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Zitiervorschau

Cours de psychologie sociale

CHAPITRE 1 - INTRODUCTION : Psychologie sociale : « Tente  de  comprendre  et  d’expliquer  comment  les  pensées,  les   sentiments et les comportements des individus sont influencés par la présence réelle, imaginaire  ou  implicite  d’autrui » G. Allport. Variation de la définition : - présence réelle (foule près de la machine à café), imaginaire (arriver  à  l’heure  en  cours)  ou   implicite (arrêt  au  feu  rouge  dans  la  nuit)  d’autrui  (individu)  -> pensée, sentiment ou comportement individuels. - étude  de  l’influence sociale : différentes manières dont les gens ont un impact sur l’individu. La psychologie sociale = la psychologie du sens commun ? - non, mais les deux traitent des mêmes problèmes : se juger, juger autrui, expliquer et prédire son comportement, le comportement  d’autrui  -> générer des hypothèses sur le comportement social. - « Dans la vie quotidienne, nous  ne  pouvons  pas  nous  permettre  d’être  des  investigateurs,   sceptiques, nuancés, obsessifs, testant chaque hypothèse possible quant au comportement de notre interlocuteur ;  nous  devons  agir  rapidement,  en  fonction  d’idées  préconçues,  sans   quoi  il  y  a  beaucoup  à  parier  que  nous  n’aurons  même  plus  d’interlocuteur ». Leyens - la psychologie sociale emprunte une voie scientifique, peut faire du sens commun un objet d’étude  mais  qui renvoie  à  l’utilisation  d’une  méthode  scientifique. Pourquoi se méfier du sens commun ? - nous « testons » des hypothèses, mais souvent de façon partiale et incorrecte - Biais rétrospectif : tendance à surestimer notre capacité à prédire des évènements, une fois le résultat connu. - confirmation  d’hypothèse : « les bons vins rouges sont chers ». - absence de conscience des théories implicites que nous utilisons, voir même refus. - juger  l’intelligence  d’un  enfant : « ce qui est beau est bon ». - Test de Nisbett et Wilson : 4 pyjamas différents (378 personnes) et 4 paires de collants identiques (52 personnes) alignés sur une table : -> effet massif de la position : les individus préfèrent les articles sur la droite. En réponse à la question « pourquoi cette paire ? » les sujets répondent la texture, la couleur…  Lorsqu’on  l’on  demande  si  il  y a un effet de position, il y a un déni.  Nous  n’avons   pas accès à nos processus internes.  L’être  humain  est  incapable  de  savoir  quels  sont  des   déterminants de ses comportements.

Des déterminants apparemment insignifiants : Test d’Isen et Levin « pièce oubliée » dans la partie « monnaie de retour » de cabines téléphoniques.  Certaines  cabines  n’ont  pas  de  pièce.  Une  femme  faisait  tomber  des   documents délibérément sur le chemin devant les sujets. Combien de personnes aident la femme ? 4 % du groupe sans pièce et 88 % du groupe avec pièce. Explication  de  l’aide  :  altruisme  et  générosité  selon  les  sujets,  présence  de  la  pièce  selon  le   psychologue social. Le situationnisme : - pour  l’homme  de  la  rue,  le  comportement  social  correspond  aux  traits  de  la  personne. - pour le psychologue social, le comportement social est une réponse fournie par un individu donné, placé dans une situation particulière. Postulat de base : Dans  la  plupart  des  cas,  ce  qui  détermine  l’action  de  l’être  humain,  c’est  moins  le  type   d’individu  qu’il  représente  que  le  type  de situation auquel il est confronté. Le dilemme du prisonnier :

Test de Ross et Samuels : des étudiants sont « étiquetés » coopératif ou compétitif par leur chef  d’étage  de  leur  résidence  sur  le  campus.  Ils  jouent  au  dilemme  du  prisonnier  avec   comme titre « Wall Street Game » pour certains et « jeu communautaire »  pour  d’autres.

- Le poids de la situation : des aspects apparemment insignifiants vont entraîner des effets immenses sur le comportement social, dépassant même des différences au niveau de la personnalité. Quelles caractéristiques de la situation ? - définition objective : récompenses, punitions - définition subjective : la psychologie sociale se distingue des autres sciences dans le sens où elle conçoit le comportement comme résultant de la façon dont les individus se représentent et interprètent le contexte. Kurt Lewin : Un individu est assis dans une pièce, en faisant confiance au fait que le plafond ne va pas tomber. Afin de comprendre le comportement de cet individu, faut-il considérer : - la probabilité « subjective »  de  cet  individu  à  propos  de  la  solidité  de  l’édifice. - la probabilité objective, définie par les ingénieurs. Subjectivité ? - Comprendre comment les individus construisent des impressions subjectives de leur monde. - Pas  d’explication  personnologique  (« il est comme ça »),  mais  plutôt  dégager  l’influence  de   la situation, du contexte. - Règles générales du fonctionnement humain. - Motivations/buts fondamentaux. Qu’est  ce  qui  guide  cette  interprétation/construction  de  la  situation ? - Des buts fondamentaux vont modeler notre expérience de la situation (Fiske).

Comment étudier tout cela ? - la psychologie sociale est différente du sens commun. - C’est  une  science empirique, permettant de tester la validité de certaines observations ou idées. -> recours à une méthode La recherche en psychologie sociale : - C’est  quoi ? Recueillir des données pour expliquer un comportement, une attitude, un phénomène (étude objective). - Quelles méthodes ? Une démarche, une procédure particulière, appliquée en vue de répondre à une ou plusieurs hypothèses. La recherche en psychologie sociale : - Théorie : ensemble cohérent de propositions falsifiables (=réfutables) qui décrivent ou expliquent un comportement, un phénomène. - Hypothèse théorique :  proposition  conditionnelle  sur  l’existence  de  lien  entre  deux   variables. - Variable :  facteur  qui  varie  (âge,  anxiété…). - Modalité : valeur de la variable.

Les méthodes en psychologie sociale : - Quoi ? (décrire) : observation, enquête, approche corrélationnelle. - Comment ? (expliquer) : expérimentation. L’observation : Observation systématique du comportement du sujet dans son milieu naturel ou en laboratoire  à  l’aide  d’une  grille  d’observation (liste de comportements préétablis théoriquement pertinents). Inconvénients : certains comportements sont difficilement observables (comportements peu fréquents  ou  privés),  et  ne  permet  pas  d’expliquer  des  relations  de  cause  à  effet  entre   variables. L’enquête : Recueil  d’informations (attitudes,  opinions,  motivations)  auprès  d’un  échantillon

représentatif de la population d’étude  (mêmes caractéristiques que la population étudiée) à l’aide  d’un  questionnaire. Inconvénients : les réponses fournies peuvent ne pas refléter la réalité (mensonges, désirabilité sociale, théories naïves), reconstruction de réponses (mémoire), ne permet pas d’expliquer  des  relations  de  cause  à  effet  entre  variables. Mais elle permet cependant de calculer des corrélations entre variables. L’approche corrélationnelle : Etude systématique de la relation linéaire entre 2 variables (=source de relation). Est-ce que je  peux  prédire  l’une  en  fonction  de  l’autre ? - Coefficient de corrélation : r (compris entre -1 et 1), indice mathématique reflétant la direction  et  la  force  d’une  relation  établie  entre  2  séries  de  variables.  Le  calcul  de  corrélation peut  se  faire  sur  des  données  d’enquêtes,  ou  de  différents  tests. La corrélation : - corrélation positive :  la  valeur  d’une  variable  augmente lorsque la valeur de la seconde augmente.

- corrélation négative :  la  valeur  d’une  variable diminue, lorsque la valeur de la seconde augmente.

Corrélation ne veut pas dire causalité (exemple : taux de glace vendu et criminalité). - Corrélation : lien linéaire entre variables, qui nous dit si ces variables sont associées, mais ne  rend  pas  compte  d’un  schéma de cause à effet (X -> Y). Approche expérimentale : Procédure rigoureuse, contrôlée (en laboratoire) visant à établir si certaines variables (manipulées  par  l’expérimentateur)  ont  un  effet  sur  d’autres variables mesurées X -> Y. - Avantages : méthode  permettant  d’étudier des relations de cause à effet -> méthode explicative des phénomènes. - Inconvénients : le laboratoire peut constituer un environnement artificiel, ne correspondant  pas  forcément  à  l’environnement  naturel  du  sujet.

CHAPITRE 2 - LE SOI SOCIAL : Qui suis-je ? - cf. Twenty Statement Test de Kuhn et McPartland -> 20 réponses spontanées. Le soi peut être un objet de connaissance : - Socrate : « connais-toi toi-même ». - Etude du soi : connaissance que les gens ont sur eux-mêmes. - 2 composantes : le concept de soi (cognitive),  et  l’estime de soi (émotionnelle).

A/ Le concept de soi - La totalité  des  connaissances  qu’un  individu  possède  sur  lui-même, relatives à ses caractéristiques et attributs. - Accumulation d’informations à travers le temps. Le test du rouge à lèvre (Lewis et Brooks-Gunn): rouge à lèvre appliqué sur le visage du bébé qui est placé devant un miroir (- de 15 mois :  reconnaissance  d’un  partenaire  social ; 15-16 mois : évitement ; 21 mois :  s’essuie le visage ->  mesure  de  l’émergence  du  concept  de  soi).

