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Cours de psychologie sociale
CHAPITRE 1 - INTRODUCTION : Psychologie sociale : « Tente de comprendre et d’expliquer comment les pensées, les sentiments et les comportements des individus sont influencés par la présence réelle, imaginaire ou implicite d’autrui » G. Allport. Variation de la définition : - présence réelle (foule près de la machine à café), imaginaire (arriver à l’heure en cours) ou implicite (arrêt au feu rouge dans la nuit) d’autrui (individu) -> pensée, sentiment ou comportement individuels. - étude de l’influence sociale : différentes manières dont les gens ont un impact sur l’individu. La psychologie sociale = la psychologie du sens commun ? - non, mais les deux traitent des mêmes problèmes : se juger, juger autrui, expliquer et prédire son comportement, le comportement d’autrui -> générer des hypothèses sur le comportement social. - « Dans la vie quotidienne, nous ne pouvons pas nous permettre d’être des investigateurs, sceptiques, nuancés, obsessifs, testant chaque hypothèse possible quant au comportement de notre interlocuteur ; nous devons agir rapidement, en fonction d’idées préconçues, sans quoi il y a beaucoup à parier que nous n’aurons même plus d’interlocuteur ». Leyens - la psychologie sociale emprunte une voie scientifique, peut faire du sens commun un objet d’étude mais qui renvoie à l’utilisation d’une méthode scientifique. Pourquoi se méfier du sens commun ? - nous « testons » des hypothèses, mais souvent de façon partiale et incorrecte - Biais rétrospectif : tendance à surestimer notre capacité à prédire des évènements, une fois le résultat connu. - confirmation d’hypothèse : « les bons vins rouges sont chers ». - absence de conscience des théories implicites que nous utilisons, voir même refus. - juger l’intelligence d’un enfant : « ce qui est beau est bon ». - Test de Nisbett et Wilson : 4 pyjamas différents (378 personnes) et 4 paires de collants identiques (52 personnes) alignés sur une table : -> effet massif de la position : les individus préfèrent les articles sur la droite. En réponse à la question « pourquoi cette paire ? » les sujets répondent la texture, la couleur… Lorsqu’on l’on demande si il y a un effet de position, il y a un déni. Nous n’avons pas accès à nos processus internes. L’être humain est incapable de savoir quels sont des déterminants de ses comportements.
Des déterminants apparemment insignifiants : Test d’Isen et Levin « pièce oubliée » dans la partie « monnaie de retour » de cabines téléphoniques. Certaines cabines n’ont pas de pièce. Une femme faisait tomber des documents délibérément sur le chemin devant les sujets. Combien de personnes aident la femme ? 4 % du groupe sans pièce et 88 % du groupe avec pièce. Explication de l’aide : altruisme et générosité selon les sujets, présence de la pièce selon le psychologue social. Le situationnisme : - pour l’homme de la rue, le comportement social correspond aux traits de la personne. - pour le psychologue social, le comportement social est une réponse fournie par un individu donné, placé dans une situation particulière. Postulat de base : Dans la plupart des cas, ce qui détermine l’action de l’être humain, c’est moins le type d’individu qu’il représente que le type de situation auquel il est confronté. Le dilemme du prisonnier :
Test de Ross et Samuels : des étudiants sont « étiquetés » coopératif ou compétitif par leur chef d’étage de leur résidence sur le campus. Ils jouent au dilemme du prisonnier avec comme titre « Wall Street Game » pour certains et « jeu communautaire » pour d’autres.
- Le poids de la situation : des aspects apparemment insignifiants vont entraîner des effets immenses sur le comportement social, dépassant même des différences au niveau de la personnalité. Quelles caractéristiques de la situation ? - définition objective : récompenses, punitions - définition subjective : la psychologie sociale se distingue des autres sciences dans le sens où elle conçoit le comportement comme résultant de la façon dont les individus se représentent et interprètent le contexte. Kurt Lewin : Un individu est assis dans une pièce, en faisant confiance au fait que le plafond ne va pas tomber. Afin de comprendre le comportement de cet individu, faut-il considérer : - la probabilité « subjective » de cet individu à propos de la solidité de l’édifice. - la probabilité objective, définie par les ingénieurs. Subjectivité ? - Comprendre comment les individus construisent des impressions subjectives de leur monde. - Pas d’explication personnologique (« il est comme ça »), mais plutôt dégager l’influence de la situation, du contexte. - Règles générales du fonctionnement humain. - Motivations/buts fondamentaux. Qu’est ce qui guide cette interprétation/construction de la situation ? - Des buts fondamentaux vont modeler notre expérience de la situation (Fiske).
Comment étudier tout cela ? - la psychologie sociale est différente du sens commun. - C’est une science empirique, permettant de tester la validité de certaines observations ou idées. -> recours à une méthode La recherche en psychologie sociale : - C’est quoi ? Recueillir des données pour expliquer un comportement, une attitude, un phénomène (étude objective). - Quelles méthodes ? Une démarche, une procédure particulière, appliquée en vue de répondre à une ou plusieurs hypothèses. La recherche en psychologie sociale : - Théorie : ensemble cohérent de propositions falsifiables (=réfutables) qui décrivent ou expliquent un comportement, un phénomène. - Hypothèse théorique : proposition conditionnelle sur l’existence de lien entre deux variables. - Variable : facteur qui varie (âge, anxiété…). - Modalité : valeur de la variable.
Les méthodes en psychologie sociale : - Quoi ? (décrire) : observation, enquête, approche corrélationnelle. - Comment ? (expliquer) : expérimentation. L’observation : Observation systématique du comportement du sujet dans son milieu naturel ou en laboratoire à l’aide d’une grille d’observation (liste de comportements préétablis théoriquement pertinents). Inconvénients : certains comportements sont difficilement observables (comportements peu fréquents ou privés), et ne permet pas d’expliquer des relations de cause à effet entre variables. L’enquête : Recueil d’informations (attitudes, opinions, motivations) auprès d’un échantillon
représentatif de la population d’étude (mêmes caractéristiques que la population étudiée) à l’aide d’un questionnaire. Inconvénients : les réponses fournies peuvent ne pas refléter la réalité (mensonges, désirabilité sociale, théories naïves), reconstruction de réponses (mémoire), ne permet pas d’expliquer des relations de cause à effet entre variables. Mais elle permet cependant de calculer des corrélations entre variables. L’approche corrélationnelle : Etude systématique de la relation linéaire entre 2 variables (=source de relation). Est-ce que je peux prédire l’une en fonction de l’autre ? - Coefficient de corrélation : r (compris entre -1 et 1), indice mathématique reflétant la direction et la force d’une relation établie entre 2 séries de variables. Le calcul de corrélation peut se faire sur des données d’enquêtes, ou de différents tests. La corrélation : - corrélation positive : la valeur d’une variable augmente lorsque la valeur de la seconde augmente.
- corrélation négative : la valeur d’une variable diminue, lorsque la valeur de la seconde augmente.
Corrélation ne veut pas dire causalité (exemple : taux de glace vendu et criminalité). - Corrélation : lien linéaire entre variables, qui nous dit si ces variables sont associées, mais ne rend pas compte d’un schéma de cause à effet (X -> Y). Approche expérimentale : Procédure rigoureuse, contrôlée (en laboratoire) visant à établir si certaines variables (manipulées par l’expérimentateur) ont un effet sur d’autres variables mesurées X -> Y. - Avantages : méthode permettant d’étudier des relations de cause à effet -> méthode explicative des phénomènes. - Inconvénients : le laboratoire peut constituer un environnement artificiel, ne correspondant pas forcément à l’environnement naturel du sujet.
CHAPITRE 2 - LE SOI SOCIAL : Qui suis-je ? - cf. Twenty Statement Test de Kuhn et McPartland -> 20 réponses spontanées. Le soi peut être un objet de connaissance : - Socrate : « connais-toi toi-même ». - Etude du soi : connaissance que les gens ont sur eux-mêmes. - 2 composantes : le concept de soi (cognitive), et l’estime de soi (émotionnelle).
A/ Le concept de soi - La totalité des connaissances qu’un individu possède sur lui-même, relatives à ses caractéristiques et attributs. - Accumulation d’informations à travers le temps. Le test du rouge à lèvre (Lewis et Brooks-Gunn): rouge à lèvre appliqué sur le visage du bébé qui est placé devant un miroir (- de 15 mois : reconnaissance d’un partenaire social ; 15-16 mois : évitement ; 21 mois : s’essuie le visage -> mesure de l’émergence du concept de soi).
