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GENESE Chapitre 1 (Berechit) 1,1 Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Au commencement Rabi Yits‘haq a enseigné : La Tora, [en tant qu’elle constitue essentiellement un code de lois], aurait dû commencer par : « Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois » (Chemoth, 12, 2), puisque c’est par ce verset qu’est édictée la première mitswa prescrite à Israël. Pourquoi débute-t-elle avec Beréchith ? « La puissance de Ses hauts faits, Il l’a révélée à Son peuple, en lui donnant l’héritage des nations » (Tehilim 111, 6). Ainsi, si les nations du monde viennent à dire à Israël : « Vous êtes des voleurs, vous avez conquis les terres des sept nations ! », on pourra leur répondre : « Toute la terre appartient au Saint béni soit-Il. C’est Lui qui l’a créée et Il l’a donnée à qui bon lui a semblé. (Cf. Yirmeya 27, 5). C’est par Sa volonté qu’Il les a données à ces peuples, et c’est par Sa volonté qu’Il les leur a reprises et qu’Il nous les a données ! » (Yalqout chim‘oni, Bo 187) Au commencement Ce texte demande, en fait, à être explicité. C’est comme nos maîtres l’ont expliqué : Le monde a été créé pour la Tora qui est appelée « le “commencement” de Sa voie » (Michlei 8, 22), et pour Israël qui est appelé « le “commencement” de Sa moisson » (Yirmeya 2, 3). Mais si tu veux l’expliquer selon le sens littéral, fais-le ainsi : Au commencement de la création des cieux et de la terre, alors que la terre était tohou et vohou et que les ténèbres..., Eloqim a dit : « que la lumière soit ! » Ce texte ne vient pas nous donner l’ordre de la création, nous dire que ces éléments ont été créés en premier. Si tel était le cas, le texte aurait dû porter barichona (« en premier lieu »), car on ne rencontre jamais le mot réchith dans la Bible sans qu’il soit lié au mot suivant. Exemples : « Au commencement (beréchith) du règne de Yehoyaqim » (Yirmeya 26, 1), « le commencement (réchith) de son royaume » (infra 10, 10), « les prémices (réchith) de ton blé » (Devarim 18, 4). Ici, de même, tu dois expliquer : « Au commencement, Eloqim créa... », comme s’il était écrit : beréchith bero, « au commencement de l’acte de la création », à rapprocher de : « au commencement (te‘hilath) où Hachem parla à Hoché‘a » (Hoché‘a 1, 2), c’est-à-dire : « au commencement de la parole adressée par le Saint béni-Soit-Il à Hoché‘a, Hachem dit à Hoché‘a. ». Peut-être persisteras-tu à soutenir que ce qu’on nous apprend ici, c’est qu’ils [à savoir le ciel et la terre] ont été créés en premier, et que le texte veut dire : « au commencement de tout, Eloqim créa le ciel et la terre », car il arrive que certains textes bibliques, dans leur concision, omettent un mot, comme dans : « pour n’avoir pas tenu closes les portes du sein qui m’avait conçu » (Iyov 3, 10) où l’on ne précise pas qui les a fermées. « On emportera les richesses de Damas » (Yecha’ya 8, 4), où l’on ne dit pas qui les emportera. « Le laboure-t-on avec des bœufs ? » (‘Amos 6, 12), sans que l’on précise si c’est un homme qui laboure avec des bœufs. « Dès le début, j’annonce la fin » (Yecha’ya 46, 10), où l’on ne dit pas : « j’annonce dès le début des choses la fin des choses ». Dans ce cas, tu devrais être toi-même étonné, car les eaux ont précédé la terre, puisqu’il est écrit : « et le souffle de Eloqim planait sur la face des eaux » (verset 2), alors que le texte ne nous a pas encore révélé quand les eaux ont été créées. Il faut 1
donc en conclure que les eaux ont existé avant la terre. En outre, les cieux (chamayim) ont été formés à partir du feu (éch) et de l’eau (mayim) ('Haguiga 12a). Force est donc d’admettre que le texte ne nous enseigne absolument pas l’ordre chronologique de la création (Beréchith raba 1, 6, Wayiqra raba 36,4) Eloqim créa Il n’est pas dit : « Hachem créa », mais « Eloqim créa »... L’intention première de Dieu avait été de créer le monde selon l’attribut de justice, [Eloqim étant le nom de Dieu lorsqu’Il exerce la justice], mais Il s’est rendu compte qu’il ne subsisterait pas. Aussi a-t-Il fait passer au premier plan l’attribut de miséricorde [Hachem étant le nom de Dieu lorsqu’Il agit avec miséricorde] et l’a-t-Il associé à celui de la justice. C’est ainsi qu’il est écrit : « le jour où Hachem-Eloqim fit terre et cieux » (infra 2, 4) (Beréchith raba 12, 15) 1,2 Or la terre n'était que solitude et chaos; des ténèbres couvraient la face de l'abîme, et le souffle de Dieu planait à la surface des eaux. Tohou et vohou Tohou signifie étonnement, stupéfaction, l’homme étant frappé d’étonnement et de stupeur en présence du vohou. En français médiéval : « estordison ». Vohou signifie vide et solitude La face de l’abîme A la surface des eaux qui étaient sur la terre Et le souffle de Eloqim planait Le trône de la majesté divine se tenait dans les airs et planait à la surface des eaux grâce au souffle de la bouche du Saint béni soit-Il et par Sa parole, comme une colombe qui plane sur son nid (Beréchith raba 2, ‘Haguiga 15a). En français médiéval : « acoveter » 1,3 Dieu dit: "Que la lumière soit!" Et la lumière fut. 1,4 Dieu considéra que la lumière était bonne, et il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres. Eloqim vit que la lumière était bonne. Eloqim sépara Ici aussi, nous devons nous référer à la hagada. Il vit que les scélérats ne mériteraient pas de profiter de la lumière, de sorte qu’Il la mit en réserve à l’usage des justes pour les temps à venir (‘Haguiga 12a). Quant au sens littéral, le voici : Il vit qu’elle était bonne et qu’il ne convenait pas que la lumière et les ténèbres assurent leur service dans la confusion. Aussi fixa-t-Il à l’une pour domaine le jour, et aux autres pour domaine la nuit (Beréchith raba 3, 7) 1,5 Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres, il les appela Nuit. Il fut soir, il fut matin, un jour. Jour un (yom è‘had)
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La symétrie du texte aurait exigé qu’il fût écrit : yom richon (« premier jour »), comme pour les autres jours où il est écrit : « deuxième », « troisième », « quatrième »... Pourquoi est-il écrit : « jour un » ? Parce que le Saint béni soit-Il était seul dans Son univers, le Midrach raba indiquant que les anges ont été créés le deuxième jour, [de sorte que « jour un » doit se comprendre : « jour de l’Unique »] 1,6 Dieu dit: "Qu'un espace s'étende au milieu des eaux, et forme une barrière entre les unes et les autres." Que soit un firmament Que le firmament se raffermisse, car le ciel, bien qu’il ait été créé le premier jour, était encore fluide. Il ne s’est consolidé que le deuxième jour au grondement de la voix du Saint béni soitIl disant : « Que soit un firmament ! » C’est comme dans : « les colonnes du ciel étaient chancelantes » (Iyov 26, 11) – cela le premier jour, et elles se sont raffermies sous Sa menace (‘Haguiga 12a), et ce le deuxième jour. C’est comme un homme qui reste pétrifié en entendant une menace qui lui fait peur (voir Beréchith raba 4, 1) A l’intérieur des eaux Dans la partie médiane des eaux, car il y a un firmament libre entre les eaux d’en-haut et le firmament, tout comme il y en a un entre le firmament et les eaux qui sont sur la terre. Tu apprends par là qu’elles restent suspendues en haut par la seule force de la parole du Roi (Beréchith raba 4,1-2) 1,7 Dieu fit l'espace, opéra une séparation entre les eaux qui sont au-dessous et les eaux qui sont au-dessus, et cela demeura ainsi. Eloqim fit le firmament Il le fixa dans sa position. C’est ce que signifie le mot « faire », comme dans : « elle fera (we‘assetha) ses ongles » (Devarim 21, 12) Au-dessus du firmament Il n’est pas dit : « sur le firmament », mais : « au-dessus du firmament », car les eaux étaient suspendues en l’air (Beréchith raba 4, 2). Et pourquoi n’est-il pas dit, le deuxième jour, que « c’était bien » ? Parce que le travail des eaux commencé le deuxième jour n’a été achevé que le troisième. Or, ce qui n’est pas achevé n’est ni parfait ni bon. Et le troisième jour, où le travail des eaux a été terminé, et où Dieu a commencé et achevé un autre travail, il est écrit deux fois : « Eloqim vit que c’était bon » (versets 10 et 12), une fois pour l’achèvement du travail de la veille, et une autre pour l’achèvement de celui du jour même 1,8 Dieu nomma cet espace le Ciel. Le soir se fit, le matin se fit, - second jour. Eloqim appela le firmament : cieux Sa mayim (« porte l’eau ») (Beréchith raba 4, 9), ou : cham mayim (« là il y a de l’eau »), ou encore : éch oumayim (« feu et eau »). Feu et eaux ont été unis pour former les cieux ('Haguiga 12a) 3
1,9 Dieu dit: "Que les eaux répandues sous le ciel se réunissent sur un même point, et que le sol apparaisse." Cela s'accomplit. Que les eaux... soient rassemblées Elles étaient étalées sur la surface de toute la terre, et Il les a rassemblées dans [ce qui constitue aujourd’hui] l’Océan, la plus grande de toutes les mers (Beréchith raba 5, 3) 1,10 Dieu nomma le sol la Terre, et l'agglomération des eaux, il la nomma les Mers. Et Dieu considéra que c'était bien. Il l’appela : mers Il n’existe pourtant qu’une seule mer ! Cependant, le goût d’un poisson que l’on pêche en mer à Acco [Saint-Jean d’Acre] ne ressemble pas à celui d’un poisson pêché à Aspamia, [et donc les variétés de poissons diffèrent selon l’endroit où elles sont pêchées] (Beréchith raba 5, 8) 1,11 Dieu dit: "Que la terre produise des végétaux, savoir: des herbes renfermant une semence; des arbres fruitiers portant, selon leur espèce, un fruit qui perpétue sa semence sur la terre." Et cela s'accomplit. Que la terre produise des végétaux (dèchè) Dèchè n’a pas le même sens que ‘éssev, ni ‘éssev le même sens que dèchè. Le texte n’aurait pas pu dire : ta’assiv haarets (« que la terre produise des herbes ») au lieu de : tadché haarets (« que la terre produise des végétaux »). Car dèchè s’applique à l’ensemble des végétaux, lequel englobe une multitude d’espèces, dont chacune forme une variété de ‘éssev. [On dira donc : « telle ‘éssev »], mais non : « telle dèchè ». Le mot dèchè désigne en effet le vêtement global de la terre, quand elle se couvre de végétaux Que la terre produise des végétaux Qu’elle se recouvre entièrement d’un vêtement de plantes diverses. En français médiéval : « herberies ». Toutes indistinctement, chacune d’elles étant appelée ‘éssev Semant une semence La plante porte en elle la semence que l’on sèmera ailleurs pour la reproduire Des arbres fruitiers (‘éts peri – littéralement : « arbre-fruit ») Que le goût de l’arbre soit le même que celui du fruit (Beréchith raba 5, 9). Mais la terre a désobéi, et elle a produit « des arbres faisant un fruit qui renferme sa semence » (verset 12), et non des « arbres-fruits ». C’est pourquoi, lorsque Adam a été puni pour sa faute, la terre aussi a été punie pour la sienne et a été maudite Un fruit qui porte sa semence 4
Ce sont les graines de chaque fruit, à partir desquelles pousse l’arbre lorsqu’on les met en terre 1,12 La terre donna naissance aux végétaux: aux herbes qui développent leur semence selon leur espèce, et aux arbres portant, selon leur espèce, un fruit qui renferme sa semence. Et Dieu considéra que c'était bien. La terre produisit... Il est vrai que l’ordre donné aux végétaux (verset 11) ne spécifiait pas : « selon leur espèce ». Cependant, ils l’ont entendu lorsqu’il a été adressé aux arbres et ils y ont eux-mêmes obéi par un raisonnement a fortiori, [tenant compte de ce qu’ils poussent en rangs serrés alors que les arbres, pour pouvoir grandir, ont besoin d’être éloignés les uns des autres], comme expliqué dans la hagada (‘Houlin 60a) 1,13 Le soir se fit, le matin se fit, - troisième jour. 1,14 Dieu dit: "Que des corps lumineux apparaissent dans l'espace des cieux, pour distinguer entre le jour et la nuit; ils serviront de signes pour les saisons, pour les jours, pour les années; Qu’il y ait des luminaires... Ils avaient été créés dès le premier jour, mais c’est le quatrième jour qu’ils ont reçu l’ordre de se placer dans le firmament ('Haguiga 12a). Il en a été de même pour tous les éléments du ciel et de la terre : Ils ont été créés le premier jour (Beréchith raba 1, 19), et mis chacun à sa place le jour qui lui a été assigné. C’est pourquoi il est écrit : eth hachamayim (verset 1), la préposition eth incluant tout ce qui se rattache au ciel. De même pour eth haarets, où eth vient inclure ce qui se rattache à la terre Qu’il y ait des luminaires Le mot meoroth est écrit dans une forme défective (Yerouchalmi Ta‘anith 4, 3) [comme pour dire meéroth (« fléaux »)], car ce jour-là la diphtérie menace les jeunes enfants. C’est ce qu’on nous a enseigné : Le quatrième jour, on jeûnait pour que la diphtérie reste éloignée de la bouche des enfants (Ta‘anith 27b) Pour séparer le jour de la nuit Quand la première lumière a été mise en réserve. Cependant, pendant les sept jours de la création, la première lumière et les premières ténèbres ont assuré leur service ensemble, de jour comme de nuit Ils seront des signes Une éclipse des luminaires est mauvais signe pour le monde. Il est certes écrit : « ne tremblez pas devant les signes célestes ! » (Yirmeya 10, 2). Cependant, ce verset ne s’applique qu’au cas où vous exécutez la volonté du Saint béni soit-Il, car alors vous n’avez à redouter aucun châtiment (Souka 29a) Et pour les fêtes 5
Le texte anticipe sur l’avenir, quand Israël recevra les mitswoth relatives aux fêtes, celles-ci étant fixées d’après le renouvellement de la lune Et pour les jours Une demi-journée de soleil et une demi-journée de lune font un jour complet Et pour les années En trois cent soixante-cinq jours, ils achèveront leur course avec l’assistance des douze signes du zodiaque, ce qui fait une année, pour recommencer ensuite dans la sphère une nouvelle révolution semblable à la précédente 1,15 et ils serviront de luminaires, dans l'espace céleste, pour éclairer la terre." Et cela s'accomplit. Ils seront des luminaires En plus de tout cela, ils serviront à illuminer le monde 1,16 Dieu fit les deux grands luminaires: le plus grand luminaire pour la royauté du jour, le plus petit luminaire pour la royauté de la nuit, et aussi les étoiles. Les deux grands luminaires Ils avaient été créés égaux. Mais la lune a été rapetissée car elle s’était plainte en disant : « Il n’est pas possible à deux rois de se partager la même couronne ! » (‘Houlin 60b) Et les étoiles Après avoir rapetissé la lune, Il lui a adjoint une armée d’étoiles pour apaiser son chagrin (Beréchith raba 6) 1,17 Et Dieu les plaça dans l'espace céleste pour rayonner sur la terre; 1,18 pour régner le jour et la nuit, et pour séparer la lumière des ténèbres. Dieu considéra que c'était bien. 1,19 Le soir se fit, le matin se fit, - quatrième jour. 1,20 Dieu dit: "Que les eaux fourmillent d'une multitude animée, vivante; et que des oiseaux volent au dessus de ta terre, à travers l'espace des cieux." D’êtres vivants Qui aient en eux de la vie Rampante Toute espèce d’être vivant qui ne dépasse pas le niveau du sol est appelée chèrets. Par exemple, dans le genre ailé : les mouches. Parmi les créatures repoussantes : les fourmis, les 6
scarabées et les vers. Parmi les animaux de plus grande taille : les taupes, les rats, les lézards et ce qui leur ressemble. Il en est de même de tous les poissons 1,21 Dieu créa les cétacés énormes, et tous les êtres animés qui se meuvent dans les eaux, où ils pullulèrent selon leurs espèces, puis tout ce qui vole au moyen d'ailes, selon son espèce; et Dieu considéra que c'était bien. Les cétacés Des grands poissons de mer. D’après la hagada (Baba Batra 74b), il s’agit du léwiathan et de sa compagne, qu’Il a créés mâle et femelle. Il a tué la femelle et l’a conservée dans du sel à l’intention des justes dans les temps à venir. Car s’ils avaient fructifié et s’ils s’étaient multipliés, le monde n’aurait pas pu se maintenir devant eux Les êtres animés Qui aient en eux de la vie 1,22 Dieu les bénit en disant: Croissez et multipliez remplissez les eaux, habitants des mers oiseaux, multipliez sur la terre!" Eloqim les bénit Etant donné qu’on les élimine, qu’on les capture et qu’on les mange, ils avaient besoin d’une bénédiction (Beréchith raba 11, 2). Les bêtes sauvages, elles aussi, auraient eu besoin d’une bénédiction. Il ne les a cependant pas bénies, à cause du serpent qui allait plus tard se faire maudire, afin que celui-ci n’y soit pas inclus Fructifiez Perou, du substantif peri (« fruit »), signifie : « produisez des fruits » Et multipliez S’Il n’avait dit que perou, chaque créature n’aurait donné naissance qu’à un seul être, et pas davantage. Aussi a-t-Il a ajouté ourevou (« et multipliez ») afin qu’elle donne naissance à une nombreuse descendance 1,23 Le soir se fit, le matin se fit, - cinquième jour. 1,24 Dieu dit: "Que la terre produise des êtres animés selon leurs espèces: bétail, reptiles, bêtes sauvages de chaque sorte." Et cela s'accomplit. Que la terre fasse sortir Ainsi que je l’ai expliqué [sous le verset 14], tout avait été créé dès le premier jour, et il ne restait plus qu’à le faire sortir au jour voulu Des êtres vivants 7
Qui aient en eux la vie Et reptiles (rèmès) On appelle rèmès des êtres de petite taille qui rampent sur le sol et qui ont l’air de se traîner, car on ne les voit pas marcher. Les mots rèmès et chèrets sont rendus en français médiéval par « conmovres » 1,25 Dieu forma les bêtes sauvages selon leurs espèces, de même les animaux qui paissent, de même ceux qui rampent sur le sol. Et Dieu considéra que c'était bien. Il fit Il a fixé leur nature [extérieure] et leur allure [extérieure] (‘Houlin 60a) 1,26 Dieu dit: "Faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail; enfin sur toute la terre, et sur tous les êtres qui s'y meuvent." Faisons l’homme Nous apprenons ici la modestie du Saint béni soit-Il. L’homme étant à l’image des anges, ceux-ci auraient pu être jaloux. C’est pourquoi Il les a consultés (Sanhèdrin 38b, Beréchith raba 8, 7). Et lorsque Dieu juge les rois [de la terre], Il consulte Sa famille [céleste] (Midrach tan‘houma Chemoth 18), ainsi que nous le trouvons à propos de A‘hav, à qui Mikha a déclaré : « J’ai vu Hachem assis sur son trône, tandis que toute l’armée céleste se tenait debout près de lui, à droite et à gauche » (I Melakhim 22, 19). Or, Dieu a-t-Il une droite et une gauche ? C’est donc que se tenir « à droite » signifie prendre la défense de l’accusé, et se tenir « à gauche » veut dire l’accabler. De même : « Tel est l’arrêt prononcé par la volonté des anges et la résolution décrétée par les saints » (Daniel 4, 14). Ici aussi, Dieu consulte Sa famille et lui dit : « Dans les mondes supérieurs, il y a des êtres à mon image. S’il n’y en avait pas à mon image dans les mondes inférieurs, il y aurait de la jalousie dans l’œuvre de la création. Faisons l’homme Il est vrai que personne n’a aidé Dieu dans l’œuvre de la création, de sorte que les hérétiques pourraient être incités [par le pluriel « faisons »] à Le dénigrer. Cependant, le texte n’a pas voulu manquer l’occasion de donner une leçon de savoir-vivre et d’enseigner la valeur de la modestie : le supérieur doit prendre l’avis de son subordonné et lui demander son autorisation (Beréchith raba 8, 7). S’il avait été écrit : « je vais faire l’homme », cela ne nous aurait pas appris que Dieu a consulté son beith din, mais nous aurions compris qu’Il a décidé seul. Quant à la réponse aux hérétiques, elle figure au verset suivant : « Eloqim créa l’homme », et non : « créèrent » A notre image Sur notre modèle Selon notre ressemblance 8
Capable de comprendre et doué d’intelligence Et qu’ils dominent sur les poissons de la mer Le mot weyirdou contient tout à la fois une signification de domination : ridouï, et une signification de déchéance : yerida. S’il a du mérite, l’homme domine la bête. S’il n’en a pas, il descend plus bas qu’elle (Beréchith raba 8, 12), et c’est elle qui le domine (voir Chabath 151b) 1,27 Dieu créa l'homme à son image; c'est à l'image de Dieu qu'il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois. Eloqim créa l’homme à son image Selon le modèle fait pour lui. Car tout a été créé par la parole de Dieu, tandis que l’homme a été créé, si l’on peut dire, par Ses mains, ainsi qu’il est écrit : « Tu as posé ta main sur moi » (Tehilim 139, 5). Il a été fait au moyen d’un sceau, comme une monnaie qui est frappée d’une marque, appelée en français : « coin ». C’est ainsi qu’il est écrit : « Elle se transforme comme l’argile sous le sceau » (Iyov 38, 14) C’est à l’image de Eloqim qu’Il le créa C’est pour t’expliquer que l’image destinée à la création de l’homme reproduit le modèle de son Créateur Mâle et femelle Il les créa Alors qu’il est écrit plus loin : « Il prit un de ses côtés... » (infra 2, 21). Voici ce qu’enseigne le midrach (Beréchith raba 8, 1, ‘Erouvin 18a) : Il a commencé par le créer avec deux visages, puis Il l’a divisé en deux. Quant au sens littéral, il nous apprend qu’ils ont été créés tous les deux le sixième jour, sans préciser la manière dont ils ont été créés, sur laquelle on reviendra plus loin 1,28 Dieu les bénit en leur disant "Croissez et multipliez! Remplissez la terre et soumettez-la! Commandez aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, à tous les animaux qui se meuvent sur la terre!" Et dominez-la Le mot wekhivechouha (« et dominez-la ») est écrit sous une forme défective [sans waw après le chin, comme pour suggérer que l’ordre a été signifié à un seul.]. Cela t’apprend que c’est l’homme qui « domine » la femme, afin qu’elle n’aille pas vagabonder. Cela t’apprend aussi que l’obligation de procréer incombe à l’homme, puisqu’il est le maître, et non à la femme (Yevamoth 65b) 1,29 Dieu ajouta: "Or, je vous accorde tout herbage portant graine, sur toute la face de la terre, et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbres par le développement du germe. Ils serviront à votre nourriture. Ce sera votre nourriture. Et à tous les animaux de la terre 9
Hommes et animaux sont sur le même plan en ce qui concerne la nourriture, et Adam et sa femme n’avaient pas le droit de faire mourir une créature et d’en manger la chair. Ils mangeaient tous pareillement l’herbe des champs. C’est lorsque viendront les fils de Noa‘h qu’Il leur permettra de manger de la viande, ainsi qu’il est écrit : « tout ce qui se meut de ce qui est vivant... comme l’herbe qui verdoie – que j’avais permis à Adam – je vous donne tout » (infra 9, 3) 1,30 Et aux animaux sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se meut sur la terre et possède un principe de vie, j'assigne toute verdure végétale pour nourriture." Et il en fut ainsi. 1,31 Dieu examina tout ce qu'il avait fait c'était éminemment bien. Le soir se fit, puis le matin; ce fut le sixième jour. Le jour sixième Le hé superflu [dans hachichi] qui apparaît à la fin de l’œuvre de création est destiné à nous faire savoir que le Saint béni soit-Il l’a assortie d’une condition, à savoir qu’Israël accepte les « cinq » [chiffre exprimé par la lettre hé] livres de la Tora. (Chabath 88a) Autre explication : « Le » jour sixième : tout est en suspens dans l’attente du sixième jour – le six siwan, date à laquelle sera donnée la Tora (‘Avoda Zara 3a).
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Chapitre 2 2,1 Ainsi furent terminés les cieux et la terre, avec tout ce qu'ils renferment. 2,2 Dieu mit fin, le septième jour, à l’œuvre faite par lui; et il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu'il avait faite. Eloqim termina Rabi Chim‘on a enseigné : Etant donné que l’être humain ne sait pas calculer avec exactitude ses moments et ses instants, nous ajoutons une partie de la semaine à la journée sainte du chabath. Le Saint béni soit-Il, en revanche, qui sait calculer avec une précision absolue Ses moments et Ses instants, entre dans le chabath avec une rigoureuse ponctualité, et Il nous donne l’impression d’avoir terminé Son œuvre en ce septième jour. Autre explication : Que manquait-il au monde ? Le repos. Le chabath est venu, et avec lui le repos. Alors seulement l’œuvre de création a été terminée et menée à bonne fin (Beréchith raba 10, 10) 2,3 Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, parce qu'en ce jour il se reposa de l’œuvre entière qu'il avait produite et organisée. Eloqim bénit... le sanctifia Il l’a béni avec la manne, qui tombait chaque jour de la semaine à raison d’un ‘omer par personne, et le double le sixième jour. Et Il l’a proclamé saint avec la manne, qui ne tombait pas le chabath (Beréchith raba 11, 1). Le texte anticipe ici sur l’avenir Que Eloqim créa pour faire Le travail qui aurait dû être exécuté le chabath, Il l’a fait le sixième jour, faisant ce jour-là œuvre double, comme expliqué dans le Beréchith raba (11, 10) 2,4 Telles sont les origines du ciel et de la terre, lorsqu'ils furent créés; à l'époque où l'ÉternelDieu fit une terre et un ciel. Celles-ci sont les générations Exposées ci-dessus Des cieux et de la terre Cela t’apprend qu’ils ont tous [à savoir le ciel et la terre] été créés le premier jour. Autre explication (Mena‘hoth 29b. Voir Beréchith raba 12, 9) : « Lorsqu’ils furent créés » – Il les a créés avec un hé [behé baram], ainsi qu’il est écrit : « En yah Hachem, rocher des siècles » (Yecha’ya 26, 4), ce qui veut dire que Dieu les a créés avec les deux lettres de Son nom : yod et hé. C’est ainsi que ce monde-ci a été créé avec un hé. Car le hé est fermé de tous les côtés et ouvert vers le bas : les hommes descendent inexorablement vers la mort. [Ou encore : les 11
« scélérats » finiront tous par tomber, il n’y a pas de salut pour eux. Mais ils peuvent, par la pénitence, remonter. Le hé est ouvert, et donc la porte leur reste ouverte] 2,5 Or, aucun produit des champs ne paraissait encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne poussait encore; car l'Éternel-Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et d'homme, il n'y en avait point pour cultiver la terre. Ne paraissait encore (tèrèm) sur la terre Le mot tèrèm employé dans le texte signifie toujours « pas encore », et jamais « auparavant ». On ne peut pas le conjuguer comme un verbe, pour dire hitrim, comme on dit hiqdim [forme conjuguée à partir de la racine qdm]. Notre texte en est la preuve, ainsi que : « mais toi et tes serviteurs, je sais que vous ne craignez pas encore (tèrèm) Hachem-Eloqim » (Chemoth 9, 30). On doit l’expliquer de la même manière ici : Aucun produit des champs ne paraissait encore sur la terre lorsque la création a été achevée le sixième jour avant la création de l’homme. Et aucune herbe des champs ne poussait encore. Quant au troisième jour de la création où il est écrit : « que la terre produise des végétaux... » (supra 1, 11), cela ne signifie pas qu’ils ont poussé au-dessus du sol, mais cela veut dire qu’ils sont restés enfouis sous terre jusqu’au sixième jour (‘Houlin 60b) Car Il n’avait pas fait pleuvoir Et pour quelle raison n’avait-Il pas fait pleuvoir ? Parce que « d’homme, il n’y en avait pas pour travailler la terre ». Il n’y avait donc personne qui pût apprécier les bienfaits des pluies. Et lorsque l’homme est arrivé, il a reconnu que les pluies étaient nécessaires au monde. Il a prié pour elles, et elles sont tombées. C’est alors que les arbres et les végétaux se sont mis à pousser Hachem-Eloqim Hachem est Son nom. Quant à Eloqim, il signifie qu’Il est juge et maître de l’univers. C’est ainsi que l’on explique toujours cette dualité selon son sens simple : Hachem, qui est Eloqim 2,6 Mais une exhalaison s'élevait de la terre et humectait toute la surface du sol. Une humidité s’élevait Comme elle était nécessaire à la création de l’homme, Il l’a fait remonter de l’abîme jusque dans les nuages, afin d’en humecter la terre et créer l’homme. C’est comme lorsque l’on pétrit : on commence par verser de l’eau, puis on pétrit la pâte. Ici aussi il est écrit : « elle humectait », et ensuite : « Il façonna » (Beréchith raba 14) 2,7 L'Éternel-Dieu façonna l'homme, - poussière détachée du sol, - fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. Il façonna l’homme (wayyitsèr) Le mot wayyitsèr est écrit avec deux yod, car il y a eu deux façonnages : celui de l’homme dans ce monde-ci, et celui de l’homme dans le monde à venir (Beréchith raba 14, 5). Tandis 12
que pour les animaux, qui ne sont pas justiciables du tribunal divin, le même mot wayitsèr (verset 19) n’est écrit qu’avec un seul yod
Poussière détachée du sol Dieu a amassé la poussière de toute la terre, des quatre points cardinaux, afin qu’elle accepte, où que l’homme vienne à mourir, de devenir sa tombe (Midrach tan‘houma Peqoudei 3). Autre explication : Il a pris la poussière de l’endroit dont il est dit : « Tu feras pour moi un autel de terre » (Chemoth 20, 21), [à savoir le site où allait être construit le Temple], en se disant : « Pourvu qu’elle lui soit une expiation afin qu’il puisse tenir ! » (Beréchith raba 14, 9) Il insuffla dans ses narines une âme de vie Il l’a formé d’éléments d’ici-bas et d’éléments d’en haut : le corps d’en-bas, et l’âme d’en haut. Car le premier jour, Il a créé le ciel et la terre. Le deuxième jour, le firmament pour les êtres d’en haut. Le troisième jour, la terre ferme est apparue pour les êtres d’en-bas. Le quatrième, les luminaires pour les êtres d’en haut. Le cinquième, Il a fait fourmiller les eaux d’une multitude rampante d’êtres vivants, pour les êtres d’en-bas. Il fallait donc, le sixième jour, créer tout à la fois des éléments d’en haut et des éléments d’en-bas. Car il se serait établi, sinon, de la jalousie dans l’œuvre de la création, puisque les uns auraient dépassé les autres pendant une des journées qu’a duré celle-ci (Beréchith raba 12, 7) Et l’homme fut une âme vivante Les animaux et les bêtes sauvages sont également appelés « âmes vivantes ». Cependant, celle de l’homme est la plus vivante de toutes, car il s’y ajoute la connaissance et la parole 2,8 L'Éternel-Dieu planta un jardin en Éden, vers l'orient, et y plaça l'homme qu'il avait façonné. Vers l’orient (miqèdèm) C’est à l’est de ‘Eden que Dieu a planté le jardin. Mais peut-être objecteras-tu [en prenant le mot miqèdèm comme exprimant une antériorité] qu’Il avait déjà créé l’homme, puisqu’il est écrit : « Eloqim créa l’homme à son image » (supra 1, 27). J’opposerai, dans ce cas, la barayetha de rabi Yossi Haglili qui nous enseigne les trente-deux règles d’interprétation de la Tora. Voici l’une d’elles : Lorsqu’une « généralité » est suivie d’un récit, ce dernier constitue un détail de la première. « Eloqim créa l’homme » – généralité, mais celle-ci ne spécifie pas à partir de quoi et comment. Puis il est écrit : « Hachem-Eloqim façonna l’homme... Il fit pousser du sol tout arbre... Il le plaça dans le jardin de ‘Eden... Il fit tomber un sommeil... » On pourrait croire, en entendant cela, qu’il s’agit d’un autre récit, alors qu’il ne constitue, en fait, qu’un détail du premier. Pour les animaux aussi, dont la création a déjà été mentionnée (supra 1, 27), le texte se répète : « Hachem-Eloqim avait formé de matière terrestre tous les animaux » (verset 19). Mais c’est pour ajouter : « Il les amena vers l’homme pour voir comment il les appellerait », et aussi pour indiquer que les oiseaux ont été créés d’un mélange de terre et d’eau 2,9 13
L'Éternel-Dieu fit surgir du sol toute espèce d'arbres, beaux à voir et propres à la nourriture; et l'arbre de vie au milieu du jardin, avec l'arbre de la science du bien et du mal. Fit pousser du sol Le texte parle ici uniquement du jardin [dont il est question au verset 8] Au milieu du jardin Au centre même du jardin 2,10 Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin; de là il se divisait et formait quatre bras. 2,11 Le nom du premier: Pichon; c’est celui qui coule tout autour du pays de Havila, où se trouve l’or. Pichon C’est le Nil, le fleuve de l’Egypte. Il est appelé Pichon (du mot pachou signifiant « se répandre ») parce que ses eaux, par la bénédiction de Dieu, montent et arrosent le sol. C’est comme dans : « et ses cavaliers se répandent (pachou) » (‘Habaqouq 1, 8). Autre explication : le Pichon fait pousser le lin (pichtan) (Beréchith raba 16, 2), ainsi qu’il est écrit à propos de l’Egypte : « ils seront confondus, ceux qui travaillent le lin (‘ovdé pichtim) » (Yecha’ya 19, 9) 2,12 L’or de ce pays-là est bon; là aussi le bdellium et la pierre de chôham. 2,13 Le nom du deuxième fleuve: Ghihôn; c’est lui qui coule tout autour du pays de Kouch. Gui‘hon Ainsi nommé parce que ses eaux coulent en mugissant violemment, comme dans : « si un bœuf cogne (yiga‘h) un homme », [mugir et cogner vont ensemble], car un bœuf cogne en mugissant 2,14 Le nom du troisième fleuve: Hiddékel; c’est celui qui coule à l’orient d’Assur; et le quatrième fleuve était l’Euphrate. ‘Hiddèqel [Le Tigre], ainsi appelé parce que Ses eaux sont « vives » (‘hadin) et « légères » (qalin) (Berakhoth 59b) Perath [L’Euphrate], ainsi nommé parce que ses eaux sont fécondes (parim – similaire à Perath) et se multiplient (weravim) et qu’elles sont bonnes pour la santé (ibid. Voir aussi Beréchith raba 16, 6) Kouch et Achour 14
Ils n’existaient pas encore en tant que pays. Le texte anticipe sur l’avenir (Ketouvoth 10b, Beréchith raba 16, 4) A l’orient d’Achour C’est le mizra‘h de Achour Perath C’est le plus important de tous, comme étant cité à propos d’Erets Israël (Beréchith raba 16, 5) 2,15 L’Éternel-Dieu prit donc l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le soigner. Il prit Il le « prit » avec des paroles de douceur, pour le persuader d’entrer dans le jardin (Beréchith raba 16, 8) 2,16 L’Éternel-Dieu donna un ordre à l’homme, en disant: "Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir; 2,17 mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point: car du jour où tu en mangeras, tu dois mourir!" 2,18 L’Éternel-Dieu dit: "Il n’est pas bon que l’homme soit isolé; je lui ferai une aide digne de lui." Il n’est pas bon... Pour qu’on ne dise pas qu’il y a deux autorités : le Saint béni soit-Il en-haut, seul et sans compagnon, et l’homme ici-bas, seul et sans compagnon (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 12) Une aide qui soit face à lui Si l’homme a du mérite, elle lui sera une aide. S’il n’en a pas, elle sera contre lui et le combattra (Beréchith raba 17, 3. Voir aussi Yevamoth 63a) 2,19 L’Éternel-Dieu avait formé de matière terrestre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les amena devant l’homme pour qu’il avisât à les nommer; et telle chaque espèce animée serait nommée par l’homme, tel serait son nom. Avait formé (wayitsèr) de matière terrestre Cette formation est la même que celle dont il a été question plus haut : « Eloqim fit les animaux de la terre... » (supra 1, 25). Cela vient nous apprendre que les oiseaux ont été créés d’un mélange de terre et d’eau. Il est indiqué plus haut qu’ils ont été créés à partir de l’eau, et ici qu’ils ont été créés à partir de la terre (‘Houlin 27b). Cela t’apprend aussi qu’Il a amené les animaux à l’homme, dès leur création, pour qu’il leur donne un nom. Le midrach explique le 15
mot wayitsèr (« avait formé ») dans le sens de « domination », « assujettissement », comme dans : « si tu es arrêté longtemps au siège [ki thatsour] d’une ville » (Devarim 20, 19), car Il les a assujettis au pouvoir d’Adam (Beréchith raba 17, 4) Et tout ce que l’homme aura appelé Intervertis l’ordre des mots et explique ainsi : toute espèce animée que l’homme aura appelée d’un nom, ce sera son nom pour toujours 2,20 L’homme imposa des noms à tous les animaux qui paissent, aux oiseaux du ciel, à toutes les bêtes sauvages; mais pour lui-même, il ne trouva pas de compagne qui lui fût assortie. 2,21 L’Éternel-Dieu fit peser une torpeur sur l’Homme, qui s’endormit; il prit une de ses côtes, et forma un tissu de chair à la place. L’Éternel-Dieu fit peser une torpeur sur l’Homme Lorsque Dieu lui a amené toutes les espèces animales, mâle et femelle, l’homme a dit : « Chacun a sa compagne, et moi je n’en ai pas ! ». Aussitôt, « Hachem-Eloqim fit tomber un sommeil sur l’homme... » (Beréchith raba 17, 5) De ses côtés (mitsal‘othaw) Un de ses côtés, comme dans : « de même, pour le second côté (tsèla’) du tabernacle » (Chemoth 26, 20). C’est pourquoi on enseigne que l’homme avait été créé avec deux visages (Berakhoth 61a, Beréchith raba 17, 6) Il referma L’endroit où a eu lieu l’incision Il s’endormit. Il prit Pour que l’homme ne voie pas le fragment de chair dont la femme avait été faite et qu’il n’en vienne à la mépriser (Sanhèdrin 39a) 2,22 L’Éternel-Dieu organisa en une femme la côte qu’il avait prise à l’homme, et il la présenta à l’homme. Il édifia Comme un bâtiment, étroite au sommet et large à la base pour pouvoir recevoir l’enfant. A l’instar d’un silo à blé qui est large à la base et étroit au sommet pour que la charge ne pèse pas trop sur les parois (Sanhèdrin 61a) Hachem-Eloqim édifia en femme le côté 16
Pour qu’elle soit une femme, comme dans : « Guid’on en fit un éphod » (Choftim 8, 27) – c’est-à-dire : pour que cela devienne un éphod 2,23 Et l’homme dit: "Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu'elle a été prise de Ich."
