1926 - Aor Schwaller de Lubicz - L'Appel Du Feu [PDF]

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Zitiervorschau

R.A. SCHWALLER DE LUBICZ

e livre contient un enseignement donné par un être divin en cinq nuits. Ecrit dans un style dense et poétique, il traite de questions essentielles que ce posent tout être humain en quête de la vérité et du sens de sa vie. Il parle de la science secrète inscrite d'une façon mystérieuse par les Maitres de la Connaissance dans les temples antiques. Ce langage subtil peut devenir intelligible à notre entendement à condition de suivre la voie du perfectionnement dans le but de construire notre temple intérieur qui nous ouvrira les portes de l'éternité. Cet ouvrage nous invite à accomplir ce travail dès maintenant et avant la fin des temps qui semble menacer l'humanité. R.A. Schwaller de Lubicz est le maître qui d'Egypte, nous a ramené la sagesse universelle (le temple de l'homme, le miracle égyptien, etc.) Décédé en 1961, il restera l'homme unique pour les pays de langue française, qui a su incarner et transmettre l'antique Connaissance pour les temps actuels. AOR était son nom de lumière et aussi sa mission comme porte parole de l'homme nouveau qui doit venir.

AOR L'APPEL DU FEU

AOR - L'APPEL DU FEU

ISBN : 2-88165-003-1

111111 I 9 782881 650031

I I( )NS Ai)1 I A It II IS Prix : 12,20E

AOR L'APPEL DU FEU

L'APPNI,

1:1:11

SOMMAIRE

- Prologue - Le Temple appelle - Première nuit : Le Langage - Deuxième nuit : La Société - Troisième Nuit : Religion et Mystique

PROLOGUE

-Quatrième Nuit : La Vie - Cinquième Nuit : la Vérité -Au Grand Soleil

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L'APPEL DU FEU

PROLOGUE AOR!... Que veut dire Aor? Aor est Celui qui, un soir, au soleil couchant, du haut d'une cime glacée et rouge feu, me dit: Écoute! et, pour entendre, deviens oreille. Quand tu seras «oreille» je te dirai l'histoire des choses créées. Ensuite, regarde! et, pour voir, deviens oeil et pensée. Je te montrerai alors l'origine des choses créées. Mais sache ceci: Il ne t'est pas permis de garder pour toi ce que tu apprendras; tu devras le transmettre, le dire et l'écrire. Ceci non pour ton plaisir, mais pour 1 'Eternel.

L'APPEL DU FEU

PROLOGUE

Tu dois transmettre cet enseignement parce que les

Cette science fut inscrite par les grands maîtres

hommes entrent dans l'époque du dernier jugement. La fin du monde est proche pour ceux qui vivent, im-

de la connaissance d'une façon mystérieuse, en un langage subtil.

minente pour ceux qui naissent. Tout être vivant est, dans cette vie, averti pour la dernière fois.

La forme de ce livre est accessible aux humains. A cette heure du crépuscule du monde, ce livre doit être

Tu proclameras cela, mais tu ne répondras point à

découvert; quelques hommes déjà ont essayé de

celui qui te demandera ce qui adviendra ensuite. Ceci

l'ouvrir, de le feuilleter. La grande Pyramide a tenté

est trop difficile à comprendre pour les hommes de

les curieux; ainsi plusieurs choses du passé vont

cette terre, ces hommes qui ne croient et ne com-

éveiller les dormeurs et susciter leurs questions. Mais

prennent que ce qui touche leurs sens. Le danger

ils ne peuvent voir que la forme. Le sens secret des

n'existe pour eux que s'ils se rendent compte qu'ils

mots leur échappe. Pourtant ce sens secret est con-

vont perdre quelque chose qu'ils possèdent: leurs

tenu et gardé par ces pierres afin d'être révélé aux hommes dignes de le connaître.

biens ou leur vie. L'avertissement de la fin du monde s'adresse à l'être qui est, et non à celui qui pense être. Qu'importe s'ils te croient! Tu n'as rien à leur prou-

Ceci, pour l'enseignement de la fin du monde, sera ta tâche.

ver; ta mission est spéciale. Beaucoup de pensées inquiètes et vaines s'agitent autour de ces questions.

Ecoute : A l'origine, l'homme est parfait, mais sans conscience. La science totale lui fut enseignée par les élus

Laisse passer ces tourbillons soulevés par une vulgarisation qui frôle dans son ignorance le blasphème;

de sa race. Ceux-ci la reçurent des êtres divins.

ne te soucie pas de cela; ne te révolte pas, il n'y a pas

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L'APPEL DU FEU PROLOGUE

là de blasphème, puisque ces hommes n'ont jamais adoré ce qu'ils jettent en pâture à une multitude, trop fascinée par les apparences, pour chercher plus avant la vérité, à laquelle elle ne croit d'ailleurs pas.

qui dominent les rouages, - ou Nombres, - d'une Mécanique Cosmique, c'est-à-dire d'une constitution matérielle. Dépasser cette physique veut dire : entrer dans une sphère où la pesanteur n'est plus une base,

La Pyramide leur révèle des nombres et mesures

où le point d'appui manque au levier qui pourrait sou-

qui les éblouissent au point de les faire douter de l'intention du constructeur. Regarde combien l'inertie

lever le monde. Les hommes parlent alors de métaphysique et cela leur fait peur, parce que cela est un

domine tout; chercher l'origine d'une pareille con-

domaine dans lequel ils se sont tant fourvoyés et dans

naissance serait sortir du repos: mieux vaut admettre une coïncidence ou... la fantaisie d'un auteur!... Et si,

lequel ils ont, avec leur mentalité de chirurgiens, tant

par extraordinaire, quelque homme, pour chercher,

introduit de spéculation fantaisiste, qu'ils se craignent eux-mêmes, sans jamais n'oser avouer que la

sort de cette inertie, il voit des triangles et des car-

crainte qu'ils éprouvent de cette «méta»-physique.

rés, des rapports de mesures. Mais ces nombres ne sont que la forme extérieure... Les sages de l'antique Egypte possédaient la connaissance totale, qui va audelà des mesures cosmiques, au delà de la connais-

Ils n'ont pas les sens qu'il faut pour voir l'effluve lumineux tant qu'ils ne rencontrent pas d'obstacle. Seulement lorsque l'effluve est anéanti par une résis-

sance de la matière, fût-ce celle de l'astronomie ou

tance, ils n'osent parler de lumière. Pourtant, dans l'espace noir entre les étoiles, il y a un effluve lumi-

de l'atomistique, ou même celle des fonctions pério-

neux ... Je viendrai te parler ici toutes les nuits, nous

diques chez les êtres vivants. Ces nombres sont le

regarderons ensemble les questions principales, sans

mécanisme. Au-delà du mécanisme il y a l'énergie

parti pris, sans but ... Je suis au delà de l'humanité, et

motrice; elle aussi a ses lois, plus strictes que les lois

pour cela je puis lui dire sa vérité. J'aime cette huma-

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L'APPEL DU FEU

nité, mais je l'aime de l'amour qui châtie, car toute conséquence d'un acte est châtiment. L'acte de l'humanité est dans sa volonté et son châtiment est la souffrance. J'aime cette souffrance car elle donne la lumière. C'est pour la lumière que j'aime l'humanité et non pour elle-même. La nuit vient. La lune se lève à ma droite, le soleil

LE TEMPLE APPELLE

se cache à ma gauche. Ceci est votre monde. En lui, en son centre, parlons de ce qu'il paraît être. Ensuite, quand le soleil ressucitera, je te dirai ce que tu dois faire pour enseigner à quelques hommes la connaissance, de laquelle découlent toutes les possibilités

Le temps des sanctuaires initiatiques sur lesquels un secret espoir et la fantaisie ont brodé tant de légendes, est passé pour toujours sur cette terre. Mais un artiste fait jouer la matière; l'ingénieur

et la vie.

crée des formes précises et admirables, adaptées à son but. Les deux expriment, en dehors de 1 'utilité de la chose, en volumes, surfaces et couleurs, une esthétique, qui décrit une morale, expression du temps. La morale, Sens du «Bien et Mal». Celle-ci est UN TOUT pour une époque. Le Temple, c'est la synthèse de ces parties, le centre où LE TOUT EST EXPRIME. 14

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L'APPEL DU FEU

L'homme construit des murs autour de lui pour abriter dans cette maison sa personne,sa toute petite totalité. Ainsi des murs peuvent être construits autour du «Centre du Tout». Les murs ne sont pas le Temple, pas plus que la maison n'est l'homme.

PREMIÈRE NUIT

L'APPEL DU FEU

PREMIÈRE NUIT Entre toi et moi il y a un gouffre. Ce gouffre est le monde. Pour communiquer entre nous, faut-il jeter un pont sur ce gouffre? Cette question, tu penses l'avoir résolue puisque tu ne cherches plus à la résoudre. L'abîme qui nous sépare est le monde parce que je suis une personnalité, complète dans sa vie, et que, toi, tu en es une autre. Le seul lien qui nous unit à travers la nature est le genre, mais il n'est pas un lien effectif, puisque précisément ce genre constitue la possibilité de nos individualités intellectuelles, émotives et physiques distinctes. Nos sens, notre constitution physiologique sont tels, que nous percevons les

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L'APPEL DU FEU PREMIÈRE NUIT

choses dans des limites presque égales; mais dès que

il y a entre toi et moi un gouffre, lequel est le monde,

nous passons à la psyché, des dissemblance s'accu-

c'est-à-dire toute la nature, - visible ou non - toute

sent plus fortement, et cela augmente dans le domaine

ma constitution et celle de tous les êtres, toutes mes

intellectuel. Les mêmes phénomènes de la nature

possibilités et celles de chaque chose. Cet abîme

nous impressionnent différemment comme émotion,

n'existe que pour notre intelligence; pour l'être natu-

mais très sensiblement de la même manière dans le

rel, naïf, il n'y a pas de solution de continuité entre

domaine physique. Là est l'illusion du pont qui sem-

son individualité et le monde.

ble exister entre toi et moi puisque nous convenons d'appeler d'un mot le même phénomène. Pourtant ce mot ne convient plus, ne peut plus être identique dès que nous parlons d'émotions. Nous sommes obligés, toi et moi, de faire un appel de «mémoire émotive» dès que nous nous communiquons par exemple le mot «peur». Tu as peur de l'orage, moi non. Pour entendre ta

Toute chose est une partie du monde, et à nouveau le monde total se reflète dans toute chose, du fait que cette chose existe, et ne peut pas ne pas exister dès que les causes de son existence sont données. Ainsi, dès que ton intelligence cesse de supposer une scission entre toi et moi, la nature entière intervient comme un lien entre nous.