Les sources de connaissance sur soi : S’observer : « je dois aimer  le  fromage,  j’en  commande  à  chaque  fois  au  restaurant ». On remarque ce que  d’autres  peuvent  remarquer  -> théorie de la perception de soi (Bem) :  pas  d’accès  direct   à nos états internes (attitudes, émotions), dans la mesure où les états internes sont faibles et ambigus. Inférer (déduire) ses états internes, ses attitudes, ses émotions à partir de l’observation de ses comportements  et  des  conditions  d’émergence  de  ceux-ci. - auto-perception et motivation : si on me donne une récompense (motivation extrinsèque), à  faire  ce  que  j’aime (motivation intrinsèque) ? Je peux penser que mon comportement est lié à la récompense. - Etude des feutres (Lepper, Green et Nisbett) : on étudie des enfants de 3 à 5 ans qui aiment dessiner avec des feutres, et on les classes en trois groupes (« promesse de récompense », « récompense inattendue à la fin » et « rien »). Deux semaines plus tard, on mesure le temps passé à utiliser les feutres en classe pour dessiner.

S’écouter : - Introspection : propre expérience intérieure (pensées et sentiments) et image de nousmêmes. - Les  impressions  d’observateurs  basées  sur  la  description  de  pensées  et  de  sentiments (vs. comportement) des sujets sont plus pertinentes (Andersen). - Limites  de  l’introspection –> test de Wilson et Schooler : classer 5 confitures qui ont déjà été classées par des experts. Deux groupes : « analyse des réactions pour chaque confiture » et « rien ». Résultat :  l’analyse  (introspection)  des  caractéristiques  a  conduit  à  des  décisions   de moins bonnes qualités (marche aussi pour les relations interpersonnelles, la satisfaction de vie de couple -> test de Wilson et Kraft). Ecouter les autres : Les réactions des autres sont une source potentielle de connaissance (=le soi en miroir) : « De la même façon que nous voyons notre visage, notre allure et nos vêtements dans la glace,  nous  nous  y  intéressons  parce  qu’ils  sont  nôtres  et  en  sommes  ou  non  satisfaits,  de  la   même  façon,  nous  percevons  dans  l’imagination,  dans  l’esprit  d’autrui,  quelque  idée  de  notre   apparence,  de  nos  manières  d’être,  de  nos  buts,  actes,  traits  de  caractère,  etc.  et  nous  en   sommes diversement affectés » Cooley. - La manière dont nous pensons que les autres nous voient (famille, amis, collègues). - Test de Miller de la campagne écologique en classe :  trois  groupes  d’enfants,  « tu es propre », « tu devrais être propre » et « rien ». On mesure les déchets (emballages de bonbons) jetés à la poubelle après la campagne -> le groupe « tu es propre » est le plus propre, reflétant ainsi le nouveau concept de soi. Regarder les autres : « Comment as-tu fait ? » ; « Combien as-tu eu ? » - La comparaison sociale : activité par laquelle une personne se compare à autrui afin d’évaluer  ou  améliorer  certains  aspects  du  soi. - Connaissance des capacités du soi, en la mesurant aux autres - Nous comparons les aptitudes, les opinions (préférences, croyances, préférences futures).

B/  L’estime  de  soi : Définition : L’évaluation positive ou négative qu’une  personne  émet  d’elle-même. - Echelle  d’estime  de  soi  de  Rosenberg (« dans  l’ensemble,  je  suis  satisfait  de  moi » -> fortement en accord/désaccord). - Il  faut  distinguer  l’estime  de  soi  dispositionnelle ou « trait » (disposition stable de la personnalité)  et  l’estime  de  soi  état (un regard éphémère sur soi-même : « je suis présentement satisfait de mon apparence »). Les  sources  de  l’estime  de  soi (personnel): - L’individu  s’évalue  quotidiennement  sur  la  base  de  ses  échecs et réussites, en comparaison aux autres et à ses propres standards internes.

- Nous faisons tout pour maintenir une image de soi positive. - Perception biaisée :  l’effet  « meilleur que la moyenne ». Dans une étude, 80% des gens s’évaluent  comme  étant  de  meilleurs  conducteurs  que  le  conducteur  moyen  (McCormick). - Comparaison à des personnes qui réussissent moins bien que nous. L’identité  sociale  (lorsque  le  « je » devient « nous ») : - Qui suis-je ? Inclusion  de  rôles  sociaux  et  d’appartenances. - Se catégoriser/se percevoir en tant que membre de groupe. - identité sociale :  partie  du  concept  de  soi  résultant  de  la  conscience  qu’a  un  individu   d’appartenir  à  un  groupe social, ainsi que de la valeur et de la signification émotionnelle qu’il  attache  à  cette  appartenance. - Type  d’identité  sociale : ethnicité, religion (suédois, auvergnat, protestant) ; affiliation politique (socialiste, communiste) ; vocation, profession (psychologue, étudiant) ; relations interpersonnelles (mère, adolescent, veuf) ; identités stigmatisé (alcoolique, obèse).

CHAPITRE 3 - LA FACILITATION SOCIALE : I/ Effet de la présence d'autrui : 1. L'effet de coaction : Qu'est ce qui se passe lorsqu'autrui réalise la même tâche que moi ? Expérience de Triplett, 1898 : Tâche : enrouler le plus vite possible du fil sur des moulinets de canne à pêche. Condition (variable indépendante VI) : - seul - avec d'autres qui réalisent la même tâche Mesure : temps mis pour enrouler le fil (variable dépendante VD). Résultats : Meilleurs performance en présence d'autrui. -> Effet bénéfique de la coaction sur la performance. FACILITATION SOCIALE = effet positifs de la présence d'autrui sur la performance. La simple présence d'autrui favorise-t-elle la performance ? 2. L'effet d'audience : Bergum et Lehr : Tache : surveiller l'ordre d'allumage de lampes VI : condition de travail : seul ou inspecté par un supérieur VD : exactitude de détection Résultats : meilleure exactitude en "inspection" 3. Conclusion : La présence d'autrui provoque une facilitation sociale. Ceci est vérifié pour les tâches simples. Que se passe-t-il avec des tâches complexes ? INHIBITION SOCIALE = détérioration des performances en présence d'autrui. Caractéristiques des tâches : - facilité/complexité - routine/nouveauté

II/ Explications : 1. Théorie du drive - Zajonc (1965) Compétition de réponses (une réponse exclut les autres).

Réponses "dominantes" (probabilité d'apparition plus élevée) vs réponses "subordonnées". La présence d'autrui provoque un éveil physiologique,  une  tension  sur  l’organisme.

Expérience avec les cafards (coaction) : - La réponse dominante est de fuir la lumière - 2 conditions : - seul - en couple - 2 types de labyrinthes : - en tube (réponse dominante correcte) - en croix (réponse dominante incorrecte)

Résultats : Les cafards du labyrinthe en tube sont plus rapides à trouver la chambre noire dans la condition coaction (réponse dominante correcte). Les cafards du labyrinthe en croix sont plus rapides à trouver la chambre noire dans la condition seule (réponse dominante incorrecte). L'audience et la coaction gênent  l’acquisition (une maitrise non suffisante) et facilite la performance. La facilitation et  l’inhibition  sociale  sont observées chez l'homme et chez l'animal, or les animaux ne craignent pas d'être évalués. => Pour Zajonc, cette influence ne peut pas être expliquée par la signification qu'on attribue à autrui (la crainte d'une évaluation). 2. Hypothèse de COTTRELL (1972) : Selon lui, la présence d'autrui n’est  pas  neutre. La signification d'autrui qui donne des renforcements (récompenses, punitions) s'acquière avec la socialisation. Hypothèse : les spectateurs évaluent la performance - coaction : compétition implicite entre les individus - crainte/anticipation de l'évaluation

Expérience de Cottrell (1968) : disparition de l'effet de facilitation si autrui a les yeux bandés. Expérience de Henchy et Glass (1968), avec 4 conditions :

1) seuls. 2) observés par des non-experts (présence d'autrui). 3) observés par des experts (présence d'autrui + évaluation). 4) seuls mais enregistrés pour une évaluation future par des experts (présence d'autrui symbolique + évaluation). Quelle est théoriquement la meilleure performance ? . D’après Zajonc : condition 2 et 3 (simple présence d'autrui). . D’après Cottrell : condition 3 et 4 (évaluation par des experts). Cette  étude  confirme  l’hypothèse  de  Cottrell. En situation d'audience, la motivation du sujet dépend de la perception qu'il a de l'audience : s'il estime qu'il sera jugé, alors sa motivation augmentera ; par contre s'il estime qu'il ne sera pas jugé ou que l'audience n'est pas compétente pour le juger, alors sa motivation ne sera pas plus grande.

En situation de coaction, le processus est semblable : si le sujet n'estime pas être en compétition  avec  l’autre  (s'il sait par exemple qu'il sera récompensé quelle que soit sa performance) alors sa motivation ne sera pas augmentée. Par contre s'il estime être en compétition, (parce qu'il y a un enjeu, par exemple), alors on observera une augmentation de la motivation. Dans les deux cas une forte motivation n'améliore pas forcément la performance, car le sens de l'effet dépend de la maîtrise que le sujet a de la tâche qu'il effectue. Si cette maîtrise est bonne, alors la présence d'autrui entraîne un phénomène de facilitation sociale. Par contre, si elle est mauvaise, il n'y a pas de facilitation (voire, une inhibition sociale).