Cette fois Cela nous enseigne que Adam s’est uni à tous les animaux et à toutes les bêtes, mais qu’il n’a trouvé d’épanouissement que par son union avec ‘Hawa (Yevamoth 63a) Celle-ci sera appelée icha Icha (« femme ») est dérivé de ich (« homme »). Nous apprenons d’ici que le monde a été créé avec la langue sainte, [étant donné que seule la langue hébraïque relie les mots « homme » et « femme » à une racine commune] (Beréchith raba 18, 4) 2,24 C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair. C’est pourquoi l’homme abandonne C’est l’esprit saint qui parle ici, [et non Adam], pour interdire l’inceste aux Noa‘hides (Sanhèdrin 57b) Une seule chair L’enfant est créé par les deux parents, et c’est en lui qu’ils deviennent une seule chair 2,25 Or ils étaient tous deux nus, l'homme et sa femme, et ils n'en éprouvaient point de honte. Et ils n’en avaient pas honte Car ils ne connaissaient pas la pudeur, pour pouvoir distinguer le bien du mal. L’homme, il est vrai, possédait la connaissance, puisqu’il avait su donner des noms aux animaux (supra 2, 20), mais il ignorait le penchant au mal avant d’avoir mangé du fruit défendu. C’est seulement à ce moment-là que le penchant au mal est entré en lui, et qu’il a su distinguer le bien du mal
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Chapitre 3 3,1 Mais le serpent était rusé, plus qu'aucun des animaux terrestres qu'avait faits l'Éternel-Dieu. Il dit à la femme: "Est-il vrai que Dieu a dit: vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin?" Et le serpent était rusé Quel rapport avec ce qui précède ? On aurait dû tout de suite nous dire : « Il fit pour l’homme et pour sa femme des tuniques de peau. Il les en vêtit » (infra 3, 21) ! Mais cela t’apprend par quelle manigance le serpent s’est attaqué à eux. Il les a vus nus et en train d’avoir des rapports à la vue de tout, et il a eu envie d’elle (Beréchith raba 18, 6) Rusé Plus grande a été sa ruse, plus grande a été sa chute. Ici : « plus rusé », plus loin : « maudit plus que tous les animaux » (Beréchith raba 19, 1) Est-il vrai que Eloqim a dit Peut-être vous a-t-Il dit : « vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin ». Il les voyait pourtant manger des autres fruits. Il a multiplié les paroles inutiles afin qu’elle lui fournisse l’occasion, en lui répondant, de parler de l’arbre [vraiment défendu] 3,2 La femme répondit au serpent: "Les fruits des arbres du jardin, nous pouvons en manger; 3,3 mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez point, sous peine de mourir." Et vous n’y toucherez pas Elle en a rajouté à l’ordre qu’elle avait reçu. C’est pourquoi elle en viendra à lui ôter [de son efficacité] (Beréchith raba 19, 3). Aussi est-il écrit : « N’ajoute pas à Ses paroles » (Michlei 30, 6) 3,4 Le serpent dit à la femme: "Non, vous ne mourrez point;
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Non Il l’a poussée jusqu’à ce qu’elle touche l’arbre, puis il lui a dit : « Puisque tu n’es pas morte de l’avoir touché, tu ne mourras pas d’en avoir mangé ! » (Beréchith raba 19) 3,5 mais Dieu sait que, du jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal." Car Eloqim sait Tout artisan déteste ceux qui font le même travail que lui. [Le serpent a donc susurré à ‘Hawa ] que Dieu a mangé du fruit de l’arbre, puis qu’Il a créé le monde. [Si donc vous en mangez à votre tour, « vous serez comme Eloqim »] (Beréchith raba 19, 4) Et vous serez comme Eloqim Des créateurs de mondes (ibid.) 3,6 La femme jugea que l'arbre était bon comme nourriture, qu'il était attrayant à la vue et précieux pour l'intelligence; elle cueillit de son fruit et en mangea; puis en donna à son époux, et il mangea. La femme vit Elle a vu les paroles du serpent lesquelles lui ont plu, et elle a eu confiance en lui (ibid.) Que l’arbre était bon comme nourriture Pour devenir comme Eloqim (verset 5) Qu’il était attrayant pour les yeux Ainsi qu’il lui avait dit : « vos yeux s’ouvriront » (ibid.) Et qu’il était désirable pour rendre intelligent Ainsi qu’il lui avait dit : « connaissant le bien et le mal » (ibid.) Elle en donna aussi à son mari Afin d’éviter, étant seule à devoir mourir, qu’il lui survive et épouse une autre femme Le mot gam (« aussi ») Le mot gam (« aussi ») inclut ici les animaux domestiques et sauvages, [en ce qu’elle leur en a également donné, et pas seulement à son mari] (Beréchith raba 19, 5) 3,7 19
Leurs yeux à tous deux se dessillèrent, et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s'en firent des pagnes. Leurs yeux s’ouvrirent Sous le rapport de l’intelligence, et non de la vue elle-même, comme le prouve la fin du verset « ils surent qu’ils étaient nus ». « ils surent qu’ils étaient nus ». L’aveugle aussi sait qu’il est nu ! Que veut dire alors : « ils surent qu’ils étaient nus » ? Ils ne détenaient qu’une seule mitswa, et ils s’en sont « dénudés » (Beréchith raba 19, 6) Des feuilles de figuier C’est de cet arbre qu’ils avaient mangé. Ce qui avait causé leur perte leur a apporté aussi le remède (Berakhoth 40a, Sanhèdrin 70b). Tandis les autres arbres les ont empêchés de prendre leurs feuilles. Et pourquoi cet arbre n’est-il pas nommé en toutes lettres ? C’est parce que le Saint béni soit-Il n’aime humilier aucune de Ses créatures, et afin que les hommes ne lui fassent pas honte en disant : « Voici celui à cause duquel le monde a été puni ! » (Midrach tan‘houma Wayéra 14) 3,8 Ils entendirent la voix de l'Éternel-Dieu, parcourant le jardin du côté d'où vient le jour. L'homme et sa compagne se cachèrent de la face de l'Éternel-Dieu, parmi les arbres du jardin. Ils entendirent Il existe beaucoup de midrachim, et nos rabbins les ont déjà exposés à leurs places dans Beréchith raba et dans d’autres recueils. Quant à moi, je ne suis venu que pour fixer le sens littéral du texte. J’ai recours à la hagada lorsqu’elle en établit le vrai sens, d’après son contexte Ils entendirent Ils entendirent la voix du Saint béni soit-Il qui parcourait le jardin Au souffle (leroua‘h – littéralement : « dans la direction ») du jour Du côté où le soleil se couche, à l’ouest. A la fin de la journée, le soleil est à l’ouest. Or, ils avaient commis la faute à la dixième heure (Sanhèdrin 38b) 3,9 L'Éternel-Dieu appela l'homme, et lui dit: "Où es-tu?" Où es-tu Dieu savait où il était, mais c’était pour engager la conversation avec lui, afin qu’il ne s’effraie pas au point de ne pouvoir répondre, au cas où Il lui aurait annoncé immédiatement sa punition. Il en sera de même de Qayin (Caïn), à qui Dieu demandera : « Où est Hèvel, ton frère ? » (infra 4, 9). De Bile’am : « Qui sont ces hommes-là chez toi ? » (Bamidbar 22, 9) : ce 20
sera pour engager la conversation. De ‘Hizqiyahou, à propos des envoyés de Merodakh Baladan : « Qu’ont dit ces hommes, et d’où viennent-ils pour te voir ? » (Yecha’ya 39, 3) 3,10 Il répondit: "J'ai entendu ta voix dans le jardin; j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché." 3,11 Alors il dit: "Qui t'a appris que tu étais nu? Cet arbre dont je t'avais défendu de manger, tu en as donc mangé?" Qui t’a appris D’où te vient cette connaissance qu’il y a honte à être nu
De l’arbre (hamin ha‘éts) C’est une question. [Le hé de hamin est interrogatif. 3,12 L'homme répondit; "La femme - que tu m'as associée - c'est elle qui m'a donné du fruit de l'arbre, et j'ai mangé," Que tu m’as donnée avec moi Il marque ici de l’ingratitude envers la bonté de Dieu (‘Avoda Zara 5b) 3,13 L'Éternel-Dieu dit à la femme: "Pourquoi as-tu fait cela?" La femme répondit: "Le serpent m'a entraînée, et j'ai mangé." M’a entraînée (hichiani) M’a induite en erreur, comme dans : « et maintenant, ne laisse pas ‘Hizqiyahou vous induire (yachi) en erreur » (Yecha’ya 36, 14, II Divrei haYamim 32, 15) 3,14 L'Éternel-Dieu dit au serpent "Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres: tu te traîneras sur le ventre, et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie. Parce que tu as fait cela D’où l’on déduit que l’on ne doit pas prendre la défense d’un instigateur. Car si Dieu lui avait demandé : « Pourquoi as-tu fait cela ? », il aurait pu répondre : « Les paroles du maître [Dieu], et les paroles du disciple [le serpent], auxquelles doit-on obéissance ? A celles du maître, naturellement ! » (Sanhèdrin 29a) Plus que tous les animaux et plus que toutes les bêtes des champs S’il est maudit plus que les animaux domestiques, [dont la durée de gestation est plus longue que celle des bêtes des champs], ne l’est-il pas plus, à plus forte raison, que les bêtes des 21
champs ? De là l’enseignement de nos maîtres dans la guemara (Bekhoroth 8a) : la gestation du serpent dure sept ans Tu marcheras sur ton ventre Il avait des pattes, mais elles ont été coupées (Beréchith raba 20, 5) 3,15 Je ferai régner la haine entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne: celle-ci te visera à la tète, et toi, tu l'attaqueras au talon." Et je ferai régner la haine Toi, tu n’avais en vue que la mort d’Adam. Tu pensais qu’il allait mourir le premier et que tu pourrais épouser ‘Hawa. C’est à elle que tu as commencé à parler parce que les femmes sont faciles à séduire et qu’elles savent à leur tour séduire leur mari. C’est pourquoi « et je ferai régner la haine entre toi et entre la femme » Elle te brisera (yechoufekha) Elle te broiera, comme dans : « Je le broyai (waèkoth) en menue poussière » (Devarim 9, 21), que le Targoum rend par chouf Et toi Tu perdras ta station debout et tu ne pourras le mordre qu’au talon, et même ainsi tu pourras le faire mourir. Le mot techoufènnou (« tu briseras ») est à rapprocher de nachaf, qui signifie « siffler » (Yecha’ya 40, 24). Quand le serpent est sur le point de mordre, il se met à pousser comme un sifflement. Les mots yechoufekha (« il te brisera ») et techoufènnou (« tu lui briseras ») n’ont pas le même sens, mais leur homophonie explique leur emploi dans le même verset 3,16 A la femme il dit: "J'aggraverai tes labeurs et ta grossesse; tu enfanteras avec douleur; la passion t'attirera, vers ton époux, et lui te dominera." Ta souffrance Celle liée à l’éducation des enfants Et ta grossesse Il s’agit des souffrances de la gestation Tu engendreras des fils avec douleur Ce sont les souffrances de l’accouchement (‘Erouvin 100b) La passion t’attirera vers ton mari Pour les rapports conjugaux. Et cependant tu n’auras pas l’audace d’exprimer à haute voix ton désir. Mais « lui te domineras » : tout viendra de lui, pas de toi 22
La passion « Ton désir », comme dans : « son âme est attirée (choqiqa) » (Yecha’ya 29, 8) 3,17 Et à l'homme il dit: "Parce que tu as cédé à la voix de ton épouse, et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais enjoint de ne pas manger, maudite est la terre à cause de toi: c'est avec effort que tu en tireras ta nourriture, tant que tu vivras. Maudite est la terre à cause de toi Elle produira à cause de toi des êtres maudits, tels que les mouches, les puces et les fourmis. C’est ainsi que l’on maudit un mauvais sujet : on exècre le sein qui l’a nourri (Midrach tan‘houma Ki thétsé 4) 3,18 Elle produira pour toi des buissons et de l'ivraie, et tu mangeras de l'herbe des champs. Et elle fera pousser pour toi des ronces et des épines La terre, lorsque tu l’ensemenceras de graines diverses, produira des ronces et des épines. Et aussi diverses plantes, comme les artichauts et les cardons, que l’on ne peut manger qu’après les avoir accommodés (Beréchith raba 20, 23) Tu mangeras de l’herbe des champs Et en quoi est-ce une malédiction ? Dieu ne l’avait-Il pas béni en disant : « Je vous ai donné toute herbe portant semence... » (supra 1, 29) ? Il est écrit, en fait, au début du passage : « maudite est la terre à cause de toi : c’est avec peine que tu en mangeras », et après que tu auras déployé tes efforts : « et elle fera pousser pour toi des ronces et des épines ». Quand tu y auras semé des légumes ou de la verdure, elle produira pour toi ronces et épines, ainsi que d’autres herbes, et tu seras obligé de t’en nourrir 3,19 C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, - jusqu'à ce que tu retournes à la terre d'où tu as été tiré: car poussière tu fus, et poussière tu redeviendras!" A la sueur de ton front Après t’être donné beaucoup de mal 3,20 L'homme donna pour nom à sa compagne "Ève" parce qu'elle fut la mère de tous les vivants. L’homme appela le nom Le texte revient ici au sujet précédent, où « l’homme appela par des noms tout le bétail » (supra 2, 20). Le récit s’était interrompu pour t’apprendre que c’est alors qu’il donnait les noms que ‘Hawa lui a été attribuée comme compagne, ainsi qu’il est écrit : « et pour l’homme, il ne trouva pas d’aide qui lui convienne. Il fit tomber un sommeil sur l’homme... ». Et en soulignant ensuite qu’ils « étaient nus », on passe à l’épisode du serpent, cela pour t’apprendre que l’ayant vue nue et en train d’avoir des rapports, il s’est mis à la désirer. Il est alors venu vers eux avec de mauvaises intentions et par la ruse [ayant ourdi un plan destiné à provoquer la mort d’Adam] 23
‘Hawa Le mot vient du verbe ‘haya (« vivre ») : qui donne la vie à ses enfants, comme dans : « que possède l’homme... » (Qohèleth 2, 22), où le mot howè a le sens de : « être » 3,21 L'Éternel-Dieu fit pour l'homme et pour sa femme des tuniques de peau, et les en vêtit. Des tuniques de peau Une hagada rapporte qu’elles étaient, comme l’ongle, lisses et fixées sur la peau. Une autre nous enseigne qu’il s’agissait d’une matière provenant de la peau, comme du poil de lièvre, douce et chaude, dont Dieu leur a fait des tuniques (Beréchith raba 20, 12) 3,22 L'Éternel-Dieu dit: "Voici l'homme devenu comme l'un de nous, en ce qu'il connait le bien et le mal. Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l'arbre de vie; il en mangerait, et vivrait à jamais." Devenu comme l’un de nous Le voici unique en bas, de même que moi, qui suis l’Unique en haut (Targoum yonathan). Et en quoi est-il unique ? Par la connaissance du bien et du mal, que ne possèdent pas les animaux, domestiques ou sauvages Et maintenant S’il vivait éternellement, il pourrait induire en erreur les créatures qui diraient : « Lui aussi est un dieu ! ». Il existe à ce propos des midrachim, mais ils ne correspondent pas au sens littéral du texte 3,23 Et l'Éternel-Dieu le renvoya du jardin d'Éden, pour cultiver la terre d'où il avait été tiré. 3,24 Ayant chassé l'homme, il posta en avant du jardin d'Éden les chérubins, avec la lame de l'épée flamboyante, pour garder les abords de l'arbre de vie. En avant (miqèdèm) du jardin ‘Eden A l’est du jardin de ‘Eden, en dehors du jardin, [et non dans sa partie située à l’est] Les chérubins Des anges de destruction (Chemoth raba 9, 11) De l’épée tournoyante Elle avait une lame menaçante destinée à l’empêcher d’entrer à nouveau dans le jardin. Le Targoum traduit lahat par l’araméen chenan (« lame »), comme dans : « tirer la lame » (Sanhèdrin 82a). En français : « lame ». Il existe des midrachim, mais je ne suis venu que pour fixer le sens littéral du texte
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Chapitre 4 4,1 or, l'homme s'était uni à Ève, sa femme. Elle conçut et enfanta Caïn, en disant: "J'ai fait naître un homme, conjointement avec l'Éternel!" L’homme connut Déjà avant le récit cité plus haut, avant la faute et son expulsion du jardin. Il en est de même pour la grossesse et la naissance [de Qayin], car si le texte avait porté wayéda’ au lieu de yada’, cela aurait voulu dire qu’il a eu des enfants après avoir été chassé Qayin Parce que j’ai acquis (qanithi) Avec Hachem La préposition eth possède ici le même sens que ‘im (« avec »). Lorsqu’Il m’a créée ainsi que mon mari, Il était seul à nous créer. Mais pour cet enfant, nous sommes devenus Ses associés (V. Nidda 31a) Qayin... son frère La préposition eth apparaît à trois reprises, [devant chacun de ces trois mots]. Cette redondance nous enseigne qu’une sœur jumelle est née en même temps que Qayin, et deux sœurs jumelles en même temps que Hèvel. D’où l’expression [au verset suivant] : « elle continua d’engendrer » (Beréchith raba 22, 3) 4,2 Elle enfanta ensuite son frère, Abel. Abel devint pasteur de menu bétail, et Caïn cultiva la terre. 25
Berger de menu bétail Puisque la terre avait été maudite, Hèvel a abandonné l’agriculture 4,3 Au bout d'un certain temps, Caïn présenta, du produit de la terre, une offrande au Seigneur; Des fruits de la terre De ce qu’il y avait de moins bon (Beréchith raba 22, 5). Une hagada rapporte qu’il a présenté des graines de lin (Midrach tan‘houma Beréchith 9) 4,4 et Abel offrit, de son côté, des premiers-nés de son bétail, de leurs parties grasses. Le Seigneur se montra favorable à Abel et à son offrande, Il se tourna (wayicha’) C’est-à-dire : Il se tourna. Comme dans : « Il ne se tournera plus (welo yich‘è) vers les autels » (Yecha’ya 17, 8), et dans : « Détourne-toi (che‘é) de lui » (Iyov 14, 6) Il se tourna Un feu est descendu du ciel et a consumé son offrande 4,5 mais à Caïn et à son offrande il ne fut pas favorable; Caïn en conçut un grand chagrin, et son visage fut abattu. 4,6 Le Seigneur dit à Caïn; "Pourquoi es-tu chagrin, et pourquoi ton visage est-il abattu? 4,7 Si tu t'améliores, tu pourras te relever, sinon le Péché est tapi à ta porte: il aspire à t'atteindre, mais toi, sache le dominer!" Si tu t’améliores A traduire selon le Targoum : « si tu améliores tes actes, il te sera pardonné » Le péché est tapi à la porte Ton péché est gardé jusqu’à l’entrée de ta tombe, [jusqu’au jour de ta mort et de ton jugement] Il aspire à t’atteindre Le péché, c’est-à-dire le penchant au mal. Il aspire sans arrêt à te faire chanceler Et toi Si tu le veux, tu seras plus fort que lui 4,8 26
Caïn parla à son frère Abel; mais il advint, comme ils étaient aux champs, que Caïn se jeta sur Abel, son frère, et le tua. Qayin parla à son frère Hèvel Il a commencé par lui chercher querelle, afin de trouver un prétexte à le tuer. Il a engagé avec lui des propos de querelle et de dispute pour s’en prendre à lui et lui ôter la vie. Il existe à ce sujet des midrachim, mais tel est le sens du texte 4,9 L'Éternel dit à Caïn: "Où est Abel ton frère?" Il répondit: "Je ne sais; suis-je le gardien de mon frère?" Où est Hèvel ton frère ? Dieu savait où il était, mais c’était pour commencer par lui tenir des propos aimables, dans l’espoir qu’il manifeste son repentir et qu’il dise : « C’est moi qui l’ai tué, et j’ai péché devant toi ! Je ne sais Il s’imagine qu’il va pouvoir tromper Dieu Le gardien de mon frère C’est une question, comme chaque fois que le préfixe hé, [ici dans hachomér (littéralement : « est-ce que gardien ? »)], est ponctué d’un chewa-patha‘h 4,10 Dieu dit: "Qu'as-tu fait! Le cri du sang de ton frère s'élève, jusqu'à moi, de la terre. Des sangs de ton frère Son sang et le sang de ses descendants (Sanhèdrin 37a). Autre explication : il lui avait fait de nombreuses blessures, ne sachant pas par où son âme sortirait (Sanhèdrin 37b) Plus que cette terre Plus qu’elle n’a été elle-même maudite pour sa propre faute (V. supra sous 1, 11). Et elle a ajouté ici une faute nouvelle 4,11 Eh bien! tu es maudit à cause de cette terre, qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère!" Qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main les sangs de ton frère Je lui impose donc une nouvelle malédiction, te concernant : « elle cessera de te donner sa force » 4,12 Lorsque tu cultiveras la terre, elle cessera de te faire part de sa fécondité; tu seras errant et fugitif par le monde." Errant et vagabond 27
Tu n’auras pas le droit de demeurer à la même place 4,13 Caïn dit à l'Éternel: "Mon crime est trop grand pour qu'on me supporte. Ma faute est trop grande pour être supportée C’est une question : Alors que tu supportes les mondes d’en-haut et d’en bas, ne supporteraistu pas ma faute ? (Beréchith raba 22, 11) 4,14 Vois, tu me proscris aujourd'hui de dessus la face de la terre; mais puis-je me dérober à ta face? Je vais errer et fuir par le monde, mais le premier qui me trouvera me tuera." 4,15 L'Éternel lui dit: "Aussi, quiconque tuera Caïn sera puni au septuple." Et l'Éternel le marqua d'un signe, pour que personne, le rencontrant, ne le frappât. Quiconque tuera Qayin La phrase, comme il arrive parfois, est abrégée. Elle procède par allusion, sans préciser. Les mots « c’est pourquoi quiconque tuera Qayin » constituent une menace : voici ce qu’on lui fera, tel sera son châtiment, sans que la nature du châtiment soit précisée Sera puni au septuple Je ne veux pas me venger maintenant de Qayin. C’est au bout de sept générations que j’exercerai ma vengeance, quand Lèmekh, l’un de ses descendants, viendra le tuer. La suite du verset, à savoir : « il sera puni au septuple », marque la punition de Qayin pour le meurtre de Hèvel. Elle nous apprend qu’il ne faut voir dans le début du verset qu’une menace, afin qu’aucune créature ne lui fasse du mal. Autre exemple de ce style elliptique : « Dawid avait dit : “Quiconque frappera le Yevoussi atteindra le canal” » (II Chemouel 5, 8), sans que le texte précise ce qu’on allait lui faire. Le verset se contente d’une allusion : « Quiconque frappera le Yevoussi et atteindra le canal, qui approchera de la porte de la ville et s’en emparera, et les aveugles etc. celui qui les frappera eux aussi parce qu’ils ont dit, l’aveugle et le boiteux : “Dawid n’entrera pas dans la maison”, celui donc qui les frappera, j’en ferai un chef et un prince ». Cela n’est pas indiqué explicitement ici, mais précisé dans I Divrei haYamim 11, 6 : « il deviendra chef et prince » Hachem marqua Qayin d’un signe Il grava sur son front une lettre de Son nom (Targoum yonathan). D’autres éditions de Rachi ajoutent l’interprétation suivante : « Quiconque me trouvera me tuera ! » (verset 14) : Il s’agit des animaux domestiques et des bêtes sauvages. Quant à d’autres êtres humains dont il aurait eu à avoir peur, il n’en existait pas encore, si ce n’est son père et sa mère, mais il ne craignait pas qu’ils le tuent. Il a dit : « Jusqu’à présent toutes les bêtes avaient peur de moi, ainsi qu’il est écrit : “que votre crainte et votre terreur soient sur tous les animaux de la terre” (infra 9, 2). Désormais, à cause de cette faute que j’ai commise, les bêtes ne me craindront plus et elles me tueront ». Aussitôt « Hachem marqua Qayin d’un signe », rétablissant son ascendant sur les animaux 4,16 Caïn se retira de devant l'Éternel, et séjourna dans le pays de Nôd, à l'orient d'Éden. 28
Qayin sortit Il se retira avec humilité, comme pour essayer de tromper Dieu Dans le pays de Nod Dans le pays où se dirigent tous les exilés, la racine du mot nod exprimant l’idée de « mouvement », de « fuite » A l’orient de ‘Eden C’est là que son père s’était enfui lorsqu’il a été chassé du jardin de ‘Eden, ainsi qu’il est écrit : « Il chassa l’homme, Il posta en avant du jardin ‘Eden les chérubins... » (supra 3, 24). Pour interdire l’entrée du jardin, ce qui prouve bien que Adam y était. Nous constatons (Beréchith raba 21, 9) que c’est toujours l’orient qui recueille les meurtriers, ainsi qu’il est écrit : « C’est alors que Mochè désigna trois villes en deçà du Yardén, à l’orient » (Devarim 4, 41). Autre explication (Midrach tan‘houma Beréchith 9) : « Dans le pays de Nod » – partout où il allait, la terre tremblait sous ses pieds et les créatures disaient : « Ecartez-vous de lui, c’est lui qui a tué son frère ! », [le mot nod étant pris ici dans le sens de « mouvement »] 4,17 Caïn connut sa femme; elle conçut et enfanta Hénoc. Caïn bâtissait alors une ville, qu'il désigna du nom de son fils Hénoc. Il fut bâtisseur Qayin, pas ‘Hanokh Il appela le nom de la ville A la mémoire de son fils ‘Hanokh 4,18 Hénoc devint père d'Iràd; celui-ci engendra Mehouyaél, Mehouyaél qui engendra Metouchael qui engendra Lamec. Et ‘Irad fut engendré Le verbe « engendrer » est employé tantôt au hif‘il (holid), tantôt au qal (yalad). C’est que ce verbe est susceptible de deux emplois : pour la mère, comme en français médiéval « naîstre ». Pour le père, comme en français « engendrer ». Le mot holid, employé au hif‘il, s’applique à la mise au monde par la mère : tel homme a fait donner naissance par sa femme à un fils ou à une fille. Quant au mot yalad, au qal, il s’agit de l’engendrement par l’homme 4,19 Lamec prit deux femmes, la première nommée Ada, et la seconde Cilla. Lèmekh se prit Tout ce récit pour montrer à la fin que le Saint béni soit-Il a tenu parole. Il avait dit : « Quiconque tuera Qayin sera puni au septuple [c’est-à-dire à la septième génération] » (verset 15). C’est Lèmekh qui, après avoir mis au monde la septième génération, a tué Qayin, comme il le dit lui-même : « j’ai tué un homme, est-ce ma blessure ? » (verset 23) 29
Deux femmes Telles étaient les mœurs de la génération du déluge : l’une pour donner des enfants, et l’autre pour le plaisir. On faisait absorber à la seconde une potion destinée à la rendre stérile, on la parait comme une jeune épousée et on la nourrissait de mets succulents. Quant à la première, elle était humiliée et endeuillée comme une veuve. C’est ainsi qu’on peut interpréter le verset : « Il s’abat sur la femme stérile, qui n’a pas d’enfant, et il ne traite pas bien la veuve » (Iyov 24, 21), comme l’explique la hagada (Beréchith raba 23, 2) ‘Ada C’est celle qui était destinée à donner des enfants, ainsi nommée parce qu’elle était méprisée et tenue à l’écart. ‘Ada signifie en araméen : « tenue à l’écart » Tsila C’est celle qui était destinée au plaisir, ainsi nommée parce qu’elle se tenait toujours à l’ombre (tsél) de son mari. Telles sont les explications de la hagada dans Beréchith raba (23, 2) 4,20 Ada enfanta Jabal, souche de ceux qui habitent sous des tentes et conduisent des troupeaux. Le père de ceux qui habitent sous des tentes et possèdent du bétail Il a été le premier des bergers des déserts, habitant sous des tentes, un mois ici, un mois là, afin de faire paître son troupeau. Quand le pâturage était épuisé, il allait planter sa tente ailleurs. Le midrach (Beréchith raba 23, 3) indique qu’il construisait des temples pour l’idolâtrie, ainsi qu’il est écrit : « image de la colère qui irrite » (Ye‘hezqel 8, 3), [par rapprochement des mots : hamaqnè (« qui irrite ») et miqnè (« troupeaux »)]. Son frère également, qui maniait « la harpe et la flûte » (verset 21), s’en servait pour l’idolâtrie 4,21 Le nom de son frère était Jubal: celui ci fut la souche de ceux qui manient la harpe et la lyre. 4,22 Cilla, de son côté, enfanta Tubalcaïn, qui façonna toute sorte d'instruments de cuivre et de fer, et qui eut pour sœur Naama. Touval Qayin Il améliorait (tovel) l’art de Qayin, le mot tovel étant à rapprocher de tavlin (« épices »). Il « épiçait » et perfectionnait l’art de Qayin en confectionnant des armes pour les meurtriers Qui forgea (lotéch) toutes sortes d’instruments de cuivre et de fer Il aiguisait des instruments de cuivre et de fer, comme dans : « Il aiguise (yiltoch) ses yeux contre moi » (Iyov 16, 9). Le mot ‘horéch (« instrument ») n’est pas un substantif, mais un participe. Il est en effet ponctué d’un tséré et portant l’accent tonique sur la dernière syllabe, [alors que le substantif est ponctué d’un sègol et qu’il porte l’accent tonique sur la première syllabe]. Il signifie qu’il s’occupait à aiguiser et à polir des objets d’usage en cuivre et en fer Na’ama 30
Elle sera la femme de Noa‘h (Beréchith raba 23, 3) 4,23 Lamec dit à ses femmes"Ada et Cilla, écoutez ma voix! Femmes de Lamec, prêtez l'oreille à ma parole! J'ai tué un homme parce qu'il m'avait frappé,Et un jeune homme à cause de ma blessure: Ecoutez ma voix Parce que ses femmes s’étaient séparées de lui et lui refusaient des rapports conjugaux, étant donné qu’il avait tué Qayin et son propre fils, Touval Qayin. Lèmekh était aveugle et Touval Qayin lui servait de guide. Il aperçut un jour Qayin et, le prenant pour une bête sauvage, il dit à son père de bander son arc et de le tuer. Lorsque Lèmekh apprit que c’est Qayin, son aïeul, qu’il avait atteint, il frappa ses mains l’une contre l’autre et, écrasant son fils entre elles, le tua. Alors, ses femmes se séparèrent de lui et il essaya de les apaiser en leur disant : « Ecoutez ma voix ! » – Revenez à moi ! L’homme que j’ai tué, « est-ce par “ma” blessure » ? Cette blessure était-elle intentionnelle pour qu’elle soit appelée « mienne » ? Et le jeune homme que j’ai tué, a-t-il été tué par mon coup, c’est-à-dire par ma main ? C’est pourtant sans intention que j’ai agi, et non de manière délibérée ! Ce ne sont ni « ma » blessure, ni « mon » coup ! [Les deux distiques du chant de Lèmekh sont par conséquent des interrogations] (Midrach tan‘houma Beréchith 11) Par ma blessure Par un coup d’épée ou de flèche. En français médiéval : « navredure » 4,24 Si Caïn doit être vengé sept fois, Lamec le sera soixante-dix-sept fois." Si Qayin est vengé sept fois Qayin, qui a tué délibérément, a obtenu un sursis de sept générations. Ne m’accordera-t-on pas, à plus forte raison, à moi qui ai tué involontairement, un sursis de beaucoup de fois sept générations Soixante-dix-sept fois Rabi Tanh’ouma explique : C’est une manière de dire : « beaucoup de fois sept générations », [sans que cela veuille dire : « exactement soixante-dix-sept fois »]. Selon Beréchith raba (23, 4), Lèmekh n’a tué personne, et ses femmes se sont séparées de lui après la naissance de leurs enfants, car Dieu avait décrété qu’Il anéantirait la descendance de Qayin au bout de sept générations. Elles se sont dit : « A quoi bon mettre au monde des enfants puisqu’ils vont disparaître ? Demain viendra le déluge qui emportera tout ! » Il leur a opposé : « “J’ai tué un homme, est-ce par ma blessure ?” Est-ce moi qui ai tué Hèvel, qui était un homme par la taille, mais un enfant par l’âge, pour que ma descendance soit anéantie par cette faute ? Qayin, qui a tué, a obtenu un sursis de sept générations. Moi, qui n’ai pas tué, ne m’accordera-t-on pas, à plus forte raison, un sursis de beaucoup de fois sept générations ? » Ce raisonnement a fortiori est absurde, car le Saint béni soit-Il ne pourrait alors jamais faire payer sa dette à l’homme et Il ne tiendrait pas parole 4,25 31
Adam connut de nouveau sa femme; elle enfanta un fils, et lui donna pour nom Seth: "Parce que Dieu m'a accordé une nouvelle postérité au lieu d'Abel, Caïn l'ayant tué." Adam connut... Lèmekh est venu trouver Adam, le premier homme, et s’est plaint de ses femmes. Adam leur dit : « Avez-vous à vous préoccuper des décrets de Dieu ? Vous, faites votre devoir et Lui fera ce qu’Il doit faire ! » Les femmes lui ont rétorqué : « Commence par te parer toi-même [des qualités que tu nous incites à posséder] ! Ne t’es-tu pas séparé de ta femme il y a cent trente ans, lorsque, par ta faute, la mort a été décrétée en punition pour l’homme ? ». Aussitôt, « Adam connut encore sa femme ». Que veut dire « encore » ? C’est pour nous enseigner qu’il l’a désirée plus que par le passé (Beréchith raba 23, 5) 4,26 A Seth, lui aussi, il naquit un fils; il lui donna pour nom Énos. Alors on commença d'invoquer le nom de l'Éternel. Alors on commença d’invoquer le nom de Hachem Le mot hou‘hal (« on commença ») est à rapprocher de ‘houlin (« profanation »). On donnait aux hommes et aux plantes des noms du Saint béni soit-Il, en leur rendant un culte idolâtre et en les désignant comme des dieux.
Chapitre 5 5,1 Ceci est l'histoire des générations de l'humanité. Lorsque Dieu créa l'être humain, il le fit à sa propre ressemblance. Ceci est le livre des générations d’Adam C’est l’énumération (sefira) des générations qui ont succédé à Adam. Il existe à ce sujet de nombreux midrachim Le jour où Eloqim créa Ce qui veut dire qu’il a engendré le jour même de sa naissance (Beréchith raba 24, 7) 5,2 Il les créa mâle et femelle, les bénit et les appela l'homme, le jour de leur création. 5,3 Adam, ayant vécu cent trente ans, produisit un être à son image et selon sa forme, et lui donna pour nom Seth. Cent trente ans 32
Il s’était, jusque là, séparé de sa femme (Beréchith raba 24, 6) 5,4 Après avoir engendré Seth, Adam vécut huit cents ans, engendrant des fils et des filles. 5,5 Tout le temps qu'Adam vécut fut donc de neuf cent trente ans; et il mourut. 5,6 Seth, ayant vécu cent cinq ans, engendra Énos. 5,7 Après avoir engendré Énos, Seth vécut huit cent sept ans, engendrant des fils et des filles. 5,8 Tous les jours de Seth furent de neuf cent douze ans, après quoi il mourut. 5,9 Énos vécut quatre-vingt-dix ans, et engendra Kênân. 5,10 Enos vécut, après avoir engendré Kênân, huit cent quinze ans; et il eut des fils et des filles. 5,11 Tous les jours d'Énos furent de neuf cent cinq ans, après quoi il mourut. 5,12 Kênân, ayant vécu soixante-dix ans, engendra Mahalalêl. 5,13 Kènan vécut, après la naissance, de Mahalalêl, huit cent quarante ans, et eut des fils et des filles. 5,14 Toute la vie de Kênân fut de neuf cent dix ans, après quoi il mourut. 5,15 Mahalalêl, ayant vécu soixante-cinq ans, engendra Yéred. 5,16 Mahalalél, après avoir engendré Yéred, vécut huit cent trente ans, et engendra des fils et des filles. 5,17 Tous les jours de Mahalalèl furent de huit cent quatre-vingt-quinze ans, puis il mourut. 5,18 Véred, ayant vécu cent soixante-deux ans, engendra Hénoc. 5,19 Yéred vécut, après la naissance d'Hénoc, huit cents ans; il eut des fils et des filles. 5,20 La vie entière de Yéred fut de neuf cent soixante-deux ans, après quoi il mourut. 5,21 Hénoc vécut soixante-cinq ans, et engendra Mathusalem. 5,22 Hénoc se conduisit selon Dieu, après avoir engendré Mathusalem, durant trois cents ans, et engendra des fils et des filles. ‘Hanokh marcha C’était un homme juste, mais faible dans sa conscience et facilement enclin à faire le mal. C’est pourquoi le Saint béni soit-Il s’est hâté de l’enlever de ce monde-ci en le faisant mourir avant son heure. Aussi le verset emploie-t-il d’autres mots pour parler de sa mort, en écrivant : « et il ne fut plus » dans ce monde pour y achever ses années
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5,23 Tous les jours d'Hénoc furent de trois cent soixante-cinq ans; 5,24 Hénoc se conduisait selon Dieu, lorsqu'il disparut, Dieu l'ayant retiré du monde. Eloqim le prit (laqa‘h) Avant son heure (Beréchith raba 25, 1), comme dans : « Je vais t’enlever (loqéa‘h) les délices de tes yeux » (Ye‘hezqel 24, 16) 5,25 Mathusalem, ayant vécu cent quatre-vingt-sept ans, engendra Lamec. 5,26 Mathusalem vécut, après avoir engendré Lamec, sept cent quatre-vingt-deux ans; il eut encore des fils et des filles. 5,27 Tous les jours de Mathusalem furent de neuf cent soixante-neuf ans, après quoi il mourut. 5,28 Lamec, ayant vécu cent quatre-vingt-deux ans, engendra un fils. Il engendra un fils Le mot bén (« fils ») est de la même famille que le verbe bano (« construire »). C’est sur lui que sera reconstruit le monde (Midrach tan‘houma Beréchith 11) 5,29 Il énonça son nom Noé, en disant: "Puisse-t-il nous soulager de notre tâche et du labeur de nos mains, causé par cette terre qu'a maudite l'Éternel!" Celui-ci nous consolera Le mot yena‘haménou (« il nous consolera ») est à décomposer en : yena‘h et mimènou (« il fera cesser nos peines »). Jusqu’à Noa‘h, l’homme ne possédait pas d’instruments de labour. C’est lui qui les a fabriqués. La terre, lorsqu’on semait du blé, produisait ronces et épines à cause de la malédiction prononcée contre Adam (Midrach tan‘houma). L’époque de Noa‘h a marqué la fin de ces calamités. C’est ce que veut dire yena‘haménou. Si tu ne l’expliques pas ainsi, le sens du mot ne répond pas au nom de Noa‘h, et il faudrait l’appeler mena‘hem (« le consolateur ») 5,30 Lamec vécut, après avoir engendré Noé, cinq cent quatre-vingt-quinze ans; il engendra des fils et des filles. 5,31 Toute la vie de Lamec fut de sept cent soixante-dix-sept ans; et il mourut. 5,32 Noé, étant âgé de cinq cents ans, engendra Sem, puis Cham et Japhet. Etant âgé de cinq cents ans Rabi Youdan a enseigné : Pour quelle raison les générations précédentes ont-elles engendré à cent ans, et Noa‘h à cinq cents ans seulement ? Le Saint béni soit-Il a dit : « Si les enfants de Noa‘h sont des impies, ils périront par les eaux du déluge, et ce juste en éprouvera de la peine. Et si ce sont des justes, je serai obligé de lui imposer la tâche de construire de nombreuses arches. ». C’est pourquoi Il l’a rendu stérile et il n’a engendré qu’à l’âge de cinq cents ans. 34
Aussi Yèfeth, l’aîné de ses fils, n’était-il pas encore responsable de ses actes avant le déluge, ainsi qu’il est écrit : « Car sera considéré comme jeune homme celui qui mourra à cent ans » (Yecha’ya 65, 20), ce verset voulant dire qu’il sera alors responsable de ses actes. Ainsi en était-il avant le don de la Tora (Beréchith raba 26, 2) Chem Yèfeth n’était-il pas l’aîné ? Mais on commence par s’intéresser à Chem, qui était un juste, qui est né circoncis et dont est issu Avraham (Abraham) (Beréchith raba 26, 3)
Chapitre 6 (Noah) 6,1 Or, quand les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre, et que des filles leur naquirent, 6,2 les fils de la race divine trouvèrent que les filles de l'homme étaient belles, et ils choisirent pour femmes toutes celles qui leur convinrent. Les fils de èlohim Enfants de princes et de juges (Beréchith raba 26, 5). Autre explication : Les fils de èlohim étaient des êtres célestes accomplissant une mission divine. Eux aussi s’étaient mélangés avec elles [à savoir les filles de l’homme]. Toutes les fois que l’on trouve dans le texte le mot èlohim, il a un sens de « suprématie ». En voici la preuve : « tu seras pour lui un inspirateur (èlohim) » (Chemoth 4, 16), ou bien : « Regarde ! Je fais de toi un dieu (èlohim) à l’égard de Pharaon ! » (Chemoth 7 1) Etaient belles
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Rabi Youdan a enseigné : Le mot tovoth est écrit sans waw, car lorsqu’elles se faisaient « belles » et se paraient pour aller sous le dais nuptial, un homme plus fort les possédait d’abord (Beréchith raba 26, 5) De tout ce qu’ils choisissaient Même une femme mariée, même un mâle ou une bête 6,3 L'Éternel dit: "Mon esprit n'animera plus les hommes pendant une longue durée, car lui aussi devient chair. Leurs jours seront réduits à cent vingt ans." Mon esprit ne plaidera plus pour l’homme Mon esprit ne se tourmentera plus à défendre contre moi la cause de l’homme Eternellement Pendant longtemps. En ce moment, mon esprit se débat en moi-même : faut-il l’anéantir ? faut-il user de miséricorde ? Ce débat ne va pas se prolonger à perpétuité, c’est-à-dire pendant longtemps Puisque lui (bechagam) n’est que chair Bechagam équivaut à bechègam, c’est-à-dire : « il n’est constitué que de chair », et pourtant il refuse de se soumettre à mon autorité ! Qu’en serait-il s’il était constitué de feu ou d’un élément fort ? De même : « Quand enfin je me suis levée (chaqqamti), moi Devora » (Choftim 5, 7). Chaqqamti équivaut à chèqamti (« jusqu’à ce que je me sois levée »). Ou bien : « Tu me prouveras par un signe que c’est toi-même (chaata) qui me parles » (Choftim 6, 17). Chaata équivaut à chéata (« car c’est toi »). Ici de même bechagam équivaut à bechègam (« alors qu’en plus il n’est constitué que de chair ») Ses jours seront... Je retiendrai ma colère pendant cent vingt ans, et s’ils ne se repentent pas, j’amènerai sur eux le déluge. Et si tu devais objecter qu’il ne s’est écoulé que cent ans entre la naissance de Yèfeth et le déluge, je te répondrai que la Tora ne respecte pas toujours l’ordre chronologique (Pessa‘him 6b). La décision avait été prise vingt ans avant la naissance des enfants de Noa‘h. C’est ce que nous trouvons dans le Séder ‘olam (chapitre 28). Il existe de nombreux midrachim sur « mon esprit ne plaidera plus éternellement pour l’homme », mais tel est le sens littéral dans toute sa clarté 6,4 Les Nefilim parurent sur la terre à cette époque et aussi depuis, lorsque les hommes de Dieu se mêlaient aux filles de l'homme et qu'elles leur donnaient des enfants. Ce furent ces forts d'autrefois, ces hommes si renommés. Les nefilim Du verbe nfl (« tomber »). Parce qu’ils sont tombés et ont fait tomber l’humanité (Beréchith raba 26). En hébreu, cela a le sens de : « géants » 36
En ces jours-là A l’époque de la génération de Enoch et des descendants de Qayin Et même ensuite Bien qu’elle ait été témoin de l’anéantissement de la génération de Enoch – l’océan ayant alors débordé et submergé un tiers de l’univers – la génération du déluge ne s’était pas soumise et n’en avait pas tiré la leçon Lorsqu’ils sont venus Elles enfantaient des géants comme eux (Beréchith raba 26, 7) Les hommes forts Pour se rebeller contre Dieu (Midrach tan‘houma Beréchith 12) Hommes de renom Ceux dont on a cité les noms : ‘Irad, Me‘houyael, Methouchael, ainsi nommés parce qu’ils ont été détruits, leurs noms évoquant l’idée d’effacement (nimo‘hou), d’anéantissement (houtachou) (Beréchith raba 23, 2). Autre explication : Chem (« de renom ») porte une connotation de destruction (chimmamon) : ils ont causé la destruction de l’humanité (Beréchith raba 26, 7) 6,5 L'Éternel vit que les méfaits de l'homme se multipliaient sur la terre, et que le produit des pensées de son cœur était uniquement, constamment mauvais; 6,6 et l'Éternel regretta d'avoir créé l'homme sur la terre, et il s'affligea en lui-même. Hachem se ravisa d’avoir créé Le midrach rend wayinna‘hem (« se ravisa ») par : « se consola ». Dieu se consola de ce qu’au moins Il avait créé l’homme sur la terre. Car s’Il l’avait créé au ciel, il aurait entraîné dans sa rébellion les mondes supérieurs (Beréchith raba, fin du chapitre 26) Il s’affligea Le Targoum Onqelos fait de « l’homme » le sujet du verbe « s’affligea » : il est devenu « un objet d’affliction » dans le cœur de Dieu. Dieu a pris la résolution de lui causer de l’affliction. Autre explication de « Hachem se ravisa » (wayinna‘hem) : La pensée de Dieu s’est ravisée en passant de la miséricorde à la stricte justice. Il s’est demandé ce qu’il convenait de faire de l’homme qu’Il avait créé sur la terre. Le mot ni‘houm, dans la Tora, signifie toujours « se demander ce qu’il convient de faire », comme dans : « Dieu n’est pas un homme, pour se raviser (wayithnè’ham) » (Bamidbar 23 19). « Pour ses serviteurs Il avisera (yithnè’ham) » (Devarim 32, 36). « Hachem révoqua le malheur (wayyinna‘hem) qu’Il avait voulu infliger à son peuple » (Chemoth 22, 14). « Je regrette (ni‘hamti) d’avoir conféré la royauté à Chaoul » (I Chemouel 15, 11). Il s’agit toujours d’une pensée nouvelle qui en remplace une autre 37
Il s’affligea en Son cœur Dieu se désola de l’échec de l’œuvre de Ses mains (Beréchith raba, fin du chapitre 26), comme dans : « Le roi est affligé à cause de son fils » (II Chemouel 15, 11). [Ici aussi, Dieu s’est affligé à cause du cœur de l’homme, qui avait ainsi basculé du bien vers le mal.] J’écris ceci en réponse aux hérétiques : Un idolâtre a demandé un jour à rabi Yehochou‘a ben Qor’ha : « Ne professez-vous pas que le Saint béni soit-Il prévoit l’avenir ? – Bien sûr que si ! répondit-il. – Il est écrit pourtant : “Eloqim s’affligea en son cœur” » ! Le maître lui a fait observer : « As-tu jamais eu un fils ? – Oui ! – Et qu’as-tu fait à sa naissance ? – Je me suis réjoui, et j’ai fait participer tout le monde à ma joie. – Tu savais bien, pourtant, qu’il est destiné à mourir un jour ! – Quand c’est le moment de se réjouir, on se réjouit. Quand c’est le moment de pleurer, on pleure ! » Et rabi Yehochou‘a de conclure : « C’est exactement ce qu’a fait le Saint béni soit-Il. Il savait d’avance que l’homme finirait par pécher et mériter sa perte. Il n’a cependant pas renoncé à le créer, à cause des justes qui viendraient à naître. 6,7 Et l'Éternel dit: "J'effacerai l'homme que j'ai créé de dessus la face de la terre; depuis l'homme jusqu'à la brute, jusqu'à l'insecte, jusqu'à l'oiseau du ciel, car je regrette de les avoir faits. Hachem dit : J’effacerai l’homme Il n’est que poussière, j’amènerai sur lui les eaux et je l’effacerai (Beréchith raba 28, 2). D’où l’emploi du mot èm‘hè (« j’effacerai ») Depuis l’homme jusqu’à la bête Les bêtes aussi avaient « corrompu leur voie » (Beréchith raba 28, 2). Autre explication : Tout n’a été créé qu’en vue de l’homme, et puisqu’il va disparaître, en quoi a-t-on besoin du reste ? (Beréchith raba 28, 6) Car je regrette de les avoir faits Je me suis demandé quoi faire, du moment que je les ai créés 6,8 Mais Noé trouva grâce aux yeux de l'Éternel. 6,9 Ceci est l'histoire de Noé. Noé fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains; il se conduisit selon Dieu. Celles-ci sont les générations de Noa‘h. Noa‘h fut un homme juste Puisqu’on le nomme, on fait son éloge, [alors que l’emploi du mot « générations » aurait dû plutôt conduire à l’énoncé d’une généalogie], ainsi qu’il est écrit : « le souvenir du juste est une bénédiction » (Michlei 10, 7). Autre explication : C’est pour t’apprendre que les véritables « générations » laissées par les justes sont constituées par leurs bonnes œuvres (Beréchith raba 30, 6) Dans sa génération Certains de nos maîtres y voient un éloge : à plus forte raison, s’il avait appartenu à une génération de justes, aurait-il été encore plus juste. D’autres y voient un blâme : il était un 38
juste dans sa propre génération, mais s’il avait appartenu à celle d’Avraham, il n’aurait compté pour rien (V. Sanhèdrin 108a, Beréchith raba 30, 9) Noa‘h marchait avec Eloqim Tandis qu’il est écrit à propos d’Avraham : « marche devant moi et sois intègre » (infra 17, 1), « Hachem, devant qui j’ai marché » (infra 24, 40). Noa‘h avait besoin d’un appui qui le soutînt, alors qu’Avraham était assez fort et marchait dans sa piété, de lui-même Noa‘h marchait (hithhalèkh) Le verbe est au passé. Au hithpa’él, le passé et le futur utilisent la même forme : « Lève-toi ! parcours (hithhalékh) » (infra 13, 17) est au futur, [l’impératif invitant à une action dans le futur]. « Hachem, devant qui j’ai marché (hithhalakhti) » (infra 24, 40) est au passé. « Noa‘h marchait (hithhalèkh) » est au passé. « Prie (hithpallél) pour tes serviteurs » (I Chemouel 12, 19) est au futur. « Quand il viendra prier (wehithpallél) pour cette maison » est au passé, étant toutefois précisé, dans ce dernier cas, que l’emploi du waw conversif en fait un futur 6,10 Noé engendra trois fils: Sem, Cham et Japhet. 6,11 Or, la terre s'était corrompue devant Dieu, et elle s'était remplie d'iniquité. S’était corrompue La « corruption » exprime l’idée de dérèglement sexuel et d’idolâtrie (Sanhèdrin 57a), comme dans : « gardez-vous d’être corrompus (tach‘hithoun) » (Devarim 4, 16) et : « toute chair ayant corrompu » (verset 12) La terre s’était remplie de violence C’est le vol avec violence 6,12 Dieu considéra que la terre était corrompue, toute créature ayant perverti sa voie sur la terre. Toute chair ayant corrompu Même les animaux domestiques, même les bêtes sauvages et les oiseaux s’accouplaient hors de leur propre espèce (Sanhèdrin 108a) 6,13 Et Dieu dit à Noé: "Le terme de toutes les créatures est arrivé à mes yeux, parce que la terre, à cause d'elles, est remplie d'iniquité; et je vais les détruire avec la terre. La fin de toute chair Partout où tu trouves dérèglement sexuel et idolâtrie, une catastrophe générale s’abat sur le monde, détruisant indistinctement bons et mauvais (Beréchith raba 26, 5) Parce que la terre est remplie de violence Leur verdict n’a été scellé qu’à cause de la violence 39
Avec (eth) la terre Cela équivaut à « min (“de”) la terre », comme dans : « quand je sortirai de (eth) la ville » (Chemoth 9, 29), « il souffrait de (eth) ses pieds » (I Melakhim 15, 23). Autre explication : eth équivaut ici à ’im (« avec »), à savoir : « avec de la terre », en ce sens que trois tefa‘him (longueurs du poing) de terre, profondeur du labour, ont été submergés et emportés par les eaux 6,14 Fais-toi une arche de bois de gôfèr; tu distribueras cette arche en cellules, et tu l'enduiras, en dedans et en dehors, de poix. Fais-toi une arche Dieu dispose pourtant de beaucoup de moyens de mettre à l’abri et de sauver. Pourquoi alors avoir imposé à Noa‘h la dure besogne de construire une arche ? C’est pour que ses contemporains le voient occupé à cette construction pendant cent vingt ans et lui demandent : « Que fais-tu là ? ». Et pour qu’il leur réponde : « Le Saint béni soit-Il va envoyer un déluge sur le monde ! ». Peut-être feront-ils pénitence !(Midrach tan‘houma 58, 5) De bois de gofèr C’est le nom du bois. Et pourquoi cette sorte de bois ? A cause du soufre (gofrith) qui devait détruire l’humanité En cellules Chaque animal domestique, chaque bête sauvage avait la sienne De poix (kofèr) Ce mot araméen correspond à l’hébreu zèfèth (« bitume »), et on le trouve dans le Talmud sous la forme de koufra (Chabath 67a). En ce qui concerne le berceau de Mochè enfant, les eaux du Nil étant calmes, il suffisait de l’enduire d’argile à l’intérieur et de poix à l’extérieur (Beréchith raba 31, 10). Il ne fallait pas, en outre, que ce juste pût être incommodé par la mauvaise odeur du bitume. Mais ici, comme les eaux du déluge ont été destructrices, il a fallu du bitume en dedans comme en dehors 6,15 Et voici comment tu la feras: trois cents coudées seront la longueur de l'arche; cinquante coudées sa largeur, et trente coudées sa hauteur. 6,16 Tu donneras du jour à l'arche, que tu réduiras, vers le haut, à la largeur d'une coudée; tu placeras la porte de l'arche sur le côté. Tu la composeras d'une charpente inférieure, d'une seconde et d'une troisième. Du jour (tsohar) D’après certains, c’était une fenêtre, d’après d’autres, c’était une pierre précieuse qui donnait de la lumière. (Beréchith raba 31, 11) Tu termineras 40
La couverture de l’arche était en pente, jusqu’à n’avoir plus, au sommet, qu’une coudée de large, les eaux pouvant ainsi s’écouler de part et d’autre Sur son côté Pour que n’y pénètre pas la pluie Un pont inférieur Trois étages superposés : en haut pour les humains, au milieu pour les animaux, et en bas pour les déchets (Sanhèdrin 108b) 6,17 Et moi, je vais amener sur la terre le Déluge - les eaux - pour détruire toute chair animée d'un souffle de vie sous les cieux; tout ce qui habite la terre périra. Et moi Je suis disposé à donner mon accord à ceux [parmi les anges] qui me mettaient depuis longtemps en garde, en disant : « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu t’en souviennes ? » (Tehilim 8, 5, Beréchith raba 31, 12) Le déluge Le mot maboul (« déluge ») contient l’idée de tout « détruire » (bila), de tout « bouleverser » (bilbél), et de tout déporter (hovil) de haut en bas. C’est ce que signifie le mot toufna, employé dans le Targoum Onqelos. Le déluge a tout submergé et a ramené l’arche à Bavel, qui est dans une vallée. C’est pourquoi cette vallée s’appelle Chin’ar : tous les morts du déluge y ont été emportés (chénin’arou) (voir infra 11, 2) 6,18 J'établirai mon pacte avec toi: tu entreras dans l'arche, toi et tes fils, et ta femme et les femmes de tes fils avec toi. J’établirai mon alliance Il fallait une alliance pour que les fruits ne pourrissent ni ne moisissent, et aussi pour que les scélérats de la génération ne tuent pas Noa‘h (Beréchith raba 31) Toi et tes fils Les hommes à part et les femmes à part. D’où l’on déduit que les rapports sexuels leur ont été interdits (Beréchith raba 31, 12) 6,19 Et de tous les êtres vivants, de chaque espèce, tu en recueilleras deux dans l'arche pour les conserver avec toi: ce sera un mâle et une femelle. Et de tout ce qui vit Y compris les démons (Beréchith raba 31, 13) Deux de tout 41
Même des moins nombreux, pas moins de deux, un mâle et une femelle 6,20 Des oiseaux selon leur espèce; des quadrupèdes selon leur espèce; de tout ce qui rampe sur la terre, selon son espèce, qu'un couple vienne auprès de toi pour conserver la vie. Des oiseaux selon leur espèce Uniquement ceux qui étaient restés attachés à leur propre espèce et qui n’avaient pas « corrompu leur voie ». Ils sont venus d’eux-mêmes. Ceux que l’arche acceptait d’accueillir, Noa‘h les faisait entrer. (Sanhèdrin 108b) 6,21 Munis-toi aussi de toutes provisions comestibles, et mets-les en réserve: pour toi et pour eux, cela servira de nourriture. 6,22 Noé obéit, tout ce que Dieu lui avait prescrit, il l'exécuta ponctuellement. Noa‘h fit ainsi Il s’agit de la construction de l’arche (Beréchith raba 31, 13. Voir infra 7, 5 et Rachi ibid.)
Chapitre 7 7,1 L'Éternel dit à Noé: "Entre, toi et toute ta famille, dans l'arche; car c'est toi que j'ai reconnu honnête parmi cette génération." C’est toi que j’ai reconnu juste Il n’est pas dit : « juste, intègre » [comme dans supra 6, 9]. Cela nous enseigne que l’on ne doit faire, en présence d’une personne que l’on veut complimenter, qu’une partie de son éloge. On ne fera son éloge tout entier qu’en son absence (‘Erouvin 18b, Beréchith raba 32, 3) 7,2 De tout quadrupède pur, tu prendras sept couples, le mâle et sa femelle; et des quadrupèdes non purs, deux, le mâle et sa femelle. De tout animal pur Qui sera pur pour Israël. D’où nous apprenons que Noa‘h a étudié la Tora Sept par sept Afin qu’il en offre des sacrifices à sa sortie de l’arche (Beréchith raba 34, 9) 7,3 De même, des oiseaux du ciel, respectivement sept, mâles et femelles, pour perpétuer les espèces sur toute la face de la terre De même
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Le texte parle des oiseaux purs. Ce qui n’est pas précisé ici s’éclaire par ce qui est explicité ailleurs 7,4 Car encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits; et j'effacerai de la surface du sol tous les êtres que j'ai créés. Car Ce sont les sept jours de deuil de Methouchèla‘h, le juste (Beréchith raba 32, 7). Le Saint béni soit-Il a eu des égards pour lui et Il a retardé le châtiment [constitué par le déluge]. Si tu calcules les années de la vie de Methouchèla‘h, tu trouveras qu’elles se terminent dans la six centième année de Noa‘h Car Que veut dire « encore »? C’est un répit supplémentaire ajouté aux cent vingt années déjà fixées Quarante jours Ce qui correspond délai nécessaire à la formation de l’embryon, parce que leur mauvaise conduite avait obligé leur Créateur à engendrer des enfants issus d’unions illégitimes (Beréchith raba 32, 5) 7,5 Noé se conforma à tout ce que lui avait ordonné l'Éternel. Noa‘h fit En venant vers l’arche (voir supra 6, 22) 7,6 Or, il était âgé de six cents ans lorsque arriva le Déluge, ces eaux qui couvrirent la terre. 7,7 Noé entra avec ses fils, sa femme, et les épouses de ses fils dans l'arche, pour se garantir des eaux du Déluge. Noa‘h entra Les hommes à part, et les femmes à part, parce que les rapports sexuels leur étaient interdits, étant donné que le monde était plongé dans le malheur (Midrach tan‘houma 58, 11) A cause des eaux du déluge Même Noa‘h était de foi fragile : il croyait à la venue du déluge, tout en n’y croyant pas, et il n’entra dans l’arche que lorsque les eaux l’y ont forcé (Beréchith raba 32, 6) 7,8 Des quadrupèdes purs; de ceux qui ne le sont point; des oiseaux, et de tout ce qui rampe sur le sol, 7,9 43
deux à deux ils vinrent vers Noé dans l'arche, mâles et femelles, ainsi que Dieu l'avait prescrit à Noé. Ils vinrent vers Noa‘h D’eux-mêmes (Beréchith raba 32, 8) Deux par deux Ils étaient tous égaux dans ce compte. Les espèces les moins nombreuses étaient au moins deux 7,10 Au bout des sept jours, les eaux du Déluge étaient sur la terre. 7,11 Dans l'année six cent de la vie de Noé, le deuxième mois, le dix-septième jour du mois, en ce jour jaillirent toutes les sources de l'immense Abîme, et les cataractes du ciel s'ouvrirent. Le deuxième mois Rabi Eli‘èzèr a enseigné : C’était en ‘hechwan. Rabi Yehochou‘a a enseigné : C’était en iyar (Roch haChana 11b) Se rompirent Pour faire jaillir leurs eaux Du grand abîme Mesure pour mesure. « la méchanceté de l’homme était “grande” » (supra 6, 5) Ils ont donc été frappés par le « grand » abîme (Sanhèdrin 108a) 7,12 La pluie tomba sur la terre, quarante jours et quarante nuits. La pluie fut sur la terre Et plus loin il est écrit : « le déluge fut quarante jours sur la terre » (verset 17). C’est parce que, lorsqu’Il a fait tomber la pluie, Il l’a fait tomber avec miséricorde, afin que, dans le cas où ils se seraient repentis, elle devienne une pluie de bénédiction. Et comme ils ne se sont pas repentis, elle est devenue un déluge Quarante jours Le premier jour ne compte pas, puisqu’il manquait la nuit précédente. Il est écrit, en effet : « en “ce jour-là” se rompirent toutes les sources » (verset 11). Les quarante jours se sont donc terminés le 28 kisléw, selon l’opinion de rabi Eli’èzer. Les mois sont, en effet, comptés dans l’ordre : un mois « plein » (30 jours) suivi d’un mois « creux » (29 jours), donc douze jours en ‘hechwan et vingt-huit jours en kisléw 7,13 Ce jour-là même étaient entrés dans l'arche: Noé, Sem, Cham et Japhet, fils de Noé, et avec eux la femme de Noé et les trois femmes de ses fils; 44
Au milieu de ce jour-là (beètsèm – littéralement : par la force) [C’est-à-dire en plein jour]. Le texte t’enseigne que ses contemporains disaient : « Si nous le voyons entrer dans l’arche, nous la briserons et nous le tuerons ! » Le Saint béni soit-Il a alors dit : « Je vais le faire entrer aux yeux de tous, et nous verrons bien quel est celui dont la parole va se réaliser ! » (Beréchith raba 32, 8) 7,14 eux, et toute bête fauve selon son espèce, et tout le bétail selon son espèce, et tout animal rampant sur la terre selon son espèce, et tout volatile selon son espèce: tout oiseau, tout être ailé. Tout oiseau Le mot tsipor (« oiseau ») est au cas construit, comme pour dire : « tout oiseau pourvu de toutes sortes d’ailes », donc y compris les sauterelles (‘Houlin 139b). Le mot kanaf signifie « plume » ou « aile », comme dans : « alors le kohen ouvrira l’oiseau du côté des ailes (bikhenafaw) » (Wayiqra 1, 17). De même ici, il s’agit d’oiseau de toute espèce, présentant n’importe quel semblant d’ailes 7,15 Ils vinrent vers Noé, dans l'arche, deux à deux, de toutes les espèces douées du souffle de vie. 7,16 Ceux qui entrèrent furent le mâle et la femelle de chaque espèce, comme Dieu l'avait commandé. Alors l'Éternel ferma sur Noé la porte de l'arche. Hachem ferma (sagar) l’arche sur lui (ba‘ado Il le protégea, afin qu’on ne brise pas l’arche. Il entoura (sagar) l’arche d’ours et de lions qui tuaient ceux qui s’approchaient (Beréchith raba 32, 8). Et d’après le sens littéral du verset, « Il ferma sur lui la porte de l’arche » pour empêcher l’eau d’y pénétrer. Toutes les fois que le texte emploie le mot ba’ad, il a le sens de « en face de », comme dans : « car Hachem avait entièrement fermé toute matrice (littéralement : “posé une fermeture en face de chaque matrice” » [infra 20, 18]). « Tu fermeras la porte “en face de” toi et de tes fils » (II Melakhim 4, 4). « Peau pour peau » . (Iyov 2, 4). « Un bouclier “en face de” moi » (Tehilim 3, 4). « Prie pour (littéralement : “en face de”] tes serviteurs » (I Chemouel 12, 19), c’est-à-dire en faveur de tes serviteurs 7,17 Le Déluge ayant duré quarante jours sur la terre, les eaux, devenues grosses, soulevèrent l'arche, qui se trouva au-dessus de la terre. Elle s’éleva au-dessus de la terre Elle était enfoncée à onze coudées au-dessous du niveau des eaux, comme un bateau chargé, partiellement plongé dans l’eau (Beréchith raba 32, 9). Les versets suivants le prouveront 7,18 Les eaux augmentèrent et grossirent considérablement sur la terre, de sorte que l'arche flotta à la surface des eaux. Grossirent D’elles-mêmes, [alors même que la pluie avait cessé de tomber] 45
7,19 Puis les eaux redoublèrent d'intensité sur la terre et les plus hautes montagnes qui sont sous le ciel furent submergées. 7,20 De quinze coudées plus haut les eaux s'étaient élevées; et les montagnes avaient disparu. De quinze coudées plus haut Au-dessus du niveau de toutes les montagnes, après que les eaux eurent atteint les sommets des montagnes (Yoma 76a) 7,21 Alors périt toute créature se mouvant sur la terre: oiseaux, bétail, bêtes sauvages, tous les êtres pullulant sur la terre, et toute l'espèce humaine. 7,22 Tout ce qui était animé du souffle de la vie, tout ce qui peuplait le sol, expira. Une âme Tout ce qui avait une haleine de souffle de vie Tout ce qui était sur la terre sèche A l’exclusion des poissons de la mer (Sanhèdrin 108a, Qiddouchin 13a) 7,23 Dieu effaça toutes les créatures qui étaient sur la face de la terre, depuis l'homme jusqu'à la brute, jusqu'au reptile, jusqu'à l'oiseau du ciel et ils furent effacés de la terre. Il ne resta que Noé et ce qui était avec lui dans l'arche. Il effaça Le verbe wayima‘h (« il effaça ») est à la forme active et non au passif. Même formation que wayifèn (« il se tourna »), wayivèn (« il construisit »). Lorsqu’un verbe dont la troisième lettre du radical est un hé, comme ma‘ho (« effacer »), bano (« construire »), qano (« acquérir ») porte un waw conversif suivi du préfixe yod, il est ponctué d’un ‘hiriq sous le yod Que Noa‘h Il est resté seul, tel est le sens littéral. Mais le midrach (Beréchith raba 32 et Midrach tan‘houma 58, 9) explique le mot akh (« seulement ») comme voulant dire : « à cause de Noa‘h ». Il gémissait et crachait du sang, à cause du mal qu’il se donnait pour s’occuper des animaux domestiques et des bêtes sauvages. Autre midrach : il a un jour tardé à apporter au lion sa nourriture, et celui-ci l’a frappé. C’est à son sujet qu’il est écrit : « Voyez, même le juste est rétribué [pour ce qu’il a fait de mal] sur terre » (Michlei 11, 31) 7,24 La crue des eaux sur la terre dura cent cinquante jours.
