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Intégrer ISO 22000 et ISO 9001 Centres d'intérêt : Agroalimentaire / Maîtrise des risques / Système de management intégré (SMI) Démarches Mener une démarche de management intégré Par Matt Véronique
1 Rappel ISO 22000, norme de management de la sécurité des aliments La norme ISO 22000:2005 entre dans le cadre des normes certifiables de l’ISO, et a été conçue de façon à ce que les exigences puissent s’intégrer dans un système qualité basé sur la NF EN ISO 9001. Cette norme est une norme sectorielle, c’est-à-dire qu’elle est destinée à un secteur industriel particulier qui est celui de l’agroalimentaire de transformation et de tous les métiers connexes. Sont ainsi concernés par cette norme les industriels de fabrication, stockage, transport, conditionnement de produits alimentaires, mais également les fabricants de machines destinées à l’agroalimentaire, les fabricants d’emballages en contact, ou encore les prestataires de service de ces industries. Cette norme est née suite aux diverses crises concernant la sécurité des aliments, à la fin des années 1990 : vache folle, dioxine… Le projet de cette norme a pris naissance en 2001, dans un contexte agroalimentaire en pleine mutation, prenant conscience des exigences nécessaires en termes de sécurité des aliments. Publiée en 2005, elle vient compléter le « Paquet hygiène » qui y fait référence dans l’article 5.3 du règlement 178/2002. Extrait du règlement 178/2002
Lorsque des normes internationales existent ou sont sur le point d’être adoptées, elles sont prises en considération dans l’élaboration ou l’adaptation de la législation alimentaire, sauf dans les cas où ces normes ou les éléments concernés de ces normes ne constitueraient pas un moyen efficace ou approprié d’atteindre les objectifs légitimes de la législation alimentaire ou lorsqu’il y a une justification scientifique, ou bien lorsque ces normes aboutiraient à un niveau de protection différent de celui jugé approprié dans la Communauté. L’ISO 22000:2005 voit le jour alors qu’un certain nombre de référentiels privés sur la sécurité des aliments existent déjà : l’IFS (International Food Standard) né en Allemagne en 2002 via le HDE (Hauptverband des Deutschen Einzelhandels), le BRC (British Retail Consortium) né en 1998 en Angleterre. La norme ISO 22000:2005 et ces référentiels, bien qu’ayant le même objectif, sont sensiblement différents : l’ISO 22000 est une norme de management de la sécurité des aliments et donc certifiable selon la norme NF EN ISO 19011, alors qu’IFS et BRC sont des référentiels produits (exigences de moyens) et donc certifiables selon la NF EN 45011.
Ainsi la norme ISO 22000:2005 est-elle une norme de management dont les objectifs sont décrits comme suit par l’ISO. Extrait de la présentation d’ISO 22000
L’ISO 22000:2005 définit des exigences pour permettre à un organisme de : planifier, mettre en œuvre, exploiter, maintenir et mettre à jour un système de management de la sécurité des denrées alimentaires destiné à fournir des produits qui, conformément à leur usage prévu, sont sûrs pour le consommateur ; démontrer la conformité avec les exigences légales et réglementaires applicables en matière de sécurité des denrées alimentaires ; évaluer et apprécier les exigences du client, démontrer la conformité avec les exigences établies en accord avec lui et relatives à la sécurité des denrées alimentaires afin d’améliorer la satisfaction du client ; communiquer efficacement sur les questions relatives à la sécurité des denrées alimentaires avec ses fournisseurs, ses clients et les parties intéressées de la chaîne alimentaire ; garantir la conformité avec sa politique déclarée en matière de sécurité des aliments ; démontrer cette conformité aux parties intéressées ; et faire certifier/enregistrer son système de management de la sécurité des denrées alimentaires par un organisme extérieur, ou effectuer une auto-évaluation/auto-déclaration de conformité à l’ISO 22000:2005.
