Corrigé-Dissertation Et Commentaire [PDF]

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Zitiervorschau

Proposition de corrigé : sujet n°2 (dissertation sur Baudelaire et le parcours « Alchimie poétique : la boue et l’or ») Le critique Benjamin Fondane écrit : « Non seulement le poète descend dans le sous-sol humain où grouille un monde de stupre et de honte, mais il prend sur lui de montrer que le sous-sol peut donner des fleurs, que cheveu, boue, crasse peuvent aussi chanter. » Dans quelle mesure cette citation éclaire-t-elle votre lecture de certaines œuvres poétiques, en particulier les Fleurs du Mal ? Vous répondrez en vous appuyant sur le recueil de Baudelaire, mais aussi sur des textes tirés d’autres œuvres poétiques ainsi que sur vos lectures et votre culture personnelles. I. Compréhension et analyse du sujet 1. Identifier le type de sujet Le sujet se compose d’une citation (d’un critique littéraire) et d’une question permettant d’orienter la réflexion. La question, qui commence par « dans quelle mesure… ? », invite à discuter la pertinence de la citation de B. Fondane : ce qu’il affirme au sujet de la poésie, et en particulier de la poésie de Baudelaire, est-il juste/vrai/valable ? Il faut donc analyser soigneusement la citation de Fondane pour voir dans quelle mesure celleci est pertinente. 2. Analyser le sujet et en définir le cadre Dans ce sujet, c’est surtout la citation qui est importante et c’est donc elle qu’il convient d’analyser précisément. Les connecteurs logiques montrent que la citation comporte deux temps (« non seulement… mais... ») : Les deux temps de la citation :

« Non seulement le poète descend dans « … mais il prend sur lui de montrer que le sousle sous-sol humain où grouille un monde sol peut donner des fleurs, que cheveu, boue, de stupre et de honte... » crasse peuvent aussi chanter. »

La première partie de la citation comporte un grand nombre de termes péjoratifs, qui renvoient au « bas »/à un monde inférieur ainsi qu’à ce qui est Analyse de sale, honteux, immoral. Cette première chacun des deux proposition revient à dire que certains temps de la poètes (et Baudelaire en particulier) vont citation : chercher les sujets de leurs poèmes et puiser leur inspiration dans ce qu’il y a de plus laid, de plus sale, de plus immoral dans le monde.

La deuxième partie de la citation mêle des termes péjoratifs semblables à ceux de la première partie (on retrouve le terme « sous-sol ») et des termes mélioratifs : « fleurs » (qui renvoie très explicitement au titre du recueil de Baudelaire) et « chanter ». La deuxième partie de la citation sous-entend qu’il est possible de trouver de la beauté dans ce qui est laid/sale/immoral : elle fait donc référence au processus alchimique baudelairien (on retrouve d’ailleurs le terme « boue » dans la citation de Fondane).

 Il faut, dans un premier temps du devoir, se concentrer sur la première partie de la citation, pour montrer que ce que dit Fondane est juste : effectivement, l’œuvre de Baudelaire (et de certains poètes) se concentre sur ce qu’il y a de plus laid/sale/immoral dans le monde.

 Il faut, dans un deuxième temps du devoir, se concentrer sur la deuxième partie de la citation, pour montrer à nouveau que ce que dit Fondane est juste : effectivement, l’œuvre de Baudelaire (et de certains poètes) est une mise en œuvre du processus alchimique qui consiste à trouver de la beauté dans ce qui est laid ou immoral.

Conséquences sur le plan :

II. Proposition de plan et de problématique A partir de l’analyse du sujet faite ci-dessus, on peut d’ores et déjà déterminer deux grandes parties, se concentrant chacune sur l’un des deux temps de la citation de Fondane, pour démontrer que son propos est globalement assez juste. Cela donnera un plan du type : I. Thèse 1 : première partie de la citation de Fondane II. Thèse 2 : deuxième partie de la citation de Fondane Mais il ne faut pas oublier que la question accompagnant la citation appelle à discuter la pertinence de cette dernière, et à en envisager les limites (« dans quelle mesure… ? »). On peut donc envisager une troisième partie pour ce devoir, du type : III. Antithèse : les limites de l’affirmation de Fondane

