COURS DROIT CIVIL 1ère ANNEE [PDF]

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Zitiervorschau

I. & J. N’GORAN

DROIT CIVIL NOTIONS GENERALES - Droit et Règles de droit

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Organisation juridictionnelle ivoirienne Personnalité juridique et Patrimoine du sujet de droit Capacité et Incapacité juridiques des personnes Régime juridique des obligations

NIVEAUX :  PREPA Commercial 1ère A  LICENCE PRO. 1ère Année ……

Année Académique : 2014/2015

J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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PROGRESSION PREMIERE PARTIE : NOTIONS GENERALES DU DROIT…………………………………………………………………………………… 5 CHAPITRE I : ELUCIDATION DES TERMES DROIT ET REGLE DE DROIT……………………………………………………………………………………………………… 6 SECTION I : SIGNIFICATION DES NOTIONS DE DROIT ET DE REGLE DE DROIT……………………………………………………………………………………... 6 Paragraphe 1 : Définition du vocable droit…………………………………… 6 Paragraphe 2 : Définition de la règle de droit……………………………….. 7 Paragraphe 3 : Les branches du droit………………………………………………….. 10 Paragraphe 4 : La preuve des droits subjectifs…………………………………. 14 SECTION II : LES SOURCES DU DROIT…………………………...

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Paragraphe 1 : Les sources directes ou formelles………………………... 15 Paragraphe 2 : Les sources indirectes ou complémentaires…………….. 28 SECTION III : LES SOURCES ET LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS …….......................................................................................................... 30 Paragraphe 1 : Les sources des droits subjectifs……………………………… Paragraphe 2 : La preuve des droits subjectifs……………………………………. CHAPITRE II : L’ORGANISATION DES JURIDICTIONS IVOIRIENNES ………………………………………………………………………………………………………… 31 SECTION I : LES PRINCIPES DE LA MISE EN PLACE DES JURIDICTIONS ET LES PRINCIPALES JURIDICTIONS ……… 31 Paragraphe 1 : Les principes de base de l’organisation …………………. 31 Paragraphe 2 : Les principales juridictions …………………………………. 36 J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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SECTION II : LA PROCEDURE CIVILE ET LE PERSONNEL JUDICIAIRE …………………………………………………………………………. 45 Paragraphe 1 : La procédure civile …………………………………………….. 45 Paragraphe 2 : Le personnel judiciaire ………………………………………. 54 DEUXIEME PARTIE : LES PERSONNES JURIDIQUES, SUJETS DE DROIT ………………………………………………………….. 59 CHAPITRE I : LA PERSONNALITE JURIDIQUE ET LE PATRIMOINE DU SUJET DE DROIT …………………………………… 60 SECTION I : LA PERSONNALITE JURIDIQUE …………………… 60 Paragraphe 1 : Les personnes physiques ……………………………………. 60 Paragraphe 2 : Les personnes morales ………………………………………. 82 SECTION II : LE PATRIMOINE DU SUJET DE DROIT ……….. 91 Paragraphe 1 : Notion de patrimoine …………………………………………. 91 Paragraphe 2 : Les éléments du patrimoine : les droits et les biens.93 CHAPITRE II : LA CAPACITE ET L’INCAPACITE JURIDIQUES DU SUJET DE DROIT…………………………………………………………….98 SECTION I : LA CAPACITE JURIDIQUE ……………………………...98 Paragraphe 1 : La notion de capacité ………………………………………… 98 Paragraphe 2 : Les degrés de la capacité juridique ……………………...98 SECTION II : L’INCAPACITE JURIDIQUE ………………………….. 99 Paragraphe 1 : L’incapacité du mineur ………………………………………...99 Paragraphe 2 : l’incapacité des majeurs………………………………………100 TROISIEME PARTIE : LES OBLIGATIONS ET LA RESPONSABILITE CONSECUTIVE A LEUR EXECUTION………………………………………………………………………. 101 J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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CHAPITRE I : LES OBLIGATIONS ……………………………………….. SECTION I : CARACTERES ET CLASSIFICATION DES OBLIGATIONS ……………………………….......................................................... Paragraphe 1 : Caractères de l’obligation …………………………………… Paragraphe 2 : Classification des obligations …………………………….. SECTION II : LES SOURCES DE L’OBLIGATION ………………… Paragraphe 1 : Les obligations nées d’actes juridiques ………………… Paragraphe 2 : Les obligations nées de faits juridiques …………………

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PREMIERE PARTIE : NOTIONS GENERALES DU DROIT L’étude des concepts de droit et de règle de droit d’une part (CHP.I), et d’autre part, la connaissance des juridictions ivoiriennes chargées d’appliquer les règles de droit, et de sanctionner au besoin, les

personnes

constituent

les

qui

n’observent

axes

essentiels

pas qui

lesdites

règles

guideront

les

(CHP.II), prochains

développements.

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CHAPITRE I : ELUCIDATION DES TERMES DROIT ET REGLE DE DROIT SECTION 1 : SIGNIFICATION DES NOTIONS DE DROIT ET DE REGLE DE DROIT PARAGRAPHE 1 : DEFINITION DU VOCABLE DROIT On attribue deux sens au mot ‘‘droit’’. Cela permet de distinguer le Droit (A) des droits (B). A-

LE DROIT OU DROIT OBJECTIF

Le Droit, est l’ensemble des règles de conduite édictées par les pouvoirs publics, auxquelles sont soumises les personnes vivant dans une société donnée dans leurs rapports avec leurs semblables, et dont la violation est sanctionnée par l’autorité publique. Suivant cette définition, le Droit ou encore, droit objectif de la République de Côte d’Ivoire, est l’ensemble des règles de conduite édictées par les autorités ivoiriennes et qui, régissent les relations qui se développent entre les individus qui vivent en Côte d’Ivoire et quelques fois aux ivoiriens vivant à l’étranger. Le droit objectif est généralement suivi d’un qualificatif ou d’un complément de nom qui précise l’objet de cet ensemble de règles de conduite. Dans ce sens, on peut parler du Droit béninois, du Droit français, du Droit japonais, du Droit indien, du Droit civil, forestier, pénal, minier, du Droit de l’Informatique… B-

LES DROITS OU DROITS SUBJECTIFS

Les droits ou les droits subjectifs, sont des prérogatives, des pouvoirs reconnus à un individu ou à un groupe d’individus par le Droit objectif et dont, celui-ci ou ceux-ci peuvent s’en prévaloir dans leurs relations avec les autres.

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En termes plus clairs, lorsque l’on veut désigner la ou les prérogatives accordées à une personne déterminée, on parle de son ou ses droits. Dans cette perspective, le mot ‘‘droit’’ désigne le privilège, la possibilité d’action garantie par l’Etat dont dispose cette personne et qui est garantie par l’Etat. Dans ce sens, le mot ‘‘droit’’ est envisagé sous l’angle de son bénéficiaire. On parle alors de droit subjectif. NB : Les droits subjectifs sont divers et variés. Par exemple : Le droit de voter, le droit de vivre dans un environnement sain, le droit de propriété reconnu à une personne sur une parcelle de terre ou sur une chose, le droit dont dispose le créancier à l’égard de son débiteur, le droit à la vie, la liberté d’association, le droit à l’image, etc. En somme, retenons que le Droit est l’origine de laquelle tous les droits subjectifs prennent naissance. C'est-à-dire, c’est le Droit objectif qui détermine les droits subjectifs. Autrement dit, les droits subjectifs découlent du Droit objectif. C’est ce qui fait dire que : sans le Droit, il n’y a pas de droits. Par ailleurs, le ‘‘droit’’ est une notion abstraite. Il se réalise, c’est-àdire, il ne devient concret, matériel, palpable, visible qu’à travers la règle de droit qu’il convient de définir. PARAGRAPHE 2 : DEFINITION DE LA REGLE DE DROIT La règle de droit ou encore, règle juridique est une règle de conduite établie par les pouvoirs publics, qui gouverne les rapports des hommes en société et dont la violation est sanctionnée par l’Etat. En effet, le droit étant une notion abstraite, c’est la règle de droit qui reconnaît ou prescrit telle prérogative ou interdit tel comportement. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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NB : Toutes les règles de la vie en société ne sont pas des règles juridiques. Par exemple : Les règles de politesse, les règles de jeux, les règles religieuses, les règles de courtoisie, les règles de bienséance, les règles morales,…. ne sont pas des règles de droit. Certains caractères spécifiques permettent de distinguer la règle de droit des autres règles sociales. A- LA REGLE DE DROIT EST GENERALE ET ABSTRAITE La règle juridique s’applique de façon uniforme à tous les individus dans une société donnée ; et sans exception. On dit qu’elle est générale. En clair, la règle de droit s’applique à tous sur toute l’étendue du territoire ivoirien. NB : La règle juridique ne s’applique que sur l’ensemble du territoire de l’Etat qui l’a édictée. On dit pour cela que la règle de droit a un caractère national. En Côte d’Ivoire, les règles juridiques s’appliquent sur tout le territoire national. Il n’y a donc pas de lois propres à des zones géographiques données. C’est ainsi que les règles de droit ivoiriennes s’appliquent aux Ivoiriens ainsi qu’aux étrangers qui résident en Côte d’Ivoire. Mais, parfois, la règle de droit peut s’appliquer aux Ivoiriens qui sont à l’étranger. Conformément à l’article 3 al.3 du Code civil, « Les lois concernant l’état et la capacité des personnes régissent les Ivoiriens, même résidant en pays étranger. » En ce qui concerne le caractère abstrait de la règle de droit, retenons que la règle de droit régit toutes les situations qui correspondent à ses prévisions. Mieux, la règle juridique s’applique à toute personne qui fait partie de la catégorie juridique définie à l’avance : La qualité d’époux, de salarié, de mineur, de commerçant, etc. Au surplus, l’on ne tient pas compte des particularismes J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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individuels lors de l’établissement de la règle de droit. On dit dans ce sens que la règle de droit est impersonnelle. Par exemple : Les règles de droit qui prescrivent de payer l’impôt, de ne pas voler, de mener une concurrence légale sur le marché, etc s’appliquent sans distinction à tous ceux qui entrent dans les prévisions de ces règles juridiques, sans que ces individus soient nommément désignés. On dit que la règle de droit est objective. B- LA REGLE DE DROIT EST OBLIGATOIRE ET PERMANENTE La règle de droit s’impose à tous les individus de la société qui l’a édictée. Ceux-ci doivent se conformer à la règle de droit édictée par les pouvoirs publics. On dit que la règle de droit est obligatoire. Ainsi, sa violation est sanctionnée et la sanction est prononcée par l’autorité habilitée à le faire (Autorité compétente). C’est ce caractère obligatoire de la règle juridique, renforcé par la sanction étatique qui permet de faire régner l’ordre social et qui permet d’assurer l’égalité des citoyens.  Les sanctions en droit Il existe plusieurs types de sanctions en droit : Il y a des sanctions civiles : Les dommages et intérêts, la nullité de l’acte accompli en violation d’une règle de droit, etc. Des sanctions pénales : Emprisonnement ou privation de liberté, amendes, confiscation, interdiction, etc. Des sanctions sociales : La mise à pied, le blâme, le licenciement, etc. Des sanctions administratives : L’Annulation, ou la reformation d’une décision administrative, la mise sous scellée de l’entreprise qui ne paie pas ses impôts, etc. Il est utile de savoir que, la règle de droit, une fois en vigueur, s’applique sans interruption aux personnes qui en sont les destinataires, tant qu’elle n’a pas été abrogée, c’est-à-dire, supprimée. On dit que la règle de droit en vigueur est permanente. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Elle est permanente en ce sens qu’elle continue d’être appliquée, tant qu’elle n’a pas été supprimée de l’ordonnancement juridique. C’est l’abrogation qui fait perdre à la loi sa force obligatoire pour l’avenir. Elle revêt deux (2) formes : - L’abrogation expresse, c’est lorsqu’une loi nouvelle dispose formellement que, tel ou tels textes juridiques antérieurs sont abrogés. - On parle d’abrogation tacite lorsque les dispositions de la loi nouvelle sont logiquement incompatibles, inconciliables avec celles de la loi ancienne, alors même qu’aucune disposition n’affirme formellement qu’elles sont abrogées. NB : Seul le législateur est habilité à abroger la loi, par souci de parallélisme des formes. Et, l’abrogation de la règle de droit doit être distinguée de la désuétude qui frappe cette loi. Une loi peut être désuète (vieille, non appliquée) mais, sans être abrogée. La non-application d’une loi, même pendant une très longue période, n’est pas un mode d’abrogation de cette loi. PARAGRAPHE 3 : LES BRANCHES DU DROIT Les personnes vivant en société entretiennent de nombreux et complexes rapports. En fonction de ces rapports sociaux, on peut classer les règles de droit qui les règlementent en deux (2) grandes branches : Le Droit public et le Droit privé. A-

LE DROIT PUBLIC

Le DROIT PUBLIC est l’ensemble des règles de droit qui régissent l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics (L’Etat, les Départements, les Communes….) ainsi que les rapports des individus (Les administrés) avec l’Etat et les autres collectivités publiques. Par exemple : La détermination des pouvoirs du Président de la République, des Députés, l’organisation des collectivités locales relèvent du droit public. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Le droit public se subdivise et donne naissance à plusieurs matières : 1-

LE DROIT CONSTITUTIONNEL

Les règles du droit constitutionnel sont prévues par la loi n° 2000513 du 1er août 2000 portant Constitution de la République de Côte d’Ivoire. Elles règlementent l’organisation et le fonctionnement des institutions de l’Etat et fixe la forme de son gouvernement. Par exemple : Le droit constitutionnel pose les règles relatives à la conquête, à l’exercice, à la transmission et à la participation des citoyens à l’exercice des pouvoirs étatiques. 2-

LE DROIT ADMINISTRATIF

Les règles du droit administratif organisent les services publics de l’Etat ainsi que les rapports des administrés avec ces services. Par exemple : Le recours pour excès de pouvoir contre les décisions illégales des autorités administratives, relève de ce droit. 3-

LE DROIT PENAL

Il est prévu par la loi n° 81-640 du 31 juillet 1981, instituant le Code Pénal, modifiée par les lois : n° 95-522 du 6 juillet 1995, n°96-764 du 3 octobre 1996, n°97-398 du 11 novembre 1997, n°98-716 du 23 décembre 1998. Les règles du droit pénal déterminent les infractions (Comportements qui troublent l’ordre public) ainsi que les sanctions applicables à ces infractions. Par exemple : L’article 392 du Code pénal qualifie de vol ‘‘la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui’’ et prévoit une peine applicable à quiconque commet un tel acte. 4-

LE DROIT DES FINANCES PUBLIQUES

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Les règles du droit des Finances publiques définissent les finances des Administrations publiques, c’est-à- dire, les finances de l’Etat, des collectivités locales, des Etablissements publics nationaux… NB : Le Droit fiscal qui étudie les questions relatives à la fixation et au recouvrement de l’impôt et autres taxes est un complément indispensable du droit des Finances publiques. 5-

LE DROIT INTERNATIONAL PUBLIC

Encore appelé droit des gens : il contient les règles applicables dans les rapports des Etats entre eux, d’une part et d’autre part, avec les Organisations Internationales. Par exemple : Les relations de la Côte d’Ivoire avec l’ONU, l’OMS, etc. Les règles du Droit international public sont essentiellement composées de Traités, de Conventions, de chartes, etc. B-

LE DROIT PRIVE

Le droit privé est l’ensemble des règles juridiques qui régissent les rapports des particuliers entre eux. Par exemple : M. SEFON se marie avec Mlle CHOCOBI LAROSETTE, M. MOISICO doit de l’argent à M. WARI-DABA, M. TIKANDI est employé par M. KATASSOU, M. KOKOHI MAMER passe un contrat de livraison de noix de petit-cola

avec Mme KENEUR. NB : Les relations ci-dessus mentionnées qui se développent entre des particuliers, sont régies par le droit privé.

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Le droit privé est subdivisé en plusieurs matières en fonction des différents types de rapports privés qui s’entretiennent entre les hommes. Ainsi, le droit privé comprend : 1-

LE DROIT CIVIL

Il détermine les règles générales qui s’appliquent à toutes les relations entre particuliers qui ne sont pas régies par une matière spécifique. Aussi, c’est le droit civil qui édicte les principes généraux des autres matières du droit privé. C’est le cas du régime juridique des contrats. En effet, on se réfère aux règles du droit civil en l’absence de règles spéciales qui régissent les rapports privés qu’entretiennent des particuliers. On qualifie pour cela le Droit civil de droit commun. Par exemple : La règle relative à la résolution de la vente prévue par l’article 1654 du Code civil, selon laquelle : « Si l’acheteur ne paye pas le prix, le vendeur peut demander la résolution de la vente. », s’applique aussi bien dans la vente civile que commerciale. En Côte d’Ivoire, les règles de droit civil portant sur les personnes et la famille ainsi que celles se rapportant à la publication, aux effets et à l’application des règles de droit en général, sont consignées dans le Code civil I. Il convient de préciser que la nationalité des personnes physiques fait l’objet d’un code distinct : le Code de la nationalité. Le régime juridique des biens et des obligations est contenu dans le Code civil II. 2-

LE DROIT COMMERCIAL

Le Droit commercial est défini comme l’ensemble des règles juridiques qui organisent l’exercice d’activités économiques par les commerçants. On y inclut diverses disciplines de droit. C’est ce qui lui a valu l’appellation de DROIT DES AFFAIRES.

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En effet, le Traité de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (O.H.A.D.A) fixant le domaine du Droit des Affaires en son article 2, dispose que : « Pour l’application du présent traité entre dans le Droit des Affaires l’ensemble des règles relatives au droit des sociétés et au statut juridique des commerçants, aux recouvrements des créances, aux sûretés, au régime du redressement des entreprises et à la liquidation judiciaire, au droit de l’arbitrage, au droit du travail, au droit comptable, au droit de la vente et du transport, etc. » 3-

LE DROIT DU TRAVAIL

C’est la subdivision du droit privé qui règlemente les rapports individuels ou collectifs de travail qui se développent entre les employeurs et leurs employés, ainsi que les rapports sociaux dans l’entreprise privée. NB : Dans le secteur public, les relations de travail sont généralement régies par le Droit de la Fonction publique. 4-

LE DROIT INTERNATIONAL PRIVE

C’est l’ensemble des règles juridiques applicables aux relations entre personnes privées, qui se développent au-delà des frontières étatiques, c’est-à-dire à l’étranger. Par exemple : Une société japonaise passe un contrat de vente de noix de cajou avec une société ivoirienne implantée à SIKENSI. Ou encore, Mlle DJOUSSOUBA FLOTO, une jeune Ivoirienne se marie avec M. GIOVANI un Italien.

