Cours Gestion Des Ressources Naturelles [PDF]

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Zitiervorschau

REPUBLIQUE DU CAMEROUN

REPUBLIC OF CAMEROON

PAIX-TRAVAIL – PATRIE

PEACE – WORK - FATHERLAND

UNIVERSITE DE DSCHANG

THE UNIVERSITY OF DSCHANG

FACULTE DES LETTRES

FACULTY OF LETTERS

ET SCIENCES HUMAINES

AND SOCIAL SCIENCES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE DEPARTMENT OF GEOGRAPHY

GEO 652

GESTION DES RESSOURCES NATURELLES : l’eau et le pétrole/forêt Support de cours proposé Par

Dr. Emmanuel TIOMO DONGFACK Ph.D. en Géographie Spécialité : Dynamique de l’Environnement et Risques (DER) Université de Dschang

Avril 2020

Objectif général du cours Ce cours a pour objectif général d'initier les étudiants à la gestion durable des écosystèmes forestiers tropicaux. Objectifs spécifiques -

Familiariser les étudiants au concept de ressources naturelles et à leurs classifications.

-

Familiariser les étudiants à la notion de « forêt »

-

Faire connaître aux étudiants quelques approches mises en œuvre pour une gestion durable des écosystèmes forestiers.

Approche pédagogique Il s'agit d'un cours magistral hebdomadaire d'une durée de trois heures avec présentation en présentiel. Cependant, en raison de la pandémie (Covid-19) qui menace le monde entier, ce cours sera plutôt mis en ligne et téléchargé par les étudiants inscrits qui prendront connaissance du contenu du cours et, puis suivra la phase d’explication et d’échange par visioconférence ou à travers le groupe watsap. Résultats attendus A la fin de ce cours, l’étudiant doit être capable de : -

Connaître la définition de ressources naturelles et ses critères de classification ;

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Connaître les différentes définitions du concept « forêt » et les limites de la forêt tropicale ;

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Connaître les fonctions de la forêt et les facteurs de sa dynamique ;

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Connaître l’historique et les différentes approches ou conventions internationales sur le mode de gestion durable des écosystèmes forestiers ;

PLAN DU COURS CHAPITRE I : GENERALITES SUR LES RESSOURCES NATURELLES 1) Les ressources renouvelables 2) Les ressources non renouvelables CHAPITRE 2 : NOTION DE RESSOURCE NATURELLE FORESTIERE TROPICALE 1- Définition de forêt 2

2- Classification de la forêt tropicale 3- Les fonctions de la forêt 4- Dynamiques forestières CHAPITRE 3: LA GESTION DURABLE DES FORETS DENSES TROPICALES I.

Historique de la gestion des ressources naturelles en zone tropicale

II.

Les approches utilisées pour la gestion durable des forêts tropicales

BIBLIOGRAPHIE : Angelsen, A., Brown, S., Loisel, C., Peskett, L., Streck, C., et Zarin, D. (2009). Réduire les émissions liées à la déforestation et à la dégradation de la forêt (REDD) : Un rapport d’évaluation des choix (Washington District: Meridian Institute). FAO (Organisation mondiale pour l’alimentation et de l’agriculture) (2010). Évaluation des ressources forestières mondiales (Rome: FAO). FAO (Organisation mondiale pour l’alimentation et de l’agriculture) (2011). Situation des forêts du monde en 2011 (Rome: FAO). FAO, 1997, Le changement climatique, les forêts et l'aménagement forestier - aspects généraux, Etude FAO Forêts 126, FAO, Rome. FAO, 1997, Ouvrages sur l'aménagement durable des forêts, FAO, Rome. Henri Puig, 2001, La forêt tropicale humide, Belin, 448 P. Juergen Blaser et Cesar Sabogal, 2011 - Lignes directrices OIBT révisées pour la gestion durable des forêts tropicales naturelles. Rapport intégral, 125p. Loi N° 94-01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts de la faune et de la pêche Maxime Saunier, 2012 - La gestion des ressources forestières au sein des communautés autochtones et dans le cadre du programme REDD+. Mémoire de Maîtrise en écologie internationale, Université de Sherbrooke, Québec, Canada, 92p. OIBT, 1992, Critères de mesure de l'aménagement durable des forêts tropicales, Série OIBT Politique Forestière 3, OIBT, Yokohama. Tsayem Demaze, M. (2010). La télédétection en tant qu’outil de mesure de la réduction de la déforestation (REDD). Rev. Télédétection 9, 245- 257. UNESCO/UNEP/FAO, 1978, Tropical forest ecosystems - a state-of-knowledge report, UNESCO, Paris. UNESCO/ERAIFT/MAB, 1997, Notions d'aménagement et de développement intégrés des forêts tropicales, UNESCO, Paris.

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INTRODUCTION Les ressources naturelles ne sont pas des entités biophysiques statiques, elles sont dynamiques et encrées dans les sociétés avec tous les enjeux liés à l’accès, au contrôle, à l’exploitation et à la valorisation. Les enjeux liés aux ressources naturelles sont aussi politiques, souvent géostratégiques et mettant en opposition des institutions à différentes échelles. On ne parle de ressource que dans la mesure où un élément du milieu naturel où la ressource ne se conçoit ou passe par le prisme de la perception humaine (c’est-à-dire que la ressource n’existe jamais en elle-même, elle ne vaut qu’à partir de ces chaines culturelles). Un élément de la nature devient ressource lorsque l’homme trouve déjà en lui une certaine perception, une certaine utilité. Ainsi, quand on parle de gestion des ressources forcément il y a quelque chose et des hommes entourés auprès. Pour ce faire, il faut identifier la ressource et la localiser dans l’espace, l’évaluer en termes de quantité et qualité et enfin mettre au point des règles d’accès. La gestion des ressources naturelles est apparue avec la science environnementale qui résulte elle-même d’un choc entre l’histoire naturelle et l’histoire humaine parce que les équilibres naturels ont été tellement menacés que les risques de survie de l’espèce sont devenus grands. En effet, la nature est en équilibre et c’est lorsque l’homme intervient qu’il y a instabilité. Ainsi, plus l’exploitation des ressources est irrationnelle, plus les effets négatifs ou positifs sont en vue. Ceci donne donc lieu à faire preuve d’intelligence et à une manière considérable et durable de leurs exploitations. Notre réflexion portera sur un type de ressource naturelle dont l’importance pour la vie est aussi capitale, il s’agit des ressources forestières donc l’accent sera plus mis sur les forêts tropicales.

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CHAP I : GENERALITES SUR LES RESSOURCES NATURELLES De tout temps, l’Homme entretient avec la nature plusieurs types de rapports qui lui permettent d’assurer sa survie et son épanouissement. Ainsi, il doit son développement aux différents éléments présents dans la nature qu’il exploite. Ces éléments qui peuvent être de l’eau, des matières végétales, des matières animales, des matières premières…sont appelés Ressources Naturelles. On définit la ressource naturelle comme étant tout bien et/ou service qui provient directement de la nature, c’est à-dire, sans besoin d’intervention de l’homme. Ces ressources se trouvent être d’une importance vitale pour le développement de l’être humain, puisqu’elles offrent la possibilité d’obtenir des aliments, de produire de l’énergie et donc, de subsister de manière générale. Il n’est pas facile de faire une classification typique des ressources naturelles surtout avec l’apparence du mot « naturel ». Mais l’homme ne peut qu’essayer ou tenter de faire une classification en tenant compte de certains critères : -

La disponibilité en quantité et en qualité : c’est connaître si les potentialités d’usage de ces ressources sont limitées ou illimitées. Tous ces attributs peuvent être soumis au cours de l’histoire à des perceptions humaines à travers les valeurs qui leurs sont attribuées.