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Chapitre 8 8,1 Alors Dieu se souvint de Noé, et de tous les animaux sauvages et domestiques qui étaient avec lui dans l’arche. Dieu fit passer un souffle sur la terre, et les eaux se calmèrent. Eloqim se souvint Il est écrit ici Eloqim, qui est le nom de Dieu lorsqu’Il exerce la stricte justice. Celle-ci est transformée en miséricorde grâce à la prière des justes. La miséricorde, en revanche, cède la place à la stricte justice sous l’influence de la méchanceté des scélérats, ainsi qu’il est écrit : « Hachem vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre » et : « Et Hachem dit : j’effacerai l’homme » (supra 6, 5 et 7), où pourtant le texte emploie le nom du Dieu de miséricorde (Beréchith raba 33, 3) Eloqim se souvint de Noa‘h... En quoi s’est-Il souvenu des animaux ? Du mérite qu’ils se sont acquis en n’ayant pas « corrompu leur voie » avant le déluge et en s’abstenant de rapports sexuels dans l’arche (Midrach tan‘houma 58, 11) Eloqim fit passer un souffle Un souffle de consolation et d’apaisement passa devant lui Sur la terre A cause de ce qui se passait sur la terre Les eaux s’apaisèrent Comme dans : « quand la colère du roi se fut apaisée » (Esther 2, 1). Cela signifie un retour à la sérénité après une colère 8,2 Les sources de l'Abîme et les cataractes célestes se refermèrent, et la pluie ne s'échappa plus du ciel. Se refermèrent les sources 47
Lorsqu’elles s’étaient ouvertes, le texte avait spécifié : « “toutes” les sources » (supra 7, 11), alors qu’ici ne figure pas le mot « toutes ». Sont restées celles qui sont nécessaires au monde, comme les eaux chaudes de Tibériade, et d’autres similaires (Beréchith raba 33), [l’eau du déluge ayant été brûlante (Sanhèdrin 108a)] La pluie fut retenue (wayikalé) Elle fut retenue, comme dans : « ne retiens pas (lo tikhla), Hachem ta miséricorde » (Tehilim 40, 12), ou dans : « nul d’entre nous ne te refusera (lo yikhlè) sa tombe » (infra 23, 6) 8,3 Les eaux se retirèrent de dessus la terre, se retirèrent par degrés; elles avaient commencé à diminuer au bout de cent cinquante jours. Au bout de cent cinquante jours Elles commencèrent à diminuer. C’était le 1er siwan (Séder ‘olam, 4). Comment cela ? Les pluies avaient cessé de tomber le 27 kisléw. Il reste donc trois jours pour finir kisléw, plus les vingt-neuf jours de tévèth, ce qui fait trente-deux jours. Les quatre mois suivants : chevat, adar, nissan et iyar totalisent cent dix-huit jours, d’où un total de cent cinquante jours 8,4 Le septième mois, le dix-septième jour du mois, l'arche s'arrêta sur les monts Ararat. Le septième mois C’était en siwan, septième mois à partir de kisléw où les eaux avaient cessé de tomber Le dix-septième jour D’où l’on apprend que l’arche était enfoncée de onze coudées au-dessous du niveau des eaux. Il est écrit, en effet : « le premier jour du dixième mois apparurent les cimes des montagnes » (verset 5). C’était le mois de av, qui est le dixième mois à compter de ‘hechwan pendant lequel les pluies ont commencé de tomber. Or, les eaux s’étaient élevées de quinze coudées au-dessus du niveau des montagnes. Elles ont donc diminué de quinze coudées en soixante jours, du 1er siwan jusqu’au 1er av, soit une coudée en quatre jours. Le 16 siwan, elles n’avaient baissé que de quatre coudées, et l’arche s’est arrêtée le lendemain 17. Son tirant d’eau était donc de onze coudées 8,5 Les eaux allèrent toujours décroissant jusqu'au dixième mois; le premier jour du dixième mois, apparurent les cimes des montagnes. Du dixième mois apparurent les cimes des montagnes C’était le mois de av, qui est le dixième mois à compter de ‘hechwan pendant lequel les pluies ont commencé de tomber. Et si tu dis que c’est eloul, en tant que dixième mois après kisléw où la pluie s’est arrêtée, de la même manière que le septième mois, siwan, était le septième mois après la fin des pluies (verset 4), cela n’est pas soutenable. Car on ne peut compter le septième mois qu’à partir de la fin des pluies. En effet, les quarante jours de pluies et les cent cinquante jours de grossissement des eaux ne se seraient pas achevés le 1er siwan. Et si tu soutiens que c’est le septième mois à partir du commencement des pluies, ce ne serait pas siwan. Quant au dixième mois, on ne peut le compter qu’à partir du commencement des 48
pluies. Car si tu devais le faire à partir de l’arrêt des pluies et dire que c’est eloul, tu n’arriverais pas à dire que « au premier mois, le premier jour du mois, les eaux furent séchées de dessus la terre » (verset 13). En effet, quarante jours après que les sommets des montagnes furent apparus, Noa‘h envoya le corbeau. Il a attendu vingt et un jours pour envoyer la colombe, ce qui donne soixante jours depuis l’apparition du sommet des montagnes jusqu’à l’assèchement total de la surface de la terre. Or, si tu dis que c’est en eloul que sont apparus les sommets des montagnes, la terre se serait asséchée en ‘hechwan. Or, la Tora l’appelle le premier mois. Et le premier mois ne peut être autre que tichrei, comme premier mois après la création du monde, ou nissan, selon l’opinion de rabi Yehochou‘a 8,6 Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée à l'arche. Au bout de quarante jours Qui ont suivi l’apparition des sommets des montagnes La fenêtre de l’arche qu’il avait faite Pour l’éclairage, et non la porte servant à l’entrée et à la sortie (Beréchith raba 33, 5) 8,7 Il lâcha le corbeau, qui partit, allant et revenant jusqu'à ce que les eaux eussent laissé la terre à sec. Allant et revenant Le corbeau ne cessait de tournoyer autour de l’arche et n’accomplissait pas sa mission, parce qu’il suspectait sa compagne, ainsi que nous le trouvons au dernier chapitre du traité Sanhèdrin (108b) Jusqu’à ce que les eaux eussent séché de dessus la terre Le sens littéral est simple, mais le midrach explique comme suit : Le corbeau [allait et revenait dans le monde] comme ayant été mis en réserve pour une autre mission lors d’un autre assèchement des eaux, à l’époque du prophète Eliyahou, ainsi qu’il est écrit : « les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande » (I Melakhim 17, 6, Beréchith raba 33, 5) 8,8 Puis, il lâcha la colombe, pour voir si les eaux avaient baissé sur la face du sol. Il renvoya la colombe de chez lui Au bout de sept jours, puisqu’il est écrit : « il attendit encore sept autres jours » (verset 10). C’est donc que la première fois aussi, il avait attendu sept jours Il renvoya Le mot ne signifie pas ici qu’il l’a envoyée en mission, mais qu’il l’a renvoyée. Il voulait la lâcher pour de bon, et voir ainsi si les eaux avaient diminué. Dans le cas où elle aurait trouvé un point d’appui, elle ne serait pas revenue 8,9 49
Mais la colombe ne trouva pas de point d'appui pour la plante de ses pieds, et elle revint vers lui dans l'arche, parce que l'eau couvrait encore la surface de la terre. Il étendit la main, la prit et la fit rentrer auprès de lui dans l'arche. 8,10 Il attendit encore sept autres jours, et renvoya de nouveau la colombe de l'arche. Il attendit Le texte emploie souvent ce verbe, comme dans : « ils m’écoutaient, pleins d’attente [weyi‘hélou] » (Iyov 29, 21) 8,11 La colombe revint vers lui sur le soir, tenant dans son bec une feuille d'olivier fraîche. Noé jugea que les eaux avaient baissé sur la terre. Dans son bec... arrachée Taraf (« tenant ») est au masculin, tandis que befiha (« dans son bec ») est au féminin. Je prétends que c’était un mâle, et que c’est la raison pour laquelle le texte emploie alternativement le masculin et le féminin. Car le mot yona (« colombe ») est du genre féminin, comme dans : « ses yeux sont comme des colombes sur le bord des cours d’eau. Elles baignent (ro‘hatsoth, au féminin) dans le lait » (Chir hachirim 5, 12), ou dans : « comme les colombes des vallées, toutes gémissantes (hagguéayoth) » (Ye‘hezqel 7, 16), ou dans : « Efrayim est devenu comme une colombe étourdie (fotha) » (Hoché‘a 7, 11) Arrachée Taraf veut dire : « elle avait saisi ». Mais pour le midrach, ce mot désigne la nourriture de la colombe. Quant au mot befiha (« dans son bec »), le midrach l’interprète comme une parole prononcée par la colombe : « Que ma nourriture soit aussi amère que l’olive, du moment qu’elle me vient de ta main, plutôt que douce comme le miel, mais venant de la main d’un être de chair et de sang ! » (‘Erouvin 18b, Beréchith raba 33) 8,12 Ayant attendu sept autres jours encore, il fit partir la colombe, qui ne revint plus auprès de lui. Il attendit Wayiya‘hél (« il attendit ») a ici le même sens que waya‘hèl au verset 10, sauf que le texte emploie ici le hithpa’él et là-bas le qal. Waya‘hèl peut se traduire par « il attendit », et wayiya‘hél par « il prit patience » 8,13 Ce fut dans la six cent unième année, au premier mois, le premier jour du mois, que les eaux laissèrent la terre à sec. Noé écarta le plafond de l'arche et vit que la surface du sol était desséchée. Au premier mois Pour rabi Eli’èzer, c’était en ‘hechwan. Pour rabi Yehochou‘a, c’était en iyar (Roch haChana 11b) La surface du sol était sèche 50
Il y avait comme de la boue formant une croûte à la surface des eaux (Beréchith raba 33, 7) 8,14 Et au deuxième mois, le vingt-septième jour du mois, la terre était sèche. Le vingt-septième jour Les pluies avaient commencé de tomber le deuxième mois, le dix-septième jour du mois (supra 7, 11). Les dix-sept jours d’écart correspondent à la différence entre l’année solaire et l’année lunaire, la génération du déluge ayant été condamnée à subir un cataclysme d’une année entière (Séder ‘olam 4, Beréchith raba 28, 9 et 33, 7) La terre était sèche Elle était redevenue aride, selon son état habituel (ibid.) 8,15 Dieu parla à Noé en ces termes: 8,16 Sors de l'arche, toi et ta femme, et tes fils et leurs femmes avec toi. Toi et ta femme Mari et femme réunis. Dieu leur permet ici de reprendre la vie commune (Beréchith raba 34, 7) 8,17 Tout être vivant de toute espèce qui est avec toi: volatile, quadrupède, reptile se traînant sur la terre, fais-les sortir avec toi; qu'ils foisonnent dans la terre, qu'ils croissent et multiplient sur la terre!" Fais sortir Le mot est écrit hotsé, et lu hayetsé, qui veut dire : « dis-leur de sortir » Hotsé signifie : « s’ils ne veulent pas sortir, fais-les sortir toi-même » (Beréchith raba 34, 8) Qu’ils foisonnent de par la terre Mais pas dans l’arche. Ce qui nous apprend que les rapports sexuels étaient interdits même aux animaux et aux oiseaux 8,18 Noé sortit avec ses fils, sa femme, et les femmes de ses fils. 8,19 Tous les quadrupèdes, tous les reptiles, tous les oiseaux, tout ce qui se meut sur la terre sortit, selon ses espèces, de l'arche. Selon leurs familles Ils se sont engagés à s’unir selon leurs espèces 8,20 Noé érigea un autel à l'Éternel; il prit de tous les quadrupèdes purs, de tous les oiseaux purs, et les offrit en holocauste sur l'autel. 51
De tout animal pur Noa‘h s’est dit : Si le Saint béni soit-Il m’a ordonné de faire entrer certaines bêtes par sept, ce ne peut être que pour en offrir en sacrifice (Beréchith raba 34, 9) 8,21 L'Éternel aspira la délectable odeur, et il dit en lui-même: "Désormais, je ne maudirai plus la terre à cause de l'homme, car les conceptions du cœur de l'homme sont mauvaises dès son enfance; désormais, je ne frapperai plus tous les vivants, comme je l'ai fait. Dès son enfance Le mot minnne’ouraw est écrit mine’araw, sans waw. Dès qu’il commence à se mouvoir (michénin’ar) pour sortir du ventre de sa mère, il accueille en lui le penchant au mal (Beréchith raba 34, 10, Yerouchalmi Berakhoth 3, 5) je ne recommencerai plus... Deux fois. C’est un mode de serment, ainsi qu’il est écrit : « De même que j’ai juré que le déluge de Noa‘h ne désolerait plus la terre... » (Yecha’ya 54, 9). Mais nous n’avons trouvé aucun serment ! C’est cette répétition qui constitue un serment, comme expliqué par les sages dans la guemara (Chevou‘oth 36a) 8,22 Plus jamais, tant que durera la terre, semailles et récolte, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit, ne seront interrompus." Désormais Six saisons, à raison de deux mois chacune. La michna explique : La seconde moitié de tichrei, ‘hechwan, et la première moitié de kisléw, c’est le temps des semailles. La seconde moitié de kisléw, tévèth et la première partie de chevat, c’est le temps du froid... (Baba Metsi‘a 106b) Froidure Plus rude que l’hiver Hiver C’est l’époque où l’on sème orges et légumes secs qui parviennent rapidement à maturité. C’est la seconde moitié de chevat, adar, et la première moitié de nissan Récolte C’est la seconde moitié de nissan, iyar et la première moitié de siwan Eté (qayits) C’est la seconde moitié de siwan, tamouz et la première moitié de av. On y récolte les figues et on les laisse sécher dans les champs. Les figues sèches s’appellent qayits, comme dans : 52
« le pain et les figues sèches (qayits) sont destinés à la nourriture des serviteurs » (II Chemouel 16, 2) Et chaleur C’est la fin de la saison chaude : la seconde moitié de av, eloul et la première moitié de tichrei. C’est le moment où il fait le plus chaud dans le monde, ainsi que nous l’avons appris dans la guemara (Yoma 29a) : « La fin de l’été est plus pénible que l’été lui-même » Jour et nuit ne cesseront pas C’est donc qu’ils avaient cessé pendant le déluge. Les planètes avaient suspendu leur service, et l’on ne distinguait plus entre le jour et la nuit (Beréchith raba 34, 11) Ne cesseront pas De suivre leur cours naturel
Chapitre 9 9,1 Dieu bénit Noé et ses fils, en leur disant: "Croissez et multipliez, et remplissez la terre! 9,2 Que votre ascendant et votre terreur soient sur tous les animaux de la terre et sur tous les oiseaux du ciel; tous les êtres dont fourmille le sol, tous les poissons de la mer, est livrés en vos mains. Et votre terreur C’est le sens du mot we‘hitkhem, comme dans : « Vous voyez une terreur (‘hathath) » (Iyov 6, 21). Le midrach donne au mot le sens de « vie » (‘hayouth). Tant qu’un enfant, même âgé d’un jour, est en vie, on n’a pas besoin de le protéger des rats. Tandis qu’il a fallu après sa mort protéger ‘Og, le géant, roi de Bachan contre les rats, ainsi qu’il est écrit : « que votre crainte (oumoraakhem) et votre terreur (we‘hitkhem) soient sur tous les animaux de la terre... ». Quand terrifierez-vous les animaux de la terre ? Aussi longtemps que vous serez en vie (‘hayim) (Chabath 151b, Beréchith raba 34, 12) 9,3 Tout ce qui se meut, tout ce qui vit, servira à votre nourriture; de même que les végétaux, je vous livre tout. Vous sera pour nourriture Je n’avais pas permis au premier homme de manger de la viande, seulement des végétaux. Mais à vous, « de même que les végétaux », que j’avais laissé Adam libre de manger, « je vous donne tout » (Sanhèdrin 59b) 9,4 53
Toutefois aucune créature, tant que son sang maintient sa vie, vous n'en mangerez. Aucune chair Dieu leur a interdit d’arracher un membre à une bête vivante, c’est-à-dire que tant que le sang maintient la vie, vous n’en mangerez pas la chair (Sanhèdrin 57a) Aucune chair Quand la vie est encore dans le sang, et donc Aucune chair « Aucune chair, avec sa vie », c’est l’interdiction d’enlever la chair d’une bête vivante. Ensuite, « avec sa vie, son sang vous n’en mangerez », c’est l’interdiction du sang d’une bête vivante (Sanhèdrin 59a) 9,5 Toutefois encore, votre sang, qui fait votre vie, j'en demanderai compte: je le redemanderai à tout animal et à l'homme lui-même, si l'homme frappe son frère, je redemanderai la vie de l'homme. Et toutefois Je vous ai certes autorisés à ôter la vie à un animal. Mais je demanderai compte de votre propre sang à celui qui le versera [en se donnant volontairement la mort] De votre vie Même à celui qui s’étrangle [par pendaison], bien qu’il n’y ait pas de sang versé (Baba Qama 91b) A tout animal Parce que les hommes de la génération du déluge avaient péché, ils ont été livrés en pâture aux bêtes féroces, qui avaient tout pouvoir sur eux, ainsi qu’il est écrit : « L’homme est pareil aux animaux, sa fin est certaine » (Tehilim 49, 21, Chabath 151b). C’est pourquoi il a été nécessaire de mettre les animaux en garde à leur sujet Et à l’homme A celui qui tue volontairement et sans qu’il y ait de témoins, c’est moi qui lui en demanderai compte A l’homme qui frappe son frère A celui qui aime quelqu’un comme son frère et qui le tue involontairement, je lui demanderai des comptes, s’il ne s’enfuit pas [vers l’une des villes de refuge] et ne demande pardon pour sa faute. Car l’homicide involontaire aussi exige une expiation. Si donc il n’y a pas eu de témoins pour le faire condamner au bannissement, et s’il ne s’y soumet pas de lui-même, le Saint béni soit-Il lui en demandera compte. Ainsi que nos rabbins l’ont expliqué dans la guemara (Makoth 10b), le verset : « s’il n’y a pas eu guet-apens et que Eloqim seul ait conduit 54
sa main, il se réfugiera dans un des endroits que je te désignerai » (Chemoth 21, 13) doit être compris comme voulant dire que Dieu va réunir dans la même auberge [celui qui a tué accidentellement et n’a pas expié son acte et celui qui a tué avec préméditation et n’a pas été jugé. Le premier va grimper sur une échelle du haut de laquelle il tombera sur le second, le tuant sous le choc. Et l’accident ayant été vu par des témoins, son auteur, cette fois, sera condamné au bannissement] 9,6 Celui qui verse le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé car l'homme a été fait à l'image de Dieu. Par l’homme son sang sera versé S’il y a des témoins (Targoum Onqelos), mettez-le vous-mêmes à mort. Pourquoi ? « Car à l’image de Eloqim Il a fait l’homme » (Beréchith raba 35) Car à l’image de Eloqim Il a fait l’homme Ce verset est obscur, car il aurait dû dire explicitement que c’est Dieu qui a fait l’homme. Le texte présente beaucoup d’imprécisions analogues 9,7 Pour vous, croissez et multipliez; foisonnez sur la terre et devenez y nombreux." Et vous Selon le sens littéral, les premières fois où cela a été dit (supra 1, 28 et 9, 1), c’était dans un contexte de bénédiction. Ici, il s’agit d’un ordre. (Ketouvoth 5a). Quant au midrach, il assimile ici au meurtrier celui qui néglige d’avoir des enfants (Yevamoth 63b, Beréchith raba 34, 14) 9,8 Dieu adressa à Noé et à ses enfants ces paroles: 9,9 "Et moi, je veux établir mon alliance avec vous et avec la postérité qui vous suivra; Et moi « Je suis d’accord avec toi ». Car Noa‘h était tourmenté à l’idée de devoir perpétuer l’espèce, jusqu’à ce que le Saint béni soit-Il lui promette de ne plus jamais détruire le monde (Midrach tan‘houma 58, 11). C’est ce qu’Il fait plus loin (verset 11) en lui disant Son accord pour donner à Sa promesse confirmation et force d’alliance, et en lui procurant un signe 9,10 et avec toute créature vivante qui est avec vous, oiseaux, bétail, animaux des champs qui sont avec vous, tous les animaux terrestres qui sont sortis de l'arche. Tout être vivant qui est avec vous Ceux qui vivent avec les êtres humains Sortis de l’arche Y compris les insectes et les vermisseaux 55
Tout animal de la terre Y compris les nuisibles qui ne font pas partie des animaux qui sont « avec vous », car ils ne vivent pas avec les êtres humains 9,11 Je confirmerai mon alliance avec vous nulle chair, désormais, ne périra par les eaux du déluge; nul déluge, désormais, ne désolera la terre." J’établirai Je donnerai confirmation à mon alliance ! Et quelle est cette confirmation ? L’arc-en-ciel, comme Il le dira plus tard 9,12 Dieu ajouta: "Ceci est le signe de l'alliance que j'établis, pour une durée perpétuelle, entre moi et vous, et tous les êtres animés qui sont avec vous. Pour les générations Le mot doroth (« générations ») est écrit sans waw, [ce qui implique une restriction], à savoir qu’elles n’en auront pas toutes besoin, notamment celles constituées de justes parfaits, comme la génération de ‘Hizqiya, roi de Yehouda, et celle de rabi Chim‘on bar Yo‘haï (Beréchith raba 35, 2) 9,13 J'ai placé mon arc dans la nue et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre. 9,14 A l'avenir, lorsque j'amoncellerai des nuages sur la terre et que l'arc apparaîtra dans la nue, Lorsque j’amoncellerai de la nuée Lorsque la pensée me viendra de plonger le monde dans les ténèbres et la ruine 9,15 je me souviendrai de mon alliance avec vous et tous les êtres animés et les eaux ne deviendront plus un déluge, anéantissant toute chair. 9,16 L'arc étant dans les nuages, je le regarderai et me rappellerai le pacte perpétuel de Dieu avec toutes les créatures vivantes qui sont sur la terre. Entre Eloqim et entre tout être vivant Entre la stricte justice, [symbolisée par le mot Eloqim], et vous. Car le texte aurait dû dire : « entre “moi” et entre tout être vivant ». C’est donc lorsque la stricte justice viendra vous accuser, enseigne le midrach, que je regarderai le signe et me souviendrai (voir Beréchith raba 35, 3) 9,17 Dieu dit à Noé: "C'est là le signe de l'alliance que j'ai établie entre moi et toutes les créatures de la terre." C’est là le signe de l’alliance Il a montré l’arc-en-ciel à Noa‘h et lui a dit : « Voici le signe dont j’ai parlé » 56
9,18 Les fils de Noé qui sortirent de l'arche furent Sem, Cham et Japhet; Cham était le père de Canaan. ‘Ham était le père de Kena‘an Pourquoi faut-il le dire ici ? Parce que le paragraphe continue avec l’ivresse de Noa‘h, pendant laquelle ‘Ham s’est mal conduit, et qui a été à l’origine de la malédiction de Kena‘an (verset 25). La généalogie de ‘Ham n’avait pas encore été décrite et nous ne savions pas que Kena‘an était son fils. Aussi a-t-il été nécessaire de préciser ici que « ‘Ham était le père de Kena‘an » 9,19 Ce sont là les trois fils de Noé par lesquels toute la terre fut peuplée. 9,20 Noé, d'abord cultivateur planta une vigne. Noa‘h commença Waya‘hèl (« commença ») [à rapprocher de ‘houlin (« œuvre profane »)] veut dire qu’il s’est profané lui-même, car il aurait dû commencer par planter autre chose (Beréchith raba 36) Cultivateur (ich haadama – littéralement : « homme de la terre ») C’est-à-dire maître de la terre, comme dans : « l’homme (ich – c’est-à-dire le mari) de Naomi » (Routh 1, 3) Il planta une vigne Lorsqu’il était entré dans l’arche, il avait emporté des sarments de vigne et des rameaux de figuier (Beréchith raba 36, 3) 9,21 Il but de son vin et s'enivra, et il se mit à nu au milieu de sa tente. Il se découvrit C’est un hithpa’él (mode pronominal) De sa tente Il est écrit aholoh (au lieu de aholo). C’est une allusion aux dix tribus d’Israël désignées sous le nom de Samarie, appelée aussi aholoh (Ye‘hezqel 23, 4). Elles seront exilées à cause du vin [qui les a menées au péché], ainsi qu’il est écrit : « ils boivent du vin à même les amphores » (‘Amos 6, 6, Beréchith raba 36, 4) 9,22 Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et alla dehors l'annoncer à ses deux frères. ‘Ham Certains de nos rabbins disent que c’est Kena‘an qui l’a vu et est allé le raconter à son père. C’est pourquoi on le mentionne ici. C’est également pourquoi il a été maudit (Beréchith raba 36) 57
Il vit la nudité de son père Certains disent qu’il l’a émasculé, d’autres qu’il l’a sodomisé (Sanhèdrin 70a) 9,23 Sem et Japhet prirent la couverture, la déployèrent sur leurs épaules, et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père, mais ne la virent point, leur visage étant retourné. Chem et Yèfeth prirent (wayiqa‘h – littéralement : « et prit Chem et Yèfeth ») Il n’est pas écrit « prirent », mais « prit ». Cela pour apprendre que Chem a accomplit la mitswa avec plus d’empressement que Yèfeth. C’est pourquoi ses descendants mériteront un jour de porter [comme « couverture »] le talith avec ses tsitsith. Quant à ceux de Yèfeth, ils mériteront de recevoir une sépulture digne, ainsi qu’il est écrit : « Je donnerai à Gog un lieu de sépulture » (Ye‘hezqel 39, 11). En ce qui concerne ‘Ham, qui a déshonoré son père, il est écrit au sujet de sa descendance : « De même les captifs d’Egypte et les exilés de Kouch, jeunes et vieux, le roi d’Achour les emmènera dévêtus et déchaussés, découverts jusqu’au bas des reins... » (Yecha’ya 20, 4 – Beréchith raba 36, 6 et Midrach tan‘houma 58, 15) Et leur visage était à reculons Pourquoi « à reculons » est-il écrit à deux reprises ? Pour nous enseigner que, lorsqu’ils se sont approchés de lui et qu’ils ont dû se tourner vers lui pour le couvrir, ils ont détourné leur visage (Beréchith raba 36, 6) 9,24 Noé, réveillé de son ivresse, connut ce que lui avait fait son plus jeune fils, Son fils Indigne et méprisable, comme dans : « Car voici, je te fais petit (qaton) parmi les peuples, méprisable parmi les hommes » (Yirmeya 49, 15) 9,25 et il dit : "Maudit soit Canaan! Qu'il soit l'esclave des esclaves de ses frères!" Maudit soit Kena‘an A cause de toi, je n’aurai pas un quatrième fils pour me servir. Maudit soit donc ton quatrième fils, et qu’il soit asservi aux descendants des aînés sur lesquels incombe désormais la charge de me servir ! (Beréchith raba 36, 7) Et pourquoi ‘Ham l’a-t-il émasculé ? Il a dit à ses frères : « Adam a eu deux fils, dont l’un a tué l’autre pour l’héritage du monde. Notre père a déjà trois fils, et il en voudrait encore un quatrième ? ! » (Beréchith raba 36, 5) 9,26 Il ajouta: "Soit béni l'Éternel, divinité de Sem et que Canaan soit leur esclave, béni soit Hachem Qui accomplira Sa promesse envers ses descendants en leur donnant le pays de Kena‘an Et que Kena‘an soit leur serviteur Qu’il travaille pour eux et leur verse un tribut 58
9,27 que Dieu agrandisse Japhet! Qu'il réside dans les tentes de Sem et que Canaan soit leur esclave! Que Eloqim agrandisse Yèfeth Traduction du Targoum » : « qu’Il donne largement de l’espace ! » Qu’Il réside dans la tentes de Chem Que Dieu fasse résider Sa chekhina (« présence divine ») en Israël. Nos sages ont expliqué : Il est vrai que Dieu a « agrandi Yèfeth », puisque c’est Cyrus, son descendant, qui a construit le deuxième Temple. La chekhina, cependant, n’y a pas résidé (Yoma 10a). Et où a-t-elle résidé ? Dans le premier Temple, construit par le roi Chelomo, descendant de Chem (Beréchith raba 36) Et que Kena‘an soit leur serviteur Même après la dispersion des descendants de Chem, ceux de Kena‘an leur resteront asservis 9,28 Noé vécut, après le Déluge, trois cent cinquante ans. 9,29 Toute la vie de Noé avait été de neuf cent cinquante ans lorsqu'il mourut.
Chapitre 10 10,1 Voici la descendance des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, à qui des enfants naquirent après le Déluge. 10,2 Enfants de Japhet Gourer, Magog, Madaï, Yavân, Toubal, Méchec et Tiràs. Et Thiras C’est la Perse (Beréchith raba 37, 1) 10,3 Enfants de Gourer: Achkenaz, Rifath et Togarma. 10,4 Enfants de Yavân: Elicha, Tharsis, Kittim et Dodanim. 10,5 De ceux-là se formèrent les colonies de peuples répandues dans divers pays, chacune selon sa langue, selon sa tribu, selon son peuple. 10,6 Enfants de Cham: Kouch, Misraïm, Pont et Canaan. 10,7 Enfants de Kouch: Seba et Havila, Sabta, Râma et Sabteea; enfants de Râma: Cheba et Dedân. 59
10,8 Kouch engendra aussi Nemrod, celui qui le premier fut puissant sur la terre. A être puissant [Sa puissance a consisté à] soulever le monde entier contre le Saint béni soit-Il, en incitant sa génération à construire la tour de Bavel (Pessa‘him 94b, Targoum yonathan) 10,9 Il fut un puissant ravisseur devant l'Éternel; c'est pourquoi on dit: "Tel que Nemrod, un puissant ravisseur devant l'Éternel!" Un puissant chasseur Il « capturait » par ses paroles la pensée de ses contemporains, et il les induisait en erreur en les incitant à se révolter contre Dieu (Beréchith raba 37, 2) Devant Hachem Son intention était d’irriter Sa face C’est pourquoi on dit De tout homme qui pèche par son insolence, qui connaît son Maître mais qui n’a d’autre projet que se révolter contre Lui. On dit alors : « comme Nimrod, puissant chasseur » 10,10 Le commencement de sa domination fut Babel; puis Érec, Akkad et Kalné, dans le pays de Sennaar. 10,11 De cette contrée il s'en alla en Assur, où il bâtit Ninive, Rehoboth Ir et Kélah; De ce pays-là Lorsque Achour a vu que ses fils écoutaient Nimrod et se révoltaient contre Dieu en construisant la tour, il s’est retiré d’eux (Beréchith raba 37, 4) 10,12 puis Résèn, entre Ninive et Kélah, cette grande cité. C’est la grande ville C’est Ninewé, ainsi qu’il est écrit : « Ninewé était une ville puissamment “grande” » (Yona 3, 3, Yoma 10a) 10,13 Misraim fut la souche des Loudim, des Anamim, des Lehabim, des Naftouhim; Et les Lehavim Un peuple où les visages sont ardents comme une flamme (lahav) 10,14 des Pathrousim, des Kaslouhim (d'où sortirent les Philistins) et des Kaftorim. Et les Pathroussim et les Kaslou‘him 60
Ils sont sortis des deux, car les Pathroussim et les Kaslou‘him échangeaient leurs femmes. Les Plichtim en sont issus (Beréchith raba 37, 5) 10,15 Canaan engendra Sidon, son premier-né, puis Heth 10,16 puis le Jebuséen, l'Amorréen, le Ghirgachéen, 10,17 le Hévéen, l'Arkéen, le Sinéen, 10,18 Arvadéen, le Cemaréen et le Hamathéen. Depuis, les familles des Cananéens se développèrent. Et après se sont dispersées Il en est sorti de nombreuses familles, [en plus des descendants de ceux énumérés aux versets 15 à 18] 10,19 Le territoire du peuple cananéen s'étendait depuis Sidon jusqu'à Gaza dans la direction de Gherar; jusqu'à Lécha, dans la direction de Sodome, Gomorrhe, Adma et Ceboïm. La frontière La fin de son pays. Le mot guevoul (« frontière ») employé dans le texte signifie toujours « fin », « extrémité » Dans la direction de Le mot boakha (« dans la direction de ») est un substantif. Je pense que c’est une expression voulant signifier comme si l’on disait à quelqu’un : « Cette frontière s’étend jusqu’à ce que tu arrives à telle autre frontière » 10,20 Tels sont les enfants de Cham, selon leurs familles et leur langage, selon leurs territoires et leurs peuplades. Selon leurs langages Tout en étant divisés par leurs langages et leurs territoires, ils n’en étaient pas moins tous des descendants de ‘Ham 10,21 Des enfants naquirent aussi à Sem, le père de toute la race d'Héber, le frère de Japhet, l'aîné. Le père de tous les fils de ‘Evèr Chem a été le père de tous les Hébreux, ceux qui viennent de l’autre côté (‘évèr) du fleuve Le frère de Yèfeth [Compte tenu de l’ambiguïté du texte, le mot « le grand » pouvant s’appliquer tout aussi bien à Chem qu’a ‘Evèr], j’ignore si Yèfeth était l’aîné ou si c’était Chem. Mais il est écrit : « Chem était âgé de cent ans... deux ans après le déluge » (infra 11, 10). On peut donc dire 61
que Yèfeth était l’aîné, puisque Noa‘h a eu son premier enfant à l’âge de cinq cents ans, et qu’il en avait six cents lors du déluge. L’aîné de ses fils avait par conséquent cent ans à cette époque. Il ne peut donc pas être Chem, qui n’a atteint l’âge de cent ans que deux ans après le déluge (Beréchith raba 37, 7) Le frère de Yèfeth Et non celui de ‘Ham, car ceux-là ont honoré leur père, tandis que ‘Ham l’a outragé 10,22 Enfants de Sem: Élam, Assur, Arphaxad, Loud et Aram. 10,23 Enfants d'Aram: Ouy, Houl, Ghéther et Mach. 10,24 Arphaxad engendra Chélah, et Chélah engendra Héber. 10,25 A Héber il naquit deux fils. Le nom de l'un: Péleg, parce que de son temps la terre fut partagée; et le nom de son frère: Yoktân. Fut partagée Les langues ont été confondues, les hommes se sont dispersés hors de la vallée de Chin’ar et se sont répandus à travers le monde entier. Nous apprenons que ‘Evèr était prophète, puisqu’il a nommé son fils d’après ce qui allait advenir. Nous lisons dans le Séder ‘olam que la dispersion a eu lieu à la fin de la vie de Pèlèg. Il n’est pas possible que ce soit au début, étant donné que Yoqtan, son frère cadet, a donné naissance à plusieurs familles avant la dispersion, ainsi qu’il est écrit : « Yoqtan engendra... » (versets 26 à 29), et ensuite : « toute la terre avait une seule langue » (infra 11, 1). Et si tu devais soutenir que la dispersion a eu lieu du vivant de Pèlèg, je te répondrais par le principe qui veut que la Tora ne nous laisse jamais dans le vague, [et donc que l’expression « de son temps » ne peut pas vouloir dire : « au milieu de sa vie »]. Elle s’exprime toujours de façon précise, [et donc entend définir exactement l’époque où a eu lieu la dispersion]. D’où nous apprenons que c’est bien l’année de la mort de Pèlèg qu’elle a eu lieu (Beréchith raba 37, 7) Yoqtan Parce qu’il était humble et se faisait petit (maqtin). C’est pourquoi il a mérité de donner naissance à toutes ces familles (Beréchith raba 37, 7) 10,26 Yoktân engendra Almodad, Chélef, Haçarmaveth, Yérah. Et ‘Hatsarmaweth (Littéralement : « demeure de la mort »). D’après la hagada, c’est le nom de sa ville (Beréchith raba 37, 8) 10,27 Hadoram, Ouzal, Dikla; 10,28 Obal, Abimaêl, Cheba; 10,29 62
Ophir, Havila et Yobab. Tous ceux-là furent enfants de Yoktân. 10,30 Leurs établissements s'étendirent depuis Mécha jusqu'à la montagne Orientale, dans la direction de Sefar. 10,31 Tels sont les descendants de Sem, selon leurs familles et leurs langages, selon leurs territoires et leurs peuplades. 10,32 Ce sont là les familles des fils de Noé, selon leur filiation et leurs peuplades; et c'est de là que les nations se sont distribuées sur la terre après le Déluge.
Chapitre 11 11,1 Toute la terre avait une même langue et des paroles semblables. Une même langue La langue sainte Et des paroles identiques (a‘hadim) Ils sont tous venus avec un même dessein et ils ont dit : « Dieu n’avait pas le droit de s’attribuer de manière exclusive le monde supérieur ! Montons au ciel et faisons-lui la guerre ! » Autre explication de l’expression « des paroles identiques (a‘hadim) » : des paroles s’adressant à l’Unique (è’had). Autre explication de l’expression « des paroles identiques (a‘hadim) » : Ils ont dit : « Le monde subit un cataclysme, comme cela a été la cas lors du déluge, une fois (è’had) tous les mille six cent cinquante-six ans. Nous allons donc nous construire des remparts pour soutenir le firmament ! » (Beréchith raba 38, 6) 11,2 Or, en émigrant de l'Orient, les hommes avaient trouvé une vallée dans le pays de Sennaar, et s'y étaient arrêtés. Lorsqu’ils partirent de l’orient Où ils demeuraient, ainsi qu’il est écrit plus haut : « leurs établissements s’étendirent dans la direction de la montagne de l’orient » (supra 10, 30). Ils partirent de là-bas pour se chercher un endroit qui les contiendrait tous, et ils ne trouvèrent que Chin’ar (Beréchith raba 38, 7) 11,3 Ils se dirent l'un à l'autre: "Çà, préparons des briques et cuisons-les au feu." Et la brique leur tint lieu de pierre, et le bitume de mortier. L’un à l’autre Un peuple à l’autre peuple : Mitsrayim à Kouch, Kouch à Pout, et Pout à Kena‘an (Beréchith raba 38, 8, Midrach tan‘houma 58, 25) 63
Allons Préparez-vous. L’interjection hava (« allons ») est une invitation à travailler tous ensemble soit pour travailler, soit pour délibérer, soit pour porter un fardeau. En français : « appareiller » Des briques Parce qu’il n’y a pas de pierres à Bavel, qui est une vallée Cuisons-les au feu C’est ainsi que l’on fabrique les briques, en français : « tuiles ». On les fait cuire au four Pour mortier Pour crépir les murs 11,4 Ils dirent: "Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet atteigne le ciel; faisons-nous un établissement durable, pour ne pas nous disperser sur toute la face de la terre." De peur que nous ne dispersions Pour qu’Il ne nous inflige aucune catastrophe, qui provoquerait notre dispersion 11,5 Le Seigneur descendit sur la terre, pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils de l'homme; Hachem descendit pour voir Il n’avait pas besoin de descendre pour cela, mais le texte vient ici enseigner aux juges qu’ils ne doivent pas condamner l’accusé avant de l’avoir vu et d’avoir compris [l’objet du litige]. C’est ce qu’enseigne le Midrach tan‘houma (58, 18) Les fils de l’homme De qui auraient-ils pu être les fils ? D’ânes ou de chameaux, peut-être ? ! Ce dont il est question, c’est des fils du premier homme qui a dénié le bien [dont il avait été comblé] et qui a dit : « la femme – que tu m’as donnée avec moi –elle, m’a donné de l’arbre, j’ai mangé » (supra 3, 12). Eux aussi ont dénié le bien en se révoltant contre Celui qui les avait comblés de bienfaits et sauvés du déluge (Beréchith raba 38, 9) 11,6 et il dit: "Voici un peuple uni, tous ayant une même langue. C'est ainsi qu'ils ont pu commencer leur entreprise et dès lors tout ce qu'ils ont projeté leur réussirait également. Voici un peuple uni L’avantage dont ils disposent, c’est d’être un seul peuple et d’avoir tous une même langue, et c’est ainsi qu’ils ont pu commencer à faire [le mal] 64
Ne se dressera-t-il pas devant eux un obstacle C’est une question. Le mot yibatsér (« se dresser un obstacle »), comme le rend le Targoum, marque une idée d’empêchement, comme dans : « Il arrête (yivtsor) la superbe des princes » (Tehilim 76, 13) 11,7 Or çà, paraissons! Et, ici même, confondons leur langage, de sorte que l'un n'entende pas le langage de l'autre." Allons Dieu, dans Son extrême modestie, a consulté Son tribunal (Midrach tan‘houma 58, 18) Allons Mesure pour mesure. Ils avaient dit : « Allons, construisons ! ». Dieu leur a rendu la pareille en disant : « Allons, descendons ! » (Midrach tan‘houma) Confondons - Le noun de nivla (« confondons ») indique le pluriel, et le hé final est un hé supplémentaire comme dans nérda (« descendons ») [du même verset] Afin qu’ils n’entendent pas Lorsqu’on demandera une brique, on apportera du mortier. L’un se dressera contre l’autre et le blessera à la tête (Beréchith raba 38, 10) 11,8 Le Seigneur les dispersa donc de ce lieu sur toute la face de la terre, les hommes ayant renoncé à bâtir la ville. Hachem les dispersa de là Dans ce monde-ci (Sanhèdrin 107b). Ils avaient peur d’être dispersés (verset 4). Leur crainte s’est réalisée. Comme l’a écrit Chelomo : « Ce que redoute le scélérat lui survient » (Michlei 10, 24, Midrach tan‘houma) 11,9 C'est pourquoi on la nomma Babel, parce que là le Seigneur confondit le langage de tous les hommes et de là l’Éternel les dispersa sur toute la face de la terre. Et de là Hachem les dispersa D’où l’on apprend qu’ils n’auront pas de part au monde futur (Sanhèdrin 107b). Quel a été le plus grave péché, celui de la génération du déluge ou celui de la génération de la tour de Bavel ? Les premiers n’avaient pas récusé le principe de l’existence de Dieu, les seconds l’ont récusé en entrant en guerre contre Lui. Et pourtant les premiers ont été anéantis, alors que les seconds ne l’ont pas été ! C’est parce que la génération du déluge pratiquait le vol et se livrait à des violences, d’où sa destruction, alors que celle de la tour pratiquait l’amour et la fraternité, ainsi qu’il est écrit : « une seule langue et des paroles identiques » (verset 1). On 65
peut en déduire que la division est haïssable et que la paix est la valeur suprême (Beréchith raba 38, 6) 11,10 Voici les générations de Sem. Sem était âgé de cent ans lorsqu'il engendra Arphaxad, deux ans après le Déluge. Chem était âgé de cent ans C’est deux ans après le déluge qu’il a engendré Arpakhchad 11,11 Sem vécut, après avoir engendré Arphaxàd, cinq cents ans; il engendra des fils et des filles. 11,12 Arphaxad avait vécu trente cinq ans lorsqu'il engendra Chélah. 11,13 Arphaxad vécut, après la naissance de Chélah, quatre cent trois ans; il engendra des fils et des filles. 11,14 Chélah, à l'âge de trente ans, engendra Héber. 11,15 Chélah vécut, après avoir engendré Héber, quatre cent trois ans; il engendra des fils et des filles. 11,16 Héber, ayant vécu trente quatre ans, engendra Péleg. 11,17 Après avoir engendré Péleg, Héber vécut quatre cent trente ans; il engendra dès fils et des filles. 11,18 Péleg, âgé de trente ans, engendra Reou. 11,19 Après avoir engendré Reou, Péleg vécut deux cent neuf ans; il engendra des fils et des filles. 11,20 Reou, ayant vécu trente-deux ans, engendra Seroug. 11,21 Après la naissance de Seroug, Reou vécut deux cent sept ans; il engendra des fils et des filles. 11,22 Seroug, ayant vécu trente ans, engendra Nacor. 11,23 Après la naissance de Nacor, Seroug vécut deux cents ans; il engendra des fils et des filles. 11,24 Nacor, âgé de vingt-neuf ans, engendra Tharé. 11,25 Nacor vécut, après avoir engendré Tharé, cent dix-neuf ans; il engendra des fils et des filles. 11,26 Tharé, ayant vécu soixante-dix ans, engendra Abramé Nacor et Harân. 11,27 Voici les générations de Tharé: Tharé engendra Abram, Nacor et Harân; Harân engendra Loth, 11,28 Harân mourut du vivant de Tharé son père, dans son pays natal, à Our-Kasdim. 66
En présence de Tèra‘h son père Au cours de la vie de son père. Le midrach nous apprend que c’est à cause de son père qu’il est mort. Tèra‘h avait dénoncé à Nimrod son fils Avram (Abram) pour avoir brisé ses idoles, et Nimrod l’avait jeté dans la fournaise. Haran avait adopté une position attentiste et s’était dit : « Si Avram sort vainqueur, je serai avec lui, et si c’est Nimrod qui a le dessus, je serai de son côté ! ». Quand Avram a été sauvé, on a demandé à Haran : « Avec qui es-tu ? » Haran a répondu : « Je suis avec Avram ! ». On l’a jeté dans la fournaise ardente, et il a été brûlé (Beréchith raba 38, 13). C’est de là que vient le nom Our-Kasdim : « le feu des Chaldéens ». Et le grammairien Mena‘hem ben Sarouq a expliqué : Our veut dire « vallée », comme dans : « Dans les vallées (ourim), rendez gloire à Hachem » (Yecha’ya 24, 15), ou encore : « le creux (meourath) où se cache la vipère » (Yecha’ya 11, 8). Tout repaire ou endroit creux est appelé our 11,29 Abram et Nacor se marièrent. La femme d'Abram avait nom Sarai, et celle de Nacor, Milka, fille de Harân, le père de Milka et de Yiska. Yiska C’est Sara, ainsi nommée parce qu’elle « voyait » (sokha) par l’esprit divin, et que tous « contemplaient » (sokhin) sa beauté. Ou encore : Yiska est à rapprocher de nesikhouth, qui suggère l’idée de noblesse, tout comme le mot Sara suggère celle de princesse 11,30 Saraï était stérile, elle n'avait point d'enfant. 11,31 Tharé emmena Abram son fils, Loth fils de Harân son petit fils, et Saraï sa bru, épouse d'Abram son fils; ils sortirent ensemble d'OurKasdim pour se rendre au pays de Canaan, allèrent jusqu'à Harân et s'y fixèrent. Ils sortirent avec eux Tèra‘h et Avram quittèrent cet endroit avec Lot et Saraï 11,32 Les jours de Tharé avaient été de deux cent cinq ans lorsqu’il mourut à Harân. Tèra‘h mourut à ‘Haran Après le départ d’Avram de ‘Haran et son arrivée dans le pays de Kena‘an, où il était resté plus de soixante ans. Il est écrit, en effet : « et Avram était âgé de soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de ‘Haran » (infra 12, 4). Etant donné que Tèra‘h avait soixante-dix ans à la naissance d’Avram, il en avait par conséquent cent quarante-cinq quand Avram a quitté ‘Haran. Il lui restait donc encore de nombreuses années à vivre. Pourquoi alors la Tora situe-telle la mort de Tèra‘h avant le départ d’Avraham ? C’est pour ne pas trop faire ressortir ces faits et que l’on ne dise pas : « Avram n’a pas accompli le devoir d’honorer son père, car il l’a abandonné âgé et il est parti ! » Voilà pourquoi le texte le présente dès à présent pour « mort » (Beréchith raba 39, 7). Les scélérats, en effet, sont appelés des « morts » déjà de leur vivant, et les justes, même après leur mort, continuent d’être appelés des « vivants », ainsi qu’il est écrit : « Benayahou fils de Yehoyada, fils d’un homme vivant » (II Chemouel 23, 20, voir Berakhoth 18a) 67
A ‘Haran Selon certaines traditions], le noun de ‘Haran est retourné, pour nous dire que, jusqu’à l’époque d’Avram, la colère divine (‘haron) ébranlait le monde
Chapitre 12 (Lekh Lekha) 12,1 L’Éternel avait dit à Abram: "Éloigne-toi de ton pays, de ton lieu natal et de la maison paternelle, et va au pays que je t'indiquerai. Va pour toi Pour ton bonheur et pour ton bien. C’est là-bas que je te ferai devenir une grande nation. Ici tu n’auras pas la faveur d’avoir des enfants (Roch haChana 16b). Et de plus, je ferai connaître ta nature à travers le monde (Midrach tan‘houma Lèkh lekha 3) Hors de ton pays N’avait-il pas déjà quitté son pays avec son père, et n’était-il pas arrivé à ‘Haran (supra 11, 31) ? Voici ce qu’a voulu lui signifier Dieu : « Eloigne-toi encore de là-bas et quitte la maison de ton père ! » Que je te montrerai Dieu ne lui a pas immédiatement livré le nom du pays, afin de le valoriser à ses yeux (Beréchith raba 39, 8), et afin aussi de lui offrir une récompense pour chaque parole à laquelle il aura obéi. De même : « Prends s’il te plaît ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Yits‘haq... » (infra 22, 2). « Sur une des montagnes que je te dirai » (ibid.). Ou : « adresse-lui la proclamation que je te dicterai » (Yona 3, 2) 12,2 Je te ferai devenir une grande nation; je te bénirai, je rendrai ton nom glorieux, et tu seras un type de bénédiction. Je te ferai devenir une grande nation Les voyages incessants exposent à trois risques : celui d’avoir moins d’enfants, celui d’avoir moins d’argent et celui de jouir d’une moins bonne réputation. C’est pourquoi Avram a eu besoin de ces trois bénédictions où Dieu lui promet enfants (« je te ferai devenir une grande nation »), prospérité (« je te bénirai ») et renommée (« je rendrai ton nom glorieux ») (Beréchith raba 39, 11) Et je te bénirai Par la richesse Et tu seras bénédiction Les bénédictions te sont confiées. C’est moi, jusqu’à présent, qui en disposais, puisque j’ai béni Adam et Noa‘h. Désormais, c’est toi qui béniras qui bon te semblera (Beréchith raba 39, 11). Autre explication : « Je te ferai devenir une grande nation » – c’est pourquoi on dit 68