CHAPITRE 4 - LA COMPARAISON SOCIALE : I/ Théorie de la comparaison sociale (Festinger): . Il y a un besoin d'évaluer ses aptitudes et ses opinions. . En l'absence de critères objectifs, pour réduire l'incertitude, la source d'information est autrui. . Mes opinions sont-elles "correctes", mes comportements sont-ils adaptés à la situation ?

II/ Direction de la comparaison sociale : Ex : "mon niveau de mathématiques est-il satisfaisant ? " Dimension de comparaison (ici, le niveau en maths). - Comparaison latérale (autrui semblable à soi sur la dimension de comparaison) : avec quelqu'un qui a le même niveau que moi en maths. - Comparaison ascendante (autrui supérieur à soi) : avec quelqu'un qui est meilleur que moi en maths. - Comparaison descendante (autrui inférieur à soi) : avec quelqu'un qui est moins bon que moi en maths.

III/ motifs de la comparaison sociale : 1. Auto-évaluation de ses opinions et aptitudes : Quels comportements adopter ? -> Incertitude Ex : ai-je raison de penser que je peux escalader cette montagne ? -> Aptitude Ex : ai-je les qualités requises pour faire des études de psycho plutôt que de droit ? -> Opinions (croyances) Ex : Ai-je raison de penser que ce projet politique est meilleur que tel autre ? Besoin de confirmation, de validation de ses opinions (partage social) => recherche de conformité, pressions à l'uniformité. Apprentissage des normes, des règles de conduite Comparaisons latérales ou ascendantes

2. amélioration de soi :

Festinger : "mouvement unidirectionnel vers le haut" (aptitudes) -> vouloir toujours faire mieux que les autres. Comparaisons ascendantes (autrui est un standard à atteindre). 3. rehaussement de soi : Test de Wills, 1981 : Valorisation de soi ("effet meilleur que la moyenne"). Protection de soi (se sentir mieux) => Comparaisons descendantes 4. Contradictions ? Vouloir être meilleur que les autres, unique OU semblable à autrui (pression à l'uniformité) ? La comparaison sociale permet de se définir comme un individu à la fois unique et semblable à autrui. Effet "Primus inter pares" = premier parmi ses pairs (PIP), ou Conformité supérieure de soi. Codol (1979) => Meilleur que les autres dans le conformisme aux normes groupales. 5. Autres motivations ? Affiliation sociale (grégarité) : partager ses expériences, ses émotions pour se rassurer (auto-évaluation : ai-je raison de ressentir de l'anxiété ?) Schachter : anxiété et affiliation (cf. TD3) Comparaison sociale de ses émotions.

IV/ Caractéristiques des cibles de comparaison : -Comparaisons libres -Festinger : recherche de similarité Les comparaisons sociales à des individus trop différents de soi ne sont pas informatives. => Similarité sur la dimension de comparaison. Théorie des attributs reliés (Goethals et Darley, 1977) - Caractéristiques de la cible de comparaison sociale qui permettent d'expliquer sa performance ou son opinion. - quels sont les attributs qui permettent d'expliquer ... . Aptitudes : effort fourni, entrainement, aide apportée par autrui... . Opinions : pression subie, sincérité de la personne... => Similarité sur les attributs reliés

V/ Différences individuelles dans l'utilisation de la comparaison sociale : Gibbons et Buunk (1999) - orientation à la comparaison sociale -> Plus forte propension à effectuer des comparaisons sociales. -> Effets de ces comparaisons sociales ressentis plus fortement.

VI/ développement des comparaisons sociales - rôle de l'école - 4 ans : affiliation et apprentissages des normes (rester assis en classe, lever la main pour parler...) - 7 ans : acquisition de connaissances sur soi - 8-9 ans : amélioration de soi Recherche de Huguet (2001) : - élève de 6ème - tâche anonyme de nomination de cibles de comparaison dans différentes matières -> Résultats : - 90 % des enfants nomment au moins un élève. - Comparaisons sociales à des cibles de même sexe dans 90% des cas. - les cibles changent d'une matière à l'autre. - Comparaisons sociales légèrement ascendantes préférées.

VII/ Effets des types de comparaisons sociales : Effet de contraste : on accentue la différence entre opinion/aptitude et celle d'autrui (on s'éloigne d'autrui). Effet  d’assimilation : on accentue la similitude entre son opinion/son aptitude et celle d'autrui (on se rapproche d'autrui).

1. Comparaison ascendante : Comparaison sociale spontanée (Huguet, 2001) : - effet bénéfique sur les notes, motif d'amélioration de soi - source d'inspiration ("je peux y arriver moi aussi") - source d'information sur les stratégies => Assimilation Comparaison sociale ascendante forcée (Morse et Gergen, 1970) :

- étudiants avant un entretien d'embauche - présence d'un compère (cible de comparaison sociale) VI = cible de comparaison - "monsieur propre" : comparaison sociale ascendante - "monsieur sale" : comparaison sociale descendante VD = estime de soi (différence avant-après comparaison sociale) Résultats : - Mr propre : l'estime de soi diminue - Mr sale : l'estime de soi augmente => Contraste Effet néfaste (Gordjin et Stapel, 2006) : - VI = intelligence de la cible de comparaison (très brillante : comparaison très ascendante ; cible peu brillante : comparaison très descendante) => Comparaison forcée - VD = nombre de réponses corrects à un test de culture générale, sur 15.

2. Comparaison descendante : Interviews avec des patientes-cancer (Wood, Taylor et Lichtman, 1985) : - choix de comparaisons sociales descendantes - à court terme : effet positif sur le bien être - à long terme : possible état émotionnel négatif ("je pourrais être dans le même état bientôt"). Autres études : Comparaisons sociales ascendantes également (inspiration, information). Gerrard et Gibbons (2005) : Test sur des fumeurs, dans des séances de groupe pour arrêter de fumer

Choix de comparaisons sociales dans le groupe ? - ceux qui ont du mal à s'arrêter : comparaison sociale descendante - ceux qui arrivent à s'arrêter : comparaison sociale ascendante VD = taux d'arrêt de consommation (%) 6 mois à un an plus tard.

=> Assimilation

VIII. contextes et comparaison sociale : 1. contextes menaçants : = contextes susceptibles de porter atteinte à l'intégrité physique ou psychologique de l'individu. Echec scolaire répété et comparaissons sociales forcées ascendantes => Stratégie de comparaison sociale descendante 2. comparaisons intragroupe et intergroupe : a) Comparaison intragroupe : -> "Big fish little pond effect" = effet du "gros poisson dans une petite mare" (Marsh, 1987)

Etude de Seaton et Marsh (2008) :

b) comparaisons intergroupes : Exemple : à l'école -> quel est mon niveau scolaire ? - Choix de la cible de comparaison sociale d'un écolier : dans sa classe vs. dans une autre classe, voir une autre école ? Exemple : perception de justice au sein d'une entreprise -> Mon salaire est-il juste ? 3. Contexte culturel : White et Lehman, 2005 : Culture asiatique = culture collectiviste, importance des relations à autrui. => Hypothèse : davantage de comparaison sociale VI = origine des canadiens : européenne vs asiatique VD = choix de CS après passation d'un test Résultats : davantage de CS chez les canadiens d'origine asiatique, notamment des CS ascendantes. => Motivation à s'améliorer plus forte ?

CHAPITRE 5 - INFLUENCE SOCIALE : NORMES ET ROLES A  l’origine : imitation sociale Gabriel Tarde (1890), les  lois  de  l’imitation : - Régularité, cohérence du monde social (similarité des comportements). - Toutes les similitudes sont dues à des répétitions. - L’être  social  est  imitateur par essence. Bandura (1971) :  Théorie  de  l’apprentissage  social L’imitation  se  découpe  en  2  phases : acquisition et performance : - Acquisition :  apprendre  en  observant  le  comportement  de  l’autre  (modèle), attention sélective, rétention des informations. - Performance : reproduction spontanée du comportement. Renforcement vicariant :  effet  sur  l’apprenant des résultats des actions du modèle (récompenses, punitions). Relation modèle – apprenant : un modèle cordial, sympathique, ou prestigieux est davantage imité. La similitude a également un rôle. Etude de Hornstein (1968) : - portefeuilles perdus à New York, contenant argent, chèque, informations concernant le propriétaire,  et  une  lettre  expliquant  l’intention  de  restituer  le  portefeuille au propriétaire. - 2 conditions : lettre écrite avec un anglais bancal vs. anglais standard. - Taux de restitution : 33% vs. 70%. -> La lettre a défini le comportement à imiter, il y a davantage  d’imitation avec  quelqu’un   qui nous ressemble (américain moyen). Réponses à des situations : leur dimension sociale Est-ce  que  l’imitation/  le  mimétisme  suffisent  pour  comprendre  l’uniformité  de  nos   comportement ? -> Non :  c’est  un  jeu  d’influence  réciproque  entre individus, au sein de groupes. Etude de Milgram, Bickman et Berkowitz (1969) - Piétons New-Yorkais, avec plusieurs complices (1, 2, 3, 5, 10 ou 15) ayant pour consigne de fixer 60 secondes le 6ème étage.