communication: «j'ai peur», je dois mettre en paral-

Quand deux individus regardent une même étoile,

lèle une sensation de peur que j'ai éprouvée dans quel-

chacun la voit à sa façon et il y a une séparation in-

que autre circonstance, devant le fauve dans la

sondable entre ces individus lorsqu'ils se regardent

brousse... Est-ce que ces deux sensations de peur sont

ensuite tous les deux pour échanger l'impression re-

identiques? Certainement non, et pourtant je ne puis

çue, c'est-à-dire, dès que leur intelligence définit,

te comprendre que de cette façon-là. C'est pourquoi

circonscrit, enveloppe ainsi que d'une coquille, leur

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L'APPEL DU FEU

PREMIÈRE NUIT

impression. Mais il n'y a aucune séparation entre ces

Pourtant, chaque fois que deux hommes s 'enten-

individus s'ils regardent ensemble une étoile et se joignent dans cette étoile sans souci d'une impres-

dent, il y a, plus ou moins consciemment, une plus ou moins grande concession de l'un d'eux, si ce n'est de

sion propre et personnelle. Toute la personnalité est

la part des deux ensemble.

ainsi faite de coquilles à coques très dures. Alors les hommes s'étonnent de ne pas entendre, et, pourtant, ils font tout pour cela, puisque leur isolement individuel est uniquement le résultat de leur volonté intel-

Ceei est une abdication de l'individualité, qui doit finir, - et ceci sans exception - par atténuer toutes les impressions et créer finalement une société médiocre, car, là où aucune impression n'est plus forte,une

ligente. Pourtant, en l'étoile, l'objet, le but idéal, où leur individualité se rencontre, toutes différences de

vitalité totale est impossible.

nature, de possibilités, et finalement de classe sociale,

Si une impression reçue appelle une expression, et que celle-ci soit le son, le bruit, ce son sera joyeux,

s'effacent.

triste, etc..., mais il importe peu ou pas que le voisin Il y a un geste d'accaparement, d'appropriation, qui préside à toute observation, à toute considération des choses de la part des hommes. Ils ne vont pas vers l'objet, ils tirent l'objet à eux. De cela découle une mentalité entièrement fausse, qui nécessite une formule conventionnelle appelée: LANGAGE, dont le but est une prétendue entente par échange des impressions reçues.

comprenne cela de la même façon, ou qu'il ne le comprenne pas du tout. Il est indéniable que cette expression serait le langage pur, même si celui-ci ne servait pas de communication entre les hommes Ce serait un langage musical; comme tel, il entrerait dans les possibilités d'une harmonie, que ce soit celle du son musical ou des gammes d'émotions. Ceci serait alors la langue parfaite, uniquement limitée par les lois d'harmonie, donc vraie, parce qu'elle entrerait ainsi

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L'APPEL DU FEU PREMIÈRE NUIT

dans la logique de la nature. Sans aucun doute l'ori-

Vous cherchez votre terrain d'entente sur des

gine pure du langage pur est ainsi une musique naturelle.

idées, dont chacune veut prédominer sur l'autre parce qu'elle est enveloppée dans une coquille personnelle.

Mais alors, cette expression ne se soucie pas de

Les concessions que vous pouvez poliment vous faire

servir de communication entre deux êtres; au contraire, ces deux êtres se trouvent dans l'objet communément observé.

sont toujours à nouveau les causes de vos futures dis-

Que ceci te suffise pour entendre ce que je veux te dire du langage. Il est certain que toute cette humanité à laquelle tu appartiens, est plus loin de cette vérité que les pôles opposés de la voie lactée le sont entre eux. Une

sensions. Vous le savez, et, pour cela, vous vous épiez comme des fauves, pour ne pas être pris en traîtres par vos semblables, ... ce qu'aucun de vous n'hésite à faire contre son frère. Rien n'est plus laid et plus bête que la discussion; est pourquoi aussi rien n'est plus laid et stupide que la politique, et, finalement, la lutte sociale et la guerre, car tel est l'enchaînement nécessaire qui découle de cette mentalité abâtardie.

déformation profonde, résultante de la fausse mentalité, elle-même résultante de l'égoïsme, des «coques» mentales, empêche aujourd'hui les hommes d'entendre la véritable harmonie. Vous vous combattez sur des sujets illusoires, pour des idées qui, sans exception, sont fausses, parce qu'elles découlent toutes de notions restreintes en vous, restreintes par vous, à

Quand deux enfants se rencontrent, ou, plus justement, sont mis en présence, ils se plantent l'un devant l'autre et se regardent, se regardent sans rien dire. Les grands qui les observent en sont gênés. Instinctivement, ces enfants se refusent de croire au gouffre qui existe entre eux, mais une obscure conscience innée leur impose cette idée. Pourtant, bientôt, ils

cause de l'appropriation de vos impressions devant les choses.

jouent ensemble; pour un instant, la nature vraie do-

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L'APPEL DU FEU PREMIÈRE NUIT

mine et ils se rencontrent dans la fleur vers laquelle ils courent pour la cueillir. Et chacun voudrait l'avoir pour lui... : à nouveau le gouffre est ouvert.

Celui que tu, croyais être est mort, et celui que tu as

Vous êtes tous nés avec une conscience tordue et,

Tu cherches l'origine du langage, la langue fonda-

toute votre vie, vous dormez, prenant votre rêve pour la réalité!

mentale de laquelle sortent toutes les langues. La

Le croirais-tu? Le langage est la source de cet insondable mal, le langage mal compris.

dans la forêt. C'est l'expression de son désir naturel

J'ai connu cet instant où, posé devant un homme, j'ai eu, à cause de lui et de sa coque personnelle, la sensation du gouffre infiniment profond. J'ai connu cela et j'ai eu peur, peur à trembler. Moi, toi: deux mondes, deux univers qui ne peuvent pas se rencontrer, ne peuvent pas s'unir, seront éternellement éloignés l'un de l'autre... Mais je possède une bague; lui, l'autre: «toi», tu veux cette bague; je te la donne,car, moi, je ne veux pas cette bague, prends-la! Voici, il n'y a plus de gouffre. Toi, tu n'es qu'un amas de cellules qui pourrissent là-bas, sous terre; ton Univers n'était qu'une illusion de ton cerveau. Tu n'es plus!

été en vérité, sans le savoir, il est là dans mon coeur, dans mon sang, dans tout moi, qui ne veux rien.

fleur des champs a son langage, tout comme l'oiseau et profond, désir et surtension vers la totale expression de sa vie. Ce langage est une forme, et si la forme ne répond plus au désir immense de vie, l'appel est fait au soleil. Celui-ci donne sa lumière et les couleurs deviennent le langage plus subtil. Quand la vie est devenue oiseau de la forêt, le son, le chant, l'harmonie deviennent le langage. Mais nul de ces êtres ne songe à s'exprimer pour son voisin, ne songe à «se faire comprendre». La vie s'exprime par l'immensité du désir enclos dans la semence, qui s'additionne et, ainsi, se multiplie jusqu'à la forme parfaite de son espèce. C'est encore ce désir qui fait mourir cette forme. Mais quelle belle mort: mourir du désir de se dépasser ! Voici l'expression la plus haute, voici Pori-

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L'APPEL DU FEU PREMIÈRE NUIT

gine du langage: je ne suis pas poète, mais je te parle

La vie naturelle ? Non; la conscience: voilà l'in-

de la source de toute véritable poésie. Cherche dans

terprète. C'est pourquoi tu es, homme, la plus haute

cet esprit et tu comprendras l'origine de cette incroya-

créature. Et la conscience est l'enseignement, le fruit

ble chose vraie: que la nature unit les pôles du monde et que l'origine du langage sacré est l'expression vi-

de l'observation et de l'expérience. Si tu mets le SAVOIR à la place de la conscience, c'est comme si tu

vante, croissante, transmutante de toutes choses de la

mettais ta langue parlée à la place de la langue sacrée

nature, tandis que ton langage, fait de mots, n'est qu'un misérable bégayement d'enfant rachitique.

de la nature. Ni le savoir, ni la parole ne te donnent

Toute la nature parle, rien ne s'exprime pour se

se communiquer, mais il y a nécessité d'exprimer la

faire comprendre, et tout se comprend à merveille.

vie. Si tu vides ta vie à travers la parole insensée de

La neige des montagnes parle aux rochers. Ni la neige,

ton langage appris, tu ne peux plus l'exprimer dans la

ni le rocher ne veut se faire entendre par l'autre, et

langue sacrée de ton être.

rien de vrai. Détrompe-toi, il n'y a pas nécessité de

les deux se comprennent parfaitement. Cela est ainsi

Tu crois apprendre, c'est-à-dire accumuler des

à travers tout, jusqu'à l'animal qui cherche au prin-

connaissances dans ta mémoire, mais tu ne fais que

temps l'herbe qui va le purger. Je te dis que la dernière cellule de l'intestin de cet animal comprend le

boucher les canaux de ton expression vitale, et ces connaissances ne servent qu'à te créer une vie artifi-

langage de l'herbe mangée. Ainsi chaque partie de ton

cielle, de laquelle tu meurs dans toute ton expression,

corps entend et comprend le langage des plantes qui

ou de laquelle tu sors fatigué et lassé. Les mêmes

poussent sur ton chemin et sait parfaitement si elles sont pour ou contre ton expression vitale.

choses tant qu'elles répondent à un besoin vrai, les mêmes choses créées par la prétendue intelligence humaine, peuvent sortir de la vie vraie sans ces moyens

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L'APPEL DU FEU

illusoires, tels que le langage et l'écriture, ce que cette

PREMIÈRE NUIT

fausse intelligence excuse afin de se donner une im-

la vérité, un livre qui parle au cerveau, tandis que la vérité méditée par les sages parle à chaque fibre de

portante raison d'être. L'invention est l'éclair de sen-

ton être et à chaque cellule de ton système nerveux,

sation juste d'un instant; lui-même est la cristallisa-

et, ceci, par le langage sacré de toute chose.

tion naturelle d'un ensemble d'observations. Le génie n'est pas autre chose. Mais la multitude veut aussi participer au génie humain. Chacun veut quelque chose, chacun veut quelque partie de l'intelligence de la nature, tandis que la nature ne veut rien, et, pour cela, a tout. En elle, chaque chose pousse, de toute la

Ne parle pas: médite! N'écoute pas: entends! Ne regarde pas: vois ! Ainsi, tu entendras le langage de toute la nature à travers tes oreilles et à travers tes yeux. Tu entendras à travers tous tes sens et tout ton être.

tension de son être, jusqu'à l'accomplissement de tou-

Voici la nuit. Ce qui désire le soleil, dort. Ce qui

tes les possibilités de l'instant, jusqu'à la destruction

désire la lune est éveillé. Chaque chose accomplit le

par explosion interne de son surcroît de vie. C'est

geste essentiel qui répond à la tension de son désir.

pourquoi chaque chose naturelle devient la signature

Abolis ta volonté, et ton bras s'étendra pour cueillir

parfaite de sa nature. Chaque brin d'herbe est le génie

la plante qui te guérira. Abolis ton savoir, et tout en

de son genre, et chaque rocher le génie des rochers.

toi s'ouvrira pour recevoir la connaissance.