Les sources de connaissance sur soi : S’observer : « je dois aimer le fromage, j’en commande à chaque fois au restaurant ». On remarque ce que d’autres peuvent remarquer -> théorie de la perception de soi (Bem) : pas d’accès direct à nos états internes (attitudes, émotions), dans la mesure où les états internes sont faibles et ambigus. Inférer (déduire) ses états internes, ses attitudes, ses émotions à partir de l’observation de ses comportements et des conditions d’émergence de ceux-ci. - auto-perception et motivation : si on me donne une récompense (motivation extrinsèque), à faire ce que j’aime (motivation intrinsèque) ? Je peux penser que mon comportement est lié à la récompense. - Etude des feutres (Lepper, Green et Nisbett) : on étudie des enfants de 3 à 5 ans qui aiment dessiner avec des feutres, et on les classes en trois groupes (« promesse de récompense », « récompense inattendue à la fin » et « rien »). Deux semaines plus tard, on mesure le temps passé à utiliser les feutres en classe pour dessiner.
S’écouter : - Introspection : propre expérience intérieure (pensées et sentiments) et image de nousmêmes. - Les impressions d’observateurs basées sur la description de pensées et de sentiments (vs. comportement) des sujets sont plus pertinentes (Andersen). - Limites de l’introspection –> test de Wilson et Schooler : classer 5 confitures qui ont déjà été classées par des experts. Deux groupes : « analyse des réactions pour chaque confiture » et « rien ». Résultat : l’analyse (introspection) des caractéristiques a conduit à des décisions de moins bonnes qualités (marche aussi pour les relations interpersonnelles, la satisfaction de vie de couple -> test de Wilson et Kraft). Ecouter les autres : Les réactions des autres sont une source potentielle de connaissance (=le soi en miroir) : « De la même façon que nous voyons notre visage, notre allure et nos vêtements dans la glace, nous nous y intéressons parce qu’ils sont nôtres et en sommes ou non satisfaits, de la même façon, nous percevons dans l’imagination, dans l’esprit d’autrui, quelque idée de notre apparence, de nos manières d’être, de nos buts, actes, traits de caractère, etc. et nous en sommes diversement affectés » Cooley. - La manière dont nous pensons que les autres nous voient (famille, amis, collègues). - Test de Miller de la campagne écologique en classe : trois groupes d’enfants, « tu es propre », « tu devrais être propre » et « rien ». On mesure les déchets (emballages de bonbons) jetés à la poubelle après la campagne -> le groupe « tu es propre » est le plus propre, reflétant ainsi le nouveau concept de soi. Regarder les autres : « Comment as-tu fait ? » ; « Combien as-tu eu ? » - La comparaison sociale : activité par laquelle une personne se compare à autrui afin d’évaluer ou améliorer certains aspects du soi. - Connaissance des capacités du soi, en la mesurant aux autres - Nous comparons les aptitudes, les opinions (préférences, croyances, préférences futures).
B/ L’estime de soi : Définition : L’évaluation positive ou négative qu’une personne émet d’elle-même. - Echelle d’estime de soi de Rosenberg (« dans l’ensemble, je suis satisfait de moi » -> fortement en accord/désaccord). - Il faut distinguer l’estime de soi dispositionnelle ou « trait » (disposition stable de la personnalité) et l’estime de soi état (un regard éphémère sur soi-même : « je suis présentement satisfait de mon apparence »). Les sources de l’estime de soi (personnel): - L’individu s’évalue quotidiennement sur la base de ses échecs et réussites, en comparaison aux autres et à ses propres standards internes.
- Nous faisons tout pour maintenir une image de soi positive. - Perception biaisée : l’effet « meilleur que la moyenne ». Dans une étude, 80% des gens s’évaluent comme étant de meilleurs conducteurs que le conducteur moyen (McCormick). - Comparaison à des personnes qui réussissent moins bien que nous. L’identité sociale (lorsque le « je » devient « nous ») : - Qui suis-je ? Inclusion de rôles sociaux et d’appartenances. - Se catégoriser/se percevoir en tant que membre de groupe. - identité sociale : partie du concept de soi résultant de la conscience qu’a un individu d’appartenir à un groupe social, ainsi que de la valeur et de la signification émotionnelle qu’il attache à cette appartenance. - Type d’identité sociale : ethnicité, religion (suédois, auvergnat, protestant) ; affiliation politique (socialiste, communiste) ; vocation, profession (psychologue, étudiant) ; relations interpersonnelles (mère, adolescent, veuf) ; identités stigmatisé (alcoolique, obèse).
CHAPITRE 3 - LA FACILITATION SOCIALE : I/ Effet de la présence d'autrui : 1. L'effet de coaction : Qu'est ce qui se passe lorsqu'autrui réalise la même tâche que moi ? Expérience de Triplett, 1898 : Tâche : enrouler le plus vite possible du fil sur des moulinets de canne à pêche. Condition (variable indépendante VI) : - seul - avec d'autres qui réalisent la même tâche Mesure : temps mis pour enrouler le fil (variable dépendante VD). Résultats : Meilleurs performance en présence d'autrui. -> Effet bénéfique de la coaction sur la performance. FACILITATION SOCIALE = effet positifs de la présence d'autrui sur la performance. La simple présence d'autrui favorise-t-elle la performance ? 2. L'effet d'audience : Bergum et Lehr : Tache : surveiller l'ordre d'allumage de lampes VI : condition de travail : seul ou inspecté par un supérieur VD : exactitude de détection Résultats : meilleure exactitude en "inspection" 3. Conclusion : La présence d'autrui provoque une facilitation sociale. Ceci est vérifié pour les tâches simples. Que se passe-t-il avec des tâches complexes ? INHIBITION SOCIALE = détérioration des performances en présence d'autrui. Caractéristiques des tâches : - facilité/complexité - routine/nouveauté
II/ Explications : 1. Théorie du drive - Zajonc (1965) Compétition de réponses (une réponse exclut les autres).
Réponses "dominantes" (probabilité d'apparition plus élevée) vs réponses "subordonnées". La présence d'autrui provoque un éveil physiologique, une tension sur l’organisme.
Expérience avec les cafards (coaction) : - La réponse dominante est de fuir la lumière - 2 conditions : - seul - en couple - 2 types de labyrinthes : - en tube (réponse dominante correcte) - en croix (réponse dominante incorrecte)
Résultats : Les cafards du labyrinthe en tube sont plus rapides à trouver la chambre noire dans la condition coaction (réponse dominante correcte). Les cafards du labyrinthe en croix sont plus rapides à trouver la chambre noire dans la condition seule (réponse dominante incorrecte). L'audience et la coaction gênent l’acquisition (une maitrise non suffisante) et facilite la performance. La facilitation et l’inhibition sociale sont observées chez l'homme et chez l'animal, or les animaux ne craignent pas d'être évalués. => Pour Zajonc, cette influence ne peut pas être expliquée par la signification qu'on attribue à autrui (la crainte d'une évaluation). 2. Hypothèse de COTTRELL (1972) : Selon lui, la présence d'autrui n’est pas neutre. La signification d'autrui qui donne des renforcements (récompenses, punitions) s'acquière avec la socialisation. Hypothèse : les spectateurs évaluent la performance - coaction : compétition implicite entre les individus - crainte/anticipation de l'évaluation
Expérience de Cottrell (1968) : disparition de l'effet de facilitation si autrui a les yeux bandés. Expérience de Henchy et Glass (1968), avec 4 conditions :
1) seuls. 2) observés par des non-experts (présence d'autrui). 3) observés par des experts (présence d'autrui + évaluation). 4) seuls mais enregistrés pour une évaluation future par des experts (présence d'autrui symbolique + évaluation). Quelle est théoriquement la meilleure performance ? . D’après Zajonc : condition 2 et 3 (simple présence d'autrui). . D’après Cottrell : condition 3 et 4 (évaluation par des experts). Cette étude confirme l’hypothèse de Cottrell. En situation d'audience, la motivation du sujet dépend de la perception qu'il a de l'audience : s'il estime qu'il sera jugé, alors sa motivation augmentera ; par contre s'il estime qu'il ne sera pas jugé ou que l'audience n'est pas compétente pour le juger, alors sa motivation ne sera pas plus grande.
