantasmes voyeuristes de ces messieurs, mais il ne faut pas oublier que le théâtre n’est pas uniquement dédié aux spectacles sanguinolents : des histoires plus légères y trouvent également leur place. Pourtant, difficile de s’expliquer l’ombre menaçante du diable sur l’affiche... Passées dix minutes de frivolités en tous genres (les pièces excèdent rarement vingt minutes), un étrange changement d’ambiance survient brutalement.

Avec un bon score en société, un PJ particulièrement attiré par les femmes (dandy, séducteur, gigolo…) pourra remarquer deux silhouettes aux formes et à la démarche féminines (test en traque et société).

Les Messagers de l’Enfer

Celui qui semble être leur chef traverse l’allée centrale, entre les rangées de spectateurs. – Vous jouissez de la chair et pleurez une fois en enfer, mais il est alors trop tard. Les silhouettes avancent encore. Personne n’ose réagir, le public pensant assister à la suite du spectacle. La jeune femme, quant à elle, paraît terrorisée : son jeu est parfait, peut-être même trop... Elle se lève subitement pour s’enfuir, mais sa peau nue accroche l’une des pointes des crochets, qui la contraint à s’immobiliser. Elle se met alors à crier « Oscar, Oscar ! », mais personne ne vient la secourir. – Qui sommes-nous ? C’est la question que je lis dans vos regards. Sachez que nous sommes les gardiens du paradis et de l’enfer. Nous sommes des anges et des démons : tout dépend de vos actes en ce monde. Mais ce soir, nous sommes venus ici en tant que messagers de l’enfer.

Les lumières des lampes à huile qui éclairaient la scène s’éteignent simultanément ; l’assemblée est soudainement assourdie par un bruit de tonnerre, simulé par ce qui ressemble à un bruit de taules froissées. On peut entendre les cliquetis des maillons d’une chaîne s’entrechoquer. La musique d’un orgue résonne, grave et inquiétante. L’obscurité laisse alors la place à une lumière plus faible et diffuse, rouge sang. La voix de Lihi se répercute en un cri strident qui fait bondir l’assistance. La jeune actrice est toujours sur scène, totalement nue, recroquevillée sur elle-même. Son partenaire n’est plus là. Des chaînes terminées par des crochets pendent du plafond, formant autour d’elle une muraille infranchissable. Lihi garde le regard fixé sur la salle, comme si une menace invisible y planait. En jetant un rapide coup d’œil autour d’eux, les PJ découvriront de bien curieux intrus... Cinq silhouettes se tiennent droites comme des I à la périphérie de la salle, vêtues de noir des pieds à la tête, le visage caché par une capuche, le corps recouvert d’une robe de bure noire comme les ténèbres. Leurs têtes sont penchées vers le sol, comme s’ils étaient plongés dans un profond recueillement. Les PJ versés en occultisme remarqueront que leurs positions marquent les cinq pointes d’un pentacle : l’étoile païenne inversée à cinq branches. L’un d’entre eux, situé au fond (la pointe du pentacle), prend la parole d’une voix sortie d’outre-tombe. – Chacun de vos péchés scelle un pavé de plus sur le chemin qui vous mènera en enfer. Les quatre autres silhouettes commencent à avancer vers la scène en longeant les murs, suivant un rythme parfaitement synchronisé.



Un PJ religieux chrétien ou très croyant recevra 1 pt de névrose, et percevra ces intrus comme des ennemis naturels. Le MJ peut lui faire réaliser un test d’occultisme caché afin de lui laisser deviner leur part de réel et de surnaturel. De la même manière que pour les PJ atteints d’un tabou sexuel, il est possible qu’il se jette sur ces individus maléfiques, mais il devra être raisonné par ses partenaires ou par le public car, quoi qu’il arrive, le spectacle doit se dérouler.

Les Messagers de l’Enfer avancent encore, inexorablement, et finissent par monter sur scène. L’un d’entre eux est plus petit et gros que les autres, aux silhouettes plus élancées et athlétiques. Une odeur nauséabonde l’accompagne. Un autre Messager semble avoisiner le mètre quatre-vingt dix… D’un geste, leur chef écarte la muraille de chaînes. Il ôte le crochet du bras de Lihi, délicatement, en lui épargnant toute douleur supplémentaire. – N’aie crainte, mon enfant, nous te laverons de tes péchés. Il pose sa main sur la tête de Lihi, pour l’attirer contre lui en un geste protecteur et paternel. La jeune femme, paralysée par la peur, ne bouge plus. Il lève alors son visage vers le public, totalement captivé par la scène. On peut vaguement discerner ce qui semble être des tatouages tribaux, ou peut-être bien des cicatrices sur sa peau.

Un test de sciences humaines en histoire permettra d’attirer l’attention d’un PJ sur les cultures tribales des tribus primitives et leurs rites d’initiation basés sur la scarification, tels les Araucans. Nous verrons par la suite qu’il s’agit d’une fausse piste.

Aujourd’hui, une catin, une Juive vient livrer un spectacle pornographique en ce temple chrétien, et vous l’observez d’un oeil malicieux : honte à vous ! En vérité je vous le dis, nous laverons ses crimes et les vôtres dans la douleur et le sacrifice. Expiez, expiez ! Juifs, païens, putains, pécheurs, repentissez-vous tant qu’il est encore temps, ou craignez le courroux du Seigneur ! Ça n’est pas la douleur mais la plénitude que la souffrance vous apportera. Vos larmes naîtront de la joie, et non du supplice enduré. Voilà ce que nous sommes venus vous offrir, avant de retourner dans la Géhenne. Quelque chose tombe par terre ; une explosion fait alors sursauter le public, quand un nuage de fumée envahit la scène. Une odeur de souffre se répand, le choc de maillons s’entrechoquant résonne par-dessus les cris de la jeune actrice, puis la lumière revient totalement pendant que la fumée se dissipe sur une scène maintenant déserte. C’est alors que Méténier apparaît en écartant le mur de chaînes avec ses bras, exténué, en sueur, au cœur du nuage. – Où est-elle, OU EST-ELLE ?

– Jadis, cet endroit était un sanctuaire dédié à la vénération du Seigneur (un personnage connaissant l’histoire du théâtre saisira l’allusion à la chapelle qui se trouvait autrefois ici : test de société en journalisme), mais aujourd’hui le voilà devenu un temple de la luxure.

Et si les PJ décident d’intervenir ? Tout le péril de cette scène, pour le MJ, concerne les interventions éventuelles des PJ. Et s’ils comprennent ce qui est en train de se dérouler ici ? S’ils se jettent sur les Messagers, se ruent sur scène ? Et s’ils décident ensuite de fermer toutes les portes pour empêcher le public de sortir, afin de ne pas laisser les Messagers de l’Enfer et les témoins s’enfuir ? Pour permettre au spectacle de se dérouler, le MJ peut avoir recours à quelques subterfuges : S’ils se mettent à crier, à essayer de convaincre la foule, le public se mettra à les huer en leur ordonnant de s’asseoir et de se taire, afin de continuer à regarder le spectacle ! S’ils tentent une action physique, un des Messagers de l’Enfer, le plus grand (cf. fiche PNJ Innocent), révèlera une force herculéenne. Au besoin, il pourra mettre KO le PJ qui porterait la main sur un de ses camarades. En cas de bagarre générale avec le groupe, il pourra même les attacher sur leur siège. Si un PJ s’enfuit lâchement, le même Messager le ramènera à sa place. S’ils essayent de retenir le public, une fois la lumière rallumée, ils ne pourront guère empêcher une foule apeurée de quitter les lieux, et risquent même de provoquer une émeute.



Les indices Le public demeure interdit... Et si tout cela n’était pas qu’un jeu ? Il semble de plus en plus certain que rien n’était prévu... Méténier se jette sur les PJ et les agrippe par les épaules. – Vite, il faut la retrouver ! Les chaînes sont toujours là ; les PJ qui lèveront les yeux au plafond n’y verront que des poutres apparentes. Sur la scène, les résidus d’une bombe fumigène parsèment le sol (un test en sciences du vivant permet de reconnaître son caractère innofensif ). Des gouttes de sang constellent le bois, piétinées par des petites traces de pas. Il est temps de suivre les pistes...

S’il se décide à contacter le préfet, notez-le : les services de la préfecture seront utiles à la suite des évènements. Le préfet décide aussitôt de confier l’affaire à ses enquêteurs de choc, puisqu’ils ont assisté à l’enlèvement et qu’ils se trouvent déjà sur place. Pour qu’il accepte, espérons toutefois que les PJ aient eu la présence d’esprit de lui mentir par omission, concernant Lihi…

Les traces de sang : les empreintes laissées par les chaussures ne sont pas celles d’un adulte. Elles mènent jusqu’aux coulisses, traversent les couloirs du théâtre, aboutissent à l’issue de secours de l’arrière du bâtiment, puis se terminent dans la ruelle qui la longe. Ensuite, plus rien... On dirait qu’un fiacre attendait les Messagers de l’Enfer dans la ruelle, mais il n’y a pourtant aucune trace sur le sol (test en traque), et la ruelle est bien étroite pour abriter un véhicule... Les loges : on peut trouver, dans l’une d’elles, le partenaire de Lihi bâillonné et ligoté. Un costume de diable confectionné selon la grande tradition théâtrale (cornes, barbiche, queue fourchue, trident...) repose sur un cintre. Une fois libéré, il déclarera avoir été frappé par un homme immense habillé en noir, le visage caché par une capuche (Innocent), juste après avoir quitté la scène pour venir se changer en diable. Dans une autre loge remplie de fleurs, il ne reste plus rien de Lihi, si ce n’est un mot d’encouragement très intime de Méténier...

Charlie Chan à l’Opéra (1936)

La version de Méténier

Sur la scène, en y regardant de plus près, les PJ peuvent examiner un des crochets fixés au bout des chaînes. En réalité, il ne s’agit pas véritablement d’un crochet, mais d’un simple hameçon encore recouvert du sang de l’actrice, sûrement celui ôté de sa peau par le chef des Messagers de l’Enfer. Par terre, un bout de tissu noir repose sur le bois.

Méténier hésite à contacter Lépine, pour qui il fait pourtant office d’indicateur. Il n’est pas sûr que ce dernier soit pressé de lancer ses brigades à la poursuite d’une ancienne prostituée juive, et cela pourrait même attirer des problèmes au théâtre. Si les PJ travaillent aux ordres de Lépine, ils peuvent essayer de convaincre Méténier de le contacter avec leurs arguments (test de société renforcé par le nombre de dés en « contact : Méténier »).



Selon Méténier, rien n’était prévu, pas même la présence de ces chaînes sorties d’on-ne-sait-où... A la fin de la pièce, le partenaire de Lihi devait revenir déguisé en diable afin de l’emmener en enfer, où il l’aurait épousée : un décor de flammes en tissu avait même été conçu pour l’occasion ! (S’ils souhaitent l’examiner, un test en méthodes policières permettra aux PJ de constater la différence entre ces effets spéciaux de fortune et le réalisme du spectacle terrifiant auquel ils viennent d’assister). Quand les PJ ont quitté le bureau de Méténier, ce dernier s’est rendu dans la loge de Lihi afin de s’assurer que tout allait bien. Rassuré, il a refermé la porte puis a été surpris, au moment où il se retournait, par une immense silhouette noire (Innocent) qui a fondu sur lui pour l’assommer. « Mon Dieu, quelle force ! » Il s’est réveillé dans un placard à balais, ligoté et bâillonné. C’est au moment où Lihi l’a appelé à l’aide qu’il est parvenu à s’extraire de ses liens (un talent hérité de son passé) pour venir à son secours, mais en vain. Il n’a pourtant croisé personne dans les couloirs, alors que les traces de sang attestent qu’un individu a traversé le bâtiment pour rejoindre la ruelle d’où il s’est enfui !