dans la ‘amida : « Eloqei Avraham ». « Je te bénirai » – c’est pourquoi on dit dans la ‘amida : « Eloqei Yits‘haq ». « Je rendrai ton nom glorieux » – c’est pourquoi on dit dans la ‘amida : « Eloqei Ya’aqov ». On aurait pu croire qu’il faille également conclure la bénédiction par ces trois noms. Aussi le verset se termine-t-il par : « et tu seras bénédiction » – c’est sur ton seul nom, [« maguén Avraham », et non sur les deux autres], qu’on achèvera la première bénédiction de la ‘amida (Pessa‘him 117b) 12,3 Je bénirai ceux qui te béniront, et qui t'outragera je le maudirai; et par toi seront heureuses toutes les races de la terre." Par toi seront bénies Il existe de nombreux midrachim, mais voici le sens littéral : Un homme dira à son fils : « Sois comme Avraham ! », c’est toujours le sens que donne le texte à l’expression : « ils seront bénis par toi ». Ce qui le prouve, [c’est que le père dira à son fils] : « Par toi Israël donnera sa bénédiction en disant : “Eloqim te fasse devenir comme Efrayim et Menachè” » ! (infra 48, 20) 12,4 Abram partit comme le lui avait dit l'Éternel, et Loth alla avec lui. Abram était âgé de soixante-quinze ans lorsqu'il sortit de Harân. 12,5 "Abram prit Saraï son épouse, Loth fils de son frère, et tous les biens et les gens qu'ils avaient acquis à Harân. Ils partirent pour se rendre dans le pays de Canaan, et ils arrivèrent dans ce pays. Qu’ils avaient faites (‘assou) à ‘Haran Qu’ils avaient fait entrer sous les ailes de la chekhina (Beréchith raba 39 14). Avraham « convertissait » les hommes, et Saraï « convertissait » les femmes, de sorte que le texte leur en tient compte comme s’ils les avaient « faits ». Quant au sens littéral du verset, il s’agissait de serviteurs et de servantes dont ils avaient fait l’acquisition. De même : « et c’est avec ce qui était à notre père qu’il “s’est fait” (‘assa) toute cette opulence » (infra 31, 1), ou : « et Israël “fait” (‘ossè) triomphe » (Bamidbar 24, 18). Le mot « faire » a ici le sens d’acquérir et d’amasser 12,6 Abram s'avança dans le pays jusqu'au territoire de Sichem, jusqu'à la plaine de Môré; le Cananéen habitait dès lors ce pays. Avram traversa le pays Il pénétra à l’intérieur, [sans toutefois le traverser de part en part] Jusqu’à l’endroit de Chekhem Afin de prier pour les fils de Ya’aqov, qui viendront un jour se battre contre Chekhem La plaine de Morè C’est Chekhem (Sota 32a). Dieu lui a montré le mont Guerizim et le mont ‘Eval, sur lesquels Israël prêtera serment d’observer la Tora (Devarim 11, 29) 69
Et le Kena‘ani était alors dans le pays Il était en train de conquérir Erets Israël, alors possession des descendants de Chem. Le pays avait été attribué à Chem lorsque Noa‘h avait partagé la terre entre ses fils, ainsi qu’il est écrit : « et Malki-Tsèdeq [identifié à Chem (Nedarim 32b)], roi de Chalém [future Jérusalem] » (infra 14, 18). C’est pourquoi Dieu dit à Avram : « je donnerai ce pays à ta descendance » (verset suivant). Je le restituerai un jour à tes descendants, qui sont de la descendance de Chem 12,7 L'Éternel apparut à Abram et dit :"C'est à ta postérité que je destine ce pays." Il bâtit en ce lieu un autel au Dieu qui lui était apparu. Il bâtit là un autel Par gratitude pour l’annonce de sa future descendance et pour la promesse d’Erets Israël (Beréchith raba 39, 7) 12,8 Il se transporta de là vers la montagne à l'est de Béthel et y dressa sa tente, ayant Béthel à l'occident et Aï à l'orient; il y érigea un autel au Seigneur, et il proclama le nom de l'Éternel. Il se transporta de là Il transporta et dressa sa tente A l’orient de Beith-El A l’orient de Beith-El. Il aura Beith-El à l’ouest, ainsi qu’il est écrit : « Beith-El étant vers la mer » Sa tente Le mot est écrit au féminin (aholoh : « sa tente à elle »). Il a commencé par dresser la tente de sa femme, et ensuite la sienne (Beréchith raba 39, 15) Il y érigea un autel Son intuition prophétique lui a révélé que ses descendants allaient être, un jour, impliqués dans la faute de ‘Akhan (Yehochou‘a 7, 1 et suiv.). Aussi y a-t-il prié pour eux (Beréchith raba 39, 16) 12,9 Abram partit ensuite, se dirigeant constamment vers le midi. Allant et se déplaçant Par étapes, séjournant ici un mois ou plus, puis repartant et allant planter sa tente ailleurs. Et toutes ses étapes le conduisaient « vers le sud », afin de le rapprocher du sud d’Erets Israël, et donc de Jérusalem, qui se trouvera un jour dans le territoire de Yehouda lequel recevra sa part dans le sud d’Erets Israël. Il se dirigeait ainsi vers le Mont Moria qui est dans son territoire (Beréchith raba) 70
12,10 Or, il y eut une famine dans le pays. Abram descendit en Égypte pour y séjourner, la famine étant excessive dans le pays. Une famine dans le pays Uniquement dans ce pays, afin de le mettre à l’épreuve (Midrach tan‘houma Lèkh lekha 5) et afin de voir s’il aurait une pensée de révolte contre le Saint béni soit-Il. Il lui avait dit de se rendre dans le pays de Kena‘an, et maintenant Il l’oblige à en sortir (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 26) 12,11 Quand il fut sur le point d'arriver en Égypte, il dit à Saraï son épouse: "Certes, je sais que tu es une femme au gracieux visage. Je sais que tu es femme au beau visage Le midrach explique qu’il ne s’en était pas rendu compte jusqu’alors, à cause de leur pudeur respective. Il en prenait à présent conscience à cause de ce qui était en train de leur arriver. Autre explication : Les fatigues d’un voyage ont pour effet, en général, d’enlaidir les gens, mais Saraï avait conservé tout l’éclat de sa beauté (Beréchith raba 40, 4). Et voici le sens littéral du verset : « Le moment est venu, maintenant, de se faire du souci à cause de ta beauté. Je savais depuis longtemps que tu es belle, mais nous arrivons maintenant parmi des gens noirs et laids, les frères des habitants de Kouch [les Ethiopiens], qui n’ont pas l’habitude de voir de belles femmes ! ». De même : « Ah ! de grâce, mes seigneurs, détournez-vous », [où « de grâce » signifie également « maintenant »] (infra 19, 2) 12,12 Il arrivera que, lorsque les Égyptiens te verront, ils diront: ‘C'est sa femme’; et ils me tueront, et ils te conserveront la vie. 12,13 Dis, je te prie, que tu es ma soeur; et je serai heureux par toi, car j'aurai, grâce à toi, la vie sauve." Afin qu’il m’arrive du bien à cause de toi Par des présents 12,14 En effet, lorsqu’Abram fut arrivé en Égypte, les Égyptiens remarquèrent que cette femme était extrêmement belle; Lorsque Avram fut arrivé en Egypte Le texte aurait dû dire : « lorsqu’ils furent arrivés en Egypte ». C’est pour nous apprendre qu’il avait caché Saraï dans ses bagages. C’est au moment où les Egyptiens ont réclamé les taxes d’entrée qu’ils les ont fait ouvrir et l’ont découverte (Beréchith raba 40, 5) 12,15 puis les officiers de Pharaon la virent et la vantèrent à Pharaon et cette femme fut enlevée pour le palais de Pharaon. Ils la louèrent à (èl – littéralement : « pour ») Pharaon Ils la louèrent entre eux en disant : « Elle est digne du roi ! » 71
12,16 Quant à Abram, il fut bien traité pour l'amour d'elle; il eut du menu et du gros bétail, des ânes, des esclaves mâles et femelles, des ânesses et des chameaux. Et à Avram on fit du bien à cause d’elle Pharaon lui fit du bien à cause d’elle 12,17 Mais l'Éternel affligea de plaies terribles Pharaon et sa maison, à cause de Saraï, l'épouse d'Abram. Hachem frappa D’une plaie, le raathan [sorte de pustule], qui le rendait impuissant (Beréchith raba 41, 2) A cause de (‘al devar – littéralement : « sur la parole de ») Saraï A sa demande. Elle disait à l’ange : « Frappe ! », et il frappait (Midrach tan‘houma) 12,18 Pharaon manda Abram, et dit: "Qu'as-tu fait là à mon égard? Pourquoi ne m'as-tu pas déclaré qu'elle est ta femme? 12,19 "Pourquoi as-tu dit: ‘Elle est ma sœur’, de sorte que je l'ai prise pour moi comme épouse? Or maintenant, voici ta femme, reprends-la et retire-toi!" Prends-la et va Tandis que Avimèlekh lui dira : « Voici mon pays devant toi [à ta disposition] ! » (infra 20, 15). Pharaon lui a dit, en revanche : « Va, ne reste pas dans mon pays, car les Egyptiens sont gens de mauvaises mœurs ! », ainsi qu’il est écrit : « [ces Egyptiens...] dont la lubricité égale celle des chevaux » (Ye‘hezqel 23, 20) 12,20 Pharaon lui donna une escorte, qui le reconduisit avec sa femme et toute sa suite. Il commanda Pour lui, pour l’accompagner et le protéger Ils le renvoyèrent Traduction du Targoum : « et ils lui firent escorte » [et non pas : « ils le renvoyèrent », au sens propre du mot]
Chapitre 13 13,1 Abram remonta d’Egypte lui, sa femme et toute sa suite, et Loth avec lui, s’acheminant vers le midi. Avram remonta... vers le sud
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Pour atteindre le sud d’Erets Israël. Ainsi qu’il est écrit plus haut : « allant et se déplaçant vers le sud » (supra 12, 9), en direction du Mont Moria. Il est évident, toutefois, lorsqu’on se rend d’Egypte en Erets Israël, que l’on se dirige du sud vers le nord, comme indiqué dans l’énumération des étapes et la description des frontières du pays (Bamidbar 33 et 34) 13,2 Or, Abram était puissamment riche en bétail, en argent et en or. Très riche (kavèd meod – littéralement : « très lourd ») Lourdement chargé de biens 13,3 Il repassa par ses pérégrinations, depuis le midi, jusqu’à Béthel, jusqu’à l’endroit où avait été sa tente la première fois, entre Béthel et Aï, Il repassa par ses étapes Lorsqu’il est revenu d’Egypte vers le pays de Kena‘an, il a passé ses nuits dans les mêmes auberges que celles où il avait dormi pendant son voyage aller (Beréchith raba 41, 3). Cela pour t’enseigner une manière de savoir-vivre, à savoir qu’on ne doit pas changer ses habitudes quant à son auberge (‘Arekhin 16b). Autre explication : il s’est, à son retour, acquitté de ses dettes (Beréchith raba 41, 3) Depuis le sud L’Egypte se trouve au sud du pays de Kena‘an 13,4 à l’endroit où se trouvait l’autel qu’il y avait précédemment érigé. Abram y proclama le nom de l’Éternel. Qu’il y avait précédemment érigé. Avram y appela le nom de Hachem On peut dire aussi : « et où il appela “maintenant” le nom de Hachem » 13,5 Loth aussi, qui accompagnait Abram, avait du menu bétail, du gros bétail et ses tentes. Qui accompagnait Avram A quoi était-il redevable [de sa prospérité] ? Au fait d’avoir accompagné Avram 13,6 Le terrain ne put se prêter à ce qu’ils demeurassent ensemble; car leurs possessions étaient considérables, et ils ne pouvaient habiter ensemble. Le pays ne pouvait les porter Il ne pouvait pas fournir suffisamment de pâturage à leurs troupeaux. C’est un style abrégé. Il faudrait ajouter : « le pâturage de la terre ne les portait pas ». C’est pourquoi, il est écrit : welo nassa [« il ne portait pas », au masculin, le sujet réel n’étant pas haarets (« le pays », le plus souvent au féminin, en hébreu), mais le mot masculin sous-entendu : mir’è (« le pâturage »)] 13,7 73
Il s'éleva des différends entre les pasteurs des troupeaux d'Abram et les pasteurs des troupeaux de Loth ; le Cananéen et le Phérezéen occupaient alors le pays. Il y eut querelle Parce que les bergers de Lot, des hommes impies, faisaient paître leurs bêtes dans les champs d’autrui, tandis que les bergers d’Avram leur reprochaient de commettre des vols. Les bergers de Lot objectaient : « Le pays a été donné à Avram, qui n’a pas d’héritier. Comme c’est Lot qui héritera de lui, ce n’est donc pas du vol ! » D’où la précision contenue dans le verset : « et le Kena‘ani et le Perizi habitaient alors dans le pays », et donc Avram n’y avait pas encore droit (Beréchith raba 41, 5) 13,8 Abram dit à Loth: "Qu'il n'y ait donc point de querelles entre moi et toi, entre mes pasteurs et les tiens; car nous sommes frères. Frères Proches parents. Le midrach indique que leurs visages se ressemblaient (Beréchith raba 41, 6) 13,9 Toute la contrée n'est elle pas devant toi? De grâce, sépare-toi de moi: si tu vas à gauche, j'irai à droite; si tu vas à droite, je prendrai la gauche." Si c’est à gauche Où que tu viennes à t’installer, je ne m’éloignerai pas de toi et je serai pour toi un bouclier et une aide. Et par la suite, Lot a eu effectivement besoin d’Avram, ainsi qu’il est écrit : « Avram apprit que son frère avait été fait prisonnier... » (infra 14, 14) J’irai à droite Je me tournerai vers la droite J’irai à gauche Je me tournerai vers la gauche. Et si tu soutiens qu’il aurait fallu écrire weayemina, ponctué d’un patha‘h [forme normale du hif‘il], et non weémina, nous trouvons la même forme ailleurs : « il n’y a pas à s’écarter, à droite (lehémin) ni à gauche » (II Chemouel 14, 19), et non lehayemin 13,10 Loth leva les yeux et considéra toute la plaine du Jourdain, tout entière arrosée, avant que l'Éternel eût détruit Sodome et Gommorhe; semblable à un jardin céleste, à la contrée d'Egypte, et s'étendant jusqu'à Çoar. Tout entière arrosée Une terre riche en cours d’eau Avant que Hachem eût détruit Sedom et ‘Amora Telle était cette plaine 74
Comme le jardin de Hachem Pour les arbres Comme le pays d’Egypte Pour les semences (Sifri, ‘Eqèv 38) Dans la direction de Tso‘ar Le midrach y voit comme une marque de réprobation envers Lot. C’est parce qu’ils étaient de mauvaises mœurs qu’il a choisi de s’établir dans leur voisinage (Horayoth 10b, Beréchith raba 41, 7) 13,11 Loth choisit toute la plaine du Jourdain, et se dirigea du côté oriental; et ils se séparèrent l'un de l'autre. La plaine C’est ainsi que traduit le Targoum Vers l’orient (miqèdèm) Il s’est séparé d’Avram et s’est dirigé à l’ouest d’Avram. Il est donc allé d’est en ouest. Le midrach explique : Il s’est éloigné de Celui qui fut antérieur (qadmon) au monde en disant : « Je ne veux ni d’Avram ni de son Dieu ! » (Beréchith raba 41, 7) 13,12 Abram demeura dans le pays de Canaan; Loth s'établit dans les villes de la plaine et dressa ses tentes jusqu'à Sodome. Il dressa ses tentes Il a planté les tentes de ses bergers et de son bétail « jusqu’à Sedom », [c’est-à-dire sur toute la distance qui le séparait de Sedom] 13,13 Or, les habitants de Sodome étaient pervers et pécheurs devant l'Éternel, à un haut degré. Et les hommes de Sedom étaient pervers Et cela n’a pas dissuadé Lot de s’installer chez eux ! Nos maîtres y voient une application du texte : « le nom des scélérats tombe en pourriture » (Michlei 10, 7), [en ce qu’on accompagne chaque fois leur nom du rappel de leurs péchés] (Yoma 38b) Pervers Dans leurs corps Et pécheurs Dans leurs affaires d’argent (Sanhèdrin 109a) 75
Devant Hachem Ils connaissaient leur Maître et pourtant se révoltaient contre Lui 13,14 L'Éternel dit à Abram, après que Loth se fut séparé de lui: "Lève les yeux et du point où tu es placé, promène tes regards au nord, au midi, à l’orient et à l’occident: Après que Lot se fut séparé de lui Tant que ce scélérat était avec lui, la parole de Dieu s’en était écartée (Midrach tan‘houma Wayétsé 10) 13,15 Eh bien! tout le pays que tu aperçois, je le donne à toi et à ta perpétuité. 13,16 Je rendrai ta race semblable à la poussière de la terre; tellement que, si l'on peut nombrer la poussière de la terre, ta race aussi pourra être nombrée. Tellement que si l’on peut De même que la poussière ne peut être dénombrée, de même ta descendance ne pourra-t-elle pas être dénombrée 13,17 Lève-toi! parcours cette contrée en long et en large! car c'est à toi que je la destine." 13,18 Abram alla dresser sa tente et établir sa demeure dans les plaines de Mamré, qui sont en Hébron; et il y éleva un autel au Seigneur. Mamré C’est le nom d’un homme, [et non celui d’un lieu, comme dans infra 23, 17]
Chapitre 14 14,1 Ceci arriva du temps d'Amrafel, roi de Sennaar; d'Aryoc, roi d'Ellasar; de Kedorlaomer, roi d'Elam, et de Tidal, roi de Goyim: Amrafèl C’est Nimrod, lequel avait dit (amar) à Avram : « Jette-toi (poul) dans la fournaise ardente » (Midrach tan‘houma. Voir aussi ‘Erouvin 53a) Tid‘al Roi de peuples. Il existe un lieu qui s’appelle « Goyim », ainsi nommé parce qu’il a réuni de nombreux peuples et endroits, lesquels ont pris pour roi un homme dont le nom était Tid‘al (Beréchith raba 42) 14,2 ils firent la guerre à Béra, roi de Sodome; à Bircha, roi de Gommorrhe; à Chinab, roi d'Adma; à Chémêber, roi de Ceboïm, et au roi de Béla, la même que Çoar. 76
Béra’ Mauvais (ra’) envers Dieu, et mauvais envers les hommes Bircha’ Qui progressait en scélératesse (racha’) Chineav Ayant en aversion (sonè) son père (av) qui est dans les cieux (Midrach tan‘houma Lèkh lekha 8) Chèmévèr Il s’est mis des ailes (sam éver) pour voler, sauter et se révolter contre le Saint béni soit-Il Bèla’ C’est le nom d’une ville, [et non celui de son roi, non mentionné dans le texte] 14,3 Tous ceux-là se réunirent dans la vallée des Siddim, qui est devenue la mer du Sel. La vallée des Siddim Ainsi nommée, parce qu’il s’y trouvait beaucoup de champs (sadè) Qui est la Mer du Sel La mer, par la suite, a envahi cette vallée pour devenir la Mer Morte. Le midrach explique que les rochers qui l’entouraient se sont fendus, laissant ainsi passer l’eau des rivières (Beréchith raba 42, 5) 14,4 Douze années, ils avaient été asservis à Kedorlaomer, et la treizième année ils s'étaient révoltés. Douze années ils avaient été asservis Ces cinq rois avaient été asservis pendant douze ans à Kedorla‘omèr, lequel s’est avancé (verset suivant) au cours de la quatorzième année de leur rébellion. [Il faut donc lire qu’ils se sont révoltés pendant treize ans, et non dans la treizième année. « Kedorla‘omèr s’avança » Il était le principal intéressé. Aussi est-il « entré dans l’épaisseur de la poutre », [expression signifiant que c’est à lui qu’incombait la responsabilité principale dans la guerre contre les rebelles 14,5 77
La quatorzième année, Kedorlaomer s'avança avec les rois ses alliés, et ils défirent les Refaïm à Achteroth-Karnayim, les Zouzim à Ham, les Emim à Chavé-Kiryathayim; Et la quatorzième année De leur révolte (Chabath 10b) Et les rois Ce sont les trois autres rois Et les Zouzim Ce sont les Zamzoummim (Devarim 2, 20) 14,6 et les Horéens dans leur montagne de Séir, jusqu'à la plaine de Pharan qui borde le désert. Dans leur montagne (behararam) C’est le mot « montagne » (har) suivi du possessif « leur » Eil Paran Le Targoum traduit par « plaine de Paran ». Quant à moi, je dis que le mot eil ne signifie pas « plaine » en général, mais que c’est la plaine de Paran qui s’appelle eil, comme celle de Mamré s’appelle éloné (supra 13, 18), celle du Yardén kikar (supra 13, 10), celle de Chittim avél, dans : avél hachittim (Bamidbar 33, 49). De même, la plaine de Gad s’appelle ba’al (Yehochou‘a 11, 17). Le Targoum traduit tous ces termes par méchar (« plaine »), mais chacun de ces lieux porte un nom spécifique Qui est près (‘al – littéralement : « sur ») du désert Auprès du désert. Comme dans : « près de lui (we‘alaw), (campait) la tribu de Menachè » (Bamidbar 2, 20) 14,7 Ils revinrent marchèrent sur Enmichpat, la même que Cadès, et dévastèrent tout le territoire de l’Amalécite et aussi de l’Amoréen établi à Haçaçon-Tamar. ‘Ein-Michpat qui est Qadéch Ainsi nommée parce que Mochè et Aharon y seront jugés (lehichafét) un jour à cause de la source (‘ein). Il s’agit des eaux de Meriva, des eaux de la querelle (Bamidbar 20, 13). Le Targoum Onqelos suit le sens littéral : il s’agit du lieu où les gens du pays se réunissaient pour chaque jugement Le territoire du ‘Amaléqi ‘Amaleq n’était pas encore né. Le texte anticipe sur l’avenir (Beréchith raba 42, 7) A ‘Hatsatson-Tamar 78
C’est ‘Ein-Guèdi, comme indiqué explicitement à propos de Yehochafat (II Divrei haYamim 20, 2) 14,8 Alors s’avancèrent le roi de Sodome, le roi de Gommorrhe, celui d’Adma, celui de Ceboim et celui de Béla ou Coar, ils se rangèrent contre eux en bataille dans la vallée des Siddim: 14,9 contre Kedorlaomer, roi d'Elam; Tidal, roi de Goyim; Amrafel, roi de Sennaar, et Aryoc, roi d'Ellasar: quatre rois contre cinq. Quatre rois... [Cette précision, apparemment superflue, est là pour nous apprendre que] ce sont pourtant les moins nombreux qui l’ont emporté. Cela pour que tu saches quelle était leur puissance. Et cependant, Avram n’a pas hésité à se lancer à leur poursuite 14,10 La vallée des Siddim était remplie de puits de bitume: le roi de Sodome et celui de Gomorrhe s'enfuirent et y tombèrent; les autres se réfugièrent vers les montagnes. Remplie de puits de bitume On y trouvait de nombreux puits, d’où l’on tirait une terre argileuse utilisée pour la construction. Le midrach explique qu’ils s’y étaient enlisés, et que le roi de Sedom a pu en sortir grâce à un miracle (Beréchith raba 42, 7). Car certains peuples ne croyaient pas au sauvetage d’Avram de la fournaise ardente d’Our-Kasdim. Lorsque le roi s’est sorti sain et sauf des puits de bitume, leur scepticisme envers Avram s’est évanoui S’enfuirent vers la montagne (héra) Héra équivaut à lehar. Lorsqu’un mot exige le préfixe lamèd, [préposition signifiant : « en direction de »], ce préfixe peut être remplacé par le suffixe hé (Yevamoth 13b). Il ne faut pas confondre héra et hahara. Dans ce dernier mot, le hé final remplace le préfixe lamèd. Le mot héra, en revanche, signifie : « vers un point quelconque de la montagne », sans préciser laquelle, comme pour signifier que chacun s’est enfui comme il a pu vers la première montagne qu’il a rencontrée. Lorsqu’il y a un hé au début, comme dans hahara, cela signifie « vers la montagne », tout comme hamidbara signifie « vers le désert », tels qu’ils sont déjà connus et désignés dans le texte 14,11 Les vainqueurs s'emparèrent de toutes les richesses de Sodome et de Gommorrhe et de tous leurs vivres, puis se retirèrent. 14,12 Ils prirent aussi, avec ses biens, Loth, neveu d'Abram, qui était alors à Sodome, et se retirèrent. Il résidait à Sedom Pourquoi cela lui est-il arrivé ? Parce qu’il résidait à Sedom (Beréchith raba 42, 7) 14,13 Les fuyards vinrent en apporter la nouvelle à Abram l'Hébreu. Celui-ci demeurait dans les plaines de Mamré l'Amorréen, frère d'Echkol et d'Aner, lesquels étaient les alliés d'Abram. 79
Le fuyard vint Selon le sens littéral, c’est ‘Og, rescapé du combat, celui dont il est question dans : « de fait, ‘Og seul, roi du Bachan, était resté des derniers Refaïm » (Devarim 3, 11). Amrafèl et ses alliés l’avaient épargné lorsqu’ils ont défait les Refaïm à ‘Achteroth-Qarnayim (Midrach tan‘houma ‘Houqath 25). Quant à Beréchith raba (42, 8. Voir aussi Nidda 61a), il explique que c’était ‘Og, en tant que survivant de la génération du déluge. C’est pourquoi il est écrit : « des derniers Refaïm », de la même manière qu’il est indiqué : « les Nefilim [synonyme de « Refaïm » selon Beréchith raba 26] étaient sur la terre » (supra 6, 4). Il espérait, [en lui annonçant la capture de Lot et en l’incitant ainsi à entrer en guerre à son tour], qu’Avram serait tué à la guerre et qu’il pourrait alors épouser Sara (Beréchith raba 42, 8) L’Hébreu Qui vient de l’autre côté (‘évèr) du fleuve (Beréchith raba 42, 8) Les alliés d’Avram Qui avaient conclu avec lui une alliance 14,14 Abram, ayant appris que son parent était prisonnier, arma ses fidèles, enfants de sa maison, trois cent dix huit, et suivit la trace des ennemis jusqu'à Dan. Il arma (wayarèq) C’est ainsi que traduit le Targoum. Comme dans : « Je m’armerai (wahariqothi) contre vous d’une épée » (Wayiqra 26, 33. Voir le Targoum). « Je m’armerai (ariq) d’une épée » (Chemoth 15, 9). « Arme-toi (haréq) d’une lance et d’un javelot » (Tehilim 35, 3) Ses fidèles (‘hanikhaw – littéralement : « ceux qu’il avait formés ») Le mot est écrit ‘hanikho, [sans yod, comme s’il était au singulier] : « celui qu’il avait formé », à savoir Eli’èzer, qu’il avait formé à l’accomplissement des mitswoth. Le mot, soit qu’on l’applique à quelqu’un, soit qu’on l’applique à un objet, contient l’idée d’utilisation pour la première fois à la fonction qui leur est propre. Comme dans : « éduque (‘hanokh) l’enfant » (Michlei 22, 6), « l’inauguration (‘hanoukath) de l’autel » (Bamidbar 7, 84), « l’inauguration (‘hanoukath) de la maison » (Tehilim 30, 1). En français : « initier » Trois cent dix-huit Nos rabbins ont enseigné : Eli‘èzèr était seul, mais la guematria (valeur numérique des lettres) de son nom est trois cent dix-huit (Beréchith raba 42, 2, Nedarim 32a) Jusqu’à Dan A cet endroit, la vigueur d’Avram a décliné, parce qu’il a vu que ses descendants (I Melakhim 12, 29) y élèveraient un jour un veau d’or (Sanhèdrin 96a) 14,15 80
Il se glissa sur eux la nuit avec ses serviteurs, les battit et les poursuivit jusqu'à Hoba, qui est à gauche de Damas. Il se partagea contre eux (littéralement : « Il se partagea sur eux la nuit Il faut, pour reconstituer le sens littéral, rétablir l’ordre des mots ainsi qu’il suit : « il se partagea lui et ses serviteurs contre eux dans la nuit », comme on le fait dans un combat, où les poursuivants se dispersent pour rattraper les fuyards Dans la nuit Ce qui veut dire qu’ils n’ont pas interrompu leur poursuite après la tombée de la nuit. Quant au midrach (Beréchith raba 43, 3), il indique que c’est la nuit qui s’est partagée. Il s’est produit un miracle pendant la première moitié, et la seconde moitié a été mise en réserve pour devenir la « mi-nuit » de la sortie d’Egypte (Chemoth 12, 29) Jusqu’à ‘Hova Il n’existe pas d’endroit du nom de ‘Hova, mais c’est Dan que l’on appelle ‘Hova (« ville coupable »), à cause de l’idole qui s’y dressera un jour (Targoum yonathan) 14,16 Il reprit tout le butin, ramena aussi Loth son parent, avec ses biens, et les femmes et la multitude. 14,17 Le roi de Sodome sortit à sa rencontre, comme il revenait de défaire Kedorlaomer et les rois ses auxiliaires, vers la vallée de Chavé, qui est la vallée Royale. La vallée de Chawé Tel est son nom, [qui signifie « vallée unie »]. Le Targoum traduit par : « la plaine libre », c’est-à-dire libre de tous arbres et de tout obstacle La vallée du roi Le Targoum Onqelos traduit par : « la piste de course du roi ». On y trouvait une piste de trente qona de longueur, réservée aux divertissements du roi. Autre midrach : la vallée où toutes les nations s’étaient « unies » et avaient pris pour roi Avram, en tant que prince de Dieu et en tant que chef (Beréchith raba 43, 5) 14,18 Melchisédec, roi de Salem, apporta du pain et du vin: il était prêtre du Dieu suprême. Et Malki-Tsèdeq Le midrach explique : c’était Chem, le fils de Noa‘h (Nedarim 32b) Du pain et du vin Comme on en offre à ceux qui reviennent épuisés de la guerre. Il voulait lui montrer par là qu’il ne lui gardait pas rancune d’avoir tué ses enfants, [les rois énumérés au verset 1 étant ses descendants (voir notamment pour ‘Eilam : supra 10, 22)]. Quant au midrach (Beréchith raba 81
43, 6), il trouve ici une allusion aux oblations et libations que les fils d’Avraham y offriront un jour, [Chalém étant la future Jérusalem] 14,19 Il le bénit, en disant: "Béni soit Abram de par le Dieu suprême, auteur des cieux et de la terre! Possesseur (qoné) des cieux et de la terre Comme dans : « Qui a fait (‘ossè) le ciel et la terre » (Tehilim 134, 3). Du moment qu’Il les a faits, Il se les est acquis pour qu’ils lui appartiennent 14,20 Et béni le Dieu suprême d'avoir livré tes ennemis en ta main!" Et Abram lui donna la dîme de tout le butin. Qui a livré Le mot miguén a ici le sens de « livrer », comme dans : « Comment pourrais-je te livrer (amagguènkha), Israël ? » (Hoché‘a 11, 8) Il lui donna Avram La dîme de tout De tout ce qui lui appartenait, puisqu’il était kohen 14,21 Le roi de Sodome dit à Abram: "Donne-moi les personnes, et les biens garde-les pour toi. Donne-moi les âmes De tout le butin fait par l’ennemi et que tu as sauvé, rends-moi seulement les personnes 14,22 Abram répondit au roi de Sodome: "Je lève la main devant l'Éternel, qui est le Dieu suprême, auteur des cieux et de la terre; Je lève la main C’est une formule de serment (Beréchith raba 43, 9) : « Je lève la main et prête serment devant le Qél Suprême ». De même : « je jure par moi-même » (infra 22, 16), « j’ai donné l’argent du champ, prends-le » (infra 23, 13), [où le passé est employé au lieu du présent, comme si l’action avait déjà eu lieu] 14,23 et je jure que fût-ce un fil, fût-ce la courroie d'une sandale, je ne prendrai rien de ce qui est à toi; que tu ne dises pas: "C'est moi qui ai enrichi Abram! Depuis un fil jusqu’à la courroie d’une sandale Je ne retiendrai rien du butin à mon profit Je ne prendrai rien de ce qui est à toi 82
Et si tu devais me proposer de me payer sur tes propres trésors, je n’accepterais rien non plus Que tu ne dises pas Car le Saint béni soit-Il m’a promis de m’enrichir, ainsi qu’il est écrit : « Je te bénirai » (supra 12, 2, voir Rachi ibid.) 14,24 Loin de moi! Si ce n'est ce qu'ont déjà mangé ces jeunes gens, et la part des hommes qui m'ont accompagné; Aner, Echkol et Mamré, que ceux-là prennent leurs parts." Les jeunes gens Mes serviteurs, qui m’ont accompagné, et aussi : « ‘Anér, Echkol et Mamré ». Il est vrai que seuls mes serviteurs ont participé aux combats, ainsi qu’il est écrit : « lui et ses serviteurs... il les frappa » (verset 15). Cependant, ‘Anér et ses compagnons sont restés aux bagages pour garder le camp. Ils prendront donc aussi leur part. Le roi Dawid a pris exemple sur Avram (Beréchith raba 43, 9) lorsqu’il dit : « Telle la part de celui qui est allé au combat, telle la part de celui qui est resté aux bagages : ils partageront également ! » (I Chemouel 30, 24). C’est pourquoi, il est écrit : « De fait, à partir de ce jour (littéralement : « de ce jour et plus haut »), il en fit pour Israël une loi et une règle » (I Chemouel 30, 25). Il est écrit wama’la (« et plus haut »), et non wehala (« par la suite »), pour bien marquer que la règle remontait à l’époque d’Avram
Chapitre 15 15,1 Après ces faits, la parole du Seigneur se fit entendre à Abram, dans une vision, en ces termes: "Ne crains point, Abram: je suis un bouclier pour toi; ta récompense sera très grande" Après ces choses-là L’emploi du mot a‘har signifie : « aussitôt après l’événement précédent ». Celui du mot a‘haré : « après un certain délai » (Beréchith raba 44, 5). Aussitôt après avoir bénéficié du miracle d’avoir abattu ces rois, il s’est tourmenté, craignant d’avoir déjà reçu la récompense de tous ses mérites. C’est pourquoi Dieu lui dit : « Ne crains point, Avram, je suis un bouclier pour toi » Je suis un bouclier pour toi Il te protégera du châtiment, en ce que tu ne seras pas puni pour toutes ces âmes que tu as tuées. Quant à ta récompense, au sujet de laquelle tu te fais du souci, « elle sera très grande. » (Beréchith raba 44) 15,2 Abram répondit: "Dieu-Éternel, que me donnerais-tu, alors que je m'en vais sans postérité et que le fils adoptif de ma maison est un Damascénien, Eliézer?" Alors que je m’en vais sans postérité Le grammairien Mena‘hem ben Sarouq explique le mot ‘ariri comme voulant dire : « héritier ». A rapprocher de : « fils (‘ér) et petit-fils » (Malakhi 2, 12). ‘Er signifie : « descendant », ‘ariri signifie : « sans descendant ». [Autre exemple d’un même mot 83
susceptible de comporter des significations opposées :] « ruinant jusqu’à la racine (thecharéch) toute ma récolte » (Iyov 31, 12). Le mot chorèch (« racine ») devient charèch (« enlever la racine »). De même ‘ariri deviendra : « privé d’enfant », en français médiéval : « désenfanté ». A mon avis, cependant, le mot ‘ér est à comprendre comme dans : welibi ‘ér (« mon cœur est éveillé ») dans Chir hachirim 5, 2, [donc sans aucun rapport avec ‘ariri]. Quant à ‘ariri, il contient l’idée de ruine, de destruction, comme dans : ‘arou ‘arou (« démolissez-la, démolissez-la ») (Tehilim 137, 7), dans : ‘aroth yessod (« détruire jusqu’au fondement ») (‘Habaqouq 3, 13), dans : ‘ar’ér tith’ar’ar (« il sera complètement détruit ») (Yirmeya 51, 58), ou dans : ki arza ‘éra (« car il a détruit les lambris de cèdre ») (Tsefania 2, 14) Et que l’intendant de ma maison Selon la traduction du Targoum, celui qui assure la subsistance de toute ma maison, comme dans : « et tout mon peuple sera nourri (yichaq) » (infra 41, 40). Il est mon intendant, alors que c’est mon fils qui aurait cette charge si j’en avais un Un Damascène D’après le Targoum, il était originaire de Damas. Selon le midrach (Beréchith raba 44, 9), il avait poursuivi les rois jusqu’à Damas. Quant au Talmud, il procède par jeu de mots (notariqon) : Damésseq Eli‘èzèr – « il a puisé » (dolé) de la Tora de son maître et en a « donné à boire » (machqé) aux autres gens (Yoma 28b) 15,3 "Certes, disait Abram, tu ne m’as pas donné de postérité, et l’enfant de ma maison sera mon héritier." Voici A quoi bon, dès lors, tout ce que tu m’as donné 15,4 Mais voici que la parole de l’Éternel vint à lui, disant: "Celui-ci n'héritera pas de toi; c'est bien un homme issu de tes entrailles qui sera ton héritier." 15,5 Il le fit sortir en plein air, et dit: "Regarde le ciel et compte les étoiles: peux-tu en supputer le nombre? Ainsi reprit-il, sera ta descendance." Il le fit sortir dehors Littéralement : « Il le fit sortir hors de sa tente pour voir les étoiles ». Selon le midrach (Beréchith raba 44, 10, Nedarim 32a), Il lui a dit : « Sors de ton horoscope tel que tu l’as vu inscrit dans les astres, à savoir que tu n’auras pas de fils ! “Avram” n’aura pas de fils, mais “Avraham” aura un fils ! “Saraï” n’engendrera pas, mais “Sara” engendrera ! Je vais vous donner un autre nom, et votre destinée va s’en trouver changée. ». Autre explication : Il le fit sortir du globe terrestre et s’élever au-dessus des étoiles. D’où l’emploi du mot habèt (« regarde »), qui exprime l’idée d’un regard jeté du haut vers le bas (Beréchith raba 44, 12) 15,6 Et il eut foi en l’Éternel, et l’Éternel lui en fit un mérite. Il crut en Hachem 84
Ce n’est pas à ce propos qu’il lui a demandé un signe. Mais c’est quand le Saint béni soit-Il lui promettra la terre qu’il va lui demander un signe. Il lui dira alors : « Par quoi saurai-je ? » Il le lui compta à justice Le Saint béni soit-Il a considéré comme un mérite le fait qu’Avram avait eu foi en lui. Autre explication : « Par quoi saurai-je ? ». Il ne lui a pas demandé pas de signe [à propos de la promesse d’Erets Israël], mais il lui a dit : « Fais-moi savoir par quel mérite mes fils s’y maintiendront ! ». Le Saint béni soit-Il lui a répondu : « Par le mérite des sacrifices ! » (Beréchith raba 44, 14) 15,7 Et il lui dit: "Je suis l’Éternel, qui t’ai tiré d’Our-Kasdim, pour te donner ce pays en possession." 15,8 Il répondit: "Dieu-Éternel, comment saurai-je que j’en suis possesseur?" 15,9 Il lui dit: "Prépare-moi une génisse âgée de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe." Une triple génisse Trois génisses, allusion anticipée aux trois taureaux [offerts sur l’autel] : le taureau de Kippour, le taureau que l’on offrira lorsque la communauté tout entière aura péché par ignorance (Wayiqra 4, 13), et la génisse dont on brisera la nuque (Devarim 21, 4) [dans le cas de non-identification d’un meurtrier] (Beréchith raba 44, 14) Et une triple chèvre Allusion au bouc dont on aspergera le sang dans le saint des saints, à ceux que l’on offrira comme sacrifices supplémentaires (moussafim) les jours de fêtes, et à celui que l’on offrira comme sacrifice expiatoire pour une faute individuelle Et un triple bélier Allusion au bélier que l’on offrira pour certaines fautes que l’on sera sûr d’avoir commises, à celui que l’on offrira pour une faute dont on doute si on l’a effectivement commise, et à la brebis que l’on offrira comme sacrifice expiatoire pour une faute individuelle Et une tourterelle et une jeune colombe (gozal) Le mot gozal désigne une jeune colombe 15,10 Abram prit tous ces animaux, divisa chacun par le milieu, et disposa chaque moitié en regard de l’autre; mais il ne divisa point les oiseaux. Il les partagea Il partagea chacun en deux parts. Un texte ne doit pas dévier de son sens littéral. Dieu a conclu ce jour-là avec lui une alliance, dont l’objet était de garantir Sa promesse de faire de ses fils les héritiers du pays, ainsi qu’il est écrit : « Ce jour-là, Hachem conclut avec Avram 85
une alliance » (verset 18). Or, il est d’usage, lorsqu’on contracte une alliance, de découper une bête et de passer entre ses morceaux, ainsi qu’il est écrit : « qui sont passés “entre les portions” du veau » (Yirmeya 34, 19). De même ici : « et voici qu’un tourbillon de fumée et un sillon de feu passèrent “entre ces chairs dépecées” » (verset 17). Ils représentent les messagers de la chekhina qui est « feu » Et il ne partagea pas les oiseaux Parce que les peuples du monde sont comparés à des taureaux, à des béliers et à des boucs (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 28), ainsi qu’il est écrit : « des taureaux nombreux m’environnent » (Tehilim 22, 13), « Le bélier que tu as vu, muni des deux cornes, désigne les rois de Médie et de Perse. Le bouc velu, c’est le roi de Grèce » (Daniel 8, 20-21). Tandis qu’Israël est comparé à une jeune colombe, ainsi qu’il est écrit : « ma colombe, nichée dans les fentes du rocher » (Chir hachirim 2, 14) Aussi a-t-il divisé les bêtes Allusion à la disparition progressive des peuples du monde, tandis qu’il n’a pas découpé les oiseaux, allusion à la pérennité d’Israël 15,11 Les oiseaux de proie s’abattirent sur les corps; Abram les mit en fuite. Les oiseaux de proie (ha‘ayit) C’est un oiseau qui fonce (‘at) et qui s’abat sur les cadavres, se précipitant sur sa proie pour la dévorer (Iyov 9, 26). Comme dans : « Pourquoi t’es-tu jeté (wata’at) sur le butin ? » (I Chemouel 15, 19) Sur les corps Sur les morceaux. Le mot pegarim (« cadavres ») est traduit par le Targoum par palgaya. Comme les gens ont pris l’habitude de traduire les mots « chaque morceau » (verset 10) par l’araméen palgaya, on en est arrivé à confondre paglaya et palgaya, et à rendre pegarim (« cadavres ») par palgaya (« morceaux »). Cette manière de rendre ce mot est erronée, car il n’existe aucun rapport entre ces deux termes. Il est donc clair que l’araméen pour « morceaux » est palgaya, et pour « cadavres » paglaya, à savoir quelque chose dont on a horreur, comme dans : « ce serait une chose réprouvée (pigoul) » (Wayiqra 19, 7), mot qui n’est pas sans ressembler à pèguèr (« cadavre ») Il les écarta (wayachév) Dans le sens de « souffler » et de « faire voler », comme dans : « Il fait souffler (yachév) le vent » (Tehilim 147, 18). C’est une allusion à la venue de Dawid, fils de Yichaï (Jessé), qui détruira nos ennemis, mais que le ciel ne laissera pas agir avant la venue du Messie (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 28) 15,12 Le soleil étant sur son déclin, une torpeur s’empara d’Abram: tandis qu’une angoisse sombre profonde pesait sur lui. Tandis qu’une angoisse 86
Allusion aux angoisses et aux ténèbres de l’exil (Beréchith raba 44, 17) 15,13 Dieu dit à Abram: "Sache-le bien, ta postérité séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée, durant quatre cents ans. Ta descendance sera étrangère Quatre cents ans se sont écoulés entre la naissance de Yits‘haq et la sortie d’Israël d’Egypte (Séder ‘olam 83). Comment cela ? Yits‘haq avait soixante ans à la naissance de Ya’aqov. Celui-ci, lorsqu’il est descendu en Egypte, a dit : « les jours des années de mes pérégrinations ont été de cent trente ans » (infra 47, 9), soit un total de cent quatre-vingt-dix ans. La durée de leur séjour en Egypte a été de deux cent dix ans, selon la valeur numérique du mot redou (« descendez-y ») (infra 42, 2. Voir Rachi ibid.), ce qui fait quatre cents ans. Et si tu devais objecter qu’ils sont restés quatre cents ans en Egypte, je répondrais que [c’est impossible, car] Qehath faisait partie de ceux qui sont « descendus » en Egypte. Or, si l’on additionne les cent trente-trois années de Qehath (Chemoth 6, 18), les cent trente-sept années de ‘Amram (Chemoth 6, 20) et les quatre-vingts ans qu’avait Mochè lors de la sortie d’Egypte, on ne trouve que trois cent cinquante ans. Et encore faudrait-il déduire toutes les années de la vie de Qehath après la naissance de ‘Amram, ainsi que toutes les années de la vie de ‘Amram après la naissance de Mochè Sur une terre qui ne sera pas la sienne (lo lahèm – littéralement : « pas la leur ») Il n’est pas écrit : « en terre d’Egypte », mais « pas la leur ». Il est écrit, lors de la naissance de Yits‘haq : « Avraham “séjourna” dans le pays des Plichtim » (infra 21, 34). Puis : « “séjourne” dans ce pays-ci » (infra 26, 3), « Ya’aqov alla “résider” dans le pays de ‘Ham » (Tehilim 105, 23), « nous sommes venus “séjourner” dans ce pays » (infra 47, 4) 15,14 Mais, à son tour, la nation qu’ils serviront sera jugée par moi; et alors ils la quitteront avec de grandes richesses. Et aussi la nation Y compris d’autres royaumes, [ceux dont il est question dans le livre de Daniel] qui ont été également anéantis pour avoir opprimé Israël (Beréchith raba 44, 19) Je la jugerai Par les dix plaies (Beréchith raba 44, 20) Avec de grandes richesses Avec beaucoup d’argent (Berakhoth 9a et 9b), ainsi qu’il est écrit : « Ils dépouillèrent les Egyptiens » (Chemoth 12, 36) 15,15 Pour toi, tu rejoindras paisiblement tes pères; tu seras enterré après une vieillesse heureuse. Et toi Et tu ne verras pas tout cela 87
Tes pères Son père pratiquait l’idolâtrie, et Dieu lui annonce qu’il le rejoindra. Cela t’apprend que Tèra‘h s’était repenti (Beréchith raba 38, 12) Tu seras enterré dans une bonne vieillesse Dieu lui annonce ici que Yichma‘el se repentira de son vivant (Beréchith raba 38), et que ‘Essaw ne se livrera pas au mal tant qu’Avraham sera en vie. C’est la raison pour laquelle Avraham est mort cinq ans avant son terme, le jour même où ‘Essaw s’est révolté contre Dieu (Beréchith raba 63, 12) 15,16 Mais la quatrième génération reviendra ici, parce qu’alors seulement la perversité de l’Amorréen sera complète." Et la quatrième génération Après leur arrivée en exil en Egypte, ils y resteront trois générations, tandis que la quatrième reviendra vers ce pays. C’est en effet dans le pays de Kena‘an que Dieu lui parlait, et c’est là qu’Il a conclu cette alliance, ainsi qu’il est écrit : « pour te donner ce pays en héritage » (verset 7). Et c’est bien ce qui est arrivé : Ya’aqov est descendu en Egypte. Effectue ensuite le décompte des générations : Yehouda, Pèrèts et ‘Hetsron [ont séjourné en Egypte]. Puis Khalév , fils de ‘Hetsron [que l’on identifie à Yefounè (voir Sota 11b)], a fait partie de ceux qui sont entrés en Erets Israël Car la perversité du Emori ne sera pas complète Pour qu’il soit chassé de son pays avant ce moment-là. Le Saint béni soit-Il, en effet, ne punit pas un peuple avant que la mesure ne soit comble (Sota 9a), ainsi qu’il est écrit : « parce que la mesure est comble, tu le punis en le renvoyant » (Yecha’ya 27, 8) 15,17 Cependant le soleil s’était couché, et l’obscurité régnait: voici qu’un tourbillon de fumée et un sillon de feu passèrent entre ces chairs dépecées. Ce fut [Cela est un hébraïsme], comme dans : « ce fut, comme ils vidaient leurs sacs » (infra 42, 35), « ce fut, alors qu’ils enterraient quelqu’un » (II Melakhim 13, 21), c’est-à-dire : « Voici ce qui est arrivé quand telle chose s’est passée » Un tourbillon de fumée C’est une allusion à l’écroulement futur de ces royaumes dans le gueihinnom Le soleil couché (baa) S’était couché. Etant donné que l’accent tonique est mis sur l’avant-dernière syllabe, il est clair qu’il s’était déjà couché. Car s’il avait été sur la dernière syllabe, cela aurait signifié qu’il était en train de se coucher. Or, cela est impossible, puisque le texte vient de dire que le soleil était sur son déclin (verset 12), et qu’il nous parle à présent d’un tourbillon de fumée qui 88
passe. C’est donc qu’à ce moment-là le soleil était déjà couché.Voici la différence qui caractérise les verbes dont la racine est formée de deux lettres : A la troisième personne du féminin singulier, lorsque l’accent tonique est mis sur l’avant-dernière syllabe, cela veut dire que le verbe est au passé, comme ici. De même : « et Ra‘hel vint (baa) » (infra 29, 9), « ma gerbe se dressa (qama) » (infra 37, 7), « vois, ta belle-sœur est retournée (chava) » (Routh 1, 15), [trois cas où l’accent est mis sur l’avant-dernière syllabe]. En revanche, lorsque l’accent tonique est mis sur la dernière syllabe, c’est le présent, et le verbe exprime une action en cours, comme dans : « vient (baa) [dans le sens de : est en train de venir] avec le troupeau » (infra 29, 6), « le soir elle venait (baa) et le matin elle rentrait (chava) » (Esther 2, 14) 15,18 Ce jour-là, l’Éternel conclut avec Abram un pacte, en disant: "J’ai octroyé à ta race ce territoire, depuis le torrent d’Egypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate: J’ai donné à ta descendance Quand parle le saint béni Soit-Il, c’est comme si c’était déjà fait (Beréchith raba 44, 22) Jusqu’au grand fleuve Etant donné qu’il est très proche du pays d’Israël, il est qualifié de « grand », bien qu’il soit le dernier dans l’énumération des quatre fleuves qui sortaient de ‘Eden, ainsi qu’il est écrit : « Et le quatrième fleuve était Perath » (supra 2, 14). Comme le dit un dicton populaire : « Le serviteur du roi est le roi ! » (Chevou‘oth 47b). Côtoie les grands, et les gens s'inclineront devant toi ! (Sifri Devarim 6) 15,19 le Kénéen, le Kenizzéen, le Kadmonéen; Le Qeini Le texte énumère ici dix nations, mais Dieu n’en livrera que sept à Israël (Devarim 7, 1). Les trois autres : Edom, Moav et ‘Amon (Beréchith raba 44, 23) – qui s’identifient aux Qeini, aux Qenizi et aux Qadmoni – seront l’héritage d’Israël dans l’avenir, ainsi qu’il est écrit : « Ils feront main basse sur Edom et Moav, et les enfants de ‘Amon leur obéiront » (Yecha’ya 11, 14) 15,20 le Héthéen, le Phérézéen, les Rephaim; Les Refaïm C’est le pays de ‘Og, dont il est écrit : « tout le Bachan, lequel est appelé pays des Refaïm » (Devarim 3, 13), [‘Og étant le roi de Bachan (Devarim 1, 4)] 15,21 l’Amorréen, le Cananéen, le Ghirgachéen et le Jébuséeen."