En situation de coaction, le processus est semblable : si le sujet n'estime pas être en compétition avec l’autre (s'il sait par exemple qu'il sera récompensé quelle que soit sa performance) alors sa motivation ne sera pas augmentée. Par contre s'il estime être en compétition, (parce qu'il y a un enjeu, par exemple), alors on observera une augmentation de la motivation. Dans les deux cas une forte motivation n'améliore pas forcément la performance, car le sens de l'effet dépend de la maîtrise que le sujet a de la tâche qu'il effectue. Si cette maîtrise est bonne, alors la présence d'autrui entraîne un phénomène de facilitation sociale. Par contre, si elle est mauvaise, il n'y a pas de facilitation (voire, une inhibition sociale).
CHAPITRE 4 - LA COMPARAISON SOCIALE : I/ Théorie de la comparaison sociale (Festinger): . Il y a un besoin d'évaluer ses aptitudes et ses opinions. . En l'absence de critères objectifs, pour réduire l'incertitude, la source d'information est autrui. . Mes opinions sont-elles "correctes", mes comportements sont-ils adaptés à la situation ?
II/ Direction de la comparaison sociale : Ex : "mon niveau de mathématiques est-il satisfaisant ? " Dimension de comparaison (ici, le niveau en maths). - Comparaison latérale (autrui semblable à soi sur la dimension de comparaison) : avec quelqu'un qui a le même niveau que moi en maths. - Comparaison ascendante (autrui supérieur à soi) : avec quelqu'un qui est meilleur que moi en maths. - Comparaison descendante (autrui inférieur à soi) : avec quelqu'un qui est moins bon que moi en maths.
III/ motifs de la comparaison sociale : 1. Auto-évaluation de ses opinions et aptitudes : Quels comportements adopter ? -> Incertitude Ex : ai-je raison de penser que je peux escalader cette montagne ? -> Aptitude Ex : ai-je les qualités requises pour faire des études de psycho plutôt que de droit ? -> Opinions (croyances) Ex : Ai-je raison de penser que ce projet politique est meilleur que tel autre ? Besoin de confirmation, de validation de ses opinions (partage social) => recherche de conformité, pressions à l'uniformité. Apprentissage des normes, des règles de conduite Comparaisons latérales ou ascendantes
2. amélioration de soi :
Festinger : "mouvement unidirectionnel vers le haut" (aptitudes) -> vouloir toujours faire mieux que les autres. Comparaisons ascendantes (autrui est un standard à atteindre). 3. rehaussement de soi : Test de Wills, 1981 : Valorisation de soi ("effet meilleur que la moyenne"). Protection de soi (se sentir mieux) => Comparaisons descendantes 4. Contradictions ? Vouloir être meilleur que les autres, unique OU semblable à autrui (pression à l'uniformité) ? La comparaison sociale permet de se définir comme un individu à la fois unique et semblable à autrui. Effet "Primus inter pares" = premier parmi ses pairs (PIP), ou Conformité supérieure de soi. Codol (1979) => Meilleur que les autres dans le conformisme aux normes groupales. 5. Autres motivations ? Affiliation sociale (grégarité) : partager ses expériences, ses émotions pour se rassurer (auto-évaluation : ai-je raison de ressentir de l'anxiété ?) Schachter : anxiété et affiliation (cf. TD3) Comparaison sociale de ses émotions.
IV/ Caractéristiques des cibles de comparaison : -Comparaisons libres -Festinger : recherche de similarité Les comparaisons sociales à des individus trop différents de soi ne sont pas informatives. => Similarité sur la dimension de comparaison. Théorie des attributs reliés (Goethals et Darley, 1977) - Caractéristiques de la cible de comparaison sociale qui permettent d'expliquer sa performance ou son opinion. - quels sont les attributs qui permettent d'expliquer ... . Aptitudes : effort fourni, entrainement, aide apportée par autrui... . Opinions : pression subie, sincérité de la personne... => Similarité sur les attributs reliés
V/ Différences individuelles dans l'utilisation de la comparaison sociale : Gibbons et Buunk (1999) - orientation à la comparaison sociale -> Plus forte propension à effectuer des comparaisons sociales. -> Effets de ces comparaisons sociales ressentis plus fortement.
VI/ développement des comparaisons sociales - rôle de l'école - 4 ans : affiliation et apprentissages des normes (rester assis en classe, lever la main pour parler...) - 7 ans : acquisition de connaissances sur soi - 8-9 ans : amélioration de soi Recherche de Huguet (2001) : - élève de 6ème - tâche anonyme de nomination de cibles de comparaison dans différentes matières -> Résultats : - 90 % des enfants nomment au moins un élève. - Comparaisons sociales à des cibles de même sexe dans 90% des cas. - les cibles changent d'une matière à l'autre. - Comparaisons sociales légèrement ascendantes préférées.
VII/ Effets des types de comparaisons sociales : Effet de contraste : on accentue la différence entre opinion/aptitude et celle d'autrui (on s'éloigne d'autrui). Effet d’assimilation : on accentue la similitude entre son opinion/son aptitude et celle d'autrui (on se rapproche d'autrui).
1. Comparaison ascendante : Comparaison sociale spontanée (Huguet, 2001) : - effet bénéfique sur les notes, motif d'amélioration de soi - source d'inspiration ("je peux y arriver moi aussi") - source d'information sur les stratégies => Assimilation Comparaison sociale ascendante forcée (Morse et Gergen, 1970) :
- étudiants avant un entretien d'embauche - présence d'un compère (cible de comparaison sociale) VI = cible de comparaison - "monsieur propre" : comparaison sociale ascendante - "monsieur sale" : comparaison sociale descendante VD = estime de soi (différence avant-après comparaison sociale) Résultats : - Mr propre : l'estime de soi diminue - Mr sale : l'estime de soi augmente => Contraste Effet néfaste (Gordjin et Stapel, 2006) : - VI = intelligence de la cible de comparaison (très brillante : comparaison très ascendante ; cible peu brillante : comparaison très descendante) => Comparaison forcée - VD = nombre de réponses corrects à un test de culture générale, sur 15.
2. Comparaison descendante : Interviews avec des patientes-cancer (Wood, Taylor et Lichtman, 1985) : - choix de comparaisons sociales descendantes - à court terme : effet positif sur le bien être - à long terme : possible état émotionnel négatif ("je pourrais être dans le même état bientôt"). Autres études : Comparaisons sociales ascendantes également (inspiration, information). Gerrard et Gibbons (2005) : Test sur des fumeurs, dans des séances de groupe pour arrêter de fumer
Choix de comparaisons sociales dans le groupe ? - ceux qui ont du mal à s'arrêter : comparaison sociale descendante - ceux qui arrivent à s'arrêter : comparaison sociale ascendante VD = taux d'arrêt de consommation (%) 6 mois à un an plus tard.
=> Assimilation
VIII. contextes et comparaison sociale : 1. contextes menaçants : = contextes susceptibles de porter atteinte à l'intégrité physique ou psychologique de l'individu. Echec scolaire répété et comparaissons sociales forcées ascendantes => Stratégie de comparaison sociale descendante 2. comparaisons intragroupe et intergroupe : a) Comparaison intragroupe : -> "Big fish little pond effect" = effet du "gros poisson dans une petite mare" (Marsh, 1987)
Etude de Seaton et Marsh (2008) :
b) comparaisons intergroupes : Exemple : à l'école -> quel est mon niveau scolaire ? - Choix de la cible de comparaison sociale d'un écolier : dans sa classe vs. dans une autre classe, voir une autre école ? Exemple : perception de justice au sein d'une entreprise -> Mon salaire est-il juste ? 3. Contexte culturel : White et Lehman, 2005 : Culture asiatique = culture collectiviste, importance des relations à autrui. => Hypothèse : davantage de comparaison sociale VI = origine des canadiens : européenne vs asiatique VD = choix de CS après passation d'un test Résultats : davantage de CS chez les canadiens d'origine asiatique, notamment des CS ascendantes. => Motivation à s'améliorer plus forte ?
CHAPITRE 5 - INFLUENCE SOCIALE : NORMES ET ROLES A l’origine : imitation sociale Gabriel Tarde (1890), les lois de l’imitation : - Régularité, cohérence du monde social (similarité des comportements). - Toutes les similitudes sont dues à des répétitions. - L’être social est imitateur par essence. Bandura (1971) : Théorie de l’apprentissage social L’imitation se découpe en 2 phases : acquisition et performance : - Acquisition : apprendre en observant le comportement de l’autre (modèle), attention sélective, rétention des informations. - Performance : reproduction spontanée du comportement. Renforcement vicariant : effet sur l’apprenant des résultats des actions du modèle (récompenses, punitions). Relation modèle – apprenant : un modèle cordial, sympathique, ou prestigieux est davantage imité. La similitude a également un rôle. Etude de Hornstein (1968) : - portefeuilles perdus à New York, contenant argent, chèque, informations concernant le propriétaire, et une lettre expliquant l’intention de restituer le portefeuille au propriétaire. - 2 conditions : lettre écrite avec un anglais bancal vs. anglais standard. - Taux de restitution : 33% vs. 70%. -> La lettre a défini le comportement à imiter, il y a davantage d’imitation avec quelqu’un qui nous ressemble (américain moyen). Réponses à des situations : leur dimension sociale Est-ce que l’imitation/ le mimétisme suffisent pour comprendre l’uniformité de nos comportement ? -> Non : c’est un jeu d’influence réciproque entre individus, au sein de groupes. Etude de Milgram, Bickman et Berkowitz (1969) - Piétons New-Yorkais, avec plusieurs complices (1, 2, 3, 5, 10 ou 15) ayant pour consigne de fixer 60 secondes le 6ème étage.
