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ANALYSE DES POLITIQUES SOCIALES
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I.
INTRODUCTION ET HISTORIQUE
Le pouvoir public n’a été investi que de missions de sécurité civile et militaire pendant longtemps (de l’ordre public, la sécurité des personnes et des biens sur son territoire et la sécurité nationale par le développement d’une diplomatie) (Didier Tabuteau, 2012). Les sécurités sociales ou dispositifs permettant d’être «à l’abri des péripéties» qui risquent de dégrader le statut social de l’individu, relevaient d’un triptyque:
Découlaient de la richesse acquise, la propriété
Elles s’organisaient au sein des communautés paysannes dans le monde agricole, des guildes, corporations dans les villes
Et dépendaient enfin de la bienfaisance et de la charité pour les déshérités.
La rencontre de deux phénomènes a remis en cause cet équilibre et présidé à l’avènement de la notion de politique sociale :
La révolution industrielle a détruit les fondements des solidarités traditionnelles, de l’entraide familiale et locale avec l’exode rural et la dislocation des liens familiaux et de proximité.
De même, elle a exacerbé les risques encourus par les travailleurs dans les mines et industries, créant une insécurité sociale sans précédent.
Parallèlement, avec la conceptualisation à partir du 17 ème siècle d’un risque accessible aux calculs et le développement des techniques d’assurance qui va en découlé, les fondements économiques des nouvelles formes de mutualisation ont été posés.
Lorsqu’aux XVIII et XIX siècles, la problématique de la pauvreté a trouvé place dans le débat politique aidée en cela par la « libéralisation » des sociétés, trois solutions apparaissent :
L’œuvre sociale a posé le principe d’une «dette sociale», c’est-à-dire d’une solidarité due par la Nation aux plus démunis du simple fait de leur appartenance au genre humain ou à la collectivité des citoyens
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D’autre part, de nouvelles solidarités ont vu le jour sous l’égide du mutualisme. Moyennant l’adhésion à des caisses de socialisation des risques, certains salariés ont pu bénéficier des filets de protection sociale.
La dernière solution reposait sur le concept de prévoyance, supposée concilier la protection contre les risques sociaux et la responsabilité individuelle. De l’effort personnel d’épargne et d’assurance devait naître la nécessaire protection contre les risques sociaux.
A la fin du XIX siècle, la théorie du risque social a progressivement favorisé une hybridation des différentes formules qui avaient été élaborées.
Les trois piliers
modernes de la protection collective contre les risques sociaux ont alors pu se constituer:
L’assurance et la prévoyance ont donné naissance à des dispositifs privés et facultatifs (assurance-vie, assurance-décès, assurance-invalidité,…).
L’assurance et le mutualisme ont défini une forme de protection sociale complémentaire explicitement intégrée dans le champ des politiques sociales.
Le mutualisme et la notion de dette sociale ont donné naissance au système de protection sociale obligatoire: des lois bismarckiennes à socle professionnel aux systèmes beveridgiens à vocation universelle.
Selon Laurent OLIVIER (2014), l’histoire de l’État providence commence au XIXe siècle, à des degrés différents selon la culture économique et sociale de chaque pays. Les régimes sociaux occidentaux se sont construits en fonction des trajectoires historiques des États, des idéologies, des cultures et des civilisations, des besoins, des risques, propres aux sociétés européennes ou nord-américaines (Diallo, M-K, 2014). La situation est fort différente en Afrique par rapport aux autres continents. L’État en Afrique subsaharienne n’a jamais été un Etat-providence « au sens où l’on entend généralement une situation dans laquelle la population se voit garantir une série plus ou moins étendue de biens et de services à travers des politiques publiques de redistribution » (Quantin, 1994, p. 24) même si dès le lendemain des indépendances, certains pays (Sénégal, Guinée, Ghana, Mali, Bénin, Tanzanie) ont essayé de mettre en pratique des politiques d’inspiration socialiste (Charles, 1965) avec une intervention de l’État dans de nombreux secteurs.
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Dans le contexte de la première guerre mondiale les États adopteront des mesures interventionnistes plus actives sur le plan économique ou fiscal. Elles seront maintenues après le conflit au titre de mesures sociales. Mais cette intervention régulatrice croissante de l’État dans le domaine social, qui vise à encadrer les conditions de vie et de production, a aussi une dimension réparatrice. Des facteurs extérieurs à l’État ont contribué à renouveler les modes de régulations des conditions sociales. Les organisations caritatives, souvent confessionnelles, tendent à perdre de leur influence ou à se laïciser, au profit des syndicats, des organisations mutuellistes ou du mouvement coopératif. Surtout, l’apparition du parti de masse ouvrier a permis de porter la revendication sociale au niveau des institutions représentatives. C’est dans les années 70 que les théories de l’État providence ont été remises en question, sur un plan économique et philosophique. Il s’agissait en particulier de contester le modèle keynésien, si opérationnel jusqu’à la fin des années 60.
Pierre Rosanvallon(1981) a révélé
les facteurs explicatifs de ce déclin en France repérable à travers plusieurs crises. La crise financière : Pierre Rosanvallonconstate à partir des années 1970 un écart croissant entre les recettes et les dépenses sociales, notamment de santé, partout financées par une hausse rapide des prélèvements obligatoires (impôts + cotisations sociales). La fin de la forte croissance des Trente Glorieuses, le poids de la montée de la dette et du déficit, remettent donc en cause le mode de financement de la sécurité sociale. L’allongement de la durée de la vie pousse tout d’abord l’État-providence à supporter des dépenses de santé importantes. La crise de légitimité: Les dépenses de l’État sont devenues de plus en plus opaques, et les dépenses sociales sont de moins en moins tolérées car perçues comme un impôt. La crise est aussi idéologique, avec dans les années 80 des thèses contestant le principe même de l’intervention de l’État. La montée de l’individualisme a valorisé. Le mérite et la responsabilité, au détriment de la solidarité. L’État est contesté dans sa finalité de gestion des problèmes sociaux. La crise de l’efficacité: La crise de l’efficacité est la troisième crise de l’État providence identifiée par Pierre Rosanvallon. Un des objectifs sociaux de l’État-providence, la lutte contre la pauvreté, n’a pas disparu au cours des Trente Glorieuses malgré les moyens
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financiers. Depuis la crise, de nouvelles formes de pauvreté sont apparues que l’Étatprovidence est impuissant à faire disparaître. Une crise philosophique: Pierre Rosanvallon constatait une crise philosophique de l’État providence. Deux problèmes majeurs apparaissent : la désagrégation des principes organisateurs de la solidarité et l’échec de la conception traditionnelle des droits sociaux à offrir un cadre pour penser la situation des exclus. L’État providence s’identifiait à une forme de société assurantielle. Or, les deux univers de l’assurance sociale et de la solidarité tendent à se séparer, sous l’effet des évolutions démographiques, de la dissociation croissante entre la sphère des cotisants et celle des ayants droit, la connaissance accrue des différences entre les individus et les groupes. Actuellement, il existe de nombreuses théories mettant en relation la protection sociale et l’État-providence. Les premières font référence aux modèles dichotomiques de protection sociale que sont le modèle bismarckien et celui de Beveridge, tandis que les analyses de Gosta Esping-Andersen, de Richard Titmusset les théories distributives mettent en relation l’État social, la famille et le marché. Bref, selon Diallo, M., 2014, en Europe et en Amérique du nord, les modèles semblent être en déphasage avec les risques tandis qu’en Amérique latine (Lautier, B.,2006), en Asie (AISS, 2009) et Afrique (OIT, 2004), les gouvernements peinent à bâtir des modèles solides et à étendre la protection sociale à l’ensemble des populations. 1. 2. Définitions Pour définir les politiques sociales, il faut nécessairement se référer à l’intervention de l’Etat (ou des autorités publiques sur le plan local). Sans intervention de l’Etat, il est possible d’avoir des mesures de protection sociale (associations confessionnelles, associations, mutuelles, fondations, etc.). Toutefois, selon Vaillancourt, pour que les mesures sociales deviennent des politiques sociales au sens fort, il faut qu’il des interventions des pouvoirs publics. Ces interventions prennent trois formes administratives selon Didier Tabuteau :
Les transferts sociaux visant l’amélioration de la répartition des revenus;
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L’offre de services collectifs ou services publics (éducation, santé, services sociaux, transports publics, logement, etc.) pour les rendre accessibles sur une base universelle (à toute la population) ou sélective (à une partie de la population)
La régulation administrative
JOIN-LAMBERT M-T: « ‘une invention’ nécessaire pour rendre gouvernable une société ayant opté pour un régime démocratique, dans le cadre d’un système libéral ». Elles sont inscrites historiquement dans les modes d’intervention des Etats depuis le XIX siècle en tant que politique publique. Elles se traduisent par « un ensemble d’actions mises en œuvre progressivement par les pouvoirs publics pour parvenir à transformer les conditions de vie d’abord des ouvriers puis des salariés et éviter les explosions sociales, la désagrégation des liens sociaux ». Ce champ correspond, dans leur ordre d’apparition , aux politiques du travail (conditions de travail et relations collectives employeurs et salariés), à la protection sociale (aide sociale, politique d’assurances sociales puis de sécurité sociale, vieillesse, santé, famille, indemnisation du chômage), aux politiques de la formation professionnelle et de l’emploi, ainsi qu’aux différentes politiques dites ’transversales’ plus récentes: revenu minimum et politiques locales d’insertion qui lui sont liées, intégration immigrés, politique ville – Hamadou Konate, qui, après avoir dépouillé différents documents et publications du CRDI écrit : « Les politiques sociales sont le fruit de mesures et de mécanismes politiques conçus, planifiés et mis en application pour répondre aux besoins fondamentaux des êtres humains. Elles découlent de décisions nationales et locales qui visent un développement plus efficace des ressources humaines en vue de changements d’ordre social et économique (Konaté, 1997 : 25) » –
Vaillancourt et Ducharme (2000) ont élaboré ce qui suit :
« Les politiques sociales sont des interventions de l’État et des pouvoirs publics qui contribuent au bien-être et à la citoyenneté des individus, des collectivités locales, voire des régions, et cela d’une manière qui fait reculer la “marchandisation” et la “familiarisation”. »
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La marchandisation : c’est-à-dire à une tendance à confier à la logique marchande la solution des problèmes sociaux. La « familiarisation » qui est définie comme un processus qui modifie le partage des responsabilités entre l’État, le marché, l ‘économie sociale et l’économie domestique en transférant des responsabilités vers les familles et l’économie domestique. Concrètement, la « familiarisation » signifie une augmentation des tâches assumées par les femmes, sans rémunération et sans «visibilité ». L’étatisation : plus de responsabilités à l’État.