La preuve sociale : Lorsque nous percevons suffisamment de support social en faveur d’un  comportement,  nous   avons tendance à émettre ce comportement.

Pourquoi ça marche ? - la probabilité de commettre une erreur est réduite (« si  beaucoup  le  font,  c’est  qu’il  y  a  une   raison de le faire »). - Suivre les autres est la stratégie la plus facile, sans trop réfléchir.

L’effet  Werther  (Phillips, 1979) : Données basée sur 35 histoires de suicides publiées entre 1947 et 1968

Les vagues de suicides touchent la région géographique de publication du suicide et des tranches  d’âge  identiques  -> rôle de la similarité.

Incertitude mutuelle : Lorsque nous ne savons pas comment il faut agir, nous prenons exemple sur autrui. Problème : eux-mêmes ne savent pas. -> Phénomène d’ignorance plurielle (silence en TD) Etude de Darley et Latané (1970) : Dans  une  salle  d’attente,  des  étudiants  remplissent  un  questionnaire  (seules  vs.  avec  deux   autres  participants  vs.  avec  deux  complices  de  l’expérimentateur).  De  la  fumée  rentre  par  la   bouche  d’aération. Les compères restent passifs, et continuent à remplir le questionnaire (si il y a une question de la part du participant, ils répondent « je ne sais pas »).

Normes sociales : - Des règles générales ou façons partagées de penser, de ressentir, et de se comporter que les individus approuvent et valorisent (Smith et Mackie, 1995). - Règles  et  prescriptions  portant  sur  la  façon  de  percevoir,  de  penser,  de  sentir,  et  d’agir. - Communes  à  tous  les  membres  d’une  société  (ex : apporter une bouteille de vin) - Spécifiques à des sous-groupes, normes de rôles (rôle professionnel, rôles liées au sexe ; exemple : interdit de la vulgarité). Typologie : Codol (1975) : - Normes descriptives ou normes « de faits » : ce qui est fait de façon ordinaire, régulière (basé sur le consensus, habitude). - Normes désirables : ce qui devrait être fait, idéalement. Valeurs morales d’une  société. Cialdini et Goldstein (2004) : - Normes descriptives : nous informent de ce qui est typiquement fait. - Normes injonctives : nous informes de ce qui est acceptable/répréhensible. Les fonctions des normes : Au niveau individuel : dissiper  l’ambiguïté, information à propos de ce à quoi il faut s’attendre,  de  ce  qui  est  accepté. Au niveau groupal : Système de référence commun  permettant  d’harmoniser  les  conduites   (uniformité), qui traduisent et renforcent la cohésion et permettent l’identification  mutuelle   au groupe.

La formation des normes : Muzafer Sherif : Défi : trouver une situation anomique, une situation sans normes. Utilisation  de  l’effet autocinétique : une illusion visuelle. Objectifs de Sherif : - Que fera un individu placé dans une situation objectivement indéfinie dans laquelle il n’existe  aucun  cadre  de  référence ? - Réponse au hasard ou recherche de régularité ?

- Que fera un groupe de personnes placées dans cette même situation indéfinie ? - Tâche :  estimation  de  l’amplitude  du  mouvement  perçu  (attention : le point est réellement immobile). - séances individuelles et séances en groupe. Résultats : Convergence des réponses : - condition seul :  création  d’un  écart  de  variation  et  d’un  point  de  référence  à  l’intérieur  de   cet écart (= norme individuelle), que les participants conservent avec une réduction de l’écart  de  variation. - en groupe : Condition Individuel-Groupe : norme individuelle est abandonnée au profit d’une  norme  commune. Condition Groupe-Individuel :  formation  d’une  norme  collective  (influence   mutuelles), conservée en séance individuelle (=intériorisation de la norme de groupe). Norme =  échelle  de  référence,  ou  d’évaluation  qui définit une marge de comportements, d’attitudes  et  opinions,  permis  et  répréhensibles. Exemple : distance entre personne (la proxémie, Hall, 1963) Connaissance de la norme : - La norme a parfois un caractère implicite : vous apprenez la norme lorsque vous la transgressez. - Transmission et désapprobation implicites : froncement de sourcils, regards méchants. - Différences culturelles : écarts entre systèmes de référence. - Clarification,  rappel  de  normes  sociales  à  travers  l’utilisation  de  l’humour  (Meyer, 2000). Norme et contexte : Etude 5 de Cialdini (1990) :  Prospectus  sur  les  voitures  stationnées  d’un  campus. - activation de la norme : « ne pas jeter sur la voie publique ». - non-activation : « aller au musée ». Condition non activation : 25% des automobilistes ont jeté le prospectus (contre 10%) -> Mieux vaut rappeler explicitement la règle que tabler sur son évocation spontanée. Etudes 1 : Salir un environnement sale vs. propre - les participants voyaient un compère salir vs. ne pas salir (le compère passe juste devant) un environnement propre vs. sale.

La désindividualisation : lorsque les normes dominent - les normes ne produisent pas toujours des comportements socialement désirables. - Idée de la foule chez Gustave LeBon : la personnalité consciente  individuelle  s’évanouit. Etre  en  groupe  induit  une  sensation  d’anonymat  et  un  sentiment  que  les  standards   normatifs  ne  s’appliquent  plus. Zimbardo (1970) : Etudiantes  (groupes  de  4)  aident  l’expérimentateur  à  faire  passer  un  « test de créativité » à deux étudiantes, derrière un miroir sans tain. Erreurs sanctionnées par des chocs électriques (fictifs). 2 groupes : - désindividualisation : capuche, nom remplacé par un numéro, traités comme un groupe - contrôle : visage visible, badge avec nom VD : durée  d’administration  du  choc  électrique  à  chaque  essai  erroné. Résultats : le groupe « désindividualisation » délivre des chocs plus longs. Désindividualisation : réduction de la conscience de soi. Conduirait toujours à des comportements antisociaux (expérience de Zimbardo). OU Augmentation  de  l’identification au groupe (identité sociale saillante), conscience de soi comme  membre  d’un  groupe  (Richer, 1987) : - les normes sociales du groupe deviennent accessibles. - conséquence : dépend du type de norme (favorise des actes douteux au lieu de désirables). Accessibilité des normes de groupe : Johnson et Downing (1979) - 2 VI - groupe « Ku Klux Klan » : robes, toges, et capuches ressemblant à des bourreaux vs. groupe « infirmière » - condition anonyme (visage non visible) vs. Identifiable - Tâche : administrer des chocs électriques après essais erronés. - VD :  choix  de  l’intensité  du  choc  

Le pouvoir des rôles : Zimbardo (1971) :  l’expérience  de  Stanford - participants recrutés par voie d'annonce (15 dollars par jour) pour participer à une « simulation de prison » - 24 étudiants sélectionnés en bonne santé physique et mentale (tests) - 2 groupes : les gardiens et les prisonniers. Gardiens : matraque, uniforme lunettes réfléchissantes (désindividualisation) et consigne « nous aurons tout le pouvoir, et les prisonniers aucun ». Prisonniers : blouse blanche et numéro (désindividualisation) - au fur et à mesure que l’expérience  avance :  gardiens  sadiques,  périodes  d’exercices   physiques  forcés,  privation  de  nourriture,  tâches  dégradantes.  Arrêt  de  l’expérience  au  bout   de 6 jours (sur 3 semaines prévues). Le poids de la situation : Certains rôles (rôle professionnel) permettent  l’acquisition  de   compétences  particulières  et  de  normes  (ici,  l’agressivité,  la  brutalité  sont  permises)  qui  y   sont liées. Importance du support institutionnel, assuré par une idéologie légitime (exemple :  l’état,  ici : les scientifiques). Limite de  l’étude : - questions éthiques :  les  participants  de  cette  étude  n’ont  pas  signé  de  feuille  de   consentement  les  informant  des  détails  de  l’expérience.  Rôle  de  leader  de  Zimbardo. - critique de Haslam et Reicher (2012) :  tentatives  de  réplication  de  l’étude.

-> Phénomène  d’insurrection  des  prisonniers :  importance  de  l’identité sociale (de prisonnier) et du support social : expérience commune de subordination (« nous les prisonniers »), temps qui passe (formation de liens sociaux), perméabilité des échanges (sentiment  d’un  destin  commun  à  tous  les  prisonniers). Les gardiens ont eu du mal à endosser leur rôle, problème de définition. Résultat : désorganisée, stressés.