La preuve sociale : Lorsque nous percevons suffisamment de support social en faveur d’un comportement, nous avons tendance à émettre ce comportement.
Pourquoi ça marche ? - la probabilité de commettre une erreur est réduite (« si beaucoup le font, c’est qu’il y a une raison de le faire »). - Suivre les autres est la stratégie la plus facile, sans trop réfléchir.
L’effet Werther (Phillips, 1979) : Données basée sur 35 histoires de suicides publiées entre 1947 et 1968
Les vagues de suicides touchent la région géographique de publication du suicide et des tranches d’âge identiques -> rôle de la similarité.
Incertitude mutuelle : Lorsque nous ne savons pas comment il faut agir, nous prenons exemple sur autrui. Problème : eux-mêmes ne savent pas. -> Phénomène d’ignorance plurielle (silence en TD) Etude de Darley et Latané (1970) : Dans une salle d’attente, des étudiants remplissent un questionnaire (seules vs. avec deux autres participants vs. avec deux complices de l’expérimentateur). De la fumée rentre par la bouche d’aération. Les compères restent passifs, et continuent à remplir le questionnaire (si il y a une question de la part du participant, ils répondent « je ne sais pas »).
Normes sociales : - Des règles générales ou façons partagées de penser, de ressentir, et de se comporter que les individus approuvent et valorisent (Smith et Mackie, 1995). - Règles et prescriptions portant sur la façon de percevoir, de penser, de sentir, et d’agir. - Communes à tous les membres d’une société (ex : apporter une bouteille de vin) - Spécifiques à des sous-groupes, normes de rôles (rôle professionnel, rôles liées au sexe ; exemple : interdit de la vulgarité). Typologie : Codol (1975) : - Normes descriptives ou normes « de faits » : ce qui est fait de façon ordinaire, régulière (basé sur le consensus, habitude). - Normes désirables : ce qui devrait être fait, idéalement. Valeurs morales d’une société. Cialdini et Goldstein (2004) : - Normes descriptives : nous informent de ce qui est typiquement fait. - Normes injonctives : nous informes de ce qui est acceptable/répréhensible. Les fonctions des normes : Au niveau individuel : dissiper l’ambiguïté, information à propos de ce à quoi il faut s’attendre, de ce qui est accepté. Au niveau groupal : Système de référence commun permettant d’harmoniser les conduites (uniformité), qui traduisent et renforcent la cohésion et permettent l’identification mutuelle au groupe.
La formation des normes : Muzafer Sherif : Défi : trouver une situation anomique, une situation sans normes. Utilisation de l’effet autocinétique : une illusion visuelle. Objectifs de Sherif : - Que fera un individu placé dans une situation objectivement indéfinie dans laquelle il n’existe aucun cadre de référence ? - Réponse au hasard ou recherche de régularité ?
- Que fera un groupe de personnes placées dans cette même situation indéfinie ? - Tâche : estimation de l’amplitude du mouvement perçu (attention : le point est réellement immobile). - séances individuelles et séances en groupe. Résultats : Convergence des réponses : - condition seul : création d’un écart de variation et d’un point de référence à l’intérieur de cet écart (= norme individuelle), que les participants conservent avec une réduction de l’écart de variation. - en groupe : Condition Individuel-Groupe : norme individuelle est abandonnée au profit d’une norme commune. Condition Groupe-Individuel : formation d’une norme collective (influence mutuelles), conservée en séance individuelle (=intériorisation de la norme de groupe). Norme = échelle de référence, ou d’évaluation qui définit une marge de comportements, d’attitudes et opinions, permis et répréhensibles. Exemple : distance entre personne (la proxémie, Hall, 1963) Connaissance de la norme : - La norme a parfois un caractère implicite : vous apprenez la norme lorsque vous la transgressez. - Transmission et désapprobation implicites : froncement de sourcils, regards méchants. - Différences culturelles : écarts entre systèmes de référence. - Clarification, rappel de normes sociales à travers l’utilisation de l’humour (Meyer, 2000). Norme et contexte : Etude 5 de Cialdini (1990) : Prospectus sur les voitures stationnées d’un campus. - activation de la norme : « ne pas jeter sur la voie publique ». - non-activation : « aller au musée ». Condition non activation : 25% des automobilistes ont jeté le prospectus (contre 10%) -> Mieux vaut rappeler explicitement la règle que tabler sur son évocation spontanée. Etudes 1 : Salir un environnement sale vs. propre - les participants voyaient un compère salir vs. ne pas salir (le compère passe juste devant) un environnement propre vs. sale.
La désindividualisation : lorsque les normes dominent - les normes ne produisent pas toujours des comportements socialement désirables. - Idée de la foule chez Gustave LeBon : la personnalité consciente individuelle s’évanouit. Etre en groupe induit une sensation d’anonymat et un sentiment que les standards normatifs ne s’appliquent plus. Zimbardo (1970) : Etudiantes (groupes de 4) aident l’expérimentateur à faire passer un « test de créativité » à deux étudiantes, derrière un miroir sans tain. Erreurs sanctionnées par des chocs électriques (fictifs). 2 groupes : - désindividualisation : capuche, nom remplacé par un numéro, traités comme un groupe - contrôle : visage visible, badge avec nom VD : durée d’administration du choc électrique à chaque essai erroné. Résultats : le groupe « désindividualisation » délivre des chocs plus longs. Désindividualisation : réduction de la conscience de soi. Conduirait toujours à des comportements antisociaux (expérience de Zimbardo). OU Augmentation de l’identification au groupe (identité sociale saillante), conscience de soi comme membre d’un groupe (Richer, 1987) : - les normes sociales du groupe deviennent accessibles. - conséquence : dépend du type de norme (favorise des actes douteux au lieu de désirables). Accessibilité des normes de groupe : Johnson et Downing (1979) - 2 VI - groupe « Ku Klux Klan » : robes, toges, et capuches ressemblant à des bourreaux vs. groupe « infirmière » - condition anonyme (visage non visible) vs. Identifiable - Tâche : administrer des chocs électriques après essais erronés. - VD : choix de l’intensité du choc
Le pouvoir des rôles : Zimbardo (1971) : l’expérience de Stanford - participants recrutés par voie d'annonce (15 dollars par jour) pour participer à une « simulation de prison » - 24 étudiants sélectionnés en bonne santé physique et mentale (tests) - 2 groupes : les gardiens et les prisonniers. Gardiens : matraque, uniforme lunettes réfléchissantes (désindividualisation) et consigne « nous aurons tout le pouvoir, et les prisonniers aucun ». Prisonniers : blouse blanche et numéro (désindividualisation) - au fur et à mesure que l’expérience avance : gardiens sadiques, périodes d’exercices physiques forcés, privation de nourriture, tâches dégradantes. Arrêt de l’expérience au bout de 6 jours (sur 3 semaines prévues). Le poids de la situation : Certains rôles (rôle professionnel) permettent l’acquisition de compétences particulières et de normes (ici, l’agressivité, la brutalité sont permises) qui y sont liées. Importance du support institutionnel, assuré par une idéologie légitime (exemple : l’état, ici : les scientifiques). Limite de l’étude : - questions éthiques : les participants de cette étude n’ont pas signé de feuille de consentement les informant des détails de l’expérience. Rôle de leader de Zimbardo. - critique de Haslam et Reicher (2012) : tentatives de réplication de l’étude.
-> Phénomène d’insurrection des prisonniers : importance de l’identité sociale (de prisonnier) et du support social : expérience commune de subordination (« nous les prisonniers »), temps qui passe (formation de liens sociaux), perméabilité des échanges (sentiment d’un destin commun à tous les prisonniers). Les gardiens ont eu du mal à endosser leur rôle, problème de définition. Résultat : désorganisée, stressés.