On retrouve en conséquence la structure des autres normes de management de l’ISO : la NF EN ISO 9001 et la NF EN ISO 14001. L’intégration de ces normes et notamment de l’ISO 22000:2005 dans la NF EN ISO 9001 va être étudiée dans cet article. La structure de l’ISO 22000:2005(figure 1.1) est similaire à la NF EN ISO 9001 et se décline en huit chapitres. Les chapitres 4, 5 et 6 sont très proches de l’ISO 9001 ; la norme ISO 22000 se particularise sur les chapitres 7 et 8 ainsi que sur les exigences de communication du chapitre 5.
Figure 1.1 – Structure de l’ISO 22000
2 ISO 9001 et ISO 22000, des exigences communes Ces deux normes sont construites sur le même modèle de façon à être compatibles l’une avec l’autre. Il conviendra de les identifier et de les traiter de façon homogène.
2.1 Le chapitre 4 : exigences de documentation L’exigence en termes de documentation du chapitre 4 de la NF EN ISO 9001 reste inchangée dans l’ISO 22000:2005, à l’exception du manuel qualité qui n’apparaît pas en sécurité des aliments. L’ensemble de la documentation du système de management de la sécurité des aliments s’intègre donc dans la gestion des documents de la qualité. On y trouvera la même architecture documentaire : procédure, mode opératoire, instructions, formulaires, enregistrements. La procédure de gestion documentaire de l’ISO 9001 et de l’ISO 22000 sera donc unique et identique. Il en sera de même pour la procédure de gestion des enregistrements. Les procédures obligatoires de l’ISO 9001 sont : la procédure de gestion de la documentation, des enregistrements, la procédure d’audit, la procédure de gestion des non-conformités, la procédure de gestion des actions correctives, la procédure de gestion des actions préventives. Dans l’ISO 22000:2005, on y ajoutera la procédure de gestion des situations d’urgence, encore appelée procédure de gestion de crise, et la procédure de retrait.
Le manuel n’est pas cité dans l’ISO 22000, mais un manuel de sécurité des aliments peut être intégré au système. On le verra dans la partie 4.
2.2 Le chapitre 5 : direction Les chapitres 5 de la NF EN ISO 9001 et de l’ISO 22000:2005 ont également de grandes similitudes. On y retrouve l’engagement de la direction et l’obligation d’existence d’une politique. Dans l’ISO 22000, on notera que la politique de sécurité des aliments doit être documentée en plus d’être définie et communiquée. L’obligation de documenter la politique qualité n’apparaît pas dans l’ISO 9001, bien que dans la pratique ce soit souvent le cas. Comme nous le détaillerons dans la partie 4 de ce document, les deux politiques pourront alors être formalisées dans un même document, ou non. La notion de revue du système reste inchangée dans les deux normes. Leur contenu varie toutefois du fait de la particularité de la norme ISO 22000 qui s’applique à des secteurs bien spécifiques où la notion de retrait ou de rappel existe. On notera également qu’en données de sortie, la révision de la politique et des objectifs afférents à la sécurité des aliments est mentionnée en tant que telle, ce qui est plus implicite dans l’ISO 9001 où cette notion de revue de la politique est sous-entendue dans l’amélioration de l’efficacité du système et des processus. Les notions de responsabilités, autorités et communication sont également communes, mais la communication est largement développée dans l’ISO 22000 qui en fait un pilier. La notion de responsabilité transversale est également développée, traduite par le fait que l’ensemble du personnel a une obligation de responsabilité en termes de sécurité des aliments.
2.3 Le chapitre 6 : ressources Dans le chapitre 6, les exigences sur les ressources humaines sont également très proches entre les deux normes, avec des obligations de compétences et de formations. Des singularités subsistent toutefois au niveau de l’ISO 22000, laquelle permet par exemple d’intégrer un expert externe dans le système, à condition de bien définir ses responsabilités et son autorité.