La privatisation ou de la marchandisation: plus de responsabilités au marché ou au privé à but lucratif
et la solidarisation : plus de responsabilités à l’économie sociale
Vaillancourt et Jetté, 1997 :57; Esping-Andersen, 1999 :277-294 L’État providence, c’est une sorte de métaphore religieuse pour désigner une puissance tutélaire distribuant ses bienfaits à tous. Historiquement, cette notion a été inventée par les ennemis de l’intervention de l’État dans le domaine social. Nous n’avons pas besoin d’un État providence, mais d’un État protecteur, ou d’un État social, pour assurer la protection contre des risques fondamentaux comme la maladie, les accidents de travail, une vieillesse impécunieuse ou, aujourd’hui, des risques autrefois peu apparents, comme la dépendance ». Robert Castel L’appellation État providence met l’accent sur le risque social, alors que le welfare insiste plus positivement sur le bien-être social. Les politiques sociales sont des compromis sociaux dynamiques entre les acteurs syndicaux, économiques et étatiques
Sylvain Lefèvre
L’Association des nations des États de l’Asie du Sud-est (ASEAN) soutient que « La protection sociale renvoie plus à une réalité bien plus large que la sécurité sociale. La sécurité sociale est souvent exclusivement assimilée au régime contributif tandis que le terme de
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protection sociale renvoie non seulement à la sécurité sociale proprement dite, mais aussi aux différents modes de financement des programmes, lesquels peuvent être tantôt contributifs, tantôt non contributifs ». (Polet, 2014, p. 40). Elle comprend des politiques et des programmes qui visent à réduire la pauvreté et à atténuer la fragilité des individus face au chômage, à l’exclusion sociale, à la maladie, au handicap et au vieillissement, en les aidant à faire face à ces risques lorsqu’ils surviennent (Merrien, 2013). Les auteurs soutiennent que la protection sociale aide à protéger les pauvres de la faim et de la misère ; participe au développement humain et à la croissance économique à long terme (Nicholas et Rachel, 2014). 1. 3. Objectifs des politiques sociales
II.
Protéger les travailleurs
Garantir un minimum de bien-être aux individus
Réduire les inégalités sociales
Promouvoir la cohésion sociale
Améliorer l’égalité des chances LA FABRIQUE DES POLITIQUES SOCIALES
Des camps antagonistes s’affrontent : progressisme et conservatisme Progressisme : conquêtes sociales Conservatisme : fustige l’irresponsabilité, l’assistanat et la dérive des comptes publics. La fabrique des politiques sociales mobiliserait donc essentiellement : des valeurs, des convictions et de la volonté politique qui, au gré des rapports de force, susciteraient l’avancée ou le recul des droits sociaux perfectibles ou limités.
Les politiques sociales en plus des
valeurs mobilisent des principes, des représentations, des paradigmes qui réfèrent à des cadres explicatifs ou système de justification. ( Robert Lafore, juriste) III.
LA STRUCTURATION DES POLITIQUES SOCIALES
3. 1. Les principes et le contenu de la politique sociale varient en fonction
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Du problème à résoudre,
De l’objectif à atteindre,
De la solution privilégiée
Des moyens à mobiliser…. (ex: couverture universelle)
Deux grandes catégories de principes :
Ceux qui gouvernent l’accès aux prestations et services: qui a droit ?
Ceux qui gouvernent le financement de ces prestations et services: qui paie l’accès aux prestations ?
Pas de consensus aujourd’hui sur la place devant revenir en matière sociale aux principes tels que: l’égalité, l’universalité ou l’équité. 3. 2. Les politiques de sécurité sociale Logique assurantielle (j’ai droit parce que j’ai cotisé) Ces politiques ont vocation à distribuer des prestations dites universelles et ne sont pas soumises à des conditions de ressources. (Ex: en cas d’accident l’individu peut prétendre à une pension indépendamment de ses ressources). Les concepteurs peuvent cependant remettre en cause ce principe d’universalité et mettre en avant une logique assistantielle, d’égalité concrète ou encore d’équité.
(La condition de ressource fait foi ici)
Complément familial, l’aide au logement. Allocations familiales soumises à condition de ressources en France depuis 1997 remises en cause depuis 1999
L’absence de croissance peut conduire au retour du principe d’équité puisque la protection sociale est très couteuse.
3. 3. Les Politiques d’aide et d’action sociale La logique assistantielle prévaut ici « je suis aidé bien que je n’aie pas préalablement cotisé et/ou parce que je suis dans le besoin ».
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Elles ont donc pour vocation à soumettre à condition de ressources l’accès aux prestations mises en place. Mais, comme pour la sécurité sociale, cette logique peut être inversée au gré des concepteurs. 3. 4. Financement des politiques de sécurité sociale Il s’agit ici de voir la part devant revenir aux cotisations patronales et/ou salariales et à la fiscalité et, au sein de cette dernière, à tel ou tel type de prélèvement. La solution retenue varie en général selon le principe ou les principes mis en branle. (universalité, égalité etc….). Financement: aide et action sociale 3. 5. Financement des politiques d’aide et d’action sociale C’est la fiscalité puisque l’accès est gratuit. L’accès est souvent conditionné ou modulé ou les deux à la foi IV.
LA JURIDICISATION DES PROBLEMES SOCIAUX : LA CONSTRUCTION JURIDIQUE DES POLITIQUES SOCIALES
Diverses dénominations évolutives ont été données aux problèmes sociaux selon les époques :
Pauvreté,
Indigence,
Mendicité,
Vagabondage
Inadaptés
Précarité
Exclusion
Comme toute politique publique, la politique sociale passe par un encodage dans et par le droit. Et le droit se garde bien de consacrer et de faire découler directement de ces notions des prérogatives ou des obligations. EX : a contrario « la loi d’orientation sociale »
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Les systèmes institutionnels qui donnent ses structures à la protection sociale s’inspirent des principes de justice prévalant dans la société. 4. 1. La notion de justice « Dans Théorie de la justice », John Rawls critique l’utilitarisme classique, responsable de différence et des inégalités individuelles et sociales. Pour Rawls, la justice, fondement de la cohésion sociale, veut que les citoyens soient égaux en droit, en situation (équité), en chance et en liberté. Les inégalités de chance dues à des statuts, des places ou des classes légitimées par des déterminants financiers, économiques, sociaux, culturels et politiques sont un obstacle à la paix et à la vie sociale.» (Diallo, M-A, 2014) Dans la société démocratique trois visions du « juste » s’entrechoquent :
La justice comme égale dignité de chacun garantie par une égalité des droits, a minima les droits de la personne, au plus large l’égalité des chances (société égalitaire (diolas);
La justice comme juste rétribution des efforts accomplis par chacun, égalité selon les mérites si l’on veut, qui proportionne les avantages de chacun à ses contributions
La justice comme nécessaire compensation au bénéfice de ceux qui sont considérés comme moins dotés et désavantagés par le sort ou par l’ordre social.
Tout mécanisme de protection reposant sur un transfert de ressources collectives vers des individus ou groupes, dans la finalité de protéger ceux ou de leur apporter une aide, doit composer avec ce substrat et constituer un équilibre ménageant chacune de ces dimensions bien que contradictoires.
La diversité des institutions nationales de
protection sociale s’explique par : La portée et la hiérarchie de ces dimensions selon les époques et chaque société singulière. NB : AUCUNE DE CES CATEGORIES NE PEUT PREVALOIR AU POINT D’ANNIHILER LES AUTRES 4. 2. Structure fondamentale de la construction juridique du social Elle repose sur la définition :
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D’un champ d’application personnel
Et d’un champ matériel
4. 2. 1. Champ d’application personnel Il concerne les personnes qui vont entrer dans le dispositif de protection en s’y voyant attribuer des droits et obligations. Des critères juridiques divers tels que l’âge (plan Sésame), le sexe, le statut tel que la filiation, le mariage, le salariat… découpent, dans la réalité sociale concrète, des catégories de bénéficiaires ainsi discriminées dans la masse indifférenciée des « pauvres », « exclus » etc. ….
4. 2. 2. Le champ matériel Il s’agit de la qualification des faits ou des situations qui ouvriront des droits et des prestations au constat de leur survenance ou de leur existence. V.
LES DEUX MATRICES DE LA PROTECTION SOCIALE: LE BESOIN ET LE RISQUE SOCIAL
5.1 Notion de besoin social Première vision juridique dérivée de l’héritage des dispositifs caritatifs. En application de la structure évoquée plus haut, le besoin ne suffit pas pour ériger les personnes concernées en bénéficiaires d’un système d’aide. Ce dernier doit être construit à l’intersection : du critère matériel et du critère personnel
Au plan personnel
La situation de besoin ne peut être prise en compte et réparée par une prise en charge publique que si:
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Le demandeur est dans l’incapacité de subvenir par lui-même à ses besoins (absence de ressource justifiée par l’incapacité au travail ou l’exemption de l’obligation au travail pour les enfants et les personnes en charge d’enfants) Et si, de plus, il ne peut recourir aux obligations de ses alliés (obligations alimentaires) par rapport auxquelles l’aide publique est subsidiaire. (Solidarités intrafamiliales) Ces obligations sont juridiquement organisées par le code civil. Que prévoit le code sénégalais?
Au plan matériel
Le besoin doit être constaté concrètement (en est-il ainsi au Sénégal?) : par exemple un besoin vital tel que l’hébergement, entretien physique élémentaire, soin ne pouvant être satisfait par ses propres moyens ou ceux de ces obligés alimentaires. Ces critères d’évaluation, de catégorisation procèdent de la discrimination voire de l’exclusion. 5.2 Notion de risque social Les situations problématiques sont constituées ici en considérant que certaines situations sociales comportent des risques à prendre en charge collectivement pour :
Annihiler
Ou amoindrir les effets de leur survenance.
Historiquement ce modèle est lié à la production industrielle, au salariat
En l’absence de toute autre ressource que le salaire, le travailleur est dominé par la logique de marché. (Ex: coût de la vie, des denrées de premières nécessité, logement etc.). Ces incertitudes ou aléas étant liés à la logique de marché, l’assurance sociale internalise ces derniers dans le coût du travail sous forme de cotisations perçues à proportion des salaires versés et aménage des formes d’indemnisation pour assurer une garantie de revenu au travailleur et à sa famille lorsqu’un des risques prévus se réalise. La logique des assurances sociales tient à cela.
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Le droit identifie diverses circonstances factuelles relatives à ces aléas construits comme risques sociaux et en définit les critères d’identification.
Les
notions d’accident de travail et de maladie professionnelle, de maladie, d’invalidité ou de charges familiales sont construites de façon à les rattachées à l’activité professionnelle, à déterminer la nature et les effets qui les constituent. Différents régimes de protection sociale (ou mécanismes d’indemnisation spécifique) proviennent de ces considérations.