CHAPITRE 6 - INFLUENCE SOCIALE : INFLUENCE MAJORITAIRE, INFLUENCE MINORITAIRE Influence sociale : Définition : on s’intéresse aux processus qui amènent les individus ou groupes à former, maintenir ou modifier leur façon de penser et d’agir dans des situations d’interaction sociale. Il faut donc : - des individus, ou groupes en relation - un objet (à propos duquel on va agir, ou penser) Butera et Pérez :
Travaux sur l’influence sociale : Les deux entités détiennent des rôles distincts : source et cible d’influence But : comprendre les relations d’interdépendance. Qu’est-ce qui motive ces entités à chercher l’accord ou le désaccord ? - caractéristiques de la relation des deux entités - caractéristiques de l’objet Recherche de validité : Postulat : désir d’avoir une perception exacte de la réalité. Individus motivés à estimer si leur croyances sont correctes (Festinger, 1950) Croyances comparées à étalon physique (l’eau boue à 100°) Autres croyances (ex : opinions politiques « pour qui voter ? ») : plus dur (=incertitude). Du coup, on prend en compte les jugements des autres. La certitude découle du consensus social.
La normalisation (travaux de Sherif) :
Situation : pas de norme préétablie. Situation de grande incertitude (stimulus ambigu). Les individus ont un statut égal, symétrique. Donc : influence réciproque. Ce qui a comme résultat la convergence des réponses. Les estimations individuelles finissent par converger vers un point de référence et une marge de variations collectives. Explication de Sherif : la dissipation de l’incertitude se fait à travers des moyens sociaux. Les informations fournies par les autres sont particulièrement informatives. De Montmollin (1965) : respect de la tendance centrale (les observations déviantes sont suspectes, non prises en compte). Allport (1962) : concessions réciproques, éviter le conflit. Moscovici (1985) : importance de l’engagement dans la tâche (ici faible) -> concessions équivalentes. Le consensus est un instrument pour arriver à des jugements valides (Festinger), surtout en absence de moyens objectifs (ex : effet autocinétique). Attente du consensus : Des tâches physiques simples devraient entraîner un consensus total (unanimité). Que se passe-t-il dans une situation où il y a certitude totale et pas forcément de consensus ? Travaux de Asch (1951, 1965) : S’intéresse au comportement d’un individu face à un groupe unanime, en désaccord avec lui. Cas particulier : le groupe a un avis contraire à l’évidence perceptive. Asch : l’individu peut se soulever au-dessus des pressions de groupe.
Résultats : - condition seul : 5% de mauvaises estimations - sur les 12 essais critiques (où la majorité se trompe) : 32% des estimations sont incorrectes (l’individu suit le groupe) -> réponses conformistes. - en moyenne, 3,84 erreurs dans le groupe expérimental et 0,08 dans le groupe contrôle. - 25% seulement des participants sont indépendants (ne suivent jamais le groupe). Conformisme : changement dans le comportement ou les opinions d’une personne, résultant d’une pression réelle ou imaginaire émanant d’un groupe de personnes (Aronson, 1972).
La situation Asch : - Tâche physique, objective : une influence est possible - Principe de base : s’il y a unanimité dans un jugement, c’est que celui-ci est valide. - Asch va s’intéresser au rôle de l’unanimité, et mener des variations expérimentales. - avec un compère en position 4 qui donne les bonnes réponses - résultat : le conformisme chute à 5,5% - avec un compère 4, qui donne une autre réponse erronée (encore plus extrême)
- Importance de l’unanimité : lorsqu’une personne brise le consensus (l’unanimité), ceci réduit le doute du participant quant au caractère correct de son appréciation (de son appareil perceptif). - Et si les réponses étaient données par écrit ? 12% seulement de réponses conformistes. - Le conformisme observé n’est pas uniquement motivé par la réduction de l’incertitude/l’apport d’informations par autrui. Deux raisons : - certitude complète : tâche simple et non ambigüe - les réponses à l’écrit diffèrent En fait, le groupe qui est devant lui (dont il est en désaccord) va aussi exercer une emprise (rapport de force implicite) sur lui du fait de son statut (ici numérique : majoritaire). Le conformisme aurait lieu tant que la relation à la source est saillante (Allen, 1965). Pression vers l’uniformité (Festinger, 1950) : perception de dépendance des membres d’un groupe quant à la bonne réalisation des objectifs. Fonction de locomotion (une divergence serait un obstacle). Peur de rejet : un groupe finit par rejeter le déviant (Schachter, 1951). Or, ceci heurte la motivation fondamentale à appartenir (Fiske, 2008). Influence informationnelle et normative (Deutsch et Gérard, 1955) : Influence informationnelle : conflit cognitif. Recherche de jugement en adéquation avec la réalité. La source semble émettre des réponses plus fiables, plus correctes. Utilisation d’autrui comme « instrument de jugement », apportant de l’information utile. Influence normative : conflit social. Gestion des relations avec autrui. Essayer de se faire « bien voir », pour tirer le maximum d’avantages de sa participation au groupe. Adhérence à la norme du groupe afin d’éviter le rejet, la punition. Ces deux types d’influences peuvent coexister dans la situation Asch. Deux niveaux de fonctionnement :
- privé (acceptation) : changement latent, profond, intériorisation des opinions du groupe. - public (soumission à la pression) : changement manifeste, conformisme de surface. Comparaison de réponses à la situation Asch par écrit/oralement : - par écrit : impossibilité de se faire repérer. Le suivisme manifeste va rétablir l’équilibre. Différents types de conformisme (Kelman, 1958 ; 1961) : - Acquiescement, complaisance : en apparence, les individus se soumettent pour s’éviter des désagréments (dévaluation, rejet). Acceptation publique sans qu’il y ait adhésion privée (ex : « oui maman… »). - Identification : un certain conformisme tant public que privé apparaît et dure aussi longtemps que dure le désir de maintenir des relations dans un groupe attrayant : il s’agit de changements qui durent autant que le groupe reste important pour nous. Nouer ou garder des relations avec ses membres devient important (ex : les hippies et Woodstock…). - Intériorisation : influence la plus durable. Nous croyons à la justesse des positions et opinions du groupe. Congruentes avec nos valeurs, nos idées et conduites ? Elles intègrent le système qui gère notre fonctionnement général (public et privé ; ex : les sectes…). Emprise de la source : - L’influence sociale a lieu car la source a une emprise sur la cible d’influence. - Le statut de la source (et le pouvoir qui en dérive) joue un rôle prépondérant. - Chez Asch, on se retrouve face à une majorité unanime : pouvoir de coercition (évitement de punition), pourvoir de récompense, expertise du groupe. - Autre dimension : le pouvoir légitime (structure hiérarchique, institutions). Bickman (1974) : 153 piétons New Yorkais Figure d’autorité rencontrée : - veste, cravate - uniforme de laitier - uniforme de policier
3 scénario : - « Ramasse le sac ! » : l’expérimentateur s’approchait du passant et lui demandait de ramasser un sachet de papier. - « Pièce et parcmètre » : l’expérimentateur s’approchait du passant et lui montrait un complice à côté d’une voiture garée n’ayant pas de monnaie, il lui demandait une pièce pour son parcmètre. - « Station de bus » : l’expérimentateur s’approchait d’un individu attendant seul à un abribus. Il lui demandait de ne pas attendre là.
Conformisme en actes/ conformisme en paroles : Situation Asch : conformisme en paroles Le groupe, une majorité numérique (quantitative) exerce une pression implicite, indirect (les membres du groupe n’échangent pas). Milgram : conformisme en actes Modification du comportement, suite à une pression explicite et directe (je t’ordonne) de la part d’une autorité (majorité qualitative), ayant un pouvoir tenu pour légitime. L’obéissance aux règles scolaires, familiales : facteur de socialisation. Chez l’enfant : rationalisation des conduites effectuées par obligation. Intériorisation des valeurs et normes des figures d’autorité.