Ne cherche pas le secret du langage, ni en Egypte,

Ainsi je t'ai parlé du langage sacré, comme en un

ni chez les Hébreux, ni ailleurs. Ce sont là des sym-

rêve, sans logique, sans science, mais avec la logique

boles pour les yeux et le cerveau, des symboles pour

et la science du rêve, parce que je suis et que tu es, -

les vérités découvertes par les sages de tous temps. Le symbole est un livre pour celui qui cherche en lui

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parce que je tends vers toi et que, toi, tu tends vers la vérité. Si tu traduits dans le langage vulgaire ces véri-

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L'APPEL DU FEU

tés, méfie toi. Ne cherche pas à transmettre ta pensée, ta conscience: contente-toi de chanter suivant ton rythme et suivant ton harmonie. Celui qui est «vrai» t' entendra.

DEUXIÈME NUIT

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L'APPEL DU FEU

DEUXIÈME NUIT Tu es seul devant toi-même. Lorsque ton âme voyage à travers l'Univers pendant la méditation, cette solitude ne t'apparaît plus. Mais lorsque tu regardes ton corps, et que les besoins de ce corps te rappellent ton origine humaine, tu te souviens des hommes, semblables à toi, ayant les mêmes besoins. Il te semble alors qu'il serait plus facile de porter cette vie du corps, si tu partageais tes soucis avec tes semblables. Partager tes soucis? Non, tu sais bien que cela ne se peut pas. Le besoin de communiquer? Oui, mais regarde de près et tu verras que ce besoin encore est né d'une autre nécessité. Communiquer, ainsi que l'en-

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L'APPEL DU FEU DEUXIÈME NUIT

tendent les hommes, est un résultat de la déviation de

celui qui donne et celui qui reçoit, celui qui exprime

la nature, ainsi que tu le sais maintenant, et l'origine

et celui qui est «imprimé», c'est-à-dire qui reçoit

de cette déviation vient de la fausse compréhension

l'expression. cet état double est ton androgynat pri-

de la nécessité primordiale, celle qui te fait chercher

mordial, ton androgynat spirituel, et tu te souviens de

la compagnie d'un être semblable à toi, et qui, pour

cette dualité en un. Peux-tu dire que la lumière blan-

toi, est le complément le plus universel; complément parce qu'il reçoit ton expression, comme l'espace

che est composée de lumière verte et rouge? Non,

cosmique reçoit le rayonnement des astres, comme

couleurs complémentaires. Mais, alors, la lumière

ton oreille reçoit le son, comme la malléabilité de

blanche n'existe plus. Les couleurs sont une trans-

ton être plastique reçoit les impressions physiques.

formation de la lumière blanche, transformation qui

La couleur rouge est conditionnée par la couleur verte,

donne des vibrations différentes à une même subs-

et toute forme est conditionnée par l'espace qu'elle remplit.

tance. Les différences de vibration ne changent pas la

L'aspect découle d'un volume, le volume est une

différentes comme autant de couleurs dissemblables,

relation de deux états de l'espace. Une chose est tou-

toujours deux par deux complémentaires. Or, sou-

jours triple dans la nature. Elle est elle-même en tant

viens-toi que tu es lumière, lumière blanche, et tu trou-

qu'apparence, de plus elle est causée par une complé-

veras ton androgynat dont tu te souviens obscurément.

mentation de deux états de même nature.

Tu es lumière, mais lumière brisée à travers le prisme

Ainsi tu es toi-même, en tant qu'homme, dans ton principe, résultat de la complémentation de deux états

quoique sa brisure par le prisme te donne les deux

lumière, mais paraissent à l'oeil sous des impressions

de la vie, c'est-à-dire, les expériences, les nécessités.

d'une même nature, celui qui affirme et celui qui nie, 36

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L'APPEL DU FEU DEUXIÈME NUIT

Te voilà homme, et, comme tel, une vibration définie, particulière, qui ne peut exister que par la vi-

remment sans possibilités, et pourtant, sans elle, ta

bration complémentaire de même nature. Tu cherches

là, près de toi. Elle ne demande pas plus. Elle sait

ce complément de ta nature, car tu es inexistant sans

combien elle t'est nécessaire, cela lui suffit. Tu cher-

cette lumière rouge, toi qui es aujourd'hui lumière

ches cé complément parce que tu es incomplet. Pour-

verte. En cessant d'être lumière blanche, en quittant

tant ne commets pas l'erreur d'essayer l'union avec

le paradis, tu étais accompagné de ton complément. A travers tes luttes tu as perdu Eve. Maintenant, ton âme

elle sur terre. Elle peut être ta compagne, elle ne sera jamais Un avec toi tant qu'elle a un corps et toi éga-

ne trouve plus de repos avant de retrouver celle qui

lement.

t'écoute, celle qui reçoit ton être, celle qui est ta définition, ta mesure.

musique n'existerait pas. Que ton complément soit

Quand la lumière verte s'unit effectivement à la

Comprends-moi bien! La femme n'est pas ta rai-

lumière rouge, il n'y a plus deux lumières, mais seulement une lumière blanche, et celle-ci est invisible

son d'être, ni ton but. Elle n'a rien à te donner, et tu

tant qu'un obstacle ne vient pas la briser. La réunion

ne peux pas la comprendre. Elle est ton complément

d'Adam et d'Eve, de l'homme et de la femme, ne sera

par sa seule existence. Elle est le sang blanc, com-

faite que dans la lumière unique, invisible au corps,

plément pour ton sang rouge. Elle est la cavité de ta

unique avec l'origine pure et inviolée. C'est pourquoi

bouche, dans laquelle tu es, toi, la langue. Module les

l'union recherchée sur terre est union au «ciel» c'est-

sons de tes cordes vocales, et la bouche les fera ré-

à-dire dans l'état pur. Le mariage est une nécessité

sonner, leur donnera la force, la pureté. Toi, la lan-

dans ce sens que l'homme et la femme sont des êtres

gue, ne te soucie pas de la bouche. Cette cavité a sa

incomplets et n'ayant de repos que lorsque Adam a

force par son existence; elle est inerte, rigide, appa-

retrouvé Eve. Aucun des deux n'est indépendant. Ils

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L'APPEL DU FEU DEUXIÈME NUIT

dépendent l'un de l'autre et nul des deux n'a de droits sur l'autre, mais l'homme est agissant, «exprimant», et la femme est passive, réceptive.

mes qui veulent être comme l'homme et l'imiter dans sa situation sociale, dans son effort. Vouloir! Pour vouloir comme veut la nature, il faut être simple, fort

Ainsi le mariage complet sur terre, c'est-à-dire

et exubérant comme elle. Vouloir pour imposer une

physiquement, est impossible. Il n'est possible que

violence à cette nature, c'est déchoir, c'est combat-

dans la lumière. Toute tentative de réaliser cette Unité

tre des moulins à vent, plus que cela! C'est absurde,

physiquement mène à des désordres psychiques et

car la nature remet toujours à nouveau dans l'harmo-

aussi physiques. Pourtant, l'entente est possible à

nie ce qui a été violenté en elle.

condition que la conscience du fait réel n'échappe ni

Mais ne crois pas que la femme doive être mère

à l'un ni à l'autre. Combien de misère serait évitée

seulement Ceci est un don, une vocation, car si toute

dans le monde si les hommes comprenaient cela. En

femme est construite pour enfanter, toute femme n'a

toute justice' chaque chose doit servir à ce pour quoi

pas le don pour être mère. Il y a des fleurs dont la

elle est faite; qu'elle serve alors jusqu'à se dépasser; que son service devienne son culte: ainsi, il y a une

partie femelle reste inerte à la réception du pollen. Elles génèrent la semence nouvelle, sans joie, sim-

mystique pour chaque chose.

plement parce que c'est leur fonction naturelle. Il y a

Que la femme soit femelle pour l'homme qui est

d'autres fleurs qui éjaculent, c'est-à-dire que la par-

mâle, que la femme qui est compagne soit docile et

tie femelle sécrète un liquide visqueux, dès qu'elles

soumise à l'amitié du compagnon. Quand on ne re-

y sont incitées par un contact quelconque. Celles-ci

garde pas en arrière, il faut regarder en avant, mais ne

ne se soucient pas de la semence.

jamais vouloir être mixte en regardant alternativement

Est-ce à dire que, seule, la question sexuelle im-

en avant et en arrière. Quelle triste chose que ces fem-

porte dans le problème humain? - Sans aucun doute

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L'APPEL DU FEU DEUXIÈME NUIT

elle est la base de toute question vitale et sociale. Ceux

de leur vie et à leur âme la couleur. Ainsi, l'homme et

qui nient cela ignorent la vie, soit par inexpérience,

la femme qui portent avec eux leur organisme physi-

soit par atrophie de quelque partie de leur organisme,

que, et dans celui-ci des organes sexuels dont ils igno-

atrophie qui peut souvent être une hypertrophié du

rent encore les secrètes et réelles fonctions et cons-

cerveau ou d'un autre organe. Mais ceci fait partie

titution physiologiques, - l'homme et la femme, à

d'une science dont je ne te parlerai pas ici, pas plus

cause de cette ignorance, cherchent la vie en dehors

que du secret de la vraie vie et de la relation entre Adam et Eve.

d'eux mêmes; ils s'imaginent trouver dans une organisation intellectuelle, l'ordre social, et se battent

Oui! il y a un secret, secret d'un trésor où est en-

dans l'obscurité, pour le vide, comme l'écureuil dans

fouie la vraie science de la vie... à moins qu'il ne soit

sa cage. Mais n'oublie plus jamais ceci: un couple est

le fruit d'or d'un arbre au centre du lieu de la quié-

quelque chose de parfait. Pourtant il vaut mieux pour.

tude. L'un et l'autre sont vrais. Quiconque le décou-

Adam et pour Eve aller seuls dans le monde que cher-

vre peut en récolter la vie ou la mort.

cher ensemble le chemin de la vérité lorsqu'ils ne sont

Entends bien ceci: la question sexuelle est la clé de toute la vraie histoire de l'humanité, et la clé de toute question sociale. Elle régit les races, elle régit

pas assortis suivant leur rythme, suivant leur origine. Et si leurs rythmes sont complémentaires, qu'ils ne cherchent pas à se comprendre !

les nations, elle régit les individus. Aux races, elle

L'un ne comprendra jamais l'autre. L'un et l'autre

donne l'organisme, les possibilités physiques, psychi-

ont chacun des possibilités qu'ils ne peuvent ni échan-

ques et mentales, les moeurs et le but évolutif; aux

ger ni partager. Aucun n'est supérieur à l'autre si cha-

nations, elle donne les besoins, les appétits, la force

cun reste total dans son domaine, mais s'ils veulent

ou la faiblesse. Aux individus, elle donne le rythme

se mesurer dans un seul domaine, l'un des deux suc-

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L'APPEL DU FEU DEUXIÈME NUIT

combera, car chacun agira avec son organe dominant

«troisième» être, distinct des deux parents

et l'un des organes sera plus propre que l'autre à l'action entreprise. Dans la pensée la femme succombera,

coexistants. L'enfant de ce mariage est le mariage même: une lumière blanche, totale, contenant les lu-

car elle pense avec sa matrice, et l'homme pense avec

mières verte et rouge. Que ceci soit enseigné aux deux

son cerveau. Or le cerveau est le centre de l'organe

vivant qui s'épousent afin que chacun sache qu'il n'y

de la pensée. Dans l'émotivité et la sensibilité émo-

a pas de droit, mais seulement un devoir. Pour Ishia:

tive, qui souvent vaut la logique cérébrale, l'homme

le devoir de sa féminité; pour Adam : le devoir de sa

succombera, car la femme éprouve avec son ventre,

masculinité. Et puisqu'ils sont chair, que leur enfant,

et l'homme avec son cerveau; le centre clé l'émoti-

s'il y en a, soit pour eux encore un devoir: le devoir

vité est dans le plexus solaire. Ainsi chaque chose est à sa place, destinée par son origine à une fin détermi-

d'enseigner la vérité, afin d'éviter à la prochaine génération ces misères lamentables qui déshonorent

née.