Premières pistes à explorer

1. Les fausses pistes :

2. Les bonnes pistes :

Hypothèse du coup de pub : Méténier est un homme rusé, doublé d’un bon acteur ; cet évènement a fort bien pu être provoqué pour attirer le public. Les PJ peuvent toujours suivre le directeur du théâtre en filature, et l’observer se démener dans le tout Paris pour organiser une nouvelle pièce. On peut légitimement penser qu’il aurait prévu en amont l’avenir de son théâtre si tout cela ne relevait que d’un plan destiné à promouvoir ses spectacles... De plus, l’homme fait également la tournée des quartiers juifs pour retrouver la trace de Lihi : il semble bien trop anxieux pour avoir tout prémédité. Il est quand même conseillé au MJ d’insister sur cette fausse piste jusqu’à la fin, par exemple en mettant en avant les soucis financiers du théâtre. Il serait aussi judicieux de faire visiter à Méténier plusieurs banques... Les PJ peuvent également croiser un des hommesaffiches de Méténier, chargé de faire la promotion du drame.

Hypothèse du tour de magie : ce tour de passe-passe ressemble fort à un tour de magie : l’apparition subite des Messagers, leur disparition toute aussi incongrue... Méténier, un homme bien ancré dans le milieu du spectacle, peut diriger les PJ vers George Méliès, directeur du théâtre de magie Robert Houdin depuis 1888. Pour ce qui est de l’hameçon, il serait peutêtre judicieux de visiter les magasins de pêche et de rencontrer des fabricants d’asticots... (voir le chapitre 3, p.61 du livre de base). Le morceau de tissu : c’est un simple bout de tissu noir, sûrement arraché par un des crochets. L’emmener dans une entreprise de confection permettra d’indentifier le tissu utilisé pour les robes de bure des moines et des prêtres, ce qui ne fera que confirmer l’origine religieuse de ces vêtements.

Hypothèse sataniste : intrigués par la position des Messagers sur le sol (suivant les pointes d’un pentacle) et leur discours sur l’enfer, les PJ peuvent s’intéresser aux sociétés occultes marginales, en fonction de leurs contacts dans ce milieu. Cela ne les mènera nulle part. Si la nature de cette affaire est bien théologique, nos suspects n’ont rien à voir avec les groupuscules satanistes. Il est conseillé au MJ d’organiser une rencontre avec un groupe d’« occultistes » d’opérette aussi ridicules qu’innofensifs, afin de discréditer cette hypothèse.

La nature du discours tenu sur la souffrance et le plaisir : enfin, la teneur des propos du Messager sur la souffrance devrait attirer les PJ vers un milieu tout ce qu’il y a de plus marginal en ce Paris de fin de siècle : celui du sado-masochisme. Si les PJ parviennent à relater à Méténier le discours des Messagers (dans ses grandes lignes), ce grand connaisseur des activités les plus obscures et souterraines de la capitale jettera un œil autour de lui avant de les tirer par la manche jusqu’à son bureau. Là-bas, il se contentera de leur glisser dans la main un carton d’invitation pour un club : le mystérieux Dragon Noir, installé au coeur de Pigalle… Inutile de l’interroger, il semble que le seul fait de leur remettre cette carte relève du tabou absolu : fréquenter ce genre d’endroit expose les imprudents à de lourdes sanctions pénales, et même à l’ombre du bagne !

Hypothèse antisémite : les groupuscules antiJuifs sont légions à Paris, surtout en pleine affaire Dreyfus. Les PJ peuvent écumer les bars ou les repaires des partis politiques antisémites, ils n’obtiendront rien (pour inspiration, voir le dialogue entre Jean Jaurès et le Génie du Crime dans le chapitre 6 du livre de base, page 223). Malgré une allusion aux origines juives de Lihi de la part du Messager de l’Enfer (facilement décelables par son nom), l’objet de son courroux semblait plutôt porter sur ses moeurs légères et sur son exhibition en un lieu qui fut jadis une chapelle. Le MJ devrait ici faire comprendre aux PJ que cette piste fastidieuse n’est pas le meilleur moyen de commencer l’enquête.



Le Théâtre Robert Houdin

– Dans le déroulement, cela ne ressemble à aucun tour connu : ce que vous me racontez me paraît fort imprégné de religion, or nous ne mêlons point notre art à ces choses-là. Mais tout de même, il me semble que ces individus connaissent quelques unes de nos astuces... Sur les chaînes : – Si elles sont apparues ainsi, accompagnées de ce bruit métallique, cela nécessite la présence d’un complice positionné au-dessus de la scène pour les accrocher et les manipuler. Je pencherais pour un enfant, les magiciens les utilisent souvent pour leurs tours aériens car ils sont légers et agiles. Cherchez dans les rues ou dans les fichiers de la police, vous en trouverez sûrement un réputé pour ses tours d’acrobate et poursuivi par la police pour quelques délits. A noter : un voleur, jeune et agile, est sûrement impliqué dans l’affaire. Souvenez-vous des traces de pas d’enfant dans le sang... Sur l’apparition des Messagers de l’Enfer :

Source : magazine Inexpliqué N°66, p.1 301

Le théâtre Robert Houdin se situe au 8, Boulevard des Italiens : le plus petit théâtre de Paris est déjà connu dans toute l’Europe depuis plus de 40 ans pour ses fameuses illusions. Au deuxième étage de l’immeuble, propriété du Comte de Rohan-Chabot, on peut trouver une salle d’environ deux cents places réparties en fauteuils, stalles, bancs et loges. Un spectacle de magie y est donné tous les soirs à huit heures et quart. Le complexe se compose de bureaux au-dessus de l’entresol et, à l’étage supérieur, d’un foyer baptisé « salon-annexe » qui fait le soir fonction de vestiaire. Dans la journée, on l’utilise comme salon d’exposition permanente de phénomènes, automates et autres curiosités à caractère plus ou moins scientifique. Guidés par une charmante hôtesse, les PJ trouveront Méliès dans cette salle. Il est occupé à travailler sur une nouvelle illusion sur la base des objets « magiques » créés par le célèbre magicien Robert Houdin, mort en 1871. Prévenu par Méténier ou par la préfecture, cet homme d’une quarantaine d’années accepte de les recevoir. Il leur demandera de le rejoindre dans son bureau. Les PJ pourront à peine apercevoir, dans cette curieuse pièce, quelques automates à figure humaine des plus inquiétants, avant que Méliès n’en sorte en fermant la porte derrière lui. Une fois dans son bureau, après avoir patiemment écouté les explications des PJ, Méliès demeure perplexe. Il finit par prendre la parole : – Comprenez bien qu’en aucun cas je ne puis vous dévoiler les secrets de nos tours. Les PJ devront se montrer convaincants en lui assurant qu’ils cherchent juste à comprendre. Le nombre d’informations données (à l’appréciation du MJ) dépendra pour beaucoup de leur talent de persuasion.



– Vous m’avez dit que ces intrus semblent être apparus comme par magie, si je puis dire, en cinq points de la salle ; or cela ne relève que de vos déductions, je dirais pour ma part que vous ne les avez pas vus entrer. De plus, vous m’avez parlé d’une actrice nue sur scène : il n’y a rien de mieux pour attirer l’attention du public. Nos cinq étrangers sont donc entrés tout simplement avec la foule, en tenue de ville. La scène est éclairée, le public plongé dans l’ombre : une robe de bure se plie facilement, on peut aisément la réduire à l’état de simple chiffon facilement dissimulable. Vous étiez au premier rang : vous n’avez pu les voir se lever, sûrement un par un pour ne pas attirer l’attention, avant de se changer dans un endroit discret. Qui aurait pu les remarquer lors d’un tel spectacle ? Détourner l’attention, telle est la première leçon d’un magicien ! A noter : Méliès suggère donc que l’actrice, ainsi que l’auteur de la pièce seraient complices, voire également Méténier ! Si les PJ lui font remarquer l’état de terreur dans lequel semblait plongée Lihi, il leur rétorquera qu’elle doit être une excellente actrice, ou que ses comparses ne l’avaient tout simplement pas prévenue de l’épreuve à laquelle elle allait se retrouver confrontée.

Au Cœur de la Nuit (1945)

Sur leur disparition : – Le nuage de fumée, un truc vieux comme le monde ! Pour cela, il faut chercher du côté des artificiers de la capitale. Mais une chose me surprend : nos intrus auraient emmené cette femme, traversé les couloirs sans rencontrer Méténier avec leur captive dans les bras, puis ils se seraient enfuis en un temps record avant que vous ne les rattrapiez ? Dans une ruelle trop étroite pour abriter un fiacre ? Voilà qui me paraît fort peu probable. Et ces traces de pas d’enfant ? Nous savons qu’ils étaient présents physiquement : vous m’avez dit que le Messager a touché cette femme, écartons donc l’hypothèse d’un jeu de projection d’image comme les affectionnait Houdin. Je vous ai dit à quel point il fut facile pour eux d’emprunter ce déguisement : il leur fut tout aussi facile de l’ôter, et de se mêler au public pour sortir tranquillement dans ce capharnaüm. Nous pourrions aussi envisager la présence d’une trappe sur scène, mais le théâtre de Méténier n’est pas conçu pour les tours de magie, ça n’est jamais qu’une ancienne chapelle reconvertie. Croyez-moi : cette femme est repartie avec vos Messagers de l’Enfer, mais de son plein gré, son corps nu caché sous des vêtements qu’ils avaient apporté avec eux, et sa longue tignasse rousse dissimulée sous un chapeau. Les PJ peuvent ici objecter une chose à Méliès : comment le Messager au visage balafré a-t-il pu se mêler à la foule, vu les affreuses cicatrices entraperçues sur son visage ? La seule réponse possible repose sur une dissimulation de ses traits par une écharpe ou un chapeau. Ou bien encore le recours à un masque, ou des fausses cicatrices pour impressionner le public… Dans tous les cas, il semble certain que Lihi était complice.

George Méliès, le maître de l’illusion

Marie Georges Jean Méliès naît le 8 décembre 1861, à Paris, dans une famille de fabricants de chaussures. Il travaille un temps dans l’entreprise de son père, avant de partir pour Londres afin d’y apprendre la prestidigitation et la confection d’automates. Il devient le directeur du théâtre de magie Robert Houdin en 1888, et commence à monter des spectacles de prestidigitation et de « grandes illusions », avant de devenir plus tard l’homme de cinéma que l’on connaît.

Le Dragon Noir, un club très privé Le Dragon Noir est un club tout ce qu’il y a de plus confidentiel, réservé à une poignée d’habitués. La façade est entièrement noire, comme faite d’ébène. Aucune enseigne n’indique le nom de l’établissement, mais l’adresse du carton de Méténier est formelle. Une seule porte donne accès au club, qui n’est ouvert que le soir. Si la nuit n’est pas tombée, les PJ peuvent encore suivre les autres pistes. Le principal problème vient du fait que les PJ ne sont pas censés savoir à quel genre de club ils ont affaire. Ici, on ne joue pas plus au bridge qu’on ne tient de longues discussions sur l’actualité littéraire : le Dragon Noir est un endroit dévoué à la séduction, aux déviances et, en dernier lieu, au plaisir par la souffrance. En frappant à la porte, les PJ verront une petite trappe s’ouvrir sur un visage patibulaire. La conversation peut donner lieu à un quiproquo, car les PJ devront parvenir à convaincre le portier qu’ils ont été invités, et qu’ils connaissent parfaitement la fonction du club (un certain niveau en société sera ici indispensable, ainsi qu’un test pour les PJ qui n’ont pas le niveau suffisant. Les recalés devront attendre leur camarade sur le trottoir). Le physique des PJ jouera ici un grand rôle : les plus jeunes, qu’ils aient l’apparence d’un dandy androgyne ou d’un ex-bagnard brutal, auront plus de chances d’être acceptés qu’un vieux bibliothécaire… (les « défavorisés » devront accomplir 2 réussites au lieu d’une). L’intérieur est parfaitement déstabilisant pour un nouveau-venu. Malgré son qualificatif de « dragon noir », l’endroit baigne dans une lumière rouge infernale, et des tableaux perturbants ornent des murs en pierres apparentes (gravures stylisées des tortures de l’Inquisition, illustrations du Kamasutra, visages défigurés par la douleur ou, qui sait, le plaisir...). La salle est remplie de fauteuils en cuir rouge, de divans et de tables basses en bois noir, compartimentés dans des alcôves discrètes. Au centre d’une pièce centrale assez vaste, les invités sont libres d’aller et venir, de discuter, de boire un verre… L’endroit compte entre 15 et 20 personnes, toutes parées de tenues élégantes, parfois provocantes quand elles laissent entrevoir une partie de leur anatomie à travers des costumes de soubrette, de nonne, ou des corsets serrés jusqu’à l’os assortis de bas-résilles (les PJ attirés par les femmes et l’érotisme devront résister à leur passion ; une réussite coûtera 1 pt de névrose, et succomber à leur tabou occasionnera un test psychotique). Toute tentative de séduction les mènera vers Dieu sait quels problèmes… Peut-être dans l’une de ces cages vides accrochées au plafond. Les PJ peuvent choisir de discuter avec les invités, ou bien s’accouder au bar, ou encore s’asseoir dans l’un des compartiments. De toute façon, ils ne tarderont pas à être abordés. La question se pose : comment diriger la discussion vers leur enquête, qui n’a visiblement aucun rapport avec cet endroit ? Un certain « Adrien », pourra les éclairer...