CHAPITRE 6 - INFLUENCE SOCIALE : INFLUENCE MAJORITAIRE, INFLUENCE MINORITAIRE Influence sociale : Définition :  on  s’intéresse  aux  processus  qui  amènent  les  individus  ou  groupes  à  former,   maintenir  ou  modifier  leur  façon  de  penser  et  d’agir  dans  des  situations  d’interaction  sociale. Il faut donc : - des individus, ou groupes en relation - un objet (à propos duquel on va agir, ou penser) Butera et Pérez :

Travaux  sur  l’influence  sociale : Les deux entités détiennent des rôles distincts : source et cible  d’influence But : comprendre les relations  d’interdépendance. Qu’est-ce qui motive ces entités à chercher  l’accord  ou  le  désaccord ? - caractéristiques de la relation des deux entités - caractéristiques  de  l’objet Recherche de validité : Postulat : désir  d’avoir  une  perception  exacte  de  la  réalité.  Individus  motivés  à  estimer  si  leur   croyances sont correctes (Festinger, 1950) Croyances  comparées  à  étalon  physique  (l’eau  boue  à  100°) Autres croyances (ex : opinions politiques « pour qui voter ? ») : plus dur (=incertitude). Du coup, on prend en compte les jugements des autres. La certitude découle du consensus social.

La normalisation (travaux de Sherif) :

Situation : pas de norme préétablie. Situation de grande incertitude (stimulus ambigu). Les individus ont un statut égal, symétrique. Donc : influence réciproque. Ce qui a comme résultat la convergence des réponses. Les estimations individuelles finissent par converger vers un point de référence et une marge de variations collectives. Explication de Sherif : la dissipation  de  l’incertitude  se  fait  à  travers  des  moyens sociaux. Les informations fournies par les autres sont particulièrement informatives. De Montmollin (1965) : respect de la tendance centrale (les observations déviantes sont suspectes, non prises en compte). Allport (1962) : concessions réciproques, éviter le conflit. Moscovici (1985) :  importance  de  l’engagement  dans  la  tâche  (ici  faible) -> concessions équivalentes. Le consensus est un instrument pour arriver à des jugements valides (Festinger), surtout en absence de moyens objectifs (ex : effet autocinétique). Attente du consensus : Des tâches physiques simples devraient entraîner un consensus total (unanimité). Que se passe-t-il dans une situation où il y a certitude totale et pas forcément de consensus ? Travaux de Asch (1951, 1965) : S’intéresse  au  comportement  d’un  individu  face  à  un  groupe unanime, en désaccord avec lui. Cas particulier :  le  groupe  a  un  avis  contraire  à  l’évidence  perceptive. Asch : l’individu peut se soulever au-dessus des pressions de groupe.

Résultats : - condition seul : 5% de mauvaises estimations - sur les 12 essais critiques (où la majorité se trompe) : 32% des estimations sont incorrectes (l’individu  suit  le  groupe) -> réponses conformistes. - en moyenne, 3,84 erreurs dans le groupe expérimental et 0,08 dans le groupe contrôle. - 25% seulement des participants sont indépendants (ne suivent jamais le groupe). Conformisme :  changement  dans  le  comportement  ou  les  opinions  d’une  personne,   résultant  d’une pression réelle  ou  imaginaire  émanant  d’un  groupe  de  personnes  (Aronson, 1972).

La situation Asch : - Tâche physique, objective : une influence est possible - Principe de base :  s’il  y  a unanimité dans  un  jugement,  c’est  que  celui-ci est valide. - Asch va  s’intéresser  au  rôle  de  l’unanimité,  et  mener  des  variations  expérimentales. - avec un compère en position 4 qui donne les bonnes réponses - résultat : le conformisme chute à 5,5% - avec un compère 4, qui donne une autre réponse erronée (encore plus extrême)

- Importance  de  l’unanimité :  lorsqu’une  personne  brise  le  consensus  (l’unanimité),  ceci   réduit le doute du participant quant au caractère correct de son appréciation (de son appareil perceptif). - Et si les réponses étaient données par écrit ? 12% seulement de réponses conformistes. - Le  conformisme  observé  n’est  pas  uniquement  motivé  par  la  réduction  de   l’incertitude/l’apport  d’informations  par  autrui.  Deux  raisons : - certitude complète : tâche simple et non ambigüe - les  réponses  à  l’écrit  diffèrent En fait, le groupe qui est devant lui (dont il est en désaccord) va aussi exercer une emprise (rapport de force implicite) sur lui du fait de son statut (ici numérique : majoritaire). Le conformisme aurait lieu tant que la relation à la source est saillante (Allen, 1965). Pression  vers  l’uniformité  (Festinger, 1950) : perception de dépendance des  membres  d’un   groupe quant à la bonne réalisation des objectifs. Fonction de locomotion (une divergence serait un obstacle). Peur de rejet : un groupe finit par rejeter le déviant (Schachter, 1951). Or, ceci heurte la motivation fondamentale à appartenir (Fiske, 2008). Influence informationnelle et normative (Deutsch et Gérard, 1955) : Influence informationnelle : conflit cognitif. Recherche de jugement en adéquation avec la réalité. La source semble émettre des réponses plus fiables, plus correctes. Utilisation d’autrui  comme  « instrument de jugement »,  apportant  de  l’information  utile. Influence normative : conflit social. Gestion des relations avec autrui. Essayer de se faire « bien voir »,  pour  tirer  le  maximum  d’avantages de sa participation au groupe. Adhérence à la  norme  du  groupe  afin  d’éviter  le  rejet,  la  punition. Ces deux types  d’influences  peuvent  coexister  dans  la  situation  Asch. Deux niveaux de fonctionnement :

- privé (acceptation) : changement latent, profond, intériorisation des opinions du groupe. - public (soumission à la pression) : changement manifeste, conformisme de surface. Comparaison de réponses à la situation Asch par écrit/oralement : - par écrit : impossibilité de se faire repérer. Le  suivisme  manifeste  va  rétablir  l’équilibre. Différents types de conformisme (Kelman, 1958 ; 1961) : - Acquiescement, complaisance :  en  apparence,  les  individus  se  soumettent  pour  s’éviter   des  désagréments  (dévaluation,  rejet).  Acceptation  publique  sans  qu’il  y  ait  adhésion  privée   (ex : « oui  maman… »). - Identification : un certain conformisme tant public que privé apparaît et dure aussi longtemps que dure le désir de maintenir des relations dans un groupe attrayant :  il  s’agit  de   changements qui durent autant que le groupe reste important pour nous. Nouer ou garder des relations avec ses membres devient important (ex : les hippies  et  Woodstock…). - Intériorisation : influence la plus durable. Nous croyons à la justesse des positions et opinions du groupe. Congruentes avec nos valeurs, nos idées et conduites ? Elles intègrent le système qui gère notre fonctionnement général (public et privé ; ex :  les  sectes…). Emprise de la source : - L’influence sociale a lieu car la source a une emprise sur  la  cible  d’influence. - Le statut de la source (et le pouvoir qui en dérive) joue un rôle prépondérant. - Chez Asch, on se retrouve face à une majorité unanime : pouvoir de coercition (évitement de punition), pourvoir de récompense, expertise du groupe. - Autre dimension : le pouvoir légitime (structure hiérarchique, institutions). Bickman (1974) : 153 piétons New Yorkais Figure  d’autorité  rencontrée : - veste, cravate - uniforme de laitier - uniforme de policier

3 scénario : - « Ramasse le sac ! » :  l’expérimentateur  s’approchait  du  passant  et  lui  demandait  de   ramasser un sachet de papier. - « Pièce et parcmètre » :  l’expérimentateur  s’approchait  du  passant  et  lui  montrait  un   complice  à  côté  d’une  voiture  garée  n’ayant  pas  de  monnaie,  il  lui  demandait une pièce pour son parcmètre. - « Station de bus » :  l’expérimentateur  s’approchait  d’un  individu  attendant  seul  à  un   abribus. Il lui demandait de ne pas attendre là.

Conformisme en actes/ conformisme en paroles : Situation Asch : conformisme en paroles Le groupe, une majorité numérique (quantitative) exerce une pression implicite, indirect (les  membres  du  groupe  n’échangent  pas). Milgram : conformisme en actes Modification du comportement, suite à une pression explicite et directe (je  t’ordonne)  de la part  d’une  autorité  (majorité  qualitative), ayant un pouvoir tenu pour légitime. L’obéissance aux règles scolaires, familiales : facteur de socialisation.  Chez  l’enfant : rationalisation des conduites effectuées par obligation. Intériorisation des valeurs et normes  des  figures  d’autorité.