2.4 Les chapitres 7 et 8 : non-conformité, actions correctives, préventives, audits, amélioration continue L’objectif d’amélioration continue est commun aux deux normes. La notion de non-conformité et d’action corrective est intégrée dans les chapitres 7 et 8
de
l’ISO 22000:2005,
alors
qu’elle
intervient
dans
le
chapitre 8
de
la NF EN ISO 9001. Ceci est lié à la particularité de la démarche HACCP intégrée dans le chapitre 7 de l’ISO 22000 et qui demande une maîtrise des CCP (critical control points) et PRPO. Ces notions de non-conformité et d’actions correctives sont traitées de façons différentes dans les deux normes, mais leur gestion peut être intégrée dans une
seule et même procédure commune. Dans l’ISO 22000 a été intégrée la possibilité d’analyse de la situation afin d’envisager le niveau de risque et la nécessité ou non de mener des actions. En effet, un contrôle de CCP montrant un résultat au-delà de la limite critique implique forcément une non-conformité et une correction, alors qu’un résultat au-delà de l’acceptabilité lors d’un contrôle d’un PRPO n’engendre pas forcément une non-conformité. La norme demande donc à ce qu’une analyse de la situation soit effectuée afin d’évaluer le risque et de décider ou non d’entrer dans une gestion de non-conformité. La gestion de la non-conformité en ISO 22000 peut aller jusqu’au retrait du produit. L’audit interne, l’analyse des données et l’amélioration continue du système sont communs et peuvent être traités identiquement (tableau 1.1). Tableau 1.1 – Tableau comparatif de l’ISO 9001 et de l’ISO 22000
Chapitr e
Exigences ISO 9001
Exigences ISO 22000
Commentaires
4.1 Exigences 4.1 Exigences Pas de notion de processus en générales générales ISO 22000 4
5
4.2 Exigences 4.2 Exigences Absence de manuel relatives à la relatives à la qualité/sécurité des aliments en documentation documentation ISO 22000 5.1 Engagement 5.1 Engagement de la direction de la direction 5.2 Écoute client
5.3 qualité
Ajout de la notion d’objectifs 5.2 Politique de la Politique mesurables dans l’ISO 22000 sécurité des versus ISO 9001 : importance de aliments la communication mise en avant
5.4 Planification
5.3 Planification du SMSA
5.5 Responsabilité 5.4 Obligation du personnel à rendre autorités Responsabilités et compte = communication interne communication autorités pour ISO 22000 5.5 Responsable de l’équipe chargée de la
Tableau 1.1 – Tableau comparatif de l’ISO 9001 et de l’ISO 22000
Chapitr e
Exigences ISO 9001
Exigences ISO 22000 sécurité aliments
des
5.6 Communication
Communication interne externe dans ISO 22000
et
5.7 Préparation et réponses aux Spécifique à l’ISO 22000 urgences
6
Commentaires
5.6 Revue direction
de 5.8 Revue direction
6.1 Mise disposition ressources
à 6.1 Mise des disposition ressources
Revue de la communication, révision de la politique et de objectifs, intégration des éléments de retrait et situations d’urgence en ISO 22000 à des
En ISO 22000, l’aide d’un expert est acceptée si ses 6.2 Ressources 6.2 Ressources responsabilités et autorités sont définies humaines humaines Intégration de la communication dans les exigences liées au RH 6.3 Infrastructures
6.3 Infrastructures
6.4 6.4 Environnement Environnement de de travail travail 7
7.1 Planification
7.1 Généralités
6.3 et 6.4 7.2 Programmes Infrastructures 7.3 prérequis Conception 7.5.1 Préparation du
La conception hygiénique des ateliers fait partie de la conception ou des travaux neufs : la définition des bonnes
Tableau 1.1 – Tableau comparatif de l’ISO 9001 et de l’ISO 22000
Chapitr e
Exigences ISO 9001
Exigences ISO 22000
Commentaires pratiques d’hygiène (BPH) se fait au moment de la conception et du développement du produit
service 7.4 Achats
7.3 Conception
7.3 Étapes initiales permettant l’analyse des dangers
7.3 Conception
7.4 Analyse des dangers
7.5 Établissement 7.3 Conception 7.5 des PRPO Production et préparation du 7.6 Établissement service du plan HACCP
4.2.3 et 8.5.1
Les PRPO et CCP sont définis lors de la conception du produit, mis en œuvre et surveillés en production
7.7 Mise à jour des informations initiales et des documents
8.2 Surveillance et 7.8 Planification mesure de la vérification 7.5.3 Identification 7.9 Système de et traçabilité traçabilité 8.3 Maîtrise du Analyse de la situation afin 7.10 Maîtrise des produit non d’évaluer le risque dans le cas non-conformités conforme de l’ISO 22000 8
8.1 Généralités
8.1 Généralités
7.3 Conception 8.2 Validation de 7.5.2 Validation de la combinaison la production des mesures de maîtrise
Les mesures de maîtrise prévues sont validées lors de la validation de la conception ; cela peut passer par des essais au niveau
Tableau 1.1 – Tableau comparatif de l’ISO 9001 et de l’ISO 22000