Adrien est un homme d’une vingtaine d’années aux yeux bleus et aux cheveux raides très noirs, coupés à la garçonne au niveau du cou, une coupe de cheveux aussi atypique pour un homme que pour une femme en cette époque. Il porte une chemise noire, et un collier de tissu entoure son cou. Ses yeux et ses lèvres sont maquillés. Son attitude nonchalante est celle d’un bourgeois trop gâté par ses parents, en quête de nouvelles expériences pour tromper l’ennui.

– Le Dragon Noir est un de ces endroits qu’ils (les autorités) qualifient de décadent, ce en quoi on ne peut leur donner tort, si ce n’est qu’il est d’un genre un peu spécial. Interrogé à ce sujet, il se tourne vers ses amis accoudés au bar en riant. – Eh bien, les plaisirs classiques ne nous suffisent plus. Nous sommes pour la plupart jeunes, riches, en bonne santé ; hommes et femmes se battent pour passer une nuit avec nous, mais nous sommes las... D’autres ont subi une éducation rigoriste, religieuse, et ils ont maintenant soif de s’affranchir. Cette dernière phrase sur la religion devrait intriguer les PJ. Interrogé sur ce point, il répond : – Oh oui, nous en avons plusieurs comme cela, échappés des séminaires et des monastères, ou éduqués dans les orphelinats. Nous nous faisons un devoir de les ramener dans le droit chemin. Adrien esquisse un sourire en buvant une gorgée de son verre. – Vous voyez ce grand gaillard, là-bas ? Lui vient de Cayenne. Il est fort et sans morale. Il fait ici office de... « nettoyeur », parfois d’autre chose… Nous avons aussi besoin de ce genre de personne. Il ne suffit pas de trouver les victimes, il faut aussi des bourreaux… Si les PJ insistent sur les religieux qui fréquentent le club, Adrien sourit de nouveau en adressant un signe à l’assistance. – Eh bien justement, voilà Michel !

Michel, l’ange déchu

– Ce qu’est le Dragon Noir ? Comment avezvous pu entrer sans savoir où vous mettiez les pieds ? Adrien s’amuse, d’entrée de jeu, à taquiner le groupe suivant sa composition, en déclarant par exemple à son plus jeune enquêteur qu’il le trouve mignon, ou en demandant à une femme ce qu’elle vient faire ici. Il accepte de répondre à toutes les questions (en ajoutant « J’ai bien dit toutes ») à la seule condition de lui payer un verre, et de trinquer avec lui. Attention cependant (et la suite des évènements est ici laissée à la liberté du MJ) : cet homme n’est pas forcément sans arrière-pensée, et il faut à tout prix éviter de trop boire en sa compagnie, ou pire : boire un verre qu’il aurait empoisonné avec une substance quelconque. Les PJ ne risquent pas la mort mais ils peuvent, en revanche, non seulement rater leur rencontre avec un PNJ essentiel, mais aussi se réveiller dans une arrièresalle du club sans aucun souvenir de la soirée, sans leur équipement, avant d’être jetés à la rue avec un mal de crâne douloureux. Les PJ dotés du tabou « code viril » risquent de ne pas s’en remettre… Ils peuvent néanmoins parvenir à faire parler cet inconnu en restant maîtres du petit jeu qui s’impose entre lui et eux.

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Cette rencontre est importante, car ce personnage mènera plus tard les PJ vers la scène finale, dans le cas où ils ne parviendraient pas à remonter la piste de l’enfant. Il est conseillé au MJ de consulter la déchéance « androgynie » dans le chapitre 5 du livre de base, p.176. En se tournant, les PJ découvrent celui qu’ils devraient d’abord prendre pour une femme. Michel est un grand homme à la démarche élégante, à la peau très blanche, aux cheveux longs et roux. Ses yeux sont bleu clair. Son allure n’est pas celle d’un dandy, car elle se situe au-delà de l’ambiguïté : à l’extérieur, il y a fort à parier que personne ne se doute de sa masculinité.

Michel vient s’asseoir à la table et salue les PJ, intrigué. Son visage est ouvert, il n’est pas méfiant. Ce que les PJ ne savent pas encore, c’est que Michel est en réalité un des Messagers de l’Enfer. Il commence par leur annoncer que son prénom s’écrit avec un seul L, mais que les anges n’ont pas de sexe.... En discutant avec lui, le MJ pourra distiller aux PJ quelques éléments de sa vie (voir fiche), mais dès qu’ils aborderont l’évènement du Grand Guignol, il stoppera la conversation et demandera aux PJ de l’excuser, avant de quitter la table. Si les PJ mènent la conversation avec diplomatie, sans allusion à leur enquête, ils en apprendront encore sur la vie de Michel. Il se montrera de plus en plus complice avec un des PJ, sur qui il semble avoir porté son affection. Au bout d’un moment, il ne cachera pas sa lassitude, et trouvera un prétexte pour quitter la table. Mais avant cela, il invitera le PJ à le suivre, afin de boire un dernier verre… Si ce dernier accepte, espérant glaner d’autres renseignements, il lui proposera de se rendre avec lui dans une arrière-salle - semble-t-il réservée aux personnages les plus importants du club. Si les autres PJ essayent de venir, l’ex-bagnard de Cayenne fera écran de son corps pour les stopper. – C’est privé, ici. Inutile de chercher la bagarre, car ce bagnard n’est pas seul, et ses collègues ne tarderont pas à rappliquer. En attendant, si le MJ se sent apte à gérer plusieurs scènes, ils peuvent suivre en parallèle les autres pistes qu’ils n’ont pas encore abordées, comme celle des magasins de pêche...

vrait commencer à se sentir mal à l’aise, car Michel commence à se déshabiller (test psychotique). Face à sa réaction, Michel s’arrêtera en fixant le PJ : ses yeux commencent à se mouiller, puis il se retourne vers la ville, le dos nu. Un murmure résonne… – Pourquoi est-ce que je fais ça… Suivant sa sensibilité, le PJ essayera sûrement d’en savoir plus avec un peu de tact. L’alcool aidant, et en étant suffisamment diplomate, il verra enfin Michel se retourner vers lui. Du maquillage coule de ses yeux. – Je n’aime pas ça, faire du mal aux gens, vous comprenez… Moi je ne veux que leur bonheur. A moi aussi, ils ont voulu faire du mal… Il sera bien difficile d’obtenir un discours cohérent de sa part… Le PJ peut essayer de le réconforter, d’être amical, Michel lui en sera redevable. – C’est eux. Ils m’ont pris avec eux quand je n’avais personne, mais je n’aime pas ce qu’ils font. C’est mal. Le PJ peut alors lui parler de son enquête, mais Michel lui demandera de partir. – Je ne veux pas qu’il vous arrive malheur. Je sens que vous êtes un homme bon, mais les germes du mal reposent en vous. Si je vous envoie vers eux, autant vous envoyer en enfer. Il ne reste plus au PJ qu’à quitter les lieux en méditant sur cette dernière phrase. Michel fera de nouveau son apparition en temps voulu.

Les magasins de pêche et les fabricants d’asticots

Un ange pleure… Michel se tourne vers notre PJ, tout sourire, afin de s’assurer qu’il le suit bien. Il le précède sur un escalier étroit : avec effarement, notre PJ peut constater que Michel porte une jupe ! Une longue jupe noire fendue… En réalité, il ne l’entraîne pas vers une arrière-salle mais vers sa chambre privée, comme l’atteste son prénom inscrit sur la porte. Il est ici possible que le PJ prenne peur. Il peut fuir, on ne l’en empêchera pas, mais il ne faudra pas espérer l’aide de Michel à l’avenir. Sa réaction peut aussi être brutale, mais ce serait stupide : Michel encaissera les coups, incapable de se défendre, et le PJ poserait un pas de plus vers sa déchéance. Même en ayant le sentiment d’être piégé, le PJ devrait suivre Michel dans la chambre : il ne risque rien avec lui. La chambre est luxueuse, agréable. Une grande baie dotée d’un balcon donne sur Paris. Interrogé sur l’endroit, il avouera qu’Adrien, fils d’un célèbre bourgeois, a tout payé. De plus, la plupart des clients proviennent de familles aisées : l’argent n’est pas un problème ici. Lui-même a passé son adolescence dans un milieu austère, il reste insensible au luxe, mais il tient à ce que ses invités soient bien reçus. Il faut ici préciser que Michel n’est pas un personnage négatif ou malsain. Le PJ devrait le ressentir dans sa voix, sa façon d’être, qui trahissent plus une insatisfaction et une certaine mélancolie que du vice et une soif de souffrance. Pourtant, son invité de-

Cette piste offrira les indices les plus faibles aux PJ. De plus, ils devront rencontrer une dizaine de vendeurs itinérants et de fabricants d’asticots (voir le chapitre 3, p.61 du livre de base) avant de trouver le bon. Passée une harassante visite auprès des trois quarts des vendeurs d’un quai de la Seine, ils obtiendront l’information. Que les PJ s’adressent à un vendeur d’articles de pêches ou à un fabricant d’asticots, relativement faciles à trouver près de la Seine, ils auront droit à la même réponse. Le vendeur voit passer beaucoup de clients, pour l’essentiel des gens modestes mariés à des femmes acariâtres. Heureusement pour eux, ils peuvent encore s’adonner à ce loisir tranquille qu’est la pêche...

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En lui montrant l’hameçon récupéré sur scène, le vendeur reconnaîtra le plus grand modèle actuellement disponible, utilisé pour les gros poissons. En lui exposant le motif de leur recherche, il confirmera aux PJ que cet hameçon peut facilement passer pour un crochet, si ce n’est qu’il s’enfonce plus facilement dans la chair. Il lui arrive d’en vendre, bien que le modèle soit relativement récent. En l’asticotant un peu (sans jeu de mots), le vendeur se souviendra de la visite d’un client étrange. Ce dernier souhaitait acquérir son modèle d’hameçon le plus impressionnant, puis il lui en a acheté un lot entier : que peut-on faire d’autant d’hameçons quand un seul suffit ? Sur son aspect, il est proposé au MJ de lancer 1D10 (ou bien de choisir directement la description qu’il souhaite)… • 1 ou 2 : le vendeur décrira un homme austère d’une quarantaine d’années, habillé tout en noir, le crâne rasé de près. Sûrement un religieux. Des pansements masquaient pratiquement l’intégralité de son visage (voilà qui écarte l’hypothèse du masque et des fausses cicatrices de Méliès). Il s’agit bien sûr d’Hugin. • 3 ou 4 : c’est une femme très belle qui s’est présentée à lui, avec une peau laiteuse et de longs cheveux de jais tombant sur ses épaules (Mugin). • 5 ou 6 : un géant, dont la taille doit avoisiner les deux mètres. Son visage de poupon contrastait avec son physique herculéen (les PJ reconnaîtront le Messager de l’Enfer le plus costaud, celui qui a peut-être reconduit les PJ à leur place au Grand Guignol). Le vendeur a eu beaucoup de mal à comprendre ce qu’il souhaitait acheter, tant ses phrases étaient hésitantes (Innocent).

ACTE II

Sur la trace du diable « Il faut que la queue du diable lui soit soudée, chevillée et vissée à l’échine d’une façon bien triomphante pour qu’elle résiste à l’innombrable multitude de gens qui la tirent perpétuellement. » Victor Hugo

Une nouvelle journée se lève, une fois les pistes passées en revue (il n’est pas obligatoire de toutes les avoir suivies). Les PJ perdent tous leurs points de fatigue grâce à un sommeil réparateur. Les nouvelles vont vite : en lisant les journaux, ils pourront se rendre compte que les ragots colportés par le public de La Beauté du Diable, couplés à l’arrêt brutal de la pièce, ont fait naître une rumeur qui circule dans toute la capitale... Une porte s’est ouverte entre l’enfer et Paris ! A présent, les disparitions de femmes au moeurs légères, auxquelles on n’accordait jadis pas la moindre attention, sont attribuées à la venue des Messagers de l’Enfer ! Des témoins auraient même aperçu un homme « au visage de métal et au crâne en pointe... » Il est aussi question de Montmartre et des carrières, où aurait lieu un trafic de reliques pillées dans les églises avoisinantes. Les autorités religieuses, interrogées sur ces sujets, restent muettes...