Chapitre 16 16,1 89
Saraï, épouse d'Abram, ne lui avait pas donné d'enfant. Elle avait une esclave égyptienne nommée Agar. Une servante égyptienne Elle était la fille de Pharaon. Lorsque celui-ci a vu les miracles dont avait bénéficié Sara, il s’est dit : « Mieux vaut que ma fille soit servante dans la maison de cet homme, plutôt que maîtresse de la maison d’une autre ! » (Beréchith raba 45, 1) 16,2 Saraï dit à Abram: "Hélas! l'Éternel m'a refusé l'enfantement; approche-toi donc de mon esclave: peut-être, par elle, aurai-je un enfant." Abram obéit à la voix de Saraï. Peut-être D’où nous apprenons que celui qui n’a pas d’enfant n’est pas « construit », [en ce que son nom ne sera pas perpétué], mais « détruit » (Beréchith raba 45, 2) Par elle j’aurai un enfant Par le mérite que je me serai acquis en introduisant ma rivale dans ma maison La voix de Saraï L’esprit saint qui parlait par sa voix 16,3 Saraï, épouse d'Abram, prit Agar l'Egyptienne, son esclave, il y avait dix ans qu’Abram demeurait au pays de Canaan; et elle la donna à son époux Abram pour qu'elle lui servît de femme. Saraï prit Elle la « prit », [la persuada] par des paroles : « Réjouis-toi du privilège qui sera le tien de t’unir à un homme aussi saint ! » (Beréchith raba 45, 3) Au bout de dix années C’est le délai fixé pour une femme restée dix ans sans enfants. Son mari est alors tenu d’épouser une autre femme (Yevamoth 64a, Beréchith raba 45, 3) De séjour d’Avram Le texte signale ici que son séjour hors d’Erets Israël ne comptait pas. La promesse : « je te ferai devenir une grande nation » (supra 12, 2) n’a été formulée qu’après son arrivée dans ce pays 16,4 Il s'approcha d'Agar, et elle conçut. Quand elle vit qu'elle avait conçu, sa maîtresse devint l'objet de son dédain. Il vint vers Hagar Dès le premier rapport (Beréchith raba 45, 4) 90
Sa maîtresse devint méprisée à ses yeux Elle s’est dit : « Cette Saraï, sa personnalité profonde ne ressemble pas aux apparences extérieures. Elle se donne des airs de femme vertueuse, mais elle n’est pas une femme vertueuse, puisqu’elle n’a pas mérité, toutes ces années, de devenir enceinte, alors que je le suis devenue, moi, dès le premier rapport ! » 16,5 Saraï dit à Abram : "Mon injure est la tienne. Moi-même, j'ai placé mon esclave dans tes bras; or, elle a vu qu'elle avait conçu, et je suis devenue méprisable à ses yeux. L’Éternel prononcera entre moi et toi." Mon injure (‘hamassi) est la tienne L’injure qui m’est faite, je t’en ferai subir le châtiment. Quand tu as prié le Saint béni soit-Il, en ces termes : « que me donneras-tu, alors que je m’en vais sans postérité ? » (supra 15, 2), tu n’as prié que pour toi. C’est pour nous deux que tu aurais dû prier, et alors j’aurais été exaucée avec toi (Beréchith raba 45, 5). De plus, tu me frustres (‘homés) de tes paroles, lorsque tu entends l’injure qui m’est faite et que tu te tais Moi... entre moi et entre toi Toutes les fois que l’on trouve dans la Tora le mot beinèkha (« entre toi »), il est écrit dans une forme défective, [avec un seul yod], alors qu’il est écrit ici avec deux yod. On peut donc le lire beinayikh, [comme si Saraï s’adressait à Hagar, et non à Avram]. Saraï a jeté un regard mauvais sur la grossesse de Hagar, laquelle a avorté. C’est pourquoi l’ange dira à Hagar : « Tu “es” enceinte ! » (verset 11). Mais ne l’était-elle pas déjà ? Ce qu’il lui annonce, c’est qu’elle va le devenir, et donc que la première grossesse n’avait pas abouti 16,6 Abram dit à Sarai: "Voici, ton esclave est dans ta main, fais-lui ce que bon te semble." Sarai l’humilia, et elle s’enfuit de devant elle. Saraï l’humilia Elle l’a asservie avec dureté (Beréchith raba 45, 6) 16,7 Un envoyé du Seigneur la trouva près d'une source d'eau, dans le désert, près de la source sur le chemin de Chour. 16,8 Il dit: "Agar, esclave de Saraï, d'où viens tu, et où veux-tu aller?" Elle répondit: "Je fuis de devant Saraï, ma maîtresse." D’où viens-tu Il le savait pourtant ! Mais c’était une manière d’engager la conversation avec elle. Quant à l’expression eï mizè (« d’où »), elle signifie : où est l’endroit dont tu puisses dire : « c’est de là que je viens » 16,9 L'envoyé du Seigneur lui dit: "Retourne chez ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main." L’ange lui dit... 91
Pour chaque parole [contenue aux versets 9, 10 et 11], un autre ange lui était envoyé. C’est pourquoi le mot « ange » est répété chaque fois (Beréchith raba 45, 7) 16,10 L'envoyé du Seigneur ajouta: "Je rendrai ta race très nombreuse, tellement qu'elle ne pourra être comptée." 16,11 L'envoyé du Seigneur lui dit encore: "Te voici enceinte, et près d'enfanter un fils; tu énonceras son nom Ismaël, parce que Dieu a entendu ton affliction. Tu es enceinte Lorsque tu reviendras, tu seras enceinte. De même : « tu seras enceinte » (Choftim 13, 7) adressé à la femme de Manoa‘h Tu engendreras un fils Le mot weyoladt (« tu engendreras ») associe grammaticalement le passé (weyaladt) et le participe (weyolèdèth), comme dans : « O toi, qui demeures (yochavt) sur le Liban, qui fixes ton nid (meqounant) sur les cèdres » (Yirmeya 22, 23) Tu appelleras son nom (weqarath chemo) Yichma‘el C’est un ordre [adressé à Hagar, et donc au féminin], tout comme au masculin : « tu appelleras son nom (weqaratha eth chemo) Yits‘haq », [ordre qui sera adressé à Avraham] (infra 17, 19) 16,12 Celui-ci sera un onagre parmi les hommes: sa main sera contre tous, et la main de tous contre lui; mais il se maintiendra à la face de tous ses frères." Un homme sauvage . Aimant les vastes espaces pour y chasser les bêtes sauvages, ainsi qu’il est écrit : « il s’installa dans le désert, il devint tireur d’arc » (infra 21, 20) Sa main sera contre tous Il sera un brigand (Beréchith raba 45, 9) Et la main de tous contre lui Ils l’auront tous en haine et le combattront Et il demeurera à la face de tous ses frères Il aura une nombreuse descendance 16,13 Et elle proclama ainsi le nom de l'Éternel qui lui avait parlé: "Tu es un Dieu visible! Tu es le Qél de ma vision 92
Le mot roï (« de ma vision ») est ponctué d’un ‘hataf qamats (« petit qamats »), parce que c’est un substantif. C’est le Dieu de la vision, qui voit les blessures faites aux humiliés (Beréchith raba 45, 10) N’ai-je pas vu Elle exprime ici sa surprise. Pouvais-je penser que même ici, dans le désert, je verrais les anges de Dieu, « après en avoir vu » dans la maison d’Avram, où j’avais l’habitude de voir des anges ? Et la preuve qu’elle avait l’habitude d’en voir, c’est que Manoa‘h, lorsqu’il en a vu un pour la première fois, s’est exclamé : « nous sommes morts ! » (Choftim 13, 22), tandis que Hagar en a vu à quatre reprises, sans manifester la moindre frayeur (Beréchith raba 45, 7) 16,14 C'est pourquoi on appela cette source "la source du Vivant-qui-me-voit"; elle se trouve entre Cadès et Béred. Le puits du vivant de ma vision Traduction du Targoum : « le puits où l’ange vivant m’est apparu » 16,15 Agar enfanta un fils à Abram; et Abram nomma son fils, qu'avait enfanté Agar, Ismaël. Avram appela le nom de son fils Bien qu’Avram n’ait pas entendu les paroles de l’ange qui avait dit à Hagar : « tu appelleras son nom Yichma‘el » (verset 11), l’esprit saint qui était en lui l’a incité à attribuer ce nom à son fils 16,16 Abram était âgé de quatre-vingt-six-ans, lorsque Agar lui enfanta Ismaël. Et Avram était âgé de quatre-vingts ans et six ans Cette phrase est à l’éloge de Yichma‘el : il aura treize ans lorsqu’il se fera circoncire, et il ne s’y opposera pas
Chapitre 17 17,1 Abram étant âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, le Seigneur lui apparut et lui dit: "Je suis le Dieu tout-puissant; conduis-toi à mon gré, sois irréprochable, Je suis Qél Chaqaï [écrit avec un daleth à la place du qof] Daï veut dire « assez » : J’ai assez de puissance divine pour toutes les créatures. C’est pourquoi, « marche devant moi », et je serai pour toi un Dieu et un « patron ». Et partout où l’on trouve dans le texte le mot Chaqaï, il a ce sens de daï, « assez » de puissance divine. Reste ensuite à compléter selon le contexte Marche devant moi 93
Traduction du Targoum : « Attache-toi à mon service » Et sois intègre C’est un ordre qui suit un autre ordre, [alors que souvent, lorsque deux verbes se suivent à l’impératif, le second n’est pas constitutif d’un ordre distinct, mais définit la conséquence de l’obéissance à l’ordre donné en premier] : « sois entier dans toutes les épreuves que je t’enverrai ». Et selon le midrach : « marche devant moi » par l’observance du commandement de la circoncision, et alors tu seras vraiment entier. Car aussi longtemps que tu conserveras ton prépuce, tu resteras imparfait devant moi (Beréchith raba 46, 4, Nedarim 32a). Autre explication : Toi, sois intègre maintenant ! Il manque à ton nom la lettre hé, représentative du chiffre « cinq », symbole de la maîtrise de l’ensemble de tes cinq membres : les deux yeux, les deux oreilles et le membre viril. Je vais ajouter cette lettre à ton nom, de sorte que la valeur numérique de l’ensemble de celles qui le composent atteindra deux cent quarante-huit, correspondant au nombre de tes membres 17,2 et je maintiendrai mon alliance avec toi, et je te multiplierai à l'infini." J’établirai mon alliance Une alliance d’amour, et une alliance sur la terre, laquelle te sera dévolue en héritage par l’observance de ce commandement 17,3 Abram tomba sur sa face, et Dieu lui parla de la sorte: Avram tomba (wayipol) sur sa face Epouvanté par la présence de Dieu. Il n’avait pas la force, aussi longtemps qu’il ne s’était pas circoncis, de supporter cette présence quand l’esprit saint se tenait sur lui. C’est ce qui est écrit à propos de Bil’am : « il tombe (nofél), mais son œil reste ouvert » (Bamidbar 24, 4). C’est ce que j’ai trouvé dans la barayetha de rabi Eli‘èzèr (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 28) 17,4 "Moi-même, oui, je traite avec toi: tu seras le père d'une multitude de nations. 17,5 Ton nom ne s'énoncera plus, désormais, Abram: ton nom sera Abraham, car je te fais le père d'une multitude de nations. Je t’ai établi père d’une multitude de nations (av hamon) C’est un jeu de mots (notariqon). Ce sont les syllabes mêmes qui forment le nom d’Avraham : av hamon. La lettre reich qui se trouvait dans le nom d’Avram signifie qu’il était seulement père de Aram (Berakhoth 13a), son pays natal. Maintenant, il devient le père de toute l’humanité. Ce reich est resté à sa place. Tandis que le yod enlevé à Saraï, devenue Sara, il a élevé des protestations devant la chekhina, qui lui a donné satisfaction en l’ajoutant à Yehochou‘a (Sanhèdrin 107a), ainsi qu’il est écrit : « Mochè appela Hoché‘a, fils de Noun : Yehochou‘a » (Bamidbar 13, 16) 17,6 Je te ferai fructifier prodigieusement; je ferai de toi des peuples, et des rois seront tes descendants. 94
Je ferai de toi des peuples Israël et Edom. Quant à Yichma‘el, il était déjà né. Il n’avait donc pas à faire l’objet d’une promesse 17,7 Cette alliance, établie entre moi et entre toi et ta postérité dernière, je l'érigerai en alliance perpétuelle, étant pour toi un Dieu comme pour ta postérité après toi. J’établirai mon alliance Et quelle est cette alliance ? C’est d’être pour toi Eloqim 17,8 Et je donnerai à toi et à ta postérité la terre de tes pérégrinations, toute la terre de Canaan, comme possession indéfinie; et je serai pour eux un Dieu tutélaire." En possession perpétuelle Et c’est là-bas que je serai pour vous votre Dieu. Mais celui qui habite en dehors du pays, c’est comme s’il n’avait pas de Dieu (Ketouvoth 110b) 17,9 Dieu dit à Abraham: "Pour toi, sois fidèle à mon alliance, toi et ta postérité après toi dans tous les âges. Et toi Ce « et » introduit un ajout au sujet précédent. « Moi, voici mon alliance avec toi » (verset 4). Et comment faut-il la garder ? « Ceci est mon alliance que vous garderez... : faire circoncire » (verset 10) 17,10 Voici le pacte que vous observerez, qui est entre moi et vous, jusqu'à ta dernière postérité: circoncire tout mâle d'entre vous. Entre moi et entre vous Ceux de maintenant Et ta descendance Ceux qui naîtront après toi Faire circoncire Himol (« faire circoncire ») équivaut à lehimol (« de faire circoncire »), tout comme ‘assoth (« faire ») (Wayiqra 18, 30) équivaut à la’assoth (« pour faire »), [chacune des deux formes exprimant l’infinitif] 17,11 Vous retrancherez la chair de votre excroissance, et ce sera un symbole d'alliance entre moi et vous. Vous circoncirez (ounemaltèm) 95
Le mot ounemaltèm équivaut à oumaltèm. Le noun est un supplément ajouté à la racine qui peut parfois tomber, comme dans nochèkh (« mordre »), nasso (« lever »). Le mot ounemaltèm est un verbe actif, comme dans ounessathèm (« et faites-y monter » (infra 45, 19), tandis que yimmol (« soit circoncis ») (verset 12) est un passif, de même que yé’assè (« il sera fait »), ou yéakhél (« il sera mangé ») 17,12 A l'âge de huit jours, que tout mâle, dans vos générations, soit circoncis par vous; même l'enfant né dans ta maison, ou acheté à prix d'argent parmi les fils de l'étranger, qui ne sont pas de ta race. Celui engendré dans la maison A qui ta servante a donné naissance dans ta maison Et celui acheté à prix d’argent Qui a été acheté après sa naissance 17,13 Oui, il sera circoncis, l’enfant de ta maison ou celui que tu auras acheté; et mon alliance, à perpétuité, sera gravée dans votre chair. Assurément Il y a ici une répétition, mais il n’est pas écrit, [contrairement au verset précédent] : « à l’âge de huit jours ». C’est pour t’apprendre que certains sont circoncis après les huit jours, comme expliqué dans la guemara (Chabath 135b) 17,14 Et le mâle incirconcis, qui n'aura pas retranché la chair de son excroissance, sera supprimé lui-même du sein de son peuple pour avoir enfreint mon alliance." Et le mâle incirconcis Nous apprenons d’ici que c’est à l’endroit qui marque la différence entre l’homme et la femme que l’on effectue la circoncision (Chabath 108a) Qui n’aura pas circoncis Dès qu’il aura atteint l’âge de la responsabilité personnelle, [treize ans, et qu’il n’aura pas circoncis, la forme yimmol étant ici une forme active], son âme sera retranchée [peine de kareth]. Son père, en revanche, ne sera pas passible à cause de lui de la peine de kareth, mais de celle applicable à la non-exécution d’un commandement actif Cette âme sera retranchée Il n’aura pas d’enfants et il mourra avant son heure 17,15 Dieu dit à Abraham: "Saraï, ton épouse, tu ne l'appelleras plus Saraï, mais bien Sara. Tu n’appelleras plus son nom Saraï 96
Mot qui signifie : « “ma” princesse », pour moi mais pas pour les autres, tandis que « Sara » tout court signifie « princesse », pour tous (Berakhoth 13a) 17,16 Je la bénirai, en te donnant, par elle aussi, un fils; je la bénirai, en ce qu'elle produira des nations et que des chefs de peuples naîtront d'elle." Je la bénirai Et par quelle bénédiction ? En ce qu’elle a retrouvé sa jeunesse (Beréchith raba 47, 2), ainsi qu’il est écrit : « après être flétrie, aurai-je ce bonheur ? » (infra 18, 12) Je la bénirai Par la faculté d’allaiter, dont elle devra fournir la preuve du retour le jour du festin organisé en l’honneur de Yits‘haq. Car on s’est alors moqué d’eux en chuchotant qu’ils faisaient passer pour leur fils un enfant trouvé. Des femmes lui ont apporté chacune son enfant sans le faire accompagner de sa nourrice, et Sara les a tous allaités, ainsi qu’il est écrit : « qui eût dit à Avraham que Sara allaiterait “des fils” [au pluriel] » (infra 21, 7). Il y est fait partiellement allusion dans Beréchith raba (53, 9) 17,17 Abraham tomba sur sa face et sourit; et il dit en son coeur "Quoi! un centenaire engendrerait encore! et à quatre-vingt-dix ans, Sara deviendrait mère!" Avraham tomba sur sa face Comme le rend le Targoum Onqelos : « il s’est réjoui », tandis qu’à propos de Sara, le Targoum indique : « elle s’est moquée ». D’où l’on apprend qu’Avraham a eu foi et s’est réjoui, tandis que Sara n’a pas eu foi et a raillé. Voilà pourquoi le Saint béni soit-Il s’est irrité contre Sara (infra 18, 13), mais pas contre Avraham Un centenaire... Il est des interrogations qui sont des affirmations, comme dans : « quoi ! Me suis-je manifesté... ? » (I Chemouel 2, 27), « vois-tu... ? » (II Chemouel 15, 27). Nous nous trouvons, ici aussi, en présence d’une affirmation. Avraham s’est dit dans son cœur : « Le Saint béni soit-Il n’aurait certes pas fait à un autre ce qu’Il va m’accorder à moi ! Et Sara Serait-elle encore capable d’avoir des enfants ? Il est vrai que les premières générations pouvaient enfanter jusqu’à l’âge de cinq cents ans. Cependant, à l’époque d’Avraham, la durée de vie avait déjà été réduite et l’humanité s’était affaiblie. On constate en effet que les hommes des dix générations qui ont séparé Noa‘h d’Avraham ont eu leurs enfants plus tôt, à un âge situé entre soixante et soixante-dix ans 17,18 Abraham dit au Seigneur: "Puisse Ismaël, à tes yeux, mériter de vivre!" Puisse Yichma‘el vivre Pourvu que Yichma‘el vive ! Je ne suis pas digne de recevoir une telle récompense 97
Vivre devant toi Puisse-t-il vivre dans ta crainte, comme dans : « marche devant moi » (verset 1), que le Targoum Onqelos rend par : « sois-moi fidèle » 17,19 Le Seigneur répondit: "Certes, Sara, ton épouse, te donnera un fils, et tu le nommeras Isaac. Je maintiendrai mon pacte avec lui, comme pacte perpétuel à l'égard de sa descendance. Certes (aval – littéralement : « mais ») C’est une confirmation des paroles précédentes. Comme dans : « certes (aval), nous sommes coupables » (infra 42, 21), « certes (aval) ! elle n’a pas de fils » (II Melakhim 4, 14) Tu appelleras son nom Yits‘haq A cause du rire (tse‘hoq) d’Avraham. D’autres disent : à cause des dix épreuves imposées à Avraham [numériquement égales à yod], des quatre-vingt-dix ans de Sara [numériquement égaux à tsadei], des huit jours de la circoncision [numériquement égaux à ‘heith] et des cent ans d’Avraham [numériquement égaux à qof] Mon alliance L'alliance de la Mila sera transmise à la descendance d'Itsh'a 17,20 Quant à Ismaël, je t'ai exaucé: oui, je l'ai béni; je le ferai fructifier et multiplier à l'infini; il engendra douze princes, et je le ferai devenir une grande nation. Douze princes (nessiim) Ils disparaîtront comme des nuages (Beréchith raba 47, 5), comme dans : « des nuages (nessiim) et du vent » (Michlei 25, 14) 17,21 Pour mon alliance, je la confirmerai sur Isaac, que Sara t'enfantera à pareille époque, l’année prochaine." 17,22 Ayant achevé de lui parler, Dieu disparut de devant Abraham. D’au-dessus d’Avraham C’est un euphémisme employé lorsque l’on parle de la chekhina. D’où nous apprenons que les justes sont comme la « monture » de Dieu, [étant donné que Dieu se tient, si l’on peut dire, « au-dessus » d’eux] (Beréchith raba 47, 8) 17,23 Abraham prit Ismaël son fils, tous les enfants de ses esclaves et ceux qu'il avait achetés à prix d'argent, tous les mâles de la maison d'Abraham; il retrancha la chair de leur excroissance, ce jour-là même, ainsi que Dieu le lui avait dit. Ce jour-là même
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Le jour même où il en avait reçu l’ordre (Beréchith raba 47, 9), le jour et pas la nuit. Il n’a eu peur ni des autres peuples ni des moqueurs. [Il l’a fait aussi en plein jour] afin que ses ennemis et ses contemporains ne disent pas : « Si nous l’avions vu, nous ne l’aurions pas laissé se circoncire et accomplir le commandement de Dieu ! » Il circoncit Le verbe est conjugué à la forme active (qal), [comme pour marquer que c’est bien les autres qu’il a circoncis] 17,24 Or, Abraham était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, lorsque fut retranchée la chair de son excroissance. Lorsque fut circoncise Le verbe est conjugué à la forme passive (nif’al), comme dans : « lorsqu’ils furent créés (behibaram) » (supra 2, 4) 17,25 Ismaël, son fils, était âgé de treize ans, lorsque la chair de son excroissance fut retranchée. Lorsque fut circoncise la chair de son excroissance Le texte n’emploie pas, à propos d’Avraham, le mot eth, étant donné qu’il ne restait plus à retrancher qu’un mince lambeau de chair, ses activités sexuelles ayant rétréci son prépuce. Chez Yichma‘el, en revanche, qui était un enfant, il a fallu retrancher le prépuce et retourner la membrane. D’où l’emploi, chez lui, du mot eth, [le mot impliquant un ajout] (Beréchith raba 47, 8) 17,26 C'est en ce même jour que fut circoncis Abraham, ainsi qu’Ismaël son fils. En ce même jour Où Avraham a eu quatre-vingt-dix-neuf ans, et Yichma‘el treize ans, qu’ils ont été circoncis 17,27 Et tous les gens de sa maison, nés chez lui ou achetés à prix d'argent à l'étranger, furent circoncis en même temps.
Chapitre 18 (Vayera) 18,1 L'Éternel se révéla à lui dans les plaines de Mamré, tandis qu'il était assis à l'entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. Hachem lui apparut Pour rendre visite au malade (Sota 14a). Rabi ‘Hama bar ‘Hanina a enseigné : On était au troisième jour après la circoncision, et le Saint béni soit-Il lui est venu prendre de ses nouvelles (Baba Metsi‘a 86b) Dans les plaines de Mamré 99
C’est Mamré qui l’avait conseillé à propos de la circoncision. Aussi est-ce sur ses terres que Dieu S’est révélé à Avraham (Beréchith raba 42, 8) Et il était assis Le mot yochév est écrit sans waw, et peut donc se lire yachav (« il s’est assis »). Avraham a voulu se lever, mais le Saint béni soit-Il lui a dit : « Assieds-toi, et moi, je resterai debout. Tu es la personnification de tes enfants : Je me tiendrai debout dans l’assemblée des juges, et eux resteront assis, ainsi qu’il est écrit (Tehilim 82, 1) : “Dieu se tient debout dans l’assemblée divine” » (Beréchith raba 48, 7, Chevou‘oth 30b) A l’entrée de la tente Pour voir s’il viendrait à passer des gens qu’il pourrait inviter à entrer chez lui Pendant la chaleur du jour Le Saint béni soit-Il avait dégagé le soleil de son écrin, afin de lui épargner la fatigue causée par la présence d’invités. Mais quand Il a vu que leur absence lui causait de la peine, Il lui a envoyé des anges à forme humaine (Baba Metsi‘a 86b) 18,2 Comme il levait les yeux et regardait, il vit trois personnages debout prés de lui. En les voyant, il courut à eux du seuil de la tente et se prosterna contre terre. Et voici trois hommes L’un pour annoncer la bonne nouvelle à Sara, un autre pour détruire Sedom, et un troisième pour guérir Avraham. Car le même messager n’est jamais chargé de deux missions différentes (Beréchith raba 50, 2). La preuve en est que, dans tout le présent chapitre, on parle d’eux au pluriel : « “ils” mangèrent » (verset 8), « “ils” lui dirent » (verset 9). Il est écrit, en revanche, à propos de la bonne nouvelle : « “je” reviendrai vers toi » (verset 10), et au sujet de la destruction de Sedom : « car “je” ne pourrai rien faire avant que tu n’y sois arrivé » (infra 19, 22). Quant à Rafael qui a guéri Avraham, il s’en est allé pour sauver Lot, ainsi qu’il est écrit : « lorsqu’ils les eurent conduits dehors, il lui dit : sauve ta vie ». D’où il résulte que c’est le même ange qui les a sauvés, [la mission de guérir et celle de sauver étant de même nature] (Beréchith raba 50) Debout sur lui Devant lui. Mais il est plus correct de s’exprimer ainsi, s’agissant d’anges Il vit Pourquoi deux fois le mot wayar (« il vit ») ? La première fois est à prendre au sens propre, la seconde dans le sens de « compréhension » : Il a vu qu’ils restaient debout à la même place, et il a compris qu’ils ne voulaient pas le fatiguer. Ils savaient, certes, qu’il allait venir à leur rencontre, mais ils sont restés à leur place en son honneur, pour lui montrer qu’ils ne voulaient pas le fatiguer. C’est alors qu’il a pris les devants et qu’il a couru à leur rencontre. La guemara (Baba Metsi‘a 86b) fait remarquer qu’il est d’abord écrit : « debout sur lui », et 100
ensuite : « il courut à leur rencontre ». Lorsqu’ils l’ont vu en train de défaire et de refaire son pansement, ils se sont éloignés. C’est alors qu’il « a couru à leur rencontre » 18,3 Et il dit: "Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas ainsi devant ton serviteur! Il dit : Seigneur (adonaï – littéralement : « mes seigneurs ») C’est au plus grand d’entre eux qu’il s’est adressé. Il les a appelés tous « seigneurs », et au plus grand il dit : « ne passe pas ainsi ». Si celui-ci « ne passe pas », ses compagnons resteront avec lui. Le mot adonaï (« mes seigneurs ») a ici le sens profane de « messieurs » (Chevou‘oth 35b). Autre explication : Le mot a un sens sacré, et c’est à Dieu que s’adresse Avraham. Il demande au Saint béni soit-Il d’attendre qu’il ait fini de courir pour accueillir ces gens de passage. Il est vrai que cette demande figure après le « il courut à leur rencontre » du verset précédent, mais elle a eu lieu avant. Le texte s’exprime souvent de cette manière, ainsi que je l’ai expliqué à propos de : « mon esprit ne plaidera plus éternellement pour l’homme » (supra 6, 3), parole rapportée après le récit de la naissance des fils de Noa‘h (supra 5, 32). Or, la décision prise par Dieu de détruire le monde a précédé de vingt ans la naissance des fils de Noa‘h. Les deux explications du mot adonaï figurent dans Beréchith raba (Beréchith raba 48, 10) 18,4 Qu'on aille quérir un peu d'eau; lavez vos pieds et reposez-vous sous cet arbre. Qu’on aille prendre Le verbe est employé ici au passif, l’action étant faite par un messager. Le Saint béni soit-Il a rendu par la suite à Ses enfants, mesure pour mesure, cette fourniture d’eau par un messager, ainsi qu’il est écrit : « Mochè leva la main, et il frappa le rocher de sa verge par deux fois. Il en sortit de l’eau en abondance » (Bamidbar 20, 11), [Mochè ayant alors procuré de l’eau à tout Israël] (Baba Metsi‘a 86b) Lavez-vous les pieds Comme il pensait avoir affaire à des Arabes, adorateurs de la poussière de leurs pieds (Beréchith raba 50, 4), il a pris garde à ne pas introduire d’objet d’idolâtrie dans sa maison. Son neveu Lot, en revanche, qui n’était pas aussi attentif, leur a parlé d’abord de passer la nuit, puis de se laver, ainsi qu’il est écrit : « passez-y la nuit, et lavez vos pieds » (infra 19, 2) Sous l’arbre Le mot ‘ets est à traduire par « arbre », [et non par « bois »] 18,5 Je vais apporter une tranche de pain, vous réparerez vos forces, puis vous poursuivrez votre chemin, puisque aussi bien vous avez passé près de votre serviteur." Ils répondirent: "Fais ainsi que tu as dit". Vous restaurerez votre cœur Nous lisons tant dans la Tora que dans les Neviim (« Prophètes ») et les Kethouvim (« Hagiographes ») que le pain restaure le cœur. Il est écrit dans la Tora : « vous restaurerez votre cœur ». Dans les Neviim : « restaure ton cœur d’un morceau de pain » (Choftim 19, 5). 101
Et dans les Kethouvim : « le pain restaure le cœur de l’homme » (Tehilim 104, 15). Rabi ‘Hama a enseigné : Il n’est pas écrit levavkhem, mais libekhem, pour t’apprendre que les anges ne sont pas dominés par le penchant au mal, [le double beith de levavkhem symbolisant le double penchant, au bien comme au mal] (Beréchith raba 48, 11) Après quoi vous poursuivrez votre chemin Ensuite vous partirez Puisqu’aussi bien C’est ce que je vous demande, du moment que vous êtes passés chez moi pour m’honorer. L’expression ki ‘al kén a la même signification que ‘al achèr (« à cause de »), comme chaque fois qu’elle est employée dans le texte : « puisque aussi bien ils sont venus à l’ombre de mon toit » (infra 19, 8), « car c’est pour cela que (ki ‘al kén) j’ai vu ta face comme on voit la face de Eloqim » (infra 33, 10), « puisque aussi bien (ki ‘al kén) je ne l’ai pas donnée à Chéla mon fils » (infra 38, 26), « puisqu’aussi bien (ki ‘al kén) Tu connais les lieux où nous campons » (Bamidbar 10, 31) L’expression "ki ‘al kén" L’expression ki ‘al kén a la même signification que ‘al achèr (« à cause de »), comme chaque fois qu’elle est employée dans le texte : « puisque aussi bien ils sont venus à l’ombre de mon toit » (infra 19, 8), « car c’est pour cela que (ki ‘al kén) j’ai vu ta face comme on voit la face de Eloqim » (infra 33, 10), « puisque aussi bien (ki ‘al kén) je ne l’ai pas donnée à Chéla mon fils » (infra 38, 26), « puisqu’aussi bien (ki ‘al kén) Tu connais les lieux où nous campons » (Bamidbar 10, 31) 18,6 Abraham rentra en hâte dans sa tente, vers Sara et dit: "Vite, prends trois mesures de farine de pur froment, pétris-la et fais-en des gâteaux." De farine La farine pour des gâteaux, et le pur froment pour en faire la pâte dont les cuisiniers couvraient les récipients afin de retenir l’écume [qui remonte à la surface] (Baba Metsi‘a 86b) 18,7 Puis, Abraham courut au troupeau, choisit un veau tendre et gras et le donna au serviteur, qui se hâta de l'accommoder. Un jeune taureau tendre et bon Ils étaient trois taureaux, afin qu’ils puissent manger trois langues assaisonnées à la moutarde (Baba Metsi‘a 86b) Au jeune homme C’était Yichma‘el, pour l’initier aux mitswoth, [en l’occurrence à celle de l’hospitalité] (Beréchith raba 48, 13) 18,8 102
Il prit de la crème et du lait, puis le veau qu'on avait préparé et le leur servit: il se tenait devant eux, sous l'arbre, tandis qu'ils mangeaient. Il prit de la crème Il n’a cependant pas apporté pas de pain, parce que la pâte était devenue impure, Sara ayant recommencé, ce jour-là, à avoir ses règles (Beréchith raba 48, 14, Baba Metsi‘a 87a) De la crème La crème du lait qu’on enlève à la surface Et le jeune taureau qu’on avait préparé Qu’il avait préparé. Au fur et à mesure qu’il avait préparé un plat, il le leur servait (Baba Metsi‘a 86b) Ils mangèrent Ils ont fait semblant de manger. D’où l’on déduit que l’on ne doit pas s’écarter de la coutume du lieu où l’on se trouve (ibid.) 18,9 Ils lui dirent: "Où est Sara, ta femme?" Il répondit: "Elle est dans la tente." Ils lui dirent Les lettres alef, yod et waw du mot élaw (« à lui ») sont surmontées d’un point. Rabi Chim‘on ben El‘azar a enseigné (Beréchith raba 48, 15) : Toutes les fois que, dans un mot, les lettres non pointées sont majoritaires, c’est elles qu’il faut interpréter. Ici, où ce sont les lettres pointées qui sont les plus nombreuses, c’est elles que tu devras interpréter, à savoir qu’à Sara aussi ils ont demandé où était (ayo) Avraham. Ce qui nous enseigne une règle de politesse : Lorsqu’on est reçu chez quelqu’un, on doit demander au mari des nouvelles de sa femme, et à la femme des nouvelles de son mari. La guemara (Baba Metsi‘a 87a) souligne que les anges savaient, certes, où était Sara, notre mère, mais qu’ils ont voulu mettre sa discrétion en évidence, afin de la rendre plus chère à son mari. Rabi Yossi bar ‘Hanina a enseigné : c’était pour lui envoyer la coupe de vin qui a accompagné la bénédiction après le repas Elle est dans la tente Elle est discrète 18,10 L'un d'eux reprit: "Certes, je reviendrai à toi à pareille époque et voici, un fils sera né à Sara, ton épouse." Or, Sara l'entendait à l'entrée de la tente qui se trouvait derrière lui. Je reviendrai (chov achouv – littéralement : « revenir L’ange ne lui annonce pas son propre retour, mais il se fait le porte-parole de Dieu. Autres exemples [de la même forme répétitive d’un verbe utilisée dans le même sens] : « l’ange de Hachem lui dit : je multiplierai beaucoup (harba arbè – littéralement : “multiplier, je multiplierai”) ta descendance » (supra 16, 10). Un ange n’a pas le pouvoir de multiplier une descendance, mais il le lui dit en tant que messager de Dieu. Il en est de même dans les propos 103
tenus par Elicha à la Chounamite : « A pareille époque, au retour de cette saison, tu serreras un fils dans tes bras. Elle répondit : Ah ! mon seigneur, homme de Dieu, ne trompe pas ta servante ! » (II Melakhim 4, 16). Les anges qui avaient annoncé la nouvelle à Sara ont dit : « Je reviendrai ». Quant à Elicha, il a dit : « Les anges qui sont éternellement vivants ont dit : Je reviendrai ! Tandis que moi, qui suis un être de chair et de sang, aujourd’hui vivant, demain mort, que je sois vivant ou que je sois mort à pareille époque, tu serreras un fils dans tes bras... » (Beréchith raba 53, 20) A pareille époque A cette même époque, l’année prochaine. On était à Pessa‘h, et c’est à Pessa‘h qu’est né Yits‘haq (Séder ‘olam 5). Le texte ne porte pas ke‘éth (« à une époque »), mais ka‘éth (« à cette époque précise ») A pareille époque (littéralement : « à cette époque vivante ») A pareille époque où tu seras vivante, où vous serez tous vivants et en bonne santé Qui était derrière lui La porte était derrière l’ange 18,11 Abraham et Sara étaient vieux, avancés dans la vie; le tribut périodique des femmes avait cessé pour Sara. Avait cessé Avait cessé pour elle Le cycle des femmes Le cycle de l'impureté des femmes avait cessé pour elle 18,12 Sara rit en elle-même disant: "Flétrie par l'âge, ce bonheur me serait réservé! Et mon époux est un vieillard!" En elle-même Elle « regardait » ses entrailles et se disait : « Est-il possible que ces entrailles portent encore le fardeau d’un nourrisson ? Que ces seins desséchés donnent encore du lait ? » (Midrach tan‘houma Choftim 18) Ce bonheur Le mot ‘edna désigne l’éclat de la chair. Il est employé dans la michna (Mena‘hoth 86a) : « On enlève le poil pour rendre son lissé (me‘adén) à la chair ». Autre explication : le mot est apparenté à l’araméen ‘idan (« le temps »), c’est-à-dire l’époque des règles 18,13 104
Le Seigneur dit à Abraham: "Pourquoi Sara a-t-elle ri, disant: ’Eh quoi! en vérité, j'enfanterais, âgée que je suis!’ Est-ce que vraiment Est-il vrai que je vais engendrer Moi qui ai vieilli Le texte a modifié les paroles de Sara pour préserver la paix du ménage, car elle avait dit, en fait : « et mon mari est vieux » (Baba Metsi‘a 87a, Beréchith raba 48, 18) 18,14 Est-il rien d'impossible au Seigneur? Au temps fixé, à pareille époque, je te visiterai et Sara sera mère". Est-il rien qui soit difficile D’après le Targoum : « est-il caché ? » Est-il quoi que ce soit de difficile, d’éloigné et de caché pour moi, que je ne puisse faire selon ma volonté Au temps fixé A cette même époque spécifique que je t’ai fixée hier, à cette même époque de l’année prochaine 18,15 Sara protesta, en disant: "Je n'ai point ri"; car elle avait peur. II répondit "Non pas, tu as ri." Car elle avait peur... tu as ri On trouve dans ce verset deux fois la conjonction ki. Le premier ki (« car elle avait peur ») a le sens de « car ». Il explique le pourquoi de la chose : Sara a protesté, parce qu’elle avait peur. Quant au second ki, il a le sens de « mais » : « Il répondit : Non ! Ce n’est pas comme tu le dis, mais (ki) tu as effectivement ri ! » Ainsi que l’ont enseigné les rabbins, le mot ki peut avoir quatre significations : « si », « peut-être », « mais » ou « car » (Roch haChana 3a) 18,16 Les hommes se levèrent et fixèrent leurs regards dans la direction de Sodome; Abraham les accompagna pour les reconduire. Ils regardèrent Le forme hiph’il du verbe chqf (hachqof) exprime toujours, dans la Tora, une idée péjorative, sauf dans : « jette un regard (hachqifa) du haut des cieux » (Devarim 26, 15), parce que les dons faits aux pauvres ont la propriété de transformer la colère divine en miséricorde Les raccompagner (lechal‘ham – littéralement : « pour les renvoyer ») Ce verbe a ici le sens de « raccompagner », Avraham pensant qu’ils étaient des gens de passage 18,17 Or, l'Éternel avait dit:"Tairai-je à Abraham ce que je veux faire?" 105
Cacherai-je C’est une question Ce que je vais faire A Sedom. Il ne serait pas bien que je le fasse sans qu’il le sache (Midrach tan‘houma 5) : Je lui ai donné ce pays, et ces cinq villes lui appartiennent, ainsi qu’il est écrit : « la frontière du peuple kena‘ani allait depuis Tsidon... dans la direction de Sedom et ‘Amora et Adma et Tsevoyim » (supra 10, 19). Je l’ai appelé « Avraham », à savoir « le père d’une multitude de nations », et j’exterminerais ses enfants sans prévenir leur père qui est mon ami ? 18,18 Abraham ne doit-il pas devenir une nation grande et puissante et une cause de bonheur pour toutes les nations de la terre? Et Avraham doit devenir Le midrach applique ici le verset : « Le souvenir du juste est une bénédiction » (Michlei 10, 7). Etant donné qu’Il l’a mentionné, Il l’a béni (Yoma 38b). Et d’après le sens littéral : Le lui cacherais-je ? Il m’est cher au point que je ferai de lui un grand peuple et que tous les peuples de la terre seront bénis par lui 18,19 Si je l'ai distingué, c'est pour qu'il prescrive à ses fils et à sa maison après lui d'observer la voie de l'Éternel, en pratiquant la vertu et la justice; afin que l'Éternel accomplisse sur Abraham ce qu'il a déclaré à son égard." Car je l’ai distingué (yeda’tiw) Ce terme exprime l’idée d’affection, comme dans : « connue (moda’) de son mari » (Routh 2, 1), « Bo’az est connu de nous (moda’tanou) » (Routh 3, 2), « et que je t’ai spécialement distingué (waéda‘akha) » (Chemoth 33, 17). Toutefois, le sens premier de ce mot, dans tous ces cas, est « connaître ». Quand on a de l’affection pour quelqu’un, on le rapproche de soi pour mieux le connaître. Et pourquoi Dieu le « connaît »-Il ? C’est « afin qu’il prescrive à ses fils... », parce qu’il ordonnera à ses enfants d’observer ma voie. Et si tu l’expliques selon le Targoum, le texte voudra dire : « je sais qu’il prescrira à ses fils... ». Mais, dans ce cas, la conjonction lema’an (« afin que ») ne se justifie pas Ordonne (yetsawè) Le verbe est à la forme fréquentative, comme dans : « c’est ainsi qu’avait l’habitude d’agir (ya‘assè) Iyov » (Iyov 1, 5) Afin que Hachem amène C’est ce qu’il prescrira à ses enfants : « gardez la voie de Hachem, afin que Hachem amène sur Avraham... ». [Ce n’est donc plus Dieu qui parle, mais Avraham.] Il n’est pas dit : « sur la maison d’Avraham », mais « sur Avraham ». Cela nous enseigne que celui dont le fils devient un juste est comme s’il ne mourait jamais (Beréchith raba 49, 4) 18,20 106
L'Éternel dit: "Comme le décri de Sodome et de Gommorrhe est grand; comme leur perversité est excessive, Hachem dit A Avraham, faisant ainsi ce qu’Il avait annoncé : ne pas lui cacher ce qu’Il allait faire Est grand Chaque fois que l’on trouve dans la Tora le mot rava avec l’accent tonique mis sur la dernière syllabe (va), il veut dire « grand » ou « en train de grandir ». Ici, où l’accent est mis sur l’avant-dernière syllabe (ra), il veut dire : « déjà devenu grand », comme je l’ai expliqué à propos de : « ce fut, le soleil couché » (supra 15, 17), « vois, ta belle-sœur est retournée » (Routh 1, 15) 18,21 je veux y descendre; je veux voir si, comme la plainte en est venue jusqu'à moi, ils se sont livrés aux derniers excès; si cela n'est pas, j'aviserai." Je vais descendre C’est pour enseigner aux juges qu’ils ne doivent pas prononcer de peine capitale avant d’avoir « vu » [et approfondi l’objet du litige]. J’ai expliqué tout cela dans le chapitre de la tour de Bavel (supra 11, 5). Autre explication : « Je vais descendre » jusqu’au fond de leurs actes Si D’un pays [au féminin en hébreu] S’ils ont fait entièrement comme le cri est venu jusqu’à moi S’ils persistent dans leur rébellion, je les exterminerai. Et s’ils ne persistent pas dans leur rébellion, j’aviserai à les punir par des châtiments, mais je ne les anéantirai pas. On trouve dans le même style : « dépose tes ornements, et j’aviserai à ce que je dois te faire » (Chemoth 33, 5). C’est pourquoi les mots ‘assou (« ils ont fait ») et kala (« entièrement », mais aussi : « c’est l’extermination ») sont détachés l’un de l’autre par le signe d’interruption pessiq. Nos rabbins ont interprété l’expression « si comme le cri » comme s’appliquant à la plainte d’une jeune fille torturée et mise à mort pour avoir donné à manger à un pauvre, ainsi qu’il est expliqué au dernier chapitre du traité Sanhèdrin (109b) 18,22 Les hommes quittèrent ce lieu et s'acheminèrent vers Sodome; Abraham était encore en présence du Seigneur. Les hommes se détournèrent de là De l’endroit où Avraham les avait accompagnés Et Avraham était encore debout devant Hachem Ce n’est pas lui, pourtant, qui s’était levé pour se tenir debout devant Dieu, mais c’est le Saint béni soit-Il qui était venu chez lui pour lui dire : « comme le gémissement de Sedom et de ‘Amora est grand ». Le texte aurait dû donc dire : « et Hachem était encore debout devant 107
Avraham », mais il s’agit là d’une correction des scribes, [destinée à prévenir une éventuelle interprétation irrévérencieuse] (Beréchith raba 49) 18,23 Abraham s'avança et dit: "Anéantirais-tu, d'un même coup, l'innocent avec le coupable? Avraham s’avança Nous trouvons trois sortes d’« avancées ». Pour la guerre : « Yoav s’avança » (II Chemouel 10, 13). Pour la réconciliation : « Yehouda s’avança » (infra 44, 18). Et pour la prière : « le prophète Eliyahou s’avança » (I Melakhim 18, 36). Avraham a utilisé tous ces trois moyens : il s’est exprimé avec dureté, il a cherché la conciliation, et il a eu recours à la prière (Beréchith raba 49, 7) Anéantirais-tu aussi (haaf) le juste avec le scélérat Af est une conjonction qui veut dire « aussi ». Le Targoum Onqelos le traduit par « colère ». Cela signifierait alors : « Ta colère t’entraînerait-elle à anéantir le juste avec le scélérat ? 18,24 Peut-être y a-t-il cinquante justes dans cette ville: les feras-tu périr aussi et ne pardonneras-tu pas à la contrée en faveur des cinquante justes qui s'y trouvent? Cinquante justes A raison de dix justes par ville, puisqu’il y en avait cinq (Targoum yonathan) 18,25 Loin de toi d'agir ainsi, de frapper l'innocent avec le coupable, les traitant tous deux de même façon! Loin de toi! Celui qui juge toute la terre serait-il un juge inique?" Loin de toi (‘halila) Et si tu devais m’objecter que les justes ne sauveront pas les scélérats, alors pourquoi ferais-tu mourir les justes Loin de toi (‘halila) Le mot ‘halila, comme ‘houlin, signifie : quelque chose de profane, d’indigne de toi (Targoum yonathan). Les gens diront : Et voilà comment Il agit ! Il emporte tout, justes et scélérats ! Ainsi as-tu agi envers la génération du déluge et la génération de la tour de Bavel ! (Midrach tan‘houma Wayéra 8) De cette manière Ni cela ni rien qui lui ressemble (Beréchith raba 49, 9) Loin de toi Dans le monde futur Celui qui juge toute la terre 108
Le hé de hachofét (« celui qui juge ») est ponctué d’un ‘hataf patha‘h (« petit patha‘h »), parce qu’il n’est pas un article, mais un interrogatif : « Est-ce que Celui qui juge toute la terre ne rendrait pas une justice de vérité ? » 18,26 Le Seigneur répondit: "Si je trouve à Sodome au sein de la ville, cinquante justes, je pardonnerai à toute la contrée à cause d’eux" Si je trouve à Sedom... je pardonnerai à tout l’endroit A toutes les villes. Etant donné que Sedom était leur capitale et la plus importante de toutes, le texte fait tout dépendre d’elle 18,27 Abraham reprit en disant: "De grâce! j’ai entrepris de parler à mon souverain, moi poussière et cendre! J’ai osé (hoalti) J’ai voulu, comme dans : « Mochè consentit (wayoèl) » (Chemoth 2, 21) Moi J’aurais déjà dû être réduit en poussière par les rois, et en cendres par Nimrod, si ta miséricorde ne m’avait soutenu (Beréchith raba 49, 11) 18,28 Peut-être à ces cinquante justes, en manquera-t-il cinq: détruirais-tu, pour cinq, une ville entière?" Il répondit: "Je ne sévirai point, si j'en trouve quarante-cinq" Détruirais-tu Cela ferait neuf par ville, et toi, le juste du monde, tu te compterais avec eux pour compléter (Targoum yonathan) 18,29 Il insista encore, en lui disant: "Peut-être s'y en trouvera-t-il quarante?" II répondit: "Je m'abstiendrai à cause de ces quarante." Peut-être se trouvera-t-il là-bas quarante Qui sauveront quatre villes. De même, trente en sauveront trois, vingt en sauveront deux, et dix en sauveront une 18,30 Il dit: "De grâce, que mon Souverain ne s'irrite point de mes paroles! Peut-être s'en trouvera-til trente?" II répondit: "Je m'abstiendrai, si j'en trouve trente" 18,31 II reprit: "De grâce, puisque j'ai osé parler à mon Souverain, peut-être s'en trouvera-t-il vingt?" II répondit: "Je renoncerai à détruire, en faveur de ces vingt." II dit: 18,32 "De grâce, que mon Souverain ne s'irrite pas, je ne parlerai plus que cette fois. Peut-être s'en trouvera-t-il dix?" II répondit: "Je renoncerai à détruire, en faveur de ces dix." Peut-être s’en trouvera-t-il là-bas dix 109
Il n’a pas demandé pour moins, car il s’est dit : La génération du déluge ne comptait que huit personnes : Noa‘h, ses fils et leurs femmes, et ils n’ont pas réussi à sauver leur génération (Beréchith raba 49, 13). Quant à neuf, il l’avait déjà demandé en leur associant Dieu, mais on ne les avait pas trouvés 18,33 Le Seigneur disparut, lorsqu'il eut achevé de parler à Abraham; et Abraham retourna à sa demeure. Hachem s’en alla Le défenseur ayant cessé de parler, le juge s’en va (Beréchith raba 49, 13) Et Avraham retourna à son endroit Le juge étant parti, le défenseur s’en va aussi (Beréchith raba 49, 14). Reste l’accusateur pour accuser. C’est pourquoi « les deux anges arrivèrent à Sedom » pour anéantir
Chapitre 19 19,1 Les deux envoyés arrivèrent à Sodome le soir. Loth était assis à la porte de Sodome; à leur vue, il se leva au devant d'eux et se prosterna la face contre terre. Les deux anges L’un pour détruire Sedom et l’autre, déjà venu pour guérir Avraham, pour sauver Lot. Quant au troisième, qui était venu pour annoncer à Sara le prochaine naissance d’un fils, il s’en était allé, sa mission étant remplie (Beréchith raba 50, 2, Midrach tan‘houma Wayéra 8) Les anges Tandis que le texte, plus haut, les appelle des « hommes » (supra 18, 2). Lorsque la chekhina était avec eux, on les appelait des « hommes ». Autre explication : Chez Avraham, dont la force était grande, et qui était habitué à recevoir la visite des anges autant que celle des hommes, on les appelle des « hommes ». Chez Lot, en revanche, on les appelle des « anges » (Beréchith raba 50, 2) Le soir Pourquoi les anges ont-ils mis si longtemps pour aller de ‘Hèvron à Sedom ? C’est parce qu’ils étaient des anges de miséricorde (Beréchith raba 50, 1). Ils ont donc attendu, pensant qu’Avraham plaiderait peut-être leur cause avec succès Lot était assis à la porte de Sedom Le mot yochév est écrit sans waw, et peut donc se lire yachav (« il s’est assis »). On l’avait, ce jour-là, institué juge (Beréchith raba 50, 3) Lot les vit C’est chez Avraham qu’il avait appris à pratiquer l’hospitalité (Beréchith raba 50, 4) 110
19,2 Il dit "Ah! de grâce, mes seigneurs, venez dans la maison de votre serviteur, passez-y la nuit, lavez vos pieds; puis, demain matin, vous pourrez continuer votre route." Ils répondirent: "Non, nous coucherons sur la voie publique." Ah ! de grâce Vous êtes comme mes seigneurs, maintenant que vous êtes passés près de chez moi (voir Rachi supra 12, 11). Autre explication : Prenez garde que ces scélérats ne vous reconnaissent pas, et suivez mon conseil Détournez-vous Venez chez moi en faisant un détour, afin qu’ils ne sachent pas que vous êtes entrés chez moi. D’où l’emploi du mot sourou (littéralement : « écartez-vous ») (Beréchith raba 50, 4) Et passez-y la nuit et lavez vos pieds Les gens ont-ils pour habitude de passer d’abord la nuit, et de se laver ensuite ? Avraham leur avait dit de commencer par se laver les pieds (supra 18, 4). Voici quel a été le raisonnement de Lot : Si des gens de Sedom arrivent chez moi et qu’ils constatent qu’ils se sont déjà lavé les pieds, ils m’accuseront de les avoir accueillis chez moi depuis deux ou trois jours et de ne pas les en avoir informés. Mieux vaut donc, s’est-il dit, qu’ils restent avec la poussière à leurs pieds et qu’ils aient l’air d’être arrivés depuis peu. Aussi leur a-t-il déclaré : « passez la nuit » et ensuite : « lavez vos pieds » Ils dirent : Non ! Tandis qu’ils avaient dit à Avraham : « fais ainsi que tu as dit » (supra 18, 5). D’où l’on déduit que l’on peut refuser au plus petit, mais pas au plus grand (Baba Metsi‘a 87a) Nous passerons la nuit sur la voie publique La conjonction ki a ici le sens de èla (« mais »). Ils ont voulu dire : « nous ne nous détournerons pas pour aller chez toi, mais nous passerons la nuit dans une rue de la ville » 19,3 Sur ses vives instances, ils tournèrent de son côté et entrèrent dans sa maison. II leur prépara un repas, fit cuire des galettes et ils mangèrent. Ils se détournèrent vers lui Ils ont pris un chemin détourné pour se rendre chez lui Il fit cuire des matsoth Car c’était Pessa‘h 19,4 Ils n'étaient pas encore couchés, lorsque les gens de la ville, les gens de Sodome, s'attroupèrent autour de la maison, jeunes et vieux; le peuple entier, de tous les coins de la ville. 111
Ils n’étaient pas encore couchés que des hommes de la ville Voici l’explication du Beréchith raba (50, 5) : Avant de se coucher, les anges ont parlé des gens de la ville et ont demandé à Lot qui ils étaient et quelle était leur conduite. Il leur a répondu qu’ils étaient, pour la plupart, des scélérats. Ils étaient encore en train de parler d’eux quand les gens de la ville, les scélérats [dont on venait de parler], se sont attroupés autour de la maison. Quant au sens littéral, c’est parce qu’ils étaient des scélérats qu’on les appelle « les hommes de Sedom », ainsi qu’il est écrit : « et les hommes de Sedom étaient pervers et pécheurs devant Hachem, à un haut degré » (supra 13, 13) Tout le peuple D’un coin de la ville à l’autre. Aucun ne s’y opposait, étant donné qu’il n’y avait pas un seul juste parmi eux (Beréchith raba 50, 5) 19,5 Ils appelèrent Loth et lui dirent: "Où sont les hommes qui sont venus chez toi cette nuit? Faisles sortir vers nous, que nous les connaissions!" Que nous les connaissions Par des rapports intimes, comme dans : « qui n’ont pas connu d’homme » (verset 8) (Beréchith raba) 19,6 Loth alla à leur rencontre, à l'entrée de sa maison, dont il ferma la porte sur lui; 19,7 et il dit: "De grâce, mes frères, ne leur faites point de mal! 19,8 Ecoutez! j'ai deux filles qui n'ont pas encore connu d’homme, je vais vous les amener, faitesleur ce que bon vous semblera; mais ces hommes, ne leur faites rien, car enfin ils sont venus s'abriter sous mon toit." Ces hommes Haél équivaut à haélè (« ceux-ci ») Puisqu’aussi bien ils sont venus Faites cette faveur en mon honneur, parce qu’ils sont venus s’abriter « à l’ombre de ma poutre ». Le Targoum traduit le mot qora par l’araméen charoutha (« poutre ») 19,9 Ils répondirent: "Va-t'en loin d'ici! Cet homme, ajoutèrent-ils, est venu séjourner ici et maintenant il se fait juge! Eh bien, nous te ferons plus de mal qu'à eux!" Ils assaillirent Loth avec violence et s'avancèrent pour briser la porte. Va-t’en au loin (holea) Littéralement : « approche-toi plus loin », c’est-à-dire « approche-toi des côtés et éloigne-toi de nous ». De même toutes les fois que l’on trouve dans le texte le mot holea, il exprime l’idée d’éloignement, comme dans : « en disperser le feu au loin (holea) » (Bamidbar 17 2), ou bien dans : « les flèches sont tombées plus loin (weholea) » (I Chemouel 20, 22). 112
L’expression « va-t’en au loin » signifie donc « retire-toi », en français médiéval : « trais-toi de nous ». C’est une expression de mépris, comme pour dire : « nous n’avons que faire de toi ! », comme dans : « retire-toi, ne me touche pas » -(Yecha’ya, 65, 5), ou bien dans : « approche-toi de moi, et je m’assiérai » (Yecha’ya 49, 20), c’est-à-dire : « retire-toi sur les côtés pour que je puisse m’asseoir à ta place ». [Voici ce que les gens de Sedom ont voulu signifier à Lot :] Tu parles en faveur de ces gens de passage. Comment peux-tu avoir une telle audace ? Comme il leur a parlé de ses filles, ils lui ont dit : « va-t-en au loin », comme dans une expression de satisfaction. Et comme il parlait en faveur de ses invités, ils lui ont dit.. ... Celui-ci est venu séjourner Tu es le seul étranger venu habiter parmi nous Et il veut faire le juge Et tu aurais la prétention de nous réprimander La porte Le panneau de la porte qui tourne pour fermer et ouvrir 19,10 Les voyageurs étendirent la main, firent rentrer Loth dans la maison et fermèrent la porte. 19,11 Et les hommes qui assiégeaient l'entrée de la maison, ils les frappèrent d'éblouissements, petits et grands, qui se fatiguèrent à chercher l’entrée. L’entrée C’est l’ouverture par où l’on entre et l’on sort De cécité C’est le sens du mot sanwérim (voir Yoma 28b) Du plus petit au plus grand Ce sont les petits qui avaient commencé à pécher, ainsi qu’il est écrit : « du jeune homme au vieillard » (verset 4). C’est pourquoi, le châtiment commence par eux (Beréchith raba 50, 8) 19,12 Les voyageurs dirent à Loth: "Quiconque des tiens est encore ici, un gendre, tes fils, tes filles, tout ce que tu as dans cette ville, fais les sortir d’ici. Qui as-tu encore ici Voici le sens littéral du verset : qui as-tu encore dans cette ville, à part ta femme et tes filles qui sont dans ta maison Un gendre Si tu as un gendre, ou des fils ou des filles, fais-les sortir d’ici 113
Tes fils Les fils de tes filles mariées. Le midrach explique le mot ‘od (« encore ») comme voulant dire : du moment qu’ils sont capables de telles infamies, comment peux-tu « encore » ouvrir la bouche pour prendre leur défense ? Parce qu’il avait, toute la nuit durant, parlé en leur faveur, de sorte que le mot po (« ici ») est à lire pè (« bouche ») 19,13 Car nous allons détruire cette contrée, la clameur contre elle a été grande devant le Seigneur et le Seigneur nous a donné mission de la détruire." 19,14 Loth sortit, alla parler à ses gendres, époux de ses filles et dit: "Venez, abandonnez ce lieu, car l'Éternel va détruire la cité!" Mais il fut, aux yeux de ses gendres, comme un homme qui plaisante. Ses gendres Il avait deux filles mariées en ville (Beréchith raba 50) Qui avaient pris ses filles Auxquels étaient fiancées celles qui étaient encore à la maison 19,15 Comme l'aube paraissait, les envoyés pressèrent Loth, en disant: "Debout! emmène ta femme et tes deux filles ici présentes, si tu ne veux point périr pour les crimes de cette ville." Le pressèrent Le Targoum le traduit par : « ils firent se hâter » Qui se trouvent ici Dans ta maison, prêtes à être sauvées. Le midrach propose une autre explication, mais tel est le sens réel du texte Que tu ne sois détruit Que tu périsses, comme dans : « jusqu’à ce que disparaisse toute la génération » (Devarim 2, 14), où le Targoum emploie le même mot araméen qu’ici 19,16 Comme il tardait, ces hommes le prirent par la main, ainsi que sa femme et ses deux filles, l'Éternel voulant l'épargner; ils l'emmenèrent et le laissèrent hors de la ville. Comme il tardait Afin de sauver ses biens (Beréchith raba 50, 11) Les hommes saisirent
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L’un des anges avait pour mission de le sauver, et l’autre celle de détruire Sedom. C’est pourquoi il est écrit au verset suivant : « il lui dit : sauve ta vie », et non pas : « ils lui dirent » (ibid.) 19,17 Lorsqu'ils les eurent conduits dehors, l'un d'eux lui dit: "Songe à sauver ta vie; ne regarde pas en arrière et ne t'arrête pas dans toute cette région; fuis vers la montagne, de crainte de périr." Sauve ta vie Qu’il te suffise de sauver les vies, ne te préoccupe pas de tes biens Ne regarde pas derrière toi Tu as fait le mal comme eux, et c’est par le mérite d’Avraham que tu es sauvé. Tu ne mérites pas de voir leur châtiment, alors que toi tu as été épargné Dans toute la plaine La plaine du Yardén Sauve-toi vers la montagne Il s’est enfui en direction de chez Avraham, lequel résidait dans la montagne, ainsi qu’il est écrit : « il se transporta de là vers la montagne » (supra 12, 8), et qui y demeurait encore à ce moment-là, ainsi qu’il est écrit : « jusqu’à l’endroit où avait été sa tente la première fois » (supra 13, 3). Et bien qu’il soit écrit : « Avram dressa sa tente... » (supra 13, 18), nous savons qu’il avait beaucoup de tentes et qu’elles s’étendaient jusqu’à ‘Hèvron Sauve-toi C’est l’idée de glisser. Chaque fois que l’on trouve dans le texte le mot himalét, il équivaut au mot français médiéval « esmucier ». De même dans : « elle a été délivrée d’un mâle » (Yecha’ya, 66, 7), où l’embryon s’est glissé (wehimlita) hors du sein maternel. « Notre âme s’est sauvée (nimleta) comme un oiseau » (Tehilim 124, 7), « ils n’ont pu se défaire (malét) du fardeau » (Yecha’ya 46, 2), c’est-à-dire « laisser glisser les excréments qui chargent leurs entrailles », [s’agissant des idoles] 19,18 Loth leur répondit: "Oh! non, mes seigneurs! De grâce Nos maîtres ont enseigné (Chevou‘oth 35b) que ce nom est sacré, [comme s’adressant à Dieu]. Il est en effet écrit au verset suivant : « en me conservant la vie ». Il ne peut donc s’appliquer qu’à Celui qui a le pouvoir de faire mourir et de faire vivre. Traduction du Targoum : « de grâce, Hachem » De grâce Ne me dites pas d’aller me sauver vers la montagne 115
De grâce C’est une supplication 19,19 Certes, déjà ton serviteur a trouvé grâce à tes yeux et tu m'as accordé une grande faveur en me conservant la vie; mais moi, je ne saurais fuir jusque sur la montagne, le fléau m'atteindrait auparavant et je mourrais. De peur que le mal ne m’atteigne Lorsque je vivais au sein de la population de Sedom, le Saint béni soit-Il considérait mes actes par rapport à ceux des habitants de la ville. J’apparaissais alors comme un juste, digne d’être sauvé, tandis que lorsque j’arriverai chez un juste, je serai considéré comme un scélérat. C’est ce que dit la femme de Tsarfath à Eliyahou : « tu es venu chez moi pour évoquer mes fautes » (I Melakhim 17, 18) : Avant que tu ne viennes chez moi, le Saint béni soit-Il considérait mes actes par rapport à ceux des gens de mon peuple, et j’apparaissais comme une femme « juste » parmi eux. Mais depuis que tu es venu chez moi, par rapport à tes actes, je ne suis qu’une impie (Beréchith raba 50, 11) 19,20 Vois plutôt, cette ville-ci est assez proche pour que je m'y réfugie et elle est peu importante; puissé-je donc y fuir, vu son peu d'importance et y avoir la vie sauve!" Cette ville-là est proche Sa création est assez proche. Elle a été fondée il y a peu de temps, de sorte que son péché n’a pas encore atteint son comble (Chabath 10b). Et à quand remonte cette création si récente ? A la dispersion de la tour de Bavel, quand les hommes ont été éparpillés et ont commencé de s’installer chacun en son lieu. C’était l’année de la mort de Pèlèg, soit cinquante-deux ans plus tôt, étant donné que Pèlèg est mort dans la quarante-huitième année d’Avraham. Comment cela ? Pèlèg a vécu deux cent neuf ans après avoir engendré Reou (supra 11, 19). Si l’on en déduit trente-deux ans jusqu’à la naissance de Seroug (verset 20), et trente ans de Seroug jusqu’à la naissance de Na‘hor (verset 22), soit au total soixante-deux ans, plus vingtneuf ans de Na‘hor jusqu’à la naissance de Tèra‘h (verset 24), cela donne quatre-vingt-onze ans. De là jusqu’à la naissance d’Avraham, soixante-dix ans (verset 26), ce qui donne cent soixante et un ans. Ajoutons les quarante-huit ans [correspondant à l’âge d’Avraham à la mort de Pèlèg], cela donne deux cent neuf ans, et cette année avait été celle de la dispersion. A la destruction de Sedom, Avraham était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans. Cinquante-deux ans s’étaient donc écoulés depuis la dispersion. Tso‘ar a été fondée une année seulement après Sedom et les autres villes, ainsi qu’il est écrit : imalta na (« je voudrais me sauver, de grâce »). Na (« de grâce ») a pour valeur numérique cinquante et un Et elle est petite Ses fautes sont en petit nombre, de sorte que tu peux l’épargner. Telle est l’explication du midrach Mon âme vivra Voici le sens littéral : N’est-ce pas une petite ville avec peu d’habitants ? Tu n’as pas besoin d’être sévère, tu peux l’épargner, et que mon âme y reste en vie 116
19,21 II lui répondit: "Eh bien! je te favoriserai encore en ceci, en ne bouleversant point la ville dont tu parles. En cette chose aussi Non seulement tu seras sauvé, mais je sauverai également toute la ville à cause de toi De ne pas détruire Dans le mot hofri (« détruire »), le suffixe en yod désigne le sujet du verbe : « “je” détruis », comme dans : ‘ad boï (« avant que je vienne ») (infra 48, 5). A‘haré roï (« après qu’Il m’a vu ») (supra 16, 13). Middé dabri bo (« plus j’en parle ») (Yirmeya, 31, 20) 19,22 Hâte-toi, cours-y! car je ne puis agir que tu n'y sois arrivé." Voilà pourquoi l'on a appelé cette ville Çoar. Car je ne pourrai rien faire C’est la punition infligée aux anges pour avoir dit : « car nous allons détruire » (verset 13), comme si cela dépendait d’eux (Beréchith raba 50, 9). Aussi ont-ils dû convenir, avant de pouvoir partir, qu’ils n’agissaient pas de leur propre pouvoir Car je ne pourrai Au singulier. D’où l’on apprend que l’un d’eux était chargé de détruire, et l’autre de sauver, deux anges n’étant jamais chargés de remplir la même mission C’est pourquoi on a appelé le nom de la ville Tso‘ar Parce qu’elle était petite (mits‘ar) (verset 20) 19,23 Le soleil avait paru sur la terre, lorsque Loth arriva à Çoar. 19,24 L'Éternel fit pleuvoir sur Sodome et sur Gommorrhe du soufre et du feu; l'Éternel lui-même, du haut des cieux. Et Hachem fit pleuvoir Toutes les fois qu’il est écrit : « “et” Hachem », il s’agit de Lui et de Son beith din (Beréchith raba 51, 2) Fit pleuvoir sur Sedom A l’aube, ainsi qu’il est écrit : « et comme l’aube se levait » (verset 15). A l’heure où la lune est encore dans le ciel alors que le soleil est en train de se lever. Etant donné que certains d’entre eux adoraient le soleil, et d’autres la lune, le Saint béni soit-Il a dit : « Si je les punis le jour, ceux qui adorent la lune diront : “Si cela s’était passé de nuit, sous le règne de la lune, nous n’aurions pas été détruits !” Et si je les punis la nuit, ceux qui adorent le soleil diront : “Si cela s’était passé de jour, sous le règne du soleil, nous n’aurions pas été détruits !” ». C’est 117
pourquoi il est écrit : « comme l’aube paraissait », Dieu les ayant punis à une heure où le soleil et la lune règnent ensemble (Beréchith raba 50, 12) Hachem fit pleuvoir... du soufre et du feu D’abord de la pluie, laquelle est devenue soufre et feu Venant de Hachem C’est la manière de s’exprimer de la Tora (Sanhèdrin 38b), comme dans (supra 4, 23) : « Lèmekh dit à ses femmes : ... Femmes de Lèmekh... », et non pas : « mes femmes ! ». De même Dawid : « faites-vous accompagner par les serviteurs de votre maître » (I Melakhim 1, 33), et non : « par mes serviteurs ». De même Assuérus : « au nom du roi » (Esther 8, 8), et non : « en mon nom ». De même ici : « venant de Hachem », et non : « venant de Lui » Venant des cieux C’est ce que dit le verset : « car Il se sert d’eux pour juger les peuples... » (Iyov 36, 31) (Midrach tan‘houma Wayéra 10). Lorsqu’Il vient punir les créatures, Il amène sur elles du feu venant des cieux, comme Il l’a fait à Sedom. Et lorsqu’Il vient faire descendre la manne du ciel, il dit : « je vais faire pleuvoir pour vous une nourriture “céleste” » (Chemoth 16, 4) 19,25 II détruisit ces villes, toute la plaine, tous les habitants de ces villes et la végétation du sol. Il ruina ces villes Elles se trouvaient toutes les quatre, [Sedom, ‘Amora, Adma et Tsevoyim], sur un même rocher (Midrach tan‘houma Wayéra 22), et Il les a retournées de haut en bas, ainsi qu’il est écrit : « Il porte la main sur le granit, et Il remue les montagnes jusqu’à leur racine » (Iyov 28, 9) 19,26 La femme de Loth, ayant regardé en arrière, devint une statue de sel. Sa femme regarda en derrière Derrière Lot Elle devint un bloc de sel C’est par le sel qu’elle avait péché, c’est par le sel qu’elle a été punie. Lot lui avait dit : « donne un peu de sel à nos invités ! », ce à quoi elle avait rétorqué : « Cette vilaine coutume, tu viens la pratiquer ici aussi ! » (Beréchith raba 50, 4) 19,27 Abraham se dirigea de bon matin vers l'endroit où il s'était tenu devant le Seigneur. 19,28 II considéra l'aspect de Sodome et de Gommorrhe et l'aspect de toute la plaine; et il remarqua qu'une exhalaison s'élevait de la terre, semblable à la fumée d'une fournaise. La fumée 118
Une colonne de fumée. En français médiéval : « torche » D’une fournaise Un trou creusé où l’on brûle les pierres pour en faire de la chaux. Le mot kivchan (« fournaise ») désigne toujours dans la Tora un four à chaux 19,29 Mais, lorsque Dieu détruisit les villes de la plaine, il s'était souvenu d'Abraham; il avait fait échapper Loth du milieu de la subversion, tandis qu'il bouleversait la contrée où avait demeuré Loth. Eloqim se souvint d’Avraham En quoi s’est-Il souvenu d’Avraham ? Il s’en est souvenu au sujet de Lot. Lot savait que Sara était la femme d’Avraham, et il avait entendu Avraham répondre aux Egyptiens qu’elle était « sa sœur ». Pris de pitié pour Avraham, il avait gardé le silence. C’est pourquoi le Saint béni soit-Il a eu à Son tour pitié de lui (Beréchith raba 51, 6) 19,30 Loth monta de Çoar et s'établit dans la montagne avec ses deux filles, car il n'osait rester à Çoar; iI demeura dans une caverne, lui et ses deux filles. Car il craignait de s’installer à Tso‘ar Parce que proche de Sedom 19,31 L'aînée dit à la plus jeune: "Notre père est âgé et il n'y a plus d'homme dans le monde, pour s'unir à nous selon l'usage de toute la terre. Notre père est vieux Et si ce n’est maintenant, alors quand ? Peut-être mourra-t-il, ou bien ne pourra-t-il plus engendrer Et il n’y a plus d’homme sur terre Elles pensaient que le monde entier avait été détruit, comme au temps du déluge (Beréchith raba 51, 8) 19,32 Eh bien! enivrons de vin notre père, partageons sa couche et par notre père nous obtiendrons une postérité." 19,33 Elles firent boire du vin à leur père cette même nuit; la fille aînée vint partager sa couche et il ne la reconnut point lorsqu'elle se coucha ni lorsqu'elle se leva. Elles firent boire ... – Il s’est trouvé du vin dans la caverne pour leur faire donner naissance à deux nations (Sifri, ‘Eqèv 43) L’aînée vint 119
Tandis qu’il est écrit au sujet de la cadette : « elle se leva, coucha avec lui » (verset 35). Ce n’est pas elle qui a pris l’initiative de se débaucher, mais elle y a été initiée par sa sœur. Aussi texte s’exprime-t-il avec d’indulgence et ne parle-t-il pas ouvertement de son abjection. Tandis que pour l’aînée, qui a été la première, il s’exprime franchement (Bamidbar raba 20, 22) Lorsqu’elle se leva Le waw du mot weqouma (« lorsqu’elle se leva ») est surmonté d’un point, [alors qu’il ne l’est pas au verset 35 pour la cadette]. Ce qui veut dire qu’il l’a su lorsque l’aînée s’est levée, mais cela ne l’a pas retenu de boire la nuit suivante (Horayoth 10b, Sifri, Beha’alothekha 69). Rabi Léwi a enseigné : Celui qui se laisse entraîner à la débauche finira par dévorer sa propre chair [en se livrant à l’inceste] (Beréchith raba 51, 9) 19,34 Puis, le lendemain, l'aînée dit à la plus jeune: "Voici, j'ai partagé hier la couche de mon père; enivrons-le encore cette nuit, tu iras partager son lit et nous recevrons de notre père une postérité." 19,35 Elles firent boire, cette nuit encore du vin à leur père; la cadette se leva, vint à ses côtés et il ne la reconnut point lors de son coucher et de son lever. 19,36 Les deux filles de Loth conçurent du fait de leur père. Elles conçurent Bien qu’une femme ne devienne pas enceinte dès le premier rapport, celles-ci se sont contrôlées, ont exhibé leur nudité et ont conçu au premier rapport (Beréchith raba 51, 9) 19,37 La première eut un fils, qu'elle appela Moab; ce fut le père des Moabites qui subsistent aujourd'hui. Moav Celle qui manquait de pudeur a révélé publiquement que son fils venait de son père (méav), tandis que la cadette lui a attribué un nom plus discret (Baba Qama 38b). Elle a reçu sa récompense à l’époque de Mochè, ainsi qu’il est écrit : « les enfants d’Ammon, ne les attaque pas, ne les provoque pas » (Devarim 2, 19), tandis que Moav, il n’est interdit que de lui faire la guerre, pas de le provoquer (Devarim 2, 9) 19,38 La seconde, elle aussi, enfanta un fils et le nomma Ben-Ammi; ce fut le père des Ammonites qui subsistent aujourd'hui.