SECTION 2 : LES SOURCES DU DROIT On entend par source du droit (objectif), les différentes manières dont les règles juridiques sont établies ; autrement dit, comment se forment les règles de droit ? D’où proviennent-elles ?

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En clair, étudier les sources du droit consiste à déterminer comment se forment les règles de droit, et à dire d’où elles procèdent. En effet, le Droit procède de diverses sources. Certaines sources formalisées sont dites directes ; d’autres non formalisées sont qualifiées d’indirectes. NB : Les sources des droits subjectifs seront étudiées ultérieurement. (Cf. Section 3). PARAGRAPHE 1 : LES SOURCES DIRECTES OU FORMELLES Les sources directes ou formelles du droit sont les sources écrites, codifiées, c’est-à-dire, consignées dans un code et directement applicables. Par exemple : Le Code du travail, le Code de la nationalité, le Code pénal, le Code civil, le Code de l’environnement, les Actes uniformes de l’OHADA…etc. De ces sources écrites émanent diverses catégories de textes juridiques : Les Lois et les Règlements. En Côte d’Ivoire, il appartient au Pouvoir législatif (L’Assemblée Nationale) de faire les lois et au Pouvoir exécutif (Pouvoir règlementaire) d’édicter les règlements. Ainsi, l’article 71 de la Constitution détermine les matières réservées à la loi. C’est-à-dire, seul le pouvoir législatif est compétent pour créer un texte de loi dans ces domaines. En effet, aux termes de l’article 71 ci-dessus cité, « L’Assemblée Nationale détient le pouvoir législatif ; elle vote seule la loi. La loi fixe les règles concernant : - La citoyenneté, les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques ; - La nationalité, l’état et la capacité des personnes, les régimes matrimoniaux, les successions et les libertés ; J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Le statut général de la Fonction publique (…) ».etc. En ce qui concerne les règlements, ils regroupent l’ensemble des règles de droit édictées par le Pouvoir Exécutif ainsi que les autorités administratives compétentes. L’article 72 de la Constitution établit de façon élargie le domaine d’intervention du pouvoir règlementaire en ces termes : « Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi relèvent du domaine règlementaire ». NB : Les textes juridiques de nature législative ainsi que ceux de nature règlementaire, sont classés suivant un ordre hiérarchique ayant au sommet la Constitution. En clair, c’est au regard de la Constitution que tous les autres textes de droit sont édictés. A-

LA HIERARCHIE DES NATURE LEGISLATIVE

TEXTES

JURIDIQUES

DE

Il existe une hiérarchie entre les divers textes identifiés sous le nom générique de la loi. La classification des textes de loi par ordre d’importance s’établit comme suit : -La loi constitutionnelle, -Les traités internationaux, -Les lois. 1) LA CONSTITUTION OU LOI CONSTITUTIONNELLE La Constitution est la loi qui détermine dans l’Etat l’organisation et le fonctionnement des institutions. Elle fixe les modes de dévolution et d’exercice du pouvoir politique, ainsi que le régime politique de l’Etat. La Constitution est la loi à partir de laquelle toutes les autres règles de droit sont édictées. C’est-à-dire, qu’elles sont élaborées en harmonie avec elle. On dit qu’elle est la loi fondamentale de l’Etat.

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LE CONTRÔLE DE LA CONFORMITE DES LOIS A LA CONSTITUTION DIT CONTRÔLE DE LA CONSTITUTIONALITE DES LOIS.

Pour vérifier la conformité des autres normes juridiques, c.à.d. les Traités, les lois ordinaires… à la Constitution, il est prévu un contrôle de constitutionnalité des lois exercé par le Conseil Constitutionnel, conformément à l’article 88 de la Constitution « Le Conseil Constitutionnel est juge de la constitutionnalité des lois. » Une disposition déclarée non conforme à la Constitution, c’est-à-dire, qui lui est contraire à l’issue du contrôle, est nulle. Dès lors, elle ne peut plus être considérée comme source du droit. D’où procède la Constitution ? Comment s’élabore la Constitution ? La Constitution est élaborée suivant deux (2) modes : a) ADOPTION PAR REFERENDUM Le référendum est une consultation populaire par laquelle le peuple, chaque citoyen est amené à se prononcer directement par vote sur un texte ou une question d’importance nationale. Avant d’être soumis au peuple, le texte constitutionnel est écrit par une commission spéciale. Par exemple : Le texte de la Constitution ivoirienne du 1er août 2000, a été rédigé par la Commission Consultative Constitutionnelle et Electorale (C.C.C.E.) avant la tenue du référendum. Ainsi, c’est du référendum des 23 et 24 juillet 2000 que sont issues la loi n° 2000-513 du 1er août 2000 portant Constitution de la République de Côte d’Ivoire et la loi n°2000-514 du 1er août 2000 portant Code électoral. Ces 2 textes de loi sont des lois dites référendaires. b) ADOPTION PAR UN POUVOIR CONSTITUANT ORIGINAIRE (P.C.O) J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Le Pouvoir Constituant Originaire est composé de personnes élues par le peuple et qui reçoivent mandat, en tant que représentants du peuple pour rédiger la constitution. Le Pouvoir constituant originaire est investi pour doter le nouvel Etat d’une constitution. Une fois la Constitution est adoptée, certaines de ses dispositions peuvent faire l’objet de modification. On parle de la révision de la constitution. NB : En Côte d’Ivoire, « l’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République et aux membres de l’Assemblée Nationale » suivant les dispositions de l’article 124 de la Ct°. Toutefois, selon les termes de l’article 127 de la Ct°, « Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. » C’est le Pouvoir constituant dérivé ou institué (P.C.D ou P.C.I) qui est juridiquement habilité à procéder à la révision d’une constitution déjà en vigueur, selon les règles posées par celle-ci. 2-

LES TRAITES ET ACCORDS INTERNATIONAUX

Le régime juridique des traités et accords internationaux est prévu par le Titre VI de la Constitution ivoirienne de 2000, en ses articles 84 à 87. Le traité est défini comme une convention, un pacte ou un accord conclu entre des sujets de la société internationale (Etats, Organisations internationales) par écrit, et qui fait naître des obligations réciproques entre les parties. Le domaine du traité international est large. Par exemple : Les traités internationaux peuvent régir des questions politiques, économiques, la paix, le travail, les enfants, le commerce, la Cour pénale internationale, l’Environnement…

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NB : Les traités et accords conformément à la constitution.

internationaux

sont

conclus

Pour être considéré comme une source de droit valable en Côte d’Ivoire, le traité international et l’Accord international doivent être négociés et ratifiés par le Président de la république, selon les conditions prévues par la Constitution. Exceptionnellement, la ratification (Acte qui engage l’Etat à respecter l’Accord ou le Traité international) de certains traités est soumise à l’autorisation préalable de l’Assemblée Nationale, exprimée à travers l’adoption d’une loi. C’est le cas pour les traités ou accords internationaux qui modifient les lois internes de l’Etat, qui ont pour objet la paix ou qui portent sur une organisation internationale. NB : Conformément à l’article 87 de la Constitution, « Les Traités ou Accords régulièrement ratifiés ont dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois (…) ». 3- LA LOI a) NOTION DE LOI Le terme « LOI » a deux (2) sens : -Au sens strict, la loi est l’acte qui émane du législateur, en l’occurrence l’Assemblée Nationale. En termes plus simples, la loi est une règle de droit écrite, de portée générale, permanente et impersonnelle, adoptée par le Parlement (Assemblée Nationale). -Au sens large, le mot ‘‘loi’’ recouvre toute règle de droit formulée par écrit, et établie par un organe étatique compétent eu égard à la constitution. On distingue la loi organique de la loi ordinaire.

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- La loi organique est celle qui a pour objet de fixer les modalités d’organisation et de fonctionnement des Institutions, structures et systèmes prévus par la constitution. Par exemple : La loi organique fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Département, du Conseil constitutionnel, de la Cour des comptes…etc. - La loi ordinaire : est celle qui règlemente toutes les matières prévues par la Constitution, autres que les domaines d’intervention des lois organiques. Par exemple : La loi n° 61-415 du 14 Décembre 1961 portant Code de la Nationalité ivoirienne, modifiée par la loi n° 72-852 du 21 Décembre 1972. La loi n° 60- 315 du 21 Septembre 1960, relative aux associations. Il est convenable de préciser que toutes les lois n’ont pas la même autorité. On distingue de ce point de vue, les lois impératives des lois supplétives. - La loi impérative ou loi d’ordre public : Elle s’impose à tous, même aux ivoiriens vivant à l’étranger. Ce sont des lois dont l’objectif principal est de protégé l’intérêt public ou l’intérêt général. NB : On ne peut déroger par des conventions particulières aux lois qui protègent l’ordre public. Par exemple : Les époux ne peuvent déroger aux règles d’organisation de la famille. *Les lois de police sont celles dont l’application immédiate dans les situations internationales s’avère nécessaire en raison de l’objectif poursuivi par le législateur. Par exemple : L’article 15 du Code civil qui stipule qu’« Un Ivoirien pourra être traduit devant un tribunal de Côte d’Ivoire, pour des obligations par lui contractées en pays étranger, même avec un étranger. » J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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- La loi supplétive ou loi interprétative: C’est la loi qui ne s’impose aux individus que s’ils n’ont pas manifesté de volonté contraire. Elle supplée le silence des contractants. Par exemple : La règle qui déclare le régime de la communauté de biens pour les époux qui n’ont fait aucun choix de régime matrimonial lors de leur mariage. C’est aussi la loi qui se borne à préciser le sens obscur, ambigu, ou contesté, d’une loi antérieure, sans créer de droits nouveaux. Cette loi est naturellement rétroactive, puisqu’elle s’incorpore à la loi qu’elle interprète. NB : Le caractère impératif de la loi résulte des formules telles que : « Le présent texte est d’ordre public » ou « toute clause contraire est nul ». Le caractère supplétif apparait lorsque la loi déclare qu’elle s’applique « sauf clause contraire ». b) L’ELABORATION DE LA LOI La loi est créée suivant une procédure bien déterminée. Il faut entendre par procédure, une succession d’étapes au bout desquelles la loi connaît le jour. 

LA PROCEDURE D’ELABORATION DES LOIS ORGANIQUES

Elles sont votées et modifiées suivant des conditions particulières que sont : - Le projet ou la proposition de loi n’est soumise à la délibération et au vote de l’Assemblée Nationale saisie, qu’à l’expiration d’un délai de quinze (15) jours après son dépôt ; - Le texte ne peut être adopté par l’Assemblée Nationale qu’à la majorité des 2/3 de ses membres ; - Les lois organiques ne peuvent être promulguées qu’après la déclaration par le Conseil Constitutionnel de leur conformité à la Constitution.

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LA PROCEDURE D’ELABORATION DE LA LOI ORDINAIRE

En effet, la création de la loi ordinaire comporte trois(3) phases : 1ère phase : L’ADOPTION DE LA LOI Elle se décompose en 3 étapes : L’initiative, la discussion et l’adoption proprement dite de la loi. • L’INITIATIVE DE LA LOI C’est le droit reconnu concurremment aux parlementaires et au gouvernement de proposer une loi. Selon les dispositions de l’article 42 alinéa 1er de la Constitution, « Le Président de la République a l’initiative des lois, concurremment avec les membres de l’Assemblée Nationale. » Lorsque l’initiative de la loi relève des Députés, on parle de proposition de loi. Par contre, lorsque cela est du fait des membres du gouvernement, on la qualifie de projet de loi. • LA DISCUSSION DE LA LOI Le projet ou la proposition de loi est porté devant les Députés au Parlement pour être discuté. Le texte en discussion passe d’abord devant une commission spécialisée dans le domaine de cette loi ; ensuite, il passe en séance plénière devant toute l’Assemblée Nationale. NB : Il y a six (6) commissions spécialisées au Parlement : -Commission Affaires générale et Institutionnelle, -Commission Economie et Finances, -Commission Affaires Sociale et culturelle, -Commission Affaires Extérieures, -Commission Sécurité et Défense, J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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-Commission Environnement, Cadre de vie…

• L’ADOPTION PROPREMENT DITE DE LA LOI : C’est le vote en séance plénière du texte final de loi par les Députés. Le vote, fait à main levée ou au bulletin secret est acquis à la majorité simple. C’est-à-dire, une seule voix de différence est suffisante pour que le texte de loi soit adopté ou non. 2è phase : LA PROMULGATION DE LA LOI La promulgation est un acte par lequel, le chef de l’Etat constate officiellement l’existence de la nouvelle loi, puis ordonne sa publication et son exécution sur toute l’étendue du territoire. NB : Le Président de la République doit procéder à la promulgation de la loi dans les 15 jours qui suivent sa transmission qui en est faite par le Président de l’Assemblée nationale, ou dans les 5 jours en cas d’urgence, selon les termes de l’article 42 de la Constitution. Une loi non promulguée jusqu’à l’expiration des délais ci-dessus mentionnés, ne peut être mise à exécution que si: -Elle est conforme à la Constitution, -Elle est déclarée expressément exécutoire par le Conseil Constitutionnel sur la demande du Président de l’Assemblée Nationale. 3è phase : LA PUBLICATION DE LA LOI Elle consiste à porter le texte de loi à la connaissance des citoyens.  Le principe : La publication par le Journal officiel La publication se fait dans le Journal Officiel de la République de Côte d’Ivoire (J.O.R.C.I).

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L’adage ‘‘Nemo censetur ignorare legem’’ qui signifie : ‘‘Nul n’est censé ignorer la loi’’, trouve ici tout son sens. En effet, le fait qu’un individu ignore l’existence d’une loi formellement publiée, n’altère point l’autorité de cette loi. Ainsi, son application ne dépendra pas de la connaissance ou non de ladite loi par ce dernier. Ainsi, Trois (3) jours francs après sa publication, la nouvelle loi devient opposable à tous, c’est-à-dire, obligatoire pour tous : on dit que la loi est entrée en vigueur. « Les lois, ordonnances, décrets, arrêtés sont exécutoires sur le territoire de la République de Côte d’Ivoire trois jours francs après leur publication au Journal officiel de la République de Côte d’Ivoire. » (Article 1er Décret n°61-175 du 18 mai 1961 relatif à la publication des lois et actes règlementaires) Il convient de souligner que la loi peut prévoir la date de sa mise en vigueur ou subordonner sa mise en application à la publication d’un décret d’application. C’est dans cette dynamique par exemple que, l’article 1er du Décret n°64-381 du 7 août 1964 portant application de la loi sur le mariage dispose que : « Les lois nouvelles concernant le nom, l’état civil, le mariage, le divorce (…) prendront effets, dans un délai maximum de deux années, à compter de leur promulgation, … »  L’exception : La publication d’urgence par l’affichage Le nouveau texte de loi peut aussi être publié par le moyen de son affichage dans chacune des Préfectures du pays. Le procédé de l’affichage du nouveau texte de loi n’est autorisé qu’en cas d’urgence. A partir de son affichage, le texte de loi devient applicable et donc, obligatoire pour tous. (Article 4 Décret n°81-894 du 28 octobre 1981 relatif à la publication des lois et actes règlementaires.) c) LA CESSATION DES EFFETS DE LA LOI La loi peut être retirée des règles de droit en vigueur. On dit qu’elle est abrogée. (Cf. supra. l’abrogation des règles de droit, PP.9-10). J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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d) L’APPLICATION DE LA LOI DANS LE TEMPS Dès qu’une loi nouvelle entre en vigueur, il faut déterminer à quelles situations juridiques elle doit s’appliquer. Cette détermination est faite par un principe auquel certaines exceptions sont apportées. 

LE PRINCIPE DE LA NON-RETROACTIVITE DE LA LOI

Le principe ci-dessus mentionné veut dire qu’une loi ne doit pas être appliquée à des actes ou à des faits qui se sont passés avant son entrée en vigueur. On dit pour cela que la loi n’a pas d’effet rétroactif. En clair, la loi nouvelle ne s’applique pas lorsqu’elle entre en vigueur après la survenance d’une situation juridique donnée ; Autrement dit, elle ne s’applique pas aux effets passés d’une situation juridique existant avant son entrée en vigueur. Ce principe est prévu par l’article 2 du Code Civil en ces termes : « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point d’effet rétroactif. » Pour l’application de ce principe, les juges distinguent entre les droits acquis et les simples expectatives. En effet, la loi nouvelle ne peut pas s’appliquer aux situations juridiques définitivement nées ou à des droits totalement acquis. Ils restent régis par l’ancienne loi. A contrario, elle s’applique immédiatement aux simples expectatives. Par exemple : La loi de 1964 sur le mariage qui a instauré le mariage légal, ne s’applique pas aux mariages déjà faits conformément à la tradition, antérieurement à son entrée en vigueur. Il y a droit acquis, lorsque le droit est définitivement entré dans le patrimoine de son destinataire, ou encore, lorsque la situation juridique est définitivement créée. Une expectative au contraire, n’est qu’une simple espérance de droit non encore réalisé. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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C’est ainsi par exemple que le fils, héritier présomptif du père, avant la mort de celui-ci n’a qu’une expectative sur le patrimoine de son père. Après le décès du père, il a un droit acquis sur ledit patrimoine. Le principe ci-dessus exposé connaît des exceptions dans lesquelles la loi peut rétroagir. 