A la recherche de l’auteur

• 7 ou 8 : un obèse au visage répugnant, suintant et puant s’est présenté à lui (Marcus). • 9 ou 10 : un jeune androgyne aux yeux bleu clair et aux longs cheveux roux à la beauté trouble, que le vendeur a tout d’abord pris pour une femme (les PJ passés au Dragon Noir reconnaîtront Michel) : « Sûrement un de ces dandys ou un de ces jésus qu’on voit partout en ce moment… Mais je dois reconnaître que si ça avait été une femme, j’aurais pas dit non… » S’ils ne l’ont pas explorée, il reste aux PJ la piste du théâtre de magie et celle du Dragon Noir, avant de passer à l’acte 2.

Les Maîtresses du Dr Jekyll (1964)

Selon Méliès, l’auteur et Lihi seraient complices des Messagers ; il est temps d’en avoir le cœur net. Il sera facile de trouver son appartement en suivant les indications de Méténier mais, une fois arrivés sur place, les PJ découvriront qu’il a déménagé. Le MJ doit les balader un moment afin de faire passer l’idée qu’il cherche à se cacher, sûrement terrifié par une menace invisible. Une fois déniché, les PJ devront se montrer fermes pour s’inviter chez lui et le faire parler (il convient ici de le décrire comme un homme chétif à lunettes, particulièrement pleutre, tremblant comme une feuille : il souffre en fait de la déchéance « fatum » décrite au chapitre 4, p.184).

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Auteur raté sans le sou connu pour quelques farces sexuelles, il a été approché par un homme -ou une femme- étrange (décrire un autre client du vendeur d’hameçons) qui lui a offert une somme d’argent conséquente (volée aux victimes d’Innocent) pour rédiger une pièce. Le cahier des charges était précis : l’histoire devait concerner une femme de moeurs légères rattrapée par le diable, venu la chercher à la fin de la pièce pour l’épouser en enfer. Le coup de théâtre y serait annoncé par une coupure de lumière dans la salle. Acculé, il accepta et livra son oeuvre quelques jours plus tard. Le commanditaire l’incita à proposer la pièce au Grand Guignol, puis de garder le silence. Méténier l’acheta, car les Messagers avaient déjà « collé Lihi dans ses pattes », et c’est sous son influence qu’il accepta d’acquérir la pièce pour placer sa protégée en tête d’affiche (un petit exploit en soi, le théâtre ne faisant jamais intervenir le surnaturel dans ses représentations).

A la recherche d’un artificier Si les PJ ont prélevé des résidus sur la scène du Grand Guignol, un artificier identifiera sans peine une de ces bombes explosives fumigènes utilisées pour les fêtes populaires. En dehors de ces périodes, il n’en vend guère qu’aux magiciens de cabarets : c’est pourquoi il se souvient nettement d’un homme -ou d’une femme- à l’allure atypique, même pour un magicien. Sa clientèle est réduite, il connaît personnellement tous ses clients, et celui-là venait pour la première fois (décrire un autre client du vendeur d’hameçons). Il semble que les cinq Messagers de l’Enfer se soient répartis les tâches...

A la recherche d’un jeune monte-en-l’air

la recherche d’un enfant capable de grimper en hauteur et de se glisser n’importe où. Voilà qui n’est guère aisé, ce genre d’individu étant légion à Paris, mais un des enfants fichés (Mathieu Gavard, dit « le Furet ») présente une particularité : il est aussi connu pour ramoner les cheminées et nettoyer les cloches d’église... Étant donné la nature religieuse de l’affaire, cela devrait attirer l’attention des PJ. L’enfant opère à Montmartre ; sa photographie en main, et suivant les relations des PJ, il ne devrait pas être ardu de le retrouver (il est conseillé au MJ de les faire tourner un peu en rond avant cela).

Un oiseau insaisissable Après avoir erré dans les rues de Montmartre, interrogé les prostituées, les gamins traînant dans la rue et le prêtre local, qui resteront tous muets, un coup du sort viendra orienter les PJ. Des cailloux tombés du ciel heurtent le crâne de l’un d’entre eux, sans dommage, mais en lui faisant assez mal pour l’agacer. En regardant là-haut, il aura à peine le temps d’apercevoir un béret disparaître derrière la corniche d’un toit : il va falloir grimper ! (voir règles sur la poursuite du livre de base, chapitre 4 p.138). L’opération est périlleuse, il serait préférable que le PJ le plus doué en escalade se charge de l’opération (compétence sport). Libre aux autres de frapper à la porte de la maison, voire de la défoncer pour pénétrer dans la bâtisse afin de rejoindre le toit. Attention, cependant : une vieille mégère n’aura de cesse d’y hurler « A l’aide ! » La scène peut être jouée de manière libre par le MJ, qui peut enchaîner sur une poursuite de toit en toit à travers le quartier (test de traque), mais il devra conclure la course par l’interpellation de l’enfant avant que l’exercice ne devienne trop lassant. Une fois l’oiseau attrapé, il déballera rapidement son sac devant l’insistance des PJ, probablement à bout de nerf.

Entretien avec un oiseau piégé

Gavroche à 11 ans, de Victor Hugo

Si les PJ ne sont pas missionnés par Lépine pour cette aventure, et s’ils n’ont jamais travaillé en accord avec la préfecture, il leur est impossible de retrouver ce garçon, du moins grâce à sa fiche de signalement. Ils peuvent toutefois se servir de leurs relations. Il serait maintenant utile de consulter les fiches de la préfecture, auxquelles les PJ ont libre accès depuis leur dernière aventure (voir « l’anthropométrie » dans le chapitre 4 du livre de base, p.131/132). Rappelez-vous l’hypothèse de Méliès : nous sommes à

Interrogé sur le Grand Guignol, le garçon niera tout. Quelques pièces (ou quelques coups, mais attention aux déchéances ! Voir règles sur les interrogatoires p.138/139 du chapitre 4) lui feront retrouver la mémoire. Les PJ devraient éviter de l’interroger dans la rue, où la canaille peut parfois se révéler solidaire. Voici la version des faits du petit Mathieu : habitué à lustrer les cloches des églises des quartiers voisins, les abbés de la capitale n’hésitent plus à recommander ses services à leurs relations ; c’est sans doute la raison pour laquelle cet homme étrange, qu’il n’avait jamais rencontré par le passé, l’a choisi pour remplir cette mission.

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Sur son apparence : – Il était tout en noir, comme un curé normal, avec une soutane, mais j’ai pas vu de crucifix sur lui. Le pire, c’était son visage : il faisait noir, mais on aurait dit qu’il était « dessiné »... Sur son visage : – Eh ben on aurait dit comme des cicatrices, des coupures faites exprès. Sa tête était toute pâle, et son crâne rasé. On aurait dit un fantôme, ou un démon sorti tout droit de l’enfer ! J’en tremble encore... Sur la rencontre : – Je l’ai rencontré en pleine nuit. Je venais faire un... travail (comprendre un cambriolage), et je me suis retrouvé devant lui. C’est bien la première fois qu’on me surprend ! Ce gars-là, il est plus silencieux qu’un chat ! Sur l’endroit : – C’est un endroit bizarre, à l’écart du quartier, une église abandonnée qu’on dit hantée depuis le jour où son curé y a flambé. On dit qu’il était fou. Tout le monde croit qu’il est mort, mais moi je dis que c’est lui que j’ai rencontré, lui ou son fantôme. J’espérais trouver des calices ou d’autres reliques sur place, mais l’endroit est vide. C’est au moment où je fouillais derrière l’autel que l’autre est apparu. Sur leur discussion : – Il m’a dit ça, comme ça, de mémoire : « Je sais qui tu es, mais sais-tu qui je suis ? » Alors je lui ai dit que je pensais que oui, qu’il était le curé qui a brûlé, et il m’a dit que non, qu’il était pas le Seigneur mais juste son serviteur. Puis il m’a dit : « Je ne suis pas celui que tu crois. Celui-là est le pionnier, le premier explorateur des enfers à en être revenu. Il est mort, descendu au coeur de la Géhenne, puis revenu parmi nous... Je ne suis pas celui-là, mais ne me crains pas car je le sers : tes crimes ne sont pas ceux de la chair mais

La Main du Diable (1943)

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du vol, aucun de tes actes ne mérite d’être purifié. En réalité, tu peux même te repentir de tes vols en utilisant tes talents particuliers... ». C’est là qu’il m’a expliqué ce que je devrai faire pour lui. Sur le déroulement des opérations : – Derrière le théâtre, j’ai dû enrouler des chaînes autour de mes bras et de mon ventre, sous mes vêtements, pour amortir le bruit. Je suis ensuite entré par la porte arrière pour monter au-dessus de la scène, c’était facile. Après, il a fallu accrocher les chaînes aux poutres du plafond. Quand la lumière s’est éteinte, au moment où il m’avait dit, quand le diable devait entrer en scène, j’ai jeté les chaînes au sol. Quand les autres ont fini leur numéro, à la fin, il m’a suffi de glisser le long d’une chaîne, de laisser derrière moi du sang de cochon en filant dans les couloirs, et de disparaître dans la ruelle. Le pseudo-prêtre (Hugin) connaissait donc parfaitement le déroulement de la scène, et il savait précisément à quel moment intervenir... Il semble que cette église brûlée, où il a rencontré Mathieu, soit au coeur de l’affaire.

Un dernier pas vers l’enfer

Quelles que soient les pistes suivies par les PJ, tous les éléments devraient concorder vers cette église brûlée, près des carrières de Montmartre. Aiguillez-les, si besoin est, vers cet endroit. En se renseignant dans les bars, ils auront sûrement entendu parler de la légende d’une église brûlée de Montmartre (voir fiche Arius). Une fois découvert ce message, le PJ ayant discuté avec Michel peut voir par sa fenêtre une silhouette féminine enroulée dans une cape noire descendre la rue. Elle s’arrête, se retourne, et jette un regard bleu comme le ciel en sa direction, puis repart. Si les PJ n’ont pas entendu parler de la légende d’Arius au cours de l’aventure, ils peuvent suivre Michel jusqu’à l’église. Ils perdront sa trace peu avant de la découvrir

Tout nous renvoie donc vers ce lieu, cette église brûlée de Montmartre indiquée par Mathieu. Si les PJ n’ont pas trouvé Mathieu, mais que l’un d’eux a pu s’entretenir avec Michel, les PJ vont assister à une scène surprenante… Un papier, glissé sous la porte de la chambre où le PJ concerné loge, éveillera leur curiosité. Il est rédigé en latin, de celui qu’on enseigne aux jeunes hommes destinés à la prêtrise. Il n’est pas difficile de le traduire. « C’est là-bas que tout s’est terminé, c’est là-bas que tout a commencé. Dans les flammes et la douleur ils ont cru nous sauver, mais ils ont apporté l’Holocauste avec eux. Ils se disent purs, mais ils sont corrompus. Ils se disent chastes, mais ils ne sont que des démons, des pervers : ils violent les anges et se nourrissent d’eux. Le Ciel vous vienne en aide, je serai ce soir dans la Géhenne. Dépêchez-vous, ils ont la Juive avec eux. »

L’église Il serait préférable pour les PJ d’attendre la nuit pour pénétrer dans le sanctuaire religieux : l’endroit est isolé, mais mieux vaut être trop prudent que pas assez. De plus, une ambiance nocturne serait ici plus appropriée. La porte principale a été enlevée et l’ouverture briquée, peut-être afin de condamner les démons enfermés ici. De l’extérieur, il subsiste peu de traces de l’incendie ayant carbonisé la Maison du Seigneur, mais il est bien difficile, de nuit, de remarquer la suie qui recouvre la façade. Si l’entrée principale est close, deux portes en bois situées à gauche et à droite de l’entrée principale permettent de pénétrer dans l’église, pour peu que les PJ parviennent à les forcer.