-

La seconde classification tient compte de leur utilité (nourriture, utile pour l’industrie manufacturière, utile pour la construction, etc…).

Elles sont les deux critères de classification en dehors de celle classique (renouvelable ou non renouvelable). En effet, on divise généralement les ressources naturelles en deux groupes, selon qu’elles se régénèrent ou pas : 

Les ressources renouvelables qui peuvent se régénérer tant que leur exploitation n’est pas excessive (poissons, forêts, le blé, le maïs, etc.) ;



Les ressources non renouvelables qui se termineront inévitablement à un moment donné puisqu’elles ne peuvent pas se renouveler (pétrole, charbon, minerais, etc.).

La distinction est affaire d’échelle de temps. Qu’une ressource soit naturelle ou pas, son exploitation a un impact sur l’espace géographique. Mais, le plus grave impact est que l’exploitation irrationnelle entraîne un épuisement éventuel des biens terrestres. Il y a cette possibilité qu’une ressource puisse être épuisée à cause du progrès technologique, la croissance 5

démographique en comparaison avec le degré de renouvellement des ressources et le niveau de vie en général croissant. 1) Les ressources renouvelables Les ressources renouvelables sont des ressources naturelles dont le stock peut se reconstituer sur une période courte à l’échelle humaine. Elles se régénèrent naturellement plus ou moins vite. Elles sont toutes disponibles en quantité illimitée à condition que l’on laisse à ces ressources le temps de leur régénération. L’eau, les terres cultivables, les espèces animales et les végétaux sont aussi des ressources naturelles renouvelables. En ce qui concerne les ressources vivantes naturelles (animal, poisson…), elles ne sont renouvelables que si le taux de régénération est supérieur ou égal au taux d’exploitation, par la chasse ou la pêche. Toutes ces ressources indispensables au développement de la vie sur Terre sont aujourd’hui confrontées à de multiples menaces. 2) Les ressources non renouvelables Une ressource naturelle est qualifiée de non renouvelable ou épuisable lorsque le temps nécessaire à sa création dépasse largement le temps d’une vie humaine. Ce sont généralement des ressources fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel). Les ressources non renouvelables (matières minérales et fossiles) sont disponibles en quantités limitées. Elles sont donc épuisables : -

le pétrole, le charbon et le gaz naturel sont brulés pour produire de l’énergie ou transformés en produits chimiques et matières plastiques ;

-

les métaux sont utilisés dans de très nombreux objets.

-

le sable, les roches, le granulat sont très souvent utilisés dans le secteur du bâtiment et des travaux publics ;

-

les minéraux comme le sel ou les phosphates sont indispensables à l’agriculture, etc. La gestion des ressources naturelles consiste à établir un équilibre entre les besoins

croissants de la population et les ressources disponibles, tout en cherchant des solutions d'avenir. Ainsi, la gestion durable des ressources naturelles repose essentiellement sur : -

L'exploitation rationnelle qui évite le gaspillage ;

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La protection de la nature (animaux et végétaux) et de l'environnement ;

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-

L'amélioration des ressources surtout alimentaires et énergétiques ;

-

La restauration des ressources animales et végétales (parcs, reboisement, forêts classées,...). Il est important de noter aussi que la gestion durable des ressources naturelles permet

le Développement durable. Le concept de développement durable est un terme qui a été utilisé pour la première fois dès le début des années 80 par l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN). Le terme est repris par la suite par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement en 1987, dans le rapport "Notre Avenir à tous". Cet ouvrage, communément appelé le «rapport Brundtland», du nom de la présidente de la commission Mme Gro Harlem Brundtland, défini le concept de développement durable comme étant "un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs". On peut également exprimer le développement durable comme étant une activité économiquement viable, socialement acceptable et respectueuse de l’environnement. Le concept de développement durable étant étroitement lié aux ressources naturelles, le secteur forestier a fait l’objet d’une attention particulière, notamment à l’occasion du Sommet de la terre célébré à Rio de Janeiro en 1992, alors que les dirigeants du monde entier s’entendaient sur l'adoption d'un cadre international de l’aménagement forestier durable, se référant ainsi au développement durable des forêts. C’est aussi l’époque où les populations du monde entier réalisent de plus en plus que leurs habitudes de consommation ont une influence directe sur l’exploitation des ressources naturelles de la planète. D’où l’idée de trouver des voies et moyens pour limiter les actions de l’homme sur la forêt. Ainsi, qu’est ce qui est considéré comme ressource forestière lors du sommet de Rio ? Quels ont été les moyens mis en œuvre pour limiter la dégradation forestière ?

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CHAP II : NOTION DE RESSOURCE NATURELLE FORESTIERE TROPICALE Introduction Les « forêts » couvrent environ 31 % de la surface des terres émergées soit environ 40 millions de km2 dont la moitié en formations fermées. Ainsi, on distingue 4 grands ensembles forestiers dans le monde : -

Forêt boréale, Taïga (Russie et Europe du Nord

-

Forêt boréale du Canada, de l’Alaska et du nord-ouest des Etats Unis

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La forêt amazonienne

-

La forêt de la cuvette du Congo Les forêts tropicales regroupent toutes les zones boisées situées entre les tropiques du

Cancer et du Capricorne. Elles couvrent environ 35 % des terres émergées intertropicales et représentent presque la moitié des forêts du monde. Les principaux massifs sont l’Amazonie, la forêt du bassin du Congo et celle d’Asie du Sud-Est. 1) Définition de forêt Les définitions du terme « forêt » sont nombreuses en fonction des latitudes et des usages (voir FAO). Une forêt ou un massif forestier est une étendue boisée, relativement grande, constituée d'un ou plusieurs peuplements d'arbres, arbustes et arbrisseaux, et aussi d'autres plantes indigènes associées. Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), une forêt est une étendue de terres d’une superficie supérieure à un demi-hectare, avec des arbres d’une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert arboré de plus de 10 %. Mais d’autres institutions utilisent des critères différents, notamment en termes de taux de couverture et de hauteur des arbres. La définition de la forêt prend également en compte l’usage des terres. Les zones urbaines boisées, les vergers ou les agro forêts sont exclus de la définition de la FAO. Le débat est en cours pour décider si les plantations de palmiers à huile en font partie ou non. La définition varie également d’un continent à l’autre. En Australie, il suffit que le taux de recouvrement du sol par les couronnes des arbres vues d’en haut atteigne 30% pour qu’on parle de forêt tandis qu’en Afrique du Sud, ce même taux doit atteindre 75 %.