LES EXCEPTIONS AU PRINCIPE DE LA NONRETROACTIVITE DE LA LOI

Le principe de la non-rétroactivité de la loi ne s’applique pas dans les cas ci-après énumérés. Pour dire simplement que la loi peut rétroagir dans les situations suivantes : -Les lois expressément rétroactives : Ce sont des lois que le législateur a qualifié comme étant des lois rétroactives par nature. La formule consacrée est la suivante : « (…), la présente loi rétroagira.» Le plus souvent, c’est dans l’intérêt supérieur de la nation, qu’une loi nouvelle peut exceptionnellement rétroagir. -Les lois interprétatives : Ce sont des lois qui interprètent une autre loi ancienne, obscure, ou imprécise. Elles font corps avec la loi ancienne et sont par conséquent rétroactives. -Les lois pénales plus douces, les lois pénales qui suppriment ou atténuent une peine, conformément à l’article 20 al.1 du Code Pénal, s’appliquent aux infractions commises antérieurement à leur entrée en vigueur : C’est la rétroactivité in mitius. Toutefois, ces lois pénales moins sévères ne s’appliquent qu’aux faits en cours de jugement, c’est-à-dire, qui ne font pas encore l’objet d’une décision définitive du juge : Les faits non encore définitivement tranchés par le juge. -Les lois de procédure et de compétence : Ces lois ont pour objet de réaliser une meilleure administration de la justice. En effet, elles permettent un meilleur éclaircissement de la procédure à suivre par les juridictions ainsi que leurs attributions et compétences. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Par exemple : La loi de procédure pénale, la loi de procédure civile, administrative, etc. B-

LA HIERARCHIE DES TEXTES JURIDIQUES DE NATURE REGLEMENTAIRE

Les règlements sont l’ensemble des actes de portée générale et impersonnelle édictés par le Président de la République ainsi que certaines autorités compétentes du pouvoir exécutif. En effet, aux termes de l’article 44 de la Constitution, « Le Président de la République prend les règlements applicables à l’ensemble du territoire de la République. » En plus du Président de la République, il y a des autorités relevant du pouvoir exécutif à qui pouvoir est reconnu de prendre des règlements. Ainsi, il existe plusieurs catégories de règlements en fonction des autorités qui les prennent. Aussi, sont-ils pris conformément aux textes qui leurs sont supérieurs. Les textes de droit de nature règlementaire ne sont pas promulgués. Mais, ils sont exécutoires sur le territoire de la République de Côte d’Ivoire trois (3) jours francs après leur publication au J.O.R.C.I, par la presse ou par affichage. Les textes juridiques de nature règlementaire sont classés selon la hiérarchie suivante : -1) L’ordonnance présidentielle, -2) Le décret, -3) L’arrêté. 1-

LES ORDONNANCES

L’ordonnance est un acte fait par le Président de la République avec l’autorisation du Parlement dans les matières qui sont normalement du domaine de la loi. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Cette autorisation est obtenue par une loi d’habilitation qui précise la matière et le délai d’intervention de ladite ordonnance, conformément aux dispositions de l’article 75 de la Constitution. L’ordonnance est un règlement administratif lorsqu’elle n’a pas été ratifiée par l’Assemblée Nationale. Pour être valablement élaborée, l’ordonnance doit : - être obligatoirement délibérée en Conseil des ministres, - être proposée à la ratification du parlement. Après sa validation par le Parlement, elle a valeur de loi, et ne peut donc être modifiée que par une loi votée par le parlement. 2- LES DECRETS Le décret est un acte juridique exécutoire à portée générale ou individuelle signée soit par le Président de la République, soit par le Premier Ministre. On distingue les décrets autonomes pris dans le cadre de l’article 72 de la Constitution et les décrets d’application qui comportent les détails d’application d’une loi. 3-

LES ARRETES

L’arrêté est une décision prise par une autorité administrative. Les arrêtés sont pris conformément aux décrets. Et, ils sont hiérarchisés en fonction du rang de l’autorité qui les édicte. Ainsi, l’on peut les classer par ordre d’importance de la façon suivante : - Les arrêtés ministériels ; - Les arrêtés préfectoraux ; - Les arrêtés municipaux. PARAGRAPHE 2 : LES SOURCES INDIRECTES OU INFORMELLES J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Encore désignées par sources d’interprétation, les sources indirectes sont tirées de la nécessité de compléter et d’interpréter les sources directes. Et, contrairement aux sources directes qui sont des règles écrites et directement invocables, celles-ci ne le sont pas. On en distingue trois (3) : la jurisprudence, la coutume et la doctrine. A-

LA JURISPRUDENCE

Au sens large, la jurisprudence peut-être définie comme l’ensemble des décisions rendues par les tribunaux. Le sens restreint limite cette notion à l’ensemble des décisions rendues par les juges sur une question juridique donnée. Les juges ne sont pas en principe formellement des autorités qui élaborent des règles de droit, mais ils appliquent le droit. Alors, comment peuvent-ils créer la règle de droit ? En effet, à l’occasion d’un procès qui est soumis au magistrat, alors qu’il n’y a pas de règle juridique édictée en la matière, celui-ci peut décider par exemple que l’enfant simplement conçu au moment du décès de son père, bénéficie des biens laissés par ce père. Ou encore, qu’un particulier peut engager la responsabilité de l’administration devant la justice, … Une telle solution qui peut être retenue par d’autres juges, devient une jurisprudence. NB : Le magistrat ne peut pas refuser de juger une affaire qui lui est soumise, aux motifs que la loi n’a prévu aucune disposition, ou qu’elle est obscure. Il est obligé de rendre une décision, sinon, il peut voir sa responsabilité engagée pour déni de justice. Par ailleurs, les tribunaux ne sont pas liés par les solutions qu’ils ont précédemment adoptées. C’est-à-dire, ils peuvent juger autrement une question de droit qu’ils ont déjà tranchée. On parle dans ce cas de revirement de jurisprudence. Aussi, leurs décisions ne s’appliquent qu’aux parties au procès : on dit qu’elles sont inopposables aux tiers. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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B-

LA COUTUME

La coutume au sens juridique, est définie comme la règle qui nait d’un long usage que la pratique habituelle a rendu obligatoire dans un milieu social déterminé. La coutume est donc un droit non écrit qui implique un usage général, c’est-à-dire, suffisamment répandu et prolongé dans le temps. NB : Une coutume peut-être conforme à la loi (Coutume secundum legem) ; elle constitue dans ce cas, une source de droit. Par exemple : Le fait de porter le nom de son père. Par contre, la coutume qui est contraire à la loi (Coutume contra legem) n’est pas source de droit. Par exemple : L’exigence de la dot en vue du mariage est une coutume contraire à la loi. Il en est de même, de la donation réalisée par le transfert d’un bien mobilier de la main à la main sans avoir recours à un notaire selon les termes de l’article 931 du Code civil. C-

LA DOCTRINE

La doctrine peut être définie comme l’ensemble des opinions émises sur le droit par des spécialistes de la matière, c'est-à-dire, ceux qui ont pour fonction d’étudier le droit. Par exemple : Les ouvrages des Professeurs de droit. NB : La doctrine joue un rôle indirect dans l’élaboration des règles de droit en influençant par exemple le juge dans les motifs de sa décision. SECTION 3 : LES SOURCES ET LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS PARAGRAPHE 1 : LES SOURCES DES DROITS SUBJECTIFS

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CHAPITRE 2 : L’ORGANISATION DES JURIDICTIONS IVOIRIENNES Il est connu et su de chaque individu vivant en société, que la violation de la règle de droit, (le non respect de la règle de droit) est sanctionnée. En vue de la mise en œuvre de la sanction consécutive au non respect de la règle de droit, des institutions étatiques propres existent : Ce sont les juridictions. Il s’agit d’organes chargés de dire le droit, de rendre la justice entre les citoyens et d’appliquer la sanction juridique idoine. Les juridictions de Côte d’Ivoire sont implantées sur toute l’étendue du territoire national, suivant une certaine organisation fondée sur des principes, qu’il convient d’étudier (Section 1). La sanction en droit n’est pas spontanée. Elle est l’aboutissement, l’achèvement d’une procédure qui fait intervenir un ensemble de personnel dont la connaissance est nécessaire. (Section 2) SECTION 1 : LES REGLES DE MISE EN PLACE ET DE FONCTIONNEMENT DES JURIDICTIONS ET LES PRINCIPALES JURIDICTIONS PARAGRAPHE 1 : LES PRINCIPES DE BASE DE L’ORGANISATION DES JURIDICTIONS IVOIRIENNES Ce sont les principales règles sur lesquelles l’Etat ivoirien s’est basé d’une part pour mettre en place l’appareil judiciaire, et d’autre part, pour baliser puis guider la fonction-même de juger. Ces principes directeurs sont nombreux. Toutefois, on peut les regrouper en deux catégories selon que soit, ils se rapportent à la structure de l’appareil judiciaire et à l’accès à la justice, soit ils s’intéressent à la fonction de juger.

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A- LES REGLES CONCERNANT LA STRUCTURE DE L’APPAREIL JUDICIAIRE ET L’ACCES A LA JUSTICE. 1- LE PRINCIPE DE L’UNITE DE JURIDICTION Depuis son accession à l’indépendance, la Côte d’Ivoire a choisi le système d’unité de juridiction qui signifie que toutes les juridictions sont regroupées dans un seul et unique ordre de juridiction avec une seule et même instance supérieure : la Cour suprême, qui comprenait quatre (4) Chambres : -

La Chambre constitutionnelle ; La Chambre judiciaire ; La Chambre administrative ; La Chambre des Comptes.

Avec la création du Conseil constitutionnel en 1994, et la mise en place de la Cour des Comptes en 2014, la Cour suprême ne compte à ce jour que deux (2) chambres. Dans le système d’unité de juridiction, tous les tribunaux et cours d’appel sont compétents pour juger tous les litiges en toute matière : civile, commerciale, pénale, administrative, au premier et au second degré. On dit qu’en Côte d’Ivoire, la compétence relative à la matière (compétence ratione materiae) de l’affaire à trancher est identique pour tous les tribunaux. Toutefois, il convient de préciser que la Constitution ivoirienne de 2000 a prévu en son article 102, un système juridictionnel mixte, avec deux ordres de juridictions, en disposant que : « La justice est rendue sur toute l’étendue du territoire national au nom du peuple par des juridictions suprêmes : Cour de cassation, Conseil d’Etat, Cour des comptes et des Cours d’Appel et des tribunaux. » Dans la pratique, ce sont des lois organiques qui doivent fixer la composition, l’organisation et le fonctionnement des juridictions suprêmes, que sont le Conseil d’Etat et la Cour de cassation. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Lorsque ces lois seront votées, alors la Côte d’Ivoire aurait deux (2) ordres juridictionnels autonomes en lieu et place du système d’unité de juridiction. Dès lors, le système de dualité de juridiction se présenterait comme suite : a) LES JURIDICTIONS DE L’ORDRE ADMINISTRATIF C’est l’ensemble des juridictions qui connaissent des affaires relevant du droit public et qui opposent les personnes publiques d’une part entre elles, et d’autre part, les personnes publiques et les particuliers. Ici, les Tribunaux administratifs (1er degré) et les Cours d’appel administratifs (2nd degré), sont soumis au contrôle du Conseil d’Etat, instance supérieure. b) LES JURIDICTIONS DE L’ORDRE JUDICIAIRE Cet ordre est composé de l’ensemble des tribunaux litiges relevant du droit privé et qui mettent personnes privées exclusivement. Parfois, ils affaires dans lesquelles une personne publique Département, etc) est partie.

qui tranchent les aux prises des connaissent des (Etat, Commune,

C’est le cas par exemple d’un accident causé par un véhicule de l’Etat, il en est de même des activités commerciales exercées par une personne publique. Les Tribunaux de Première Instance et leurs Sections détachées, (1er degré) ainsi que les Cours d’appel judiciaires (2nd degré), sont soumis au contrôle de la Cour de cassation, instance supérieure. 2- LE DOUBLE DEGRE DE JURIDICTION Le double degré de juridiction est le principe qui permet à une partie au procès, après un premier jugement, de porter l’affaire devant une juridiction supérieure. En clair, le plaideur a la possibilité de faire appel du jugement de première instance, devant une cour d’appel. C’est là une véritable J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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garantie des droits des justiciables qui peuvent ainsi faire juger à nouveau leur procès par d’autres magistrats. Ce principe connaît des exceptions dans lesquelles le double degré de juridiction ne s’applique pas. En effet, en matière de contentieux électoral les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours. On dit qu’il statue en premier et dernier ressort. En matière civile et commerciale, les Tribunaux de première instance et leurs Sections détachées statuent en 1er et dernier ressort sur toute demande dont le taux n’atteint pas 500 000 FCFA, selon les termes de l’article 6 du Code de procédure civile. NB : Les juridictions suprêmes ne constituent pas un troisième degré de juridiction. En fait, les juridictions suprêmes ne sont pas en principe juges des faits, mais juges du droit. C’est-à-dire, qu’elles ne font que vérifier l’application du droit effectuée par les juridictions inférieures. De plus, elles ne rendent que des arrêts de rejet ou de cassation, sans reformer les décisions des juridictions inférieures. On dit pour cela que l’organisation juridictionnelle ivoirienne comprend deux (2) degrés de juridiction, avec trois (3) niveaux de compétence. Exceptionnellement, dans l’application du Droit des Affaires, la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA), peut juger une 3e fois sur le fond du litige, selon que certaines conditions sont réunies. 3- LE PRINCIPE DE L’EGALITE DEVANT LA JUSTICE Les justiciables doivent être jugés suivant les mêmes lois sans distinction et sans considération de leur situation personnelle. L’égalité porte à la fois sur les procédures et les sanctions applicables. Ce principe connaît des dérogations. C’est ainsi qu’en raison de l’immunité liée à l’exercice de la fonction de Député, conformément aux dispositions de l’article 67 de la J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Constitution : « Aucun député ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou des votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions. » Il en est de même pour le membre du Conseil constitutionnel, selon les termes de l’article 93 de la Constitution : « Aucun membre du Conseil Constitutionnel ne peut, pendant la durée de son mandat, être poursuivi, arrêté, détenu ou jugé en matière criminelle ou correctionnelle qu’avec l’autorisation du Conseil. » En mots plus simples, il est impossible d’engager une poursuite pénale contre un député ou un juge du conseil constitutionnel, pour des infractions commises dans l’accomplissement de leurs tâches. Il en est de même pour le Chef de l’Etat qui ne peut être poursuivi que pour haute trahison devant la Haute Cour de justice. 4- LA GRATUITE DE LA JUSTICE Il ne faut pas d’emblée percevoir le principe de la gratuité de la justice, dans le sens d’avoir accès gracieusement aux juridictions. C’est ce qui explique le fait qu’il faut payer une certaine somme d’argent pour enrôler sa plainte à la justice. La gratuité est perçue ici, dans les rapports entre les usagers de la justice et les magistrats. Les usagers des services de la justice ne doivent pas payer les juges avant de rendre la justice. B- LES REGLES RELATIVES A LA FONCTION DE JUGER 1-

LE PRINCIPE DE LA SEPARATION DES POUVOIRS

Le principe de la séparation des pouvoirs amène à distinguer dans l’Etat trois fonctions indépendantes les unes des autres. La fonction de gouverner, la fonction de faire la loi et celle de juger, qui sont respectivement assumées par : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.

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Aussi, la Constitution ivoirienne proclame t- elle l’indépendance du pouvoir judiciaire vis-à-vis des autres. Relativement à la fonction de juger, ce principe crée pour le compte des juridictions, des droits et des obligations. Par exemple : La séparation des pouvoirs interdit au juge de prendre des mesures administratives, de s’opposer à l’exécution des lois et de s’ériger en législateur. La portée de cette dernière obligation est quelque peu limitée quand on sait l’importance accordée à la jurisprudence comme source de droit. 2-

LA COLLEGIALITE ET DE LA TERRITORIALITE

La collégialité signifie que la décision de justice est rendue par un collège, c’est-à-dire un ensemble d’au moins trois (3) magistrats. Ce principe a été étendu aux Tribunaux de première instance (TPI) depuis 1997. Mais, il n’est pas encore appliqué dans les Sections détachées de tribunaux. Quant à la territorialité, elle veut dire que les magistrats exercent leurs fonctions sur un territoire, une circonscription judiciaire délimitée. Par exemple : La compétence territoriale de la Section détachée de Tribunal de Toumodi s’étend aux Départements de Toumodi, d’Attiégouakro et de Yamoussoukro. PARAGRAPHE 2 : LES PRINCIPALES JURIDICTIONS Le mot ‘‘juridiction’’ signifie le pouvoir de dire le droit. Pris au sens organique, ce mot désigne l’ensemble des services étatiques qui sont dotés du pouvoir de dire le droit. Ainsi, peut-on dire la ou les juridictions de Côte d’Ivoire, pour désigner les organes de l’Etat chargés de dire le droit dans le pays.

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Les juridictions peuvent faire l’objet de plusieurs classifications. Ainsi, selon le critère de l’ordre auquel elles appartiennent, on a les juridictions administratives, et les juridictions judiciaires. Selon le critère du degré qu’elles occupent dans la hiérarchie judiciaire, on a les juridictions de premier degré, telles que les juridictions de première instance et leurs sections détachées et celles de second degré, les Cours d’Appel. La Constitution ivoirienne a consacré en son article 102, la classification ‘‘Juridictions suprêmes et juridictions inférieures’’. Et enfin, selon leur nature, il y a les juridictions de droit commun et les juridictions d’exception ou spécialisées. Afin de mieux rendre compte de la complexité du système juridictionnel ivoirien, il paraît essentiel d’axer les prochains développements sur la classification : Juridictions de droit commun, caractérisées par leur aptitude générale à connaître de toutes les affaires et Juridictions spécialisées ou d’exception, celles qui ne connaissent que des litiges qui leur sont expressément confiés par la loi. A-

LES JURIDICTIONS SPECIALISEES

Encore qualifiées de juridictions d’exception, ce sont des juridictions qui ne siègent pas la plupart du temps en permanence et dont la compétence est spécialisée, avec un objet souvent précis. Elles ne sont compétentes qu’en vertu d’un texte de loi formel. Ce sont : 1-

LA HAUTE COUR DE JUSTICE

Prévue par le Titre IX de la Constitution, la Haute Cour de Justice est composée de députés que l’Assemblée Nationale élit en son sein, dès la 1ère session de la législature. Elle est présidée par le Président

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de la Cour de Cassation, actuellement Chambre judiciaire de la Cour suprême. Elle a pour objet de juger d’une part, le Président de la République pour des faits de haute trahison qui lui sont imputables, (Par exemple : La trahison de son serment), et d’autre part, les membres du Gouvernement lorsqu’ils se sont rendus coupables de faits qualifiés crimes ou délits, commis dans l’exercice de leurs fonctions. Il convient de souligner qu’au niveau interne, le Chef de l’Etat ne peut être poursuivi devant la Haute Cour de justice, dans l’exercice de ses fonctions que pour haute trahison de son serment. 2-

LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL

Le Conseil constitutionnel, organe de régulation du fonctionnement des Pouvoirs publics, est réglementé par les articles 88 et suivants de la Constitution. C’est une juridiction d’exception dont le président est nommé pour une durée de six ans, non renouvelables. Le Professeur Agrégé de Droit public Francis VANGAH WODIE en était le Président. Mais, il a été remplacé depuis le 03 Février 2015 par le Magistrat KONE MAMADOU, qui en est l’actuel Président.