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ACTE III Enfer & damnation « Mais qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance. » Charles Baudelaire

Ne nous soumets pas à la tentation... Dès leurs premiers pas sur le sol pavé de l’église, les PJ ressentent un profond sentiment de désespoir. Il fait très froid, et les ténèbres règnent. Pour mieux prendre la mesure du désastre, mieux vaut avoir recours à une source de lumière. L’intérieur de l’édifice offre un spectacle de désolation, comme si toute l’aura bénéfique qui régnait ici jadis s’était consumée pour laisser la place au vide, au néant, aux ténèbres. Juste derrière eux, les PJ peuvent voir les tuyaux dorés d’un orgue courir jusqu’aux voûtes de l’édifice. A leur droite trône la statue de Marie, les paumes des mains ouvertes vers eux. Son visage, figé dans une expression mélancolique des plus réalistes, semble pleurer sur le sort destiné au sanctuaire. Des flaques de cire fondue, résidus des cierges autrefois posés devant elle, ressemblent à des larmes échouées sur le sol. L’épaisse couche de carbone recouvrant sa surface lui donne des allures de Vierge Noire. En avançant vers le fond, au bout de l’allée principale, les PJ peuvent contempler des bancs rongés, noircis, quand ils ne sont pas réduits à des tas de cendres ; les vitraux sont ternes. Tout est gris, triste, figé. On sent encore l’odeur du bois brûlé. L’endroit pue la mort. Arrivés au bout de l’allée, les PJ constatent que l’autel a disparu. Il ne demeure qu’une empreinte rectangulaire sur le sol, entourée d’une suie noire. On peut voir dans l’aile ouest de l’église un immense Christ crucifié de trois mètres suspendu au mur, « miraculeusement » épargné. Dans l’aile est, l’archange Saint Michel transperce l’oeil du Malin à l’aide de sa lance. Pourtant, il semble avoir ici perdu la bataille : le Mal a vaincu. Derrière l’autel, quelques marches descendent sous la surface du sol vers les cryptes, comme il est de coutume dans certains édifices religieux. En dessous, on peut trouver des cercueils entreposés dans les murs, à l’horizontale, parfaitement épargnés par l’incendie. C’est ici que reposent tous les prêtres ayant officié dans l’église. L’endroit est sombre et peu spacieux, très frais. Une cavité, creusée à même la roche de manière grossière, s’enfonce dans les ténèbres. Ce couloir étroit et tortueux d’une hauteur de deux mètres serpente dans la pierre et descend un peu plus sous terre. Les PJ ne pourront l’emprunter qu’en s’alignant en file indienne.

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Ils vont finir par trouver des embranchements sur les côtés du couloir, qui les mèneront à plusieurs autres cavités. Des portes en obturent les accès. Selon toute vraisemblance, cet endroit est un héritage de l’histoire où l’on a dû cacher des trésors au cours d’un quelconque raid viking ; les Messagers de l’Enfer auront saisi l’opportunité pour y installer leur repaire. Les PJ pourront trouver dans chaque « pièce »... Un garde-manger. De la viande salée est entreposée avec des fruits et du vin, peut-être récupérés sur les marchés. Un tonneau de rhum, facilement identifiable à l’odeur, est entreposé dans la poussière. S’ils semblent pointilleux sur les questions de moeurs, les Messagers doivent apprécier les bons repas. Les PJ affaiblis pourront ici reprendre des forces. Une salle d’eau. Une source d’eau doit circuler plus en profondeur, sous l’église, car ce puits ressemble plus à une sorte de salle thermale à la romaine, constamment approvisionnée en eau sans que la « piscine » ne déborde. C’est ici que les Messagers doivent s’abreuver, se laver et nettoyer leurs vêtements. Une garde-robe. Des robes de bure noires et des soutanes sont alignées sous une barre de métal rouillée. Un détail devrait attirer l’attention des PJ : il y a ici six robes et six soutanes, et non cinq... De plus, si tous leurs vêtements se trouvent là, les Messagers doivent être sortis, mais ils peuvent tout aussi bien porter une autre tenue car une seconde barre, vide celle-là, soutient six cintres... Les chambres. Tous les Messagers dorment dans la même cavité, mais il n’y a ici que cinq matelas posés sur le sol. L’endroit ne comporte aucun meuble. Un atelier, où sont entreposés des ustensiles à glacer le sang des PJ. Couteaux, tisonniers, tenailles, fouets, bobines de fil de fer... On dirait qu’ils ont réuni là tout ce qu’il leur a été possible de trouver dans les dernières salles de torture de l’Inquisition. C’est peutêtre le moment de s’armer, et d’équiper tous les PJ de torches afin de mieux percer les ténèbres. Une salle de torture. Sans commentaire. Planches en bois, cordes, quelques uns des outils fabriqués dans l’atelier… Il y a là une vierge de fer, ce sarcophage hérissé de pointes à l’intérieur, ainsi qu’un pic utilisé par les inquisiteurs sur les sorcières pour le supplice de l’estrapade (une sorte de pyramide en fer sur laquelle elles étaient empalées nues, des poids attachés aux pieds). On peut aussi y trouver un entonnoir avec des traces de plomb refroidi. Une fosse, un trou sans fin qui semble descendre dans les entrailles de la terre. Il s’agit d’une cavité naturelle tombant à pic. La puanteur qui s’en dégage est insoutenable : ce trou est sûrement utilisé comme déchetterie ou comme latrine. Une chambre isolée. Moins austère, dotée d’un tapis, elle recèle un vrai lit et quelques meubles. Elle n’en demeure pourtant pas moins sinistre. L’ordre de ces découvertes est destiné à faire « monter la tension ». Le MJ peut à loisir changer leur disposition. En outre, les PJ peuvent se demander par quel moyen les Messagers ont pu amener ici tous ces ustensiles, mais ils découvriront par la suite qu’il existe une autre issue.

Au bout du couloir, les PJ accèderont finalement à une porte en bois d’où émane une rumeur : ils seraient bien inspirés de regarder par sa large serrure avant d’essayer de l’ouvrir...

...mais délivre-nous du mal

Cinq Messagers de l’Enfer sont apparus au Grand Guignol, et il y en a ici cinq également, mais comment s’expliquer les six tenues dans la garde-robe ? La tenue supplémentaire était-elle destinée à un éventuel futur initié ? Mais dans ce cas, pourquoi les six cintres étaient-ils vides ? Où se trouve la sixième robe pourpre ? La réponse survient au moment où une voix douce et calme murmure derrière les PJ : – N’entrez surtout pas…

Le vrai visage d’un ange

Cette dernière pièce paraît beaucoup plus spacieuse. Des tentures rouge sang recouvrent les murs rocailleux, et un autel (sûrement celui disparu de l’église) trône en son centre. Six personnes se trouvent là : Un vieil homme aux longs cheveux blancs, à la barbe tressée et à la peau atrocement brûlée (Arius) est assis sur un trône. Un bandeau noir cache son oeil gauche. A sa droite, les PJ peuvent reconnaître l’homme aux cicatrices tracées sur le visage : il s’agit du chef des Messagers de l’Enfer, l’orateur du théâtre du Grand Guignol (Hugin). Ils peuvent ici mieux voir ses blessures, éclairées par la lumière des torches du mur : ses cicatrices sont harmonieusement dessinées, symétriquement, sur les deux profils de son visage. A la gauche du vieil homme se trouve une femme très belle, à la peau blanche comme la craie et avec de longs cheveux raides et noirs comme le charbon qui tombent sur les deux côtés de son visage (Mugin). Les membres de cette sorte de « trinité maudite » sont alignés sur leur trône, le plus imposant étant réservé au vieil homme, en leur centre. Ils sont tous habillés d’une tunique pourpre, semble-t-il revêtue pour les cérémonies (souvenez-vous des six cintres vides). Un homme énorme et repoussant se tient debout à leur gauche, en contrebas (ces trônes sont surélevés, en haut de trois marches, ce qui permet aux PJ de voir l’ensemble de la scène). Il s’agit de Marcus. Une femme nue est ligotée sur l’autel. Il s’agit de Lihi, cette fois enlevée pour de bon. Un géant se tient à côté d’elle, sur sa gauche, les bras croisés : un casque de métal rouillé en forme de pyramide recouvre sa tête, et un tablier tâché de sang noirci surmonte sa tunique pourpre (Innocent).

Michel se trouve derrière les PJ, le corps recouvert d’une longue robe pourpre semblable à celle des Messagers de l’Enfer, ses cheveux roux noués à l’arrière du crâne. Il n’est plus maquillé. – Entrez, et ils vous feront subir le même sort. Si les PJ ont déjà rencontré Michel, le MJ devra bien sûr adapter son discours en conséquence. Si un PJ est déjà monté dans sa chambre, Michel n’aura de cesse de le regarder en parlant. L’heure est aux révélations : Michel fait partie de cette société secrète, en réalité nommée le Sed Libera Nos a Malo (« Mais délivrez-nous du mal » en latin). Les PJ peuvent ici en apprendre un peu plus sur la secte mais le temps presse car, de l’autre côté, le jugement a commencé. Michel se propose d’entrer en premier, et de faire diversion. S’ils lui demandent par quel moyen, il répondra aux PJ qu’il compte mettre le feu aux tentures grâce aux torches qui éclairent la salle. Ces derniers peuvent lui rétorquer que le feu risque de mettre longtemps à prendre, et que les Messagers de l’Enfer pourront se rendre dans la cavité où se trouve la source d’eau pour revenir l’éteindre… (Notez que cela peut également constituer un plan : attendre la venue des Messagers dans le boyau pour les assommer un à un). Les PJ devraient se souvenir du tonneau de rhum dans le garde-manger. En attirant l’attention de Michel sur ce fait, il réfléchira un instant, disparaîtra, et reviendra dix minutes plus tard mouillé des cheveux à la tête, empestant l’alcool. Interrogé, il leur racontera l’histoire de l’immolation d’Arius (voir fiche). Son intention est claire. Les PJ peuvent également se rendre au gardemanger pour récupérer du rhum (les PJ ayant une faiblesse pour l’alcool devraient être prudents…), qu’ils pourront stocker dans des récipients (on peut trouver des gourdes en cuir dans le garde-manger). Ces gourdes pourront leur servir de « bombes » une fois le feu allumé. Ils peuvent aussi, à l’aide de bouteilles et de bouts de tissus, préparer des « cocktails Molotov ». Malgré cet attirail, il est impossible de dissuader Michel : il veut expier ses fautes, sa décision est prise. Les PJ devront libérer Lihi et s’enfuir avec elle jusqu’à un ascenseur relié à une poulie qui se trouve à l’est de la cavité, un mécanisme récupéré dans les carrières qui permettait aux ouvriers de descendre dans les exploitations de gypse. Si Michel s’est entretenu avec un PJ dans sa chambre du Dragon Noir, il le regarde en souriant, lui embrasse le front, ouvre la porte avec une clé dorée, et entre dans la salle de cérémonie après avoir lui avoir dit : – Il est temps pour moi de rejoindre la Géhenne.

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Les PJ peuvent penser à revenir en arrière pour mouiller leurs vêtements avec de l’eau, cette prévention les protégera des flammes plus longtemps. Ils peuvent aussi observer de nouveau la scène par la serrure. Le vieux barbu est donc Arius, leur chef. Ce vieil homme est occupé à réciter un acte d’accusation concernant la frivolité et les moeurs de Lihi, qui semble droguée... Il parle de faire un exemple, de la purifier de ses péchés par la douleur pour lui ouvrir les portes du paradis, cette fois réellement plutôt que dans le cadre d’une simulation. Il compte, dès cette nuit, faire accrocher sa dépouille suppliciée sur la façade du Grand Guignol : dès demain, le tout-Paris saura comment se laver de ses péchés ! Michel entre en scène. Les Messagers de l’Enfer se tournent vers lui, puis reprennent le cours de la cérémonie. Néanmoins, certains le regardent fixement : sa robe est trempée, il pue l’alcool… Voilà qui éveille les soupçons. Arius s’arrête soudainement de parler. – Michel… Quel mal as-tu fait entrer ici ? Sans attendre, Michel se saisit d’une torche et s’enflamme. Il hurle alors, à l’adresse des PJ : – Allez-y, maintenant ! C’est le moment d’intervenir.