Chapitre 20 20,1 Abraham quitta ce lieu pour la contrée du Midi; il s'établit entre Cadès et Chour et séjourna à Gherar. Avraham partit de là 120
Lorsqu’il vit que les villes avaient été détruites, et qu’il n’y avait plus d’allées et venues de voyageurs, il partit de là (Beréchith raba 52, 3). Autre explication : afin de s’éloigner de Lot qui s’était discrédité en cohabitant avec ses filles (Beréchith raba 52, 4) 20,2 Abraham disait de Sara, sa femme: "Elle est ma sœur": Abimélec, roi de Gherar, envoya prendre Sara. Avraham disait Il ne lui en pas, ici, demandé l’autorisation, mais il l’a fait malgré elle et sans son accord, puisqu’elle avait déjà été conduite chez Pharaon pour la même raison De Sara La préposition èl équivaut ici à la préposition ‘al. De même : « En raison de ce que (èl) l’arche de Dieu avait été prise et à cause de (weèl) son beau-père et de son mari » (I Chemouel 4, 21). La préposition èl est employée, dans les deux cas, dans le sens de ‘al (« au sujet de ») 20,3 Le Seigneur visita Abimélec dans un songe nocturne et lui dit: "Tu vas mourir, à cause de cette femme que tu as prise et qui est en puissance de mari." 20,4 Or, Abimélec n'avait pas approché d'elle. II dit: "Seigneur! frapperais-tu donc aussi un peuple innocent? Il n’avait pas approché d’elle L’ange l’en avait empêché, ainsi qu’il est écrit : « c’est pourquoi je ne t’ai pas laissé la toucher » (verset 6) Tuerais-tu donc aussi un peuple juste Même « juste », tu le tuerais ? Peut-être est-ce ta manière d’agir : détruire les peuples sans aucun motif ? C’est bien ce que tu as fait à la génération du déluge et à la génération de la tour de Bavel ! J’affirme que tu les as tués pour rien, tout comme tu veux me tuer moi-même ! (Beréchith raba 52, 6) 20,5 Quoi! ne m'a-t-il pas dit: ’Elle est ma sœur?’ et elle, elle aussi, a dit: ‘II est mon frère.’ C'est avec un cœur innocent et des mains pures que j'ai agi ainsi." Et elle aussi Y compris ses serviteurs, ses chameliers et ses âniers. Je leur ai posé à tous la question, et ils m’ont répondu : « C’est son frère ! » Dans l’intégrité de mon cœur Parce que je n’avais pas l’intention de pécher Et la propreté de mes mains 121
Je suis pur de tout péché, puisque je ne l’ai pas touchée 20,6 Dieu lui répondit dans le songe: "Moi aussi je savais que tu avais agi ainsi dans la simplicité de ton cœur et j'ai voulu, de mon côté, te préserver de m'offenser; aussi ne t'ai-je pas permis d'approcher d'elle. Je savais que tu avais fait cela dans l’intégrité de ton cœur Il est vrai que tu n’as pas eu d’emblée l’intention de pécher. Tu ne saurais cependant prétendre à la propreté de tes mains Je ne tai pas laissé étant donné que ce n’est pas de toi-même que tu ne l’as pas touchée, mais à cause de moi qui t’ai empêché de mal faire en ne t’en donnant pas la force. Comme dans : « et Eloqim ne lui a pas permis » (infra 31, 7), « et son père ne lui a pas permis de venir » (Choftim 15, 1) 20,7 Et maintenant, restitue l'épouse de cet homme, car il est prophète; il priera pour toi et tu vivras. Que si tu ne la rends pas, sache que tu mourras, toi et tous les tiens!" Restitue la femme de cet homme Et ne crains pas qu’elle puisse être déshonorée à ses yeux, qu’il puisse refuser de la reprendre, qu’il la haïsse et qu’il ne veuille pas prier pour toi Car il est prophète Et donc il sait que tu ne l’as pas touchée (Beréchith raba 52, 8). C’est pourquoi « il priera pour toi » 20,8 Abimélec se leva de bonne heure, appela tous ses serviteurs et leur fit entendre toutes ces choses; ces hommes furent fort effrayés. 20,9 Abimélec manda Abraham et lui dit "Que nous as-tu fait! et qu'avais-je commis envers toi, pour que tu exposasses moi et mon royaume à un péché grave? Tu as fait à mon égard des choses qui ne doivent point se faire!" Des choses qui ne devraient pas se faire Nous avons été frappés, à cause de toi, par des maux qui ne s’abattent pas ordinairement sur les créatures : une obstruction de tous les canaux : les conduits génitaux, urinaires, excrémentiels, ainsi que les oreilles et le nez (Baba Qama 92a) 20,10 Abimélec dit encore à Abraham: "Qu'avais-tu en vue, en agissant de la sorte?" 20,11 Abraham répondit: "C'est que je pensais:‘Pour peu que la crainte de Dieu ne règne pas dans ce pays, ils me tueront à cause de ma femme. Certes 122
Quand un étranger arrive dans ne ville, est-ce au sujet de ce qu’il veut manger et boire qu’on lui pose des questions, ou au sujet de sa femme qu’on l’interroge : « Est-elle ta femme ou ta sœur ? » [Il est évident que si l’on s’informe sur la femme qui l’accompagne, cette forme de curiosité exclut toute crainte de Dieu. 20,12 Et d'ailleurs, de fait, elle est ma sœur, la fille de mon père, mais non la fille de ma mère et elle m'appartient comme épouse. Elle est ma sœur Le mariage avec sa demi-sœur par le père était permis aux Noa‘hides, la filiation paternelle n’étant pas prise en considération chez les idolâtres (Sanhèdrin 58b). Il leur a fait cette réponse pour ne pas démentir ses premières paroles [où il la présentait comme sa sœur]. Sans doute objecteras-tu qu’elle était en réalité la fille de son frère (voir supra 11, 29). [Elle était par conséquent la petite-fille de Tèra‘h, le père d’Avraham] C’est que les petits-enfants sont considérés comme les enfants. C’est donc comme si elle était la fille de Tèra‘h. De même Avraham a dit à Lot : « car nous sommes frères » (supra 13, 8) Mais non fille de ma mère Haran, le père de Sara, était fils d’une autre mère que celle d’Avraham (Baba Qama 92a) 20,13 Or, lorsque Dieu me fit errer loin de la maison de mon père, je lui dis: ‘Voici la grâce que tu me feras. Dans tous les lieux où nous irons, dis que je suis ton frère." Lorsque Eloqim me fit errer Le Targoum Onqelos traduit à sa manière. Mais on peut l’expliquer d’une autre façon, tout aussi appropriée : Lorsque le Saint béni soit-Il m’a fait sortir de la maison paternelle et que je me suis trouvé errant et ballotté d’un lieu à l’autre, je savais qu’il m’arriverait de passer dans un endroit habité par des « scélérats ». Voilà pourquoi « je lui ai dit : voici la bonté que tu me feras » Lorsqu’Il me fit errer Le verbe hith‘ou est au pluriel, et il ne faut pas s’en étonner. Il arrive très fréquemment que le texte mette au pluriel les termes qui expriment la notion de « divinité » ou celle de « puissance ». Ainsi : « Dieu est allé (holkhou) » (II Chemouel, 7,23). « Dieu vivant (‘hayim) » (Devarim 5, 23). « Dieu saint (qedochim) » (Yehochou‘a 24, 19). De même pour la notion de puissance ou d’autorité : « le maître (adoné) de Yossef » (Beréchith, 39,20). « Maître des maîtres (adoné haadonim) (Devarim, 10,17). « Le maître (adoné) du pays » (Beréchith, 42, 30). De même pour le mot ba’al : « si son propriétaire (be’alaw) se trouvait avec lui » (Chemoth 22, 15). « Son maître (be’alaw), averti » (Chemoth 21, 29). Sans doute te demanderas-tu pourquoi Avraham emploie ici le mot « errer ». C’est parce qu’être exilé de son pays sans avoir de résidence stable, cela s’appelle « errer », comme dans : « elle s’en alla, elle erra » (infra 21, 14), « j’ai erré comme une brebis perdue » (Tehilim 119, 176), « ils errent sans nourriture » (Iyov 38, 41), c’est-à-dire : ils errent, dispersés, à la recherche de nourriture Dis de moi 123
Dis à mon sujet, comme dans : « les hommes de l’endroit demandèrent au sujet de sa femme » (infra 26, 7), « Pharaon dira au sujet des enfants d’Israël » (Chemoth 14, 3), « de peur qu’ils ne disent, à mon sujet : une femme l’a tué » (Choftim 9, 54) 20,14 Abimélec choisit des pièces de menu et de gros bétail, des esclaves mâles et femelles, en fit présent à Abraham et lui restitua Sara son épouse. Il les donna à Avraham Afin de se le concilier, et pour qu’il prie pour lui 20,15 Et il lui dit: "Voici mon territoire devant toi, établis-toi où bon te semblera." Voici mon pays devant toi Tandis que Pharaon lui avait dit : « voici ta femme, prends-la et va ! » (supra 12, 19). C’est parce qu’il avait peur, sachant les Egyptiens enracinés dans l’immoralité (Midrach tan‘houma Lèkh lekha 5) 20,16 Et à Sara il dit: "Voici, j'ai donné mille pièces d'argent à ton parent: certes! il est pour toi comme un voile contre quiconque t'approcherait; tous, tu peux les regarder en face." Et à Sara il dit Avimèlekh lui parle ainsi, par égard pour son honneur, afin de la fléchir : « Je te rends ce témoignage d’honneur. J’ai donné mille pièces d’argent à ton frère A celui dont tu m’as dit qu’il était ton frère. Que cet argent et ce témoignage d’honneur « te soient un voile sur les yeux » Pour tous ceux qui sont avec toi Ils leur couvriront les yeux afin qu’ils ne te méprisent pas. Car si je te renvoyais les mains vides, il s’en trouverait pour dire : « Il la chasse de chez lui après avoir abusé d’elle ! » Mais du moment que j’ai dû engager une telle dépense pour te fléchir, tout le monde comprendra que c’est sous la contrainte, et par l’effet d’un miracle, que je t’ai renvoyée Et auprès de tous De tous les êtres humains Tu seras justifiée Tu auras matière à te justifier de la manière la plus évidente. Le verbe wenokha‘hath, qui est à la forme hiph’il, veut toujours dire « prouver les choses », en français médiéval : « esprover ». Le Targoum Onqelos traduit différemment, et voici comment sa traduction s’accorde avec le texte : Ce sera pour toi un « voile » d’honneur destiné à couvrir mes yeux qui ont eu l’audace 124
de te regarder, toi et tous ceux qui sont avec toi. Il existe des midrachim, mais mon explication s’en tient au sens précis des mots 20,17 Abraham intercéda auprès de Dieu, qui guérit Abimélec, sa femme et ses servantes, de sorte qu'elles purent enfanter. Ils engendrèrent Comme le traduit le Targoum : « ils furent élargis ». En ce sens que les canaux obstrués ont été rouverts et ont pu remplir leur office. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre le terme « engendrer » 20,18 Car Dieu avait fermé toute matrice dans la maison d'Abimélec, à cause de Sara, épouse d'Abraham. Toute matrice Comme une porte que l’on ferme A cause de (‘al devar – littéralement : « sur la parole de ») Sara A prendre au sens le plus littéral : sur la demande formelle de Sara (Beréchith raba 52, 13)
Chapitre 21 21,1 Or, l'Éternel s'était souvenu de Sara, comme il l'avait dit et il fit à Sara ainsi qu'il l'avait annoncé. Hachem s’était souvenu de Sara Ce chapitre, qui fait immédiatement suite à celui relatif à la guérison d’Avimèlekh, vient t’enseigner que celui qui demande miséricorde pour son prochain et qui a besoin pour luimême de la même faveur est exaucé en premier, ainsi qu’il est écrit : « Avraham pria Eloqim, Eloqim guérit Avimèlekh » (supra 20, 17), aussitôt suivi de : « Hachem s’était souvenu de Sara ». Il s’en était souvenu avant même de guérir Avimèlekh (Baba Qama 92a) S’était souvenu de Sara En la faisant devenir enceinte Comme Il avait parlé En la faisant accoucher. Et où avait-Il « dit » (amar) ? Où avait-Il « parlé » (dibér) ? Il a « dit » : « Eloqim dit (amar) : Certes, Sara, ta femme, t’engendrera un fils » (supra 17, 19). Il a « parlé » : « après ces choses-là, la parole (devar) de Hachem s’adressa à Avram » (supra 15, 1), lors de l’alliance « entre les morceaux ». C’est alors qu’il lui a été spécifié : « celui-là [à savoir Eli’èzer] n’héritera pas de toi » (supra 15, 4), ton héritier devant être engendré par Sara Hachem fit à Sara comme Il avait parlé 125
A Avraham 21,2 Sara conçut et enfanta un fils à Abraham quoiqu’âgé, à l'époque précise où Dieu l'avait promis. A l’époque précise dont Eloqim lui (otho) avait parlé Il résulte de la traduction du Targoum que le mot otho désigne « l’époque », [en tant que complément direct du verbe « avait parlé », et non Avraham, en tant que complément d’attribution], tel qu’Il l’avait déterminée lorsqu’Il lui a dit : « au terme fixé, je reviendrai vers toi quand le terme sera là » (supra 18, 14). Il a gravé une entaille sur le mur et lui a dit : « Lorsque le soleil reviendra l’année prochaine sur cette entaille, Sara aura un fils » (Midrach tan‘houma Wayéra 36) 21,3 Abraham nomma le fils qui venait de lui naître, que Sara lui avait donné, Isaac. 21,4 Abraham circoncit Isaac, son fils, à l'âge de huit jours, comme Dieu le lui avait ordonné. 21,5 Or, Abraham était âgé de cent ans, lorsqu’Isaac son fils vint au monde. 21,6 Sara dit: "Dieu m'a donné une félicité et quiconque l'apprendra me félicitera." Me félicitera Se réjouira pour moi. Et le midrach explique : De nombreuses femmes stériles sont devenues enceintes en même temps qu’elle, beaucoup de malades ont été guéris ce jour-là, de nombreuses prières ont été exaucées comme les siennes, il y a eu une grande joie dans le monde (Beréchith raba 53, 8) 21,7 Elle dit encore "Qui eût dit à Abraham que Sara allaiterait des enfants? Eh bien, j'ai donné un fils à sa vieillesse!" Qui eût dit à Avraham Ces mots expriment une idée de louange et de reconnaissance de la grandeur de Dieu : « Voyez qui Il est et comme Il a tenu Sa promesse ! Ce que promet le Saint béni soit-Il, Il l’accomplit ! Eût dit Le texte emploie ici un mot inusité (millél) au lieu de dibèr (« dit »). La valeur numérique de millél est cent, comme pour dire : « quand Avraham aura cent ans » (Beréchith raba 53, 9) Que Sara allaiterait des fils Pourquoi le mot « fils » est-il au pluriel ? Le jour du festin, les princesses sont arrivées chacune avec son nourrisson, et elle les a tous allaités. Car elles disaient : « Sara n’a pas enfanté, mais elle a ramené un enfant trouvé dans la rue ! » (Baba Metsi‘a 87a) 21,8 126
L'enfant grandit,Il fut sevré. Abraham fit un grand festin le jour où l'on sevra Isaac. Il fut sevré Après vingt-quatre mois (Ketouvoth 60a) Un grand festin Parce que les « grands » de la génération y ont participé : Chem, ‘Evèr et Avimèlekh (Beréchith raba 53) 21,9 Sara vit le fils d'Agar l'Egyptienne, que celle-ci avait enfanté à Abraham, se livrer à des railleries; Se livrer à des railleries (metsa‘héq) Il s’agit d’idolâtrie (Beréchith raba 53, 11), ainsi qu’il est écrit [à propos du veau d’or] : « ils se sont livrés à des réjouissances (letsa‘heq) » (Chemoth 32, 6). Autre explication : Il s’agit de l’adultère, ainsi qu’il est écrit : « le serviteur hébreu que tu nous as amené est venu vers moi pour se moquer de moi (letsa‘heq) » (infra 39, 17). Autre explication : Il s’agit du meurtre, ainsi qu’il est écrit : « Que les plus jeunes s’avancent et s’escriment (weyis‘haqou)... et ils passèrent leur épée dans le flanc l’un de l’autre » (II Chemouel 2, 14) . Yichma‘el se disputait avec Yits‘haq à propos de l’héritage, et disait : « C’est moi l’aîné et je prendrai double part ! ». Ils sortaient dans les champs, et Yichma‘el prenait son arc et lui lançait des flèches, ainsi qu’il est écrit : « Comme celui qui s’amuse à lancer des brandons, des flèches meurtrières, et dit : “mais je plaisantais !” » (Michlei 26, 18-19) 21,10 et elle dit à Abraham: "Renvoie cette esclave et son fils; car le fils de cette esclave n'héritera point avec mon fils, avec Isaac." Avec mon fils Du moment qu’il est mon fils, même s’il ne possède pas les mérites de Yits‘haq. Ou du moment qu’il a les mérites de Yits‘haq, même s’il n’avait pas été pas mon fils, celui-ci (Yichma‘el) n’est pas digne de partager l’héritage avec lui. A plus forte raison « avec mon fils, avec Yits‘haq », les deux qualités étant réunies (Beréchith raba) 21,11 La chose déplut fort à Abraham, à cause de son fils. A cause de son fils Il avait entendu que Yichma‘el s’était détourné du droit chemin (Midrach tan‘houma Chemoth 1) Et d’après le sens littéral : il lui a déplu que Sara lui ait demandé de le renvoyer 21,12 Mais Dieu dit à Abraham: "Ne sois pas mécontent au sujet de cet enfant et de ton esclave; pour tout ce que Sara te dit, obéis à sa voix: car c'est la postérité d'Isaac qui portera ton nom. Ecoute sa voix D’où nous apprenons qu’Avraham était inférieur à Sara en prophétie 127
21,13 Mais le fils de cette esclave aussi, je le ferai devenir une nation, parce qu'il est ta progéniture." 21,14 Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre pleine d'eau, les remit à Agar en les lui posant sur l'épaule, ainsi que l'enfant et la renvoya. Elle s'en alla et s'égara dans le désert de Beer Shava. Du pain et une cruche d’eau Et pas d’argent ni d’or, par aversion pour la mauvaise direction qu’il avait prise Ainsi que l’enfant L’enfant aussi, il l’a placé sur l’épaule de Hagar, parce que Sara lui avait jeté le mauvais œil, de sorte qu’il avait attrapé une fièvre et ne pouvait plus marcher (Beréchith raba 53, 13) Elle s’en alla Elle est retournée aux idoles de la maison de son père (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 30) 21,15 Quand l'eau de l'outre fut épuisée, elle abandonna l'enfant au pied d'un arbre. L’eau fut épuisée Parce que les malades boivent généralement beaucoup 21,16 EIle alla s'asseoir du côté opposé, à la distance d'un trait d'arc, en se disant: "Je ne veux pas voir mourir cet enfant"; et ainsi assise du côté opposé, elle éleva la voix et pleura. Du côté vis-à-vis A distance D’une portée d’arc Le mot kimta‘hawé (« d’une portée ») étant au pluriel signifie : « de deux portées ». Il exprime, dans le vocabulaire de la michna, l’idée de « lancement » d’une flèche : « Il a “lancé” sur sa femme » (Sanhèdrin 46a), la semence étant « lancée » comme une flèche. Et si tu objectes qu’il aurait dû être écrit kimta‘hé (au lieu de kimta‘hawé), je répondrai que l’on insère souvent un waw à l’intérieur d’un mot, comme dans : « dans les fentes (be‘hagwé) du rocher » (Chir hachirim 2, 14), le mot ’hagwé venant de la racine ‘haga, comme dans : « et la terre de Yehouda deviendra une brisure (le‘haga) pour l’Egypte » (Yecha’ya 19, 17), ou dans : « ils chancellent (ya‘hoggou) et titubent comme un homme ivre » (Tehilim 107, 27), ou encore : « les limites (qatswé au lieu de qetsé) de la terre » (Tehilim 65, 6) Elle s’assit vis-à-vis [Alors qu’il vient d’être dit qu’elle est allée s’asseoir.] : Comme il était sur le point de mourir, elle s’éloigna davantage 21,17 128
Dieu entendit le gémissement de l'enfant. Un messager du Seigneur appela Agar du haut des cieux et lui dit "Qu'as-tu, Agar? Sois sans crainte, car Dieu a entendu la voix de l'enfant s'élever de l'endroit où il gît. La voix de l’enfant De là nous apprenons que la prière du malade lui-même vaut davantage que celle que les autres récitent pour lui, car elle est exaucée en premier (Beréchith raba 53, 14) Là où il est [C’est-à-dire : « tel qu’il est ».] Il est jugé d’après les actes qu’il accomplit maintenant, et non d’après ceux qu’il exécutera plus tard (Roch haChana 16b). Les anges de service portaient accusation contre Yichma’él en disant : « Maître de l’univers ! Comment peux-tu faire apparaître un puits au profit de celui dont les descendants feront un jour mourir tes enfants de soif ? » Dieu leur a répondu : « Qu’est-il en ce moment ? Innocent ou coupable ? » « Il est innocent ! ont-ils convenu ». Et Dieu leur a fait observer : « C’est d’après ses actes présents que je le juge ». C’est ce que veut dire : « là où il est ». Mais où Yichma’él a-t-il fait mourir Israël de soif ? Quand Nevoukhadretsar (Nabuchodonosor) les a exilés, ainsi qu’il est écrit : « Oracle contre l’Arabie... portez de l’eau au-devant de ceux qui ont soif... » (Yecha’ya 21 1314). Lorsqu’on les a exilés chez les Arabes, les Israélites ont dit à ceux qui les convoyaient : « Par pitié ! Amenez-nous chez les fils de notre oncle Yichma’él : ils auront pitié de nous », ainsi qu’il est écrit : « Caravanes de Dodanim [descendants de Yichma’él] ». Ne lis pas dodanim, mais dodim (oncles). Ils sont venus à leur rencontre chargés de viandes, de poissons salés et d’outres gonflées d’air. Les Israélites pensaient qu’elles étaient pleines d’eau, mais dès qu’ils les ont portées à leur bouche et les ont ouvertes, l’air a pénétré dans leur corps et ils en sont morts (Midrach tan‘houma Chemoth, Eikha rabathi 2, 5) 21,18 Relève-toi! reprends cet enfant et soutiens-le de la main, car je ferai de lui une grande nation." 21,19 Le Seigneur lui dessilla les yeux et elle aperçu une source; elle y alla, emplit l’outre d’eau et donna à boire à l’enfant. 21,20 Dieu fut avec cet enfant et il grandit; il demeura dans le désert, et devint tireur à l’arc. Tireur d’arc Tirant des flèches de son arc Arc C’est le nom de l’activité, d’où la présence du daguéch dans le chin (deuxième lettre du radical), comme dans ‘hammar (« ânier »), gammal (« chamelier »), tsayyad (« chasseur »). Il demeurait dans le désert et dépouillait les passants, ainsi qu’il est écrit : « sa main sera contre tous » (supra 16, 12) 21,21 II habita le désert de Pharan et sa mère lui choisit une femme du pays d'Egypte. Du pays d’Egypte
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Du lieu où elle avait grandi (Beréchith raba 53, 15), ainsi qu’il est écrit : « et elle avait une servante égyptienne » (supra 16, 1). Comme le dit le dicton : « Lance en l’air un bâton, il retombera sur sa racine ! » 21,22 II arriva, dans le même temps, qu'Abimélec, accompagné de Pikol, chef de son armée, dit à Abraham: "Dieu est avec toi dans tout ce que tu entreprends. Eloqim est avec toi Ils ont vu qu’Avraham s’était dégagé sain et sauf du voisinage de Sedom, qu’il s’était battu victorieusement contre les rois, et que l’on s’était « souvenu » de sa femme alors qu’il était vieux (Beréchith raba 54, 2) 21,23 Et maintenant, jure-moi par ce Dieu que tu ne seras infidèle ni à moi, ni à mes enfants, ni à ma postérité; que, comme j'ai bien agi à ton égard, ainsi tu agiras envers moi et envers le pays où tu es venu séjourner." Ni envers mon fils C’est jusque là que dure la compassion du père envers son fils Selon la bonté que je t’ai faite Quand je t’ai dit : « voici mon pays devant toi » (supra 20, 15) 21,24 Abraham répondit: "Je veux le jurer." 21,25 Or, Abraham avait fait des reproches à Abimélec, au sujet d'un puits dont les gens d'Abimélec s'étaient emparés. Il réprimanda Il argumenta avec lui à ce sujet 21,26 Et Abimélec avait répondu: "Je ne sais qui a commis cette action: toi-même tu ne m'en avais pas instruit et moi, je l'ignorais avant ce jour." 21,27 Abraham prit du menu et du gros bétail qu'il remit à Abimélec et ils conclurent mutuellement une alliance. 21,28 Abraham ayant rangé à part sept brebis de ce bétail, 21,29 Abimélec dit à Abraham: "Que signifient ces sept brebis que tu as mises à part?" 21,30 Il répondit: "C'est que tu dois recevoir de ma main sept brebis, comme témoignage que j'ai creusé ce puit." Pour que cela me soit témoignage
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Le mot ‘éda (« témoignage ») est au féminin, et s’accorde avec zoth (« cela ») [sous-entendu dans le texte], comme dans : « et soit témoin (‘éda) ce monument » (infra 31, 52) Que j’ai creusé ce puits Les bergers d’Avimèlekh cherchaient querelle à propos de ce puits et disaient : « C’est nous qui l’avons creusé ! ». Ils se sont dit entre eux : « Celui qui se présentera devant le puits et vers qui l’eau montera, le puits sera à lui ». Et c’est vers Avraham qu’elle est montée 21,31 Aussi appela-t-on cet endroit Beer Shava, car là ils jurèrent l'un et l'autre. 21,32 Lorsqu'ils eurent contracté alliance à Beer Shava, Abimélec se leva, ainsi que Pikol son général d'armée et ils s'en retournèrent au pays des Philistins. 21,33 Abraham planta un bouquet d'arbres à Beer Shava et y proclama le Seigneur, Dieu éternel. Un bosquet (échel) Rav et Chemouel sont en désaccord (Sota 10a, Beréchith raba 54, 6). L’un enseigne que échel était un verger producteur de fruits qu’il servait à ses hôtes pendant le repas, l’autre que c’était une auberge pour accueillir les passants, dans laquelle on trouvait toutes sortes de fruits. Nous trouvons le mot « planter » à propos de tentes, comme dans : « il plantera les tentes de son royal campement » (Daniel 11, 45) Il y appela C’est grâce à ce bosquet que le nom du Saint béni soit-Il a été invoqué comme Dieu dans le monde. Après leur avoir offert à manger et à boire, il leur disait : « bénissez Celui à qui appartient ce que vous avez mangé ! Croyez-vous que ce que vous avez mangé était à moi ? Non ! Ce que vous avez mangé appartient à Celui qui a créé le monde par Sa parole ! » (Sota 10b) 21,34 Abraham habita longtemps encore dans le pays des Philistins. De nombreux jours Plus nombreux que ceux qu’il avait passés à ‘Hèvron. Il avait résidé vingt-cinq ans à ‘Hèvron, et ici vingt-six. Il avait quitté ‘Haran à l’âge de soixante-quinze ans (supra 12, 4), et c’est cette année-là, est-il indiqué, qu’il « s’installa dans les plaines de Mamré » (supra 13, 18). Car nous ne trouvons nulle part, avant cet établissement, qu’il se soit installé à demeure en quelque endroit. Partout où il passait, il ne faisait que camper et repartir, ainsi qu’il est écrit : « Avram traversa le pays... (supra 12, 6) », « il se transporta de là... (supra 12, 8) », « il y eut une famine dans le pays. Avram descendit en Egypte pour y séjourner... (supra 12, 10) ». Son séjour en Egypte n’a duré que trois mois, puisque Pharaon l’a renvoyé aussitôt. « Il repassa par ses étapes, depuis le sud jusqu’à Beith-El (supra 13, 3) ». « Il dressa sa tente, il vint, il s’installa dans les plaines de Mamré, qui sont à ‘Hèvron (supra 13, 18) », et il y resta jusqu’à la destruction de Sedom. Ensuite, « il partit de là au pays du sud (supra 20, 1) » à cause de la honte que lui avait causée Lot, et il s’est installé dans le pays des Plichtim. Il avait alors quatre-vingt-dix-neuf ans, puisque c’est trois jours après sa circoncision que les anges sont venus lui rendre visite. Il s’est donc écoulé vingt-cinq ans entre son installation à ‘Hèvron, 131
l’année où il a quitté sa terre natale, et son arrivée au pays des Plichtim. Or, il est écrit ici qu’il a résidé dans le pays des Plichtim « de nombreux jours », [que l’on peut traduire également par : « des jours plus nombreux »]. C’est donc qu’il y a passé plus de temps qu’à ‘Hèvron. Or, le texte n’entend pas, ici, rester dans le vague, mais il tient à s’exprimer explicitement. Si donc l’expression « de nombreux jours » avait voulu dire deux ans ou plus, il l’aurait dit en toutes lettres. Il faut admettre, par conséquent, que la différence n’a été que d’une année, et donc que le séjour chez les Plichtim a duré vingt-six ans. Il en est alors reparti pour retourner à ‘Hèvron : c’était douze ans avant le sacrifice de Yits‘haq. Telle est la chronologie qui figure dans le Séder ‘olam (Beréchith raba 54, 6)
Chapitre 22 22,1 Il arriva, après ces faits, que Dieu éprouva Abraham. II lui dit: "Abraham!" II répondit: "Me voici." Après ces choses-là Certains de nos maîtres ont enseigné : Les « choses » (devarim – littéralement: « paroles ») après lesquelles se sont passés les événements qui vont suivre, ce sont les « paroles » du Satan qui a porté accusation contre Avraham en disant : « Au cours de tous les festins qu’a faits Avraham, il ne t’a pas offert un seul taureau ou un seul bélier ». Dieu lui dit : « Il n’a fait cela que pour son fils. Si je lui disais : “Offre-le-moi en sacrifice !”, il le ferait sans tergiverser ! ». D’autres ont enseigné : « Après les “paroles” » de Yichma‘el qui se glorifiait aux dépens de Yits‘haq de s’être fait circoncire à l’âge de treize ans sans se rebiffer. Yits‘haq lui dit : « Tu crois pouvoir m’en imposer à cause de la perte d’une petite partie de ton corps ! Si le Saint béni soit-Il me disait : “Offre-toi en sacrifice pour moi !”, je le ferais sans barguigner » (Sanhèdrin 89b et Beréchith raba 55, 4) Me voici C’est ainsi que répondent les gens pieux, en signe d’humilité et pour indiquer qu’ils sont prêts (Midrach tan‘houma Wayéra 22) 22,2 II reprit "Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac; achemine-toi vers la terre de Moria et là offre-le en holocauste sur une montagne que je te désignerai." Prends s’il te plaît Le mot na (« s’il te plaît ») signifie toujours une imploration. Dieu lui a dit : « Surmonte encore, je t’en supplie, la présente épreuve, afin que l’on ne dise pas que les précédentes étaient sans signification ! Ton fils Avraham a répondu : « J’ai deux fils ! ». Dieu a poursuivi : « Ton fils unique ! » – « Celui-ci est le fils unique de sa mère, celui-là aussi ! » – « Celui que tu aimes ! » – « Je les aime tous les deux ! » – « Yits‘haq ! ». Et pourquoi Dieu ne le lui a-t-Il pas révélé d’emblée ? Afin de ne pas l’accabler par un choc brutal, et aussi afin de lui rendre la mitswa plus chère et lui procurer une récompense pour chacune de ses réponses successives (Beréchith raba 55, 7) 132
Au pays de Moria A savoir Jérusalem. Ainsi : « A bâtir la maison de Hachem à Jérusalem, sur le Mont Moria » (II Divrei haYamim 3, 1). Et nos rabbins ont expliqué que c’est de là qu’est venu l’enseignement (horaa) pour Israël (Ta‘anith 16a, Beréchith raba 55, 7). Quant au Targoum Onqelos, il traduit l’expression par : « le pays du culte », à savoir le culte de l’encens lequel faisait appel à la myrrhe (mor), au nard et à d’autres plantes aromatiques Et fais-le monter Il ne lui a pas dit : « et immole-le », car le Saint béni soit-Il ne voulait pas qu’il l’égorge, mais seulement qu’il le fasse « monter » sur la montagne pour en faire une offrande. Et après qu’il l’aurait fait monter, Il lui dirait : « Fais-le descendre ! » Une des montagnes Le Saint béni soit-Il commence par laisser les justes dans l’incertitude, ne leur faisant connaître que plus tard la vérité. Tout cela pour accroître leur mérite, comme dans : « vers le pays que je te montrerai » (supra 12, 1), ou dans : « et fais-y la publication que je te dicterai » (Yona 3, 2 -Beréchith raba 55, 7) 22,3 Abraham se leva de bonne heure, sangla son âne, emmena ses deux serviteurs et Isaac, son fils et ayant fendu le bois du sacrifice, il se mit en chemin pour le lieu que lui avait indiqué le Seigneur. Il se leva de bon matin Dans son zèle à accomplir la mitswa (Pessa‘him 4a) Il sangla Lui-même, et sans en charger aucun de ses serviteurs, car l’amour abolit les privilèges du rang hiérarchique (Beréchith raba 55, 8) Ses deux jeunes hommes Yichma‘el et Eli’èzer, parce qu’un homme distingué ne doit pas sortir de chez lui sans une escorte de deux personnes (Wayiqra raba 36, 7, Pirqé deRabi Eli‘èzèr 31). Si l’une d’elles a besoin de satisfaire un besoin naturel, l’autre restera auprès de lui (Midrach tan‘houma Balaq 8) Il fendit Le Targoum traduit par le verbe tsala‘h, comme dans : « Et ils fendirent (tsal’hou) le Yardén » (II Chemouel 19, 18). En français : « fendre » 22,4 Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, aperçut l'endroit dans le lointain. Le troisième jour 133
Pourquoi a-t-Il tardé à le lui montrer au lieu de le faire tout de suite ? Afin qu’on ne dise pas qu’Il l’a surpris et troublé en l’y amenant soudainement, tandis que si on lui avait laissé le temps d’y réfléchir, il ne l’aurait pas fait (Midrach tan‘houma Wayéra 22) Il vit l’endroit Il a vu une nuée fixée sur la montagne (Beréchith raba 56, 1, Midrach tan‘houma Wayéra 23) 22,5 Abraham dit à ses serviteurs: "Tenez-vous ici avec l'âne; moi et le jeune homme nous irons jusque là-bas, nous nous prosternerons et nous reviendrons vers vous." Jusque là C’est-à-dire : un court trajet jusqu’à l’endroit qui est devant nous. Et le midrach explique ainsi qu’il suit l’emploi du mot ko (« là-bas ») : je veux voir ce qu’il en sera de la promesse que m’a faite Dieu. « Ainsi (ko) sera ta descendance » (supra 15, 5, Beréchith raba 56, 2) Et nous reviendrons Il a prophétisé qu’ils reviendraient tous les deux (Mo‘èd qatan 18a) 22,6 Abraham prit le bois du sacrifice, le chargea sur Isaac son fils, prit en main le feu et le couteau et ils allèrent tous deux ensemble. Le couteau Appelé maakhèlèth parce qu’il dévore (okhél) la chair, comme dans : « et mon glaive dévorera (thokhal) la chair » (Devarim 32, 42). Il rend également la viande apte à « être mangée » (Beréchith raba 56, 3). Autre explication : ce couteau est appelé maakhèlèth parce qu’Israël « mangera » le fruit de cette offrande (ibid.) Ils allèrent tous deux ensemble Avraham, qui savait qu’il allait immoler son fils, marchait avec autant de bon vouloir et de joie que Yits‘haq, lequel ne soupçonnait rien 22,7 Isaac, s'adressant à Abraham son père, dit "Mon père!" Il répondit: "Me voici mon fils." II reprit: "Voici le feu et le bois, mais où est l'agneau de l'holocauste?" 22,8 Abraham répondit: "Dieu choisira lui-même l’agneau de l’holocauste mon fils!" Et ils allèrent tous deux ensemble. Eloqim choisira lui-même l’agneau Yireé (« choisira » ou « verra ») C’est-à-dire : « Il verra et se choisira l’agneau ». Et s’il n’y a pas d’agneau.. ... Pour l’holocauste C’est mon fils qui sera l’holocauste. Et bien que Yits‘haq ait compris qu’il allait être immolé.. 134
... Ils allèrent tous deux ensemble D’un même cœur 22,9 Ils arrivèrent à l'endroit que Dieu lui avait indiqué. Abraham y construisit un autel, disposa le bois, lia Isaac son fils et le plaça sur l'autel, par-dessus le bois. Il lia Ses pieds et ses mains en arrière, les quatre membres étant attachés ensemble. C’est là le véritable sens du mot ‘aqéda (« ligotage ») (Chabath 54a). C’est aussi ce que veut dire le mot ‘aqoudim dans : « engendra des “marquetés” » (infra 30, 39), pour souligner que c’est par l’endroit où on les « attache » qu’on les reconnaîtra 22,10 Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. 22,11 Mais un envoyé du Seigneur l'appela du haut du ciel, en disant: "Abraham! . Abraham!" Avraham ! Avraham ! Dieu, en l’appelant deux fois par son nom, lui témoigne Son amour 22,12 II répondit: "Me voici." II reprit: "Ne porte pas la main sur ce jeune homme, ne lui fais aucun mal! car, désormais, j'ai constaté que tu honores Dieu, toi qui ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique!" N’étends pas Pour égorger. Avraham dit alors à Dieu (Beréchith raba 56, 7) : « S’il en est ainsi, je serai venu ici pour rien ! Je vais lui causer au moins une blessure légère pour en faire sortir un peu de sang ! » Dieu lui a répondu.. ... Ne lui fais rien (meouma) Ne lui inflige aucun défaut (moum) Car je sais maintenant Rabi Abba a enseigné (Beréchith raba 56, 8) : Avraham a dit à Dieu : « Laisse-moi t’exposer mes doléances ! Hier tu m’as dit : “ car c’est dans Yits‘haq que l’on appellera ta descendance” (supra 21, 12). Ensuite tu m’as dit : “prends s’il te plaît ton fils” (supra 22, 2). Et maintenant tu me dis : “ne porte pas la main sur ce jeune homme” ! ». Le Saint béni soit-Il lui a répondu : « Je ne trahirai pas mon alliance, et ce qu’énoncent mes lèvres, je ne le changerai pas ! (Tehilim 89, 35). Quand je t’ai dit : “prends !”, je n’ai pas changé ce qu’énonçaient mes lèvres. Je ne t’ai pas dit : “égorge-le !”, mais : “fais-le monter !” Tu viens de le faire. A présent, fais-le descendre ! » Car je sais maintenant
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Je sais désormais ce que je devrai répondre au Satan et aux nations qui s’étonneront de l’amour que je te porte. La raison que je donnerai est qu’ils voient « que tu crains Eloqim » (Midrach tan‘houma Wayéra 46) 22,13 Abraham, levant les yeux, remarqua qu'un bélier, derrière lui, s'était embarrassé les cornes dans un buisson. Abraham alla prendre ce bélier et l'offrit en holocauste à la place de son fils. Et voici qu’un bélier Il était disposé pour cela depuis les six jours de la création (Avoth 5, 6) Derrière lui (a‘har – littéralement : « après ») « Après » que l’ange lui eut dit : « ne porte pas la main », il aperçut le bélier embarrassé dans le buisson. C’est la traduction du Targoum : Avraham leva les yeux « après cela » A un buisson A un arbre Les cornes Comme il courait vers Avraham, le Satan l’a fait s’embarrasser dans les branches pour l’en empêcher (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 31) A la place de son fils Puisqu’il est déjà écrit : « il l’offrit en holocauste », il ne manque rien au verset. Que signifie l’ajout : « à la place de son fils » ? Pour chaque geste rituel qu’il accomplissait, Avraham priait ainsi : « Que ce soit ta volonté que mon acte soit compté comme s’il avait été fait sur mon fils, comme si mon fils avait été immolé, comme si son sang avait été répandu, comme s’il avait été dépecé, comme s’il avait été brûlé sur l’autel et réduit en cendres. » (Beréchith raba 56, 9) 22,14 Abraham dénomma cet endroit: Adonaï-Yiré; d'où l'on dit aujourd'hui:"Sur le mont d’AdônaïYéraé." Hachem verra Le sens est celui donné par le Targoum : Dieu choisira et considérera pour Lui cet endroit pour y faire résider Sa chekhina et pour y faire offrir des sacrifices Comme l’on dit aujourd’hui Dont on dira dans les générations à venir : c’est sur cette montagne que le Saint bénit Soit-Il apparaît à Son peuple Aujourdhui
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Les temps à venir, comme « jusqu’à ce jour » que l’on trouve souvent dans le texte. Afin que toutes les générations futures qui liront ces textes, disent : « jusqu’à ce jour » c’est-à-dire « le jour où nous sommes ». Explication du midrach : Dieu prendra chaque année en considération le sacrifice de Yits‘haq pour pardonner à Israël et lui épargner les châtiments. C’est ainsi que l’on dira dans les générations à venir : « Aujourd’hui Dieu apparaît sur la montagne ! » La cendre de Yits‘haq y est entassée et sert à l’expiation de nos fautes (Midrach tan‘houma Wayéra 23) 22,15 L'envoyé de l'Éternel appela une seconde fois Abraham du haut du ciel, 22,16 et dit: "Je jure par moi-même, a dit l'Éternel, que parce que tu as agi ainsi, parce que tu n'as point épargné ton enfant, ton fils unique, 22,17 je te comblerai de mes faveurs; je multiplierai ta race comme les étoiles du ciel et comme le sable du rivage de la mer et ta postérité conquerra les portes de ses ennemis. Je te bénirai abondamment (varèkh avarèkhekha – littéralement : « bénir Une fois pour le père et une autre pour le fils (Beréchith raba 56, 11) Et je multiplierai à profusion (waharba arbè – littéralement : « multiplier Une fois pour le père et une autre pour le fils (ibid.) 22,18 Et toutes les nations de la terre s'estimeront heureuses par ta postérité, en récompense de ce que tu as obéi à ma voix." 22,19 Abraham retourna vers ses serviteurs; ils se remirent en route ensemble pour Beer Shava, où Abraham continua d'habiter. Avraham s’installa à Beér Chèva’ Il ne s’y est pas vraiment installé, puisqu’il s’était établi à ‘Hèvron, venant de Beér Chèva’, douze ans avant le sacrifice de Yits‘haq, ainsi qu’il est écrit : « Avraham séjourna dans le pays des Plichtim de nombreux jours » (supra 21, 34), c’est-à-dire plus nombreux que ceux passés à ‘Hèvron, soit vingt-six ans, ainsi que nous l’avons expliqué plus haut 22,20 Après cet événement, Abraham reçut les nouvelles suivantes: "Milka, elle aussi, a donné des enfants à Nahor ton frère: Après ces choses-là A son retour du Mont Moria, Avraham réfléchissait et se disait : « Si mon fils avait été immolé, il serait mort sans descendance. Il faut que je lui fasse épouser l’une des filles de Anér, Echkol ou Mamré ». C’est alors que le Saint béni soit-Il lui a annoncé la naissance de Rivqa, sa future épouse (Beréchith raba 57, 3). C’est le sens de.. ... Après ces choses-là (a‘harei hadevarim – littéralement : « après ces paroles ») Celles qu’Avraham se « disait » à la suite du sacrifice de Yits‘haq 137
Elle aussi Elle aussi a donné naissance au même nombre de familles qu’Avraham, soit douze. De même qu’Avraham va donner naissance à douze tribus issues de Ya’aqov, à savoir huit venant des épouses et quatre venant des servantes, de même ici huit vont venir des épouses et quatre de la concubine 22,21 Ouç, son premier-né; Bouz, son frère; Kemouel, père d'Aram; 22,22 Késed, Hazo, Pildach, Yidlaf et Bathuel, 22,23 lequel Bathuel a engendré Rébecca." Milka avait donné ces huit fils à Nahor, frère d'Abraham. Et Bethouel a engendré Rivqa Toute cette généalogie n’a été écrite que pour aboutir à ce verset 22,24 Sa concubine, nommée Reouma, avait eu aussi des enfants: Tébah, Gaham, Tahach et Maaka.