Il est aidé dans sa

fonction par 6 Conseillers, dont trois (3) sont désignés par le Chef de l’Etat, et les trois autres, par le Président de l’Assemblée Nationale, pour une durée de six ans non renouvelables. A toutes fins utiles, il convient de préciser que le Conseil Constitutionnel est renouvelé par moitié tous les 3 ans. Et, ses décisions sont insusceptibles de recours. C’est-à-dire qu’elles s’imposent aux Pouvoirs publics, à toute autorité administrative, juridictionnelle, militaire et à toute personne physique ou morale nationale ou internationale. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Les attributions du Conseil constitutionnel sont de deux (2) ordres. Il est juge et consultant. En effet, en tant que juge, le Conseil constitutionnel est : -juge du contentieux électoral : A ce titre, il statue sur l’éligibilité des candidats aux élections présidentielles et législatives, puis, statue sur toutes les contestations et réclamations relatives à ces élections et en proclame les résultats définitifs. En définitive, il contrôle la régularité des opérations du référendum et en proclame les résultats définitifs. -juge du contrôle de constitutionnalité : A ce titre, le Conseil contrôle la conformité à la constitution des lois et règlements d’une part, et des traités et accords avant leur ratification d’autre part. -juge de la continuité de l’Etat : A ce titre, il constate la vacance de la Présidence de la République pour empêchement absolu du président, conformément à l’article 40 de la Constitution. En tant que consultant, le Conseil constitutionnel est : -Consultant quant à l’élaboration des textes de loi : Ici, il ne donne que des avis, pour éclairer ou conseiller les pouvoirs publics lors de l’édiction d’un texte de loi. Ses avis ne sont que consultatifs ; ils ne sont pas obligatoires. Ainsi, aux termes de l’article 97 de la Constitution, « Les projets ou propositions de loi et les projets d’ordonnance peuvent être soumis pour avis au Conseil Constitutionnel. » 1-

LA COUR DES COMPTES

Elle est chargée du contrôle des Finances publiques. En pratique, elle vérifie la régularité des recettes et des dépenses publiques, puis

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juge les comptes des comptables publics et sanctionne leurs fautes éventuelles. Elle correspond à la Cour des Comptes. NB : Les juridictions répressives ou pénales spécialisées sont celles qui sanctionnent les infractions aux règles de droit pénal. Ce sont : la Cour d’assise, le Tribunal militaire. 3-

LA COUR D’ASSISES

C’est une juridiction itinérante et donc non permanente, qui se tient annuellement deux ou trois fois. Les sessions ou assises de cette cour se tiennent dans un Tribunal de Première Instance. La Cour d’Assises est compétente pour juger

tous

les

crimes sans

distinction. Le crime est une infraction sanctionnée d’une peine d’emprisonnement de 10 ans au moins. Il existe deux types de Cours d’assises : a) LA COUR D’ASSISES DES MAJEURS, Elle est instituée pour juger les personnes âgées de 18 ans révolus et auxquelles est imputé un crime. Elle est composée : -D’un magistrat de siège relevant d’une Cour d’Appel, président de session. -De deux (2) autres magistrats du parquet, conseillers. -Des jurés, qui sont des citoyens de l’un ou l’autre sexe de la société civile, choisis pour écouter les parties et rendre le verdict. b) LA COUR D’ASSISES DES MINEURS, Elle est instituée pour juger les mineurs âgés de 16 ans au moins, accusés de crime.

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Elle se compose de : Trois (3) magistrats, dont l’un assure la présidence, et de Six (6) jurés. 5- LE TRIBUNAL MILITAIRE Le tribunal militaire est une juridiction répressive à caractère particulier qui est chargé de juger les infractions commises par les militaires et assimilés. Prévus initialement au nombre de quatre, seul le Tribunal militaire d’Abidjan, exerce effectivement jusqu’à ce jour. Il a donc une compétence territoriale nationale. Le tribunal militaire comprend : -Un magistrat de l’ordre judiciaire, président du tribunal ; -Un procureur militaire, appelé Commissaire du Gouvernement. Actuellement, c’est le Capitaine de Corvette Ange KESSY KOUAME Bernard qui exerce cette fonction. -Des jurés militaires. Les sanctions appliquées sont identiques à celles infligées aux civils. Toutefois, certaines sanctions complémentaires telle que la radiation du corps, peuvent s’ajouter. B- LES JURIDICTIONS DE DROIT COMMUN Ce sont celles qui sont normalement compétentes, sauf lorsqu’un texte exclut expressément cette compétence. Elles regroupent : 1- LES TRIBUNAUX DE PREMIERE INSTANCE ET LEURS SECTIONS DETACHEES a) LES TRIBUNAUX DE PREMIERE INSTANCE –TPICe sont les tribunaux de première instance qui connaissent pour la première fois les affaires civiles, commerciales, pénales, de travail, J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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administratives, etc. On dit qu’ils constituent le premier degré de juridiction. Selon la diversité des matières à connaître, chaque Tribunal de Première Instance est composé de plusieurs chambres ou sections : Civile, correctionnelle, administrative, travail, etc. La Côte d’Ivoire compte actuellement neuf (9) Tribunaux de Première Instance répartis sur le territoire national dans les villes suivantes : à Abidjan, (TPI Plateau et TPI Yopougon), à Bouaké, Daloa, Abengourou, Man, Gagnoa, Korhogo et à Bouaflé. Les Tribunaux de Première Instance ont une compétence territoriale qui s’étend à plusieurs Départements. Par exemple : Le Tribunal de Première Instance de Bouaké s’étend jusqu’à Yamoussoukro, Tiébissou, Toumodi, etc. b) LES SECTIONS DETACHEES DE TRIBUNAL La Section détachée de Tribunal est en quelque sorte ‘‘un service déconcentré’’ des Tribunaux de Première Instance. Aussi, connaitelle les mêmes affaires que les TPI. Les décisions rendues par les Sections détachées de Tribunal tout comme celles des Tribunaux de Première Instance sont appelées jugements. Toutefois, la section détachée a une compétence territoriale restreinte. La Côte d’Ivoire compte actuellement 23 Sections détachées de tribunal. Par exemple : Les Sections détachées de Tribunal de Toumodi, de Tiassalé, d’Oumé, de Dimbokro, de Sassandra, etc. Lorsqu’une affaire est jugée une première fois par un Tribunal de Première Instance ou sa section détachée, cette affaire peut être portée une seconde fois, devant une juridiction supérieure pour respecter le double degré de juridiction. Il s’agit de la Cour d’appel. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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2- LA COUR D’APPEL En effet, lorsque l’une des parties au procès n’est pas satisfaite du jugement rendu par le Tribunal de Première Instance ou sa section détachée, elle peut exercer un recours devant la Cour d’appel, juridiction de second degré. On dit que cette partie interjette ou fait appel. En pratique, toutes les décisions rendues en première instance sont en

principe, susceptibles de recours devant la Cour d’appel.

Toutefois, pour les affaires civiles et commerciales dont le taux du litige n’atteint pas 500 000 FCFA, ce principe ne s’applique pas. Tout comme le TPI, la Cour d’appel est composée de plusieurs chambres. Mais à la différence des Tribunaux de Première Instance, la Cour d’appel a une compétence territoriale plus étendue. En effet, son ressort renferme plusieurs Tribunaux de Première Instance et leurs sections détachées. Il existe trois (3) Cours d’appel en Côte d’Ivoire. Elles sont situées à Abidjan, à Bouaké et à Daloa. Ces juridictions statuent avec un collège de trois (3) magistrats dont l’un est

président et deux assesseurs. Leurs décisions sont

appelées arrêts et sont susceptibles de recours portés devant la juridiction supérieure : la Cour suprême. On parle de pourvoi en cassation. 3- LA COUR SUPRÊME Les lois organiques devant fixer la composition et le fonctionnement des nouvelles juridictions suprêmes prévues par la Constitution ivoirienne en son article 102, notamment : la Cour de Cassation, le Conseil d’Etat, etc, n’ont pas encore été votées. Ainsi, c’est la Cour J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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suprême qui continue de statuer sur les recours en cassation dirigés contre les décisions rendues par les juridictions de second degré, notamment par leurs différentes chambres. Lorsqu’elle est saisie, la Cour suprême apprécie l’application de la loi faite par les juridictions inférieures. Si elle estime que la loi n’a pas été bien appliquée, elle annule cette décision. On dit qu’elle la casse. A contrario, lorsqu’elle réalise que le droit a été bien appliqué, elle rejette le pourvoi en cassation. Les décisions de la Cour suprême sont des arrêts. La Cour suprême est actuellement formée de deux (2) chambres, ayant des compétences spécifiques : - La Chambre judiciaire, Elle juge toutes les décisions des juridictions inférieures qui ne sont pas dévolues à une autre chambre et, contre lesquelles, pourvoi a été formé. Elle correspond à la future Cour de cassation. - La Chambre administrative, Elle est saisie pour les recours formés contre les décisions rendues à l’égard d’une personne morale de droit public. Elle est aussi saisie en premier et dernier ressort, du recours pour excès de pouvoir (REP), ouvert aux citoyens contre les décisions contestées de certaines autorités administratives. Elle correspond au futur Conseil d’Etat selon les dispositions de la Constitution de 2000. L’actuel Président de la Cour suprême est le Magistrat APHINGKOUASSI RENE FRANÇOIS.

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SECTION 2 : LA PROCEDURE CIVILE ET LE PERSONNEL JUDICIAIRE La procédure judiciaire d’une part et le personnel judiciaire d’autre part, feront successivement l’objet d’étude. PARAGRAPHE 1 : LA PROCEDURE CIVILE La procédure, c’est l’ensemble des formalités qui doivent être suivies pour parvenir à une solution de justice de nature civile, pénale ou administrative, etc selon le cas. Ainsi, en droit, les plaideurs disposent d’une variété de procédures : pénale, fiscale, civile, administrative, commerciale,… pour faire valoir leurs droits auprès des juridictions. On dit qu’ils exercent une action en justice. De toutes ces procédures, celle qui est généralement appliquée c’est la procédure civile, pour la simple raison qu’en Côte d’Ivoire, l’on fait application de cette procédure non seulement en matière civile, mais également dans les domaines du travail, des affaires, en matière administrative, rurale, etc. Une personne dont les droits sont menacés, peut saisir la justice. Dans une telle initiative, elle peut se poser les questions suivantes : -Quelle est la juridiction compétente ? Et quelles sont les conditions exigées pour la saisir ? (A) -Quelle voie juridique faut-il suivre pour porter le litige devant cette juridiction ? Enfin, quels sont les moyens ou voies de recours qui me sont accordés pour obtenir un nouvel examen du litige qui fait déjà l’objet d’une décision d’un juge ? (B) A- LA JURIDICTION COMPETENTE ET LES CONDITIONS D’EXERCICE DE L’ACTION EN JUSTICE 1- LA JURIDICTION COMPETENTE J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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La juridiction compétente est définie comme étant celle qui est juridiquement revêtue du pouvoir de dire le droit. En effet, certaines règles répartissent les litiges entre les différents tribunaux en fonction de leur compétence liée à la matière du litige d’une part, et d’autre part en considération de leur compétence territoriale. a) LA COMPETENCE MATERIELLE OU RATIONE MATERIAE C’est le critère de détermination de la compétence d’une juridiction à connaître d’un litige en fonction de la nature du problème juridique posé. En Côte d’Ivoire, la procédure civile commence devant les tribunaux de première instance et leurs sections détachées. Ceux-ci ont une compétence matérielle presque générale. En fait, ils peuvent juger en

premier

ressort des affaires en toute matière : civile,

commerciale, administrative, fiscale et travail, à moins qu’un texte particulier n’en décide autrement. (Cf. Art.5 et 6 du Code de procédure civile). Les Cours d’appel connaissent en second ressort les jugements rendus par les Tribunaux de Première Instance et leurs sections détachées, en toutes matières, sauf texte contraire, conformément aux dispositions de l’article 8 du Code de Procédure civile. b) LA COMPETENCE TERRITORIALE OU RATIONE LOCI Du point de vue géographique ou territorial, la répartition des compétences des juridictions est faite par une règle générale assortie d’importantes exceptions.

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Ainsi, en principe, le tribunal de première instance ou la section détachée de tribunal territorialement compétente est celui du domicile du défendeur. Ce principe s’énonce sous la forme latine suivante : « Actor sequitur forum rei » et signifie que : ‘‘Le demandeur doit porter son action devant le tribunal du défendeur’’. Mais, exceptionnellement, cette règle est écartée. C’est ainsi qu’en matière de responsabilité civile délictuelle, (le cas d’un accident de la route, par exemple), le tribunal à saisir est celui du lieu où s’est produit l’acte dommageable. Il en est de même du litige qui concerne un immeuble, le tribunal compétent est celui du lieu où est situé cet immeuble. En matière internationale, la loi attribue compétence aux tribunaux ivoiriens dans tout litige où un Ivoirien est demandeur ou défendeur. Ainsi, un ivoirien peut poursuivre son débiteur étranger devant les tribunaux ivoiriens, quels que soient son domicile et le lieu où l’obligation a été contractée. Aussi, un Ivoirien peut être poursuivi devant un tribunal ivoirien pour ses obligations contractées, même envers un étranger, sur le fondement des articles 14 et 15 du Code Civil. On dit que ces dispositions instituent au profit des ivoiriens un privilège de juridiction. Le privilège de juridiction fondé sur les articles 14 et 15 ci-dessus mentionnés, peut être écarté en cas de renonciation à ce privilège par son bénéficiaire, c’est-à-dire l’ivoirien. Une fois le tribunal compétent identifié, certaines conditions sont exigées pour porter son action devant lui.

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2- LES CONDITIONS DE L’ACTION EN JUSTICE L’action en justice est un droit reconnu aux sujets de droit de s’adresser à la justice pour obtenir le respect de leurs droits ou de leurs intérêts légitimes. Aussi, faut-il souligner que n’importe qui ne peut saisir le tribunal : on dit que le droit d’ester en justice est subordonné à des conditions de recevabilité. En effet, pour exercer une action en justice, trois (3) conditions sont exigées par la loi : l’intérêt pour agir, la qualité pour agir et la capacité d’ester en justice. a) L’INTERÊT POUR AGIR Aux termes de l’article 3 du Code de Procédure civile, celui qui agit en justice doit avoir subi un préjudice ; il doit avoir un droit à faire valoir, un intérêt à défendre. Ainsi, il doit justifier d’un intérêt légitime juridiquement protégé. La célèbre maxime qui pose : ‘‘Pas d’intérêt, pas d’action’’ trouve ici tout son sens. Cet intérêt doit présenter certains caractères dont l’absence peut amener le tribunal à rejeter l’action en justice. En fait, l’intérêt doit être : - Légitime, c’est-à-dire qu’il doit être permis par le droit ; conforme aux bonnes mœurs et à l’ordre public. Par exemple : M. KOKAN saisit la justice parce que M. KODAN a déraciné tous les plants de drogue qu’il a cultivé sur leur parcelle commune. Son action sera rejetée car elle n’est pas légitime.

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- Certain, né et actuel. En principe pour être fondée en droit, une prétention doit reposer sur un intérêt réel. De ce fait, l’intérêt qui est simplement éventuel ou qui est prescrit par la loi, ne suffit pas pour fonder une demande à la justice. NB : IL convient de préciser que les actions en justice se prescrivent. La prescription civile est régie par les articles 2219 et suivants du Code civil. La prescription se définit comme la consolidation d’une situation par l’écoulement d’un certain délai. La prescription est dite acquisitive (on l’appelle aussi usucapion) lorsque l’écoulement du délai a pour effet de faire acquérir un droit réel à celui qui l’exerce. Par contre, elle est qualifiée d’extinctive lorsqu’elle fait perdre un droit réel ou un droit personnel du fait de l’inaction prolongée du titulaire du droit. On l’appelle encore prescription libératoire. Ainsi, en matière civile et commerciale la prescription de l’action est respectivement de 30 ans et 5 ans. En effet, la prescription des créances commerciales est de 5 ans, conformément aux dispositions de l’article 16 de l’Acte Uniforme relatif au Droit Commercial Général qui stipule que : « Les obligations nées à l’occasion de leur commerce entre commerçants, ou entre commerçants et noncommerçants, se prescrivent par cinq ans (…) ». Alors que la prescription de l’action civile est de 30 ans pour les créances civiles. « Toutes les actions, tant réelles que personnelles, sont prescrites par trente ans (…) » selon les termes de l’Article 2262 du Code civil. En matière de crime contre l’humanité, l’intérêt demeure toujours actuel. On dit de ce crime qu’il est imprescriptible. - Direct et personnel. En principe seule la victime directe du dommage, c’est-à-dire corporellement atteinte, est habilitée à agir. Mais exceptionnellement, les proches d’une victime J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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(victime indirecte) d’un accident mortel peuvent prétendre à la réparation de la douleur morale née de la disparition tragique d’un être cher. Par ailleurs, en principe seul le titulaire du droit bafoué est fondé à initier un procès, car on ne peut agir en justice pour le compte d’autrui. Cependant, la loi permet que l’enfant mineur soit représenté par son tuteur légal pour la défense de ses intérêts. b) LA QUALITE POUR AGIR C’est le titre en vertu duquel on agit en justice. Le pouvoir de défendre le droit en cause. Généralement, cette qualité est déterminée par la loi. Il s’agit de la

qualité

d’héritier, de

propriétaire, de créancier, etc. Par exemple : Seuls les époux ont la qualité pour agir au tribunal en divorce ou en séparation de corps. c) LA CAPACITE D’ESTER EN JUSTICE C’est l’aptitude que la loi reconnaît à une personne d’agir en justice en raison de son âge ou de son état mental. Ainsi, n’ont pas la capacité juridique d’agir en justice, les mineurs et certains majeurs déclarés incapables. B- LES MODES DE SAISINE DU TRIBUNAL ET LES VOIES DE RECOURS Pour porter une affaire à la connaissance du tribunal, il faut saisir ce tribunal. La loi permet aux parties en procès de faire 1- LA SAISINE DU TRIBUNAL Le tribunal est saisi par un acte spécifique, appelé acte de saisine. Il y a deux actes de saisine : l’assignation et la requête.