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Au Cameroun, selon la loi N° 94-01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts de la faune et de la pêche, en son article 2, sont considérés comme forêts, « les terrains comportant une couverture végétale dans laquelle prédominent les arbres, arbustes et autres espèces susceptibles de fournir des produits autres qu’agricoles ». 2) Classification des forêts tropicales Les principaux types de forêts tropicales peuvent être regroupés en trois grands groupes avec des caractéristiques écologiques bien différenciées: les forêts denses humides, les forêts sèches et les mangroves. A ces trois groupes, on peut ajouter les forêts sub-montagnardes et les forêts galeries. a) Les forêts denses humides Les forêts denses sempervirentes se situent dans des zones où la pluviométrie annuelle est supérieure à 2000 mm avec moins de trois mois secs par an. Elles sont caractérisées par une structure complexe, une grande richesse floristique et animale et une prédominance d'essences à bois dur pouvant atteindre 40-50 mètres de hauteur. La canopée reste feuillée toute l'année, chaque arbre ayant un rythme propre de défoliation. On distingue : -

Les forêts denses humides semi-décidues correspondent à une pluviométrie annuelle comprise entre 1000 et 2000 mm/an avec moins de six mois secs. Leur structure et leur composition floristique varient beaucoup en fonction de la pluviosité et des sols. Moins riches en espèces animales et végétales que les forêts sempervirentes, elles sont caractérisées par une chute partielle des feuilles en saison sèche. On y note une grande richesse en essences commerciales de valeur à bois tendre (hauteur 40-45 mètres).

-

Les forêts de montagne poussent à des altitudes supérieures à 1000 m. Selon le climat, ce sont en général des faciès des forêts denses humides. Les arbres et arbustes sont moins élevés que dans les formations de plaine. Elles sont riches en mousses et lichens épiphytes (qui poussent en se servant d'autres plantes comme support) et espèces ombrophiles (espèces toujours dépendantes de l’eau).

b) Les forêts sèches Les forêts sèches apparaissent avec une pluviométrie annuelle comprise entre 600 et 1200 mm/an avec moins de 8 mois secs/an. Leur structure est bistrate, avec une strate arborée décidue (hauteur 15-20 mètres) sous laquelle se développe une strate arbustive et graminéenne. Leur protection contre les feux de brousse est essentielle pour assurer leur viabilité. La

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disparition des ligneux s'accompagne du développement de la strate herbacée. Il existe des formations sèches de montagne. Les forêts claires se rencontrent dans les régions où la pluviométrie annuelle est comprise entre 300 et 600 mm/an. Ce sont des formations mixtes, ligneuses et herbacées, dont le couvert ligneux est inférieur à 50%. Dégradées, elles cèdent la place aux savanes arborées ou boisées où le couvert arboré dépasse rarement 15%. c) Les mangroves Ce sont des formations sempervirentes côtières poussant en dessous du niveau de la mer. Les espèces végétales, peu nombreuses, doivent supporter l'immersion temporaire en milieu halophile (milieu salé). Cet écosystème particulier offre un potentiel important de production diversifiée (bois, animaux marins...). Il est fragile, au même titre que les forêts marécageuses, ripicoles (qui occupent les rives des cours d’eaux) ou périodiquement inondées. Ces forêts sont étroitement liées à la dynamique hydrique du milieu qui les caractérise. 3) Les fonctions de la forêt La forêt remplit trois fonctions essentielles : écologique, économique et sociale. a. La fonction écologique Les forêts remplissent notamment les importantes fonctions écologiques et protectrices suivantes: -

Protection des ressources en eau : Grâce au feuillage, aux écorces et à la litière abondante, les arbres et les forêts ralentissent la dispersion de l'eau et favorisent une infiltration lente mais complète de l'eau de pluie; la capacité des arbres surtout en zones sèches de retenir d'autres types de précipitations comme le brouillard qui peuvent ensuite être recueillies et stockées pour utilisation, est aussi remarquable.

-

Protection du sol : Le couvert forestier ralentit le vent, tandis que son dense réseau de racines maintient le sol en place. Ces caractéristiques, ajoutées à la fonction de ralentissement du ruissellement de l'eau limitent l'érosion par l'eau et le vent, les mouvements de terrain (glissements de terrain et chutes de pierres) et, dans les climats froids, les risques d'avalanche.

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Atténuation des excès du climat local et réduction des retombées des émissions de gaz : En contrôlant la vitesse du vent et les flux d'air, la forêt a une incidence sur la circulation locale de l'air et peut ainsi retenir les suspensions solides et les éléments 10

gazeux; elle peut également filtrer les masses d'air et piéger les polluants. La forêt est un important puits de carbone. Elle séquestre environ 4 milliards de tonne de CO2 et contribue au freinage des changements climatiques. Ainsi, les forêts tropicales sont considérées comme étant le « poumon de la terre », c’est-à-dire qu’elles sont les premières ou les principales sources d’émission de l’oxygène à la surface terrestre. Grâce au mécanisme de la respiration chlorophyllienne, les forêts absorbent jusqu’à 46 % du carbone émis par la terre, réduisant d’autant l’effet de serre, et produit en contrepartie de l’oxygène. -

Conservation de l'habitat naturel et de la diversité biologique : La forêt abrite flore et faune, et assure, en fonction de sa santé, de sa vitalité et de la façon dont elle est gérée ou protégée, sa propre perpétuation, et ce grâce au fonctionnement des processus écologiques forestiers. En raison de sa taille et de sa diversité structurelle, la forêt abrite un plus grand nombre d'espèces animales que ne le font les autres écosystèmes. Les forêts tropicales notamment qui ne constituent que 6% des terres émergées, contiennent plus de la moitié de la biodiversité terrestre. L’Amérique Latine à elle seule abrite 40% des espèces animales et végétales de la planète et le bassin amazonien 25 % de ces espèces terrestres.

b. La fonction économique Les forêts contribuent à la création d’emplois et de richesses. L’exploitation forestière formelle contribue pour 600 millions de dollars à l’économie mondiale, soit environ 1 % du PIB de la planète. En comptabilisant l’exploitation forestière informelle dans le PIB de l’Afrique, la part du bois passe du simple au double. Le secteur du bois emploie 13,2 millions d’individus dans l’économie formelle et 41millions dans l’informel (Banque mondiale, 2013 ; FAO, 2014). La biodiversité forestière est la base de plus de 5 000 produits commerciaux. Près de 1,6 milliard de personnes dépendent des forêts pour leur subsistance, elles produisent des biens dont certains ont une valeur marchande comme le bois. La valeur des extractions de produits forestiers autres que le bois, tout comme la valeur de la production de bois, est un indicateur de la contribution des forêts et des terres boisées aux économies nationales. Elle indique également la contribution du secteur à la réduction de la pauvreté, étant donné que les produits forestiers autres que le bois, tels que les produits alimentaires et le fourrage sont pour la plupart récoltés dans les zones rurales par des personnes relativement pauvres. A l’échelle mondiale, la valeur totale des extractions de bois communiquée pour 2005 s’élevait à 57 milliards de 11

dollars US pour le bois rond industriel, et à 7 milliards de dollars US pour le bois à brûler, pour un total cumulé de 64 milliards de dollars US. c. La fonction sociale Les activités récréatives, le tourisme, l’enseignement et la conservation de sites présentant un intérêt culturel ou spirituel sont quelques exemples du rôle social que jouent les forêts. Les forêts sont des lieux privilégiés de loisirs, de détente et de tourisme. Elles sont également des lieux de découverte de la faune, de la flore et des paysages. Les forêts sont aussi une ressource vitale pour la santé. Les arbres constituent un réservoir de plantes médicinales et d'ingrédients nécessaires à la fabrication de médicaments. Près de 75 % des médicaments les plus prescrits renferment des composants provenant des forêts. Près de 80% de personnes dans les pays en développement dépendent des remèdes de la médecine traditionnelle dont la moitié d’entre elles sont issues de plantes trouvées principalement dans les forêts tropicales. 4) Dynamiques forestières Les forêts ne sont pas des entités statiques. Elles connaissent une évolution permanente, un perpétuel processus dynamique même en dehors de toute intervention humaine. Des études sont par exemple formelles sur l'évolution des forêts tropicales à travers le temps. La dynamique forestière peut être abordée sous deux angles principaux: la dynamique naturelle des peuplements forestiers et la dynamique provoquée par les activités humaines ou dynamique anthropique. a. La dynamique naturelle -