Chapitre 23 (Haye Sarah) 23,1 La vie de Sara fut de cent vingt-sept ans; telle fut la durée de sa vie. La vie de Sara fut de cent ans et vingt ans et sept ans Pourquoi le mot « an » est-il répété à trois reprises ? C’est pour te dire que chaque nombre exige une explication : à cent ans, elle était comme à vingt, sans péché. De même qu’elle était sans péché à vingt ans, parce qu’irresponsable de ses actes, de même l’était-elle à cent ans. Et à vingt ans, elle était aussi belle qu’à sept (Beréchith raba 58) Les années de la vie de Sara Toutes égales pour le bien 23,2 Sara mourut à Kiryath-Arba, qui est Hébron, dans le pays de Canaan; Abraham y vint pour dire sur Sara les paroles funèbres et pour la pleurer. A Qiryath Arba’ Du nom des quatre géants qui s’y trouvaient : A‘himan, Chéchaï, Talmaï et leur père (Bamidbar 13, 22). Autre explication : du nom des quatre couples qui y seront enterrés, mari et femme : Adam et ‘Hawa, Avraham et Sara, Yits‘haq et Rivqa, Ya’aqov et Léa (Beréchith raba 58, 4) Avraham vint De Beér Chèva’ 138
Pour dire sur Sara les paroles funèbres et pour la pleurer Le récit de la mort de Sara fait immédiatement suite à celui du sacrifice de Yits‘haq. Lorsqu’elle a appris que son fils avait été ligoté sur l’autel, prêt à être égorgé, et qu’il s’en était fallu de peu qu’il fût immolé, elle en a subi un grand choc et elle est morte (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 32) 23,3 Abraham, ayant rendu ce devoir à son mort alla parler aux enfants de Heth en ces termes: 23,4 "Je ne suis qu'un étranger domicilié parmi vous: accordez-moi la propriété d'une sépulture au milieu de vous, que j'ensevelisse ce mort qui est devant moi." Je suis étranger et habitant parmi vous Un étranger venu d’un autre pays, et je me suis installé parmi vous. Le midrach explique (Beréchith raba 58, 6) : Si vous me la vendez de bonne grâce, je me considérerai comme un étranger [et donc vous la paierai]. Sinon je serai un « habitant » parmi vous, et je prendrai la sépulture de mon plein droit, car le Saint béni soit-Il m’a dit : « je donnerai ce pays à ta descendance » (supra 12, 7) La possession d’une sépulture La possession d’un terrain pour en faire une sépulture 23,5 Les enfants de Heth répondirent à Abraham en lui disant: 23,6 "Écoute-nous, seigneur! Tu es un dignitaire de Dieu au milieu de nous, dans la meilleure de nos tombes ensevelis ton mort. Nul d’entre nous ne te refusera sa tombe pour inhumer ton mort." Ne refusera (lo yikhlè) Ne refusera, comme dans : « toi non plus, ne me refuse pas (lo tikhla) ta clémence » (Tehilim 40, 12), ou dans : « la pluie fut retenue (wayikalé) » (supra 8, 2) 23,7 Abraham s'avança et se prosterna devant le peuple du pays, devant les enfants de Heth, 23,8 et il leur parla ainsi: "Si vous trouvez bon que j'ensevelisse ce mort qui est devant moi, écoutez-moi: priez en ma faveur Éfron, fils de Cohar, Votre âme Votre bon vouloir Et rencontrez (oufig‘ou) pour moi C’est une requête, comme dans : « n’insiste pas (al tifgue‘i) auprès de moi » (Routh 1, 16) 23,9 139
pour qu'il me cède le caveau de Makpéla qui est à lui, qui se trouve au bout de son champ; qu'il me le cède pour argent comptant, comme propriété tumulaire au milieu de vous." De Makhpéla (littéralement : « double ») Le sol et l’étage au-dessus. Autre explication : double par les couples qui y seront inhumés (‘Erouvin 53a) Pour argent plein Plein pour sa valeur entière. Comme l’a dit Dawid à Ornan : « Pour argent plein » (I Divrei haYamim 21, 22) 23,10 Éfron siégeait parmi les enfants de Heth. Éfron le Héthéen répondit à Abraham en présence des enfants de Heth, de tous ceux qui étaient venus à la porte de sa ville et dit: Et ‘Efron siégeait Le mot yochév (« siégeait ») est écrit sans waw, [comme pour pouvoir être lu : yachav (« il a commencé de siéger »)]. On l’avait, ce jour-là, institué dignitaire de la cité, et il devait cette promotion à Avraham qui allait avoir besoin de lui et qui y a ainsi contribué (Beréchith raba 58, 7) Devant tous ceux qui venaient à la porte de sa ville Ils avaient tous interrompu leur travail afin de venir rendre hommage à Sara 23,11 "Non, seigneur, écoute-moi, le champ, je te le donne; le caveau qui s'y trouve, je te le donne également; à la face de mes concitoyens je t'en fais don, ensevelis ton mort." Non Tu ne l’achèteras pas à prix d’argent Je te le donne (nathati – littéralement : « je te l’ai donné ») C’est comme si je te l’avais déjà donné 23,12 Abraham se prosterna devant le peuple du pays 23,13 et parla ainsi à Éfron en présence du peuple du pays: "Ah! s'il te plaît, écoute-moi: j'offre le prix de ce champ, accepte-le, que j'y puisse enterrer mon mort." Si pourtant tu voulais bien m’écouter Tu me dis de t’écouter et de le prendre gratuitement. Moi, je ne veux pas de cela. Tout ce que je demande, c’est que tu m’écoutes J’ai donné
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En français : « donné » [au passé]. Pour moi, c’est comme si c’était fait. Je voudrais te l’avoir déjà donné 23,14 Éfron répondit à Abraham en lui disant: 23,15 "Seigneur, écoute-moi: une terre de quatre cents sicles d'argent, qu'est-ce que cela entre nous deux? Enterres-y ton mort." Entre moi et entre toi Entre deux amis comme nous, quelle importance ? Aucune ! Laisse donc la vente et « enterre ton mort » 23,16 Abraham écouta Éfron et lui compta le prix qu'il avait énoncé en présence des enfants de Heth: quatre cents sicles d'argent, en monnaie courante. Avraham pesa à ‘Efron Il manque un waw à ‘Efron, parce qu’il avait beaucoup parlé pour ne finalement rien faire (Baba Metsi‘a 87a, Beréchith raba 58, 7). Il a pris à Avraham des grands chèqel qui sont des centeniers, ainsi qu’il est écrit : « en monnaie courante chez le marchand ». Ils sont acceptés comme chèqel en tous lieux. Il y a des endroits où les chèqel sont grands, ce sont les qantarim, en français médiéval : des « centeniers » (voir Routh raba 7) 23,17 Ainsi fut dévolu le champ d'Éfron situé à Makpéla, en face de Mamré; ce champ, avec son caveau, avec les arbres qui le couvraient dans toute son étendue à la ronde, Ainsi fut dévolu (wayaqam – littéralement : « s’éleva ») le champ de ‘Efron Cette vente a constitué une « élévation » pour le champ, parce qu’il est sorti de la possession d’un homme ordinaire pour entrer dans celle d’un roi (Beréchith raba 58, 8). Et voici le sens simple du verset : « le champ, et le caveau qui s’y trouvait, et tous les arbres » sont devenus « l’acquisition d’Avraham », [le verset 17 ne pouvant être lu séparément du verset 18] 23,18 à Abraham, comme acquisition, en présence des enfants de Heth, de tous ceux qui étaient venus à la porte de la ville. Devant tous ceux qui venaient à la porte de sa ville Au milieu de tous et tous étant rassemblés, il lui en a transféré le droit de propriété 23,19 Alors Abraham ensevelit Sara, son épouse, dans le caveau du champ de Makpéla, en face de Mamré, qui est Hébron, dans le pays de Canaan. 23,20 Le champ, avec le caveau qui s'y trouve, fut ainsi adjugé à Abraham, comme possession tumulaire, par les enfants de Heth.
Chapitre 24 141
24,1 Or Abraham était vieux, avancé dans la vie; et l'Éternel avait béni Abraham en toutes choses. Et Hachem avait béni Avraham en tout La guematria (valeur numérique des lettres) de bakol (« en tout ») est la même que celle du mot ben (« fils »). Etant donné que Dieu l’avait béni en lui donnant un fils, il fallait à présent qu’il lui fasse prendre femme 24,2 Abraham dit au serviteur le plus ancien de sa maison, qui avait le gouvernement de tous ses biens: "Mets, je te prie, ta main sous ma hanche, Le plus ancien (zeqan) de sa maison Le mot zaqen est ici à l’état construit. Aussi est-il ponctué zeqan, avec un pata‘h sous le qof Sous ma hanche Parce que celui qui prête serment doit tenir en main un objet servant à une mitswa, comme un rouleau de la Tora ou des tefilin (Chevou‘oth 38b, Beréchith raba 59, 8). Etant donné que la circoncision a été la première mitswa qu’a observée Avraham et qu’elle s’est accompagnée de souffrance, elle lui était d’autant plus chère. C’est donc elle qu’il a utilisée 24,3 pour que je t'adjure par l'Éternel, Dieu du ciel et de la terre, de ne pas choisir une épouse à mon fils parmi les filles des Cananéens avec lesquels je demeure, 24,4 mais bien d'aller dans mon pays et dans mon lieu natal chercher une épouse à mon fils, à Isaac." 24,5 Le serviteur lui dit: "peut-être cette femme ne voudra-t-elle pas me suivre dans ce pays-ci: devrai-je ramener ton fils dans le pays que tu as quitté?" 24,6 Abraham lui répondit: "Garde toi d’y ramener mon fils! 24,7 L’Éternel, le Dieu des cieux, qui m’a retiré de la maison de mon père et du pays de ma naissance; qui m’a promis, qui m’a juré en disant: "Je donnerai cette terre-ci à ta race", lui, il te fera précéder par son envoyé et tu prendras là-bas une femme pour mon fils. Hachem Il n’ajoute pas les mots : « et Eloqim de la terre », contrairement au verset 3 où il a dit : « et je te ferai jurer par Hachem, le Eloqim des cieux et Eloqim de la terre... ». Avraham a voulu ainsi signifier la chose suivante : « Maintenant, Il est le Eloqim du ciel et de la terre, car j’ai habitué les créatures à proclamer Son nom. En revanche, lorsqu’Il m’a fait quitter la maison de mon père, Il était bien le Dieu du ciel, mais pas celui de la terre. Car les hommes ne Le connaissaient pas et Son nom n’était pas couramment répandu sur la terre » (Beréchith raba 59) De la maison de mon père De ‘Haran 142
Et du pays de mon engendrement De Our-Kasdim Et qui m’a parlé Le mot li (« à moi ») veut dire : « à mon sujet », tout comme le mot ‘alaï dans : « afin que Hachem accomplisse la parole qu’Il a dite “à mon sujet” (‘alaï) » (I Melakhim 2, 4). De même, toutes les fois que le verbe dabèr est suivi de li (« à moi »), lo (« à lui ») ou lahem (« à eux »), cela veut dire : « à mon sujet », « à son sujet » ou « à leur sujet », et c’est ainsi que traduit le Targoum. Pour dire : « parler à quelqu’un », on n’emploie pas li, lo, ou lahem, mais élaï, élaw ou aléhem. En revanche, le verbe amor (« dire ») est suivi de la préposition le lorsqu’il exprime l’idée de « dire à quelqu’un » Et qui m’a juré Lors de l’alliance entre les morceaux (Beréchith raba 59, 10) 24,8 Que si cette femme ne consent pas à te suivre, tu seras dégagé du serment que je t'impose. Mais en aucune façon n'y ramène mon fils." Tu seras quitte de mon serment Et tu lui prendras une femme parmi les filles de ‘Anér, Echkol et Mamré (Qiddouchin 51a) Seulement n’y ramène pas mon fils Le mot raq (« seulement ») comporte un sens restrictif. Mon fils ne retournera pas, mais Ya’aqov, mon petit-fils, finira par y retourner 24,9 Le serviteur posa sa main sous la hanche d'Abraham, son maître et lui prêta serment à ce sujet. 24,10 Le serviteur prit dix chameaux parmi les chameaux de son maître et partit, chargé de ce que son maître avait de meilleur. II s'achemina vers Aram Double Fleuve, du côté de la ville de Nahor. Parmi les chameaux de son maître Ils se distinguaient des autres chameaux en ce qu’ils sortaient muselés pour qu’ils ne puissent voler et qu’ils n’aillent pas brouter dans les champs d’autrui (Beréchith raba 59, 10, Pirqé deRabi Eli‘èzèr 16) Tous les biens de son maître étant en sa main Avraham avait rédigé au profit de Yits‘haq un acte de donation de tout ce qui lui appartenait, afin de les décider à lui envoyer leur fille (Beréchith raba 59) Aram-Naharayim (littéralement : « Aram des deux fleuves ») 143
Elle était située entre deux fleuves, [l’Euphrate et le Tigre] 24,11 II fit reposer les chameaux hors de la ville, près de la fontaine; c'était vers le soir, au temps où les femmes viennent puiser de l'eau. Il fit s’agenouiller les chameaux Il les fit s’accroupir (Beréchith raba 59, 11) 24,12 Et il dit: "Seigneur, Dieu de mon maître Abraham! daigne me procurer aujourd'hui une rencontre et sois favorable à mon maître Abraham. 24,13 Voici, je me trouve au bord de la fontaine et les filles des habitants de la ville sortent pour puiser de l'eau. 24,14 Eh bien! la jeune fille à qui je dirai: ‘Veuille pencher ta cruche, que je boive’ et qui répondra: ‘Bois, puis je ferai boire aussi tes chameaux’, puisses-tu l'avoir destinée à ton serviteur Isaac et puissé-je reconnaître par elle que tu t'es montré favorable à mon maître!" C’est elle que tu auras destinée Elle sera digne de lui, car elle sera charitable, et elle méritera d’entrer dans la maison d’Avraham. Le sens du verbe est « prouver par un choix », en français médiéval : « aprover » Et je saurai par elle C’est une prière : « fais-moi savoir par elle » Que tu as agi avec bonté Si elle appartient à sa famille et si elle lui convient, « je saurai que tu as agi avec bonté » 24,15 II n'avait pas encore fini de parler, que voici venir Rébecca, la fille de Bathuel, fils de Milka, épouse de Nahor, frère d'Abraham, sa cruche sur l'épaule. 24,16 Cette jeune fille était extrêmement belle; vierge, nul homme n'avait encore approché d'elle. Elle descendit à la fontaine, emplit sa cruche et remonta. Vierge A l’endroit de l’hymen Et nul homme ne l’avait connue Par des rapports anormaux. Car les filles des peuples païens préservaient l’endroit de leur virginité et se prostituaient par un autre endroit. Le texte témoigne ici de sa parfaite pureté (Beréchith raba 60, 5) 24,17 144
Le serviteur courut au-devant d'elle et dit: "Laisse-moi boire, s'il te plaît, un peu d'eau à ta cruche." Le serviteur courut à sa rencontre Parce qu’il avait vu que l’eau montait vers elle (Beréchith raba) Fais-moi boire Ce mot désigne la gorgée que l’on avale. En français : « humer » 24,18 Elle répondit: "Bois, seigneur." Et vite elle fit glisser sa cruche jusqu'à sa main et elle lui donna à boire. Elle fit abaissa sa cruche De son épaule 24,19 Après lui avoir donné à boire, elle dit: "Pour tes chameaux aussi je veux puiser de l'eau, jusqu'à ce qu'ils aient tous bu." Jusqu’à ce qu’ils aient fini de boire La conjonction im (« si ») a ici le sens de achèr (« que ») Jusqu’à ce qu’ils aient fini de boire Le Targoum traduit par : « lorsqu’ils eurent assez », c’est-à-dire lorsqu’ils eurent bu à suffisance, ce qui est une manière de « finir de boire » 24,20 Et elle se hâta de vider sa cruche dans l'abreuvoir, courut de nouveau à la fontaine pour puiser et puisa ainsi pour tous les chameaux. Elle vida Dans le sens de « verser ». Ce mot est souvent employé dans le langage de la michna, comme dans : « celui qui vide d’un récipient dans un autre » (‘Avoda Zara 72a), ainsi que dans le texte biblique, comme dans : « ne vide pas mon âme » (Tehilim 141, 8), ou dans : « parce qu’il a vidé (dans le sens de : « abandonner ») son âme à la mort » (Yecha’ya 53, 12) L’abreuvoir Une pierre creuse dans laquelle boivent les chameaux 24,21 Et cet homme, émerveillé, la considérait en silence, désireux de savoir si l'Éternel avait béni son voyage ou non. Etonné (michtaé) Ce mot exprime la stupéfaction, comme dans : « dans les villes désolées... la terre sera stupéfaite (tichaè) de désolation » (Yecha’ya 6, 11) 145
Etonné (michtaé Il était stupéfait et interdit de voir sa parole sur le point de se réaliser. Mais il ne savait pas si elle appartenait ou non à la famille d’Avraham. Le mot michtaé est la forme hithpa’él de la racine chao. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner de la présence de la lettre taw. En effet, lorsque l’on conjugue au hithpa‘él un verbe dont la première lettre du radical est un chin, le taw caractéristique de ce mode vient s’insérer entre les deux premières lettres de ce radical. Exemples : michtolél, [de la racine chalol], hichtomém, [de la racine chamom], ou encore : « les lois de ‘Omri seront observées (wiyichtammér, de la racine chamor) » (Mikha 6, 16). Ici aussi, michtaé est de la même racine que tichaè. Et de même que l’on trouve le mot mechoumam (de la racine chamom) appliqué à un homme frappé d’étonnement, restant muet et plongé dans ses pensées, comme dans : « ceux qui viendront après lui seront frappés de stupeur (nachammou) » (Iyov 18, 20), ou dans : « cieux, soyez stupéfaits (chommou) » (Yirmeya 2, 12), ou dans : « il est resté pendant environ une heure plongé dans la stupeur (èchtomam) » (Daniel 4, 16), de même peut-on interpréter le mot michtaé comme s’appliquant à un homme frappé d’étonnement et plongé dans ses pensées. Et le Targoum Onqelos fait dériver ce mot de la racine chaho (« attendre ») : « il restait là sur place, attendant de voir si Hachem avait fait réussir son entreprise ». Il ne faut pas, en tous cas, le traduire par « boire » (chato), car ce serait un contresens, et la présence du alèf ne s’expliquerait pas Etonné à son sujet Comme dans : « dis de moi : il est mon frère » (supra 20, 13). De même : « les hommes de l’endroit demandèrent au sujet de sa femme » (infra 26, 7), [où la préposition constituée par la lettre lamèd a le sens de « au sujet de »] 24,22 Lorsque les chameaux eurent fini de boire, cet homme prit une boucle en or, du poids d'un béka et deux bracelets pour ses bras, du poids de dix sicles d'or; Bèqa’ Allusion aux chèqel d’Israël, qui seront versés à raison d’un bèqa’ par tête (Chemoth 28, 26) Et deux bracelets (tsemidim) Allusion aux deux tables de la loi, qui étaient jumelées (metsoumadoth) Du poids de dix pièces d’or Allusion aux dix commandements qui y seront inscrits (Beréchith raba 60, 6) 24,23 et il dit: "De qui es-tu fille? daigne me l'apprendre. Y a-t-il dans la maison de ton père de la place pour nous loger?" Il dit : De qui es-tu la fille ? C’est après lui avoir offert ces cadeaux qu’il lui pose la question. Il était sûr que, par le mérite d’Avraham, le Saint béni soit-Il allait faire réussir son entreprise 146
Pour passer la nuit (lalin) Pour passer une seule nuit. Le mot lin est un substantif, et elle répondra : laloun (verset 25) : « pour y passer plusieurs nuits » 24,24 Elle lui répondit: "Je suis la fille de Bathuel, fils de Milka, qui l'a enfanté à Nahor;" La fille de Bethouel Elle commence par répondre à la première question, puis à la seconde 24,25 Elle lui dit encore: "II y a chez nous de la paille et du fourrage en abondance et de la place pour loger." Et du fourrage Tout ce qui sert à la nourriture des chameaux est appelée mispo, comme la paille et l’orge 24,26 L'homme s'inclina et se prosterna devant l'Éternel 24,27 et iI dit: "Beni soit l’Éternel, Dieu de mon maître Abraham, qui n’a pas retiré sa faveur et sa fidélité à mon maître!" En chemin Le chemin qui est le bon, le chemin droit, le chemin dont j’avais besoin. Toutes les fois que l’on trouve en tête d’un nom les lettres beith, lamèd ou hé ponctuées d’un pata‘h, cela indique que l’on parle d’une chose déjà mentionnée ailleurs, ou dont l’identification ne fait pas de doute 24,28 La jeune fille courut dans la chambre de sa mère et raconta ces choses. Dans la maison de sa mère Les femmes avaient l’habitude de disposer d’une maison où elles se tenaient pour faire leur travail, et une fille ne se confie qu’à sa mère (Beréchith raba 60, 7) 24,29 Or, Rébecca avait un frère nommé Laban. Laban accourut auprès de l'homme qui se tenait dehors, près de la fontaine. Lavan courut Pourquoi a-t-il couru et en vue de quoi ? « Lorsqu’il vit l’anneau... », il s’est dit que c’était un homme riche et il a été attiré par son argent 24,30 Lorsqu'il vit la boucle et les bracelets aux bras de sa sœur; lorsqu'il entendit sa sœur Rébecca dire: "Ainsi m'a parlé cet homme", il était allé vers lui. Celui-ci attendait près des chameaux, au bord de la fontaine. Près des chameaux 147
Pour les garder. Comme dans : « il se tenait auprès d’eux » (supra 18, 8), pour les servir, [la préposition ‘al soulignant un acte de service] 24,31 Laban lui dit: "Viens, bien-aimé du Seigneur! pourquoi restes-tu dehors, lorsque j'ai préparé la maison et qu'il y a place pour les chameaux?" J’ai nettoyé la maison De toute idole (Beréchith raba 60, 8) 24,32 L'homme entra dans la maison et déchargea les chameaux; on apporta de la paille et du fourrage pour les chameaux et de l'eau pour laver ses pieds et les pieds des hommes qui l'accompagnaient. Il déchargea les chameaux Il a détaché leurs muselières, qu’il avait fixées pour qu’ils n’aillent pas brouter dans les champs d’autrui 24,33 On lui servit à manger; mais il dit: "Je ne mangerai point, que je n'aie dit ce que j'ai à dire." On lui répondit: "Parle." Jusqu’à ce que j’aie dit La conjonction im équivaut ici à achèr ou à ki, comme dans : « jusqu’à (‘ad ki) ce que vienne Chilo » (infra 49, 10). Et c’est ce qu’ont dit nos Sages, de mémoire bénie : ki peut avoir quatre sens : l’un d’eux équivaut au mot araméen i qui correspond à l’hébreu im (Roch haChana 3a. Voir Rachi sous supra 18, 15) 24,34 Et il dit: "Je suis le serviteur d'Abraham. 24,35 L'Éternel a béni grandement mon maître, de sorte qu'il est devenu puissant: il lui a accordé menu et gros bétail, argent et or, esclaves mâles et femelles, chameaux et ânes. 24,36 Sara, l'épouse de mon maître, a enfanté, vieille déjà, un fils à mon maître; celui-ci lui a fait don de tous ses biens. Il lui a donné tout ce qu’il a Il leur a montré l’acte de donation (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 16) 24,37 Or, mon maître m'a adjuré en disant: ‘Tu ne prendras point une épouse à mon fils parmi les filles des Cananéens, dans le pays desquels je réside. Tu ne prendras pas une femme à mon fils parmi les filles kena‘anies A moins que tu ne sois allé au préalable dans la maison de mon père et que la jeune fille n’accepte pas de te suivre 24,38 148
Non; mais tu iras dans la maison de mon père, dans ma famille et là tu choisiras une épouse à mon fils.’ 24,39 Et je dis à mon maître ‘Peut-être cette femme ne me suivra-t-elle pas?’ Peut-être la femme ne viendra-t-elle pas après moi Le mot oulaï (« peut-être ») est écrit ici sans waw, de sorte qu’on peut le lire : élaï (« vers moi »). Eli‘èzèr avait une fille, et il cherchait à préparer Avraham à se tourner vers lui pour la faire épouser par Yits‘haq. Avraham lui a dit : « Mon fils est béni et toi, tu es maudit. Or, le maudit ne peut s’unir au béni ! » (Beréchith raba 59) 24,40 Il me répondit: ‘L'Éternel, dont j'ai toujours suivi les voies, placera son envoyé à tes côtés et il fera prospérer ton voyage et tu prendras une femme pour mon fils dans ma famille, au foyer de mon père. 24,41 Alors tu seras libéré de mon serment, puisque tu seras allé dans ma famille; pareillement, s'ils te refusent, tu. seras libéré de ce serment.’ 24,42 Or, aujourd'hui, je suis arrivé près de la fontaine et j'ai dit: ‘Éternel, Dieu de mon maître Abraham! veux-tu, de grâce, faire réussir la voie où je marche? Je suis venu aujourd’hui Aujourd’hui je suis parti, et aujourd’hui je suis arrivé. De là nous apprenons que la route s’est « rétrécie » (Sanhèdrin 95a). Rabi A‘ha dit : la conversation des serviteurs des patriarches est plus chère à Dieu que la Tora de leurs enfants. En effet, le récit de Eli‘èzèr est répété deux fois, tandis que de nombreuses prescriptions essentielles de la Tora ne sont signalées que par allusion 24,43 Eh bien! je suis arrêté au bord de cette fontaine: s'il arrive qu'une jeune fille vienne pour puiser, que je lui dise: ‘Donne moi, je te prie, à boire un peu d'eau de ta cruche’ 24,44 et qu'elle me réponde: ‘Non seulement bois toi-même, mais pour tes chameaux aussi je veux puiser’, que ce soit là la femme que l'Éternel agrée pour le fils de mon maître. Toi aussi Y compris les hommes qui étaient avec lui Destine Il a choisi et fait connaître Son choix. Cette forme verbale (hiph‘il de yokha‘h) signifie toujours « établir clairement par un choix » 24,45 Je n'avais pas encore achevé de parler en moi-même, voici que Rébecca s'est approchée, sa cruche sur l'épaule; elle est descendue à la fontaine et a puisé et je lui ai dit: ‘Donne-moi, s'il te plait à boire.’ Je n’avais pas encore achevé 149
Le verbe est au futur, et veut dire : « avant que j’aie achevé », alors que l’action est au présent. Il arrive qu’une action au présent s’exprime par un temps passé, et le texte aurait pu dire : « je n’avais pas encore achevé », avec le verbe au passé. Il arrive aussi qu’elle s’exprime par un temps futur, comme dans : « Car Iyov se disait (le verbe amar étant au passé)... c’est ainsi qu’agissait Iyov » (alors que le verbe ya’assè est au futur) (Iyov 1, 5), les deux verbes, selon le contexte, exprimant une action au présent puisque Iyov se disait : « peut-être mes enfants ont-ils commis quelque péché », et c’est pourquoi il agissait ainsi [en offrant des sacrifices] 24,46 Aussitôt elle a oté sa cruche de dessus son épaule, en disant: ‘Bois et puis j’abreuverai tes chameaux.’ 24,47 Je l’ai interrogée, disant: ‘De qui es-tu fille?’ Elle a répondu: ‘De Bathuel, fils de Nahor, que Milka a enfanté à celui-ci.’ Alors j'ai passé la boucle à ses narines et les bracelets à ses bras. Je l’ai interrogée... j’ai mis Il inverse l’ordre des faits, puisqu’il avait d’abord donné et ensuite interrogé. C’est pour qu’ils ne le prennent pas au mot et ne lui disent : « Comment as-tu pu lui donner, alors que tu ne savais pas encore qui elle était ? 24,48 Et je me suis incliné et prosterné devant l'Éternel; et j'ai béni l'Éternel, Dieu de mon maître Abraham, qui m'a dirigé dans la vraie voie, en me faisant choisir la parente de mon maître pour son fils. 24,49 Et maintenant, si vous voulez agir avec affection et justice envers mon maître, dites-le moi; sinon, dites-le moi, afin que je me dirige à droite ou à gauche." Vers la droite Chez les filles de Yichma‘el Vers la gauche Chez les filles de Lot, qui demeurait à la gauche d’Avraham (Beréchith raba 60, 9) 24,50 Pour réponse, Laban et Bathuel dirent: "La chose émane de Dieu même! nous ne pouvons te répondre ni en mal ni en bien. Répondit Lavan Lavan, qui était un impie, s’est dépêché de répondre avant son père Nous ne pouvons te parler Nous ne pouvons te refuser cette chose, ni en t’opposant de mauvaises raison, ni en en faisant valoir de bonnes. Il est en effet, selon tes propres paroles, que « la chose émane de Eloqim », et que c’est Lui qui l’a mise sur ton chemin 24,51 150
Voici Rébecca à ta disposition, prends-la et pars; et qu'elle soit l'épouse du fils de ton maître, comme l'a décidé l'Éternel." 24,52 Le serviteur d'Abraham, ayant entendu leurs paroles, se prosterna à terre en l'honneur de l'Éternel; Il se prosterna à terre D’où l’on apprend qu’il faut remercier Dieu pour une bonne nouvelle 24,53 puis il étala des bijoux d'argent, des bijoux d'or et des parures, les donna à Rébecca et donna des objets de prix à son frère et à sa mère. Des objets précieux (miguedanoth) Ce mot désigne, comme megadim dans Chir hachirim (7, 14), des fruits délicats qu’il avait emportés d’Erets Israël (Beréchith raba 60, 11) 24,54 Ils mangèrent et burent, lui et les gens qui l'accompagnaient et passèrent la nuit en ce lieu; quand ils furent levés le lendemain, il dit "Laissez-moi retourner chez mon maître." Ils passèrent la nuit Toute lina (« nuitée ») indiquée dans le texte désigne une seule nuit 24,55 Le frère et la mère de Rébecca répondirent: "Que la jeune fille reste avec nous quelque temps, au moins une dizaine de jours, ensuite elle partira." Son frère dit Et Bethouel, où était-il ? Il voulait empêcher le départ de sa fille. Aussi un ange est-il venu le faire mourir (Beréchith raba 60, 12) Quelques jours (yamim) Une année, comme dans : « pendant une année pleine (yamim) cette faculté subsistera » (Wayiqra 25, 29), parce qu’on donnait aux jeunes filles un délai de douze mois pour préparer leur trousseau (Ketouvoth 57b) Ou une dizaine Dix mois. Et si tu soutiens qu’il s’agit vraiment de « jours », je te répondrai qu’il n’est pas d’usage, quand on demande quelque chose, de commencer par modérer ses exigences pour les augmenter ensuite en cas de refus 24,56 II leur répliqua: "Ne me retenez point, puisque Dieu a fait réussir mon voyage; laissez-moi partir, que je retourne chez mon maître." 24,57 Ils dirent: "Appelons la jeune fille et demandons son avis." Et interrogeons sa bouche 151
D’où nous apprenons que l’on ne marie une femme qu’avec son consentement 24,58 ils appelèrent Rébecca et lui dirent "Pars-tu avec cet homme?" Elle répondit: "Je pars" Elle dit : J’irai De mon propre chef, et même si vous ne le voulez pas 24,59 ils laissèrent partir Rébecca leur sœur et sa nourrice, le serviteur d'Abraham et ses gens. 24,60 Et ils bénirent Rébecca en lui disant "Notre sœur! puisses-tu devenir des milliers de myriades! et puisse ta postérité conquérir la porte de ses ennemis!" . . Puisses-tu devenir des milliers de myriades Puisses-tu, avec ta descendance, recevoir la même bénédiction que celle donnée à Avraham au Mont Moria : « je multiplierai à profusion ta descendance » (supra 22, 17). Dieu veuille que cette descendance soit de toi et pas d’une autre femme 24,61 Rébecca et ses suivantes se levèrent, se placèrent sur les chameaux et suivirent cet homme; le serviteur emmena Rébecca et partit. 24,62 Or, Isaac revenait de visiter la source du Vivant qui me voit; il habitait la contrée du Midi. Venait d’arriver au puits du « vivant de ma vision » Il était allé ramener Hagar chez Avraham, son père, pour qu’il l’épouse (Beréchith raba 60, 14) Et il habitait dans le pays du sud Près de ce puits, ainsi qu’il est écrit : « Avraham partit de là pour la contrée du sud. Il s’installa entre Qadéch et entre Chour » (supra 20, 1). Et c’est là que se trouvait le puits, ainsi qu’il est écrit : « il se trouve entre Qadéch et entre Bèrèd » (supra 16, 14) 24,63 Isaac était sorti dans les champs pour se livrer à la méditation, à l'approche du soir. En levant les yeux, il vit que des chameaux s'avançaient. Pour prier (lassoua‘h) Ce mot a le sens de « prier » (Berakhoth 26b, Beréchith raba 60, 14), comme dans : « il épanche sa prière (si‘ho) » (Tehilim 102, 1) 24,64 Rébecca, levant les yeux, aperçut Isaac et se jeta à bas du chameau; Elle vit Yits‘haq Elle l’a trouvé si beau qu’elle en est restée saisie Elle se jeta 152
Elle s’est laissée glisser à terre (Beréchith raba 60, 15), comme le traduit le Targoum. Elle s’est penchée vers le sol, mais elle n’est pas arrivée jusqu’à terre. De même : « veuille pencher ta cruche » (verset 14), ou : « Il incline les cieux » (Tehilim 18, 10), pareillement traduits dans le Targoum. On retrouve la même idée dans : « s’il tombe, il ne reste pas terrassé » (Tehilim 37, 24), c’est-à-dire que l’homme intègre trébuche vers la terre, mais sans y tomber 24,65 et elle dit au serviteur: "Quel est cet homme, qui marche dans la campagne à notre rencontre?" Le serviteur répondit: "C'est mon maître." Elle prit son voile et s'en couvrit. Elle se couvrit Le verbe est au hithpa’él, avec un sens passif, comme dans : « elle fut enterrée (watiqavér) » (infra 35, 8), « elle se brisa (watichavér) » (I Chemouel 4, 18) 24,66 Le serviteur rendit compte à Isaac de tout ce qu'il avait fait. Le serviteur raconta Il lui a rapporté les miracles dont il avait bénéficié, à savoir le « rétrécissement » de la route (Beréchith raba 60, 15) et l’apparition de Rivqa suite à sa prière 24,67 lsaac la conduisit dans la tente de Sara sa mère; il prit Rébecca pour femme et il l'aima et il se consola d’avoir perdu sa mère. Dans la tente de Sara sa mère Il l’a conduite dans la tente, et elle a pris la ressemblance de Sara, sa mère, c’est-à-dire qu’elle est devenue aussitôt comme Sara, sa mère. Aussi longtemps que Sara était en vie, une lumière était allumée de chaque veille de chabath à la suivante, la pâte qu’elle pétrissait était bénie, et une nuée était fixée au-dessus de la tente. Tout cela a cessé à sa mort, pour reprendre à l’arrivée de Rivqa (Beréchith raba 60, 16) De sa mère Il est naturel que tant qu’un homme a sa mère, elle soit tout pour lui, et qu’à sa mort sa femme soit sa consolation (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 32)
Chapitre 25 (Toledot) 25,1 Abraham prit une nouvelle épouse, nommée Ketoura. Qetoura C’est Hagar (Beréchith raba 61, 5), ainsi appelée (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 30) parce que ses actions étaient aussi belles que l’encens (qetoreth), et aussi parce qu’elle avait « lié » (qachar) l’ouverture de son corps, ne s’étant unie à aucun homme depuis qu’elle s’était séparée d’Avraham 153
25,2 EIIe lui enfanta Zimrân, Yokchân, Medân, Midyân, Yichbak et Chouah. 25,3 Yokchân engendra Cheba et Dedân; et les fils de Dedân furent les Achourim, les Letouchim et les Leoummim. Les Achourim Noms de chefs de nations. Le Targoum Onqelos, qui le traduit par lemachiran (« ceux qui campent », de chayyara [« caravane »]), ne peut pas, à mon avis, s’appuyer sur le texte. Et si tu m’objectes qu’il n’en est pas ainsi à cause du alèf de achourim qui ne fait pas partie de la racine, je te répondrai qu’il existe des mots qui ne comportent pas de alèf au début, mais qui en ont un au début de certaines formes dérivées, comme dans : « un mur tiré à la verticale (anakh) » (‘Amos 7, 7) à rapprocher de : « boiteux (nekhé) » (II Chemouel 4, 4), ou comme dans : « un vase (assoukh) d’huile » (II Melakhim 4, 2), à rapprocher de « tu auras soin de te laver, de te parfumer (wesakhta) » (Routh 3, 3) Les Letouchim Quant aux Letouchim, ils possédaient, selon le Targoum, des tentes dispersées de toutes parts et ils se déplaçaient chacun dans la sienne. C’est ainsi qu’il est écrit : « ils étaient dispersés (netouchim) sur la surface de toute la terre » (I Chemouel 30, 16), les lettres noun et lamèd étant permutables 25,4 Les enfants de Midyân: Efa, Efer, Hanoc, Abida et Eldaa. Tous ceux-là furent les enfants de Ketoura. 25,5 Abraham donna tout ce qu'il possédait à Isaac. Avraham donna Rabi Nè’hèmia a enseigné : il s’agit du don héréditaire de la bénédiction. Le Saint béni soit-Il lui avait dit : « et tu seras bénédiction » (supra 12, 2). Les bénédictions te sont confiées pour bénir qui tu voudras, et Avraham a transmis ce don à Yits‘haq 25,6 Quant aux fils des concubines qu'avait eues Abraham, il leur fit des présents; et tandis qu'il vivait encore, il les relégua loin d'Isaac, son fils, vers l'orient, dans le pays de Kédem. Des concubines Il manque le yod à la terminaison du pluriel en im de pilagchim (« concubines »). C’est parce qu’Avraham n’a qu’une seule concubine, Hagar, c’est-à-dire Qetoura. Les épouses ont une ketouva (« contrat de mariage »), pas les concubines, comme indiqué dans la guemara (Sanhèdrin 21a) à propos des épouses et concubines de Dawid Avraham fit des dons Nos rabbins ont expliqué qu’il leur a transmis « le nom de l’impureté » (Sanhèdrin 91a). Autre explication : tous les dons qu’on lui avait faits à cause de Sara, ainsi que les autres dons qu’on lui avait faits, il les leur a donnés tous, car il ne voulait pas en tirer profit 154
25,7 Le nombre des années que vécut Abraham fut de cent soixante-quinze ans. Cent ans et soixante-dix ans et quinze ans A cent ans il était aussi vigoureux qu’à soixante-dix, et à soixante-dix ans il était comme à cinq, sans péché 25,8 Abraham défaillit et mourut, dans une heureuse vieillesse, âgé et satisfait; et il rejoignit ses pères. 25,9 Il fut inhumé par Isaac et Ismaël, ses fils, dans le caveau de Makpéla, dans le domaine d'Efrôn, fils de Çohar, Héthéen, qui est en face de Mambré; Yits‘haq et Yichma‘el D’où l’on apprend que Yichma‘el s’était repenti et a donné préséance à Yits‘haq (Baba Batra 16b). C’est en cela qu’a consisté « la bonne vieillesse » (verset 8) dont a bénéficié Avraham (Beréchith raba 38, 12) 25,10 ce domaine qu’Abraham avait acquis des enfants de Heth. Là furent ensevelis Abraham et Sara son épouse. 25,11 Après la mort d'Abraham, le Seigneur bénit Isaac, son fils. Isaac s'établit prés de la source du Vivant-qui-me-voit. Ce fut Dieu a apporté à Yits‘haq les consolations que l’on doit à ceux qui sont en deuil (Sota 14a). Autre explication : Bien que le Saint béni soit-Il eût confié les bénédictions à Avraham, celuici craignait de bénir Yits‘haq, parce qu’il prévoyait qu’il donnerait un jour naissance à ‘Essaw. Il a dit : « Que vienne le Maître des bénédictions bénir qui bon lui semblera ! ». C’est alors que le Saint béni soit-Il est venu bénir Yits‘haq 25,12 Suivent les générations d'Ismaël, fils d'Abraham, que l'Égyptienne Agar, esclave de Sara, avait enfanté à Abraham. 25,13 Voici les noms des fils d'Ismaël, désignés selon leur ordre de naissance: le premier-né d'Ismaël, Nebaïoth; puis Kédar, Adbeél, Mibsam; Selon leur nom Dans l’ordre de leur naissance 25,14 Michma, Douma, Massa; 25,15 Hadad, Tèma, Yetour, Nafich et Kédma 25,16 Tels sont les fils d'Ismaël et tels sont leurs noms, chacun dans sa bourgade et dans son domaine; douze chefs de peuplades distinctes. 155
Selon leurs bourgades Ce sont des villes non fortifiées. Le Targoum traduit par « ouvert », comme dans : « Ouvrez (la bouche) et éclatez de joie » (Tehilim 98, 4) 25,17 Le nombre des années de la vie d'Ismaël fut de cent trente-sept ans. Il défaillit et mourut et rejoignit ses pères. Les années de vie de Yichma‘el... R. ‘Hiya bar Abba a enseigné : Pourquoi cette précision quant au nombre des années qu’a vécues Yichma‘el ? Pour y rattacher les années de Ya’aqov (Yevamoth 64a). L’âge qu’avait Yichma‘el à sa mort nous permet de déduire que Ya’aqov a fréquenté la maison de ‘Evèr pour y étudier pendant quatorze ans, après avoir quitté son père et avant d’arriver chez Lavan. C’est en effet lorsque Ya’aqov a quitté son père que Yichma‘el est mort, ainsi qu’il est écrit : « ‘Essaw alla vers Yichma‘el... » (infra 28, 9), comme expliqué dans la guemara (Meguila 17a. Voir Rachi infra 28, 9) Il expira On ne parle d’expiration que pour les justes (Baba Batra 16b) 25,18 Ces peuplades habitaient depuis Havila jusqu'à Chour, en face de l'Égypte, jusque vers Achour. Il s'étendit ainsi à la face de tous ses frères. Il demeura (nafal – littéralement : « il tomba ») Comme dans : « Midyan, ‘Amaleq et toutes les peuplades d’Orient s’étendaient (noflim) dans la vallée » (Choftim 7, 12). Le texte emploie ici le mot « tomber », alors qu’il disait plus haut : « et il demeurera (yichkon) à la face de tous ses frères » (supra 16, 12). Avant la mort d’Avraham, « il est demeuré ». Après sa mort, « il est tombé » (Beréchith raba 62, 5) 25,19 Ceci est l'histoire d'Isaac, fils d'Abraham: Abraham engendra Isaac. Et celles-ci sont les générations de Yits‘haq Ya‘aqov et ‘Essaw dont il sera question ci-après Avraham engendra Yits‘haq Le texte, après avoir dit : « Yits‘haq, fils d’Avraham », est tenu d’ajouter : « Avraham engendra Yits‘haq ». En effet, les moqueurs de l’époque disaient que c’est d’Avimèlekh que Sara était devenue enceinte, puisqu’elle était demeurée si longtemps avec Avraham sans avoir eu d’enfants. Qu’a fait le Saint béni soit-Il ? Il a modelé le visage de Yits‘haq à la ressemblance de celui d’Avraham, et tout le monde a pu ainsi témoigner que celui-ci était bien son père. C’est la raison pour laquelle il est écrit ici : « Yits‘haq, fils d’Avraham », étant donné qu’il était désormais prouvé que « Avraham a engendré Yits‘haq » (Midrach tan‘houma Toldoth 1, Baba Metsi‘a 87a) 25,20 156
Isaac avait quarante ans lorsqu'il prit pour épouse Rébecca, fille de Bathuel, l'Araméen, du territoire d'Aram, sœur de Laban, l'Araméen. Yits‘haq avait quarante ans Lorsqu’Avraham est revenu du Mont Moria, il a appris la naissance de Rivqa (supra 22, 20). Yits‘haq était alors âgé de trente-sept ans, puisque Sara est morte à ce moment-là, et qu’il s’est écoulé cette durée entre sa naissance et son sacrifice, et donc la mort de Sara. Sara avait en effet quatre-vingt-dix ans à la naissance de Yits‘haq et elle est morte à cent vingt-sept ans, ainsi qu’il est écrit : « la vie de Sara fut de cent ans et vingt ans et sept ans » (supra 23, 1). Yits‘haq avait par conséquent trente-sept ans à la naissance de Rivqa. Il a attendu qu’elle ait trois ans et l’a alors épousée Fille de Bethouel Ne savions-nous pas déjà qu’elle était « fille de Bethouel, de Padan Aram, et sœur de Lavan » ? Si le texte le répète ici, c’est pour faire son éloge : Elle était fille d’un homme impie, sœur d’un impie, habitant un pays peuplé de gens impies, et elle n’a pas suivi leur exemple (Beréchith raba 63, 4) De Padan Aram Il existe deux Aram : Aram Naharayim et Aram Tsova. D’où le nom de Padan qui signifie « couple », comme dans : « un couple (tsèmèd) de bœufs » (I Chemouel 11,7), que le Targoum traduit par : padan tourim. D’autres expliquent padan aram comme signifiant « le champ de Aram » (Hoché‘a 12, 13), « champ » se disant en arabe : padan 25,21 Isaac implora l’Éternel au sujet de sa femme parce qu'elle était stérile; l'Éternel accueillit sa prière et Rébecca, sa femme, devint enceinte. Yits‘haq implora [Le verbe est à la forme active]. Il a multiplié sa prière avec insistance Hachem se laissa implorer par lui [Le verbe est à la forme passive]. Il s’est laissé gagner par la prière et a accordé ce qu’on lui demandait. Je pense que la racine ‘ayin taw reich exprime toujours l’insistance et la répétition du même acte, comme dans : « une abondance (‘athar) de nuée d’encens » (Ye‘hezqel 8, 11), ou dans : « vous avez multiplié (weha’tartem) vos paroles contre moi » (Ye‘hezqel 35, 13), ou dans « une profusion (wena’toroth) de baisers de l’ennemi » (Michlei 27, 6) : ils sont bien trop nombreux et ils sont à charge. En français médiéval : « encreisement » Au sujet de sa femme (littéralement : « face à sa femme ») Yits‘haq se tenait dans un coin et priait. Rivqa se tenait dans au autre coin et priait elle aussi (Yevamoth 64a, Beréchith raba 63, 5) Hachem se laissa implorer par lui
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Par lui, et pas par elle, parce que la prière d’un juste fils de juste ne ressemble pas à celle d’un juste fils d’un impie 25,22 Comme les enfants s'entre poussaient dans son sein, elle dit "Si cela est ainsi, à quoi suis-je destinée!" Et elle alla consulter le Seigneur. Se heurtaient On conviendra que ce verset appelle une interprétation midrachique, car il laisse dans l’ombre le rapport qui existe entre ces « heurts » et l’exclamation : « si cela est ainsi, à quoi suis-je destinée ? ». Nos maîtres expliquent que le mot a le sens de « courir ». Quand elle passait devant les « portes de Tora » de Chem et de ‘Evèr, Ya‘aqov se mettait à courir et « heurtait » pour sortir. Et lorsqu’elle passait devant les « portes de l’idolâtrie », c’est ‘Essaw qui se mettait à courir et « heurtait » pour sortir (Beréchith raba 63, 6). Autre explication : Ils se heurtaient l’un contre l’autre, se disputant l’héritage des deux mondes Elle dit : S’il en est ainsi Si les souffrances de la grossesse sont si intenses.. ... Pourquoi suis-je là ? Pourquoi avoir tant désiré cette grossesse et avoir tant prié pour elle Elle alla A l’école de Chem et de ‘Evèr Consulter Hachem Pour qu’Il lui dise comment cela se terminera 25,23 Le Seigneur lui dit: "Deux nations sont dans ton sein et deux peuples sortiront de tes entrailles; un peuple sera plus puissant que l’autre et l’aîné obéira au plus jeune." Hachem lui dit Par l’intermédiaire d’un messager (Beréchith raba 63, 17). Chem recevait l’inspiration de l’esprit saint, et il lui en transmettait le message Deux nations sont dans ton ventre Le mot « nations » (goyim) est écrit dans une forme défective (sans waw, comme pour pouvoir être lu : guéyim [« de grands personnages »]), allusion à Antonin [descendant de ‘Essaw] et à Rabi [Rabi Yehouda haNassi, descendant de Ya‘aqov ], à la table desquels il n’a jamais manqué ni radis ni laitues, en été comme en hiver (‘Avoda Zara 11a) Et deux peuples Le mot leom (« nation ») présuppose toujours la puissance royale (‘Avoda Zara 2b) 158
Sortiront de tes entrailles Ils se sépareront dès leur sortie des entrailles de leur mère, pour aller l’un vers son impiété, l’autre vers son intégrité Un peuple sera plus puissant que l’autre Ils ne seront jamais égaux en grandeur. Lorsque l’un des deux s’élèvera, l’autre s'effondrera, ainsi qu’il est écrit : « je vais être comblée, maintenant qu’elle est ruinée » (Ye‘hezqel 26, 2). Tyr n’a été comblée que lorsque Jérusalem a été ruinée (Meguila 6a) 25,24 L'époque de sa délivrance arrivée, il se trouva qu'elle portait des jumeaux. Ses jours pour engendrer furent remplis Tandis qu’on dira à propos de Tamar : « ce fut, au moment de son engendrement » (infra 38, 27). Ses jours n’étaient pas « remplis », car elle a mis ses enfants au monde à sept mois Et voici des jumeaux Le mot « jumeaux » est écrit ici dans une forme défective (tomim, sans waw ni yod), alors que chez Tamar il est écrit en entier : teomim. Car les deux enfants de Tamar seront l’un et l’autre des justes, tandis qu’il y a ici un juste et un impie (Beréchith raba 63, 8) 25,25 Le premier qui sortit était roux et tout son corps pareil à une pelisse; on lui donna le nom d'Ésaü. Roux Indication qu’il versera le sang Comme une pelisse chevelue Plein de poils, tel un vêtement de laine plein de poils. En français médiéval : « flocheide » Ils appelèrent son nom ‘Essaw De la racine ‘assé (« faire »). Tout le monde l’a appelé ainsi parce qu’il était « fait », c’est-àdire qu’il était venu au monde tout velu, comme un homme d’âge mûr 25,26 Ensuite naquit son frère tenant de la main le talon d'Ésaü et on le nomma Jacob. Isaac avait soixante ans lors de leur naissance. Et après cela sortit son frère J’ai entendu une interprétation midrachique qui prend ce texte au pied de la lettre : Il était juste que Ya’aqov saisît son frère au talon pour le retenir, car il était le produit de la première goutte de semence, ‘Essaw étant le fruit de la seconde. On peut comparer cette situation à un tuyau dont l’ouverture est étroite. Si l’on y fait glisser deux cailloux l’un après l’autre, celui qui sera entré en premier sortira en dernier, et celui qui sera entré le dernier sortira le premier. 159
C’est ainsi que ‘Essaw, créé en dernier, est sorti en premier, et que Ya‘aqov, créé le premier, est sorti le dernier. Voilà pourquoi il le « tenait », afin d’être le premier par la naissance comme il l’avait été par la création. Comme c’est lui qui « a ouvert la matrice », c’est à lui que sera attribué le droit d’aînesse Le talon de ‘Essaw Signe que l’un, [en l’occurrence ‘Essaw], n’aura même pas terminé sa période de domination que l’autre, [à savoir Ya‘aqov], se dressera pour lui reprendre le pouvoir Il appela son nom Ya‘aqov C’est le Saint béni soit-Il qui l’a appelé ainsi (Midrach tan‘houma Chemoth 4). [Certaines versions ajoutent : Il a dit à ceux qui avaient nommé ‘Essaw : « Vous venez de donner un nom à votre premier-né ! A moi maintenant de donner un nom à mon fils premier-né ! » (voir Chemoth 4, 23). Voilà pourquoi il est écrit : « Il appela son nom Ya‘aqov »]. Autre explication : C’est son père qui l’a appelé ainsi parce qu’il avait tenu le « talon » (‘aqév) de ‘Essaw Soixante ans Il s’est écoulé dix ans entre son mariage avec Rivqa et le moment où, ayant atteint l’âge de treize ans, elle a pu devenir enceinte. Il a, pendant ces dix ans, espéré et attendu comme l’avait fait son père avec Sara. Il s’est alors rendu compte qu’elle était stérile, et il a prié pour elle. Mais il n’a pas voulu épouser une servante, car le sacrifice au Mont Moria avait fait de lui une offrande entièrement consacrée à Dieu 25,27 Les enfants ayant grandi, Ésaü devint un habile chasseur, un homme des champs, tandis que Jacob, homme inoffensif, vécut sous la tente. Les enfants grandirent. ‘Essaw devint Aussi longtemps qu’ils étaient petits, on ne pouvait pas les reconnaître à leur conduite, personne ne prenait garde à leur caractère. Arrivés à l’âge de treize ans, l’un s’est dirigé vers les écoles et l’autre vers l’idolâtrie (Beréchith raba 63, 10) Connaissant la chasse Sachant attraper et tromper son père par des paroles. Il demandait : « Père ! Comment prélève-t-on la dîme sur le sel et sur la paille ? », lui faisant ainsi croire qu’il observait minutieusement les mitswoth Un homme des champs A prendre au pied de la lettre : un oisif chassant à l’arc bêtes et oiseaux Intègre Il ne connaissait rien de tout cela. Tel était son cœur, telle était sa parole [c’est-à-dire : il était totalement sincère]. Celui qui n’est pas habile à tromper autrui est appelé tam (« intègre ») 160
Habitait les tentes La tente de Chem et celle de ‘Evèr 25,28 lsaac préférait Ésaü parce qu'il mettait du gibier dans sa bouche; mais Rébecca préférait Jacob. Dans sa bouche A comprendre comme le propose le Targoum : « dans la bouche de Yits‘haq ». Pour le midrach, il s’agit de « la bouche de ‘Essaw », qui attrapait et trompait son père par des paroles 25,29 Un jour Jacob faisait cuire un potage quand Ésaü revint des champs, fatigué. Préparait Faisait cuire, comme le traduit le Targoum Fatigué (‘ayéf) De tuer (Beréchith raba 63, 12), comme dans : « mon âme est fatiguée (‘ayefa) à cause des meurtriers » (Yirmeya 4, 31) 25,30 Ésaü dit à Jacob: "Laisse-moi avaler, je te prie, de ce rouge, de ce mets rouge, car je suis fatigué." C'est à ce propos qu'on le nomma Édom. Laisse-moi avaler (hal‘iténi) J’ouvrirai la bouche, et tu n’auras qu’à y jeter copieusement. Comme le dit la michna (Chabath 155a) : « Il n’est pas permis, le chabath, de gaver un chameau, mais on a le droit d’introduire la nourriture (mal’itim) dans sa bouche » Du rouge Des lentilles rouges. Avraham était mort ce jour-là, afin qu’il ne puisse voir son petit-fils ‘Essaw prendre le chemin du mal (Baba Batra 16b). Cela n’aurait pas été, [s’il avait survécu] la « bonne vieillesse » (supra 25, 8) que le Saint béni soit-Il lui avait promise. Aussi a-t-Il abrégé sa vie de cinq ans. Yits‘haq vivra cent quatre-vingts ans, Avraham n’en a vécu que cent soixante-quinze. Ya’aqov a fait cuire des lentilles pour le premier repas de deuil. Pourquoi des lentilles ? Parce qu’elles ont une forme ronde, le deuil étant comme une roue qui tourne dans le monde. De plus, la lentille n’a pas de « bouche », ressemblant en cela à une personne en deuil qui ne doit pas parler. C’est pourquoi on a coutume d’offrir aux gens en deuil un œuf pour leur premier repas. L’œuf est rond et entièrement fermé. Une personne en deuil reste également la bouche close. La guemara (Mo‘èd qatan 21b) enseigne que l’on ne doit pas, pendant les trois premiers jours de deuil, répondre au salut de qui que ce soit. A plus forte raison ne doit-on pas saluer en premier. Du troisième au septième jour, on peut répondre à un salut, mais on ne salue pas en premier, etc 25,31 Jacob dit: "Vends-moi d'abord ton droit d'aînesse." 161