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Le tribunal est saisi par une assignation ou une plainte lorsque la procédure est contentieuse, c’est-à-dire, lorsqu’un litige oppose deux personnes. L’assignation est l’acte par lequel la partie qui veut faire reconnaître son droit, invite son adversaire à comparaître devant le tribunal. L’assignation est établie par un huissier de justice. On dit que l’assignation est un acte d’huissier. Par exemple : La procédure de divorce. Le tribunal est saisi par une requête encore appelée demande, lorsque la procédure est gracieuse. C’est-à-dire, qu’elle intervient en dehors de tout conflit. La requête est une simple demande adressée au juge. Par exemple : La procédure de changement de nom, la procédure d’adoption, la procédure de règlement préventif des dettes d’une société commerciale, etc. NB : Pour qu’une affaire passe à l’audience, elle doit être enrôlée. L’enrôlement c’est l’inscription de l’affaire au rôle ; c’est-à-dire, dans un répertoire général (Un registre) tenu au greffe du tribunal. L’enrôlement est subordonné au versement entre les mains du Greffier en chef, d’une somme d’argent suffisante à garantir le paiement des frais de la procédure jusqu’à la fin du procès. Cette somme est appelée consignation. NB :

Au

jour et

à

l’heure

préalablement

fixés

sur

l’acte

d’assignation, l’audience s’ouvre par l’appel des parties devant le juge. Le plaideur peut s’expliquer oralement ou par écrit. Les documents écrits contenant les arguments du plaideur sont appelés conclusions J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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lorsque la partie est représentée par un avocat. Par contre, on les appelle mémoires, lorsque ces arguments relèvent des parties ellesmêmes. La décision du juge est obligatoire et exécutoire. Toutefois, elle est susceptible de recours porté devant une juridiction supérieure. 2- LES VOIES DE RECOURS Les voies de recours sont des ‘‘voies et moyens’’ accordées à un plaideur et exceptionnellement à des tiers, pour obtenir un nouvel examen du litige tranché ou pour faire valoir les vices de procédure. Les voies de recours sont nombreuses. On les regroupe en deux catégories. Les voies de recours ordinaires et les voies de recours extraordinaires. a) LES VOIES DE RECOURS ORDINAIRES Il s’agit de l’appel et de l’opposition. a-1)

L’APPEL, c’est la voie de recours ouverte à la partie

mécontente du jugement pour attaquer ladite décision devant une Cour d’appel. Les délais pour interjeter appel sont de vingt (20) jours en matière pénale et d’un (1) mois en matière civile, à compter de la date de signification de la décision attaquée. a-2) L’OPPOSITION, est un recours contre le jugement rendu par défaut, c’est-à-dire sans le plaideur. Il permet de saisir le tribunal qui a déjà statué, en lui demandant de juger à nouveau l’affaire. Les délais de l’opposition sont identiques à ceux de l’appel. b) LES VOIES DE RECOURS EXTRAORDINAIRES

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Ce sont : la tierce opposition, le recours en révision et le pourvoi en cassation. b-1) LA TIERCE OPPOSITION : C’est une voie de recours extraordinaire, de rétractation ou de reformation, ouverte à toute personne qui, se sentant lésée ou menacée pour avoir subi un préjudice par le fait d’un jugement auquel elle n’a été ni partie, ni représentée. La tierce opposition a pour effet de rendre inopposable au tiers qui a exercé le recours, le jugement attaqué. Mais ce jugement reste opposable aux parties au procès. b-2) LE RECOURS EN REVISION : C’est une voie de recours extraordinaire par laquelle on revient devant les juges qui ont déjà statué en leur demandant de modifier leur décision, en prétendant qu’elle a été rendue en raison d’une erreur involontaire de sa part. Ce recours n’est possible qu’en cas de rétention de pièces décisives, de jugement rendu sur pièces reconnues ou déclarées judiciairement fausses, de témoignages ou serments mensongers. b-3) LE POURVOI EN CASSATION : C’est un recours contre une décision passée en force de chose jugée porté devant la Cour suprême et fondé soit sur la violation de la loi, l’excès de pouvoir, l’incompétence de la juridiction dont est issue ladite décision, l’inobservation d’une règle relative à la forme, etc. En clair, c’est un moyen permettant de soumettre à la Cour suprême les décisions rendues par les juridictions inférieures (Arrêt de la cour d’appel, verdict de la cour d’assises, jugement en dernier ressort) afin de vérifier leur conformité à la loi. La décision déférée en cassation, est soumise en principe à l’une des chambres de la Cour suprême. Celle-ci rend un arrêt de rejet J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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lorsque ladite décision est conforme à la loi, au cas contraire, elle rend un arrêt de cassation. On dit qu’elle casse ou annule la décision critiquée. PARAGRAPHE 2 : LE PERSONNEL JUDICIAIRE Le personnel judiciaire se compose strictement parlant des personnels de justice. Par extension, on y inclut tous les auxiliaires de justice. ACe

LES PERSONNELS DE JUSTICE sont

essentiellement,

les

magistrats

assistés

dans

l’accomplissement de leurs tâches quotidiennes par des greffiers. 1- LES MAGISTRATS Encore appelés juges, les magistrats sont des fonctionnaires chargés de rendre ou de requérir la justice entre les citoyens dans l’Etat. Il convient de relever qu’il y a 2 types de magistrats : a) Les magistrats de carrière : Ils sont recrutés par concours sur titres ou diplômes ; ce sont des magistrats professionnels. Ils forment le corps judiciaire. Les magistrats de carrière siègent en principe dans les juridictions de droit commun. b) Les juges élus ou nommés : Ils ne sont pas des professionnels ; mieux, ce ne sont pas des magistrats au sens premier du terme. Ils siègent dans les tribunaux d’exception. C’est le cas pour le Conseil constitutionnel. NB : La nomination de certains juges dans les tribunaux spécialisés, n’entame pas leur statut de juges de carrière. Dans les juridictions de droit commun, on distingue deux (2) catégories de magistrats : J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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-Les juges du siège ou encore juges assis, chargés de diriger les audiences et de rendre les décisions. Ils restent assis pour prononcer leurs jugements et arrêts. Les magistrats du siège sont indépendants et inamovibles, c’est-àdire, qu’ils ne peuvent être suspendus, rétrogradés, révoqués et même mutés à un nouveau poste, que dans certaines conditions prévues par la loi. -Les juges du Parquet ou juges du Ministère Public, représentent la société. Ils ne rendent pas la justice, mais la requièrent au nom de l’Etat, donnent leurs avis sur les solutions à apporter aux litiges. Ils ont un rôle plus important en matière criminelle qu’en matière civile. On les nomme ‘‘magistrats debout’’ parce qu’ils se tiennent toujours debout pour exposer leurs réquisitions et conclusions. Ils ont un statut dépendant dès lors qu’ils sont des agents du pouvoir exécutif, hiérarchiquement placés sous

l’autorité

du

Ministre de la Justice. Celui-ci peut donner des ordres aux Procureurs généraux (Magistrats placés à la tête du Ministère Public d’une Cour d’appel), lesquels ont autorité sur les Procureurs de la République (Magistrats placés à la tête du Ministère Public près le TPI ou la Section détachée). Le Parquet général, est composé de l’ensemble des magistrats qui exercent les fonctions du Ministère public auprès des Cours d’appel. L’Avocat général, est un membre du Parquet général qui a pour fonction de porter la parole au nom du Procureur général devant les chambres auxquelles ils sont affectés. NB : Quand les magistrats sont saisis d’un litige, ils ont l’obligation de rendre une décision sous peine de déni de justice. En plus, ils ne peuvent pas connaître des litiges dans lesquels leur conjoint, parents J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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ou alliés sont parties. S’ils siègent au mépris de ce principe, ils peuvent être récusés. Par ailleurs, les magistrats sont frappés d’une interdiction d’exercer certaines fonctions incompatibles avec leur profession. Il s’agit notamment du commerce, des fonctions politiques, etc. 2- LES GREFFIERS Les greffiers sont des fonctionnaires ou agents de l’Etat qui collaborent directement avec les juges. En effet, ceux-ci assistent les magistrats dans leurs tâches en écrivant les actes et décisions des juges, en gardant les originaux de ces documents, qu’on appelle minutes, puis en délivrant des copies aux intéressés qui en font la demande. Ces copies sont appelées expéditions ou grosses. Par exemple : C’est au greffe du tribunal que sont délivrés certains actes (documents) comme le Casier judiciaire, le Registre de commerce, le certificat de nationalité, l’acceptation de succession, le certificat d’individualité, etc. On dit que ce personnel est la plume du tribunal. Toujours, en tant qu’assistant des juges, les greffiers prennent note à l’audience. Leur présence est une condition de validité de certains actes du juge. Ils sont également dépositaires des effets mobiliers et deniers qui leur sont confiés en exécution des lois et règlements et en exécution des jugements. Le Service des greffes est hiérarchisé. Le Greffier en chef qui est un Attaché des greffes et parquets, en est le responsable. Il est aidé par des Secrétaires et des Assistants des Greffes et Parquets.

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c) LES AUXILIAIRES DE JUSTICE Les auxiliaires de justice sont toutes les personnes qui concourent à titre professionnel à l’œuvre de la justice. Autrement dit, ce sont des praticiens qui apportent leur concours au déroulement de l’activité judiciaire. Certains agissent généralement dans le cadre d’une procédure judiciaire, d’autres interviennent en dehors de tout procès. 1- LES AUXILIAIRES INTERVENANT DANS LA PROCEDURE JUDICIAIRE a) LES AVOCATS L’Avocat est un professionnel dont la fonction est d’assister, de représenter les personnes physiques ou morales devant toutes les juridictions, organismes juridictionnels ou disciplinaires à l’effet d’assurer leur défense. Il importe de préciser que l’avocat n’est pas un fonctionnaire. Il travaille pour son propre compte. On dit que la profession d’Avocat est libérale et indépendante. Pour exercer en tant qu’avocat, il faut être admis dans un Barreau et être inscrit au Tableau de l’Ordre des Avocats. L’ensemble des avocats exerçant dans le ressort d’une Cour d’Appel est appelé barreau. Le barreau est administré par un Conseil de l’Ordre, présidé par le Bâtonnier. b) LES HUISSIERS DE JUSTICE L’Huissier est un Officier public (Personne titulaire d’un office ayant qualité pour dresser des actes authentiques) qui rédige les actes de procédure tels que l’assignation qui saisit le tribunal et les actes de saisie. Il a qualité pour signifier ou notifier, c’est-à-dire porter à la connaissance des parties les actes de procédure. L’huissier est aussi chargé de faire procéder à l’exécution des décisions de justice et au recouvrement amiable des créances. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Par exemple : Un huissier ne peut procéder à l’expulsion d’un individu d’une maison, qu’en application d’une décision de justice. c) L’EXPERT et LE SEQUESTRE L’expert est un spécialiste d’une matière ou d’une discipline non juridique dont le concours est requis par le juge en vue d’un éclairage. De façon pratique, les experts sont des personnes à qui les tribunaux confient la mission de procéder à des constatations techniques et d’en faire un rapport. Celui-ci peut être un comptable, un médecin, un mécanicien, un spécialiste en markéting, etc. L’expert doit être agréé par le Ministère de la Justice et prêter serment avant d’exercer sa mission. Le séquestre est une personne désignée par la justice ou par des particuliers pour assurer la conservation d’un bien qui fait l’objet d’un procès. En clair, il assure la garde d’objets litigieux. 2- LES AUXILIAIRES PROCEDURE a) LE NOTAIRE

AGISSANT

EN

DEHORS

DE

LA

Le Notaire est un officier public, dont la fonction essentielle est d’authentifier les actes instrumentaires, c’est-à-dire donner la preuve de leur existence. Ainsi, il intervient dans le partage des successions, la création des sociétés, la vente de terrain, ou d’immeuble, etc. Dans ce dernier cas, l’intervention du notaire est une condition de validité de l’opération de vente. b) LE COMMISSAIRE PRISEUR Le Commissaire priseur est un Officier ministériel chargé de procéder à l’estimation et à la vente publique aux enchères des meubles et effets mobiliers corporels saisis par les huissiers.

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DEUXIEME PARTIE : LES PERSONNES JURIDIQUES, SUJETS DE DROIT On appelle personnes juridiques ou sujets de droit, des personnes envisagées par le droit comme ayant ou pouvant avoir des droits (sujets actifs) et supporter des obligations (sujets passifs). Et de ce fait, elles participent aux activités juridiques. On dit que ces personnes ont la personnalité juridique. Les personnes au sens du droit se divisent en deux catégories : les personnes physiques et les personnes morales. Toutefois, la personnalité juridique de ces personnes, c’est-à-dire, leur aptitude à être titulaire de droits et à assumer des obligations, a un contenu différent selon qu’on est en présence d’une personne physique ou qu’il s’agisse d’une personne morale. Par ailleurs, l’ensemble des biens et des obligations appartenant aux personnes juridiques sont protégés par le droit. Il s’agit de leur patrimoine. C’est pourquoi, il convient d’étudier la personnalité juridique et le patrimoine des personnes juridiques. (CHAP.I). La personnalité juridique donne à son titulaire certains droits, notamment la capacité. La capacité juridique est la possibilité et la faculté d’accomplir tous les actes de la vie civile. En raison d’une incapacité, certaines personnes ne sont pas juridiquement aptes à accomplir certains actes de la vie civile qui leurs sont reconnus. Ainsi, la capacité et l’incapacité juridiques des sujets de droit seront examinées. (CHAP.II).

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CHAPITRE I : LA PERSONNALITE JURIDIQUE ET LE PATRIMOINE DU SUJET DE DROIT SECTION 1 : LA PERSONNALITE JURIDIQUE La personnalité juridique est l’aptitude à être titulaire de droits et à assumer des obligations. Ou simplement, c’est l’aptitude à être sujet de droit. Il est utile de préciser que seules les personnes physiques (Les Hommes exclusivement), et les personnes morales, sous certaines conditions variables selon leur nature, ont la personnalité juridique. Ainsi, ni le chat, ni le chien, ni le singe, ni le cheval, ni la voiture, etc n’a la personnalité juridique, en ce sens qu’ils ne sont pas des sujets de droit. Ils font partie des biens qui forment le patrimoine des personnes juridiques auxquelles ils appartiennent. La personnalité juridique des personnes physiques (&1) est distincte de celle des personnes morales (&2). PARAGRAPHE 1 : LES PERSONNES PHYSIQUES En droit ivoirien, tous les êtres humains sans exception, sans distinction de sexe, de race, de nationalité, d’ethnie ou de religion, sont des personnes juridiques. En conséquence, ils ont tous la personnalité juridique. Toutefois, certaines questions méritent d’être posées : - Quand commence la personnalité juridique des personnes physiques ? (A) - A quel moment prend-elle fin ? (B)

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La personnalité juridique est une spécificité commune à tous les êtres humains. Mais en droit, certains éléments permettent de distinguer un individu des autres. - Quels sont les éléments juridiques qui permettent d’identifier les individus les uns des autres ? (C) ALE COMMENCEMENT DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE DES PERSONNES PHYSIQUES 1- LE PRINCIPE : LA NAISSANCE En principe, la personnalité juridique des personnes physiques débute à leur naissance. En fait, tout être humain acquiert la personnalité juridique à sa naissance. Mais, la naissance seule ne suffit pas. Ainsi, pour qu’une personne physique ait la personnalité juridique, il faut que les trois (3) conditions cumulatives suivantes soient réunies : - L’enfant doit naître : La naissance, c’est lorsque l’enfant sort du fœtus de sa génitrice. La naissance matérielle de l’enfant doit être prouvée juridiquement en établissant son extrait de naissance. Sans ce document, bien que l’enfant possède la personnalité juridique par sa naissance, il ne pourra pas exercer certains droits qui lui sont reconnus. - Il doit naître vivant : Est né vivant l’enfant qui respire après l’accouchement. Ainsi, le mort-né n’a pas la personnalité juridique. - Il doit naître viable : Est viable l’enfant qui dispose des organes nécessaires à la vie suffisamment constitués pour lui permettre de vivre après sa naissance. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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En somme, il faut dire que la naissance est le point de départ de la personnalité juridique des personnes physiques. Toutefois, la personnalité juridique peut remonter à la période prénatale, c’està-dire avant la naissance biologique. 2- L’EXCEPTION : LA FORMATION DE L’EMBRYON HUMAIN Le droit valide l’hypothèse de la personnalité juridique anticipée à la naissance. L’embryon humain désigne le produit de la conception humaine pendant les 3 premiers mois de la grossesse. En effet, le droit admet qu’exceptionnellement l’enfant simplement conçu a la personnalité juridique, quand il y va de son intérêt. Cette exception est traduite par la règle ‘‘Infans conceptus pro nato habetur quoties de commodis ejus agitur’’. La règle Infans conceptus…, signifie que l’enfant simplement conçu est considéré comme né chaque fois que cela peut lui apporter un avantage. Cet avantage peut être par exemple : Recueillir la succession de son père décédé avant sa naissance. NB : La loi fait remonter le début de la personnalité juridique à la conception, uniquement dans l’intérêt de l’enfant. C’est-à-dire, l’existence d’un avantage que doit avoir l’enfant non encore né, constitue la condition essentielle pour appliquer la règle Infans conceptus. De ce qui précède, la question de la preuve de la date de conception de l’enfant se pose. - Comment détermine t- on le moment de la conception de l’enfant ? La conception, ou fécondation c’est l’union des cellules mâles et femelles pour produire l’embryon humain qui devient fœtus à partir du 4e mois de la grossesse. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Pour déterminer la période de conception d’un enfant, la loi présume que la durée normale de la grossesse est enfermée dans la période qui va du 300ème jour, jusqu’au 180ème jour avant la naissance. Il faut retenir que cette présomption est simple et non irréfragable. Est irréfragable la présomption contre laquelle on ne peut apporter aucune preuve contraire. Ainsi, la période légale de conception (PLC) de l’enfant se situera dans la période de 120 jours située entre le 300ème et le 180ème jour avant sa naissance. C’est-à-dire, la loi présume que c’est à une date dans l’intervalle des 120 jours que l’enfant a été conçu. En pratique, pour déterminer les 120 jours, considérés comme étant la période légale de conception, il faut partir de la date de naissance de l’enfant puis, compter à reculons jusqu’à 180 jours et 300 jours, avant la naissance. Il faut ensuite compter 120 jours dans cette période, en partant du 300e jour jusqu’au 180e jour.