La dynamique induite par les fluctuations climatiques passées Les changements radicaux des climats dans le temps et dans l'espace ont toujours laissé

des héritages importants sur le relief, mais aussi sur la végétation qui a du s'étendre ou se rétracter pour survivre. Les forêts tropicales ont par exemple connu une évolution provoquée par les grandes fluctuations climatiques intervenues au cours du Quaternaire. Les surfaces actuellement occupées par les forêts n'ont pas toujours été celles que nous connaissons aujourd'hui. De nombreuses recherches fondées sur l'étude des matières organiques des sols et sur des analyses polliniques ont montré que les forêts tropicales ont connu plusieurs fluctuations au gré des changements paléo climatiques. Elles ont été soumises à d'importantes transformations de la biodiversité et à une modification de leur distribution dans le temps et dans l'espace. Les forêts tropicales se sont adaptées aux changements climatiques en fluctuant c'est-à dire en entrant dans un processus dynamique. En périodes climatiques humides, elles 12

sont en phase d'extension. Par contre, en périodes sèches, elles régressent pour assurer leur survie dans les zones refuges qui ont conservé une humidité suffisante. Au Cameroun par exemple, pendant les périodes sèches du quaternaire, la végétation a migré vers les zones refuges comme le pourtour de la zone côtière... C'est à partir de ces zones refuges que s'est développée la reconquête une fois que le climat est redevenu favorable. De nombreuses autres recherches ont montré que les forêts tropicales ont régressé et se sont fragmentées durant le dernier maximum glaciaire il y a environ 20 000 ans (Maley, 2001, Giresse et al, 2004). Entre 23 000 et 15 000 ans BP on a observé un retrait de la forêt au profit de la savane du fait de la baisse de la pluviosité. Entre 10 000 et 4 000 ans BP, on note une forte extension de la couverture forestière à l'ouest de Yaoundé consécutive à une phase climatique humide (Giresse et al, 1994). A partir de 2500 ans BP les forêts d'Afrique centrale ont subi des destructions importantes provoquées par une phase climatique sèche. Les formations savanicoles vont s'étendre durant cette période. Depuis environ 1500 ans BP, la rehumidification a entraîné la reconquête de la forêt sur la savane -

La dynamique causée par les chablis ou la régénération naturelle Le chablis correspond à la perturbation provoquée par un arbre tombé au sol (Riera et

al., 1990). Avec la mortalité des arbres, on le considère comme le moteur de la sylvigénèse car il est à l'origine de la régénération ou du rajeunissement graduel de la végétation. Dans les chablis, la mort des individus âgés offre l'opportunité à d'autres espèces de se développer et de se reproduire, faisant de la forêt une mosaïque où cohabitent des phases de jeunesse, de maturité et de vieillesse. En effet, la chute d'un arbre en forêt causée par des vents violents ou des fortes pluies provoque l'ouverture de la canopée. Cette situation entraîne une modification des conditions microclimatiques avec une intensité de lumière plus forte qui parvient au niveau du sol. De nombreuses espèces surtout héliophiles (plantes ayant d’importants besoins en lumière pour se développer) profitent de cette ouverture et des changements induits pour entreprendre leur régénération. Selon Riera et al (1990) ou Kahn (1982), les espèces qui interviennent dans les processus de régénération ainsi enclenchés sont classées en trois groupes : 

Les espèces pionnières qui peuvent germer facilement lorsque la lumière est intense. Elles participent les premières à la reconstitution de la végétation. C'est d'ailleurs à cela qu'elles doivent leur nom. Leur croissance est rapide et leur durée de vie courte (3 à 30 ans) ;



Les cicatricielles ou nomades : elles germent à la lumière et ont une durée de vie plus longue que les espèces pionnières (100 ans). Elles doivent leur nom à leur capacité à 13

cicatriser les forêts perturbées ou à leur isolement les unes des autres. Leurs plantules se développent facilement lorsque la luminosité est intermédiaire entre la pleine lumière et le sous-bois; 

Les espèces structurantes ou dryades : elles ont une croissance lente et une longue durée de vie. Leur présence à l'état mâture confère au peuplement un caractère ancien et une certaine stabilité. Les espèces structurantes ont une croissance lente et une durée de vie longue.

b. La dynamique forestière induite par les activités anthropiques Les activités anthropiques qui imposent les marques les plus visibles sur la végétation sont surtout l'agriculture et l'exploitation du bois. -

La régénération post-culturale L’agriculture extensive traditionnelle basée sur le système de cultures itinérantes ou

essartage, joue un rôle proche de celui des chablis dans la dynamique forestière. En effet, les perturbations induites par les agriculteurs ne sont pas préjudiciables à la biodiversité de la forêt, mais au contraire, elles en constituent un des éléments. Cela s'explique par le fait que les agriculteurs en aménageant les parcelles de cultures, épargnent généralement un certain nombre d'arbres pour diverses raisons comme la fertilisation pour le cas des légumineuses. D'autres raisons expliquent aussi la préservation des arbres dans les champs. C'est le cas des arbres fruitiers, des arbres d'ombrage, des essences à valeur culturelle ou rituelle, des éléments à valeur médicinale ou culinaire. Ainsi, une fois la parcelle abandonnée en jachère, ces arbres dispersées favorisent ou accélèrent la reconstitution de la forêt du fait qu'ils sont des portes graines et servent aussi de perchoirs aux oiseaux et animaux grimpeurs qui sont de véritables disséminateurs de plantes par leurs déjections. La reconstitution de la forêt tropicale humide après culture traditionnelle passe par une série de 4 stades successifs: 

Le stade herbacé graminéen où la végétation présente essentiellement les adventices surtout graminéennes;



Le stade à herbacées et sous ligneux qui correspond aux cultures associées de manioc, taro, bananier...



Le stade arbustif pionnier qui est caractérisé par la présence de nombreuses espèces secondaires et principalement Musanga cecropioides, Macaranga hurifolia,

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Harungana madagascariencis. Ce stade disparaît par sénescence et absence de régénération. 