Cependant, les
assurances sociales sont aujourd’hui généralisées, étendues même au non-actif, déconnectées de l’activité professionnelle (universalisées). La matrice du risque social conçoit dans certains contextes les situations problématiques à réparer comme des résultantes inéluctables du fonctionnement social (la société au banc des accusés) et conduit alors à en socialiser le coût au moyen d’une mise en solidarité du monde du travail et, potentiellement, par extension des catégories d’ayants droit et des droits dérivés, de
l’ensemble
de
la
société.
C’est là une des voies de passage d’une protection sociale résiduelle, telle qu’elle est maintenue aux Etats-Unis, vers une protection sociale généralisée de toute la population. L’autre voie est la protection sociale universelle comme dans les pays scandinaves où existent des droits sociaux étatisés, attachés à la simple citoyenneté.
La réparation ou
compensation a posteriori peut enfermer les bénéficiaires dans des situations d’assistés et de naturaliser ainsi leur situation en constituant la protection sociale en structure d’enfermement. VI.
LA PROTECTION SOCIALE EN AFRIQUE
Les agences onusiennes ont commencé à faire la promotion de la protection sociale dans les pays du sud à travers leurs agences régionales et nationales. La Commission des Nations unies pour le développement social a adopté une résolution en 2010 pour inciter l’OIT à renforcer ses stratégies de protection sociale par l’assistance aux pays dans l’élaboration de SPS (Kadio, K, 2018). En Afrique, des réunions de haut niveau avaient déjà eu lieu en signe précurseur d’une nouvelle orientation continentale pour renforcer le rôle de l’État dans les politiques sociales. Dès 2004, à Ouagadougou (Burkina Faso), suite au sommet de l’Assemblée des chefs d’État de l’Union africaine (UA), les pays s’étaient engagés à travers une déclaration et un Plan
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d’action de Ouagadougou à améliorer les conditions de vie des personnes vulnérables. Cela devrait être opérationnalisé par l’amélioration des services de protection sociale, notamment des régimes de retraite, des services de santé accessibles et d’autres régimes de sécurité sociale (African Union, 2009). De nos jours, la plupart des pays africains n’ont pas encore un système de protection sociale bien structuré, fonctionnel et totalement protecteur même si on note de plus en plus dans les discours des autorités publiques une volonté d’activation de la protection sociale au sens de « représentations nouvelles et de discours nouveaux sur les systèmes de protection sociale» (Barbier, 2006, p. 14). De plus, depuis les années 1980 avec la rigueur imposée par les institutions de Bretton Woods, l’État a réduit considérablement son soutien, procédé à une privatisation des entreprises nationales (Sanni Yaya, 2007) et une restructuration de l’administration publique dans la plus part des pays africains. Aujourd’hui, l’État africain est un État de type minimaliste qui se désengage des grands investissements au profit du privé et des partenaires. En conséquence, la plupart des pays n’assurent même pas une politique sanitaire satisfaisante (Gautier 2012) et la couverture sociale est assez faible. La plupart des pays du sud ont bâti leur système de protection sociale en référence aux recommandations du Organisation Internationale du Travail (OIT) qui à travers la Convention nº 102 de 1952 définit les neuf domaines de la sécurité sociale : l’accès aux soins de santé, l’assurance maladie, le chômage, la retraite, les accidents du travail, les allocations familiales, l’assurance maternité, l’assurance invalidité et les pensions de survivants (Diallo, M-A, 2014). 6.1 Objectifs visés par la protection sociale
Objectifs matériels : survivre en cas de maladie ou quand on est chargé de famille nombreuse
Objectifs sociaux : réduire les inégalités devant les risques de la vie
6.2 Enjeux de la protection sociale
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Prémunir contre les risques de basculement dans la pauvreté; Minimiser leur vulnérabilité; Favoriser la stabilité sociale; Promouvoir le développement économique et social; Instrument de redistribution de richesses et de justice sociale; 6.3 La distinction des principes canoniques de la protection sociale La nécessité d’une telle distinction se justifie par la remise en cause des politiques sociales à cause de leur coût, du développement de l’assistanat et de sa bureaucratie complexe et inefficace. Il s’agit :
Le principe de redistributivité
Le principe de proportionnalité
Le principe d’universalité
Le principe de redistributivité : la solidarité partagée La solidarité est la responsabilité mutuelle qui s’établit entre plusieurs personnes (dictionnaire Bescherelle).
La lutte
contre la pauvreté est à l’origine des politiques sociales. Elle a été théorisée lors de la révolution française à travers la «dette» de la Nation à l’égard des plus déshérités et l’obligation de secours public qui en résulte. Elle constitue la logique dominante de nombreuses politiques éducatives, sanitaires et sociales. Les prestations familiales sous conditions de ressources. L’ambition de ces politiques est de permettre à chacun d’atteindre un niveau de vie minimal. Ces politiques de redistribution verticales sont difficiles à mettre en œuvre compte tenu de la complexité à appréhender l’ensemble des revenus et leur évolution, l’apparition de nouvelles précarités et de grandes exclusions. Le principe de proportionnalité : la solidarité économique
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Il ne s’agit pas de réaliser une redistribution verticale mais de garantir une solidarité économique par l’octroi de revenus de remplacement dans certaines situations.
La sécurité sociale en est l’expression à travers les pensions de retraite et d’invalidité entre autres.
La politique sociale a, dans ce cas, deux ressorts:
Elle impose une obligation de cotiser à l’ensemble des actifs ainsi qu’aux employeurs pour leurs salariés.
Elle apporte ensuite une garantie économique de solvabilité des régimes institués.
Le principe d’universalité: la solidarité citoyenne Les droits sociaux traduisent également l’appartenance à la collectivité. Il ne s’agit plus seulement de garantir aux déshérités un statut social minimal ou de revenus proportionnés à l’effort contributif fourni mais d’ouvrir à tous certains droits.
VII. LA PROTECTION SOCIALE AU SENEGAL Ensemble des dispositifs pour assurer et aider les individus devant les aléas majeurs de la vie, elle renferme tous les mécanismes de prévoyance collective et individuelle qui permettent aux individus et familles de faire face aux conséquences liées à la survenance de risques sociaux. « La protection sociale est un ensemble de mesures de prévention, de protection, de promotion et de transformation sociale dont l’objectif est la prévention et la réduction de l’exclusion sociale et de l’inégalité, de la pauvreté et de la vulnérabilité. » Les mesures de prévention sont basées sur le principe d’assurance sociale et de solidarité afin de faire face, comme groupe, aux risques qui se présentent au cours de notre vie. Il s’agit des soins de santé, pensions, allocations en cas de grossesse, chômage, invalidité et maladie de longue durée, ainsi que des compensations pour des accidents de travail. Les mesures de protection sont basées sur l’assistance sociale et visent principalement les plus pauvres et les plus vulnérables dans la société.
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Les mesures de promotion constituent un ensemble de dispositifs mis en place pour permettre à chacun de développer ses capacités et donc de prendre en main son propre développement -à travers l’accès à l’éducation et la formation continue, l’accès aux moyens de production (microcrédits etc.), l’autonomie alimentaire, l’apprentissage et le respect des règles en matière de santé et sécurité au travail, etc. Les mesures de transformation visent à produire des changements sociaux. Ceux-ci permettent de conscientiser les gens de l’exclusion sociale et de l’inégalité, de la pauvreté et la vulnérabilité et incitent la société à les prévenir et combattre par le biais des différentes mesures de protection sociale. Il s’agit d’organiser les gens dans des organisations sociales et syndicales pour collectivement défendre leurs droits, mener des actions, des campagnes de sensibilisation et du plaidoyer ciblé. En général, la protection sociale est souvent réduite aux mesures de protection et de prévention « Le Sénégal comme la majorité des pays africains est confronté à l’absence de protection sociale. Depuis l’indépendance, les différents gouvernements ont tenté de mettre en place un système de protection sociale transversal axé sur la sécurité sociale et l’action sociale. Seulement cette stratégie connaît de nombreuses limites. Aujourd’hui, la protection sociale est de nouveau au centre des préoccupations des autorités politiques qui voient en elle un instrument de développement économique et social et un moyen de réduction de la pauvreté. Le régime sénégalais de protection sociale est bâti autour de deux axes : l’action sociale et l’assurance sociale. Ces deux éléments constituent les piliers du régime sénégalais et leurs rôles varient en fonction des catégories cibles, des ressources financières, humaines et techniques qui y sont consacrées. » (Diallo, M A, 2014). 7.1 La politique d’action sociale Elle est fondée sur un système non contributif qui est directement assuré par l’État qui l’organise, le finance et le met en œuvre. Elle est menée en direction des groupes vulnérables. Il s’agit d’apporter assistance aux populations en situation difficile sur les plans économique et social, de favoriser l'insertion sociale des personnes handicapées, de promouvoir les
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associations locales, les établissements et centres d'accueil pour enfants déshérités, de mettre en œuvre des programmes en faveur de l'enfance déshéritée et de soutenir les personnes du troisième âge. 7.2 La politique de prévoyance sociale Le modèle sénégalais est avant tout fondé sur la prévoyance sociale. Le système créé dans les années 1970 tente d’offrir une couverture à tous les travailleurs et leurs ménages. La prévention et la prise en charge du risque santé pour les travailleurs se font à travers la Caisse de Sécurité Sociale (CSS)84 et les Institutions de Prévoyance maladie (IPM) tandis que la retraite est gérée par l’Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (IPRES) et le Fonds National de Retraite (FNR). Cette diversité des structures sociales a pour objectif d’assurer au maximum les Sénégalais contre les risques santé et vieillesse à partir de leur emploi. 7.3 Les mécanismes de solidarité traditionnels « La contrainte économique la plus apparente émanant de la communauté a trait à la redistribution ... La réussite économique individuelle est une aubaine pour la collectivité dans la mesure où elle favorisera l’ordre communautaire. En effet, le plus petit aura toujours droit à l’aide du plus grand. Ce dernier voit automatiquement ses obligations ajustées à son statut social: il ne cherchera pas soustraire à s’y soustraire car le gain économique tiré d’un refus de donner se traduira par une perte importante de crédit auprès de la communauté et des conséquences aléatoires dans l’incertain communautaire » François Régis Mahieu « Le solidarisme est une richesse proprement africaine «l’Afrique pourrait aussi nous donner des leçons de solidarité ... L’Afrique n’a peut-être pas encore de vrais partis condition sine qua none dit-on de la vraie politique Mais elle bruisse de solidarités: familles, ethnies, tontines, sectes maçonneries ...» VIII.