cette humanité et la mettent plus bas que ces peupla-

Malgré cela, chacun des deux, homme et femme,

des Lémures encore vivantes, car elles sont l'accom-

a les mêmes possibilités finales, mais elles ont leur

plissement de ce qu'elles pouvaient être, tandis que

signature dans l'androgynat du commencement, signa-

cette humanité refuse de devenir ce à quoi elle est

ture qui détermine chaque acte de la vie de celui qui

appelée: être la couronne de l'évolution humaine de-

«pisse contre le mur» et de celle qui porte la trei-

vant la fin du monde.

zième côte, ceci jusqu'au mariage, où oui et non, les

Cette humanité est fière de sa civilisation. Du haut

deux choses qui n'en font qu'une, s'unissent pour l'af-

de ma cime, je vois loin; l'horizon que j'aperçois est

firmation unique, pour laquelle oui n'est qu'une né-

trop distant pour tes yeux, mais il est bon tout de

gation de non. De ce mariage ne naît pas d'enfant,

même que je te signale les faits principaux d'une his-

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L'APPEL DU FEU DEUXIÈME NUIT

toire dans laquelle ton humanité ne représente qu'une

jusqu'à la fin du monde, et dans lequel est écrite la

toute petite partie. Vos savants se perdent facilement

science des astres, de leurs mouvements, la science

dans le fouillis, inextricable pour eux, de peuples, de

de la terre, - depuis son poids jusqu'à sa destinée, - la

langues, que l'on trouve le long du Niger et du Nil,

science des hommes - depuis la fondation de cette

jusqu'en Abyssinie, en Arabie, autour de l'Euphrate.

race jusqu'au Christ et jusqu'à la fin du monde. Un

De l'Inde, ne parlons pas. Ce n'est pas une leçon d'his-

temple de Tentyris est le lieu où est écrite la science

toire que je veux te donner ici, mais je vois, seize

de l'harmonie. Autant de monuments de ce temps d'il

mille ans avant notre ère, parmi des villes majestueu-

y a soixante siècles, autant de révélations. Mais il n'y

ses sur le Niger, je vois des peuplades venues de l'At-

a que les hommes qui se trompent; les sages savaient

lantide qui sombre, se fixer au Sénégal, dans le centre saharien, en Nubie, dans le Soudan, en Abyssinie.

qu'une initiation spéciale seule permettait de lire ces livres et cette initiation n'est pas pour le peuple, parmi

Des empires naissent, mais seul l'empire par excel-

lequel tu peux compter la plupart de vos savants. Je te

lence, celui qui est dirigé par les vrais rois divins, les

dis que cette initiation comporte un mot. Un seul mot!

sages qui ont emporté la connaissance sacrée avec

Et voici que tout s'éclaire d'une lumière étrange; la

mission de la transmettre, seule l'Egypte survit, gran-

pierre morte parle, les astres chantent, les cubes et

dit jusqu'à son apogée, plus de neuf mille ans avant le

triangles deviennent des archanges vivants; toute sym-

Christ. Ensuite, commencera son déclin. Les rois le

bolique cesse pour faire place à un poème chanté par

savent et se hâtent de tracer dans la pierre la science

toute la nature, ou chaque rythme est une loi cosmi-

qui ne doit pas se perdre. Mais le plus sage de tous,

que, chaque mot un être vivant.

connaissant l'heure précise du danger et aussi sa nature, un Souphis, construit le monument qui durera

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L'APPEL DU FEU DEUXIÈME NUIT

L'Egypte est enterrée dans ses tombeaux. Les fres-

C'est de cette Grèce que sort votre civilisation,

ques et inscriptions sont les fils d'Ariane qui conduisent Ka vers le corps momifié.

laquelle Grèce avait emprunté sa science en Egypte.

La Grèce grandit, et les hommes vivants vont cher-

Quelque pauvre que soit cette science, elle porte avec elle le souffle de la science divine.

cher en Egypte la science enfouie. Mais le temps n'est

Mais la Grèce ne vous a pas apporté sa science

pas venu. Seule, l'inscription visible aux yeux doit

directement, pas même à travers l'antique Rome; ce

encore être lue, et un Pythagore en rapporte la science

ne sont pas les brutes légionnaires, ni le matérialisme

des nombres, le jeu des formes et proportions. Une

romain qui pouvaient vous léguer une science grec-

tradition vague, obscure, sort de lui par ses disciples

que. Ce sont les Arabes qui, sous les Khalifes, ont

et laisse une note plus forte encore dans Platon. On

puisé en Grèce, pour vous apporter l'art de manger

sait vaguement en Grèce qu'il y a un diamètre, un cercle et un nombre «pi». Un Euclide en fabrique une

avec des cuillères et des fourchettes. La catholicité

géométrie accessible au cerveau, un Démocrite cons-

votre Moyen-Age allait s'instruire dans les universi-

truit une atomistique très savante. Finalement, il vient

tés maures de l'Espagne qui ne doit son ancienne

aussi un Aristote. Suis-je inexact au point de vue chro-

splendeur qu'à ce peuple aujourd'hui méprisé, dompté

nologique? Qu'importe, tout cela grouille là sous mes yeux. se donne une peine immense pour sortir quel-

peut-être...

que chose d'intelligent, car cette fourmilière sent bien au dessus de cet intellectualisme, une force qui dort encore là-bas, le long du Nil, une force qui sait, qui peut ... mais elle dort jusqu'au temps de la fin du monde. 48

n'aime pas entendre cela; pourtant, il est vrai que tout

Ajoute à cette lignée Atlantide-Egypte-Grèce et Arabe, une autre lignée passant par le nord des Indes, par la Russie Blanche, les pays germaniques et scandinaves, et tu commenceras à comprendre le rôle de

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L'APPEL DU FEU DEUXIÈME NUIT

la France, où ces deux flots se sont toujours heurtés,

les. Ne serez-vous donc jamais assez clairvoyants pour

où une jonction était prédestinée à se faire entre une science positive, intellectuelle, et une science abstraite, métaphysique.

vous apercevoir que, seul, un sage peut gouverner, et que le peuple n'est plus peuple dès qu'il gouverne ? L'égoïsme et l'esprit d'accaparement vous gou-

Champs de bataille de la croyance avec la science,

vernent en réalité, et ceci parce que vous vous êtes

entre l'adoration et la passion brute, entre la négli-

éloignés de la seule vraie science, la nature. Or, il vous

gence et la plus haute préoccupation des soucis immédiats.

a été légué, par les sages du passé, le mot de l'énigme;

De toute cette histoire tracée en grossiers traits,

avez intronisée comme Dieu à la place du vrai Dieu,

sort votre civilisation. Elle n'est pas construite sur des bases bien solides, elle est plus habitude que pouvoir, plus tournent que science. C'est cette civi-

vous avez détruit en vous les forces «naturelles, que,

lisation sur laquelle vous vous appuyez pour soumet-

mathématiques; en sociologie, des arguments; en re-

tre des peuples qui, dans leur primitivité, ont souvent

ligion, de la superstition; en économie, l'envie et la

gardé plus de vérité et de bon sens que vous n'en avez

spéculation; et dans l'éducation de vos enfants, l'exa-

pu acquérir à travers vos recherches par les méthodes scientifiques.

men et le forçage cérébral.

mais à travers votre mesquine intelligence que vous

seule, une culture très sérieuse peut conserver... A la place de cette culture, vous avez mis, en science, des

Pour celui qui regarde de haut, pour celui qui se

peuples aujourd'hui se battent, et c'est encore au nom

souvient des initiateurs de la très respectable, grande, ancienne Egypte, vous ressemblez, vous, modernes, à

de cette civilisation que vous essayez toutes les théo-

une humanité crétinisée. Ceci est le résultat de la cul-

ries de gouvernement, toutes les organisations socia-

ture de votre intellect aux dépens de votre coeur.

C'est au nom de cette civilisation que tous vos

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L'APPEL DU FEU

Il n'y a pas aujourd'hui de crises sociales, ni économiques, ni difficultés internationales; il y a l'accomplissement d'une longue dégénérescence à travers une science intellectuelle et une religion d'exploitation; il y a uniquement, - dans le sens de ce que je te disais lors de la première nuit, donc dans le sens spirituel, - une formidable crise religieuse. Voici! Une nuit vient de passer; maintenant, ouvre les yeux, car tu dois regarder en face le soleil qui se lève.

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TROISIÈME NUIT

L'APPEL DU FEU

TROISIÈME NUIT Il est sans intérêt que je te parle des religion, c' està-dire de leur forme et culte extérieurs. De cela et de beaucoup de réflexions concernant les parentés des religions, on a écrit beaucoup de choses bêtes ou intelligentes. Pourquoi serais-je situé sur la montagne si je devais te donner des enseignements qui sont à la portée de toutes les intelligences? Ce qui relie un nombre d'hommes est un terme commun, accessible à tous. Si, en un temps, les hommes ont pu accepter une formule définissant leur idéal, leur vie et leur aspiration, rien ne leur donne le droit d'imposer cette 54

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L'APPEL DU FEU TROISIÈME NUIT

religion à un peuple dont les facultés ne correspondent pas à cette définition. Ceci est tellement évident, que toutes les religions font des concessions, quant à la forme et aux rites, aux peuples primitifs que les missionnaires prêchent chez les peuples noirs. Ainsi naissent l'idolâtrie et la superstition, mises à la place de mots dont le sens abstrait ne pénètre pas l'entendement. Même chez vous, ces déformations se sont produites et l'idolâtrie n'est pas à chercher plus loin que dans vos églises.

ceci depuis la Lémurie jusqu'au... «Monisme». Religamur! rallions-nous autour de cette parole. Cette parole convient ou ne convient pas. Combien les mots sont trompeurs, même exprimés par celui qui a la Connaissance. Tant que des paroles traduiront la mystique de la création, il y aura place à l'erreur. Peut-être l'unique et simple affirmation de l'Islam: La illah il Allah: «Dieu est, il n'y a qu'un Dieu», est-elle encore la formule la plus vraie, la plus pure, celle qui

La véritable religion n'est pas celle qui est exprimée par une formule quelconque; elle a sa source dans la plus profonde conscience de l'homme, dans l'obscur instinct d'une Unité primordiale. Un lien doit exister qui rattache toute chose et tout être l'un à l'autre; alors l'intelligence cherche le mot de cette énigme et finalement le traduit par l'hypothèse de la création, l'hypothèse d'une source unique, premier verbe et, ensuite, prima materia. Toute religion a donc pour base et but la recherche du lien qui rattache le commencement à la fin, l'affirmation du cycle du monde,

peut servir d'appui à la mystique propre de chacun. Là où beaucoup d'arguments doivent prouver, il n'y a ni grande foi, ni grande certitude. Combien les paroles simples et pures du Christ furent ainsi étayées par le catholicisme! Ainsi on construit sur beaucoup de piliers la voûte d'une cathédrale, mais la plus belle d'entre elles ne vaut pas le monde, quelle que soit l'illusion que l'on se crée. L'intelligence, elle a su anéantir, assommer tout sens mystique, tout sens religieux véritable. Pourtant la logique est vraie, absolue; mais elle exige une prémisse, une donnée fondamentale stable, et nous ne voyons du monde que des faits accomplis, sans aucun commencement.