Chapitr e
Exigences ISO 9001
Exigences ISO 22000
Commentaires industriel
7.6 Maîtrise des dispositifs de surveillance et de mesurage
8.3 Maîtrise de la surveillance et du mesurage
8.2 Surveillance et 8.4 Vérification du mesure système 8.5 Amélioration
8.5 Amélioration
3 ISO 22000 : le management de la sécurité des aliments, une part intégrante du management de la qualité L’ISO 22000:2005 est complétée par une série de normes qui viennent renforcer sa compréhension et ses exigences :
ISO/TS 22004:2005 : Lignes directrices relatives à l’application d’un système ISO 22000 ; ISO/TS 22003:2007 : Exigences pour les organismes procédant à l’audit et à la certification de système ; EN ISO 22005 : Système de traçabilité en agroalimentaire ; ISO/TS 22002-1:2009 : Bonnes pratiques d’hygiène pour les entreprises de transformation. Dans le secteur agroalimentaire et ses métiers connexes, la sécurité des aliments vient répondre à des exigences réglementaires concernant notamment l’obligation de mise en œuvre de bonnes pratiques d’hygiène et d’une HACCP. En ce sens, la sécurité des aliments fait partie intégrante de la Qualité et de l’ISO 9001. En effet, dans l’ISO 9001, un des prérequis est que l’entreprise fournisse des produits conformes à la réglementation et applique la réglementation. La norme ISO 22000:2005 de management de la sécurité des aliments va donc s’intégrer dans le management de la Qualité. La notion de système management au sens normatif (NF EN ISO 9001) est définie comme un système permettant d’établir une politique et des objectifs et d’atteindre ces objectifs. Cette définition rejoint les exigences du chapitre 5 (Direction). Nous avons pu identifier que ces exigences d’engagement et de politique sont communes aux deux normes.
Le management est défini dans la NF EN ISO 9000 comme des activités coordonnées pour orienter et contrôler un organisme. Une politique commune de qualité et sécurité des aliments pourra ainsi être rédigée, et les objectifs pourront se partager entre les deux thématiques complémentaires. L’organisme mettant en œuvre les deux normes va donc mettre en place une organisation et un système permettant d’orchestrer de façon conjointe les orientations pour la qualité et pour la sécurité des aliments. Cette organisation sera pilotée par l’équipe de direction. La même personne peut être nommée pour avoir la responsabilité des deux systèmes ainsi que de l’équipe de sécurité des aliments, mais les responsabilités peuvent également être partagées sur deux personnes différentes. L’ensemble de l’organisation orientera ses actions pour répondre aux objectifs fixés en termes de qualité et de sécurité des aliments. Ces objectifs liés à la politique qualité et sécurité des aliments pourront être en lien avec la formation des personnes, la maîtrise des fournisseurs, la maîtrise de la réalisation du produit (non-conformités internes, par exemple), l’amélioration continue par des mesures préventives, l’investissement, etc. Ainsi, pour un axe défini dans la politique de meilleure maîtrise des fournisseurs, un des indicateurs pourra-t-il être le taux de non-conformités liées aux fournisseurs. Dans cet indicateur, on distinguera les non-conformités ayant un impact sur la sécurité des aliments et dépendant de l’ISO 22000 de celles ayant un impact sur la qualité organoleptique du produit ou sur le service rendu, qui dépend de l’ISO 9001. Il va sans dire que pour une entreprise qui n’aurait pas mis en œuvre l’ISO 22000 mais uniquement l’ISO 9001, les non-conformités ayant un impact sur la sécurité des aliments peuvent être intégrées au système qualité directement. Malgré tout, une entreprise qui choisirait une démarche ISO 9001 pour répondre aux exigences de sécurité des aliments ne répondrait pas à l’ISO 22000. En effet, l’obligation réglementaire à laquelle les entreprises doivent se conformer en ISO 9001 impose une HACCP et des règles d’hygiène s’appuyant sur le Codex Alimentarius et le « Paquet hygiène ». Ces exigences vont moins loin que celles imposées par l’ISO 22000 notamment en termes de validation des mesures de maîtrise, vérification et classification des prérequis en CCP ou PRPO. Enfin, quand on parle de management, on ne peut exclure la partie communication. Ce volet, peu développé dans l’ISO 9001, est un élément clé de l’ISO 22000. Il convient donc d’intégrer la communication dans chaque action, service, activité de l’entreprise, piloté par la direction ou un de ses représentants dans l’organisation. Comme illustré dans la figure 3.1, la communication selon l’ISO 22000:2005 doit s’étendre à l’ensemble des intervenants de la chaîne alimentaire : « de la fourche à la fourchette ».