Modèle fonctionnaliste de l’influence sociale : - Influence asymétrique, unilatérale - L’influence sociale a comme fonction de préserver l’ordre dominant, le statu quo (elle donne lieu au conformisme et à la reproduction sociale). - Elle est le privilège de l’expert prestigieux, du groupe de référence (la majorité l’emporte toujours…). - Rapport de dépendance entre la cible et la source. - Celui qui résiste à cette influence est considéré comme déviant. Il est sanctionné et ramené vers l’opinion majoritaire.. Un biais en faveur de la conformité ? - L’histoire de nos sociétés est marquée par des cassures, des révolutions… - L’influence sociale ne peut pas être le privilège de la majorité, le statu quo ne peut pas toujours dominer. De nouvelles idées doivent être capables de s’imposer (innovation). La déviance comme indicateur de statut élevé : - Hollander (1960) : théorie du crédit idiosyncrasique. Plus un individu se conforme, plus on lui concède de crédit. Le surplus de crédit (leader) lui permettra ensuite d’innover. - Expérience : travail en groupe sur des tâches impliquant des décisions. La qualité de cellesci détermine la récompense (argent). - 2 contributions possibles : solutions au problème (gagner plus d’argent) et organisation du
travail avant la prise de décision (ex : instauration de tours de parole). - Compère qui donne des solutions pertinentes. - Style respectant vs. transgressant les règles - Résultats : - réactions négatives aux transgressions du compère réalisées au début - s’il se conforme et reste pertinent : accumulation de crédit qui permet la déviance (l’innovation)
Passage du modèle fonctionnaliste au modèle génétique, interactionniste : - Evolution de la société : succession de phases stables, et de phases de transformation, de changement social. - Rupture du consensus, divergence : fonction adaptative car sources d’innovation. - Le système social est défini et produit par ceux qui y participent. - Tout les acteurs sociaux sont potentiellement cible et source d’influence. - La dynamique d’influence des groupes majoritaires ou minoritaires ne réside pas dans la dépendance source-cible, mais dans la création et gestion du conflit. Influence minoritaire : les travaux de Moscovici - Une minorité qui crée un conflit, serait capable d’influence une majorité. - Or, une minorité, contrairement à une majorité, ne dispose ni d’un nombre élevé de partisans, ni, le plus souvent, d’un statut élevé ou d’une autorité reconnue-> Comment faitelle ? - Style de comportement particulier : impliquée, fidèle à ses convictions, confiante pour prendre des positions nouvelles, rares ou impopulaires. Autonome, indépendante, et pas trop rigide ou dogmatique. - La clef : sa consistance
Moscovici, Lage & Naffrechoux (1969) : - Situation Asch avec des groupes de 6. Compères en 1 et 2 ou 1 et 4. - 36 diapositives toutes bleues (plus ou moins lumineuses). - Nommer la couleur à haute voix. - Condition consistante : les compères répondent « vert » - Condition inconsistante : « vert » à 24 essais.
Une différence d’intensité ? - L’influence minoritaire est moindre, mais une influence directe existe quand même - Pourquoi si peu ? Adopter le point de vue minoritaire reste déviant. - On résiste davantage à l’innovation qu’à la conformité. - L’influence aussi bien majoritaire que minoritaire peut provoquer un conflit entre l’opinion publique et privée d’un individu (Asch). - La direction de ce conflit diffère. Résolution du conflit : - Majoritaire : le conflit a tendance à disparaître de la scène publique (acquiescement). - Minoritaire : le conflit apparaît en public pour, sans forcément qu’on le sache, pour s’atténuer ou disparaître en privé… - L’influence minoritaire laisserait des traces plus profondes. - Complaisance vs. conversion Conflit avec la majorité : - Induit un processus de comparaison sociale (Festinger, 1954). - A priori, les autres ont raison -> réponse consensuelle et donc légitime. - Gestion de la relation à autrui. On adapte ses réponses par rapport aux autres, sans s’engager davantage dans un examen attentif de la situation. - Soumission, complaisance, sans réelle adoption de la position majoritaire. Conflit avec une minorité : - Examen approfondi de la position minoritaire. Pourquoi défendent-ils leur point de vue ainsi ? - Le comportement attire l’attention sur la minorité, signale l’existence d’une lecture alternative de la réalité. Il faut donc prendre en compte cette position et gérer le conflit cognitif (dépendance informationnelle). Centration sur le stimulus. - Conditions propices à la conversion, au niveau latent (profond)… - La présence de la source conduit à se positionner par rapport à elle. De coup, l’influence de la source minoritaire ne s’exercera réellement qu’en absence de celle-ci. Moscovici et Personnaz (1980) : Etude sur l’effet consécutif » : couleur complémentaire lorsqu’on coupe la diapositive. - Participants par paires. Série de diapositives. - Phase 1 : réponse par écrit (diapo) + échelle allant du jaune-orange au pourpre. 5 diapositives. On leur dit que : - influence minoritaire : 18,2% des sujets ont vu « vert » et 81,8% ont vu « bleu ». - influence majoritaire : 18,2% des sujets ont vu « bleu » et 81,8% ont vu « vert ». - Phase 2 : Phase d’influence. Le compère nomme « vert ». 15 diapositives. - Phase 3 : Par écrit (réponse confidentielle). 15 diapositives. - Phase 4 : Réponses par écrit, le compère quitte la salle sous prétexte qu’il a un rendezvous.
Caractéristiques de l’influence minoritaire : - L’influence minoritaire, contrairement à l’influence majoritaire, s’exerce de façon indirecte, au niveau latent, privé. - On parle de conversion plutôt que de complaisance (on n’observe rien au niveau manifeste). - Cette influence peut être différée, observable même lorsque la cible n’est plus là (nous restons seuls face à l’objet).
CHAPITRE 8 - ENGAGEMENT ET DISSONANCE COGNITIVE : Engagement : On s’intéresse à ce qui lie un individu avec ses actes, avec l’idée que seuls les actes sont réellement engageants. Lien causal :
Moriarty (1975) : les baigneurs - expérience sur une plage New-Yorkaise - vacancier (expérimentateur) s’installant à côté de baigneurs avec serviette et transistor. - Condition 1 : « Auriez-vous du feu ? » - Condition 2 : « Pourriez-vous surveiller mes affaires ? » - Complice vole le transistor Combien de baigneurs interviennent pour l’empêcher ? - Condition 1 : 20% - Condition 2 : 95% - Pourquoi l’avez-vous fait : « je suis courageux », « juste » - Qu’est ce qui expliquerait le comportement d’entraide ? - Adhérence à un comportement, une décision. Une fois la décision prise, on s’y tient. La véritable cause de nos comportements (le déterminant) est souvent différente des explications que l’on fournit (la signification) à propos de ceux-ci (Beauvois, 1994). - Nos comportements feraient nos idées. Peur de passer pour « une girouette ». Effet de gel de la décision (Lewin, 1947) : - 1942 : Guerre Mondiale. Situation critique, souci d’économie. - Défi : gouvernement américain voudrait amener les ménagères américaines à cuisiner les abats. 1) Conférencier (message persuasif : intérêt nutritionnel). Quelques mois après : 3% seulement déclarent cuisiner des abats. 2) Groupes de discussion et décision publique. Quelques mois après : 30%. Effet de gel : une fois la décision prise, tendance à y adhérer (et ceci, indépendamment des raisons qui conduisent les individus à prendre cette décision). Et si la décision initiale est mauvaise ?
Staw (1976) : - étudiants en école de commerce - se mettre dans la peau d’un PDG - Tâche : allouer un fond exceptionnel (10 millions de dollars) au département Recherche et Développement d’une entreprise. Choix entre deux filiales : produits de consommation vs. produits industriels. - Décision 1 avec un petit paragraphe d’explication - Deuxième fond exceptionnel (20 millions de dollars) à partager entre les deux filiales. Après inspection des chiffres d’affaires des deux filiales sur 5 ans. - Manipulation : filiale choisie vs. non choisie en temps 1 affiche des pertes vs. des gains. - Décision 2
Résultat : les étudiants investissent plus lorsque leurs décisions sont infructueuses. - L’escalade d’engagement : l’individu s’accroche à une décision, même lorsqu’elle est remise en cause par les faits. Persévérer lorsque c’est couteux : - Attendre le bus… le temps passe : perte minimal, continue mais but supraordonné : prendre le bus. Brockner, Shaw & Rubin (1979) : - Jeu « jackpot », mise de départ : 4 dollars - Compteur gradué : avance au rythme de deux chiffres par seconde. Partant de 1 à 500. - Jackpot de 2 dollars si on laisse le compteur tourner jusqu’à un chiffre X fixé à l’avance mais qu’on ne connait pas. Chaque unité coûte 1 centime. Pause toutes les 20 unités. - Condition « dire stop » (passive) vs. condition « dire allez » (active). - Annoncer la somme maximale à jouer à l’expérimentateur par écrit vs. pas d’annonce.