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L'APPEL DU FEU TROISIÈME NUIT

Ceci est la conséquence de cette aberration que donne l'intelligence logique qui incite l'homme à chercher en dehors de lui la base de son observation. Voir, c'est-à-dire: regarder autour de soi; entendre, c'est-à-dire: écouter les bruits! Mais dans la vraie science, tous nos sens doivent devenir oreille, pour écouter en nous-mêmes, les bruits de notre vie. La mystique n'est pas un vague rêve, elle est la conscience de la conjonction des compléments. Estce que jamais les amateurs de symbolique comprendront le carré? Être et ne pas être! Cette formule définit la quantité. Entre être et ne pas être il y a toutes les formes, toutes les possibilités phénoménales mesurables. Ce sont là les états extrêmes des choses, mais ils ne sont pas complémentaires. Les compléments se situent toujours au milieu de la vie et sont fonctions de la loi d'harmonie. Les nombres sont les dénominateurs les plus purs de l'harmonie. Ainsi les compléments sont résultats des fonctions des nombres. Ceci te semblera bien vague ou mystérieux et pourtant sera très simple 58

lorsque l'entendement sera fait chez toi quant au sens de ce mot Nombre. Sache seulement que les nombres trois et quatre sont compléments, comme sont complémentaires les couleurs rouge et verte. Elles aussi se situent dans une manifestation qui s'étend bien loin au delà et en deçà des deux couleurs dans le spectre. Pourtant ce spectre de lumière comporte encore d'autres couleurs complémentaires, et chaque conjonction de deux complémentaires donne la lumière blanche par émission, l'obscurité noire par absorption. Ainsi toute la vie est faite de complémentaires dont les fonctions sont une exaltation mutuelle, ou, s'il y a conjonction, sont l'affirmation ou la négation du cycle entier de la manifestation vitale du phénomène auquel elles appartiennent. Or, conjoindre les compléments est l'effort le plus «anti-mental » qui soit. En effet votre intelligence n'existe que par la comparaison des compléments. Vos yeux mêmes ne peuvent voir une couleur que par l'opposition de la complémentaire dans la rétine. Ainsi les sens et l'intelligence n'existent que grâce à la séparation des

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L'APPEL DU FEU TROISIÈME NUIT

compléments, grâce à l'opposition d'un état en vous qui a son complément en dehors de vous. Pourtant la nature veut la conjonction et ce n'est que grâce à ce phénomène qu'elle peut naître, croître, se développer et finalement mourir. Voici la source occulte, le combat interne qui est à l'origine de toute la crise mystique dans le monde. L'intelligence a atteint le suprême des possibilités fonctionnelles et ceci est la négation de la poussée de la nature. Là où la nature veut conjoindre, l'intelligence s'y refuse parce qu'il lui faut l'élément d'appui que, seule, la division peut lui donner. Sans doute les compléments existent tout de même, mais là où l'intelligence ne peut que créer des ensembles morts et stériles, un monde d'éléments stérilisés, illusion fantastique, la nature elle, joint, marie, fait germer, - se dépasser, - l'ensemble vivant né de la conjonction. Ainsi s'enchaîne dans la nature un système complémenté à un autre, formant de nouveaux compléments qui, finalement, après épuisement des possibilités de l'harmonie, donne le mariage ultime et

mystique des éléments suprêmes de la création. Il y a un enchaînement certain depuis la pierre jusqu'à l'homme; mais, si tu veux disjoindre les éléments constitutifs et complémentaires dans les différentes étapes, tu ne pourras que constater des faits sans jonction entre eux et la forme intermédiaire liant les phases, échappera toujours à ton intelligence. Pourtant, il existe en l'homme un sens encore bien obscur, primitif, qui permet de voir les compléments conjoints, et, probablement, tout homme qui n'est pas une brute, a, un instant dans sa vie, connu cette sensation où l'on croit pendant un clin d'oeil tout comprendre, être ce qui enveloppe, contient, où les choses sont entre elles liées, solidaires, mais aussi où l'on est prêt à perdre connaissance, à s'évanouir - et alors cet homme a peur de perdre cet état qu'il appelle connaissance, conscience, et qui n'est que le leurre de l'humanité, l'illusion du monde. Cet état, si tu me comprends bien, n'est autre chose que l'extase mystique, et la «culture» mystique n'est pas autre chose que la culture de ce sens dans l'homme, qui permet la 61

L'APPEL Di) FEU

conscience de la conjonction des compléments, mais exige la fermeture des portes de l'intelligence, afin d'endormir cet organisme qui divise. Si les hommes de ce monde sont si torturés, et, trop souvent lassés de la lutte, cherchent le suicide plus ou moins brutal, la cause profonde est en cette contradiction entre une vie stérile et la conscience obscure de la possibilité d'une vie fertile. Toute l'humanité de la race aryenne qui, depuis dix siècles, a subi le fléau du catholicisme, a particulièrement souffert de cette atrophie mystique donnée par l'intellectualisation des préceptes mystiques, simplistes et grandioses du Christ. «Laissez tout et suivez moi»; à chacun de le comprendre et le vivre suivant sa conscience, mais il n'est permis à personne d'en faire un paragraphe administratif défini et exclusif.

TROISIÈME NUIT

dans son orgueil insondable, a démoli le reste de la superstitieuse croyance, pour... ne rien mettre à la place. La superstitieuse croyance valait mieux que rien. Aux coeurs desséchés par le feu incendiaire de l'intelligence, il n'y a pas de remède à donner parce que le seul remède, un idéal à adopter, ils ne l'entendent plus que sous la forme d'une doctrine, d'une illusion mentale nouvelle... Il y a plusieurs années, en plein milieu de la guerre européenne, je t'ai en une nuit donné le feu. Depuis tu ne l'as plus laissé éteindre. Tu l'as porté loin avec toi pour appeler autour de lui les hommes qui ont encore un coeur.

Suivre qui ou quoi? Voilà où la formule intellectuelle de la religion est intervenue pour mettre à la place de l'idéal ou de l'hypothèse totale, le mot, la formule froide et rigide, ceci jusqu'à la révolte du bon sens du peuple. La science est ensuite venue et,

Je t'ai donné ce feu comme signe d'une promesse: celle de maintenant te parler et, avec le feu, aussi te donner la lumière. Depuis dans le monde entier, ça et là, des feux éternels ont été allumés pour donner au peuple une nouvelle base mystique. Opposés à celui que tu gardes, ces feux s'appuient sur le culte des morts, tandis que celui qui brûle sous ta garde est la promesse de la vie.

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L'APPEL DU FEU

Je te rappelle cela, parce que ces feux des morts, allumés partout, sont le signe de l'accomplissement de ton oeuvre, parce qu'une force voudrait faire naître une mystique nouvelle, signe de la nécessité qu'il y a de mettre à la place du concept mental atrophiant, stérile, le culte d'un idéal appuyé sur un sentiment humain d'abnégation, d'impersonnalité. Mais, là ou règne la peur de la mort, il n'y a pas de possibilité de vie éternelle et le temps est venu où tu devras parler de la vie éternelle et de l'Éternité. Voici en quelques mots l'histoire d'une nuit bien longue. Je te parlerai encore d'une autre nuit: celle de la science.

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QUATRIÈME NUIT

L'APPF;1_, DU FEU

QUATRIÈME NUIT Regarde-toi avec tes yeux! Tu ne peux te voir qu'en partie, tu ne peux pas te voir toi-même. Tu ne peux pas. Pouvoir!... Quel effroyable problème posé à l'homme! Pouvoir!... Cruel tourment pour l'humanité!... Ne pas pouvoir, c'est la cessation absolue d'un état, c'est la mort... Pouvoir: c'est vivre! Ne pas pouvoir marcher parce que les jambes sont paralysées, ne pas pouvoir prendre parce que les mains sont mortes, ne pas voir parce que les yeux sont aveugles, ne plus pouvoir se tenir au bord du gouffre parce que les doigts s'engourdissent, - voilà des instants où pouvoir signifie loi inéluctable; voilà aussi des mo66

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L'APPEL DU FEU QUATRIÈME NUIT

ments où toute la vie de l'homme se concentre pour la suprême soumission ou la suprême colère de la révolte. Peu savent se soumettre. Ainsi l'humanité a concentré toute sa vie en l'absurde révolte contre la loi de la nature et pour pouvoir a voulu savoir parce que savoir c'est connaître les forces et leurs conséquences, et alors «pouvoir» veut dire: les dompter, les dévier de leur effet nuisible. Mais celui qui, au suprême instant, accepte, se soumet, celui-ci ne veut pas savoir Alors la force agit suivant sa nature, brise et reconstruit.

la Grèce, connaissent le corps humain parfaitement, sans pour cela disséquer. Il s'agissait là de cette Grèce encore assez sage pour écrire à l'entrée du temple de Delphes cet enseignement fondamental. «Homme connais-toi toimême». Sais-tu comment l'égoïsme de ce monde traduit cela ? Il faut se connaître soi-même! Or, se connaître soi-même ne veut pas du tout dire la même chose. Médite cela et rends-toi compte aussi que, dans cette formule, est employé le seul mot qui convient au vrai savoir, au savoir constructif, le mot: connaître.