Figure 3.1 – Concept de communication interactive
4 Intégration pas à pas de système ISO 9001 et 22000 L’ISO 22000:2005 est entièrement compatible avec la NF EN ISO 9001, les deux normes peuvent donc s’intégrer l’une dans l’autre. Dans la pratique, l’intégration des systèmes n’est pas toujours évidente. Dans une démarche processus répondant à l’ISO 9001, l’organisation identifie une cartographie de processus comprenant des processus de management, des processus support et des processus de réalisation. Les exigences de l’ISO 22000 vont s’intégrer dans cette cartographie et dans chacun des processus.
4.1 Le processus de management Dans le processus de management en NF EN ISO 9001, on trouve souvent des réponses aux exigences du chapitre 5 de la norme, c’est-à-dire l’engagement de la direction, l’élaboration de la politique qualité, la revue de direction et la définition de l’organisation et des responsabilités, la planification. De la même façon pourront s’intégrer à ce processus de management les exigences du chapitre 5 de la norme ISO 22000:2005. L’engagement de la direction sera commun et intégrera l’engagement de communication, politique, objectifs qualité et sécurité des aliments revus.
La politique qualité pourra intégrer des axes liés à la sécurité des aliments. Une autre préconisation peut être de déployer les axes centraux d’une politique qualité en une politique de sécurité des aliments. Ainsi l’organisation pourra-t-elle élaborer une politique qualité et sécurité des aliments, où apparaîtront des axes et objectifs liés à l’un ou l’autre des thèmes et répondant à l’un ou l’autre des référentiels. L’autre possibilité est d’élaborer une politique qualité donnant les grandes thématiques et valeurs de l’organisation, qui seront déployées en politique de sécurité des aliments avec des objectifs spécifiques. Concrètement, le processus de management peut se décrire suivant la fiche processus figurant dans le tableau 4.1 et le tableau 4.2. Tableau 4.1 – Fiche processus
Titre du processus
Clients internes et externes
Responsable
Management de la qualité et de la sécurité des aliments
Tous
Direction générale
Description du processus : définir annuellement les orientations et objectifs de l’entreprise au travers de la politique qualité et sécurité des aliments, gérer les organisations de façon à atteindre les objectifs fixés, réaliser les revues des systèmes afin de planifier les actions d’amélioration nécessaires Objectif et finalités : définir les orientations stratégiques de la société en termes de qualité et de sécurité des aliments, identifier les moyens et ressources nécessaires pour satisfaire ces orientations, assurer la revue des systèmes et l’analyse des indicateurs de performance en vue de leur amélioration continue Mesure de la performance : chiffre d’affaires – marge – taux de satisfaction clients – gestions de crises liées à la sécurité des aliments – niveau d’investissement en faveur de la sécurité des aliments Valeurs cibles : à définir par l’entreprise Analyse des risques : absence de stratégie, désorganisation de l’entreprise Tableau 4.2 – Fonctionnement du processus
Définir la stratégie de l’entreprise à travers la politique qualité et sécurité des aliments o Identifier les objectifs prioritaires o Suivre les objectifs par des indicateurs de performance o Assurer la revue des systèmes dans leur globalité o Identifier les pistes d’amélioration continue et planifier les actions o
Tableau 4.1 – Fiche processus
Titre du processus
Clients internes et externes
Responsable
Définir les ressources nécessaires au déploiement de la politique qualité et sécurité des aliments et des actions d’amélioration o Organiser des tests de gestion de crise o Favoriser la communication au sein de l’organisme et avec les parties prenantes o