Le stade préclimacique. Il met en place une forêt secondaire qui précède la forêt climacique. C'est le dernier stade avant la reconstitution complète de la végétation. C’est dire qu’une fois perturbée, la forêt tend à se reconstituer à travers une série d'étapes

qui passent par les plantes herbacées, les arbres à croissance rapide et à faible longévité, les grands arbres héliophiles et enfin les arbres caractéristiques de la forêt primaire qui sont constitués essentiellement d'espèces sciaphiles (espèces qui apprécient les zones d’ombres pour se développer). -

La régénération post-exploitation industrielle Le prélèvement industriel du bois est à l'origine de nombreuses perturbations au sein

d'un massif forestier. En effet, l'exploitation forestière cause presque toujours automatiquement des dégâts collatéraux consécutifs par exemple à l'abattage des arbres qui entraînent dans leur chute d'autres arbres pourtant pas ciblés, à l'ouverture des routes et pistes de débardage, au compactage et à l'exposition du sol. Les répercussions varient en fonction du type ou mode d'exploitation. Ainsi, les coupes rases ne présentent pas les mêmes conséquences écologiques que l'exploitation sélective qui est généralement considérée comme un mode d'exploitation durable. L'exploitation forestière entraîne une ouverture importante de la canopée. L'ouverture correspond essentiellement aux trouées d'abattage et aux chablis liés aux dégâts d'abattage et dans une moindre mesure à l'ouverture des pistes de débardage. Elle n'entraîne pas de fractionnement majeur des massifs mais des trouées passagère). Les ouvertures du couvert forestier, comme les routes secondaires favorisent le développement des Marantaceae et Zingiberaceae, lesquelles forment un couvert difficilement pénétrable inhibant ou ralentissant fortement la régénération des espèces ligneuses. Aussi, l’érosion des sols en diminue la fertilité et peut gêner la régénération naturelle de la végétation et donc aggraver la perte de biodiversité. Selon l’évolution structurale et biologique d’une parcelle abandonnée, les premières plantes qui occupent l’espace sont les herbacées graminées pour la plupart, ensuite s’installe l’espèce Chromolaena odorata susceptible d’être associée à d’autres herbacées pérennes telles que : Panicum maximum, Phyllanthus amarus et autres.

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CHAP III : LA GESTION DURABLE DES FORETS DENSES TROPICALES Les forêts du monde devront répondre aux besoins et aux demandes de trois ou quatre milliards de personnes de plus d'ici la fin de ce siècle (Lutz et al., 2001). La population actuelle, qui compte environ 6,3 milliards d'habitants, soumet les forêts de la planète à une pression sans précédent, en particulier dans les pays en développement, sous les latitudes tropicales et subtropicales. Eu égard à cette surexploitation de la ressource forestière, une multitude d’approches a été proposée comme modèles pour gérer les forêts de la planète en général et celles de la zone tropicale en particulier. I)

HISTORIQUE DE LA GESTION DES RESSOURCES NATURELLES EN ZONE TROPICALE

1.

AVANT LA PÉRIODE COLONIALE La gestion des ressources naturelles était coutumière avant la période coloniale. Elle

n'était pas dissociée de la gestion du foncier dans les systèmes agraires traditionnels. Il s'agissait d'une véritable gestion des ressources naturelles qui relevait du "maître de la terre" (Chaumie, 1984, cité par Goudet, 1984). En Afrique, les règles et pratiques forestières coutumières existaient avant la colonisation. La gestion traditionnelle des ressources naturelles était basée sur les croyances religieuses et écologiques. Les communautés rurales établissaient avec les pouvoirs ancestraux des règles coutumières de gestion locale des ressources naturelles. La gestion proprement dite de ces ressources se pratiquait le plus naturellement au niveau des terroirs villageois, suivant des principes et des normes basées sur la hiérarchie lignagère des clans, tribus et familles où l'ordre social est garanti par le patriarche ou le chef du village. Toutes les pratiques traditionnelles étaient l'émanation des classes sociales qui les respectaient et se reconnaissaient entre elles. Chacun des membres du corps social était responsable d'une gestion particulière et précise des ressources collectives. Il y avait là, une véritable amorce de responsabilisation des différents acteurs dans la gestion des ressources naturelles (GRN). C'est pourquoi, les interdits et exclusions des règles coutumières étaient compris et acceptés par tous. La finalité de ces pratiques coutumières était de parvenir à une "gestion durable" des ressources naturelles. 2.

DE LA PÉRIODE COLONIALE AUX ANNÉES 1970 Durant la période coloniale et une décennie après les indépendances, on note une

politique de constitution et de conservation du domaine forestier. Elle s'est caractérisée par le 16

classement des forêts naturelles en vue de leur protection contre la destruction par les actions anthropiques et de leur mise en valeur par l'administration forestière. Est alors instaurée une stratégie d'exclusion et de répression en matière de gestion des ressources forestières. C'est ainsi que certains produits et sous-produits forestiers vont être mis en valeur par le colonisateur (gomme arabique, bois de service et d'œuvre, produits de chasse, etc.) pour l'intérêt de la métropole. Le colonisateur a progressivement affirmé sa propriété sur les ressources naturelles en octroyant uniquement des droits d'usage aux populations locales. La réglementation forestière coloniale était directement inspirée du modèle français et basée sur la notion de forêt qui n'a pas d'équivalent dans le système coutumier avec la notion de "brousse", correspondant de la forêt, mais considéré comme un espace indéfini, n'appartenant à personne. Dans les pays d'Afrique francophone en général, les réglementations foncières héritées de la période coloniale dérivent tous du Code civil français et de l'article 159 qui stipule: "tous les biens vacants et sans maître appartiennent au domaine public". La plupart des textes réglementaires et législatifs ont toujours affirmé le monopole foncier de la colonie et l'appropriation des ressources naturelles par celle-ci, ôtant de ce fait aux populations la possibilité de prendre en charge une quelconque gestion de ces ressources naturelles. La politique de l'administration forestière de l'époque coloniale (1900) aux années 1970 a été peu incitative. La responsabilisation des populations à tous les niveaux a été absente. Cette orientation de la politique de l'époque a eu pour conséquences l'exploitation illicite des forêts, liée à l'impossibilité des services des Eaux et Forêts d'assurer seuls la police forestière. Il s'en est suivi une réduction drastique des superficies de forêts et de leurs potentialités, traduisant ainsi l'échec de l'Etat à travers l'administration des Eaux et Forêts. 3.

DES ANNÉES 1970 AUX ANNÉES 1990 Pendant cette période, la politique "conservationiste" a connu des mutations. Pour

rompre avec la tradition des textes coloniaux en matière de gestion des ressources forestières, le législateur dans la plupart des pays tropicaux a adopté des lois portant régime des forêts, de la faune ou de la pêche. C’est le cas par exemple de la loi n° 81-13 du 27 Novembre 1981. Ainsi, ce fut le tout premier code forestier le plus élaboré de l’ère postcoloniale. Les articles 13 à 22 de ce texte distinguaient quatre principales catégories de forêt : les forêts du domaine public, les forêts du domaine privé de l’Etat, les forêts communales et les forêts des particuliers.

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En Afrique de l’Ouest, les tentatives d'encourager la foresterie collective, imposées par les services forestiers, n'ont pas donné les résultats escomptés car la prise en compte des facteurs sociaux auxquels les villageois étaient confrontés n'était pas du tout leurs préoccupations. De plus, les actions de répression l'emportaient largement sur la responsabilisation des populations et la recherche de leur participation dans la conservation, l'aménagement, la gestion et le développement des ressources naturelles. 4.