Modèle  fonctionnaliste  de  l’influence  sociale : - Influence asymétrique, unilatérale - L’influence sociale a comme fonction de préserver  l’ordre  dominant, le statu quo (elle donne lieu au conformisme et à la reproduction sociale). - Elle  est  le  privilège  de  l’expert prestigieux, du groupe de référence (la  majorité  l’emporte   toujours…). - Rapport de dépendance entre la cible et la source. - Celui qui résiste à cette influence est considéré comme déviant. Il est sanctionné et ramené vers  l’opinion  majoritaire.. Un biais en faveur de la conformité ? - L’histoire  de  nos  sociétés  est  marquée  par  des  cassures,  des  révolutions… - L’influence  sociale  ne  peut  pas  être  le  privilège  de  la  majorité,  le  statu  quo  ne  peut  pas toujours  dominer.  De  nouvelles  idées  doivent  être  capables  de  s’imposer  (innovation). La déviance comme indicateur de statut élevé : - Hollander (1960) : théorie du crédit idiosyncrasique. Plus un individu se conforme, plus on lui concède de crédit. Le surplus  de  crédit  (leader)  lui  permettra  ensuite  d’innover. - Expérience : travail en groupe sur des tâches impliquant des décisions. La qualité de cellesci détermine la récompense (argent). - 2 contributions possibles : solutions au problème (gagner plus d’argent)  et  organisation  du  

travail avant la prise de décision (ex : instauration de tours de parole). - Compère qui donne des solutions pertinentes. - Style respectant vs. transgressant les règles - Résultats : - réactions négatives aux transgressions du compère réalisées au début - s’il  se  conforme  et  reste  pertinent : accumulation de crédit qui permet la déviance  (l’innovation)

Passage du modèle fonctionnaliste au modèle génétique, interactionniste : - Evolution de la société : succession de phases stables, et de phases de transformation, de changement social. - Rupture du consensus, divergence : fonction adaptative car  sources  d’innovation. - Le système social est défini et produit par ceux qui y participent. - Tout les acteurs sociaux sont potentiellement cible et source  d’influence. - La  dynamique  d’influence  des  groupes  majoritaires  ou  minoritaires  ne  réside  pas  dans  la   dépendance source-cible, mais dans la création et gestion du conflit. Influence minoritaire : les travaux de Moscovici - Une minorité qui crée un conflit,  serait  capable  d’influence  une  majorité. - Or,  une  minorité,  contrairement  à  une  majorité,  ne  dispose  ni  d’un  nombre  élevé  de   partisans,  ni,  le  plus  souvent,  d’un  statut  élevé  ou  d’une  autorité  reconnue-> Comment faitelle ? - Style de comportement particulier : impliquée, fidèle à ses convictions, confiante pour prendre des positions nouvelles, rares ou impopulaires. Autonome, indépendante, et pas trop rigide ou dogmatique. - La clef : sa consistance

Moscovici, Lage & Naffrechoux (1969) : - Situation Asch avec des groupes de 6. Compères en 1 et 2 ou 1 et 4. - 36 diapositives toutes bleues (plus ou moins lumineuses). - Nommer la couleur à haute voix. - Condition consistante : les compères répondent « vert » - Condition inconsistante : « vert » à 24 essais.

Une  différence  d’intensité ? - L’influence  minoritaire  est  moindre,  mais  une  influence directe existe quand même - Pourquoi si peu ? Adopter le point de vue minoritaire reste déviant. - On  résiste  davantage  à  l’innovation qu’à  la  conformité. - L’influence  aussi  bien  majoritaire  que  minoritaire  peut  provoquer  un  conflit entre  l’opinion   publique  et  privée  d’un  individu  (Asch). - La direction de ce conflit diffère. Résolution du conflit : - Majoritaire : le conflit a tendance à disparaître de la scène publique (acquiescement). - Minoritaire :  le  conflit  apparaît  en  public  pour,  sans  forcément  qu’on  le  sache,  pour s’atténuer  ou  disparaître  en  privé… - L’influence  minoritaire laisserait des traces plus profondes. - Complaisance vs. conversion Conflit avec la majorité : - Induit un processus de comparaison sociale (Festinger, 1954). - A priori, les autres ont raison -> réponse consensuelle et donc légitime. - Gestion de la relation à autrui. On adapte ses réponses par rapport aux autres, sans s’engager  davantage  dans  un  examen  attentif  de  la  situation. - Soumission, complaisance, sans réelle adoption de la position majoritaire. Conflit avec une minorité : - Examen approfondi de la position minoritaire. Pourquoi défendent-ils leur point de vue ainsi ? - Le  comportement  attire  l’attention  sur  la  minorité,  signale  l’existence  d’une  lecture   alternative de la réalité. Il faut donc prendre en compte cette position et gérer le conflit cognitif (dépendance informationnelle). Centration sur le stimulus. - Conditions propices à la conversion,  au  niveau  latent  (profond)… - La  présence  de  la  source  conduit  à  se  positionner  par  rapport  à  elle.  De  coup,  l’influence  de   la  source  minoritaire  ne  s’exercera  réellement  qu’en  absence de celle-ci. Moscovici et Personnaz (1980) : Etude  sur  l’effet  consécutif » : couleur complémentaire lorsqu’on  coupe  la  diapositive. - Participants par paires. Série de diapositives. - Phase 1 : réponse par écrit (diapo) + échelle allant du jaune-orange au pourpre. 5 diapositives. On leur dit que : - influence minoritaire : 18,2% des sujets ont vu « vert » et 81,8% ont vu « bleu ». - influence majoritaire : 18,2% des sujets ont vu « bleu » et 81,8% ont vu « vert ». - Phase 2 :  Phase  d’influence.  Le  compère  nomme  « vert ». 15 diapositives. - Phase 3 : Par écrit (réponse confidentielle). 15 diapositives. - Phase 4 :  Réponses  par  écrit,  le  compère  quitte  la  salle  sous  prétexte  qu’il  a  un  rendezvous.

Caractéristiques  de  l’influence  minoritaire : - L’influence  minoritaire,  contrairement  à  l’influence  majoritaire,  s’exerce  de  façon  indirecte, au niveau latent, privé. - On parle de conversion plutôt que de complaisance (on  n’observe  rien  au  niveau   manifeste). - Cette influence peut être différée,  observable  même  lorsque  la  cible  n’est  plus  là  (nous   restons  seuls  face  à  l’objet).

CHAPITRE 8 - ENGAGEMENT ET DISSONANCE COGNITIVE : Engagement : On  s’intéresse  à ce qui lie un individu  avec  ses  actes,  avec  l’idée  que  seuls les actes sont réellement engageants. Lien causal :

Moriarty (1975) : les baigneurs - expérience sur une plage New-Yorkaise - vacancier  (expérimentateur)  s’installant  à  côté  de  baigneurs  avec  serviette  et  transistor. - Condition 1 : « Auriez-vous du feu ? » - Condition 2 : « Pourriez-vous surveiller mes affaires ? » - Complice vole le transistor Combien de baigneurs  interviennent  pour  l’empêcher ? - Condition 1 : 20% - Condition 2 : 95% - Pourquoi  l’avez-vous fait : « je suis courageux », « juste » - Qu’est  ce  qui  expliquerait  le  comportement  d’entraide ? - Adhérence à un comportement, une décision. Une fois la décision  prise,  on  s’y  tient. La véritable cause de nos comportements (le déterminant) est souvent différente des explications  que  l’on  fournit  (la  signification) à propos de ceux-ci (Beauvois, 1994). - Nos comportements feraient nos idées. Peur de passer pour « une girouette ». Effet de gel de la décision (Lewin, 1947) : - 1942 :  Guerre  Mondiale.  Situation  critique,  souci  d’économie. - Défi : gouvernement américain voudrait amener les ménagères américaines à cuisiner les abats. 1) Conférencier (message persuasif : intérêt nutritionnel). Quelques mois après : 3% seulement déclarent cuisiner des abats. 2) Groupes de discussion et décision publique. Quelques mois après : 30%. Effet de gel : une fois la décision prise, tendance à y adhérer (et ceci, indépendamment des raisons qui conduisent les individus à prendre cette décision). Et si la décision initiale est mauvaise ?

Staw (1976) : - étudiants en école de commerce - se  mettre  dans  la  peau  d’un PDG - Tâche : allouer un fond exceptionnel (10 millions de dollars) au département Recherche et Développement  d’une  entreprise. Choix entre deux filiales : produits de consommation vs. produits industriels. - Décision 1 avec un petit paragraphe  d’explication - Deuxième fond exceptionnel (20 millions de dollars) à partager entre les deux filiales. Après inspection  des  chiffres  d’affaires  des  deux  filiales  sur  5  ans. - Manipulation : filiale choisie vs. non choisie en temps 1 affiche des pertes vs. des gains. - Décision 2

Résultat : les étudiants investissent plus lorsque leurs décisions sont infructueuses. - L’escalade  d’engagement :  l’individu  s’accroche  à  une  décision,  même  lorsqu’elle  est   remise en cause par les faits. Persévérer  lorsque  c’est  couteux : - Attendre  le  bus…  le  temps  passe : perte minimal, continue mais but supraordonné : prendre le bus. Brockner, Shaw & Rubin (1979) : - Jeu « jackpot », mise de départ : 4 dollars - Compteur gradué : avance au rythme de deux chiffres par seconde. Partant de 1 à 500. - Jackpot de 2 dollars  si  on  laisse  le  compteur  tourner  jusqu’à  un  chiffre  X  fixé  à  l’avance  mais   qu’on  ne  connait  pas.  Chaque  unité  coûte  1  centime.  Pause  toutes  les  20  unités. - Condition « dire stop » (passive) vs. condition « dire allez » (active). - Annoncer la somme maximale à jouer  à  l’expérimentateur par  écrit  vs.  pas  d’annonce.