La Géhenne La géhenne désigne l’enfer hébreu. Ce mot vient de Gehinnon, une vallée située au sudouest de la vieille ville de Jérusalem où ont été sacrifiés des enfants au dieu Moloch. Ce lieu fut transformé en décharge publique par le roi Josias (Yoshiya) pour empêcher ce culte. À l’époque du Christ on y jetait les détritus, mais aussi les cadavres d’animaux morts, ainsi que les corps des criminels exécutés qu’on jugeait indignes d’une sépulture décente, pour préserver la ville de toute souillure par rapport au culte rendu au Temple, et pour lequel la ville devait rester pure. Pour entretenir ce feu continuellement, afin de se débarrasser des immondices et d’éviter les épidémies, on y versait régulièrement du souffre. C’est ainsi qu’Arius a choisi de baptiser son sanctuaire.

La danse de la mort La porte déverrouillée par le passage de Michel, les PJ peuvent entrer. A l’intérieur, ils le verront tourner sur lui-même en effectuant une danse, enflammant les tentures en contact avec lui. Lihi reprend conscience sous l’effet de la chaleur et se met à hurler. Un problème se pose : dès l’entrée des premiers PJ, une herse tombe et sépare le groupe en deux : les voilà piégés ! Un mécanisme a dû être actionné par Arius… Les PJ situés dans le couloir vont devoir s’y mettre à plusieurs pour soulever la herse en métal, qui commence à chauffer avec l’amplification de la chaleur ! (Test physique) Mais ils peuvent aussi s’enfuir, et abandonner leurs camarades aux flammes ! Une fois entrés, la herse retombera : plus question de revenir en arrière.

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L’Homme au Masque de Cire (1953)

De l’autre côté, les autres doivent porter secours à Lihi en évitant la danse de mort de Michel et la propagation des flammes. Ses chevilles et ses poignets sont liés par des cordes : un outil tranchant fera l’affaire. Arius ne réagit pas, il semble incapable de bouger, mais les autres approchent. Il va falloir se battre, et il vaudrait mieux que le groupe ait eu le temps de se réunir avant d’affronter ces quatre-là au milieu des flammes : c’est le moment ou jamais de travailler en équipe et de disperser les tâches (voir combats de groupe, chapitre 4 p.119/120). Hugin est assez âgé, c’est un ancien prêtre et il n’a jamais pratiqué d’activité sportive. Mugin est une femme, Marcus est trop gras pour se battre efficacement. Ceux-là devraient pouvoir être battus facilement, surtout si les PJ sont équipés de « bombes de rhum ». En revanche, il en sera autrement d’Innocent, le géant avec le casque pyramidal. Les PJ ne seront pas de trop pour l’affronter tous ensemble. Si les PJ ont pensé à mouiller leurs vêtements, ils disposeront d’un bonus de temps pour réussir l’objectif de la scène. L’oxyde de carbone généré par les flammes devrait aussi les inquiéter, car il s’agit d’un gaz extrêmement toxique. Le simple gaz carbonique est asphyxiant, et particulièrement traître car incolore, inodore et plus lourd que l’air. * Virulence : 9. On rajoute un point par dose supérieure à faible. * Effets : échouer à ce test fait baisser le potentiel physique actuel de 1 point par assaut, jusqu’à la mort souvent rapide. L’inconscience survient à 0, la mort à -1. * Échec critique : la mort est inévitable. Le MJ doit estimer la dose que chaque PJ a ingérée (de faible à forte, de 1D à 3D). Chaque échec entraîne la perte d’un pt de fatigue physique et mentale, ainsi qu’un nombre équivalent de pts de névrose.

Les personnages touchés seront, de surcroît, sujets à des hallucinations. Pour les PJ avec des convictions chrétiennes, ces visions se manifestent sous les formes suivantes... Le PJ voit Michel revêtu de l’armure portée par Saint Michel, dans l’église, avancer dans les flammes pour affronter Innocent, une lance à la main. La statue de Marie lui apparaît : en ouvrant les paumes de ses mains, elle trace un chemin pour aider les PJ à traverser les flammes. (N’oubliez pas : les PJ peuvent aussi rester tapis dans le couloir et attendre les Messagers un à un pour les assommer, pendant que le feu se propage autour d’Arius).

Arius, enflammé, avance inexorablement vers les PJ qui courent pour lui échapper. Il semble immortel : toutes les tentatives pour le stopper sont inefficaces ! (Ceci s’explique par ses déchéances : voir fiche). Finalement, ils aboutissent à l’ascenseur, une cage en bois maintenue par une corde qui risque de s’enflammer si Arius y parvient. Une fois atteinte, ils vont devoir comprendre son mécanisme alors qu’Arius approche d’eux (test en pratique). Une fois devant eux, à un ou deux mètres, il se met à regarder dans le vide, comme plongé dans une extase intense, et prononce ses derniers mots. – Le paradis... Il est là, je le vois... Puis il s’écroule, rongé par les flammes. L’ascenseur, qui commence à prendre feu, se débloque et remonte vers la surface dans un boyau naturel pour aboutir à la surface, au rez-de-chaussée d’un bâtiment désaffecté.

Une fois l’objectif rempli : Lihi libérée, le feu propagé, les Messagers de l’Enfer neutralisés, il reste Dans la rue, à rejoindre l’ascenseur à alors que la cage d’ascenl’est. Le PJ particulièrement seur brûle entièrement, proche de Michel peut les PJ peuvent observer essayer de le sauver en de la fumée s’échapper allant chercher de l’eau, par tous les orifices mais les PJ devront une de l’église. Les voilà nouvelle fois se réunir pour dehors, dans la banlieue soulever la herse, ramener de Montmartre, accomquelques gourdes d’eau et pagnés d’une jeune recommencer l’opération : femme totalement nue autant dire qu’ils n’ont aucu(il serait peut-être ne chance ! temps de la recouvrir Curse of the Fly (1965) Finalement, au d’un manteau). cœur des flammes, Michel finit par s’écrouler, inerte. Lihi, jusque là groggy, ouvre les yeux En constatant l’étendue des dégâts, Arius s’adresse aux sur le PJ qui la tient. Ses yeux sont d’un bleu très PJ : clair, là où tous les PJ étaient persuadés d’avoir vu – Merci à vous. Et merci à toi, mon cher des yeux noisettes depuis son apparition sur la Michel. Grâce à vous, mes apôtres vont trouver la voie scène du Grand Guignol. Elle sourit, murmure un du paradis. Grâce à leur souffrance, grâce au feu. Mais « merci », puis s’endort de nouveau (perte d’un pt de à présent, mon Œuvre doit continuer… Rejoignez- névrose pour tous). Un PJ versé en médecine pourra moi. Michel a dû vous exposer nos croyances : je vous constater qu’elle n’est pas morte, mais il faut l’emmener en prie, perpétuez-les. d’urgence à l’hôpital. Ici, les PJ avec des convictions religieuses solides résisteront facilement, mais ceux qui souffrent de névroses basées sur le sado-masochisme pourront hésiter… Attention aux pts de névrose ! De plus, Arius est très convaincant : il n’est pas impossible qu’il ait recours à une quelconque faculté d’hypnotisme pour convaincre ses futurs adeptes (test en opposition avec le mental + occultisme des PJ contre Arius).

L’église maudite brûle une nouvelle fois dans les flammes : voilà qui ne va pas manquer d’alimenter la rumeur sur les démons qui la peuplent. Curieusement, au cœur de la fumée noire, il semble qu’une fumée blanche s’échappe pour monter vers le ciel, sous la forme d’une silhouette ailée…

Quelle que soit leur réponse, ils verront alors Arius se lever de son trône avec peine, au milieu des flammes, et approcher vers eux en tendant les bras telle une momie millénaire. Il est temps de rejoindre l’ascenseur, à l’est de la salle.

FIN

Les PJ peuvent essayer d’emmener le corps de Michel, mais il ne faut pas oublier qu’ils doivent déjà porter Lihi, un véritable fardeau.

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Épilogue (A jouer si les PJ étaient missionnés par la préfecture) Quelques jours plus tard. La presse a relaté l’incendie de l’église dans ses grandes lignes, mais sans pour autant faire le rapprochement avec le spectacle du Grand Guignol, qui continue à profiter de la promotion faite autour de l’évènement. Les disparitions inexpliquées dans la capitale semble se réduire, comme si le diable avait pris congé... Passé ce labs de temps, Lépine trouve enfin le temps de convoquer les PJ à la préfecture. Le préfet les accueille dans son bureau, où les attendent déjà Oscar Méténier et une jeune femme magnifique au physique latin, peut-être une Espagnole ou une Italienne. Elle est vêtue d’une longe robe noire décolletée et d’un voile à dentelles qui la font ressembler à une veuve. Une veuve particulièrement sensuelle. – Eh bien, vous voilà ! Il est rare de voir Lépine d’aussi bonne humeur : généralement, seule une enquête résolue peut l’amener à cet état d’« euphorie raisonnable ». – Décidément, je vais finir par vous recruter officiellement à la préfecture... Vous connaissez déjà Oscar : n’en prenez pas ombrage, mais il m’a constamment averti des progrès de votre enquête. On ne pouvait décemment pas laisser ce genre d’individus terroriser le tout-Paris sans agir ! Méténier se confond en remerciements auprès des PJ. Lihi lui a tout expliqué : il sait qu’elle a été payée pour s’infiltrer dans son théâtre, mais il lui a pardonné sa trahison. En revanche il est hors de question, après son traumatisme, de la laisser poursuivre sa carrière au Grand Guignol. Heureusement, Méliès est à la recherche d’actrices pour son théâtre, et Lihi devrait lui convenir parfaitement. Qu’à cela ne tienne ! Méténier a déjà mis sur pied un nouveau spectacle, et l’affaire lui a offert une promotion formidable (c’en est même à se demander une nouvelle fois s’il n’a pas tout manigancé...). Lépine le coupe dans son envolée. – Quant à Mademoiselle, laissez-moi vous présenter... – Angela. Je suis missionnée par le Vatican. L’étrangère tend une main gantée de noir à l’un des PJ. Son accent est très marqué. Il paraît curieux qu’une femme aussi attirante puisse officier au nom du Très Saint Père... – Nous recherchons depuis longtemps les individus que vous avez... comment dites-vous... neutralisés. Vos exploits sont remontés jusqu’aux oreilles de Sa Sainteté (Léon XIII entre 1878 et 1903). Documentation en libre accès :

C’est ici l’occasion de nouer une nouvelle relation, et quelle relation ! Les prêtres exorcistes de la coterie seront élevés au rang supérieur, les personnages excommuniés seront réintégrés à l’Église, et tout ce beau monde sera lavé de ses péchés ! Selon le souhait du MJ, les PJ disposeront ainsi d’un nouveau contact pour leurs aventures ésotériques en la personne de cette mystérieuse Italienne... (Ajouter les contacts sur les feuilles d’aventure, et prévoir des pts de développement). Oscar Méténier restera toujours disponible pour faire profiter aux PJ de ses informations et de son savoir-faire d’ancien enquêteur. Le préfet Lépine, quant à lui, fera un peu plus confiance à nos PJ pour leurs prochaines enquêtes. Trois contacts aussi précieux, voilà qui méritait bien de se frotter aux Apôtres du Mal !

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Les Apôtres du Mal (2006) est un scénario conçu pour le jeu de rôles Crimes. Il ne peut être vendu. Scénario, maquette : Florent Martin Relectures & conseils : Frank « Odin » Brison Guillaume « Shéol » Frery Yann Lefebvre Illustrations : Mathilde Rivière Retrouvez l’actualité des Écuries d’Augias et ses auteurs sur www.ecuries-augias.com. Merci à toutes les personnes ayant pris sur leur temps pour concrétiser ce projet.