DES ANNÉES 1990 À NOS JOURS Avec la mondialisation, des questions environnementales issues de la Conférence des

Nations Unies sur l'environnement et le développement de Rio (1992), la lutte contre la désertification, la gestion de la diversité biologique et les changements et variabilités climatiques ont été adoptées comme nouveaux cadres de politiques et stratégies dans les différents pays, les approches précédentes (directives et technicistes) étant remises en cause. Ce fut le point de renforcement des ébauches d'approches participatives dans les différents pays. C'est ainsi que la responsabilisation des populations a été retenue comme stratégie de gestion des ressources naturelles, notamment la gestion partagée des ressources (approche participative, gestion des terroirs, approche globale et intégrée). La gestion des ressources forestières est entrée donc dans la phase de participation des populations riveraines avec l’avènement de la foresterie communautaire. Au Cameroun, la loi forestière votée en 1993 puis adoptée en 1994 reconnait enfin le droit des populations à exploiter les ressources forestières dans le cadre des forêts communautaires. La notion de « gestion durable des forêts » regroupe habituellement les opérations effectuées pour administrer et exploiter les forêts de manière qu'elles remplissent durablement certaines fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes. Les forêts ainsi gérées font l'objet d'interventions humaines périodiques ou permanentes au moins dans une partie des massifs. Certaines ONGs internationales conservationnistes (World Wide Fund for Nature, les Amis de la Terre, Greenpeace et France Nature Environnement) demandent également que parallèlement aux forêts exploitées, un réseau de forêts « primaires » soit protégé des coupes et de la gestion sylvicole, et qu'ailleurs une restauration « qualitative » des forêts soit prise en compte, au-delà de seuls critères quantitatifs. La biodiversité est l'une des préoccupations, enjeu majeur concernant les services écosystémique, parfois traduit par l'identification de Forêts de haute valeur pour la conservation ou FHVC.

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II)

LES APPROCHES UTILISEES POUR LA GESTION DURABLE DES FORETS TROPICALES

Élaboré au Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro en 1992, la gestion durable des forêts (ou aménagement durable des forêts - ADF) s'inspire du concept de développement durable, largement répandu par le Rapport Brundtland de la Commission des Nations unies sur l'environnement et le développement (1987). Plusieurs approches ont été mises en place à l’échelle internationale, nationale ou locale pour la gestion efficace et durable des ressources forestières mondiales en général et tropicales en particulier. Les différentes approches développées par les conservationnistes et adoptées par de nombreux Etats au monde comprennent entre autres : l’aménagement forestier ; les principes, critères et indicateurs ; la certification ; le mécanisme REDD+ et l’utilisation des nouvelles technologies spatiales. 1) L’aménagement forestier Pour assurer le développement durable des ressources naturelles, le code forestier de la plupart des pays tropicaux introduit dans la gestion forestière deux concepts, celui d'inventaire et celui d'aménagement forestier. L'aménagement forestier est un « ensemble des opérations visant à définir les mesures d'ordre technique, économique, juridique et administratif de gestion des forêts en vue de les pérenniser et d'en tirer le maximum de profit ». Il est la planification rationnelle de la gestion d'un massif forestier ou idéalement de parcelles homogènes ou cohérente dite « unité de gestion » du point de vue biogéographique. L'aménagement durable permet de planifier l'exploitation forestière afin de garantir le maintien du capital économique et social que représente la forêt. Cette exploitation forestière s'effectue par la mise en exploitation de concessions respectant des normes inscrites dans la loi et s'appliquant de manière spécifique à chaque concession dans le cadre d'un plan d'aménagement. L'aménagement repose essentiellement sur la division du domaine forestier, l'élaboration des principes de sa gestion et la conduite des opérations techniques. Au Cameroun, pour des besoins d’aménagement, la Loi des Forêts de 1994 a divisé le Domaine Forestier National (DFN) en Domaine Forestier Permanent (DFP) et Domaine Forestier non Permanent (DFnP) ; chacun régi par des droits d’utilisation et des régimes de gestion particuliers. Le Domaine Forestier Permanent (DFP) est constitué de terres devant demeurer soit comme des forêts, soit comme habitats de la faune. Le DFP n’est pas uniquement constitué de forêts car de nombreuses aires protégées et zones d’intérêt cynégétique se trouvent en dehors 19

des zones forestières. De par la loi, le DFP doit couvrir au moins 30 % du territoire national, représenter la diversité écologique du pays et être géré de façon durable selon des plans d’aménagement approuvés par l’autorité administrative compétente. Le Domaine Forestier non Permanent (DFnP) y compris les forêts communautaires est constitué de terres forestières susceptibles d’être converties pour d’autres types d’utilisation. L’Etat dispose de l’autorité sur toutes forêts n’appartenant pas de façon explicite à des particuliers. A cet effet, toute forêt qui est non classée de façon explicite dans le DFP ou le DFnP appartient par défaut à la catégorie de forêts du domaine national du DFnP. A ce jour, une grande partie du DFnP n’a toujours pas été officiellement attribuée ; ces zones sont constituées principalement de forêts faisant l’objet d’un usage coutumier pour l’agriculture itinérante sur brûlis ou pour l’agroforesterie. Le Tableau ci-dessous présente le système de zonage forestier au Cameroun tel que défini par la Loi des Forêts de 1994 Tableau : Zonage forestier au Cameroun DOMAINE FORESTIER NATIONAL Domaine Forestier permanent (DFP) - Forêts communales - Forêts de l’Etat Aires protégées Parcs nationaux

Réserves forestières Réserves écologiques intégrales Réserves de faune Forêts de production Zone d’intérêt cynégétique Forêts de protection Game ranches appartenant à Forêts de protection l’Eta (publics) Sanctuaire de faune Forêts de récréation Zones tampon Forêts d’enseignement et de recherche Jardins zoologiques Sanctuaires floraux Jardins botaniques Forêts de plantation

Domaine Forestier Non Permanent (DFNP) - Forêts du Domaine National - Forêts communautaires - Forêts des particuliers

Source : Loi forestière de 94/01 du 20 Janvier 1994 La politique d'aménagement forestier au Cameroun se traduit par l’Unité Forestière d’Aménagement (UFA). L'aménagement forestier est réalisé en fonction du découpage du domaine forestier en unités forestières d’aménagement. Celles-ci « sont des espaces forestiers découpés en considération des caractéristiques écologiques propres à chaque zone et des objectifs de la politique forestière nationale en vue de les soumettre à un même type de 20

gestion ». Elles sont attribuées par appel d’offres pour une durée de 15 ans et nécessitent un plan d’aménagement approuvé par l’autorité administrative compétente pour leur exploitation. Les concessions forestières sont des forêts de production composées d’une ou de plusieurs UFA de superficie inférieure ou égale à 200 000 ha, et gérées par un seul exploitant. Dans le cadre du développement de leur plan d’aménagement, les concessionnaires doivent cartographier les assiettes annuelles de coupe (AAC) prévues pour l’ensemble de la rotation d’une UFA donnée. En plus, avant le début de chaque année civile, les concessionnaires doivent soumettre au MINFOF une demande officielle d’AAC (indiquant la superficie, le volume et les espèces qui seront exploitées au cours de l’année à venir). L’accès aux informations relatives au plan d’aménagement des UFA et aux dispositions des AAC est essentiel au suivi efficace de l’exploitation dans les concessions forestières. Sur le plan opérationnel, après la délimitation de la forêt en unité d’aménagement, l'effort d'aménagement a principalement été orienté dans la plupart des pays d’Afrique vers : -

La constitution d'un domaine forestier permanent,

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la réalisation des inventaires,

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l'élaboration des plans de gestion et

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la reconstitution des forêts.