Le piège abscons : Caractéristiques (Joule et Beauvois, 2002)

- Décision de s’engager dans une dépense (argent, temps, énergie) pour atteindre un but donné. - L’atteinte  du  but  est  incertaine. - Impression que chaque (micro)dépense rapproche du but. - Le  processus  se  poursuit  sauf  si  l’individu  décide  activement  de  l’interrompre. - L’individu  n’a  pas  fixé  de  limite  à priori à ses investissement. Auto-manipulation vs. soumission induite : - escalade de  l’engagement  et  piège  abscons :  l’individu  lui-même prend la décision initiale. - nous pouvons parler de véritable « auto-manipulation ». - autrui  peut  aussi  amener  l’individu  à  faire  ce  qu’il  n’aurait  pas  fait  spontanément,  ou  ne  pas   faire ce qu’il  ferait  volontiers  (un comportement problématique). Brehm et Cohen (1962) : - suite  à  l’intervention  policière  brutale  dans  un  campus  américain  =  attitude  négative  des   étudiants  à  l’égard  de  la  police. - chercheurs demandent à des étudiants de générer des arguments en faveur de cette intervention par écrit. - proposition de rémunération : 50 cents vs. 10 dollars - Puis,  mesure  de  l’attitude  envers  l’intervention  de  la  police. Résultats : les participants ayant été rémunérés 50 cents changent beaucoup plus  d’attitude   en  faveur  de  l’intervention  que  les  participants  rémunérés  10  dollars.

La théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957) : - Théorie basée sur le rapport entre éléments (cognitions) de notre système cognitif. - Cognitions : connaissances, opinions ou croyances  sur  l’environnement,  sur  soi  ou  sur  son   propre comportement. - Les relations entre ces éléments peuvent être : - dissonantes :  je  mange  des  épinards,  je  n’aime  pas  les  épinards. - consonantes : je  mange  des  épinards,  j’aime  les  épinards. - non-pertinentes :  je  mange  des  épinards,  aujourd’hui  il  pleut. Taux de dissonance : - lorsque des cognitions sont incompatibles, dissonantes entre elles, il y a état de dissonance cognitive (=état de malaise psychologique et physiologique, état de tension désagréable).

L’individu  en  état  de  dissonance  tente  de  réduire  cet  état  ou  de  restaurer  la  consonance. Plus le taux de dissonance est important, plus la tendance à réduire ou supprimer la dissonance est importante.

Mode de réduction : Mise en place de stratégies de restauration de la consonance au sein du système cognitif : modes de réduction de la dissonance cognitive. Solution : - modifier une cognition pour  la  rendre  consonante  avec  l’autre. - ajouter des cognitions consonantes Cognition  à    l’origine  de  la  dissonance : plus résistante au changement (connaissance du comportement actuel).

CHAPITRE 9 - PSYCHOLOGIE SOCIALE APPLIQUEE : I/ Psychologie sociale appliquée à la santé : 1. Dissonance cognitive : Aronson, Fried et Stone (1991) : Dissonance cognitive : inconfort psychologique qui résulte de cognitions incompatibles entre elles. Rapportent leurs difficultés passées à utiliser les préservatifs (vs. condition contrôle : aucun questionnaire) -> VI1 Les  participants  doivent  donner  des  arguments  sur  l’utilisation  de  préservatifs  en  privé  vs.  en   public (avec but de persuader des lycéens) -> VI2

2. Norme : Normes : règles générales ou façons partagées de penser, ressentir, et se comporter que les individus approuvent et valorisent => les normes guident nos comportements. Théorie de la norme sociale (Berkowitz, 2003) : - Perception incorrecte de la norme (cf. TAR et TCP) - Ignorance plurielle : quand nous ne savons pas quoi penser ou comment nous comporter, nous nous tournons vers autrui pour savoir quoi faire. Or, les autres font sans doute la même chose et ne savent peut-être pas non plus. => Il faut rétablir la norme « correct ». Problématique :  Résoudre  les  problèmes  d’alcool  sur  les  campus  (binge  drinking) Constat : norme descriptive incorrecte :-> les étudiants pensent que les autres étudiants boivent  beaucoup  plus  qu’en  réalité.

- seuls 40% des étudiants disent boire plus de 5 verres en soirée (comportement réel). - 70% des étudiants pensent que la plupart des étudiants boivent plus de 5 verres (croyance).

Prentice & Miller (1993) : fausse croyance => augmentation de la consommation  d’alcool. Haine (2003) : - Mise  en  place  d’une  campagne  d’information  (affiches,  flyers,  journal  du  campus). - Cible  =  tous  les  étudiants  qui  boivent  de  l’alcool  (90%  des  étudiants)  =>  campagne   généralisée  sur  l’ensemble  du  campus. - Source du message : professionnels de la santé (évalués comme plus crédibles par les étudiants). - Message : « la plupart des étudiants boivent modérément » (et quelques indications pour ne pas prendre de risque). Résultats sur 10 ans : - 37 % de réduction dans la perception  de  la  consommation  d’alcool  à  haut  risque  (norme). - 30% de réduction dans la consommation réelle des étudiants. - 20%  de  réduction  des  accidents  liés  à  l’alcool  (causés  à  soi  ou  autrui). - Taux  de  consommation  d’alcool  stable  sur  d’autres  campus  américains  qui  n’ont  pas   bénéficiés de cette campagne.

II/ Psychologie sociale appliquée à la justice : 1. Délinquance : Van Duüren & Di Giacomo (1996) : Délinquance = phénomène de groupe Hypothèse = situation de dévalorisation sociale => vulnérabilité aux influences sociales => comportements anti-sociaux (ex : tricher). - Participant  passe  une  tâche  en  même  temps  qu’un  compère   VI : valence du feedback (positif ou négatif) donné devant le compère -> dévalorisation sociale. - Expérimentateur laisse tomber un carnet de tickets de métro en partant. - le compère propose de partager les tickets -> influence sociale. VD : % de participants qui volent le carnet de tickets.

2. Témoignage – effet de désinformation : Loftus & Doyle (1992) : - 72% des jurés rendent un verdict de culpabilité lorsqu’il  y  a  témoignage oculaire vs. 18% en son absence => poids très important.

- Effet de désinformation (Loftus) : façon dont des informations extérieures sont communiquées après la survenue des faits (ex : dans la presse) modifie nos souvenirs sur ce qui  s’est  passé. Loftus et Palmer (1974) : 1ère phase : - visionnage  d’accidents de voitures - Question  sur  l’accident  – parmi lesquelles : « A quelle vitesse les voitures se sont-elles… » : - « …  touchées » - « …  fracassées » - Aucune question sur la vitesse des voitures -> VI : faux souvenir (collision légère, collision violente, contrôle) 2ème phase : une semaine plus tard : - Parmi les questions : « Avez-vous vu des éclats de verre ? » (en réalité, aucun éclat) -> VD Résultats, % de personnes qui disent avoir vu des éclats de verre : - condition contrôle : 12% - condition « collision légère » (« touchées ») : 14% - condition « collision violente » (« fracassées ») : 32% -> et vitesse estimée supérieure en condition « collision violente ».

3. Interrogatoire – fausses confessions : Kassin & Kiechel (1996) : 3 types de fausses confessions : - volontaire (absence de contraintes extérieures). - forcées-soumission (pour éviter des conséquences aversives, cf. complaisanceacquiescement de Kelman, 1958). - Forcées-intériorisées (on finit par penser être effectivement coupable) -> paraissent les plus improbables, MAIS situation  de  soumission  à  l’autorité. Déroulement  de  l’expérience : - Un compère lit des lettres à taper le plus vite possible. - Surtout ne pas appuyer sur « alt » sinon le programme va être bloqué et les données seront perdues. - Bug,  l’expérimentateur  accuse  le  participant  d’avoir  appuyé  sur  la  touche  défendue. VI1 : Niveau de vulnérabilité des participants (vitesse de lecture élevée vs. normale). VI2 : Preuve incriminante = témoignage du compère (dit  avoir  vu  vs.  dit  n’avoir  rien  vu). 3  mesures  d’influence (VD) : - l’expérimentateur  demande  au  participant  de  signer  une  « confession » (soumission). - l’expérimentateur  dit  au  participant  suivant  (un  compère)  qu’il  doit  refixer  un  rendez-vous, enregistrement de la conversation entre le participant et le compère (« j’ai  appuyé » ou « Il dit  que  j’ai  appuyé » ?) (Intériorisation).

- l’expérimentateur  fait  à  nouveau  entrer  le  participant  dans  la  salle  d’expérimentation  et  lui   demande de refaire les gestes (affabulation, faux souvenir).

4. Jugement – jury : Jurys et influence minoritaire (ex : pièce « 12 hommes en colère ») . Influence des médias : plus la couverture médiatique d’un  procès  est  importante,  plus  on   juge la personne coupable de  ce  dont  on  l’accuse  (Kramer, Kerr et Carroll, 1990). Le juge peut exiger la non prise en compte de certaines infos. Mais problème potentiel : la réactance. Que se passe-t-il  si  l’information  « interdite »  provient  de  l’un  des  membres  du  jury  luimême ?

Clark (1994) : VD :  évaluation  de  la  culpabilité  de  l’accusé 5 groupes : - groupe contrôle. - groupe « minorité non censurée » : 3 arguments avancés par la minorité. - groupe « minorité censurée pour 1 argument sur 3 : un argument déclaré non recevable par le juge et censuré. - groupe : « minorité censurée pour 2 arguments ». - groupe « minorité censurée pour 2 arguments et exclue » : le juge censure et remplace le juré.