CAS PRATIQUE : Sieur KENEUR, est décédé le 15 octobre 2013. Ses enfants ont résolus de se partager les biens qu’il a laissés après les fêtes de fin d’année 2014. Le partage de ces biens a eu lieu le 03 janvier 2015. KENEUR GUTEMBERT, l’aîné de la Famille KENEUR a demandé à ses frères de réserver la BMW glauque, familiale, break, double échappement, avec 2 portières, à leur benjamin, SCHIPPEUR KENEUR, non encore né. Cette demande a été contestée par la plupart des membres de la Famille KENEUR.

TAF : En tant que juriste, un des contestataires, KENEUR COLARD vous pose la question suivante : Le jeune SCHIPPEUR KENEUR né le 15 janvier 2015 peut –il juridiquement avoir droit à une partie des biens laissés par notre père défunt ? J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Comme toute chose a une fin, la personnalité juridique en a une. B- LA FIN DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE La personnalité juridique prend fin en principe à la mort de l’être humain. Toutefois, il peut arriver que la mort de l’individu soit incertaine, compte tenu des circonstances et évènements qui entourent cette situation, pouvant laisser à la personne la possibilité de survie. Ainsi, il est intéressant d’envisager la fin de la personnalité juridique en cas d’incertitude sur l’existence de la personne. 1- LE PRINCIPE : LE DECES La personnalité juridique de la personne physique prend fin au décès de la personne. Ainsi, c’est la mort physique, biologique qui marque la fin de la personnalité juridique. La mort est définie comme la cessation de la vie, manifestée par l’arrêt cardiaque et respiratoire complet et définitif. La preuve juridique de la mort est donnée par l’établissement d’un certificat de décès. NB : La mort entraîne sans conteste la perte de la personnalité juridique, mais le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. C’est pourquoi, les restes des personnes décédées, doivent être traités avec respect et dignité ; et que, la loi prévoit des sanctions pénales contre ceux qui portent atteinte à la mémoire des morts. 2- LA FIN DE LA PERSONNALITE JURIDIQUE EN CAS D’INCERTITUDE SUR L’EXISTENCE DE LA PERSONNE Des doutes sur l’existence d’une personne naissent lorsqu’en raison de certains évènements, on ne sait pas si elle est encore vivante ou si elle est morte. Ces incertitudes se présentent en cas d’absence ou de disparition de la personne.

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Il importe d’examiner comment le droit envisage la fin de la personnalité juridique dans ces deux (2) cas de figure. a) L’ABSENCE L’absence est régie par les articles 112 et suivants du Code civil. Selon les termes de l’article 115 du Code Civil, l’absence, c’est la situation d’une personne qui a cessé de paraître à son domicile ou à sa résidence, depuis quatre (4) ans, et dont on n’a aucune nouvelle, alors même qu’aucun évènement particulier ne présume sa mort, de sorte que l’on ignore si elle est encore en vie où elle est décédée. La situation juridique d’absence se distingue de la non-présence qui est le cas d’une personne dont on est sûr de son existence, mais qui, pour une quelconque raison, reste éloignée de chez elle. Ainsi, les situations d’exil ne correspondent pas à l’absence au sens du droit. Lorsque la situation d’une personne correspond à l’absence juridique telle que précédemment définie, les parties intéressées (les héritiers) peuvent par une requête saisir le tribunal de première instance, afin que son absence soit déclarée. Pour constater l’absence du supposé absent, le tribunal ordonne une enquête, menée de façon contradictoire avec le Procureur de la République au lieu du domicile et dans celui de la résidence du présumé absent, s’ils sont distincts l’un de l’autre. Le jugement de déclaration d’absence du T.P.I ne sera rendu qu’un an après le jugement qui a ordonné l’enquête. Certains effets juridiques font suite au prononcer de la déclaration d’absence par le tribunal. Ils sont relatifs au sort de la famille de l’absent (a1) d’une part, et d’autre part, à la condition de ses biens pendant son absence (a2).

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a1) LES EFFETS DE L’ABSENCE RELATIVEMENT A LA FAMILLE DE L’ABSENT - Le mariage de l’absent : Si l’absent est marié, son mariage n’est pas dissout. Ainsi, son mariage durera aussi longtemps que durera l’absence. Son conjoint ne peut pas divorcer, et donc il ne peut pas se remarier : On dit que l’absence n’est pas une cause légale de divorce. De ce qui précède, si l’absent revient et que son conjoint s’est remarié, il demandera et obtiendra du juge l’annulation de cette nouvelle union pour bigamie, conformément aux dispositions de l’article 139 de la loi civile sur l’absence. - La situation des enfants : Les enfants nés pendant l’absence, bénéficient en général, de la présomption de paternité, traduite par la règle ‘‘Pater is est quem nuptiae demonstrant’’ (Littéralement, « Le père est celui que les noces démontrent »), selon laquelle tous les enfants nés d’une femme mariée, ont pour père, le mari de leur mère. Ainsi, ces enfants sont considérés comme les enfants de l’absent à titre putatif; sauf s’il intente une action judiciaire en désaveu ou en contestation de paternité à son retour. Toutefois, les enfants nés du second mariage du conjoint, conservent la légitimité issue de ce nouveau mariage. Qu’en est-il de la situation des biens de l’absent ? a2) LES EFFETS DE L’ABSENCE RELATIVEMENT AUX BIENS DE L’ABSENT Le sort des biens de l’absent diffère selon la durée de l’absence.

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En fait, la loi prévoit trois (3) périodes ou étapes à observer dans la gestion des biens d’une personne présumée absente : -La période de présomption d’absence, -La période après le jugement déclaratif d’absence, -La période d’envoi en possession définitif.  La période de présomption d’absence : C’est le temps qui court depuis les dernières nouvelles du présumé absent jusqu’à dix (10) ans, suivant les termes de l’article 121 de la loi civile sur l’absence, si celui-ci a laissé un mandataire pour gérer ses biens. Cette période est réduite à quatre (4) ans, s’il n’a prévu personne pour le faire. Dans ce dernier cas, c’est le Tribunal de Première Instance qui désigne un mandataire chargé de gérer les biens du présumé absent. NB : Pendant cette période, des mesures conservatoires sont prises pour protéger les biens du présumé absent, dans l’attente d’un éventuel retour. Au terme de ces délais, (4 ans et 10 ans) selon le cas, le tribunal de première instance peut, à la demande des intéressés (Les membres de la famille) ou du Ministère public (Le Procureur de la République), prononcer un jugement déclaratif d’absence, qui constitue en réalité, le point de départ de la seconde étape de la gestion juridique de l’absence.  La période d’absence déclarée : Le jugement déclaratif d’absence produit les effets du décès. Ainsi, cette période laisse libre cours au tribunal de procéder à une répartition des biens de l’absent entre les personnes qui, s’il était mort, auraient été appelées à sa succession. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Ces héritiers présumés ne reçoivent que la jouissance de ces biens ; à charge pour eux de les gérer et de les restituer au retour de l’absent : On parle d’envoi en possession provisoire des biens de l’absent.  La période d’envoi en possession définitif : Suivants les dispositions de l’article 129 du Code civil, « Si l’absence a duré pendant trente (30) ans depuis l’envoi provisoire, ou s’il s’est écoulé cent (100) ans révolus depuis la naissance de l’absent, les ayants-droit pourront demander le partage des

biens de

l’absent, et faire prononcer l’envoi en possession définitif par le tribunal de première instance. » En termes plus simples, 30 ans après le jugement déclarant l’absence ou 100 ans, après la naissance de l’absent, si celui-ci ne fait pas signe de vie, ses biens sont définitivement répartis par le tribunal entre ses ayants-droits, à leur demande. On parle d’envoi en possession définitif des biens de l’absent. Les héritiers deviennent définitivement propriétaires des biens de l’absent. NB : Si l’absent réapparaît, ou si son existence est prouvée, même après l’envoi définitif, il recouvrera ses biens dans l’état où ils se trouveront, le prix de ceux qui auraient été aliénés, ou les biens provenant de l’emploi qui aurait été fait du prix de ses biens vendus. Le régime juridique de l’absent est différent de celui du disparu. b) LA DISPARITION La disparition est, selon les dispositions de l’article 64 de la loi relative à l’état civil, la situation d’une personne que l’on a plus revue dans des circonstances de nature à mettre sa vie en danger, mais dont le corps n’a pu être retrouvé.

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Par exemple : Le cas d’un individu qui n’est plus réapparu lors d’une baignade dans un cours d’eau dans lequel se trouvent des caïmans. C’est aussi le cas d’une personne dont le corps n’a pu être retrouvé après un tremblement de terre, un crash d’avion, etc. De ce qui précède, il faut retenir que pour qu’il y ait disparition, les deux (2) conditions suivantes doivent être réunies : - Les évènements qui entourent la disparition doivent être de nature à mettre gravement en danger de mort la vie du disparu. - Le corps du disparu ne doit pas avoir été retrouvé. En cas de disparition, tout membre de la famille du disparu ou le Procureur de la République peut soumettre une requête au juge, afin d’obtenir un jugement déclaratif de décès. Il convient de préciser que c’est le tribunal du lieu de la disparition qu’il faut saisir, si la victime réside en Côte d’Ivoire. Si l’évènement s’est plutôt produit à l’étranger, c’est le tribunal de son domicile ou de sa dernière résidence, qui est saisi de l’action. Par ailleurs, le jugement déclaratif de décès tient lieu d’acte de décès. Dès lors, il ouvre la succession du disparu et entraîne la dissolution de son mariage. Son épouse pourra donc se remarier. NB : Le droit envisage un éventuel retour du disparu. Ainsi, en cas de réapparition du disparu, celui-ci demandera l’annulation du jugement déclaratif de décès en vue de rétablir sa personnalité juridique. Après quoi, il pourra recouvrer la propriété de ce qui reste de ses biens ; ses héritiers ont l’obligation de lui restituer les biens reçus. De même, il peut demander l’annulation du second mariage de son conjoint, si elle s’est remariée, puis reprendre sa vie conjugale.

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Dans toutes ces démarches, le disparu devra donner la preuve de son identité. C- L’IDENTIFICATION DES PERSONNES PHYSIQUES Le droit prévoit essentiellement trois (3) éléments qui permettent d’identifier un individu des autres. Ce sont : - Le nom et le ou les prénoms, - Le domicile, - La nationalité. 1- LE NOM ET LE PRENOM a) LE NOM Le nom est l’appellation qui sert à désigner une personne et à l’individualiser dans la vie sociale. Tout individu possède un nom. Généralement, on assimile le nom à celui de la famille ou nom patronymique. La plupart du temps, à sa naissance, l’enfant porte le nom patronymique. En effet, selon les dispositions de l’article 6-1 de la Charte Africaine sur les Droits et le Bien-être de l’Enfant, adoptée en juillet 1990, « Tout enfant a droit à un nom dès sa naissance. » Le nom est dès lors, un droit subjectif pour celui qui le porte. A cet égard, il bénéficie d’un régime de protection. Le nom est en principe immuable, c’est-à-dire, qu’il ne peut être changé.

Toutefois, cela n’est possible que dans des hypothèses

exceptionnelles. -Quelles sont les règles d’attribution du patronyme ? -Dans quelles circonstances le changement du patronyme est –il possible ? -Quel est le régime juridique de protection du nom ? J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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a1) L’ATTRIBUTION DU NOM PATRONYMIQUE On porte le nom de la famille à laquelle on appartient. Ce nom s’attribue normalement par la filiation, c’est-à-dire au regard du lien de paternité ou de maternité. Ainsi, l’enfant né dans une famille où les 2 parents sont légalement mariés, (Enfant légitime) porte le nom du mari de sa mère. En ce qui concerne l’enfant né hors mariage, (Enfant naturel), il porte le nom du père, si celui-ci l’a reconnu. Dans le cas où il n’a été reconnu que par sa mère, il portera le nom de sa mère, auquel s’ajoutera celui du père, s’il venait à le reconnaître par la suite. Dans ce cas, l’enfant portera un nom patronymique double. Ces situations se rencontrent dans les relations entre concubins ou entres fiancés. Par exemple : Mlle Parfaite a pour mère ALOMA Hélène. Puisqu’elle n’a pas été reconnue par son père, elle porte le patronyme de sa mère. Elle s’appelle ALOMA Parfaite. Si par la suite, M. ZAZOU, son géniteur la reconnaît, alors, elle s’appellera ALOMA ZAZOU Parfaite. Mlle Parfaite ne peut porter le seul nom de son père, après sa reconnaissance, qu’avec l’accord de sa mère. Dans ce cas, elle s’appellera ZAZOU Parfaite. NB : Lorsque l’enfant naturel est adultérin, d’un adultère de sa mère, (Enfant adultérin a matre) il est fait application du principe pater is est quem nuptiae demontrant. Il porte en principe le nom du mari, à moins que celui-ci désavoue cet enfant. Lorsque l’enfant est adultérin par son père, (Enfant adultérin a patre), il ne pourra porter le nom de celui-ci que s’il obtient le consentement exprès de son épouse pour qu’il le reconnaisse.

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a2) LE CHANGEMENT DU PATRONYME Le

nom

patronymique

peut

être

changé dans les situations

suivantes : - En cas d’adoption plénière. L’adopté prend le nom de l’adoptant. - En cas de désaveu de paternité. L’enfant désavoué prend le nom de sa mère. - En cas de mariage. La femme mariée a droit d’usage du nom de son mari. Par exemple : Mme KOKOTA née GARBA Coqueline ou GARBA

Coqueline épouse KOKOTA. a3) LA PROTECTION DU NOM Le titulaire d’un nom patronymique a le droit de le défendre contre l’usurpation des tiers et contre son usage commercial, littéraire ou artistique. La loi prévoit que le porteur d’un nom patronymique ou ses descendants, même s’ils ne portent pas eux-mêmes ce nom, puissent s’opposer à ce qu’il soit utilisé par un tiers à quelque titre que ce soit. b) LE PRENOM Le prénom est librement choisi. Toutefois, en Côte d’Ivoire, seuls les prénoms qui figurent sur les calendriers ou ceux qui sont consacrés par les usages et la tradition, sont admis. Par exemple : Mireille, Fatou, Kipré, Affoué, Yapo, Kousso, Michelle, etc. Le prénom peut être changé lorsqu’un intérêt légitime le justifie. Cet intérêt peut résulter soit, d’une adoption, ou d’un changement de sexe (cas de pratique transsexualiste), ou encore en raison du caractère ‘‘ridicule’’ du prénom. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Par exemple : Dagobert, Rigobert, Camembert, Gutembert, etc. Le prénom n’est protégé que lorsqu’il est usurpé en même temps que le patronyme. b1) LES ACCESSOIRES DU PRENOM Les accessoires du prénom se composent des particules, des titres de noblesse, des pseudonymes et des surnoms. - La particule : c’est un mot qui est placé avant ou après certains noms patronymiques. Par exemple : Oi, (N’GOUAN Oi), Bi, (Tra Bi), Lou (Bognon Lou), Kan, (Koffi Kan), Mah, (Traoré Mah), etc. - Les titres de noblesse : Ce sont des accessoires honorifiques du nom patronymique. Par exemple : Nanan, Sa majesté, Son altesse, l’Honorable, etc. - Le surnom : C’est l’appellation donnée à une personne par son entourage et sous laquelle cette personne est en fait connue. Par exemple : Ouédraogo alias Alcapone, Séry dit le gros, Koffi, dit Envahisseur. - Le pseudonyme : C’est un nom de fantaisie ou d’emprunt choisi par une personne dans l’exercice d’une activité particulière, et qui est utilisé pour masquer sa véritable identité. Par exemple : Alpha Blondy, pour masquer Koné Seydou, Molière, s’appelle Jean-Baptiste Poquelin, etc. En plus du nom, toute personne a un domicile.

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2- LE DOMICILE

CAS PRATIQUE : M. FAROTEUR travaille à Korhogo, puis sa famille est à KPAPEKOU. Et, pendant ses congés, il va à TIPA-TIPA où il se repose de toute activité chez son cousin KONGONDET. Il faut savoir qu’il a une plantation de palmiers à huile à Fresco, où il séjourne des fois.

TAF : Précisez le domicile, l’habitation et la résidence de M. FAROTEUR ?

En droit, le domicile revêt certains caractères ; aussi, son choix emporte t –il des intérêts particuliers qu’il convient d’étudier. Le domicile est le lieu du principal établissement d’une personne. Il est différent de la résidence et de l’habitation. L’habitation est le lieu d’un séjour bref et occasionnel. La résidence est l’endroit où une personne vit de façon habituelle. Une personne peut avoir plusieurs résidences. a) LES CARACTERES DU DOMICILE Le domicile a deux traits caractéristiques. En effet, le domicile est obligatoire et unique. En fait, toute personne a nécessairement un domicile. Et, elle ne peut avoir qu’un seul domicile, même si elle peut avoir plusieurs résidences. Par ailleurs, le domicile peut être qualifié d’apparent, de réel ou de domicile élu. Ainsi, lorsqu’une personne choisit temporairement un domicile dans un lieu autre que son domicile réel. On parle de domicile élu. C’est le cas quand, à l’occasion de certains actes (une action en justice par exemple), une personne peut élire domicile dans une autre localité.

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Le domicile réel est le lieu où une personne a effectivement ses centres d’intérêts (Sa femme, ses enfants, son travail). Alors que le domicile apparent est le lieu où, aux yeux des tiers, une personne semble avoir son domicile. En définitive, le domicile est librement choisi par chaque personne. On dit que le domicile est volontaire. b) LE CHOIX ET LES INTERÊTS DU DOMICILE En dépit de son caractère libre, la loi impose le domicile à certaines personnes. C’est le cas des fonctionnaires ou agents de l’Etat, des magistrats, etc. dont le domicile est fixé par la loi au lieu où ils exercent leur profession. C’est aussi le cas pour les enfants mineurs non émancipés. Leur domicile est celui de leurs parents. En ce qui concerne la femme mariée, la loi précise que son domicile est celui de son mari. Les serviteurs et les servantes de maison ont pour domicile, celui de leur employeur, quand ils vivent avec ce dernier. Le domicile ainsi défini revêt plusieurs intérêts. Il permet de rattacher géographiquement une personne à un lieu précis et de déterminer la compétence territoriale des tribunaux, ainsi que l’officier de l’état civil compétent. Par exemple : Pour exercer une action en justice, le tribunal compétent territorialement est celui du lieu où le défendeur est domicilié, sauf exception. Pour la célébration du mariage, c’est l’Officier de l’état civil du lieu où résident les futurs époux, qui est compétent. 3- LA NATIONALITE

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La nationalité est le lien juridique qui rattache une personne physique ou morale à un Etat souverain. Parlant de la nationalité des personnes physiques, retenons qu’en principe,

tout

individu

doit

avoir

une

nationalité.