 La constitution d'un domaine forestier permanent : L'un des objectifs constants de la politique forestière est de parvenir à un taux de couverture forestière « classée d'au moins 15 % à 30 % de la superficie totale du territoire national »  la réalisation des inventaires L'inventaire consiste en un recensement des ressources forestières. Cependant, tout dépend des éléments que l'on choisit d'inventorier dans une forêt et des moyens dont on dispose à cette fin. A cet effet, la législation forestière organise quatre types d'inventaires, à savoir l'inventaire national, l'inventaire d'aménagement, l'inventaire d'exploitation et l'inventaire d'allocation. L'inventaire en vue d'un aménagement est basé sur la valeur d'avenir des peuplements existants et comprend, outre les essences d'un intérêt commercial immédiat, celles qui sont susceptibles de le devenir, tous les arbres étant comptés à partir d'un certain diamètre et classés par catégories. L'inventaire doit ainsi permettre de déterminer le volume de bois exploitable, fournir les données sur l'accessibilité, tenir compte des besoins des populations, et procéder à une évaluation des produits de la forêt autres que le bois. 21

 l'élaboration des plans de gestion Toute activité de gestion et d'exploitation forestière en zone tropicale est soumise à l'élaboration préalable d'un plan d'aménagement forestier. Celui-ci est l'œuvre soit de l'administration chargée des forêts, soit, sous son contrôle, des organismes ou bureaux d'études qualifiés. Le plan d'aménagement forestier est un document qui fixe les règles de culture de divers étages du peuplement et les normes d'exploitation. Il doit ainsi permettre de planifier sur le long terme l'ensemble des activités sur une concession ; il est par excellence l'outil de gestion durable d'une forêt. Il ne doit donc pas se limiter à la ressource ligneuse mais doit intégrer la forêt dans sa globalité : bois, faune et biodiversité d'une manière générale mais aussi les besoins des populations humaines vivant en étroite symbiose avec la forêt.  la reconstitution des forêts. La reconstitution des ressources forestières incombe à l'Etat, aux entités décentralisées, aux concessionnaires, aux exploitants forestiers et aux communautés locales. Elle s'effectue sous la supervision et le contrôle technique de l'administration chargée des forêts, dans les conditions fixées par le Ministre. L'administration chargée des forêts assure la reconstitution des forêts à travers l'élaboration et l'application des programmes de régénération naturelle et de reboisement qu'elle met à jour périodiquement. 2) Principe-critères-indicateurs Les « principes, critères et indicateurs » sont des instruments politiques de plus en plus utilisés par des États, collectivités et ONG voulant évaluer l'implémentation de la gestion durable des forêts ou mesurer les progrès à faire. Ces « critères » doivent donc caractériser et/ou définir les enjeux et facteurs essentiels, les conditions ou processus nécessaires à l'évaluation de l'aménagement forestier durable ou soutenable. Des « indicateurs » qualitatifs et quantitatifs, périodiquement mesurés, devant permettre de mesurer les progrès restant à faire pour chaque critère. Le principe, critères et indicateurs trouve son origine à la fin des années 80. En effet, des campagnes de boycott de consommation des bois tropicaux ont été lancées par plusieurs ONG environnementalistes (Greenpeace, Rainforest Alliance et WWF) de plusieurs pays du Nord dans le but de réduire la destruction des forêts tropicales. L’argument de base était que l’exploitation industrielle et commerciale des bois tropicaux constituait la principale cause de destruction de ces forêts. Boycotter les produits provenant de ces forêts en réduirait 22

l’exploitation et donc la destruction. Cette initiative menée à grands renforts de campagnes médiatiques est apparue au début des années 1990 n’a eu qu’un résultat mitigé car, elle a incité d’autant peu les exploitants forestiers à revoir leurs pratiques. En effet, ceux-ci étaient considérés comme les acteurs principaux de la déforestation alors qu’une faible partie seulement des bois exploités avait pour destination les marchés occidentaux « sensibles » et une bonne part de la déforestation était due à d’autres acteurs (agriculteurs, éleveurs, mineurs…). L’impact de ce boycott sur l’évolution de la ressource forestière a donc été faible et jugé incertain, voire contre-productif par ses promoteurs (Buttoud & Karsenty, 2001). En 1989, l’ONG américaine Rainforest Alliance a donc lancé un programme avec une autre logique. Plutôt que de boycotter les produits provenant des forêts tropicales, elle a préféré soutenir la consommation de produits issus de forêts bien gérées. Afin d’identifier ces produits, elle a développé un nouveau système : la certification. Parallèlement en 1992, l’Organisation Internationale des Bois Tropicaux (OIBT) proposa le concept des Critères & Indicateurs (C&I) pour la gestion durable des forêts de production. Les critères proposés par l’OIBT se résument ainsi qu’il suit : CRITERE 1 : Des conditions permettant une gestion forestière durable CRITERE 2 : La sécurité des ressources forestières CRITERE 3 : Ecosystème, santé et condition des forêts CRITERE 4 : L’écoulement des produits forestiers CRITERE 5 : La diversité biologique CRITERE 6 : Les eaux et les sols CRITERE 7 : Aspects économiques, sociaux et culturels Chaque critère est généralement divisé en quelques sous-critères, adaptés au type de forêt et au contexte socioéconomique et biogéographique. Les PCI sont étroitement liés avec la certification. 3) Certification La certification forestière ou certification gestion durable, créée avec toutes les parties intéressées par la gestion durable de la forêt a pour objectif d'informer le consommateur que le bois qu'il achète est issu de forêts gérées durablement. Elle permet à un acheteur de s’assurer que les produits qu’il achète :

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Proviennent de forêts gérées de manière responsable (c’est-à-dire dans le respect des 3 volets du Développement Durable : Environnemental, Social et Economique)

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Peuvent être tracés sans discontinuité du client final jusqu’au lieu de production. C’est ce qu’on appelle la chaîne de traçabilité ou chaîne de contrôle: tout acteur impliqué dans le processus de transformation du produit bois, et ce jusqu’au consommateur final, est contrôlé annuellement par un organisme indépendant qui audite son mode de fonctionnement et l’autorise (ou pas) à vendre des produits labellisés Pour les consommateurs, la certification leur assure que les produits à base de bois

(mobilier, papier) dont ils font l'acquisition proviennent d'une forêt aménagée et exploitée de manière durable et responsable. Il existe deux systèmes de certifications principales dans le monde : 

la certification du FSC (Forest Stewardship Council) qui concerne surtout l'Amérique du Nord ; Il est l'un des plus connus à travers le monde. Elle propose dix critères qui s'appliquent de façon uniforme à travers le monde. FSC est soutenu par le WWF et les Amis de la terre.



le PEFC (Program for Endorsement of Forest Certification Schemes ou Programme de reconnaissance des certifications forestières) qui est majoritaire en France. Initialement à portée européenne, il est désormais présent au niveau mondial. Ce schéma international permet la mise en place de référentiels nationaux de certification des forêts. Ces référentiels répondent aux diverses problématiques environnementales et sociales localement rencontrées. PEFC est soutenu par France Nature Environnement.