Le piège abscons : Caractéristiques (Joule et Beauvois, 2002)
- Décision de s’engager dans une dépense (argent, temps, énergie) pour atteindre un but donné. - L’atteinte du but est incertaine. - Impression que chaque (micro)dépense rapproche du but. - Le processus se poursuit sauf si l’individu décide activement de l’interrompre. - L’individu n’a pas fixé de limite à priori à ses investissement. Auto-manipulation vs. soumission induite : - escalade de l’engagement et piège abscons : l’individu lui-même prend la décision initiale. - nous pouvons parler de véritable « auto-manipulation ». - autrui peut aussi amener l’individu à faire ce qu’il n’aurait pas fait spontanément, ou ne pas faire ce qu’il ferait volontiers (un comportement problématique). Brehm et Cohen (1962) : - suite à l’intervention policière brutale dans un campus américain = attitude négative des étudiants à l’égard de la police. - chercheurs demandent à des étudiants de générer des arguments en faveur de cette intervention par écrit. - proposition de rémunération : 50 cents vs. 10 dollars - Puis, mesure de l’attitude envers l’intervention de la police. Résultats : les participants ayant été rémunérés 50 cents changent beaucoup plus d’attitude en faveur de l’intervention que les participants rémunérés 10 dollars.
La théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957) : - Théorie basée sur le rapport entre éléments (cognitions) de notre système cognitif. - Cognitions : connaissances, opinions ou croyances sur l’environnement, sur soi ou sur son propre comportement. - Les relations entre ces éléments peuvent être : - dissonantes : je mange des épinards, je n’aime pas les épinards. - consonantes : je mange des épinards, j’aime les épinards. - non-pertinentes : je mange des épinards, aujourd’hui il pleut. Taux de dissonance : - lorsque des cognitions sont incompatibles, dissonantes entre elles, il y a état de dissonance cognitive (=état de malaise psychologique et physiologique, état de tension désagréable).
L’individu en état de dissonance tente de réduire cet état ou de restaurer la consonance. Plus le taux de dissonance est important, plus la tendance à réduire ou supprimer la dissonance est importante.
Mode de réduction : Mise en place de stratégies de restauration de la consonance au sein du système cognitif : modes de réduction de la dissonance cognitive. Solution : - modifier une cognition pour la rendre consonante avec l’autre. - ajouter des cognitions consonantes Cognition à l’origine de la dissonance : plus résistante au changement (connaissance du comportement actuel).
CHAPITRE 9 - PSYCHOLOGIE SOCIALE APPLIQUEE : I/ Psychologie sociale appliquée à la santé : 1. Dissonance cognitive : Aronson, Fried et Stone (1991) : Dissonance cognitive : inconfort psychologique qui résulte de cognitions incompatibles entre elles. Rapportent leurs difficultés passées à utiliser les préservatifs (vs. condition contrôle : aucun questionnaire) -> VI1 Les participants doivent donner des arguments sur l’utilisation de préservatifs en privé vs. en public (avec but de persuader des lycéens) -> VI2
2. Norme : Normes : règles générales ou façons partagées de penser, ressentir, et se comporter que les individus approuvent et valorisent => les normes guident nos comportements. Théorie de la norme sociale (Berkowitz, 2003) : - Perception incorrecte de la norme (cf. TAR et TCP) - Ignorance plurielle : quand nous ne savons pas quoi penser ou comment nous comporter, nous nous tournons vers autrui pour savoir quoi faire. Or, les autres font sans doute la même chose et ne savent peut-être pas non plus. => Il faut rétablir la norme « correct ». Problématique : Résoudre les problèmes d’alcool sur les campus (binge drinking) Constat : norme descriptive incorrecte :-> les étudiants pensent que les autres étudiants boivent beaucoup plus qu’en réalité.
- seuls 40% des étudiants disent boire plus de 5 verres en soirée (comportement réel). - 70% des étudiants pensent que la plupart des étudiants boivent plus de 5 verres (croyance).
Prentice & Miller (1993) : fausse croyance => augmentation de la consommation d’alcool. Haine (2003) : - Mise en place d’une campagne d’information (affiches, flyers, journal du campus). - Cible = tous les étudiants qui boivent de l’alcool (90% des étudiants) => campagne généralisée sur l’ensemble du campus. - Source du message : professionnels de la santé (évalués comme plus crédibles par les étudiants). - Message : « la plupart des étudiants boivent modérément » (et quelques indications pour ne pas prendre de risque). Résultats sur 10 ans : - 37 % de réduction dans la perception de la consommation d’alcool à haut risque (norme). - 30% de réduction dans la consommation réelle des étudiants. - 20% de réduction des accidents liés à l’alcool (causés à soi ou autrui). - Taux de consommation d’alcool stable sur d’autres campus américains qui n’ont pas bénéficiés de cette campagne.
II/ Psychologie sociale appliquée à la justice : 1. Délinquance : Van Duüren & Di Giacomo (1996) : Délinquance = phénomène de groupe Hypothèse = situation de dévalorisation sociale => vulnérabilité aux influences sociales => comportements anti-sociaux (ex : tricher). - Participant passe une tâche en même temps qu’un compère VI : valence du feedback (positif ou négatif) donné devant le compère -> dévalorisation sociale. - Expérimentateur laisse tomber un carnet de tickets de métro en partant. - le compère propose de partager les tickets -> influence sociale. VD : % de participants qui volent le carnet de tickets.
2. Témoignage – effet de désinformation : Loftus & Doyle (1992) : - 72% des jurés rendent un verdict de culpabilité lorsqu’il y a témoignage oculaire vs. 18% en son absence => poids très important.
- Effet de désinformation (Loftus) : façon dont des informations extérieures sont communiquées après la survenue des faits (ex : dans la presse) modifie nos souvenirs sur ce qui s’est passé. Loftus et Palmer (1974) : 1ère phase : - visionnage d’accidents de voitures - Question sur l’accident – parmi lesquelles : « A quelle vitesse les voitures se sont-elles… » : - « … touchées » - « … fracassées » - Aucune question sur la vitesse des voitures -> VI : faux souvenir (collision légère, collision violente, contrôle) 2ème phase : une semaine plus tard : - Parmi les questions : « Avez-vous vu des éclats de verre ? » (en réalité, aucun éclat) -> VD Résultats, % de personnes qui disent avoir vu des éclats de verre : - condition contrôle : 12% - condition « collision légère » (« touchées ») : 14% - condition « collision violente » (« fracassées ») : 32% -> et vitesse estimée supérieure en condition « collision violente ».
3. Interrogatoire – fausses confessions : Kassin & Kiechel (1996) : 3 types de fausses confessions : - volontaire (absence de contraintes extérieures). - forcées-soumission (pour éviter des conséquences aversives, cf. complaisanceacquiescement de Kelman, 1958). - Forcées-intériorisées (on finit par penser être effectivement coupable) -> paraissent les plus improbables, MAIS situation de soumission à l’autorité. Déroulement de l’expérience : - Un compère lit des lettres à taper le plus vite possible. - Surtout ne pas appuyer sur « alt » sinon le programme va être bloqué et les données seront perdues. - Bug, l’expérimentateur accuse le participant d’avoir appuyé sur la touche défendue. VI1 : Niveau de vulnérabilité des participants (vitesse de lecture élevée vs. normale). VI2 : Preuve incriminante = témoignage du compère (dit avoir vu vs. dit n’avoir rien vu). 3 mesures d’influence (VD) : - l’expérimentateur demande au participant de signer une « confession » (soumission). - l’expérimentateur dit au participant suivant (un compère) qu’il doit refixer un rendez-vous, enregistrement de la conversation entre le participant et le compère (« j’ai appuyé » ou « Il dit que j’ai appuyé » ?) (Intériorisation).
- l’expérimentateur fait à nouveau entrer le participant dans la salle d’expérimentation et lui demande de refaire les gestes (affabulation, faux souvenir).
4. Jugement – jury : Jurys et influence minoritaire (ex : pièce « 12 hommes en colère ») . Influence des médias : plus la couverture médiatique d’un procès est importante, plus on juge la personne coupable de ce dont on l’accuse (Kramer, Kerr et Carroll, 1990). Le juge peut exiger la non prise en compte de certaines infos. Mais problème potentiel : la réactance. Que se passe-t-il si l’information « interdite » provient de l’un des membres du jury luimême ?
Clark (1994) : VD : évaluation de la culpabilité de l’accusé 5 groupes : - groupe contrôle. - groupe « minorité non censurée » : 3 arguments avancés par la minorité. - groupe « minorité censurée pour 1 argument sur 3 : un argument déclaré non recevable par le juge et censuré. - groupe : « minorité censurée pour 2 arguments ». - groupe « minorité censurée pour 2 arguments et exclue » : le juge censure et remplace le juré.