Fournisseu rs
Entrées
Processus
Résult ats des indicateurs de performance A-1 o Bilan des audits, de l’évaluation fournisseurs, des nonconformités, des actions correctives et des actions préventives o Plan d’action d’amélioratio n
Sortie
Clients
o
Tous les processus
Politique qualité et sécurité des aliments o Définitio n des objectifs prioritaires et indicateurs de Tous les pilotage o Planificat processus ion d’actions o Définitio n des ressources nécessaires et organisation o
On peut associer à ce processus lié à la direction un processus d’amélioration continue des systèmes qui intégrera l’amélioration des systèmes, la gestion des audits internes, des non-conformités, des actions correctives et préventives (tableau 4.3 et tableau 4.4). Tableau 4.3 – Fiche processus
Titre du Clients internes et externes processus Améliorati on continue
Responsable Responsable qualité
Tous
Responsable de la sécurité des aliments
Description du processus : o
formaliser et actualiser le système qualité et le système de sécurité des aliments
Tableau 4.3 – Fiche processus
Titre du Clients internes et externes processus Améliorati on continue
Responsable Responsable qualité
Tous
Responsable de la sécurité des aliments
évaluer leur efficacité au travers notamment d’audits et de la revue des indicateurs de performance des processus o vérifier les prérequis du système de management de la sécurité des aliments par la réalisation d’inspections hygiène o assurer la formation de l’équipe sécurité des aliments et organiser les réunions de vérification du système de sécurité des aliments avec l’équipe o améliorer le système en gérant des actions correctives, préventives, les réclamations et en mettant en place des plans d’action d’amélioration o former et sensibiliser les acteurs du système o gérer les réclamations clients o
Objectif et finalités : maintenir des systèmes cohérents et efficaces en place Mesure de la performance : % de non-conformités internes – % de nonconformités internes liés à la sécurité des aliments Valeurs cibles : à définir par l’entreprise Analyse des risques : perte d’efficacité – augmentation des coûts liés à la non-qualité – perte de rentabilité – perte de confiance des clients et des consommateurs Tableau 4.4 – Fonctionnement du processus
Formaliser le système qualité et le système de sécurité des aliments (gestion documentaire) o Suivre au quotidien les performances des systèmes et identifier les sources d’amélioration o Mise en place des plans d’action correctifs ou préventifs o Planifier et réaliser les audits internes, les inspections et mettre en place les actions d’amélioration nécessaires o Mettre en place les actions d’amélioration nécessaires suite aux réclamations clients o
Fournisseu rs
Entrées
Processus
Sortie
Clients
Tableau 4.3 – Fiche processus
Titre du Clients internes et externes processus Améliorati on continue
Responsable Responsable qualité
Tous
Responsable de la sécurité des aliments Rapp orts d’audits o Plans d’action réalisés o Systè me en place Tous les et process efficace/com pte rendu de us revue de direction o Répo nse aux clients o
Politique et objectifs qualité et sécurité des aliments o Exigences clients o Indicateurs de performance des processus o Dysfonctionne ments o
Tous les processus
4.2 Les processus supports Nous décrirons ici deux processus habituellement considérés comme processus support : les ressources humaines et les achats. Dans le processus « ressources humaines », on trouvera la mise à disposition des ressources nécessaires mais aussi la formation. Ce processus va intégrer les exigences du chapitre 6 de la norme ISO 22000:2005 et NF EN ISO 9001(tableau 4.5 et tableau 4.6). Tableau 4.5 – Fiche processus