CHAPITRE 10 - LA PENSEE SOCIALE : I/ Les formes de la connaissance : 1. Le regard psychosocial : « Il se traduit par une lecture ternaire des faits et des relations. Sa particularité est de substituer  à  la  relation  à  deux  termes  du  sujet  et  de  l’objet  (…) une relation à trois termes : sujet individuel – sujet social – objet » Moscovici, 1984.

2. Deux illustrations de la pensée sociale : - La rumeur  d’Abbeville : en mars 2001, plus de 300 communes ont une inondation. Les habitants  d’Abbeville  ne  croient  pas  que  l’eau  vient  d’un  petit  fleuve.  La  crue viendrait de la Seine,  qui  aurait  été  dévié  pour  sauver  Paris  d’une  inondation. - L’image du SIDA : au  début  des  années  80,  l’apparition  de  cette  maladie  a  créée  plusieurs   représentations de celle-ci. Des théories se sont fait sur les porteurs, et sur les vecteurs (sang et sperme). Le sida serait une « maladie punition »  qui  punit  l’immoralité  sexuelle.  Ces   termes étaient repris par les médias. Autre supposition : la contamination peut se faire via la sueur, par simple contact physique. Comment et pourquoi de telles constructions intellectuelles ? Un  évènement  survient  et  mobilise  la  peur,  l’attention,  et  une  activité cognitive pour comprendre et maitriser le danger. Ces exemples illustrent la pensée que se forge un groupe qui prend position.

3. Contexte de production de cette pensée : - Déficit  d’information (dispersion  de  l’information) :  les  gens  d’Abbeville  ignorent  les   conditions  climatiques,  mais  connaissent  les  enjeux  politiques  qu’implique  leur  proximité  de Paris.

- Pression invitant à prendre position (pression  à  l’inférence) : Pressé  d’avoir  une  réponse,   ils ne vont pas chercher des informations complètes. Ils choisissent des informations utiles

pour agir. Nécessité de se positionner en tant que groupe par rapport au problème. La pensée est orientée vers la communication.

4. La polyphasie cognitive ou la coexistence de deux formes de connaissance : Polyphasie cognitive quand plusieurs formes de connaissance coexistent (chez un même individu/ dans un groupe) - La pensée scientifique, experte, avec sa rigueur, ses lois, son objectivité (informative). - La pensée sociale, de sens commun, profane, ordinaire, naïve, quotidienne (représentationnelle). -> suivant notre degré  d’implication, nous pouvons utiliser une pensée plus informative ou une pensée plus représentationnelle,  issu  d’un  bricolage  intellectuel  pour  appréhender  un   phénomène inconnu.

5. La pensée sociale (ou pensée de sens commun) : - Pensée orientée vers la communication et l’action. - Comme toute pensée, elle met  en  œuvre  2  systèmes : - Système opératoire (différentes  opérations  mentales,  associations  d’idées,       déduction…). - Système de contrôle (vérifie et sélectionne ce qui est produit par la pensée opératoire). - Particularité de son système de contrôle : suprématie des valeurs et des principes normatifs sur  d’autres  types  de  principes. Le style de la pensée sociale : - Formalisme spontané - dualisme causal (causalité de la science, la cause précède les faits ou la causalité phénoménale,  où  l’on  pense  que  deux  évènements  qui  se  ressemblent  sont  liés). - primat de la conclusion - pensée orientée par la justification,  non  par  la  démonstration  ou  l’argumentation (la conclusion est su  à  l’avance). - nombreuses répétitions, forte redondance. Principes organisateurs de la pensée sociale : - l’analogie :  permet  de  regrouper  les  idées  et  d’organiser  les  relations  entre  ces  idées. - la compensation : exagérer les différences et les ressemblances, permet des jugements tranchés,  c’est  une  pensée  controversienne. Regrouper les idées et organiser les relations entre ces idées : caractère classificatoire de la pensée sociale. Cette pensée est sociale : « Le social y intervient par : - le contexte concret dans lequel se situent les individus et les groupes.

- par la communication qui  s’établit  entre  eux. - par les cadres  d’appréhension que fournit leur bagage culturel. - par les codes, valeurs et idéologies liés aux positions ou appartenances sociales spécifiques » Jordelet, 1984.

II/ Les rumeurs : - Pour beaucoup : de fausses informations créées volontairement par des gens malveillants, au mieux mystificateurs. - Pour les chercheurs :  l’expression collective des peurs et des espoirs des groupes sociaux. La rumeur : un syndrome avec 4 composantes/contenus (Rouquette, 1975) : - attribué à une source compétente ou proche (augmente la crédibilité, car la rumeur est invérifiable). - souvent négatif (catastrophique,  anxiogène…). - implique et concerne directement les individus parmi lesquels il circule. - subit des transformations au cours de sa transmission. ->  L’absence  de  l’une  de  ces  composantes  (sauf  la  deuxième)  enlèverait la spécificité de la rumeur. Allport et Postman (1945), étude expérimentale sur 40 groupes : - situation du téléphone arabe - les sujets : des américains blancs, classe moyenne, doivent transmettre « de bouche à oreille »  la  description  d’un  dessin. - dessin : dans une rame  de  métro,  deux  hommes,  un  noir  et  un  blanc.  L’homme  blanc  tient   dans la main un objet qui ressemble à un rasoir. - Seul le 1er sujet  voit  le  dessin  pendant  quelques  minutes.  Ensuite,  sans  l’avoir  sous  les  yeux,   il  raconte  à  un  autre  ce  qu’il  a  vu.  A  son tour, ce 2ème sujet au suivant ce que le 1er lui a dit, et ainsi de suite. => Transformations quantitatives et qualitatives du contenu : - disparition des détails. - processus « d’épuration » reflétant une logique (accentuation, assimilation). -> Dans une rame de métro, un noir agresse un blanc. Ces transformations sont directionnelles, comme la pensée sociale, caractérisée par le primat de la conclusion qui est imposé par le système de contrôle. L’étude  de  la  rumeur  d’Orléans : Des jeunes filles auraient été droguées et enlevées dans des boutiques de modes tenues par des juifs pour être réduites à la prostitution. - analyse du contenu de la rumeur (ses variations, sa chronologie, contexte de son apparition). - étude du phénomène de la rumeur (tout un processus psychosocial).

4 phases (Morin, 1969) : - incubation - propagation - métastase - résorption Sur le plan symbolique,  on  a  une  mise  en  garde  contre  les  dangers  de  l’émancipation  des   femmes, contre la modernisation, il est question d’antisémitisme.

III/ Les représentations sociales : « En tant que notion, la représentation sociale désigne : - une  manière  d’interpréter et de penser la réalité quotidienne. - l’activité  mentale  qui  est  déployée  par  les  individus  et  par  les  groupes  pour  fixer  leur   position par rapport à des situations, évènements, objets et communications qui les concernent ». Jordelet, 1984. Définition : - connaissance spontanée qui se constitue à partir de nos propres expériences, des informations,  savoirs,  modes  de  pensée  reçus  et  transmis  par  la  tradition,  l’éducation,  la   communication sociale. - sa visée est pratique. La fonction de la représentation sociale : - donner sens à des évènements et des actes. - nous permettre de comprendre et  d’expliquer les faits et les idées qui font partie de notre univers  ou  qui  y  surgissent  et  d’agir en conséquence. Elle est aussi définie par un contenu (un produit) mais aussi par un processus (celui de se représenter).

Le contenu de la représentation sociale : - se réfère à un objet donné. - est produit par un sujet social (individu, groupe, classe sociale, communauté) en rapport avec un autre sujet. - s’élabore  en  fonction  de  la  position que les sujets occupent dans la société. - toute représentation sociale est une représentation de quelque chose et de  quelqu’un.  Elle   relie  le  sujet  à  l’objet  ou  « elle  est  le  processus  par  lequel  s’établit  leur  relation ». La  représentation  n’est  pas identique à  l’objet  (elle  n’est  pas  le  double  du  réel).  Elle  est  une   construction (sociale) et non pas une reproduction. Elle comporte une part de création individuelle et/ou collective (du groupe, de la communauté). Son côté créatif se manifeste de différentes façons :  par  des  raccourcis,  des  classifications… Processus sous-jacent  à  la  formation  d’une  représentation :

- l’objectivation (rendre concret ce qui est abstrait) : par exemple la psychanalyse, la santé, la  folie… - l’ancrage :  il  enracine  la  représentation  de  l’objet  dans  le  système de pensée préexistant. (Dans des systèmes préalables de classification, de typologies de personnes ou d’évènements  propres  aux  différents  groupes,  cultures  ou  sociétés  avec  leurs  croyances,   valeurs, les idéologies). De ce point de vue, l’identité  des  individus  et  des  groupes  est   reflétée au travers les diverses significations présentes dans leurs représentations. Mots associés au stimulus « santé » : Jeunes Age moyen Personnes de +plus de 75 ans

Hommes Sport/sexe/force/ vigueur/vitalité Dynamisme/efficacité/ rendement/travail Repos/tranquillité/ confort

Femmes Beauté/bonne mine/ soleil Equilibre/diététique/ forme Joie/présence  d’autre/ dialogue/bonheur

On le voit, les définitions de la santé des gens ordinaires débordent largement le corps somatique.  Elles  parlent  de  l’identité  sociale  de  l’individu.  Il  en  est  de  même  des  conceptions profanes de la maladie.