Mais

exceptionnellement, certaines personnes n’ont pas de nationalité. Ce sont les apatrides. On les désigne aussi par le terme Heimatlos. Cette situation résulte généralement de la perte de la nationalité d’origine, sans acquisition d’une nouvelle nationalité. Selon la Charte Africaine sur les Droits et le Bien-être de l’Enfant, en son article 6-3, « Tout enfant a le droit d’acquérir une nationalité ». Aujourd’hui, la Nationalité ivoirienne est règlementée par la loi n° 61-415 du 14 décembre 1961 portant Code de la Nationalité, modifiée par la loi n°72-852 du 21 décembre 1972. La population qui vit sur le territoire ivoirien est composée de nationaux et d’étrangers. Les Nationaux sont rattachés à l’Etat de Côte d’Ivoire par la nationalité ; tandis que les étrangers sont des personnes ayant la nationalité d’un autre Etat. Quel est le régime juridique d’octroi de la nationalité ivoirienne ? Les règles concernant la nationalité ivoirienne distinguent la nationalité ivoirienne d’origine, des divers modes d’acquisition de cette nationalité. Il faut aussi souligner que l’on peut perdre la nationalité ivoirienne sous certaines conditions. a) LA NATIONALITE IVOIRIENNE D’ORIGINE Généralement, la nationalité d’origine est établie soit par la filiation, soit, par le lieu de naissance. Il s’agit-là d’une distinction traditionnelle entre le droit du sang ou jus sanguinis, qui attribue à J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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l’enfant la nationalité de ses parents ou de l’un d’eux, et le droit du sol ou jus soli, qui lui attribue la nationalité du pays sur le territoire duquel il est né. Il peut arriver qu’un Etat applique ces deux systèmes à la fois. C’est le cas de la France. En ce qui concerne le droit ivoirien actuel de la nationalité, il ne retient que le

jus

sanguinis, c’est-à-dire, l’attribution de la

nationalité d’origine par le sang. Ainsi, la qualité d’ivoirien d’origine résulte uniquement de la filiation. C’est-à-dire, est ivoirien d’origine celui qui est né d’un père ou d’une mère ivoirien quelque soit son lieu de naissance. Par exemple : Un enfant né en Chine dont le père ou la mère est ivoirien, est ivoirien d’origine de par le parent qui est ivoirien. Un individu qui n’est pas ivoirien d’origine peut acquérir la nationalité ivoirienne selon certains mécanismes juridiques. b) LES AUTRES MODES D’ACQUISITION DE LA NATIONALITE IVOIRIENNE La personne qui n’est pas ivoirienne d’origine, peut acquérir la nationalité ivoirienne de plein droit ou par décision de l’autorité publique. b-1) ACQUISITION DE LA NATIONALITE DE PLEIN DROIT On distingue ici deux modes d’acquisition de la nationalité ivoirienne : L’acquisition par l’adoption,

et l’acquisition par le

mariage.  Acquisition par l’adoption Aux termes de l’article 11 du Code de la nationalité, l’enfant qui fait l’objet d’une adoption, acquiert la nationalité ivoirienne si l’un au moins des adoptants est ivoirien. J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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 Acquisition par le mariage Le Code de la nationalité ivoirienne, notamment en ses articles 12, 13 et 14 combinés, prescrit que la femme étrangère qui épouse un ivoirien, acquiert la nationalité ivoirienne au

moment

de

la

célébration du mariage, à moins qu’elle ne la décline antérieurement à la célébration du mariage ou que dans les six (6) mois qui suivent cette célébration, le Gouvernement ne s’y oppose par décret pris sur rapport commun des ministres de la Justice, de l’Intérieur, de la Santé et de la Population. L’article 15 de la même loi stipule que : « Lorsque le mariage a été célébré à l’étranger, le délai de six mois ne court qu’à dater du jour de la transcription de l’acte de mariage sur les Registres de l’état civil des agents diplomatiques ou consulaires ivoiriens. » Il sied de souligner que le mode d’acquisition de la nationalité par le mariage, concerne exclusivement la femme étrangère qui se marie avec un ivoirien. Quant à l’homme étranger, il doit recourir à la naturalisation pour devenir ivoirien. La nationalité ivoirienne peut aussi s’acquérir par décision de l’autorité publique. b-2) ACQUISITION DE LA NATIONALITE PAR DECISION DE L’AUTORITE PUBLIQUE Ce mode d’acquisition de la nationalité s’exerce de deux (2) façons : la naturalisation d’une part et d’autre part, la réintégration, suivant l’article 24 du Code de la nationalité.  LA NATURALISATION La naturalisation est l’octroi de la nationalité à titre individuel par décret et de manière discrétionnaire à un étranger qui en fait la demande et sous certaines conditions exigées par la loi, aux termes J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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des dispositions de l’article 25 et suivants du Code de la nationalité ivoirienne. NB : C’est une pratique qui a cours en Côte d’Ivoire depuis la loi de 1972. C’est ainsi que le 4 févier 1987, par décret n° 87-148, M. Camara Moussa et son épouse ont été naturalisés ivoirien. Cf. JORCI n°43 de la trente-huitième année, paru le 24 octobre 1996, P.988.

La naturalisation emporte généralement l’abandon de la nationalité d’origine. C’est le cas pour Monsieur DOLO Adama dit Adama Dahico (Humoriste) qui, par sa naturalisation a désormais la nationalité ivoirienne en lieu et place de sa nationalité malienne d’origine. Les principales conditions exigées par la législation ivoirienne en vue de l’octroi de la nationalité ivoirienne à l’étranger qui en fait la demande à l’Etat sont : - L’intéressé doit avoir sa résidence habituelle en Côte d’Ivoire au moment de la signature du décret de naturalisation, aux termes de l’article 25 al.2 du Code de la nationalité. - Le demandeur doit avoir eu sa résidence habituelle en Côte d’Ivoire pendant les cinq (5) années précédant sa demande. Cf. article 26 du Code de la nationalité. NB : Dans certains cas, le stage de cinq ans est réduit à deux ans. Notamment, c’est le cas pour l’étranger né en Côte d’Ivoire ou marié à une ivoirienne ainsi que de celui qui a rendu des services importants à la Côte d’Ivoire…etc selon les termes de l’article 27 du Code de la nationalité. - Le demandeur doit avoir atteint l’âge de 18 ans à la date de sa demande. (Article.29 Code de la nationalité ivoirienne) - L’intéressé doit être de bonne vie et mœurs (Article31 Code Nationalité Ivoirienne.) J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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- Le demandeur doit être sain d’esprit et jouir d’un état de santé physique parfait. (Article 32 al.1et 2 du Code de la nationalité.)  LA REINTEGRATION La réintégration suppose pour l’intéressé qu’il a antérieurement eu la nationalité ivoirienne et qu’il l’a perdue. C’est donc un retour dans la nationalité ivoirienne. c) LA PERTE DE LA NATIONALITE IVOIRIENNE Il faut d’emblée préciser que, le législateur ivoirien en ce qui concerne la perte de la nationalité, a fait la distinction entre l’Ivoirien d’origine et l’Ivoirien qui a acquis la nationalité ivoirienne. C’est pourquoi, on qualifie de perte de la nationalité, quand il s’agit d’un Ivoirien d’origine, et on parle de déchéance pour l’individu qui a acquis la nationalité. c-1) LA PERTE DE LA NATIONALITE PAR L’IVOIRIEN A TITRE ORIGINAIRE. Les articles 48 et suivants du Code de la nationalité traitent de cette question. Aux termes de ces dispositions, l’ivoirien d’origine peut perdre cette qualité dans les cas suivants :  Abandon volontaire de la nationalité ivoirienne pour acquérir une nationalité étrangère. (Article 48) Dans ce cas, la perte de la nationalité ivoirienne est subordonnée à l’autorisation du Gouvernement par décret, qui intervient au bout d’un délai de quinze ans à compter de l’inscription du concerné sur les tableaux de recensement du pays étranger.

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 En cas de cumul de nationalité ou encore, double nationalité (article 49 nouveau). L’intéressé peut être autorisé par décret à perdre la qualité d’ivoirien. NB : Même l’enfant mineur qui possède de plein droit une double nationalité par l’effet d’une loi étrangère, peut aussi être autorisé à perdre la nationalité ivoirienne.  Lorsqu’un ivoirien occupe un emploi dans un service public d’un Etat étranger ou dans une armée étrangère (article 53). L’intéressé peut être déclaré d’office avoir perdu la nationalité ivoirienne, s’il n’a obtempéré dans un délai de six mois à l’injonction à lui faite par le gouvernement de résigner cet emploi.  La femme ivoirienne qui se marie avec un étranger. Aux termes de l’article 51 du Code de la nationalité ivoirienne, femme ivoirienne qui épouse un Étranger conserve en principe, nationalité ivoirienne. Cependant, elle perd la qualité d’ivoirienne elle répudie expressément la nationalité ivoirienne avant célébration de son mariage avec l’étranger.

la la si la

c-2) LA DECHEANCE DE LA NATIONALITE IVOIRIENNE La déchéance de la nationalité ivoirienne est la perte de la nationalité imposée par l’Etat à titre de peine, uniquement aux ivoiriens qui ont acquis la nationalité par décision de l’autorité, dans certains cas d’indignité. Par exemple : Un individu devenu Ivoirien par naturalisation, porte une bombe en tant que kamikaze au profit d’une organisation terroriste pour la faire exploser dans un pays étranger. PARAGRAPHE 2 : LES PERSONNES MORALES ADEFINITION ET CATEGORISATION DES PERSONNES MORALES

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1- DEFINITION Les personnes morales sont des groupements de personnes et de biens auxquels est conférée une personnalité juridique distincte de celle des membres. En fait, la loi permet à plusieurs personnes de s’associer dans le cadre d’un groupement auquel pouvoir est reconnu d’accomplir des actes de la vie juridique. Cela signifie que, du point de vue juridique, ce groupement est pris comme une personne distincte des individus qui le composent. En clair, la personne morale, est un groupement de personnes à qui la loi reconnaît la personnalité juridique, c’est-à-dire, l’aptitude à être titulaire de droits et à assumer des obligations. La personnalité juridique de la personne morale est désignée par personnalité morale. En tant qu’acteur de la vie juridique, la personne morale a des biens qui sont distincts de ceux de chacun de ses membres. Dans la pratique, la personne morale a nécessairement son patrimoine propre et partant, un actif et un passif qui lui sont propres et qui ne se confondent pas avec ceux de ces membres. On parle de l’autonomie patrimoniale de la personne morale. Il importe de préciser toutefois, qu’en matière de société unipersonnelle, (celle dans laquelle une seule personne physique ou morale apporte toute seule le capital social), on fait application du principe de l’unicité du patrimoine. C’est-à-dire, le patrimoine de l’associé unique n’est pas distinct des biens de la personne morale sociétaire. NB : La personne morale n’a pas d’existence réelle comme les personnes physiques. Et, la personne morale accède à la vie par la volonté des personnes physiques ou d’autres personnes morales.

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Par exemple : Les associations, les sociétés, les syndicats, etc. naissent à travers un artifice juridique selon la volonté de leurs créateurs. Il existe plusieurs personnes morales regroupées en différentes catégories, qu’il convient d’étudier à présent. 2- LES DIFFERENTES CATEGORIES DE PERSONNES MORALES On sépare traditionnellement les personnes morales qui relèvent du droit public de celles qui sont soumises au droit privé. Autrement dit, certaines personnes morales sont de droit public, d’autres sont de droit privé. De plus en plus, des personnes morales de droit mixte connaissent le jour. a) LES PERSONNES MORALES DE DROIT PUBLIC Ce sont celles qui sont régies par les règles du droit public. Sont considérés comme personnes morales de droit public :  L’Etat  Les Collectivités locales ou publiques : Ce sont les démembrements de l’Etat. Il s’agit des Régions, des Départements, des Communes.  Les Etablissements Publics : Encore, appelés Services Publics, ce sont des entités juridiques créées spécialement par les pouvoirs publics, pour gérer des activités d’intérêt général. on en distingue deux (2) types : -Les Etablissements ou Services publics administratifs (EPA ou SPA). L’EPA ou le SPA est chargé de la gestion d’une activité de service public administratif.

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Par exemple : Les hôpitaux, les Universités, l’Office national des sports (O.N.S), le Commissariat, les lycées, l’ANADER, le Centre ivoirien antipollution (CIAPOL), etc. -Les

Etablissements

ou

Services

publics

industriels

et

commerciaux (EPIC ou SPIC). Ils gèrent les activités publiques à caractère industriel et commercial. Par exemple : La SOTRA, service de transport public, La SODECI, service de production et de distribution d’eau, etc. b) LES PERSONNES MORALES DE DROIT PRIVE Les personnes morales de droit privé sont celles qui relèvent du droit privé, notamment, du droit civil, commercial et d’autres lois particulières. Certains ont un but lucratif, d’autres non. Ce sont :  Les personnes morales à but non lucratif : Leur but est autre que le lucre, l’argent. On les regroupe en deux (2) catégories : - Les groupements de personnes : On en dénombre plusieurs : Il y a les groupements d’intérêts moraux (Associations, ONG, Syndicats), les

groupements

d’intérêts

politiques (Partis

politiques). -Les

groupements

de

biens :

Il s’agit singulièrement de

la

Fondation qui est une masse de biens dotée de la personnalité morale qu’un individu affecte à une œuvre d’intérêt général ou à un but charitable. Par

exemple : La Fondation Félix Houphouët Boigny pour la

Recherche de la paix, la Fondation NOBEL, la Fondation Didier DROGBA, etc.  Les personnes morales de droit privé à but lucratif J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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Les groupements à but lucratif sont ceux créés en vue de réaliser un profit,

un

gain

financier.

Leur

finalité,

leur

objectif

est

l’enrichissement de leurs membres. Les personnes morales qui ont un but lucratif sont des sociétés. Il y en a deux (2) types : la société commerciale et la société civile. La société est soit commerciale par la forme : la Société Anonyme (S.A), la société en commandite simple (S.C.S), etc soit commerciale par son objet. Dans ce dernier cas, l’on fait référence à la nature commerciale de l’activité qu’elle exerce. Aussi, faut-il préciser, qu’une société de forme commerciale peut exercer une activité civile. On dit que cette société est commerciale par la forme et civile par son objet. Par exemple : Plusieurs Médecins associés créent une Société à responsabilité limitée (SARL) dont l’objet est la consultation et l’administration de soins médicaux aux patients. La société est civile quand la loi ne lui attribue pas un autre caractère à raison de sa forme, son objet et de sa nature. Par exemple : La société civile professionnelle d’Avocats, (SCPA) de médecins, la société civile agricole, artisanale, etc. Outre les sociétés, il faut inclure parmi les personnes morales privées à but lucratif, les groupements d’intérêt économiques. (GIE). Le GIE est un groupement de personnes physiques ou morales qui a pour but de faciliter ou de développer l’activité économique de ses membres, d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette activité. c) LES PERSONNES MORALES DE DROIT MIXTE

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Ce sont des personnes morales de droit public en principe ; mais, soumises aux règles du droit privé, en raison de la participation de personnes privées à leur création. Il s’agit des Sociétés d’Economie Mixte (SEM). En effet, les SEM sont des sociétés dont le patrimoine (le capital social) associe dans des proportions très variables des apports d’origine publique (l’Etat ou ses organes) et d’origine privée (les particuliers). La CIE, la RTI, etc. sont en principe, des Etablissements de droit public dont les capitaux proviennent de l’Etat et des particuliers. Ce sont des Sociétés d’économie mixte. Quels sont les moyens juridiques d’identification de la personne morale ? Et quel est le régime juridique de leur capacité ? B- IDENTIFICATION ET PERSONNE MORALE.

CAPACITE

JURIDIQUE

DE

LA

1- L’IDENTIFICATION DE LA PERSONNE MORALE La personne morale a un nom, un domicile et une nationalité. a) LE NOM DE LA PERSONNE MORALE A l’instar de la personne physique, la personne morale a l’obligation de porter un nom. La désignation des personnes morales change selon leur nature. Les associations portent un titre : Croix Verte, FESCI. Les syndicats ont une étiquette : FESACI, SYNARES, UGTCI Le nom des sociétés, c’est la raison sociale ou la dénomination sociale : MTN, GREEN, CI-TELCOM, SODECI.

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b) LE DOMICILE DE LA PERSONNE MORALE Le domicile de la personne morale est appelé siège social. Son domicile est celui du lieu où est situé son siège social ou son établissement principal. Généralement, le siège social c’est le lieu où siègent les organes de direction ou de décisions ainsi que les services administratifs essentiels de la personne morale. c) LA NATIONALITE DE LA PERSONNE MORALE La notion de nationalité des personnes morales est différente de celle des personnes physiques. Aussi, est – il totalement impossible de leur appliquer les règles qui résultent de la loi n°61-415 du 14 décembre 1961 modifiée par celle de 1972 portant Code de la nationalité ivoirienne. Les règles applicables en matière de nationalité des personnes morales sont donc autonomes. Elles sont composées de quelques textes législatifs et essentiellement de mesures jurisprudentielles. Dans le cadre du présent cours, nous étudierons particulièrement la nationalité des sociétés commerciales et celle des associations.  LA NATIONALITE DES SOCIETES COMMERCIALES La société commerciale est une personne morale de droit privé. Elle est toujours juridiquement rattachée à un Etat. La

société

commerciale n’est internationale qu’en raison de ses activités qui s’étendent au-delà des frontières étatiques. Par exemple : Les sociétés Unilever et Nestlé sont juridiquement rattachées respectivement aux Pays-Bas et à la Suisse, alors même qu’elles agissent dans plusieurs Etats, notamment la Côte d’Ivoire.