Titre du Clients internes et externes processus
Responsable
RH
Direction générale ou responsable RH
Tous
Description du processus : recrutement – suivi des RH – développement des compétences – évaluation des personnes – communication interne en termes de sécurité des aliments et de qualité Objectif et finalités : fournir à l’entreprise les ressources humaines adaptées – assurer le développement personnel des ressources humaines de l’entreprise – encourager la communication interne en termes de sécurité des aliments
Tableau 4.5 – Fiche processus
Titre du Clients internes et externes processus
Responsable
RH
Direction générale ou responsable RH
Tous
Mesure de la performance : % du budget accordé à la formation – % du budget accordé à la formation en lien avec la sécurité des aliments – évaluation de l’utilisation des outils de communication mis à disposition Valeurs cibles : à définir par l’entreprise Analyse des risques : démotivation des personnes – manque d’implication – perte d’efficacité – perte d’informations par manque de communication – risques en termes de sécurité des aliments par manque de communication ou de connaissance Tableau 4.6 – Fonctionnement du processus
o o o o o
Recrutement des personnes Formation au poste de travail, formation de l’équipe de sécurité des aliments Suivi des performances individuelles, objectifs individuels Développement des compétences, formation continue Communication interne
Fournisseurs
Entrées
Processus
Sortie Personnel compétent o Personnel impliqué dans le fonctionnement global de l’entreprise
Clients
o
Besoin en recrutement o Besoin en formation o
Tous
Tous
4.3 Le processus d’achat Les achats et notamment la maîtrise des fournisseurs sont considérés dans l’ISO 22000 comme un prérequis. On devra donc intégrer dans le processus d’achat les exigences liées à la sécurité des aliments, mais aussi les exigences de communication interactive de la norme ISO 22000:2005(tableau 4.7 et tableau 4.8).
Tableau 4.7 – Fiche processus
Titre du processus
Clients internes externes
Achats
Processus opérationnels (intérim)
–
et
Responsable
RH Responsable achats
Description du processus : sélection – suivi et évaluation des fournisseurs – maîtrise de la sécurité des aliments pour les matières premières, emballages Objectif et finalités : assurer la sélection de fournisseurs permettant la livraison de matière ou des prestations de service conformes aux exigences internes notamment en termes de qualité produit, qualité de service et sécurité des aliments – assurer une communication efficace avec les fournisseurs Mesure de la performance : note évaluation fournisseurs intégrant les nonconformités Valeurs cibles : à définir par l’entreprise Analyse des risques : impossibilité d’honorer les commandes clients – insatisfaction clients – perte de rentabilité – crise liée à la sécurité des aliments Tableau 4.8 – Fonctionnement du processus
o o o o
Fournisseur s Processus de réalisation Amélioration continue Management de la qualité
Sélection des fournisseurs sur des critères qualité et sécurité des aliments Suivi des fournisseurs : contrôles à réception notamment Communication efficace avec les fournisseurs Évaluation semestrielle
Entrées Besoi n de diversificatio n fournisseurs o Besoi n nouvelle MP ou services o
Processus
Sortie
Contrat d’achats ou fiche technique matière première o Fournisseu rs répondant aux exigences o
Clients
Processu s de réalisatio n RH
La maîtrise des CCP et PRPO (contrôle des CCP et PRPO) va se retrouver dans les processus opérationnels et notamment de contrôle (plan de contrôle) mais aussi dans la maîtrise du produit non conforme et dans l’action corrective.