LES
MODELES
DE
POLITIQUES
SOCIALES
DANS
LES
PAYS
SCANDINAVES : L’EXEMPLE DE LA SUEDE 8.1 L’originalité du modèle Suédois L’originalité de la Suède, que l’on retrouve dans une large mesure dans les autres pays nordiques, est que, dès les années 1930, les politiques sociales qui se sont mises en place ont
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été conçues comme un investissement productif visant à concilier efficacité économique et équité sociale 8.2 Fondements et caractéristiques principales du modèle suédois Quelques personnages ont joué un rôle majeur dans la formation de l’État-providence suédois, déterminant les caractéristiques institutionnelles à partir desquelles il a continué de se développer pendant tout le XXe siècle et qui font, aujourd’hui encore, la spécificité du modèle. Alvaet Gunnar Myrdal ainsi que Gustav Möller sont ainsi généralement reconnus comme les architectes principaux de l’État-providence suédois (Rothstein, 1985 et 1998 ; Hirdman, 1989). Ils sont les premiers ayant pensé la dimension productiviste et d’investissement social du modèle ainsi que sa politique familiale très progressiste, le second ayant formé le caractère universel du modèle autour de services de qualité sur lesquels reposent tant la légitimité du système que sa capacité à fortement réduire les inégalités (Korpiet Palme, 1998).
8.3 Une politique sociale productive et prophylactique A. et G. Myrdal, deux éminents sociaux-démocrates développent une nouvelle vision pour la politique sociale. Leurs idées figurent dans de nombreux rapports et ouvrages, le plus célèbre étant le livre de 1934 intitulé Kris i befolkningsfrågan[Crise dans la question de la population]. Retournant les préoccupations des conservateurs autour de la quantité et de la qualité de la population, ils mettent en avant l’argument selon lequel la baisse de la fécondité est due à des difficultés socio-économiques provoquées par l’industrialisation et l’urbanisation rapide. Pour A. et G. Myrdal, il était donc nécessaire de renforcer l’aide aux familles, notamment par une amélioration des logements et l’instauration d’aides au logement, mais aussi par le biais de politiques soutenant le travail des femmes ( le modèle de famille à deux revenus étant censé protéger les familles de la pauvreté) tout en leur permettant de réaliser leur fécondité souhaitée.
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Mais pour les Myrdal, augmenter la fertilité ne devait pas être un but en soi. Plus important que la « quantité » de la population devait être sa « qualité ». Ici, les Myrdal, adressant les préoccupations eugénistes des conservateurs qui craignaient que les aides aux familles ne profitent d’abord aux enfants des couches populaires de « qualité inférieure », soutiennent que la « qualité des enfants » n’est pas déterminée biologiquement mais qu’elle est liée à des facteurs socio-économiques et à l’éducation (Appelqvist, 2007). Ainsi était-il nécessaire, si on voulait garantir la « qualité » de la population, de mettre en œuvre un vaste ensemble de politiques telles que le développement de services d’accueil pour les jeunes enfants, le développement des services d’éducation et de santé, des politiques de soutien aux familles et à l’emploi des femmes, qui permettraient d’investir dans le capital humain de la nation. Sans une population en bonne santé et éduquée qui se reproduit, la productivité de l’économie ne peut être soutenue. Les politiques sociales proposées étaient ainsi présentées non seulement comme un moyen de garantir la sécurité individuelle, la redistribution des richesses et la reproduction de la population, mais aussi, et surtout, comme une façon de promouvoir une organisation plus efficace de la production. G. Myrdal utilise alors le terme de « politique sociale productive » pour désigner cette nouvelle conception du rôle de la politique sociale pour l’économie. Cette nouvelle conception se veut pragmatique et s’oppose à la politique sociale alors en place qui est décriée comme étant : « […] superficielle –[…] elle soigne les symptômes mais ne traite pas le mal à la racine. On donne l’assistance aux pauvres, des aides au chômage aux chômeurs, on met les malades dans des hôpitaux, les alcooliques dans des maisons pour alcooliques, les fous dans des asiles, etc. mais on fait infiniment peu pour éviter que ces phénomènes se produisent » (Myrdal, 1932:24, traduction de l’auteure). Une telle politique sociale est prophylactique et préventive, et non pas simplement symptomatique ou curative. Au début, la politique sociale doit, par nécessité, être restreinte à la phase curative. Des services universels de qualité pour offrir les mêmes capabilités à tous
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Cette idée d’une politique sociale productive va trouver un écho favorable auprès de Gustav Möller, ministre des Affaires sociales de 1932 à 1951. Ce dernier souhaite mettre en place une bureaucratie sociale moderne, basée sur un principe d’« universalisme » afin de simplifier la gestion de l’aide sociale et d’ôter les stigmates attachés à celle-ci, mais aussi de façon à faire bénéficier toute la population, riches et pauvres, de mêmes prestations de qualité.
L’accent est alors mis sur le
développement de services publics universels de façon à soutenir les individus tout au long de leur vie. En effet, le fait d’offrir des prestations en espèces ne garantit nullement que le marché réponde convenablement à la demande, et ne permet pas de garantir un même accès et une même qualité de services à toute la population. Le principe avancé par G. Möllersera d’offrir des services identiques pour tous mais de qualité élevée pour que ne se crée pas une demande pour des services alternatifs privés chez les plus riches (Tilton, 1990). Une politique d’emploi active La stratégie d’investissement social trouvera également son expression dans le modèle économique mis en place dans les années 1950, le fameux modèle « Rehn-Meidner». Il s’agit, d’une part, d’accroître la productivité en forçant les entreprises les moins productives à disparaître ou à se rationaliser. C’est par le biais d’une politique salariale solidaire que les entreprises les moins productives seraient conduites à disparaître. En effet, l’idée de G. Rehnet R. Meidnerétait d’amener les syndicats à négocier, pour chaque branche, un même salaire pour un même travail, tirant ainsi les salaires vers le haut, mais en obtenant néanmoins de la part des syndicats que cette hausse se fasse de façon solidaire afin d’obtenir une certaine compression des salaires entre les différentes branches. Puisqu’il s’agissait néanmoins de maintenir le plein emploi, il fallait, d’autre part, développer une politique d’emploi active permettant de reformer et de réorienter la main-d'œuvre ainsi dégagée par la fermeture des entreprises les moins productives vers les entreprises les plus productives et vers de nouveaux secteurs pour lesquels il manquait de la main-d'œuvre. La social-démocratie suédoise est parvenue à réconcilier les deux objectifs d’égalité et d’efficacité qui avaient jusque-là été compris comme des objectifs contradictoires.
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« L’égalité n’a pas été promulguée comme étant simplement compatible avec l’efficacité. Elle est devenue, au contraire, une condition préalable à son optimisation ». Les Conséquences Les inégalités de revenu sont les plus faibles (un coefficient de Gini (degré d’inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée) autour de 2,4 contre une moyenne européenne de 3,1 en 2011 (données Eurostat). La Suède présentant un indice mondial de la compétitivité (Global Competitiveness Index, GCI) qui la place parmi les cinq pays les plus compétitifs au monde depuis de nombreuses années. Le taux d’emploi global en Suède se situant à 81,5 %, ce qui représente le taux d’emploi le plus élevé de l’OCDE derrière l’Islande. IX. LA NOUVELLE APPROCHE EN POLITIQUE SOCIALE : L’INVESTISSEMENT SOCIAL L’idée de « troisième voie », proposée par Anthony Giddens entendait dépasser le modèle de la social-démocratie mis en place après la Seconde guerre mondiale –keynésianisme, économie mixte, domination de l’État sur la société civile, État providence traditionnel, égalitarisme (…) –et celui du néolibéralisme des années 1980 –État minimal, économie de marché sans contraintes, assistance sociale réduite, politique de classe dans la redistribution des revenus. Cette doctrine a alimenté le débat idéologique sur la social-démocratie, mais nous retiendrons ici surtout une certaine conception de l’État. (Laurent Olivier, 2014) Contrairement à une idée répandue, le rôle de l’État reste important. Giddens insiste sur le rôle de l’État comme investisseur social (comme chez Esping-Andersen). A la différence des néolibéraux, il parle même d’étendre le rôle de la sphère publique. Cette politique implique une « nouvelle économie mixte » une réorientation des investissements de l’État, des dépenses accrues dans le domaine éducatif, en particulier pour la formation permanente et la requalification, et la multiplication des partenariats avec le système dit du « troisième secteur » (mutuelles, associations, économie solidaire…). Ce modèle exclut en revanche de restaurer la propriété publique des moyens de production. (Laurent Olivier, 2014) Giddens prône la « redistribution des possibilités », par opposition à la redistribution des richesses. La valorisation de « l’égalité réelle des chances » suggère la possibilité ouverte à
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tous dans une société donnée d’avoir accès à des « biens stratégiques » fondamentaux, tels que l’éducation, la santé, le travail, etc. C’est l’égalité d’accès et non de résultat qui est valorisée. (Laurent Olivier, 2014)
Toute forme d’égalitarisme est condamnée par
la troisième voie, celui-ci renvoyant à la vieille gauche accusée d’avoir « étouffé » l’égalité des chances au profit d’une idée d’égalité abstraite. Autre thématique de la troisième voie, la « communauté », alternative à la communauté traditionnelle, est un lieu de détermination de l’ensemble de la vie de l’individu. Elle suggère un effort civique, sur le thème du lien étroit entre droits et devoirs. La troisième voie défend aussi le principe de « responsabilité », qui s’inscrit dans la même relation logique : Giddens ne conçoit pas de droits sans obligations. (Laurent Olivier, 2014) Avec l’idée d’investissement social GøstaEsping-Andersen entend rompre avec la perspective statique, des politiques sociales réparatrices et compensatrices ne visant qu’à soulager les difficultés avérées des individus ou à maintenir les revenus perdus. Il invite à adopter une perspective dynamique attentive aux trajectoires de vie, et une stratégie préventive fondée sur une logique d’investissement social : promouvoir les investissements nécessaires aujourd’hui pour éviter d’avoir à indemniser demain. Cette politique de l’État providence est d’abord une politique familiale visant certaines catégories démographiques, les femmes et les enfants constituant une priorité, parce qu’ils sont les seuls susceptibles d’accroître les ressources à consacrer aux retraites à venir. (Laurent Olivier, 2014) 9.2 L’investissement social en occident Dans la plupart des pays riches, à niveau élevé de protection sociale, la prise d’acte est claire. Les politiques sociales ont en général atteint, sur plusieurs décennies, nombre d’objectifs initialement assignés (couverture de la population, limitation de l’extrême pauvreté, amélioration de l’état de santé), mais elles rencontrent des difficultés substantielles liées aux mutations
sociales
(persistance
du
chômage
des
moins
qualifiés,
vieillissement
démographique, tensions générationnelles, obsolescence des qualifications professionnelles, accentuation de la monoparentalité). L’idée procède d’un constat martelé: les systèmes de protection sociale, en particulier en Europe, avec leurs différences, se sont constitués non pas pour prévenir les problèmes sociaux, mais plutôt pour compenser les charges liées à leurs conséquences.