Dans cette troisième partie, il faut veiller à ne pas sortir du cadre du sujet en parlant de poèmes n’ayant strictement rien à voir avec la question du processus alchimique poétique. Il ne faut pas non plus être caricatural et affirmer que, dans certains poèmes des Fleurs du Mal, Baudelaire fait exactement le contraire de ce qu’affirme Fondane. L’idée est de nuancer les propos du critique et d’en montrer les limites, pas de montrer qu’ils sont totalement faux (après avoir démontré leur pertinence dans les deux premières parties du devoir, cela serait peu cohérent…) ou de parler de poèmes sans aucun lien avec l’idée du processus alchimique. Pour ce qui est des exemples, il faut s’efforcer de s’appuyer au maximum sur l’œuvre au programme (les Fleurs du Mal), sans oublier les poèmes vus dans le cadre du parcours « alchimie poétique : la boue et l’or » ou d’autres textes vus dans un autre cadre, mais ayant un lien avec le sujet. Un ratio du type « 2/3 des exemples tirés des Fleurs du Mal – 1/3 des exemples consistant en d’autres textes » semble satisfaisant et équilibré. Problématique : Fondane a-t-il raison d’affirmer que certains poètes, en particulier Baudelaire dans Les Fleurs du Mal, s’attachent à chercher leur source d’inspiration dans un monde laid et immoral, avant de tenter de sublimer cette laideur morale et physique en en faisant émerger la beauté ? Plan : I. [Thèse : 1ère partie de la citation] Effectivement, pour puiser son inspiration, Baudelaire dans Les Fleurs du Mal (et certains poètes) descendent dans un « sous-sol » où règnent la laideur et le mal 1. Le goût pour « le laid » : une des caractéristiques des Fleurs du Mal, affichée et assumée par Baudelaire - Le terme « Mal » figure en bonne place dans le titre - Le poème liminaire, « Au lecteur », réaffirme cette volonté de Baudelaire de se tourner vers ce qui est laid et mauvais : « Aux objets répugnants nous trouvons des appas / Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas / Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent » - Les Fleurs du Mal ont fait l’objet d’un procès et d’une condamnation en 1857, lors de la première publication, à cause de ce goût affiché pour la laideur et le mal : les pièces les plus scandaleuses ont été censurées (6 poèmes) 2. Chez Baudelaire, « le laid » prend de multiples formes - Des poèmes consacrés à des « objets répugnants » : « Une charogne » - Des poèmes consacrés au « stupre » et à la « honte », c-à-d au mal moral : les poèmes du Spleen, les poèmes évoquant les Enfers, Satan ou des créatures maléfiques telles que les vampires - Souvent, objets répugnants et mal moral se mêlent, comme dans « Les Métamorphoses du vampire », où la femme, en plus d’être une créature repoussante, incarne l’immoralité et mène le poète à la mort 3. En dehors de Baudelaire, d’autres poètes manifestent un goût affirmé pour ce qui est laid et immoral - S’appuyer sur les textes du parcours vus en classe (choisir un exemple que l’on maîtrise bien et le développer précisément) et éventuellement des œuvres d’art pour élargir la réflexion (La Raie de Chardin par exemple) II. [Thèse : 2e partie de la citation] Effectivement, Baudelaire dans Les Fleurs du Mal (et certains poètes) parvient à transformer la laideur, la saleté, l’immoralité en beauté 1. Trouver de la beauté dans le mal et la laideur : une recherche au cœur du recueil de Baudelaire - Le terme « fleurs », employé par B. Fondane, figure dans le titre du recueil de Baudelaire : le projet des Fleurs du Mal est bien de trouver de la beauté (1 er sens possible du terme « fleurs ») dans le Mal et d’écrire des poèmes (2e sens possible du terme « fleurs ») en puisant son inspiration dans le Mal - Ce projet est réaffirmé dans un projet d’épilogue pour la 2 e édition des Fleurs du Mal : « Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or » 2. Le processus alchimique à l’œuvre chez Baudelaire - La laideur physique est sublimée (multiples exemples possibles dans le recueil : il faut en choisir un que l’on maîtrise bien et le développer précisément) - La laideur morale également (même remarque) 3. Un concept à l’œuvre chez d’autres poètes - S’appuyer sur les textes du parcours vus en classe et éventuellement des œuvres d’art pour élargir la réflexion - Certains exemples peuvent permettre d’affirmer qu’il y a des poètes qui vont plus loin que Baudelaire dans le processus alchimique : c’est le cas de Rimbaud dans le poème « Vénus anadyomène », chez qui le processus alchimique est plus complexe (chez Baudelaire : laideur  beauté // dans le sonnet de Rimbaud : beauté  laideur  beauté)