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Face à la question de la nationalité des sociétés commerciales, le Droit ne connaît que des sociétés qui dépendent d’un Etat, dont elles sont réputées avoir la nationalité. La jurisprudence, a adopté en la matière, le principe suivant : Une société commerciale a la nationalité de l’Etat sur le territoire duquel elle a son siège social. L’Acte Uniforme de l’OHADA relatif aux sociétés commerciales et le

Groupement

d’intérêt

économique

(GIE),

sans

préciser

explicitement la question de la nationalité des sociétés commerciales, affirme en son article 1er que : « Toute société commerciale, (…) dont le siège social est situé sur le territoire de l’un des Etats parties au Traité relatif à l’harmonisation du droit des affaires en Afrique

(…)

est

soumise

aux

dispositions

du

présent

Acte

uniforme ». On en déduit que cette société commerciale, a la nationalité du pays de son siège social. Deux autres questions intéressantes, en rapport avec la nationalité des sociétés commerciales méritent d’être abordées : -Quelle est la nationalité de la société commerciale qui délocalise son siège social ? Et, comment détermine t- on la nationalité des sociétés faisant partie d’un groupe ? * LA NATIONALITE DES ASSOCIATIONS Les associations sont régies en Côte d’Ivoire par la loi n°60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations. L’article

1er

de cette loi définit l’association comme : « Une

convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en

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commun d’une façon permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que lucratif. » Sur la base de cette définition, toutes les

ONG sont des

associations et, elles sont régies par la loi relative aux associations ci-dessus mentionnée. Le chapitre 4 de la loi susmentionnée traite des associations étrangères. « Sont réputées associations étrangères, quelle que soit la forme sous laquelle ils peuvent éventuellement se dissimuler, les groupements présentant les caractéristiques d’une association, qui ont leur siège à l’étranger ou qui, ayant leur siège en Côte d’Ivoire, sont dirigés en fait par des étrangers ou bien ont, soit des administrateurs étrangers, soit un des administrateurs étranger, soit un quart au moins des membres étrangers. » Suivant les termes de cette disposition, l’association est censée avoir la nationalité de l’Etat ou est situé son siège, ou encore, la nationalité de ses administrateurs ou dirigeants. 2- LA CAPACITE JURIDIQUE DE LA PERSONNE MORALE Comme les personnes physiques, les personnes morales jouissent de la capacité juridique. Toutefois, à la différence des personnes physiques qui ont la capacité universelle, la capacité des personnes morales a un champ limité. On sépare habituellement la capacité de jouissance de la capacité d’exercice. a) LA CAPACITE MORALES

DE

JOUISSANCE

DES

PERSONNES

La capacité de jouissance est l’aptitude à bénéficier de droits. Les personnes morales ont une capacité de jouissance réduite. En effet, elles ne peuvent effectuer des actes que dans le cadre de leur objet, tel qu’il est décrit dans les statuts, et suivant J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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l’objectif qui leur assigné par la loi. On dit que les personnes morales sont soumises au principe de la spécialité en ce qui concerne leur capacité de jouissance. Selon que les limites sont imposées par la loi ou les statuts, on parle de spécialité légale ou statutaire. Par exemple : Une association sportive ne peut effectuer à titre habituel, des ventes de livres de droit ou des mèches. Une société dont l’objet est la production de chocolats, ne peut pas vendre des pièces automobiles ou des ordinateurs. b) LA CAPACITE D’EXERCICE DES PERSONNES MORALES La capacité d’exercice est l’aptitude à pouvoir exercer un droit dont on est titulaire. Les personnes morales n’ont pas du tout cette aptitude. On dit pour cela, qu’elles sont frappées d’une incapacité générale d’exercice. En effet, les personnes morales sont des êtres artificiels sans existence

corporelle.

Dans

cette

logique,

elles

ne

peuvent

évidemment pas exercer les droits dont elles sont titulaires. Toute personne morale a donc une ou plusieurs personnes qui agissent pour son compte. On dit qu’elles agissent par la technique de la représentation. Le représentant de la personne morale peut être une personne physique : Un gérant, un directeur général, un président de la république, …, ou un organe : Un conseil d’administration. En tant que personne juridique, la personne morale à des biens. Et c’est son représentant légal qui est juridiquement habilité à défendre le patrimoine de la personne morale.

SECTION 2 : LE PATRIMOINE DU SUJET DE DROIT

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Tout sujet de droit a un patrimoine. Pour mieux comprendre le concept de patrimoine, il faut étudier la notion même de patrimoine (&1), avant d’exposer sa composition, c’est-à-dire ses éléments constitutifs (&2). PARAGRAPHE 1 : NOTION DE PATRIMOINE La notion de patrimoine s’appréhende à travers sa définition (A) et l’exposé de ses caractères (B). A-

DEFINITION DU PATRIMOINE

Le patrimoine est l’ensemble des biens et des obligations d’une personne et ayant une valeur pécuniaire, c’est-à-dire évaluable en argent. Au sens juridique, le bien est toute chose ou tout droit qui peut faire l’objet d’un droit patrimonial. Le patrimoine prend en compte les biens présents et à venir de la personne. Le patrimoine est distinct des biens qui le composent. Parmi les biens du patrimoine, il y a ceux qui sont des éléments matériels (la voiture, l’appartement), que l’on appelle biens corporels et ceux qui correspondent à des droits (les créances), qualifiés de biens incorporels. NB : Les éléments purement personnels (de la personne) sont exclus du patrimoine, car ils n’ont pas, par nature, de valeur pécuniaire : ce sont des droits extrapatrimoniaux. Ainsi, le nom patronymique, le titre professionnel, le nombre d’enfant, les droits des époux, ne sont pas un élément du patrimoine de leur titulaire. En clair, le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial.

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Par ailleurs, soulignons que, le droit a exclu certaines choses de toute appropriation personnelle, patrimoniale. Ils font partie du patrimoine commun à l’humanité ou du patrimoine national de l’Etat. « Il est des choses qui n’appartiennent à personne et dont l’usage est commun à tous (…) » Art.714 du Code civil Par exemple : L’air, la lune, le soleil, les cours d’eau, le territoire, etc. A-

CARACTERES JURIDIQUES DU PATRIMOINE

En droit, plusieurs traits caractéristiques distinguent le patrimoine. Ainsi : -

Le

patrimoine

est

inhérent

à

toute

personne : Il est

nécessairement lié à toute personne physique ou morale. Ainsi, l’étudiant, le riche, le vagabond, le célibataire, l’aliéné mental, etc. et même, le nouveau-né ont un patrimoine. La personne qui n’a aucune ressource ou qui a des dettes seulement, a un patrimoine. En un mot, toute personne a un patrimoine. Et, seule la personne physique ou morale est titulaire de patrimoine. On dit pour cela que le patrimoine est un attribut de la personnalité. - Le patrimoine est unique : En effet, une personne ne peut avoir qu’un seul patrimoine. Ainsi, pour un commerçant on ne distingue pas son patrimoine commercial de son patrimoine familial. -

Le patrimoine est incessible mais transmissible : Le patrimoine

ne peut être cédé à une autre personne. Souvent, ce sont les éléments actifs qui le composent qui peuvent être cédés entre des personnes vivantes. A contrario, il peut être transmis dans son ensemble à son héritier. Mais, seulement lorsque le titulaire du patrimoine est décédé.

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Le patrimoine forme une universalité de droit : C’est-à-dire, il constitue un ensemble indissociable. Dès lors, on ne peut séparer dans un patrimoine, les biens des dettes et obligations. Mieux, il est impossible de séparer l’actif du passif. En conséquence, le patrimoine ne peut être transmis à une personne que, dans son intégralité, en bloc. C’est pourquoi, un héritier ne peut pas vouloir prendre seulement les biens du défunt : L’actif du patrimoine et laisser ses obligations et dettes : Le passif du patrimoine. -

Le patrimoine est évaluable en argent. C’est-à-dire, le

patrimoine ne comprend que des éléments pécuniaires. Ainsi, tous les éléments non évaluables en argent ne font pas partie du patrimoine. PARAGRAPHE 2 : LES ELEMENTS DU PATRIMOINE Tout patrimoine comprend : un actif et un passif. (Cf. schéma cidessous, P. 94). Le passif du patrimoine est constitué par l’ensemble des obligations évaluables en argent. Nous étudierons le régime juridique des obligations dans la 3e partie du présent cours. Perçu du côté actif, le patrimoine se compose de biens corporels mais aussi de biens incorporels, c’est-à-dire des droits, qu’il convient d’examiner tout de suite avant d’aborder les premiers cités.

SCHEMA RECAPITULATIF DES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU PATRIMOINE

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Le Patrimoine Comprend : Au Passif

À l’Actif

Droits réels

Droits personnels Droits de créance.

Obligations

Une chose

Un débiteur

Un créancier

A-

LES BIENS INCORPORELS : LES DROITS

Ce sont des biens qui ne sont pas matérialisés, c’est-à-dire, qu’ils n’ont pas d’existence physique. Ce sont des droits. Certains droits subjectifs ne sont pas susceptibles d’évaluation pécuniaire et donc ne font pas partie du patrimoine de la personne qui en est le titulaire : Ce sont les droits extrapatrimoniaux. Par exemple : Le droit au nom, le droit à la famille, le droit à l’honneur, le droit à la vie privée, le droit à l’image, etc.

1-

LES DROITS REELS

Le droit réel est une prérogative qui confère à son titulaire un pouvoir direct sur une chose, un objet. Ce droit établit un rapport entre une personne et une chose. a) LES DROITS REELS PRINCIPAUX Les droits réels principaux sont : Le droit de propriété, l’usufruit et la servitude.

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A côté des droits réels principaux, il existe des droits réels accessoires : Gages, hypothèques, privilèges, qui ne sont rien d’autre que des garanties réelles pour l’exécution d’une obligation. a) LES DROITS REELS ACCESSOIRES Encore appelés droits réels de garantie, les droits réels accessoires sont des droits qui ne peuvent exister de façon autonome. Ils sont rattachés à un autre droit.  Les effets des droits réels : Le droit réel confère les prérogatives suivantes à son titulaire : -Le droit de rétention, (Art. 2082 du Code civil) -Le droit de préférence, (Art. 2073 du Code civil) -Le droit de suite, 2- LES DROITS PERSONNELS Encore appelé droit

de

créance, le

droit

personnel désigne

généralement le droit d’exiger la remise d’une somme d’argent ou d’une chose. Ce droit permet au créancier d’exiger d’une autre personne, le débiteur, la restitution de quelque chose ou d’une somme d’argent. A l’opposé du droit réel, le droit personnel s’exerce contre une personne et non directement sur une chose. ALES BIENS CORPORELS : LES MEUBLES ET LES IMMEUBLES Tous les biens corporels sont meubles ou immeubles. 1- LES BIENS MEUBLES

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La loi civile distingue deux (2) types de biens meubles : Les biens sont meubles par leur nature, ou meubles par la détermination de la loi. « Sont meubles par leur nature, toutes les choses qui peuvent se transporter d’un lieu à un autre, par elles-mêmes, (…) ou par l’action d’une force étrangère ». (Article 528 Code civil). Par exemple : Les choses inanimées : la voiture, l’ordinateur, le costume, etc, et les choses animées ou vivantes : les animaux. Selon les dispositions de l’article 529 du Code civil, sont meubles par la détermination de la loi, les obligations et actions qui ont pour objet des sommes exigibles ou des effets mobiliers, les actions ou intérêts appartenant à des compagnies de finance, de commerce ou d’industrie. 1- LES BIENS IMMEUBLES Aux termes de l’article 517 du Code civil, « Les biens sont immeubles, ou par leur nature, ou par leur destination, ou par l’objet auquel ils s’appliquent. » De ce texte, on distingue trois (3) types de biens immeubles :  Les immeubles par nature,  Les immeubles par destination,  Les immeubles par l’objet auquel il se rapporte.

TABLEAU DE CLASSIFICATION DES BIENS J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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NATURE

BIENS CORPORELS Meubles par nature

BIENS INCORPORELS -

Droits Mobiliers Droits incorporels portant sur des immeubles. Ex : usufruit d’un Immeuble, servitude

-

Créance immobilières Ex : Si après la vente d’un immeuble la remise de la chose n’est pas effectuée immédiatement, l’acheteur devient créancier de la remise de l’immeuble.

-

Droits réels immobiliers Droits incorporels portant sur des immeubles. Ex : usufruit d’un immeuble, servitude.

-

Créances immobilières Ex : Si après la vente d’un immeuble la remise de la chose n’est pas effectuée immédiatement, l’acheteur devient créancier de la remise de l’immeuble.

Toutes choses susceptibles de déplacement de leur propre mouvement ou par la main de l’homme.

BIENS MEUBLES

Ex : Animal, Voiture. -

-

Meubles par anticipation Immeubles fictivement considérés comme meubles Ex : récolte vendue sur pied. Immeuble par nature : Le sol et tout ce qui y adhère.

Ex : fonds de terre (Terrain nu), construction, Plantation. -

BIENS IMMEUBLES

-

Immeuble par destination : Meubles considérés fictivement comme immeubles parce que placés par le propriétaire du fond pour le service et l’exploitation de ce fonds. Ex : Animaux de labours, machines industrielles, matériel d’un hôtel. Immeubles par l’objet auquel ils se rapportent : L’usufruit et la servitude sont des droits réels considérés comme des immeubles parce qu’ils se rapportent à un immeuble.

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CHAPITRE II : LA CAPACITE ET L’INCAPACITE JURIDIQUES DES SUJETS DE DROIT L’étude relative à la capacité et à l’incapacité juridiques se rapporte en principe aux personnes juridiques, sujets de droit. Toutefois, nous limiterons la présente, aux seules personnes physiques, pour avoir consacré certains développements antérieurs à la capacité juridique des personnes morales. Ainsi, la capacité juridique des personnes physiques d’une part, et d’autre part leur incapacité seront séparément étudiées. SECTION 1 : LA CAPACITE JURIDIQUE DES PERSONNES PHYSIQUES La notion de capacité doit être précisée avant d’en examiner le contenu. PARAGRAPHE 1 : NOTION DE CAPACITE Pour

participer

à

la

vie

juridique,

tout

individu

doit

être

juridiquement apte à apprécier l’étendue et la portée de ses actes. C’est cette aptitude qui est la capacité juridique. Elle se définit comme l’aptitude, à acquérir des droits et à pouvoir les exercer. En principe tout individu est présumé capable. C’est-à-dire, chaque être humain est censé avoir cette faculté. Mais, certaines personnes sont déclarées incapables, On distingue deux (2) aspects dans la notion de capacité juridique qu’il convient d’étudier. PARAGRAPHE 2 : LE CONTENU DE LA CAPACITE JURIDIQUE

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La notion de capacité renferme deux réalités dont l’une est passive, c’est la capacité de jouissance et l’autre active : la capacité d’exercice. A-

LA CAPACITE DE JOUISSANCE

La capacité de jouissance d’une personne physique est son aptitude à être titulaire de droits. Par exemple : Le droit de se marier, le droit d’acquérir des biens, le droit de se plaindre en justice, etc. A-

LA CAPACITE D’EXERCICE

C’est l’aptitude du titulaire d’un droit à accomplir des actes auxquels se rapporte ce droit. Par exemple : Pierrot est un jeune homme de 12 ans. Il a hérité de son père défunt d’un immeuble R+2 dont il est désormais propriétaire. Pierrot est titulaire d’un droit de propriété. On dit qu’il a la capacité de jouissance. Toutefois juridiquement, Pierrot, étant mineur ne peut ni louer son immeuble, ni le vendre lui-même. On dit qu’il n’a pas la capacité d’exercice. SECTION 2 : L’INCAPACITE DES PERSONNES PHYSIQUES Toute personne physique est présumée capable. Ainsi, il n’y a d’incapacités que dans les cas prévus par la loi. PARAGRAPHE 1 : L’INCAPACITE DU MINEUR Selon les dispositions de l’article 1er de la loi n°70-483 du 2 août 1970 sur la minorité, « Le mineur est l’individu de l’un ou de l’autre sexe qui n’a pas encore atteint l’âge de 21 ans accomplis. »

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ALE REGIME JURIDIQUE DU MINEUR NON EMANCIPE Le mineur non émancipé est frappé d’une incapacité générale d’exercice de ses droits. Cela signifie qu’il ne peut accomplir tout seul les actes de la vie civile. Ainsi, les actes juridiques accomplis par le mineur sont nuls pour cause d’incapacité. La loi prévoit deux (2) mécanismes de protection du mineur non émancipé : La puissance paternelle et la tutelle. La puissance paternelle est l’ensemble des droits et obligations des père et mère sur la personne et les biens de leur enfant mineur. La tutelle est la mesure de protection du mineur lorsque son père et sa mère sont dans l’impossibilité d’assurer la puissance paternelle pour cause de décès, d’incapacité ou d’absence. B- LA SITUATION JURIDIQUE DU MINEUR EMANCIPE L’émancipation

est

une

technique

juridique

dont

l’effet

est

d’accorder par anticipation au mineur la capacité d’accomplir tous les actes de la vie civile comme s’il était majeur. Elle s’opère de deux (2) manières : -Par le mariage du mineur. -Par la volonté des parents Le mineur émancipé est désormais responsable des dommages qu’il cause à autrui. Toutefois, il doit obtenir l’autorisation parentale lorsqu’il veut se marier, (Art.115 Code civ.) ou faire du commerce. (Art.114 Code civ.) Le droit soumet certains majeurs au régime de l’incapacité. PARAGRAPHE 2 : L’INCAPACITE DES MAJEURS J. & I. N’GORAN, COURS DE DROIT CIVIL, HEC-AD, LICENCE 1, 2014 / 2015

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En principe, toute personne qui a au moins 21 ans, est pleinement capable d’exercer tous les droits dont elle est titulaire. Il en résulte que l’incapacité des majeurs est une situation exceptionnelle. Est incapable toute personne majeure dont l’état de santé mental ou physique constaté médicalement, nécessite une protection. Le législateur a défini deux (2) régimes distincts de protection du majeur incapable en fonction de la gravité de son état. A-

L’INTERDICTION JUDICIAIRE

C’est le régime de protection destiné au majeur qui se trouve dans un état habituel d’imbécilité, de démence et de fureur. Il faut entendre par fureur habituelle, la démence à un haut degré, qui pousse le sujet à des actes d’agression. C’est le cas par exemple d’un majeur qui poursuit des passants avec une machette en main. B- LE CONSEIL JUDICIAIRE OU LA CURATELLE Ce régime s’applique aux personnes majeures qui, sans être hors d’état d’exercer elles-mêmes leurs droits, ont besoin d’être assisté ou conseillé dans les actes de la vie civile.

TROISIEME PARTIE : LES OBLIGATIONS ET LA RESPONSABILITE CONSECUTIVE A LEUR EXECUTION

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