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9.3 L’investissement social en Afrique Dans les pays en développement, le sujet de l’investissement social passe, aujourd’hui, par les analyses
et
propositions
visant
un
«
socle
de
protection
sociale».
L’OIT en 2012 stipule « la sécurité sociale est un investissement dans les hommes et les femmes leur donnant la capacité de s’adapter aux changements de l’économie et du marché du travail ». 9.4 L’analyse de l’investissement social Le concept d’investissement social sera utile aux décideurs publics s’il permet l’utilisation d’indicateurs évaluatifs et une opérationnalisation intuitivement convaincante. Trois fonctions complémentaires de la politique d’investissement social permettent cette opérationnalisation : 1) la fonction de stock, qui améliore le « stock » de capital humain ; 2) la fonction de flux, qui facilite le « flux » des transitions sur le marché du travail et tout au long du cycle de vie ; 3) la fonction d’amortisseur (buffer), qui repose sur de solides filets sociaux universels et sur des amortisseurs économiques (Hemerijck, 2014) 9.4.1 La fonction de stock La fonction de stock concerne la productivité et s’attache à développer et à préserver le capital humain selon un continuum qui va de la petite enfance et se poursuit par l’apprentissage tout au long de la vie. Le développement du capital humain repose sur l’éducation dès le plus jeune âge et l’éducation préscolaire. Il est tout aussi important de préserver ce capital que de le développer, car l’érosion des compétences qui résulte, par exemple, de l’inadéquation entre les compétences et l’emploi, constitue un risque réel sur le marché du travail moderne. Un niveau d’études élevé accroît l’emploi, en particulier les emplois intéressants et à forte productivité (Nelson et Stephens, 2012). 9.4.2 La fonction de flux
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La fonction de flux vise à faciliter les transitions et donc à optimiser et à rendre plus efficiente la répartition de la main-d'œuvre. Ces transitions incluent non seulement les périodes de chômage mais aussi l’intégration des catégories désavantagées sur le marché du travail, les transitions vers un secteur d’activité plus prospère, ou de la parentalité à l’emploi, etc. Soutenir la fonction de flux revient à considérer que, même s’il est crucial de mieux rémunérer le travail (« make work pay »), il est aussi parfois (surtout à long terme) plus important de mieux rémunérer les transitions (« make transitions pay»). 9.4.3 La fonction d’amortisseur La fonction d’amortisseur est la plus facile à expliquer, car elle fait référence, pour l’essentiel, au « keynésianisme par une porte dérobée ». Elle vise à apporter une protection adéquate sous la forme d’un revenu minimum, à permettre une distribution des revenus plus égale et à stabiliser le cycle économique en atténuant les chocs –ce qui était essentiellement la mission de la protection sociale de l’après-guerre. Ainsi que le souligne à juste titre Nolan (2016), affirmer la supériorité des politiques d’« activation » sur les politiques « passives » est contestable, à la fois empiriquement et sur le plan normatif. En s’appuyant sur ces trois fonctions, les pouvoirs publics peuvent mieux comprendre quels types de politiques sont nécessaires pour une stratégie d’investissement social efficace.
X. TERRITORIALISATION ET POLITIQUES SOCIALES LOCALES 10.1 La notion de « territoire » dans les politiques sociales (Robert Lafore, Jean-Luc Outin) Le terme est largement utilisé à tous les niveaux et il est venu se substituer jusque dans les textes constitutionnels au qualificatif « local » qui dénommait antérieurement les découpages essentiellement administratifs dans lesquels l’État central projetait ses administrations déconcentrées et dans lesquels étaient établies des personnes publiques autonomes, dénommées les « collectivités locales ».
Cette nouvelle dénomination recouvre une mutation de ces espaces d’action publique et de leurs régimes de fonctionnement.
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Passant de la notion de « local » à celle de « territoire », on semble chercher: un dépassement de simples délimitations géographiques de l’espace de façon à appréhender les dynamiques socio‐économiques et socio‐politiques en jeu qui combinent sentiers de dépendance et innovations.
Le développement des intercommunalités confèrent une grande acuité à une telle approche.
Partant de l’action sociale et de ses logiques « territorialisées », il peut être effectivement fécond de s’interroger sur ce qui constitue la spécificité, si tant est qu’il y en a une, de ces logiques :
dans la façon de concevoir les questions publiques à prendre en compte et de les traiter,
dans la façon d’organiser les interventions, notamment du point de vue des acteurs concernés,
de les légitimer et de les évaluer et
de les « gouverner ».
Le passage au « territorial » marque‐t‐il une inflexion notable et si oui, de quelle nature est cette inflexion ? Par exemple, il s’agit d’apprécier comment les discours et les démarches en termes de transversalité des interventions, de proximité des populations, de participation et de responsabilisation des acteurs infléchissent (et à quel degré) les façons de faire pour répondre aux besoins. Cela interroge la genèse des « savoirs territorialisés » et leurs caractéristiques en termes de normes d’action et de représentations. De plus, leurs traductions opérationnelles doivent composer avec des cadres nationaux et des contraintes budgétaires plus ou moins stricts. D’autres questions tournent autour de l’échelon pertinent de l’intervention sociale pour traiter de problèmes complexes, des difficultés liées au fonctionnement « multi niveaux » (infra communal, communal ; intercommunal, départemental, national, etc.), des marges de manœuvre territoriales pour la conception et la mise en œuvre des dispositifs ainsi que les inégalités territoriales qui en découlent. L’enjeu est en définitive:
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de mettre en évidence les caractéristiques du « territoire » et des « politiques territorialisées »
d’évaluer si la thématique « territoriale » est en congruence ou non avec l’émergence éventuelle d’un nouveau modèle d’action sociale et
plus largement de « gouvernementalité », à savoir de formes d’aménagement et d’exercice du pouvoir.
Plusieurs des rapports de recherche font état d’un changement dans les conceptions des politiques d’action sociale, dans le cadre de leur territorialisation.
L’essentiel tiendrait dans
la volonté de mettre à l’écart les logiques sectorielles héritées qui découpent bénéficiaires et organisations par publics cibles en construisant des modes d’interventions (prestations matérielles et financières) selon des catégories et sous‐catégories :
substituer à ce modèle d’appréhension des problèmes sociaux une approche qui se veut « globale » et « transversale », centrée sur les « besoins » de chaque personne singulière avec un ensemble de prestations diversifiées intervenant successivement ou simultanément
décloisonner les acteurs au sein de l’action sociale et à désectoriser ce secteur d’action publique en le connectant à l’emploi, à la santé, à l’éducation, à la formation, au logement, etc…
Les thèmes du « parcours », de « l’accompagnement », de « l’individualisation » tout autant que de « l’accès aux droits » et de « l’inclusion » sont autant de symptômes de ces reconfigurations. 10.2 Les politiques sociales locales: fondements, dispositifs, acteurs et régulations Les fondements L’analyse des politiques sociales locales doit être l’occasion de préciser et de problématiser la manière dont le territoire, en tant que nouvelle catégorie d’action, participe aux recompositions que l’on observe au sein des politiques sociales. S’agit‐il d’aménagements à la marge dont la portée générale reste limitée ou participent‐ils d’une transformation substantielle du système global de solidarité collective ?
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Comment cela s’articule‐t‐il avec la recherche d’une nouvelle combinaison entre les principes de sécurité sociale, d’assistance et de prévoyance que l’on observe dans la protection sociale ? Quels liens avec les évolutions en matière de financement de celle-ci? En premier lieu, l’approche de l’action publique par le territoire conduit à s’interroger sur l’échelon pertinent qu’il convient de retenir pour concevoir les politiques sociales. Or, la répartition appropriée des compétences dévolues à chacun peut se heurter au développement d’interventions combinant des champs variés (l’emploi, la formation, l’hébergement,
l’action
sociale,
la
santé,
etc.)
relevant
d’échelons
différents.
Les questions relatives à leur coordination dans la durée, en termes de priorités à définir, de ressources à mutualiser, de formes d’intervention pluri‐institutionnelle à concevoir se trouvent posée En deuxième lieu, au‐delà des enjeux d’efficacité de l’action publique, l’enchevêtrement des compétences qui est pointé ici est difficile à interpréter. Pour certains, il est assimilé à des problèmes de transparence démocratique de l’action publique. Pour d’autres, il est au contraire un gage de pluralité et de mise en concurrence dans l’action publique En troisième lieu, la pertinence du périmètre de l’intervention sociale est de plus en plus examinée à travers le prisme de l’efficience gestionnaire et de la rationalisation des moyens. En quatrième lieu, cette promotion du territoire interroge les inégalités de traitement des populations qui peuvent en découler. Cette approche implique, en effet, de trouver un équilibre entre les principes d’égalité et de solidarité nationale et les libertés locales. En d’autres termes, comment est gérée la tension entre l’autonomie des collectivités territoriales et l’encadrement normatif de l’État relatif à la mise en œuvre des politiques sociales ? Les prestations, les équipements et les services : quelles caractéristiques et quelles innovations dans les territoires ? L’observation et l’analyse pourront être développées dans plusieurs directions. En premier lieu, il serait intéressant de préciser, sur chacun des territoires étudiés, la manière dont les innovations éventuelles que l’on peut observer s’articulent avec des phénomènes de dépendance au sentier, c'est‐à‐dire de dépendance à l’égard de politiques passées. Comment se fait la combinaison entre l’une et l’autre tendance ?
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En deuxième lieu, l’analyse devrait permettre d’éclairer le débat portant sur le partage ou la tension entre politiques universelles et politiques catégorielles. Cette tension se manifeste‐t‐ elledans la configuration d’ensemble observée sur un territoire ? N’est‐elle apparente que pour certains segments de l’offre ? Quels sont les champs et les interventions les plus concernées par le ciblage ? Quelles sont les contreparties éventuellement mises en place ? En troisième lieu, la question des critères de « justice locale » tels que le besoin, le mérite, l’efficacité, etc. pourrait être posée. Une autre façon d’aborder la question serait de reprendre la distinction entre le « social de compensation », remède à l’exclusion, et le « social de compétition » qui cherche à remettre les individus dans le circuit de l’emploi pour qu’ils retrouvent une autonomie suffisante (Donzelot, 1994). En quatrième lieu, la question de l’accompagnement des personnes semble essentielle à divers titres. De par les différents champs du social dans lesquels l’accompagnement est mis en place, les collectivités locales se trouvent particulièrement impliquées. Cette notion renvoie au fait qu’un professionnel et un bénéficiaire définissent en commun les objectifs et les modalités des actions à entreprendre. En faisant du bénéficiaire un acteur à part entière dont les projets et les compétences sont reconnus, le registre de l’intervention se modifie pour passer « d’un idéal éducatif à un horizon capacitaire » (Guiliani, 2013).