Médecine, Grand Guignol et Science-fiction http://www.noosfere.org/pdf/1022390540.pdf

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Annexes Plan du sous-sol de l’église

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Récapitulatif ACTE I

Théâtre Robert Houdin

Théâtre du Grand Guignol

(p.8)

Indices (p.6)

• Méliès détaille aux PJ l’organisation du coup • Mène aux fiches anthropométriques de la préfecture pour trouver le petit Matthieu

Taches de sang sur la scène : Sans suite

• Mène aux artificiers

Loges :

•Méliès pense que Lihi est complice et suggère d’aller voir l’auteur de la pièce

Sans suite Crochets sur la scène : Mènent aux marchands d’hameçons et aux fabricants d’asticots

Club du Dragon Noir

Bout de tissu noir :

(p.9)

Confirme la piste religieuse si expertisé par un fabricant de textiles

• Confirmation de la piste religieuse

Pistes (p.7)

• Rencontre avec Michel, qui semble impliqué dans l’affaire

Hypothèse du coup de pub : Sans suite Hypothèse sataniste :

Magasins de pêche et fabricants d’asticots

Sans suite Hypothèse antisémite :

(p.11)

Sans suite Hypothèse du tour de magie :

• Permet d’identifier l’apparence d’un des Messagers de l’Enfer

Mène au Théâtre Robert Houdin Hypothèse du sado-masochisme :

• Confirme éventuellement que Michel est un des Messagers de l’Enfer

Mène au Dragon Noir

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Récapitulatif ACTE II

L’auteur de la pièce

Matthieu Gavard

(p.13)

(p.14)

• Permet d’identifier l’apparence d’un des Messagers de l’Enfer

• Détaille aux PJ l’organisation du coup • Confirme la piste religieuse

• Détaille aux PJ l’organisation du coup

• Guide les PJ sur la piste de l’église

• Confirmation de la complicité de Lihi

Le message de Michel

L’artificier

(p.15)

(p.13)

• Permet d’identifier l’apparence d’un des Messagers de l’Enfer

• Guide les PJ sur la piste de l’église s’ils n’ont pas rencontré Matthieu

• Confirme éventuellement que Michel est un des Messagers

• Confirme définitivement qu’il est impliqué dans l’évènement du Grand Guignol

ACTE III (p.16)

• Final dans le sous-sol de l’église • Rencontre avec Michel (première ou seconde, suivant si les PJ sont allés au Dragon Noir) qui leur relate tout ce qu’ils ne savent pas sur la secte et ses membres Sauvetage de Lihi • Mort des Messagers de l’Enfer • Évasion

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Arius

Identité : Pierre Kepha Métier : gourou d’une secte, Origine : St-Omer, Pas-de-Ca ancien prêtre lais Concept : roman gothique Archétype associé : Tueur Mét Convictions : dévoué au culte de hodique Dimension sociale : célibataisa personne, ancien catholique société secrète dont il estre, membre d’une le chef spirituel Potentiels * Physique : 5 (pour sa résist ance) * Mental : 4 * Social : 4 (pour son aura et son charisme) Compétences





* * * *

« La vérité est en mar che et rien ne l’arrêtera. » Émile Zola, La Vérité en Marche

Description générale Une longue chevelure blanche, l’apparence d’Arius évoque Odin , repaire souterrain, les brûl ures lui interdisent depuis longtemp s

Dossier secret

Novice en combat Pratiquant en larcin et intrig ues Maître en sciences de l’homm e, spécialisé en théologie Exalté en société, spécialis é en rhétorique

Psychologie * Passion principale : soi * Passion secondaire : l’abso * Tabou : le catholicisme, le lu (mystique) mensonge et l’hypocrisie * Déchéances : messianisme, sai (mais allergique à l’eau, nteté, invulnérabilité * Tempérament : sentimental pour lui symbole de pureté) * Tendance : dépendant (de ses adeptes) * Angoisse : 2 * Psychose : 3 * Seuil de névrose : 6

une barbe de patriarche, un bandeau noir sur l’orbite gauc he... Tout dans le terrible dieu nordique. Habi tué à siéger sur le trône de fortune de son au deuxième et au troisième degré qui affectent l’intégr alité de son corps tout déplacement et toute acti vité.

Prêtre renommé de sa paroisse de la banlieue de Montmartre, un pèlerinage entraîna Arius Christ, à Jérusalem. Nul ne sait sur les traces du ce qu’il découvrit là-bas, mais juifs (semble-t-il des héritier il semble que sa rencontre avec s des traditions esséniennes) des religieux le conduisit à penser que Jésu fils de Dieu, mais un prophète s n’était pas le destiné à proclamer la venue du véritable Christ-roi lors De retour à Paris, fort de de l’Apocalypse. cette révélation, il fit empr unter à ses prêches une tour Trop naïf, il pensait que l’an nure scandaleuse. nonce de l’avènement du véri table Christ enchanterait ses ses déclarations ne provoquè rent que vindicte et protesta ouailles, mais tions virulentes. Le cardinal l’information remonta jusqu’au fut alerté, et Vatican, qui décida d’excommunie place, quand Arius fut chassé r le prêtre hérétique. Un autr et livré à lui-même. Désempar e fut nommé à sa é, à l’abandon, il découvrit et dut se battre pour assurer la misère dans la rue sa survie. Devenu à moitié fou, il en vint à élaborer une théo étonnante : si la venue du véri rie pour le moins table Christ coïncidait avec l’approche de l’Apocalypse, prenait tout son sens. Une phra alors son calvaire se de l’Évangile de Luc lui revint à l’esprit : « Je suis feu sur la terre... Pensez-v ous que je sois venu apporter venu apporter le la paix dans le monde ? Non, plutôt la division ». Ainsi, je vous le dis, mais tout cela ne faisait plus aucu n doute : il était le Christ-r âmes de ses brebis égarées avan oi venu sauver les t l’Apocalypse ! Mais révéler au monde son stat ut ne suffisait pas ; il lui fallait purifier son corps et son ancien moi pour ressusciter son âme, détruire dans un baptême de feu. Il lui fallait sacrifier sa vie pass de descendre en enfer et rall ée et mourir, afin ier autour de lui les pénitent s pour leur ouvrir la voie vers ainsi qu’on le vit arriver hirs le paradis. C’est ute, un dimanche, dans l’église qui avait été la sienne, trem empestant l’alcool. Il avança pé jusqu’à l’os et entre les rangées de bancs remp lis par les fidèles et monta un prêtre pétrifié par cette sur l’autel, devant vision de cauchemar. Après leur avoir asséné sa théorie, il conc par ces mots : « Je suis la Vérité ! Vous ne pouvez plus lut son discours l’ignorer, voyez brûler le feu Puis il immola ses vêtements de la Vérité ! » trempés d’alcool. L’église tout sans qu’il n’y ait de blessé e entière brûla, mais elle put ; si ce n’est Arius, laissé être évacuée pour mort. Il se réfugia en secrète de l’église, sous terr rampant dans la crypte e, et emprunta une galerie sout erraine datant de l’antiquité qu’il aménagea avec les ans. connue de lui seul, Sa renaissance effectuée, une autre découverte s’était révé lée à lui... Ce dimanche-là, fut si phénoménale qu’il rési sta au trépas qu’aurait dû caus cette expérience er ses blessures. La mort, la la renaissance étant accompli descente en enfer et es, il ne lui restait plus qu’à suivre son ascension vers le des âmes sauvées. Pour cela, paradis, accompagné il avait trouvé la clef : seul e une souffrance extrême pouv portes du paradis. ait leur ouvrir les Il se renseigna ensuite sur tous les parias de l’Église laissés, un, la nuit, pour former une conf comme lui, à l’abandon. Il les rérie secrète à même de propager contacta un à de souffrance comme moyen d’él la bonne parole. Il leur ense igna le principe évation spirituelle : ce qui était jadis, pour eux, initiale expier les péchés et à partager ment destiné à les souffrances du Christ devi nt l’objet d’un nouveau culte paradis par la souffrance ulti : la recherche du me. C’est ainsi que fut créée la confrérie du « Sed Libera Nos a Malo ».

Michel

Identité : Michel Tombeciel Métier : ancien séminariste Origine : Paris Concept : Tueur Méthodique Archétypes associés : Gourou, culte clandestin, Convictions : croyance en un ancien catholique ois, e : célibataire, ancien bourge ial soc ion Dimens d’une secte bre mem et ieu mil son de lu désormais exc Potentiels * Physique : 2 * Mental : 4 * Social : 5 Compétences es abstraites * Novice en sport et en scienc sciences de l’homme en et * Pratiquant en intrigues é en séduction * Maître en société, spécialis Psychologie de soi * Passion principale : le don rifice sac le : e air * Passion second in, faire le mal * Tabous : blesser son procha e yni rog and * Déchéance : * Tempérament : passionné * Tendance : maniaque dépressif * Angoisse : 1 * Psychose : 2 * Seuil de névrose : 7

« Un démon ? C’est un ange qui a eu des malheurs ; un ange émigré. » Rivarol : Maximes, Pensées et Paradoxes

Description générale

. Michel arents, de longs cheveux roux.. des yeux bleus presque transp affiche sûrement autant de féminité. ce, dou que e pâl si aus u pea et Une s convoitée des Parisiennes, lait pas quand est aussi attrayant que la plu nes croient voir en Michel une femme, ce qui ne lui dép Dans la rue, beaucoup de person . ses admirateurs sont des hommes Dossier secret

e. Son père, un bourgeois femme née dans un corps d’hommme un vice chez son fils. une me com éré sid con rs jou considéré com Michel s’est tou supporté ce qu’il a toujours prêtre, loin de la haute société, n’a jamaisya dans un séminaire afin de le destiner à une vie de it. Il vécut nvo nfu l’e s’e il hel », t l’amener. Mic Pour le « guérir la personne s où sa « perversité » pouvai de toutes les tentations ver s qu’un amant il lui manquait un père, qu’il trouva en t disposé à plu men s lle mai , ure mes nat rebuté Michel, avec plusieurs hom a Mano, et a pour la souffrance a toujours d’Arius. Pourtant, son goût epté de suivre le rituel d’initiation du Sed Libera Nos acc ais jam la douceur. Il n’a toute mutilation. donc pu préserver son corps de pu intégrer d’Arius, Michel n’a jamais uel rit spi s fil de tut entrecoupé sta ial Voilà pourquoi, malgré son rs subsisté un mélange de fascination, d’amour fil us reste Ari jou , tou ant a end Il Cep e. . il lui proposait sa trinité maudit qu’ e ist och mas èle mod au e d’horreur et d’opposition fac e de Michel est devenue un défi pour le gourou. patient avec lui : la répugnanc me un des leurs, car son considérent pas vraiment compourtant présent lors de la le ne te sec la de s bre t. Il était Les autres mem la confrérie reste trop discre e. La relation affective particulière bur investissement personnel envers de e rob sa s sou hé lement Michel Guignol, cac démonstration faite au Grand est parfois à l’origine de quelques tensions, mais généra qu’il entretient avec Arius les autres. est tout simplement ignoré par est un ange dépourvu t il porte le patronyme, Michel don er rri gue e ang rch ccasion de prendre l’a l’o de r n Aujourd’hui, loi os pourrait lui fourni hér des ête nqu L’e ts. ven représente... d’ailes errant au gré des contre Arius, et tout ce qu’il définitivement parti pour ou

Hugin

Identité : Henry Brachium Métier : prêcheur d’une secte, ancien prêtre Origine : St-Étienne Concept : Archétypes associés : Gourou, Tueur Méthodique Convictions : ancien catholiqu e, croyance en un culte clandesti n Dimension sociale : célibatai re, membre d’une secte Potentiels * Physique : 3 * Mental : 4 * Social : 1 Compétences



* Novice en combat et en sport * Pratiquant en sciences de l’h omme et intrigues * Maître en traque, spécialis é en pistage