CHAPITRE 10 - LA PENSEE SOCIALE : I/ Les formes de la connaissance : 1. Le regard psychosocial : « Il se traduit par une lecture ternaire des faits et des relations. Sa particularité est de substituer à la relation à deux termes du sujet et de l’objet (…) une relation à trois termes : sujet individuel – sujet social – objet » Moscovici, 1984.
2. Deux illustrations de la pensée sociale : - La rumeur d’Abbeville : en mars 2001, plus de 300 communes ont une inondation. Les habitants d’Abbeville ne croient pas que l’eau vient d’un petit fleuve. La crue viendrait de la Seine, qui aurait été dévié pour sauver Paris d’une inondation. - L’image du SIDA : au début des années 80, l’apparition de cette maladie a créée plusieurs représentations de celle-ci. Des théories se sont fait sur les porteurs, et sur les vecteurs (sang et sperme). Le sida serait une « maladie punition » qui punit l’immoralité sexuelle. Ces termes étaient repris par les médias. Autre supposition : la contamination peut se faire via la sueur, par simple contact physique. Comment et pourquoi de telles constructions intellectuelles ? Un évènement survient et mobilise la peur, l’attention, et une activité cognitive pour comprendre et maitriser le danger. Ces exemples illustrent la pensée que se forge un groupe qui prend position.
3. Contexte de production de cette pensée : - Déficit d’information (dispersion de l’information) : les gens d’Abbeville ignorent les conditions climatiques, mais connaissent les enjeux politiques qu’implique leur proximité de Paris.
- Pression invitant à prendre position (pression à l’inférence) : Pressé d’avoir une réponse, ils ne vont pas chercher des informations complètes. Ils choisissent des informations utiles
pour agir. Nécessité de se positionner en tant que groupe par rapport au problème. La pensée est orientée vers la communication.
4. La polyphasie cognitive ou la coexistence de deux formes de connaissance : Polyphasie cognitive quand plusieurs formes de connaissance coexistent (chez un même individu/ dans un groupe) - La pensée scientifique, experte, avec sa rigueur, ses lois, son objectivité (informative). - La pensée sociale, de sens commun, profane, ordinaire, naïve, quotidienne (représentationnelle). -> suivant notre degré d’implication, nous pouvons utiliser une pensée plus informative ou une pensée plus représentationnelle, issu d’un bricolage intellectuel pour appréhender un phénomène inconnu.
5. La pensée sociale (ou pensée de sens commun) : - Pensée orientée vers la communication et l’action. - Comme toute pensée, elle met en œuvre 2 systèmes : - Système opératoire (différentes opérations mentales, associations d’idées, déduction…). - Système de contrôle (vérifie et sélectionne ce qui est produit par la pensée opératoire). - Particularité de son système de contrôle : suprématie des valeurs et des principes normatifs sur d’autres types de principes. Le style de la pensée sociale : - Formalisme spontané - dualisme causal (causalité de la science, la cause précède les faits ou la causalité phénoménale, où l’on pense que deux évènements qui se ressemblent sont liés). - primat de la conclusion - pensée orientée par la justification, non par la démonstration ou l’argumentation (la conclusion est su à l’avance). - nombreuses répétitions, forte redondance. Principes organisateurs de la pensée sociale : - l’analogie : permet de regrouper les idées et d’organiser les relations entre ces idées. - la compensation : exagérer les différences et les ressemblances, permet des jugements tranchés, c’est une pensée controversienne. Regrouper les idées et organiser les relations entre ces idées : caractère classificatoire de la pensée sociale. Cette pensée est sociale : « Le social y intervient par : - le contexte concret dans lequel se situent les individus et les groupes.
- par la communication qui s’établit entre eux. - par les cadres d’appréhension que fournit leur bagage culturel. - par les codes, valeurs et idéologies liés aux positions ou appartenances sociales spécifiques » Jordelet, 1984.
II/ Les rumeurs : - Pour beaucoup : de fausses informations créées volontairement par des gens malveillants, au mieux mystificateurs. - Pour les chercheurs : l’expression collective des peurs et des espoirs des groupes sociaux. La rumeur : un syndrome avec 4 composantes/contenus (Rouquette, 1975) : - attribué à une source compétente ou proche (augmente la crédibilité, car la rumeur est invérifiable). - souvent négatif (catastrophique, anxiogène…). - implique et concerne directement les individus parmi lesquels il circule. - subit des transformations au cours de sa transmission. -> L’absence de l’une de ces composantes (sauf la deuxième) enlèverait la spécificité de la rumeur. Allport et Postman (1945), étude expérimentale sur 40 groupes : - situation du téléphone arabe - les sujets : des américains blancs, classe moyenne, doivent transmettre « de bouche à oreille » la description d’un dessin. - dessin : dans une rame de métro, deux hommes, un noir et un blanc. L’homme blanc tient dans la main un objet qui ressemble à un rasoir. - Seul le 1er sujet voit le dessin pendant quelques minutes. Ensuite, sans l’avoir sous les yeux, il raconte à un autre ce qu’il a vu. A son tour, ce 2ème sujet au suivant ce que le 1er lui a dit, et ainsi de suite. => Transformations quantitatives et qualitatives du contenu : - disparition des détails. - processus « d’épuration » reflétant une logique (accentuation, assimilation). -> Dans une rame de métro, un noir agresse un blanc. Ces transformations sont directionnelles, comme la pensée sociale, caractérisée par le primat de la conclusion qui est imposé par le système de contrôle. L’étude de la rumeur d’Orléans : Des jeunes filles auraient été droguées et enlevées dans des boutiques de modes tenues par des juifs pour être réduites à la prostitution. - analyse du contenu de la rumeur (ses variations, sa chronologie, contexte de son apparition). - étude du phénomène de la rumeur (tout un processus psychosocial).
4 phases (Morin, 1969) : - incubation - propagation - métastase - résorption Sur le plan symbolique, on a une mise en garde contre les dangers de l’émancipation des femmes, contre la modernisation, il est question d’antisémitisme.
III/ Les représentations sociales : « En tant que notion, la représentation sociale désigne : - une manière d’interpréter et de penser la réalité quotidienne. - l’activité mentale qui est déployée par les individus et par les groupes pour fixer leur position par rapport à des situations, évènements, objets et communications qui les concernent ». Jordelet, 1984. Définition : - connaissance spontanée qui se constitue à partir de nos propres expériences, des informations, savoirs, modes de pensée reçus et transmis par la tradition, l’éducation, la communication sociale. - sa visée est pratique. La fonction de la représentation sociale : - donner sens à des évènements et des actes. - nous permettre de comprendre et d’expliquer les faits et les idées qui font partie de notre univers ou qui y surgissent et d’agir en conséquence. Elle est aussi définie par un contenu (un produit) mais aussi par un processus (celui de se représenter).
Le contenu de la représentation sociale : - se réfère à un objet donné. - est produit par un sujet social (individu, groupe, classe sociale, communauté) en rapport avec un autre sujet. - s’élabore en fonction de la position que les sujets occupent dans la société. - toute représentation sociale est une représentation de quelque chose et de quelqu’un. Elle relie le sujet à l’objet ou « elle est le processus par lequel s’établit leur relation ». La représentation n’est pas identique à l’objet (elle n’est pas le double du réel). Elle est une construction (sociale) et non pas une reproduction. Elle comporte une part de création individuelle et/ou collective (du groupe, de la communauté). Son côté créatif se manifeste de différentes façons : par des raccourcis, des classifications… Processus sous-jacent à la formation d’une représentation :
- l’objectivation (rendre concret ce qui est abstrait) : par exemple la psychanalyse, la santé, la folie… - l’ancrage : il enracine la représentation de l’objet dans le système de pensée préexistant. (Dans des systèmes préalables de classification, de typologies de personnes ou d’évènements propres aux différents groupes, cultures ou sociétés avec leurs croyances, valeurs, les idéologies). De ce point de vue, l’identité des individus et des groupes est reflétée au travers les diverses significations présentes dans leurs représentations. Mots associés au stimulus « santé » : Jeunes Age moyen Personnes de +plus de 75 ans
Hommes Sport/sexe/force/ vigueur/vitalité Dynamisme/efficacité/ rendement/travail Repos/tranquillité/ confort
Femmes Beauté/bonne mine/ soleil Equilibre/diététique/ forme Joie/présence d’autre/ dialogue/bonheur
On le voit, les définitions de la santé des gens ordinaires débordent largement le corps somatique. Elles parlent de l’identité sociale de l’individu. Il en est de même des conceptions profanes de la maladie.