Sache qu'il y a deux façons de savoir. L'une est destructive, l'autre est vraie et constructive. Dissèque un homme; tu trouveras depuis la cellule de l'épiderme jusqu'à la matière grise, toujours et seulement la cellule. Les groupements divisés ne parlent qu'à tes sens ; tu ne connaîtras même pas le complexe physique de l'homme et tu resteras ahuri devant la transmutation du pain en sang. Pourtant l'Égypte, et même

Qu'appelles-tupouvoir? Brise une pierre, tu peux encore la reconstituer, mais tu ne peux plus la constituer, la faire telle qu'elle était, née de la terre. Pouvoir signifie pour vous donner l'apparence de ... Pouvoir signifie pour vous encore: canaliser les forces de la nature ou même les transformer. Combien vous êtes orgueilleux de transformer une chute d'eau en lumière, chaleur et force! Voulez-vous regarder à quoi vous servent ces belles choses ? A améliorer votre vie ? Est-elle vraiment plus agréable, meilleure ? Plus

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L'APPEL DU FEU

QUATRIÈME NUIT

agréable et meilleure que quoi? Vous êtes tellement

connaissance, si tu aimes ta mort, la mort de toute

embourbés dans votre civilisation que vous n'avez plus

ton illusion mentale, alors viens chercher la connais-

une seule valeur réelle pour la mesure de votre état

sance, viens au grand jour, au grand soleil, qui ne craint

actuel. Tout le Pouvoir, résultat du savoir, n'a pas su

pas de briller depuis le pic le plus élevé jusque dans

rendre la vie plus vraie, ni même su la prolonger. Pour-

le moindre trou de souris de la plaine et qui n'hésite

tant c'est la crainte de la mort, la crainte des désagré-

pas à enluminer depuis l'or jusqu'à la pourriture de la

ments qui ont motivé votre effort de savoir pour at-

terre.

teindre le Pouvoir, car, en vous, dans le plus profond de votre coeur, existe toujours un espoir illusoire de vaincre la mort. Sortie d'une religion qui régnait par l'épouvante de la mort, votre science est basée sur la volonté de pouvoir - la vaincre. Vous riez de ces légendes d'un Nicolas Flamel qui, grâce à la pierre phi-

La science n'est pas une personne, mais, sois-en certain, tout savant se croit être un peu la science. Sache donc bien que: la science est la plus rusée des jésuites. Elle ne craint pas de poursuivre sa recherche du Pourquoi et sait toujours très habilement faire croire qu'elle ne veut que le Comment.

losophale ne serait pas mort, mais vous aimez les entendre encore. Vous tremblez, car, quelle que soit votre science, pour chacun de vous vient l'instant terrible de la mort, de la cessation de votre vie cérébrale, de la pourriture de votre beau corps.

Parmi les hommes, il n'y en eut jamais de plus ingrats et de plus dangereux que les hommes de science. Toujours convaincus de leur sincérité, ils découvrent lentement des vérités vieilles comme le monde et se glorifient de leurs découvertes: ils

Or, je viens t'enseigner qu'il n'y a pas de mort, pour celui qui sait nier le Savoir et accepter la Con-

oublient les sages. Toujours convaincus d'apporter un nouveau remède au mal de l'humanité, ils font des

naissance. Si tu crains la mort, ne cherche pas la

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L'APPEL DU FEU

QUATRIÈME NUIT

hommes les cobayes de la grande cause humanitaire, les martyrs de l'inquisition cérébrale.

ment, la satisfaction de soi-même.

Depuis Démocrite jusqu'au... Radium, ils tournent en rond pour trouver le mot de l'énigme de la matière. Combien complexe est devenu un atome, qui devrait pourtant signifier : a-tome, insécable. Le mot subsiste; la chose est un système solaire. Il y a une ironie formidable pour qui regarde d'ici, de la cime

Pour la science, il faut apprendre beaucoup, enregistrer une foule de faits, comparer, vérifier par l'expérience, schématiser et formuler; pour la connaissance, il faut se nier soi-même, afin de connaître l'homme. C'est tout et, si simple que cela paraisse, c'est tellement plus difficile que d'apprendre!

de la montagne, ce jeu de l'humanité. Un Ptolémée parle d'un système géocentrique qu'un Galilée rectifie: il ne faut pas croire à cette illusion! Et toute la science s'appuie là-dessus. Mais l'atome devient un système solaire. Salue très bas ces hommes, qui, avec tant d'efforts, ont cherché; salue-les pour leur endurance, leur travail, mais ne les prends pas au sérieux. Si, demain, tu leur enseignes la connaissance, tu verras que pour rien au monde ils ne voudraient laisser leur science, leur logique, leur mentalité d'hypothèse si facile, pour «le regard en soi-même», la méditation, l'unique hypothèse, affirmation de l'Eternité. Il faudrait, pour cela, 72

laisser la personnalité, la petite gloire, ou, simple-

La science de cette humanité est faite de l'esprit de destruction, analyser, disséquer, mettre en pièces. Sa synthèse, sa construction, est faite de bribes, de morceaux. L'hypothèse prépare la théorie, la théorie remplace l'article de foi. C'est le seul chemin ouvert à une mentalité cérébrale, puzzle de concepts dont chacun reste vitalement isolé de l'autre, se pose comme une pierre sur l'autre, sans ciment. C'est une maison bien branlante que celle construite ainsi et dont le toit est plus lourd que les murs. Le toit ne s'appelle-t-il pas Radium, Emanation, atomistique non résolue,

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L'APPEL DU FEU QUATRIÈME NUIT

énoncés mathémathiques de données fondamentales, fantasmagorie de formules?... et l'on ne connaît même pas le circuit réel du sang humain dans le corps! Conclure de la fin par l'irradiation de la matière à l'atome constitutif du commencement, dénote une aberration de la pensée de laquelle il est permis de déduire la nécessité du renversement de tout l'édifice. C'est la fin de la science mentale. Pourtant, la foi ne peut pas remplacer l'expérience. Mais l'expérience peut être faite avec d'autres données que celles des sens. Le plus savant chercheur, le plus renfermé dans ses abstraites études est obligé de subir la vie dans ses mille appels. Il subit cela comme une nécessité inéluctable et passe à côté de l'expérience véritable, celle que lui offrent la faim, l'amour, la naissance et la mort.

portance pour permettre de conclure à la vie. Du chimiste au médecin, tous se laissent tromper par les apparences. L'alchimiste et le guérisseur sont des images de légendes d'un temps brumeux. Mais les alchimistes modernes qui parlent de la transformation moléculaire et les hypnotiseurs, suggestionneurs, homéopathes modernes étayent leur science sur une science raisonnable, expérimentale t ? Pour comprendre cela il faudrait une culture si sévère de toute leur vie, une culture qui leur permettrait de «sentir», d'éprouver les moindres détails de leur propre vie, les moindres fonctions de leurs corps; cela nécessiterait de les guider si sévèrement dans cette voie d'où naît l'éveil mystique, que le temps manquerait. Et qu'importe ! C'est la fin du Monde!.

Voir les faits, c'est voir les feuilles mortes tombées de l'arbre en automne. Il faut apprendre à regarder la sève de l'arbre; la feuille morte n'a plus d' im-

Si quelques rares hommes, prêts et choisis, peuvent être ainsi guidés, ce n'est plus pour construire des chemins de fer ou des avions, mais pour bâtir le Temple duquel rayonnera le bienfait qui aidera ceux

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L'APPEL DU FEU

QUATRIÈME NUIT

qui n'ont plus le temps. La connaissance veut la vé-

ment spéculatives, dis-lui ceci: Une science exacte

rité et la vérité est dans l'Eternité; mais l'Eternité est

exige des éléments réels exacts de mesures. Mais,

pour les sens de l'esprit, non pour les sens du corps.

fait curieux, c'est justement là le domaine dont la

Jusqu'à présent, l'histoire de la science est toujours

science s'est le moins occupée. Les mesures moder-

partie de cette conviction: la suprématie de l'intelli-

nes de longueurs, de volume, de durée, ont remplacé

gence. De ce fait, elle a toujours constitué l'éloge

par des unités et ensembles décimaux logiques, les

des temps actuels durant lesquels l'intelligence hu-

fantasmagoriques mesures transmises par les coutu-

maine a acquis le summum de sa puissance. Je ne

mes. Cela parle davantage à un esprit clair, mais il est

pourrais, moi qui ne reconnais cette intelligence que

probable que le contraire a lieu: votre esprit n'est pas

comme un phénomène secondaire de la vie, que faire

assez clair pour comprendre ces mesures apocalypti-

une histoire de la science qui serait un blâme pour

ques de la vieille tradition. C'est presque un hasard

votre monde, une preuve de votre infériorité devant

que la journée compte encore vingt-quatre heures,

ces peuples qui, avec une intelligence, non pas infé-

puisqu'en géométrie les 360 degrés sont bien rem-

rieure, mais moins corrompue, ont su écouter le lan-

placés par les 400 grades. Les anciens connaissaient

gage de la nature et, ainsi, vivre, et non seulement

aussi 300 grades, mais ils ne se trompaient pas sur

«comprendre» la transmutation, fonction d'où résulte

leur signification par rapport aux 360 degrés du cer-

toute vie.

cle. Or, n'ayant que des mesures factices, rien de ce

Si quelque disciple convaincu de la science du cer-

qui résulte expérimentalement, c'est-à-dire de l'em-

veau veut devant toi défendre, contre la science du

ploi de ces mesures ne peut être exact. Tout étant re-

coeur, cette science exacte, expérimentale, seule lo-

latif à vos yeux, cette relativité n'exclut tout de même

gique et fondée sur des données contrôlables nulle-

pas le phénomène effectif duquel vous partez pour

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L'APPEL DU FEU QUATRIÈME NUIT

construire la relativité. En admettant que ce phéno-

«métaphysiciens» se sont occupés de ce problème,

mène soit lui-même relatif, vous restez néanmoins

et que le monde en sait peu ou rien, tandis qu'une

devant une inconnue, celle de ses causes vitales ori-

science trompeuse ensorcèle et dompte le peuple

ginelles. Sans aller si loin, vous devriez au moins, pour

d'une façon presque pire qu'une religion papale tem-

être vraiment positifs et exacts, admettre les mesu-

porelle.

res qui, elles, sont effectivement relatives en tant que définition d'un rapport dans toute cette illusion naturelle. Une mesure naturellement définie par la relativité naturelle sera une mesure exacte par rapport aux phénomènes relatifs.

En ces jours de grande crise morale du monde où les consciences sont harcelées par un problème non formulé de justice, de liberté, de droit, il est dangereux de laisser une science cérébrale assassiner les dernières lueurs d'une morale innée; et tout homme

Or, rien dans le monde, sauf en votre cerveau, ne

de coeur devrait, à travers le monde, donner la main

naît, croit et meurt selon le système décimal. Et tou-

aux autres hommes de coeur pour lutter contre ce mal

tes vos mesures sont nées de ce cerveau «décimal».

fondamental, au lieu de perdre sa force et sa propre

Puisque vos mesures sont arbitraires quant à leur unité

dernière lueur de bien et mal dans une lutte de classe

et leur système, les données de votre science peu-

ou de politique.

vent être appelées fausses.