Les systèmes d’acteurs territoriaux : entre hiérarchie et coopérations, encadrements et autonomie Il s’agira de caractériser les systèmes d’acteurs constitués dans le cadre des politiques locales et d’analyser leurs modes de gouvernance. En particulier, on s’intéressera aux diverses formes de combinaisons « acteurs publics/acteurs privés –acteurs marchands/acteurs non marchands » que l’on peut repérer selon les domaines et les modes d’intervention. L’émergence du territoire et de l’approche globale des personnes et de leurs besoins pose la question de la coordination entre ces différents acteurs. Normes d’action et identités professionnelles
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Du point de vue des ressources que les acteurs locaux peuvent utiliser, il faut tenir compte de leur grande diversité et ne pas se limiter à la dimension financière, même si celle‐ci a toute son importance. Les mécanismes de régulation : quels outils et quels effets ? Les politiques sociales locales sont devenues plus complexes, non seulement en termes d’interventions mais aussi d’un point de vue technique, gestionnaire et budgétaire. À un niveau général, la décentralisation des compétences pose la question de l’organisation des financements correspondants et des transferts de ressources nécessaires. Plusieurs questions peuvent être envisagées. La connaissance des besoins et la recherche de la qualité? Les enjeux de l’observation sociale territoriale sont multiples : identifier et repérer les besoins et les attentes sociales, exprimés ou invisibles ; mesurer et anticiper les évolutions et construire des scenarii prospectifs ; connaître les territoires pour dresser des typologies afin de mieux répartir les moyens ; disposer d’outils d’aide à la décision. Comment la préoccupation d’un meilleur accès des populations aux dispositifs locaux est‐elle prise en compte, notamment pour appréhender la qualité de leur mise en œuvre ? Enfin, l’analyse de l’implication des personnes dans l’élaboration des politiques et dans la mise en œuvre des dispositifs concernant les groupes auxquels elles appartiennent constitue une entrée originale. Les financements et les mécanismes de péréquation En parallèle aux nouvelles compétences qui leur sont confiées dans le champ social, les collectivités locales voient leurs budgets alimentés par des transferts multiples. Souvent jugés insuffisants pour faire face aux charges correspondantes, les fonds reposent sur une gamme diversifiée d’instruments : dotations et subventions en provenance de l’État. XI. TYPOLOGIES ET MODELES DANS L’ANALYSE DES POLITIQUES SOCIALES
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La question de la pauvreté s’inscrivant dans des configurations institutionnelles propres à chaque société, l’analyse de ses fondements devrait tenir compte des piliers ci-après : –le marché du travail et ses régulations, –les compromis sociaux entre les acteurs syndicaux, économiques et étatiques, traitement politique réservé aux personnes pauvres,
–le –
les représentations sociales de la pauvreté. (Lefèvre, Sylvain, 2011) auxquels on peut ajouter la famille et la communauté. Les modèles et typologies suivant permettent on ne peut plus d’analyser la plupart des dispositifs de politiques sociales ou de protection sociale mis en œuvre dans la plupart des pays à travers le monde. Il n’en demeure pas moins que certaines interventions en politiques sociales ne se laissent pas aisément saisir par ces archétypes. Les variétés analytiques de la protection sociale ou des politiques sociales nous amènent à proposer des modèles et typologies d’analyse des politiques sociales ou système de protection sociale plus ou moins divergents. Sous ce rapport, sans prétendre être exhaustif, nous passerons en revue l’essentiel des modèles d’analyse proposés depuis les schémas dichotomiques de Otto Eduard Léopold Von Bismarck et William Henry Beveridge jusqu’au plus récents, dont celui de Didier Tabuteau,en passant par Richard Titmuss, GostaEspingAndersen, Anthony Giddensentre autres. Le Modèle de Bismarch Les assurances sociales découlent du travail, elles organisent pour les travailleurs et leurs familles une protection contre les risques de la vie. Leur ressort financier est la contribution directe des travailleurs par le paiement de cotisations (Didier Tabuteau). Le modèle bismarckien, dit d’assurance sociale obligatoire, est un système bâti autour de la notion de statut professionnel et de risque au travail avec une couverture sociale des employés contre les risques liés à leurs activités. Les travailleurs bénéficient de prestations en fonction de leurs cotisations (montant, durée) et peuvent en faire bénéficier leurs familles. Ce type de régime est foncièrement corporatiste dans sa cible (les travailleurs), son mode d’organisation, de fonctionnement et de gestion
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(autogestion ou cogestion). C’est un régime pour les travailleurs et par les travailleurs dans la mesure où les salariés restent les principaux bénéficiaires des prestations et le système, financé et géré par les acteurs professionnels. De plus, ce type de régime protège souvent les travailleurs de statuts professionnels stables et bien définis, tels les salariés (Friot, 1998). Les autres travailleurs « précaires » (intérimaires, salariés à mi-temps, stagiaires) ou les sans statut comme les travailleurs « au noir » souvent ne bénéficient pas de tous les avantages du système, surtout en matière de retraite, de santé ou de chômage (Castel R., 2007). Le modèle de Béveridge La protection sociale dérive de l’appartenance à la collectivité. Un pacte social garantit une protection plus ou moins large mais indépendante du statut professionnel (Didier Tabuteau). Le modèle de protection sociale proposé par Beveridge est un système de protection dit universaliste. Les individus bénéficient de la sécurité sociale en fonction, non pas exclusivement de leur emploi ou de leur fonction, mais de leur statut de citoyen. Le principe de ce modèle est de couvrir automatiquement tous les citoyens sans obligation de cotisations préalables ni de lien avec la profession. La protection sociale est essentiellement financée par l'impôt. La citoyenneté est un élément fondamental qui lui permet de bénéficier d’avantages sociaux et de protection contre les risques majeurs: santé, vieillesse, famille, travail. Dans ce régime, être citoyen c’est disposer de droits politiques mais aussi de droits de protection sociale (Schnapper, 1989). Ces derniers sont garantis par un État fortement protecteur qui assure une redistribution plus ou moins égale des ressources. Toutefois, dans ce type de régime, la grande difficulté est de définir la notion de citoyenneté sans discrimination puisque le système de Beveridge repose sur une philosophie démocratique et universaliste. D’ailleurs, certaines études sociologiques montrent que le modèle beveridgien n’incluait pas les femmes et n’était donc pas pleinement démocratique (Gautier & Heinen, 1993). Mamadou Aguibou Diallo Le modèle de Pierre Laroque Le système d’assurance sociale français, élaboré par Pierre Laroque sous l’influence de la tradition mutualiste française essaye de s’en démarquer. En effet, Pierre Laroque propose aux
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Français un système hybride (modèle d'« assurance d'assistance ») dans lequel on retrouve des éléments de chacun des régimes mais où la sécurité sociale organisée en grands « risques » demeure une institution centrale (Barbier & Theret, 2009). Ce modèle est caractérisé par trois grands éléments: les assurances sociales, l’aide et l’action sociale et les institutions mutualistes et de prévoyance. Le modèle français de François-Xavier Merrien Il repose sur une différenciation entre les systèmes visant à protéger de la misère les indigents et ceux attachant des droits sociaux à l’appartenance à la collectivité. Bienfaisance politique d’un côté et citoyenneté sociale de l’autre. C’est la distinction entre le modèle « résiduel » et le modèle « institutionnel ». Dans le premier les politiques sociales viennent pallier les carences des autres protections existantes et dans le second elles traduisent une ambition de cohésion sociale. Le modèle de Richard Titmuss Il propose un modèle comprenant: le résiduel, l’industriel-méritocratique et l’institutionnel. Dans le modèle résiduel, on note une forte présence de la famille et du marché. L’État n’y intervient qu’en dernier lieu lorsque les solidarités primaires (familiales, communautaires, professionnelles) ou le marché ont montré leurs limites. Ce modèle se résume au maintien de filets de base en assurant le strict minimum, laissant le reste au marché. Seulement, le marché ne permet pas à lui seul de garantir une sécurité sociale optimale aux travailleurs car le système est dominé par une logique capitaliste. Le modèle de Gosta-Esping Andersen Les différents modèles qu’il présente, permettent d’identifier différents types de « démarchandisation » partielle du travail salarié, correspondant à trois types d’État providence : l’État providence libéral, l’État providence conservateur corporatiste, l’État conservateur social-démocrate. (Laurent Olivier, 2014) Dans l’État-providence « libéral », modèle représenté en Australie, au Canada, aux ÉtatsUnis, au Royaume-Uni, en Irlande et en Nouvelle-Zélande, l’assistance est fondée sur une évaluation stricte des ressources. Les transferts universels et les programmes d’assurance sociale restent résiduels.
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Ainsi, l’État encourage le marché de la protection sociale en subventionnant les programmes privés d’assurance ou de prévoyance, en ne garantissant que le minimum. Le régime libéral a un niveau de dépenses sociales et d’impôt moins élevé et moins important que les autres régimes. Les transferts, financés par l’impôt, restent modestes, l’assistance n’étant fournie qu’en dernier recours aux personnes les plus démunies, qui doivent « prouver » qu’elles en ont vraiment besoin, et peuvent être socialement stigmatisées. Le marché doit être « entravé » le moins possible par des interventions de l’État. Ce modèle moins redistributif est économiquement plus inégalitaire. Les transferts sont principalement orientés vers les personnes en âge de travailler. Les mesures actives d’aide aux chômeurs à trouver un emploi sont importantes. Ce modèle se caractérise par la faiblesse du syndicalisme, des écarts assez élevés entre salaires. Le second « monde » de l’État providence, dit « conservateur-corporatiste », caractérise des Etats comme l’Allemagne, l’Autriche, la France, la Belgique et l’Italie, marqués par un héritage important d’étatisme, de corporatisme et d’influence de l’Église. Ces États de tradition conservatrice et/ou marqués par le réformisme catholique ont développé un degré de politique sociale précoce. Un consensus s’est perpétué pour l’octroi large de droits sociaux L’impact redistributif y est cependant limité par la préservation des différences de classe et de statut. Les prestations sociales sont dans ce modèle, conditionnées par le versement de cotisations prélevées sur les salaires (Italie, France et Autriche).