4.4 Le principe de conception : l’HACCP L’analyse par étape des risques liés à la sécurité des aliments sera, en revanche, intégrée dans les étapes du processus de conception. À chaque validation et vérification de la conception, l’HACCP doit être également vérifiée et les nouveaux prérequis (mesures de maîtrise) définis doivent être validés selon les principes décrits dans le tableau 4.9 et le tableau 4.10. Tableau 4.9 – Fiche processus
Titre du processus
Clients internes et externes
Responsable
Conception
Tous
Responsable R&D
Description du processus : concevoir des produits et process afin de produire un produit fini répondant aux exigences clients, internes et légales Objectif et finalités : assurer par la conception et le développement produit la satisfaction des clients, le respect de la réglementation et de la sécurité des aliments – intégrer la prise en compte des populations sensibles lors de la conception développement Mesure de la performance : % de produits développés étant commercialisés – % de lancement réussis au niveau technique et commercial (absence de problématique de qualité ou de sécurité des aliments au lancement) Valeurs cibles : à définir par l’entreprise Analyse des risques : pas de vente du produit s’il ne répond pas aux exigences des clients Tableau 4.10 – Fonctionnement du processus
o o o o
Définition du brief produit/projet Conception de maquettes Tests pilote et industriels Veille réglementaire et concurrence
Fournisseurs
Entrées
Marketing/ commercial
Brief produit ou brief projet
Production
Réglementation Veille concurrentielle
Processus
Sortie
Clients
Produit ou Production process adapté Marketing/ aux attentes commercial clients et aux exigences réglementaires, documentations et exigences
Tableau 4.9 – Fiche processus
Titre du processus
Clients internes et externes
Responsable
Conception
Tous
Responsable R&D de BPHliées
Si l’on se réfère à la structure de l’ISO 22000 illustrée au chapitre 1, et sur une cartographie simplifiée des processus représentée en figure 4.1, l’intégration dans cette cartographie de l’ensemble des exigences ISO 22000 pourra être schématisée selon la figure 4.2.
Figure 4.1 – Cartographie simplifiée des processus
Figure 4.2 – Intégration des chapitres de l’ISO 22000 dans une cartographie des processus établie selon ISO 9001
Des exigences transversales comme la communication sont portées par la direction mais s’intègrent, en termes de mise en œuvre, dans l’ensemble des processus. La conception des programmes prérequis est dans le chapitre conception mais ils sont mis en application dans divers processus, comme par exemple la production.
5 La logique d’intégration L’intégration d’un système ISO 22000:2005 dans un système NF EN ISO 9001 n’est, en soi, pas très complexe puisque les deux normes sont compatibles. Ainsi les chapitres 4, 5 et 6 s’intègrent directement l’un dans l’autre en respectant la spécificité de l’ISO 22000 qui met l’accent sur la communication interactive tout au long de la chaîne alimentaire. La difficulté réside dans les chapitres 7 et 8 de l’ISO 22000, dont le lien avec la structure de l’ISO 9001 est moins évident lors d’une première approche de l’ISO 22000.
Il convient alors d’établir les correspondances de chapitres entre ISO 22000 et ISO 9001 et de respecter une logique qui est de positionner l’ISO 9001 comme norme centrale/chapeau. Dès lors, par cette logique, le système ISO 22000 va s’intégrer dans le système ISO 9001 et pas l’inverse. Ainsi, par exemple, le chapitre 7 de l’ISO 22000 et la démarche HACCP qui en découle vont se déployer au travers des divers processus opérationnels de l’ISO 9001. Au-delà de l’intégration de deux systèmes et de ses aspects purement techniques, on peut aborder cette démarche dans le cadre d’un engagement de responsabilité sociétale de l’entreprise. L’ISO 22000:2005, en ayant comme objectif d’assurer la sécurité des aliments pour le consommateur final, s’intègre dans la question centrale relative aux consommateurs, alors que la NF EN ISO 9001 est un outil de gouvernance de l’entreprise. Même si la question relative aux consommateurs ne peut se réduire à la seule sécurité des aliments, dans le milieu alimentaire, cette problématique en est un des points clés. Ainsi la question d’intégration des systèmes ISO 9001 et ISO 22000 prend-elle une autre dimension si l’on considère que c’est une étape dans une démarche de responsabilité sociétale de l’entreprise (NF ISO 26000). Associer ces systèmes à l’ISO 26000 va ainsi apporter une valeur à l’entreprise : valeur stratégique, humaine, sociale et sociétale. Le sujet de l’intégration des normes va donc au-delà de ces considérations techniques, et s’inscrit dans une démarche de plus grande dimension en termes de valeur ajoutée.