Psychologie * Passion principale : son gou * Passion secondaire : amour rou * Tabou : l’érotisme, l’acte d’une adolescente « Il n’est point de grand con sexuel qué ran t qui ne soi t grand politique. Un con (surtout concernant les jeunes quérant est un demoiselles) homme dont la tête se ser * Déchéance : marque de Caïn t, ave heureu se, du bras d’autrui. » c une habileté * Tem pér ament : passionné * Tendance : maniaque dépressif * Angoisse : 1 Voltaire * Psychose : 2 * Seuil de névrose : 7 Description générale Le visage de Hugin est cou complexes, à la manière des tatvert de cicatrices harmonieusement dessinées, suivan t des courbes son visage entièrement glabre ouages tribaux arborés par les tribus primitives. Son crâ Sa peau, qui n’a que rarement ; ses rides trahissent un âge approximatif d’une quarantai ne est rasé, et ses doigts ont été brûlés l’occasion de voir le soleil, est très pâle. Les paumes ne d’années. au vitriol. de ses mains Dossier secret Prêtre d’une petite paroisse de la capitale, Hugin tomba parmi ses fidèles, et commença à se flageller le soir pour expéperdument amoureux d’une adolescente céda à la tentation et avoua ier ses désirs coupables. sa passion à la jeune fille, à ses parents. qui fit aussitôt part de l’i Un jour, il ndélicatesse L’affaire aurait pu être éto uffée mais humilié, frappé asséna à ses fidèles, le dim par la disgrâce, Hugin se s’abandonneraient au plaisir.anche suivant, un discours sur l’enfer réservé aux enfant défigura et s de Dieu qui On l’excommunia. Arius le rencontra dans la dévorer. Il le recueillit dan rue, où il errait parmi les misérables à la recherche d’un rat à de son visage, peu profondes, s le sous-sol de son église et lui enseigna sa doctrine. Les s’a tté cicatrices nuè ren t et dis par urent symétriques, plus harmonieu ses que les grossières bal ; Arius l’incita à en tracer de nouvelles, représenter chacun de ses péc afres qu’il s’était administr é, afin de insensibles, et ainsi repousserhés. Ensuite, il se brûla les mains au vitriol afin de les la tentation des plaisirs cha de naître. rnels. Une première âme damnée rendre venait Sous l’influence d’Hugin, la de culpabilité dû à son dés croyance d’Arius connut une évolution. Encore rongé par ir charnelle pour cette adoles le pulsions, Hugin ne pouvait ima cente, mais toujours prisonniesentiment gin er r de ses viv re plu s lon gtemps sans céder aux sirène qui l’assaillaient encore. La s du désir charnel la jouissance ressentie au mom solution à son dilemne lui apparut évidente lorsqu’Arius lui relata du plaisir en expiant ses fau ent où il brûla sur place, dans l’église. Ainsi, on pou vai tes, c’est-à-dire sans pécher douleur n’était pas un acte cou ... Par conséquent, la jouiss t ressentir les portes du paradis en poussapable, mais expiatoire ! Grâce à cela, il lui était pos ance par la aucun sentiment de culpabilité.nt sans cesse plus loin les plaisirs de la douleur, et sible d’ouvrir sans ressentir Aujourd’hui, Hugin est dev extérieures qu’il ne peut eff enu le bras armé d’Arius. Il accomplit pour lui toutes ectuer, et lui rapporte toutes les actions sortes d’informations.

Mugin

ir Identité : Christelle Chantecla ancienne nonne et infirmière Métier : membre d’une secte, Origine : Paris Concept : r Méthodique Archétypes associés : Gourou, Tueu e, iqu hol cat Conviction : ancienne n croyance en un culte clandestine secte d’u bre mem re, tai iba cél Dimension sociale : Potentiels

* Physique : 3 * Mental : 2 * Social : 4

Compétences et occultisme * Novice en larcin, traque vivant et intrigues * Pratiquant en sciences du lisée en séduction cia * Maîtresse en société, spé Psychologie rou * Passion principale : son gou de soi don le : e air * Passion second sexuel * Tabou : l’érotisme, l’acte e int tra con sous la des autres * Déchéance : prendre la folie e nné sio pas * Tempérament : * Tendance : anankastique * Angoisse : 1 * Psychose : 3 * Seuil de névrose : 7

; de, ressemble au monde « Pour leurrer le mon ur, mais sois le serpent fle te cen nno ressemble à l’i qu’elle cache. » William Shakespeare

Description générale

pâle, ses yeux verts d’émeraude, te. A voir sa peau laiteuse très blan trou r té beau la à e femm une Mugin est s auxquelles elle a dû s’adonne se transparaître les meurtrissure lais ne la de rien , res jais memb de s les s noir ses cheveux corps nu (que seul Pourtant, elle affiche sur son par les sous les recommandations d’Arius. s dues à la pression exercée late écar de grandes lignes er) empl cont de on casi l’oc eu secte ont é jusqu’au sang. régulièrement son corps supplici minces fils de fer qui serrent Dossier secret

femmes, Mugin nonne acquise à la cause des ne ien anc et e, dit mau é foudres du nit les lui valut Troisième apôtre de la tri ns dans son couvent, ce qui sti nde cla ts men rte avo urs pratiqua plusie Vatican. auprès de clients prostitution pour survivre Ses connaissances la à t nai don s’a e ell nd e a dû faire sienne. Arius la recueillit qua ochisme, une spécialité qu’ell t pas plus sur portés sur le sadisme et le masster Arius comme une sorte d’aide-soignante. On n’en sai une jalousie e ssi r liaison intime, et vou médicales lui permirent d’a ant, Hugin est persuadé de leu leur degré d’intimité ; cepend maladive envers Mugin. e et putain », ie-Madeleine. A la fois « mèr que membre du Mar de ère iti hér ne dig la énique caractérisant cha Pour la secte, Mugin est e de ce manichéisme schizophruis sa vie au couvent, elle peut faire dep elle incarne le parfait exempl es pté prendre pour ginales qu’elle a ado groupe : sous les allures virnymphomanie, parfois avec un tel excès qu’on pourrait la de ès acc es preuve de brusqu une véritable succube...

Innocent

Identité : Innocent (nom de fam Métiers : ex-prêtre, inquisite ille inconnu) Origine : Angoulême, Charente ur, tortionnaire, bourreau Concept : Archétype associé : Gourou Convictions : ancien catholiqu e, croyance en un culte clandestin Dimension sociale : célibatai re, membre d’une secte Potentiels * Physique : 5 * Mental : 3 (note : le mental ne l’intelligence, limitée chez représente pas Innocent) * Social : 1 Compétences

« De telles innocences dans de telles ténèbres , une telle pureté dans un tel embrassement, ces anticipations sur le ciel ne sont possibles qu’à l’enfance, et aucune imme nsité n’approche de cett e grandeur des petits. »

Victor Hugo

Description générale

* Novice en occultisme et en cirque * Pratiquant en sciences de l’h omme et en larcin * Maître en sport et en combat - Armes : couteau et hachoir (caractéristiques identiques : voir tab. des armes ch.3 p.8 2) - Coups à la tête parés par son casque Psychologie * Passion principale : juger, * Passion secondaire : son gou punir * Tabou : l’érotisme, l’acte rou * Déchéance : force bestiale sexuel * Tempérament : flegmatique * Tendance : schizoïde * Angoisse : 1 * Psychose : 4 * Seuil de névrose : 9

Innocent aime cacher son vis age sous un casque pyramidal en fer très lourd dont il supporter le poids, tel Atlas doit retenant le monde sur ses épa ules. Ce masque n’est pas san le pic utilisé par les inquis s évoquer iteurs sur les sorcières pour le supplice de l’estrapade. En Innocent s’inflige une rigueu outre, r constante dans la douleur à l’aide d’un corset et d’une hérissés d’aiguilles à l’inté culotte rieur. Cet harnachement le con traint à rester droit et à ne s’asseoir, si ce n’est dans une jamais intense souffrance. Pour s’acquitter de sa tâche, qu’il affectionne particulière ment, il porte sur le ventre tablier recouvert de sang séc un hé, et une ceinture équipée de divers outils affûtés. Dossier secret Innocent fut excommunié pou église. Il est ce qu’on pourra r avoir tué une dizaine de pécheurs venus se confesser traumatisme enfantin (sa mère it appeler un « purificateur ». Effrayé par l’acte sexuel dans son a conservé un profond dégoût se prostituait dans son appartement, dans une chambre voi depuis un grande partie la raison pour pour le sexe, qu’il juge impur et indigne de l’être humain sine), il laquelle il entra dans les ord . C’est en res. Trop bête pour comprendre capacité à mémoriser et à récquoi que ce soit à la théologie, il démontra en revanche iter les Évangiles au cours de une grande mécaniquement les mêmes gestes ses messes. Il put ainsi, sans jamais être capable de , donner une illusion de comptétence en matière religien répétant réflexion personnelle ses prê dépasser le stade du simple mimétisme, répétant sans euse, mais ches habituels. la moindre Il comprit, en revanche, la car ils réveillèrent en lui de nature mauvaise des actes commis par les fidèles venus se brebis égarées, il n’hésita pasdouloureux souvenirs. Ainsi, plutôt que de se contenter confesser, par la justice, il n’a pas att à les massacrer à l’intérieur même de son confessionnal.d’aider ses endu son excommunication pour Recherché s’enfuir. En bon inquisiteur, Innoce de pureté ; autant dire qu’ilnt traque toutes les personnes ne correspondant pas à ses des prostituées (hommes ou fema fort à faire dans la capitale française. Ses proies son critères ne représente qu’un amusement mes), des dandys, et toutes ces personnes pour qui l’a t souvent . Il est l’auteur des dispariti cte sexuel pris connaissance dans les jou rnaux, au cours de l’enquête. ons de prostituées dont les PJ auront Malgré sa taille et sa carrur la plus grande discrétion. Cet e, Innocent fait preuve d’une étonnante capacité à se mou coulisses du Grand Guignol, avan atout lui a permis de neutraliser Méténier et son acteur voir dans t de retourner dans le public sans dan que personne ne se doute de ries les n.

Marcus

Identité : Marcel-Auguste Métier : ancien moine Origine : Loir-et-Cher Concept : Tueur Méthodique Archétypes associés : Gourou, culte clandestin, un en ce yan Convictions : cro ancien catholique re, membre d’une secte Dimension sociale : célibatai Potentiels * Physique : 3 * Mental : 2 * Social : 1 Compétences es de l’homme * Novice en combat et en scienc * Pratiquant en traque * Maître en pratique Psychologie rriture * Passion principale : la nou rou gou son : e air ond * Passion sec * Tabou : les bonnes manières * Déchéance : cannibalisme * Tempérament : amorphe fratrie) * Tendance : dépendant (de sa * Angoisse : 0 * Psychose : 5 * Seuil de névrose : 8

. Comme le d’être mangé et digéré « Comestible. Susceptib t, un pen ser un r pou d pau un cra omme un ver pour un crapaud, l’h et e omm l’h r un cochon pou serpent pour un cochon, pour le ver. » ire du Diable Ambrose Bierce, Dictionna

Description générale

c, de son visage gras te. Tout en lui évoque un por dégoût qu’il provoque san ous rep re llu l’a à me hom orbites. Le Marcus est un petits yeux enfoncés dans sesse révéler un atout rassurant, mais it et large parsemé de poils à ses rra pou t oin onp emb é, car son ant attire n’est pas tant dû à son obésit cène. Tout ce que l’on peut qualifier de sale, de dégoût s’échappe obs qui ent ur tem nte por pua com La e. son à bou t s la surtou un cochon aime se vautrer dan inexorablement Marcus, comme de lui est atroce. Dossier secret

pour Marcus a reporté son appétit damné solement de sa vie monacale, Con l’i . s nce dan r ste isi exi pla son t de tou e de vid vé Pri r le s’est goinfré, afin de comble urellement la vie sur la nourriture. Il recueilli enfant sur les marches d’un monastère et nat solitude. été sa ir ier avo tif ès jus apr de n de, afi itu r sol idi à la cus aura tout fait pour s’enla destiné à la vie de moine, Marêtre aimé, pourquoi se priver ? Puisqu’il ne pourrait jamais e chie ; Marcus nuisait à l’imag ont fini par agacer sa hiérar on bien étonnante : prenant au ons ati voc pro ses et ès exc Ces de faç la chair il tenta de prouver sa foi de l’Église. Mis à l’écart, s du Christ lors de la Cène, il s’est mis à consommer de avec eux. s ole foi par re niè les der tre une let la ier de mun pied ses frères défunts, afin de com humaine extraite des corps de ne ne l’a jamais soupçonné ni pris sur le fait. Heureusement pour lui, person en ère s’est ensuite transformé glise en le chassant du monastprit un plaisir de plus en plus l’É ssé lai a qu’ du per au gne et L’a r-et-Cher natal pour Paris, itale. Le loup affamé. Il quitta son Loi tiques sadiques et masochistes pratiquées dans la capsans aucun pra et les e, r enu ple ret tem s con san à , nce ste nda manife mblance, à agir comme il mange : en abo pire survint quand il se mit tortures sauvages sur quelques animaux ; selon toute vraise l’aider de nt des à ava na t don cen s’a nno Il d’I es al. tim mor sens « goûté » aux vic ent lem éga ait il qu’ e ibl oss il n’est pas imp tes dans la fosse... à se débarrasser de leurs res