Dans ce modèle
conservateur, les bénéfices sont organisés par types de métier. Le corporatisme fut une réponse conservatrice à la fragmentation sociale dans des pays tardivement industrialisés. Les droits sociaux dépendent de l’appartenance à un groupe professionnel ou à une classe sociale. L’attachement à l’emploi est déterminant pour bénéficier d’une retraite complète dans un régime donné. La protection sociale a ainsi pour effet de préserver et d’institutionnaliser les différences de statut social et de mettre au jour la distinction entre les personnes actives sur le marché du travail (et leur famille) et celles qui en sont exclues.
Du fait de l’influence
chrétienne, les politiques de l’État favorisent les ménages où le père est la principale source de revenu familial. Les obligations familiales pour les femmes mariées apparaissent comme la justification de leurs droits dérivés de leur conjoint salarié. Malgré un taux de syndicalisation en baisse, les syndicats continuent d’y jouer un rôle important.
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Enfin, l’État-providence « social-démocrate », le moins répandu, est particulièrement illustré de façon idéal-typique par les pays nordiques (Danemark, Finlande, Norvège, Suède), nations qui ont une forte tradition démocratique et de rejet du catholicisme. Ce sont surtout des coalitions politiques sociales démocrates successives qui ont insufflé les principes d’universalisme et de « démarchandisation» des droits sociaux. Dans ce système, l’ensemble des catégories sociales bénéficie d’un régime généralisé d’assurance de protection sociale de haut niveau qui neutralise le marché et génère une solidarité globale favorisant l’État-providence. Les sociaux-démocrates suédois inaugurent cette combinaison des droits universels du citoyen avec des allocations élevées, progressives et proportionnelles au salaire financées par des impôts élevés. Cette volonté de redistribution ainsi que ces droits et protections, ont protégé les systèmes sociaux-démocrates de toute remise en cause révolutionnaire. A la différence des deux autres modèles, ce régime vise le plein emploi et les syndicats forts favorisent des structures salariales homogènes. Le « modèle nordique », notamment la prise en charge par l’État de tous les besoins sociaux, doit cependant être nuancé aujourd’hui13. En effet, de nouvelles formes d’organisation économique et d’institutions de protection sociale y ont été créées face aux risques sociaux, afin de rendre autonomes les citoyens, en leur donnant les outils pour qu’ils puissent se prendre en charge eux-mêmes.
Le modèle de Anthony Giddens: La « Troisième voie » L’idée de « troisième voie », proposée par Anthony Giddens entendait dépasser le modèle de la social-démocratie mis en place après la Seconde guerre mondiale. Contrairement à une idée répandue, le rôle de l’État reste important. Giddens insiste sur le rôle de l’État comme investisseur social (comme chez Esping-Andersen). A la différence des néolibéraux, il parle même d’étendre le rôle de la sphère publique. Cette politique implique une réorientation des investissements de l’État, des dépenses accrues dans le domaine éducatif, en particulier pour la formation permanente et la requalification, et la multiplication des partenariats avec le système dit du « troisième secteur » (mutuelles, associations,
économie
solidaire…).
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Ce modèle exclut en revanche de restaurer la propriété publique des moyens de production. Si l’État demeure garant de biens publics tels que l’éducation ou la santé, il n’en n’est plus considéré comme le nécessaire fournisseur, mais devient un Etat stratège, partenaire. Giddens prône la « redistribution des possibilités », par opposition à la redistribution des richesses. La valorisation de « l’égalité réelle des chances » suggère la possibilité ouverte à tous dans une société donnée d’avoir accès à des « biens stratégiques » fondamentaux, tels que l’éducation, la santé, le travail, etc. C’est l’égalité d’accès et non de résultat qui est valorisée. Toute forme d’égalitarisme est condamnée par la troisième voie. Elle suggère un effort civique, sur le thème du lien étroit entre droits et devoirs. La troisième voie défend aussi le principe de « responsabilité », qui s’inscrit dans la même relation logique : Giddens ne conçoit pas de droits sans obligations. C’est une « troisième voie dans le sens où c’est un essai pour dépasser tant l’ ancienne [oldstyle] social-démocratie que le néolibéralisme »
Tableau comparatif synthétique des principaux référentiels selon Giddens La social-démocratie classique (ancienne gauche)
Néolibéralisme (la nouvelle droite) (ou thatcherisme)
Troisième Voie
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Participation « étendue » (pervasive) de l’État dans la vie économique et sociale État domine la société civile Collectivisme Management keynésien par la demande, plus corporatisme Rôle restreint accordé au marché : économie sociale ou mixte Plein emploi Fort égalitarisme État-providence complet, étendu, protégeant les citoyens « du berceau au tombeau
Gouvernement minimal Société civile autonome Fondamentalisme en ce qui concerne le rôle primordial du marché Autoritarisme moral et fort individualisme économique Marché du travail est un marché comme un autre et doit donc être « libre » (de toute intervention de l’État) Acceptation de l’inégalité Nationalisme traditionnel État-providence conçu comme un filet de sécurité
Action publique si nécessaire et efficace, rôle de l’État limité mais à réaffirmer Partenariat avec la société civile et nouvel individualisme Marché comme outil à privilégier lorsqu’il est performant. Surveillance des conséquences du libre-échange Responsabilité et acceptation des conséquences des styles de vie choisis Flexibilité et prise de risque nécessaires sur le marché du travail Inégalité comme exclusion, inclusion comme objectif légitime de l’action publique État social actif conçu comme État facilitateur de la prise de responsabilités et de risque individuelles
Patchwork ou Grille d’analyse d’une PS selon Didier Tabuteau (2012)
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Après respectivement Béveridge et Bismark, Richard Titmusset GostaEsping-Andersen, Didier Tabuteau nous propose une grille d’analyse des PS se justifiant par : o Le développement de l’Etat-providence et la recherche de solidarités renforcées fortement affectés par les bouleversements macro-économiques o Et la multiplication des interventions sociales s’adaptant aux réalités et échappant aux logiques doctrinales retenues pour l’examen des politiques sanitaires, éducatives et sociales. Selon lui cinq critères permettent d’analyser les politiques sociales selon leurs configurations et leur évolution depuis trois décennies :
Le critère organique
Le critère financier
Le critère instrumental
Le critère périmétrique
Le critère comportemental
Le critère organique C’est le critère traditionnellement privilégié dans l’analyse des politiques sociales. Ici l’institution en charge de la politique sociale est la référence. Il s’agit de l’Etat central à travers différents dispositifs institutionnels, des collectivités locales, du privé et de la société civile. Le critère financier L’analyse sous le prisme du critère du financement rejoint pour partie celle induite par le critère organique. Les interventions sous l’égide de l’Etat et des collectivités locales ont longtemps été financées par l’impôt. Les interventions des organismes de protection sociale sont financées par les cotisations. Sous un autre angle, le critère financier permet d’apprécier l’intensité de la redistribution verticale des politiques sociales.
Les
plans de maîtrise des dépenses sociales peuvent également être analysés à travers ce critère.
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L’augmentation des tickets modérateurs, des forfaits ou des franchises induit une redistribution défavorable aux malades.
Le critère financier
conduit enfin à identifier les politiques sociales poursuivies par voie d’incitation fiscale dont le coût pour la collectivité peut être très élevé. Exemple: des crédits et des réductions d’impôt contribuent à l’accompagnement des personnes en situation de handicap de même au soutien des associations œuvrant dans le secteur social. NB : L’approche financière est rendue particulièrement difficile par la multiplicité ou superposition des sources de financement. Le critère instrumental On distingue traditionnellement les prestations en nature et les prestations en espèce.
Les prestations en nature font référence à l’ensemble des services de nature sociale accessibles aux usagers avec ou sans participation financière ou frais. C’est le cas de l’école publique et du système public de santé.
Quant aux prestations en espèce, elles matérialisent l’ambition des politiques sociales d’utiliser des ressources collectives pour accroître le revenus de personnes confrontées à un risque spécifique ou dont les ressources sont insuffisantes. Pensions de retraite, allocations familiales, indemnité de chômage. Ces prestations sont par moment traduites en prestations en nature lorsque l’on craint que ces prestations soient utilisées à d’autres fins.
Les prestations peuvent être intégrales ou différentielles. Le critère périmétrique La définition des politiques sociales reposent sur l’énoncé de conditions juridiques, qui en explicitent ainsi le périmètre populationnel mais aussi financier. C’est d’abord le caractère contributif ou non contributif du droit ouvert. Une deuxième catégorie est attachée à la personne bénéficiaire. Les prestations peuvent être subordonnées à des conditions d’âge etc…
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Une troisième catégorie renvoie à la nature du risque couvert et à l’intensité du besoin individuel. Les indemnisations spécifiques de victime reposent sur le principe. C’est le fait d’être victime d’un accident ou d’une infraction pénale qui permet de bénéficier de ces régimes d’indemnisation. Exemple des lois Badinter et Kouchner en France et le bateau le Diola. La dernière catégorie est relative à la nature du service auquel le bénéficiaire veut accéder. Le critère comportemental Les interventions sociales peuvent être subordonnées au respect de conditions plus ou moins contraignantes. C’est la notion de «workfare» ou contrepartie obligatoire pour les bénéficiaires d’une prestation (obligation de travail ou d’efforts d’insertion). Nixon (1969) utilise l’expression le premier : « what America needs now is not more welfare, but more « workfare» ». Welfare-to-work selon Bill Clinton (1996). Les critères comportementaux peuvent donner lieu à deux démarches :
La première est de nature punitive: le bénéficiaire est sanctionnée en cas de nonrespect. Le versement des indemnités de chômage entre dans ce cadre de même que les bourses de sécurité familiale à l’origine.
Une autre voie est de nature incitative. Elle s’inscrit dans une démarche de prévention du risque.
Des typologies globales adaptées aux pays du Sud (Mamadou A. Diallo) Les différentes approches théoriques élaborées dans ce cadre tentent souvent de mettre en relation l’État, le marché et la famille, trois institutions actuellement au centre de la plupart des systèmes sociaux de sécurité.
Premièrement, l’État en tant que créateur et garant de la viabilité des systèmes sociaux, est le principal financeur des politiques sociales. C’est aussi l’acteur qui élabore les priorités et les stratégies de protection sociale pour les différentes catégories de populations. Au moyen des politiques sociales, il garantit une certaine sécurité par rapport aux risques liés à l’âge, à la maternité, à l’emploi, à la maladie et/ou aux accidents professionnels.
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Deuxièmement, le marché participe à son tour à la protection sociale parce qu’il propose des prestations à des personnes et des groupes non couverts par l’État ou les structures traditionnelles (Blanchet, 1997).