Vends-moi Le Targoum traduit littéralement : « comme ce jour ». Fais-moi une vente réelle et claire, tout aussi inattaquable que l’est ce jour Ton droit d’aînesse Le service du culte revient aux aînés. Ya’aqov s’est dit : il ne convient pas que cet impie soit appelé à apporter des offrandes au Saint béni soit-Il (Beréchith raba 63, 13) 25,32 Ésaü répondit: "Certes! Je marche à la mort; à quoi me sert donc le droit d'aînesse?" Je marche à la mort Le droit d’aînesse est chose variable et qui se déplace. Le culte ne restera pas toujours l’apanage des aînés, puisqu’il passera un jour à la tribu de Léwi. En outre Esaü a demandé : « Quelle est la nature de ce culte ? » Ya’aqov lui a répondu : « Il y a tant de précautions à prendre, il comporte tant de sanctions qui peuvent aller jusqu’à la mort ». Comme l’enseigne la michna (Sanhèdrin 22b) : ceux-là méritent la mort, ceux qui pénètrent dans le sanctuaire en état d’ivresse ou la tête découverte. ‘Essaw dit alors : « jusqu’à la mort ! ». S’il en est ainsi, qu’en ai-je besoin 25,33 Jacob dit: "Jure le moi dès à présent." Et il lui fit serment et il vendit son droit d'aînesse à Jacob. 25,34 Jacob servit à Ésaü du pain et un plat de lentilles; il mangea et but, se leva et ressortit. C'est ainsi qu'Ésaü dédaigna le droit d'aînesse. ‘Essaw dédaigna Le texte témoigne ici de l’impiété de ‘Essaw qui a « dédaigné » le service de Dieu
Chapitre 26 26,1 II y eut une famine dans le pays, outre la première famine qui avait sévi du temps d'Abraham. Isaac alla chez Abimélec, roi des Philistins, à Gherar. 26,2 Le Seigneur lui apparut et dit: "Ne descends pas en Egypte; fixe ta demeure dans le pays que je te désignerai. Ne descends pas en Egypte Etant donné qu’il avait l’intention de descendre en Egypte (Beréchith raba 64, 3), comme l’avait fait son père au moment de la famine, Hachem lui dit : « Ne descends pas en Egypte, car tu es une offrande entièrement consacrée à Dieu, et les pays hors celui d’Israël ne sont pas dignes de toi » 26,3 Arrête-toi dans ce pays ci, je serai avec toi et je te bénirai; car à toi et à ta postérité je donnerai toutes ces provinces, accomplissant ainsi le serment que j'ai fait à ton père Abraham. 162
Toutes ces terres Haél (« celles-là ») est une forme abrégée de haélè 26,4 Je multiplierai ta race comme les astres du ciel; je lui donnerai toutes ces provinces et en ta race s'estimeront bénies toutes les nations du monde: Seront bénies par ta descendance Un homme dira à son fils : « Que ta descendance soit comme la descendance de Yits‘haq », et c’est le sens à donner à cette expression toutes les fois qu’on la rencontre dans le texte. En voici l’exemple-type : « En toi Israël bénira en disant : Eloqim te fasse devenir comme Efrayim et Menachè » (infra 48, 20). De même en ce qui concerne la malédiction, où nous trouvons une tournure identique : « et cette femme [soupçonnée d’infidélité] deviendra un sujet d’imprécation parmi son peuple » (Bamidbar 5, 27), car celui qui maudira son ennemi dira : « Sois comme une telle ! ». De même : « et vous laisserez votre nom comme une malédiction » (Yecha’ya 65, 15), ou encore celui qui jure en disant : « que je sois comme un tel si j’ai fait ceci ou cela ! » (Sifri Bamidbar 6) 26,5 En récompense de ce qu'Abraham a écouté ma voix et suivi mon observance, exécutant mes préceptes, mes lois et mes doctrines." Avraham a écouté ma voix Lorsque je l’ai mis à l’épreuve Il a gardé mon observance (littéralement : « il a gardé ma garde ») Il s’agit des défenses d’origine rabbinique destinées à nous éloigner du risque de transgression des interdictions de la Tora. Il en est ainsi des unions interdites alors qu’elles ne sont qu’à un deuxième degré de parenté, ainsi que les prescriptions rabbiniques concernant le repos du chabath (voir Yevamoth 21a) Mes mitswoth Des commandements qui se seraient imposés même s’ils n’avaient pas été écrits, comme l’interdiction du vol et du meurtre (voir Yoma 67b) Mes statuts (‘houqothaï) Il s’agit de commandements au respect desquels nous serions tentés de nous soustraire, soit sous l’influence de notre penchant au mal, soit sous celle des nations du monde. Exemples : l’interdiction de manger du porc ou celle de porter des étoffes faites d’un mélange de laine et de lin (cha’atnéz). Ces commandements n’ont pas de raison connue, mais ils représentent un ordre du roi et Ses instructions à ses serviteurs Et mes lois Au pluriel. Y compris la loi orale telle qu’elle a été donnée à Mochè au Sinaï (Yoma 28b) 163
26,6 Et Isaac demeura à Gherar. 26,7 Les habitants du lieu s'enquérant au sujet de sa femme, il dit: "Elle est ma sœur" car il n'osait dire ma femme: "les gens du lieu pourraient me tuer à cause de Rébecca, car elle est d'une grande beauté." Au sujet de sa femme La préposition le (leichto) équivaut à ‘al (« au sujet de »), comme dans : « dis de moi (li) : il est mon frère » (supra 20, 13) 26,8 Or, il y demeurait depuis longtemps lorsque Abimélec, roi des Philistins, regardant par la fenêtre, vit Isaac caresser Rébecca sa femme. Se prolongeaient Yits‘haq se dit : « Je n’ai plus, désormais, à m’inquiéter, puisqu’ils ne l’ont pas violée jusqu’à présent » (Beréchith raba 64, 5), de sorte qu’il a cessé d’être sur ses gardes Avimèlekh regarda Il l’a vu avoir un rapport avec sa femme 26,9 Abimélec manda Isaac et dit: "Assurément, c'est ta femme; comment donc as tu pu dire: Elle est ma sœur!" Isaac lui répondit: "Parce que je me disais: Je pourrais périr à cause d'elle." 26,10 Abimélec dit: "Que nous as tu fait là! Peu s'en est fallu que l’un de nous n’eut commencé commerce avec ta femme et tu nous aurais rendu coupables." Quelqu’un (a‘had) du peuple L’unique dans le peuple, à savoir le roi Tu nous aurais rendus coupables S’il avait eu des rapports avec Rivqa, tu aurais amené sur nous une faute 26,11 Abimélec fit une injonction à tout le peuple, en disant: "Quiconque touchera à cet homme ou à sa femme sera puni de mort." 26,12 Isaac sema dans ce pays-là et recueillit, cette même année, au centuple: tant le Seigneur le bénissait. Dans cette terre-là Bien qu’il ne fût pas de la même qualité [et donc aussi fertile] qu’Erets Israël lui-même, que le pays des sept nations (Ketouvoth 112a) Cette année-là 164
Bien que ce ne fût pas une année normale, puisque caractérisée par la disette Dans cette terre-là... cette année-là Pourquoi cette double insistance, [à savoir : ce pays-« là », cette année « là » ? Pour souligner que le pays était dur et que l’année était dure (Beréchith raba 64, 6) Cent mesures On avait estimé combien la terre pouvait produire, et elle a produit cent fois plus. Et nos rabbins ont enseigné que cette estimation était nécessaire pour l’évaluation des dîmes à prélever 26,13 Cet homme devint grand; puis sa grandeur alla croissant et enfin il fut très grand. Jusqu’à ce qu’il fut très grand On disait : « Mieux vaut le fumier des mules de Yits‘haq que l’argent et l’or de Avimèlekh » (Beréchith raba 64, 7) 26,14 Il avait des possessions en menu bétail, des possessions en gros bétail, des cultures considérables et les Philistins le jalousèrent. Et beaucoup de serviteurs Un ouvrage considérable. En français médiéval : « ovreine » Le mot ‘avoda (« ouvrage ») signifie : « un seul travail », et le mot ‘avoudda (tel qu’il est employé ici) signifie : « un ouvrage considérable » 26,15 Tous les puits qu'avaient creusés les serviteurs de son père, du temps de son père Abraham, les Philistins les comblèrent en les remplissant de terre. Les Plichtim les bouchèrent (sitmoum) Parce qu’ils disaient : « Ces puits sont notre malheur, car ils risquent de nous attirer des envahisseurs ! »(Tossefta Sota 10, 6) . Le Targoum le traduit aussi par « boucher ». Et dans le langage du Talmud : « boucher (metamtém) le cœur » (Pessa‘him 42a) 26,16 Abimélec dit à Isaac: "Cesse d'habiter avec nous car tu es trop puissant pour nous." 26,17 Isaac se retira de ce lieu, fit halte dans la vallée de Gherar et s'y établit. Dans la vallée de Guerar Loin de la ville 26,18 Isaac se remit à creuser les puits qu'on avait creusés du temps d'Abraham son père et que les Philistins avaient comblés après la mort d'Abraham. II leur imposa les mêmes noms que leur avait imposés son père. 165
Creusa à nouveau Les puits que les Plichtim avaient comblés, Yits‘haq les creusa à nouveau avant de quitter Guerar 26,19 Les serviteurs d'Isaac, en creusant dans la vallée, y découvrirent une source d'eau vive. 26,20 Les pâtres de Gherar cherchèrent querelle à ceux d'Isaac, en disant: "L'eau est à nous!" II appela ce puits Esek parce qu'on le lui avait contesté. ‘Esseq Contestation Parce qu’ils s’étaient disputés avec lui Ils le lui avaient contesté avec querelle et objections 26,21 lls creusèrent un nouveau puits sur lequel on se querella encore. II lui donna le nom de Sitna. Sitna En français médiéval : « nuisement » 26,22 Il délogea de là et creusa un autre puits, qu'on ne lui disputa point; il le nomma Rehoboth, disant: "Pour le coup, le Seigneur nous a élargis et nous prospérerons dans la contrée." Nous fructifierons dans le pays Comme le traduit le Targoum : « nous deviendrons nombreux dans le pays » 26,23 II monta de là à Beer Shava. 26,24 L'Éternel se révéla à lui cette même nuit, en disant: "Je suis le Dieu d'Abraham ton père; sois sans crainte, car je suis avec toi, je te bénirai et je multiplierai ta race, pour l'amour d'Abraham mon serviteur." 26,25 II érigea en ce lieu un autel et proclama le nom de l'Éternel. II y dressa sa tente et ses serviteurs y creusèrent un puits. 26,26 Or, Abimélec alla chez lui, de Gherar, avec Ahouzzath son confident et Pikol son général d'armée. Avec un groupe de ses amis (méré‘éhou) C’est ainsi que le traduit le Targoum, la lettre mem servant de préposition (« parmi ») à ré‘éhou (« ses amis »). Selon d’autres interprétations, le mem fait partie du substantif méra’, comme dans : « les trente compagnons (meré‘im) » (Choftim 14, 11) de Chimchon (Samson). Ainsi, le mot a‘houzath (« groupe ») serait à l’état construit. Mais il n’est pas d’usage d’employer l’expression, à propos d’un roi, de « groupe [au singulier] de ses amis », car cela 166
impliquerait qu’il serait venu en compagnie de tout son groupe d’amis, et donc qu’il n’en aurait eu qu’un seul. Aussi vaut-il mieux s’en tenir à la première explication. Quant au taw de a‘houzath, il n’y a pas lieu de s’en étonner, même si le mot n’est pas à l’état construit, car on trouve dans le texte des exemples similaires, comme dans : « donne-nous une aide (‘ezrath) contre l’ennemi » (Tehilim 60, 13), ou dans : « ivre (chekhourath), mais pas de vin » (Yecha’ya 51, 21) Un groupe Le mot a‘houzath désigne un assemblage, un groupe, où les gens se tiennent (nèè‘hazin) ensemble 26,27 Isaac leur dit: "Pourquoi êtes vous venus à moi, alors que vous me haïssez et que vous m'avez éconduit de chez vous?" 26,28 Ils répondirent: "Nous avons bien vu que le Seigneur était avec toi et nous avons dit: ‘Oh! qu'il y ait un engagement réciproque entre nous et toi!’ Nous voudrions conclure ce pacte avec toi, Nous avons bien vu (littéralement : « voir nous avons vu ») Nous l’avons vu chez ton père et nous l’avons vu chez toi (Beréchith raba 64, 10) Qu’il y ait donc un serment entre nous... Que le serment qui nous liait depuis l’époque de ton père, soit aussi maintenant « entre nous et entre toi » 26,29 que tu t'abstiendras de nous nuire, de même que nous ne t'avons pas touché, que nous en avons toujours bien usé avec toi et que nous t'avons renvoyé en paix. Maintenant, sois béni de Dieu!" Nous ne t’avons pas touché Lorsque nous t’avons dit : « va-t’en de chez nous » Toi Toi aussi, agis ainsi avec nous 26,30 II leur prépara un festin, ils mangèrent et burent. 26,31 Le lendemain de bon matin ils se prêtèrent serment l'un à l'autre; Isaac les reconduisit et ils le quittèrent amicalement. 26,32 Or ce même jour, les serviteurs d’Isaac vinrent lui donner des nouvelles du puits qu'ils avaient creusé; ils lui dirent: "Nous avons trouvé de l'eau." 26,33 Il le nomma Chiba; de là cette ville s'est nommée Beer Shava, nom qu'elle porte encore. 167
Chiv’a A cause de l’alliance [laquelle est toujours accompagnée d’un serment (chevou‘a)] 26,34 Ésaü, âgé de quarante ans, prit pour femmes Judith, fille de Beéri le Héthéen et Bâsemath, fille d'Élôn le Héthéen. Agé de quarante ans ‘Essaw est comparé à un porc, ainsi qu’il est écrit : « que le porc de la forêt la mutile » (Tehilim 80, 14). Cet animal, lorsqu’il est couché, étend ses pattes pour montrer ses sabots, comme pour dire : « Voyez, je suis pur, [puisque j’ai le sabot fendu] ! ». Il en va de même des princes de ‘Essaw : ils volent et pillent, tout en se donnant des airs de gens honnêtes. Pendant toutes ces quarante années, ‘Essaw enlevait des femmes à leurs maris et leur faisait violence, et lorsqu’il eut atteint cet âge, il dit : « Mon père a pris femme à l’âge de quarante ans. Je vais faire de même ! » (Beréchith raba 65, 1) 26,35 Elles furent une amère affliction pour Isaac et pour Rébecca. Une amertume d’esprit Le mot morath a le sens de « rébellion », comme dans : « vous avez été rebelles (mamrim) » (Devarim 9, 24). Toutes leurs actions étaient cause de courroux et de chagrin.. ... Pour Yits‘haq et pour Rivqa Parce qu’elles pratiquaient l’idolâtrie (Beréchith raba 65, 4)
Chapitre 27 27,1 II arriva, comme Isaac était devenu vieux, que sa vue s'obscurcit. Un jour, il appela Ésaü, son fils aîné et lui dit: "Mon fils!" II répondit: "Me voici." Ses yeux étaient affaiblis Par la fumée des offrandes idolâtres de ces femmes (Midrach tan‘houma 8). Autre explication : Au moment où il avait été lié sur l’autel et où son père était sur le point de l’immoler, au même instant, les cieux s’étaient ouverts et les anges servants avaient vu cela et avaient pleuré. Leurs larmes avaient coulé et étaient tombées dans ses yeux. Voilà pourquoi ses yeux s’étaient affaiblis (Beréchith raba 65, 6). Autre explication : afin que ce soit Ya’aqov qui reçoive les bénédictions (Beréchith raba 65, 8) 27,2 Isaac reprit "Vois, je suis devenu vieux, je ne connais point l'heure de ma mort. Je ne connais pas le jour de ma mort Rabi Yehochou‘a ben Qor’ha a enseigné dit : quand un homme approche de l’âge où sont morts ses parents, il doit se faire du souci cinq ans avant et cinq ans après (Beréchith raba 65, 12). Yits‘haq, qui était âgé de cent vingt-trois ans, s’est dit : « Si c’est l’âge de ma mère, 168
qui est morte à cent vingt-sept ans, que je dois atteindre, j’ai cinq ans de moins que celui qu’elle avait à la fin de sa vie ». C’est pourquoi.. ... Je ne connais pas le jour de ma mort Peut-être aura-t-elle lieu à l’âge qu’avait ma mère, peut-être à celui qu’avait mon père 27,3 Et maintenant, je te prie, prends tes armes, ton carquois et ton arc; va aux champs et prends du gibier pour moi. Je te prie Le verbe sa (« prends ») signifie « aiguiser », comme dans la michna (Beitsa 28a) : « on n’aiguise pas les couteaux sur une meule, mais on les passe (massiah) l’un sur l’autre ». [Yits‘haq a dit à ‘Essaw :] « Aiguise ton couteau et égorge bien la bête, afin de ne pas me faire manger une viande défendue » (Beréchith raba 65, 13) Ton carquois Ton épée, appelée telyekha parce qu’on a l’habitude de la laisser pendre (talo) sur le côté Et chasse pour moi Des bêtes n’appartenant à personne, et non pas volées 27,4 Fais m'en un ragoût comme je l'aime, sers-le moi et que j'en mange afin que mon cœur te bénisse avant ma mort. 27,5 Or Rébecca entendit ce qu'Isaac disait à Ésaü son fils. Ésaü alla aux champs pour chasser du gibier et le rapporter. Pour chasser du gibier Pourquoi ce « pour l’apporter » ? S’il n’en trouve pas à la chasse, il lui en apportera qu’il aura volé 27,6 Cependant Rébecca dit à Jacob, son fils: "Ecoute; j'ai entendu ton père parler ainsi à Ésaü, ton frère: 27,7 ‘Apporte-moi du gibier et apprête moi un ragoût que je mangerai et je te bénirai devant le Seigneur avant de mourir.’ Devant Hachem Avec Son assentiment, car Il me donnera son accord 27,8 Et maintenant, mon fils, sois docile à ma voix, sur ce que je vais t'ordonner: 27,9 169
va au menu bétail et prends moi deux beaux chevreaux et j'en ferai pour ton père un ragoût tel qu'il l'aime. Et prends-moi (littéralement : « prends de ce qui est à moi ») Ils m’appartiennent, et ils ne sont donc pas volés. Yits‘haq avait stipulé dans leur contrat de mariage qu’elle aurait le droit de prendre chaque jour deux chevreaux (Beréchith raba 65, 14) Deux chevreaux Le repas de Yits‘haq consistait-il en deux chevreaux ? En réalité, l’un était destiné au sacrifice pascal, et l’autre devait servir au repas (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 32) Comme il aime Le goût du chevreau ressemble à celui du cerf 27,10 Tu le présenteras à ton père et il mangera; de sorte qu'il te bénira avant de mourir." 27,11 Jacob dit à Rébecca sa mère: "Mais Ésaü, mon frère, est un homme velu et moi je ne le suis pas. Un homme velu Couvert de poils 27,12 Si par hasard mon père me tâte, je serai à ses yeux comme un trompeur, et, au lieu de bénédiction, c'est une malédiction que j'aurai attirée sur moi!" Me tâtera-t-il (yemouchéni) Comme dans : « et tu iras tâtonnant (memachéch) en plein sud » (Devarim 28, 29) 27,13 Sa mère lui répondit: "Je prends sur moi ta malédiction, mon fils. Obéis seulement à ma voix et va me chercher ce que j'ai dit." 27,14 Il alla le chercher et l'apporta à sa mère. Celle ci en fit un mets selon le goût de son père. 27,15 Puis Rébecca prit les plus beaux vêtements d'Ésaü, son fils aîné, lesquels étaient sous sa main dans la maison et elle en revêtit Jacob, son plus jeune fils; Les beaux (littéralement : « les enviables ») Les propres, selon le Targoum. Autre explication (Beréchith raba 65, 16) : que ‘Essaw avait pris par envie chez Nimrod, [un chasseur comme lui (supra 10, 9)] Qui étaient chez elle à la maison N’avait-il pas plusieurs femmes ? Pourquoi les confiait-il à sa mère ? Parce qu’il connaissait leur mauvaise conduite et se méfiait d’elles, [craignant qu’elles ne les volent] (Beréchith raba 65, 16) 170
27,16 de la peau des chevreaux, elle enveloppa ses mains et la surface lisse de son cou, 27,17 et posa le mets avec le pain, qu'elle avait apprêtés, dans la main de Jacob, son fils. 27,18 Celui-ci entra chez son père, disant: "Mon père!" II répondit: "Me voici; qui es tu, mon fils?" 27,19 Jacob dit à son père: "Je suis Ésaü, ton premier né; j'ai fait ainsi que tu m'as dit. Viens donc, assieds toi et mange de ma chasse afin que ton cœur me bénisse." C’est moi C’est moi qui t’apporte, et ‘Essaw est ton premier-né J’ai fait Beaucoup de choses... ainsi que tu m’as dit Assieds-toi Dans le sens de : « s’asseoir à table ». C’est pourquoi le Targoum traduit par iste‘har (« metstoi autour de la table ») 27,20 Isaac dit à son fils: "Qu'est ceci? tu as été prompt à faire capture mon fils!" Il répondit: "C’est que l’Éternel ton Dieu m’a donné bonne chance." 27,21 Isaac dit à Jacob "Approche que je te tâte, mon fils, pour savoir si tu es mon fils Ésaü ou non." Approche donc que je te tâte Yits‘haq s’est dit en lui-même : « Il n’est pas dans les habitudes de ‘Essaw d’avoir à la bouche le nom de Dieu ! Or, celui-ci vient de dire : “C’est que Hachem ton Dieu m’a donné bonne chance” » (Beréchith raba 65, 19) 27,22 Jacob s'approcha d'Isaac,son père, qui le tâta et dit: "Cette voix, c'est la voix de Jacob; mais ces mains sont les mains d'Ésaü." C’est la voix de Ya’aqov Qui s’exprime en suppliant : « lève-toi, je te prie ! » (verset 19), alors que ‘Essaw parle durement : « que mon père se lève ! » (verset 31) 27,23 II ne le reconnut point, parce que ses mains étaient velues comme celles d'Ésaü son frère. Et il le bénit. 27,24 Il dit encore: "Tu es bien mon fils Ésaü?" II répondit: "Je le suis." Il dit : C’est moi Il n’a pas répondu : « c’est moi ‘Essaw ! », mais : « c’est moi ! » 171
27,25 II reprit: "Donne, que je mange de la chasse de mon fils afin que mon cœur te bénisse!" II le servit et il mangea; lui présenta du vin et il but. 27,26 Isaac son père lui dit: "Approche, je te prie et embrasse moi, mon fils." 27,27 II s'approcha et l'embrassa. Isaac aspira l'odeur de ses vêtements; il le bénit et dit: "Voyez! le parfum de mon fils est comme le parfum d'une terre favorisée du Seigneur! Il respira N’existe-t-il pas pire odeur que celle du poil des chèvres ? C’est pour nous enseigner qu’est entrée avec lui l’odeur du jardin de ‘Eden (Beréchith raba 65, 22) Comme l’odeur d’un champ qu’a béni Hachem Dieu y a mis une odeur agréable, celle d’un champ de pommiers, comme l’ont expliqué nos rabbins, de mémoire bénie (Ta‘anith 29b) 27,28 Puisse-t-il t'enrichir, le Seigneur, de la rosée des cieux et des sucs de la terre, d'une abondance de moissons et de vendanges! Qu’Il te donne Qu’Il te donne et qu’Il te donne de nouveau (Beréchith raba 66, 3), [le waw placé en préfixe à weyitèn (« qu’Il te donne ») indiquant une répétition]. Mais d’après le sens littéral, ce waw est là simplement pour rattacher cette phrase à celle qui précède : « Voyez ! le parfum de mon fils que le Saint béni soit-Il lui a donné est comme le parfum des champs... », suivie de : « qu’Il te donne de la rosée des cieux... » De la rosée des cieux A prendre selon le sens littéral. Il existe également de nombreux midrachim très divers Ha-Eloqim Pourquoi est-il écrit ha-Eloqim, le Dieu de Justice ? Si tu le mérites, Il te la donnera, et sinon, Il ne te la donnera pas. Mais à ‘Essaw il dira : « ton domaine sera constitué des graisses de la terre » (verset 39). Que tu sois un juste ou que tu sois un impie, Il te la donnera. » C’est de lui que s’est inspiré Chelomo lorsqu’il a construit le Temple et a prononcé sa prière : Un Juif, lorsqu’il possède la foi et reconnaît l’équité du jugement à son égard, ne te fera jamais de reproches. C’est pourquoi « tu traiteras chaque homme [juif, selon le verset précédent] selon sa conduite, selon ce que tu connais de son cœur » (I Melakhim 8, 39). Mais du païen, qui n’a pas la foi, le roi Chelomo a dit : « Toi, tu l’entendras du ciel... et tu exauceras les vœux que t’adressera l’étranger » (I Melakhim 8, 43). Qu’il en soit digne ou non, donne-le lui, afin qu’il ne te fasse pas de reproches. Cette explication du mot ha-Eloqim figure dans une vieille édition de Rachi 27,29
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Que des peuples t'obéissent! Que des nations tombent à tes pieds! Sois le chef de tes frères et que les fils de ta mère se prosternent devant toi! Malédiction à qui te maudira et qui te bénira soit béni!" Et que les fils de ta mère Tandis que Ya’aqov dira à Yehouda : « les fils de ton père » (infra 49, 8), parce qu’il avait eu des fils de plusieurs mères. Mais ici, comme Yits‘haq n’a eu qu’une seule femme, il dit : « les fils de ta mère » (Beréchith raba 66, 4) Maudit qui te maudira Tandis que Bil’am dira : « béni qui te bénira, et maudit qui te maudira ! » (Bamidbar 24, 9). Les justes commencent par endurer des épreuves, et ils finissent par jouir de la paix. Aussi ceux qui les maudissent, à savoir leurs persécuteurs, précèdent-ils ceux qui les bénissent. C’est pourquoi Yits‘haq fait précéder la bénédiction de ceux qui bénissent par la malédiction de ceux qui maudissent. Les impies, bien au contraire, commencent par vivre dans la quiétude, et ils finissent accablés de souffrances. Aussi Bil’am, ce mécréant, place-t-il la bénédiction avant la malédiction (Beréchith raba 66) 27,30 Or, comme Isaac avait achevé de bénir Jacob, il arriva que Jacob sortait précisément de devant Isaac son père, lorsque son frère Ésaü revint de la chasse. Etait tout juste sorti A peine l’un était sorti que l’autre est entré (Beréchith raba 66, 5) 27,31 II apprêta, lui aussi, un ragoût et le présenta à son père en lui disant: "Que mon père se dispose à manger de la chasse de son fils, afin que ton cœur me bénisse. 27,32 lsaac, son père, lui demanda: "Qui es-tu?" II répondit: "Je suis ton fils, ton premier-né, Ésaü." 27,33 Isaac fut saisi d'une frayeur extrême et il dit: "Quel est donc cet autre, qui avait pris du gibier et me l'avait apporté? J'ai mangé de tout avant ton arrivée et je l'ai béni. Eh bien! Il restera béni!" Fut saisi d’un très grand tremblement Le Targoum traduit par un mot qui marque une grande stupéfaction. Et d’après le midrach, il a vu l’enfer ouvert sous ses pieds, [c’est-à-dire sous les pieds de ‘Essaw (Gour aryé)] Quel est donc Le mot épho (« donc ») comporte plusieurs significations : « Où est-il donc ? », « Qui est donc celui qui avait pris du gibier ? J’ai mangé de tout Tous les goûts que je voulais y trouver en mangeant, je les ai trouvés Aussi sera-t-il béni 173
Afin que l’on ne dise pas que si Ya’aqov n’avait pas trompé son père, il n’aurait pas reçu les bénédictions (Beréchith raba 67, 2). C’est pourquoi il confirme ici sa bénédiction en toute connaissance de cause 27,34 Ésaü, entendant les paroles de son père, poussa des cris bruyants et douloureux et il dit à son père "Moi aussi bénis-moi, mon père!" 27,35 II répondit: "Ton frère a usé de ruse et il a enlevé ta bénédiction." Avec ruse Avec intelligence, comme le traduit le Targoum 27,36 Ésaü dit alors: "Est ce parce qu'on l'a nommé Jacob qu'il m'a supplanté deux fois déjà? II m'a enlevé mon droit d'aînesse et voici que maintenant il m'enlève ma bénédiction!" Et il ajouta: "N'as tu pas réservé une bénédiction pour moi?" Est-ce parce qu’on a appelé son nom C’est une exclamation, comme dans : « est-ce parce que tu es mon frère ? ! » (infra 29, 15). Est-ce pour cela qu’on l’a appelé Ya’aqov, parce qu’il finira par me supplanter (le‘aqvéni) un jour ? (Midrach tan‘houma). Pourquoi Yits‘haq a-t-il été saisi de tremblement ? Il a pensé : « Peut-être ai-je commis une faute en bénissant le cadet avant l’aîné, et en inversant l’ordre de la naissance ? » C’est alors que ‘Essaw a poussé un cri : « Il m’a supplanté deux fois déjà ! » Son père lui a demandé : « Que t’a-t-il fait ? » Il lui a répondu : « Il m’a pris mon droit d’aînesse ! ». Il dit : « C’est cela, précisément, qui me préoccupait, et j’ai été saisi de tremblement à l’idée de m’être peut-être écarté de la stricte justice. A présent, c’est bien l’aîné que j’ai béni. “Aussi restera-t-il béni !” » Il m’a supplanté Traduction du Targoum : « il m’a tendu un piège », comme dans : « lui tend un piège » (Devarim 19, 11). Autre traduction : « il a été plus intelligent que moi » Ne m’as-tu pas réservé (atsalta) Dans le sens de « mettre en réserve », comme dans : « et Il mit en réserve (wayatsèl) » (Bamidbar 11, 25) 27,37 Isaac répondit en ces termes à Ésaü: "Certes! je l'ai institué ton supérieur, j'ai fait de tous ses frères ses serviteurs, je lai gratifié de la moisson et de la vendange: pour toi, dès lors, que puis je faire, mon fils?" Voici ! je l’ai institué ton maître Cette bénédiction est la septième [de celles accordées à Ya‘aqov (versets 28 et 29)], et il la place en premier. Voici ce qu’a voulu dire Yits‘haq à ‘Essaw : « A quoi te servira une bénédiction ? Si tu acquiers des biens, ils seront à lui, étant donné que “je l’ai institué ton maître”. Or, ce qu’acquiert le serviteur (Qiddouchin 23b) appartient à son maître » (Beréchith raba 67, 5) 174
Et pour toi Où donc chercherai-je ce que je peux faire pour toi 27,38 Ésaü dit à son père: "Ne possèdes tu qu'une seule bénédiction, mon père? Mon père, bénis moi aussi!" Et Esaü éclata en pleurs. Une seule bénédiction Le hé placé devant haverakha (« bénédiction ») marque une interrogation, comme dans : « si elles sont ouvertes (habema‘hanim) ? » (Bamidbar 13, 19), « est-il gras (hachména) ? » (Bamidbar 13, 20), « est-ce de la mort (hakemoth) d’un indigne ? » (II Chemouel 3, 33) 27,39 Pour réponse, Isaac son père lui dit: "Eh bien! une grasse contrée sera ton domaine et les cieux t'enverront leur rosée. Des graisses de la terre Ce sont les provinces grecques de l’Italie 27,40 Mais tu ne vivras qu’à la pointe de ton épée; tu seras tributaire de ton frère. Pourtant, après avoir plié sous le joug, ton cou s’en affranchira." De ton épée (we‘al ‘harbekha) – littéralement : « et sur ton épée ») La préposition ‘al, (« sur ») remplace la préposition be, (« avec »), comme dans : « vous vous maintenez sur votre (‘al) glaive » (Ye‘hezqel 33, 26), à savoir : « avec votre glaive », « selon (‘al) leurs légions » (Chemoth 6, 26), à savoir : « avec leurs légions » Lorsque tu auras plié (tarid) Expression de douleur, comme dans : « je m’agite (arid) dans ma douleur » (Tehilim 55, 3). C’est-à-dire que lorsqu’Israël transgressera la Tora et que tu auras des raisons de te plaindre des bénédictions qu’il a reçues, « tu briseras son joug de dessus ton cou... » (Beréchith raba 67, 7) 27,41 Ésaü prit Jacob en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait donnée. Et Ésaü se dit en lui même: "Le temps du deuil de mon père approche; je ferai périr Jacob mon frère." Les jours du deuil de mon père approchent A prendre selon le sens littéral : « je ne ferai pas de peine à mon père ». Il existe également de nombreux midrachim très divers 27,42 Et Rébecca fut informée des desseins d'Ésaü son fils aîné. Elle fit appeler Jacob, son plus jeune fils et lui dit "Écoute, Ésaü ton frère veut se venger de toi en te faisant mourir. On raconta à Rivqa
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C’est l’esprit saint qui l’a informée de ce que ‘Essaw méditait en son cœur (Beréchith raba 67, 9) Se console à ton sujet Il regrette son sentiment de fraternité à ton égard, et il a formé un autre projet : celui de se comporter envers toi en étranger et de te tuer. Et le midrach explique : tu es déjà mort à ses yeux, et il a bu pour toi la coupe de consolation [que l’on avait l’habitude de boire après la perte d’un proche (voir Yirmeya 16, 7)]. Et d’après le sens littéral, le mot mithna‘hèm a le sens de « consolation » : ton meurtre le consolera des bénédictions qu’il n’a pas reçues 27,43 Et maintenant, mon fils, obéis à ma voix: pars, va te réfugier auprès de Laban, mon frère, à Haràn. 27,44 Tu resteras chez lui quelque temps, jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. Quelques jours Peu nombreux 27,45 Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus et qu'il aura oublié ce que tu lui as fait, je t'enverrai ramener de là bas: pourquoi m'exposer à vous perdre tous deux à la fois?" Pourquoi serai-je privée de vous deux Pourquoi [m’exposer à être] privée de vous deux ? Celui qui enterre ses enfants est appelé chakoul. Il est écrit au sujet de Ya’aqov : « comme je suis privé d’enfant (chakholti), je reste privé d’enfant (chakhalti) » (infra 43, 14) De vous deux en un seul jour S’il se lève contre toi et que toi, tu le tues, ses fils se dresseront et te tueront. Elle était inspirée par l’esprit saint et a prophétisé qu’ils mourraient le même jour, comme il est expliqué dans la guemara (Sota 13a) 27,46 Rébecca dit à Isaac: "La vie m'est à charge, à cause des filles de Heth. Si Jacob choisit une épouse parmi les filles de Heth, telle que celles-ci, parmi les filles de cette contrée, que m'importe la vie?" Je suis dégoûtée de ma vie J’ai du mépris pour ma vie
Chapitre 28 (Vayetse) 28,1 Isaac appela Jacob et le bénit, puis lui fit cette recommandation: "Ne prends pas femme parmi les filles de Canaan. 28,2 176
Lève toi, va dans le territoire d'Aram, dans la demeure de Bathuel, père de ta mère; et choisis toi là une femme parmi les filles de Laban, le frère de ta mère. A Padan Aram Le hé placé en suffixe dans padèna aram équivaut à la préposition lamèd (« en direction de ») A la maison de Bethouel Même remarque que ci-dessus. Lorsqu’un mot exige le préfixe lamèd, [préposition signifiant : « en direction de »], ce préfixe peut être remplacé par le suffixe hé (Yevamoth 13b) 28,3 Le Dieu tout puissant te bénira, te fera croître et multiplier et tu deviendras une congrégation de peuples. Et Qél Chaqaï [écrit avec un daleth à la place du qof] Celui qui a assez (daï) de bénédictions pour ceux qui sont bénis par Lui, qu’Il te bénisse 28,4 Et il t'attribuera la bénédiction d'Abraham, à toi et à ta postérité avec toi, en te faisant possesseur de la terre de tes pérégrinations, que Dieu a donnée à Abraham." La bénédiction d’Avraham Celle où Il lui dit : « je te ferai devenir une grande nation » (supra 12, 2), « seront bénies par ta descendance toutes les nations de la terre » (supra 26, 4). Que ces mêmes bénédictions se réalisent pour toi. C’est de toi que sortira cette nation et cette descendance bénie 28,5 Isaac envoya ainsi Jacob au territoire d'Aram, chez Laban, fils de Bathuel, l'Araméen, frère de Rébecca, mère de Jacob et d'Ésaü. Mère de Ya’aqov et de ‘Essaw Je ne sais pas ce que cela vient nous enseigner 28,6 Ésaü vit qu’Isaac avait béni Jacob, qu'il l'avait envoyé au territoire d'Aram pour s'y choisir une épouse; qu'en le bénissant il lui avait donné cet ordre: "Ne prends point femme parmi les filles de Canaan"; 28,7 que Jacob, obéissant à son père et à sa mère, était allé au territoire d'Aram: Ya’aqov écouta Ce verset s’enchaîne à celui qui précède : ‘Essaw a vu que Yits‘haq avait béni Ya‘aqov, qu’il l’avait envoyé à Padan Aram, que Ya‘aqov avait obéi à son père, qu’il était effectivement parti à Padan Aram, et que les filles de Kena‘an déplaisaient à son père. Alors ‘Essaw est parti lui aussi, afin de se rendre chez Yichma‘el 28,8 et Ésaü comprit que les filles de Canaan déplaisaient à Isaac son père. 28,9 177
Alors Ésaü alla vers Ismaël et prit pour femme Mahalath, fille d'Ismaël, fils d'Abraham, sœur de Nebaïoth, en outre de ses premières femmes. Sœur de Nevayoth Du moment qu’il est spécifié qu’elle était la fille de Yichma’él, est-ce que je ne sais pas qu’elle était la « sœur de Nevayoth » ? C’est pour nous apprendre que Yichma‘el était mort après l’avoir destinée à ‘Essaw, mais avant de l’avoir mariée, et que c’est Nevayoth, son frère, qui la lui a donnée en mariage. Et cela nous enseigne aussi que Ya’aqov avait alors soixantetrois ans. En effet, Yichma‘el avait soixante-quatorze ans à la naissance de Ya’aqov, puisqu’il en avait quatorze de plus que Yits‘haq, lequel en avait soixante à la naissance de ses fils (supra 25, 26), ce qui fait soixante-quatorze. Par ailleurs, Yichma’él a vécu cent trente-sept ans, ainsi qu’il est écrit : « et celles-ci sont les années de vie de Yichma’el : cent ans et trente ans et sept ans » (supra 25, 17). Il en résulte qu’à la mort de Yichma‘el, Ya’aqov avait soixante-trois ans [cent trente-sept moins soixante-quatorze]. Et nous en déduisons encore que Ya’aqov s’est caché quatorze ans durant dans la maison de ‘Evèr avant de partir à ‘Haran. Il est resté quatorze ans dans la maison de Lavan avant la naissance de Yossef, ainsi qu’il est écrit : « je t’ai servi quatorze ans pour tes deux filles, et six ans pour ton troupeau » (infra 31, 41), et il n’a reçu son salaire sous la forme de menu bétail qu’après la naissance de Yossef, ainsi qu’il est écrit : « ce fut, lorsque Ra‘hel eut engendré Yossef... » (infra 30, 25). Yossef était âgé de trente ans lorsqu’il devenu roi (infra 41, 46). Neuf années se sont ensuite écoulées – sept années d’abondance et deux de famine – jusqu’à ce que Ya’aqov descendît en Egypte. Ya’aqov a déclaré à Pharaon : « Les jours des années de mes pérégrinations ont été de cent trente ans » (infra 47, 9). Faisons le compte : Si l’on additionne les quatorze ans avant la naissance de Yossef, les trente ans qu’avait Yossef lorsqu’il a commencé de régner, et ses neuf années de règne jusqu’à l’arrivée de Ya’aqov, cela fait cinquante-trois ans. Or, lorsque Ya‘aqov a quitté son père, il avait soixante-trois ans, [comme indiqué plus haut] ce qui devrait donner cent seize, et pourtant il dit « cent trente ans ». Il manque donc quatorze ans. D’où l’on déduit qu’après avoir reçu les bénédictions il s’est caché pendant quatorze ans dans la maison de ‘Evèr (Meguila 17a). Cependant, le mérite qu’il s’est acquis par l’étude de la Tora lui a évité d’être puni pour avoir négligé d’honorer ses parents pendant ce temps-là. Yossef n’a été séparé de son père que pendant vingt-deux ans, c’est-à-dire de dix-sept à trente-neuf ans, correspondant aux vingt-deux années où Ya’aqov a été séparé de son père et ne l’a pas honoré. Ce sont les vingt années passées chez Lavan et les deux ans où il est resté en route, ainsi qu’il est écrit : « il s’y bâtit une maison (bayith), et pour son bétail il fit des cabanes (soukoth) » (infra 33, 17). Nos rabbins, de mémoire bénie, ont expliqué à partir de ce verset qu’il était resté en route pendant dix-huit mois : le mot bayith (« demeure ») au singulier s’applique en effet à une saison des pluies [six mois], et le mot soukoth (« enclos »), au pluriel, s’applique à deux saisons de soleil [douze mois] (voir Rachi infra 33, 17). D’après le décompte des versets que nous avons effectué plus haut, entre le moment où il a quitté son père et celui où il est descendu en Egypte âgé de cent trente ans – où nous trouvons une lacune de quatorze ans – il s’est certainement caché dans la maison de ‘Evèr pour y étudier la Tora, lorsqu’il était en route vers la maison de Lavan. Et par le mérite de l’étude de la Tora, il n’a pas été puni pour ces quatorze années, et il n’a été séparé de Yossef que pendant vingtdeux ans, selon le principe de « mesure pour mesure » En plus de ses premières femmes Il a ajouté une nouvelle impiété aux précédentes, en ne répudiant pas les premières 28,10 178
Jacob sortit de Beer Shava et se dirigea vers Haran. Ya’aqov sortit Le récit de la Tora a interrompu la narration de la vie de Ya‘aqov pour nous dire que les filles de Kena‘an ayant déplu à Yits‘haq, son père, ‘Essaw était allé chez Yichma‘el, ainsi qu’il est écrit : « ‘Essaw vit que Yits‘haq avait béni Ya’aqov... » (verset 6). Cette incidente terminée, le récit revient à son sujet premier Il alla Il aurait suffi d’écrire simplement : « il alla à ‘Haran ». Pourquoi mentionner son départ de Beér Chèva’ ? C’est pour nous apprendre que le départ d’un juste fait impression dans l’endroit qu’il quitte. Aussi longtemps que le juste se trouve dans une ville, c’est lui qui en est la beauté, c’est lui qui en est l’éclat, c’est lui qui en est la majesté. Lorsqu’il la quitte, finie sa beauté, fini son éclat, finie sa majesté, comme dans : « elle sortit de l’endroit » (Routh 1, 7) à propos de Naomi et Routh (Beréchith raba 68, 6) Il alla à ‘Haran (‘harana) Il sortit pour aller à ‘Haran 28,11 Il arriva dans un endroit où il établit son gîte, parce que le soleil était couché. II prit une des pierres de l'endroit, en fit son chevet et passa la nuit dans ce lieu. Il atteignit l’endroit Le texte ne spécifie pas le nom de l’endroit. Il s’agit d’un « endroit » mentionné ailleurs, à savoir le Mont Moria (‘Houlin 91b), ainsi qu’il est écrit : « il vit “l’endroit” de loin » (supra 22, 4) Il atteignit (wayifga’) Comme dans : « il atteignit (oufaga’) Jéricho » (Yehochou‘a 16, 7), « il atteignit (oufaga’) Dabècheth » (Yehochou‘a 19, 11). Nos rabbins ont expliqué ce mot comme impliquant l’idée de prière (Berakhoth 26b, Beréchith raba 68, 9), comme dans : « Ne cherche pas à me fléchir (al tifga’ bi) » (Yirmeya 7, 16). Cela nous enseigne que Ya‘aqov a institué la prière du soir (‘arvith). Le texte a cependant modifié le vocabulaire et n’a pas écrit « il pria », afin de t’apprendre que les distances ont été « supprimées » pour lui, comme expliqué dans la guemara (‘Houlin 91a) Car le soleil s’était couché Le texte aurait dû porter : « le soleil s’est couché et il y passa la nuit ». L’expression « car le soleil s’était couché » signifie que le soleil s’est couché prématurément, et non à son heure, afin qu’il soit obligé d’y passer la nuit (Beréchith raba 68, 10) Les mit sous sa tête Il en a formé comme une murette de l’apparence d’une gouttière autour de sa tête, car il avait peur des bêtes féroces. Les pierres ont commencé de se disputer, l’une exigeant : « C’est sur 179
moi que ce juste posera sa tête ! », et l’autre protestant : « Non ! c’est sur moi qu’il la posera ! » (Beréchith raba 68, 11). Aussitôt, le Saint béni soit-Il les a fondues en une seule pierre (‘Houlin 91b), ainsi qu’il est écrit : « il prit “la pierre” [au singulier] qu’il avait mise sous sa tête » (verset 18) Il se coucha en cet endroit-là L’expression implique une restriction : Il s’est couché en cet endroit-là, mais durant les quatorze ans qu’il avait passés à étudier dans la maison de ‘Evèr, il ne s’était pas couché la nuit, car il y étudiait la Tora sans interruption 28,12 Il eut un songe que voici: Une échelle était dressée sur la terre, son sommet atteignait le ciel et des messagers divins montaient et descendaient le long de cette échelle. Y montaient et descendaient Ils montaient d’abord, puis ils descendaient (Beréchith raba 68, 12). Les anges qui l’avaient accompagné à l’intérieur d’Erets Israël ne devaient pas sortir du pays : ils sont donc remontés au ciel. Et ceux attachés aux autres pays sont descendus pour l’accompagner 28,13 Puis, l'Éternel apparaissait au sommet et disait: "Je suis l'Éternel, le Dieu d'Abraham ton père et d'Isaac; cette terre sur laquelle tu reposes, je te la donne à toi et à ta postérité. Se tenait sur lui Pour le protéger (Beréchith raba 69, 3) Et Eloqim de Yits‘haq Il est vrai que, nulle part dans le texte, le Saint béni soit-Il n’a associé de leur vivant Son nom à celui des justes, en écrivant « Eloqim d’un tel », car il est écrit : « même en Ses saints Il n’a pas confiance » (Iyov 15, 15). Ici, cependant, Il a uni Son nom à celui de Yits‘haq, parce que sa vue s’était assombrie et qu’il était obligé de rester chez lui. Il était donc comme mort, et son penchant au mal l’avait quitté, [de sorte qu’il était devenu hors d’état de pécher] (Midrach tan‘houma guemara) Sur laquelle tu es couché Le Saint béni soit-Il a rassemblé sous lui le sol de tout Erets Israël, lui suggérant ainsi que ses enfants le conquerraient avec autant de facilité qu’une parcelle de quatre coudées, dimension qui représente la place occupée par un homme couché (‘Houlin 91b et Rachi ibid.) 28,14 Elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi; et toutes les familles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité. Tu t’étendras Tu te fortifieras, comme dans : « elle s’étendait » (Chemoth 1, 12) 180
28,15 Oui, je suis avec toi; je veillerai sur chacun de tes pas et je te ramènerai dans cette contrée, car je ne veux point t'abandonner avant d'avoir accompli ce que je t'ai promis." Je suis avec toi Car il avait peur de ‘Essaw et de Lavan Jusqu’à ce que (‘ad im) j’aie fait Le mot im a ici le sens de ki (« que ») Ce que ce que je t’ai dit Dans ton intérêt et à ton sujet. Ce que j’ai promis à Avraham pour sa descendance, je l’ai promis à ton sujet et non pas au sujet de ‘Essaw, car je ne lui ai pas dit : « car c’est la descendance de Yits‘haq qui portera ton nom », mais : « c’est “dans” Yits‘haq que l’on appellera ta descendance »(supra 21, 12), et non pas la totalité de Yits‘haq (Nedarim 31a). D’une manière générale, tout li, lekha, lo, lahem complément du verbe dabèr signifie : « au sujet de » (voir Rachi sous supra 24, 7). Le présent verset en est la preuve, puisque Dieu ne s’était jamais, jusqu’alors, adressé à Ya’aqov 28,16 Jacob, s'étant réveillé, s'écria: "Assurément, l'Éternel est présent en ce lieu et moi je l'ignorais." Et moi je ne le savais pas Car si je l’avais su, je n’aurais pas dormi dans un lieu aussi saint 28,17 Et, saisi de crainte, il ajouta: "Que ce lieu est redoutable! ceci n'est autre que la maison du Seigneur et c'est ici la porte du ciel." Ceci n’est autre que la maison de Eloqim Rabi El‘azar a enseigné dit au nom de rabi Yossi ben Zimra (Beréchith raba 69, 7) : Cette échelle était posée à Beér Chèva’, et le milieu de sa rampe surplombait le Temple, car Beér Chèva’ se trouve au sud du territoire de Yehouda, et Jérusalem au nord, à la limite entre Yehouda et Binyamin. Quant à Beith-El, il se trouve au nord de Binyamin, à la limite entre Binyamin et les fils de Yossef. En conséquence, les pieds de l’échelle étaient à Beér Chèva’ et son sommet à Beith-El, le milieu de sa rampe étant au surplomb de Jérusalem. Cela répond à un autre enseignement de nos sages. Dieu a dit : « Ce juste viendrait dans ma demeure [c’està-dire le Temple de Jérusalem] et il s’en irait sans y passer la nuit ! » (‘Houlin 91b). Et ils ont également enseigné : Ya’aqov a donné à Jérusalem le nom de Beith-El (Pessa‘him 88a). Or, il s’agit ici de Louz et non de Jérusalem. Et d’où déduisent-ils cela [à savoir que Louz s’identifie à Jérusalem] ? A mon avis, le Mont Moria a été déraciné et est venu se placer à cet endroit, et c’est ce mouvement qui a caractérisé la « suppression des distances » dont il est question dans le traité ‘Houlin. C’est le Temple lui-même qui est venu à sa rencontre jusqu’à Beith-El, d’où l’emploi des mots : « il atteignit l’endroit » (verset 11) [c’est-à-dire qu’il l’a « rencontré », à la manière de deux personnes qui se déplacent l’une vers l’autre]. On peut se demander, dans ce cas, [étant ainsi acquis que Ya‘aqov s’est rendu de Beér Chèva’ à Jérusalem, puis à Louz et à ‘Haran, et donc qu’il avait dépassé Jérusalem lorsqu’il s’est arrêté 181
à Louz] pourquoi Dieu ne l’a pas retenu lorsqu’il est passé sur l’emplacement du Temple. S’il n’avait pas l’idée de prier à l’endroit où avaient prié ses pères, le ciel aurait dû l’y retenir ! En fait, il est parti jusqu’à ‘Haran, ainsi qu’il est écrit dans le traité ‘Houlin. Et le texte le prouve : « il alla à ‘Haran » (verset 10). Il s’est dit : « Comment se peut-il que je sois passé par l’endroit [Beith-El] où a prié mon père sans y prier moi-même ? » Il a alors décidé de faire demi-tour, et il était déjà revenu à Beith-El lorsque les distances ont été « supprimées » Que ce lieu est redoutable Traduction du Targoum : « Quelle vénération s’attache à cet endroit ! » Il emploie un substantif, comme pour « intelligence » (Devarim 32, 28), « un vêtement pour me vêtir » (verset 20) Et ceci est la porte des cieux Un lieu de prière par où sa supplication est montée au ciel (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 35). Et d’après le midrach : le sanctuaire d’en-haut qui correspond au sanctuaire d’ici-bas, [le Temple de Jérusalem étant ainsi considéré comme la « porte » du sanctuaire d’en-haut](Beréchith raba 69, 7) 28,18 Jacob se leva de grand matin; il prit la pierre qu'il avait mise sous sa tête, l'érigea en monument et répandit de l'huile à son faite. 28,19 Il appela cet endroit Béthel; mais Louz était d'abord le nom de la ville. 28,20 Jacob prononça un vœu en ces termes: "Si le Seigneur est avec moi, s'il me protège dans la voie où je marche, s'il me donne du pain à manger et des vêtements pour me couvrir; Si Eloqim est avec moi S’Il tient pour moi ces promesses qu’Il m’a faites d’être avec moi, comme Il me l’a dit : « et voici, je suis avec toi » (verset 15) S’Il me garde Comme Il me l’a dit : « Je te garderai partout où tu iras » (verset 15) S’Il me donne du pain à manger Comme il me l’a dit : « car je ne t’abandonnerai pas » (verset 15). On dit de celui qui mendie du pain qu’il est « abandonné », ainsi qu’il est écrit : « Jamais je n’ai vu un juste abandonné, ni ses enfants obligés de mendier leur pain » (Tehilim 37, 25) 28,21 si je retourne en paix à la maison paternelle, alors le Seigneur aura été un Dieu pour moi Que je retourne Comme Il me l’a dit : « je te ramènerai dans ce pays » (verset 15) En paix 182
Le mot chalom (« paix ») contient l’idée « d’intégrité ». « Entier » de tout péché, car je ne veux rien apprendre des manières d’agir de Lavan Hachem sera pour moi Eloqim Puisse Son nom reposer sur moi du début à la fin, puisse-t-on ne jamais trouver de tare dans ma descendance (Sifri Waeth‘hanan 31), comme Il me l’a dit : « ce que je t’ai dit » (verset 15). Cette promesse, Dieu l’avait faite à Avraham, ainsi qu’il est écrit : « afin d’être pour toi Eloqim, et pour ta descendance après toi » (supra 17, 7) 28,22 et cette pierre que je viens d'ériger en monument deviendra la maison du Seigneur et tous les biens que tu m'accorderas, je veux t'en offrir la dîme." Et cette pierre Voici comment il faut expliquer la conjonction « et » : si tu fais pour moi ces choses-là, alors je ferai cela Et cette pierre que j’ai érigée en monument... D’après le Targoum : « sur elle je servirai Dieu ». Et c’est ce qu’il a fait à son retour de Padan Aram. Lorsque Dieu lui a dit : « lève-toi, monte à Beith-El » (infra 35, 1), le texte ajoute : « Ya’aqov érigea un monument... il fit couler dessus une libation » (infra 35, 14)
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