Le mal du monde est dans la conscience des hom-

Si je m'étends un peu sur cette question, c'est

mes qui ne trouvent plus de point d'appui, pour leur

parce qu'elle est importante et, néanmoins, est la

jugement, dans un sens naturel du bien et mal. Depuis

moindre des préoccupations d'une science pour la-

longtemps le matérialisme est mort pour la science,

quelle un système C.G.S. répond à tous les besoins,

mais le peuple l'ignore et construit sa morale sur des

et aussi parce que seuls quelques rares philosophes

doctrines dont les premiers arguments ne tiennent pas

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L'APPEL DU FEU

QUATRIÈME NUIT

un instant devant le scientiste sincère, s'il y en a.

naissance qui était aussi la force de la jeune et puis-

Pourtant, ce sont des doctrines qui tuent la conscience

sante église, construite sur les enseignements du

et font paraître une vie humaine moins importante que

Christ et que, seuls, une série de papes dévergondés

la moindre valeur d'argent, cette valeur qu'une spé-

et les arrangements intellectuels d'un clergé avide de

culation née de l'enfer, de la damnation, a placée

pouvoir ont su démolir.

comme Dieu sur le trône du monde. Pour l'homme qui a cherché le problème de la vie, qui a su aussi éprouver la misère de son monde, il ne sera pas excessif de dire que la science moderne est un poison dont meurt le monde, car, seule, cette éducation a pu atrophier la conscience du peuple au point

Je te dis là ce qui devrait être et je te donnerai aussi les moyens de le faire comprendre. Mais voici une nuit de nouvelle lune! ... Jamais nuit ne fut plus noire car des nuages lourds cachent même la face de ces âmes que vous appelez: étoiles !

de lui faire admettre, même au delà de ses intérêts immédiats, la valeur matérielle plus que la valeur morale. A la place de cette science factice, il devrait y avoir pour les hommes: la connaissance. Cette connaissance qui était gardée dans les temples d'Égypte, cette connaissance dont une fraction seulement a su donner la lumière à cette ancienne Grèce dont s'est nourri tout l'Occident, cette con-

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L'APPEL DU FEU

CINQUIÈME NUIT

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L'APPEL DU FEU

CINQUIÈME NUIT Voici la cinquième nuit, qui est comme cette cinquième race humaine après laquelle vient le gouffre sans lumière ou la lumière sans ombre. J'ai entendu ta prière. Une fois tu dis: Donne-moi les forces! La deuxième fois tu dis: Donne-moi la connaissance! Voici maintenant que tu prononces ta dernière prière sur terre. Donne-moi la vérité! Tu as vécu une fois dans l'eau et, ensuite, sur trois terres: l'une est consumée par le feu d'en bas, la deuxième est engloutie par l'eau; la troisième attend l'ouragan et te brûle les pieds, à toi qui veux l'Eternité. Ta vie rut une chaîne de l'esprit au corps et un lien de sang; et en toi encore tourne la roue de tes devoirs

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L'APPEL DU FEU CINQUIÈME NUIT

et nécessités, la roue de ta destinée. Délie la chaîne et brise le sang; autrement tu reviendras pour la durée d'un monde revivre l'expérience que veut la conscience. Car, apprends ceci: Tout passe, hormis la conscience.

Parmi les hommes, prends-en un, n'importe lequel: il a une forme, semblable à la tienne; son corps est construit suivant un système qui définit toutes les parties physiologiques et, ainsi, situe ce corps comme genre, et race, dans une catégorie spéciale, différente de toutes les autres choses de la terre. Il n'y a aucun accident fortuit dans la construction de ce corps, je te le certifie; tout est l'expression d'une loi cosmique, qui, ailleurs aussi, s'exprime dans la même nature mais sous d'autres dénominations.

Ne confonds pas! Il y a cet état de veille qui est fonction du cerveau et des sens et que tu appelles Conscience aussi. Ceci est la conscience du corps. Elle meurt avec lui. Il y a aussi cette conscience, souvent inconnue de l'intelligence, qui est le confondement de ta vie avec la vie. Cette conscience ne meurt pas. Elle ne s'inscrit nulle part. Elle est un pouvoir, LE SEUL VRAI POUVOIR. Suis-je mystérieux? Non, je parle seulement de choses pour lesquelles il faut, pendant beaucoup de nuits, beaucoup de conversations et beaucoup d'expériences qui, souvent, ne sont que souffrance.

Ce corps est une merveille ... banale. A force d'arbres les hommes ne voient plus la forêt! Ce corps est un livre dans lequel tu pourras lire toutes les lois du monde.

Suis-je abstrait? Si seulement je pouvais en quelques mots te communiquer l'entendement de cette connaissance, ma tâche serait terminée et tu pourrais à ton tour instruire.

Ceci est une question. Voici maintenant que cet homme s'exprime, et ceci de différentes façons: d'abord par son mouvement, son action, sa force musculaire, sa mimique ; ensuite il s'exprime par son intelligence, ses oeuvres, sa parole, sa mémoire, et ainsi de suite; finalement, il s'exprime par ses besoins, impulsions, intuitions, qui ne sont ni du mouvement,

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‘;

L'APPEL DU FEU

ni de l'intelligence. Voilà un homme comme on en rencontre tous les ,jours. Celui-ci n'est pas encore complet, en vérité, mais, c'est ainsi qu'il paraîtra communément. Cet «homme du troupeau» vivra avec d'autres hommes semblables; pour vivre il s'est fabriqué des lois qui constituent ce qu'il appelle sa civilisation, grâce à laquelle il a pu ordonner sa vie, travailler la nature, et l'asservir. La partie de ces lois qui, sans être écrite, règle ses rapports intimes avec ses semblables constitue sa morale. Son «Bien et Mal» est défini uniquement «par rapport à ses semblables». De son côté, la Religion dit à l'homme qu'il existe un «Bien et Mal» vis-à-vis de lui-même: le Bien donne le paradis, le Mal la punition qui est l'enfer. Tant qu'il existe une foi naïve qui permet à cet homme de se représenter au moins la douleur du feu de l'enfer, tout va bien. Dès que cette naïveté cesse grâce aux célèbres explications de l'intelligence, cet homme aura vite fait d'arranger sa vie intime au plus facile. Ce sont des questions qui se règlent avec le bon Dieu directe88

CINQUIÈME NUIT

ment et ne sont guère gênantes immédiatement. Voilà le type normal des hommes tel que l'on peut le juger en général, tel qu'il figure dans l'histoire de l'humanité. J'ai pris comme exemple un type bien brut, n'estce pas? Il y a aussi d'autres hommes, très subtils, très intelligents. Ne te laisse pas illusionner par ceux-ci: ils ne sont pas différents du premier sauf par leur faculté de tromper eux-mêmes et les autres. Ils ne sont pas différents; ils ont la même conscience réelle que l'homme-brut et, ni plus ni moins que lui, ne savent où loge cette conscience que ni les uns ni les autres ne connaissent. Pourtant, il s'agit là de la seule chose qui peut élever l'homme, effectivement, le faire sortir du troupeau, lui montrer comment cette conscience peut devenir... «consciente» à l'intelligence et lui ouvrir ainsi le chemin de l'Éternité. L'homme-brut a sa vie journalière, il travaille, il mange, il dort. Il lui est aussi arrivé sans doute d'éprouver de l'amour pour une femme. Il l'a épou-

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L'APPEL DU FEU CINQUIÈME NUIT

séc et, de temps en temps, suivant ses besoins, il satisfait «aux exigences conjugales». Il a des enfants, les nourrit et fait le nécessaire pour les élever, pour que, finalement, quelqu'un consacré à la chose, les instruise. C'est l'homme de la société bourgeoise qui, avec plus ou moins de raffinement, ressemble aux autres hommes, depuis le paysan jusqu'au riche industriel. Mais, cherche bien! Tu trouveras presque toujours dans la vie de cet homme une petite bizarrerie ou un vice. L'un se noie dans son vice; l'autre, au contraire, trouve dans cette bizarrerie intime le motif de tous ses efforts, de son travail, pour gagner les moyens de satisfaire cette chose bizarre. Tant que cette extravagance, ou envie spéciale, ne sera pas, à son avis, d'expression sexuelle pure, ton homme ne craindra généralement pas de la faire voir aux autres hommes parmi lesquels il en trouve souvent de semblables à lui. Dès que cette bizarrerie touche de plus ou moins près la question sexuelle, cela devient un mystère, une chose que l'on cache, qui ronge ou exalte et fait partie des secrets que parfois le meilleur ami

ras que, justement, celui-là a encore une autre faiblesse: il est excité à la vue des pieds et des jambes de femme. Plus cela sera fort chez lui, plus il s'en cachera, et plus il sera irrité devant ce spectacle; la psychanalyse elle-même n'explique pas pourquoi précisément la vue de ces choses a originellement produit sur lui cet effet. Sauf en ce qui concerne les études pathologiques, l'analyse des complexes qui ont joué dans des circonstances d'éveil sexuel ne donne rien quant à la raison pour laquelle cette irritation

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ne connaît pas. Ici, souvent, la femme devient la confidente, car, rarement, l'homme le devient pour la fenune, puisque celle-ci éprouve beaucoup moins fréquemment ces choses et que, par principe elle aime tromper. Regarde donc ton homme-troupeau! 11 lui est agréable de beaucoup manger et, après tout, il n'est pas le seul. Donc, pas de mystère; il ne le chante pas sur tous les toits, mais enfin n'a aucune raison de s'en cacher. Cela fait partie des faiblesses du troupeau; il passe là-dessus et les hommes qui cherchent la vérité font de même. En observant bien ton homme, tu ver-

L'APPEL DU FEU CINQUIÈME NUIT

génésiaque a été éveillée en cet homme, précisément par la vue des pieds de la femme. Je n'ai plus beaucoup à te dire sur ce sujet, qui te semble être une longue histoire ordinaire. rajouterai pour ton entendement seulement ceci: tout le monde classera cette «déviation» chez cet homme dans les cas de pathologie nerveuse ou psychique. Ceci sera pour le moins une aberration. Aberration de q uoi? Je te le dis: le seul instant vraiment conscient chez cet homme du troupeau est précisément cette «aberration» et j'appellerais volontiers aberration tout le reste de sa vie. Si cet homme avait su éveiller en lui le jeu incessant de cette conscience grâce à laquelle toute chose pourrait lui produire cet effet vivifiant, cet homme ne serait que conscience et ne mourrait plus. Comprends-moi bien! Eros est,dans un certain aspect de sa nature, aussi la Mystique, mais cet aspect demande à être révélé par une profonde éducation et une instruction, qui montre ce qui est beau et pur.

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Le complexe homme est le résultat d'une incarnation de l'Esprit, c'est-à-dire d'expression physique de l'Esprit dans le corps. La relation de l'Esprit au corps est l'Ame, laquelle a cinq aspects, qui résultent de sept facteurs, eux-mêmes effets d'un nombre déterminé de fonctions. L'origine est dans l'Eternité inconsciente et la fin est dans cette même Éternité consciente. L'Eternité n'a ni commencement, ni fin, tu ne peux pas la comprendre mais tu peux la vivre, car tout est, dans l'Eternité, conscience et inconscience, ainsi que la boucle dans le fil de cette durée, hors du temps, laquelle boucle est devenir et retour. Ce cercle ouvert du devenir et retour est le monde entier et aussi ton âme. Ne confonds pas ce Devenir et Retour avec cet anneau imaginaire de philosophe-poète. Celui-ci ne connaît pas le secret. Cette âme est le lieu où se réalisent toutes les expériences vraies dont l'effet est la conscience. Ces expériences appellent l'âme vers l'origine ou vers le corps. Si le corps a des besoins, et que l'âme réponde 93

L'APPEL DU FEU

CINQUIÈME NU t'r

c'est la mort, si l'âme ne répond pas c'est la vie sans

La nuit touche à l'aurore. Cache ta face si tu ne

mort. Ceci dans son sens absolu. Dans tous les cas

peux voir le soleil qui aveugle ceux qui encore croient,

intermédiaires où un besoin du corps rappelle l'âme,

dans leur orgueil, à leur personne, mais regarde ! ... si

il y a des cycles déterminés, des réincarnations.

tu ne crains pas de mourir à toi-même et si tu désires

Tout est uni dans le inonde par une unique loi de

vivre sans fin.

laquelle sortent toutes les lois. L'expérience doit être totale, pour que la conscience soit totale, ce qui nécessite des réincarnations. Ce sont là les chaînes. Le corps est perpétué par la semence. Il hérite de ses parents leurs chaînes, qui ne sont pas les siennes en tant que corps d'une nouvelle incarnation. C'est là le sang. Les nécessités de ton expérience, qui est cause et effet, constituent la roue de ta destinée. Tes nécessités sont motivées par l'état de ta conscience vraie. La femme est un corps qui porte la treizième côte. Mais je t'enseignerai la nouvelle loi qui parle du Mariage mystique, lequel n'est pas autre chose que l'animation du corps et ta délivrance. 0 ! mer insondable qui a rendu le membre d'Osiris ! 0! Vierge, mère du Christ!