III. [Antithèse] Les limites de la citation de Fondane 1. Le processus alchimique n’est pas toujours une réussite chez Baudelaire - Dans « Alchimie de la douleur », Baudelaire écrit : « Par toi je change l’or en fer / Et le paradis en enfer » : il évoque la possibilité que le processus alchimique échoue, ne donne pas toujours « des fleurs » et ne réussisse pas toujours à faire « chanter » des objets répugnants - Cet échec du processus alchimique s’observe à l’échelle de certains poèmes (« Spleen III » par exemple, dans lequel l’alchimiste échoue à sauver le roi qui s’ennuie de la mort) ainsi qu’à l’échelle du recueil : la dernière section des Fleurs du Mal s’intitule « La mort » 2. La recherche de la beauté chez Baudelaire peut se faire indépendamment de tout lien avec la laideur et le mal - Même si – de la même façon que la citation de B. Fondane – la première partie du recueil lie intimement le spleen (laideur et mal) et l’idéal (beauté), la beauté chez Baudelaire est capable d’exister indépendamment de tout lien avec le mal et la laideur - Exemples : « Correspondances », « Parfum exotique », « L’Invitation au voyage » (la laideur et le mal sont complètement absents de ces poèmes) 3. Faire chanter des objets autres que « la boue » et « la crasse » - Dans ses propos, B. Fondane insiste surtout sur « le stupre », « la honte », « la boue » et « la crasse » : mais il est possible que le processus alchimique s’opère dans un autre cadre, et que la beauté émerge non pas de ce qui est laid ou de ce qui est immoral, mais de ce qui est banal - C’est le projet de Francis Ponge dans Le Parti pris des choses, avec des poèmes tels que « Le pain »

Proposition de corrigé : sujet n°3 (commentaire : « Solde », Léon-Gontran Damas) Introduction : - Présenter l’auteur et l’œuvre en s’appuyant sur le paratexte - Présenter le poème en indiquant son titre + ses caractéristiques formelles (poème en vers libres) + le sens global du texte - Question - Annonce du plan Léon-Gontran Damas était un écrivain guyanais, ami d’Aimé Césaire, originaire d’un autre département d’outre-mer français : la Martinique. Ils ont tous les deux étudié à Paris et appartenu au courant de la négritude, mouvement littéraire et politique fondé par des écrivains francophones noirs, qui visait à défendre l’identité noire. Léon-Gontran Damas a notamment publié en 1937, quelques années après l’exposition coloniale de 1931, le recueil Pigments, qui reflète parfaitement les idées et les préoccupations des écrivains du courant de la négritude, dans un contexte où la France dispose encore, dans le monde, d’un empire colonial important. Ainsi, le poème « Solde », poème en vers libres composé de sept strophes, met en scène une situation que Léon-Gontran Damas a sans doute lui-même eu l’occasion de vivre lors de son séjour parisien, et qui est celle d’un homme noir confronté à un univers différent du sien : celui de la bonne société formée par les colons. Nous nous demanderons en quoi ce poème constitue un réquisitoire contre le colonialisme européen. Nous verrons dans un premier temps que l’homme noir qui s’exprime dans ce poème se sent complètement étranger à l’univers dans lequel il évolue, ce qui est source de mal-être, puis que l’évocation de cette scène débouche sur une critique à l’encontre des Européens qui reflète parfaitement les idées du courant de la négritude. I. Un homme noir évoluant au sein de la société coloniale européenne 1. Un décalage sur le plan physique… - Les trois premières strophes mettent l’accent sur les vêtements et le corps (cf. champs lexicaux correspondants) : le sentiment de décalage de l’homme noir est avant tout perceptible sur le plan physique et lié au fait d’être habillé à l’occidentale. L’anaphore de la préposition « dans » dans la première strophe accentue ce sentiment de décalage. - Ces habits et accessoires occidentaux sont source d’inconfort pour l’homme noir (v. 9-10 : les pieds qui transpirent car pas habitués aux chaussures) mais aussi de douleur (allusion aux « maux de tête » v. 15 à cause de la position du cou, désignée par la métaphore « cheminée d’usine » v. 14). - Ils produisent même un sentiment d’emprisonnement (cf. le terme « emmaillotage » v. 11), qui donne à l’homme noir un sentiment de faiblesse (cf. « qui m’affaiblit » v. 11). 2. … qui débouche sur un sentiment de mal-être, voire d’aliénation - Le sentiment de décalage sur le plan physique débouche sur un sentiment de mal-être sur le plan moral, souligné par l’anaphore de la proposition « j’ai l’impression d’être ridicule », qui constitue le premier vers de chacune des sept strophes (l’anaphore est source d’insistance) et qui sonne comme une litanie. - L’homme noir se sent étranger à tout ce qui l’entoure : les conversations, mais aussi les mœurs/habitudes, comme le prouve la périphrase désignant le thé (« un peu d’eau chaude » v. 25). - Ce sentiment d’étrangeté et de mal-être débouche sur un sentiment d’aliénation (fait de se sentir étranger à soi-même). L’homme noir a l’impression d’être un autre que lui-même, sans pour autant faire partie du monde dans lequel il évolue. 3. La confrontation de deux univers antithétiques qui semblent irréconciliables - Il y a une forte opposition entre le monde colonisé, représenté par l’homme noir qui est le locuteur de ce poème et qui s’exprime à la première personne du singulier, et le monde colonial au sein du quel évolue le locuteur, désigné par des termes qui soulignent l’éloignement (répétition du déterminant possessif « leur(s) » notamment, qui montre à quel point le locuteur se sent étranger au monde colonial). On peut relever plusieurs jeux d’antithèses : je/ils ; mon-mes/leur(s). - Ces deux univers antithétiques semblent irréconciliables sur plusieurs plans, que ce soit sur le plan des idées/convictions ou bien sur des plans plus anecdotiques, comme le montre le paradoxe souligné par l’homme noir v. 11-12 : la beauté et la force résident pour lui dans le fait d’être nu et non pas dans le fait d’être habillé, comme le pensent les Européens. T° : L’évocation de la situation que vit l’homme noir débouche sur un réquisitoire contre le colonialisme européen, constitué de plusieurs critiques, qui reflètent toutes des idées caractéristiques du courant de la négritude. II. Un réquisitoire contre le colonialisme européen, qui reflète les idées du courant de la négritude 1. Un monde artificiel - Le premier artifice est représenté par les vêtements et les accessoires, qui sont tous portés par des gens de la « bonne société ». On peut supposer que ce n’est pas par hasard que le locuteur cite un accessoire tel que le « faux-col », dans lequel l’adjectif « faux » renvoie implicitement à l’importance des artifices et à l’hypocrisie qui règne dans le monde occidental que côtoie l’homme noir. C’est le règne des apparences.