Troisièmement, la famille, unité sociale de base et en même temps lieu de solidarité traditionnelle, soutient les personnes grâce à une certaine assistance pendant les moments de vulnérabilité (maladie, accidents, maternité, chômage). Elle est le lieu de travail et de prise en charge, d’entretien et de soins aux enfants et aux adultes dépendants, comme le montrent les travaux de Jane Jenson(1997) ou de Jane Lewis (1997). Aussi, par la solidarité, l’unité familiale contribue à l’intégration de l’individu dans le corps social (socialisation). Enfin, la famille est l’instance la plus sollicitée pour lutter contre l’exclusion sociale dans certaines sociétés parce que les individus sont liés par des éléments très forts comme la parenté et la solidarité.
Le modèle de Delphine Chauffaut et Pauline Domingo Il comprend:
Les politiques de « redistribution »;
Les politiques incitatives
Et les politiques d’amélioration de la qualité de vie
Les politiques de « redistribution » Certaines politiques sociales sont fondées sur le principe de donner plus à ceux qui en ont le plus besoin. Cette redistribution est dite « verticale » quand elle consiste en des transferts financiers vers les plus démunis. Elle est dite « horizontale » lorsqu’elle opère des transferts financiers entre différentes catégories (bien portants vers les malades, des familles sans enfant vers celles avec enfants, etc…) Les politiques incitatives Elles se fondent sur une modification attendue du comportement des individus, pour produire des effets individuels ou sociaux bénéfiques. Il s’agit par exemple des politiques dites d’ «
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activation », incitant au retour à l’emploi de chômeurs, ou de politiques de santé publique invitant, par mesure de prévention, à l’adoption de comportements sains. Les politiques d’amélioration de la qualité de vie Certaines politiques sociales cherchent à améliorer la qualité de vie des individus sans nécessairement induire des transferts financiers directs. Les politiques de rénovation urbaine, d’accès gratuit, ou des tarifs inférieurs aux prix du marché, à des services prisés, tels les crèches, les centres de loisirs font partie de cette catégorie de politiques.
Le modèle comparatif de l’investissement social État-providence « investisseur » Soutien et
État-providence « infirmier »
préparation
Réparation et indemnisation
Intervention en amont, a priori
Intervention en aval, a posteriori
Armer, former pour éviter le risque
Attendre le fait générateur pour intervenir
Préparation – Etat préventif
Réparation – État curatif
Dépenses actives
Dépenses passives
Les jeunes, les femmes et les enfants
Les hommes, les vieux
Pré-distribution - Autonomie
Redistribution - Garantie
Emplois publics de qualité
Emplois publics précarisés
Augmentation de dépenses ciblées
Réductions de cotisations et d’impôts
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Le modèle de Louise Carignan On peut ici distinguer quatre types de politique sociale en fonction des risques couverts, des secteurs et des catégories concernés: les politiques sociales globales, les politiques sectorielles, les politiques catégorielles et les politiques transversales. Les politiques sociales globales Elles visent à garantir collectivement une forme de sécurité contre les risques sociaux liés à la maladie, à l’invalidité, à la vieillesse, à l’absence de travail ou à des revenus insuffisants (sécurité sociale, revenu minimum garanti, assurance chômage). Par, ces politiques il s’agit de « garantir à chaque citoyen qu’en toute circonstance il sera à même d’assurer dans des conditions convenables sa substance et celle des personnes à charge Les politiques sectorielles Elles sont celles établies par secteur d’activités (politique de la santé mentale, du logement, décrochage scolaire, etc.) Les politiques catégorielles Elles sont celles établies par catégorie de personnes (politique de l’enfance, de l’adolescence, de la vieillesse, des personnes immigrantes, victimes de violence, etc.) Les politiques transversales Elles sont celles qui peuvent croiser, concerner les secteurs et les catégories (la politique de la pauvreté, de l’exclusion sociale, l’égalité des personnes, la non-discrimination, etc.) ‘Empowerment’ et politiques sociales: trois modèles (radical, néolibéral et sociallibéral) Le concept ‘empowerment’ a à la fois influencé les politiques et les pratiques sociales. D’une part, du point de vue des pratiques sociales, les acteurs de l’encadrement social sont passés de relations de bienfaisance à des rapports de collaboration.
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D’autre part, son ambition étant de lutter contre les inégalités de classe, de race et de genre, les institutions de développement international en ont fait un de leurs principaux mots d’ordre. Les travaux de Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener sur le concept ont débouché sur la distinction de trois modèles: le modèle radical des origines, le modèle néolibéral et le modèle social-libéral. Le modèle radical Il évoque les idéaux : -De justice sociale -De redistribution -De changement social Le modèle néolibéral Selon ce modèle, l’empowerment vise à ‘permettre aux individus d’exercer leurs capacités individuelles et à prendre des décisions rationnelles dans un contexte d’économie de marché’. (être entrepreneur de sa propre vie) Le modèle social-libéral Il promeut la liberté individuelle, les droits civiques, l’intervention publique sans pour autant remettre en cause les inégalités sociales.
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Typologie de l’Etat social et configurations du Travail social selon Thierry Dock État keynésien
État néo-libéral
État social actif
Cadre économique
Économie mixte
Fondamentalisme du marché
Marché : outil à privilégier et à surveiller
Rôle de l’État
État étendu
État minimal
État facilitateur
Modèle social
État-providence, État social “passif“
Laisser faire
État social actif
Marché de l’emploi
Marché régulé (notamment via des conventions collectives de travail)
Marché comme les autres
Flexisécurité
Dans une première période, qui est largement marquée par le britannique John Maynard Keynes (1883-1946), un des plus influents économistes du 20e siècle. Keynes est particulièrement célèbre pour sa théorie relative à la nécessité pour l’État d’intervenir afin d’éviter le sous-emploi. Tirant les enseignements des années 1920 et 1930, le plein emploi et une protection sociale ambitieuse sont des références fortes dans les politiques mises en place après la Seconde Guerre mondiale. Une crise majeure trouve sa source dans le premier choc pétrolier en 1973. Malgré la survenance de celle-ci, les acteurs, décideurs politiques et interlocuteurs sociaux, continuent à fonctionner dans le cadre du modèle d’inspiration keynésienne, construit sur les bases du Projet d’accord de solidarité sociale de 1944, appelé communément « Pacte social ». L’État est interventionniste. Le deuxième paradigme correspond à la montée en puissance et à la mise en œuvre des préceptes prescrits par des penseurs néo-libéraux, dont Friedrich Hayek constitue une figure de référence. Ce paradigme considère que l’État social a pris une importance excessive et que cette importance est la source principale de la crise. Pour Hayek, il importe de transférer au marché les principales compétences de la protection sociale, laissant à l’État la seule mission de protéger les individus les plus pauvres par une politique d’assistance.
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Un troisième paradigme s’est déployé à partir de la deuxième partie des années 1990. Il est nourri par les réflexions et les travaux d’intellectuels issus de la social-démocratie tels Anthony Giddensou encore Pierre Rosanvallon. Plutôt que de penser le retour vers un État social keynésien et refusant les propositions néo-libérales, ils théorisent les contours d’une troisième voie, celle d’un État social actif.
Etat social et travail social État keynésien
État néo-libéral
Rôle de l’État
État étendu
État minimal
Place de l’individu
Égalitarisme
Individualisme radical
Portage des responsabilités Configuration du travail social
Les responsabilités sont collectives Contribution à la construction du collectif
Les responsabilités sont individuelles Primauté au travail social individuel. Rôle compassionnel
État social actif
État facilitateur Nouvel individualisme Équilibre des responsabilités Travailleur social comme magistrat social
Avec l’État keynésien, la sécurité sociale et les politiques sociales de manière plus générale sont envisagées comme une base permettant de poursuivre l’objectif de plein emploi et d’assurer une sécurité d’existence ambitieuse. La figure du travailleur social est double. Elle est celle d’un professionnel exerçant des compétences de plus en plus pointues dans les grandes administrations et institutions de la sécurité sociale (parastataux, hôpitaux, etc.). Mais c’est aussi celle d’un acteur engagé dans la construction du collectif. Ils sont nombreux à être employés dans des organisations porteuses de mouvements sociaux telles que, par exemple, les syndicats de travailleurs. L’État keynésien est aussi celui marqué par le souci de l’égalité qu’il s’agit de promouvoir à travers des politiques orientées vers la redistribution des revenus. Celle-ci s’appuie sur différents mécanismes : la fiscalité, la sécurité sociale et le financement de services collectifs étendus. Loin de la caricature distillée par les doctrinaires néo-libéraux, les responsabilités sont avant tout celles du collectif et non pas celles de l’individu. À l’inverse, l’État néo-libéral prône un État minimal. Avec l’État néo-libéral, les orientations tracées pour le travailleur social sont profondément redéfinies. Ce qui est attendu de lui, ce n’est certainement pas qu’il contribue à nourrir le collectif. Comme signalé plus haut, le bon
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fonctionnement des marchés repose sur la stimulation de la concurrence entre des acteurs multiples et atomisés. Le travail social reste nécessaire car les marchés ne peuvent permettre de répondre à l’ensemble des besoins. Mais ce travail social, il s’agit de l’orienter vers l’individu dans une seule perspective assistancielle. Puisqu’il s’agit de privilégier le libre fonctionnement des marchés, les attentes à l’égard du travail social ne s’inscrivent pas non plus dans le registre du changement. À l’opposé de la figure d’un meneur ou d’un animateur, les responsables néo-libéraux attendent de lui qu’il opère dans un registre que l’on pourrait qualifier de compassionnel. Pour éviter des troubles sociaux, il convient, non pas d’éviter le creusement d’inégalités, mais bien d’éviter que des individus basculent dans une pauvreté qui menacerait l’équilibre de la société. L’idéologie néo-libérale n’a aucunement disparu mais les contours des politiques sociales ont progressivement été façonnés par un nouveau paradigme, celui de la troisième voie, plus communément appelé État social actif. Contexte actuel et Perspectives
Prévalence élevée du secteur tertiaire
Montée des emplois précaires
Les exigences de l’égalité entre les sexes
Baisse de la croissance
Conclusion L’analyse de ces modèles fait apparaître des axes d’intervention en perspective de l’amélioration des politiques sociales dont entre autres :
Revoir les mécanismes de pilotage ou leur gouvernance en faveur de l’unicité
La restructuration des politiques sociales autour des trois principes canoniques
Le renouveau de la réflexion sur les services publics, la lutte contre les inégalités et le financement des politiques sociales.
En définitive, analyser une politique sociale passe d’abord par une maîtrise du processus d’élaboration et de la structuration de cette politique sociale à travers ses principes, ses matrices et ses concepts concurrents. D’autre part, les typologies et modèles d’analyse des
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politiques sociales apparaissent comme incontournables dans la caractérisation de toute politique sociale. Toutefois, le survol des différents modèles nous informe de la nature évolutive des compromis sociaux dynamique et, par ricochet, des modèles d’analyse.
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