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L'APPEL DU FEU

AU GRAND SOLEIL

L'APPEL DU FEU

AU GRAND SOLEIL En ce jour naissant, en pleine lumière, Aor, me dit ceci: Transmets au monde quelques mots essentiels de ce que je t'ai appris pendant les cinq nuits, afin que les hommes qui errent et peuvent t'entendre, viennent t'aider à construire le Temple, dans lequel je t'enseignerai, par les formes, proportions et lettres, ce qui doit être gardé de l'enseignement secret. Cette science gardée ainsi ne servira qu'à «ceux qui restent sur cette terre» afin de leur être la clef du dernier instant, pour 1 ire les livres secrets des sages du passé. 98

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L'APPEL DU FEU

AU GRAND SOLEIL

Si, parmi ceux auxquels tu enseigneras toi-même

attachés et ne pourriez pas vous libérer dans le

cette clef, il y en a qui osent mourir à leur égoïsme,

confondement. Le meilleur Au-delà, ne le cherchez

ils vivront dans l'Eternité grâce à l'éternelle justice

qu'en vous-mêmes, dans l'étincelle divine qui vous

qui ouvre la porte à celui qui frappe, c'est-à-dire à

anime.

celui qui a le courage de laisser tout pour la vérité absolue. Refuse quiconque vient mendier, ce sont des pauvres dont l'impudeur ne mérite qu'une aumône.

Ne fermez pas les yeux sur l'«Ici» pour un illusoire «Là-bas», votre devoir est ici, c'est pourquoi

!

Refuse quiconque n'est pas de la race qui passera

Combien il vous semblera difficile de relier tout cela!

Ne crains pas d'être trompé par des fourbes, ils

Ils sont lâches ceux qui abrègent leur vie par dé-

ne sauront rien de ce qui est caché s'ils sont fourbes

Tu diras encore ceci: La terre est votre nécessité.

Mais ne reniez pas l'Eternité, par peur ou ignorance ou par un matérialisme inexistant.

à l'autre monde. Les hommes portent tous leur signature visiblement.

et ne pourront pas vivre devant la lumière.

vous y êtes vivants.

1

goût. Ils sont bêtes aussi. Ils sont ignorants ceux qui tiennent plus à cette terre qu'à l'Eternité. Ils n'ont pas encore les yeux qui montre l'Eternité en chaque chose.

Ne la quittez pas avec mépris ou dégoût, parce

Ne croyez pas que je prêche l'abstinence, mais

qu'elle est belle et contient tout le désir et toute la

ils méritent les chaînes et la prison, ceux qui épui-

volonté de l'origine; vous êtes ici pour l'apprendre.

sent leur vie pour une jouissance.

Ne la quittez pas à regret, parce que vous y resteriez 100

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L'APPEL DU FEU

La vie est une force qu'il faut savoir manier, qu'il faut apprendre à diriger. Elle est plus puissante que n'importe quelle tension électrique et, pourtant, vous ne la traitez pas avec autant d'égards. Voici ! il m'a été ordonné de dire cela. Pourquoi? Parce que le cycle de la fin du monde a commencé. Cette pensée a été projetée dans le monde depuis quelque temps. Toute sorte de médiums, c'està-dire d'êtres plus ou moins sensibles, l'ont recueillie. Beaucoup, plus ou moins dignes et exaltés, l'ont proclamée. De nombreux prophètes, propres ou sales, ont crié cette parole. Lequel est digne d'être écouté ? Tous, car tous avec des entendements variés ont reçu l'impulsion de cette pensée. Sous l'impression des crises sociales, des misères de la guerre, sous l'influence même de leur misère personnelle, rendus émotifs par ces choses, ces hommes ont été des terrains propices à cette impulsion, mais, presque tou. • ..„• jours, ils en ont fait une doctrine ou- un Mo-yen, pour se rendre personnellement intéressants.

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AU GRAND SOLEIL

Laissez de côté les motifs; laissez de côté aussi les buts personnels, mais écoutez la parole fondamentale. Le temps de la fin du monde est venu. Quand, dans le monde, en tous lieux, sans apparents liens entre eux, un aussi grand nombre d'êtres proclament une même chose, c'est que l'idée de cette chose existe en réalité. Ne croyez pas un prophète, mais quand il y en a vingt, l'incrédulité devient le signe d'un esprit borné. Que du moins une inquiétude trouve alors place dans le coeur ou, en son absence, dans le cerveau. Cette inquiétude est l'énergie motrice de toutes les découvertes. Pourquoi donc la refuser quand une question est si grave? Parce qu'elle est énorme? Soyez plus sages! Cette chose énorme trouvera des expressions qui vous parleront de bien près, fût-ce par un raz de marée qui engloutira votre barque ou un tremblement de terre qui fera s'écrouler sur votre tête votre chère maison. Mais de plus près encore cela vous touchera, puisque vous oubliez les choses fondamentales qu'il vous faut pour vous diriger. 103

L'APPEL DU FEU

AU GRAND SOLEIL

Faut-il donc qu'un continent s'écroule pour marquer un temps pareil? Ne vous suffit-il pas de voir s'effondrer votre foyer, votre société, votre sens moral, votre science, vos nerfs?

Pas besoin de si grandes choses. Un accident de chemin de fer suffit. La fin du monde concerne la Vie Éternelle, la vie

Quand une nation touche à sa fin, elle le sait. Une nation qui lutte pour grandir, ne pense pas à sa fin;

sans mort, c'est à dire sans future transformation.

une nation qui est grande et forte peut et doit redou-

La fin du monde touche tous les hommes, sans

ter sa chute. Mais quand un monde sombre, alors cela

exception, ceux qui sont incarnés et ceux qui atten-

se passe... comme cela se passe maintenant.

dent impatiemment leur tour de l'être.

Est-ce dire que la terre ne sera plus? Mais non,

Ils se pressent ces derniers!

consolez-vous, les peureux! Quelques-uns seulement

Jamais la terre ne vit tant d'êtres vivants.

parmi vous seront engloutis par les cataclysmes géo-

Toutes les âmes qui dépendent de la terre, doivent

logiques. La terre sera encore et, justement, ce peu-

y passer maintenant pour le dernier jugement.

reux pourra très bien survivre. Le temps est venu. Survivre à quoi?

Chacun veut son indépendance, oui, parce que cha-

Stupide question. Survivre à un accident'?

cun vaut l'autre devant l'Etemité, et nul n'a le droit ni

Vous mourrez tous, soyez tranquilles.

le pouvoir de gêner son voisin.

Ne craignez pas la fin du monde, si vous craignez mourir dans un accident de la terre.

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Curieux mouvement des peuples justement à l'instant où les hommes, plus que jamais, sont désempa-

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L'APPEL DU FEU

rés devant toutes les questions fondamentales de la vie.

AU GRAND SOLEIL

Mais s'ils gardent néanmoins encore dans leur coeur l'espoir d'une solution, la croyance en une clé

Presque tout homme éprouve ce désarroi dans la sphère de ses possibilités.

qui ouvre la porte du temple du Sphinx, lequel n'est pas creux...? ...!

Ces paroles s'adressent à quelques uns de ces

Que ces hommes viennent, qu'ils soient philoso-

hommes, à une sélection qui ne cherche ni une solu-

phes, médecins, rois ou artisans, riches ou pauvres,

tion par peur, ni une satisfaction de curiosité, ni un

que ces hommes viennent!

refuge. Ces paroles s'adressent à des hommes courageux, forts, que le désir de se dépasser eux-mêmes, brûle :

Qu'ils apportent leur force pour bâtir le Temple. Sûrement alors, Aor descendra pour leur donner ce qu'ils réclament.

à des hommes qui ont reconnu l'inanité de l'intellectualisme devant la vie, à des hommes que le désir de la connaissance mystique anime comme le feu.

Et les autres? Eh bien! ceux qui auront passé par le Temple don-

Quand ils auront reconnu la personnalité de toute philosophie humaine, la relativité de toute science, la bassesse de tout occultisme populaire et sectaire,

neront aux autres ce qu'il leur faut, car chacun a besoin de quelque chose de spécial qui ne convient qu' à lui. Et pour donner ainsi à tous il faut être plusieurs.

l'incapacité totale des religions de traduire le sens vrai des livres sacrés ... ?...!

Je ne puis parler qu'à un petit nombre, car je n'ai rien de compréhensible à dire à la masse.

L'APPEL DU FEU

Le temple? A quoi bon connaître les nombres du inonde? A quoi bon connaître la genèse des choses? A quoi bon connaître les forces cosmiques? A rien, je vous dis! Cela n'est bon que pour Rien! Cela n'est pas utile, c'est pourquoi cela est caché! Ceux pour lesquels le Besoin de ces choses n'existe pas, ceux-ci n'en ont pas le désir. Et qui ne connaît pas le Désir, ne peut pas connaître la clé de la vie. Mais celui qui connaît ce Désir, celui-ci laissera tout pour venir bâtir le Temple car: Tout est vain devant l'Eternité!

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ACIIEVE D'IMPRIMER EN JUILLET 2001 PAR LES EDITIONS AQUARIUS

Imprimé en France

AOR - L'APPEL DU FEU

e livre contient un enseignement donné par un être ,s- divin en cinq nuits. Ecrit dans un style dense et poétique, il traite de questions essentielles que ce posent tout être humain en quête de la vérité et du sens de sa vie. Il parle de la science secrète inscrite d'une façon mystérieuse par les Maitres de la Connaissance dans les temples antiques. Ce 'langage subtil peut devenir intelligible à notre entendement à condition de suivre la voie du perfectionnement dans le but de construire notre temple intérieur qui nous ouvrira les portes de l'éternité. Cet ouvrage nous invite à accomplir ce travail dès maintenant et avant la fin des temps qui semble menacer l'humanité.

C

R.A. Schwaller de Lubicz est le maître qui d'Egypte, nous a ramené la sagesse universelle (le temple de l'homme, le miracle égyptien, etc.) Décédé en 1961, il restera l'homme unique pour les pays de langue française, qui a su incarner et transmettre l'antique Connaissance pour les temps actuels. AOR était son nom de lumière et aussi sa mission comme porte parole de l'homme nouveau qui doit venir

AOR - L'APPEL DU FEU

ISBN : 2-88165-003-1

I

II

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9 782881 650031

Prix : 12,20E