- La quatrième strophe du poème contient plusieurs termes péjoratifs renvoyant à l’idée que la société européenne est un monde artificiel et hypocrite : « manières », « courbettes », « singeries » (on peut noter une gradation dans l’intensité de ces termes). C’est ici l’artifice des comportements qui est dénoncé, et la critique est accentuée par l’anaphore de « dans leur(s) ». 2. Un monde immoral et violent - Allusion aux mensonges, dont sont coutumiers les Européens (v. 28-29). - Discrète allusion aux maisons closes (v. 30-31)  immoralité des colons, hypothèse confirmée par la présence du terme « souteneur » (v. 35). - Concentration de termes évoquant la violence dans la dernière strophe (point culminant du poème) : « souteneur » et « égorgeur » (mots qui riment : rime suffisante) + allusion au sang, rendue très concrète par la mention de la couleur « rouge » des mains et renforcée par la présence de l’adverbe « effroyablement » qui fait presque de cette expression une hyperbole. L’homme noir cherche à montrer que la société coloniale est bâtie sur la violence qui s’exprime à l’encontre des populations colonisées, qu’il s’agisse d’une violence physique ou d’une violence plus symbolique, comme celle qu’il éprouve au milieu de ce monde auquel il se sent étranger. 3. Le rejet d’une prétendue « civilisation » - La situation de décalage que vit l’homme noir + les critiques adressées à l’encontre des Européens aboutissent à un rejet de la société coloniale, qui prétend être une civilisation supérieure, alors qu’aux yeux du locuteur, il n’en est rien : le fait d’épeler les syllabes du terme « ci-vi-li-sa-tion », qui clôt le poème, est très ironique et emblématique ce que pense l’homme noir des Européens. - L’homme noir critique également le fait que ceux qui se targuent d’appartenir à cette « civilisation » supérieure sont incapables d’intégrer les populations colonisées, dont ils nient la culture : tout au long du poème, pour décrire la situation dans laquelle il se trouve, l’homme noir utilise des prépositions telles que « dans » et « avec », qui soulignent la différence qui existe entre lui et la société coloniale // dans la dernière strophe, il utilise la préposition « parmi », qui pourrait signifier que l’intégration a enfin eu lieu à ce moment-là, mais il n’en est rien, puisqu’il ne se sent pas intégré à ce monde, mais « complice » de ses horreurs, ce qui entérine définitivement le rejet et la critique dont la société coloniale fait l’objet dans ce poème. Conclusion : - faire une synthèse qui réponde clairement à la question posée en introduction - faire une ouverture (surtout pas une question, mais un lien avec un autre texte/une autre œuvre présentant un point commun avec ce poème : les exemples ne manquent pas)