D’autres systèmes de certifications existent aussi à l’échelle régionale : -

le SFI entendu Sustainable Forest Initiative, (USA) ;

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le CSA entendu Canadian Standard Association, (CANADA) ;

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la ATFS American Tree Farm System, (USA);

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le PAFC, entendu Pan African Forest Certification, (AFRIQUE) ;

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l'ISO : International Organisation for Standardization, (INTERNATIONAL) ;

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la Keurhout : Fondation Keurhout, (PAYS BAS) ;

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la LEI, Lembaga Ekolabel Indonesia (INDONESIE);

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la MTCC Malaysian Timber Certification Council, (MALAISIE) ; 4) Le mécanisme REDD+ Le mécanisme REDD ou Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la

Dégradation forestière est devenu officiel à la conférence de Bali en 2007. Ce mécanisme ayant pour objectif principal la réduction des émissions des gaz à effet de serre en évitant la déforestation a été proposé lors de la conférence de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) tenue à Montréal en 2005 par deux pays forestiers tropicaux à savoir la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Costa Rica. Reconnaissant le rôle primordial des forêts dans l’adaptation aux changements climatiques, ce mécanisme encourage les pays en développement à des activités de boisement et reboisements. Il naît de la reconnaissance croissante que la dégradation des forêts est inséparable de l’augmentation des émissions de carbone de la forêt. Pour encourager un grand nombre de pays tropicaux à adhérer à ce mécanisme, un consensus pour l’octroi de soutiens financiers a été trouvé lors de la conférence de Bali afin d’encourager les pays en voie de développement à réduire leur taux de déforestation et d’instaurer un mécanisme de compensation financière pour les pays tropicaux qui parviennent à réduire leur déforestation interne. Le REDD se positionne ainsi internationalement comme une nouvelle alternative dans les politiques de changements climatiques en attirant l'attention mondiale sur une option d'atténuation du changement climatique potentiellement efficace et à faible coût (Brown, 2011; CCMP, 2009; Costenbader, 2009; Minang et al., 2009; GIEC, 2007). Lors de la 14ème conférence de la CCNUCC tenue à Poznán (Pologne) en 2008, les parties ont souhaité promouvoir la gestion durable des forêts et la conservation de ces « puits » de gaz à effet de serre (Bele et al., 2011; Brown, 2011). Au cours de la 15ème conférence de la CCNUCC tenue à Copenhague au Danemark en 2009, il est reconnu que les bénéfices sur le climat peuvent survenir non seulement par la réduction des changements négatifs (déforestation, dégradation), mais aussi par l'amélioration des changements positifs, c’est-àdire dans la forme de la conservation des forêts et de la restauration de celles-ci (Danielsen et al., 2011; Stickler et al., 2009; Angelsen, 2008). Il faut cependant attendre la 16ème conférence de la CCNUCC organisée à Cancún en 2010 pour qu’un accord émerge quant aux activités de conservation et de gestion durable des forêts, de reboisement et d’accroissement des stocks de carbone forestier, qui viennent se greffer au REDD. Ce dernier est alors remplacé par le

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REDD+ (Brown, 2011; Proforest, 2011; Uprety et al., 2011; Maniatis et Mollicone, 2010; Minang et al., 2009). Le REDD+ prétend que l’injection de flux financiers issus des pays développés va permettre aux pays en voie de développement de conjuguer leurs objectifs de protection de leurs écosystèmes forestiers avec celui du développement de leur économie, tout en aidant à combattre les changements climatiques (Proforest, 2011; Costenbader, 2009). La communauté internationale reconnaît désormais la réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts, ainsi que l'amélioration des stocks de carbone des forêts comme une composante essentielle des stratégies nationales et internationales pour atténuer les changements climatiques mondiaux (Uprety et al., 2011). 5) Les nouveaux outils basés sur la technologie spatiale En dehors des différentes approches abordées plus haut, de plus en plus d’outils voient le jour, parmi les nouveaux outils de la gestion durable des forêts, on peut citer : -

L'imagerie aérienne (dont infra-rouge)

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L'imagerie satellitale, dont par exemple fournies par MODIS, permettant de mieux prévoir le risque de mortalité d'arbres (250m 16-daily MODIS)

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La géolocalisation d'essences précieuses ou d'avenir

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Les Systèmes d’Informations Géographiques (SIG), la cartographie et le webmapping

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La technologie Field-Map combine l'imagerie aérienne et les mesures sur le terrain. Field-Map est souvent utilisé pour la cartographie des stations forestières, des arbres et ensuite pour la traçabilité de bois. Grâce aux coordonnées que l'arbre obtient avant l'abattage, le client final peut visualiser l'origine de son meuble etc.

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CONCLUSION Au fil du temps, de vastes superficies de forêts denses tropicales ont été et continuent d'être appauvries par la surexploitation. Face à ce constat, nombre d'États tropicaux (le plus souvent propriétaires de ces forêts) et d'opérateurs ont pris conscience de la nécessité de gérer durablement les forêts de production au travers de plans d'aménagement (ou de gestion) comme cela est courant dans les pays tempérés. Le concept moderne d'aménagement forestier a été mis en application, dès la seconde moitié du XIXe siècle, d'abord dans le sous-continent indien, puis en Asie du Sud-Est. Mais sa mise en œuvre a globalement décliné dans ces régions au cours de la seconde moitié du XXe siècle. En Afrique et en Amérique tropicales, sa prise en compte a été plus récente. Le concept de durabilité a été consacré par le rapport de la Commission du développement durable des Nations unies (1987) et la Déclaration de Rio de Janeiro sur l'environnement et le développement (1992). Le monde forestier a, dans un premier temps, accompagné ce mouvement avec la Déclaration de principes relatifs aux forêts. Dans un second temps, de nombreux responsables et partenaires nationaux et internationaux du secteur de la foresterie (bien avant ceux d'autres secteurs d'activité) ont défini aux niveaux écorégional (Afrique tropicale, Bassin amazonien...), régional (Afrique au Sud du Sahara, Afrique du Nord et Moyen-Orient...) ou national, des ensembles de principes, critères et indicateurs (P.C.I.) de la durabilité de la gestion forestière. Certains de ces ensembles concernent essentiellement les forêts denses tropicales : ceux de l'Organisation internationale des bois tropicaux (O.I.B.T.), du « processus de Tarapoto » (pays amazoniens), ceux de la Malaisie ou encore de l'Indonésie. Ces ensembles de P.C.I. ont été utilisés comme base de l'évaluation de la durabilité dans les nombreux systèmes de certification de la gestion forestière développés dans les années 1990 et 2000, les deux labels les plus utilisés et les plus crédibles étant le P.E.F.C. (Pan European Forest Council, devenu en 2003 Programme for the Endorsement of Forest Certification schemes ; en français, Programme de reconnaissance des certifications forestières) et le F.S.C. (Forest Stewardship Council). Ceux-ci sont apposés sur tous les produits du bois issus d'une exploitation légale et durable. Cependant, la certification forestière n'a encore été que très faiblement appliquée aux forêts denses tropicales, contrairement à ce qui se passe pour les forêts tempérées.

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